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NSEKA MPELA Arthur

Chimie de l’Ingénieur (LMD)

Editions Feu Torrent


© Editions Feu Torrent Novembre 2021
Tél. +243 81 198 51 68
E-mail : editionfeutorrent@gmail.com

Dépôt légal : BY 3.02112-57538

ISBN : 978-99951-744-5-6

Copyright

Cet ouvrage de Chimie de l‘Ingénieur ne peut être copié en partie ni en intégralité sans que
l‘auteur ne vous en ait donné l‘autorisation expresse.

DEDICACE

Ce livre est dédié aux personnes suivantes pour leur contribution,


chacune à sa manière :
A mes enfants : MPELA (Guershom, Elisabeth, Grace,

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Joshua, Beni, Sarah, Thandi et Bénédicte)
A mes frères et sœurs SALI
Au Directeur Général de l‘ISTA ; Prof KASENGEDIA
MOTUMBE,
A la Révérende Claire MPETA,
A tous mes collaborateurs dans la chaire de chimie :
Christian KAYEMBE, Chelin ILENDA, Patrick SANDUKU,
Giresse KUTU et Augustin LOMENA.

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PREFACE

La transformation de notre société fait appel à plusieurs domaines de


l‘ingénierie, dont le génie chimique, le génie mécanique le génie électrique, la
technologie des matériaux etc. dont la compréhension profonde au niveau
microscopique exige la connaissance de la Chimie.

Quoique la base de la science chimique soit la même, mais l‘approche de


cette chimie telle qu‘elle doit être enseignée aux ingénieurs ne doit pas être
la même comme elle l‘est dans la faculté de sciences.

C‘est dans le souci de rencontrer cette préoccupation que Monsieur Arthur


NSEKA Mpela , Ingénieur Civil de formation et professeur des universités, a
voulu utiliser son expérience tant industrielle qu‘académique pour mettre à
la portée des candidats Ingénieurs en formations dans le système LMD tout
comme aux enseignants un outil didactique qui tient compte de tous les
aspects dont l‘ingénieur a besoin dans l‘exercice de sa profession et je pense
que les uns et les autres en feront bon usage .

Professeur YABA MOKE


Docteur en Sciences Appliquées

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AVANT-PROPOS

Pour mieux appréhender l‘importance de la chimie pour l‘ingénieur, il y a lieu


de donner quelques illustrations montrant l‘interaction entre la chimie et les
différents domaines de spécialisation de l‘ingénieur.
Dans le domaine Electrique
Comme d‘aucuns le sait, l‘électricité peut être produite à partir de :
• Centrale hydroélectrique (agent moteur: l‘énergie potentielle de l‘eau)
(Fig. 1)
• Centrale nucléaire (agent moteur : l‘énergie thermique à partir d‘un
combustible radioactif ayant subi une fission nucléaire) (Fig. 2)
• Centrale thermique (agent moteur : l‘énergie thermique résultant de la
combustion d‘un combustible chimique solide, liquide ou gazeux non-
radioactif, tels que le charbon, le gaz naturel ou le mazout) (Fig. 2)
• Station éolienne (agent moteur : l‘énergie cinétique du vent)
• Station solaire (agent moteur : énergie thermique solaire)
• Station génératrice (agent moteur : énergie thermique résultant de la
combustion d‘un combustible liquide tels que le mazout). Un groupe
électrogène peut être classifié dans cette catégorie
• Batteries (agent moteur : substances chimiques, tels que l‘acide
sulfurique, l‘oxyde de zinc, etc.)

Figure 1 : Centrale hydro-électrique pour la production d’électricité

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Figure 2 : Centrale nucléaire/thermique pour la production d’électricité

Comme on le voit, à l‘exception de la centrale hydro-électrique et la station


éolienne, les autres moyens de production d‘électricité font usage des
combustibles (gaz naturel, mazout, essence, charbon, uranium etc.) qui ne
sont autres que des substances chimiques dont la connaissance des
propriétés et transformation qu‘elles peuvent subir exige la maitrise de la
chimie générale et de la chimie organique indispensable dans la formation
de l‘ingénieur électricien.

Outre son implication dans la production de l‘électricité, la chimie joue aussi


un rôle majeur dans le transport (les fils électriques utilisés pour le transport
de l‘électricité et les isolants des câbles électriques sont des matériaux ou
produits chimiques, les poteaux supportant des câbles électriques sont
généralement des alliages métalliques, etc.) et la distribution de l‘énergie
électrique (les huiles utilisées dans les transformateurs pour absorber la
chaleur qui s‘en dégage sont aussi des produits chimiques de grande
importance).

Dans le domaine de la Mécanique

La chimie joue un rôle prépondérant en mécanique d‘autant que les matériaux


(métalliques, non-métalliques et synthétiques/composites) et autres
substances telles que les combustibles (essences, mazout, biodiesel, charbon,
etc.) utilisés dans la filière mécanique sont des substances/produits
chimiques dont la maitrise et la compréhension exige la connaissance
adéquate de la chimie.

Dans le domaine de l’électronique

Les circuits intégrés, les diodes, les transistors, les cellules photovoltaïques,
les fils électroniques de transmissions et autres matériaux utilisés en
électroniques sont des matériaux ou produits chimiques dont la connaissance
et la maitrise sont plus qu‘indispensables pour l‘ingénieur électronicien dans
sa profession tant dans la conception, fabrication que dans les applications.

6
Les cas par exemple des cellulaires (i-phone, Androïdes …), tabloïdes et
ordinateurs sont aussi illustratifs.

En Informatique

La plupart de matériaux (transistors, microprocesseurs, circuits intégrés,


capaciteurs etc.) utilisés dans les appareils informatiques (ordinateurs,
macroprocesseurs, …) dans leur conception et fabrication sont des matériaux
dont la maitrise nécessite une bonne connaissance de la chimie.

En Maintenance

La maintenance judicieuse des équipements et appareils nécessite non


seulement la connaissance des principes généraux de cette discipline, mais
bien plus la connaissance des matériaux utilisés dans leur fabrication. En
effet, le comportement des matériaux dépend de leur nature et de la méthode
de leur mise en forme. Et ceci exige de l‘ingénieur en maintenance de la
connaissance suffisante de la chimie.

En Environnement

La science de l‘environnement recourt aux principes scientifiquement établis


pour la préservation de l‘environnement. Et ceci exige entre autres la maitrise
des substances et produits lesquels, à l‘opposé influencent négativement cet
environnement (par exemple des gaz à effet de serre : CO 2, CH4, CFC, NOx etc),
et plus d‘un parle aujourd‘hui des substances qui polluent l‘environnement.
L‘eau, substance essentielle pour les humains doit être traitée avant sa
consommation, et son traitement fait recours aux floculants et coagulants.
Toutes ces substances ne sont d‘autres que des produits chimiques, ainsi la
nécessité pour l‘ingénieur environnementaliste d‘avoir la connaissance et la
maitrise de la chimie.

En Agronomie

L‘agriculture, épicentre aujourd‘hui des sciences agronomiques, outre ses


autres principes établis (étude des sols, le climat, …), fait recourt aux engrais
chimiques et bio-fertilisants pour optimiser les productions agricoles. Ceci,
exige la connaissance et la maitrise des éléments y relatifs, d‘où le rôle central
de la chimie.

En Aviation

La chimie intervient à différents niveaux en aviation, par exemple dans la


fabrication des pièces mécaniques et électroniques utilisées dans les aéronefs,

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l‘utilisation des combustibles tels que le kérosène, le jet-A etc. Ceci montre à
suffisance, combien ce domaine a plus que besoin de la chimie étant donnée
la sensibilité des équipements y afférents.

Cet ouvrage n‘a nullement la prétention de faire du candidat Ingénieur un


spécialiste en Chimie, néanmoins il s‘évertue de l‘équiper des outils
scientifiques nécessaires le préparant au cours de Chimie Industrielle,
Production, Energétique, Chimie de l‘Environnement, Machines Thermiques,
Science des Matériaux et autres matières enseignées dans les différentes
options de LMD où les notions de base de chimie s‘avèrent plus
qu‘indispensables.

Objectif poursuivi à travers ce livre est de :

Fournir des connaissances permettant à l‘apprenant d‘avoir une bonne


compréhension des phénomènes physico-chimiques et lui donner l‘aptitude
à comprendre plus tard la conception, la fabrication et utilisation des
matériaux, ainsi que la maitrise des procédés industriels.

La pédagogie

L‘enseignement présente un caractère très concret, lié à une formation


logique et stricte tout en préservant l‘esprit critique à l‘égard des incertitudes
de modélisation ou de mesure expérimentale. La partie fondamentale doit
être suffisamment développée avant que le domaine des applications ne soit
abordé, mais on veillera à considérer dès le départ des problèmes concrets
afin de bien faire comprendre aux étudiants l‘intérêt des exposés théoriques
de référence. Aussi un accent particulier sera mis sur :

1) l‘enseignement théorique circonscrit et orienté à l‘ingénierie


2) les exemples concrets d‘applications relatifs à chaque domaine d‘ingénierie
3) la pratique au laboratoire (réelle ou virtuelle) relative à l‘ingénierie
4) les visites industrielles doivent appuyer cet enseignement
5) l‘évaluation individuelle (TP, interrogations et examen) et en groupe (Labo
et visites) est aussi indispensable.

Sommaire

Module I : CHIMIE GENERALE APPLIQUEE


Module II : CHIMIE ORGANIQUE
Module III : CHIMIE INORGANIQUE
Module IV : CHIMIE ATOMIQUE ET NUCLEAIRE

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Prérequis

Pour une bonne compréhension de cet ouvrage, il est indispensable que


l‘apprenant ait le minimum de connaissances dans les matières ci-après,
lesquelles en constituent les prérequis : Chimie générale (Préparatoire),
Chimie organique (secondaire), Physique (secondaire) et Mathématiques
(Préparatoire).

MODULE I CHIMIE GENERALE APPLIQUEE

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O. INTERACTION ENTRE LA CHIMIE ET L’INDUSTRIE

Pour une production rentable à l‘industrie, l‘utilisation efficiente et la gestion


optimale des intrants (matieres premieres) et l‘énergie indispensable,
l‘ingénieur fait recours au processus de développement des procédés
chimiques dont la chimie en est le centre.

O.1. La chimie pour l’industrie

La chimie de l‘ingénieur dispose des outils scientifiques qui permettent à


l‘apprenant de pouvoir comprendre comment transformer une matière
relativement moins valorisée (matière première) en produit plus utile (produit
fini) et valorisé au travers des procédés ingénieusement bien élaborés à
l‘échelle industrielle. La figure 0.1 cidessous illustre bien le rôle joué par la
chimie pour la transformation de matières premières telles que le pétrole brut
et l‘huile de palme, pour ne citer que ceux-là, en produits finis tels que le
carburant, le savon, etc.

Matières Premières Produits Finis


Pétrole brut Bouteille en plastics

Carburant/Biocarburant
Huile de palme

Savons

Minerai (chalcopyrite) Fil de cuivre

Biocarburant Electricité

Biogaz/Gaz naturel

Fig. O.1: Transformation des matières premières en produits finis

O.2. TRANSVERSALITE DE LA CHIMIE AVEC LES AUTRES DISCIPLINES

Plus d‘un sait que la plupart d‘opérations industrielles nécessitent, outre la


matière première, l‘utilisation de l‘énergie thermique, mécanique ou électrique
ainsi que les facilités de nouvelles technologies et celles pour la conservation
de l‘environnement. Ainsi ce cours sert de guide en ce qui concerne le lien
entre la gestion harmonieuse et optimale de l‘énergie et les méthodes et

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principes utilisés dans la conception (recourt à la chimie), le choix futur, le
dimensionnement et détermination des conditions d’opérabilité des
équipements (recourt au génie chimique, génie mécanique, génie électrique,
génie informatique et génie environnemental) et appareils impliqués dans les
procédés de transformation de la matière première (pétrole, gaz naturel
biomasse, maïs, chalcopyrite, …) en produits finis (essence, biogaz, éthanol,
cuivre métallique, …), lesquels impliquent en amont ou en aval la maitrise de
la chimie.

O.3. INDUSTRIE DE TRANSFORMATION


O.3.1. Introduction

L‘industrie de transformation a pour but de changer la structure chimique des


matériaux naturels (biomasse, pétrole brut, gaz naturel, minérais…) afin d‘en
dériver des produits utiles (biocarburant, biofertilisants, floculant,
coagulants, plastiques, composants électroniques, chaleur…) à d‘autres
industries ou dans la vie de tous les jours. Les produits chimiques sont
obtenus à partir de matières premières — principalement des minéraux,
métaux et hydrocarbures — au cours d‘une série d‘étapes de transformation.
Un traitement additionnel, tel que le délayage et le mélangeage, est souvent
nécessaire pour les convertir en produits finis (par exemple, peintures,
adhésifs, médicaments et produits cosmétiques). L‘industrie de
transformation/chimique couvre donc un domaine d‘activité beaucoup plus
large que ce que l‘on a coutume d‘appeler les «produits chimiques», puisqu‘elle
inclue également les fibres artificielles, les résines, les savons, les peintures,
les films photographiques, les composants électroniques et les produits
chimiques connexes.

Les détails sur les produits chimiques peuvent être extraits du cours de génie
chimique industriel.

O.3.2. Types d’industries relatives à la chimie de l’ingénieur

Suivant la nature de la matière première, le type de transformation subie et le


genre de produit fini, on distingue différents types d‘industries : industrie
minière (ex. Gécamines, Miba, TenkeFungurume, Anglo-platinium sont des
compagnies faisant partie de cette catégorie), industrie agro-alimentaire (ex.
Bralima, DAIPN, …) industrie chimique (ex. Marsavco, Bleccor, …), industrie
pétroliere (Perenco, Socir, …), industrie pétrochimique (ex. Complast, Sasol,
…), industrie métallurgique (ex. Gécamines, Siderma, …), industrie textile (ex.
Utex-Africa, Sotexki, …), industrie énergétique (Snel, centrales nucléaires, …)
industrie pharmaceutique (ex. Pharmakin, Shalina, …), industrie de
l‘électronique etc. Toutes ces industries ont besoin soit de l‘énergie thermique
ou d‘électricité pour la transformation de la matière première en produit fini
au travers différents équipements tels qu‘échangeurs de chaleur, fours, etc.

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D‘où la nécessité de l‘ingénieur de connaitre la chaine de transformations
impliquées dans chaque processus pour savoir comment y intervenir du point
de vue de son domaine de spécialisation pour une production optimale en ne
négligeant pas l‘aspect environnemental.

O.3.2.1. Cas-exemple-Implication de l’ingénieur dans une industrie

Comme montré sur la figure O.2 ci-dessous, la transformation du pétrole brut


en produits finis nécessite l‘énergie thermique et/ou électrique pour faire
fonctionner les équipements tels que les pompes, aspirateurs, chauffeurs,
réacteurs impliqués dans l‘extraction, le transport et raffinage du brut. La
gestion optimale de l‘énergie exige à ce que l‘ingénieur maitrise le contour du
processus comme développé dans la suite de cette section. Dans cette chaine
de production, les ingénieurs géologues et géo-physiciens sont impliqués dans
la prospection/exploration pour la découverte des gisements pétroliers. Les
ingénieurs producteurs, mécaniciens, électriciens et informaticiens
s‘impliquent dans l‘extraction et stockage du brut. Pour le transport et
raffinage de ce pétrole brut, les ingénieurs pétrochimistes, les mécaniciens,
les ingénieurs chimistes, les énergéticiens, les informaticiens et
environnementalistes sont impliqués etc. Ainsi, l‘on voit combien l‘ingénieur
toute spécialité confondue doit bien asseoir ses connaissances en chimie afin
d‘avoir un impact aussi positif dans une chaine de production, cas de produits
pétroliers. Les électroniciens, informaticiens peuvent être impliqués dans
l‘industrie de télécommunication (ex. : Vodacom, Airtel, Orange, etc) non
seulement pour la fabrication des cellulaires, tabloides, ordinateurs, etc, mais
aussi dans le service de télécommunication), les environnementalistes et
agronomes peuvent être impliqués dans l‘industrie météorologique (ex. ;
Ratelsat, Services Météo, DAIPN, Domaines agropastoraux) etc. La liste des
exemples de l‘implication des ingénieurs dans l‘industrie étant illimitée, nous
recommandons à l‘étudiant la référence bibliographique sur la chimie
industrielle pour plus de détails. Les quelques visites industrielles guidées
pourront aussi renforcer du comment du lien entre la chimie et l‘industrie.

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INDUSTRIE PETROCHIMIQUE
( TRANSFORMATION DU PETROLE BRUT EN PRODUITS FINIS ) Produits
Raffinage pétroliers

C 2H 6

Exploration - Productio n

Transport Pétrochimie

C 2H 4

( Pétrole Brut )

Plastiques
Kevlars, etc

Fig. O.2 : Schéma synthétique de la transformation du pétrole brut en différents


produits pétroliers

Chapitre I : EQUILIBRES CHIMIQUES

Lorsque dans une réaction réversible, les constituants du système initial et du


système final subsistent en présence les uns des autres en un moment donné,
sans que changent leurs concentrations, on dit qu‘il s‘est établi un équilibre
chimique. Une réaction complète est une réaction irréversible, elle n‘est donc
pas en équilibre.

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Les facteurs influençant l‘équilibre chimique sont : le temps et les facteurs qui
déplacent l‘équilibre vers la droite ou vers la gauche. Un équilibre est
caractérisé par sa constante d‘équilibre Kc comme illustré ci-après :

Exemple : ………….
Etat initial Co 0 0
Etat final Co-

( : degré d‘avancement de la réaction de dissociation de l‘acide acétique)

Dans les sections qui suivent nous parlerons des équilibres acidobasique et
redox car comme exploités dans le chapitre précédent la plupart d‘opérations
et procédés pour une production quelconque impliquent les équipements
(réacteurs, séparateurs, câbles, mélangeurs…), intrants (acides, bases, huiles,
alcools…) et autres matériaux. Le succès dans la production et le service à
rendre à la communauté est tributaire de la bonne interaction de ces derniers.
Les intrants étant généralement de nature soit acide, basique ou neutre, il est
logique de parler d‘équilibre acide-base. De même pour comprendre par
exemple comment et pourquoi certaines pièces dans un moteur s‘usent, il
faille fouiner dans l‘étude de l‘équilibre redox.

I.1. EQUILIBRE ACIDO – BASIQUE

I.1.1. Couple acide-base

Acide : Substance qui en solution aqueuse donne des ions H+


AH ----------> A- +H+

soit par dissociation : (AH + H2O ----------> A- + H3O+ )

soit par décomposition B+ + H2O ----------> BOH + H+ de l‘eau :


Base : Substance qui en solution aqueuse donne des ions OH- soit
par dissociation : BOH ----------> B+ + OH- soit par décomposition
A- + H2O ----------> AH + OH- de l‘eau :

Chaque acide possède une base conjuguée et réciproquement. On parle alors


de couple acide-base AH / A- ou alors B+ / BOH.

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Exemples :
couple acide-base forme acide forme basique
HCl / Cl- HCl Cl-
CH3CO2H / CH3CO2- CH3CO2H CH3CO2-
H2SO4 / HSO4- H2SO4 HSO4-
HSO4- / SO4-- HSO4- SO4--
NH4+ / NH3 NH4+ NH3
Na+ / NaOH Na+ NaOH

Remarques :

Certains composés comme HSO4-, H2O, HS-, etc sont à la fois acide et base
dans 2 couples différents. Ils sont dits ampholytes.

I.1.2. Constante d’acidité Ka et constante de basicité Kb d’un couple.

AH + H2O A- + H3O+ A- + H2O


AH + OH-

[A-].[H3O+] [AH].[OH-]

…………… …………….
ka = kb =
[AH].[H2O] [A-].[H2O]

Ka . Kb = 10-14 ou alors pKa + pKb = 14

Composés forts (acides et bases), et faibles (acides et bases)

- la force d‘un acide et de sa base conjuguée varient en sens opposé :

- Les hydroxydes alcalins sont des bases fortes (NaOH, KOH,…) - Les
acides organiques sont faibles.
- Pour mettre en solution une base faible seule (A-), il suffit de mettre en
solution un sel alcalin puisque le métal est un acide indifférent.
- HCl, HBr, HI, H2SO4, HClO4, HNO3 sont des acides forts.

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I.1.4. Formule du pH

Il est plus facile de développer la formule du pH d‘une solution en se basant


sur la dissociation complète ou partielle de sels en leurs ions et la corrélation
qui existe entre eux en équilibre.
De manière générale, le pH est calculé comme suit : pH = - log
[H+]

Ainsi, pour calculer le pH d‘une solution, il suffit de connaitre la valeur de sa


concentration en ions hydrogène. De même, le pOH est potentiel Hydroxyle
dont l‘expression est : pOH = -log [OH-]

Il sied de noter que :


• pH + pOH = 14
• pH d‘une solution acide est inférieur à 7
• pH d‘une solution neutre est égal à 7
• pH d‘une solution basique est supérieur à 7

Echelle de pH :
Acide neutre Base
======================‖‖=====================>
pH : 0 7 14

Acide seul (Cb = 0) Base seule (Ca = 0)


fort Faible forte faible
[H+] = Ca [H+] =(Ka.Ca)½ [OH-] =Cb [OH-] =(Kb.Cb)½
pH = -logCa pH = 0,5.(pKa-logCa) pOH = -logCb pOH = 0,5.(pKb-logCb)
Mélange acide base conjugués
[H+] = Ka.(Ca/Cb)
pH = pKa-log(Ca/Cb)
Exemples :
1)…Quel est le pH d‘une solution d‘acide chlorhydrique 0.01 M ?

Solution

Réaction en solution aqueuse : HCl ==> H+ + Cl- Ɛ


Initial : 0.01 0 0
Transitoire : 0.01- Ɛ Ɛ Ɛ Final
: 0 ? ?
(Ɛ : nombre de mole d‘un composé ayant réagi ou étant formé dans un volume
déterminé)
La concentration finale de HCl est égale à 0 car l‘acide (HCl) est fort,

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c.-à-d. à l‘état final, il se dissocie complètement en solution aqueuse.
Ainsi : si 0.01- Ɛ = 0 => Ɛ = 0.01
[H+] = Ɛ = 0.01 M, d‘où pH = - log [H+]
pH = - log

(0.01)

pH = 2

2) Calculer le pH d‘une solution d‘acide sulfurique 0.2 M.

Solution
En solution aqueuse : H2SO4 ==> 2H+ + SO4 = Ɛ
Initial : 0.2 0 0
Transitoire : 0.2- Ɛ 2Ɛ Ɛ
Final : 0 ? ?
L‘acide (H2SO4) est un acide fort, d‘où à l‘état final, il se dissocie complétement.
Ainsi : 0.2 – Ɛ = 0 ou alors Ɛ = 0.2.
[H+]final = 2Ɛ = 2*0.4 = 0.8 ,
D‘où: pH = - log (0.8)
= 0.1
3) Quel est le pH d‘une solution d‘acide acétique 0.1 M lorsque la constante
d‘acidité à l‘équilibre est Ka = 4.8*10-5 ?

Solution
En solution aqueuse : CH3COOH <==> CH3COO- + H+ Ɛ
Initial : 0.1 0 0
Transitoire : 0.1- Ɛ Ɛ Ɛ
Final/Equilibre : 0.1- Ɛ Ɛ Ɛ
L‘acide (CH3COOH) est un acide faible, d‘où l‘état final correspond à un état
d‘équilibre, il se dissocie partiellement.
Ainsi la concentration des ions H+ dépend de la constante de dissociation de
l‘acide (Ka).

On a donc :
On obtient ainsi une équation du second de degré en Ɛ :
2 + 4.8 10−5 − 4.8 10−6 = 0
En résolvant l‘équation ci-dessus, on trouve Ɛ = 0.022
[H+]finale = Ɛ = 0.022 ,
D‘où pH = - log (0.022)
= 1.66

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4) Déterminer le pH d‘une solution résultant de la dissolution de 5 grammes
de cristaux d‘hydroxyde sodium dans 500 mL d‘eau.

Solution

Concentration de
= 0.25 M
Réaction en solution aqueuse :
NaOH ==> Na+ + OH- …………… Ɛ
Initial : 0.25 0 0
Transitoire : 0.25- Ɛ Ɛ Ɛ Final
: ? ? ?
La concentration finale de NaOH est égale à 0 car la base (NaOH) est forte,
c‘est-à-dire, à l‘état final elle se dissocie complétement en solution aqueuse.
Ainsi, comme 0.25- Ɛ = 0 => Ɛ = 0.25
[OH-] = Ɛ = 0.25 M, d‘où pOH = - log [OH-] pOH = - log
(0.25)
pOH = 0.6 Etant
donné que pH + pOH = 14, Alors pH = 14 –
0.6
= 13.4
5) Déterminer le pH d‘une solution résultant d‘un mélange de 0.5 mol/L
d‘hydroxyde de sodium d‘avec 0.8 mol/L d‘acide chlorhydrique.

Solution
0.5 mole de NaOH d‘une solution de 1 litre mélangé à 0.8 mole de HCl d‘une
solution de 1 litre donne un volume global de 2 litres ; ainsi les concentrations
respectives de chaque constituant dans le mélange sont respectivement :

NaOH :

HCl :
Réaction en solution aqueuse :
NaOH + HCl ==> NaCl + H2O ……………. Ɛ
Etat initial instantané : 0.25 0.4 0 0
Etat transitoire : 0.25- Ɛ 0.4-Ɛ Ɛ Ɛ Etat
Final : ? ? ? ?
Pour déterminer les concentrations finales après réaction, il y a d‘abord lieu
de comparer les équivalent-grammes ou mieux corolairement les
concentrations de deux espèces en présence. Comme on le voit la
concentration de HCl est supérieure à celle de NaOH, ce qui est pareil pour
les équivalent-grammes. Ceci implique qu‘au stade final NaOH sera
totalement neutralisé (Concentration Finale égale à 0) et qu‘une fraction HCl
restera à l‘excès. C‘est la quantité à l‘excès qui fixera le pH de la solution finale.

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La concentration finale de NaOH est égale à 0 => 0.25- Ɛ = 0 => Ɛ =
0.25 (quantité ayant réagi)
Ainsi au final, [HCl]finale est en excès = 0.4-Ɛ
= 0.15
Dans la solution finale, l‘on a donc : HCl (=0.15 M), NaCl (Ɛ=0.25 M) et H2O
(Ɛ=0.25 M)
NaCl et H2O ne fixent point le pH, c‘est plutôt l‘acide HCl en excès qui joue le
jeu.
HCl étant en excès, en solution, il va se dissocier suivant la réaction :
=> + + − ……………

Nouvel état initial : 0.15 0 0 Final :


0.15-Ɛ* Ɛ* Ɛ*

On sait que HCl est un acide fort, d‘où au stade final : 0.15 - Ɛ* = 0
=> Ɛ* = 0.15,
Or [H+] = Ɛ* = 0.15M , D‘où,
pH = log(0.15) pH = 0.82

Le pH d‘une solution peut aussi être déterminé en utilisant un pHmètre


(appareil équipé d‘un système d‘électrode, lequel basé sur la différence de
conductivité permet de mesurer le pH d‘une substance). Outre le pH-mètre,
le papier indicateur universel de changement de couleur peut être utilisé
concurremment ou complémentairement pour la détermination du pH.

