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ECOLE NATIONALE DU GENIE DE L'EAU ET DE L'ENVIRONNEMENT DE

STRASBOURG

ELEVES-INGENIEURS 2ème ANNEE

TRAITEMENT DES EAUX DE DISTRIBUTION

0 - Introduction

Engees, Traitement des eaux de distribution – Introduction - 2017 Folio : 1/12


Introduction

Contenu

A. INTRODUCTION 3

B. L'EAU POTABLE EN FRANCE 5

1. UTILISATION DE L'EAU EN FRANCE 5


2. CONSOMMATION DE L'EAU PAR LES POPULATIONS 7
3. LE PRIX DE L'EAU 8

C. QU'EST-CE QU'UNE USINE DE TRAITEMENT DES EAUX POTABLES ? 10

1. OBJECTIFS DU TRAITEMENT 10
2. SCHEMA TYPE D'UNE USINE 11
3. LES TECHNIQUES DE TRAITEMENT UTILISEES 11

Engees, Traitement des eaux de distribution – Introduction - 2017 Folio : 2/12


Introduction

A. Introduction
De toutes les questions qui se posent à l’homme à l’aube du troisième millénaire, celle de l’eau est
primordiale, égale à celle de l’air.
Questions de quantité et de qualité : il ne suffit pas d’avoir de l’eau, faut il encore qu’elle soit utilisable.

Mais on ne peut pas parler de l’eau sans oublier qu’elle est pour l’Homme autre chose qu’une simple matière
première. Elle s’inscrit au plus profond de nous. L’eau représente l’origine, elle est la source de vie, elle est
symbole de vie, de pureté, de fécondité…. L’eau est aussi source de peur, d’inquiétude, symbole de mort.

Par ses manques et ses excès, par ses défauts et les nuisances qu’elle peut causer, l’eau pose de multiples
problèmes à l’humanité (figure 1). Plusieurs difficultés peuvent être évoquées :

- les pénuries chroniques en quantités d’eau disponibles, lorsque les besoins excédent les ressources,
- les pénuries conjoncturelles provoquées par la sécheresse,
- les pollutions d’origines diverses avec leurs conséquences sur les ressources et les écosystèmes,
- les risques d’inondation,
- les nuisances, dégâts et pertes économiques dont l’eau peut être l’agent ou le vecteur : maladie hydrique,
érosion des sols.

Un document publié en avril 2015 par la FAO et le CME « Towards a water and food secure future », indique
qu’en 2050, il y aura assez d'eau pour produire la nourriture nécessaire à l'alimentation de la population
mondiale qui dépassera les neuf milliards, mais la surconsommation, la dégradation des ressources et l'impact
du changement climatique réduiront la disponibilité en eau dans de nombreuses régions, en particulier dans
les pays en développement.
Actuellement, la rareté de l'eau affecte plus de 40 pour cent de la population mondiale, une proportion qui
devrait atteindre les deux tiers d'ici à 2050.

Figure n 1 : Carte mondiale des problèmes de l’eau

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Introduction

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Introduction

B. L'eau potable en France


1. UTILISATION DE L'EAU EN FRANCE

La France reçoit environ chaque année 400 milliards de m3 d’eau par les précipitations. 60 %
s’évaporent, 15 % alimentent les cours d’eau (rivières, fleuves, lacs,…) et 25 % s’infiltrent dans le sol
pour reconstituer les réserves souterraines.

Les prélèvements d’eau en France pour l’usage de l’homme représentent environ 33 milliards de m3 ,
valeur 2009 (figure 2). Seule une petite fraction est réellement consommée, le reste retournant d’une
manière ou d’une autre dans le cycle naturel de l’eau.

Figure n°2 : Répartition de l’utilisation de l’eau en France par grands secteurs d’activités

en milliards de m 3 /an Prélèvement Consommation réelle

Eau potable (usage domestique


5,5 16,5% 2 36,8%
et collectif)
Agriculture 3,1 9,3% 2,5 46,0%
Energie 21,5 64,4% 0,45 8,3%
Industrie 3,3 9,9% 0,49 9,0%
TOTAL 33,4 5,44

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Introduction

A noter que ces proportions tendent à évoluer ces dernières années ; la consommation par l’agriculture
dépassant largement les 50 % (70 à 80%), alors que les usages industriels et humains ne cessent de
diminuer.

Il est à rappeler que les années récentes (2003, 2005, 2012, 2015) ont par ailleurs été difficiles en
termes de sécheresse et de restrictions d’usage, avec des conséquences graves pour l’équilibre des
milieux aquatiques et la disponibilité des ressources en eau.
Ainsi tous les usagers de l’eau sont concernés : agriculteurs, industriels, collectivités locales,
particuliers…Les économies d’eau, comme en 1976, sont des plus prioritaires.
On peut noter cependant les évolutions à la baisse depuis 10ans sur les volumes prélevés pour la
consommation humaine.

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Introduction

2. CONSOMMATION DE L'EAU PAR LES POPULATIONS

Les ménages français consomment en moyenne 100 à 150 litres d’eau par jour et par personne (figure
3). Un habitant du tiers monde en consomme 50, alors qu’un américain est plus proche de 300.

Figure 3: consommation moyenne en eau potable de quelques pays européens


(source CIE , 1997)

en litre/jour/personne Consommation particulière Consommation totale


Suisse 264 402
Italie 220 293
Norvège 199 291
Danemark 194 291
Suède 175 350
Luxembourg 171 259
Pays Bas 159 195
Espagne 158 217
Finlande 156 288
France 147 211
Allemagne 146 196
Autriche 131 271
Grande Bretagne 132 267
Belgique 108 166

La consommation totale tient également compte des usages collectifs de l’eau qui sont réalisés :
arrosage des jardins, nettoyage de caniveaux,….

Figure n°4: Répartition de l’utilisation de l’eau potable par des particuliers

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Introduction

La consommation en eau varie autour d’une moyenne, en fonction du mode de vie : niveau social,
année,… On observe dans les pays industrialisés une tendance à la baisse de la consommation des
ménages.

Figure n°5 : variations de la consommation en eau potable

a : selon la population b : selon le nombre de jours cumulés

0,50 300
Consom. m3/personne/j

Consom. l/personne/j
0,45
0,40 250
0,35 Bruxelles - 290 1989 -215,1
0,30
0,25 200
0,20 1976 - 202,0
0,15 150
0,10 1964 -159,3
Nationale - 183
0,05
0,00 100
0% 20% 40% 60% 80% 100% 0 50 100 150 200 250 300 350

Fraction population Nb jours cumulés

3. LE PRIX DE L'EAU

Le prix de l’eau recouvre toutes les étapes de l’utilisation de l’eau : production et distribution d’eau
potable, évacuation et traitement des eaux usées. (Figure 6)

Figure n°6 : Les différents éléments du prix de l’eau

Année Eau potable Assainissement Taxes


(production et distribution) (collecte et traitement) et redevances
1991 53 % 32 % 15 %
1996 43 % 31 % 26 %
2001 41 % 34 % 25 %
2009 46 % 34 % 20 %

Les taxes sont perçues par l’Etat ou les Organismes Publics et regroupent :
- le taux de TVA réduit (5,5%)
- les redevances versées aux Agences de l’Eau qui servent à subventionner une part des
investissements pour améliorer le traitement des eaux usées
- la redevance FNDAE (Fond National de Développement des Adduction d’Eau) qui permet de financer
le développement de la distribution et de l’assainissement en zone rurale
- une taxe supplémentaire gérée par les Voies Navigables de France, facturée dans les communes
pompant ou rejetant leur eau dans les cours d’eau.

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Introduction

En 10 ans, le prix de l’eau a presque doublé, en raison essentiellement :

- de la construction de nouveaux équipements en assainissement imposés par la législation,


- des modifications des filières de traitement d’eau potable pour répondre à la dégradation de la
qualité des cours d’eau et aux exigences de qualité de plus en plus sévères.

Dans l'Union européenne, le prix moyen est de 3,80 € (source Nus Consulting 2013).

Selon une étude INSEE de janvier 2012, le tarif de l’eau en France est de 3,40 € TTC du m³.

Les différents contributeurs au prix de l’eau sont les suivants :


18% Impôts Taxes et redevances
42% Collectivité pour financement des installations
40% Gestion du service de l’eau

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Introduction

C. Qu'est-ce qu'une usine de traitement des


eaux potables ?
1. OBJECTIFS DU TRAITEMENT

La distribution et la production de l’eau répondent à plusieurs objectifs :


1. assurer les besoins en eau de la population en quantité suffisante,
2. assurer la permanence de la distribution,
3. distribuer une eau potable - il s’agit là d’un critère de santé publique.

Pour le sens commun, une eau potable est une eau qui ne véhicule aucune maladie.
Sa consommation ne doit pas donner lieu au développement d’épidémies.
C’est ce qui est à l’origine de la construction des réseaux de distribution et à leur protection.
Il faut aussi ajouter qu’une eau potable est une eau limpide, sans couleur, sans goût, ni odeur
particulière.

D’un point de vue réglementaire, la notion d’eau potable est un peu différente. Elle doit respecter un
certain nombre de caractéristiques analytiques. Les Normes d’eau potable définissent des valeurs
maximales le plus souvent, minimales parfois, pour un certain nombre de paramètres chimiques ou
biologiques qui appartiennent aux catégories suivantes :
microbiologiques (chapitre XI)
organoleptiques
des éléments minéraux toxiques ou indésirables (métaux,…)
des éléments organiques toxiques ou indésirables (hydrocarbures, pesticides,…)
des éléments minéraux ou organiques pouvant affecter la qualité de l’eau au cours de son
transport.

Le rôle d’une usine de traitement d’eau potable est donc d’éliminer ces éléments indésirables présents
dans la ressource en eau.

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Introduction

2. SCHEMA TYPE D'UNE USINE


Figure n° 7 : Schéma d’une usine de traitement d’eau potable

3. LES TECHNIQUES DE TRAITEMENT UTILISEES


Techniques physiques

Séparation par tamisage rétention des particules de taille supérieure dégrilleur – tamis
à la maille de passage
Action de la gravité élimination des matières en suspension de décanteur – flottateur
l’eau
Filtration rétention des particules fines sur système filtre à sable – membranes
filtrant

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Introduction

Techniques Physico-chimiques

Oxydation des oxydation de la matière organiques, de fait appel à des oxydants


substances réductrices composés organiques toxiques ou de
composés minéraux (pesticides)
Coagulation floculation agglomération des particules trop fines fait appel à des coagulants
pour être piégées par simple décantation et des floculants
et/ou filtration
Adsorption élimination d’éléments minéraux ou charbon actif
organiques par adsorption physico- résine échangeuse d’ions
chimique
Equilibre Injection de réactif pour contrôler remise à l’équilibre,
Calco carbonique l’équilibre calco-carbonique reminéralisation,
Maîtrise du pH sur la filière de traitement adoucissement
Dissolution de gaz Aération de l’eau pour dégazage et
ou dégazage oxydation
Introduction de CO2 pour l’équilibre calco-
carbonique
Désinfection élimination des germes pathogènes et fait appel à des oxydants
réduction des germes en général

Techniques biologiques

Sur filtre à sable Elimination du Fer et du Manganèse


Nitrification biologique : élimination des formes azotées
Sur filtre CAG Elimination de la matière organique soluble
Dénitrification biologique

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ECOLE NATIONALE DU GENIE DE L'EAU ET DE L'ENVIRONNEMENT DE
STRASBOURG

ELEVES-INGENIEURS 2ème ANNEE

TRAITEMENT DES EAUX DE DISTRIBUTION

1 - Caractéristiques des eaux potables


et normalisation

Engees, Traitement des eaux de distribution – Chapitre 1 - 2017 Folio : 1/72


Caractéristiques des eaux potables

Contenu

A. PROPRIETE DE L'EAU ET ANOMALIES 4

1. STRUCTURE ATOMIQUE DE LA MOLECULE D'EAU 4


2. STRUCTURE DE L'EAU EN PHASE CONDENSEE 5
3. PROPRIETES THERMODYNAMIQUES 6
4. PROPRIETES CHIMIQUES DE L'EAU 6

B. RAPPEL SUR LA CHIMIE DE L'EAU 7

1. SOLUBILITE DES GAZ 7


2. SOLUBILITE DES LIQUIDES 7
3. SOLUBILITE DES SOLIDES 8
4. PROPRIETE DES ELECTROLYTES EN SOLUTION 8
5. RAPPEL SUR LA LOI D'ACTION DE MASSE 9
6. NOTION DE FORCE IONIQUE ET D'ACTIVITE 10

C. LES ELEMENTS FONDAMENTAUX ET CARACTERISTIQUES D'UNE EAU - L'EQUILIBRE CALCO-


CARBONIQUE 12

1. LES ELEMENTS FONDAMENTAUX ET LES REACTIONS D'EQUILIBRE 12


2. MESURE DES ESPECES CARBONEES MINERALES 13
3. LES AUTRES ELEMENTS CARACTERISTIQUES D'UNE EAU 16
1 - IONS PRINCIPAUX 16
2 – DURETE 16
3 – INDICES GLOBAUX 17
4 - INDICES ET CONSTANTES 19
1 -INDICES DE L’EQUILIBRE CALCO-CARBONIQUE 19
2 - INDICES DE CORROSIVITE 20

D. LES CONSTITUANTS DE L'EAU 22

1. NATURE ET ORIGINE DES PRINCIPAUX ELEMENTS MINERAUX 22


2. LA MATIERE ORGANIQUE 23
3. LES ALGUES ET METABOLITES DIVERS 29
4. LES MICROPOLLUANTS ORGANIQUES 31

E. CARACTERISTIQUES DES EAUX DE SURFACE ET DES EAUX SOUTERRAINES 37

1. LES EAUX SOUTERRAINES 37


2. LES EAUX DE SURFACE 40
3. COMPARAISON DES DIFFERENTS TYPES D’EAUX 44
Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 2/72
Caractéristiques des eaux potables

F. NORMALISATION 46

1. QUELQUES NOTIONS DE TOXICITE 46


2. BASES POUR LA FIXATION DES NORMES 47
3. QUALITE DE LA RESSOURCE 48
4. NORMES EAU POTABLE 49
5. SIGNIFICATION SANITAIRE DES DIFFERENTS PARAMETRES 53
6. LES INDICES GLOBAUX D'EVALUATION DE LA QUALITE DE L'EAU 55
7. GUIDE POUR L’INTERPRETATION D’UNE ANALYSE D’EAU 56

G. ANNEXES 57

Rappels de chimie
Caractérisation des eaux
Norme française : ancien décret 89-3
Directive européenne 98-83 du 03/11/1998
Décret 2001-1220 du 20 décembre 2001
Arrêté du 11 janvier 2007
Arrêté du 21 janvier 2010

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 3/72


Caractéristiques des eaux potables

A. Propriété de l'eau et anomalies


C'est en 1800 que les savants Anglais CARLISLE et NICHOLSON réalisent la première électrolyse de l'eau,
et ouvrent la route à la formule H20 qui est précisée dans les 10 ans suivants.

En raison de son abondance, de son rôle joué dans toutes les activités humaines, de sa place dans
l'organisation de la vie animale et végétale, la molécule d'eau est très étudiée, les propriétés de l’eau sont
complexes et diffèrent de beaucoup d’autres liquides.

1. STRUCTURE ATOMIQUE DE LA MOLECULE D'EAU

La molécule d'eau est composée d'un atome d'oxygène central et deux atomes d'hydrogène sur chaque
côté. L'angle HOH est de 104,474 degrés, caractéristique d'une structure tétraédrique. La distance
entre le noyau d'oxygène et les noyaux d'hydrogène est de 0,95718 Angström. Le diamètre effectif de
la molécule est de 2,82Å.

Constitution électronique :

Les réactions chimiques sont basées sur la tendance des atomes à se réunir pour former des molécules
stables en assemblant autour d'eux un cortège électronique formant une couche électronique complète.
Il manque à l'oxygène deux électrons qui sont fournis par les deux atomes d'hydrogène.

Fig. 1 : Répartition
Répartition des charges : des charges en tétraèdre

Il existe deux centres de charges positives


autour des atomes d'hydrogène et deux
centres de charges négatives autour de -
l'atome d'oxygène. Elles seraient réparties au
sommet d'un tétraèdre dont le centre serait
occupé par l'oxygène. Cette répartition
hétérogène des charges fait que la molécule
d'eau est polaire. Cette propriété est à
l'origine de la technique du chauffage par
micro-ondes : soumise à un champ électrique
qui vibre, la molécule peut suivre son O
évolution jusqu'à une certaine fréquence. Au-
delà, l'agitation et la rotation de la molécule - +
induite par le champ sont sources de
H
frottements avec les molécules voisines et
donc d'échauffement.
H +

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 4/72


Caractéristiques des eaux potables

2. STRUCTURE DE L'EAU EN PHASE CONDENSEE


a/ Phase vapeur Fig. 2 : Les différentes structures de l'eau
Dans la vapeur, les molécules d’eau sont dissociées les a : vapeur
unes des autres.

b/ Phase liquide
Les molécules s'associent selon une géométrie
tétraédrique, par des liaisons hydrogène. Il s'agit d'une
attraction électrique entre deux sommets du tétraèdre
électrique, le premier chargé positivement et le second
négativement (un atome d’oxygène). Les molécules sont
soumises à une très forte agitation (1012 mouvements par
seconde). b : eau

c/ Phase glace

A la pression ordinaire, les tétraèdres sont liés en réseau


hexagonal. Chaque atome d'oxygène est relié par une
liaison hydrogène à quatre autres atomes d'oxygène. La
distance entre deux atomes d'oxygène est de l'ordre de
2,76 Å.

La structure de la glace est très ouverte : les molécules


c : glace
sont relativement mobiles ; les charges électriques
peuvent se déplacer ; il y a des défauts cristallins (de type
ionique par exemple H3O+ ou OH-).

Fusion de la glace
A pression ambiante et pour de l'eau pure, la fusion a lieu
à la température de 0°C (273°K). La salinité de l'eau
entraîne un diminution de la température de fusion.

Lorsque la glace fond, les trous de la structure


s'effondrent et sont remplis par des molécules d'eau
interstitielles. Les mouvements dus à l'agitation thermique Fig 3 : Evolution de la densité de l’eau en fonction
de la température
ne permettent pas le maintien de la structure de la glace.
La densité augmente alors jusqu'à une température de
Anomalie Densité variant d’une façon normale
4°C, moment où l'ensemble des trous est comblé. La
dilatation thermique impose ensuite une expansion du
volume, et donc une diminution de la densité, comme
pour un liquide normal. (figure 3)

Cette propriété d'augmentation de la densité au moment température


0°C 4°C
de la fusion en fait une molécule quasiment unique dans
le monde des liquides.

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Caractéristiques des eaux potables

3. PROPRIETES THERMODYNAMIQUES

Variation de la viscosité :
Un liquide normal devient plus visqueux quand la pression augmente, les molécules étant alors obligées
de se tasser. L'eau fait exception : pour des températures inférieures à 50 °C, la viscosité de l'eau
diminue quand la pression augmente. A température ambiante, il faut comprimer l'eau à plus de 1000
atm, soit une perte de volume de 10 %, pour que la viscosité commence à augmenter avec la pression.

Capacité calorifique de l'eau


Elle est très élevée :
. Tout d'abord, l'eau peut absorber de grandes quantités d'énergie sous forme de chaleur sans
beaucoup changer de température. Sa chaleur spécifique est exceptionnellement élevée. C'est ce
qui explique que les océans régulent la température terrestre.

. De plus, les chaleurs latentes de congélation et de vaporisation sont très élevées. Ainsi, c'est
moins la température du glaçon qui refroidit une boisson, que le pompage de chaleur (absorption
d’énergie) produit par sa fusion.

4. PROPRIETES CHIMIQUES DE L'EAU

L'eau a une très grande capacité à détruire la cohésion de nombreux corps et donc de les dissoudre.
L'eau pure est donc un mythe. Elle est le meilleur solvant connu des substances ionisées.

Très bon isolant quand elle est pure, l'eau devient un excellent conducteur quand elle contient des sels
en solution.

L'eau intervient dans la chimie d'abord par sa dissociation en hydrogène (ou plutôt en proton hydraté
H3O+) et en ion hydroxile OH-. La répartition entre les deux espèces est mesurée par le pH, qui est le
logarithme de l'inverse de la concentration molaire en protons H+.

H O =10
3
+ − pH
(
et pH = − Log 10 H 3O + )

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 6/72


Caractéristiques des eaux potables

B. Rappel sur la chimie de l'eau


Dissoudre un corps dans l'eau, c'est détruire sa cohésion due à des forces électrostatiques ou coulombiennes
comme les liaisons de covalence, les liaisons ioniques, les liaisons hydrogènes ou les forces de Van Der Vaals.
La molécule d'eau produit une attraction hydratante en détruisant totalement ou partiellement les divers liens
électrostatiques entre les atomes et les molécules du corps à dissoudre pour les remplacer par des liens avec
elle même.

On parle de :
- solvatation quand la réaction est incomplète,
- dissolution quand elle est complète.

1. SOLUBILITE DES GAZ


A. La loi de Henry
La quantité de gaz dissous dans l'eau (C) est proportionnelle au coefficient de solubilité du gaz (la
constante de HENRY H) et à la pression partielle du gaz dans la phase gazeuse (P).
La solubilité des gaz décroît avec la température.

Pi = H . Ci
avec Pi pression partielle du composé en bar
Ci concentration du gaz dans la phase liquide en mg.L-1, soit la solubilité
H constante de HENRY en bar.mg-1.L, fonction de la température

B. Les gaz atmosphériques


Oxygène Azote Gaz carbonique
O2 N2 CO2
Constante de HENRY à 15°C (bar.mg-1.L) 20. 10-3 48. 10-3 0,5. 10-3
Pourcentage de gaz dans l'atmosphère 20,9 % 78,1 % 0,035 %
Pression partielle à 15°C sous 1,0133 bar 0,208 bar 0,788 bar 0,0003 bar
Solubilité à 15 °C 10,4 mg.l-1 16,4 mg.l-1 0,59 mg.l-1

La concentration en azote dissous dans l’eau est élevée car c’est le composé majoritaire dans l’air. Mais
c'est le corps le moins soluble car la constante de HENRY est la plus forte.

2. SOLUBILITE DES LIQUIDES

La solubilité d'un liquide dans l'eau dépend fortement de sa polarité.

Molécules solubles Molécules peu solubles


groupes polaires groupes non polaires
groupes hydroxyles OH- : chaînes aliphatiques :
alcool, sucre hydrocarbures, graisses
groupes SH-, NH2-

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 7/72


Caractéristiques des eaux potables

3. SOLUBILITE DES SOLIDES


A. Solution vraie :

Le produit à dissoudre se disperse spontanément dans l'eau en molécules de taille du même ordre de
grandeur que l'eau.

B. Solution colloïdale ou micellaire

Les produits à dissoudre ne se dispersent pas spontanément. Leur taille est supérieure à celle de la
molécule d'eau. Ce sont des systèmes hétérogènes, à deux phases, où les particules dispersées
s'agglomèrent en amas atomiques (métaux) ou moléculaires de dimension inférieure à 2 microns.

Dans l'eau, les argiles constituent l'essentielle des colloïdes minéraux. Les substance humiques forment
la majeur partie des colloïdes organiques.

L’élimination des colloïdes constituent une étape importante dans le traitement des eaux de
distribution.

C. Suspension colloïdale

La solvatation (ou dissolution incomplète) est superficielle, les particules sont visibles au microscope
optique.
Fig. 4 : Echelle de classification des différentes tailles de suspension

Etat dissous Solution Etat Suspension Solides


vrai colloïdale colloïdale colloïdale décantables

0,0001 µ 0,001 µ 0,01µ 0,1 µ 1µ 10 µ 100 µ 1 mm 10 mm

Les micro-organismes, de tailles parfois inférieures au micron (virus) sont des particules en suspension
dans l’eau.

