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NUCLEAIRE
3 LA RADIOACTIVITE 17
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3.2 Les lois de la radioactivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3.3 Désintégration α . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.3.1 La barrière coulombienne et la théorie de Gamow . . . . . . . . . . . 21
3.4 Désintégration β . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.4.1 Le spectre continu des β . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.4.2 Capture electronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1
Chapitre 1
CARACTÉRISTIQUES DE BASE DU
NOYAU
2
1.1. CARACTÉRISTIQUES DE BASE DU NOYAU 3
• Les éléments de même Z mais de N différents sont appelés isotopes. Ainsi, l’hydro-
gène naturel contient : 11 H (protium) 99,985% ; 21 H(deutérium) 0,015% et 31 H (tritium)
traces. Les isotopes ont les mêmes propriétés chimiques. Pour les séparer, il faut utili-
ser de petits différences de leurs propriétés physiques ou thermodynamiques dues aux
différences de leurs masses.
• Les isotones ont le même nombre de neutrons N , mais des nombres de masse A diffé-
rents.
• On appelle noyaux miroirs, deux noyaux ayant le même nombre de masse, l’un dérivant
de l’autre en remplaçant tous les neutrons par des protons et tous les protons par des
neutrons (31 H,32 He).
• L’interaction électromagnétique qui agit sur les objets ayant une charge électrique. Elle
est à l’origine de tous les phénomènes électriques et magnétiques.
La distance R qui apparaît sur la figure 1.1 peut être considérée comme le rayon de charge
du noyau.
Pour étudier la répartition de masse dans le noyau, on utilise comme projectiles des
neutrons de haute énergie. Le rayon du noyau obtenu (rayon de masse) est pratiquement le
même que le rayon de charge.
En 1905, en élaborant la théorie de la relativité restreinte, Einstein postule que la masse est
une des formes que peut prendre l’énergie.
Postulat d’Einstein : Un système de masse m possède lorsqu’il est au repos, une éner-
gie : E = m.c2 où E est énergie du système en joules (J), m est la masse du système en
kilogrammes (kg) etc est la vitesse de la lumière dans le vide.
Conséquence : Si le système (au repos) échange de l’énergie avec le milieu extérieur,
(par rayonnement ou par transfert thermique par exemple), sa variation d’énergie ∆E et sa
variation de masse ∆m sont liées par la relation : ∆E = ∆mc2
1.1. CARACTÉRISTIQUES DE BASE DU NOYAU 6
L’existence d’un noyau stable signifie que les nucléons sont dans un état lié. Puisque les
protons dans un noyau sont soumis à une forte répulsion électrique, il doit exister une at-
traction encore plus forte qui les maintient ensemble et assure la cohésion du noyau. La force
nucléaire est une interaction à courte portée qui ne s’étend que jusqu’à 2f m environ, alors
que l’interaction électromagnétique est une interaction à longue portée. La force nucléaire a
la caractéristique importante d’être essentiellement la même pour tous les nucléons, quelle
que soit leur charge.
Définition 1 L’énergie de liaison du noyau notée El est la mesure de cohésion qu’on évalue
par le travail minimal qu’il faut fournir pour dissocier totalement le noyau en neutrons et en
protons séparément.
Par exemple l’énergie de liaison du proton ou énergie de séparation du proton du noyau
est :
Ep = El (A, Z) − El (A − 1, Z − 1)
Pour trouver la relation entre le défaut de masse et l’énergie de liaison, on utilise la formule
1.1. CARACTÉRISTIQUES DE BASE DU NOYAU 7
d’où
El = Z(4p ) + N (4n ) − 4(Z, A) (1.4)
Pour pouvoir comparer les noyaux entre eux, on calcule l’énergie de liaison par nucléon
EL /A. La courbe d’Aston ci-contre montre que l’énergie par nucléon est de l’ordre de 8M eV ,
exception faite des éléments très légers. Les nucléides possédant la plus grande énergie de
liaison par nucléon (en valeur absolue) sont les plus stables : ils correspondent à un nombre
de masse de l’ordre de 60 (fer, cobalt, nickel, cuivre, zinc...)
1.1. CARACTÉRISTIQUES DE BASE DU NOYAU 8
un noyau est dit stable si on peut affirmer qu’avec les moyens de détections actuels, il n’est pas
possible de détecter une émission ou d’absorption spontanée de particule ou de rayonnement.
