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Université Mohammed Ier, Faculté des Sciences, Oujda

INTERACTIONS
DES
RAYONNEMENTS
AVEC LA
MATIERE
CHAPITRE III

Pr. Dekhissi Hassane

20/10/2020
I. CHAPITRE 3 ..................................................................................................................... 3
INTERACTION DES RAYONNEMENTS .............................................................................. 3
AVEC LA MATIERE ............................................................................................................... 3
I.1 INTRODUCTION ..................................................................................................... 3
I.2 INTERACTION DES PARTICULES CHARGEES AVEC LA MATIERE ............ 3
I.2.1 Particules chargées lourdes .................................................................................. 3
I.2.1.1 Interaction avec les électrons des atomes ..................................................... 3
I.2.1.2 Trajectoire des particules après l’interaction ................................................ 4
I.2.1.3 Définition du pouvoir d’arrêt ou de ralentissement ...................................... 4
I.2.1.4 Evaluation de la perte d’énergie des particules chargées (formule de Bethe)
4
I.2.1.4.1 Cas d’un choc frontal (paramètre d’impact b=0) ..................................... 5
I.2.1.4.2 Cas du choc non frontal ............................................................................ 6
I.2.1.5 Parcours des particules chargées lourdes ................................................... 10
I.2.1.6 Relation entre parcours et pouvoir d'arrêt .................................................. 11
I.2.1.7 Ionisation spécifique ................................................................................... 11
I.2.1.8 Courbe de Bragg ......................................................................................... 12
I.2.2 Interaction des particules chargées légères avec la matière ............................... 13
I.2.2.1 La diffusion inélastique sur les électrons atomiques .................................. 13
I.2.2.2 Diffusion élastique sur les noyaux ............................................................. 14
I.2.2.3 Rayonnement de freinage ou Bremsstrahlung :.......................................... 14
I.2.2.4 Comparaison de la perte d’énergie par diffusion et par freinage ............... 15
I.2.2.5 Effet Cerenkov............................................................................................ 15
I.2.2.6 Cas du positron ........................................................................................... 16
I.3 INTERACTION DES RAYONNEMENTS ELECTROMAGNETIQUES AVEC
LA MATIERE ..................................................................................................................... 17
I.3.1 Effet photoélectrique.......................................................................................... 18
I.3.2 La diffusion Compton ........................................................................................ 19
I.3.3 Création de paires ou matérialisation................................................................. 20
I.3.3.1 Conséquence de la création de paires ......................................................... 21
I.3.4 Loi d’absorption des photons dans la matière ................................................... 22
I.3.4.1 Coefficient d’atténuation linéaire ............................................................... 23
I.3.4.2 Coefficient d’atténuation massique ............................................................ 23
I.3.4.3 Absorption moitié ....................................................................................... 23
I.3.4.4 Représentation de  en fonction de l'énergie pour le Pb ............................ 23
I.4 INTERACTION DES NEUTRONS AVEC LA MATIERE ................................... 23
I.4.1 Généralités ......................................................................................................... 23

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Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)
I.4.2 Classification des neutrons ................................................................................ 24
I.4.3 Différents types d'interaction ............................................................................. 24
I.4.3.1 La diffusion élastique ................................................................................. 24
I.4.3.2 La diffusion inélastique .............................................................................. 25
I.4.3.3 La réaction de capture ................................................................................ 25
I.4.3.3.1 Réaction de capture radiative .................................................................. 25
I.4.3.3.2 - Les réactions de capture type (n,p) et (n,) .......................................... 25
I.4.3.3.3 - Les réactions de capture type (n,2n) ..................................................... 26
I.4.3.3.4 la réaction de fission nucléaire................................................................ 26

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Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)
I. CHAPITRE 3
INTERACTION DES RAYONNEMENTS
AVEC LA MATIERE

I.1 INTRODUCTION

La perte d’énergie est un phénomène atomique mais très important pour la


physique nucléaire. En effet, les rayonnements d’origine radioactifs ou provenant des
réactions nucléaires sont imperceptibles à nos sens mais il est possible de mettre en
évidence leur présence grâce à leur interaction avec la matière qu’ils traversent. Sous
vide absolu, tous les rayonnements se déplacent indéfiniment à moins que la particule ne
soit pas stable, mais dans les milieux matériels (solide, liquide ou gazeux), tous ces
rayonnements perdent de l’énergie ou sont absorbés de différentes manières.
On distingue 3 types d’interactions des rayonnements avec la matière :
• Interaction des particules chargées
• Interaction des photons
• Interaction des particules neutres tels que les neutrons.

I.2 INTERACTION DES PARTICULES CHARGEES


AVEC LA MATIERE

On distingue deux cas : (Particules chargées lourdes et légères)

I.2.1 Particules chargées lourdes

Telles que le proton, la particule alpha et les autres noyaux produits lors des réactions
nucléaires. Ces particules peuvent interagir avec des noyaux mais puisque le rayon
de l’atome est beaucoup plus grand que celui du noyau, l’interaction avec un électron
de l’atome est beaucoup plus probable. En effet la comparaison des sections efficaces
géométriques le montre clairement.

 g (atome)
 g (atome)  10 −16 cm 2  g (noyau)  10 −24 cm 2   10 8
 g (noyau)
I.2.1.1 Interaction avec les électrons des atomes

C’est un phénomène de diffusion avec les électrons des atomes du milieu traversé.
L’interaction se fait de deux manières :
Par ionisation : La particule en mouvement entraîne avec elle un champ électrique
qui agit sur les électrons atomiques qui se trouvent au voisinage de sa trajectoire. Si
l’interaction est suffisante, certains de ces électrons peuvent être arraché aux atomes et
seront émis avec une certaine énergie cinétique, c’est l’ionisation. L’énergie transférée

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Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)
lors de chaque collision constitue une fraction très faible de l’énergie cinétique de la
particule.
Par excitation : Si l’interaction n’est pas suffisante pour ioniser, on aura excitation
de l’électron. Ce dernier passe d’un état initial ou son énergie de liaison Eo à un autre état
d’énergie de liaison E1. L’énergie d’excitation Eo-E1 est prélevée sur l’énergie de la
particule en mouvement.

