Vous êtes sur la page 1sur 32

COURS DE MATERIAUX

METALLIQUES

Filières : GIM
Semestre : S3
Année universitaire : 2020/2021

Pr F. Fergani
Table des matières

1 Généralités et notions de base 3


1 les états de la matière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2 Structure des métaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.1 Structure de l’atome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.2 Les liaisons atomiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.3 Familles de matériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

2 La symétrie dans les cristaux 10


1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2 Eléments de symétrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.1 La rotation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2 La réflexion par rapport à un plan (ou miroir) . . . . . . . . . . . . . . 13
2.3 L’inversion (ou centre de symétrie) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.4 La roto-inversion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

3 Notions de cristallographies 17
1 Notions preliminaire de cristallographies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.1 La maille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.2 Le motif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.3 Les Noeuds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2 Réseaux de Bravais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.1 Symétrie et classification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2 Etude de la maille : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3 Plans réticulaires et indices de Miller . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

1
3.1 La rangée réticulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.2 Le plan réticulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
4 Sites interstitiels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
5 Les défauts cristallins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
5.1 Les défauts ponctuels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
5.2 Les Lacunes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
5.3 Les Interstitiels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
5.4 Atomes en Substitution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
5.5 Les défauts surfaciques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
5.6 Défauts de Frenkel et de Shottky . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

2
Chapitre 1

Généralités et notions de base

1 les états de la matière


La matière peut exister sous trois états : L’état gazeux, l’état liquide et l’état solide. La
forme sous la quelle se trouve la matière est déterminée par les interactions entre ses particules
constitutives (atomes, molécules ou ions).
Dans chacun de ces trois états les molécules ont un niveau d’énergie différent :

A l’état liquide : les molécules peuvent bouger mais restent attirées entre elles. Elles
sont désordonnées et plus espacées qu’à l’état solide. Un liquide prend toujours la forme du
récipient.
A l’état gazeux : les molécules ont assez d’énergie pour se libérer de leur attirance
mutuelle. Elles très désordonnées, très espacées et se déplacent à grande vitesse dans toutes les

3
directions. Un gaz n’a pas de forme particulière mais occupe tout le volume disponible.
L’état solide : est un état de la matière caractérisé par l’absence de mobilité des parti-
cules qui la constituent. Selon l’arrangement des atomes dans le solide on peut distinguer deux
classes : les solides cristallins et les solides amorphes.
- Les solides amorphes présentent une répartition désordonnée des atomes (même si il y a un
ordre local ou à courte distance). Il en résulte des formes quelconques. Généralement, leurs
propriétés physiques telles que la conductivité électrique, la rigidité et l’indice de réfraction
sont les mêmes quelques soit la direction d’observation. Ils sont donc isotropes.
- Les solides cristallisés sont marqués par un arrangement régulier des particules les consti-
tuant à longue distance selon une configuration parfaitement géométrique. Subséquemment les
cristaux présentent souvent des propriétés physiques anisotropes.

2 Structure des métaux

2.1 Structure de l’atome

L’atome est constitué d’un noyau autour du quel gravitent des électrons. Le noyau est
formé de :
• proton : masse mP  1, 67.1027kg ; charge positif e  1, 6.1019C
• neutron : masse mN  mP charge nulle
• électron masse me  mP {1840  0, 91.1030 kg, charge négative égal à (-e )
L’atome est électriquement neutre, c.-à-d. il y a autant de protons que d’électrons. Le noyau
d’un atome est composé de A nucléons : Z protons et N = A - Z neutrons. La représentation
symbolique du noyau d’un atome de l’élément X est : A
ZX

4
Les électrons sont organisés en différentes couches électroniques (K, L, M, N... correspond
aux nombres quantiques n=1, 2, 3, 4 ...), chaque couche peut contenir un nombre maximum
d’électrons égal à 2n2
Remarque :
Le modèle le plus simple pour représenter un atome est une boule indéformable. Ce modèle
est très utilisé en cristallographie. Une molécule peut se voir comme plusieurs boules accolées,
un cristal comme des boules empilées. On utilise parfois une représentation « éclatée » : les
atomes sont représentés comme des petites boules espacées, reliées par des traits, permettant
de faire ressortir les directions privilégiées, les angles et de visualiser le nombre des liaisons.