Sur les 111 éléments connus aujourd’hui 30 ne possèdent aucun isotope stable. Sur environ
2900 nucléides identifiés on n’en connaît que 264 stables. Ce nombre passe à 298 si on y
ajoute 25 nucléides à très longue durée de vie.
Pour les éléments légers, le nombre de neutrons est sensiblement égal au nombre de protons.
On constate que les éléments lourds sont stabilisés par un excès de neutrons. Les nucléides
possédant un nombre pair de protons et / ou de neutrons sont plus stables. Les nucléides les
plus stables possèdent un nombre de protons ou de neutrons égal à : 2, 8, 20, 28, 50, 82 ou
126. Ces nombres sont dits magiques.
Chapitre 2
Introduction
On ne dispose pas encore d’une théorie conséquente achevée du noyau atomique. La prin-
cipale cause de cet état de choses est qu’on ne connaît la forme analytique de la relation
existant entre les forces fondamentales et les paramètres qui les déterminent, quoique selon
les conceptions modernes les forces nucléaires doivent être considérées comme l’expression
des forces élémentaires s’exerçant entre les quarks (composantes ultimes de la matière ! ! !).
En conséquences lorsqu’il s’agit des forces nucléaires, on est obligé de recourir à des hypo-
thèses restrictives choisies de façon que, pour un ensemble donné de phénomènes, soit assuré
l’accord entre expérience et théorie. On utilise en physique nucléaire différents modèles du
noyau. Chaque modèles permettant d’expliquer un nombre limité de phénomènes. Parmi la
multitude des caractéristiques du noyau atomique, chaque modèle ne retient que celles qui
importent pour le groupe de phénomènes étudiés en négligeant tous les autres. Bien entendu,
la justification du choix des paramètres déterminants implique la comparaison des résultats
auxquels conduit le modèle adopté avec les résultats expérimentaux que le modèle cherche à
expliquer. Le modèle est d’autant meilleur que le nombre de faits expérimentaux qu’il permet
d’expliquer est grand.
9
2.1. LE MODÈLE DE LA GOUTTE LIQUIDE ET LA FORMULE SEMI-EMPIRIQUE
DE BETHE ET WEIZSACKER 10
d’action étant du même ordre de grandeur que les dimensions des nucléons. Cela se traduit par
le phénomène de saturation de ces forces qui implique que chaque nucléon n’interagit qu’avec
ses plus proches voisins. La saturation des forces nucléaires permet d’expliquer pourquoi
l’énergie de liaison des noyaux stables moyennement lourds est grosso modo proportionnel a
A.
Par ailleurs le comportement du noyau rappelle celui d’une goutte liquide chargée incom-
pressible. En effet, la masse volumique du noyau est extrêmement élevée.ρ0 = VA = 4πR 3A
3 =
3 38 38 3
4πr03
∼ 0, 87.10 ∼ 10 nucléons/cm
Soit une masse volumique deρ0 × mn ' 1, 45.1014 g/cm3 ∼ 2.1014 t/m3 alors que la masse
volumique de l’eau ordinaire est 1t/m3 .
0
La distance moyenneδentre les nucléons est égale à :(Aδ)3 ∼ 34 πR3 ⇒ δ = 4πr3
∼ 2, 3f m
Ainsi à l’exception des noyaux les plus légers, la concentration des nucléons, la masse
volumique du noyau et la distance moyenne entre les nucléons sont pratiquement les mêmes
dans tous les noyaux. Ces résultats ont conduit à considérer le noyau comme une goutte liquide
incompressible chargée positivement. Le modèle de la goutte qui n’attribue aucun rôle aux
nucléons individuellement est dit collectif. Ses hypothèses de base sont les suivantes :
• le liquide nucléaire incompressible est universel. Sa masse volumique est voisine de2.1014 t/m3
• le noyau est sphérique. Le liquide nucléaire étant incompressible, son rayon estR =
r0 A1/3 ,r0 étant une constante
2 1 (N − Z)2
B(A, Z) = av A − as A 3 − ac Z(Z − 1)A− 3 − aa + δ(A)
A
1
12A− 2 (M eV ) si Z et N pairs.
δ(A) = 0 si A impair
1
−12A− 2 (M eV ) si Z et N impairs.
Les coefficients av , as , ac et aa sont ajustées de manière à reproduire au mieux les énergies
de liaison expérimentales.