Remarques :

L’excitation/ionisation d’un milieu matériel constitue le processus principal


de perte d’énergie des particules chargées lourdes lorsqu’elles traversent la matière.
L’utilisation des électrons d’ionisation du milieu (en les accélérant à l’aide d’un
champ électrique intense) a permis de développer différents détecteurs de particules
Geiger-Muller, Streamer tubes,...).
L’utilisation des photons émis lors de la désexcitation du milieu a permis de
développer des compteurs à scintillation.

I.2.1.2 Trajectoire des particules après l’interaction

Lors des interactions, la perte d’énergie de la particule en mouvement reste


faible devant son énergie cinétique et la déviation qu’elle subit est très petite. Ainsi
la trajectoire de la particule est rectiligne. (Ça s’explique également par la différence
des masses des noyaux et des électrons).

I.2.1.3 Définition du pouvoir d’arrêt ou de ralentissement


Lors du passage d’une particule dans un milieu elle va subir un certain nombre
d’interactions dont chacune correspond à une perte d’énergie très faible. Soit dE cette
perte d’énergie de la particule.
On appelle pouvoir d’arrêt ou de ralentissement du milieu traversé pour des particules
d’énergie considérée, la perte d’énergie subie par ces particules dans ce milieu par
unité de longueur de la trajectoire.
 dE 
✓ Pouvoir d’arrêt linéaire   et s’exprime en MeV/cm
 dx  x
 dE  1  dE 
✓ Pouvoir d’arrêt massique   =   et s’exprime en MeV/g.cm-2
 dx  m   dx  x
 est la masse spécifique

I.2.1.4 Evaluation de la perte d’énergie des particules chargées (formule de


Bethe)

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dE
Calcul de ( ) cas classique, calcul de Bohr (1913)
dx
Il repose sur l’étude de l’interaction coulombienne entre la particule incidente
et les électrons du milieu traversé. On suppose que l’électron est libre et au repos et
que son mouvement est lent durant son interaction avec la particule.

I.2.1.4.1 Cas d’un choc frontal (paramètre d’impact b=0)

L’énergie E transférée à l’électron lors d’une collision de la particule de


masse M avec l’électron peut être comprise entre zéro et une valeur Emax, (observée
dans un choc frontal). En effet, si b=0, à partir des lois de conservation de l’énergie
cinétique et de l’impulsion on aura :
Conservation de l’énergie cinétique

1 1 1
Mv0 = MV12 + me v12
2
(1)
2 2 2
Conservation de la quantité de mouvement

  
Mv0 = MV1 + me v1 (2)
En tire l’expression de v1 à partir de (2) et on remplace dans (1) on obtient les
expressions de V1 et v1: (voir la démonstration ci-dessous).
4M 1 me cos2  12
V1 = v0 [1 − ]
( M 1 + me ) 2

v1 = (2M 1v0 cos ) /( M 1 + me )


( M − me ) 2M
Si cos  = 1 V1 est min  V1 min = v0 et v1 est max  v1 max = v0
M + me M + me
L’énergie maximale transférée à l’électron sera :
1 1
E max = Mv02 − MV12min
2 2
Emax = 4meMT0/(me+M)2

Où me est la masse au repos de l’électron, T0 l’énergie cinétique et M la masse au repos


de la particule incidente. La masse de la particule lourde étant très supérieure à celle
de l’électron (> 103), on peut écrire,
Emax  4meT0/M.
2M
Remarque : La vitesse acquise par l’électron est ve = ( )v0  ve max  2v0
M + me
(me << M) ou v0 est la vitesse initiale de la particule.
Exemple
Un proton de 5 MeV peut communiquer au maximum 10KeV à un électron

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Etude dans le « SL »
1) Vitesses V1 et V2

Conservation de l’énergie cinétique totale (choc élastique)


𝑀1 𝑉 2 = 𝑀1 𝑉12 + 𝑀2 𝑉22 (1)
Conservation de la quantité de mouvement
𝑀1 𝑉⃗ = 𝑀1 𝑉⃗ 1 + 𝑀2 𝑉
⃗2 (2)
On projette cette expression vectorielle sur les axes x et y on aura :
𝑀1 𝑉 = 𝑀1 𝑉1 𝑐𝑜𝑠𝜃 + 𝑀2 𝑉2 𝑐𝑜𝑠𝜑 (3)
0 = 𝑀1 𝑉1 𝑠𝑖𝑛𝜃 − 𝑀2 𝑉2 𝑠𝑖𝑛𝜑 (4)
Ainsi on dispose d’un système de trois équations à quatre inconnues. On prend  comme étant
connue (position du détecteur) puis on détermine V1 et V2 en fonction de 
(2)𝑒𝑡 (3) ⇒ (𝑀1 𝑉 − 𝑀2 𝑉2 𝑐𝑜𝑠𝜑)2 = 𝑀12 𝑉12 𝑐𝑜𝑠 2 𝜃 (2′ )
𝑀22 𝑉22 𝑠𝑖𝑛2 𝜑 = 𝑀12 𝑉12 𝑠𝑖𝑛2 𝜃 (3′ )
M 12V 2 + M 22V22 − 2M 1 M 2VV2 cos = M 12V12 (4)

