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SPECTROMÉTRIES DE PERTES D’ÉNERGIE DES ÉLECTRONS DANS LES SOLIDES ____________________________________________________________________
action avec le phénomène que l’on désire mettre en évidence. On peut établir
que les électrons incidents doivent avoir au moins trois à quatre fois l’énergie
des pertes caractéristiques pour avoir une probabilité raisonnable de les exciter.
Ces énergies correspondent à des libres parcours moyens électroniques relati-
vement courts (de l’ordre de quelques nanomètres au maximum), c’est dire que
les spectrométries de pertes d’énergie des électrons doivent être considérées
comme des techniques spécifiques d’analyse de surface des matériaux.
Les méthodes décrites ici sont non destructives : elles permettent l’identifica-
tion de composés ou d’éléments chimiques présents à la surface d’un échan-
tillon, principalement au moyen de leur signature vibrationnelle, mais
également par leurs autres excitations électroniques caractéristiques : plasmons
et transitions interbandes. Ces informations sont essentiellement qualitatives,
mais en étalonnant à l’aide d’autres techniques, on a pu établir que, dans le cas
du monoxyde de carbone adsorbé sur un métal, la limite de détection est infé-
rieure à 0,001 monocouche (1 monocouche correspond à une densité d’environ
1014 atomes par cm2 de surface).
Contrairement aux autres spectrométries électroniques, la spectrométrie de
pertes d’énergie des électrons à haute résolution est très sensible aux éléments
légers et en particulier à l’hydrogène. L’analyse d’échantillons isolants est possi-
ble en spectrométrie HREELS, moyennant l’utilisation d’un canon à électrons de
neutralisation. Cette spectrométrie permet la détermination quantitative des
constantes diélectriques et élastiques de surface des échantillons, à partir de
l’observation respective de phonons optiques et acoustiques de surface.
1. Principe de la mesure En revanche, la mesure des pertes d’énergie mises en jeu lors de
l’excitation de vibrations nécessite, en plus, l’utilisation d’un mono-
et caractéristiques chromateur d’électrons : on parle dans ce cas de spectrométrie de
pertes d’énergie des électrons à haute résolution (en anglais
HREELS : High Resolution Electron Energy Loss Spectrometry ). La
résolution en énergie est alors de 1 à 10 meV.
Les spectres de pertes d’énergie des électrons rétrodiffusés (ou
éventuellement transmis) par une cible solide révèlent des structu- La figure 1 permet de situer ces spectrométries dans un contexte
res caractéristiques observées à E0 – Ec où E0 est l’énergie initiale plus général. La spectrométrie EELS se concentre sur les pertes
des électrons et Ec est une énergie caractéristique associée à l’exci- d’énergie caractéristiques (IV) visibles à proximité du pied du pic
tation de phénomènes collectifs ou individuels. élastique. Dans une deuxième étape d’agrandissement, la spectro-
métrie HREELS révèle, par sa haute résolution, des pics de pertes
■ Les excitations collectives sont essentiellement les vibrations du d’énergie (V) situés encore plus près du pic élastique et qui n’appa-
réseau des ions (phonons) ou les oscillations des électrons de raissaient pas préalablement.
valence (plasmons).
■ Les excitations individuelles recouvrent deux sortes de
phénomènes : vibrations de molécules, généralement adsorbées en
surface, ou de groupements moléculaires, et excitations des élec-
trons du solide. Ces dernières peuvent être de plusieurs types :
— la promotion d’un électron vers un niveau supérieur vide de sa
propre bande électronique (transition intrabande) ou d’une autre
bande (transition interbande),
— la création d’une paire électron-trou liée (exciton),
— l’émission d’un électron secondaire par ionisation d’un atome
du solide (transition vers le continuum des états non liés au solide).
Lorsqu’elles impliquent l’excitation de phénomènes périodiques,
les pertes d’énergie des électrons font intervenir un ou plusieurs
quantums d’énergie, notés " ω [où ω est la pulsation de l’oscillation
mise en jeu et " , la constante réduite de Planck (1,0546 × 10–34 J · s)].