• Le premier terme représente l’énergie de volume. Avec l’hypothèse que le noyau res-
semble à ce que l’on connaît d’une goutte liquide, son énergie de liaison doit être
proportionnelle au nombre de ses constituants.
2.2. MODÈLE DU GAZ DE FERMI 11
• Outre les énergies précédentes, l’énergie de liaison comporte deux autres termes. Le
premier de ces termes tient compte de ce que dans les noyaux légers, un noyau contenant
un nombre égal de protons et de neutrons est plus stable que les autres noyaux de
même nombre de masse. L’interprétation physique de ce terme n’est pas claire, mais
son existence implique que le proton et le neutron ne diffère pas seulement par la charge.
• Le dernier terme est introduit pour refléter le fait expérimental que l’énergie de liaison
subit des variations systématiques selon que Z et A sont pairs ou impairs. L’énergie
de liaison est maximale pour les noyaux pair-pair, minimale pour les noyaux impair-
impair et prend des valeurs intermédiaires pour les autres noyaux. Ce résultat témoigne
de l’appariement des nucléons de même nature. l’appariement des nucléons accroît
l’énergie de liaison du noyau.
Les protons et les neutrons étants des fermions, chaque niveau d’énergie ne peut être occupé
que par deux nucléons identiques comme le montre la figure 2.1. On imagine que le puits
des neutrons est plus profond, ce qui est logique parce que les protons subissent en plus
une répulsion de Coulomb. Les états d’énergie des neutrons et des protons doivent être aux
mêmes niveaux, sinon les noyaux lourds qui contiennent plus de neutrons que de protons ne
pourraient pas être stables. Ce constat est aussi soutenu par l’observation expérimentale que
l’énergie de liaison du dernier nucléon est indépendant de sa charge.
Figure 2.1 – Les états et les énergies potentielles des protons et des neutrons dans le gaz
de Fermi
Pour calculer le nombre de nucléons qui remplissent les états jusqu’à celui d’énergie EF
(énergie de Fermi), on se base sur la mécanique quantique suivant laquelle, le nombre dn
d’états possibles dans un volume V et une région d’impulsion dp est
4πp2 dp
dn =
(2π~)3
En intégrant sur p jusqu’à pF (Impulsionde Fermi, PF2 = 2mEF ), et tenant compte du
V (pn )3 V (pz )3
principe d’exclusion de Pauli, on obtient N = 3π2F~3 et Z = 3π2F~3 neutrons et protons
respectivement.
Considérons, pour la simplicité, un noyau avec Z = N = A/2. Le volume du noyau est
4 4 4
V = πR3 = π(R0 A /3 )3 = πR0 A,
1
3 3 3
avec R0 = 1.21 f m.
Admettons que les puits de potentiel des protons et des neutrons ont les mêmes rayons,
2.2. MODÈLE DU GAZ DE FERMI 13
et
p2F
≈ 33 M eV
EF =
2m
où m = 1GeV /c2 est la masse du nucléon.
On voit bien que la propriété de saturation de la force nucléaire est bien reproduite par
ce modèle, puisque EF est indépendant de A. L’énergie de liaison moyenne par nucléon
de EL /A ∼ 8 M eV observée est une assez bonne approximation de l’énergie de liaison de
nucléons au niveai de Fermi. Il s’en suit que la profondeur du puits de potentiel est V0 =
EF + EL /A ≈ 40 M eV , aussi indépendante de A.
Puisque la densité d’état dn ∝ p2 dp, l’énergie cinétique moyenne par nucléon est
´ PF
Ecin p2 dp 3 p2
< Ecin >= 0
´ PF = · F
p2 dp 5 2m
0
2/3
3 ~2 N 5/3 + Z 5/3
3 9π
N (PFn )2 + Z(PFp )2 =
Ecin (N, Z) = N < En > +Z < Ep >= ·
10m 10m R02 4 A2/3
Mais l’énergie de liaison EL ≈ AV0 − Ecin . On voit donc qu’avec le modèle du gaz de
Fermi, l’on arrive à expliquer qualitativement les termes de volume et d’asymétrie. le modèle
du gaz de Fermi est utile pour étudier les états excités des noyaux complexes, qui peuvent être
générés par une augmentation de la “température” (énergie cinétique) du gaz de nucléons.
2.3. MODÈLE EN COUCHE DES NOYAU 14
• parce que le noyau ne possède pas un centre susceptible de donner naissance à un champ
à symétrie centrale dans lequel se déplacerait les nucléons.
