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Département de Chimie

Semestre 2
SMC & SMP

Support de Cours : Module M10

LIAISONS CHIMIQUES

Pr. M. BENZAKOUR
Pr. K. MORADI
Pr. A. OUAMMOU
Pr. H. TOUNSADI

Année universitaire : 2020-2021


Préface

Ce polycopié est un support pédagogique des notions fondamentales des


liaisons chimiques. Il est destiné aux étudiants des premières années de la
faculté des sciences pour les filières SMC/SMP. Il est conforme au canevas
entré en vigueur en septembre 2009 du système pédagogique LMD ;

Ce polycopié n’est qu’un complément de cours. Il ne pourra, en aucune façon,


dispenser l’étudiant de sa présence en cours.
Table des matières

Introduction........................................................................................................................... 2

Partie I : Liaison covalente ................................................................................. 3


Chapitre I : Structure de Lewis des molécules et des ions .............................. 4
I.1. Structure de Lewis .......................................................................................................... 4
I. 2. Liaison covalente délocalisée ......................................................................................... 6
I. 3. Limites de la structure de Lewis .................................................................................... 8
Chapitre II : Théorie des orbitales moléculaires (Approximation LCAO) ... 9
II.1. Etude des molécules diatomiques homonucléaires ............................................... 9
II.2. Etude des molécules diatomiques hétéronucléaires de type AB ............................ 16
II.3. Caractéristiques de la liaison .......................................................................... 18
Chapitre III : Théorie de l’hybridation (Théorie de valence)....................... 20
III.1. Principe de l’hybridation des orbitales atomiques ..................................................... 20
III.2. Types d’hybridation .................................................................................... 20
Chapitre IV : Géométrie moléculaire : Théorie de la répulsion des paires
électroniques de la couche de valence (V.S. P.E.R.) ....................................... 26
IV.1. Règles de Gillespie .................................................................................................... 26
IV.2. Modifications des angles valenciels .......................................................................... 28
IV.3. Moment dipolaire ...................................................................................................... 30
IV.4. Pourcentage ionique des liaisons ............................................................................... 32

Partie II : Autres types de liaisons chimiques ................................................ 34


Chapitre I : Liaison ionique ............................................................................ 35
I.1. Existence des ions ......................................................................................................... 35
I. 2. Energie des cristaux ioniques ....................................................................................... 35
I. 3. Structures cristalline de base ........................................................................................ 35
I. 4. Cycle de Born Haber .................................................................................................... 36
I. 5. Propriètés de la liaison ionique .................................................................................... 38
Chapitre II : Liaison métallique ...................................................................... 38
II.1. Cristaux métalliques .................................................................................................... 38
II. 2. Propriètés des cristaux métalliques ............................................................................. 40
Chapitre III : Liaisons moléculaires (intéractions physiques) ...................... 40
La liaison chimique
Du modèle de Lewis au modèle quantique

Introduction

Dans ses différents états, la matière est généralement formée par des molécules et parfois par
des assemblages ioniques. La présence d’atomes libres est souvent due à des conditions
expérimentales exceptionnelles. Tous les éléments, dans l’état standard, existent à l’état
combiné sous forme de molécules simples ou complexes à l’exception des gaz rares.

Il existe quatre types de liaisons chimiques : liaison covalente, ionique, métallique et


moléculaire.

✓ Liaison covalente : résulte de la combinaison entre atomes ayant des électronégativités


voisines. C’est une liaison qui s’obtient par mise en commun des électrons de valence de deux
atomes en contact.

Les deux électrons qui forment la liaison se trouvent à mi-distance de chaque noyau atomique.

A. + B. ------> A -- : ---B
On distingue trois deux types de liaisons covalentes : liaison de covalence pure et liaison
dative.

✓ Liaison ionique : Lorsque la différence d’électronégativité entre les atomes A et B est


très importante, les électrons se trouvent attirés par l’atome le plus électronégatif et la liaison
est dite du type ionique.

✓ Liaison métallique : s’effectue entre atomes très électropositifs.

✓ Liaison moléculaire : découle de la combinaison entre petites molécules pour former des
chaînes moléculaires.

2
Partie I: La liaison covalente

3
I. Structures de Lewis des molécules et des ions
I.1. Structure de Lewis
Selon Lewis, une liaison covalente entre deux atomes résulte de la mise en commun d'une
paire d'électrons.

• Seuls les électrons de valence d'un atome, peuvent être impliqués dans la formation des
liaisons. Pour les éléments des trois premières périodes, il s'agit des électrons de la
couche externe.

• Chaque atome de la molécule cherche à atteindre une configuration électronique stable ;


celle du gaz rare le plus proche.

• Théoriquement, le nombre minimum de liaisons que peut former un atome est égale au
nombre d’électrons célibataires, et le nombre maximum de liaisons correspond au
nombre d’électrons de valence.

Il existe deux manières de former une liaison :

a) Chaque atome fournit un électron célibataire, la liaison est dite de covalence pure :

Exemples : Pour les molécules, H2, F2 et CH4, la représentation de Lewis est :

H• + •H → H—H
Doublet lié
Doublet libre

b) Un atome fournit un doublet et l’autre le reçoit dans une case quantique vide (orbitale
vacante), la liaison est dite de covalence dative ou de coordination :

Ces deux types de liaison, covalente simple et dative, sont totalement identiques et
indiscernables.

4
Exemple : BF4-

Deux atomes peuvent s’unir entre eux par plusieurs liaisons simultanément, on parle alors de
liaisons multiples. Il existe trois types de liaisons : simple, double et triple qu’on symbolise
par des traits selon le nombre de liaisons.

Règle de l’octet
Les liaisons de covalence sont obtenues par la mise en commun d’une ou plusieurs paires
électroniques et où chaque atome, à l’exception de l’hélium, sature sa couche électronique de
valence ns2np6 identique à celle du gaz rare qui le suit dans la classification périodique.

❖ Insuffisances de la règle de l’octet

• Certains éléments du groupe IIIA de la classification périodique (B, Al, Ga) disposent de
trois électrons externes. Un réarrangement des électrons s’effectue dans les orbitales
atomiques de (ns2np1) pour obtenir (ns1np2) et la formation de trois liaisons de covalence
avec trois atomes monovalents.

• De même les configurations en s2 p2 du groupe IVA de la classification périodique t de


valence 2 conduiront facilement à la valence 4 par réarrangement électronique dans les
orbitales atomiques en s1 p3.

Exemples : BF3, AlCl3 , CO

5
• Dans le cas des éléments ayant le nombre quantique n ≥ 3, les orbitales atomiques nd
peuvent intervenir et permettre d’avoir plus de huit électrons dans la couche de valence.