À l’exception des phonons et vibrations de molécules dont les
énergies se trouvent dans un domaine allant de quelques meV
(1 eV = 1,6 × 10–19 J) à quelques centaines de meV, toutes les pertes
d’énergie allant de quelques eV à quelques dizaines d’eV sont acces-
sibles à la spectrométrie de pertes d’énergie des électrons (désignée
ici par ses initiales anglaises EELS : Electron Energy Loss
Spectrometry ) qui utilise un canon à électrons et un analyseur et tra- Figure 1 – Densité spectrale des énergies des électrons diffusés par
vaille avec une résolution en énergie de 0,3 à 0,5 eV. une cible bombardée par un faisceau d’électrons d’énergie E0
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Notons que les spectrométries Auger et EELS se font avec des lution de l’ordre de 0,3 à 0,5 eV est largement suffisante pour mettre
énergies primaires et des résolutions en énergie comparables tan- en évidence les structures associées à ces pertes caractéristiques.
dis que la spectrométrie HREELS utilise des énergies plus faibles et Les spectromètres EELS sont identiques à ceux utilisés pour la
une haute résolution. Cela explique que, sur la figure 1, le spectre de spectrométrie des électrons Auger [32] et pour la spectrométrie de
pertes d’énergie EELS correspond rigoureusement à l’agrandisse- photoélectrons XPS ou ESCA et UPS [33]. Ce type de spectromètre
ment d’une partie du spectre des électrons Auger, tandis que la est constitué d’un analyseur dispersif et d’un canon à électrons dans
haute résolution du spectre de pertes d’énergie HREELS creuse lequel le faisceau d’électrons est produit par émission thermoélec-
l’écart entre le pic élastique et le premier pic de pertes EELS, rédui- tronique à partir d’un filament chaud. La largeur de la distribution en
sant considérablement le fond, et permet de découvrir des structu- énergie des électrons dépend de la température du filament et est
res indétectables dans le spectre EELS. donnée par la largeur à mi-hauteur de la distribution de Maxwell-
L’utilisation de faisceaux d’électrons implique que ces spectromé- Boltzmann. Cette largeur est de l’ordre de 460 meV pour un filament
tries ne peuvent être mises en œuvre que dans un environnement de tungstène thorié chauffé vers 2 100 K et de 370 meV pour un fila-
ultravide (pression < 10–6 Pa). D’autre part, la nécessité de stabiliser ment en hexaborure de lanthane (LaB6) qui émet à partir de 1 700 K.
les surfaces des échantillons et d’éviter leur contamination pendant Les analyseurs dispersifs utilisés sont de type électrostatique. La
le temps de la mesure, exige des vides encore meilleurs (< 10–8 Pa) différence de potentiel appliquée entre les deux électrodes de l’ana-
dans le cas de surfaces réactives. lyseur (hémisphères ou cylindres) crée un champ central (analyseur
Le tableau 1 résume les principales caractéristiques des spectro- hémisphérique) ou axial (analyseur cylindrique) qui disperse les
métries de pertes d’énergie des électrons qui seront expliquées électrons en fonction de leur énergie. Seuls seront sélectionnés par
dans la suite de ce chapitre. le diaphragme de sortie de l’analyseur, et par conséquent détectés,
les électrons qui ont une énergie égale à l’énergie de passage (Ep)
dans l’analyseur, déterminée par la différence de potentiel appli-
quée entre les électrodes. Les deux analyseurs les plus répandus
Tableau 1 – Caractéristiques principales des sont l’analyseur hémisphérique et l’analyseur à miroir cylindrique
(CMA : Cylindrical Mirror Analyzer ). On en trouvera un schéma dans
spectrométries de pertes d’énergie des électrons
le chapitre consacré à la spectrométrie des électrons Auger [32], et
une description détaillée dans l’ouvrage de K.D. Sevier [1]. La réso-
Spectrométrie Spectrométrie
Caractéristiques lution en énergie ∆E, pour ces deux types d’analyseurs, est, dans
EELS HREELS
une bonne approximation, proportionnelle à l’énergie de passage
Énergie incidente Ep :
< 1 000 eV < 100 eV
(E 0 )
∆E
Intensité du courant ------- = constante (1)
incident 0,1 µA < I0 < 100 µA 0,1 nA < I0 < 1 nA Ep
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Pour une surface plane bordée par le vide (ε’ = ε0 = 1), l’énergie du à l’unité. Cette condition est plus faible à atteindre en utilisant un
plasmon de surface " ω s est donc inférieure à celle du plasmon de canon à incidence rasante, plutôt qu’un canon à incidence normale.