I.2. EQUILIBRE REDOX


I.2.1 Introduction

Les quelques exemples donnés ci-après illustrent mieux le phénomène


d‘Equilibre Redox :
- Une barre de fer exposée à l‘air libre pendant un temps assez long, change
de couleur en devenant brun, on dit que le fer a subi l‘oxydation.
- Une batterie qui produit du courant électrique suite aux réactions
d‘oxydation et de réduction qui s‘y produisent.
- Un fruit (citron, pomme de terre, …) qui produit du courant électrique.
- Un métal en zinc qui subit la corrosion au contact des substances acides

Pour comprendre le comportement des matériaux illustrés ci-dessus, la


réponse repose sur la compréhension de l‘Equilibre Redox.

II.2. Réaction d’Oxydation et Réduction

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Le mot RedOx découle de la combinaison de demi-réactions de Réduction et
d‘Oxydation qui ont lieu simultanément dans un système (métal, fruit,
batterie…).

1. Réaction d’OXYDATION

Une réaction d‘oxydation est celle au cours de laquelle une substance appelée
réducteur libère un ou plusieurs électrons et monte en étage d‘oxydation.

Exemple : Lorsque le métal zinc est attaqué par une substance acide, il réagit
en passant de l‘étage d‘oxydation 0 à +2 en libérant deux électrons. On dit
alors que le zinc a subi l‘OXYDATION, ou mieux le zinc est oxydé.

Ceci est représenté par :


Zn, dans cette réaction appelée ‗‘demi-réaction‘‘ est un réducteur.

2. Réaction de REDUCTION

Une réaction de Réduction est celle au cours de laquelle une substance


appelée oxydant capte un ou plusieurs électrons et descend en étage
d‘oxydation.

Exemple : Lorsque les H+ émanant de l‘acide capture les électrons émanant


d‘une source quelconque, chaque H+ baisse en étage d‘oxydation +1 à 0. On
dit que H+ a subi une Réduction, ou mieux H+ est réduit.

Ceci est représenté par :

H+ dans la demi-réaction Réduction est un Oxydant.


• Le mécanisme d‘oxydation et de réduction ne fonctionnent pas au niveau
des noyaux, mais plutôt à celui de leurs électrons périphériques.

A tout oxydant est associé un réducteur. Le passage d‘une forme à une autre
se fait par transfert d‘électrons suivant le schéma formel, appelé demi-
équation d’oxydo-réduction ou demi-équation électronique du couple
noté ox/red.

I.3. Nombre d’oxydation

Le nombre/étage d‘oxydation ou degré d‘oxydation caractérise l‘oxydation


d‘un élément seul ou dans un composé. Il est le reflet de la structure
électronique de l‘élément dans le composé. Il est égal au nombre d‘électrons,

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algébriquement libérés par l‘élément lors du passage de l‘état de ce corps pur
simple non ionisé à l‘état considéré. Il se note en chiffres romains.

A l‘état de corps pur simple le nombre d‘oxydation de l‘élément est nul.


Lorsqu‘un élément est oxydé, son nombre d‘oxydation augmente, le nombre
d‘oxydation diminue lorsque l‘élément est réduit.

I.3.1. Détermination du nombre d’oxydation


• Règle 1 : le nombre d‘oxydation d‘un élément dans une espèce
monoatomique est égal à la charge de cette espèce : le nombre d‘oxydation
est égal à zéro dans tout corps pur simple (Fe, Cl2…) ; le nombre
d‘oxydation d‘un ion monoatomique est égal à la charge de l‘ion, par
exemple : pour le Na+, le nombre d‘oxydation = +I
• Règle 2 : quand deux éléments sont unis par une liaison covalente, les
électrons du doublet sont arbitrairement attribués à l‘élément le plus
électronégatif. le nombre d‘oxydation de chaque élément est égal au
nombre de charges fictives qui lui est alors attribué.
• Règle 3 : dans un édifice polyatomique, la conservation de la charge
impose que la somme des nombre d‘oxydation des différents éléments
présents dans l‘édifice soit égale à la charge globale de l‘édifice.

I.3.2. Equilibrage des équations d’oxydo-réduction

On opère de façon systématique :


• Conservation des éléments (dans les deux membres) ;
• Conservation de la charge : on équilibre les charges en ajoutant le
nombre approprié d‘électrons du côté où apparaissent les charges
positives excédentaires, toujours du côté où figure l‘oxydant ;
• Faire intervenir, si nécessaire, le solvant eau sous forme de l‘eau et H+
(ou H3O) en milieu acide ou sous forme de l‘eau et OH- en milieu basique.
Attention à ne pas faire figurer en même temps H+ et OH-.
• Pour écrire une réaction redox, il faut établir l‘équation de chaque
couple et multiplier chacune d‘elle par un facteur approprié ;
• Quand les couples renferment des ions oxygénés, l‘équilibre exige la
présence des protons.

Exemple : Equilibrer l‘équation suivante ; Fe + HCl = FeCL2 + H2

I.4. Force des oxydants et des réducteurs

Si la particule oxydante ou oxydée d‘un couple a une grande affinité pour les
électrons, c‘est un oxydant fort. Et la particule réductrice conjuguée cède
difficilement des électrons, c‘est un réducteur faible et inversement.

22
Remarque : normalement, tout système ayant un potentiel normal plus bas
qu‘un autre le réduit, tout système ayant un potentiel plus élevé qu‘un autre
l‘oxyde. En d‘autres mots, l‘oxydant d‘un système 1 peut réagir normalement
sur le réducteur 2 d‘un système 2 si le potentiel normal E1 du couple auquel
appartient l‘oxydant est supérieur au potentiel E2 du couple auquel appartient
le réducteur.

I.5. Réaction entre deux couples

La réduction d‘une particule exige la présence d‘un autre qui, elle, peut fournir
des électrons et s‘oxyder. Les deux particules participent à une réaction
d‘oxydo-réduction, autrement dit, réaction redox. Comme chaque particule a
son propre couple, une réaction redox exige donc l‘intervention de deux
couples. Ces réactions sont caractérisées par un échange d‘électrons : une
substance libère des électrons qui sont accaparés par une autre.

Une réaction redox peut être effectuée :

1. Par voie chimique : Réaction chimique directe

Exemple: lame de zinc plongée dans une solution de sulfate de cuivre(II) Zn +


Cu++ = Cu + Zn++ + énergie calorifique

2. Par voie électrochimique : Réaliser une pile Cu/Zn

Zn + Cu++ = Cu + Zn++ + énergie électrique


Ce dispositif permet également, à condition de fournir une énergie suffisante,
de réaliser la réaction inverse de la réaction spontanée :
Cu + Zn++ + énergie électrique = Zn + Cu++.
Ce dispositif peut fonctionner soit :
• en générateur d‘énergie (cellule voltaïque) ;

23
• en récepteur (cellule d‘électrolyse).

b) Cellule voltaïque ou pile

Si on se réfère au schéma précédent, on constate que :


1. Il apparaît une DDP entre les 2 électrodes de zinc et de cuivre.
2. Si l‘on réunit les 2 électrodes, un courant i circule.
3. L‘électrode de zinc se dissout (oxydation).
4. L‘électrode de cuivre " grossit " (réduction).
5. L‘intensité i diminue progressivement, de même que la DDP. Lorsque
cette dernière est nulle, le système n‘évolue plus.

On représente conventionnellement cette pile de la façon suivante :


Zn/Zn++//Cu++/Cu

c) Différence de potentiel entre les électrodes


Si on plonge un métal dans un solvant ionisant, il apparait une DDP entre le
métal et la solution : c'est le potentiel d’électrode.

M = M+ + e- Eox (potentiel
d‘oxydation)

M+ + e- = M Ered (potentiel de
réduction)

On définit ainsi Eox et Ered pour le


couple M/M+ Eox
= - Ered

La valeur du potentiel dépend de la concentration des ions M+ déjà présents


dans la solution.
Deux métaux différents plongés dans une solution ionisante s‘oxydent
différemment ; par conséquent il apparaît entre eux une DDP.

24
En circuit ouvert (courant nul), cette DDP (E1ox – E2ox) est la FEM de cette
pile

Généralisation :
Toute électrode mettant en présence les formes oxydée et réduite d‘un
couple redox, possède un potentiel d‘électrode.

Exemples :
Ered (volt) forme réduite forme oxydée Eox (volt)

- 3,05 Li = Li+ + 1e + 3,05


- 0,76 Zn = Zn++ + 2e + 0,76

0,00 H2 = 2 H+ + 2e 0,00
+ 0,34 Cu = Cu++ + 2e - 0,34
+ 0,54 2 I- = I2 + 2e - 0,54

+ 0,77 Fe++ = Fe+++ + 1e - 0,77

+ 0,96 NO + 2 H2O = NO3- + 4 H+ + 3e - 0,96


+ 1,42 Au = Au+++ + 3e - 1,42
+ 2,87 2 F- = F2 + 2e - 2,87

d) L’association de 2 électrodes reliées par un pont ionique constitue


une pile

L‘oxydation se produit dans le couple qui a le plus grand potentiel


d‘oxydation ( E1ox).
La réduction se produit dans le couple qui a le plus grand potentiel de
réduction (E2red ). FEM de la pile = E1ox + E2red = E1ox - E2ox

I.6. Equation de NERNST

Les potentiels indiqués dans les tables sont les potentiels standards
(E0ox ou E0red). L‘équation de Nernst permet de calculer les potentiels
dans les conditions non-standards : αA+βB
γC + δ D + ne-

(aC)γ. (aD)δ Eox =


E0ox – (0,06 / n). log -----------
(aA)α. (aB)β

γ C + δ D + ne- αA+βB
(aA)α. (aB)β

25
Ered = E0red – (0,06 / n) . log ..................
(aC)γ.(aD)δ
aX désigne l‘activité du composé X
état physique de X X en solution X solide X gazeux
aX [X] en mol/l 1 PX en atmosphère

Exemples :
Al = Al+++ + 3e Eox = E0ox – 0,02 . log [Al+++]
H2 = 2 H+ + 2e Eox = E0ox – 0,03 . log ([H+]2/PH2)

Sn++ = Sn++++ + 2e Eox = E0ox – 0,02 . log ([Sn++++]/[Sn++])

• Mesure des potentiels standards.

Ne pouvant mesurer que des DDP, on a fixé arbitrairement à 0 le potentiel


standard de l‘électrode à hydrogène, les autres potentiels sont déterminés
par mesure de la DDP avec cette électrode.

I.8. Corrosion

On appelle corrosion, la destruction lente, progressive et spontanée des


métaux et de leurs alliages.
• Corrosion sèche : le métal est attaqué par un gaz : Fe + Cl2 = FeCl2
• Corrosion humide : elle se produit en présence d‘une solution
• Corrosion chimique

L‘atmosphère contient des acides HNO3, H2SO4, etc., résidus de la


combustion. Ces acides attaquent des métaux : Fe + 2H+ = Fe++ + H2
L‘oxygène de l‘air oxyde le fer en présence de l‘eau pour former Fe(OH)3,
nH2O : la rouille.
Cet oxyde est poreux et ne protège pas le fer.

L‘acier inox contient du chrome : les oxydes qui se forment en surface de


l‘alliage gênent la progression de l‘oxygène.

Corrosion électrochimique
-0,83 volt H2 + 2 OH- = 2 H2O + 2e 0,83 V
-0,44 volt Fe = Fe++ + 2e 0,44 V
0,00 volt H2 = 2 H+ + 2e 0,00 V
0,40 volt 4 OH- = O2 + 2 H2O + 4e -0,40 V
1,23 volt H2O = ½ O2 + 2 H+ + 2e -1,23 V

26
En milieu aqueux ou humide, il y a formation de micro piles à la surface du
métal. Ce phénomène se produit lorsque :
- un morceau de fer comporte à sa surface une impureté constituée par
un métal moins oxydable que lui.
- un morceau de fer est hétérogène dans sa structure.
- un morceau de fer plonge dans un milieu dont la teneur en oxygène n‘est
pas constante.

Chapitre II CINETIQUE CHIMIQUE

II.1. CONCEPTS FONDAMENTAUX

La cinétique chimique étudie, la vitesse de la transformation de la matière,


c‘est-à-dire la variation de la concentration en fonction du temps.
En réalité, lorsqu‘on fait la cinétique,
• On cherche à déterminer les constantes de vitesses ; or la vitesse est le
produit de la constante par les concentrations ;
• On cherche à connaitre les mécanismes des réactions : les étapes par
lesquelles passent une transformation chimique ;
• Ordre d‘une réaction : la somme des exposants de concentration dans
la loi de vitesse. C‘est une grandeur expérimentale.

II.2. LOCALISATION DE LA REACTION

Une réaction chimique peut se faire dans un milieu homogène c‘est-àdire un


milieu constitué d‘une seule phase (liquide, solide et gazeuse), on parle d‘une
réaction homophasée. Une réaction chimique peut aussi se dérouler dans
un milieu constitué de deux phases ou plusieurs phases, on parle de réaction
hétérophasée.

Les réactifs et les produits peuvent être dans une même phase, on parle
d‘une réaction homogène ; et si les réactifs et les produits sont dans plus de
deux phases, on parle d‘une réaction hétérogène.

II.3. REACTIONS ELEMENTAIRES ET COMPLEXES


• Réaction élémentaire : est une réaction qui se déroule en une seule
étape
• Réaction complexe : réaction composée en plusieurs étapes.

Molécularité : nombre des particules qui entrent en collision en un seul acte


pour former un produit. Elle est un nombre entier, elle n‘est valable que pour

27
une réaction élémentaire. On peut aussi dire que la molécularité est l‘ordre
d‘une réaction élémentaire.

On distingue ; une réaction monomoléculaire, bimoléculaire, trimoléculaire

Il n‘existe pas de réaction de molécularité 4 parce qu‘il est difficile d‘avoir une
collision de 4 particules en un seul acte pour former un produit.
• Mécanisme réactionnel : est le nombre d‘état dans une
transformation chimique. Chaque étape a sa constante de vitesse,
donc le nombre de constante de vitesse indique le nombre d‘étape
c‘est-à-dire le mécanisme réactionnel.

II.4. LOIS DE VITESSES ET CONSTANTES DE VITESSE DE REACTIONS


ELEMENTAIRES

a) Lois de vitesses : il s‘agit ici d‘établir les lois de vitesses et suivre la


variation de chaque espèce. Cette dernière a sa constante de vitesse.
Ex1 : A
k
B

Où CA représente la concentration de A au temps t, k la constante cinétique


et n, l‘ordre de la réaction. n=0 (ordre zéro), 1 (premier ordre), 2 (second
ordre),… L‘ordre de la réaction peut être déterminé expérimentalement.

b) Constante de vitesse : elle est déterminée par la méthode d‘intégration


de la fonction : pour le premier ordre, après intégration, on trouve
CA = CA0 e-kt ou lnCA/CA0= -kt , qu‘est l‘équation d‘une droite
dont la pente est la constante de vitesse comme la présente la figure
suivante : lnCA/CA0

t
II.5. INFLUENCE DE LA TEMPERATURE

Beaucoup de chercheurs ont observé qu‘une élévation de la température


entraîne l‘augmentation de la vitesse de réaction. Mais nous retenons les
expressions de :
• Van’t Hoff : dlnK/dT = ΔH0 /RT2 avec R : constante des gaz parfaits

28
• Arrhénius – Trautz : lnk = - Ea / RT + lnA • Relation entre ΔH0 et Ea
: ΔH0 = Ea1 - Ea2

Réaction exothermique ΔH > 0

ΔH < 0
CHAPITRE III : STOECHIOMETRIE, BILAN-MATIERE et BILAN-
ENERGIE

III.1. Introduction (Introduction à la chimie industrielle)

Etant donné que le développement d‘un procédé cadre avec la transformation


de la matière première en produits finis, il est indispensable de rappeler de
manière brève quelques concepts sur le bilan matière.

III.2. Stœchiométrie-Réactif Limitant- réactif à l’Excès

La théorie sur les proportions dans lesquelles les espèces chimiques se


combinent les unes les autres est appelée stœchiométrie. Ex: CO + 2H
 CH OH
2 3

CO et H réagissent dans une proportion (ou rapport) de 1:2; les


2 coefficients stœchiométriques de CO et H sont respectivement 1 et
2.
2

On appelle agent (réactif) limitant, celui qui s‘épuise en premier lieu lorsque
la réaction se déroule complètement (ou atteint l‘équilibre). On peut le
déterminer en divisant le nombre de moles données de chaque réactif par son
coefficient stœchiométrique ; le rapport le plus petit est celui du réactif
limitant. Et l‘autre réactif est alors en excès.

Exemple : Si 5 moles de CO réagissent avec 8 moles de H pour


2

produire le méthanol, quel est l‘agent limitant?

29
III.3. Concepts du BILAN MATIERE
A. Système

Un système est une région de l‘espace délimitée par des pointillés (sur papier)
où s‘effectue l‘étude du procédé.

B. Equation du bilan-matière :

Taux molaire de A changeant dans le système = Taux molaire de A entrant


dans le système - Taux molaire de A sortant du système + Taux molaire de A
généré dans le système - Taux molaire de A consommé dans le système
Water i n 2

1 Pump 3 Tank 4
Water in Water out

Le taux changeant dans le système est aussi appelé ACCUMULATION Ainsi le


bilan-matière peut s‘établir comme suit;

ACC= IN – OUT + GEN – CONS

- Pour un système transitoire (variation de la quantité initiale de A dans le système),


ACC≠0
- Pour un système non-transitoire (pas de variation de la quantité de A dans le
système), ACC=0
A moins d‘être spécifiée ou de par les données elles-mêmes du problème, si rien
n‘est dit à propos du type de système en présence, veuillez le considérer comme
non-transitoire.
- GEN ; ce qui est produit ou généré durant une réaction. Sans réaction, GEN=0
- CONS : ce qui est consommé durant la réaction. Sans réaction, CONS=0.

Exemple BME-1 (sans réaction)

Combien de temps prendra-t-il pour vider un réservoir contenant 0.300 m3


d‘eau si la vanne au bas du tank est ouverte et que l‘eau jaillit et coule au
travers cette vanne au taux de :
a) 0.10 L/s ?
b) 2t L/s ? (t: temps en secondes)

Solution

30
a) Equation générale du bilan matière : Acc = In – Out + Gen - Cons
En appliquant cette équation, on aura :




b) Equation générale du bilan matière : Acc = In – Out + Gen - Cons


En appliquant cette équation, on aura :




Exemple BME-2 (sans réaction)

Supposons comme dans l‘exemple ci-dessus que le réservoir contient


initialement 0.300 m3 d‘eau, et qu‘à l‘ instant où la vanne au bas du réservoir
est ouverte (l‘eau jaillit et coule au taux de 0.5 L/s), un robinet placé au-
dessus du réservoir laisse couler de l‘eau avec un débit de 0.10 L/s. Combien
de temps prendra-t-il pour que le réservoir se vide?

Au cas où le réservoir se vide au taux de 2t L/s au lieu de 0.10 L/s, combien


de temps prendra-t-il cette fois pour vider ce réservoir?

Solution

Equation générale du bilan matière : Acc = In – Out + Gen - Cons


En appliquant cette équation, on aura :




31
III.4. Degré d’avancement d’une réaction

Puisque les réactants s‘épuisent totalement ou partiellement et que le(s)


produit(s) qui se forme(nt) sont liés par leurs coefficients stœchiométriques,
on peut parler de combien ou comment une réaction a progressé en termes
d‘une seule variable appelée « degré d’avancement de la réaction,
symbolisé par Ɛ ».
Il est défini par :
Ɛ = (moles entrant – moles sortant)/coefficient stœchiométrique d’un
composant x

En effet, Ɛ représente le nombre de moles d‘un réactif ayant réagi ou celui du


produit formé dans un processus à l‘équilibre ou à la fin de la réaction.

III.5. Conversion ou Conversion Fractionnelle (X )


s

La conversion s‘exprime différemment suivant qu‘il s‘agit d‘un système à une


seule unité, ou d‘un système à unités multiples.

III.5.1. Système à une seule unité

Dans ce cas, la conversion s‘exprime en ce terme:


X = (moles entrant-moles sortant)/moles entrant
s

Pourcentage de conversion: X *100


s

III.5.2 . Système à unités multiples

Fresh Combined Final


Feed (A ) Feed (A ) Reactor Product ( A, B ) Separator Product (B )
Mix
1 2 3 5

Dans ce cas, on distingue deux types de conversion : la conversion


fractionnelle simple (single-pass conversion) et la conversion fractionnelle
globale (overall conversion)
• Conversion fractionnelle simple (autour du réacteur) = (Moles in – Moles
out)/ (Moles in)
• Conversion fractionnelle globale (pour tout le processus) = (In – Out)/(In)

32
Exemple

L‘Ammoniac est produit à partir de 20 mol/min d‘azote et 50 mol/min


d‘hydrogène dans un réacteur. Si la conversion du réactif limitant est de
60o/o, combien de grammes d‘ammoniac sont produits par jour (la
production se fait 24h/24).

Solution
N2 + 3H2 2NH3 …. Є

N2 NH 3

H2

Pour l‘azote : = 20-Є


Pour l‘hydrogène : = 50-3Є Pour
l‘ammoniac : = 2Є
Trouvons le réactif limitant :
N2 : 20/1=20
H2 : 50/3=16,67 ; donc l‘Hydrogène est le réactif limitant
Calculons le nombre de grammes d‘ammoniac produits par jour à l‘aide de
l‘expression de la conversion du réactif limitant comme suit :

= 0,6 =
= 0,6 =
30 = 3Є
Є=10mol/min
= 2*10mol/min
=20mol/min*17g/mol
=340g/min*60*24
=489 600 g/j

III.6. Equilibre chimique

Une réaction chimique peut être :


-irréversible (e.g: NaOH + HCl  NaCl + H O) ou
2 -reversible
(e.g. : CO + 2H  CH OH).
2 3

33
Quand la vitesse de la réaction dans le sens direct est égale à celle dans le
sens inverse, on dit que la réaction réversible a atteint l‘équilibre ; elle est
caractérisée par une constante d‘équilibre Kéq (T, P, …) qui s‘exprime en
terme de :
Kéq = [π (products)/π (reactants)]

La constante d‘équilibre peut permettre de déterminer la composition finale


du système à l‘équilibre en usant du concept de degré d‘avancement d‘une
réaction.

Elle peut être déterminé à une température T après intégration de l‘expression


thermodynamique de Van‘t Hoff ci-après :

𝒍𝒏𝑲 ∆𝑯 ∆𝑮𝒐
= (𝒗 𝒏 ′ 𝒕 𝑯𝒐𝒇𝒇 ) ; 𝑲 𝒐 = 𝐞𝐱𝐩 ⁡
( )
𝑻 𝑹𝑻𝟐 𝑹𝑻

III.6.1 Réaction multiple, Rendement et sélectivité

La formation d‘un produit principal est généralement accompagnée des


produits secondaires (désirés ou non).

Exemple d’une réaction multiple

La formation de C H dans la déshydrogénation de l‘éthane est


2 4

accompagnée des produits non désirés (CH et C H )


4 3 6
CH CH+H (réaction principale) ε
2 6 2 4 2 1
C H + H  2CH (réaction secondaire 1) ε
2 6 2 4 2
C H + C H  C H + CH (réaction secondaire 2) ε
2 4 2 6 3 6 4 3

La production du méthanol et diméthyl éther à partir du syngas est


généralement accompagnée par la réaction du gaz à eau.

Rendement et sélectivité

Les deux termes décrivent le degré de domination de la réaction désirée sur


les réactions secondaires compétitives.
• Rendement : (moles du produit désiré formé)/ (moles qui auraient été
formé s‘il n‘y avait pas de réactions secondaires et que le réactif limitant
aurait réagi complètement) (en %)

34
• Sélectivité : moles du produit désiré formé/ (moles du produit non-
désiré formé)

III.7. BILAN-ENERGIE ET COMBINAISON BILAN-MATIERE ET ENERGIE

III.7.1. Introduction

La plupart de transformation des matières dans différents processus


impliquent l‘énergie. C‘est dans ce contexte qu‘il est nécessaire de faire un
petit rappel quant au concept de bilan énergie, aussi important pour la
synthèse d‘un procédé.

III.7.2. Bilan-énergie

L’équation générale du Bilan-énergie est donnée par :

62

Forme différentielle du Bilan-Energie (système non-réactionnel)


•.

Quelques simplificationsQuelques simplifications : :


• Les changements (variation) des énergies cinétique (Ek) et
potentielles(EP) du système sont négligeables, de même que la variation
des énergies spécifiques cinétique (u) et potentielle (gz) sont
négligeables. Ainsi l‘équation du bilan-énergie se simplifie
ennégligeables. : Ainsi l’équation du bilan-énergie se simplifie en :

(2)

35
• Si la même masse entrant dans le système est égale à celle sortant du
système, alors l‘équation (2) peut
s‘écrire :

(3)

63
• NB: Pour un système réactionnel le terme doit aussi être pris en compte
Forme différentielle du Bilan-Energie
• En supposant les chaleurs spécifiques CP et CV constantes dans une
plage de température, alors :
𝑯 𝒊𝒏 𝑻 𝒊𝒏 𝑻 𝒇 𝑯 𝒐𝒖𝒕 𝑻 𝒐𝒖𝒕 𝑻 𝒇

• Pour un système ouvert (ou il y a échange de matière entre le système et


l‘environnement):
(4)

• Pour un système fermé (ou il n‘y a pas échange de matière entre le Pour
𝑚
système et l‘envirsystème et l’environnement, onnement = 0) :0
(5)

(M: masse totale du système, : débit massique entrant ou sortant du


système, (4) et (5) applicables en supposant qu‘il n‘y a guère réaction
chimique ni changement de phases de substances en présence)

Pour un système ouvert, il est possible d‘effectuer ce bilan en considérant la


première loi de la thermodynamique, la perte de charge, et le travail
rotationnel de la pompe ou sur la turbine par unité de temps (Wp,t). Ainsi,
l‘équation du bilan énergie devient :

Avec : debit massique du fluide


: perte de charge Exemple (T.D)

L‘eau coule d‘un réservoir élevé au travers une conduite vers une turbine
située 100m plus bas, et en ressort par une même conduite ; au point élevé
(du réservoir) la pression d‘eau est 207 kPa et à un point situé à 3 m plus bas
de la turbine, la pression est 124 kPa. Quel est le débit massique d‘eau si la

36
puissance délivrée par la turbine est 1 MW en supposant qu‘il n‘y a pas perte
de charge ?