Exemples : Dix électrons pour l’atome du phosphore dans PCl5, douze électrons pour l’atome
du soufre dans SF6.
Pour envisager une pentavalence (PCl5) ou hexavalence (SF6), un réarrangement des électrons
dans les orbitales atomiques de la couche de valence de P: en passant de 3s23p3 à 3s13p33d1 et
de S pour passer de 3s23p4 à 3s13p33d2.

I.2. Liaison covalente délocalisée


La structure de Lewis de certaines molécules peut être écrite sous différentes formes, appelées
formes limites. Cependant la forme réelle correspond à une structure intermédiaire
caractérisée par la délocalisation de certains électrons de la liaison. Ce phénomène est appelé
résonance.

Exemples :
✓ Construction du diagramme moléculaire de Lewis de l’ozone O3.
• L’oxygène (ns2np4) est naturellement divalent :

• Formation de la double liaison entre (2) et (3) :

)2( + )3(

• Formation d’une liaison de covalence dative entre O(1) et O(2) après avoir fait un
réarrangement électronique dans les orbitales atomiques de O(1) car l’atome d’oxygène
est un atome à la fois donneur et accepteur d’électrons.

6
• O(2) partage un doublet avec O(1) qui acquiert une charge négative -1 alors que O(2)

prend une charge +1:

On peut envisager :

et

Les 3 formules F1, F2 et F3 constituent des formes mésomères de la molécule d’ozone : on


passe de l’une à l’autre par déplacement du doublet libre ou non liant et entre les formes
mésomères, on place une flèche à deux pointes.

✓ Construction du diagramme moléculaire de Lewis de HNO2

• L’azote (ns2np3) est naturellement trivalent :

• Formation d’une liaison dative entre l’azote et un oxygène de la molécule après avoir
fait un réarrangement des électrons dans ses O.A.

• N partage un doublet avec O qui acquiert une charge négative -1 alors que N prend
une charge +1:

Deux formes mésomères limites qui résonnent

Liaisons délocalisées

7
L’écriture des formes mésomères limites se fait après avoir obtenu la formule de Lewis de la
molécule ou de l’ion :
o On ne déplace que des doublets électroniques (exceptionnellement un électron
célibataire) ;
o Le nombre d’électrons reste le même, les atomes occupent les mêmes places dans la
formule développée ;
o Le poids statique d’une forme mésomère est d’autant plus grand qu’elle est neutre ou
que les charges sont éloignées ;
o Les charges sur les atomes doivent être en accord avec leur électronégativité ;

o Une charge ou sur un atome fournit une forme mésomère peu probable.

Plus une molécule ou un ion présente des formes mésomères et plus sa stabilité est grande.

I.3. Limites de Lewis


Les représentations de Lewis des molécules ou des ions ne permettent pas :

o de prévoir la géométrie de la molécule. Ainsi, l’angle valenciel est égale à 180°


dans le dioxyde de carbone CO2, alors que dans la molécule H2O, l’angle valenciel
HOH est de 104°.
o de justifier l’existence du moment dipolaire permanent de certaines molécules.
o d’expliquer la liaison à un électron de certaines molécules (par exemple :H2+).
o d’expliquer le paramagnétisme de certaines molécules (par exemple O2).
o de déduire les énergies de liaison.

8
II. Théorie des orbitales moléculaires (Approximation LCAO)

La théorie des orbitales moléculaires considère que dans une molécule,

- un électron est soumis au champ exercé par les électrons ;

- tous les noyaux sont liés entre eux et

- un électron est décrit par une fonction d'onde appelée orbitale moléculaire.

Chaque orbitale moléculaire correspond à un niveau d'énergie et peut décrire au maximum


deux électrons de spins opposés.

Les expressions des différentes orbitales moléculaires ne peuvent être déterminées


rigoureusement que dans le cas d'un système diatomique monoélectronique (par exemple
H2+).

Dans les autres cas, on a recours à une approximation qui identifie une orbitale moléculaire à
une combinaison linéaire d'orbitales atomiques de valence des atomes liés, la méthode est
dite LCAO-MO « Linear Combination of Atomic Orbitals-Molecular Orbitales ».

Dans cette approximation, une O.M est obtenue par combinaison linéaire de deux orbitales
atomiques des électrons de valence de chaque atome. La méthode LCAO-MO s’applique aux
molécules symétriques ou homonucléaires (de type A-A) et aux molécules dissymétriques ou
hétéronucléaires (de type A-B)

Les orbitales atomiques de valence qui contribuent à la formation des orbitales moléculaires
sont celles qui ont des énergies voisines et les mêmes éléments de symétrie ; ce sont celles
qui présentent un bon recouvrement de leurs domaines de probabilité de présence.

II.1. Étude des molécules diatomiques homonucléaires

L’édifice diatomique homonucléaire le plus simple qu’on puisse envisager est l’ion
moléculaire H2+ constitué de deux noyaux et un électron.
L’électron se trouvant dans le champ des deux noyaux Ha et Hb sera décrit par une fonction
 appelée O.M. et une combinaison linéaire des fonctions d’ondes  a(O.A 1s) et  b(O.A
1sb) :

 = C1  a + C2  b ou  = C1 (1sa) + C2 (1sb)

9
Les deux cœfficients C1 et C2 représentent les contributions respectives des O.A 1sa et 1sb.
Leurs carrés C12 et C22 représentent les probabilités respectives de description de l’électron
par les fonctions d’ondes  a et  b.
Comme les deux noyaux de l’ion H2+ sont identiques, on peut écrire :
C12 = C22  C 2 =  C1

Ainsi la combinaison linéaire:  = C1  a + C2  b aura deux solutions :

 + = C1  a + C2  b
 −= C1  a -C2  b

 
 2 − 2
+ et − doivent être normées, c'est-à-dire: d = d = 1
espace espace

A partir des expressions de + et − et à l’aide de l’équation de Schrödinger on peut calculer


les énergies E+ et E- :
H+ = E+ +
 − = E-  −

A/ Molécule H2 : Orbitales moléculaires s et s*

Dans la molécule H2, l’électron est décrit par une fonction d’onde  appelée orbitale
moléculaire O.M. obtenue par combinaison linéaire des fonctions d’ondes  a (orbitale
atomique 1sA) et  b (orbitale atomique 1sB), telle que:

 = c1  a + c 2  b ou  = c1 (1sa) + c 2 (1sb)

Les deux cœfficients C1 et C2 représentent les contributions respectives des O.A 1sa et 1sb.
Leurs carrés C12 et C22 représentent les probabilités respectives de description de l’électron
par les fonctions d’ondes  a et  b.