𝑀2 2
𝑉12 = 𝑉 2 − 𝑉
𝑀1 2
M2 2
M 12V 2 + M 22V22 − 2 M 1 M 2VV2 cos = M 12 (V 2 − V2 )
M1
𝑀2 𝑉2 − 2𝑀1 𝑉𝑐𝑜𝑠𝜑 = −𝑀1 𝑉2

⇒ 𝑉2 = (2𝑀1 𝑉𝑐𝑜𝑠𝜑)/(𝑀1 + 𝑀2 ) (5)

Ainsi on aura :

𝑀2 2 𝑀2 𝑀12 𝑉 2 𝑐𝑜𝑠 2 𝜑
𝑉12 = 𝑉 2 − 𝑉2 = 𝑉 2 − 4
𝑀1 𝑀1 (𝑀1 + 𝑀2 )2
 4M 02  M 1M 2
V = V 1 −
2 2
cos2   avec M 0 =
(M 1 + M 2 )
1
 M 1M 2 
1
 4 M 02  2
1  4 M 02 
V1 = V 1 − cos2    T1 = M 1 V12 = T0 1 − cos2  
 M 1M 2  2  M 1M 2 

I.2.1.4.2 Cas du choc non frontal

Supposons que la collision ne soit pas frontale mais qu’il ait un paramètre
d’impact b entre l’électron et la trajectoire rectiligne de la particule en mouvement :
Soient : E : Energie de la particule ayant la vitesse v par rapport à l’axe des x
N : Nombre d’atomes par unité de volume du milieu
Z : Numéro atomique du milieu

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ze : Charge de la particule
x : Distance entre la particule et l’électron
b : paramètre d’impact


F e
r
 b
(M,ze) v x

-Figure 2


La force électrique exercée sur l’électron du milieu sera F (figure 2.) et à
cause de la symétrie cylindrique, les composantes selon l’axe des x s’annulent deux
à deux et les composantes selon l’axe des y s’ajoutent.
ze 2 dx
F⊥ = sin  dt =
4 0 r 2 v
L’impulsion transférée à l’électron lorsque la particule passe près de l’atome
avec une vitesse qu’on suppose suffisamment grande pour que l’électron n’ait pas
changé de position de façon appréciable avant que la particule ne soit pas éloignée :
 ze 2 dx
P⊥ =  F⊥ dt =  sin 
− 4 0 r 2 v
b −b b
Puisque = tg , dx = d , sin  =
x sin 2  r
 ze 2 b sin  − ze 2 
 P⊥ = − 
4 0 bv 0
d = sin d
0 4 0 r 2 v sin 2 
ze 2
 P⊥ =
2 0 bv
L’énergie cinétique transférée à l’électron lors d’une collision sera :
P⊥2 z 2e4
T= = 2 2 2 2 (a)
2me 8  0 b v me
On en tire
ze 2
b= (b)
2 0 v 2meT
T est également l’énergie perdue par la particule lorsqu’elle interagit avec un
électron du milieu.
Si on veut calculer l’énergie moyenne transférée par la particule par unité de parcours,
on doit faire la moyenne sur toutes les collisions qui auront lieu dans un cylindre
compris entre b et b+db ensuite intégrer sur le paramètre d’impact b.

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 E =  (nb d' e - dans le volume 2bdbdx)T

N e = NZ : Nombre d'électrons par unité de volume du milieu


N: Nombre d'atomes par unité de volume
bmax z 2e4
 E =  N e 2bdb( )dx
8 2 0 b 2 v 2 me
bmin 2

E z 2e4 Ne bmax db z 2e4 Ne bmax


 =
x 4 0 2 v 2 me bmin
=
b 4 0 2 v 2 me
Log
bmin
E e4 Ne z 2 b
 = Log max
x 4 0 me v
2 2
bmin

Détermination de bmax
Dans le cadre des approximations faites, les valeurs bmin = 0 et bmax = 
rendraient la perte d’énergie spécifique infinie. Il faut fixer les limites d’intégration.
Grace à la quantification des états d’énergie des électrons atomiques, l’énergie
minimale qui peut être transmise à l’électron doit lui permettre de passer sur un état
excité. On prend la valeur moyenne de l’énergie minimale d’excitation sur tous les
électrons atomiques I et on fixe Te min = I d’où d’après (b) on a :
ze 2
bmax =
2 0 2me v 2 I
Détermination de bmin
En admettant que la masse M du noyau est infiniment grande par rapport à me, le
maximum du changement de vitesse de l’électron est 2v.
L’impulsion maximale transférée à l’électron est Pmax = 2me v
1
 L’énergie acquise par l’électron ne peut dépasser Temax = me (2v) 2 = 2me v 2
2
ce qui correspond, d’après l’équation (b) déjà établie ,qui donne b en fonction de T
ze 2
bmin =
4 0 me v 2
Ainsi on aura :
E e4 Ne z 2 2me v 2
= Log ( )
x 8 0 me v
2 2
I

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I étant le potentiel d’ionisation moyenne et il est donné par l’expression :
I = 9.1Z 1 + 1.9Z 3  en eV
−2
 