• A la grande différence des électrons repartis en couche largement espacées, dans le noyau
ou la densité est extrêmement grande, les forces d’interaction nucléaire s’exerçant entre
nucléons sont très grande. Dans ces conditions, il peut sembler illusoire de parler d’un
mouvement orbital indépendant des nucléons dans le noyau.
Dans un noyau non excité, les nucléons occupent tous les états de basse énergie. Compte
tenu du principe de Pauli interdisant à deux nucléons d’occuper le même état quantique, à
la suite de choc de deux nucléons, l’un d’eux doit perdre de l’énergie et passer dans un état
inférieur. Ceci est impossible puisque tous les niveaux inférieurs sont occupés. Si aucun des
nucléons ne perd de l’énergie, ils ne font que changer de place, ce qui ne change pas l’état
quantique du système et tout se passe comme s’il n’y avait pas eu choc, c’est-à-dire comme
si la longueur du libre parcours du nucléon dans le noyau était devenu plus grand devant les
dimensions du noyau. Dans ce cas, on peut parler du mouvement indépendant des nucléons
dans le noyau.
D’autre part, l’interaction forte mutuelle des nucléons et la faible portée des interactions
fortes ouvrent une perspective d’introduire un champ à symétrie centrale dans le noyau dans
lequel les nucléons seraient indépendants.
Le potentiel dans lequel baigne les nucléons a la forme analytique suivante appelé potentiel
2.3. MODÈLE EN COUCHE DES NOYAU 15
de Wood-Saxon :
V0
V (r) = − r−Rc
1 + exp 0,228a
En dépit de la forme relativement simple du potentiel de Wood-Saxon, il n’est pas pos-
sible de résoudre ce problème analytiquement, et il faut chercher des solutions numériques
sur ordinateur. On peut également prendre une forme approchée du potentiel, et on utilise
généralement une approximation de potentiel harmonique, quitte à traiter la différence entre
les deux potentiels comme une perturbation.
L’approximation harmonique donne des niveaux d’énergie équidistants de valeurs EN =
~ω N + 32 avec N = 2n + l − 2. Chacun des niveaux d’énergie a une dégénérescence en
2 × (2l + 1), les nucléons étant de spin 1/2. On tient ensuite compte des “effets de bord” qui
rendent compte de la différence avec le potentiel de Wood-Saxon, en ajoutant un terme de
la forme−DL̂2 qui abaisse donc les niveaux d’énergie d’une quantité−Dl(l + 1)~2 . On obtient
alors la situation suivante.
2.3. MODÈLE EN COUCHE DES NOYAU 16
Toutefois, cette démarche ne permet de reproduire que les trois premiers nombres quan-
tiques. Mayer et Jensen ont proposé en 1949 d’introduire un potentiel spin orbite conduisant
2
à un terme correctif de la forme−f (r)Ŝ.L̂ dont les valeurs propres sont en f (r) ~2 (j(j + 1) −
l(l + 1) − 43 ). Dans la théorie quantique d’atomes, l’interaction spin-orbite, c’est-à-dire l’inter-
action entre le spin d’électron et le champs magnétique généré par le mouvement du noyau
(vu dans le système au repos d’électron) brise la dégénérescence sur l qui mène à la structure
fine des niveaux d’énergie. Ces effets sont très faibles et ne changent pas les structures de
couches des atomes. Il est pourtant très différent dans le cas des noyaux, où l’effet de l’inter-
action spin-orbite est déterminante dans la formation de la structure des couches. Le résultat
final est reporté page suivante (voir document en annexe) : on constate que les nombres «
magiques » sont bien reproduits. . . .
Chapter 3
LA RADIOACTIVITE
3.1 Introduction
La radioactivité est le phénomène par lequel un noyau instable, dans l’état fondamental
ou dans un état légèrement excité, émet spontanément une particule ou un rayon γ. La
radioactivité a été découverte par H. Becquerel en 1896, en observant que le sel d’uranium
émet des radiations capables de noircir une plaque photographique. Les investigations ont
attribué cette propriété à l’uranium. Deux ans plus tard Marie et Pierre Curie ont isolé
depuis les minerai d’uranium deux nouveaux matériaux radioactifs, le polonium et le radium.
En 1898 Rutherford a trouvé que la radiation du sel d’uranium a deux composantes, une
beaucoup moins pénétrante que l’autre. Il les a nommés rayons α et β. Ils sont identifiés
plus tard comme les noyaux d’hélium pour les rayons α, et les électrons pour les rayons β.