Comme les deux noyaux de l’ion H2 sont identiques, on peut écrire : C12 = C22  C 2 = C1 .
Ainsi la combinaison linéaire: =C1  a + C2  b aura deux solutions :

+ =C1  a + C2  b

−=C1  a - C2  b

 
 2 − 2
+ et − doivent être normées, c'est-à-dire: d = d = 1
espace espace

A partir des expressions de  + et  − et à l’aide de l’équation de Schrödinger on peut


calculer les énergies E+ et E- :
H + = E+  +
 − = E-  −

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Ces deux énergies dépendent de la distance internucléaire rab et leur représentation graphique
est la suivante :

La fonction + correspondant à l’énergie E+ est appelée “orbitale moléculaire liante 1s” et


− correspondant à E- est appelée « orbitale antiliante 1s ». La représentation spatiale de
ces deux O.M. est la suivante :

 Orbitale moléculaire liante :  1s

 Orbitale moléculaire antiliante :


 1*s
.

Le recouvrement des deux O.A. 1sA et 1sB se fait suivant l’axe joignant les deux noyaux HA et
HB. Ce recouvrement axial conduit à la formation de deux O.M. de type  . Ces O.M. étant

construites à partir des O.A. 1s, elles seront notées 1s pour l’O.M. liante et  1s pour l’O.M.
*

antiliante.

11
La méthode LCAO-MO permet d'obtenir les fonctions d'onde 1s et 1s et de déterminer les
niveaux d'énergie correspondants.
 L'énergie de l'orbitale 1s est inférieure à celle des orbitales atomiques 1s de départ. Par
contre, l'orbitale 1s est d'énergie supérieure à celle des orbitales atomiques 1s. On peut
montrer que les niveaux d'énergie des orbitales 1s et *1s sont symétriques par rapport à
ceux des orbitales 1s des atomes séparés.

 Il est pratique de représenter, sur un même diagramme, les niveaux d'énergie des orbitales
atomiques de valence des atomes séparés et des O.M. liantes et antiliantes résultantes, pour
une distance des noyaux égale à la longueur de la liaison.

 Le remplissage des O.M. moléculaires obéit aux mêmes règles que celui des O.A. (principe
stabilité, le principe de Pauli et la règle de Hund)

 Le diagramme énergétique de la molécule H2 est le suivant:

B/ Orbitales Molécules des éléments de la deuxième période du tableau périodique

Les orbitales atomiques (O.A) qui interviennent dans la formation des orbitales moléculaires
(O.M) sont les O.A de valence :

Atome A (2sA, 2px, 2py, 2pz)


Atome A (2sA, 2px, 2py, 2pz)
Les O.A qui peuvent se recouvrir sont celles qui possèdent les mêmes éléments de symétrie et
ont les mêmes énergies (ou des énergies voisines).

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Les O.M obtenues par recouvrement des O.A sont de deux types :

✓ Les orbitales moléculaires    Les O.M.  sont obtenues par recouvrement axial
des O.A. des atomes A et A’.

- Les deux O.A 2sA (de symétrie sphérique) se recouvrent pour donner deux O.M : 2s (O.M liante)
et 2s (O.M antiliante).

2s = C (2sA + 2sA’)


2s = C* (2sA - 2sA’)

- Comme dans le cas des orbitales « s », le recouvrement des deux O.A (2px et 2px) doit se
faire suivant l’axe des x. Le recouvrement axial des O.A 2px et 2px conduit à deux O.M, l’une
liante px (ou px) et l’autre antiliante px (ou px) .

2px = C (2px - 2px)


2px = C* (2px + 2px)

Formation des deux orbitales moléculaires px px à partir de deux orbitales atomiques « px ».

✓ Les orbitales 

Les O.A. 2py et 2py ont leurs axes de symétrie parallèles, elles peuvent se recouvrir
latéralement pour donner naissance à deux O.M. de type , l’une liante 2py (ou y ) et l’autre
antiliante 2py (ou y)
1
y = 2 (2py - 2py)
1
y = 2 (2py + 2py)

13
Formation des deux orbitales moléculaires 2py 2py à partir de deux O.A « 2py ».
De la même façon les O.A. 2pz et 2pz se recouvrent latéralement. On obtient deux O.M. z et
z.

N.B : - Les O.M. y et z ont la même énergie ainsi que les O.M. y et z.
- Le recouvrement axial étant plus important que le recouvrement latéral, la liaison
 sera plus forte que la liaison .

a/ Diagramme énergétique des O.M. sans interaction s-p

Dans ce cas la différence entre les niveaux d’énergie 2s et 2p, est grande. Le niveau d’énergie
de l’O.M. z (p) se trouve plus bas que celui des deux O.M x et y.

Seules les O.A. de valence interviennent dans la formation de la liaison chimique :


2s2 2p2x 2p1y 2p1z

Ce diagramme énergétique est valable pour les molécules de type A2 dont ZA > 7.

A partir de 8 O.A, on construit 8 O.M :

- 4 O.M liantes
- 4 O.M antiliantes

Comme les atomes, la structure électronique des molécules est écrite dans l’ordre énergétique
croissant. Le remplissage des O.M. se fait en respectant les règles de stabilité, de Hund et de
Pauli.
1s < 1s* <  2s <  2s* <  x < yz < y*z* <  x*

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Diagramme énergétique utilisable pour les Orbitales
Moléculaires formées à partir de O, F, et Ne

b/ Diagramme énergétique des O.M. avec interaction s-p

Dans ce cas la différence entre les niveaux d’énergie 2s et 2p, est faible, on assiste à un
mélange de ces orbitales connus sous le nom d’intéraction s-p. Le niveau d’énergie des deux
O.M y et z se trouve plus bas (plus stable) que celui de l’O.M. x (px).

Seules les O.A. de valence interviennent dans la formation de la liaison chimique. Ce


diagramme énergétique est valable pour les molécules de type A2 dont ZA ≤ 7.
A partir de 8 O.A, on construit 8 O.M :

- 4 O.M liantes
- 4 O.M antiliantes

L’ordre énergétique croissant des O.M. est le suivant :

1s < 1s* <  2s <  2s* < yz (ou 2py 2pz ) <  2px < y*z*(ou 2py*2pz* ) <  2px
Molécule A2

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A(1) A(2)

Diagramme énergétique utilisable pour décrire les orbitales moléculaires


des molécules ou des ions contenant les atomes Li, Be, B, C et N.