4. PROPRIETE DES ELECTROLYTES EN SOLUTION

Un composé minéral dissous dans l'eau se dissocie plus ou moins en anions (chargés négativement) et
en cations (chargés positivement). Le corps dissous est appelé électrolyte :

NaCl  Na + + Cl -

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 8/72


Caractéristiques des eaux potables

Lorsque plusieurs électrolytes se trouvent en solution, chacun est plus ou moins dissocié. Les ions
libérés peuvent se combiner entre eux pour former de nouveaux composés :

HCl + NaOH  H + + Cl - + Na + + OH -  NaCl + H 2 O

La réaction d'équilibre est modifiée si l'un des composés disparaît par précipitation :

AgNO3 + NaCl → AgCl + NaNO3


Lorsque la dissociation est partielle, il s'agit d'un électrolyte faible (ex : acide acétique). On parle
d'électrolyte fort lorsqu’elle est totale (NaCl, NaOH,....).

5. RAPPEL SUR LA LOI D'ACTION DE MASSE

Soit la réaction chimique suivante :


mA + nB  m' C + n' D

Les vitesses de réactions dans le sens 1 et dans le sens 2 sont données par les relations respectives
suivantes :
V1 = K1 .[ A]m .[ B]n V2 = K 2 .[ C ] m' .[ D] n '

Les concentrations de chaque élément sont exprimées en mol.L-1.

A l'équilibre, les vitesses de réactions sont égales V 1 = V2. On introduit alors la constante de
dissociation thermodynamique K:
K1 [C] m' .[D] n'
K= K=
K2 [A] m .[B] n

Rappelons que la relation entre les concentrations exprimées en mol.L-1 et celles exprimées en g.L-1
passe par la masse molaire :
g.L = mol.L  M
−1 −1
molaire

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 9/72


Caractéristiques des eaux potables

6. NOTION DE FORCE IONIQUE ET D'ACTIVITE


A. L'activité - ai

Elle mesure la capacité d'un ion à réagir avec les autres éléments. C'est en quelque sorte la
concentration active de l’ion dépendant de sa concentration molaire et de son coefficient d’activité :

a i = m i . i

avec ai : activité de l'ion i en mol.L-1


mi : concentration molaire en mol.L-1
i : coefficient d'activité

En toute rigueur, la loi d'action de masse ne s'applique que pour les activités. On introduit alors parfois
une constante de dissociation apparente, à force ionique donnée, qui permet d'utiliser directement les
concentrations en mol.L-1.

B. Coefficient d'activité : i

Les formules qui suivent ne sont valables que pour des eaux naturelles dont la force ionique I ne
dépasse pas 0,05.

Calcul de la force ionique I :


I = ½ . Σ mi . Vi2

avec mi : concentration molaire de l'ion i


Vi : valence de l'ion i

Formule simplifiée du coefficient d’activité :


I 1/ 2
i = 10 −0,5.Vi . e
2
e=
1 + 1,4. I 1/ 2

Formule complète :
A.Vi 2 .I 1/ 2
Log 10(i ) =
1 + (aio .B.I 1/ 2 )

avec a°i rayon d'influence de l'ion i


A (t°C) = 0,000920 . t + 0,4850
B (t°C) = 0,000162 . t + 0,3241

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 10/72


Caractéristiques des eaux potables

Rayon d'influence de différents ions :

Mg2+ Ca2+ CO32- Na+ HCO3- SO42- Cl- K+ NO3-


8 6 4,5 4,25 4,25 4,25 3 3 3

Plus un liquide contient des ions à valence élevée, plus sa force ionique est élevée, son coefficient
d’activité est élevé et plus il a des capacités élevées d’échange d’ions.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 11/72


Caractéristiques des eaux potables

C. Les éléments fondamentaux et


caractéristiques d'une eau - l'équilibre calco-
carbonique
1. LES ELEMENTS FONDAMENTAUX ET LES REACTIONS D'EQUILIBRE

Les 6 éléments fondamentaux sont toujours présents dans une eau naturelle, quelle que soit son
origine, en raison de leur abondance à la surface de la terre, dans les sols ou l’atmosphère.
Ces 6 éléments sont : l’eau ou plutôt ses électrolytes (H 3O+, OH-), le gaz carbonique atmosphérique
dissous (CO2d) ou anhydride carbonique (H2CO3), les ions bicarbonates ou hydrogénocarbonates (HCO3-
), les ions carbonates (CO32-) et les ions calcium (Ca2+).

Comme nous l'avons vu (cf §2.1), le gaz carbonique se dissout en grande quantité dans l'eau. Les
réactions chimiques qui vont se dérouler font intervenir un proton hydraté (H 3O+) et influenceront donc
le pH.

L'équilibre calco-carbonique décrit les relations qui relient ces éléments fondamentaux entre eux. Il
fait intervenir la dissociation de l'eau, la dissolution du gaz carbonique atmosphérique dans l'eau et la
précipitation des carbonates de calcium.

A – Dissociation de l’eau : produit ionique de l'eau

H 3 O + + OH -  H 2 O

B - Dissolution du gaz carbonique


A l'interface eau/atmosphère, il y a échange entre le gaz carbonique atmosphérique (CO 2 g) et le gaz
carbonique dissous dans l'eau (CO2 aq ou CO2d) ou encore l’anhydride carbonique H2CO3.
Les autres réactions se déroulent en phase liquide où se mettent en équilibre le gaz carbonique
dissous, l'anhydride carbonique (H2CO3), le bicarbonate (HCO3-) et le carbonate (CO32-). Ces réactions
d'équilibre sont très rapides. Par simplification, on confond le gaz carbonique dissous et l'anhydride
carbonique.

Les équations d'équilibre sont les suivantes :

Equilibre interface eau/atmosphère CO2 ( g )  H 2 CO3


Première dissociation du CO2 aq dans l’eau H 2 CO3 + H 2 O  HCO3- + H 3 O +
Seconde dissociation du CO 2 aq dans l’eau HCO3- + H 2 O  CO32- + H 3 O +

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 12/72


Caractéristiques des eaux potables

C - Précipitation des carbonates de calcium


Les ions carbonates (CO32-) sont en équilibre avec les carbonates de calcium ou de magnésium en
phase solide.

CO32− + Ca 2+  ⎯
⎯→
1

⎯⎯2
 CaCO 3

En présence d'un défaut en carbonates (CO 32-), l’équilibre sera décalé vers 1 et l'eau aura tendance, s'il
y a du calcium, à former un précipité de carbonate de calcium : on parle d'une eau incrustante.
A l'inverse, pour une eau ayant une concentration forte en carbonates, l’équilibre sera décalé vers 2 et
l’eau aura tendance pour maintenir l’équilibre à dissoudre du carbonate de calcium pour se remettre à
l'équilibre : on parle alors d'une eau agressive (cf. Chapitre II).

Fig. 5 : Les réactions de l'équilibre calco-carbonique

Les 6 éléments fondamentaux d'une eau sont donc OH -, H3O+, CO2aq,ou H2CO3, HCO3-, CO32- et Ca2+

2. MESURE DES ESPECES CARBONEES MINERALES

L'alcalinité d'une eau = TAC, qui correspond à sa teneur en carbonates et en bicarbonates, est sa
capacité à accepter des ions H3O+. Elle est essentiellement due aux ions bicarbonates HCO 3- et
carbonates CO32-, pour les pH < 8,3, auquel il faut ajouter les ions OH- pour les pH > 8,3.
L'alcalinité s'exprime en mmol.L-1, ou plus souvent chez les traiteurs d'eau français en degrés français
(°F).

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 13/72


Caractéristiques des eaux potables

On distingue :
le titre alcalimétrique simple :
TA = [OH-] +.[CO32-] en mmol.L-1 ou TA = [OH-] + 1/2.[CO32-] en °F

le titre alcalimétrique complet :


TAC = [OH-] + 2.[CO32-] + [HCO3-] en mmol.L-1 ou TAC = [OH-] + [CO32-] + [HCO3-] en °F

1 degré français est équivalent à 10 mg.L-1 de CaCO3, soit 0,2 meq.L-1 :

1 °F  10 mg.L-1 CaCO3 = 0,2 meq.L-1

Pour mesurer l'alcalinité d'une eau il suffit de lui ajouter une quantité connue d'acide fort :

Fig. 6 : Principe de la mesure de l'alcalinité avec un acide fort

pH > 8,3
Rose TA > 0

Eau + pH < 4,5


phénolphtaleine Rose TAC = 0

pH < 8,3 + indicateur


Incolore TA = 0 mixte
4,5 < pH < 8,3
Incolore TAC > 0

Fig. 7 : Neutralisation d'une dibase par un acide fort : Evolution du pH

pH

pK2 = 10,2 CO32- = HCO3-

CO32- + H+ → HCO3-

pK1 = 6,4 HCO3- = H2CO3

4,4 HCO3- + H+ → H2CO3

Volume d'acide versé

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 14/72


Caractéristiques des eaux potables

La mesure de l'alcalinité permet d'estimer les teneurs des différents éléments :

TA = 0 TA < TAC/2 TA = TAC/2 TA > TAC/2 TA = TAC


OH- 0 0 0 2.TA - TAC TAC
CO3 2-
0 2.TA TAC 2.(TAC-TA) 0
HCO3- TAC TAC - 2.TA 0 0 0

Fig. 8 : Pourcentage des caractéristiques carboniques


d'une eau à 15°C - µ = 8,5. 10-3 mol.L-1

pK1' + pK 2'
pH =
2
100%
[CO32-]
90% [H2CO3]
[HCO3-]

80%

70%
H2CO3+HCO3+CO3

60%

[H2CO3]=[HCO3-] [CO32-]=[HCO3-]
50%

40%

30%

20%

10%
pH = pK1' pH = pK 2'

0%
3 5 7 pH 9 11 13

Dans le cas des eaux naturelles présentant des pH compris entre 5,5-6 et 9, les espèces minérales
carbonées sont les bicarbonates largement majoritaires devant les carbonates, donc pour ces eaux :
TAC = [HCO3-].

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 15/72


Caractéristiques des eaux potables

3. LES AUTRES ELEMENTS CARACTERISTIQUES D'UNE EAU


1 - Ions principaux
Aux 6 éléments fondamentaux, il convient de rajouter 6 autres éléments caractéristiques : 3 cations ;
magnésium (Mg2+), sodium (Na+), potassium (K+) et 3 anions ; chlorure (Cl-), sulfate (SO42-) et nitrate
(NO3-).
Ces 12 éléments fondamentaux et caractéristiques servent de fiche d'identité de base pour tous les
types d'eaux et illustrent leur nature essentielle.

Balance ionique

Si la balance ionique n’est pas équilibrée, c'est-à-dire que la somme des cations n’est pas égale à la
somme des anions, en prenant comme unité les milliéquivalents, il est alors possible de la rééquilibrer
avec les ions sodium ou les ions « chlorures ». Ces deux ions n’interviennent en effet dans aucun
équilibre définissant les propriétés d’une eau.

Attention, si la différence entre la somme des anions et la somme des cations est supérieure à 5%, on
peut suspecter des erreurs de manipulation. Le rééquilibrage n’est alors pas possible et l’analyse doit
être refaite.

Résidu sec

Le résidu sec est obtenu en portant l’échantillon à 180°C. A cette température, une partie des
bicarbonates est transformée en carbonates. La valeur théorique du résidu sec est alors obtenue grâce
à l’équation suivante :

Résidu sec (mg/L) = (Σ cations + Σ anions) – ½ HCO3- (mg/L)

Sels dissous totaux (mg/L)


2 – Dureté

La dureté d’une eau reflète la quantité de calcium et de magnésium présents dans l’eau.
La dureté temporaire est celle correspondant aux bicarbonates de calcium et de magnésium.
La dureté permanente est celle correspondant aux sulfates de calcium et de magnésium.

- -
HCO3 Cl 2-
SO4
+2 +
Ca 2+ +
K
Mg Na

Dureté
Dureté temporaire
permanente

Dureté totale
Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 16/72
Caractéristiques des eaux potables

3 – Indices globaux

Température
Les propriétés de l’eau affectées par la température sont :

- la densité et la viscosité de l’eau,


- la solubilité des gaz et des sels,
- les vitesses des réactions chimiques et biochimiques.

L’élévation de la température peut être due aux variations saisonnières et à un apport de chaleur par
les industries.

Conductivité - µS.cm-1
La conductivité exprime la minéralisation globale d’une eau en mesurant l’aptitude d’un conducteur
(l’eau) au passage d’un courant électrique. Elle dépend de la température du liquide.
Pour ramener la valeur mesurée à 20°C, il faut effectuer la correction suivante :

C20°C = CT × f

Avec f, facteur fourni par le tableau ci-dessous.

Turbidité – NFU
La turbidité d’une eau a pour origine la présence de matières en suspension. Cette mesure permet donc
de mesurer l’efficacité des traitements.
La turbidité se mesure par la réflexion d'un rayon lumineux dans l'eau.
L’unité est le NFU (Nephelometric Formazine Unit).

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 17/72


Caractéristiques des eaux potables

Couleur - mg.l-1. Co/Pt


La couleur est due aux matières organiques, aux métaux et aux rejets industriels.

L’unité de mesure est l’échelle platine-cobalt. La couleur de la solution est comparée à des solutions de
platine cobalt, dont les concentrations en platine sont croissantes.

Oxydabilité au permanganate – KMnO4 - mg O2.l-1


Il est difficile de quantifier la teneur en matière organique dans les eaux. Une des méthodes utilisées
est l’oxydation de ces matières organiques par le permanganate de potassium. Attention, pour
comparer plusieurs valeurs d’oxydation au KMnO4, les conditions de mesures doivent être strictement
les mêmes, les valeurs de l’oxydabilité en milieu acide étant plus élevées que celles en milieu basique.

D’autres méthodes permettent d’approximer la quantité de matière organique dans un eau : la


Demande Chimique en Oxygène (DCO) et la Demande Biologique en Oxygène en 5 jours (DBO5).

La DCO est mesurée dans des conditions d’oxydation plus poussée que l’oxydabilité au KMnO4, grâce à
du bichromate de potassium.
La DBO5 consiste à mesurer la quantité d’oxygène présent dans un échantillon le jour du prélèvement
puis de comparer cette valeur à celle mesurée 5 jours après, l’échantillon étant placé à 20 °C et dans
l’obscurité.

Relation : DCO ~ 1,5 à 2×DBO5 ~ 3 à 5 × Oxydabilité KMnO4

COT - Carbone Organique Total - mg C.l-1


Ce paramètre mesure la pollution organique d’une eau (de même que l’oxydabilité au KMnO4).
La mesure se fait par décomposition à haute température et mesure en infra-rouge du CO2 formé.

En première approximation, la relation COT/oxydabilité est :


Oxydabilité KMnO4 = 2 x COT

TTHM :Totaux Tri Halo Méthane - mg.l-1


Les THM résultent de la réaction de composés chlorés sur les matières organiques.

Absorbance – UV – cm-
Ce paramètre mesure également la pollution organique d’une eau (de même que l’oxydabilité au
KMnO4 ou le COT).

La mesure repose sur la propriété des molécules organiques à adsorber les rayonnements. La quantité
adsorbée est proportionnelle à la quantité de molécules organiques, ce qui permet d’obtenir une
mesure de la quantité de matières organiques.
La mesure se fait à 254 nm.
Le résultat est exprimé en cm-1, pour une longueur de cellule de mesure donnée.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 18/72


Caractéristiques des eaux potables

Ordres de grandeur des différentes indices globaux :

unité valeur faible valeur


forte
Conductivité S.cm-1 200 1000
Couleur mg.L-1Co/Pt 15 à 20 > 60
Turbidité NFU <3 > 15
Oxydabilité à KMnO4 à mgO2.L-1 2 20
chaud
COT mgC.L-1 2 20
Absorbance UV cm-1 0,1 2

4 - INDICES ET CONSTANTES

Il existe plusieurs indices permettant de déterminer le caractère aggressif, corrosif ou entrartrant d’une
eau :
- Indice de Langelier (LI),
- Indice de Ryznar index (RI),
- Indice de saturation index (SI).
- Indice de Larson (LnR),
- Indice de Leroy (LyR),

Pour protéger le réseau de distribution, l’eau ne doit pas être agressive vis-à-vis du carbonate de
calcium. Elle doit même être de préférence légèrement entartrante, afin de déposer un film protecteur
sur les canalisations.

1 -Indices de l’équilibre calco-carbonique

Indice de Langelier

LI = pH – pHs

si LI<0, l’eau est agressive


si LI >0, l’eau est entartrante

Indice de Ryznar (de stabilité)

RI = 2pHs – pH.

Il permet de définir la tendance agressive ou entartrante d’une eau aérée. Le tableau ci-aprèsdonne la
relation entre l’indice de stabilité et la tendance incrustante ou corrosive de l’eau.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 19/72


Caractéristiques des eaux potables

IR TENDANCE
4à5 Entartrage important
5à6 Entartrage faible
6à7 Équilibre
7 à 7,5 Légère corrosivité
7,5 à
Corrosivité notable
8,5
> 8,5 Corrosivité importante

Indice de Saturation

SI =
Ca xCO 
2+
3
2−

K' s

Avec :
K's = produit de solubilité du carbonate de calcium,
Ca2+ et CO32- en mg/l.

C’est un paramètre prenant en compte la cinétique d’entartrage, définissant le potentiel agressif ou


entartrant d’une eau :

SI < 1 : l’eau est agressive


SI = 1 : L’eau est à l’équilibre
SI > 1 : L’eau est entartrante

Cet indice est le plus représentatif et sera préféré aux deux indices précédents pour qualifier une eau.

En effet, il prend en compte les cinétiques de dissilution et de précipitation du carbonate de calcium.


Pour une eau à reminéraliser, l’objectif à atteindre sera un indice de 1,2, de façon à ce que la cinétique
de précipitation du carbonate de calcium prédomine sur la cinétique de corrosion par les ions chlorures.

2- Indices de corrosivité

Indice de Larson

[Cl- ] + 2  [SO24− ]
LnR =
[HCO3− ]

Les concentrations sont en mol/l.

Il représente quantitativement la corrosivité d’une eau, due principalement aux ions chlorures et aux
ions sulfates.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 20/72


Caractéristiques des eaux potables

Des formules empiriques ont été définies par des expériences menées par Larson and Skold, qui ont
estimé que l’indice ne devait pas excéder 0,2 à 0,3. D’autres auteurs prétendent que des valeurs
jusqu’à 1 sont acceptables

IC TENDANCE
< 0,2 Pas de tendance à la corrosion
0,2 à 0,4 Faible tendance
0,4 à 0,5 Légère tendance
0,5 à 1 Tendance moyenne
>1 Nette tendance à la corrosion

Indice de Leroy

TAC
LyR =
TH

L’alcanitité et la dureté sont exprimée en degrés français (°F)

Pour un potentiel corrosif faible, les valeurs devront être de l’ordre de 0.7 à 1.3.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 21/72


Caractéristiques des eaux potables

D. Les constituants de l'eau


1. NATURE ET ORIGINE DES PRINCIPAUX ELEMENTS MINERAUX

Par ordre alphabétique, on peut classer les principaux éléments minéraux de la façon suivante :

Ammoniaque - idem nitrate


Aluminium - universellement répandu dans la nature
Arsenic - présent naturellement dans tous les milieux
- déchets industriels et certains pesticides
Cadmium - se trouve en concentration significative uniquement dans le minerai de
Zinc
- issu des industries de céramique, de colorants et de métallurgie
Chlorures - dissolution de dépôts de sel gemme
- pollution venant du salage des routes, des drainages d'irrigation , des
lixiviats d'ordures ménagères,
- pénétration d'eaux de mer dans les régions côtières
Chrome - présent dans les milieux biologiques sous forme trivalente
- le Chrome hexavalent est rare car très rapidement réduit (industrie de
traitement de surface)
Cyanure - origine industrielle
- peut se combiner avec des métaux lourds et former des complexes
Fer - quatrième élément de l'écorce terrestre
- nappe souterraine dans des niveaux sableux
Fluorures - présents dans de nombreux minéraux,
- dans les eaux souterraines provenant de massif granitique
Magnésium, calcium - dissolution des roches calco-magnésiennes
Manganèse - nappe souterraine dans des niveaux sableux
- dans les retenues en condition anaérobie – eutrophisation
Mercure - gaz émanent de la surface terrestre
- combustion de combustibles fossiles, fabrication de ciment, incinération
de déchets
Nickel - présent partout à raison de 10 à 100 mg.kg-1 dans les sols, les sels de
nickel sont fortement solubles
Nitrates et Nitrites - engrais
- décomposition de matières végétales et animales (lisiers)
- rejet de station d'épuration
Plomb - sous forme minérale dans l'écorce terrestre (16 mg.kg -1)
- additif d'essence (tetra méthyle de plomb)
- anciens branchements de canalisations
Sélénium - industrie des insecticides
Sodium - dissolution du sel gemme
- pollution venant du salage des routes
Sulfates - dissolution de gypse

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 22/72


Caractéristiques des eaux potables

2. LA MATIERE ORGANIQUE
A. Origine de la matière organique

L'origine de la matière organique est à la fois terrestre et aquatique. Les composés organiques
proviennent de la dégradation biologique issues des débris végétaux et animaux. Leur nature est
extrêmement diverse, un grand nombre d'entre eux ne pouvant pas être identifié. La matière organique
terrestre est vitale pour le maintien de la structure des sols et la croissance des plantes en tant que
tampon acido-basique des sols. Elle est véhiculée par les eaux interstitielles et de ruissellement dans
l'environnement aquatique.

La quantité de matière organique, généralement inférieure à 5 mg.L -1 dans les eaux, reste limitée,
surtout si on la compare à des teneurs en matières minérales qui atteignent facilement 300 à 500
mg.L-1.

La décomposition première des débris par des micro-organismes aboutit à la formation de petites
molécules, de produits simples : acides aminés, sucres, acides gras, pigments, vitamines,...

La reprise de ces substances par des bactéries et des champignons lors de processus de putréfaction
aboutit à la synthèses de substances chimiques complexes ; les acides humiques. Il s'agit de macro-
molécules comprenant de nombreux groupements hydroxydes, des fonctions phénol, des ponts S, NH,
O. Elles peuvent former des colloïdes, des complexants (effet masquant).

Les filières actuelles de traitement d'eau potable sont conçues ou modernisées pour pouvoir éliminer
cette matière organique. En effet, depuis une vingtaine d'années, sa concentration dans
l'environnement ne cesse d'augmenter. La présence de matière organique dissoute et biodégradable
dans l'eau traitée, favorise le développement de bactéries dans le réseau de distribution, ce qui est
nuisible à la qualité de l'eau potable (aspect gustatif, sanitaire,....).

Fig. 9 : Classification des composés organiques (d'après Thurman 1985) :

Composés Concentration COT (%)


Substances humiques 2 à 10 mg.l-1 40 à 60 % COT
Acides carboxyliques 100 à 600 g.l-1 5à8%
Acides aminés 200 g.l-1 2à3%
Hydrates de carbone 500 g.l-1 5 à 10 %
Hydrocarbures 1 à 10 g.l-1 1%
Composés à l'état de trace ng.l-1 à g.l-1

COT = Carbone Organique Total = paramètre analytique de la matière organique totale

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 23/72


Caractéristiques des eaux potables

Substances humiques :
La condensation de matières organiques fraîches provenant de résidus animaux et végétaux incorporés
dans les sols aboutit à la formation des substances humiques. Leurs principales caractéristiques sont les
suivantes :
. faible biodégradabilité,
. coloration importante,
. non toxiques en elles-mêmes, mais elles forment des complexes avec des métaux ou des pesticides,
. source potentielle d'haloformes,
. influence sur la tension superficielle de l'eau : formation de mousse.

Acides carboxyliques :
Il s'agit d'acides gras volatiles, d'acides gras non volatiles et d'acides volatiles.

Hydrates de carbones :
Il s'agit de macromolécules de masse molaire élevée dont la maille élémentaire est constituée de
monosaccharides, polyalcools avec 5 à 8 atomes de carbone comportant aussi des groupements
cétoniques ou aldéhydiques. L'origine de ces produits peut être intra ou extra cellulaire.