Cette relation établie par Bohr (qui constitue ce qu’on appelle le calcule
simplifier de Bohr), n’est qu’approximative. Il faudrait traiter le problème avec la
mécanique quantique et tenir compte des effets relativistes. Par un traitement
quantique non relativiste, Bethe retrouve le résultat précédent. (On rappelle que dans
le cas relativiste, l’énergie totale transférée à l’électron sera égale à 2m 2 v 2 ). Bethe
et Block obtiennent, par un calcul quantique relativiste la formule finale appelée
formule de Bethe-Bloch :
e4 Ne z 2 2me v 2 v2

dE
=  Log ( ) − log(1 −  ) − 2 
2

dx 4 0 2 me v 2 I c
v
Où = .
c
on a :
e 4 NZ z 2 2me v 2

dE
=  Log ( ) − log(1 −  2 ) −  2  avec N = N a / A
dx 4 0 2 me v 2 I
Or Z/A =1 pour le proton et 0,5 pour les noyaux légers et entre 0,4-0,5 pour les autres
noyaux, donc elle varie faiblement. Ainsi la perte d’énergie varie en fonction de la vitesse
de la particule et de sa charge. Elle varie aussi en fonction du milieu ralentisseur à travers
la densité, la charge et le potentiel d’ionisation moyen I.
On définit la perte d’énergie massique :
e4 z 2 NZ 2me v 2 v2

1 dE
=  Log ( ) − Log(1 −  2
) − 
 dx 4 0 2 me v 2  I c2

dE e 4 N a ..Z z 2 2mev 2 .Z z 2 2mev 2


− =  Log ( ) − log(1 −  2
) −  2
) = 0,307 . Log ( ) − log(1 −  2 ) −  2 )
dx 4 0 2 me A v 2 I A v2 I

Comme on le voit dans la formule de Bethe-Bloch, la masse du projectile n'intervient


pas dans la perte d'énergie. Si on calcule la perte d'énergie en fonction de l'énergie et
non de la vitesse de la particule incidente, alors la masse de celle-ci entre en jeu et on
obtient les courbes de la Figure. 3.

20 octobre 2020 9
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Figure 3: Pouvoir de freinage de différentes
particules de haute énergie.

I.2.1.5 Parcours des particules chargées lourdes

Un des moyens qui permettent d’estimer l’énergie cinétique de la particule est la


détermination du parcours qui représente la distance cette dernière dans un milieu
depuis l’énergie cinétique initiale T0 jusqu’à l’arrêt.

On détermine ce parcours expérimentalement en envoyant un faisceau de


particules d'une énergie choisie à travers différentes épaisseurs du matériau que l'on
veut étudier. On y mesure le nombre de particules transmises par rapport au nombre
de particules incidentes. Une courbe typique de ce type d'expérience est donnée dans
la Figure 5.

Figure5: Expérience de transmission des particules alpha. I est le nombre de


particules détectées en fonction de l'épaisseur t du milieu. I0 est le nombre de
particules détectées lorsqu'il n'y a pas d'absorbeur. Le parcours moyen Rm et le
parcours extrapolé Re sont indiqués.

20 octobre 2020 10
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Le parcours moyen Rm est défini comme l'épaisseur de l'absorbeur qui réduit le
nombre de particules alpha d'un facteur deux par rapport au nombre de particules
incidentes. On parle aussi souvent du parcours extrapolé qui correspond à
l'extrapolation linéaire de la fin de la courbe de transmission vers le rapport d'intensité
zéro.
La trajectoire de la particule chargée est pratiquement rectiligne, puisque les
interactions avec les noyaux sont rares.
On remarque que les particules ne sont pas toutes arrêtées par une même épaisseur
d'écran : il y a une certaine dispersion des parcours, due au processus aléatoire du
ralentissement. Cette fluctuation est appelée straggling.
Une mesure effectuée avec un ensemble de particules montrera, une distribution
statistique du parcours centrée autour d'une valeur moyenne. En première
approximation, la forme du straggling est une gaussienne.

I.2.1.6 Relation entre parcours et pouvoir d'arrêt

La relation entre le parcours et le pouvoir d'arrêt est donnée par


R E0 dE
R =  dx = 
0 0 dE
(− )
dx
dE
On sait que − ( ) = z 2 . f (v).Z / me
dx
or Z / me  cte
dE
R= 2
, pour une particule de masse M et de charge z,
z f ( v ) Z / me
dT = dE or T = ( − 1) Mc 2
dE = d (Mc 2 ) = Mv 3 dv
Ce qui fait que
M v0 v 3 dv M
R=
z2 
0
= 2 g (v 0 )
f ( v ) Z / me z
Or g(v0) est fonction uniquement de v0 . Ce qui permet de mesurer l’énergie cinétique
initiale de la particule si on connaît R.
Cette expression de R nous permet de remonter aux parcours pour différentes
particules. En effet comme g(v0) est la même pour deux particules ayant la même
vitesse initiale, le rapport de leurs parcours s’écrit :
R1 (v0 ) z 22 M 1
=
R2 (v0 ) z12 M 2
I.2.1.7 Ionisation spécifique

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Soit I le nombre de paires d’ions crées le long de la trajectoire x. On appelle
I
ionisation spécifique le rapport Is = ,
x
Il représente le nombre de pair d’ions crée par unité de longueur de la trajectoire.
Is est fonction de l’énergie de la particule ionisante.
Si w est l’énergie nécessaire pour créer une paire d’ion dans le milieu considéré.
dE
= wIs
dx