2.2 Les liaisons atomiques

2.2.1 Énergie d’Interaction Entre Atomes

À température et pression nulles, tous les éléments du tableau périodique, sauf l’Hélium,
se trouvent à l’état cristallisé. Il existe, donc, des forces d’attraction entre atomes de même
nature qui sont suffisantes pour assurer la cohésion de l’édifice cristallin. Ce sont des forces
électrostatiques entre électrons et entre électrons et noyaux. On peut également observer que
les cristaux sont des corps relativement difficiles à comprimer, ce qui traduit la présence de
forces de répulsion qui ne deviennent importantes qu’à courte distance. Ces forces, créent une
énergie d’interaction des atomes dans le cristal.
À la distance d’équilibre des atomes dans un système à deux atomes (a0 ), l’énergie d’inter-
action passe par une valeur minimale appelée énergie de cohésion (U0 ). Cette énergie correspond
à l’énergie nécessaire pour transformer le système en un ensemble d’atomes libres. Cette énergie
de cohésion varie très fortement d’un élément à l’autre, elle est très fortement liée à la structure

5
électronique. La formation d’ensembles polyatomiques stables dits molécules implique que les
atomes s’unissent pour former des entités plus stables. La liaison chimique est un concept qui
permet d’expliquer la cohésion de la matière et par la suite une influence sur les propriétés des
matériaux. Il existe quatre types de liaison : la liaison ionique, covalente, métallique et de van
der Walls. La liaison chimique est le résultat de l’union des couches électroniques externes des
atomes qui constitue la molécule.

2.2.2 Liaison covalente

Cette liaison se caractérise par la mise en commun d’électrons afin de saturer les couches
électroniques externes de chacun des atomes de la molécule. La liaison covalente est également
une liaison forte puisque elle permet de saturer la couche électronique externe des atomes.

Par exemple, l’atome de chlore possède 7 élec-


trons sur sa couche exté- rieure : la mise en com-
mun d’un électron de chaque atome entraîne
une liaison covalente entre deux atomes.
Figure 1.1 – Liaison covalente
de deux atomes de chlore

2.2.3 Liaison ionique

Les atomes liés par des liaisons ioniques perdent ou gagnent un ou plusieurs électrons
périphériques pour compléter leur couche extérieure à 8. Ils deviennent ainsi des ions positifs
ou négatifs ; la liaison résulte de l’attraction entre les ions de charges opposées.

6
Par exemple, dans le cas du fluorure de li-
thium LiF, l’atome de lithium perd son électron
périphérique qui vient compléter la couche ex-
terne du fluor . Cette liaison ionique est encore
une liaison forte. C’est le cas de nombreux com-
posés tels que les oxydes métalliques, comme Figure 1.2 – Liaison ionique
du fluorure de lithium
Al2 O3 , MgO, CaO, etc.

2.2.4 Liaison métallique

La liaison métallique se caractérise par la mise en commun des électrons de liaison qui
sont répartis dans l’ensemble du réseau d’ions. Ainsi, les métaux sont constitués d’ions occupant
des positions déterminées, formant un réseau et baignant dans un « nuage électronique ».

La position des ions résulte des forces d’attraction et de répulsion électrostatiques qui
s’exercent entre ces ions positifs et le nuage électronique délocalisé. Il s’agit d’une liaison moyen-
nement forte. On comprendra cependant que, compte tenu de la « flexibilité » du nuage électro-
nique, qui peut se déplacer à l’intérieur de la structure, cette dernière est assez souple. En effet,
s’il manque localement un ou plusieurs ions, la structure sera préservée, le nuage électronique
s’adaptant pour maintenir les liaisons des autres ions. Nous verrons que cette propriété est à la
base du comportement des maté- riaux métalliques.

Figure 1.3 – Liaison métallique : ions F e2 dans le nuage électronique

2.2.5 Liaison de Van der Waals

Liaison de Van der Waals est une liaison de type intermoléculaire qui s’exerce entre les
molécules d’une substance sous forme d’interaction électrique de faible intensité. Dans beaucoup

7
de molécules à liaisons covalentes, le centre des charges positives n’est pas confondu avec celui
des charges négatives ; il y a déformation des orbites externes. Cela donne lieu à la formation
de dipôles. La liaison de Van der Waals est due à l’attraction de ces molécules polarisées.