Fig.10 : structure de mono et de polysaccharide

Composés à l'état de trace :


On retrouve tous les composés organiques susceptibles de se retrouver dans le milieu naturel :
aldéhydes, stérols, bases organiques, composés organiques soufrés, alcools, cétones, éthers, pigments.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 24/72


Caractéristiques des eaux potables

B. Différentes techniques de caractérisation de la matière organique

Classification des substances organiques suivant leur solubilisation :

Substances humiques

Traitement par alcalis

Partie soluble Partie Insoluble

Traitement dans H 2O acide Humine

Partie insoluble Partie soluble

Traitement à l’alcool

Partie soluble Partie insoluble

Acides fulviques Acides hymatolémaniques Acides humiques


(87 %) (11%) (2%)

Les acides fulviques représentent la fraction la plus importante des substances humiques aquatiques.
Principalement sous forme colloïdale, ils sont plus solubles que les acides humiques.

Classification selon les structures moléculaires - exemple des acides fulviques :

Composition carbone 40 à 60 %
oxygène 30 à 50 %
hydrogène 2à8%
azote 0à8%

Groupements fonctionnels acide COOH 7,71 ± O,25 meq.g-1 d’acide fulvique


phénolique : cycle + OH 3,3
alcoolique OH 3,6
cétonique C=O 2,5
quinoïnique C=O 0,6

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 25/72


Caractéristiques des eaux potables

Fig. 11 : Modèle de structure des acides humiques (CHRISTMAN et all 1976)

Fig. 12 : Modèle de structure des acides fulviques (d'après SCHNITZER 1972)

Classification à partir des résines XAD

Les résines sont habituellement utilisées pour l’extraction de contaminants organiques ou de micro-
polluants. Pour la caractérisation de la matière organique les deux résines utilisées en série sont la
XAD8 et la XAD 4.

Fig. 13 : Caractéristiques des résines XAD 8 et XAD4

Résine Polarité Nature chimique Porosité Diamètre Surface


(% moy. (m2.g-1)
volume) des pores (Å)
XAD 8 polaire ester acrylique 52 250 140
XAD 4 non polaire styrène –divinylbenzène 51 50 750

L'idée générale est la suivante : les molécules hydrophobes ou non polaires sont attirées par les
surfaces hydrophobes (résine XAD4) tandis que les matériaux hydrophiles ou polaires s'adsorbent sur
les surfaces hydrophiles ou polaires. Le mécanisme d'adsorption des substances humiques dépend du
pH. En milieu acide, les fonctions carboxyliques sont protonées, permettant une adsorption des parties

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 26/72


Caractéristiques des eaux potables

hydrophobes par des liaisons à faible énergie. En milieu basique, l'ionisation de ces mêmes fonctions
entraîne une désorption des substances humiques.

Fig. 14 : Protocole de mesure des substances humiques à l'aide de résines XAD

Eau à analyser
(préfiltrée 0,45µm)

Acidification pH = 2 Surnageant
Acides fulviques
Elution à la soude Acidification pH= 1
précipité
Percolation sur résine
Acides humiques
XAD8
Elution au méthanol Hydrophiles neutres

Elution à la soude Acides hydrophiles


Percolation sur résine
XAD4
Elution au méthanol Hydrophobes neutres

Les résultats obtenus par ce protocole sur une eau de barrage sont les suivants :

Fig. 15 : Caractéristiques des eaux du barrage d'Apremont (en % COT)

Période du prélèvement novembre 1990 avril 1991


Carbone organique dissous 11 mg.l-1 7 mg.l-1
Acides hydrophiles 18 % 12,6 %
Hydrophiles neutres 5,6 %
Hydrophobes neutres 5% 3,2 %
Acides fulviques 43 % 52,2 %
Acides humiques 3% 4,6 %
Fraction non retenue et perte 31 % 21,8 %

Les substances hydrophobes sont majoritaires dans les deux cas, les substances humiques en
constituant la fraction majoritaire.
Le prélèvement en novembre a été fait après une période pluvieuse importante précédée par une
longue période de sécheresse. Le lessivage des sols a dû entraîner vers le milieu aquatique une
importante charge de matière organique jeune en phase de décomposition. Le carbone organique
dissous est donc normalement plus élevé en novembre, la proportion de substances humiques (=acides
fulviques + humiques) étant plus faible (46 % contre 57 %) en novembre qu'en avril.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 27/72


Caractéristiques des eaux potables

Autres méthodes
Les matières organiques réagissent plus ou moins complètement avec les oxydants.
On peut caractériser la matière organique par la consommation en oxydant (demande en oxydant).

Demande en chlore
La mesure se fait à 20°C, à l’obscurité, à un pH compris entre 7,5 et 7,7. La dose initiale de chlore est 4
mg de Cl2 par mg de C. Le temps de contact est de 72 h. Le résultat est exprimé en mg Cl 2 consommé
par mg de C.

Demande en ozone
La mesure se fait à un pH de 7,5, avec une alcalinité de 2 à 4 meq HCO 3-.l-1, soit 10 à 20 °F. La durée
d’agitation est de 10 mn. Le résultat est exprimé en mg O3 consommé par mg de C.

C. Les Tri Halo Méthanes T.H.M.

La présence de produits organochlorés dans les eaux de consommation a été mise en évidence dans les
années 1974. Parmi ces produits, les trihalométhanes (THM) résultent essentiellement de l’utilisation de
composés chlorés, comme le chlore ou l’eau de javel (hypochlorite de sodium), pour la désinfection et
l’élimination de l’ammoniaque. Ces oxydants chlorés agissent sur des constituants de la Matière
Organique = les précurseurs des THM, pour former les THM : chloroforme, bromoforme et dérivés
chloro et bromoformés.

Sur le plan sanitaire, si les études épidémiologiques n’ont pu établir de relations directes entre
l’apparition de cancers et l’absorption d’eau contenant des THM chez l’homme, il reste néanmoins
certaines corrélations positives. Les effets carcinogènes du chloroforme à haute dose (100 à 133
mg/kg) ont été démontrés chez les rats. Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), les effets
nocifs relevés chez l’animal, à des concentrations voisines de celles trouvées dans l’eau de boisson,
pourraient être transposables pour l’homme exposé à des niveaux de concentrations élevées en THM.
Une étude menée par l’EPA (Environmental Protection Agency ; Agence de Protection Environnementale
américaine), pour une population de 10.000 habitants consommant deux litres d’eau par jour pendant
70 ans, à la concentration de 0,1 mg.L-1 de THM, la probabilité d’apparition de cancers est de 3 à
4 pour 10.000.

On mesure aujourd’hui régulièrement le potentiel de formation des THM, noté PTHM. Il est ainsi
possible de connaître la quantité de THM risquant de se former (voir Chapitre VI).

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 28/72


Caractéristiques des eaux potables

3. LES ALGUES ET METABOLITES DIVERS

Les algues dulçaquicoles sont nombreuses, diverses et variées et représentent 5 Classes. Elles se
développent généralement dans les eaux superficielles souvent dès le début du printemps et jusqu’au
début de l’automne, voire plus tard et posent des problèmes de plus en plus aigus pour
l’environnement et les eaux potables.
Les algues les plus nuisibles sont, pour l’essentiel, les algues bleues du type Cyanobactéries ou
Cyanophycées, dont certaines sont capables de produire des métabolites toxiques impliqués dans des
problèmes de Santé Publique (75% des Cyanophycées). Ces mêmes algues sont également
responsables de goûts et d’odeurs à l’eau, par production de métabolites sapides : géosmine et Méthyl
Iso Bornéol (MIB), avec un goût de terre-moisi.

Les algues sont recherchées selon des critères morphologiques, ou par des techniques spécifiques de
coloration. Leur comptage se fait au microscope avec des grossissement de 100 à 400 fois, soit entre
lame de comptage et lamelles, soit dans une cellule de décantation, selon la teneur en algues de
l’échantillon.

A – Conditions favorables à l’apparition des algues


Les conditions favorables au développement des algues sont les suivantes :
- une charge en matières organiques et en azote minérale qui augmente
- un éclairement intensifié (soleil),
- une température plutôt située entre 15 et 25 °C.

Le rôle du phosphore et surtout des phosphates ne serait pas toujours prépondérant.

B – Conséquences de la présence d’algues sur le traitement des eaux


Conséquences sur la ressource :
- bloom algal sur la prise d’eau,
- désoxygénation des eaux profondes, eutrophisation,
- variation diurne / nocturne de la qualité des eaux (pH, O2 dissous…),

Conséquences sur le traitement :


- colmatage des dispositifs des filtrations entraînant une fréquence de lavage plus élevée,
- risque d’embolie gazeuse sur les filtres : l’eau peut être sursaturée en oxygène qui dégaze dans la
porosité du filtre et bloque ainsi le passage de l’eau,
- augmentation des consommations de réactifs,

Conséquences sur la distribution :


- dégradation des caractéristiques organoleptiques, apparition de goûts et d’odeurs,
- risque de toxicité lié à la présence de toxines,
- instabilité biologique de l’eau traitée : épuisement du résiduel de désinfectant, source de
nutriments pour des développements biologiques,
- corrosion des réseaux liés à la présence de certains métabolites.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 29/72


Caractéristiques des eaux potables

C – Les risques toxicologiques


Les toxines sont de différentes natures : métabolites secondaires, composés extra cellulaires…, dont la
production varie selon la courbe de croissance algale : maximale en début et en fin de la phase
exponentielle.

On différencie habituellement deux groupes :


1. les hépatotoxines et neurotoxines, responsables d’empoisonnements parfois mortels,
2. les cytotoxines responsables d’activités pathologiques sélectives.

Les effets de ces toxines algales sur l’être humain sont multiples :
- Réactions allergiques :
Elles sont relativement fréquentes et surviennent après des baignades (Pennsylvanie 1981 - Japon
1968 - Australie 1991)

- Intoxications aiguës par ingestion :


Il s’agit de troubles gastro-entériques, maux d’estomac, vomissements, diarrhées
La contamination peut être occasionnée par une baignade, ou la consommation d’eau provenant
d’un réservoir d’eau potable non couvert
- Intoxications chroniques par ingestion :
Les expositions chroniques favorisent la transformation tumorale dans les cultures cellulaires et
l’apparition de tumeurs chez les animaux. Des études épidémiologiques réalisées à Shanghai
(Chine) sur une population consommant des eaux stagnantes riches en Cyanophycées mettent en
évidence des taux de cancer 8 fois supérieurs au reste de la population.

Des cas d’intoxication mortelle dus à ces toxines ont été recensés pour les animaux, mais jamais pour
l’homme.

Depuis le Décret 2001/1220, la Microcystine LR, une hépatotoxine produite par la plupart des
Cyanobactéries (Anabaena, Microcystis, Oscillatoria…) est soumise à une norme : < 1 µg.L-1. Avec
l’arrêté du 17 janvier 2007, ce paramètre Microcystine LR est extrapolé à l’ensemble des Microcystines
totales.

D – Répartition algale le long de l’année


L’apparition algale n’est pas aisée à prédire ; le suivi de quelques paramètres clés (pH, T°, O2d, P, N…)
est nécessaire. Des outils spécifiques de suivi des algues ou de leurs toxines apparaissent ces dernières
années.
Dans le cas du Longeron (figure 16), les concentrations en algues varient de manière importante en
fonction des saisons ; de 0,4 à 62,5 millions par litre en 1993-1994. Les études menées sur ce site ont
montré le rôle important de la température dans le développement du bloom algal qui se déclenche dès
22°C. Le pH quant à lui, tend à augmenter dans les jours précédant le phénomène. Cette évolution
n’est pas constante d’une année sur l’autre.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 30/72


Caractéristiques des eaux potables

Fig. 16 : Evolution et répartition des algues de la retenue du Longeron

70

60
Algues totales

Chlorophytes
Algues (millions/l)

50

Chromophytes

40

30

20

10

0
28/09/1992

10/02/1992

07/01/1993

09/02/1993

01/03/1993

18/03/1993

30/03/1993

01/04/1993

05/05/1993

03/06/1993

07/07/1993

21/07/1993

05/08/1993

05/10/1993

03/11/1993

03/12/1993

01/01/1994
4. LES MICROPOLLUANTS ORGANIQUES
A. Les pesticides

Les pesticides sont des composés utilisés dans l’environnement comme fongicides, insecticides,
raticides, herbicides,...

Les taux appliqués varient suivant les végétaux à traiter :


- herbicide total : 5 à 10 kg / ha
- herbicide spécifique : 0,3 à 2 kg.ha-1 – jusqu’à 10 kg.ha-1 sur du Maïs

Depuis 1990, la quantité de substance active utilisée en France est estimée à 100 000 tonnes par an.
Cette quantité a tendance à rester stable en raison de la mise en jachère de surfaces agricoles et de
l’augmentation de l’efficacité des produits, ce qui permet de diminuer les doses de traitement.

Pour limiter la diffusion de ces substances dans le milieu naturel, il s’agit surtout de modifier les
pratiques culturales :
- le taux de transfert dans les eaux superficielles sur des cultures est de l’ordre de 1 %. Si l’on
conserve une bande non cultivée à proximité du cours d’eau, le transfert diminue à 0,05%. La mise
en place de cette pratique n’est cependant pas aisé : indemnisation des surfaces non cultivées,
problème de taille des parcelles,…
- dans le vignoble, la présence d’un enherbement limite le transfert de la simazine.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 31/72


Caractéristiques des eaux potables

Caractéristiques de certains pesticides

Famille Composé Solubilité à 20°C Toxicité


en mg.L-1
à pH =3 à pH =7
Hydrocarbures Aldrine DJA : 0,1 µg.kg-1 - DL rat 50 mg.kg-1
chlorés Dieldrine DJA : 0,1 µg.kg-1
(insecticides)
Chlordane DJA : 1 µg.kg-1
Lindane DJA : 10 µg.kg-1
D.D.T. interdit en France
Organo-azotés Atrazine 31 35 DL rat 3000 mg.kg-1
(herbicides) Cyanazine 300 160 DL rat 443 mg.kg-1
Propazine 4,8 4,8 DL rat 5000 mg.kg-1
Simazine 5,8 5,0 DL rat 500 mg.kg-1
Organo- Malathion
phosphorés
(insecticides) Parathion
Carbamates Aldicarbes
DJA = Dose Journalière Admissible – DL = Dose Létale

Molécule d’atrazine Molécule de Simazine

Cl Cl
Cl
Cl
N N
C Cl2
H H
Cl
N N N Cl
C 2H 5 C 3H 7 Cl

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 32/72


Caractéristiques des eaux potables

Principales familles de pesticides, utilisations et source potentielles d’émission dans


l’environnement

Herbicides Insecticides Fongicides Autres


Acides amino-phosphoriques
(Glyphosate)
+
Acides phénoxycarboniques
+
Acides phtaliques
+
Acylalanines
+
Amides
+ +
Azoles
+
Aryloxyacides (Phytohormones)
+
Benzilates
+
Benzimidazoles
+
Benzoylurées +
Carbamates
+ + + +
Chloro-acétanilides
+
Cuivre inorganique
+
Cyclodiènes organochlorés
+
Diazines
+
Dicarboximides
+
Dinitroanilines
+
Dithiocarbamates
+ +
Huiles minérales
+
Hydroxybenzonitriles
+
Morpholines
+
Organochlorés
+
Organophosphorés
+ +
Oxime-carbamates
+
Phosphates d’éthyle
+
Pyréthrinoïdes
+
Soufre inorganique
+ +
Thiocarbamates
+
Triazines (Organoazotés)
+
Triazinomes
+
Urée + +

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 33/72


Caractéristiques des eaux potables

B. Hydrocarbures

Ils proviennent essentiellement des rejets de produits pétroliers, huiles de vidange, effluents de
différentes industries à gaz,... Les hydrocarbures aromatiques sont particulièrement insolubles.

Leur biodégradabilité est faible. Dans le milieu naturel, ils forment un film à la surface de l'eau gênant
la réoxygénation de l'eau.

C. Hydrocarbures Polycycliques Aromatiques (H.P.A.)

Issus de l'exploitation, du transport et du raffinage des produits pétroliers, ils résultent de la


combustion incomplète de certains composés.

Fluoranthène
Benzo (3,4) pyrène
Benzo (3,4) fluoranthène
Benzo (11,12) fluoranthène
Benzo (1,12) Perylène
Indeno (1,2,3ed) pyrène

D. Polychlorobiphényles (P.C.B.) - Pyralène

Il s'agit de produits de synthèse utilisés comme diélectriques dans les transformateurs, formulation
d'huiles, plastifiants. Par combustion ou pyrolyse, les PCB peuvent donner naissance à des produits
suspectés d'être toxiques : les polychlorobenzofurannes ("furannes") et les polychlorodibenzodioxines
("dioxines"). Ces derniers sont particulièrement stables et sont donc très répandus dans
l'environnement.

E. Composés phénoliques

Dans le milieu naturel, ils sont souvent l'indice d'une pollution industrielle. Sur une filière de traitement,
ils proviennent de la dégradation de produits plus complexes (pesticides) ou sont d'origine naturelle
(matières organiques), lors du traitement des eaux.

F. Détergents

Il s'agit de composés tensio-actifs dont la présence dans le milieu naturel est liée au rejet d'effluents
domestiques et industriels. On distingue :
- les agents de surface anioniques aujourd'hui biodégradables à 80 % environ.
- les agents de surface non ioniques, réfractaires à la biodégradation. Ils favorisent la formation de
mousses par les anioniques et les stabilisent.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 34/72


Caractéristiques des eaux potables

- les agents cationiques réservés à des usages particuliers


- les adjuvants : polyphosphates, carbonates,...
- les séquestrants et complexants (polyphosphates)
- les renforceurs améliorant l'action des principes actifs
- les additifs : agents de blanchiment, azurants optiques, colorants, parfums,...

Dans le milieu naturel, ils forment des mousses qui freinent les processus d'épuration naturelle ou
artificielle et ils concentrent les impuretés. Il ne s'agit pas de composés toxiques vis à vis du milieu
naturel, tant que la concentration demeure inférieure à 3 mg.L -1.

G. Résidus Médicamenteux

Un nombre croissant de publications et communications scientifiques évoquent le problème posé par


les résidus de médicaments dans l’environnement.

Il s’agit de pollutions ponctuelles liées au rejet des hôpitaux ou des élevages d’animaux, mais
également de pollutions plus diffuses provoquées par les déjections humaines et donc les stations
d’épuration.

La contribution des médicaments à usage humain serait plus importante que les prescriptions
vétérinaires compte tenu des quantités de principes actifs utilisés.

Les médicaments décelés dans les eaux concernent les substances suivantes :
- Analgésiques et Anti inflammatoires (anti douleur)
- Anti biotiques
- Béta bloquants (ralentisseur cardiaque)
- Agent de contraste (Imagerie médicale)
- Anti dépresseur
- Anti cancéreux (chimio thérapie)
- Oestrogènes (Contraceptifs oraux)
- Hypolipémients (anti-cholestérol)

A titre indicatif certaines molécules sont analysées dans les eaux superficielles à des concentrations de
l’ordre du nano ou micro gramme par litre comme certains pesticides.

En général peu de données sont disponibles sur l’écotoxicité de ces produits et leurs effets à long terme
sur la santé, notamment lorsque plusieurs molécules différentes sont présentes simultanément.

Pour cette raison dans les différents pays Européens de nombreux projets de recherche sont initiés qui
se concentrent en majorité sur les points suivants :
- Analyse et détection dans l’environnement
- Evaluation écotoxicité
- Evolution dans l’environnement et dans les filières de traitement des eaux usées
- Présence et évolution dans les filières de traitement des eaux potables

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 35/72


Caractéristiques des eaux potables

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 36/72


Caractéristiques des eaux potables

E. Caractéristiques des eaux de surface et des


eaux souterraines
1. LES EAUX SOUTERRAINES

La qualité d'une eau souterraine est liée à l'absence de lumière, au non renouvellement de l'oxygène, à
sa filtration lente à travers des terrains poreux.

On différencie :
 Les nappes d'eaux souterraines profondes ou nappes captives protégées de la pollution des eaux de
surface par les couches géologiques supérieures imperméables
 Les nappes superficielles et alluviales ou nappes libres où l'on retrouve aujourd'hui de nombreux
composés provenant de l'agriculture (nitrates, pesticides,...).

1) Nappe libre (à surface libre)


▪ la nappe fluctue dans la zone non saturée de l’aquifère
2) Nappe captive (sans surface libre)
▪ le niveau piézométrique est au-dessus du toit de
l’aquifère
3) Nappe captive jaillissante (artésienne)
▪ le niveau piézométrique est au-dessus du sol

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 37/72


Caractéristiques des eaux potables

Selon la nature des roches, on distingue :


 les aquifères homogènes à perméabilité d’interstices (sables, graviers, grès,…)
 les aquifères hétérogènes à perméabilité de fissures (calcaires, granites, roches volcaniques,…) où
les eaux sont qualifiées de « karstiques ».

A – Composition des eaux souterraines

Les eaux souterraines ne contiennent généralement pas de matières organiques, mais elles peuvent
dissoudre des quantités importantes de substances minérales comme le fer ou le manganèse provenant
de la réduction biologique des sels ferriques et manganiques du sol.

Dans les régions calcaires, le gaz carbonique d'origine atmosphérique et provenant surtout de l'activité
biologique dans les couches superficielles du sol permet la dissolution d'une grande quantité de
calcaire.

Les bactéries pathogènes pour l'homme sont absentes comme les bactéries aérobies. Il n'est pas rare
par contre de rencontrer des bactéries anaérobies qui réduisent les nitrates en ammoniaque, les
sulfates en sulfures.

Leur température est généralement stable dans l'année, comprise entre 12 et 15 °C pour les eaux
profondes.

B - Dégradation des eaux souterraines

Dégradation naturelle Fig. 17 : Phénomène de dégradation


des eaux souterraines

➔ Apparition de CO2 :
origine biogénique ou magmatique CAPTAGE

➔ Diminution de l'oxygène dissous


action de la biomasse dès les premiers horizons Infiltration
du sol pesticides,
NO3

➔ Réduction des oxydes de fer, de manganèse


et
des sulfates en milieu dépourvu d'oxygène et
apparition des formes : Fe2+, Mn2+, H2S
Oxydes de fer et de manganèse
constituants universels de l’écorce terrestre

Dégradation anthropique

➔ Apparition d’ion ammonium NH4+


dégradation de la matière organique ou réduction des nitrates

➔Apparition de nitrates, pesticides, solvants,...


pollution de surface s'infiltrant dans le sol « imperméable »
Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 38/72
Caractéristiques des eaux potables

Fig. 18 : Phénomène de dégradation des nappes alluviales

CAPTAGE RIVIERE

Saturation en O2
Nappe déprimée par SEDIMENTS
le pompage

Zone reduite Au fur et à mesure de l’infiltration des eaux de rivières :


diminution de O2 liée à la dégradation de la matière
organique avec augmentation du CO2, diminution du pH,
Absence O2 dissous production de NH4+
Création de zones anoxiques (sans O2 dissous)
Augmentation éventuelle du TAC et du Réduction des nitrates, sulfates, oxydes de fer et manganèse
TH par action du CO2 sur CaCO3 Apparition de NH4+, H2S, Fe2+, Mn2+

C – Facteurs favorisant la dégradation de qualité d’eau des nappes

La vulnérabilité des aquifères est liée :


 au pouvoir filtrant du réservoir (cf. eaux « karstiques »)
 à l’épaisseur de la zone non saturée du réservoir
 à la vitesse d’écoulement de l’eau dans la nappe
 à la protection naturelle du réservoir

La pollution d’une nappe fait appel à plusieurs mécanismes :


 dans une nappe libre, la pollution circule verticalement dans la zone non saturée ; la nature du
terrain conditionne la rapidité du transfert
 dans une nappe captive protégée par des couches imperméables, la contamination peut se faire par
injection volontaire de déchets ou communication entre nappe par des forages non étanches. Il est
aussi fréquent qu’une nappe captive soit libre plus en amont.