I.2.1.8 Courbe de Bragg

On peut aussi déterminer la perte d'énergie en fonction de la distance de


pénétration d'une particule dans la matière. Ce type de courbe est connu sous le nom
de courbe de Bragg. Un exemple est donné pour des particules alpha dans la
Figure. 6. Étant donné que la perte d'énergie est fonction de l'énergie cinétique, la
particule ne perdra pas la même quantité d'énergie durant tout son parcours. Elle est
beaucoup plus ionisante vers la fin de sa trajectoire, comme le montre bien la figure
6. A la fin de la trajectoire, la particule commence à se lier aux électrons et la perte
d'énergie est énorme. Ce comportement est particulièrement utilisé dans les
applications médicales où l'on désire donner une grande dose de radiation à une
certaine distance de la surface.

La courbe de Bragg est caractérisée par l'existence d'un maximum très prononcé
précédant une chute brutale, montrant ainsi que le dépôt d'énergie est très localisé.
Cette caractéristique peut être mise à profit lors d'irradiations de tumeurs bien
localisées et peu profondes comme les tumeurs de l'œil par exemple, et ce afin de
détruire avec efficacité les cellules tumorales sans perturber les cellules saines situées
en amont du parcours de la particule ionisante.

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Figure6: Une courbe de Bragg typique pour des particules
dE
alpha montrant la perte d'énergie en fonction de la distance
dx
parcourue à l'intérieur de la matière.

I.2.2 Interaction des particules chargées légères avec la matière

Contrairement aux particules chargées lourdes, les électrons ont une masse très
faible (la masse de l'électron est 1836 fois inférieure à celle du proton). Il en résulte
qu’aux énergies supérieures à 100keV on doit tenir compte des effets relativistes.
D’autres part, lors des interactions avec les électrons ou les noyaux du milieu traversé,
les phénomènes de diffusion sont importants et de ce faite la trajectoire est une ligne
brisée.

Pour l’électron, trois processus jouent un rôle important dans l'interaction des
électrons avec la matière. Il s'agit de:

• la diffusion inélastique sur les électrons atomiques.


• la diffusion élastique sur les noyaux.
• la diffusion inélastique sur les noyaux (Bremsstrahlung).

I.2.2.1 La diffusion inélastique sur les électrons atomiques

Elle est en principe similaire à la diffusion étudiée pour les particules chargées
lourdes. La description des collisions faîte précédemment est aussi valable pour les
électrons. Cependant, la formule de Bethe-Bloch, doit être modifiée pour deux
raisons. La première est la petite masse des électrons (trajectoire change lors de la
collision). La deuxième raison est que la collision a lieu maintenant entre deux
particules identiques et nous devons prendre en considération leur indiscernabilité.
La formule de Bethe-Bloch devient:
dE e 4 ZN 1   2 mv 2 E max 2 1 1 1 1 
− = 2 
Log ( ) − ( − 2 ) log 2 + 2 + (1 − ) 2 
dx 8 0 me v 
2
2I 2
   Z  
2 2 M 2 mv 2
E max =
m 2 + M 2 + 2mM

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I.2.2.2 Diffusion élastique sur les noyaux

Dans le champ coulombien d'un noyau de charge Ze, l'électron diffuse


élastiquement mais sans perte d'énergie appréciable en raison de la grande différence
de masses (rebondissement sur un obstacle fixe). La probabilité de diffusion
augmente en Z2 et elle est, pour un angle de diffusion donné, d'autant plus grande que
l'énergie de l'électron est faible.
Cette diffusion s'apparente à la diffusion de Rutherford, avec les électrons qui ont
généralement des vitesses relativistes.

I.2.2.3 Rayonnement de freinage ou Bremsstrahlung :

Un autre processus de perte d’énergie peut avoir lieu et qui est associé à
l’émission d’onde électromagnétique due à l’accélération de l’électron dans le champ
électrostatique du noyau. (Rayonnement de freinage ou Bremsstrahlung).
En effet, lorsqu’un électron passe dans le champ électrique qui entoure un noyau, il
subit une accélération plus importante que celle que subirait une particule lourde
puisque sa masse est faible.
En électromagnétisme classique, quand une charge électrique subit une accélération
ou une décélération, elle rayonne de l’énergie sous forme d’onde électromagnétique.
En mécanique quantique on lui associe l’émission d’un photon.
Remarque : D’après la théorie classique, une charge électrique e soumise à une
accélération  émet en 1 seconde sous forme de rayonnement électromagnétique une
2 e 2 2
énergie égale à
3 c3

Ze

r
M, ze

zZe 2 zZe 2
F = ZeE = d’autre part, F = M   =
4 o r 2 4 0 Mr 2
Ainsi l’électron soumis à une accélération  émet un rayonnement
électromagnétique d’énergie proportionnelle 2 donc inversement proportionnel au
carré de la masse de la particule incidente. On peut en déduire que ce processus est
important pour les électrons et négligeable dans le cas des particules lourdes.
 −1 1
4Ze 6 nT ( Z + 1.3) log(183Z 3 ) + 
 dE   8
  = si T>>M0c2
 r
dx (4 0 ) M 0 c
3 2 5
r

Cet effet devient prépondérant pour des énergies supérieures à 10 MeV

20 octobre 2020 14
Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)
I.2.2.4 Comparaison de la perte d’énergie par diffusion et par freinage

dE dE dE
( ) tot = ( ) ion + ( ) Br
dx dx dx

E 0.0 0.1 0. 1 1.4


(MeV 6 6 6
)
Is(pair 214 15 56 5 46
d’ions) 5 3

On remarque que l’ionisation spécifique varie avec l’énergie des particules et par
conséquent, le pouvoir ionisant décroît avec l’augmentation de l’énergie.