Deux ans plus tard Villard a découvert, avec le radium, un troisième type de radiation, les
rayons γ, qui est encore plus pénétrant. Il est finalement démontré que les rayons γ ne sont
que les photons de hautes énergies.
dN
= λN =⇒ N (t) = N (0)e−λt
dt
Cette loi de désintégration est valable pour tous les types de désintégrations, en physique
17
3.2. LES LOIS DE LA RADIOACTIVITÉ 18
atomique, nucléaire et des particules. Son origine vient de la nature probabilistique des effets
quantiques.
En fait λ, appelé “la constante radioactive” (nom donné par Rutherford), est simplement
la probabilité de transition de mécanique quantique d’un noyau par unité du temps, bien que
ce fait était encore inconnu à l’époque de Ruherford. Ce qui était connu est que λ est, pour
un noyau et un mode de désintégration, une constante, indépendante par exemple de l’âge
de l’échantillon et de l’environnement chimique et physique.
Sachant que λ est la probabilité de désintégration par seconde d’un noyau, le nombre de
désintégrations entre t et t + dt est donc λN (t)dt, c’est-à-dire
dN
N (t + dt) − N (t) = −λN (t)dt =⇒ = −λN
dt
On retrouve donc la loi de désintégration.
Le nombre de désintégrations par seconde est défini comme “l’activité” de la source ra-
dioactive.
dN
A= = λN (t) = λN (0)e−λt = A(0)e−λt
dt
L’activité s’exprime en Becquerel (Bq). 1 Bq = 1 désintrégration/séconde. Une autre
unité de l’activité souvent utilisé est le Curie (Ci). 1 Ci = 3.7×1010 Bq
La vie moyenne (le temps de vie) τ :
ˆ ∞ ˆ ∞
[λN (t)dt] t 1
< t >= τ = = tλe−λt dt =
0 N (0) 0 λ
ln 2
t1/2 = = τ ln 2
λ
210
Bi→210 Po→206 Pb
La variation du nombre des noyaux filles de deuxième génération, dans ce cas 210 Po, dans
l’intervalle t à t + dt est
λ1
e−λ1 t − e−λ2 t
N2 (t) = N1 (0)
λ2 − λ1
3.3 Désintégration α
La désintégration α a joué un rôle important dans l’histoire de la physique nucléaire: décou-
verte de la radioactivité, diffusion de Rutherford, première réaction nucléaire, etc. En 1898
Rutherford a découvert que la radiation d’uranium a deux composantes. Il a donné le nom
radiation α à la composante qui est très peu pénétrante. Il a fallut dix ans, en 1908, pour que
Rutherford puisse conclure que les rayons α sont des atomes d’hélium doublement ionisés,
en se basant sur les mesures du rapport e/m et de la charge électrique des particules α, ainsi
que sur l’observation du spectre caractéristique d’hélium dans les décharges produites dans
un volume où les particules α ont été collectionnées. La source d’α la plus connue est, bien
évidemment, la radium (Fig. 3.3), découverte par Mme Curie, qui a été utilisé par Rutherford
dans son expérience de diffusion. La transition de désintégration α est donc
Z X→Z−2 Y+2 He
A A−4 4
Environ 160 nuclides connus montrent une radioactivité α; à part quelques exceptions,
ils appartiennent tous aux noyaux lourds avec Z>82(Pb), A>200. Qualitativement on peut
expliquer ce fait à l’aide de la formule semi-empirique; en effet, une désintégration α devrait
en principe être possible si
Qα = M (A, Z) − [M (A − 4, Z − 2) + M (He )]
3.3. DÉSINTÉGRATION α 20
où Qα est l’énergie relâchée dans la désintégration, qui est partagée entre la particule
α (énergie cinétique) et le noyau fille (énergie cinétique EY et énergie d’excitation). Si le
noyau fille est dans l’état fondamental, Qα = Eα + EY . Par la conservation la quantité de
mouvement, on obtient l’énergie cinétique de la particule α émise,
MY A−4 4
Eα = Qα ≈ Qα = 1− Qα
Mα + MY A A
On voit donc que la plupart de l’énergie est prise par la particule α, puisque A est grand
(>200). L’égalité précédente peut se mettre sous la forme:
dEL d(EL /A) EL
EL (He ) > EL (A, Z) − EL (A − 4, Z − 2) ≈ 4 =4 A +
dA dA A
Or la courbe d’Aston montre qu’à partir de A ≈ 120, EL /A est à peu près linéaire sur
A, sauf les endroits autour des nombres magiques. Il est en fait montré que la pente est
≈-7.7×10−3 . Étant donné EL (He ) ≈ 28.3M eV , la condition est devenue
EL
< 7.075 + 7.7 × 10−3 A
A
Cela commence pourA > 140. La raison fondamentale, pour laquelle les désintégrations
3.3. DÉSINTÉGRATION α 21
α sont favorisées, par rapport aux systèmes de 2 ou 3 nucléons, se trouve dans la grande
valeur de EL (He ), donc plus d’énergie disponible pour échapper du noyau. La probabilité
de former les systèmes stables avec plus que 4 nucléons dans les noyaux est beaucoup plus
petite (mais pas impossible, voir la partie de fission). Il n’est pas possible non plus pour un
nucléon seul de s’échapper spontanément d’un noyau puisque l’énergie de liaison du dernier
nucléon est toujours positive.