D – Protection des nappes

Pour protéger les forages, la législation française introduit la notion de périmètre de protection des
captages.
Il faut différencier :
 les périmètres de protection immédiats dans lesquels toute activité est interdite si ce n’est celles qui
sont liées à l’exploitation et qui nécessitent une acquisition en pleine propriété
 les périmètres de protection rapprochés
 les périmètres de protection éloignés

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 39/72


Caractéristiques des eaux potables

Il revient au géologue agréé de délimiter ces périmètres, à partir de la notion de « plus ou moins
grande rapidité de relation hydrogéologique entre la ou les zones d’infiltration et le point de
prélèvement à protéger».

La détermination des zones de protection prend en compte les critères suivants :

1. Le pouvoir protecteur ou épurateur du recouvrement


Il s’agit de processus :
 physique ou mécanique : particules solides ou composés solubles,…
 biologique (aérobie ou anaérobie) : transport des virus et des bactéries, dénitrification, dégradation
des composés organiques,…
 géochimiques : transfert des solutés (adsorption/désorption – précipitation/dissolution –
complexation,…)

2. Le rabattement de la nappe
Dans la zone d’appel du captage, toutes les lignes de courant convergent vers le pompage. Toute
pollution dans ce secteur aboutira au captage.
Dans la zone d’influence mais en dehors de la zone de captage, le risque de contamination est moindre.

3. Le temps de transfert
C’est le temps nécessaire pour un polluant pour se déplacer du point de pollution au captage. La nature
du polluant (propriétés physico-chimiques), la nature des terrains, la distance à parcourir, sont autant
de facteurs intervenant dans le risque de pollution.

Dans la zone de protection rapprochée, il est possible de faire appel à une réglementation particulière
instaurant des servitudes. L’analyse des risques prend en compte :
 les installations potentiellement polluantes (industrielle, agricole,…)
 la modification des écoulements (forage de puits, exploitation de carrière,…)
 les travaux favorisant des infiltrations rapides (excavation,….)
 le risque de pollution accidentelle (route, stockage de produits,….)
 le risque de pollution diffuse (épandage,…)

Dans la zone de protection éloignée, seule la réglementation générale s’applique.

2. LES EAUX DE SURFACE


A – Origines de la qualité des eaux de rivières

Elle résulte d'une somme de processus géologiques, biologiques et hydrologiques universels.

Les principales sources de matières dissoutes sont l'altération des roches superficielles, le lessivage des
sols organiques et les apports atmosphériques d’origine volcanique, terrestre et océanique.
Les matières en suspension transitant sur le fond des fleuves proviennent de l'érosion mécanique des
roches, des sols et des berges.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 40/72


Caractéristiques des eaux potables

Les éléments dissous et en suspension, une fois dans le milieu naturel, sont affectés par d'autres
processus :
- échanges chimiques entre phases dissoutes et particulaires,
- production et dégradation de la matière organique,
- dépôt et remise en suspension des matériaux particulaires dans le lit des rivières,
- perte des gaz ou des substances volatiles,
- précipitation de certains sels.

Les changements de qualité d'eaux occasionnés par l'intervention humaine sont de plusieurs types :
- modification du cycle de l'eau : construction de barrages, de canaux d'irrigation, élévation de la
température occasionnée par l’utilisation de l’eau dans des circuits de refroidissement,...
- activités conduisant à l’accélération ou à la modification de processus naturels : lessivage des sols,
incendie intentionnel libérant de grandes quantités de nutriments, évaporation liée à l'irrigation qui
renforce la salinité des eaux,...
- rejet de substances déjà présentes dans le milieu naturel que l'on pourra comparer à des niveaux de
références antérieurs,
- rejet de substances non naturelles pouvant poser des problèmes, même à très faible concentration.

B – Principales caractéristiques

Les éléments minéraux sont identiques à ceux rencontrés dans les nappes qui alimentent l'eau de
surface, mais ils sont souvent en concentration plus faible, du fait de la dilution par les eaux de
ruissellement.

Ces dernières apportent beaucoup de substances argileuses et organiques. La fraction colloïdale est
importante, les eaux sont turbides et colorées.

La lumière et l'oxygène favorisent le développement d'une vie biologique intense, rendant les eaux de
surface riches en matières organiques.
La température de l'eau varie beaucoup selon la saison.
En cas de pollution, la qualité des eaux de surface est tout de suite affectée.

C – Les phénomènes d’eutrophisation

En présence de sels nutritifs comme les phosphates et les nitrates, la production de biomasse,
notamment des algues, s'accélère. La production de déchets organiques, ainsi que la consommation
d'oxygène augmentent rapidement. Si le milieu n'a pas une capacité suffisante de réoxygénation, le
système passe en condition anaérobie.

L'eutrophisation est une évolution naturelle que les rejets humains accélèrent fortement en certains
endroits.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 41/72


Caractéristiques des eaux potables

Fig. 19 : Phénomènes de dégradation des eaux de retenues

Apport en P et N
(eau de ruissellement et d’alimentation)
Favorise la croissance des algues

Prolifération d’algues en surface


Stratification thermique
Variation jour/nuit de O2, CO2 , pH
En été, les eaux chaudes restent en surface
Sursaturation en 02 le jour
et ne se mélangent pas
(écarts de pH fonction de la teneur en TAC)

Algues mortes Libération métabolites


Enrichissement des sédiments en sapides et produits extra
matières organiques cellulaires

Stratification thermique
A l ’automne, inversion thermique lorsque les eaux Relargage
refroidissent  mélange, recirculation P, NH4, Fe2+, Mn2+, H2S,
Décomposition matières organiques
Diminution O2
puis passage en conditions réductrices

ZONE D ’ANOXIE
➢Redissolution des phosphates de fer
➢Réduction des matières organiques
➢Réduction de SO4, NO3, oxydes de Fe et de Mn

D – Aménagement et protection des prises d’eau

Outre les périmètres de protection, afin de protéger un minimum les stations de potabilisation d’eau
de surface, des aménagements sont indispensables :

Conception de la prise d’eau


Dans un lac à niveau constant, la prise d’eau sera choisie pour que la qualité de l’eau soit stable tout au
long de l’année. Suffisamment profonde, l’influence de l’éclairement est négligeable et le risque de
prélever des algues plus limité. Il faut cependant être à plus de 7 m du fond pour éviter les particules
de fond (sédiments)

Dans un plan d’eau à niveau variable, la construction d’une tour avec des prises d’eau à différents
niveaux permet de choisir la tranche où la qualité d’eau est la meilleure (variation été / hivers,
eutrophisation,…)

Lors de l’aménagement d’une retenue, il est indispensable d’éliminer toute végétation avant la mise en
eau.

Une prise d’eau effectuée en rivière est conçue pour se prémunir de tous les corps charriés. Elle est
adaptée à chaque situation : régime d’écoulement, accès aux rives, navigation,… Différentes techniques
sont utilisées : prise par le fond ou latérale, siphon,…

Dégrossissage
Plusieurs techniques sont utilisées selon les problèmes à traiter :
- dégrillage grossier (8 à 10 cm) en protection si nécessaire des appareils à l’aval
- dégrillage fin (1 à 4 cm) avec un nettoyage automatique

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 42/72


Caractéristiques des eaux potables

- tamisage (1 à 5 mm) à nettoyage automatique indispensable, pour les plans d’eau à niveau variable
ou à forte production algale.

Station d’alerte
Pour des prises d’eau importantes en rivière, on met de plus en plus souvent en amont des stations de
mesures automatiques surveillant la qualité de l’eau de la rivière (pH, O 2, conductivité, COT,
hydrocarbures,…). En cas de dérive des mesures, il est possible d’arrêter la station et de fermer la prise
d’eau.

Certains appareils contrôlent l’activité d’organismes aquatiques (truites, huîtres,…). Toute modification
de comportement est signalée et permet de donner l’alerte. Il reste ensuite à trouver la nature de la
pollution et à analyser le risque.

Bâche d’eau brute


En cas de pollution sur la rivière, elle permet de continuer à produire de l’eau pendant que la pollution
passe en isolant la prise d’eau. Certaines caractéristiques de l’eau sont souvent améliorées pendant ce
stockage : réduction des matières en suspension, diminution de l’ammoniaque par nitrification,
diminution des germes pathogènes,…

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 43/72


Caractéristiques des eaux potables

3. COMPARAISON DES DIFFERENTS TYPES D’EAUX

Type d'eau Superficielle Profonde


Température variable selon les saisons relativement constante

Turbidité, MES variable, parfois élevée faible ou nulle

Fer, manganèse absent souvent présent


sauf retenues eutrophes peu
profondes
CO2 agressif absent ou faible concentration parfois en grande quantité

Ammoniaque eaux polluées Présent sans être obligatoirement


retenues eutrophes un indicateur de pollution
Hydrogène sulfuré absent souvent présent
sauf retenues eutrophes
Silice teneur modérée teneur souvent élevée

Oxygène dissous saturation et au-delà absent ou insuffisant

Nitrates concentration rarement très teneur parfois très élevée


excessive
Eléments vivants parfois en nombre élevé flore banale parfois importante
contamination moindre que pour les
eaux de surface

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 44/72


Caractéristiques des eaux potables

Exemples d’analyses d’eaux brutes et normes à respecter en ET


(en italique : paramètres à traiter, en gras : normes du décret 89/3)

Arrêté du 11/01/2007
relatif aux limites et références de
Origine de l’eau Forage 1 Forage 2 Barrage Fil de l’eau qualité des eaux brutes et des
eaux destinées à la
consommation humaine
Température (°C) 20 12 9 11 25
pH 7,0 6,0 7,7 7,75 6,5 - 9
Turbidité (NFU) 0,4 10 3,5 25 1 (0,5 – 2)
Couleur (mgPt/Co) 5 20 40 60 15
MES (mg.L ) -1
0 3 4 16 -
TAC (°F ) = 25 4 9,5 22,8 >8
alcalinité
TH (°F) = dureté : 31 6,55 13,2 28,8 >15 < 50
THCa + THMg
THCa (°F) 22 4 11 18 -
O2 dissous (mg.L ) -1 8 1 8,2 7,5 -
Oxyd. KMnO4 acide 0,6 0,72 6,8 7,9 5
(mg.L-1)
NO3- (mg.L-1) 1 75 22 25 50
-
NO2 (mg.L ) -1 0,05 0,05 0,12 0,10 0,5
NH4+ (mg.L-1) 0,05 0,05 0,25 0,09 0,1
NTK (mg.L ) -1 1 1 2,2 3 -
Fe (mg.L-1) 0,1 1,15 0,45 0,16 1 0,2
Mn (mg.L-1) 0,03 0,2 0,12 0,03 0,05
Al (mg.L ) -1 0 0 0,1 0,21 0,2
Bactériologie Peu de Peu de Nombreux Très nombreux Pas d’E. coli, ni
coliformes coliformes coliformes d’entérocoques,
coliformes ni de coliformes, ni de
SBASR
Nota : Forage 1 : profond, « protégé », dans aquifère homogène, « imperméable »
Forage 2 : peu profond « sensible », dans aquifère hétérogène, vulnérable, « perméable »

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 45/72


Caractéristiques des eaux potables

F. Normalisation
L’établissement de normes a pour objectif principal de protéger les consommateurs des risques sanitaires.
Ces normes évoluent sans cesse et deviennent de plus en plus sévères.

1. QUELQUES NOTIONS DE TOXICITE


A. Définition

La toxicité s'intéresse à une seule espèce, et donc essentiellement l'Homme. On différencie la toxicité
aiguë à effet immédiat (dose létale), et la toxicité chronique correspondant aux effets à long terme
(modification de la fécondité, développement de tumeur). Pour cette dernière, il faut que l'effet soit
appréciable et quantifiable.

B. Facteurs influençant la toxicité d'un produit

- Etat physique du produit (gaz, liquide, solide) et quantité,


- Solubilité du produit : les produits très solubles (> 50 mg.L -1) se répandent très facilement dans le
milieu aquatique où ils évoluent rapidement alors que les produits très peu solubles (< 0,5 mg.L -1)
subissent difficilement des processus de biodégradation,
- Stabilité (aptitude du produit à se transformer ) souvent liée à la solubilité,
- Qualité de l'eau :
. la température modifie les cinétiques biologiques : le mercure est toxique sous la forme méthyle
mercure (CH3Hg) pour le poisson ; forme synthétisée par des bactéries,
. en présence de calcium, le plomb précipite, ce qui réduit sa toxicité.

C. Quelques règles générales permettant de prévoir la toxicité d'une molécule

Plus la substance est cumulable et non transformée dans une chaîne alimentaire et plus il y a de
niveaux trophiques, plus c'est dangereux.
Plus la substance est métabolisable et le métabolite inactif et plus il y a de niveaux trophiques, alors
moins c'est dangereux.

Plus la substance est métabolisable, le métabolite toxique et plus il y a de niveaux trophiques, alors
plus c'est dangereux.

Le danger est maximal lorsque la substance est métabolisable, le métabolite toxique et cumulable et les
niveaux trophiques nombreux.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 46/72


Caractéristiques des eaux potables

2. BASES POUR LA FIXATION DES NORMES

Les choix des paramètres utilisés dans les normes et des valeurs associées, se font selon différents
critères.

A – Valeurs directement liées au risque sanitaire

Il s’agit des paramètres ayant un effet défavorable sur la santé humaine à court terme (plutôt
microbiologique) ou à plus long terme (plutôt chimique).

La relation entre la dose présente dans l’eau et l’effet sur la santé est étudiée lors d’études
épidémiologiques ou cliniques menées sur des populations humaines ou à partir d’extrapolations issues
d’études sur des animaux. Dans tous les cas, les extrapolations sont difficiles. Par ailleurs les effets
peuvent être directement liés aux doses absorbées et toucher toute la population ou ne toucher que
quelques individus fragiles (immunodéprimés).

Pour les paramètres microbiologiques, on recherche l’absence de tout organisme.

Pour les substances chimiques, on détermine, soit la dose la plus élevée pour laquelle aucun effet
défavorable n’a été observé sur la santé, soit la dose la plus basse pour laquelle un effet défavorable a
été observé.
Pour les substances cancérigènes, la protection maximale voudrait qu’elles soient absentes, mais cela
est rarement possible. On retiendra alors une concentration pour laquelle le taux de cancer n’augmente
pas de plus de 1 pour 100.000 habitants.

On fait ensuite intervenir un facteur d’incertitude tenant compte des variations de la population, de
l’extrapolation de l’animal à l’homme,… Il varie entre 1 et 1000, selon les composés. Ces différentes
approches permettent d’établir la Dose Journalière Tolérable (D.J.T.) exprimée en g de substance par
kg d’individu.

La valeur sanitaire applicable à l’homme est alors calculée pour le groupe de population a priori le plus
sensible. Elle tient compte :
- du poids de l’individu (adulte 60 kg – enfant 10 kg – nourrisson 5 kg)
- de la fraction allouée à l’eau par rapport aux autres aliments
- de la quantité d’eau consommée par jour (adulte : 2 l – enfant : 1 l – jeunes enfants: 0,75 l)

Une difficulté réside dans le problème des mélanges de composés.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 47/72


Caractéristiques des eaux potables

B – Autres critères

D’autres critères sont pris en compte pour la détermination des normes :


- la protection du patrimoine (corrosion, …)
- la protection de la ressource
- des valeurs d’acceptabilité (paramètres organoleptiques)
- des valeurs technologiques pour valider le fonctionnement d’une installation de traitement
(turbidité)
- des valeurs correspondantes aux seuils de détection analytique

3. QUALITE DE LA RESSOURCE

La directive européenne du 16 juin 1975 prévoit trois niveaux de qualité pour les eaux de surface
destinées à la production d’eau potable et les traitement nécessaires correspondants :
niveau A1 : traitement physique simple et désinfection
. niveau A2 : traitement normal, physique, chimique et désinfection
. niveau A3 : traitement physique, chimique poussé, affinage et désinfection

Cette directive a été abrogée en 2007 par l’article 22 de la Directive n° 2000/60/CE du 23/10/00
établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l'eau.

Le code de la santé publique a repris cette disposition (article R1321-38) puis a été modifié par l’arrêté
du 11 janvier 2007 : voir annexe. Les limites de qualité des eaux brutes pour chaque paramètre y sont
précisées.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 48/72


Caractéristiques des eaux potables

4. NORMES EAU POTABLE


A – La réglementation européenne

Une nouvelle réglementation européenne, mise en application depuis 1998, définit des exigences de
qualité de l’eau destinée à la consommation humaine. Cette directive européenne 98/83 du 03/11/1998
(voir annexe) succède à celle de 1987. La législation française met en application cette directive, après
vote et traduction en droit français.

Les principales modifications de la nouvelle directive sont les suivantes :


- une évolution des paramètres ; 13 nouveaux paramètres faisant leur apparition, mais avec
finalement une réduction du nombre total de paramètres qui passe de 67 à 48,
- l’adaptation aux nouvelles exigences de santé publique en lien avec les travaux de recherche de ces
dernières années et la définition de nouvelles valeurs pour certains paramètres (la norme du plomb
passe de 50 à 10 µg.L-1).

La nouvelle directive classe les éléments en 3 parties :


- les paramètres microbiologiques,
- les paramètres chimiques,
- et les paramètres indicateurs.

B – La règlementation française

Les principaux textes de référence généraux sont :

• la loi 2006-1772 du 30 décembre 2006 relative à l’eau et aux milieux aquatique


• le code de l’environnement, livre II, Titre 1
• le code de la santé publique (CSP) :
o Partie législative : Livre III : Protection de la santé et environnement, Titre II : Sécurité
sanitaire des eaux et des aliments, Chapitre Ier : Eaux potables. (Articles L1321-1 à
L1321-10)
o Partie règlementaire : Livre III : Protection de la santé et environnement, Titre II :
Sécurité sanitaire des eaux et des aliments, Chapitre Ier : Eaux potables. (Articles
R1321-1 et suivants)

Le décret du 3 Janvier 1989 (voir annexe), suivi de diverses circulaires précisant certains
paramètres, définissait les exigences de qualité auxquelles doit satisfaire une eau potable. Il concernait
uniquement les eaux destinées à la consommation humaine, conditionnées ou non, à l'exclusion des
eaux minérales naturelles. Le décret a évolué en fonction de la législation européenne et subit des
modifications incessantes.

Le décret du 20 décembre 2001 était la transcription, quasi parfaite, en droit français de la directive
européenne de 1998 (décret n° 2001-1220 du 20/12/2001 : voir annexe).
Par rapport au décret 89-3, les différences apportées par la Directive CEE de 1998 sont maintenues
dans la nouvelle législation française de 2001, avec cependant quelques variantes (voir annexes).
Néanmoins, ce décret 89/3 définissait :

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 49/72


Caractéristiques des eaux potables

- les concentrations maximales admissibles (C.M.A.)


- les fréquences et les types d'analyses de contrôle selon le type de traitement et les volumes
journaliers distribués

Il différenciait 7 types de paramètres : organoleptiques, physico-chimiques en relation avec la structure


naturelle de l'eau, substances indésirables, substances toxiques, paramètres microbiologiques,
pesticides et apparentés et paramètres concernant les eaux adoucies ou déminéralisées (cf. grille multi-
usage).

Plusieurs circulaires sont venues compléter le décret 89-3 :


. la circulaire du 16 mai 1989 sur les composés organo-volatiles
. la circulaire du 12 avril 1990 sur les teneurs en triazines
. la circulaire du 9 juillet 1990 sur les teneurs en nitrates

Comme l’ancien décret, le décret 2001-1220 définit des Limites de Qualité LQ, correspondant à des
exigences de qualité, autrefois appelées CMA, et des Références de Qualité RQ, correspondant aux
Niveaux Guides NG, ou indicateurs de qualité, témoins du fonctionnement des installations d’eau.

La mise en application de ce dernier décret a été fixée au 25/12/2003, pour une durée de 2 ans.

En décembre 2005, ce texte passé dans le Code de la Santé Publique (CSP) avait pour annexes la
liste des LQ et RQ (articles R 1321-1 et suivants).
Après avoir été abrogée par le décret du 11 janvier 2007 « relatif à la sécurité sanitaire des eaux
destinées à la consommation humaine, modifiant les articles R. 1321-1 et suivants du code de la santé
publique », cette liste a été quelle que peu modifiée par l’arrêté du 11 janvier 2007 « relatif aux
limites et références de qualité des eaux brutes et eaux destinées à la consommation humaine » (voir
annexe).

Les modifications concernent les LQ et RQ aussi bien des eaux brutes que traitées, de quelques
paramètres, comme la Microcystine, la matière organique (COT, oxydabilité au KMnO4), la radioactivité,
la conductivité et le baryum (voir annexes).

L’arrêté du 21 janvier 2010 un vient préciser et modifier les paramètres à analyser et leur
fréquence dans le cadre du contrôle sanitaire (voir annexe).

C – Produits et procédés de traitement

La circulaire DGS du 7 mai 1990, suivie de la circulaire DGS 5/VS 4 n°2000-166 du 28 mars 2000,
définit la liste « des produits et procédés autorisés pour le traitement de potabilisation des eaux ainsi
que les principales recommandations d’emplois ». Pour tout nouveau produit, il est défini une
procédure de demande d’autorisation.

Les produits de traitement doivent également répondre à un ensemble de normes définissant des
critères minimaux de qualité et de composition à respecter.

Enfin, les filières de potabilisation mises en œuvre pour traiter une eau doivent obtenir un arrêté
d’autorisation de traitement délivré par l’administration.
Le dossier de demande d’autorisation doit comporter les informations suivantes :
Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 50/72
Caractéristiques des eaux potables

1. Informations sur la qualité de l’eau de la ressource (historique exigé pour les eaux superficielles),
2. Informations pour évaluer les risques susceptibles d’altérer la qualité de l’eau (« étude
environnementale »),
3. Etude portant sur les caractéristiques géologiques et hydrogéologiques du secteur aquifère concerné
ou sur les caractéristiques du bassin versant concerné, sur la vulnérabilité de la ressource et sur les
mesures de protection à mettre en place,
4. Evaluation des produits et procédés de traitement des eaux,
5. Description du système de production/distribution d’eau.

D – Produits en contact avec l’eau potable

La législation concernant les matériaux mis en contact avec l’eau potable a évolué :
. Circulaire DGS/V4S/N°96-155 du 1er mars 1996, suivie de la circulaire DGS/VS 4 n° 99-217
du 12 avril 1999, relative aux matériaux utilisés dans les installations fixes de distribution d’eaux
destinées à la consommation humaine à l’exception des supports de traitement,
. Arrêté du 29 mai 1997 relatif aux matériaux et objets utilisés dans les installations fixes de
production, de traitement et de distribution d’eau destinée à la consommation humaine.

La portée de cet article est très importante car elle conditionne le choix des matériaux lors de la
réhabilitation des installations ou la construction de nouvelles stations. Elle interdit l’utilisation de tous
les produits non autorisés.

La directive 98/83/CE du 3 novembre 1998 art 10, incite les États membres à prendre les
mesures appropriées pour limiter les effets des matériaux sur la qualité des eaux. Dans le cas des
produits de construction, le Règlement Européen Produits de Construction 305/2011/UE introduit une
exigence sur l'aptitude des produits au contact de l'eau potable. Cette exigence n'est en pratique pas
formalisée au niveau européen et les systèmes nationaux prévalent.

Le code de la santé publique (articles R1321-48) précise que « Les matériaux et objets mis sur
le marché et destinés aux installations de production, de distribution et de conditionnement qui entrent
en contact avec l'eau destinée à la consommation humaine doivent être conformes à des dispositions
spécifiques définies par arrêté du ministre chargé de la santé, visant à ce qu'ils ne soient pas
susceptibles, dans les conditions normales ou prévisibles de leur emploi, de présenter un danger pour
la santé humaine ou d'entraîner une altération de la composition de l'eau définie par référence à des
valeurs fixées par cet arrêté. »

Ces dispositions sont transposées dans le décret 2001-1220 du 20 décembre 2001 relatif aux eaux
destinées à la consommation humaine. Ainsi, l’article 32 du présent décret, reprend et renforce les
dispositions concernant les matériaux puisqu’il précise:
• ils ne doivent pas être susceptibles d’altérer la qualité de l'eau,
• leur utilisation est soumise à autorisation du Ministre chargé de la santé, donnée auprès de
l’agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES).