III.7.3. Bilans Matière et Energie combinés

Le bilan matière peut être combiné au bilan énergie dans un tableau pour
simplifier les calculs comme illustré ci-après.

Références: réactifs/produits à 250C, 1 atm.


Substance

Reactif 1 ne1 ne2 He1 ns1 ns2 Hs1

Reactif 2 … He2 … Hs2



- np1
Produit 1 - ns2
… ….
Produit 2

65

III.8. Introduction à la synthèse de procédés


A. Introduction

Le développement d‘un procédé de transformation d‘une matière X à un


produit Y passe non seulement par la connaissance des intrants/produits et
bilans , mais aussi de tous les éléments qui y sont relatifs, et surtout par
l‘analyse logique et systématique de tous les phénomènes susceptibles de
rencontrer sur la chaine de transformation dont le soubassement et le contour
trouvent leur substance dans le schéma détaillé d‘ingénierie appelé en anglais
flowsheet ou Process Instrumentation Diagram (PID). Ce dernier permet de
modéliser et simuler un procédé de transformation et d‘en contrôler tant
l‘aspect technique qu‘économique.

B. Schémas par blocs et flowsheet

Lors du développement d‘un procédé, l‘ingénieur utilise un langage simple à


interpréter de ce que l‘on veut réaliser au travers d‘un schéma appelé « schéma
par blocs » en premier lieu, ensuite il passe au plus développé appelé «
flowsheet ou process flow diagram (PFD) ou process instrumentation diagram
(PID) ».

37
Le schéma par blocs tout comme le flowsheet est une représentation
graphique des équipements des opérations impliquées dans un processus au
travers une succession logique pour le transport d‘un produit X. Cette
représentation montre le sens de circulation (flow) des produits ainsi que des
conditions d‘opérabilité des équipements.

Lorsque les opérations, équipements ou produits sont représentés sous forme


de rectangles, on parle alors de schéma par blocs, et lorsque les équipements
et autres éléments tels qu‘appareils de mesure (de température, pression,
débit d‘écoulement) et autre sont donnés avec détails en utilisant les symboles
appropriés, on parle alors de « flowsheet ou process instrumentation diagram
(PID) ». Ce dernier a une importance capitale sur le plan industriel, d‘autant
qu‘il est le résumé du process à partir duquel un procédé non-existant peut
être implanté, et/ou un procédé existant peut subir de modification ou
amélioration.

En outre, le PID permet non seulement de modéliser un procédé, mais surtout


d‘en faire une optimisation tant technique et financière. En plus, une
simulation au travers des simulateurs peut s‘adjoindre pour le contrôle
avancé du procédé comme établi ci-avant.

C. Flowsheet ou process instrumentation diagram (PID)

Avant de développer un flowsheet (de l‘Anglais, flow =écoulement et sheet =


feuillet), il sied de rappeler les symboles (Figure 3.2a, 3.2b,et 3.2c) utilisés en
ingénierie, lesquels constituent le langage de représentation graphique du
schéma.

Quelques symboles utiles pour la représentation schématique des


procédés

Colonne d’extraction Colonne de trempe Colonne de strippage

DISPOSITIFS DE STOCKAGE

Réservoir Réservoir Réservoir Réservoir Réservoir Réservoir


sous pression ouvert fermé fermé de stockage à toit flottant sphérique

84

Figure 3.2a: Symboles utiles pour les flowsheets/PID

38
Figure 3.2c : Symboles utiles pour les flowsheets/PID

Exemple du Flowsheet d’un pipeline pour le transport du pétrole brut


Production
Raffinage
Contrôleurs de
DISTILLATI
température et de
Reservoir pression Debitmètre
Reservoir

Vanne

Pompe
La ligne du Pipeline

Chapitre IV : THERMODYNAMIQUE APPLIQUEE

POURQUOI DE LA THERMODYNAMIQUE EN CHIMIE ?

39
La thermodynamique est une discipline de l‘ingénieur qui étude les principes
et systèmes de transformation de l‘énergie thermique en énergie mécanique.

Elle permet de prédire le comportement d‘un processus chimique ou


physique qui tient compte des paramètres tels que la pression, la
température, débit molaire, etc.

Etant donné la complexité de cette notion, nous nous limiterons au rappel


de quelques concepts essentiels de la thermodynamique utiles pour la
compréhension du fonctionnement et performance des machines qui
transforment l‘énergie chimique en thermique, et ensuite suivant le besoin
en d‘autres formes d‘énergie.

IV.1. SYSTEME THERMODYNAMIQUE

Le système est la portion de l'espace que l'on étudie (un réacteur et son
contenu par exemple) ; ce qui n'est pas le système est le milieu extérieur
aussi appelé ‗‘environnement‘‘.

La thermodynamique va également permettre de prévoir les échanges


d'énergie entre le système et le milieu extérieur lors d'une transformation.
Par exemple, quand on effectue une réaction chimique dans un tube à essais,
le tube à essai et son contenu constituent le système, le reste de l'univers est
le milieu extérieur.

IV.1.1. Caractéristiques d'un système : Système ouvert, fermé et isolé.


- Un système est dit « ouvert » s'il permet des échanges d'énergie et
de matière avec le milieu extérieur. Exemple : Une flamme
- Un système est dit « fermé » s'il peut échanger de l'énergie mais pas
de matière. Exemple : Un tube à essai hermétiquement clos
- Un système est dit « isolé », s'il ne peut échanger ni matière, ni
énergie avec l'extérieur. Exemple : Un calorimètre " idéal "

Attention

Les échanges d'énergie ne sont pas nécessairement des échanges de chaleur ;


par exemple, un système peut échanger du travail avec le milieu extérieur
sans échanger de la chaleur, .... Mais dans le contexte de ce cours, nous
focalisons à l‘énergie dont la source principale est thermochimique.

40
IV.1.2. Etat d’un système

L'état d'un système est défini par un certain nombre de variables que l'on
appelle « variables d'état ». Ce sont par exemple, la pression, la température,
le volume, les nombres de moles de chacune des espèces présentes, la masse,
etc.

Par exemple, l'état d'un système sera parfaitement défini si l'on connait sa
composition (nature des constituants du système, état physique et quantité
de matière de ces constituants), sa température, son volume, sa masse, la
pression qui règne dans le système, ...

Un système peut être homogène si tous ses constituants appartiennent à une


seule phase ou hétérogène si le système comprend plusieurs phases de nature
différentes.

IV.1.3. Variables indépendantes.

Ces variables ne sont pas toujours indépendantes les unes des autres (par
exemple, si le système comprend moles de gaz parfait il va exister une
relation entre les variables pression P, volume , nombre de moles et
température ).

En effet, ces quatre grandeurs d'état sont reliées par la loi des gaz parfaits :

Et R représente la constante des gaz parfaits qui vaut 8,31 J.K-1.mol-


1.

IV.1.4. Variables intensives et extensives.

Lorsqu'on fait l'addition de deux systèmes identiques, certaines variables


comme la température ou les concentrations ne vont pas varier, ce sont les
variables intensives. Les autres comme le volume, la masse, le nombre de
moles vont doubler, ce sont les variables extensives.

IV.2. TRANSFORMATION CHIMIQUE

Une transformation correspond à un changement d'état d'un système. Une


transformation chimique implique en outre la rupture (et/ou la formation)
d'une ou plusieurs liaisons chimiques, et la recomposition des nouvelles
liaisons pour former des produits nouveaux. Par exemple, l'ébullition d'un

41
corps pur comme de l'eau n'est pas une transformation chimique puisque les
liaisons qui sont rompues lors de ce changement d'état ne sont pas des
liaisons chimiques, plutôt des liaisons beaucoup plus faibles entre les
molécules dans la phase liquide. En revanche, au cours de la combustion
d'un hydrocarbure dans le dioxygène, l'arrangement des atomes dans l'état
initial et dans l'état final est totalement différent (à l'état initial, les atomes de
carbone et d'hydrogène sont exclusivement liés entre eux dans une seule
molécule d'hydrocarbure, tandis qu'à l'état final, ils se retrouvent liés aux
atomes d'oxygène cela dans deux molécules différentes, l'eau pour l'hydrogène
et le dioxyde de carbone pour le carbone).

IV.2.1. Différents types de transformation

- Si une transformation s'effectue sans échange de chaleur avec le milieu


extérieur, elle est adiabatique (par exemple si le système est un
calorimètre parfaitement isolé)
- Si la transformation a lieu à température constante, elle est isotherme ;
- Si la transformation a lieu à pression constante, elle est isobare ; et - Si
la transformation a lieu à volume constant, elle est isochore.

Une succession de transformations à l'issue desquelles l'état final est


identique à l'état initial est un cycle.

IV.2.2. Grandeur d’état

On dit d'une grandeur qu'elle est une grandeur d'état si, lors d'une
transformation de l'état initial A à l'état final B, sa variation est
indépendante du chemin parcouru pour aller de l'état A vers l'état B. Par
exemple, si le système est un ensemble des particules se déplaçant sur une
pente du point A jusqu'au point B, l'énergie potentielle pourra être
considérée comme une grandeur d'état mais non la distance parcourue.

IV.2.3. Conventions, état standard et activité

De même qu'il est nécessaire d'employer un vocabulaire spécialisé et précis,


un certain nombre de conventions sont indispensables pour préciser la
nature des échanges et les états initiaux et finaux des systèmes.
- Convention de signe: une énergie reçue par le système est comptée
positivement ; l'énergie fournie par le système au milieu extérieur est
donc négative.
- Définition d'un état de référence: la thermodynamique a besoin d'un
état de référence qui lui permette de calculer les variations d'une

42
grandeur thermodynamique par rapport à un état pris comme référence.
Cet état de référence à une température donnée s'appelle aussi « l'état
standard ».
- Activité d'une espèce chimique: d'autre part, à chaque espèce chimique
est associée une grandeur sans dimension dont la valeur vaut 1 lorsque
l'espèce chimique se trouve à l'état standard. Cette grandeur est l'activité
de l'espèce chimique concernée. Elle est très utile pour calculer l'état
d'équilibre d'un système.

Remarque
1. L'état standard n'est pas défini à une température particulière ; il
conviendra donc de préciser cette température lorsque nous utiliserons
des données « standard ».
2. En première approximation, il est souvent possible de considérer les gaz
comme parfaits et les solutions comme idéales.
3. On confond fréquemment la pression de 1 bar et celle de 1 atm. appelons
qu'1 atm = 1,013.105 Pa = 1,013 bar.

IV.3. 1ER PRINCIPE DE LA THERMODYNAMIQUE : LOI DE LA


CONSERVATION DE L’ENERGIE

Au cours d'une transformation l'énergie n'est ni créée ni détruite : elle peut


être convertie d'une forme en une autre ( travail, chaleur ), mais la quantité
totale d'énergie reste invariable. Cette loi constitue le premier principe de la
thermodynamique : l'énergie du système + celle du milieu extérieur est
constante lors d'une transformation, quelle que soit la nature de cette
transformation.

IV.3.1. L’énergie interne U et enthalpie H

L'énergie interne et l'enthalpie sont des grandeurs d'état qui vont nous
permettre de retrouver les variations d'énergie mises en jeu au cours d'une
transformation. Ces grandeurs sont définies à partir de l'énoncé du premier
principe de la thermodynamique.

Energie interne : A partir de la relation ci-haut, on peut montrer que la


somme ne dépend que de l'état initial et de l'état final du système ;
on définit alors la grandeur d'état U ou E que l'on appelle
Énergie interne telle que : Le symbole placé devant la lettre
U signifie que est la variation de la grandeur U .dans le système au cours
de la transformation. est donc la variation d'énergie interne du système
au cours de la transformation comme illustré sur la figure ci-contre.

43
Si ou ΔE dépend bien de la nature de la
transformation, elle ne doit pas être confondue avec la
variation d'énergie interne associée à la transformation.

Enthalpie : La grandeur d'état Enthalpie se déduit de l'énergie interne par la


relation :

La variation d'enthalpie du système au cours d'une transformation est égale


à la variation d'énergie interne à laquelle s'ajoute la variation du produit de
la pression p par le volume V du système. Suivant la nature et les conditions
de la transformation, la variation du produit pV pourra être différente.

IV.3.2. Chaleurs de réactions à V ou p constant

Lors d'une transformation chimique les grandeurs d'état U et H sont


directement liées aux chaleurs de réaction.

La variation d'énergie interne au cours d'une transformation chimique


correspond à la chaleur de réaction à volume constant. On la note .
La variation d'enthalpie de réaction pour la même transformation
correspond à la chaleur de réaction à pression constante .

Si Q est positive la transformation est endothermique, sinon elle est


exothermique.

IV.3.3. Relation entre Qv et Qp à température constante.

De la relation et des considérations faites au paragraphe


précédent, on déduit :

IV.3.4. Transformation avec consommation ou formation de gaz

Si la transformation s'accompagne d'une variation du nombre de moles des


composés gazeux et que l'on considère ces derniers comme
parfaits, la loi des gaz parfaits p.V= n.R.T s'applique et
On a donc :
correspond à la variation du nombre de moles de gaz au cours de la
transformation, c'est à dire à la différence entre le nombre de moles de gaz
à l'état final et le nombre de moles de gaz à l'état initial.

44
IV.3.5. Transformation en phase condensée

Si la transformation s'effectue exclusivement en phase condensée


(réaction entre liquides et /ou solides, réactions en solution) alors est
très faible et voisine de zéro.

IV.3.6. Variation de ΔU et ΔH avec la température.: Les capacités


calorifiques

Elles découlent de l'intégration des relations suivantes :

,
Où CP et CV représentent les capacités calorifiques du système envisagé à
volume constant ou à pression constante.

Ces relations sont telles que CV représente donc la quantité de chaleur à


fournir à un système pour élever sa température de 1 degré à volume constant
et CP, la quantité de chaleur à fournir à un système pour élever sa température
de 1 degré à pression constante. La capacité calorifique d'un système
s'exprime toujours en unités d'énergie par degré, c'est à dire en J.K-1 dans le
système international d'unités. La capacité calorifique d'un système dépend
de la taille de ce système et elle est additive c'est-à-dire que si un système
comprend plusieurs constituants elle correspond à la somme des capacités
calorifiques de chacun de ces constituants affectées chacune par sa fraction
massique respective.

Capacité calorifique molaire : la capacité calorifique molaire en J.mol-1.K-1


correspond à un système défini comme une mole d'un composé, (on emploie
parfois l'expression « chaleur spécifique »).

Capacité calorifique massique : la capacité calorifique massique en J.kg-1.K-


1 ou J.g-1.K-1 correspond à un système défini par l'unité de masse (kg ou g)

d'un composé (on emploie parfois l'expression « chaleur massique »).

IV.3.7. La loi de Hess

La chaleur dégagée ou reçue lors d'une réaction ne dépend que de l'état initial
et de l'état final si la transformation s'effectue soit à volume constant, soit à
pression constante. Elle ne dépend pas du chemin parcouru pour aller de
l'état initial à l'état final. La loi de Hess découle donc directement de
l'application du premier principe de la thermodynamique. C'est en fait
l'application de ce premier principe à une transformation cyclique. On l'écrira
comme suit :

45
*Enthalpie standard de formation à 298K
Réactifs et produits se trouvent à l'état standard.
Ainsi : correspond à la réaction : S(s) + O(g)  SO2(g)
correspond à la réaction : H2 (s) + ½ O2 (g)  H2O
(g)
correspond à la réaction : O2 (g)  O2 (g) pour laquelle ;
l'enthalpie de formation des corps simples est donc nulle.
correspond à la réaction : ½O2 (g) O (g) pour
laquelle la variation d'enthalpie n'est pas nulle.

Les valeurs des pour la formation d'une mole de sont regroupées


dans des tables. Ces tables sont particulièrement utiles pour calculer les
enthalpies standard de réaction .

L'expression se lit "delta, H, zéro, 298, X " et elle signifie "enthalpie


standard de formation de à 298 K".

*Calculs Enthalpie standard de réaction à 298K

Soit une transformation AB + CD  AC + BD

Recherchons la valeur de l'enthalpie de réaction standard associée à cette


transformation :

Si les corps simples sous leur forme moléculaire la plus simple ont pour
formule chimique , , et , l'application de la loi de Hess au cycle

Il suffit donc de disposer des tables d'enthalpie de formation à 298 K pour


calculer la variation d' enthalpie associée à n'importe qu'elle réaction
chimique à cette même température.

Notez que l'utilisation de la notation pour écrire la réaction


chimique permet de simplifier la relation ci-dessus puisque cette dernière
s'écrit alors :

IV.3.8. Loi de Kirchhoff

46
Pour calculer la variation d'enthalpie de réaction à une température
quelconque, il faut connaître l'enthalpie de réaction à 298 K (ou à une autre
température) et faire le calcul suivant.

Il suffit donc de disposer des valeurs des capacités calorifiques molaires à


pression constante pour les réactifs et les produits. S'il n'y a pas de
changement d'état physique de l'un des produits ou réactifs alors on peut
écrire :

.
Cette loi est la loi de Kirchhoff.

Si T n'est pas trop éloignée de 298 K, on pourra, en première approximation


considérer les CP comme indépendants de la température ; sinon, il faudra
tenir compte de l'expression empirique des CP trouvée dans les tables : CP =
α + β.T + γ.T2 + δ/T…

IV.3.9. Chaleur de combustion

La combustion est une réaction d‘oxydation au cours de laquelle le carbone


contenu dans un combustible solide (ex : charbon, houille…), liquide (ex :
essence, diesel…) ou gazeux (méthane, GPL, …) réagit avec un comburant
comme l‘oxygène en produisant le dioxyde de carbone (CO2) lorsque la
combustion est complète, et le monoxyde de carbone (CO) pour une
combustion incomplète. Et l‘hydrogène par contre réagit avec l‘oxygène pour
former la molécule d‘eau (H2O). α CxHy + β O2 = γ CO2 + δ H2O

Cette réaction de combustion est accompagnée du dégagement d‘une quantité


de chaleur (énergie thermique ou enthalpie de combustion) dont l‘intensité
dépend à la fois de la capacité calorifique du combustible, de sa quantité et
des conditions thermodynamiques de l‘environnement, ainsi que le système
ou réacteur dans lequel la réaction se déroule. C‘est cette chaleur/enthalpie
de combustion qui est utilisée dans la plupart des machines pour produire du
travail (cas par exemple de moteur à combustion), chauffer des substances
(dans des foyers), transférer l‘énergie (cas d‘échangeurs de chaleur), produire
l‘électricité (cas de centrales thermiques) comme illustré sur la Figure
4.1

Lors de la combustion, d‘autres substances peuvent accompagner le dioxyde


de carbone ou le monoxyde de carbone et la vapeur d‘eau, telles que les oxydes
d‘azote, de soufre, l‘azote (dérivant de l‘air d‘alimentation), …

47
Une bonne conception (design) du réacteur ou foyers/fours dans lesquels se
déroulent peut permettre de bien contrôler le processus de combustion, lequel
généralement vise à maximiser le rendement thermique de combustion et
minimiser les polluants tels que CO, NOx etc. C‘est dans ce cadre que certains
recourent aux foyers améliorés pour atteindre cet objectif.

(a) Moteur à combustion (b) Cuisson dans un foyer à gaz

(d)Chauffage
(c) Centrale thermique d’hydrocarbures/Raffinerie
Fig.4.1 : Différents usages de l’énergie thermique

Du point de vue environnemental et de la santé de l‘humain, il est


indispensable lors d‘une combustion d‘éviter ou de minimiser autant que
possible la production du monoxyde de carbone (CO) qui est une substance
toxique. Pour ce faire, la quantité du comburant, dans le cas échéant,
l‘oxygène (air) doit être en excès. Et ci-après l‘expression qui permet de
calculer l‘excès d‘air :
% excess air excess air 100
required air
1 air fed air
required 100
air
required 1

O2 fed O2 required 100

O2 required 1

48
O2 fed stoichiome tric O2 100

stoichiome tric O2 1

Exemple
100 mol/h de C3H8 sont brûlés avec 5000 mol/h d‘air. Calculez l‘excès d‘air
(%) et évaluer la quantité d‘énergie thermique qui s‘en dégage par heure pour
une combustion complète.
Reaction: C3H8 + 5 O2 3 CO2 + 4 H2O

O2 fed: 5000 moles air


moles O2 = 0.21 * 5000

= 1050 moles
C3H8 fed: 100 mol

stoichiometric O2 = 5 * 100 =
500 moles

1050
500
% excess air 100 110 %
500

Energie thermique correspondante : 100 mole*44 g/mole*0.04983 MJ/g =


219.252MJ par heure ou 60.9 kW.

IV.4. SECOND PRINCIPE DE LA THERMODYNAMIQUE : ENTROPIE

Les ingénieurs chimistes, à la recherche d'un critère qui permette de prévoir


la spontanéité d'une transformation, ont tout d'abord cru l'avoir trouvé en
considérant la variation d'enthalpie, et en pensant que toute transformation
spontanée se devait d'être exothermique. Cependant, ce critère s'est
rapidement révélé incorrect dans de nombreux cas ; certaines transformations
endothermiques se déroulant de façon spontanée. C'est l'introduction d'une
nouvelle grandeur d'état, l'entropie, qui a permis d'aller plus loin.

L'entropie est liée aux notions d'ordre et de désordre microscopique et plus


précisément à la transition d'un état moins désordonné vers un état plus
désordonné, un état étant d'autant plus désordonné qu'il peut prendre un
plus grand nombre d'états microscopiques différents. L'entropie est une

49
grandeur thermodynamique augmentant avec le nombre d'états
microscopiques d'un système.

Macroscopiquement, la variation d'entropie d'un système fermé est

définie à partir de la relation où l'indice ‘‘rev‘‘ signifie que la


transformation qui se produit dans le système est réversible (et isotherme)
et où représente la quantité de chaleur échangée avec le milieu
extérieur. Ainsi, pour une transformation réversible isotherme réalisée à
pression constante, l'entropie du système va varier de
.

Si l'on considère qu'une transformation d'un état moins désordonné vers un


état plus désordonné doit s'effectuer spontanément, le critère serait
donc un nouveau critère de spontanéité d'une transformation à l'échelle
microscopique à la condition que la variation d'entropie considérée soit celle
de tout l'univers ...

Ainsi, les transformations augmentant le désordre, augmenteront l'entropie


du système, et elles devraient s'effectuer spontanément : dilution d'une
solution, expansion d'un gaz, vaporisation d'un liquide, dissolution d'un
cristal etc. Remarquant également qu'au zéro absolu, il n'existe plus qu'un
seul état possible pour tout corps pur (le solide cristallisé), il vient la relation
: S 0 K = 0 cela quel que soit le corps pur.

Contrairement à qui correspond à une variation d'enthalpie, l'entropie


standard sera répertoriée dans les tables en valeur absolue
. Le calcul de la variation d'entropie au cours d'une transformation
chimique s'effectuera par différence entre l'entropie de l'état final et
l'entropie de l'état initial. Notez que si le d'un corps simple est nul, ce
n'est pas le cas du du même corps simple.

IV.4.1. Variation de l’entropie avec la température

L'entropie d'un corps pur est une fonction croissante de la température ;


cette croissance est discontinue à chaque température correspondant à un
changement d'état physique du corps pur. Le symbole de cette grandeur
d'état est S.

La dérivée de l'entropie par rapport à la température est . Il


vient donc pour une mole de solide pur dans son état standard :

50
C‘e serait le cas si le composé i reste à l'état solide dans l'intervalle de
température de 0 à K. Si au contraire le composé passe à l'état liquide à
Tfus K et bout à

Alors il vient :

et

On a pu montrer que lors d'une transformation spontanée (irréversible)


l'entropie macroscopique de l'univers (ensemble système + milieu extérieur)
ne pouvait qu'augmenter :

IV.4.2. Energies libres


- Energie interne de Helmholz : F(T,V) = E – TS, cette fonction est
utile pour décrire les processus isothermes à volume
constant, pour lesquels dq = dE et
(dF)p,T = dE – TdS = dq – TdS ≤ 0
- Energie interne de Gibbs ou enthalpie libre : G(T, P) = H – TS,
cette fonction est utile pour décrire des processus isothermes à
pression constante, pour lesquels dq = dH
(dG)P,T = dH – TdS = dq – TdS ≤ 0

Pour une réaction chimique : ɅrG0 = (∑γiG0i)produit – (∑γiG0i)réactifs

ɅrG0 = ɅrH0 - T ɅrS0

IV.4.3. Expressions du travail W en fonction du type de processus

Le tableau ci-après est le résumé des expressions de travail effectué pour


chaque système considéré.

Processus thermodynamiques
Processus Quantité constante Relation entre variables

Isobare Pression

Isochore Volume
Isotherme Température

51
Adiabatique Chaleur

est le ratio des chaleurs spécifiques à pression constante et volume constant =

IV.4.3.1 Travail de compression effectué sur un gaz contenu dans un


cylindre

IV.4.3.2. Travail effectué dans un processus adiabatique

Le travail effectué par un gaz durant une compression adiabatique à


partir des conditions initiales (P) aux conditions finales (P , V ) est

2 2

donné par l‘expression : sachant que:

52
Module II

INTRODUCTION A LA CHIMIE ORGANIQUE

53
I. ORIGINE DE LA CHIMIE ORGANIQUE

En tant qu‘outil important pour nous permettre d‘accéder à la connaissance


du monde qui nous entoure, la chimie — l‘étude de la matière et des règles
qui régissent les changements qu'elle effectue — s‘est développée lentement
jusque vers la fin du XVIIIe siècle. À cette époque, en se basant sur ses études
du phénomène de la combustion, Antoine-Laurent de Lavoisier apporta
des indices que les compositions chimiques pouvaient être déterminées par
l‘identification et la mesure des quantités d‘eau, de dioxyde de carbone et
d‘autres matières produites lorsque les substances sont brûlées dans l‘air. À
cette époque, la science de la chimie comportait déjà deux grandes divisions:
l‘une traitant des substances obtenues des sources naturelles ou vivantes,
et l‘autre traitant des substances dérivées de la matière non vivante. Il
s‘agissait respectivement de la chimie organique et de la chimie
inorganique. Les études de la combustion ont rapidement établies que les
composés dérivés de sources naturelles comportaient toujours du carbone.
Ceci a amené une nouvelle définition de la chimie organique: l‘étude des
composés du carbone. Cette définition est encore utilisée aujourd‘hui.