Figure 1.4 – Liaison de Van der Waals. Réticulation du nylon

2.3 Familles de matériaux

L’objectif est donc d’établir les relations entre les propriétés mécaniques à une échelle
donnée et la structure du matériau à une échelle inférieure. En effet, les matériaux de structure
peuvent être classés en quatre grandes familles, selon la nature des liaisons entre les atomes,
dont on peut résumer les propriétés principales comme suit :

2.3.1 Les métaux (liaisons métalliques) :

On les obtient soit par réduction à haute température de leurs oxydes en présence de
carbone (ex : fer) ou par électrolyse à haute température (ex : aluminium). Ce sont les matériaux
les plus employés pour les applications structurales (90% ferreux, les non-ferreux étant des
alliages de Al, Cu, Ni et Ti). Ils sont capables de se déformer de manière permanente (ductiles) ce
qui permet de réaliser des opérations de mise en forme par déformation plastique (emboutissage,
forge, estampage. . . ) ou d’assemblage par déformation plastique (rivetage, . . . ). Par ailleurs les
matériaux métalliques sont denses, et bons conducteurs thermiques et électriques.

2.3.2 Les céramiques (liaisons ioniques, solides inorganiques) :

anciens et les plus couramment utilisés en Génie Civil (pierre, brique, verre. . . ). On peut
(ex : béton) souvent les mettre en œuvre à l’état pâteux. Ils ne deviennent fragiles qu’après la
prise de forme et le frittage. Ces matériaux sont résistants à l’abrasion, mais pas aux chocs,

8
moins denses que les métaux, isolants thermique et électrique, généralement poreux et fragiles.

2.3.3 Les polymères (liaisons covalentes + Van der Waals, solides organiques) :

Ces matériaux sont récents. Ce sont de larges macromolécules organiques, comme par
exemple le polyéthylène pC2 H4 qn dont le nombre de monomères n varie entre 100 et 1000
et la masse molaire de M=1 à 1000 kg/mol. Les matières plastiques ont l’avantage de pouvoir
être mises en forme par déformation plastique ou injection à l’état liquide. Elles peuvent être
thermoplastiques (recyclables et ductiles, comme les métaux) ou thermodurcissables. Elles sont
en général mauvais conducteurs thermique et électrique et très peu denses.

2.3.4 Les composites et matériaux structuraux

ce sont des combinaisons hétérogènes de matériaux issus de ces trois familles, mais dont la
structure est définie en fonction de l’application (béton armé, composite carbone - époxy etc. . . )
ou bien se développe naturellement sous l’effet des sollicitations mécaniques ou thermique

9
Chapitre 2

La symétrie dans les cristaux

1 Introduction
Les cristaux sont classés selon la symétrie de leurs formes ou structures. La symétrie
cristalline est toute isométrie (transformation qui conserve les distances) qui laisse globalement
invariante la structure cristalline : un atome doit avoir pour ‘’image” un atome identique ou
équivalent.
D’une manière générale, on dit qu’un objet possède de la symétrie, s’il existe une ou
plusieurs opérations de symétrie (OPSY) qui le laisse invariant.
Une opération de symétrie (OPSY) est le mouvement de déplacement d’une figure finie
F qui la transforme en une figure F’ indiscernable de F.
F’ peut être une figure équivalente ou une figure identique. Le nombre total de points équivalents
détermine le degré de symétrie de la figure F.

2 Eléments de symétrie
Un élément de symétrie est un objet géométrique qui sert à définir l’opération de symétrie ;
c’est un point, un axe ou un plan (ou miroir).
Les éléments de symétrie sont répartis en deux catégories :
- Les éléments de symétrie d’orientation qui excluent les opérations de translation et décrivent
l’ensemble de la géométrie d’une figure finie.
- Les éléments de symétrie de position qui décrivent la structure périodique du milieu cristal-

10
lin microscopique, c’est le cas d’une figure infinie. Le tableau donne les symboles de tous les
éléments de symétrie.

Symboles des éléments de symétrie

Les éléments de symétrie sont en général invariants lors des opérations de symétrie.
Parmi les opérations de symétrie d’orientation qui peuvent restituer une figure symétrique
finie, nous distinguons : la rotation, la réflexion (ou miroir), l’inversion, la roto-inversion et la
roto-réflexion.