Pour une barrière quelconque à une dimension V(r), avec l’approximation WKB (Wentzel-
Kramer-Brillouin), qui donne des solutions approximatives sous la forme:
ˆ
1
ϕ(r) ≈ p exp ±i k(r)dr
k(r)
avec
2m ((E − V (r))/~ pour E > V (r)
p
k(r) =
et
2m (V (r) − E)/~ pour E < V (r)
p
k(r) = −i
2(Z − 2)απ
G≈ p − C1 , C1 ≈ constante
2E/mc2
1
− 21
On voit donc que G ∝ E , λ ∝ exp E − 2 , ceci explique la forte dépendance du temps
de vie sur l’énergie de particule α.
3.4 Désintégration β
La désintégration α est liée à sa force sous-jacente, en l’occurrence, l’interaction forte, d’une
façon très complexe. Au contraire, la désintégration β met en directe évidence l’interaction
faible, qui joue un très grand rôle en physique des particules
Comme nous l’avons déjà expliqué, Rutherford a découvert en 1898 que la radiation
d’uranium a deux composantes, celle la plus pénétrante qu’il a nommée la radiation β. La
déflection des rayons β dans un champs magnétique a été observée en 1899. En 1902, après
une série d’expériences mesurant la masse par Kaufman, il était établi que les particules qui
constituent les rayon β sont des électrons.
3.4. DÉSINTÉGRATION β 24
Notez qu’ici on a utilisé les masses des atomes donc la masse de l’électron émis est au-
tomatiquement prise en compte. La masse de neutrino est très petite et est négligée dans
la formule. Le solde d’énergie, l’énergie de désintégration, est partagée entre les énergies
3.4. DÉSINTÉGRATION β 25
Cette formule tient en compte la création d’un positron et l’existence d’un électron de
plus dans le noyau mère.
A
ZX →A
Z−1 Y + ve
Ce mode de désintégration a été proposé par Wick et Bethe et Peierl en 1934 et calculé en
détail par Yukawa en 1935, et a été observé la première fois en 1938 par Avarez.
La capture électronique se produit principalement dans les noyaux lourds où les rayons
nucléaires sont grands et les orbites électroniques sont plus compacts. En général les électrons
capturés sont de la première couche (couche K), puisque ces électrons sont les plus près des
noyaux, et que leur fonction d’onde a un maximum centré aux centres des noyaux. Le ‘trou’
créé après une capture-K entraîne une cascade des électrons des couches plus hautes vers celles
les plus basses, ainsi générant une série des rayons X caractéristiques. Du point de vue des
noyaux, la capture électronique est la même que la désintégration β + .Il s’agit de la transition
Z X →Z−1 Y .Pour un isobar β-instable à cause d’un excès de proton, ces deux processus sont
A A
donc en compétition. La condition pour une capture électronique est M (A, Z) − M (A, Z −
1) − ε > 0, où ε l’énergie d’excitation de la couche atomique d’électron capturé, puisque
l’atome fille (A, Z − 1) a un trou dans la couche correspondante. En comparaison avec la
condition de la désintégration β + , on voit que la capture électronique est avantagée par une
surplus d’énergie cinétique2me − ε. En fait on trouve certains cas où la différence de masses
entre l’atome initial et final est trop faible pour que la désintégration β + puisse procéder.
Pourtant une capture K peut avoir lieu.