Les domaines actuels de la chimie sont les suivants: chimie analytique,


biochimie, chimie inorganique, nucléaire, organique, physique, chimie
de polymères, chimie théorique.

Les molécules organiques constituent l‘essence même de la vie. Les


protéines, les acides nucléiques, les sucres et les graisses sont des
composés dont le constituant principal est le carbone. Les vêtements que
nous portons sont faits de polymères naturels (coton, soie) ou
synthétiques (polyesters). Les isolants électriques, les fiches dominos, etc.
sont des produits issus de la polymérisation. Les produits domestiques
d’usage courants, dentifrices, savons, shampooings, déodorants,
parfums sont tous des produits de l‘industrie chimique organique. On peut
y inclure aussi les peintures, plastiques, aliments, etc. Il ne faut pas
oublier aussi toute la panoplie de produits pharmaceutiques
(médicaments, vaccins, antibiotiques) et autres insecticides, fertilisants
et pesticides.

Les éléments constitutifs des molécules organiques sont, par ordre de


fréquence décroissant:
• les quatre éléments, C, H, O, N
• des non-métaux tels que Cl, Br, I, S, P, As, ...
• des métaux tels que Na, Li, Mg, Zn, Fe, Co, Cu, Cd, Pb, Sn, ...

II. STRUCTURE DES MOLECULES ORGANIQUES

54
Les composés organiques et minéraux et leurs réactions chimiques respectives
démontrent des particularités intéressantes. De plus, la position médiane du
carbone dans la classification périodique des éléments et dans l‘échelle des
électronégativités a pour conséquence que la chimie organique est
essentiellement une chimie de composés covalents possédant des liaisons peu
ou non polarisées.

Les Composés Organiques Les Composés Minéraux


Sont formés de liaisons covalentes, ou à Sont formés de liaisons ioniques, ou à
caractère covalent dominant caractère ioniques dominant
Sont rarement solubles dans l‘eau, et Sont souvent des électrolytes, solubles
encore plus rarement des électrolytes dans l‘eau
Ont souvent des points de fusion et Ont souvent des points de fusion et
d‘ébullition bas, beaucoup sont des d‘ébullition élevés, beaucoup sont des
liquides à la température ordinaire solides cristallisés à la température
ordinaire
Ont le plus souvent une masse volumique Ont des masses volumiques variables et sta
voisine de l‘unité souvent grandes (métaux)
Sont facilement décomposé par la chaleur; Ont généralement une grande
peu résistants à une température thermique (matériaux réfractaires)
supérieure à 500°C
Sont presque tous des combustibles Sont rarement combustibles

Les Réactions Organiques Les Réactions Minérales


Sont souvent lentes, réversibles Sont souvent rapides et totales
et incomplètes
Ont le plus souvent des effets thermiques Ont le plus souvent des effets thermiques
faibles (faible différence d‘énergie entre état forts (exothermiques ou endothermiques)
initial et état final)
THEORIE STRUCTURALE

Dans cette section, nous passerons en revue les concepts de base servant à
la formation des liaisons chimiques et à la représentation des diverses
structures chimiques. Nous n‘entrerons pas dans le détail de la mécanique
quantique sous-jacente, mais les principes de base seront toutefois énoncés.
Le but de cette section est de nous amener tous à nous entendre sur une
représentation systématique des molécules.

A. Polarité

Lorsqu‘une liaison chimique unit deux atomes identiques, les électrons qui
la constitue se retrouvent répartis au centre des deux atomes, à égale
distance des deux et également partagés entre eux.

55
Cependant, si ces deux atomes ne sont pas identiques, celui qui possède la
plus forte électronégativité attirera vers lui les électrons plus fortement. Le
nuage électronique ne sera plus symétrique et les charges électriques ne
seront plus situées au centre des deux atomes. On dit d‘une telle liaison
qu‘elle est polarisée, car elle agit comme si elle possédait un pôle positif et
un pôle négatif. On dit aussi qu‘elle possède des charges électriques partielles
positives et négatives.

H H

H Cl

La liaison ne sera plus 100% covalente, mais possédera un certain caractère


ionique. Toutefois, il faut se rappeler que même dans une liaison très polaire,
par exemple Na+ et F- qui est la plus polaire imaginable, les charges
partielles ne sont que ± 0,9.

B. Moment dipolaire

L‘état de polarisation d‘une liaison est caractérisée par la valeur des charges

δ+ et δ-, mais aussi par le sens et la valeur de son moment électrique, ou


moment dipolaire. Le moment dipolaire (u) est défini par la relation:
u=q*d
Où q est la charge absolue portée par chacun des atomes et d est la longueur
de la liaison. On exprime les unités de moment dipolaire de Debye (D), lorsque
q est exprimé en unités électroniques et d en nanomètres.

Le moment dipolaire est une quantité vectorielle, il possède un sens, une


direction et un module. On le représente par une flèche parallèle à la liaison,
orientée par convention du pôle + vers le pôle - (convention différente de celle
des physiciens). Une croix à l‘opposé de la pointe de la flèche rappelle cette
convention.

H Cl
Étant des quantités vectorielles, les moments dipolaires de toutes les liaisons
d‘une molécule s‘additionnent pour donner un moment dipolaire moléculaire
global. Il est ainsi possible que ce moment dipolaire résultant ne coïncide
avec aucune liaison. Il est aussi possible que la somme des moments
dipolaires soit nulle. Ainsi une molécule comme le CCl4, qui possède 4
liaisons ayant des moments dipolaires important ne possède aucun moment
dipolaire résultant à cause de sa symétrie. La molécule est alors dite non-
polaire, et ce bien que ses liaisons soient polarisées.

56
Ce moment dipolaire est une caractéristique importante des molécules.

III. ALCANES

Avec cette section nous entreprenons l‘étude des chaînes carbonées, base de
la structure de tous les autres composés organiques. Nous débutons aussi
l‘étude du système de nomenclature en chimie organique en vigueur tel qu‘il
a été adopté par l‘Union Internationale de Chimie Pure et Appliquée.

III.1 Chaînes carbonées

Les alcanes sont des hydrocarbures saturés (pas de liaisons multiples) qui
constituent la charpente des molécules plus complexes.

Ils sont représentés par la formule RH, ou R est un groupe alkyle.

Les chaînes hydrocarbonées forment le squelette des innombrables autres


composés organiques.

Les alcanes sont classés en divers types d‘après leur structure:


• les alcanes non branchés, i.e. présentant une chaîne linéaire de formule
générale CnH2n+2.
• les alcanes branchés ou ramifiés aussi de formule générale
CnH2n+2.
• les alcanes cycliques, ou cycloalcanes possédant une formule générale
CnH2n.
• les alcanes complexes possédant plusieurs cycles

La série de molécules qui répond à ces formules générales porte le nom de


série homologue (homos en grec signifie même que).

Avec un seul C, i.e. lorsque n=1, il n‘y a qu‘une seule molécule possible, le
méthane:
H

H CH H

Avec deux (2) C, il n‘y a encore qu‘une seule forme possible, l‘éthane, car les
atomes de carbone ne peuvent être reliés entre eux à l‘aide des atomes
d‘hydrogène qui ne peuvent avoir qu‘une seule liaison:

57
H H
HCCH
H H
Il en est de même avec trois (3) C, le propane:
H H H
H C C C H
H H H
Si l‘on compare ces trois formules, il appert que l‘on passe de l‘une à l‘autre
(d’un terme de la série au suivant), en remplaçant un H par un groupe
méthyle:
H
C H

H
Il faut se rappeler ici que les deux représentations suivantes sont équivalentes:
HH H H HH C C C HH H H
H
car l‘enchaînement est le même: un C portant 2 H H C C H
entre
deux C portant chacun 3 H. Il n‘existe donc qu‘une H H C H seule
formule développée pour les molécules CH4, C2H6, et
C3H8.

Lorsque les molécules se compliquent, elles deviennent plus encombrantes et


difficile à lire. On utilise donc le plus souvent des formules semi développées:
Méthane ........................................ CH 4
Éthane........................................... H 3C—CH3 Propane
........................................ H3C—CH2—CH3

Pour continuer la série et remplacer un H par un CH3, il existe maintenant


deux (2) possibilités distinctes et non équivalentes qui diffèrent par le mode
d‘enchaînement des atomes et non seulement la façon plane de les écrire:
H

H3C CH2CH2CH3 H3C C CH3


butane CH3
2-méthylpropane

On appelle deux composés comme le butane et le 2-méthylpropane qui


possèdent la même formule brute, C4H10, et qui diffèrent par l‘arrangement
spatial des atomes des isomères.

Si nous passons aux termes suivants de la série, on trouve trois formules


réellement différentes pour les pentanes:
CH3CH2CH2CH2CH3 pentane
CH3CHCH2CH3

primaires tertiaire

58
CH 3

H 3C C CH CH 2 CH

3
quaternaire CH3 CH3 secondaire

Pour bien différencier toutes ces molécules, il est donc bien important de bien
posséder les règles de nomenclature.

III.2 Nomenclature UICPA

III.2.1. Principes, règles et critères en nomenclature substitutive

Une molécule organique est constituée d‘un squelette et de groupes


fonctionnels. Transposés en termes de nomenclature substitutive, le squelette
devient un hydrure parental et les groupes fonctionnels des groupes
caractéristiques. Un hydrure parental est à la base de tous les noms
substitutifs; les groupes caractéristiques sont cités par des préfixes ou des
suffixes, selon le schéma qui suit:

préfixes hydrure parental suffixes

Un examen plus approfondi des préfixes et des suffixes montre qu‘il y a en fait
deux types de préfixes et deux types de suffixes. Les préfixes se divisent en
préfixes séparables et en préfixes non séparables.
• Les préfixes séparables correspondent aux groupes caractéristiques. Ils
sont cités les premiers dans un nom et toujours dans l’ordre
alphabétique: chlorométhane.
• Les préfixes non séparables jouent un rôle spécifique, en ce qu‘ils
modifient d‘une manière permanente les hydrures parentaux de base.
Ainsi, dans le nom ―cyclohexane‖ , le préfixe cyclo est associé une fois
pour toute à l‘hydrure parental de base hexane, pour nommer une
nouvelle entité cyclique qui est un hydrure parental en soi. On aura ainsi
―chlorocyclohexane‖ ,
―méthylcyclohexane‖ .

Les suffixes se divisent en suffixes exclusifs et en suffixes cumulatifs. • Les


suffixes exclusifs correspondent aux groupes caractéristiques. Ils sont
exclusifs en ce qu‘un seul suffixe est utilisé, à l‘exclusion de tous les autres.

59
Le choix d‘un suffixe se fait selon une liste de priorité. Ainsi, un acide
carboxylique a priorité sur un alcool, une cétone sur une amine. Lorsque
plusieurs groupes caractéristiques représentant des fonctions diverses sont
présents, un seul est cité en tant que suffixes, les autres devenant des
préfixes.
• Les suffixes cumulatifs correspondent aux radicaux, cations, anions,
zwittérions. Une entité chimique, à la fois radicalaire et anionique, sera
nommée en utilisant les suffixes appropriés à la partie radicalaire et à la
partie anionique et en les citant ensemble, selon un ordre donné, à la fin
du nom complet.

Le schéma devient ainsi:


préfixes préfixes non hydrure suffixes Suffixes
séparables séparables parental exclusifs cumulatifs

Un autre aspect doit retenir notre attention. C‘est celui de la variation du degré
de saturation-insaturation d‘un composé organique, et la façon de traduire
cette variation dans un nom. La variation du degré de saturation-insaturation
se fait, en termes de nomenclature, en modifiant le nom de l‘hydrure parental.

Les hydrures parentaux se divisent en deux catégories: ceux qui sont saturés
et ceux qui sont insaturés. Si le degré de saturation est facile à déterminer (il
correspond au maximum d‘atomes d‘hydrogène compatible avec la valence des
atomes intéressés) le degré d‘insaturation, qui peut être fort variable, est
défini, par convention, comme celui qui correspond au maximum de doubles
liaisons non cumulées. On exprime cette réalité par l‘acronyme MADONC
(MAximum de DOubles liaisons Non Cumulées). Le benzène et le naphtalène
sont des composés de type MADONC et sont utilisés comme tels comme
hydrures parentaux.

La variation du degré de saturation-insaturation s‘exprime:


• au départ des hydrures parentaux saturés que sont les alcanes par le
changement de désinence -ane en -ène ou -yne: butane, but-1ène, but-
1-yne

De la même manière, on modifie les cycloalcanes en cycloalcènes


et cycloalcynes.
• au départ des composés de type MADONC, en utilisant des préfixes non
séparables hydro et déhydro, avec les préfixes multiplicatifs di-, tétra-,
etc.:1,2-dihydronaphtalène Notons que le benzène fait exception à ce
mode.

60
Préfixes préfixes hydrure ane suffixes suffixes
séparables nonséparables parental ène exclusifs cumulatifs
(cyclo, déhydro, yne (radicaux,
hydro) cations,
anions)

Finalement, notons que la confection d‘un nom substitutif est un processus


qui se fait par étapes. Chaque étape a son importance, ses règles, ses critères.
Il faut franchir ces étapes dans un ordre déterminé de manière à éviter les
erreurs, pour aboutir à un nom univoque. Ces étapes sont:
i) la sélection de l‘hydrure parental, chaîne ou anneau; elle se fait selon
des critères de sélection précis, allant du plus simple (par exemple, la
chaîne la plus longue dans le cas d‘un alcane ramifié) au plus complexe
(les préfixes non-séparables font partie du nom de l‘hydrocarbure
parental, tétrahydrofurane);
ii) la détermination du degré de saturation-insaturation, selon les deux
modes établis;
iii) la détermination des chaînes latérales, groupes caractéristiques,
substituants rattachés à l‘hydrure parental, en particulier du groupe
caractéristique principal qui sera désigné par un suffixe (cet ordre des
substituants a été établi dans les années 1920
selon l‘abondance des fonctions que l‘on observait dans ce tempslà);
iv) numérotage de l‘hydrure parental en appliquant la règle des plus petits
indices (i.e. les plus petits indices en ordre croissant) et détermination
des indices de position de chaque substituant, selon les règles de
l‘UICPA (Il est à noter que l‘on ne fait pas la somme pour obtenir le plus
petit total, mais bien les plus petits possibles. Cette ―somme‖ était une
conception fausse et sans fondement...);
v) confection d‘un nom final, en assemblant le nom de l‘hydrure parental
et ceux des préfixes et suffixes, puis en écrivant un nom complet - en
français! (ce qui n‘est pas de la chimie) -, puis en ajoutant les préfixes
multiplicatifs sans modifier l‘ordre orthographique établi précédemment
et finalement en ajoutant les indices de position appropriés, les
stéréodescripteurs et les modificateurs isotopiques, s‘il y a lieu (devant
les noms auxquels ils sont associés).

Notes

Il existe certains noms conservés, tel iso-propane, néo-pentane, mais on ne les


utilise jamais comme hydrure parental.

Il reste dans la nomenclature 153 noms triviaux de base (furane, naphtalène,


etc.), ce qui est moins que le nombre d‘os dans le corps humain, pour nommer
les 14 millions de composés existants.

61
Exemple
5-éthyl-3,4-diméthyloctane
1,1,2,6-tétraméthylcyclohexane
2-cyclobutyl-5-cyclohexylhexane
Suffixes et préfixes utilisés pour quelques groupes caractéristiques en
nomenclature de substitution selon les priorités attribuées aux différentes
classes. Le symbole -(C) repris dans le tableau ci-après, indique que l‘atome
de carbone appartient à l‘hydrure parental:

6 1

Tableau III.1 : Groupements fonctionnels


Classes de Formules Suffixes Préfixes
composés

Acides -(C)OOH Acide-oïque ———


carboxyliques -COOH acide carboxy-
Rcarboxylique

Halogénures -COCl ——— chlorocarbonyl-


d‘acides
Esters -COOR ——— R-oxycarbonyl-

Amides -CONH2 -carboxamide carbamoyl-


aminocarbonyl-
-(C)ONH2 -amide ———
Nitriles -CN -(C)N -carbonitrile cyano-
-nitrile ———

Aldéhydes -CHO - C)HO -carbaldéhyde formyl- oxo-


-al
Cétones =O -one oxo-

Alcools, phénols -OH -ol hydroxy-

Thiol -SH -thiol sulfanyl- thio- (avec


les acides
carboxyliques)

Hydroperoxydes -OOH ——— hydroperoxy-


Amines -NH2 -amine amino-

62
Imines =NH -imine imino-
Éthers -OR ——— R-oxy-
Sulfures -SR ——— R-sulfanyle-
Peroxydes -OOR ——— R-peroxy-

Tableau 6.2 : Groupes substituants toujours désignés par des préfixes


Groupes Préfixes Groupes Préfixes
-Br bromo- -Cl chloro-

-ClO chlorosyle- -ClO2 chloryle-

-ClO3 perchloryle- -F fluoro-


-I iodo- -IO iodosyle-

-IO2 iodyle- =N2 diazo-


-N3 azido- -NO nitroso-
-NO2 nitro- -OR R-oxy-
-SR R-sulfanyle-

III.4.3. Hydrocarbures cycliques

Les cycloalcanes sont des alcanes dont une des chaînes est refermée sur elle-
même pour former un cycle. Il existe selon une très grande diversité:

cyclohexane spiro [2.2] bicyclo [2.2.1] adamantane


pentane heptane (norbornane)

Le nombre minimal d‘atomes de carbones nécessaires pour former un cycle


est évidemment de trois (3). Toutefois, il n‘existe aucune limite supérieure au
nombre d‘atomes dans un cycle.

III.4.3.1. Cyclohexane

Le cyclohexane présente un intérêt particulier. En effet, l‘anneau cyclohexane


est l‘une des entités structurales les plus abondantes et les plus importantes
en chimie organique. On en retrouve ses dérivés substitués dans un bon
nombre de molécules naturelles et, par ailleurs, la compréhension de sa
mobilité conformationnelle constitue un aspect important de la chimie
organique.

63
En effet, si on le représente pas la configuration plane hypothétique on mesure
un angle C— C—C de 120°:
120 °

En fait il n‘en est rien. Rappelez-vous que cette représentation est inexacte car
vous tentez de représenter en 2D ce qui est une molécule 3D. La molécule de
cyclohexane peut au contraire prendre deux formes particulières que l‘on
nomme forme chaise et forme bateau. Les deux formes sont obtenues en
déplaçant les carbones 1 et 4 hors du plan de la coplanéité. Dans le premier
cas, en directions opposées, dans le second, du même côté. Il en résulte que
la forme chaise se trouve quasiment libre de toute tension.

IV. GROUPEMENTS FONCTIONNELS A LIAISON SIMPLE

Nous abordons dans ce chapitre une foule de classes de composés aux


structures et propriétés variées. Il faut bien se rappeler que ce sont les
groupements fonctionnels qui détermineront une bonne partie des propriétés
et même des structures des diverses classes de composés.

Autant l‘étude des alcanes nous a renseigné sur le squelette des molécules
organiques et leurs points communs, autant le présent chapitre nous
renseignera sur leurs différences.

IV.1 Dérivés halogénés, les halogénoalcanes

Aussi appelés halogénures, ces composés résultent du remplacement d‘un


atome d‘hydrogène par un ou plusieurs halogènes, principalement Cl, Br, I, et
plus rarement F.

Nous parlerons principalement ici des dérivés monohalogénés, RX.

Les halogénures seront toujours nommés comme préfixes des hydrures


parentaux.

IV.2 Alcools, éthers et thiols

Les alcools sont des composés dans lesquels un groupement hydroxyle est lié
à un carbone saturé. Leur formule est R—OH.

64
On distingue 3 classes d‘alcools en fonction du degré de substitution du
carbone qui porte la fonction:
Alcool primaire Alcool secondaire Alcool
tertiaire
R—CH2OH RR’CHOH RR’R’’COH

Les alcools seront nommés en changeant la désinence -e des alcanes par la désinence
-ol. Toutefois, en présence d‘un groupement fonctionnel plus important, ils seront
nommés comme préfixes des hydrures parentaux en tant que groupement hydroxy.

IV.2.1 Structure et propriétés physiques


Aucun alcool n‘est gazeux à la température de la pièce. Les alcools acycliques
sont liquides jusqu‘en C12, et solides au-delà C12.

Les points d‘ébullition des alcools sont beaucoup plus élevés que ceux des
hydrocarbures correspondants, et de presque tous les autres composés
fonctionnels portant le même nombre d‘atomes de carbone.

Ce n‘est pas seulement du à l‘augmentation du poids moléculaire. Par


exemple, prenons les points d‘ébullition suivants:
CH3—CH3 .................................... - 88,5 °C
CH3—O—CH3 ............................. - 24,0 °C
CH3—CH2—OH .......................... +
78,3 °C

On peut voir que le point d‘ébullition grimpe énormément. Cela est dû à


l‘existence de liaisons intermoléculaires que l‘on appelle liaisons hydrogène.
Elles résultent de la forte polarisation de la liaison O—H qui entraîne la
présence de charges partielles sur O (δ—) et H (δ+).
R R R

O O O
H H H H H H
O O O

R R R

C‘est cette attraction supplémentaire qu‘il faut vaincre pour faire évaporer les
molécules. Bien que beaucoup moins forte qu‘une liaison covalente, la liaison
hydrogène représente quand même une importante barrière énergétique à
franchir. La liaison hydrogène est présente partout où l‘on rencontre une
fonction —OH ou —NH. Elle résulte toujours en une augmentation de
l‘attraction des molécules.

Étant donné que les chaînes hydrocarbonées sont par nature hydrophobes
(hydro, grec, eau; phobos, grec, peur), celles-ci ne se dissolvent pas dans l‘eau.

65
Par contre, la présence d‘un groupement alcool capable de faire des liaisons
hydrogènes rend la molécule hydrophile. La solubilité dans l’eau des alcools
dépendra donc de la balance hydrophobe-hydrophile des molécules.

Les alcools sont toxiques. L‘absorption de méthanol peut provoquer la


cécité. L’éthanol possède des propriétés de vasodilatation importantes, de
même qu‘il inhibe l‘action de certains neurotransmetteurs.

IV.2.2 Éthers

Les éthers sont caractérisés par l‘enchaînement fonctionnel suivant:


R—O—R’

Du point de vue de la nomenclature, les éthers sont généralement des


alkyloxyalcanes, les quatre premiers termes faisant toujours exception.
Ainsi, on rencontre les groupes suivants:
méthoxy .................................... -
OCH3
éthoxy ....................................... OCH2CH3
propoxy ....................................
OCH2CH2CH3 butoxy
..................................... -
OCH2CH2CH2CH3 pentyloxy, hexyloxy, ...

Ainsi, la molécule CH3CH2-O-CH3 s‘appellera-t-elle le méthoxyéthane, et la


molécule CH3O-CH2CH2-O-CH3 le 1,2-diméthoxyéthane. Les préfixes di,
tri, etc. sont utilisés lorsque les groupes sont contractés simples. Lorsque
ces groupes sont non contractés et complexes, on utilise les préfixes bis,
tris, etc.

Il faut toutefois se rappeler que l’on n’utilise jamais le terme éther dans
la nomenclature de ceux-ci. On utilise aussi parfois le terme
―oxyde‖ : méthoxyéthane ou CH3-O-CH2CH3 oxyde d’éthyle et de méthyle

En ce qui concerne leurs propriétés physiques, l’absence de possibilités de


liaisons hydrogène entraîne de fortes diminutions des points d‘ébullition et
de leur solubilité dans l‘eau en comparaison avec les alcools dont ils sont les
isomères.

Ils sont chimiquement très peu réactifs et, pour cette raison, sont souvent
employés comme solvants.

66
La présence des 2 doublets libres rend toutefois les éthers apte à former des
liaisons de coordinence avec les molécules ayant des orbitales vides (BF3,
organomagnésiens), ou soit avec des cations (éther couronnes). La figure
suivante montre la structure d‘un polyéther couronne fréquemment utilisé,
l’éther-18-couronne-6. Les éthers couronnes montrent la remarquable
aptitude à lier fortement les cations métalliques, les solubilisant ainsi dans
les solvants organiques en les isolants de la phase organique mais aussi en
les rendant en même temps accessibles. Le gabarit de la cavité peut être
façonné pour permettre la séquestration spécifique et sélective de certains
cations.
O O

O O O O
+
K +
K

O O O O

O O

IV.2.3 Thiols et thioéthers

Les thiols, (theion, grec, soufre natif) encore appelés mercaptans, et les
thioéthers sont respectivement analogues des alcools et des éthers.
Ici, un atome de soufre remplace l‘atome d‘oxygène.
R—SH (thiol) R—S—R’ (thioéther)

On nomme les thiols en ajoutant le suffixe thiol après le nom, ou en utilisant


le préfixe sulfanyl ou thio lorsque ce substituant n‘est pas le plus important:
méthanethiol ............................ CH3SH éthane-1,2-dithiol
.................... HSCH2CH2SH
2-thioéthan-1-ol .......................
HSCH2CH2OH Dans le cas des thioéthers, on utilise le
terme sulfure:
CH3-S-CH2CH3 ....................... sulfure d’éthyle et de
méthyle
Les thiols sont surtout reconnus pour leur odeur très nauséabonde. Ils
peuvent être détectés à des teneurs aussi faibles que 0,02 ppb. Parmi les plus
notoires, citons le H2S et les composés naturels qui comme l’allicine donne
l‘odeur alliacée de l‘ail fraîchement coupé1:
O
S
S

IV.2.4 Amines

67
Les amines sont des composés dans lesquels un atome d’azote est
directement lié à un ou plusieurs atomes de carbone. Elles peuvent être
considérées comme des dérivés de l‘ammoniac, NH3 résultant de la
substitution progressive des trois atomes d‘hydrogène par des groupes
hydrocarbonés. Il existe donc 3 classes d’amines (primaire, secondaire et
tertiaire) :

N: N: N: N: +R4
HH HH R 2H R 2R 3 R2 RN:3
H R1 R1 R1 R1
ammoniac amine amine amine amine
primaire secondaire tertiaire
quaternaire
aussi appelé sel
d'ammonium

R1, R2 et R3 peuvent être identiques ou différents. Il est à remarquer ici que la


convention primaire, secondaire et tertiaire des amines est différente de
celle des alcools. Nous nous référons ici au degré de substitution de l‘azote
et non pas à celui du carbone. Par exemple,
CH3—CH(NH2)—CH3 est une amine primaire de forme R—NH2, alors que
CH3—
CH(OH)—CH3 est un alcool secondaire. Le véritable analogue structural
oxygéné d‘une amine secondaire serait un éther.