II.2. Etude des molécules diatomiques hétéronucléaires de type AB

Les molécules diatomiques hétéronucléaires, de type AB se distinguent des molécules A2 par


le fait que leurs niveaux atomiques ns et np ne sont plus à la même énergie. Les OM ne sont
plus symétriques et sont polarisées sur l’atome le plus électronégatif quand elles sont liantes
et sur le moins électronégatif quand elles sont antiliantes.
Pour une molécule diatomique hétéronucléaire de type AB, sa fonction d'onde moléculaire
s’écrit :

 = a1A +a2B avec a1 # a2

Si l’atome B est plus électronégatif que A: B > A ; les O.A de B seront plus stables et auront
une énergie inférieure à celle de l’atome A. Ainsi, on place l’élément le moins électronégatif à
gauche :

E( 2sB ) < E ( 2sA ) et E( 2pB ) < E ( 2pA )


Pour une molécule diatomique AB, l’interaction sp s’impose par suite du décalage entre les
niveaux d’énergie des OA.

16
L’ordre énergétique croissant des O.M. est le suivant :

1s < 1s* <  2s <  2s* < yz (ou 2py 2pz )<  2px < y*z*(ou 2py*2pz* ) <  2px

Exemples : Molécules LiH, NO

Les O. A de valence à considérer sont 1s de H et 2s de Li. H étant plus électronégatif que Li.

17
II.3. Caractéristiques de la liaison

On définit pour chaque liaison chimique les grandeurs suivantes :

 Ordre ou indice de liaison (O.L.) : Il est défini par la relation suivante :

1
O.L =  (n − n*)
2
n : nombre d’électrons situés dans les O.M. liantes
n* : nombre d’électrons situés dans les O.M. antiliantes

 Longueur de liaison : Elle est égale à la distance internucléaire d’équilibre. Cette


distance diminue lorsque l’ordre de liaison augmente.

 Énergie de dissociation (Hd) : Elle est définie comme l’énergie nécessaire pour
dissocier une molécule AB en deux atomes A et B à l’état gazeux, toutes ces espèces sont
prises à l’état gazeux.
AB(g) → A(g) + B(g)

La valeur de l’énergie de dissociation Hd varie dans le même sens que l’ordre de liaison (ou
nombre de liaison).

18
Exemples : Molécules O2 , C2

La configuration électronique de la molécule O2 est :


2s2 2s* 22p2 (xy )4 (x*y* )2

L’ordre de liaison : O.L = (8-4) = 2.

La molécule possède 2 électrons célibataires, elle est paramagnétique. Cela est confirmé
expérimentalement.
Pour la molécule C2 , le diagramme d’énergie est le suivant

La configuration électronique de la molécule C2 est :


2s2 2s* 2 (xy )4

L’ordre de liaison : O.L = (6-2) = 2.

La molécule ne possède pas d’électrons célibataires, elle est diamagnétique. Cela est
confirmé expérimentalement.

19
III. Théorie de l’hybridation (théorie de valence)

III.1. Principe de l’hybridation des orbitale atomique

La théorie de la liaison de valence (L.V) est une approche simplifiée du problème. Elle
considère que la molécule est constituée d’une juxtaposition de liaisons entre atomes pris
deux à deux. Chacune d’elles résulte du recouvrement des orbitales atomiques (O.A) des
atomes liés ; de ce fait, les électrons restent localisés dans la zone de recouvrement, c'est-à-
dire dans la direction des O.A. Cette approche simplifiée prévoit un angle de 90° entre les
liaisons O-H de la molécule de H2O, au lieu de 104°30'. Cette approximation n’est pas
possible dans le cas des systèmes conjugués.

III.2. Type d’hybridation des orbitales atomiques

L’hybridation des O.A est une réorganisation des O.A d’un même atome concomitant à la
formation des liaisons. Elle est obtenue par diverses combinaisons linéaires des orbitales
atomiques de valence des atomes isolés.
n orbitales atomiques se mélangent pour donner n orbitales atomiques hybrides dont les
distributions spatiales sont différentes de celles des O.A de départ.

Remarque : les O.A. hybrides ne peuvent se recouvrir qu’axialement, avec d’autres orbitales
atomiques purs ou hybrides appartenant à d’autres atomes, pour former des liaisons .

a/ Hybridation sp

L'hybridation d'une orbitale atomique 2s avec une orbitale atomique 2p conduit à deux
orbitales atomiques hybrides de même énergie et de même forme, dites sp. Ces orbitales
hybrides sont dirigées suivant l’axe internucléaire « y » et de direction opposée. Elles font
entre elles un angle de 180° :

Les deux O.A. pures 2px et 2pz restent inchangées (c’est à dire non hybridées). Elles sont
perpendiculaires entre elles et perpendiculaire au plan formé par les deux orbitales hybrides.

20
sp= 1 OA s + 1 OA p = 2 O.A hybrids sp + 2 OA pures pz et py inchangées

Résultat : Structure linéaire

180°

La répartition des électrons se fait en supposant que les énergies des OA sp et 2p sont
voisines. Il y aura donc 1 électron par OA, soit « sp », soit « p » pure
On obtient 2 nouvelles orbitales atomiques hybrides :
- Elles ont 2 lobes
- Elles se placent à 180° l’une de l’autre (elles sont colinéaires)

→ 2 directions opposées qui formeront 2 liaisons à 180° 2 liaisons σ


- Les 2 OA inchangées vont former les 2 futures liaisons π (perpendiculaires entre elles et aux
2 sp)

21
Exemples : C2H2, HCN, BeH2,…

- 2 lobes sp de chaque C forment 1 liaison σ(C-C)


- Les 2 OA sp restantes forment l’OM hybride avec les 2 OA 1s(H) liaison avec l’H
- Les 2 OA p pures (2pz et 2py) sur chaque C se recouvrent latéralement forment 2
liaisons π(C-C)
→ 1 liaison σ + 2 liaisons π = triple liaison
b/ Hybridation sp2
L'hybridation d'une orbitale atomique 2s avec deux orbitales atomique 2p conduit à trois
orbitales atomiques hybrides équivalentes, dites sp2. Les axes de ces orbitales hybrides sont
coplanaires et font entre eux un angle de 120°.

1 O.A s + 2 O.A p = 3 O.A hybrides sp2 et 1 O.A pure p (reste inchangée)

22
On obtient 3 orbitales hybrides dans le plan, écartés de 120° qui pourront former des liaisons σ + 1
orbitale pz pure perpendiculaire au plan

Résultat : Structure plane ou triangulaire

Exemples : BH3, BF3, BCl3, C2H4, H2CO…

C 2 H4 H2CO
- 2 atomes C sont hybridés sp2, chacun ayant 3 OA sp2 identiques
- Il y a 2 OA sp2 colinéaires qui se recouvrent liaison σ(C-C)
- Les 2 OA de chaque C (4 en tout) forment les 4 liaisons σ(C-H)
- Les 2 OA « pz » pures et parallèles forment un recouvrement latéral ce sera la liaison
π(C-C).
Le recouvrement latéral bloque la rotation libre autour de C-C et la molécule est ainsi figée
dans cette géométrie. Un raisonnement logique montre que la molécule est plane. Les
isoméries E-Z apparaissent, le passage de l'une à l'autre forme ne peut se faire que par
rupture de la liaison π (et rotation autour de σ) grâce à une excitation.

