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Abhijit V. BANERJEE et Esther DUFLO Repenser la pauvreté Paris, Éditions du


Seuil, 2012, 432 pages

Article in Mondes en Développement · January 2012


DOI: 10.3917/med.160.0157

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Guillaume Jean
Paris Dauphine University
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Pour citer :

Jean G. (2012), Note de lecture du livre « Repenser la pauvreté », Banerjee A.V. et Duflo E.
(2012), Paris, Editions du Seuil, 432 pages, Mondes en Développement, 160(4), p. 157.

Abhijit V. BANERJEE et Esther DUFLO


Repenser la pauvreté
Paris, Editions du Seuil, 2012, 432 pages

Les huit Objectifs du Millénaire pour le Développement, à atteindre pour 2015, ont trait à la
réduction de l’extrême pauvreté dans le monde, mais aussi aux dimensions plus qualitatives relatives
à la pauvreté, comme l’accès à l’éducation primaire et le combat contre les maladies infectieuses.
Dans cette problématique-là, l’ouvrage socio-économique « Repenser la pauvreté » écrit par Abhijit
V. Banerjee et Esther Duflo, professeurs et chercheurs en économie du développement au MIT
(Massachusetts Institute of Technology), prodigue des solutions pragmatiques, parfois simples et peu
coûteuses allant dans le sens de l’amélioration du bien-être des populations vulnérables de la
planète.

A l’appui d’une méthode d’évaluation d’impact rigoureuse, la randomisation, elle-même inspirée des
essais cliniques, il leur est permis de tester l’impact de leurs programmes de développement réalisés
sur des terrains (à tradition souvent anglo-saxonne) aussi divers qu’en Afrique, Asie du sud ou
Amérique du sud. Les auteurs sont alors en mesure d’apporter à notre connaissance et à celle des
pouvoirs publics ce qui devrait être fait ou pas principalement en matière de santé publique,
d’éducation, de micro-crédit et d’amélioration des institutions.

Si pour Abhijit Banerjee et Esther Duflo, il est important de savoir «comment dépenser l’argent, et
non combien il faut en dépenser» (p.24), les solutions qu’ils proposent, d’ailleurs parfois déjà connues
des acteurs de terrain, doivent être vues comme des «coups de pouce nécessaires» (p.402) qui
amélioreraient la vie des pauvres. Par exemple, promouvoir l’allaitement, privilégier une farine
enrichie en fer, distribuer gratuitement des moustiquaires imprégnées, offrir des lentilles à ceux
venant se faire vacciner dans un but incitatif, mais surtout faire comprendre les bienfaits de ces
solutions à des populations dont les croyances sont souvent erronées sur ce qui est efficace ou pas,
sont des pistes concrètes à favoriser.

Au demeurant, le grand mérite de cet ouvrage est de redonner un visage humain et concret à la
pauvreté, loin des images d’Epinal persistantes que l’on pourrait avoir vis-à-vis d’eux. En effet,
entrevoir leurs attentes, leurs problèmes quotidiens et les contraintes pesant sur eux, permet de
saisir à quel point les pauvres sont obligés d’en faire plus avec moins, contrairement aux populations
des pays développés.

Pédagogique et accessible car très peu axé sur la technique de randomisation contribuant pourtant à
l’aura de leur laboratoire d’action contre la pauvreté (J-PAL), et bien qu’aux références théoriques
restreintes, ce livre est donc l’occasion de tirer synthétiquement les enseignements (parfois déjà
connus) sur ce qui peut être accompli dans la lutte contre la pauvreté. Et si des « petits changements
ont de grands effets » (p.406) dans le quotidien des pauvres, c’est alors à la participation de l’atteinte
des Objectifs du Millénaire pour le Développement que contribuent les messages de cet ouvrage.

Guillaume JEAN
Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines

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