À bien des égards, la chimie des amines est analogue à celle des alcools et des
éthers. Ainsi, par exemple, toutes les amines sont basiques, encore que les
amines primaires et secondaires peuvent aussi jouer le rôle d‘acides.
Toutefois, parce que l‘électronégativité de l‘azote est moindre que celle de
l‘oxygène, nous observerons certaines différences. De fait, les amines
forment des liaisons hydrogène plus faible que les alcools.

IV.3 Nomenclature des amines

La nomenclature des amines est compliquée. La façon la plus simple est de


nommer les amines comme des alcanamines.
méthylamine.................................
CH3NH2
diéthylamine ................................. (CH3CH2)2NH
tributylamine ................................ (CH3CH2CH2CH2)3N
éthyl(méthyl)propylamine ...........
(CH3CH2CH2)N(CH3)(CH2CH3)

L‘UICPA recommande d‘utiliser le suffixe-amine tout comme les suffixes ol


et one. De plus, lorsque l‘amine n‘est pas le substituant principal, on

68
utilisera le préfixe amino. La question de cette méthode est qu‘il faut
déterminer la chaîne principale. De plus, pour passer d‘une amine primaire
à une amine secondaire ou tertiaire, il faut substituer l‘atome d‘azote. Cette
méthode est particulièrement utile pour les polyamines. éthanamine
.......................................................
CH3CH2NH2
N-méthyléthanamine .......................................
CH3CH2NHCH3
N,N-diméthyléthanamine ................................
CH3CH2N(CH3)2

V. HYDROCARBURES INSATURES

Dans ce chapitre, nous étudions l‘influence des liaisons insaturées sur la


structure et les propriétés des molécules organiques.

V.1. Alcènes

La double liaison carbone-carbone est le groupe fonctionnel des alcènes.


Anciennement, cette classe de composés était appelée oléfines (oleum, latin
huile; facere, latin, faire). Ce nom apparut parce que de nombreux alcènes
donnent naissances à des huiles lors des réactions d‘addition sur les doubles
liaisons.

On les appelle également hydrocarbures éthyléniques, du nom du premier


terme de la série, l‘éthylène : H2C=CH2

Les liaisons doubles C=C sont très fréquentes dans les composés naturels. La
réactivité de cette double liaison est caractéristique de tous les alcènes.

Les alcènes de 4 carbones et moins sont gazeux. Pour les autres, le point de
fusion et d‘ébullition augmente avec le poids moléculaire. Toutefois, à nombre
égal d‘atomes de carbone, les alcènes possèdent un point d‘ébullition plus bas
que les alcanes parce qu‘ils sont plus ramifiés (moins d‘interactions de van
der Waals).

Les alcènes sont insolubles dans l‘eau, mais solubles dans les hydrocarbures.
Les alcènes possèdent la même formule brute que les cycloalcanes: CnH2n.

V.1.1. Nomenclature

69
La nomenclature des alcènes s‘effectue en changeant la suffixe-ane en ène.
De plus, à partir de C4, un indice de position est requis pour caractériser la
position de la double liaison. On utilise l‘indice de position le plus petit des
deux carbones impliqués dans la double liaison.
Combien d‘isomères possibles du butène existe-t-il? On peut facilement
imaginer:
but-1-ène ..................................
CH3CH2CH=CH2 but-2-ène
.................................. CH3CH=CHCH3
2-méthylpropène ..................... (CH3)2C=CH2

Toutefois, expérimentalement on découvre qu‘il existe 4 isomères possédant


des propriétés différentes. Pourquoi? Parce que la double liaison implique que
les 6 atomes impliqués sont coplanaires. Ainsi, le but-2-ène peut se présenter
sous la forme de deux isomères géométriques différents, deux
diastéréoisomères (on peut envisager la double liaison comme un cycle à deux
atomes):
HCH3 HH
C C CC

H3 C CH3 H3C H

De plus, à cause de la rigidité de la double liaison qui empêche la rotation


libre sur l‘axe carbone-carbone, les substituants sur les carbones impliqués
dans la double liaison peuvent se retrouver dans la configuration cis ou trans.
Étant donné qu‘il est difficile d‘attribuer de façon non ambiguë les
conformations cis et trans lorsque les atomes de carbones de la double liaison
ne portent pas d‘hydrogène, on utilise le système E, Z du l‘UICPA.
Ainsi, nommez les molécules suivantes (le problème est de savoir quels
groupements considérer en cis et trans):
DD FOCH3
CC C C

H3C H H3C CH2CH3


(E)-1,2-dideutéropropène (Z)-2-fluoro-3-méthoxypent-2-
ène

Notons aussi qu‘il existe 6 alcènes de formule C5H10, alors qu‘il n‘existe que
3 alcanes de formule C5H12. Il existera toujours un plus grand nombre
d’isomères pour les alcènes que pour les alcanes correspondants de
même nombre d’atomes de carbone.

V.2. Alcynes Les alcynes portent une triple liaison carbone-carbone et


possèdent la formule générale: CnH2n-2. On les appelle souvent des

70
hydrocarbures acétyléniques, du nom du premier terme de la série,
l’acétylène, HC CH.
On distingue :
• les alcynes monosubstitués, ou alcynes vrais: R—C+CH, et
• les alcynes disubstitués: R—C C—R

V.2.1. Nomenclature

La nomenclature des alcynes s‘effectue en changeant la désinence -ane en -


yne. De plus, à partir de C4, un indice de position est requis pour
caractériser la position de la triple liaison. On utilise l‘indice de position le
plus petit des deux carbones impliqués dans la triple liaison. Cette
nomenclature est donc similaire à celle des alcènes.

V.3. COMPOSES CARBONYLES: LE GROUPEMENT C=O

Après avoir vu amplement la liaison π carbone-carbone, tournons-nous


maintenant vers la liaison π carbone-oxygène. Nous aborderons d‘abord les
aldéhydes et les cétones, puis les acides carboxyliques et leurs dérivés.
Le groupement carbonyle est sans conteste un des plus importants en chimie
organique.

V.3.1 Aldéhydes et cétones

Les fonctions aldéhyde et cétone ont le même groupe fonctionnel >C=O,


appelé le groupe carbonyle. Ils ne diffèrent que par le nombre de groupes
alkyles ou aryles qui l‘entourent, ou encore par le degré de substitution du
carbone fonctionnel.
HR2
C C
O O
R1 R1
Aldéhyde Cétone
Les aldéhydes et cétones sont des composés carbonylés, et présentent
beaucoup d’analogies, mais la tradition a cependant maintenu cette
distinction de deux fonctions distinctes.

On représente souvent les aldéhydes par RCHO. Il faut faire attention


cependant de ne pas écrire RCOH, qui suggère un groupement alcool. De
même, les cétones sont représentés par R—CO—R’ ou RCOR’. Il faut garder
à l‘esprit qu‘il ne s’agit pas d’un enchaînement R—C—O— R’, qui est un
éther.
Les aldéhydes et les cétones peuvent être considérés comme des dérivés
oxydés des alcools.

71
Comme les alcools, l‘oxygène carbonylique porte 2 doublets libres, ce qui
explique le caractère légèrement basique des groupes carbonyles.

V.3.1.1. Nomenclature des aldéhydes et cétones

On nomme les aldéhydes et les cétones en changeant le —e du nom de


l‘hydrure parental par
—al et —one respectivement. Lorsqu‘en présence d‘un groupement plus
important, ces deux groupes fonctionnels utilisent le préfixe oxo.
Lorsque l‘on rencontre des polyaldéhydes, on utilise le suffixe —
carbaldéhyde. Lorsque le groupe CHO n‘est pas porté par la chaîne principale,
on utilise le préfixe formyle.

Étant donné qu‘un aldéhyde est toujours en bout de chaîne, il ne nécessite


pas d‘indice de position, même lorsque l‘on parle de dialdéhyde. Il est à noter
que le carbone d‘un groupement aldéhyde est le numéro 1, ce qui fixe
automatiquement la numérotation de la chaîne.

Une cétone nécessitera toujours la présence d‘un indice de position. Enfin,


notons qu‘on dit un aldéhyde et une cétone.

V.3.2. Acides carboxyliques

Les acides carboxyliques ont comme formule générale O


C
(R ou Ar)
OH
O
C

Et doivent leur nom au groupe carboxyle : O H On


les représente souvent par RCOOH ou RCO2H.

À cause de leurs doublets libres, les oxygènes sont basiques, alors que
l’hydrogène carboxylique est très acide. Le carbone porte une polarisation
positive, et est considéré comme un électrophile.

V.3.2.1. Nomenclature des acides carboxyliques

Tout comme les aldéhydes, les acides carboxyliques sont nommés d‘après la
nomenclature de substitution. On remplace le —e de l‘hydrure parental par le
suffixe —oïque et on fait précéder le nom par le mot acide.

72
Étant donné qu‘un acide carboxylique est toujours en bout de chaîne, il ne
nécessite pas d‘indice de position, même lorsque l‘on parle de diacide. Il est
à noter que le carbone d’un groupement COOH est le numéro 1, ce qui
fixe automatiquement la numérotation de la chaîne.

Lorsque l‘on rencontre des polyacides, on utilise le suffixe — carboxylique.


Lorsque le groupe COOH n‘est pas porté par la chaîne principale, on utilise le
préfixe carboxy.

Il fut un temps où presque tous les acides gras (aliphatiques) portaient des
noms triviaux. On les appelait acides gras car, au début, ils étaient isolés des
sources naturelles, les graisses.

Aujourd‘hui, officiellement, il en reste six dans la série des acides saturés: les
acides formique, acétique, propionique, butyrique, palmitique et
stéarique. De plus, une différence majeure existe entre ces noms: un seul,
l’acide acétique, peut être utilisé comme hydrure parental fonctionnalisé,
c‘est-à-dire peut engendrer des noms substitutifs comme par exemple ―acide
chloroacétique‖ . Les cinq autres noms ne peuvent être utilisés que pour
nommer l‘acide luimême, non substitué : ainsi, le nom de la molécule suivante
; Cl-CH2-CH2-COOH
sera acide 3-chloropropanoïque et non ―acide 3-chloropropionique‖ ,
encore moins ―acide β-chloropropionique‖ .

L‘anion formé par le départ du proton acide porte le nom d’anion carboxylate,
RCOO-. Le nom est formé en remplaçant le suffixe — oïque par —ate et en
retirant le mot acide.
O cyclohexanecarboxylate de sodium
O — Na+

Enfin, il est intéressant de noter les noms et sources naturelles des acides
carboxyliques contenant de 1 à 6 atomes de carbone. Ces noms triviaux
provenaient de leur source d‘extraction, et non pas de leur structure.

VI. Dérivés des acides carboxyliques

On considère comme dérivant des acides les fonctions suivantes: Ici, R et R2


peuvent être identiques ou différents. Ils peuvent aussi être remplacés par des
groupes aryles, Ar.

Les quatre premiers dérivés contiennent tous la structure R—CO—Z, ou Z est


ou contient un atome fortement électronégatif et porteur d‘au C
moins un doublet libre. C
C C
R2

73
C
RRRR R O O O O C X OOHN
ONH

R2 anhydride d'acide
halogénure d'acide Ester amide nitrile

VII. Halogénures d’acides


On les appelle aussi des halogénures d’acyle ou halogénures d’alcanoyle. Ils
servent principalement d‘intermédiaires dans diverses réactions de synthèse. Leur
formule générale est la suivante :
R
CO
X
Ils proviennent du remplacement de groupe —OH de la fonction carboxylique par un
halogène, le plus souvent le chlore. On forme les noms en utilisant le nom du groupe
acyle et en le faisant précéder de celui de l‘halogénure approprié. On change la
terminaison —ique en — yle ou —oïque en —oyle.

Exemple : CH3COCl….. : chlorure d’acétyle

Ils présentent de fortes interactions dipolaires, et en conséquence possèdent des


points d‘ébullition plus élevés que les alcanes correspondants. Ils servent surtout à la
protection de certaines fonctions lors de synthèses. Ils possèdent une odeur irritante
et sont souvent utilisés comme gaz lacrymogènes.

Parmi les gaz de combat, le dichlorure de l’acide carbonique ou phosgène, COCl2,


fut responsable d‘un grand nombre de morts durant la première guerre mondiale. Son
action toxique est due à son hydrolyse dans les poumons qui libère de l‘acide
chlorhydrique. Le CCl4, qui est un des rares solvants organiques à pouvoir être employé
dans les extincteurs, génère quand même un peu de phosgène à température élevée. Il
en est de même avec le chloroforme. Le phosgène est un gaz mortel.

VIII Anhydrides d’acides


On les appelle aussi tout simplement des anhydrides. Ils proviennent de la
déshydratation intermoléculaire de deux molécules d‘acide:

O O O O
C
O H
+ H O
C C C
+ H2O
RR R O R

74
On les nomme en remplaçant le mot acide par le mot anhydride dans le nom d‘un
acide carboxylique. Lorsque l‘anhydride est substitué, on utilise le préfixe ―bis‖ . On
s‘en sert principalement pour effectuer les synthèses d‘esters.
On connaît des anhydrides symétriques et mixtes: les premiers sont de loin les plus
importants. Le plus connu est sans doute l‘anhydride acétique:
O O
C C
H3C O CH3
Les anhydrides cycliques sont très facilement formés à partir d‘acide dicarboxyliques,
donnant ainsi des cycles à 5 ou 6 maillons:
O O O

O O O
O O O
anhydride succinique anhydride maléique anhydride glutarique

75
IX. Esters et lactones

On les rencontre principalement dans les réactions d‘hydrolyse et de saponification de divers


produits naturels.

La réaction est catalysée par les acides forts comme H2SO4 et est réversible. On aboutit
toujours à un Rappelons ici que les alcools réagissent avec les acides carboxyliques pour
former des esters. Cet état final ou les 4 produits cohabitent. Dans cet équilibre, c‘est le
groupement — OH de l’acide qui part avec le H de l’alcool.
O O
R C
C
R + R' OH + H2O
OH O R'

On a longtemps cru que l‘estérification était une neutralisation. C‘est pourquoi on nomme les
esters comme s‘ils étaient des sels d’alkyle. On change la terminaison —ique en —ate ou —
oïque en —oate.
O
C C
O O
O
CH3CH3CH2
CH2CH3CH3
acétate d'éthyle propionate de méthyle

Lorsqu‘ils sont considérés comme substituants, nous utilisons le préfixe de forme


Roxycarbonyl-. Toutefois, certains noms ont la vie dure et vont continuer à être utilisés tel
que :
O O
C CH3R C
ORCH3 O
acétoxy-
carbométhoxyacétoxycarbonyl-

X. Amides, lactames et imides

Les amides proviennent de la réaction d‘un acide carboxylique avec l‘ammoniac ou une amine
avec élimination d‘une molécule d‘eau. Cette réaction est réversible. On rencontre 3 types
d‘amides, selon du degré de substitution de l‘azote dont :
O O O
C C C
R1R1R1
N N N
HR2R2

H H R3
amide primaire amide secondaire amide tertiaire ou
ou N-substituée N,N-disubstituée
Les amides primaires sont solides, à l‘exception de la formamide (Fu 2.5°C). Les amides
primaires et secondaires sont fortement associées par liaisons hydrogène intermoléculaires.
La diméthylformamide, HCON(CH3)2, est très polaire et constitue un excellent solvant des
composés organiques et minéraux, tout en étant aprotique.
7 5

Du point de vue de la nomenclature, on nomme les amides à l‘image des acides carboxyliques.
On change la terminaison ique en amide. Alternativement, on utilise le suffixe amide au nom
de l‘hydrure parental avec l‘élision du e final. Lorsque l‘emploi d‘un préfixe est nécessaire, le
terme carbamoyle est utilisé.

XI. Nitriles et analogues

Le premier terme de la série des nitriles, le cyanure d’hydrogène, H— C N (improprement


appelé acide cyanhydrique) possède un caractère acide qui le différencie nettement des autres
termes de la série. Ici, le carbone et l‘azote sont tous deux hybridés en sp et le doublet libre
de l‘azote occupe une de ces deux orbitales sp. La structure électronique est semblable à celle
de l‘éthyle.

On nomme les nitriles comme les amides: en remplaçant la terminaison ique par nitrile ou
en utilisant simplement le suffixe nitrile. Lorsque l‘emploi d‘un préfixe est nécessaire, le
terme cyano est utilisé. acétonitrile ............................... CH3CN

Les nitriles possèdent un moment dipolaire élevé; leur point d‘ébullition est légèrement plus
élevé que les alcools de masse moléculaire comparable. On se sert principalement des nitriles
pour effectuer les synthèses.

Les groupes suivants sont des analogues des cyanures: socyanure.... —N


C: cyanat —O-C N isocyanate .... —N=C=O fulminate ....
—O—N=C
carbodiimide . —N=C=N—

XII. Aromaticité: Le benzène et ses dérivés

Dans ce chapitre nous aborderons les molécules aromatiques et leurs


H dérivés. Les arènes sont les hydrocarbures dont
la H C H forme dérive de celle du benzène :
C C
C C
H C H ou ou
H

77
C‘est Friedrich August Kekulé qui suggéra en 1865 la structure la plus probable du benzène,
un composé de formule C6H6 obtenu par pyrolyse de l‘huile de baleine en 1825 par Michael
Faraday. C‘est un produit hautement insaturé, mais qui est totalement dénué de la réactivité
habituelle observée chez les alcènes ordinaires. Sa structure ne fut définitivement élucidée
qu‘en 1931. On sait maintenant que le benzène possède deux (2) formes de résonance
équivalentes du cyclohexatriène.

Dans le cas des cycles benzéniques, que nous verrons en détails plus
tard, il convient de mentionner que toutes les liaisons entourant les
atomes de carbone possèdent un angle de 120°. Ceci implique que la
molécule est plane. Une grande partie des propriétés physicochimiques
de cette classe de composés découle directement de ce fait.
H
H H HH

H H
HH H H
H
On les appelle aussi des hydrocarbures aromatiques. Anciennement,
cela avait rapport à leur odeur prononcée, mais maintenant le terme
aromatique a évolué et fait référence aux caractéristiques
physicochimiques spéciales du cycle benzénique.

Ces molécules contiennent au moins un cycle (ou noyau) benzénique. Nous


verrons qu‘elles peuvent en comporter plusieurs, liés par un côté commun
(pyrène), leurs sommets (biphényle), et comporter des chaînes
aliphatiques latérales (phénylacétylène et
cyclohexylbenzène).

C
C H
Pyrène
Biphényle Phénylacétylène
Cyclohexylbenzène

L‘enlèvement d‘un hydrogène porté par un carbone du cycle fournit un


groupe aryle (symbole Ar). L‘enlèvement d‘un hydrogène porté par un
carbone d‘une chaîne latérale fournit un groupe alkyle (symbole R).

Groupes aryles (Ar) Groupe alkyle (R)

78
CH2 —
Phényle (Ph) ortho-crésyle Benzyle

Il importe ici de définir pour les besoins de nomenclature les positions occupées
par les différents substituants sur le cycle benzénique:

Substituant principal

ortho ortho

méta méta

para

XIII. Phénols

Les phénols sont caractérisés par un groupement hydroxyle sur un cycle benzénique et ont
la représentation Ar—OH. Il faut se rappeler que la fonction —OH se doit d‘être portée par le
cycle benzénique pour être un phénol. Ainsi, le phénylméthanol (connu sous le nom d‘alcool
benzylique) n‘est pas un phénol, mais bel et bien un véritable alcool. OHCH2OH

XIV. COMPOSES CARBONYLES

Parmi les plus connus, citons:


benzaldéhyde ........................... Φ—CHO (amandes amères) acide benzoïque ................. Φ—
COOH acétophénone ................ Φ—CO—CH3 Module III : CHIMIE INORGANIQUE

79
80
1. Introduction

La chimie inorganique, aussi appelée chimie minérale est la branche la plus ancienne de
la chimie. Elle comporte l'étude des divers corps simples existant dans la nature ou obtenus
artificiellement et celle des composés qu'ils engendrent en réagissant les uns sur les autres,
à l'exception des combinaisons avec le carbone qui sont étudiées à part et font l'objet de la
chimie organique. Cependant quelques composés simples du carbone (certains oxydes de
carbone, les carbonates, bicarbonates et cyanures ioniques, les carbures, excepté les
hydrocarbures) sont classés parmi les composés inorganiques. La chimie inorganique est un
domaine de recherche actif actuellement et possède des applications dans la plupart des
aspects de l'industrie chimique, en particulier en catalyse, science des matériaux, pigments,
surfactants, chimie médicinale, carburants, chimie de l'environnement et agriculture.

2. Principes

2.1. La classification périodique des éléments chimiques

Le mot élément correspond à une notion abstraite de l‘ensemble des atomes ayant le même
nombre atomique Z (même nombre de protons). Les chimistes se sont aperçus depuis
longtemps que les éléments ne sont pas tous entièrement différents les uns des autres, et
qu‘il existe des analogies entre les propriétés de certains d‘entre eux. Par exemple le lithium,
le sodium, le potassium réagissent tous les trois violemment avec l‘eau en donnant un
dégagement d‘hydrogène ; de même les gaz hélium, néon, argon sont tous trois caractérisés
par une absence totale de réactivité chimique.

Les chercheurs du 19ème siècle cherchèrent à grouper les éléments chimiques en familles
naturelles suivant que ceux-ci présentaient des analogies très grandes. Ce fut le cas des
chimistes DÔBEREINER, Béguyer de Chancourtois, New LANDS, Lothar MEYER,…

Vers 1969, Dimitri Ivanovitch Mendeleïev, chimiste russe, professeur à l‘université de St


PetersBourg, proposa un tableau de classification regroupant soixante-six éléments
chimiques connus à l‘époque, selon le nombre croissant des masses atomiques, dans un
tableau formé de lignes et de colonnes de telle sorte que les éléments présentant des analogies
se retrouvent dans une même colonne. Le tableau de Mendeleïev a servi de base à l‘élaboration
du tableau moderne de classification des éléments.

La classification périodique moderne est fondée sur l‘ordre croissant de nombre atomique Z
et non sur l‘ordre croissant des masses atomiques, variables par suite de l‘existence des
isotopes. Seuls quelques couples s‘y trouvent permutés (I et Te ; K et Ar ; Co et Ni) pour le
besoin de l‘analogie des propriétés dans une même colonne. La classification moderne est
plus complète que celle de Mendeleïev, et elle ne comporte pas de cases vides.

81
2.2. Liaisons chimiques dans les matériaux inorganiques

Les liaisons qui forment les composés inorganiques sont généralement ioniques ou
covalentes. En guise de rappel, une liaison ionique (ou liaison électrovalente) est un type
de liaison chimique qui peut être formé par une paire d'atomes possédant une grande
différence d'électronégativité (par convention, supérieure à 1,7) typiquement entre un non-
métal et un métal. Le métal donne un ou plusieurs électrons pour former un ion chargé
positivement (cation). Le non-métal capte ces électrons pour former un ion chargé
négativement (anion). Par ailleurs, une liaison covalente est une liaison chimique dans
laquelle deux atomes se partagent deux électrons (un électron chacun ou deux électrons
venant du même atome) d'une de leurs couches externes afin de former un doublet d'électrons
liant les deux atomes. C'est une des forces qui produit l'attraction mutuelle entre atomes.

2.3. La cristallographie

Un cristal est un solide dont les constituants (atomes, molécules ou ions) sont assemblés de
manière régulière, par opposition au solide amorphe. Les propriétés physico-chimiques d'un
cristal sont étroitement liées à l'arrangement spatial des atomes dans la matière. Le cristal
est l‘un des états de la matière les plus importants pour les matériaux inorganiques.

La cristallographie est la science qui se consacre à l'étude des cristaux à l'échelle atomique.
Le cristal est obtenu par translation dans toutes les directions d'une unité de base d‘atomes,
molécules ou ions appelée maille élémentaire. D‘après la forme de cette maille, il existe sept
systèmes cristallins de base : cubique, hexagonal, rhomboédrique, quadratique (ou
tétragonal), orthorhombique, monoclinique et triclinique.

Par ailleurs, si on tient compte des différentes combinaisons des éléments de symétrie
cristalline, on dégage en fin de compte 14 types de réseaux qui sont des expansions des 7
formes primitives. On les appelle les 14 réseaux de Bravais. Autrement dit, il n'existe pas en
dehors d'autre façons de disposer des points dans l'espace, afin de réaliser un réseau ou une
maille, de manière à ne laisser aucun volume libre entre les réseaux.

82
Figure 1 : Les 14 réseaux de Bravais

2.4. Caractérisation des composés inorganiques

Les techniques de caractérisation physico-chimiques des composés inorganiques permettent


de déterminer la composition, la structure et les propriétés d'une molécule ou d'un matériau.
Plusieurs de ces techniques utilisent l'interaction entre les radiations électromagnétiques et
la matière, et ceci sur pratiquement toute la gamme spectrale.

• Diffraction: les techniques de diffraction sont particulièrement utilisées pour


déterminer les structures des composés chimiques et ont l'avantage d'être des
méthodes non destructives. La diffraction aux rayons X permet de déterminer la
position des atomes et des ions qui composent un composé solide. La diffraction de
neutrons permet d'obtenir des informations structurales supplémentaires, et en
particulier la position des atomes légers.
• Spectroscopie d’absorption : l'absorption (et parfois la réémission) des radiations
électromagnétiques permet d'obtenir des informations sur les niveaux d‘énergie des
composés inorganiques et est aussi souvent utilisée pour des analyses quantitatives.
Ces techniques sont généralement non destructives.
• Résonance : les techniques de résonance se basent sur l'application d'un champ
magnétique pour faire entrer en résonance la séparation entre les niveaux énergétiques
d'un composé. La résonance magnétique nucléaire et la résonance paramagnétique
électronique impliquent la résonance magnétique, avec les niveaux énergétiques du

83
noyau atomique pour la RMN et des électrons non appariés pour la RPE. La
spectroscopie Mössbauer quant à elle est basée sur l'absorption résonante de
radiations par le noyau atomique et exploite le fait que les niveaux d'énergie du noyau
sont sensibles à l'environnement électronique et nucléaire.
• Ionisation: les techniques d'ionisation permettent de bombarder un échantillon avec
des radiations ou des particules de hautes énergies et de mesurer les énergies
d‘ionisation. Les techniques concernées sont la spectroscopie de photoélectrons, la
spectroscopie d‘absorption des rayons X et la spectrométrie de masse.
• Analyses chimiques : ces méthodes permettent de déterminer la composition
élémentaire des composés et sont généralement destructives.
• Techniques d‘absorption atomique, l‘analyse élémentaire, la spectrométrie de
fluorescence des rayons X et les méthodes d‘analyses thermiques.
• Électrochimie : les techniques électrochimique, et notamment la voltamétrie cyclique,
permettent de sonder les réactions d‘oxydoréduction d'espèces en solution.