2.1 La rotation

C’est une opération de symétrie qui s’effectue par rotation d’un angle θ  2π{n autour
d’un axe de symétrie « Cn ». n est un entier désignant l’ordre de l’axe. Un axe de rotation (axe
de symétrie) est une droite traversant la molécule, telle qu’une rotation de 2π {n produit une
molécule qu’il est impossible de distinguer de celle du départ.

11
Il existe 2 types d’axes de symétrie par rotation : les axes directs notés n, les axes
d’inversion notés n.
Exemple : Axe C2
La figure ci-après montre la molécule d’eau (H2 O) qui possède un axe de symétrie d’ordre 2
(θ  π). Dans cette figure, les deux atomes H1 et H2 sont équivalents.
ATTENTION :
- la molécule après rotation n’est pas identique à celle avant rotation, mais on ne peut pas les
distinguer l’une de l’autre.
- La rotation est toujours dans le sens des aiguilles d’une montre.

Figure 2.1 – Représentation de l’axe de symétrie C2 de la molécule d’eau.

L’axe d’ordre 1 (θ  2π) correspond à l’opération « identité », ce qui équivaut l’absence


de symétrie. N’importe quelle ligne dans n’importe quelle figure est un axe d’ordre 1.
La figure 2.2 montre que l’application successive de deux opérations C2 sur la même
molécule d’eau, résulte dans la molécule d’origine (identique)

Figure 2.2 – Représentation de l’application successive de deux opérations C2 .

Exemple : Axe C3
La figure 2.3 montre une figure qui possède un axe de symétrie d’ordre 3 (θ  2π {3) avec
l’application successive des opérations C3 .

12
Figure 2.3 – Représentation de l’application successive de deux opérations C3 .

Le tableau ci dessus donne les Représentations graphiques et les symboles des différents
axes de rotation C n .

2.2 La réflexion par rapport à un plan (ou miroir)

Une figure possède un plan de symétrie ou miroir, si tout point A situé d’un côté du
miroir admet comme image un point B situé de l’autre côté du miroir et à la même distance du
miroir que le point A de telle sorte que le segment AB soit perpendiculaire au miroir. Symbole
du plan de symétrie est m.

13
Figure 2.4 – Représentation de l’application successive de l’opération "m" pour une molécule d’eau
(H2 Oq.

2.3 L’inversion (ou centre de symétrie)

Une figure possède la symétrie d’inversion par rapport à un point I, si tout point A admet
comme image un point B de telle sorte que le point I se trouve au milieu du segment AB. Si
par exemple le centre d’inversion est l’origine d’un repère orthonormé (Oxyz), tout point de
coordonnées (x,y,z) aura comme image le point de coordonnées (x̄, ȳ, z̄). La figure est dite alors
« centrosymétrique ». Symbole du centre de symétrie est "i"
Exemples d’inversion :

Figure 2.5 – Représentation des centres d’inversion « i » pour la molécule de Benzène C6 H6 .

2.4 La roto-inversion

Cette opération consiste en une rotation d’un angle (θ  2π{n) suivie immédiatement par
une inversion, dont le centre est situé sur l’axe de rotation. L’élément de symétrie est appelé
axe d’inversion, noté par Cn̄ .
L’existence d’un axe d’inversion n’implique pas à priori l’existence indépendante d’un axe
de rotation direct et d’un centre d’inversion.
Exemple : Axe d’inversion C2̄

14
Figure 2.6 – Application de l’opération de symétrie C2̄ .

La décomposition du mouvement donne : C2̄

Figure 2.7 – Décomposition de l’opération de symétrie C2̄ .

Le tableau ci-après donne les représentations graphiques et les symboles des différents
axes d’inversion Cn̄ .

15
Eléments de symétrie de quelques figures géométriques finies

16
Chapitre 3

Notions de cristallographies

La cristallographie est la science qui se consacre à l’étude des substances cristallines


à l’échelle atomique. Les propriétés physico- chimiques d’un cristal sont étroitement liées à
l’arrangement spatial des atomes dans la matière. L’état cristallin est défini par un caractère
périodique et ordonné à l’échelle ou moléculaire.