Un avis publié au Journal Officiel le 23/10/2004 a fixé le calendrier des autorisations pour les matériaux
et objets en contact avec l’eau destinée à la consommation humaine.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 51/72


Caractéristiques des eaux potables

L'arrêté du 16 septembre 2004, pris en application de l'article R 1321-48 du code de la santé publique,
a prorogé pour une durée de trois ans les dispositions de l'arrêté du 29 mai 1997 modifié et la date de
validité de ses annexes I à IV.

Ainsi, depuis le 24 décembre 2006, l’ensemble des matériaux et objets en contact avec l’eau
destinée à la consommation humaine doivent désormais posséder une Attestation de Conformité
Sanitaire (ACS).

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 52/72


Caractéristiques des eaux potables

5. SIGNIFICATION SANITAIRE DES DIFFERENTS PARAMETRES

Température - favorise la désinfection bien que par exemple la dissociation de l'acide hypochloreux augmente
(sanitaire) - favorise la reviviscence bactérienne
- accroît la vitesse de formation des sous produits chlorés
- favorise le risque de développement de micro-organismes générateurs d'odeur et de goût
déplaisants, notamment dans les réseaux
Turbidité - aspect de l'eau
- limite la désinfection, adsorbe des métaux et véhicule des micro-organismes
- la présence de dépôts dans le réseau favorise le développement bactérien
Couleur - liée à la présence de matières organiques
Acrylamine
Ion ammonium - favorise le développement bactérien
- pas d'effet appréciable sur la santé, sauf à fortes doses
Antimoine - similaire à l’arsenic mais avec des effets moindres
Argent - toxique à très fortes doses
(sanitaire) - interdit l'utilisation de bactériostatique pour le traitement de l'eau
- noircissement irréversible de la peau
Arsenic - intoxication aiguë entraîne le coma et même la mort pour des doses de 70 à 180 mg
(sanitaire) - forme minérale plus toxique que la forme organique - forme trivalente plus dangereuse que la
pentavalente
- cancérogène (cancer de la peau)
Baryum - dangereux pour le cœur, les vaisseaux sanguins, et le système nerveux par stimulation
musculaire excessive
Chlorure - seuil de détection gustative selon le cation associé : NaCl = 200 mg.L-1, KCl = 300 mg.L-1
(organoleptique) - favorise la corrosion des canalisations
Calcium - bénéfique pour la protection des canalisations
Cadmium - facilement adsorbé par l'organisme par l'appareil digestif et les poumons, le cadmium passe dans
(sanitaire) le sang et est concentré dans le foie les reins
- niveau d'innocuité pour des expositions prolongées estimée à partir d'études épidémiologiques
apport important en cadmium par le tabac (0,1 à 0,2 ug par cigarette)
- teneur élevée au robinet imputable aux accessoires de plomberie, aux soudures à l'argent, aux
canalisations en acier galvanisé
- occasionne nausée et vomissement.
Chrome - toxique sous forme hexavalente
- effet nocif de la forme hexavalente - mis en cause dans l'apparition de cancer de l'appareil
digestif pour de fortes doses
- entraîne à long terme des ulcères
Cuivre - pas d'effet néfaste sur la santé (oligo-élément)
(organoleptique) - pour les réseaux en cuivre, risque de teneur plus élevés chez l'abonné qu'à la sortie de la station
- risque d'apparition de goûts désagréables, de tâches sur le linge.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 53/72


Caractéristiques des eaux potables

Cyanure - mortelle pour des consommations de 50 à 60 mg


(sanitaire) - l'exposition quotidienne à des doses de 3 à 5 mg est considérée comme inoffensive du fait du
mécanisme hautement efficace de détoxication de l'organisme humain (transformation du cyanure en
thiocyanate)
- formation de complexes dont certains très stables avec des métaux
- certains végétaux comme les amandes contiennent des quantités importantes de cyanure
Détergent - les goûts apparaissent pour des concentrations nettement inférieures au moussage
Fer - pas d'effet néfaste sur la santé (oligo-éléments)
(organoleptique) - risque de précipitation d'hydroxydes de fer donnant lieu à l'apparition de goûts désagréables et
de couleur
Fluor - effet bénéfique pour des concentrations < 1,5 mg.L-1 : les fluorures diminuent la solubilité de
(sanitaire) l'émail en milieu acide et protègent contre les caries
- risque pour des concentrations pour les réseaux en cuivre, risque de teneur plus élevée chez
l'abonné qu'à la sortie de la station
- toxique à fortes doses

H.P.A. - certaines substances sont très cancérigènes


sanitaire
Magnésium - études contradictoires de leur effet sur la santé
Manganèse - pas d'effet néfaste sur la santé (oligoélément - cofacteur d'un grand nombre de système
(organoleptique) enzymatique)
- risque de précipitation d'hydroxydes de Mn donnant lieu à l'apparition de goûts désagréables et
de couleur
Mercure - toxique : troubles neurologiques avec les composés organiques et rénaux avec les composés
(sanitaire) minéraux
- la nourriture est la source principale d'ingestion (Maladie de Minamata - poisson)
- risque de gingivite, stomatite, tumeurs
Nitrites - anoxie du nourrisson : oxydation de l'hémoglobine en métahémoglobine
Nitrates - réaction avec les amines pour former des nitrosamines soupçonnées d'être cancérigènes
(sanitaire) - les aliments constituent une autre source d'apport en nitrates
Nickel - peu toxique
- peut s’accumuler dans les reins et les bloquer
- 3 g par cigarette
P.C.B. Poly Chloro - nocivité fortement suspectée
Biphényl
Pesticides - pesticides chlorés : neurotoxiques, probablement cancérigènes

Phénols et - seuil de détection de 1 µg.L-1 pour les phénols , 0,1 à 0,01 µg.L-1 pour les chlorophénols
dérivées - seuil de détection organoleptique très inférieur au seuil de toxicité
Plomb - poison du métabolisme à forte dose d'autant que le plomb tend à s'accumuler
(sanitaire) - développement du saturnisme : trouble neurologique et du développement
- apport lié à la solubilisation du métal des anciens branchements en plomb
- autres apports : vieille peinture

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 54/72


Caractéristiques des eaux potables

Sélénium - symptôme d’empoisonnement similaire à l’arsenic


(sanitaire) - effet toxique pour des doses quotidiennes de 0,01 à 0,1 mg/kg/j
- associé aux caries dentaires
- interdit l'utilisation de bactériostatique pour le traitement de l'eau
Sodium - en cas d'ingestion excessive, aggravation possible d'insuffisance cardiaque
- apport par les eaux de boissons est faible
Sulfate - seuil de détection gustatif varie de 200 à 900 mg.L-1 pour Na2SO42- et K2SO42-

- favorise la corrosion des canalisations


Zinc - pas d'effet néfaste sur la santé (oligo-élément)
(organoleptiques) - risque de teneur plus élevée chez l'abonné qu'à la sortie de la station par corrosion des
canalisations galvanisées et des accessoires en laiton
- risque de précipitation d'hydroxydes donnant lieu à l'apparition de goûts désagréables.

6. LES INDICES GLOBAUX D'EVALUATION DE LA QUALITE DE L'EAU

L’analyse systématique de l’eau est rarement possible et souvent onéreuse. On utilise souvent des
paramètres globaux permettant de cerner la qualité de l’eau, sans que l’on puisse pour autant identifier
précisément les molécules organiques ou minérales qui en sont la cause.

Conductivité Résulte de la présence des substances ioniques - témoin de la minéralisation totale.


-1
S.cm
Turbidité Elle renseigne sur la présence de particules et de colloïdes minéraux (argiles) ou organiques :
NFU matières humiques, algues.
Couleur La couleur apparente est liée aux matières en suspension et à la turbidité. La couleur réelle est liée
mg.L-1. Co/Pt aux molécules dissoutes.
La couleur brun jaune est celle que l’on considère dans l’analyse d’une eau :
elle est produite par les acides humiques ce qui en fait un traceur de cette substance,
la sensibilité spectrale de l’œil humain est maximale dans cette zone spectrale

D'autres composés interviennent comme les oxydes de sulfures ou de divers métaux


Oxydabilité au Correspond à la présence de composés réducteurs et de molécules organiques, oxydées par le
permanganate permanganate de potassium (KMnO4) dans les conditions de l'analyse : milieu acide, chauffé ou à
mg O2.L-1 froid.

COT : Lié à la présence de molécules organiques partiellement ou totalement décomposées dans les
Carbone Organique conditions de l'analyse.
Total
mg C.L-1 La première étape consiste soit en une oxydation au persulfate de potassium en milieu acide soit en
une pyrolyse de la matière organique dissoute. Ensuite, le gaz carbonique libéré lors de l’oxydation
du carbone est détecté et quantifié par un analyseur infra rouge. Le carbone minéral présent est
éliminé par stripping à l’azote en milieu acide, avant l’injection des échantillons. Une mauvaise
oxydation du carbone dans l’eau peut être due à une oxydation partielle de certains composés
réfractaires ou à la précipitation de certaines substances comme les acides humiques en milieu acide.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 55/72


Caractéristiques des eaux potables

TTHM : Précurseurs d'haloformes – composés organo-halogénés générés par chloration de l'échantillon. Ce


Totaux Tri Halo sont des témoins des sous produits de réaction du chlore sur la matière organique
méthane
mg.L-1

Absorbance UV La plupart des molécules organiques absorbent dans l’ultraviolet. Les mesures se font généralement
cm-1 à 254 nm et 270 nm, longueurs d’ondes absorbées par les doubles liaisons et les noyaux
aromatiques. La mesure se fait dans des cuves de 1 cm ou 5 cm.
Pour une même origine d’eau, l’absorbance UV est plus importante pour les molécules contenant des
noyaux aromatiques et pour les acides humiques que pour les acides fulviques.

unité valeur faible valeur forte


-1
Conductivité S.cm 200 1000
-1
Couleur mg.L Co/Pt 15 à 20 > 60
Turbidité NFU <3 > 15
-1
Oxydabilité à KMnO4 à chaud mgO2.L 2 20
-1
COT mgC.L 2 20
-1
Absorbance UV cm 0,1 2

7. GUIDE POUR L’INTERPRETATION D’UNE ANALYSE D’EAU

Pour examiner une analyse d'eau, il est important dans un premier temps de se poser un certain
nombre de questions, afin de contrôler la validité des résultats et avant d'entrer dans une interprétation
détaillée :
 s'informer sur les conditions de prélèvements : adresse, site, méthode de prélèvement, heure de
prélèvement, heure d'arrivée au laboratoire, conditionnement de l'échantillon (nature du flacon,
ajout de réactifs chimiques), transport en glacière,

 examiner les éléments constituants la fiche d'identité de l'eau, vérifier la balance ionique, étudier
la position de l'eau vis à vis de l'équilibre calco-carbonique,

 s'intéresser aux indices globaux d'évaluation de la qualité de l'eau,

 prendre en compte les éléments indésirables (fer, ammonium, manganèse),

 examiner s'il y a présence de micropolluants organiques,

 vérifier la cohérence des résultats (incompatibilité entre des éléments présents, ...)

 être prudent sur la conclusion définitive : un prélèvement unique par exemple à une période de
l'année est insuffisant pour caractériser une eau et définir un traitement - être critique par
rapport à la validité du prélèvement et de l'analyse,....

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 56/72


Caractéristiques des eaux potables

G. ANNEXES

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 Folio : 57/72


QUALITE DES EAUX
RAPPELS DE CHIMIE

Notion d’équivalent

La notion d’équivalent est liée à une réaction

Ion (valence ≈ charge)


Masse − Molaire
1eq= exemple 1 eq Calcium =40/2=20g 1eq Sodium=23/1 =23g
Valence

Oxydant
Masse − Molaire − Oxydant
1eq =
Nombre − électrons − mis − en − jeu

Chlore : Cl2 + 2e ↔ 2 Cl- (1eq Chore = 71/2 = 35,5 g)

Oxygène: O2 + 2H2O + 4e ↔ O2 + 4OH- (1 eq Oxygène = 32/4 = 8g)

Ozone: O3 + H2O + 2e ↔ O2 + 2OH- (1 eq Ozone = 48/2 = 24g)

Hypochlorite de sodium NaOCl + 2H+ +2e ↔ Cl- + H2O + Na+ (1eq NaOCl = 64,5/2=
32,25g)

1[°F] équivaut à 0,2[meq.L-1] Il s’agit d’une unité de concentration

Réactif
Acide : la notion d’équivalent se rapporte aux protons libérés
H2SO4 + 2H2O ↔ 2H3O+ + SO4-- ( 1 eq H2SO4 = 98/2 = 49 g)

Base : la notion d’équivalent se rapporte aux hydroxyles libérés


NaOH ↔ Na+ + OH- ( 1 eq NaOH = 40/1 = 40 g)

Produit de neutralisation vis à vis de l’équilibre calco carbonique


La notion d’équivalent est liée aux bicarbonates produits ou consommés (cas du CO 2)

Carbonate de calcium
CaCO3 + CO2 ↔ Ca(HCO3)2 ( 1 eq CaCO3 = 100/2 = 50g)

Chaux
Ca(OH)2 + 2CO2 ↔ Ca(HCO3)2 (1 eq Ca(OH)2 = 74/2=37g)

Gaz carbonique
CaCO3 + CO2 ↔ Ca(HCO3)2 ( 1 eq CO2 = 44/2 = 22g)
Ca(OH)2 + 2CO2 ↔ Ca(HCO3)2 (1 eq CO2 = 44/1=44g)

Engees, Traitement des eaux de distribution chapitre 1 -Annexe


QUALITE DES EAUX
RAPPELS DE CHIMIE
TABLE DE CONVERSION :

ppm ou mg/l Milliéquivalent


Degré français mg/l ou ppm
de Ca CO3 par litre (mé/l)

ppm ou mg/l
1 1/10 1/50 M/50n
de Ca CO3

Degré français 10 1 1/5 M/5n

Milliéquivalent
1/2 5 1 M/n
par litre (mé/l)

mg/l ou ppm 50n/M 5n/M n/M 1

n = valence de l'élément considéré


M = masse en gramme de l'élément considéré

M n

Ca 40 2

Mg 24,3 2

Na 23 1

HCO3 61 1

CO3 60 2

OH 17 1

Cl 35,5 1

SO4 96 2

NO3 62 1

NH4 18 1

PO4 95 3

K 39 1

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QUALITE DES EAUX
CARACTERISATION DES EAUX

Comparaison eau de surfac e – eau souterr aine


Type d'eau Superficielle Profonde
Température variable selon les saisons relativement constante
Turbidité, MES variable, parfois élevée faible ou nulle
Fer manganèse absent souvent présent
sauf retenues eutrophes
CO2 agressif absent ou faible concentration parfois en grande quantité
Ammoniaque eaux polluées Présent sans être obligatoirement
retenues eutrophes un indicateur de pollution
Hydrogène sulfuré absent souvent présent
sauf retenues eutrophes
Silice teneur modérée teneur souvent élevée
Oxygène dissous saturation et au delà absent ou insuffisance
Nitrates concentration rarement teneur parfois très élevée
très excessive
Eléments vivants parfois en nombre élevé flore banale parfois importante
contamination moindre que pour les
eaux de surface
Exemples d’analyses d’eaux brutes et normes à resp ecter en eau tr aitée (en italique : par amètr es à traiter, en
gras : limites et référ ences de qualité Arr êté du 11 janvier 2007)
Origine de l’eau Forage 1 Forage 2 Barrage Fil de Arrété du 11-01-2007
l’eau (LQ ou RQ)
Température (°C) 20 12 9 11 25
6,0
pH 7,0 7,7 7,75 6,5 - 9
10 25 1 (0,5 – 2)
Turbidité (NFU) 0,4 3,5
20
Couleur (mgPt/Co) 5 40 60 15
3
MES (mg.L ) -1
0 4 16 -
4
TAC (°F ) = alcalinité 25 9,5 22,8 Equilibre calco
6,55
TH (°F) = dureté : 31 13,2 28,8 carbonique
THCa + THMg
22 4
THCa (°F) 11 18 -
8 1
O2 dissous (mg.L ) -1
8,2 7,5 -
0,6 0,72 6,8 7,9 5
Oxyd. KMnO4 acide (mg.L -

1
)
1 75
NO3- (mg.L-1) 22 25 50
0,05 0,05 0,12 0,10 0,5
NO2- (mg.L ) -1

0,05 0,05 0,25


NH4+ (mg.L-1) 0,09 0,1
1 1
NTK (mg.L-1) 2,2 3 -
0,1 1,15
Fe (mg.L-1) 0,45 0,16 1 0,2
0,03 0,2 0,12
Mn (mg.L ) -1
0,03 0,05
0 0 0,21 0,2
Al (mg.L )-1
0,1
Peu de coliformes Peu de Très Pas d’E. coli, ni
Bactériologie Nombreux
coliformes nombreux d’entérocoques
coliformes coliformes Ni de coliformes ni de SBASR
NB : Forage 1 : profond, « protégé », dans aquifère homogène, « imperméable »
Forage 2 : peu profond « sensible », dans aquifère hétérogène, vulnérable, « perméable »

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QUALITE DES EAUX
NORME FRANÇAISE (ANCIEN DECRET 89.3)

A : Paramètres Couleur < 15 mg.L-1 Co/Pt


organoleptiques Turbidité < 2 NTU
Odeur saveur (taux de dilution) 2 à 12°C - 3 à 25°C
B : Paramètres physico- Température 25°C
chimiques pH 6,5 - 9
en relation avec la structure Chlorures 250 mg.L-1
naturelle des eaux Sulfates 250 mg.L-1
Magnésium 50 mg.L-1
Sodium 150 mg.L-1
Potassium 12 mg.L-1
Aluminium total 0,2 mg.L-1
Quantité résidu sec (180°C) 1500 mg.L-1
C : Paramètres concernant Nitrates 50 mg.L-1
des Nitrites 0,1 mg.L-1
substances indésirables Ammonium 0,5 mg.L-1
NTK (Kjeldahl) 2 mg.L-1
Oxydabilité (KMnO4 acide) 5 mg.L-1
Hydrogène sulfuré absence d'odeur
Hydrocarbures émulsionnés extraction CCl4 10 g.L-1
Indice Phénol (non détectable organoleptiquement après chloration) 0,5 g.L-1
Agents de surface (exprimés en lauryl sulfate) 200 g.L-1
Fer 200 g.L-1
Manganèse 50 g.L-1
Cuivre 1 mg.L-1
Zinc 5 mg.L-1
Phosphore 5 mg.L-1 P2O5
Argent 10 g.L-1
Fluor (1 ere
valeur pour 25 à 30 °C – 2 nde
pour 8 à 12°C) 7,0 - 1,5 mg.L-1
D : Paramètres concernant Arsenic 50 g.L-1
des substances toxiques Cadmium 5 g.L-1
Cyanures 50 g.L-1
Chrome total 50 g.L-1
Mercure 1 g.L-1
Nickel 50 g.L-1
Plomb 50 g.L-1
Antimoine 10 g.L-1
Sélénium 10 g.L-1
H.P.A. (6 substances ) 0,2 g.L-1
sauf Benzopyrène 0,01 g.L-1
E : Pesticides et produits Par substance individualisée 0,1 g.L-1
apparentés Insecticides, Sauf Aldrine et dieldrine 0,03 g.L-1
herbicides Sauf hexachlorobenzène 0,01 g.L-1
par substances individualisées Pour le total des substances mesurées 0,5 g.L-1
Polychloro Bi et Tri-phénile (PCB et PCT) 0,5 g.L-1
F : Paramètres Absence Salmonelles dans 5 L d'eau

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QUALITE DES EAUX
Norme Française (ancien décret 89.3)

microbiologiques Absence Staphylocoques dans 100 ml d'eau


Absence Entérovirus dans 10 litres d'eau
95% des échantillons prélevés ne doivent pas contenir de coliformes dans 100 ml
Absence de coliformes thermotolérants et de streptocoques fécaux dans 100 ml
1 spore sulfito-réductrice dans 20 ml
G :Paramètres concernant les TH > 15°F
eaux
adoucies pour la TAC > 2,5°F
consommation
Références pour autoriser Anhydride carbonique et teneur H+
distribution après enquête Conductivité s’accroit de plus de > 400 µS/cm
lorsque Calcium > 100 mg.L-1
des paramètres dépassent O2 < 75% saturation pour eau de surface
les niveaux définis en Augmentation de la concentration en COT
A, B, G Substances Extractibles au Chloroforme >0,1 mg.L-1
Composés en organochlorés autres que pesticides et produits apparentés > 1 µg.L-1
Bore > 1 000 µg.L-1
Baryum > 1000 µg.L-1

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QUALITE DES EAUX
DIRECTIVE EUROPEENNE 98/83 DU
03/11/1998

Partie A E. Coli 0 ufc.100 ml-1


Paramètres Streptocoques fécaux 0 ufc.100 ml-1
microbiologiques
Clostridium sulfito-réducteur 0 ufc.100 ml-1
Partie B Acrylamine 0,25 µg.L-1
Paramètres chimiques  Antimoine 3 µg.L-1
 Arsenic 10 µg.L-1
Benzène 1 µg.L-1
Bore 300 µ g.L-1
Bromate 10 µg.L-1
Bromodichlorométhane 15 µg.L-1
Cadmium 5 µg.L-1
Chloroforme 40 µg.L-1
Chrome 50 µg.L-1
 Cuivre 2 mg.L-1
Cyanures 50 µg.L-1
1,2-dichloroéthane 3 µg.L-1
Epichlorhydrine 0,5 µg.L-1
Fluor 1,5 mg.L-1
 Plomb 10 µg.L-1
Mercure 1 µg.L-1
 Nickel 20 µg.L-1
Nitrates 50 mg.L-1
Nitrites 0,1 mg.L-1
Pesticides (valeur pour chaque pesticide) 0,1 µg.L-1
Pesticides totaux 0,5 µg.L-1
H.P.A. 0,2 µg.L-1
dont Benzo(a)pyrène 0,01 µg.L-1
Sélénium 10 µg.L-1
Tétrachloroéthène 70 µg.L-1
Totaux trihalométhanes 100 µg.L-1
Trichloroéthène 70 µg.L-1
Chlorure de vinyle 0,5 µg.L-1
Partie C Aluminium 200 µg.L-1
Paramètres indicateurs Ammonium 0,5 mg.L-1
Couleur acceptable
Oxygène dissous > 50% saturation
pH 6,5 à 8
Fer 200 µg.L-1
Manganèse 50 µg.L-1
Odeur acceptable
Oxydabilité 5 mg O2.L-1
Sulfate 250 mg.L-1

Engees, Traitement des eaux de distribution chapitre 1 -Annexe


QUALITE DES EAUX
Directive européenne 98/83 du 03/11/1998

Saveur acceptable
Teneur bactérielle totale aucun changement
Coliformes totaux 0 / 100 ml
C.O.T. 4 mgC.L-1
Turbidité acceptable
(en grisé, nouveaux paramètres -  : paramètres ayant baissé de niveaux)

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 -Annexe


QUALITE DES EAUX
DECRET 2001/1220 DU 20/12/2001

Paramètres du Valeurs des LQ Commentaires du décret et Evolution / au Evolution / à


décret 2001-1220 ou RQ Délais d'application décret 89-3 Directive CE 98

ANNEXE N°1-1 décret 2001-1220 : LIMITES DE QUALITE (LQ) : PARTIE A : PARAMETRES MICROBIOLOGIQUES

Escherichia coli 0 /100 ml Place de /


(E.Coli) Coliforme
thermotolérant
Entérocoques 0/100 ml / /

ANNEXE N°1-1 du décret 2001-1220 : LIMITES DE QUALITE (LQ) : PARTIE B : PARAMETRES CHIMIQUES

Acrylamide 0,10 µg/l La LQ se réfère à la concentration Nouveau /


résiduelle en monomères dans l'eau, paramètre
calculée conformément aux spécifications
de la migration maxi. du polymère
correspondant en contact avec l'eau
Antimoine 5 µg/l LQ de 10 µg/l /

Arsenic 10 µg/l LQ de 50 µg/l /


(abaissement)