Sur la figure on compare la perte d’énergie par ces deux processus. On constate la
décroissance du pouvoir ionisant lorsque l’énergie croit.

I.2.2.5 Effet Cerenkov

C’est l’émission du rayonnement électromagnétique par toute particule chargée


traversant un milieu transparent d’indice n avec une vitesse supérieure à la vitesse de
phase de la lumière dans ce milieu (c/n).
Sous l’action du champ électrique engendré par la particule en mouvement, les
atomes se polarisent, en se dépolarisant ils libèrent sous forme de photon l’énergie

20 octobre 2020 15
Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)
cédée par la particule. La lumière est émise dans un cône ayant pour axe le parcours
de la particule dans le milieu traversé et demi angle au sommet .

Si AB=vt est la distance parcourus par la particule et AC=ct/n celle parcourue par
l’onde lumineuse pendant le même temps, l’angle  est donné par :

AC ct / n c 1
cos = = = =
AB vt vn n

Remarques :
• En fait, l'énergie du photon émis se situant dans la gamme d'énergie 1,5-3eV, l'effet
Cerenkov contribue peu au ralentissement de la particule.
•  donne la vitesse à l’instant d’émission.
c
• Pour avoir l’effet Cerenkov il faut que cos  1  v 
n
• Cet effet est observable à l’œil nu au voisinage d’un cœur du réacteur de type piscine.
• Parmi les milieux où on observe cet effet on a :
Eau, plexiglas, quartz…

I.2.2.6 Cas du positron

Ces particules ont les mêmes propriétés que les électrons et perdent de l’énergie
de la même manière que les électrons (ionisation, rayonnement de freinage,
Cerenkov) mais présentent une différence remarquable, e+ est une antiparticule de e-
et peut s’annihiler avec un e- pour donner 2 ou 3 photons.

20 octobre 2020 16
Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)

+ 511 keV
e
 e-
511 keV

Avant l’annihilation e+ et e- du milieu traversé forment un système lié « positronium »


analogue à l’atome d’hydrogène. D’après le couplage des spins des deux particules
on peut avoir deux structures :
Orthopositronium (spin parallèle) : désintégration se fait en 3  (  0 = 1.5  10 −7 s )
Parapositronium (spin anti-parallèle) : désintégration se fait en 2 ( 0 = 1.25 10 −10 s
)
Pr ob ( para)
 370
Pr ob (ortho)

I.3 INTERACTION DES RAYONNEMENTS


ELECTROMAGNETIQUES AVEC LA MATIERE

Les rayonnements électromagnétiques auxquels on s’intéresse peuvent être


classés en quatre catégories :

• rayonnements X émis lors de la désexcitation de l'atome,


• rayonnements  qui accompagnent la désexcitation du noyau,
• photons qui résultent de l'annihilation d'un positon avec un électron,
• photons de freinage émis lors du ralentissement des électrons dans la
matière.

Le comportement des rayonnements électromagnétiques dans la matière est


fondamentalement différent de celui des particules chargées. En une seule interaction,
le photon peut être complètement absorbé. Mais, à l'inverse, il est susceptible de
traverser une épaisseur importante sans interagir du tout, contrairement aux particules
chargées qui, en pénétrant dans un milieu, cèdent progressivement de l'énergie à un
grand nombre d'électrons du milieu.

Parmi les différents processus possibles d'interaction des photons avec les
électrons atomiques ou avec les noyaux, on cite :

20 octobre 2020 17
Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)
l'effet photoélectrique,
la diffusion Compton
la production de paires (e + , e − )
réaction photo nucléaire X ( , b)Y

I.3.1 Effet photoélectrique

e-
photon h

C’’est une interaction d’un photon avec un électron lié de l’atome, le photon
disparaît en cédant la totalité de son énergie à l’électron. Cet effet ne se produit que
si l'énergie h du photon est supérieure à l'énergie de liaison EL de l'électron. Ce
dernier, appelé photoélectron, est alors éjecté du cortège électronique de l'atome avec
une énergie cinétique Te = h-EL et épuise son énergie cinétique en ionisations et
excitations. L'énergie Te est donc totalement absorbée dans la cible. L'électron
expulsé laisse une lacune qui va être comblée par les électrons de couches plus
externes ou par un électron extérieur à l'atome. Ce remplacement s'accompagne d'une
libération d'énergie ER qui peut être :

-soit émise sous la forme d'un photon dit photon de fluorescence,


-soit communiquée à un électron périphérique d'énergie de liaison EP < ER. Cet
électron appelé électron Auger est expulsé avec une énergie cinétique ER-EP. Ce
phénomène, appelé effet Auger, entre en compétition avec l'émission d'un photon de
fluorescence.

Remarques :

• L’effet photoélectrique ne peut se produire par interaction d’un photon sur un électron
libre (impossible de satisfaire les lois de conservation de l’énergie et l’impulsion).
• La section efficace de l’effet photoélectrique dépend de Z et de h

8re2 m c2 72
 = 4 2 4 Z 5 ( )( e )
h
ph
3

Avec  : la constante de structure fine

e2 1
 = = 1
4 0 c 137 .03599976

20 octobre 2020 18
Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)
Z5 1
 ph  7
-Décroit si h croit  ph 
E 2 E3

-Croit si Z Croit  Z5

Comme  décroît très vite avec h et augmente rapidement avec Z, l'effet


photoélectrique est surtout important pour les éléments lourds et les photons peu
énergétiques.