1 Notions preliminaire de cristallographies


La cristallographie géométrique repose sur un certain nombre de notions dont nous nous
proposons d’exposer celles qui en constituent la base

1.1 La maille

Une maille (figure ci-dessous) est l’unité de base à partir


de laquelle on peut engendrer tout le cristal (le cristal
est obtenu par juxtaposition périodique et régulière des
mailles qui le composent). L’étude d’un cristal se limitera
donc à l’étude de l’une de ses mailles (maille élémentaire).
Figure 3.1 – représentation de la
maille cristalline
De façon générale, la maille est un parallélépipède dont la description nécessite la connais-
sance de six paramètres géométriques :
* trois paramètres linéaires ; c-à-d trois distances a, b et c, telles quse : a = OA, b = OB
et c = OC.

17
Ñ
Ý
* trois paramètres angulaires ; c-à-d trois angles α, β et γ tels que : α  p b , Ñ
Ýc q, β  pÑ
Ýc , Ñ
Ýa q
et γ Ýa , Ñ
 pÑ Ýb q.

Toute maille du cristal, s’obtient en faisant subir à la maille origine la translation suivante :

Ñ
ÝT  uÑ
Ýa vb
Ñ
Ý wÑ
Ýc

tel que Ñ
Ñ
Ý
Ýa , b et Ñ
Ýc sont les vecteurs de base de la maille origine. u, v et w sont des nombres
entiers relatifs (P Z).
Remarque
Il est possible de définir dans un cristal donné plusieurs mailles de différentes orientations et
différents volumes. Cependant, il convient de choisir la maille dont le volume est le plus faible
possible et la symétrie est la plus élevée possible.

1.2 Le motif

plus petit groupe d’atomes / ions /molécules permettant de décrire le solide. L’ensemble
régulier de motifs est appelé réseau cristallin.

1.3 Les Noeuds

Noeud : point de l’espace repérant la position d’un motif,


Exemple de structure cristalline à deux dimensions.

18
Remarque
*La position du noeud par rapport au motif peut être choisie arbitrairement. Au lieu d’être
placé approximativement au milieu de la molécule le noeud pourrait par exemple se trouver sur
l’un de ses atomes.
*les nœuds constituant un réseau et les droites passant par ces nœuds n’ont aucune
existence physique.
*L’origine du réseau ponctuel est arbitraire. Ses nœuds ne coïncident pas forcément avec
les atomes (ou ions) du motif. A titre d’exemple, la figure de gauche ci-dessus, montre qu’on
peut placer l’origine du réseau ponctuel sur les atomes A, B ou C ( cette origine peut être prise
sur les liaisons AB ou AC ou sur un autre point n’appartenant pas à la molécule ABC).

Figure 3.2 – Réseau plan de molécules

* si les nœuds d’une maille n’occupent que les sommets, la maille est dite simple ou
primitive (ce qu’on désigne par P). La maille simple ne contient alors qu’un seul nœud (8
sommets *1/8 =1).
* si, en plus des nœuds occupant les sommets, d’autres nœuds occupent soit le centre
de la maille soit les milieux d’arêtes soit les centres de deux faces parallèles soit les centres de
toutes les faces, la maille est dite multiple d’ordre n (généralement double ou quadruple). Dans
ce cas, la maille contient n nœuds (voir cas bidimensionnel de la figure suivante).
* lors du calcul du nombre de nœuds appartenant à une maille, les sommets des mailles pa-

19
rallélépipédiques comptent chacun pour 1/8, les nœuds occupant les milieux d’arêtes comptent
chacun pour 1/4 et les nœuds occupant les centres de faces comptent chacun pour 1/2.
Exemple
- Les mailles de paramètres (a1 , b1 ) et (a2 , b2 )
sont d’ordre 2 (puisqu’elles contiennent deux
nœuds chacune : 1  1 4  1{4  2).
- Les mailles de paramètres (a3 , b3 ) et (a4 , b4 )
sont simples (puisqu’elles contiennent un seul
nœud chacune : 4  1{4  1).
- La maille de paramètres (a5 , b5 ) est d’ordre 4
(puisqu’elle contient quatre nœuds :
Figure 3.3 – mailles primitives et mailles
11 4  1{4 4  1{2  4) multiples dans un réseau bidimensionnel