23
c/ Hybridation sp3
L'hybridation d'une orbitale atomique 2s avec trois orbitales atomiques 2p conduit à quatre
orbitales atomiques hybrides équivalentes, dites sp3 de symétrie tétraédrique. Les axes de ces
orbitales hybrides font entre eux un angle de 109°28.

1 s + 3 p = 4 OA hybrides sp3

Les nouvelles OA ont des caractères des OA « parentes » :


- Caractère 2s : directions identiques dans l’espace
- Caractère 2p : OA à 2 lobes de phases opposées
- Caractère 2p : lobes dirigés selon des directions précises

Création de 4 nouvelles OA à 109.5° les unes des autres = 4 directions selon les diagonales
d’un tétraèdre.

Résultat : structure tétraédrique

24
Exemples : CH4, NH3, H2O, C2H6…

Liaison C-C par recouvrement de 2 sp3 (C1-C2)


- Principe de la libre rotation respecté
- 2C ou tétraèdres liés par un sommet liaison en axial
- Sur chaque C : 3 liaisons C-H par recouvrement (C)sp3-1s(H)

La molécule d’éthane est symétrique

25
IV. Géométrie moléculaire : Théorie de la répulsion des paires
électroniques de la couche de valence (V.S. P.E.R.)

IV.1. Règles de Gillespie


La représentation des molécules par les structures de Lewis n'a été accompagnée d'aucune
considération de géométrie moléculaire. La théorie de la répulsion des paires électroniques de
la couche de valence de Gillespie, dite aussi théorie V.S.E.P.R. (Valence Shell Electron Pair
Répulsion) permet, à partir des structures de Lewis, de prévoir la géométrie de molécules ou
d'ions dans de nombreux cas simples.

Cette théorie repose sur le fait que les directions des liaisons autour d'un atome central
dépendent de la disposition dans l'espace de toutes les paires électroniques de la couche de
valence de cet atome, c'est-à-dire des paires d'électrons de liaison et des paires d'électrons de
valence non liants. L'arrangement le plus stable est celui qui minimise la répulsion entre les
paires électroniques, c'est-à-dire qui les éloigne au maximum.

Dans ce modèle :

• on considère, en première approximation, que les paires de liaison et les paires non liantes
sont équivalentes et situées à une même distance du noyau de l'atome central.

• En deuxième approximation, il faut trouver la disposition des points représentant chacun


une paire électronique, situés sur la surface d'une sphère centrée sur le noyau de l'atome
central.

• Ces solutions sont représentées sur la figure en fonction du nombre de points. Le polyèdre
qui admet les points pour sommets est inscrit dans la sphère et définit la géométrie de
l'arrangement des paires électroniques.

• En joignant par une demi-droite l'atome central à chaque point situé sur la sphère, on obtient
les directions des liaisons et des paires non liantes. Les angles entre les directions des
liaisons sont appelés angles de valence.

• La géométrie d'une molécule se déduit de l'arrangement des paires électroniques de la


couche de valence de l'atome central et par conséquent des angles que font les directions des
liaisons et des paires non liantes.

A partir de la structure de Lewis d'une molécule, on détermine le nombre m de paires liantes


correspondant aux liaisons entre l'atome A et les atomes liés X, et le nombre n de paires non

26
liantes E, la formule type du composé est donc AXmEn et sa géométrie dépend de
l’arrangement des (m + n) paires électroniques. On pose m + n = p.

1) Si p = 2, la géométrie serait : linéaire ; types de molécules AX2 , AXE. Les doublets


libres seront représentés, soit par la lettre E, soit sous formes de lobes.

2) Si p = 3, la géométrie serait : triangle équilatérale, types moléculaires : AX3 , AX2E1 ,


AXE2.

3) Si p = 4, la géométrie serait : tétraèdre, types moléculaires : AX4 , AX3E1 ,AX2E2.

4) Si p = 5, la géométrie serait : bi-pyramide à base triangulaire, types moléculaires :


AX5 , AX4E1 , AX3E2, AX2E3.

5) Si p = 6, la géométrie serait : octaèdre, types moléculaires :


AX6 , AX5E1, AX4E2, AX3E3, AX2E4

27
Tableau récapitulatif : Structure des molécules et des ions selon la méthode VSEPR

p m n type Figure de répulsion Géométrie Angles Exemples


2 2 0 AX2 Droite Linéaire 180 BeCl2, CO2, HCN
2 1 1 AXE Linéaire 180

3 3 0 AX3 Triangle equilateral Triangle équilatéral 120 BF3, AlCl3


3 2 1 AX2E Coudée Forme de V < 120 SO2, SnCl2, O3
3 1 2 AXE2 Linéaire 180

4 4 0 AX4 Tétraèdre Tétraèdre 109,5 CH4, NH4+, SO42-


4 3 1 AX3E Pyramide déformée < 109,5 NH3, H3O+
4 2 2 AX2E2 Coudée Forme de V < 109,5 H2O, H2S
4 1 3 AXE3 Linéaire 180

5 5 0 AX5 Bi-pyramide triangle Bi-pyramide triangle 120 et 90 PCl5


5 4 1 AX4E Pyramide déformée 120 et 90 SF4, TeCl4
5 3 2 AX3E2 Forme de T 90 ICl3, ClF3
5 2 3 AX2E3 Linéaire (3 atomes) 180 I3-, XeF2, ICl2-
5 1 4 AXE4 Linéaire (2 atomes) 180
6 6 0 AX6 Octaèdre Octaèdre 90 SF6
6 5 1 AX5E Pyramide carrée 90 BrF5, IF5
6 4 2 AX4E2 Carrée (plane) 90 XeF4, BrF4-
6 3 3 AX3E3 Forme de T 90
6 2 4 AX2E4 Linéaire 180

IV. 2. Modifications des angles valenciels


a/ Influence du nombre n de paires libres

Dans la série AX4 ; AX3E1 ; AX2E2, on constate une diminution de l’angle XAX en passant de
n = 0 à n = 2. N est le nombre de paires libres ou non liants. Cette diminution régulière est due
aux répulsions des paires libres qui occupent autour de l’atome A un volume plus important
que les paires liées essentiellement bloquées entre A et X.