3. Chimie descriptive des éléments

3.1. Éléments du groupe principal

3.1.2. Chimie des noms métaux

3.1.2.1. Colonne 14: le carbone

Le carbone

Les deux variétés allotropiques communes du carbone, le diamant et le graphite, ont des
propriétés très différentes.

Le diamant est isolant ; c‘est le plus dur des composés connus (utilisation comme abrasif) ;
sa durabilité, sa clarté et son indice de réfraction élevé en font une pierre précieuse
particulièrement appréciée. Le graphite est conducteur, mou, noir (faible éclat métallique) et
n‘est pas durable. Dans le diamant, chaque atome de carbone utilise quatre orbitales
hybrides sp3 pour former quatre liaisons simples (154 pm) avec quatre atomes adjacents
disposés aux sommets d‘un tétraèdre régulier. Il en résulte une structure covalente
tridimensionnelle.

Le graphite est constitué de feuillets distants de 335 pm dans lesquels chaque atome de
carbone forme trois liaisons (142 pm) avec trois atomes disposés aux sommets d‘un triangle
équilatéral. Chaque atome de carbone utilise trois orbitales hybrides sp2 pour former 3
liaisons σ. Les orbitales p perpendiculaires aux feuillets se recouvrent en formant des liaisons
π délocalisées. Le diamant est métastable par rapport au graphite dans les conditions

84
normales, mais la transformation est très lente. Le diamant peut être synthétisé à
température élevée (1800 °C) et sous pression (70 kbar).

Il existe des variétés de carbone partiellement cristallisées. Le noir de carbone est une forme
finement divisée de carbone utilisée notamment comme pigment et dans les encres. Le
charbon actif, obtenu par pyrolyse de matériaux organiques possède une surface spécifique
élevée et est utilisé pour ses propriétés d‘absorption des gaz. Les fibres de carbone sont
obtenues par pyrolyse contrôlée de fibres d‘asphalte et de fibres synthétiques et sont utilisées
dans de très nombreux produits, des raquettes de tennis aux composants pour
l‘aéronautique. Elles présentent une certaine similitude avec le graphite, mais les feuillets
sont remplacés par des rubans parallèles à l‘axe de la fibre.

Figure 2.Huit formes allotropiques du carbone a) diamant, b) graphite c) lonsdaléite d) C60 e) C540 f)
C70 g) carbone amorphe h) nanotube

Le carbone :

• est strictement non-métallique.


• présente une forte tendance à la caténation.
• forme presque exclusivement des composés moléculaires covalents (carbures exceptés).
• obéit à la règle de l‘octet, la coordinence ne pouvant dépasser 4.
• forme des composés au degré d‘oxydation II qui sont instables (intermédiaires de
réaction) ou dans lesquels l‘état d‘oxydation II est purement formel (CO).
• forme des hydrures stables, difficiles à hydrolyser mais faciles à oxyder.
• forme des halogénures stables difficiles à oxyder et à hydrolyser.
• forme des oxydes (CO et CO2) moléculaires. Le dioxyde de carbone (O=C=O) est gazeux
dans les conditions normales.

3.1.2.2. Colonne 15: L’azote et le phosphore

85
Azote, phosphore

L‘azote élémentaire existe sous forme de diazote. La configuration électronique fondamentale


du diazote est 1s22s22p4, avec inversion des niveaux σ et π par rapport au dioxygène. Cela
correspond à une triple liaison Ν≡Ν, laquelle est particulièrement stable (946 kJ/mol), et
notamment plus stable que trois liaisons simples N-N (―caténation‖ ). C‘est pourquoi le
diazote est très difficile à activer; certaines bactéries sont capables de fixer l‘azote
atmosphérique dans la matière organique, mais elles sont rares.

Le phosphore est l'élément chimique de numéro atomique 15, de symbole P. Le corps simple
phosphore se présente sous plusieurs formes de couleurs différentes : blanc-jaune, rouge et
violet-noir. Très pur, le phosphore « blanc » est transparent ; plus généralement il est blanc
ambré, légèrement malléable avec une faible odeur d'ail. Les formes rouge et noire peuvent se
présenter en poudre ou cristallisées.

Tableau 3. Caractéristiques du phosphore blanc et du phosphore rouge

Phosphore blanc α Phosphore rouge

solide blanc cireux solide rouge, friable, amorphe, moins réactif


manipulation dangereuse densité :2,16 g.cm-3 , T°fusion = 600°C
densité :1,823 g.cm-3 , T fus = 44,1°C
(ignition spontanée à 35°C sous air

Le phosphore α donne lieu au phénomène de ―phosphorescence‖ : il s‘agit d‘une


chimiluminescence (bleu-vert) due sans doute à certains produits d‘oxydation de la molécule
P4 gazeuse. Tout comme le soufre, le phosphore solide possède de nombreux allomorphes. Le
―phosphore violet de Hittorf‖ est un polymère de structure très complexe contenant des
cycles à 5 phosphores. Les ―phosphores noirs‖ , formes thermodynamiquement les plus
stables, ont des structures covalentes polymériques tridimensionnelles (T éb = 610°C).

3.1.2.3. Colonne 16 : L’élément oxygène (O2 et O3), le soufre et ses composés

Le dioxygène

86
L'oxygène est la tête de file du groupe des chalcogènes, souvent appelé groupe de l'oxygène.
Il a été découvert indépendamment en 1772 par le suédois Carl Wilhelm Scheele à Uppsala,
et en 1774 par le Britannique Joseph Priestley dans le Wiltshire.

L'oxygène est un non-métal qui forme très facilement des composés, notamment des oxydes,
avec pratiquement tous les autres éléments chimiques. Cette facilité se traduit par des
énergies de formation élevées mais, cinétiquement, le dioxygène est souvent peu réactif à
température ambiante. Ainsi un mélange de dioxygène et de dihydrogène, de fer ou de soufre,
etc., n'évolue qu'extrêmement lentement.

C'est, en masse, le troisième élément le plus abondant de l'univers après l'hydrogène et


l'hélium, et le plus abondant des éléments de l'écorce terrestre; l'oxygène constitue ainsi sur
Terre :
• 86 % de la masse des océans, sous la forme d'eau ;
• 46,4 % de la masse de l'écorce terrestre, en particulier sous forme d'oxydes et de
silicates ;

• 23,1 % de la masse de l'air, sous forme de dioxygène ou d'ozone, soit 1,2 × 1015 tonnes,
soit près de 21 % du volume total de l'atmosphère ;
• 62,5 % de la masse du corps humain ;
• jusqu'à 88 % de la masse de certains animaux marins.

L‘ozone est un gaz bleu, diamagnétique (pas d‘électrons célibataires), dont l‘odeur
caractéristique est détectable dès 0,01 ppm dans l‘atmosphère. Cette molécule possède une
variation d‘énergie libre ΔG° de formation très positive (+163,2 kJ/mol) et est donc
thermodynamiquement instable : à l‘équilibre, la réaction de décomposition spontanée de
l‘ozone 2O3 → 3O2 (triplet) doit donc être extrêmement déplacée à droite.

Mais la cinétique de cette réaction est lente et l‘ozone est donc métastable. Une fois formé,
par exemple par voie photochimique dans la haute atmosphère, il peut subsister longtemps.
Il joue un rôle important dans la protection contre le rayonnement ultra-violet : la molécule
de O3 absorbe en effet fortement la lumière entre 220 et 290 nm.

Par contre, certaines espèces comme le radical ClO peuvent agir comme catalyseurs de la
décomposition de O3 ; elles fournissent une nouvelle voie, plus rapide, de destruction de
l‘ozone atmosphérique.
On ne peut représenter sa structure de Lewis de l‘ozone qu‘au moyen de formes de résonance
comme dans la figure ci-après :

87
Chimiquement, il s‘agit d‘un oxydant très fort. L‘ion ozonure (O3)- existe, mais est instable. Le
principal couple redox impliquant O3 est :

O3 + 2 H+ + 2e-→ O2 + H2O E° = +2,075 Volt.

Les oxydes

L‘oxygène est susceptible de réagir avec presque tous les éléments du tableau périodique pour
former des oxydes. La classification des oxydes peut se faire de plusieurs manières.

a) Classification suivant la nature de la liaison

Avec les éléments les plus électronégatifs du tableau périodique, l‘oxygène donne des édifices
moléculaires de taille limitée, à liaison covalente. Avec les éléments les plus électropositifs, la
liaison est ionique : on a formation d‘un cation (1 ou 2) de l‘élément électropositif, et
généralement d‘un anion oxyde O2- . Cations et anions donnent des empilements
tridimensionnels, souvent cristallins. Entre ces deux comportements limites, il existe une
classe d‘oxydes « polymériques » où des liaisons partiellement covalentes, X-O-X, permettent
la constitution d‘un réseau potentiellement infini. Le « branchement » de l‘élément X dépendra
de sa valence : le silicium (Si), de valence 4, forme une grande variété d‘oxydes polymériques.

b) Classification selon la réactivité

L‘anion oxyde O2- est une base très forte. Les oxydes qui le contiennent donnent donc, au
contact de l‘eau, des solutions très basiques et sont évidemment appelés oxydes basiques :

Na2O + H2O → 2Na + + 2 OH -

Par contre, beaucoup d‘oxydes covalents moléculaires sont susceptibles de fixer une (ou
plusieurs) molécules d‘eau pour donner un acide. Ces oxydes sont traditionnellement appelés
des « anhydrides » ou oxydes acides.

CO2 + H2O → H2CO3 → (HCO3)- + H+


SO3 + H2O → H2SO4 → (SO4)2- + 2 H+

Certains oxydes acides jouent un rôle important dans la chimie atmosphérique. Les pétroles
bruts contiennent des quantités non négligeables de soufre dont la combustion donne des «
SOx » (SO2 et/ou SO3). Le dégagement de ces oxydes de soufre dans l‘atmosphère est à
l‘origine des pluies acides. Pour limiter le phénomène, une désulfuration des bruts de plus en
plus sévère est imposée avant leur utilisation pour la fabrication de fiouls et carburants.

88
Certains oxydes sont amphotères : ils se comportent comme des acides en présence de
réactifs basiques, et réciproquement comme pour le cas de l‘oxyde d‘aluminium ou alumine,
Al2O3.

Il existe enfin des oxydes neutres dont la dissolution n‘aboutit ni à la formation de H +, ni de


OH - . Un exemple : le monoxyde de carbone, CO.

L’eau (et l’eau oxygénée) a) Propriétés physiques et chimiques de l’eau

La molécule d‘eau possède un grand nombre de propriétés remarquables, qui la distinguent


d‘autres petites molécules comparables. • Certaines, comme les points de fusion et
d‘évaporation élevés (l‘eau liquide existe sur une large gamme, couvrant les températures
typiques à la surface de la terre), sont indispensables à l‘existence de la vie. On peut ajouter
ici une brève mention des propriétés de ligands des molécules d‘eau: ces molécules, en tant
que bases de Brönsted, forment des liaisons datives (liaisons de coordination) avec de
nombreux cations métalliques, y compris les cations de métaux de transition. On les appelle
alors des ligands aqua. En milieu aqueux, ces ligands aqua sont évidemment facilement
disponibles et les cations métalliques seront pour la plupart présents sous forme d‘ions
complexes.

b) L’eau oxygénée, H2O2

Structure de Lewis comme dans les peroxydes.

Le peroxyde d'hydrogène est un composé chimique de formule H2O2.


Sa solution aqueuse est appelée eau oxygénée. Elle est incolore et légèrement plus
visqueuse que l'eau. Le peroxyde d'hydrogène possède à la fois des propriétés oxydantes
par exemple vis-à-vis d'ions iodure et des propriétés réductrices par exemple vis-à-vis des
ions permanganate.

H2O2 + 2H + + 2 e - → 2 H2O E° = +1,77 V.

Il existe un autre couple redox où H2O2 joue le rôle de réducteur:

O2 + 2H + + 2 e - → H2O2 E° = +0,67 V. (Par exemple, l‘eau


oxygénée réduit l‘ion permanganate en solutions acides)

C'est un agent de blanchiment efficace. Il est utilisé comme antiseptique.

Le soufre et ses composés.

89
Les composés du soufre présentent bien sur un parallélisme avec ceux de l‘oxygène, mais
aussi des différences significatives.

a) Le soufre élémentaire.

C'est un non-métal multivalent abondant, insipide, et insoluble dans l'eau. Le soufre est
surtout connu sous la forme de cristaux jaunes et se trouve dans beaucoup de minéraux
(sulfures et sulfates) et même sous forme native, particulièrement dans les régions
volcaniques. L'essentiel du soufre exploité est cependant d'origine sédimentaire.

Le soufre possède une grande quantité d‘allotropes, c.à.d. de formes cristallines différentes.
Les formes α, β et γ sont basées sur l‘empilement de cyclo-S8 . La forme ε contient des cyclo-
S 6 ; dans d‘autres formes, on connaît des cyclo-S7 , cyclo-S12 , cyclo-S 18 , cycloS 20 et
même les ―polycaténasoufres‖ , chaînes potentiellement infinies d‘atomes de soufre
disposés en hélice (S ∞ ). Le soufre liquide contient d‘autres espèces encore.

Figure* : structure du cyclo octa soufre S8

C'est un élément essentiel pour tous les êtres vivants ; il intervient dans la formule de deux
acides aminés naturels, la cystéine et la méthionine et, par conséquent, dans de nombreuses
protéines. Le soufre sert à 90 %
à préparer l'acide sulfurique, produit de base de l'industrie chimique. Il est notamment
employé comme engrais (sulfates) (60 % de la production) et phytosanitaire fongicide (contre
l'oïdium de la vigne). Environ 34 % sert à des applications non agricoles comme la
fabrication du caprolactame-monomère qui intervient dans la préparation du Nylon-6, dans
les processus de lixiviation en exploitation minière, à l'élaboration du dioxyde de titane, des
tripolyphosphates pour les détergents, à l'alimentation animale et humaine, à la fabrication
de la pâte à papier, à la fabrication de l'acide fluorhydrique. Il est aussi utilisé pour fabriquer
la poudre à canon, les laxatifs, était utilisé dans les allumettes, des insecticides, etc.

b) Les sulfures

Le soufre peut remplacer l‘oxygène dans un grand nombre de composés (cfr. Partie de la
chimie organique). Notamment, il forme avec les métaux des sulfures polymériques ou
ioniques.

Le sulfure d‘hydrogène, H2S, est l‘analogue de l‘eau. Toutefois, la différence d‘électronégativité


entre H et S est plus faible qu‘entre H et O; la liaison est donc moins polaire, par conséquent

90
H2S est un moins bon donneur de liaisons Hydrogène. Le point de fusion de H 2S est seulement
de –85,6°C, son point d‘ébullition de –60,3°C; sa viscosité et sa constante diélectrique sont
nettement plus faibles que celles de l‘eau. En solution aqueuse, ce composé est un acide faible
et un réducteur assez faible (couple S élémentaire/H2S: E° = -0,48 V.

A l‘état gazeux, il est extrêmement toxique (comparable à HCN). Le disulfure d‘hydrogène,


H2S2 , analogue de H2O2 , n‘est pourtant pas un oxydant fort:
la 1/2 réaction : H2S2+ 2H+ + 2 e - → 2 H2S a un E° = -0,52 V.

Des polysulfanes, H2S n , avec n = 2...8, ont été préparés. Ce sont des liquides assez réactifs,
quoique beaucoup plus stables que d‘éventuels analogues oxygénés.

c) Les oxydes de soufre

Ce sont les différents types de composés contenant du soufre et de l'oxygène, et dont la


structure suit la formule générale SxOy.
Aujourd'hui on recense 131 oxydes de soufre, les plus stables étant SO2 et SO3. Les composés
S2O, S2O2, SO4 et SO sont entre autres instables. Ce dernier se décompose totalement en
moins d'une seconde.

d) Illustration : Le Procédé de contact pour la fabrication de l’acide sulfurique

L'acide sulfurique est aujourd'hui essentiellement fabriqué par le procédé dit « de contact »,
faisant intervenir un catalyseur, mais d'autres procédés sont également mis en œuvre à plus
petite échelle. Le procédé de contact se décompose en trois étapes :

1. purification du soufre S et combustion du soufre à l'air sec pour obtenir du dioxyde de


soufre SO2 ou purification du SO2 s'il n'est pas obtenu à partir de soufre ;

2. oxydation du dioxyde de soufre en trioxyde de soufre SO3 à l'aide de pentoxyde de


vanadium V2O5 ;
3. conversion du trioxyde de soufre en acide sulfurique H2SO4.

La purification du S ou du SO2 est nécessaire pour éviter l'empoisonnement du catalyseur de


l'étape n° 2 par des impuretés. On utilisait autrefois du platine plutôt que du vanadium. Un
peu moins efficace, mais le platine est plus cher et plus facilement inhibé par des impuretés.
Le mécanisme de la réaction d'oxydation catalysée est le suivant :
a) 2 SO2 + 4 V5+ + 2 O2– → 4 V4+ + 2 SO3 ;

91
b) 4 V4+ + O2 → 4 V5+ + 2 O2– ;
la réaction globale s'écrivant :

2 SO2 (g) + O2 (g) 2 SO3 (g) : ΔH = −197 kJ mol−1.

On atteint 96 % de rendement chimique avec V2O5 en maintenant une température de 450K


et une pression de 100 à 200 kPa ; le catalyseur ne sert qu'à optimiser la cinétique de la
réaction, mais n'en déplace pas l'équilibre.

Le trioxyde de soufre est ensuite refroidi dans un échangeur thermique et recueilli dans une
tour d'absorption où il est dissous dans de l'acide sulfurique concentré afin de produire de
l'oléum:
H2SO4 (l) + SO3 (g) → H2S2O7 (l), qui est ensuite hydraté pour libérer de l'acide
sulfurique, avec un rendement moyen de 30 % :
H2S2O7 (l) + H2O(l) → 2 H2SO4 (l).

3.1.2.4. Colonne 17 : Les halogènes et le chlore

Les éléments de la colonne 17 sont appelés halogènes et se caractérisent par une


configuration électronique fondamentale
(ns)2(np)5 , soit 7 électrons de valence. On trouve
successivement :

n = 2 : fluor F, [He] (2s)2 (2p)5 ; n = 3 : chlore Cl, [Ne] (3s)2


(3p)5 ; n = 4 : brome Br, [Ar] (4s)2 (3d)10 (4p)5 ; n = 5 : iode
I, [Kr] (5s)2 (4d)10 (5p)5 .
L‘astate, At, [Xe] (6s)2 (5d)10 (4f)14 (6p)5 , est radioactif comme l‘indique son nom (qui veut dire
« instable »).

Molécules dihalogènes

Les éléments halogènes, dans leur état le plus stable à 298K sous pression de 1 bar (état
thermodynamique standard), se trouvent sous forme de molécules diatomiques X2.

Tableau 4. Propriétés physiques des molécules dihalogènes


X2 F2 Cl2 Br2 I2

92
Etat physique gaz incolore gaz liquide solide violet foncé
(conditions usuelles) jauneverdâtre rouge- à
orangé l'éclat métallique

Tf (°C) -218,6 -101,0 -7,25 113,6

Téb (°C) -188,1 -34,0 59,5 185,2

ΔHf (kJ mol-1) 0,51 6,41 10,57 15,52

ΔH0éb (kJ mol-1) 6,54 20,41 29,56 41,95

ΔH0diss (kJ mol-1) 158,8 242,58 192,77 151,10


X2(g) → 2X(g)
X-X (pm) (gaz) 143 199 228 266

X-X (pm) (solide) 149 198 227 272

plus courte distance 324 332 332 350


intermoléculaire
X...X (pm) (solide)

Réactivité des dihalogènes

Le fluor est le plus réactif des éléments. Il est aussi le plus électronégatif, ce qui fait du difluor
le seul composé capable d‘oxyder le dioxygène. En solution aqueuse, il se comporte comme
un oxydant fort, suivant la demi-réaction :

F2 + 2 e- = 2 F- ; E° = 2,866 V

Cette valeur élevée de E° indique que le difluor peut oxyder l‘eau en O2 à n‘importe quel pH.

La réactivité diminue quand on descend dans la colonne. On trouve alors des oxydants de
moins en moins forts, ce qui est en rapport avec une moindre électronégativité des éléments
correspondants. Les potentiels standard des couples redox X2 / X- sont respectivement :

Cl / Cl- : E° = 1,40 V.
Br / Br- : E° = 1,09 V.
I / I- : E° = 0,54 V.

3.2 Les métaux et les semi-métaux

3.2.1. Les Métaux alcalins

Tous les éléments de cette famille ont en commun une très grande réactivité des métaux. Ces
éléments, très électropositifs, n‘apparaissent jamais sous forme élémentaire (M) dans la
nature, seulement sous forme ionique (M+ ).

93
Les corps simples alcalins sont des métaux mous qui sont extrêmement réactifs. Il faut les
stocker sous atmosphère inerte (N2 ou même Ar pour
Li).
Réactivité des métaux alcalins à l‘air :

2 Li(s) + 1⁄2O2(g) → Li2O(s)


2 Na(s) + O2(g) → Na2O2(s) peroxyde

• Réactivité des métaux alcalins envers l‘eau (réaction la plus caractéristique)

M(s) + H2O(l) → M+(aq) + OH-(aq) + 1⁄2 H2(g) M = Li, Na, K, Rb, Cs

• Hydroxydes importants : NaOH soude caustique, KOH potasse caustique.


• Les sels des métaux alcalins sont des composés ioniques typiques qui sont presque
tous bien solubles dans l‘eau (notamment les sels de sodium).
Exemple de sels extraits ou produits à l‘échelle industrielle : NaCl (sel de table), KCl (sylvine),
Na2CO3 ·10H2O (soude cristalline),
Na2SO4 ·10H2O (sel de Glauber), NaNO3 (caliche), K2 CO3 (potasse), KNO3 (salpètre), Li2CO3
(carbonate de lithium)

Procédé chlore-alcali

Le procédé chlore-alcali permet de fabriquer à la fois les trois produits de base H2, Cl2 et NaOH
de la production industrielle par électrolyse de saumure NaCl/H 2O, dont la capacité mondiale
est estimée à 50 · 10 6 tonnes par an.

Figure 3.2.1. Schéma du procédé chlore-alcali

Procédé solvay

94
Le procédé Solvay permet de fabriquer la soude Na2CO3 à partir de NaCl et de CaCO3 . La
production mondiale est estimée à 45.10 6 tonnes par an.

Tableau 5. Les caractéristiques des métaux alcalins


Lithium (LI) Sodium (Na) Potassium (K)

Découvert en 1817, le lithium Découvert en 1807, le Découvert en 1807, le


est le plus léger de tous les sodium est exclu des potassium est le septième
solides. Comme tous les usages ordinaires à cause des éléments les plus
alcalins, il est très actif de la violence de ses abondants de la croûte
chimiquement et pour cette réactions. Sous forme de terrestre.
raison, il doit être conservé composés, il entre dans la Il est indispensable au
dans l‘huile. Il est utilisé dans fabrication de la poudre à développement des
la fabrication des céramiques boulanger, des décapants plantes et sert à la
et des médicaments contre la et du verre. fabrication des engrais
goutte et les états dépressifs. chimiques.
Rubidium (Rb) Césium (Cs) Francium (Fr)

Découvert en 1861, le Découvert en 1860, le Découvert en 1939, le


rubidium deviendra peut-être césium est le plus mou de francium est un produit
un carburant de l‘espace. Il est tous les métaux. Il est radioactif provenant de la
utilisé en médecine et dans la utilisé dans la fabrication décomposition de
fabrication des cellules des tubes à vide, des l‘actinium.
photoélectriques. pendules atomiques et
des cellules
photoélectriques.

3.2.2. Les Métaux alcalino-terreux

Les métaux alcalino-terreux englobent les éléments de la 2ème colonne principale du tableau
périodique. Ces éléments, très électropositifs, n‘apparaissent jamais sous forme élémentaire
(M) dans la nature, seulement sous forme ionique (M2+). Les corps simples alcalins
ressemblent beaucoup aux métaux alcalins, mais ils sont plus durs et un peu moins réactifs.
Il faut stocker Ca, Sr et Ba sous atmosphère inerte (N2), contrairement à Be et Mg qui sont
passivés à l‘air.

● Réactivité des métaux alcalinoterreux :

M (s) + Cl2(g) → MCl2(s)


M (s) + 2HX (aq) → MX2(aq) + H2(g) M = Be, Mg, Ca, Sr, Ba ; X = F, Cl, Br, I

● Passivation de Be et Mg : Formation d‘une couche protectrice de M(OH)2

● Réactivité envers l‘eau (réaction la plus caractéristique) :


M (s) + 2 H2O (l) → M2+(aq) + 2OH -(aq) + H2(g) M = Ca, Sr,Ba, (Be et
Mg passivés)

95
● Elaboration des métaux par électrolyse des chlorures en fusion :

MCl2(l) → électrolyse → M(l) + Cl2(g) M = Be, Mg, Ca, Sr, Ba

● Les oxydes alcalinoterreux sont accessibles par décomposition thermique des


carbonates correspondants, et les hydroxydes alcalinoterreux par hydrolyse des oxydes
ainsi obtenus.
● Décomposition thermique des carbonates alcalino-terreux et hydrolyse :
● MCO3(s) → ∆ → MO(s) + CO2(g) M = Be, Mg, Ca, Sr, Ba
MO(s) + H2O (l) → M(OH) 2(aq) M = Be, Mg, Ca, Sr, Ba

● Chimie basée sur le calcaire comme matériau de construction :

CaCO3(s) → 1000°C→ CaO(s) + CO2(g) Calcination du calcaire : chaux vive

CaO(s) + H2O(l) → Ca(OH)2(aq) Extinction de la chaux vive : chaux éteinte

Le mortier (utilisé pour le briquetage) est un mélange de chaux éteinte, de sable et d‘eau. Le
durcissement du mortier est dû à la formation de calcaire suite à l‘absorption du gaz
carbonique.

Ca(OH)2(aq) + CO2(g) → CaCO3(s) + H2O(g)

CaCO3 est aussi utilisé en sidérurgie et pour la production de papier, d‘aliments et de


cosmétiques, CaO pour la fabrication de ciment et de béton et Ca(OH)2 comme antiacide
pour la neutralisation de gaz, du sol et des eaux.

Sels importants des alcalino-terreux

Mis à part les halogénures de béryllium (qui sont des molécules covalentes), les sels des
métaux alcalinoterreux sont des composés ioniques.

Les halogénures : La plupart des oxydes et sulfures alcalino-terreux MO et MS cristallisent


avec la structure NaCl, tandis que la plupart des halogénures MX2 adoptent la structure CaF2
.