2 Réseaux de Bravais

2.1 Symétrie et classification

Soit un réseau ponctuel tridimensionnel généré par une maille de paramètres linéaires a,
b et c et angulaires α, β, et γ. A partir de considérations sur la symétrie, le cristallographe
Bravais a pu distinguer 14 types de réseaux (portant son nom). La description de ces derniers,
se fait à l’aide de sept systèmes d’axes caractérisés chacun par une maille spécifique. Les six
paramètres a, b, c,α, β, et γ caractérisant la maille d’un système donné diffèrent d’un système
à un autre.
Les sept systèmes cristallins et les quatorze réseaux de Bravais sont reportés sur le tableau
suivant :

20
Figure 3.4 – Illustration graphique du réseau du Bravais

Types de mailles élémentaires :


En outre, en fonction du nombre de groupements formulaires présents dans la maille, quatre
types de mailles élémentaires peuvent exister :
* maille simple (notée P) : les groupements sont aux sommets
* Maille centrée (notée I) : un groupement supplémentaire est situé au centre de la maille
* maille base centrée (notée C) : un groupement supplémentaire au centre de 2 faces op-
posées
* maille face centrée (notée F) : un groupement au centre de chaque face

2.2 Etude de la maille :

2.2.1 Multiplicité :

La multiplicité est le nombre de motifs par maille, un motif appartenant équi-


tablement à n mailles compte pour 1/n.

21
Nombre d’atomes par maille, on le note Z.
L’atome E n’appartient pas à la maille il compte pour 0.
L’atome A au sommet du cube, A appartient à 8 mailles
L’atome B au centre d’une face il appartient à 2 mailles
L’atome C au centre du cube il appartient à 1 maille
L’atome D sur une arête du cube il appartient à 4 mailles

2.2.2 Coordinence :

La coordinence est le nombre de plus proches entités voisines, par exemple la


coordinence de A par rapport à B (A{B) d’un cristal est le nombre d’atomes B plus proches
voisins de l’atome A.
Exemple : coordinence du cristal de polonium

Pour le polonium la coordinence Po/Po vaut 6

2.2.3 Compacité ou densité d’empilement :

La compacité C d’un cristal est le volume relatif occupé par les atomes du
motif dans la maille. Les constituants du cristal (atomes) se comportent comme des sphères
dures rigides et indéformables. Dans ce cas, la compacité est donnée par la relation :

C  volume occupé par les motifs


volume de la maille

22
Exemple : compacité du polonium
On se place dans le cadre du modèle des sphères dures tangentes.

Vmaille  a3 , Vmotif  4π3 R3

La tangence des plus proches voisins (Figure 3.4) donne : a  2R d’où :

3
C  8R1 3  4πR
3
 π
6
 0, 52

Figure 3.5 – Compacité du Polonium

2.2.4 Masse volumique :

La masse volumique ρ du cristal est définie par :

ρ  multiplicitéN* masse
masse de la maille molaire
volume de la maille VA

Exemple : masse volumique du cristal de polonium


Pour le polonium, les tables donnent a = 335.2 pm et MP o  209g{mol

mmotif  mP o  MNP o avec NA  6, 02.1023


A

ρP o  NMPao3 A.N. ρP o  9, 22.103kg.m3


A

23
Exemple des mailles

3 Plans réticulaires et indices de Miller

3.1 La rangée réticulaire

On appelle rangée réticulaire toute droite passant par deux nœuds d’un réseau ponctuel.
Comme les nœuds se répartissent tridimensionnelement de façon périodique dans le réseau
ponctuel, une rangée réticulaire donnée contient donc plusieurs nœuds et ces derniers sont
équidistants. L’équidistance des nœuds (distance entre deux nœuds consécutifs) est appelée
période ou paramètre de la rangée. D’un autre côté, une rangée donnée n’est pas unique mais
il existe plusieurs rangées identiques et équidistantes qui lui sont parallèles. L’ensemble de ces
rangées constituent une famille de rangées réticulaires. La rangée représentant toute la famille
est celle passant par l’origine choisie. Cette rangée sera notée ruvws ; u, v et w (premiers entre

24
eux) sont les coordonnées du nœud le plus proche de l’origine.