Figure : Section efficace de l'effet


photoélectrique dans le plomb.

I.3.2 La diffusion Compton

photon h e- 

h'
Figure : Cinématique de la diffusion Compton.

20 octobre 2020 19
Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)
C’est une interaction entre un photon het un électron libre ou faiblement
lié de la cible dont l'énergie de liaison et l'énergie cinétique sont négligeables devant
h. Lors de cette interaction qui peut être décrite comme une collision, l'électron, dit
électron Compton, acquiert une énergie cinétique Te et un photon diffusé, est émis
avec l'énergie h’ dans une direction faisant un angle  avec la direction du photon
incident. La conservation de l'énergie entraîne : h = Te+ h'. Les valeurs respectives
de Te et h' sont obtenues en écrivant la conservation de la quantité de mouvement
et de l'énergie totale au cours de la collision (voir TD), ainsi :
h (h ) 2 (1 − cos )
h ' = et Te =
h m0 c 2 + h (1 − cos )
1+ (1 − cos )
m0 c 2
Remarques :
• L'électron Compton est toujours projeté « vers l'avant » par rapport à la direction du
photon incident, mais les photons de recul peuvent éventuellement être émis « vers
l'arrière ». Plus l'énergie incidente est grande, plus les électrons Compton et les
photons de recul se regroupent en moyenne autour de la direction du photon incident.
• L'énergie transférée à l'électron est donnée par la relation précédente. Elle est
maximale lorsque que =, c'-à-d lorsque cos=-1. On obtient :

2(h ) 2
Te max =
m0 c 2 + 2h
I.3.3 Création de paires ou matérialisation

photon h e-

e+
noyau
Ce processus se produit pour des photons ayant une énergie supérieure à
1.022MeV (h>2m0c2) passant à proximité d'un noyau. Le photon incident se
matérialise sous la forme d'un électron et d'un positon, de même masse m0 et de même
énergie cinétique.

La conservation de l'énergie s'écrit : h = 2m0c2+Te++Te-.

20 octobre 2020 20
Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)
I.3.3.1 Conséquence de la création de paires

L'électron et le positon épuisent leur énergie cinétique par ionisations et


excitations. À la fin de son parcours, le positon s’associe à un électron libre ou très
peu lié s’annihile avec lui pour donner généralement deux photons de 511keV émis
dans des directions opposées. Ces  peuvent interagir à leurs tours par effet
photoélectrique ou Compton.

Remarques :

• Pour avoir l’effet de paires (voir TD) : au voisinage d’un noyau il faut que
h>2m0c2 : au voisinage d’un électron il faut que h>4m0c2
• La section efficace de l’effet de paires est proportionnelle à Z2. Dans le champ du
noyau. La figure montre l’importance relative des trois types d’interaction des
photons, en fonction de l'énergie des photons et du Z de l'absorbeur.

Importance relative des trois types d’interaction des photons,


en fonction de l'énergie des photons et du Z de l'absorbeur.

On constate qu'à basse énergie, l'effet photoélectrique domine, alors qu'à haute
énergie, la production de paires domine. Pour les énergies intermédiaires, la diffusion
Compton est l'effet dominant.

20 octobre 2020 21
Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)
Section efficace totale pour les photons dans
le plomb.

Après avoir étudié chaque processus, il est intéressant de montrer la section


efficace totale pour l'interaction d'un photon avec la matière. On a la relation

totale=photo+Compton+paires

Une telle section efficace est donnée pour le plomb dans la Figure ci-dessus.

I.3.4 Loi d’absorption des photons dans la matière

A cause de l’absence de charge, les photons traversent une grande épaisseur de


matière sans perdre son énergie, mais dès qu’il interagit il n’a plus d’existence. On va
déterminer la loi d’absorption d’un faisceau de .

Soient : I0 : l’intensité des photons incidents


I(x) : l’intensité des photons à la distance x
dI : Nombre de photons ayant interagit en traversant l’épaisseur dx
N : nombre d’atome par cm3 de l’écran
Ndx : nombre d’atome de l’écran d’épaisseur dx
 : section efficace totale (=ph+C+pp)
Le nombre de photons qui interagissent en traversant une épaisseur dx est donné par :
dI = INdx
Or dI correspond à une diminution et par conséquent elle est négative, ce qui donne :
dI = −INdx  I ( x) = I 0 e − Nx

20 octobre 2020 22
Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)
I.3.4.1 Coefficient d’atténuation linéaire

On définit le coefficient d’atténuation linéaire comme étant la quantité = N (en cm-1)


 I ( x) = I 0 e − x
I.3.4.2 Coefficient d’atténuation massique

Soit  la masse volumique du matériau,



− x

I ( x) = I 0 e

est appelé le coefficient d’atténuation massique

I.3.4.3 Absorption moitié

On appelle absorption moitié, x 1 , l’épaisseur du matériau qui absorbe la moitié des


2

photons incidents.
I0 − x 1
I (x 1 ) = = I 0e 2
2 2
log 2
 x1 =
2 
I.3.4.4 Représentation de  en fonction de l'énergie pour le Pb

I.4 INTERACTION DES NEUTRONS AVEC LA


MATIERE

I.4.1 Généralités

20 octobre 2020 23
Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)
Comme le photon, le neutron n'est pas chargé et n'est donc pas sensible à
l'interaction de Coulomb avec les électrons et noyaux de la matière. En outre les
interactions neutron-électron ne conduiront, par suite de la grande disproportion de
masse, qu’à de faibles échanges d’énergie qui seront négligé. La principale interaction
du neutron avec la matière a lieu au moyen de l'interaction forte et pénètre dans les
noyaux sans être repoussé par la barrière coulombienne.