28
1- Les doublets liants (DL) et les doublets non liants (PL = paires libres) exercent des forces de
répulsion différentes dans l’ordre suivant :

PL - PL > DL - PL > DL – DL

2- Un électron célibataire est moins répulsif qu’un DL

3- Les doubles et triples liaisons, plus volumineuses, sont plus répulsives. En fait, la présence
des paires libres dans la molécule qui est responsable à la variation des angles par rapport aux
valeurs théoriques.
Le (ou les) PL occupe(nt) un volume supérieur aux DL, qui cause(nt) l’ouverture des angles
et fermeture des angles .

Exemples: CH4 : HCH = 109,5° ; NH3 : HNH = 107,3° ; H2O : HOH = 104,5°

b/Influence de l’électronégativité de l’atome central


Dans la série AX3E1 : NH3, PH3, AsH3 ; SbH3, on détermine expérimentalement :
HNH = 107,3° ; HPH = 93,3 ° ; HAsH = 91,8°, HSbH = 91,3°.
Dans le groupe VA, l’électronégativité décroît de l’azote à l’antimoine, les paires liées sont
plus attirées vers l’atome d’azote dans NH3 que vers l’atome d’antimoine dans SbH3, donc
leur répulsion est plus forte et l’angle valenciel plus élevé.

La forte différence d’électronégativité entre l’atome central A et les voisins X déplace les
doublets liants de l’atome central ce qui modifie leurs interactions mutuelles.

c/Influence de l’électronégativité de X

Lorsque l’électronégativité  de l’atome X augmente, A restant le même, les paires liées sont
plus attirées vers X et l’angle valenciel diminue :

Type AX3E PCl3 PBr3 Pl3


(X) 3,3 3,0 2,8
Angle AXA 100,3° 101,5° 102°
Type AX2E F-N=O Cl-N=O Br-N=O
(X) 4,1 3,3 3,0
Angle XNO 110° 113° 117°

29
d/ Influence du rayon des atomes adjacents
La méthode VSPER apporte rapidement des renseignements sur la géométrie spatiale des
molécules, confirmés par les analyses de structure aux rayons X.
Quand les atomes adjacents X ont des rayons différents de l’atome central A (Ex. : CH2Cl2),
les angles entre les liaisons formées avec les atomes les plus gros ont tendance à s’ouvrir, les
autres ont tendance à se fermer.
Remarque : dans le cas d’une molécule possédant plusieurs atomes centraux l’application
des règles de Gillespie ne permet pas en général de représenter la géométrie globale de la
molécule.
IV.3. Moment dipolaire

Deux charges égales en valeur absolue mais de signe opposé, +q et -q, séparées par une
distance r, constituent un dipôle. On le caractérise un vecteur de module égale au produit q×r,
orienté, par convention, de la charge négative à la charge positive (du - vers le +).
Par exemple, dans une molécule diatomique polaire, chaque atome porte une charge partielle

δ ou -δ, où 0 < δ < |Qe|:


Le moment dipolaire est alors un vecteur qui se dirige vers l'atome le moins électronégatif:

Le moment dipolaire d’une molécule A-B est donc la tendance que possède le doublet
d’électrons à se rapprocher de l'atome le plus électronégatif (B). La liaison est non
symétrique, l'atome B reçoit un excès d'électrons et acquiert une charge négative. Inversement
à l’atome A, perd des électrons et acquiert une charge positive. La molécule est analogue à un
dipôle électrique :

Le moment dipolaire  est une grandeur vectorielle caractérisée par:


• sa direction : celle de la liaison.
• son sens : du pôle positif vers le pôle négatif.
• sa norme ou intensité :
 = qd

(q = charge électrique, d = distance séparant les 2 charges)

30
Pour les molécules polyatomiques, les moments dipolaires des liaisons s'ajoutent
vectoriellement. B
A 
μ ABC  2ABC =  AB
2 +  2 + 2 
AC AB AC cos

La charge  doit normalement être exprimée en Coulombs (C). En pratique, on utilise comme
unité la charge e de l'électron (soit 1,6 10-19 C). L'unité internationale du moment dipolaire est
le Coulomb.mètre (C.m). En pratique on utilise souvent une unité plus adaptée le Debye (D)
avec:

1D = 3,33 10-30 C.m


Exemples : Calcul des moments dipolaires des molécules CCl4 et CHCl3

CC4 = 123 + 4 = 0

Pour des raisons de symétrie les molécules de type AX4 comme CCl4 ne possèdent pas de
moment dipolaire permanent, en effet les moments dipolaires partiels des liaisons
C- Cl s'annulent deux à deux et le moment global résultant est nul.
On peut donc considérer simplement que l'addition vectorielle de 3 moments de liaisons
C-Cl donne un vecteur exactement opposé a moment dipolaire de la quatrième liaison C-Cl

31
On peut donc remplacer 3 vecteurs mCCl par un seul opposé au 4ème.
La molécule CHCl3 présente aussi une géométrie tétraédrique de type AX4
Orientons d'abord les vecteurs moment dipolaire de liaison en classant les atomes par ordre
d'électronégativité croissante : H < C < Cl

CHC3 = CH + CC

Liaison C-H : Vecteur mCH dirigé de H vers C


Liaison C-Cl : Vecteur mCCl dirigé de C vers Cl
On pourrait chercher à résoudre géométriquement le problème par addition vectorielle
successives, mais il est plus simple de tenir compte des simplifications pour raison de
symétrie.

IV.4. Pourcentage ionique des liaisons

La détermination du pourcentage ionique d'une liaison nécessite la connaissance du moment


dipolaire de liaison et de la longueur de celle-ci. Il est exprimé par :

 exp  (C.m)  ( D)
% ioniqu e =  100 =  100 = 20,8 
 théo d (m)  e(C ) 
d ( A)
Avec :  exp = q  d ; et théo =   d;

Si  = e = 1,6 10-19 C, la liaison est purement ionique. Le rapport  /e mesure directement le


pourcentage d'ionicité de la liaison. Par exemple si  / e = 0,5 on dira que la liaison est
ionique à 50 %.

Exemple : H2O, HCl


Le module du moment dipolaire permanent de la molécule d'eau vaut 1,85 D.
Le pourcentage du caractère ionique de la liaison OH : dO-H = 96 pm

32
La molécule d'eau à la forme d'un V : l'angle est inférieur à 109 ° 28, la répulsion entre les
doublets non liants étant plus importante que la répulsion entre les doublets liants.

1 = 2   = 2 1 cos (½) ; 1 = / (2cos (½)) = 1,85 / (2*cos (104,5 / 2)) = 1,52 D.

or 1 Debye = 1D = 3,33 10-30 C m d'où 1 =1,52* 3,33 10-30 = 5,06 10-30 C m

Le pourcentage du caractère ionique de la liaison OH est :

1 /( e dOH) = 5,06 10-30 / (1,6 10-19 * 96 10-12) = 0,329 ( 33 %).