Figure 3.6 – rangée réticulaire [210]

3.2 Le plan réticulaire

** Les nœuds d’un réseau ponctuel peuvent être regroupés suivant des plans appelés plans
réticulaires. Comme il existe plusieurs nœuds équivalents aux nœuds d’un plan réticulaire donné,
on en déduit alors qu’il existe une famille de plans réticulaires parallèles et équidistants.
Nous appelons « indices de Miller » de la famille de plans réticulaires le triplet (hkl) des
plus petits entiers naturels premiers entre eux. Une famille de plans réticulaires se note (h k l)
de telle sorte que le plan le plus proche de l’origine du réseau coupe les axes cristallographiques
aux points A, B et C tels que :

OA   kb ,  cl
a
, OB OC
h

avec a, b et c sont les paramètres de maille. h, k et l P Z et sont premiers entre eux. Ils sont
appelés indices de Miller.

Figure 3.7 – définition du plan représentant la famille de plans réticulaires (hkl) : le plan de la figure
représente la famille (221)

25
** Par définition, les indices de Miller sont les inverses des intersections du plan avec les
trois axes du cristal, ces intersections étant mesurées en fonction des longueurs a, b et c. Il est
entendu que l’origine des axes ne doit pas être dans le plan à repérer. La démarche à suivre pour
déterminer les indices d’un plan est la suivante : Déterminer les coordonnées des intersections
du plan avec les axes Ñ
Ýx , Ñ
Ýy , etÑ
Ýz en fonction des vecteurs périodes Ñ Ñ
Ý
Ýa , b , etÑ
Ýc (l’origine des 3
axes ne doit pas être dans le plan)
1. Prendre les inverses,
2. Réduire les 3 fractions au plus petit commun dénominateur,
3. Les trois numérateurs obtenus représentent trois indices h, k et l, par rapport aux trois axes
Ñ
Ýx , Ñ
Ýy , etÑ
Ýz .
** Le nième plan de la famille de plans réticulaires (h k l) coupe les axes ox, oy et oz
dirigés par les vecteurs a, b et c respectivement comme suit : ox en na/h, oy en nb/k et oz en
nc/l.
** La distance qui sépare deux plans successifs d’une même famille de plans réticulaires
(h k l) est appelée distance interréticulaire et notée dhkl tel que dhkl  ? 2
a2
h k 2 l2
Il y a un très grand nombre de façons de regrouper les nœuds du réseau cristallin en plans
réticulaires.
** Trois nœuds non alignés permettent de définir un plan réticulaire. Par ailleurs, tout
nœud ayant les coordonnées (u, v, w) appartenant à la famille de plans réticulaires (hkl) vérifie
quel que soit le système d’axes Ox, Oy et Oz l’équation :

uh vk wl  m

avec m un entier qui désigne le mième plan de la famille.

26
Figure 3.8 – Exemples de plans réticulaires.

Remarque :
• Les indices des plans sont toujours mis entre parenthèses sans séparation.
• chaque famille réticulaire (h k l) contient un plan qui passe par l’origine du réseau.
• les familles réticulaires (0 k l), (h 0 l) et (h k 0) sont respectivement parallèles aux axes
Ox, Oy et Oz.
• les familles réticulaires (0 0 l), (h 0 0) et (0 k 0) sont respectivement parallèles aux plans
(xOy), (yOz) et (xOz).
• lorsque l’un des indices h, k et l est négatif, on convient de mettre le signe moins au
dessus de l’indice en question : ainsi on écrira par exemple (12̄3̄) au lieu de (1 -2 -3) et (1̄1̄1̄)
au lieu de (-1 -1 -1).
• Un plan parallèle à un axe le coupe à l’infini, son indice de Miller correspondant à cet
axe est égal à 1{8= 0.
Exemple 1 :
Soit la face représentée sur la figure ci-dessous ; déterminer les indices de Miller (hkl) de
cette face.
Méthodologie :
Chercher les intersections du plan sur les axes Ox, Oy et Oz
ñ (1, 2, 2)
Prendre l’inverse de ces trois nombres ñ (1/1, 1/2, 1/2)
Les réduire en entiers ayant le même dénominateur
ñ (2/2, 1/2, 1/2)
Les indices de Miller sont donc : (211)