Sels extraits ou produits à l‘échelle industrielle :

CaCO3 (calcaire), CaSO4(anhydrite), CaSO4·2H2O (gypse), CaSO4·1⁄2H2O (plâtre de Paris)


MgCO3 , MgSO4 , MgCl2 (pour la fabrication de textiles, papiers, engrais, suppléments

96
alimentaires). Contrairement à Ca2+,Mg2+ et Sr2+, les cations Ba2+ et notamment Be2+ sont
toxiques.

Illustration : L’industrie du ciment

Le ciment est un liant hydraulique (qui durcit sous l'action de l'eau), utilisé dans la
préparation du béton, et aujourd'hui le plus souvent employé dans la confection des
dallages, des parpaings, des enduits et des mortiers. La figure ci- dessous explique le
schéma d‘obtention du ciment.

Figure 3.2.2. Schéma d‘obtention du ciment

3.2.3. Métaux terreux et l’aluminium

Les métaux terreux englobent les éléments de la 3ème colonne principale ou de la 13ème
colonne (dénomination IUPAC) du tableau périodique. Ces éléments, très électropositifs et
n‘apparaissent jamais sous forme élémentaire dans la nature, seulement sous forme ionique.

Tandis que l‘aluminium forme uniquement des cations Al3+, les métaux terreux supérieurs
forment non seulement des cations M3+ mais aussi des cations M+ , ce qui représente l‘état
d‘oxydation prédominant du thallium.

L’aluminium a) Présentation

Le corps simple aluminium est un métal malléable, de couleur argent, remarquable pour son
inaltérabilité note 1 et sa faible densité. C'est le métal le plus abondant de l'écorce terrestre
et le troisième élément le plus abondant après l'oxygène et le silicium ; il représente en
moyenne 8 % de la masse des matériaux de la surface solide de notre planète. L'aluminium
est, en règle générale, trop réactif pour exister à l'état natif dans le milieu naturel note 2 : on
le trouve sous forme combinée dans plus de 270 minéraux différents. Son minerai principal
est la bauxite : il y est présent sous forme d‘oxyde hydraté dont on extrait l‘alumine. Il peut
aussi être extrait de la néphéline, de la leucite, de la sillimanite, de l'andalousite et de la
muscovite.

L'aluminium métallique est très oxydable : le métal mis à nu par une entaille, une découpe,
un usinage s'auto-passive immédiatement par oxydation, même en conditions favorables :
une couche d'alumine Al2O3 imperméable de quelques nanomètres d'épaisseur le protège de

97
la corrosion (les conditions favorables sont essentiellement : environnement peu chaud, peu
humide, peu pollué, peu salé ; alliage de qualité adaptée). L'oxydabilité de l'aluminium doit
être techniquement contrôlée dans les processus industriels ; elle est mise à profit dans
certains d'entre eux (les deux principaux sont l'oxydation rapide amplifiée forcée anodique
électrolytique et le colmatage rapide par hydratation à chaud).

Sa remarquable légèreté, sa résistance à la corrosion, sa mise en forme variée et sa coloration


durable en font un matériau très utilisé dans l'industrie et l'artisanat malgré la technicité de
sa mise en œuvre. C'est un produit industriel important, sous forme pure ou alliée,
notamment dans l'aéronautique, les transports et la construction. Sa nature réactive en fait
également un catalyseur et un additif dans l'industrie chimique ; il est ainsi utilisé pour
accroître la puissance explosive du nitrate d'ammonium.
La production mondiale de bauxite atteignait 211 millions de tonnes en 201013, l'Australie
en assurant 33,2 % devant la Chine (19,0 %), le Brésil (15,2 %), l'Inde (8,5 %) et la Guinée
(8,2 %). La Guinée détient à elle seule plus du quart des réserves mondiales connues de
bauxite, estimées fin 2010 à 28 milliards de tonnes. La production mondiale d'aluminium
métallique s'est élevée à 41,4 millions de tonnes en 2010, dont la Chine a réalisé 40,6 % avec
16,8 millions de tonnes, loin devant la Russie (9,3 %) et le Canada (7,1 %).
b) Métallurgie extractive de l‘aluminium

La production de l'aluminium par électrolyse est le procédé qui permet de fabriquer le


métal aluminium à partir de l'alumine extraite de la bauxite. Le procédé a été inventé
simultanément par Paul Héroult en France et Charles Martin Hall aux États-Unis en 1886,
et il est couramment appelé « procédé Hall-Héroult ». Il permet la production de l'aluminium
dit « primaire », l'aluminium « secondaire » étant issu du recyclage.

Principe

L'alumine est dissoute dans un bain fluoré d'électrolyses entre 950 et 1 000 suivant la
réaction (simplifiée) suivante :
Al2O3 → Al3+ + 3O2-
Suivant le principe de l'électrolyse, un courant électrique continu circule entre l'anode (pôle
+) et la cathode (pôle -). L‘aluminium se forme à la cathode, où il entre en coalescence dans
une nappe d‘aluminium liquide, selon la réaction :
Al3+ + 3e- → Almétal
En pratique, il faut plusieurs milliers d'ampères pour produire une quantité significative
d'aluminium : environ 7,65 d'aluminium par cellule par jour et par millier d'ampères.
À l‘anode en carbone, le dioxyde de carbone gazeux se dégage sous forme de grosses bulles
qui s‘échappent dans l‘atmosphère : 2O2- + C → CO2 + 4e- La réaction globale s'écrit
:

2Al2O3 (solution) + 3C ‗solide) → 4Al (liquide) + Al3+ + 3CO2 (gaz)

98
Le bain est ici considéré comme un électrolyte dans lequel se dissout l'alumine et ne tient
aucun rôle dans les réactions.

Figure 3.2.3 : Schéma de la


cuve d'électrolyse

c) La recyclabilité
L‘aluminium a une excellente recyclabilité. Il nécessite 95 % d‘énergie en moins et une tonne
d‘aluminium recyclé permet d‘économiser quatre tonnes de bauxite (l‘électrolyse de
séparation réclame en effet beaucoup d‘énergie). L‘aluminium est quasiment recyclable à
l‘infini sans perdre ses qualités, mais à une condition, ne pas fondre dans un même bain des
alliages de composition différente. Les producteurs refusent souvent une partie significative
de l‘aluminium de collecte dans les déchets ménagers.

3.2.3. Silicium, germanium, étain, plomb

La chimie du silicium, du germanium, de l‘étain et du plomb est très différente de celle du


carbone qui sont tous de la famille des carbonides.

Les éléments germanium, étain et plomb font partie de la 4 ème colonne principale
(dénomination classique) ou de la 14ème colonne (dénomination IUPAC) du tableau périodique.
Ces éléments semimétalliques à métalliques sont les homologues du non-métal carbone et du
métalloïde silicium.

La chimie de ces métaux est caractérisée par la coexistence des états d‘oxydation 4 et 2 :
Tandis que le germanium préfère l‘état d‘oxydation 4 et le plomb l‘état d‘oxydation 2, l‘étain
accepte facilement les deux états d‘oxydation 2 et 4.

Alors que les propriétés du carbone sont strictement celles d‘un nonmétal, le caractère
métallique de ses congénères augmente lorsqu‘on descend dans le groupe : l‘étain, et
particulièrement le plomb, sont clairement métalliques.

Tous les éléments du groupe, à l‘exception du plomb, ont au moins une phase solide
présentant la structure diamant. Dans le cas de l‘étain, la variété diamant (étain gris) est

99
métastable par rapport à une autre forme (étain blanc) dans laquelle chaque atome d‘étain
possède 6 voisins (environnement octaédrique fortement déformé). Le plomb présente une
structure cubique compacte.

Polymorphisme de l‘étain à 13.2°C :

α-Sn (s) ===== β-Sn (s) ∆H r ° = 2 kJ/mol non-métallique (stable)


métallique (instable)

L‘électronégativité décroît du silicium au plomb.

La tendance à la caténation décroît dans l‘ordre C >> Si > Ge ≈ Sn >>Pb, parallèlement à


l‘énergie de liaison E-E. (La caténation est l'aptitude d'un élément chimique à former une
longue structure semblable à une chaîne par le biais d'une série de liaisons covalentes).

Tableau 2. Brève présentation des éléments de la colonne 14

Silicium Germanium

Le silicium est l'élément le plus abondant dans la Ce métalloïde est semi-conducteur et cristallise
roûte terrestre après l‘oxygène, soit 25,7 % de sa avec la même structure que le diamant, tout
masse. On le trouve sous forme de silice amorphe comme le silicium. Il possède cinq isotopes
dans le sable), ou sous la forme de silice minérale (le
quartz, la cristobalite) ou d'autres silicates naturels, dont le 76Ge, qui est faiblement
feldspaths, kaolinite,…). radioactifs.
Sous sa forme amorphe, la silice (SiO2) est utilisée La quasi-totalité du germanium est récupérée
depuis très longtemps comme composant essentiel dans les fonderies de zinc ‗sous-produit de
du verre. Il a depuis le milieu du XX siècle de fusion).
Les premiers transistors avaient comme substrat
nouveaux usages en électronique (diodes,
le germanium.
ransistors), pour la production de matériaux tels
que les silicones ou, pour fabriquer des panneaux
olaires photovoltaïques.
Etain Plomb

L'étain existe aux états d‘oxydation 0, +II et +IV. À Le plomb est un élément toxique mutagène et
empérature ambiante, le corps simple étain est un reprotoxique, sans valeur connue
olide métallique. d'oligoélément. Il a en effet été classé comme
L'étain est connu depuis l'antiquité où il servait à potentiellement cancérigène en 1980, classé
protéger la vaisselle de l'oxydation et pour préparer dans le groupe 2B par le Centre international de
e bronze. Il est toujours utilisé pour cet usage, et recherche sur le cancer (CIRC) puis comme
pour le brasage. Cet élément est peu toxique. Rare probablement cancérigène pour l'humain et
à l‘état natif, l'étain est essentiellement extrait d'un l'animal en 2004.
minéral appelé cassitérite où il se trouve sous forme Le plomb est un contaminant de
d'oxyde SnO2. l‘environnement, toxique dès les faibles doses.
Les maladies et symptômes qu'il provoque
chez l'humain et l‘animal sont regroupés sous le
nom de « saturnisme».
Le silicium

Le silicium :
● est un non-métal.

100
● est semi-conducteur (Eg = 1,12 eV à 25 °C).
● ne présente qu‘une très faible tendance à la caténation.
● forme principalement des combinaisons covalentes, ainsi que des oxoanions renfermant
des liaisons covalentes.
● se prête facilement à une expansion de l‘octet (exemples : SiF5- ,
SiF2- ).
● ne forme que rarement des composés au degré d‘oxydation II (SiF 2 est obtenu par
réduction de SiF 4 par Si à ≈ 1150 °C et sous faible pression (≈ 10 -6 atm), et est très
instable).
● forme des hydrures (silanes) instables et réactifs facilement oxydés (SiH 4 s‘enflamme
spontanément à l‘air) et rapidement hydrolysés par les bases.
● forme des halogénures moléculaires qui sont facilement hydrolysés.
● forme un oxyde (SiO2 ) qui peut être considéré comme une molécule infinie (solide
covalent).

Silicates

Un silicate est un sel combinant le dioxyde de silicium SiO2 à d'autres oxydes métalliques.
Les minéraux ayant une composition de silicate sont également qualifiés de silicates et
constituent une famille de minéraux extrêmement importante. En minéralogie, les
polymorphes de la silice sont classés parmi les silicates.
Les silicates constituent 97 % du poids de la croûte terrestre, et plus de 90 % du poids de la
lithosphère. Il en existe de nombreuses familles :
• silicates ferromagnésiens (chlorites, serpentines, amphiboles, pyroxènes, péridots,
olivines ou grenats) ;
• aluminosilicates, dans lesquels l‘aluminium remplace partiellement le silicium
(feldspaths riches en silice, zéolites, micas) ;
• silicates d‘alumine (tourmaline, grenats).

Figure 3.2.4. Structure des silicates - le Tétraèdre SiO4

Figure 3.2.5. Structure des silicates - macromolécule [SiO2]n (silice cristallisée, tridimensionnelle - ici : quartz β)
Une zéolithe, ou zéolite, est un cristal formé d'un squelette microporeux d'aluminosilicates,
dont les espaces vides connectés sont initialement occupés par des cations et des molécules
d'eau. Les ions et les molécules d'eau sont mobiles au sein de la structure, ce qui permet

101
d'une part des échanges ioniques, d'autre part une déshydratation partielle réversible, et la
possibilité de remplacer l'eau par une autre phase adsorbée.

Le caractère cristallin du squelette implique que les porosités de la structure sont toutes de
même taille. Ces porosités peuvent autoriser ou non le passage de molécules, avec un pouvoir
discriminant inférieur à 100 picomètres (10−10). C'est pourquoi l'on qualifie les zéolithes de
tamis moléculaires.

Figure 3.2.6. Zéolithe A de composition chimique Na12 [Al12 Si12 O48].zH 2O

3.3. La triade du cuivre

La triade du cuivre comprenant les éléments cuivre, argent et or est considérée comme la 1
ère colonne de transition (dénomination classique) ou comme la 11ème colonne du tableau
périodique (dénomination IUPAC). Ces métaux précieux sont appelés «métaux monétaires»,
car ils sont utilisés depuis très longtemps pour la fabrication des pièces de monnaie.

La chimie de l‘argent est dominée par l‘état d‘oxydation de +1, la souscouche d complète
étant non engagée. Par contre, la chimie du cuivre est caractérisée par la coexistence des
états d‘oxydation de +1 et +2, et celle de l‘or par la coexistence des états d‘oxydation de +1 et
+3, les derniers étant les plus fréquents (avec participation de la sous-couche d).

Les métaux monétaires sont des métaux par excellence : Ils sont plus ductiles (malléables) et
plus conducteurs (thermiquement et électriquement) que les autres métaux. Ces propriétés
les conditionnent, ensemble avec leur stabilité et leur éclat métallique, pour des utilisations
diverses.

Le cuivre

Naturellement présent dans la croûte terrestre, le cuivre à faible dose est essentiel au
développement de toute forme de vie. Il est majoritairement utilisé par l'homme sous forme
de métal. Le cuivre pur est un des seuls métaux colorés avec l'or et l'osmium. Il présente sur
ses surfaces fraîches une teinte ou un éclat métallique rose saumon : ce « métal rouge »
apprécié en orfèvrerie et en bijouterie, par exemple comme support de pièces émaillés ou
émaux rares, était dédié à la déesse de la beauté Aphrodite et aux artistes. On le désigne
parfois sous le nom de cuivre rouge par opposition aux laitons (alliages de cuivre et de zinc)
improprement nommés « cuivre jaune ». Métal ductile, il possède des conductivités électrique
et thermique particulièrement élevées qui lui confèrent des usages variés. Il intervient

102
également comme matériau de construction et entre dans la composition de nombreux
alliages, les cupro-alliages.

Le cuivre, aujourd'hui métal usuel, est le plus ancien métal utilisé par l‘homme10. Le point
de fusion n'est pas trop élevé, la facilité de réduction de l'oxyde de cuivre, souvent par un
simple feu de bois, est remarquable.

Métallurgie et affinage

Les minerais soufrés primaires, déjà décrits, permettent plus de 80 % de la production, il


s'agit de la pyrométallurgie du cuivre. Le cuivre est accompagné des autres éléments
métalliques Fe, Co, Ni, Zn, Mo, Pb, , et parfois des précieux Ag, Au, Pt et platinoïdes qu'il est
intéressant de récupérer dans les boues anodiques, mais aussi de Ge, Se, Te, As,

Le minerai cuprifère de l'ordre de 2 % de cuivre, est concentré en cuivre après des étapes
techniques mécanisées de tamisage, concassage, broyage et triage, notamment une
séparation par flottation par des agents tensio-actifs sélectifs et hydrophobes tel que
l'amylxanthate de potassium. Ce « minerai concentré » contenant de 20 % à 40 % de cuivre
est grillé en présence de silice, pour obtenir un laitier surnageant à base de minéraux stériles
et des mattes à base de sulfures de fer et cuivre contenant de l'ordre de 40 à 75 % de cuivre
selon les procédés.

La matte liquide est oxydée en présence de silice dans un convertisseur. Voici la réaction
globale, ne nécessitant quasiment pas de chauffage car rassemblant deux réactions fortement
exothermiques, qui ne prend en compte que le cuivre et délaissant les phases technique
concernant la matte, le laitier et le slag (scories ou crasses).

Cu2+ + 2 e- → CuO métal avec un potentiel d'électrode normal ε0 de l'ordre de 0,34 3

Les ions cuivre migrent vers la cathode, les métaux nobles comme l'argent sont piégés dans
les boues anodiques, au fond du compartiment de l'anode et les impuretés, par exemple le fer
oxydé en ions ferreux, restent dans le bain d'électrolyse36. Ce procédé permet d'obtenir du
métal pur de 99,9 % à 99,95 %. Mais ce cuivre cathodique ou technique est parfois poreux
ou comporte des inclusions ou poches d'électrolytes. Il faut le refondre au four sous diverses
atmosphères contrôlées (par exemple avec du phosphore P de désoxydation) ou à l'air pour
obtenir des coulées de billettes, des plaques ou fils de cuivre. Ces matériaux sont alors
transformés en demi-produits.

Il n'en reste pas moins que pour les spécialistes, il existe différentes nuances de cuivre selon
les normes nationales (par exemple norme NF A50-050), en particulier diverses catégories :
sans oxygène, avec oxygène, désoxygéné avec reliquat désoxygénant, désoxygéné sans traces
de désoxygénants37.

103
Le cuivre peut être distribué, outre les cylindres, les tubes ou les fils d'usages spécifiques, par
tôles (pleines ou perforées) ou plaques, barres pleines qui peuvent être méplates, carrées,
rondes, par barres perforées, par barrettes taraudées, par barres souples isolées, par fils
trolley, par feuillards, par bandes paratonnerre, par bandes spécifiques pour câbles ou
transformateurs, par disques (emboutissage),

Le cuivre recyclé peut être revendu sous forme de grenailles de diverses qualités (pureté) et
granulométries.

Le cuivre présente un aspect nettement plus mou vers 830 et fond vers 1 085.

Le cuivre se prête mal au moulage de fonderie. Si la température de la coulée est trop faible,
donc proche du point de fusion, le refroidissement trop rapide n'est pas maîtrisé, le métal
coulé ne prend pas l'empreinte des moules. Si la coulée est trop chaude, le cuivre après
refroidissement présente des soufflures. Aussi dans les arts et industries, il existe depuis des
temps forts lointains différents alliages pratiques.

Alliages notables

Très tôt, des alliages plus fusibles, plus durs que le cuivre purifié et surtout aptes à un
moulage de qualité, ont été mis au point par essai et erreur, sans qu'on sache leur véritable
nature chimique. Parfois, ils étaient réalisés directement à partir de minerais, et considérés
comme des métaux singuliers à part, ainsi les bronzes antiques obtenus avec des minerais
d'étain et les laitons anciens avec ceux de zinc…

Il existe un grand nombre d'alliages de cuivre anciens et modernes. Voici les principaux :

Airain, AlNiCo (parfois un peu de cuivre), alfénide ou métal blanc (cuivre avec Zn, Ni, Fe),
Alliage d'aluminium pour corroyage série 2000, Alliage de Devarda (Al avec un peu de Zn),
amalgame de cuivre (mercure), argenton (Ni,Sn), avional (aluminium, Mg, Si), billon (alliage)
(cuivre allié à l'argent), britannium (Sn,Sb), bronze (étain), bronze arsénié (étain et arsenic),
bronze au béryllium (béryllium), bronze phosphoreux (idem avec un petit peu de P),
constantan (nickel), cuproaluminium (aluminium), cunife (Ni, Fe), cuprochrome, cupronickel
(nickel), Dural ou duralium, laiton (zinc), Laiton rouge (un peu Zn), maillechort (nickel et
zinc), moldamax (béryllium), Orichalque, Mu-métal type (NiFe15Cu5Mo3, or blanc, or
nordique (un peu de Zn, Al et Sn), potin
(étain et plomb), ruolz (Ni,Ag), shakudō (avec un peu d'or), tumbaga (or), tombac (un peu de
Zn), virenium (un peu de Zn, Ni), zamak (zinc, aluminium et magnésium)

Le cuivre entre dans la composition d'alliages à mémoire de forme.

104
Les laitons, malléables et ductiles à froid, présentent une couleur d'autant plus dorée que la
teneur en cuivre est élevée. Cette belle couleur justifie son emploi comme garniture de lampes
et de meubles flambeaux, mais inspire aussi la création de faux-bijoux, autrefois à base de «
chrysocolle » ou d'« or de Mannheim ». Les laitons laissent pourtant une mauvaise odeur aux
bouts des doigts qui les manipulent. Ils ont été et sont parfois encore utilisés en tuyauterie,
robinetterie et visserie, comme ustensiles de ménages, instrument de physique (désuet),
boutons, épingles et fils, garniture de couteaux, pistolets, ressorts, engrenages et pignons,
échangeurs de chaleur, radiateurs. Les supports d'instrument de marine étaient en laiton
jaune à 20-40 % Zn, alors que les sextants l'étaient en laiton blanc à 80 % Zn.

L'addition de zinc et de nickel permet d'obtenir des maillechorts, par exemple à 20-28 % Zn
et 9-26 % Ni. Ils sont idoines à la fabrication de couverts, de vaisselles et de gobelets, de
théières, de pièces de sellerie et des éperons du fait de leur grande dureté, d'instruments
d'optique et de mécanique de précision, par exemple des pièces pour les mouvements
d'horlogerie, du fait de leur faible inaltérabilité à l'air. Ce sont aussi des alliages monétaires.

Les alliages de cuivre et de nickel sont dénommés cupronickels. Le métal Monel à 65-70 %
de Ni servir comme monnaie. À moindre teneur, les cupronickels sont utilisés pour le matériel
de laboratoire et de chimie, d'une manière générale, ainsi que les résistances de précision.
Le constantan à 40 % de Ni se caractérise par une valeur de la résistance électrique,
indépendante de la température.

Outre le Zn, le Ni et le Sn, les alliages de cuivre peuvent être à base de plomb Pb, d'argent Ag
ou d'or Au, ou à faibles teneur d'Al ou de Si.

L'addition de plomb permet de concevoir des alliages anti-friction, par exemple à 10-30 % Pb
et 7 % Sn. Le cuivre, l'or et l'argent sont miscibles en toutes proportions, ces alliages
relativement chers donnent naissance à l'or anglais. Mentionnons les alliages pour brasure,
à base de d'argent, du type Ag 20 % Zn 30 % Cu 45 % Cd 5 % en masse qui fond vers 615
ou encore Ag 35 % Zn 21 % Cu 26 % Cd 18 % en masse qui fond encore plus bas vers 607 .

Le bronze d'aluminium est un alliage à 5-10 % Al, utilisé comme monnaie ou matériau pour
instruments résistants à la corrosion marine, valves et pompes.

Il existe aussi des alliages au silicium, à des teneurs de 1-2 % Si.

Le cuivre au tellure, ainsi que le cuivre au soufre à moindre mesure, est un matériau
métallique idéal pour le décolletage ou la fabrication rapide et précise de pièces par usinage,
voire le matriçage à chaud. Le cuivre au tellure peut être employé également en soudage par
buse plasma, pour les connexions électriques des batteries et la boulonnerie.

3.4. Le fer et les métaux ferreux (oxydes de fer)

105
3.4.1. Présentation

Le fer est l'élément chimique de numéro atomique 26, de symbole Fe. Le corps simple est le
métal et le matériau ferromagnétique le plus courant dans la vie quotidienne, le plus souvent
sous forme d'alliages divers. Le fer pur est un métal de transition ductile, mais l'adjonction
de très faibles quantités d'éléments d'additions modifie considérablement ses propriétés
mécaniques. Allié au carbone et avec d'autres éléments d'additions il forme les aciers, dont
la sensibilité aux traitements thermomécaniques permet de diversifier encore plus les
propriétés du matériau.

3.4.2. Chimie du fer

3.4.2.1. Oxydation du métal

Le fer, combiné à l'oxygène, s'oxyde, suivant les conditions en trois oxydes de fer :
• l'oxyde de fer (II) FeO (« oxyde ferreux ») ;
• l'oxyde de fer (III) Fe2O3 (« oxyde ferrique ») ;

• l'oxyde de fer (II, III) Fe3O4 (« oxyde magnétique »).


À l'air libre en présence d'humidité, il se corrode en formant de la rouille, constituée d'oxydes
et d'oxyhydroxydes ferriques hydratés, qu'on peut écrire Fe2O3·nH2O et FeO(OH)·nH2O
respectivement. La rouille étant un matériau poreux, la réaction d'oxydation peut se propager
jusqu'au cœur du métal, contrairement, par exemple, à l'aluminium, qui forme une couche
fine d'oxyde imperméable.

La spectroscopie Mössbauer fournit un outil puissant pour la


distinction des différents degrés d'oxydation du fer. Avec cette technique, il est possible de
faire une analyse quantitative en présence de mélange de phases de fer.

3.4.2.2. Les ions du fer en solution aqueuse

En solution aqueuse, l‘élément chimique fer est présent sous forme ionique avec deux
valences principales :

• Fe2+ (l'ion fer(II), anciennement appelé ferreux). Suivant l'environnement chimique en


solution, il peut prendre différentes couleurs. La solution obtenue par dissolution de
sel de Mohr, par exemple, présente une couleur vert pale. Une telle solution est stable
pour les pH inférieurs à 6. Pour un pH supérieur à cette valeur, l'hydroxyde de fer(II)
Fe(OH)2 précipite ;
• Fe3+ (l'ion fer(III), anciennement appelé ferrique). Les solutions de chlorure de fer(III)
sont orange, et celle de nitrate de fer(III) sont incolores. Ces solutions doivent avoir un
pH inférieur à 2 car l'hydroxyde de fer(III) Fe(OH)3 est peu soluble.

106
3.4.2.3. Oxydoréduction des ions du fer

Les potentiels de référence des couples du fer sont [réf. nécessaire] :

Fe2+ / Fe : E° = −0,44
Fe3+ / Fe2+ : E° = +0,77
Cela indique que le fer métallique n'est pas stable en milieu aqueux. Il s'oxyde d'autant plus
vite que le pH est bas.
Cela indique également qu'en présence de dioxygène dissous (E°(O2 / H2O) = 1,3, les ions
fer(II) ne sont pas stables non plus.
Ces potentiels de référence changent en fonction des ions présents en solution, surtout si
les constantes de stabilité des complexes correspondant en Fe(II) et Fe(III) sont notablement
différentes.
L'oxydoréduction est une manière de titrer les ions fer(II), par exemple par les ions cérium(IV)
(couple Ce4+/Ce3+) ou par les ions permanganate MnO4− (couple MnO4− / Mn2+ en milieu
acide sulfurique).
Bien que la réduction en fer métallique des ions du fer soit possible, elle est rarement
pratiquée à partir de solution aqueuse.
Les alliages de fer
Le fer n'est pratiquement pas utilisé à l'état pur (hormis pour résoudre certains problèmes de
soudabilité, notamment sur aciers inoxydables). La fonte et l'acier (1 000 Mt) sont les
principaux alliages :

• la fonte contient de 2,1 % à 6,67 % de carbone ;


• l'acier contient de 0,025 % à 2,1 % de carbone, le fer étant le principal élément entrant
dans sa composition ;
• en dessous de 0,025 % de carbone, on parle de « fers industriels ». L'ajout de divers
éléments d'additions permet d'obtenir des fontes et des aciers spéciaux, mais l'élément
ayant la plus forte incidence sur les propriétés de ces alliages reste le carbone.
Les aciers inoxydables doivent leurs propriétés de résistance à la corrosion à la présence de
chrome qui, en s'oxydant, va former une fine pellicule protectrice.