Baryum 0,7 mg/l RQ de 100 µg/l Nouveau paramètre

Benzène 1,0 µg/l Nouveau /


paramètre
Hydrocarbures 0,1 µg/l Pour la somme des composés suivants : Fluoranthène et /
Aromatiques Benzo[b]fluoranthène, Benzo (3,4)
Polycycliques Benzo[k]fluoranthène, Pyrène retirés de
Benzo[ghi]pérylène, Indéno[1,2,3- la liste HPA
cd]pyrène
Benzo(a)pyrène 0,010 µg/l Benzo(3,4)pyrène /

Bore 1,0 mg/l RQ de 1000 µg/l /

Bromates 10 µg/l 25 µg/l de 12/2003 à 12/2008 Nouveau /


La valeur la plus faible possible inférieure paramètre
à cette limite doit être visée sans pour
autant compromettre la désinfection.
Toutes les mesures appropriées doivent
être prises pour réduire le plus possible,
au cours de le période nécessaire pour se
conformer à la limite de qualité (Cf.
art.50 et 53), la concentration en
bromates dans les eaux
Cadmium 5,0 µg/l / /
Chrome 50 µg/l / /
Cuivre 2,0 mg/l Attente d'un arrêté pour définir les LQ de 1 mg/l VP à 2 mg/l
conditions d'échantillonnage et mesurer (Val. Paramétriq.)
les Pb, Cu, Ni au robinet

Engees, Traitement des eaux de distribution chapitre 1 -Annexe


QUALITE DES EAUX
DECRET 2001/1220 DU 20/12/2001

Paramètres du Valeurs des LQ Commentaires du décret et Evolution / au Evolution / à


décret 2001-1220 ou RQ Délais d'application décret 89-3 Directive CE 98

Chlorure de vinyle 0,5 µg/l La LQ se réfère à la concentration Nouveau /


résiduelle en monomères dans l'eau, paramètre
calculée conformément aux spécifications
de la migration maximale du polymère
correspondant en contact avec l'eau
Cyanures totaux 50 µg/l cyanures cyanures

1,2- dichloroéthane 3,0 µg/l Nouveau /


paramètre
Epichlorhydrine 0,10 µg/l La LQ se réfère à la concentration Nouveau /
résiduelle en monomères dans l'eau, paramètre
calculée conformément aux spécifications
de la migration maximale du polymère
correspondant en contact avec l'eau
Fluorures 1,5 mg/l 1,5 pour T 8/12°C /
0,7 pour T 25/30°

Mercure total 1,0 µg/l / /

Microcystine-LR 1 µg/l A rechercher en cas de prolifération Nouveau Nouveau paramètre


algale dans les eaux brutes paramètre

Nickel 20 µg/l Attente d'un arrêté pour définir les LQ de 50 µg/l /


conditions d'échantillonnage pour mesurer
les paramètres plomb, cuivre et Nickel au
robinet
Nitrates 50 mg/l [Nitrate / 50 + Nitrite] / 3 <= 1 / /

Nitrites 0,50 mg/l En sortie des installations de traitement, LQ de 0,1 mg/l /


la concentration doit être < 0,1 mg/l
Pesticides 0,10 µg/l pour Par "pesticides" on entend : Les PCB/PCT /
chaque pesticide insecticides organiques; les herbicides Supprimés
sauf aldrine, organiques; les fongicides organiques; les Ajout métabolites
dieldrine, nématocides organiques; les acaricides et produits
heptachlore, organiques; les algicides organiques, les dégradation
heptachlorépoxyde : rodenticides organiques, les produits pertinents
0,03 µg/l antimoisissures organiques; les produits Généralisation
apparentés (notamment les régulateurs de des pesticides
croissance) et leurs métabolites, produits organiques
de dégradation et de réaction pertinents
Total pesticides 0,50 µg/l Par "Total pesticides", on entend la / /
somme de tous les pesticides
individualisés et quantifiés

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 -Annexe


QUALITE DES EAUX
DECRET 2001/1220 DU 20/12/2001

Paramètres du Valeurs des LQ Commentaires du décret et Evolution / au Evolution / à


décret 2001-1220 ou RQ Délais d'application décret 89-3 Directive CE 98

Plomb 10 µg/l 25 µg/l de 12/2003 à 12/20013 LQ de 50 µg/l /


Les mesures appropriées pour réduire
progressivement la [Pb] dans les eaux au
cours de la période nécessaire pour se
conformer à la LQ sont précisées aux
articles 33 et 36 (arrêté d'application sur
les modalités d'étude du risque de
dissolution du Pb dans l'eau au point de
mise en distribution avec un délai de 1 an
après parution du décret)
Lors de la mise en oeuvre des mesures
destinées à atteindre cette valeur, la
priorité est donnée aux cas ou les [Pb]
dans les eaux sont les plus élevées
Sélénium 10 µg/l / /

Tétrachloréthylène + 10 µg/l Somme des concentrations des RQ de 1 µg/l pour /


trichloroéthylène paramètres spécifiés la teneur en

Total trihalométhanes 100 µg/l 150 µg/l de 12/2003 à 12/2008 composés /


(THM) La valeur la plus faible possible inférieure organochlorés

à cette valeur doit être visée sans pour autres que les

autant compromettre la désinfection pesticides et les

Total trihalométhanes : somme de produits

Chloroforme, bromoforme, apparentés.

dibromochlorométhane et
bromodichlorométhane
Toutes les mesures appropriées doivent
être prises pour réduire le plus possible,
au cours de le période nécessaire pour se
conformer à la limite de qualité (Cf art.50
et 53), la [THM] dans les eaux

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 -Annexe


QUALITE DES EAUX
DECRET 2001/1220 DU 20/12/2001

Paramètres du Valeurs des LQ Commentaires du décret et Evolution / au Evolution / à


décret 2001-1220 ou RQ Délais d'application décret 89-3 Directive CE 98

Turbidité 1 NFU 2 NFU au 12/08 si Q<1000 m3/j ou LQ de 2 UJ Acceptable pour


UD < 5000eh : LQ applicable au point de consommateurs et
mise en distribution pour les eaux de aucun changement
surface (art25) et les eaux d'origine anormal
souterraine provenant de milieux fissurés - Valeur de 1 pour
présentant une turbidité périodique les eaux de surface
importante et > à 2 NTU
En cas de mise en oeuvre d'un traitement
de neutralisation ou de reminéralisation,
la LQ s'applique hors augmentation de
turbidité due au traitement.
Pour les installations avec Q<1000 m3/j ou
UD < 5000h, toutes les mesures doivent
être prises pour réduire le plus possible la
turbidité, au cours de la période
nécessaire pour se conformer à la LQ

ANNEXE N°1-2 du décret 2001-1220 : Références de Qualité (RQ) des eaux destinées à la consommation humaine
I-2.1 : Paramètres Indicateurs de Qualité témoins du fonctionnement des installations de production et de distribution d'eau

Aluminium total 200 µg/l A l'exception des eaux ayant subi un LQ de 200 µg/l /
traitement thermique pour la production
d'eau chaude pour lesquelles la valeur de
0,5 mg/l (Al) ne doit pas être dépassée
Ammonium 0,1 mg/l S'il est démontré que l'ammonium à une LQ de 0,5 mg/l PI à 0,5 mg/l
origine naturelle, la valeur est de 0,5 mg/l (Param. Indic.)
pour les eaux souterraines
Bactéries coliformes 0 Nombre/100 ml 0/250ml pour les eaux mises en Notion de 95% /
bouteilles ou en conteneurs d'analyse
conforme

Bactéries sulfito 0 Nombre/100 ml A mesurer si eau d'origine superficielle ou Place de LQ sur Place de RQ
réductrices y compris influencée par une eau d'origine "Spore de "Clostridium
les spores superficielle. En cas de non-respect de bactérie perfringens"
cette valeur, une enquête doit être menée Anaérobie
sur la distribution d'eau pour s'assurer Sulfito-
qu'il n'y a aucun danger potentiel pour la Réductrices
santé humaine résultant de la présence de
micro-organisme pathogène, par exemple
de Cryptosporidium
Chlorites 0,2 mg/l Sans compromettre la désinfection, la Nouveau Nouveau paramètre
valeur la plus faible possible doit être paramètre
visée

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 -Annexe


QUALITE DES EAUX
DECRET 2001/1220 DU 20/12/2001

Paramètres du Valeurs des LQ Commentaires du décret et Evolution / au Evolution / à


décret 2001-1220 ou RQ Délais d'application décret 89-3 Directive CE 98

Chlorures 250 mg/l Les eaux ne doivent pas être agressives LQ de 200 mg/l /

Chlore libre et total / Absence d'odeur ou de saveur Teneur en chlore pas de donnée
désagréable et pas de changement résiduel > 0,1 mg/l
anormal
Conductivité 180 à 1000 µS/cm à Les eaux ne doivent pas être corrosives RQ de 400 µS/cm PI à 2500 µS/cm
20°C (2500 µS/cm à 20°C pour les eaux plates à 20°C et corrosive en
mises en bouteilles ou en conteneurs) place d'agressive
Concentration en ions 6,5 à 9 Unités pH Les eaux ne doivent pas être agressives / 6,5 à 9,5 UpH
hydrogéne (4,5 et 9 pour les eaux plates mises en
bouteilles ou en conteneurs et < 9 pour les
eaux mises en bouteilles ou en conteneurs
qui sont naturellement riches ou enrichies
artificiellement avec du dioxyde de
carbone)
Carbone Organique 2 mg/l Ce paramètre doit être mesuré pour les RQ et Aucun changement
Total (COT) Aucun changement unités de distribution desservant au moins augmentation anormal
anormal 5000 habitants anormale

Couleur 15 mg/l Pt-Co Acceptable pour les consommateurs et Commentaire en Pas de valeur
aucun changement anormal plus
Cuivre 1,0 mg/l LQ de 1 mg/l VP à 2 mg/l

Equilibre Les eaux ne doivent RQ agressivité en Référence au pH /


calcocarbonique pas être agressives référence eau non agressive
CO2/pH
Fer total 200 µg/l LQ de 200 µg/l /

Manganèse 50 µg/l LQ de 50 µg/l /

Numération de germes / Variation dans un rapport de 10 par RQ 10 u/ml à Aucun changement


aérobies revivifiables à rapport à la valeur habituelle 37°C et 100 u/ml anormal
22°C et 37°C à 22°C (22°C uniquement)
RQ 2 u/ml à 37°C
et 20 u/ml à 22°C
en sortie station
Odeur Acceptable pour les Suite : **notamment pas d'odeur Ajout Ajout de la limite
consommateurs, détectée pour un taux de dilution de 3 à commentaire de dilution
aucun changement 25°C
anormal **
Oxydabilité au KMnO4 5,0 mg/l O2 Ce paramètre doit être recherché lorsque /
mesurée en milieu le COT n'est pas analysé
acide

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 -Annexe


QUALITE DES EAUX
DECRET 2001/1220 DU 20/12/2001

Paramètres du Valeurs des LQ Commentaires du décret et Evolution / au Evolution / à


décret 2001-1220 ou RQ Délais d'application décret 89-3 Directive CE 98

Saveur Acceptable pour les Suite : **notamment pas de saveur Ajout Ajout de la limite
consommateurs, détectée pour un taux de dilution de 3 à commentaire de dilution
aucun changement 25°C
anormal **
Sodium 200 mg/l LQ de 150 mg/l /
et percentile de
80
Sulfates 250 mg/l LQ de 250 mg/l /
Température 25°C A l'exception des eaux ayant subi un / Nouveau paramètre
traitement thermique pour la production
d'eau chaude
Cette valeur ne s'applique pas dans les
départements d'outre-mer
Turbidité 0,5 NFU RQ de 0.5 NFU applicable au point de LQ de 2 UJ Pas de valeur -
mise en distribution pour les eaux de Acceptable pour
surface (art25) et les eaux d'origine consommateurs et
souterraine provenant de milieux fissurés aucun changement
présentant une turbidité périodique anormal
importante et > à 2 NTU
En cas de mise en oeuvre d'un traitement
de neutralisation ou de reminéralisation,
la RQ s'applique hors augmentation de
2 NFU turbidité due au traitement.
RQ de 2 NFU applicable aux robinets
normalement utilisés
ANNEXE N°1-2 du décret 2001-1220 : Références de Qualité (RQ) des eaux destinées à la consommation humaine
I-2.2 : INDICATEURS DE RADIOACTIVITE
Dose Totale indicative 0,1 mSv/an Le calcul de la DTI est effectué selon les Nouveau /
(DTI) (Sv = Sievert) modalités définies à l'article 15 du paramètre
présent décret
Tritium 100 Bq/l La présence de concentrations élevées de Nouveau /
(Becquerel) tritium dans l'eau peut être le témoin de paramètre
la présence d'autres radionucléides
artificiels. Si [tritium] dépasse le niveau
de référence, il est procédé à la
recherche de la présence éventuelle
d'autres radionucléides artificiels

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 -Annexe


QUALITE DES EAUX
ARRETE DU 11/01/2007 portant sur les
annexes (LQ et RQ) du Code de la Santé
Publique (CSP)

Le décret du 11/01/2007 a abrogé les annexes 1321-1 et suivants, du code de la santé publique et
notamment les limites et références de qualité applicables aux eaux distribuées.

Les modifications des annexes du CSP par l’arrêté ministériel du 11/01/2007 portent aussi bien sur les LQ
et RQ des eaux traitées que des eaux brutes.

Ces modifications sont les suivantes :

Eaux traitées :

Limites de qualité :
 Microcystine LR remplacée par Microcystines totales

Références de qualité :
 Conductivité à 20°C complétée par la conductivité à 25°C, les eaux ne doivent pas être corrosives
 COT de 2 mg/L, autrefois pour les UDI > 5000 habitants, aujourd’hui pour toutes les UDI
 Radioactivité : En cas de valeur > 0.1 Bq/L pour activité alpha global ou > 1 Bq/L pour activité bêta
globale résiduelle, il est procédé à l’analyse des nucléotides spécifiques définis dans l’arrêté R.
1321-20 du CSP

Eaux brutes :

Limite de qualité :
 Remplacement de l’analyse de l’oxydabilité au KMNO4 par celle du COT avec limite à 10 mg/L

Limites de qualité EB des eaux douces superficielles utilisées pour la production d’eau potable
 Conductivité à 20°C complétée par la conductivité à 25°C
 Baryum passe de 0,7 à 0,1 mg/L pour le groupe A1

Document joint ci-après.

Engees, Traitement des eaux de distribution chapitre 1 -Annexe


QUALITE DES EAUX
ARRETE DU 21/01/2010 relatif au programme
de prélèvement et d’analyse du contrôle sanitaire

Il précise le nombre et le type d’analyses à réaliser :


• Sur la ressource (RP, RS),
• Sur l’eau produite (P1, P2),
• Sur l’eau distribuée (D1, D2),
selon la taille des agglomérations et la population desservie.

Document joint ci-après.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 1 -Annexe


ECOLE NATIONALE DU GENIE DE L'EAU ET DE L'ENVIRONNEMENT DE
STRASBOURG

ELEVES-INGENIEURS 2ème ANNEE

TRAITEMENT DES EAUX DE DISTRIBUTION

2 - Equilibre calco-carbonique

Traitements spécifiques liés à cet


équilibre

Engees, Traitement des eaux de distribution - 2017 Folio : 1/49


Equilibre Calco-carbonique

Contenu

A. INTRODUCTION 4

1. CONTRAINTES DE DISTRIBUTION 4
2. MODIFICATION DE L'EQUILIBRE CALCO-CARBONIQUE AU COURS DU TRAITEMENT 4

B. BASES DE L'EQUILIBRE CALCO-CARBONIQUE 6

1. HYPOTHESES DE BASES 6
2. NOTATIONS 6
3. SYSTEME D'EQUATIONS DE L'EQUILIBRE CALCOCARBONIQUE 7
4. VALEURS DES CONSTANTES 8
5. DEFINITIONS 8

C. REPRESENTATION HALLOPEAU-DUBIN 11

1. LES BASES DU DIAGRAMME HALLOPEAU-DUBIN 11


2. CALCUL DU PH DE SATURATION 12
3. GRAPHIQUE HALLOPEAU-DUBIN 14

D. REPRESENTATION LEGRAND-POIRIER 19

1. LES BASES DE LA REPRESENTATION (RESOLUTION PAR LE CALCUL) 19


2. RESOLUTION PAR LE GRAPHIQUE 20
3. COURBE D'EQUILIBRE CALCO-CARBONIQUE 22
4. UTILISATION DU GRAPHIQUE POUR QUELQUES TRAITEMENTS D'EAU 23

E. NEUTRALISATION - ELIMINATION DU CO2 AGRESSIF 25

1. AERATION 25
2. NEUTRALISATION A LA CHAUX 25
3. NEUTRALISATION PAR LE CALCAIRE 31
4. NEUTRALISATION A LA SOUDE 33
5. CHOIX DE LA FILIERE DE NEUTRALISATION 34

F. REMINERALISATION DE L'EAU 35

1. CO2 + CHAUX 35
2. CO2 + CALCAIRE 35
3. CHLORURE DE CALCIUM ET CARBONATE DE SODIUM : CACL2 + NAHCO3 36
4. POSITION DE LA REMINERALISATION DANS UNE CHAINE DE TRAITEMENT 36

G. ADOUCISSEMENT 37

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Equilibre Calco-carbonique

1. PRINCIPE DE L'ADOUCISSEMENT PAR DECARBONATATION 37


2. ADOUCISSEMENT PAR DECARBONATATION A LA CHAUX 38
3. ADOUCISSEMENT PAR DECARBONATATION A LA SOUDE 39
4. ADOUCISSEMENT SUR RESINE 40
5. COMPARAISON DES TECHNIQUES D'ADOUCISSEMENT 41

H. ANNEXES 42

Equations de base
Chaux - Saturateurs
Filtres à neutralite et à calcaire terrestre
Graphe Hallopeau et Dubin

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Equilibre Calco-carbonique

A. Introduction
1. CONTRAINTES DE DISTRIBUTION

L'eau d'alimentation doit répondre à plusieurs contraintes :


- être à l’équilibre ou légèrement entartrante, mais en aucun cas agressive ou trop entartrante,
- ne pas être trop dure : TH <35 °F

Lorsque qu’une eau subit un traitement de reminéralisation, en général on tend à respecter les règles
suivantes :
. TAC >8°F
. TH > 8°F
. pH de l’équilibre calco carbonique

Il existe trois types de traitement permettant de respecter ces trois contraintes, avec respectivement :

• la neutralisation : simple remise à l’équilibre,


• la reminéralisation : augmentation du TAC d’équilibre par ajout de CO2 puis remise à l’équilibre,
• l’adoucissement : diminution du TH et/ou du TAC et remise à l’équilibre.

2. MODIFICATION DE L'EQUILIBRE CALCO-CARBONIQUE AU COURS DU


TRAITEMENT

Certains réactifs ou procédés biologiques utilisés dans le traitement de l'eau potable interviennent sur
l'équilibre calco-carbonique :

Ajouts de coagulants :
Les sels de fer et d'aluminium consomment des bicarbonates, produisent du CO2 et rendent l'eau plus
agressive en consommant du TAC, selon les équations chimiques :

2 FeCl 3 + 3 Ca(HCO 3 ) 2  3 CaCl 2 + 2Fe(OH) 3 + 6CO 2

Al 2 (SO 4 ) 3 + 3Ca(HCO 3 ) 2  2 Al(OH) 3+ 3Ca(SO 4 ) + 6CO 2

Engees, Traitement des eaux de distribution - Introduction Folio : 4/49


Equilibre Calco-carbonique

Fig 1 : Tableau des consommations en TAC de différents coagulants

Sulfate d'alumine solide 17 % Al2O3 20 g.m-3  1°F


Al2(SO4)3,18H2O

Sulfate d'alumine liquide 8.2 % Al2O3 34.6 ml.m-3  1°F

Al2 (SO4)3,18 H2O à 707 g TK.L-1 41.5 g.m-3  1°F

WAC = poly chloro sulfate d’aluminium 8.5 % Al2O3 111 ml.m-3  1°F
133.3 g.m-3  1°F

Chlorure ferrique pur 100 % FeCl3 10,8 g.m-3  1°F

Chlorure ferrique liquide 41 % FeCl3 18,2 ml.m-3  1°F


(densité 1,44) 26,3 g.m-3  1°F

Réactions biologiques :
Pour la déferrisation et la nitrification biologiques, l'acidification de l'eau devient significative lorsque l'on
traite de fortes doses en fer et ammonium, ce qui a une incidence sur l’équilibre calco-carbonique et donc
sur la consommation de TAC.

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Equilibre Calco-carbonique

B. Bases de l'equilibre calco-carbonique


Les 6 éléments fondamentaux sont toujours présents dans une eau naturelle. L'équilibre calco-carbonique décrit
les relations qui les relient entre eux. Il fait intervenir la dissociation de l'eau, la dissolution du gaz carbonique
CO2 dans l'eau et le produit de solubilité du carbonate de calcium à l’équilibre.

1. HYPOTHESES DE BASES

La résolution des équations du système calcocarbonique demande plusieurs hypothèses :

H1. l'eau contient de faibles quantités d'électrolytes faibles,


H2. la formation d'ions complexes, d'hydroxydes, ... est négligeable,
H3. la minéralisation de l'eau est suffisamment faible pour que les relations entre concentration et
activités obéissent à des formules connues,
H4. la pression est voisine de la pression atmosphérique,
H5. la quantité de CO2 en phase liquide ne varie que par changement de phase.

Plusieurs types d'eau ne satisfont pas ces hypothèses :


- une eau très sulfureuse ne suit pas H1,
- une eau très ferrugineuse, en contact avec l’atmosphère ou une eau très alcaline ne suit pas H2
(précipitation de FeOH et MgOH),
- une eau saumâtre ne suit pas H3,
- une eau riche en plancton ou phytoplancton ne suit pas H5,
- une eau acide (pH < 4) ou basique (pH > 10) sort de cette étude.

2. NOTATIONS

Rappelons certains principes de base vus au chapitre 1 :

Les 6 éléments fondamentaux sont H3O+, OH- , H2CO3 ou CO2aq, HCO3-, CO32- et Ca2+
Les éléments caractéristiques sont tous les autres.

Somme des charges des anions caractéristiques : A = 2[SO 4 ] + [Cl ] + [NO 3 ] + 


- 2- - - −

Somme des charges des cations caractéristiques : C


+
= 2[Mg 2+ ] + [Na + ] + [K + ] +  +

Les constantes thermodynamiques portent sur les activités ioniques liées aux concentrations par un
coefficient appelé coefficient d’activité γi

(ai)=γi [ci]

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Equilibre Calco-carbonique

2
Dans les eaux naturelles γi = 10 − O ,5 Z i  (Zi Valence ion)


ε= (μ : force ionique)
1 + 1,4 

n
μ=1/2 C Z
i =0
i i
2
(Ci concentration ion)

3. SYSTEME D'EQUATIONS DE L'EQUILIBRE CALCOCARBONIQUE

Pour une eau dont la composition ionique est donnée, l’équilibre calco-carbonique est régi par 4
équilibres chimiques pour 6 inconnues ( H 3O+), (H2CO3ou CO2), (OH-), (Ca2+),(HCO3-),(CO 3
--
)

1. Electroneutralité de l'eau :
2.[CO 32- ] + [HCO 3- ] + [OH - ] + A - = 2.[Ca 2+ ] + [H 3O + ] + C +

2. Equilibre de dissociation de l'eau :


H 3 O + + OH -  H 2 O Ke' = [H 3 O + ].[OH - ]

3. Premier équilibre de dissociation du CO2 dissous = H2CO3 = CO2atm dans l’eau (on confond CO2dis et
anhydride carbonique H2CO3 puisqu’ils sont en équilibre dans l’eau) :
[HCO 3- ].[H 3O + ]
H 2 CO 3  HCO + H 3 O
-
3
+
K1 ' =
[H 2 CO 3 ]

4. Deuxième équilibre de dissociation du CO2aq dissous dans l’eau :


[CO 32- ]. [H 3O + ]
HCO 3-  CO 32- + H 3 O + K2 '=
[HCO 3- ]

A l’équilibre calco carbonique une cinquième équation traduisant que le produit de solubilité du carbonate
de calcium est atteint est disponible.