volume, et vaut : Des mesures de pertes d’énergie des électrons peuvent être faites
"ω avec un spectromètre ESCA ou XPS [33]. En effet, des structures
" ω s = ---------p- (4) caractéristiques y apparaissent sous la forme de satellites accompa-
2 gnant les raies d’émission des électrons de cœur. Ces satellites cor-
respondent exactement aux pertes d’énergie des électrons
Une première identification des éléments chimiques présents à la mesurées en spectrométrie EELS avec une énergie incidente E0
surface de l’échantillon se fait au moyen des valeurs de plasmons égale à l’énergie cinétique des électrons ayant quitté le niveau de
publiées dans la littérature [3]. C’est ainsi que l’on attribue plusieurs cœur en question.
pics des spectres de la figure 2 à différents plasmons du graphite
(voir tableau 2). Les mesures effectuées en incidence rasante Pour être complet, signalons que des mesures de pertes d’énergie
devraient mettre en évidence des plasmons de surface à une éner- des électrons peuvent également être faites avec les faisceaux
gie inférieure à celle des plasmons de volume. Elles ne donnent pas d’électrons de haute énergie (de l’ordre de 100 keV) utilisés par les
de différence ici, en raison de la structure lamellaire du graphite, qui microscopes électroniques à balayage ou à transmission, à condi-
réduit fortement les effets de volume. tion de leur incorporer un analyseur d’énergie. Il s’agit d’une techni-
que en développement qui a déjà fait ses preuves et qui a l’avantage
de combiner l’information spectrale de la spectrométrie EELS avec
une information spatiale détaillée. C’est ainsi que, dans les micros-
Tableau 2 – Attribution des pertes d’énergie du graphite copes modernes, une analyse chimique locale basée sur la mesure
de plasmons, de transitions électroniques ou d’excitations de
mesurées à la figure 2
niveaux de cœur peut être effectuée avec une résolution spatiale de
l’ordre de 1 à 10 nm.
Position (eV) Position (eV)
Perte (incidence (incidence Attribution
normale) rasante)
P1 6,7 6,5 plasmon des électrons π 3. Spectrométrie de pertes
P2 13,5 – transition interbande
V1 - C 1 d’énergie des électrons à
P3 19,3 20,0 combinaison P1 + P2 haute résolution (HREELS)
P4 28,3 27,2 plasmon des électrons σ
et π
P5 34,5 34,5 combinaison P1 + P4 3.1 Principe de la mesure et description
P6 56,7 57,7 double excitation du des spectromètres
plasmon σ et π à 28 eV
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L’application de cette règle permet de déduire l’orientation de fondeur d’analyse est rigoureusement déterminée par le libre par-
molécules adsorbées sur un substrat métallique. C’est ainsi que, cours moyen des électrons dans la cible.
d’après le spectre de pertes d’énergie représenté à la figure 4, on La figure 8a présente une série de spectres de perte d’énergie
peut conclure que la molécule de CO est orientée perpendiculaire- d’électrons de 20 eV, mesurés en dehors de la réflexion spéculaire
ment à la surface, car les seules vibrations observées sont la vibra- dans un film mince de fluorure de calcium d’une épaisseur de 4 nm,
tion d’élongation νC = O de la molécule à 2 068 cm–1 et la vibration épitaxié sur un substrat de silicium (111) [22]. De chaque côté du pic
d’élongation de la molécule par rapport au métal νCO –Ir à 500 cm–1. élastique apparaissent des pics de pertes et de gains d’énergie dont
Si l’axe de la molécule avait été incliné, les moments dipolaires les positions se déplacent en fonction de l’angle de rotation de l’ana-
associés aux quatre autres modes propres de vibration auraient en lyseur et donc du transfert de quantité de mouvement de l’électron
effet possédé des composantes perpendiculaires à la surface et acti- à la cible. Ces pics sont associés à l’excitation ou à l’annihilation
ves en diffusion dipolaire. d’un phonon acoustique de surface (mode de Rayleigh) du film
mince. La courbe de dispersion de ce mode est représentée à la
figure 8b sous forme de points expérimentaux, auxquels est super-
posée la courbe équivalente mesurée sur un monocristal de fluorure
4.2 Diffusion par impact de calcium. On observe des différences importantes entre ces deux
courbes, à l’extrémité de la zone de Brillouin. Il s’agit là d’un effet de
Le mécanisme d’interaction par impact est un mécanisme à pseudomorphisme résultant du désaccord paramétrique existant
courte portée (quelques dixièmes de nm) qui requiert que l’électron entre le silicium et le fluorure de calcium à la température de 750 oC
entre en contact avec les potentiels atomiques de la surface de nécessaire pour assurer l’épitaxie. En utilisant un modèle de dyna-
l’échantillon ou d’une molécule adsorbée. Il en résulte un choc, dont mique de réseau, on pourra extraire des points expérimentaux, les
la conséquence est le déplacement d’un (ou plusieurs) atomes de la constantes élastiques caractéristiques du film mince déposé.