La liaison O-H a un caractère polaire très marqué

Pour la molécule HCl, le moment dipolaire est de 1,07 D pour une longueur de liaison de 1,36
Angström.

Le pourcentage du caractère ionique de la liaison OH est :

1 / (e dHCl) = (1,07 x 3,33.10-30) /(1,6 10-19 x 1,36.10-10 ) = 0,16

Le degré d'iconicité calculé vaut alors 0,16. On dit que le pourcentage ionique de la liaison
HCl est de 16 %. La liaison est ionique

33
Partie II: Autres types de liaisons
chimiques

34
I. Liaison Ionique
I.1. Existence des ions
L’existence des ions a été prouvée à partir de mesures expérimentales. Dans le réseau du
chlorure de sodium NaCl, les atomes neutres de sodium à 11 électrons et du chlore à 17
électrons n’existent pas : ils sont remplacés par des particules à 10 et 18 électrons
correspondant aux configurations des ions et , par suite des deux demi –
réactions redox :

La liaison résulte donc de l’attraction électrostatique entre ions de charges opposées, qui
tendent généralement à acquérir la structure du gaz rare le plus proche. La symétrie du nuage
électronique s’avère le plus souvent sphérique de sorte que le cristal ionique peut être
considéré comme un assemblage de sphères inégales électriquement chargées.

I.2. Energie des cristaux ioniques

La formation d’un édifice stable implique un équilibre entre les forces attractives et les forces
répulsives. L’énergie de cohésion prend en compte les deux. Plusieurs méthodes d’estimation
de cette énergie existent, la plus importante est due à Born. Elle fait généralement intervenir
l’influence de deux termes :

✓ Un terme de Coulomb, résultat des interactions entre charges électriques supposées


ponctuelles.

✓ Un terme électronique découlant de la répulsion des nuages électroniques.

I.3. Structures cristallines de base

Les liaisons purement ioniques peuvent être observées dans les composés halogénures
alcalins, liant les éléments des première et avant-dernière colonne du tableau périodique. Les
structures types de ces composés sont les structures NaCl et CsCl.

35
✓ La maille cubique de NaCl

Elle contient (8 × + 6 × ) = 4 cations Na+, répartis aux sommets et au centre des faces. Le

réseau formé par les anions Cl est identique et décalé du réseau cationique par une translation

de vecteur ( 0 0).

Les cations comme les anions se trouvent en coordinence octaédrique : on compte six
premiers voisins équidistants, formant une bipyramide à base carrée.

✓ La maille cubique de CsCl

Elle contient seulement (8 × + 1) = 2 ions. Les cations occupent les sommets de la maille

tandis que l’anion occupe son centre. Il s’agit d’un cubique centré (CC). On peut remarquer
que les réseaux formés par les cations et les anions sont à nouveau identiques, mais sont cette

fois décalés par la translation ( ). La coordinence des cations et des anions est égale à 8.

I.4. Cycle de Born-Haber

La mesure directe de l’enthalpie de cristallisation n’est pas possible car dans le cas du
chlorure de sodium, par exemple, elle impliquerait la détermination de l’enthalpie
mise en jeu par la relation :

Cependant, il est possible d’employer une méthode indirecte de Born-Haber basée sur
l’application de la loi de Hess pour évaluer l’énergie la formation de chlorure de sodium à
partir de ses éléments.

36
I.1.1. Synthèse directe

La synthèse directe s’écrit :

I.1.2. Synthèses par étapes

La réaction fait intervenir un chemin mettant en jeu la rupture des liaisons dans sodium
métallique et dans la molécule de Cl2, l’ionisation d’un atome de sodium et la fixation d’un
électron par un atome de chlore et, enfin, le rapprochement des ions et pour
former le cristal :

• La sublimation du sodium selon le schéma :

• La libération d’un atome de chlore se traduit par la réaction suivante

• L’ionisation du sodium selon le schéma :

• L’ionisation du chlore selon le schéma :

• L’association des ions selon le schéma :

Le cycle de Born-Haber conduit à:

Cycle de Born-Haber

37
I.4. Propriétés de la liaison ionique

La liaison ionique est forte et non directionnelle.

✓ Ordres de grandeur
✓ Energie de la liaison ionique:

La force de la liaison ionique explique :

✓ La température de fusion élevée de la plupart des cristaux ioniques

✓ La dureté des cristaux ioniques.

II. Liaison métallique


Un modèle simple d’un métal consiste à le considérer comme un réseau de cations dans lequel
certains électrons de valence dits électrons libres sont libres de circuler dans tout le métal.
L’interaction entre ce gaz d’électrons et les cations assurent principalement la cohésion du
métal : c’est la liaison métallique.

II.1. Cristaux métalliques

La majorité des cristaux forme des structures de compacité maximale. Les types de réseau de
compacité maximale sont : l’hexagonal compact (h.c) et le cubique à faces centrées (c.f.c).

38
II.1.1. Modèle des sphères dures

Les atomes sont assimilés à des sphères dures de rayons R. Dans les métaux, les sphères les
plus proches voisines sont tangentes.

Plan de compacité maximale

II.1.2. Compacité maximale dans l’espace

La compacité maximale dans l’espace s’obtient par superposition de plans de compacité


maximale. Deux types d’empilement de plans compacts sont possibles :

Réseau hexagonal compact (h.c.): ABAB…

(a) Vue 3D (b) Coupe transversal (c ) Empilement ABAB

Exemple du magnésium.

Réseau cubique à faces centrées (c.f.c.) : ABCABC…

(a) Vue 3D (b) Coupe transversale (c ) Empilement ABCABC

Exemple : fer
39
II.2. Propriétés des cristaux métalliques

Les propriétés des cristaux métallique résultent des propriétés de la liaison métallique. Elle est

forte et non directionnelle avec une Energie de l’ordre de :

• La force de la liaison métallique explique :


✓ la température de fusion élevée de la plupart des métaux:
✓ la dureté des métaux.
• La non directionnalité de la liaison métallique explique :

✓ la malléabilité des métaux (aptitude à se déformer)

✓ la ductilité des métaux (aptitude au laminage et au filage).

• La nature de la liaison métallique explique :

✓ l’éclat métallique des métaux (réflexion de la lumière)

✓ la bonne conductivité thermique et électrique des métaux.

III. Liaisons Moléculaires (Interactions physiques)


III.1. Les interactions intermoléculaires

La liaison chimique, qu'elle soit covalente ou ionique, assure la cohésion des atomes au sein
des édifices moléculaires.

L'assemblage de ces entités microscopiques pour former les différents états de la matière,
relève de forces plus faibles qui ne modifient pas la structure interne de ces entités.