5. Produit de solubilité du carbonate de calcium :


Ca 2+ + CO 2-3  CaCO 3 K s ' = [Ca 2+ ].[CO 2-3 ]
Soit Ke’ = constante de dissociation de l’eau, K1’, K2’ et Ks’ = constantes d’équilibre.

Le système de 4 équations pour 6 inconnues peut être représenté par un ensemble de points dans un plan
(représentation simplifiée de Hallopeau Dubin ou plus complète de Legrand Poirier).

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Equilibre Calco-carbonique

4. VALEURS DES CONSTANTES

Les constantes d'équilibres molaires (pK') sont liées aux constantes (pK) par les relations suivantes.
pK e ' = pK e -  pK s ' = pK s - 4 
pK 1 ' = pK 1 -  pK 2 ' = pK 2 - 2

1
avec la FORCE IONIQUE :  = . Ci .Z i2
2 i

avec Ci : concentration molaire de l'ion i


Zi : valence de l'ion i

Chaque pK doit subir une correction due à la température


a b
pK(T) = + 2 +c (T en K)
T T

Constantes a b c
pKe 484,51 362,50 8,2902
pK1 -4.526,46 743.500 13,1789
pK2 -3.994,62 712.124 15,7163
pKs -2.156,80 162.508 13,7471

5. DEFINITIONS
A. Eaux douces / Eaux dures

Les paramètres chimiques qui permettent de quantifier les différentes concentrations ioniques d’une eau
sont les suivants :

• le titre alcalimétrique : TA= ½ [CO32-] + [OH-] les concentrations sont dans ce cas exprimées en
mmoles/L

• le titre alcalimétrique complet : TAC = [HCO3-] + 2 [CO32-] + [OH-] les concentrations sont dans ce cas
exprimées en mmoles/L

• le pH = -log [H3O+]

• la teneur en Calcium ou dureté calcique : THCa = [Ca2+]

• la teneur en Magnésium ou dureté magnésienne : THMg = [Mg2+]

• le titre hydrotimétrique ou TH = THCa + THMg.

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Equilibre Calco-carbonique

Les sels de calcium et de magnésium peuvent être liés aux bicarbonates cela correspond à la dureté
temporaire. Lorsqu’ils sont liés aux sels d’acide forts (Chlorures et sulfates), ils correspondent à la dureté
permanente avec :
TH = dureté temporaire + dureté permanente

L’expression de ces différentes concentrations pouvant s’effectuer :

en milli mole/L
en mili-équivalent/L
en milligramme/L
en ° F (degré Français)

avec la relation 1° F = 1/5 milli-équivalent/L

Par définition, on appelle « eaux douces » les eaux qui contiennent peu de sels de Calcium ou de
Magnésium et « eaux dures » celles qui en contiennent beaucoup.

A titre d’exemple, une eau ayant un TH de 1° F sera dite « douce », et une eau ayant un TH de 30° F sera
dite « dure ».

Comme la précipitation des sels de Ca est « gérée » par la présence de bicarbonates, il va de pair que le
TAC d’une eau sera également caractéristique de sa dureté.

En résumé, on retiendra que les valeurs caractéristiques de la dureté d’une eau sont :

TH / THCa / THMg /TAC

B. Eaux agressives / Eaux incrustantes

Avant même d’entrer dans une interprétation théorique des phénomènes de dissolution/précipitation, on
peut logiquement déduire que les eaux faiblement chargées en sels vont avoir conservé un potentiel de
dissolution vis-à-vis des matériaux avec lesquels elles seront en contact (récipients, tuyaux…).

A l’inverse, les eaux riches en sels auront la possibilité de laisser déposer les moins solubles de ceux-ci,
elles auront tendance à produire des dépôts donnant lieu à la formation de cristaux à l’interface solide-
liquide.

Cependant pour une minéralisation donnée (TH / TAC fixes), il existe une valeur du pH qui correspond à la
précipitation du Carbonate de Calcium : on appelle cette valeur le pH d’équilibre ou le pH de « saturation»
d’où le nom de « pHs ».

On peut donc « classer » les eaux en fonction de la valeur de leur pH vis à vis de ce pHs :
• Si pH > pHs, les eaux auront tendance à déposer du CaCO 3, elles sont dites entartrantes.
• Si pH < pHs, elles auront tendance à dissoudre du CaCO3, elles sont dites agressives.

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Equilibre Calco-carbonique

En résumé : Pour une minéralisation donnée, c’est le signe de la différence pH – pHs qui va permettre de
définir si une eau est « agressive » ou « incrustante ».

Remarque : On verra ultérieurement que la valeur du pHs d'une eau augmente lorsque son TAC (donc sa
minéralisation) diminue. Pour un pH donné, une eau peu minéralisée aura un pH < pHs (elle sera
agressive), tandis qu'une eau plus minéralisée aura un pH > pHs (elle sera entartrante) ; ceci explique
une certaine "corrélation" entre eau douce et eau agressive, ou eau dure et eau incrustante, malgré des
significations différentes.

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Equilibre Calco-carbonique

C. Représentation Hallopeau-Dubin
Le diagramme Hallopeau-Dubin permet de calculer rapidement les évolutions des différents paramètres de
l'équilibre calco-carbonique modifié au cours du traitement, par les apports en réactifs.

1. LES BASES DU DIAGRAMME HALLOPEAU-DUBIN

Les axes du diagramme sont le logarithme de l’alcalinité : TAC en abscisses et le pH en ordonnées à


gauche.

Les hypothèses simplificatrices prises pour sa construction sont les suivantes :


- le calcium et le magnésium sont les deux seuls éléments caractéristiques : on considérera donc le
TH = Titre Hydrotimétrique = THCa + THMg, aucun autre élément n'est considéré,
- le TAC est uniquement lié aux bicarbonates (HCO 3- >> CO32- les carbonates sont négligés), ce qui
limite l'utilisation du diagramme à des pH compris entre 5,5 et 9,0 (voir chapitre I § 3.2 figure 8).
- les ions H+ et OH- sont négligés.

Pour des eaux ayant une même température et un même rapport TAC/TH Ca : alcalinité/chaux, on
détermine une même droite de saturation dans le plan Log(TAC) = f(pH).

Rappels : THCa = [Ca2+] mmol.L-1 exprimé en chaux Ca(OH)2

Les eaux dont le point représentatif est sur cette droite sont à l'équilibre.
Malgré les approximations, le diagramme fournit d'excellentes informations pour le traitement des eaux
potables lorsqu'elles sont peu minéralisées et lorsqu'elles s'écartent peu des caractéristiques précitées.

3.2. Dissociation de l'anhydride-carbonique (H2CO3)


Si l’on reprend l’équation 4 du système de l’équilibre calco-carbonique, qui définit le premier équilibre de
dissociation du CO2g ou CO2vap ou H2CO3 dans l’eau, on a :
[HCO -3 ].[H 3 O + ]
H 2 CO 3 + H 2 O  HCO 3- + H 3 O + K 1 '=
[H 2 CO 3 ]
(1) : Log[H 2 CO 3 ] = Log[HCO -3 ] - pH + Log(K 1 ')

Les concentrations en anhydride carbonique H2CO3 ou en CO2 sont exprimées en mole par litre dans
l'équation.

L'unité utilisée étant le mg.L-1 de CO2, on a [H2CO3] (mol.L-1) = ([CO2]/44.000) en mg.L-1.

La représentation Hallopeau Dubin exprime le TAC en mg.L-1 de CaO.

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Equilibre Calco-carbonique

On remarque qu'une mole de CaO correspond à deux moles de bicarbonate :

CaO + H 2 O + 2CO 2 → Ca(HCO -3 ) 2

[HCO3-] (mole.L-1) devient 2.[HCO3-]/56.000 en mg. L-1CaO

L'équation (1) devient alors :

Log([CO 2 ] / 44.000) = Log (2.[HCO -3 ] / 56.000) - pH - Log K 1 '

avec K1' = 10-6,54 entre 15°C et 20°C.

Log[CO 2 ] = Log [HCO -3 ] - pH + 6,54

CO2 libre exprimé en mol.L-1 de CO2

[HCO3-] = TAC exprimé en mg.L-1 de CaO

T entre 15°C et 20°C

Ainsi on peut définir le CO2 à partir des bicarbonates de l’eau et du pH, mais on peut également le
définir graphiquement avec le diagramme HALLOPEAU-DUBIN.

2. CALCUL DU PH DE SATURATION

Si l’on reprend les équations 5 et 6 du système de l’équilibre calco-carbonique :


d’une part : 5 :
HCO3- + H 2 O  CO32- + H 3 O +

[CO 2- +
3 ].[H 3 O ]
avec K 2 ' = et pH = Log[CO 2- -
3 ] - Log[HCO 3 ] - Log (K 2 ')
HCO -
3

d’autre part : 6 :
Ca 2+ + CO 2-3  CaCO 3

avec K s ' = [CO 2-3 ].[Ca 2+ ] et Log[CO 32- ] = Log[K s '] - Log[Ca 2+ ]

On a alors pH = Log K s ' -LogK2 ' -Log [HCO-3 ] - Log [Ca 2+ ]

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Equilibre Calco-carbonique

Les teneurs en bicarbonate et en calcium s'expriment en mg.L -1 de CaO et non en mol.L-1 :

[HCO3-] (mg CaO.L-1) => 2.[HCO3-]/56.000 (mol.L-1) [Ca2+] (mg CaO.L-1) => [Ca2+]/56.000 (mol.L-1)

ainsi
2.[HCO 3 - ] [Ca 2+ ]
pH = LogK s '- LogK 2 '- Log - Log
56.000 56.000

=> pH = LogK s ' -LogK2 ' +9,2- Log[HCO -3 ] - Log[Ca 2+ ]

en introduisant m = Log (TAC/THCa) = Log(Alcalinité/chaux) soit m = Log([HCO3-]/[Ca2+])

pH = LogK s ' -LogK2 ' +9,2- 2.Log [HCO -3 ] + m


[HCO3-] = TAC exprimé en mg.L-1 de CaO
Log Ks' - Log K2' + 9,2 + m :
expression dépendant de la température et de la minéralisation de l'eau

On peut donc définir le pH de saturation (ou d’équilibre calco-carbonique) à partir de la température et de


la minéralisation de l’eau. Mais on peut également le définir graphiquement avec le diagramme
HALLOPEAU-DUBIN.

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Equilibre Calco-carbonique

3. GRAPHIQUE HALLOPEAU-DUBIN

Il est composé de 2 éléments-papier :

- le calque portant le graphique carbonique, proprement dit :

- et le fond de calque portant les courbes « chaux », « calcaire » et de saturation (ou d’équilibre) :

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Equilibre Calco-carbonique

A. Les éléments du graphique

Le graphique carbonique comprend :


- un réseau de droites verticales de logarithme de l’alcalinité : TAC, portées sur l’axe des abscisses,
- un réseau de droites horizontales de pH, portées sur l’axe des ordonnées à gauche,
- un réseau de droites obliques de logarithme du gaz carbonique dissous, portées sur l’axe des
ordonnées à droite,

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Equilibre Calco-carbonique

- un diagramme annexe, en haut à gauche, portant le rapport alcalinité/chaux en fonction de la


température, permettant de tracer la droite de saturation, pour une eau donnée.

B. Les différentes zones du graphique

La droite de saturation divise le graphique en deux zones :


- la zone située au-dessous de la droite de saturation représente les eaux dont la teneur en gaz
carbonique est supérieure à celle de l'équilibre de saturation. Il s'agit d'eaux agressives : en
présence de carbonate de calcium, il y aura dissolution de celui-ci.
- une zone située au-dessus de la droite de saturation où les eaux ont une teneur en gaz
carbonique inférieure à celle de l'équilibre de saturation : les bicarbonates de calcium de ce type
d’eau sont en solution instable, prêts à précipiter sous forme de carbonate de calcium, en libérant
du CO2. Il s'agit d'eaux incrustantes (ou entartrantes) par dépôt de précipités de carbonates
de calcium.

Remarque : Ne pas confondre « agressivité » avec « corrosivité » ; ce second terme signifiant la


capacité d’une eau à dissoudre les métaux lourds constitutifs des conduites des réseaux (cuivre, plomb,
acier galvanisé, etc…), selon sa teneur en chlorures, sulfates et bicarbonates (cf Indice de Larson,
Chapitre 12).
Alors que toute eau agressive aura tendance à être corrosive, l’inverse n’est pas vrai : certaines eaux
peuvent être corrosives, tout en étant à l’équilibre.

C. Définitions relatives au gaz carbonique pour l'utilisation du graphique HALLOPEAU DUBIN

Gaz carbonique libre : CO2 dissous dans l’eau


Gaz carbonique agressif : CO2 qui est susceptible de réagir avec le carbonate de calcium
Gaz carbonique équilibrant : CO2 dissous à l'équilibre, à saturation

CO2 libre = CO2 agressif + CO2 équilibrant


(vis à vis de CaCO3)

L’objectif de la remise à l’équilibre est d’atteindre un CO 2 équilibrant.

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Equilibre Calco-carbonique

D. Evolution des points représentatifs de l'eau au cours de différents traitements

On démontre que les courbes de neutralisation à la chaux (Ca(OH) 2) et au calcaire (carbonate de calcium
CaCO3) d'une eau se déduisent par translation horizontale de ces 2 courbes portées sur le diagramme.
Ainsi, on peut définir différents traitements selon la situation du point représentatif de l’eau définissant,
soit une eau agressive, soit entartrante. L’objectif étant d’atteindre la droite de saturation où le CO 2 est à
l’équilibre.

Dans le cas d’une neutralisation au carbonate de calcium ou au carbonate de soude(Na2CO3)


courbe calcaire augmentation simultanée du pH et du TAC

Dans le cas d’une neutralisation à la chaux ou à la soude


courbe chaux augmentation simultanée du pH et du TAC

Dans le cas d’une injection de coagulants (sel de fer ou d'aluminium) ou d'acide


courbe chaux diminution simultanée du pH et du TAC

Dans le cas de l’aération d'une eau agressive


droite verticale augmentation du pH - TAC constant

Dans le cas de l’évolution d'une eau incrustante


a. précipitation du carbonate de calcium et production de CO 2 - droite chaux (P" tend vers d :
figure 3).
b. évolution sur la droite de saturation jusqu’à la limite de concentration en CO 2 en équilibre avec
l'atmosphère (d tend vers s)

Dans le cas d’un adoucissement de l’eau à la chaux


après neutralisation éventuelle de l'eau (l'adoucissement se produit quand on traite une eau déjà
saturée), il y a précipitation de calcaire et l'on remonte la droite de saturation au fur et à mesure de
la précipitation des bicarbonates ou carbonates.

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Equilibre Calco-carbonique

Fig 3 : Evolution du point représentatif P d’une eau sur le graphique HALLOPEAU DUBIN
selon différents traitement

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Equilibre Calco-carbonique

D. Représentation legrand-Poirier
1. LES BASES DE LA REPRESENTATION (RESOLUTION PAR LE CALCUL)
La représentation LEGRAND-POIRIER se fait dans le plan CO2 total = f(Ca2+),
Avec : CO2 total = [ H2CO3 ] + [ HCO3- ] + [ CO32- ].

L’expression du CO2 total n’est donc pas la même que celle utilisée par HALLOPEAU DUBIN.

Les unités utilisées sont les mmol.L-1.

Les deux équations de bases de l’équilibre calco-carbonique utilisées sont la dissociation totale du CO 2total
et l’électroneutralité de l’eau :

 CO 2 total = [H 2 CO 3 ] + [HCO 3 - ] + [CO 2-


3 ]
-
 2.[CO 32- ] + [HCO 3 ] + [OH - ] + A - = 2.[Ca 2+ ] + [H 3O + ] + C +

d’où l’on tire l’équation de l’électroneutralité modifiée :


2−
 CO 2 total = 2.([Ca 2+ ] −  ) + [H 2 CO 3 ] + [H 3O + ] − [CO 3 ] − [OH − ]

A- - C+
avec =
2

Avec la représentation de Legrand Poirier, on trace dans un plan défini par les axes CO2 total et Calcium
(Ca2+) la courbe qui représente l’ensemble des points à l’équilibre.

En posant
K s'
A= -1
K 2'  C a2+

2+ K s'
B = Ca -λ +
C a2+

'
C= K e

A partir des équations 1 et 3 et de l’expression des constantes chimiques


K1' , K 2' , K s' et K e' on obtient
l’équation suivante : A (H 3O+)2 - B (H3O+) + C = 0 qui permet de construire la courbe représentant en
fonction de la teneur en calcium le pH d’équilibre et le CO2 total.

Si on connaît le CO2 total et la concentration en calcium on dispose alors d’un ensemble de cinq équations
à cinq inconnues. (H3O+, OH-, HCO3-, CO3=,H2CO3)

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Equilibre Calco-carbonique

[HCO 3- ].[H 3O + ]
Equation 1 : K1 ' =
[H 2 CO 3 ]

[CO 32- ]. [H 3O + ]
Equation 2 : K 2 ' =
[HCO 3- ]

2- - - -
Equation 3 : 2.[CO 3 ] + [HCO 3 ] + [OH ] + A = 2.[Ca 2+ ] + [H 3O + ] + C +

+ -
Equation 4 : Ke' = [H 3 O ].[OH ]

Equation 5 : CO 2 total = [H 2 CO 3 ] + [HCO 3 - ] + [CO 2-


3 ]

Si on pose :

[ H 3O + ]2 [ H 3O + ]
L= + + 1 ( L ne dépend que du pH)
K1' K 2' K 2'
+ Ke
M = [ H 3O ] - + 2 (Ca2+-λ) ( M ne dépend que du pH et de concentration en calcium et autres ions)
[ H 3O + ]
[ H 3O + ]
N=[ + 2] ( N ne dépend que du pH)
K 2'

LM
Alors CO2total = (équation du troisième degré qui ne dépend que du pH) on peut alors calculer [H3O+],
N
M
[CO3=] = , puis [HCO3-] et [H2CO3].
N

2. RESOLUTION PAR LE GRAPHIQUE

On sépare le graphique en différentes régions en remarquant qu’à pH constant, l’équation  aboutit à des
droites. On peut alors simplifier cette équation, pour certaines valeurs de pH.

Courbe pH = (pK1'+ pK2')/2 (pH  8,3) :


+ -
H et OH sont négligeables à ce pH (cf. chapitre I, §3.2, figure 8).
[H 2 CO 3 ] = [CO 32- ]  CO 2 total = 2.[Ca 2+ ] - 2.

Les points représentatifs de ces eaux se situent sur une demi-droite de pente 2,
d'origine [Ca2+] = λ et [CO2 total] = 0.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 20/49


Equilibre Calco-carbonique

Courbe pH  5 :
-
OH-, HCO3 et CO32- sont négligeables
[ H ] << [H 2 CO 3 ]  Ca
+

2+

=  et CO 2 total = H 2 CO 3

Les points représentatifs de ces eaux ne dépendent pas du pH et se situent sur une verticale passant par
l'abscisse
2+
[Ca ] = χ.
Si n < 0, cette droite ne fait plus partie du graphique.

Courbe pH  10
H+, H2CO3 sont négligeables

[OH - ] << [ CO 32- ]  CO 2 total = [Ca 2+ ] -  +


HCO  et [CO
-
3
] = [HCO 3- ] + [CO 32- ]
2 total
2

Les points représentatifs de ces eaux se situent sur une droite de pente 1.

Le point S (figure 4) - [ Ca2+ ] = λ :

On démontre que toutes les droites pH = constantes passent par ce point S ou à une distance négligeable.
Pour certaines eaux, n peut être négatif. C'est le cas lorsque les chlorures et les sulfates de calcium sont
majoritaires par rapport aux bicarbonates de calcium par exemple.

Les 4 régions du graphique

CO2 total éléments fondamentaux


non négligeables
Région I : pH < 5 [H2CO3] H+ , H2CO3
Région II : 5 < pH < 8,3 [H2CO3] + [ HCO3- ] H2CO3 , HCO3-
-
Région III : 8,3 < pH < 10 [HCO3-] + [ CO32-] HCO3 , CO32-
Région IV pH > 10 CO32- CO32-, OH-

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 21/49


Equilibre Calco-carbonique

Fig 4 : Les différentes régions du graphique LEGRAND-POIRIER

[CO2,total] = [H2CO3]+ [HCO3-] + [HCO32-]

pH < 5 pH < 8,3

I II III
pH < 8,3
M

[H2CO3]

[HCO3-]
[Ca2+]
0 S

[Ca2+]
e

3. COURBE D'EQUILIBRE CALCO-CARBONIQUE


En partant de l'équation d'électroneutralité modifiée (cf. équation  § 4.1 ), on obtient la relation :
2−
CO 2 total = 2.([Ca ] −  ) + [H 2 CO 3 ] + [H ] − [CO 3 ] − [OH − ]
2+ +

En remarquant qu’au pH habituel, H+ , OH- et CO32- sont négligeables,

et en tenant compte des relations suivantes :


[H 3 O + ].[HCO -3 ] + K 2 '.[HCO -3 ] 1 [Ca 2+ ]
[H 2 CO 3 ] = et [H 3 O ] = et =
K1 ' [CO 2-
3 ] [CO 2-
3 ] Ks '

K2 '
on obtient : [H 2 CO 3 ]equilibrant = .[Ca 2+ ].[HCO -3 ]2
K1 '.K s '

puis : ( )
CO 2 total = 2. [Ca 2+ ] -  +
K2 '
K 1 '.K s '
(
.[Ca 2+ ] . [Ca 2+ ] -  )
2

Ainsi, à partir d'une analyse complète d'une eau, il est possible de déterminer les points de la courbe
correspondant à l'équilibre calco-carbonique.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 22/49


Equilibre Calco-carbonique

Une eau dont le point caractéristique est situé à gauche de la courbe est agressive. Elle est entartrante sur
la droite.

Région comprise entre pH 5 et 8,3 :


2+
La courbe s'écarte de plus en plus de la droite de pente 2 au fur et à mesure que Ca augmente ; région
où pH > 10 :
Ks '
La relation peut se simplifier : [CO 2 total ] = [CO 2-
3 ]=
[Ca 2+ ]

pH équilibrant
Il se calcule alors de la manières suivante :
K 2 '.[HCO3- ] K2 '
[H 3O + ] = = .[Ca 2+ ].([Ca 2+ ] -  )
CO 2-
3 Ks '

Point N :
Il correspond au point de la courbe d'équilibre où la concentration en calcium est minimale.

4. UTILISATION DU GRAPHIQUE POUR QUELQUES TRAITEMENTS D'EAU

Soit M le point caractéristique de l'eau avant traitement (cf. Figure 5) :

Aération de l'eau  eau agressive


la teneur en calcium reste constante :
on se déplace sur une verticale de Ma en A car le CO 2 total diminue

Neutralisation à la chaux  eau agressive


Ca(OH) 2 + 2 CO 2  Ca(HCO 3 ) 2
La concentration en calcium augmente alors que le CO 2 total reste inchangé : on se déplace sur
l’horizontale jusqu'à la courbe de saturation.

Neutralisation au carbonate de calcium  eau agressive


CaCO 3 + CO 2 + H 2 O  Ca(HCO 3 ) 2
La concentration en CO2 total augmente d'une mole (disparition d'une mole de CO 2 et production de
2 moles de HCO3-) alors que le calcium augmente également d'une mole : on se déplace sur une
droite de pente 1.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 23/49


Equilibre Calco-carbonique

Eau incrustante eau entartrante


La concentration en calcium diminue du même nombre de moles que celle en CO 2 total : on se
déplace sur une horizontale de pente 1.

Adoucissement à la chaux

L'eau est rendue calcifiante, puis il y précipitation du carbonate de calcium : on se déplace dans un
premier temps sur une horizontale de la quantité de calcium ajoutée, puis sur la pente de droite 1.