cible et qui, vu la faible masse de l’électron, peut diffuser celui-ci
très loin de la direction de la réflexion spéculaire. Le traitement
théorique de la diffusion d’impact est complexe et nécessite des
techniques de calcul très élaborées, faisant intervenir des hypothè-
ses simplificatrices. On trouve, dans la littérature, quelques exem-
ples de calculs qui confirment le comportement oscillatoire des
sections efficaces d’excitation de phonons acoustiques observés en
fonction de l’énergie primaire des électrons [20]. Du point de vue de
la spectrométrie HREELS, les électrons diffusés par impact présen-
tent une distribution angulaire extrêmement large, quasi isotrope,
représentée à la figure 7, avec cependant un maximum d’intensité
prévu dans la direction perpendiculaire à la cible.
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La distinction entre les régimes de diffusion dipolaire et d’impact cristallins et pressions élevées) de telle sorte qu’il n’est pas évident
n’est pas toujours nette, comme l’attestent de nombreuses expé- que les résultats obtenus soient utilisables pour les systèmes opéra-
riences. En effet, dans des conditions expérimentales qui devraient tionnels.
favoriser l’interaction dipolaire, certains atomes, groupements chi- Toutefois, ses possibilités d’application sont réelles, comme nous
miques, ou des solides peu ordonnés, présentent des pertes d’éner- le démontrons dans les deux exemples décrits ci-après.
gie ayant une distribution angulaire fort large qui rappelle plutôt
une distribution d’impact. C’est notamment le cas de la vibration
d’élongation νC – H dans les molécules organiques. Remarquons
aussi qu’un solide peu ordonné et dont la surface est particulière- 5.1 Caractérisation d’un matériau
ment rugueuse, comme c’est le cas d’un polymère, ne présente pas
les caractéristiques marquées de la diffusion dipolaire, pour des rai-
nouveau : le carbone 60
sons géométriques évidentes et, en conséquence, il est très difficile
de distinguer a priori les processus dipolaires, des processus Le carbone 60 ou fullerène, est la troisième forme allotropique du
d’impact. carbone, découverte récemment [27], dans laquelle les 60 atomes
Des anomalies observées dans les courbes des intensités relati- de carbone sont disposés aux sommets d’un icosaèdre tronqué
ves des pertes d’énergie des électrons mesurées dans des molécu- résultant d’un assemblage quasi sphérique de 20 hexagones et 12
les adsorbées faiblement liées (physisorbées) au susbstrat, ont pentagones, comme dans un ballon de foot-ball. La figure 9 pré-
amené à l’identification de processus de diffusion résonnante [23]. Il sente un spectre de pertes d’énergie des électrons (EELS) mesuré
s’agit d’un cas particulier de la diffusion d’impact, lorsque l’électron avec une énergie incidente de 150 eV sur un film mince de carbone
est momentanément piégé dans une orbitale électronique vide de la 60 épitaxié sur un substrat de sulfure de germanium (001) [28]. On y
molécule adsorbée. La désexcitation de cet état, à temps de vie très observe principalement trois structures caractéristiques du carbone
court, peut laisser la molécule dans un niveau vibrationnel excité 60 : un plasmon des électrons π à 6,3 eV, un plasmon des électrons
[24]. σ et π à 28 eV et une transition électronique à 4,8 eV. Les énergies
L’identification de processus résonnants est très importante en des plasmons sont comparables à celles observées dans le graphite
physique, car les conditions de la résonance assurent un transfert (voir figure 2) et cela confirme que l’on peut, en première approxi-
d’énergie extrêmement efficace. En spectrométrie HREELS, l’aug- mation, considérer la molécule de carbone 60 comme issue de
mentation considérable de section efficace obtenue pour les éner- l’« enroulement » d’un plan de graphite sur lui-même. En revanche,
gies incidentes résonnantes permet d’observer des effets non la transition électronique à 4,8 eV est caractéristique du carbone 60.
linéaires tels que des transitions directes depuis l’état fondamental Elle constitue, avec le pic à 6,3 eV, les deux « bosses de chameau »
(nombre quantique vibrationnel v = 0) jusqu’au deuxième niveau bien connues des spectres d’absorption de rayonnement ultraviolet
vibrationnel (v = 2). La perte d’énergie correspondant à la transition et qui sont à l’origine de la découverte de ce matériau. La perte
vibrationnelle 0 → 2 apparaît à une énergie inférieure à la perte d’énergie à 7,6 eV correspond à l’énergie d’ionisation du carbone
d’énergie double correspondant à deux fois le quantum 0 → 1. Cette graphite.