27
Exemple 2 :
Représenter les trois premiers plans de la famille de plans réticulaires (1 3 2) dans un
réseau caractérisé par une maille élémentaire orthorombique (a  b  c et α  β  γ  90o).
Pour représenter un plan nous avons besoin de 3 points :
Le plan réticulaire (1 3 2) d’ordre 1 coupe : l’axe ox en a/1, l’axe oy en b/3, l’axe oz en c/2.
Le plan réticulaire (1 3 2) d’ordre 2 coupe : l’axe ox en 2a/1, l’axe oy en 2b/3 et l’axe oz
en 2c/2.
Le plan réticulaire (1 3 2) d’ordre 3 coupe : l’axe ox en 3a/1, l’axe oy en 3b/3, l’axe oz en
3c/2. Ainsi :

Figure 3.9 – Les trois premiers plans de la famille (1 3 2)

4 Sites interstitiels
Dans un cristal les motifs (atomes, ions, molécules) occupent les nœuds du réseau. Les
sites interstitiels sont, en quelque sorte, les espaces vides entre ces motifs. En tenant compte
du nombre d’atomes les plus proches au centre du site on peut distinguer principalement deux
formes parmi les sites interstitiels : les sites octaédriques (SO) et les sites tétraédriques (ST).
Les sommets de ces sites correspondent au centre des atomes.
• Sites tétraédriques noté [4] : Un site est dit tétraédrique s’il est délimité par un tétraèdre
formé par quatre atomes voisins.
• Sites octaédriques noté [6] : Un site est dit octaédrique s’il est délimité par un octaèdre formé
par six atomes voisins.

28
Figure 3.10 – (a) : Site tétraédrique, (b) : Site Octaédrique

5 Les défauts cristallins

5.1 Les défauts ponctuels

Ce sont des défauts sans dimension qui ont une taille de l’ordre de la distance interato-
mique. Il existe trois types de défauts ponctuels : les lacunes, les interstitiels et les atomes en
substitution, comme cela est décrit sur le schéma suivant. La présence de défauts ponctuels
entraîne une distorsion locale du réseau cristallin et engendre un champ de contrainte dans un
volume du cristal supérieur à celui du défaut lui-même.

Figure 3.11 – Types de défauts ponctuels dans les cristaux : (a) lacune, (b) atome étranger
interstitiel, (b’) auto- interstitiel et (c) atome étranger en substitution

29
5.2 Les Lacunes

Ce défaut correspond à un site atomique inoccupé dans la structure. Les lacunes jouent
un rôle fondamental dans la diffusion à l’état solide qui engendre des déplacements d’atomes
sur de longues distances et est à la base des traitements thermiques.

5.3 Les Interstitiels

Ce sont des atomes qui s’insèrent dans les espaces vides du réseau cristallin. Si l’atome
en insertion est lui-même un atome du réseau cristallin, on parle d’auto-interstitiel. Les défauts
interstitiels jouent un grand rôle dans la constitution des alliages

5.4 Atomes en Substitution

C’est un atome étranger qui se place à un nœud du réseau cristallin. Ce type de défauts
joue également un rôle important dans la constitution des alliages.

5.5 Les défauts surfaciques

Joint de grains, joint de phases. Sauf élaboration particulière, la quasi-totalité des solides
cristallins est constituée d’un agglomérat de cristaux, ou grains accolés avec des orientations
différentes. La taille des grains varie de quelques microns à quelques millimètres suivant les
conditions d’élaboration. Si ces cristaux sont de nature identique, leur surface d’accolement est
appelée joint de grains. Si les cristaux sont de nature différente, leur surface d’accolement est
appelée joint de phases.

Figure 3.12 – Polycristal, et schématisation à deux dimensions d’un joint


de grains et d’un joint de phases.

30
5.6 Défauts de Frenkel et de Shottky

Dans les cristaux ioniques, la création de défauts doit préserver la neutralité électrique du
matériau. En conséquence, les défauts sont créés par paire de signes opposés. On distingue les
défauts de Shottky constitués d’une lacune anionique et d’une lacune cationique et les défauts
de Frenkel constitués d’une lacune (cationique ou anionique) et d’un ion (anion ou cation)
comme le montre la figure suivante dans le cas du Nacl.

Figure 3.13 – Défauts ponctuels dans les cristaux ioniques (NaCl) : (a) Présence de deux lacunes de
charges opposées (défaut de Shottky), (b) Formation d’une paire lacune-interstitiel (défaut de Frenkel)

31

Vous aimerez peut-être aussi