Les minerais de fer

Les principaux minerais de fer sont des sulfures, des carbonates et des oxydes.
• Les sulfures, dont les représentants principaux sont la pyrite et la pyrrhotite, ne sont
jamais utilisés directement pour la production du fer à cause de l'effet fragilisant du
soufre sur les alliages ferreux. Ils constituent en revanche une matière primaire
importante pour la production de dioxyde de soufre, obtenu grâce au grillage. Il reste
un résidu d'oxyde de fer (« cendres de pyrite ») qui est pulvérulent et peut contenir
encore des quantités gênantes de soufre : son utilisation comme minerai de fer peut
donc se révéler problématique.

107
• Comme carbonate, on trouve la sidérite ou sidérose, FeCO3, qui donne l'oxyde par
calcination. À l'air humide, la sidérite se transforme en lépidocrocite ou, plus rarement,
en goethite. La sidérite est fréquemment associée à la pyrite, la magnésie, la chaux, le
manganèse. On distingue le fer carbonaté spathique, minerai cristallin blanc,
légèrement jaunâtre, très répandu, et la sphérosidérite, en masses sphéroïdales,
mélangé à des matières terreuses, rare en France. Le minerai des gisements de houille
renferme du charbon : il est de couleur noire et de grillage facile. Au Royaume-Uni, il
est connu comme blackband.
• La magnétite, spinelle ferrimagnétique Fe3O4, est le minéral de fer le plus riche en
métal. Elle est souvent associée à l'hématite dans le même gîte, mais des gîtes de
magnétite pure sont aussi connus. Densité 5,15, couleur noire, éclat métallique,
souvent accompagnée d'impuretés comme la silice, la chaux, l'alumine et le phosphore.
• L'hématite α-Fe2O3, est le composant le plus important des minéraux de fer traités
dans l'industrie sidérurgique

La sidérurgie

Le terme sidérurgie désigne à la fois les technologies d'obtention de la fonte, du fer et de


l'acier à partir de minerai de fer, mais aussi l'industrie qui les met en œuvre.

Une usine d'agglomération est une installation sidérurgique servant à fritter le minerai de
fer pour le rendre apte à l'utilisation dans le haut fourneau. Le minerai de fer est tout d'abord
mélangé avec de la castine et un combustible solide bon marché (houille, rebuts de coke).
L'opération d'agglomération proprement dite consiste à brûler le combustible pour atteindre
la température de frittage du minerai. Le produit obtenu, appelé « aggloméré », a une
composition chimique, une porosité et une tenue mécanique compatibles avec le
fonctionnement du haut fourneau.

Une cokerie est une usine réalisant la synthèse de coke et de gaz manufacturé à partir de
charbon par un procédé de distillation à sec. Les composants volatils du charbon pyrolysés,
libérés par chauffage à une température comprise entre 900 °C et 1 400 sont généralement
aspirés et récupérés ; mais il existe aussi des cokeries où les composants libérés sont brûlés
: on parle dans ce cas de procédé de récupération de chaleur (Heat Recovery). Il se forme alors
à la surface du coke obtenu une couche de cendres1. Le dégazage du charbon confère au
coke une porosité très recherchée. Les gaz sont décomposés par condensation fractionnée en
goudrons d'hydrocarbure, acide sulfurique, ammoniac, naphtalène, benzol et gaz de coke :
ces produits sont ensuite purifiés dans d'autres réacteurs chimiques. L‘Allemagne maintient
(en 2010) encore cinq cokeries en activité pour les besoins de son industrie nationale.

Le coke est surtout recherché pour produire de la fonte (sidérurgie) dans les haut-fourneaux,
et cela demeure sa principale utilisation aujourd'hui. Le dégazage permet de réduire
considérablement sa teneur en soufre, ce qui permet à l'industrie sidérurgique de produire

108
des fontes de meilleure qualité, tout en étant moins polluante. Les cendres de coke sont,
hormis cela, à peu près de même composition que celle de la houille ordinaire.

Un haut fourneaunote 1 est une installation industrielle destinée à simultanément désoxyder


et fondre les métaux contenus dans un minerai, par la combustion d'un combustible solide
riche en carbone. En généralnote 2, le haut fourneau transforme du minerai de fer en fonte
liquide, en brûlant du coke qui sert à la fois de combustible et d'agent réducteur. Bien que la
fonte produite soit un matériau à part entière, cet alliage est généralement destiné à être
affiné dans des aciéries.

Une aciérie est une usine servant à produire de l'acier en grandes quantités, sous la forme
de produits semi-finis. On distingue généralement deux types d'aciéries : les aciéries
électriques qui produisent de l'acier à partir de ferrailles recyclées, et les aciéries à oxygène
qui travaillent à partir de fonte liquide produite par un haut fourneau.

Un convertisseur est un four servant de réacteur chimique pour une opération d'affinage des
métaux en fusion.

Figure 3.2.7 : schéma d’une sidérurgie

La chimie des actinides : L’uranium

Découvert en 1789 par M. H. Klaproth, l‘uranium est l‘élément le plus important des trois
actinides naturels (Th, Pa, U). Il se trouve dans l‘écorce terrestre (3.2 · 10 -4 %) principalement
sous forme de minéral UO 2 .

109
Tous les isotopes de l‘uranium sont radioactifs avec des périodes (demivie) assez longues: 238
U (99.27%, 4.5 · 10 9 a), 235 U (0.72%, 7.0 · 10 8 a) et 234 U (0.006%, 2.5 · 10 5 a). Cet
élément est étroitement lié à la découverte de la radioactivité (H. Becquerel, 1896) et à la
découverte de la fission nucléaire ( O. Hahn, L. Meissner, 1938).

MODULE IV : CHIMIE ATOMIQUE ET CHIMIE NUCLEAIRE

110
111
CHIMIE ATOMIQUE

Impact de la chimie atomique et nucléaire en ingénierie

La chimie atomique et surtout la chimie nucléaire trouvent leurs applications largement dans
la mécanique (détection de certains défauts dans les pièces mécaniques, détection de certains
métaux dans les huiles lubrifiantes, étude de la détérioration à l‘intérieur des moteurs de
véhicules, coupe de certains matériaux par rayons-X…) ; en électricité (production d‘électricité
dans les centrales nucléaires, détection des défauts dans certaines matériaux électrique…) ;
en ingénierie cancer par radiothérapie, design des stoppeurs des rayonsX…) ; en
environnement (détection des substances radioactives dans l‘eau ou l‘air,
biomédicale/maintenance (usage des équipements pour traitements de analyse des polluants
radioactifs dans l‘environnement…), en agronomie (analyse de certains produits alimentaires,
étude de l‘absorption des composants des produits fertilisants par les plantes) ; en aviation
(les rayons-X sont utilisés pour détecter les explosifs cachés dans les bagages, détection des
défauts dans des pièces ultra-sensibles des aéronefs…) ; en électronique et informatique
(usage de cobalt et ses isotopes dans la fabrication des composants électroniques, détection
des défauts difficilement réalisable par des méthodes usuelles …).

Comme on le voit, la liste des exemples d‘applications de la chimie atomique et la chimie


nucléaire n‘est pas exhaustive, mais les quelques donnés démontrent à suffisance qu‘il est
aussi important que l‘ingénieur en formation soit suffisamment équipé dans ce domaine de
chimie.

Modèle atomique de Bohr

Bohr assimila l‘atome à une sphère dont le centre est occupé par un noyau. Son modèle est
bien décrit en termes de lignes spectrales émises par l‘atome d‘hydrogène ou ses ions isotopes.

Une des suppositions de ce modèle est que les électrons ne peuvent exister qu‘au niveau
d‘orbites discrètes de sorte que le moment angulaire d‘un électron est un multiple entier (n)
de (h est la constante de Planck). Lorsque nous supposons que les orbites sont
circulaires et une simple attraction coulombienne existe entre l‘électron et le proton du noyau,
les énergies des états quantiques pour l‘hydrogène sont calculés à partir de l‘expression :

n=1, 2, 3,

Ou n est un entier appelé ‗‘nombre quantique (principal), ke est la constante de Coulomb, e


est la charge électronique, et ao=0.0529 n, est le rayon de Bohr.

Emission de photons/lumière par un atome

112
Si un électron dans un atome d‘hydrogène quitte une orbite dont le nombre quantique ni
(énergie supérieure) à une autre de nombre quantique nf (énergie inférieure) de sorte que
ni>nf, un photon de lumière est émis par l‘atome. Et la fréquence de ce photon est donnée
par l‘expression :

La mécanique quantique peut s‘appliquer à l‘atome d‘hydrogène en faisant usage de la

fonction d‘énergie potentielle dans l‘équation de Schrödinger.


A noter que lorsqu‘une particule comme un photon ou un électron meut, il émet de l‘énergie
liée initialement à son énergie potentielle et vibre comme une onde. Et l‘équation reliant son
énergie potentielle U et la fonction d‘onde Ѱ (indépendante du temps, mais spatiale-x) est
donnée par :

U : énergie potentielle
E : énergie totale
Ѱ : fonction d‘onde (zone probable de localisation de particules)

L‘équation de Schrödinger

La solution à cette équation génère une fonction d‘ondes pour les états (niveaux) permissibles
(orbite pouvant être occupé par au moins un électron), et les énergies correspondantes
données par l‘expression :

n=1, 2, 3….

Où n est le nombre quantique principal. Les fonctions d‘ondes (Ѱ) permises dépendent de
trois nombres : n, l, et ml, ou l est le nombre quantique d‘orbitale ou secondaire (qui
représente la forme plus ou moins de l‘orbitale, s : sphéroïde, p : poiroïde, d : dentelloïde) et
ml est le nombre quantique magnétique.

Les restrictions sont telles que : n = 1, 2, 3… correspondent aux couches/orbites K,


L, M, … l= 0, 1, 2, …, n-1 correspondent aux sous-couches de formes s, p, d

nl= -l, -l+1, …, l-1, l
Transitions atomiques
Un atome peut subir trois types de transitions : absorption stimulée, émission spontanée et
émission stimulée.

Une absorption stimulée a lieu lorsqu‘un photon frappe un atome, l‘excitant et occasionnant
le mouvement d‘un électron à un niveau supérieur.

113
Une émission spontanée q lieu lorsqu‘un électron d‘un atome quitte un niveau énergétique
supérieur à un niveau inférieur, l‘atome émet ainsi un photon.

Une émission stimulée n‘est qu‘une conséquence de l‘absorption photonique, ou l‘atome


stimulé émet un photon identique à l‘incident.

Les longueurs d‘onde de lignes spectrales émanant de l‘atome d‘hydrogène, appelées série de
Balmer peuvent être décrites par l‘équation suivante :

n=3, 4, 5 ….

Ou RH est la constante de Rydberg =1.097*107 m-1.

Les lignes spectrales correspondent aux valeurs de n à partir de 3 jusqu‘à 6 dans la gamme
des spectres électromagnétiques. Les valeurs de n supérieures à 6 correspondent aux lignes
spectrales dans la région de spectres ultra-violets.

Rayons-X

Les rayons-X sont produits lorsque les électrons d‘énergie élevée ou les autres particules
chargées bombardent une cible métallique. Les rayons-X consistent typiquement à une bande
large continue contenant une série de lignes fines.

CHIMIE NUCLEAIRE

1. Quelques propriétés du noyau

Tous les noyaux atomiques sont composés de deux types de particules : protons et neutrons.
Ainsi, le noyau atomique est décrit par le nombre de protons et le nombre de neutrons. Dans
la suite, nous ferons usage des symboles suivants :
- Le nombre atomique Z, qui égale le nombre de protons dans un noyau (de fois appelé
le nombre de charge)
- Le nombre de neutrons N, qui égale la quantité de neutrons dans le noyau
- Le nombre de masse A = Z+N, qui égale le nombre de nucléons (protons + neutrons)
dans le noyau.

Un nucléon est une combinaison particulière du nombre atomique et de mass atomique que
représente un noyau. En représentant les nucléons, il est préférable de faire usage de
symbole suivant : pour exprimer le nombre de protons Z, le nombre de neutrons N (=A-
Z) de l‘élément X.

Ex : a 26 protons et 30 neutrons.

114
Lorsqu‘il n‘y q pas de confusion, nous pouvons simplement écrire Les noyaux qui ont le
même nombre de protons (Z) mais différentes valeurs de N et A sont appelés Isotopes. Ex. :
sont deux isotopes de l‘élément uranium.

Le proton porte une charge positive e, égale en magnitude à la charge – e sur l‘électron
(e=1.6*10-19C). Le neutron est électriquement neutre. Les neutrons peuvent être détectés en
faisant usage des équipements tels les scintillateurs plastiques.

Le Tableau X ci-après nous donne l‘idée des masses relatives des différentes particules.

Tableau X : Masses des particules sélectionnées en différentes unités


Particules Masse

kg u MeV/C2
Proton 1.67262*10-27 1.007276 938.27
Neutron 1.67493*10-27 1.008665 939.57
Electron 9.10938*10-31 5.48479*10-4 0.510999
1.67353*10-27 1.007825 938.783
6.64466*10-27 4.001506 3727.38
1.99265*10-27 12.00000 11177.9

IL est de fois préférable d‘exprimer l‘unité de masse atomique (uma ou u) en termes de


l‘équivalent de son énergie au repos, autrement,

Ou nous avons considéré par convention que : 1 eV = 1.602*10-19 J

2. Energie de liaison nucléaire

Généralement, les noyaux des atomes lourds sont instables, et subissent parfois de
désintégrations (naturelles ou forcées). Ex :

Apres désintégration, l‘on peut constater que la somme de masse (B+C) n‘est pas égale à celle
de A de départ. Cette différence est appelée défaut de masse :
Et l‘énergie correspondante à ce défaut de masse est appelée Energie de liaison nucléaire,
laquelle est exprimée par :

3. Radioactivité et Processus de désintégration

115
Un noyau peut se désintégrer naturellement ou artificiellement en émettant des
rayonnements ayant une certaine énergie, c‘est ce que l‘on appelle radioactivité. IL existe
trois types de rayonnement : alpha (α), bêta (β), alpha(ɣ)

Comme illustré sur la figure ci-après, une expérience ou une source radioactive émet des
rayonnements α, β, et ɣ. Et en passant par un champ magnétique entrant ces rayonnements
sont dispersés comme indiqué ci-dessous.

Champ magnétique
α

ɣ
Source Radioactive
β

Rayonnement-α,

Durant la désintégration ou rayonnement α la particule alpha qui s‘en dégage est le noyau
d‘Hélium.
Ex:

Rayonnement- β

Au cours de la désintégration ou rayonnement β la particule beta qui en découle est soit


un électron (e-) ou un positron (e+). Le rayonnement beta est aussi accompagné des
particules énergétiques appelées antineutrinos ( ) lorsqu‘il s‘agit d‘électron et neutrinos (
lorsqu‘il est question de positron.

Ex, :

Rayonnement -

Au cours de ce processus, la désintégration est suivie de la libération des particules très


énergétiques que les deux premières, à telle enseigne qu‘elles peuvent correspondre aux
rayonnements-X.
Ex. :

4. Radioactivité naturelle

116
Lorsque le noyau d‘une substance se désintègre, la concentration de celle-ci diminue. Si un
matériau radioactif contient au temps t = 0, No noyaux, le nombre de noyaux N restant au
temps t après désintégration ait eu lieu est obtenu à partir de l‘équation :

Ou λ est la constante de désintégration, un nombre qui est égal à la probabilité par seconde
qu‘un noyau se désintègre. Apres intégration, on trouve

NB :
La mesure de la radioactivité (activité d‘une substance radioactive) est le Becquerel ou Curie.
Et l‘équipement utilisé pour mesurer cette réactivité est le Geiger Tube.

Le taux de désintégration ou activité d‘une substance radioactive est donné par :

Ou Ro = λNo est l‘activité au temps t=0.


On définit le temps de demi-vie τ1/2 comme l‘intervalle de temps nécessaire pour que la
radioactive désintègre de moitié.

Radioactivité artificielle

Fission nucléaire

Une fission nucléaire se déroule lorsqu‘un noyau lourd tel que 235U se scinde (fissure) en
deux petits noyaux. La fission est initiée quand un noyau lourd capture un neutron
réchauffé. L‘absorption du neutron par le noyau crée un noyau instable et qui peut changer
à une configuration énergétique faible en se scindant à son tour en deux autres petits
noyaux.

Dans des telles réactions, la masse combinée des noyaux générés est inférieure que celle du
noyau générateur ou parent, et la différence en masse est appelée ‗‘défaut de masse‘‘. En
multipliant le défaut de masse par C2, on obtient la valeur de l‘énergie libérée pendant ce
processus de fission nucléaire. Cette énergie est sous forme d‘énergie cinétique associée avec
le mouvement de neutrons et noyaux générés après l‘événement de fission.

L‘énergie est libérée parce que l‘énergie de liaison par nucléon des noyaux générés est
approximativement 1 MeV plus grande que celle de noyaux parents.

La fission de 235U occasionnée par neutrons réchauffés peut être représentée par la réaction
:

117
est un intermédiaire instable excité qui ne dure
approximativement 10-12 s avant de se scinder en deux autres petits noyaux X et Y, qui
sont appelés fragments de fission.

Dans n‘importe quelle réaction de fission, il y a plusieurs combinaisons de X et Y qui satisfont


les exigences de conservation d‘énergie et de charge. Dans le cas de l‘uranium, par exemple,
à peu près 90 noyaux générés (filles) peuvent être formés.

La fission nucléaire aboutit aussi à la production de quelques neutrons, typiquement deux


ou trois. En moyenne, approximativement 2.5 neutrons sont libérés par événement.

Une réaction typique de fission nucléaire d‘uranium est représentée comme ci-après :

Réacteurs Nucléaires

Lorsque 235U subit les réactions de fission nucléaire, un neutron occasionne la production
de 2.5 autres neutrons par événement. Ces neutrons peuvent faire que d‘autres noyaux se
scindent à leur tour. Puisque plusieurs neutrons sont produits par événement (de fission) il
y a possibilité d‘une évolution de réactions en chaine qui produit une quantité considérable
d‘énergie. Les calculs montrent que si la chaine de réactions n‘est pas contrôlée (si certaines
particules ne sont pas absorbées pour réduire la rapidité de réactions), cela peut résulter en
une violente explosion, avec une libération soudaine d‘une énorme quantité d‘énergie.

Quand la réaction est contrôlée, cependant, l‘énergie libérée peut être utilisée pour un usage
constructif, comme dans des centrales nucléaires pour la production d‘électricité. Dans la
plupart de cas, on utilise des barres dans le réacteur nucléaire, dans certains cas on fait
usage de l‘eau.

La plupart des réacteurs nucléaires en opération de nos jours, utilise uranium comme
combustible. Naturellement, uranium contient seulement 0.7o/o d‘isotope 235U, et le reste,
soit 99.3o/o c‘est l‘isotope 238.

238U ne scinde quasiment pas, mais plutôt absorbe des neutrons pour produire le neptunium
et le plutonium. C‘est raison pour laquelle, le réacteur doit être artificiellement enrichi pour
mieux contenir un échantillon avec plus de 235U.

Fusion nucléaire

Lorsque deux noyaux légers se combinent pour former un noyau lourd, le processus est
appelé ‗‘Fusion nucléaire‘‘. Puisque la masse du noyau final est petite que celle des masses
des noyaux originaux, il y a une perte de masse qui s‘accompagne par une libération d‘énergie.

118
Deux exemples de telle libération d‘énergie au travers une fusion nucléaire sont donnés ci-
après :

Absorption des rayonnements nucléaires

Pour stopper l‘évolution d‘une émission ou radiation nucléaire, on peut faire usage
d‘absorbeur ayant une certaine propriété intrinsèque d‘absorption μ et une épaisseur x.

Un rayonnement incident d‘intensité Io en tombant sur l‘absorbeur se voit en partie (de fois
totalement) absorbé, et l‘intensité du rayonnement émergent est donnée par I.
X

Io I

Absorbeur

La variation de l‘intensité du rayonnement est proportionnelle à l‘épaisseur de l‘absorbeur et


est donnée par l‘expression :

et en intégrant comme , ce qui donne au


finish :

Cette expression peut aider dans le dimensionnement des absorbeurs dans les réacteurs
nucléaires.

Datation par carbone-14

La désintégration beta de 14C est généralement utilisée pour l‘ancienneté des échantillons
organiques. Les rayons cosmiques dans les hautes atmosphères occasionnent des réactions
nucléaires qui produisent 14C.

Le ratio 14C/12C dans le dioxyde de carbone (CO2) de notre atmosphère a une valeur constante
proche de ro=1.3*10-12.

Les atomes de carbone dans tous les organismes vivants ont le même ratio 14C/12C=ro parce
que les organismes vivants échangent continuellement le CO2 avec l‘environnement. Lorsqu‘il
meurt cependant, l‘organisme n‘absorbe plus l‘isotope 14C de l‘atmosphère, ainsi le rapport
14C/ 12C diminue étant donné la décroissance de 14C qui désintègre, avec une période de demi-

vie de 5730 années. IL est alors possible de déterminer l‘âge d‘un matériau en mesurant
l‘activité de son isotope 14C.

119
Par cette méthode les scientifiques ont été capables d‘identifier les échantillons de bois, os, et
autres organismes datant de plus de 1000 à 25000 ans d‘âge.

Exemples d’applications
Les exemples ci-après sont illustratifs (1 est résolu tandis que 2et 3 sont laissés au soin de
l‘apprenant de tenter)

1. Calculez l‘énergie libérée lorsque 1 kg d‘uranium (235U) subit une fission nucléaire en
considérant que l‘énergie de désintégration par événement égale à Q = 208 MeV.

Solution

Cette catégorie d‘exercices implique l‘analyse d‘énergie libérée lors d‘une fission nucléaire.
Puisque la masse atomique d‘uranium est 235, c‘est -à- dire qu‘une mole de cet isotope a une
masse de m = 235 g.
Trouvons le nombre de nucléons dans notre échantillon en termes de nombre de moles n et
du nombre d‘Avogadro, et ensuite en termes de la masse m de l‘échantillon et de la masse
molaire de 235U :

Trouvons l‘énergie totale libérée lorsque tous les noyaux subiront la fission ;

= 2.37*107 kWh
Cette énergie est équivalente à celle libérée par la détonation de 20 000 tonnes de TNT.
1. La combustion d‘une tonne (1000 kg) de charbon produit 3.30*10 10 J d‘énergie. La fission nucléaire
d‘un noyau d‘uranium-235 produit une énergie moyenne approximative de 200 MeV. Quelle masse
d‘uranium produit la même énergie dans la fission nucléaire que celle de la combustion d‘une
tonne de charbon.

2. Une centrale nucléaire produit lors d‘une fission nucléaire approximativement 1 GW de puissance
énergétique. Supposons que la centrale a une efficacité moyenne de 40 o/o et que chaque réaction
de fission produit 200 MeV d‘énergie. Calculez la masse d‘uranium-235 consommée chaque jour
en supposant le fonctionnement de la centrale 24/24 h. Quel type de matériau serait suggérable
à être utiliser dans la construction du réacteur pour supporter la chaleur émanant de la fission
de l‘uranium ?

120
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Claude BANDZUCK, Laurent BELISLE, Pierre VALIQUETTE, Odyssée Sciences Physiques, Ed.
Du Renouveau, Ottawa, Canada, 1991, pp ô114-139
Felder, Elementary principles of chemical processes, 3rd Ed., 2005
Mc QUARRIE / ROCK, Chimie Générale, éd. A. de Boeck, Bruxelles, 1992
Mpela, Notes de cours de chimie générale, ISTA, 2017
Mpela, Notes de cours de chimie industrielle, ISTA, 2017
Mpela, Notes de cours de génie chimique des hydrocarbures, UNIKIN, 2017
Université de Neuchâtel, Cours de Chimie minérale systématique IIMétaux et semi-métaux,
disponible en ligne
https://www.unine.ch/files/live/sites/macrochem/files/shared/Cour s/Chimie MinSyst-
IIRD.pdf 07 novembre 2019
UPMC, Cours de Chimie Inorganique, chapitre 2, Université Pierre et Marie Curie, Année
2005-2006 disponible en ligne sur
http://www.edu.upmc.fr/chimie/chiminorga/L2/205Chapitre2.pdf 07 Novembre 2019
Verchier Y., Valette-Delahaye A-L., Lemaitre F., Chimie Générale, 2ème éd, Dunod, Paris, 2011
ISBN 978-2-10-056621-1

TABLE DES MATIERES

DEDICACE ..................................................................................... 3 PREFACE


....................................................................................... 5 AVANT-PROPOS
............................................................................. 7 MODULE I CHIMIE GENERALE
APPLIQUEE .................................. 11 O. INTERACTION ENTRE LA CHIMIE ET
L’INDUSTRIE ................. 13 O.3. INDUSTRIE DE TRANSFORMATION
...................................... 14 CHAPITRE I : EQUILIBRES CHIMIQUES
....................................... 17 CHAPITRE II CINETIQUE CHIMIQUE
............................................ 29 CHAPITRE III : STOECHIOMETRIE, BILAN-MATIERE
ET BILANENERGIE ..................................................................................... 31
CHAPITRE IV : THERMODYNAMIQUE APPLIQUEE ........................ 41 MODULE III :
INTRODUCTION A LA CHIMIE INORGANIQUE ......... 53
NOTES ............................................................................................. 62

121
MODULE III : CHIMIE INORGANIQUE ........................................... 79
Alliages notables .......................................................................... 104
3.4.2. CHIMIE DU FER .......................................................................106
MODULE IV : CHIMIE ATOMIQUE ET CHIMIE NUCLEAIRE ......... 111 CHIMIE ATOMIQUE
................................................................... 113 CHIMIE NUCLEAIRE
.................................................................. 116 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
........................................... 123 TABLE DES MATIERES
.............................................................. 124

122

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