mesure permet, par exemple, de déduire aisément l’énergie de Près du pic élastique, on observe un creux d’intensité pratique-
liaison de la molécule physisorbée. ment nulle, s’étendant sur une région d’environ 2 eV associée à la
bande d’énergie interdite du carbone 60. En effet, mis à part quel-
ques possibles niveaux excitoniques, il n’existe pas dans cette
région, d’états finals vides susceptibles d’accueillir les électrons
5. Applications de la excités. La partie vibrationnelle du spectre des pertes d’énergie très
proche du pic élastique est représentée dans l’agrandissement à la
spectrométrie de pertes figure 9. Elle a été mesurée en spectrométrie HREELS en réflexion
spéculaire, avec des électrons incidents de 3,5 eV [29]. On y observe
d’énergie des électrons à 4 modes dipolaires T1u actifs en infrarouge à 66, 72, 145 et 178 meV,
haute résolution mais on y observe également avec une intensité moindre, les autres
modes de vibration actifs en Raman. Le pic relativement intense,
mesuré à 30 meV, correspond à un mode optique de Fuchs-Kliewer,
localisé à l’interface entre le sulfure de germanium et le carbone 60.
La partie la plus importante des applications de la spectrométrie Il est intéressant de noter que l’interface entre les deux matériaux
de pertes d’énergie des électrons à haute résolution (HREELS) a été est observée par spectrométrie HREELS de façon non destructive,
consacrée à l’étude de molécules adsorbées. Leur signature vibra- bien qu’elle soit enterrée à plus de 30 nm au-dessous de la surface
tionnelle permet en effet de déterminer la nature des espèces adsor- de la cible. Rappelons qu’en raison de la longue portée de l’interac-
bées, le site et la géométrie de la chimisorption, de suivre des tion dipolaire il n’est pas nécessaire que la sonde électronique pénè-
réactions de surface, et dans certains cas, de mesurer des énergies tre dans la cible. Signalons enfin, pour conclure, que les pertes
de liaison. d’énergie observées dans un film cristallin de carbone 60 sont prati-
En régime dipolaire, la spectrométrie HREELS peut se comparer quement identiques à celles observées en phase gazeuse, confir-
assez exactement à la spectrométrie de rayonnement infrarouge, mant par là que le carbone 60 en phase condensée (fullerite) est un
avec cette différence importante que la spectrométrie HREELS est solide peu lié dans lequel la cohésion est assurée par des forces de
intrinsèquement une technique d’analyse de surface, tandis que la Van der Waals.
spectrométrie infrarouge est, en elle-même, sensible au volume, en
raison de sa grande profondeur de pénétration. D’autre part, l’utili-
sation de la spectrométrie HREELS n’est pas réduite à l’observation
de modes actifs en infrarouge puisqu’elle a accès également aux 5.2 Formation d’une interface polymère-
autres modes de vibration détectés par spectrométrie Raman ou par métal
diffusion inélastique de neutrons.
L’application qui a le plus motivé le développement de la spectro-
métrie HREELS, à ses débuts, est l’étude de réactions catalysées en Le premier spectre de pertes d’énergie des électrons à haute réso-
phase hétérogène [26]. Toutefois, les conditions de travail idéales en lution, représenté à la figure 10 a été mesuré sur un film vierge de
HREELS (cibles monocristallines et ultravide) sont loin des condi- polyimide ou [poly- N, N’-bis (phénoxyphényle) pyrométillitimide],
tions réelles de travail d’un catalyseur industriel (matériaux poly- en géométrie spéculaire, avec des électrons incidents de 6,0 eV [30].
L’unité monomérique du polyimide est composée de deux entités
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PMDA (pyromellitic dianhydride ) et ODA (oxydianiline) représen- Figure 10 – Spectres de pertes d’énergie des électrons HREELS
tées également à la figure 10. Après traitement des données mesurés pendant la formation de l’interface entre le polyimide et
HREELS, on peut identifier 19 pics de pertes d’énergie, qui sont aisé- l’aluminium [30] [31]
ment interprétés par comparaison avec les spectres infrarouges
publiés. Le pic de perte d’énergie à 3 000 cm–1 est attribué à l’excita-
tion de vibrations d’élongation νC – H des groupements CH aromati-
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