Les interactions intermoléculaires sont de nature électrostatique. Elles proviennent de


l'interaction entre les particules qui composent les molécules noyaux chargés positivement et
électrons de charge négative.

40
Pour analyser les différentes interactions intermoléculaires, on utilise un modèle
électrostatique classique dans lequel les molécules sont décrites par un ensemble de charges
ponctuelles.

✓ Une molécule chargée peut être décrite par une charge ponctuelle égale à la charge
totale de la molécule

✓ Une molécule neutre dipolaire peut être décrite par deux charges fractionnaires de
signes opposés (dipôle)

Les interactions intermoléculaires les plus importantes sont de type:

III.1.1. Interactions charge/charge

Entre deux molécules chargées positivement ou négativement

III.1.2. Interactions charge/dipôle

Entre une molécule chargée et une molécule neutre dipolaire

Interactions attractives : V<0

Interactions répulsives : V>0

III.1.3. Interactions dipôle /dipôle (Interactions de Keesom)

L’interaction entre deux dipôles dépend de leur orientation relative.

41
Cas particulier : Dipôles coplanaires:

Les interactions dipôle-dipôle, appelées aussi interactions de Keesom, se produisent entre


molécules possédant un moment dipolaire électrique permanent.

Les arrangements les plus favorables :

III.2. Notion de polarisabilité

Le nuage électronique des molécules est sensible à la présence d'un champ électrique externe.
On dit qu'il est polarisable : un moment dipolaire induit apparaît.

 : Moment dipolaire induit (C.m)

E: Champ électrique crée par la charge q (V.m-1)

 Polarisabilité de la molécule (C.m2.V-1 )

III.3. Interactions charge/dipôle induit

L’interaction entre la charge et le moment induit est attractive. Dans un liquide ou un gaz
l’énergie d’interaction prend la forme suivante :

Cette interaction est un effet dit d’induction. Elle existe aussi pour les molécules polaires.

III.4. Interactions dipôle /dipôle induit (interaction de Debye)

42
L’interaction d’induction de type dipôle- dipôle induit, également appelées interaction de
Debye, existent entre une molécule neutre polaire et une molécule neutre non polaire.

Le dipôle permanant de la première molécule crée un champ éclectique local sur l’autre
molécule. Cette dernière se polarise et le moment induit interagit avec le moment permanant
de la molécule.

Moment dipolaire induit

Dans un gaz ou un liquide, l’énergie d’induction de debye dépend du moment dipolaire de la


molécule polarisante (1) et de la polarisabilité de molécule polarisée (2)

Entre deux molécules polaires il faut prendre en compte le fait que 1 crée in dipôle induit dans
2 et que simultanément 2 crée un dipôle induit dans (1)

III.5. Interaction de dispersion (Interactions de London)

Les nuages électroniques des atomes et des molécules ne sont pas strictement assimilables à
des distributions de charges continues et statiques. L’absence de moment dipolaire permanent
n’est qu’un effet de moyenne. On peut donc avoir un moment dipolaire instantané.

La dispersion est une interaction de type dipôle instantané-dipôle induit. Ces interactions de
dispersion sont également appelées interaction de London.

L’énergie de dispersion enter deux molécules 1 et 2 dépend de la polarisabilité deux


molécules et de leur potentiel d’ionisation :

En phase liquide, toute molécule interagit avec ses voisines. L’énergie potentielle d’attraction
entre deux molécules également appelée énergie de van der Waals, est la somme des
énergies de Keesom, Debye et London :
43
Les températures de fusion, d’ébullition ou des sublimations résultent des forces
intermoléculaires qu’il faut vaincre pour passer de l’état solide (courtes distances, interactions
fortes) au liquide (interactions plus faibles) puis au gaz (grandes distances, interactions très
faibles).

Exemple : Influence des interactions de Keesom

Butane :

Acétone :

III.6. Interactions répulsives

Lorsque deux molécules se rapprochent à très courte distance, les forces répulsives entre
noyaux atomiques d’une part et entre nuages électroniques d’autre part l’emporte largement
sur les forces d’attraction de van der Waals. L’énergie potentielle d’interaction associée à ces
forces répulsives est appelée énergie de Pauli et s’écrit :

L’énergie potentielle d’interaction entre deux molécules est la somme des énergies
potentielles attractives et répulsives :

III.7. La liaison hydrogène

La liaison hydrogène est la plus forte des interactions intramoléculaires. Elle joue un grand
rôle dans la cohésion des phases condensées solides et liquides. Elle se rencontre
principalement dans les comportant une liaison

Exemple : H2O

44
La liaison hydrogène A….H est environ deux fois plus longue que la liaison covalente A-H.

L’énergie d’une liaison hydrogène est de l’ordre de quelques dizaines de KJ/mol soit environ
dix fois moins intense que celle d’une liaison covalente. Elle est supérieure à celle d’une
liaison de van der Waals.

Evolution des températures de fusion de composés hydrogénés

45
La liaison hydrogène est d’une très grande importance dans les systèmes biologique
( hélice de l’ADN)

Exemple de liaisons hydrogènes intramoléculaires

46
Quelques ouvrages à consulter

1 Cours de chimie physique. Paul Arnaud (Dunod)


2 Chimie générale. Peter Atkins (Interéditions)
3 Chimie générale. Didier (Tec et Doc Lavoisier)
4 Chimie 1. Duboc-Chabanon 5armand Collin)
1- J.B Baillière, « Exercices de chimie générale » , Collection de René Didier Sciences
physiques, (1988) .
2- « La chimie au p.c.e.m.. et premier cycle universitaire , exercices avec solutions », Chimie
Générale 1, Vuibert Université , (1998).
3- M.Hajjaji, S.Kacim, « Chimie générale, Exercices et problèmes résolus », (1992).
4- A.Clin, « Exercices et problèmes de chimie générale tome 2, les atomes », Collection U,
(1978).
5- Chimie I « Cours avec exercices corrigés », H Prépa,1er année, Hachette, (1995).

Quelques sites à consulter

https://f2school.com/wp-content/uploads/2020/01/Liaisons-chimique-cours-

03.pdfhttp://www.univ-lemans.fr/enseignements/chimie/01/theme0.html

http://nte-serveur.univ-lyon1.fr/nte/atomistique/IntroQuest.html

http://www.chm.ulaval.ca/~chm19641/

http://www2.univ-reunion.fr/~briere/index.html#EXO

http://www.chm.ulaval.ca/chm10098/a2002/materiel_cours/notes_cours/liaison_chimique/e

xercices_liaison_chimique.html

http://jcvalmal.univ-tln.fr/enseignement/enseignement.htm

47

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