I.4.2 Classification des neutrons

Un grand nombre de réactions nucléaires produisent des faisceaux de neutrons.


Les neutrons, à la différence des particules chargées, ne peuvent être accélérés mais
peuvent être ralentis par chocs successifs sur des noyaux choisis pour cet effet. Ce
processus de ralentissement est appelé modération et les noyaux « ralentisseurs »
constituent le modérateur. On définit généralement trois types de neutrons :
-les neutrons rapides dont l’énergie cinétique En est supérieure à 0,8MeV,
-les neutrons épithermiques : 1eV  En  0,8MeV,
-les neutrons thermiques : En < 1eV.

I.4.3 Différents types d'interaction

Lorsque le neutron interagit, il subit l’un des 4 processus :

I.4.3.1 La diffusion élastique

Dans ce type d'interaction, le neutron incident est juste dévié de sa trajectoire


initiale, l'interaction se réduit à un simple transfert d'énergie cinétique. Ce type
d'interaction constitue le principal mécanisme de perte d'énergie du neutron dans les
domaines intermédiaire et rapide : 01n+ AZ X 01 n+ AZ X .

A partir des lois de conservation de l’énergie et de l’impulsion on peut en déduire la


2 
4m0 sin 2
vitesse du neutron après le choc v1 = v 0 1 − 2 avec
mn m2
mn m2
m0 =
mn + m2

(v0 est la vitesse initiale du neutron, m2est la masse du noyau X est  est l’angle
d’émission du neutron après le choc dans le système du centre de masse)

20 octobre 2020 24
Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)

2
4m0
Ce qui correspond à une énergie cinétique : T1 = T0 (1 − sin 2 )
m 2 mn 2

2
4m0
La perte d’énergie est donnée par T = T0 − T1 = sin 2
m2 m n 2

4m n m 2 ( mn − m2 ) 2
T1 min = T0 (1 − ) = T
( mn + m2 ) 2 ( mn + m2 ) 2
0

Ainsi, T1min =0 si mn=m2 et dans ce cas T=T0

I.4.3.2 La diffusion inélastique

La diffusion inélastique s'effectue avec la formation d'un noyau intermédiaire


appelé « noyau composé ». Le neutron incident est absorbé par le noyau cible formant
ainsi un noyau composé qui se désintègre après environ 10-17s, en émettant un neutron et
en laissant le noyau résiduel dans un état excité. Le noyau résiduel revient à l'état
fondamental par l'émission d'un ou de plusieurs photons. La réaction s'écrit donc
A +1
0 n+ Z X→ Z X*→ 0 n' + Z X * Z X*→ Z X +
1 A 1 A A A
puis γ.

Dans une réaction de diffusion inélastique, la quantité de mouvement et


l'énergie totale sont conservées, mais l'énergie cinétique, par contre, ne l'est pas. En
effet, une partie de l'énergie cinétique du neutron incident est transformée en énergie
d'excitation du noyau résiduel.
I.4.3.3 La réaction de capture

I.4.3.3.1 Réaction de capture radiative

La capture radiative s'effectue également avec la formation d'un noyau


composé par l'absorption d'un neutron incident. La désexcitation de ce noyau
s'accomplit par l'émission d'un photon :

A +1 A +1
0 n+ Z X Z X* +‹.
1 A
ZX

Le retour du noyau composé à son état fondamental peut s'effectuer par


l'émission d'un seul photon ou progressivement par passage par des niveaux
d'excitation intermédiaires, avec émission de plusieurs photons.

I.4.3.3.2 - Les réactions de capture type (n,p) et (n,)

Dans ce type d'interaction, le noyau composé formé par l'absorption du


neutron incident émet une particule chargée. Les neutrons qui provoquent ces
réactions possèdent généralement des énergie élevées, à l'exception des réactions

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Interaction des rayonnements avec la matière, SMP S5, (Prof. H. Dekhissi)
(n,) sur le 10B et le 6Li et des réactions (n,p) sur l'14N et le 32S, provoquées par les
neutrons thermiques.

Exemple de réaction (n,) : 01 n + 63 Li→31 H+ 42 He + 4.78 MeV


Exemple de réaction (n,p) : 01 n +147 N→11 p+146 C

I.4.3.3.3 - Les réactions de capture type (n,2n)

La désexcitation du noyau composé s'effectue par l'émission de deux


neutrons. L'énergie de liaison moyenne des neutrons dans les noyaux est supérieure
à 7,5MeV pour la plupart des noyaux et ces réactions nécessitent généralement des
seuils d'énergie des neutrons incidents supérieures à 10MeV.

I.4.3.3.4 la réaction de fission nucléaire

X + n  F1 + F 2 + n

La fission est une réaction nucléaire particulière. Elle peut être provoquée, assez
facilement, par des neutrons d'énergie cinétique très faible sur certains noyaux lourds,
mais l'énergie libérée est très élevée, généralement de l'ordre de 200MeV.   2,5 est
le nombre moyen de neutrons émis.

M2
 = T1 + T2 = T0
M1 + M 2

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