Fig 5 : Diagramme Legrand Poirier - Droite d’équilibre


et évolution du point représentatif pour différents traitements

pH < 8,3

te 2
3
Pen
8,3 < pH < 10

1e
pH=7,67
nt
Pe
pH > 10

2
1
1. CaCO3
M pH=8,09
2
2. Chaux
3 [H2CO3]= 0,77 mmole/l
3. Aération
1

pH=8,63

[HCO3-]= 0,80 mmole/l

0
0 S 1 2 3

Après avoir présenté les représentations graphiques permettant de définir la remise à l’équilibre calco-
carbonique, voyons les 3 principaux traitements de l’eau permettant d’y parvenir, selon la qualité initiale
de l’eau.

Ainsi, soit il s’agira :


dans le cas des eaux agressives, par excès de CO2 dissous ou manque de minéraux :
. de neutraliser le CO2 agressif , par AERATION ou NEUTRALISATION à la chaux, au calcaire ou à la
soude,
. ou de REMINERALISER l’eau par rajout de minéraux (chaux, calcaire…),

dans le cas des eaux incrustantes, par excès de minéraux :


. d’ADOUCIR l’eau afin d’en éliminer de la dureté, par décarbonatation à la chaux, à la soude ou par
ECHANGE d’ions sur résines.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 24/49


Equilibre Calco-carbonique

E. Neutralisation - Elimination du CO2 agressif


Ce premier traitement s’intéresse aux eaux agressives dont il faut neutraliser le CO 2 libre agressif en
excès, en remontant jusqu'au pHs de saturation, ou pH d’équilibre.

1. AERATION

Ce procédé est détaillé dans le chapitre 7 Aération - dégazage.

Il s’agit d’aérer l’eau afin d’en dégazer du CO2 agressif :


. soit par pulvérisation de l’eau dans l’air, au travers de rampes de pulvérisation équipées de busettes
ou tuyères,
. soit par écoulement de l’eau en cascades ou par ruissellement sur des plateaux,
. soit par injection d’air dans l’eau : par diffusion d’air dans de l’eau circulant dans une canalisation
sous pression, ou par injection de fines ou moyennes bulles d’air, dans un réacteur ouvert, ou tour
d’oxydation.

Une tour d'aération par pulvérisation doit respecter les critères suivants pour obtenir un rendement
d'élimination maximal de l'ordre de 80 %, du CO2 libre :
- débit unitaire par tuyère : 1,0 m3.h-1
- charge minimale sur chaque tuyère : 0,5 bar
- hauteur des rampes : 1,2 m

Le rendement d'élimination en CO 2 dépend bien entendu de la concentration initiale en CO 2 agressif, mais


aussi de la technique utilisée :
- Aérateurs par pulvérisation 80 %
- Aérateurs à ruissellement 30 à 60 %
- Aérateurs à cascade 25 à 50 %
- Aérateur par diffusion d’air ou tour d’oxydation 60 à 65 %

Contrairement aux autres procédés, il n'est pas possible, par aération, de descendre en dessous d'une
concentration résiduelle de 10 mg.L-1 de CO2 libre.

2. NEUTRALISATION A LA CHAUX
A. Principe

2 CO 2 + Ca(OH) 2 → Ca(HCO 3 ) 2

Il faut 1°F de chaux par °F de CO2 à neutraliser ; le TAC et le TH augmentent donc de 1°F.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 25/49


Equilibre Calco-carbonique

La chaux introduite réagit avec le CO2 libre pour tout d’abord précipiter en partie en carbonate de
calcium ; c’est la décarbonatation puis des bicarbonates de calcium sont formés. Des réactions de
précipitations parallèles peuvent avoir lieu avec la dureté calcique (TH Ca) et magnésienne(THMg) ou le sel
de fer (coagulant), ce qui explique une surconsommation en chaux par rapport à la simple teneur en CO2.
D’où des différences entre la relation stoechiométrique et la réalité.

De plus, la chaux contient un certain nombre d'impuretés, dont il faut tenir compte pour calculer sa dose
active.

La chaux n'est jamais introduite dans l'eau sous forme vive pulvérulente.

Elle est préparée sous forme d'eau de chaux saturée ; préparation qui se fait en deux étapes :
- préparation d'un lait de chaux, liquide laiteux, la chaux étant en sursaturation (solution à 50 g.L-1
en Ca(OH)2),
- préparation à partir du lait de chaux d'une solution saturée en chaux appelée eau de chaux EDC.
La réaction se fait dans un ouvrage spécifique du même type qu'un décanteur appelé saturateur qui
peut être discontinu ou continu.

La chaux peut être utilisée sous forme de lait de chaux LDC quand on se trouve en tête de station,
c'est à dire à l'amont des unités de décantation/filtration.

Si l’eau a besoin d’être neutralisée à la chaux en fin de traitement, également (par effet des réactifs…),
on utilisera l’eau de chaux sans risque de précipitation de particules de chaux dans l’eau, ni de
décarbonatation (précipités de CaCO3) en fin de filière.

La solubilité de la chaux est fonction de la température de l’eau.

fig 6 : Solubilité de la chaux en fonction de la température


Température (°C) 0 10 20 30
-1
Chaux Ca(OH)2 g.L 1,85 1,76 1,65 1,53
TA (°F) 250 238 223 207

B. Stockage et mise en œuvre de la chaux pulvérulente

Selon la taille des installations, la chaux pulvérulente est stockée sur les usines d'eau potable en sacs de
3
25 kg ou en silo de 50 m minimum, correspondant à une charge utile maximale des camions de 25
tonnes.

Les silos comportent obligatoirement dans leur partie inférieure un système de dévoûtage :
- vibreur : homogénéise le produit mais risque de provoquer le tassement,
- fluidisation : injection d'air parfaitement sec par intermittence à la base du silo,
- mécanique : rotation de lames souples à la base du silo ; les contraintes mécaniques sont très
importantes.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 26/49


Equilibre Calco-carbonique

C. Préparation du lait de chaux

Le lait de chaux peut être préparé :


- par bâchée : des sacs de chaux sont vidés manuellement dans une cuve remplie d'eau et équipée
d'un agitateur,
- en continu, à partir d'un silo.

La première solution n'est utilisable que pour de petites unités car l'utilisation de la chaux est difficile :
c'est un produit pulvérulent hygroscopique s'insinuant partout, la vidange des sacs pose donc de
nombreux problèmes.

Fig 7 : Stockage de la chaux et préparation du lait de chaux en continu

sondes
filtre

SILO DE
CHAUX

Dépotage
Lait de chaux

Vibreur
Surpresseur de
Manchette de
fluidisation
fluidisation

Doseur alvéolaire

Agitateur
Bac
journalier
Doseur à vis

Bac de
mélanger

Eau de Pompe lait de chaux

service Filière boue

La préparation en continu se fait souvent en deux temps. Un premier doseur alvéolaire à sec situé à la
base du silo permet de remplir une trémie journalière (bac journalier). Un second doseur à vis, précis,
alimente le bac de préparation en continu. Ce dernier est agité pour assurer le mélange et alimenté en
continu par de l'eau de service. Le lait de chaux nécessaire est délivré par une pompe, son excès
s'évacuant par le trop plein.

En sursaturation, le lait de chaux est un produit particulièrement déposant et entartrant, ce qui conduit à
des risques importants de colmatage de toutes les canalisations de transfert. Un système de nettoyage
automatique des canalisations par de l'eau de service est nécessaire. Il se déclenche lors de chaque arrêt
de l'unité de préparation du lait de chaux.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 27/49


Equilibre Calco-carbonique

D. Préparation de l’eau de chaux : Saturateur discontinu

La solution d'eau de chaux saturée est obtenue par le passage d'une eau de service à travers un lit de
chaux pendant un temps de contact suffisant pour permettre sa saturation.

Le saturateur est un ouvrage conique, la pente des parois étant au minimum de 60° par rapport à la
verticale, surmontée d'une partie droite d'au moins 1 mètre. Il est alimenté en lait de chaux dans sa partie
inférieure gravitairement dans la mesure du possible. Le lait de chaux est préparé en discontinu.

L'eau à saturer arrive en partie basse à un débit suffisant pour fluidiser la chaux dans la partie conique. La
-1
vitesse au niveau de l'alimentation est d'environ 100 m.h . Le temps nécessaire à la réaction est d'au
moins 10 minutes.

La vitesse de l'eau ne doit pas dépasser 1 m.h-1 pour permettre aux particules de chaux non dissoutes de
décanter. L'eau de chaux est évacuée par surverse.
Un dispositif installée sortie, sur le côté du saturateur (filtre) sert à clarifier l'eau de chaux.

La vanne de vidange d'un diamètre important permet d'évacuer régulièrement les boues produites.
Ces dernières proviennent :
- de la présence des incuits (une chaux pure en contient 5%)
- de l'adoucissement d'eau de service : la chaux réagissant sur les carbonates par décarbonatation
précipite (5 à 10% de perte).

La présence d'un "trou de main" à la base du saturateur est impérative pour permettre une intervention
en cas de décarbonatation importante à la base du saturateur.

Cycle de fonctionnement d'un saturateur discontinu :


1. Vidange des boues par ouverture de la vanne de fond,
2. Vidange du volume nécessaire à l'apport de lait de chaux et de rinçage du circuit de lait de chaux,
3. Remplissage en lait de chaux,
4. Alimentation en eau de service.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 28/49


Equilibre Calco-carbonique

Fig 8 : Schéma d'un saturateur discontinu

Arrivée eau de dilution

Trop plein
Trop plein

Vidange partielle
(vers bac lait de chaux)
Arrivée du lait de chaux

Trou de main

Vidange totale

Limite d'un saturateur discontinu

Ce type d'ouvrage est adapté à de petites unités de traitement. Les différentes séquences de
fonctionnement ne sont pas automatisables et demandent donc l'intervention de l'exploitant.
Le contrôle de la concentration en chaux de l'eau de chaux saturée se fait par la mesure du titre
alcalimétrique (TA).

La chaux en solution se dissout selon la réaction :

Ca (OH ) 2  Ca 2 + + 2OH −

-
La mesure du TA, plus simple et rapide que celle du TH, permet d’estimer la concentration en ions OH ,
ces derniers provenant majoritairement de la chaux.

La figure 9 présente l’évolution des teneurs en TA, donc en chaux, mesurées à différentes profondeurs du
saturateur et à différents moments du cycle : les premières eaux résultent de la recharge précédente et
ne sont pas saturées, en fin de cycle, la teneur en TA décroît à nouveau. La saturation n'est obtenue
qu'après une heure de fonctionnement.

Cette figure met ainsi en évidence une stratification dans le saturateur.


Les variations de qualité de l'eau de chaux saturée demande un ajustement continuel du traitement en
réglant le débit d'eau de chaux, à partir de la mesure de pH sur l'eau après le point d'injection.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 29/49


Equilibre Calco-carbonique

Fig 9 : Evolution de la teneur en TA dans un saturateur discontinu

300

250

200
0,5 m
TA (°F)

150 0,0 m

1,0 m
100
2,5 m
1,5 m
50
2,0 m

0
0 1 2 3 4 5 6
Moment du cycle

E. Préparation de l’eau de chaux : Saturateur continu

Le principe est identique, mais avec un fonctionnement en continu.

Le lait de chaux est préparé en continu ou discontinu, mais est distribué obligatoirement en continu.
Il est injecté dans le système de recirculation des boues ou dans la tuyauterie d'arrivée d'eau de dilution.
Le recyclage est effectué par la turbine M placée en partie haute de la tuyère.
Le débit dans le saturateur doit permettre le mélange intime et l'entraînement des boues, du lait de chaux
et de l'eau. L'appareil fonctionne avec un lit de boues dont le niveau est théoriquement réglé par le niveau
des concentrateurs.

Dans la pratique une purge de boue à la base de l'ouvrage à chaque redémarrage est souhaitable.

Le saturateur est constitué d'une base conique (pente 45°) et d'une partie droite d'au moins 1 mètre de
-1
hauteur. La vitesse ascensionnelle de l'eau est limitée à 2 m.h .

La concentration de l'eau de chaux est stable, mais sa solubilité dépend de la température (figure 6).

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 30/49


Equilibre Calco-carbonique

Fig 10 : Schéma d'un saturateur en continu

Arrivée du lait de chaux

Trop plein

Arrivée eau de dilution

Trou de main

Vidange totale

Vers égout

F. Exemple de réglage
Neutralisation de 50 mg.L-1 de CO2 agressif pour un débit de station de 100 m3.h-1.

- consommation de chaux 42 g.m-3 soit 4.200 g.h-1


- concentration du lait de chaux 50 g.L-1
- débit pompe de lait de chaux alimentant le saturateur 84 L.h-1
- concentration de l'eau de chaux saturée (à 20°C) 1,65 g.L-1
- débit eau de service du saturateur 2,54 m3.h-1

Dans la réalité, on prendra un débit de 90 à 95 L.h-1 d'eau de service pour tenir compte des impuretés de
la chaux et de la consommation éventuelle due à la décarbonatation de la chaux par l’eau de service (≈
10%).

3. NEUTRALISATION PAR LE CALCAIRE


CO 2 + H 2 O + CaCO 3 → Ca(HCO 3 ) 2

Il faut 1°F de carbonate de calcium (calcaire) pour neutraliser 1°F de CO 2, ce qui entraîne une
augmentation du TAC de 1°F et du TH de 1°F.

Le CO2 agressif réagit par filtration sur un matériau calcaire.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 31/49


Equilibre Calco-carbonique

A. Caractéristiques du matériau calcaire


Le matériau calcaire peut être de la neutralite ou du carbonate de calcium terrestre.

La neutralite est un matériau fabriqué à partir d'algues calcaires : Lithotamne ou Maërl = sédiment marin
composé d’algues calcaires issues des côtes bretonnes, notamment utilisé pour l’amendement des sols
calcaires.
Elle est composée surtout de CaCO3 (82 %), mais aussi de MgCO3 (11 %) et de MgO (0,5%).
A noter, cette ressource naturelle tend à s’épuiser et risque dans quelques années de ne plus être
disponible pour les traiteurs d’eau qui recherchent donc d’autres ressources en calcaire d’origine terrestre.

Le matériau calcaire se présente sous la forme de grains calibrés.

Pour l'utilisation du diagramme HALLOPEAU DUBIN, on utilise la courbe calcaire.


La réaction s'arrête d'elle-même, lorsque le CO2 est neutralisé..

Le calcaire consommé doit être remplacé régulièrement par recharge partielle du filtre.

B. Mise en œuvre
Le matériau calcaire est utilisé en couche filtrante de 1 à 2 mètres d'épaisseur.

Au cours de la filtration, une partie du matériau est consommée et disparaît.


Il faut alors recharger le filtre, lorsque la hauteur de matériau devient insuffisante.

La matériau calcaire peut s'utiliser en filtre ouvert ou en filtre fermé, selon le débit de la station.

Il faut prévoir de laver ce filtre par un lavage classique « air + eau ».


Une eau chargée en MES peut nécessiter un lavage hebdomadaire.
Après chaque recharge en matériau, il faut laver le filtre, pour éliminer les fines de matériau.

Fig 11 : rendement de neutralisation Fig 12 : rendement de neutralisation


en fonction de la teneur en CO2 en fonction de l’état du matériau

100% 120%
90%
80% 100%
70% 80%
Rendement
Rendement

60%
50% 31 mg/l 60%
40% 39 mg/l
40% activé non lavé
30% 53 mg/l
20% activé et lavé
31 mg/l 20%
10% neuve
0% 0%
0 mn 5 mn 10 mn 15 mn 20 mn 25 mn 0 mn 10 mn 20 mn 30 mn 40 mn
Temps de contact Temps de contact

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 32/49


Equilibre Calco-carbonique

C. Dimensionnement

Le dimensionnement des filtres se fait par rapport au temps de contact qui dépend du matériau choisi :
• Pour un calcaire marin, il doit être au minium de 10 minutes où le rendement d’élimination est
proche du maximum (figure 12) et si possible de 15 minutes. En général, on retient un TC = 15mn.
• Pour un calcaire de synthèse (carbonate mixte de calcium et magnésium NF EN1017), le produit est
très réactif et des temps de contact de 5 à 15 minutes sont suffisants.
• Pour les calcaires terrestres (carbonates de calcium NF EN1018), les temps de contact peuvent être
plus importants : 20 à 45 minutes.

Plusieurs formules empiriques de dimensionnement du temps de contact, à utiliser avec précaution car
elles ont tendance à augmenter significativement le TC, sont proposées dans la littérature :

0,92 . [CO 2 ]
t (mn) = avec [CO2] en mg.L-1
Log[CO 2 ]

70
t (mn) = 0,7.[CO 2 ] - + 4.(pH - 1)
[CO 2 ]

Le rendement de réaction est lié à la température de l’eau et à l'état du matériau : neuf/ancien -


avant/après lavage.

La cinétique de réaction dépend de la concentration initiale en CO2 agressif à neutraliser.

Dans la réalité, on rajoute toujours un peu de soude (+ 0,5 °F de NaOH) après ce type de neutralisation
au calcaire.

4. NEUTRALISATION A LA SOUDE
CO 2 + NaOH → Na(HCO 3 )

Le TH de l'eau reste constant.

La neutralisation à la soude de l'anhydride carbonique conduit à la production de Na(HCO 3), produit


soluble aux teneurs rencontrées dans le domaine de l'eau potable. C'est une solution bien adaptée aux
petites installations, l'utilisation d'un produit liquide étant plus facile, mais une solution qui a l’inconvénient
d’enrichir l’eau en sodium.

La soude liquide ou lessive de soude (30 à 50 %) est injectée en ligne avec une pompe doseuse.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 33/49


Equilibre Calco-carbonique

5. CHOIX DE LA FILIERE DE NEUTRALISATION


L’aération par pulvérisation est surtout utilisée pour des eaux souterraines dont la teneur excessive en CO 2
agressif constitue bien souvent le seul élément à corriger indépendamment de tout autre paramètre
indésirable. Elle permet de plus la réoxygénation de l’eau et le « stripping » d’éléments volatiles
indésirables éventuellement présents, comme l’H2S.

Les filtres à calcaire, en raison des risques de colmatage, sont plutôt recommandés pour des eaux
souterraines peu chargées en matières organiques et en matières en suspension.

Le choix du réactif chimique, dans le cadre d'une neutralisation par réactif, doit tenir compte des critères
suivants :

- choix d'un TH final pour un objectif donné en TAC : la soude et le carbonate de sodium (autre
réactif possible) ne modifient pas le TH. A neutralisation équivalente, la chaux augmente moins la
dureté que le calcaire.

- la chaux est réservée aux grandes unités en raison des équipements nécessaires,

- par rapport aux coûts des réactifs ; la soude et le carbonate de sodium sont les réactifs les plus
chers, mais ne nécessitant pas d'équipement important.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 34/49


Equilibre Calco-carbonique

F. Reminéralisation de l'eau
Lorsque les eaux sont très faiblement minéralisées et pauvres en TAC, il peut être nécessaire de
procéder à une reminéralisation. Au préalable, on la reminéralisera en rajoutant du CO 2 et de la chaux ou du
calcaire pour former des bicarbonates ce calcium

1. CO2 + CHAUX
2 CO 2 + Ca(OH) 2 → Ca(HCO 3 ) 2

Pour ajouter 1°F de TAC et 1°F de TH, il faut 1°F de chaux (à 7,4 mg.L-1 de Ca(OH)2) car 1 mole
-1
nécessaire (MM Ca(OH)2 = 74g.mol-1) et 1° F de CO2 (8,8mg.L de CO2) car 2 moles nécessaires (MM CO2
= 44g.mol-1).

Le gaz carbonique est injecté en premier :


- soit sous forme gazeuse dans une tour de contact co-courant de 4 mètres de hauteur d'eau équipée
de 4 mètres de hauteur utile.
- soit sous forme d'eau de seltz : eau enrichie en CO2, dans la mesure où les quantités apportées
sont peu importantes.

La chaux est introduite en second étage, sous forme d’eau de chaux (si pas d’ouvrage pour collecter les
précipités liés au lait de chaux, en fin de filière) ou de lait de chaux (s’il existe un ouvrage pour collecter
ses précipités, en tête de filière) dans des conditions de turbulence importantes, pour favoriser le
mélange.

2. CO2 + CALCAIRE
CO 2 + CaCO 3 + H 2 O → Ca(HCO 3 ) 2

Pour ajouter 1°F de TH et 1°F de TAC, il faut 1°F de CaCO 3 et 1°F de CO2.
Mais dans cette réaction, 1°F de CO2 vaut 4,4 mg.L-1 et non 8,8 mg.L-1, car seule 1 mole de CO2 est
nécessaire.

L'eau à traiter est enrichie dans un premier temps en gaz carbonique comme précédemment, puis percole
sur un filtre à neutralite.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 35/49


Equilibre Calco-carbonique

3. CHLORURE DE CALCIUM ET CARBONATE DE SODIUM : CACL2 +


NAHCO3

CaCl 2 + H 2 O → Ca 2+ + 2Cl -
NaHCO 3 + H 2 O → Na + + HCO -3

Cette solution est réservée à des eaux pauvres en sodium et en chlorures. Elle est peu recommandée en
raison des apports en ces éléments et par le coût élevé des réactifs.

4. POSITION DE LA REMINERALISATION DANS UNE CHAINE DE


TRAITEMENT

Fin de traitement

Elle permet un ajustement optimal des caractéristiques de l'eau en sortie d'usine, tout en utilisant un
minimum de CO2 : l'injection d'eau de chaux qui suit la dissolution du CO2 limite les pertes de ce gaz.

Tête de traitement

Elle permet de stabiliser le pH au cours de la phase de coagulation/floculation/décantation et d'éviter ainsi


les fuites en aluminium. La chaux est utilisée sous forme de lait de chaux.
Son principal inconvénient est le risque de perte en CO 2 le long de la filière de traitement.
Lorsque la chaux est mise en tête, les fines sont piégées lors des étapes de décantation et filtration.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 36/49


Equilibre Calco-carbonique

G. Adoucissement
1. PRINCIPE DE L'ADOUCISSEMENT PAR DECARBONATATION
A. Dureté de l'eau - définitions

Le titre hydrotimétrique TH prend en compte les concentrations en calcium et en magnésium :


TH = THCa + THMg.

La dureté, exprimée par le TH, permet de différencier plusieurs types d'eaux :

eau douce eau moyenne eau dure eau très dure


TH < 10 °F 10°F < TH < 20°F 20°F < TH < 30°F TH > 30°F

On différencie la dureté temporaire liée aux bicarbonates de calcium et de magnésium de la dureté


permanente prenant en compte les chlorures et sulfates de calcium et de magnésium.
La dureté permanente est égale à la différence TH-TAC.

Le carbonate de calcium est pratiquement insoluble aux pH rencontrés dans le domaine de l'eau potable.
La limite de sa solubilité est de 2°F environ.
Le carbonate de magnésium est soluble, alors que l'hydroxyde correspondant ne l'est pas.

Une eau trop « dure » pose des problèmes d'utilisation :


- risque d'entartrage important,
- problèmes de cuisson,
- problèmes de lavage

B. Les filières de traitement des eaux entartrantes

Dans le cas de l'adoucissement par décarbonatation, on transforme les bicarbonates de calcium en


carbonates insolubles et les bicarbonates de magnésium en hydroxydes insolubles. Cependant les taux de
traitement en réactif alcalin étant beaucoup plus élevés pour traiter le magnésium que pour traiter le
calcium, dans la majorité des cas on ne traite que le calcium. On parle alors d’adoucissement partiel

Seul le traitement du calcium est abordé ci-dessous

Une filière de traitement comprend :


- un décanteur dans lequel se produisent les réactions de précipitation du calcium et du magnésium,
- une filtration pour éliminer les fines particules de carbonates.

L'eau décantée étant précipitante, une légère acidification (1 à 2°F) avant la filtration est souhaitable.

Les deux réactifs utilisés sont la chaux et la soude. Le chlorure ferrique est un coagulant approprié qui
favorise les réactions et la décantation des boues.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 37/49


Equilibre Calco-carbonique

2. ADOUCISSEMENT PAR DECARBONATATION A LA CHAUX

Réaction avec le calcium

Ca(HCO 3 ) 2 + Ca(OH) 2 → 2 CaCO 3 + 2 H 2 O

Il faut 1°F de chaux soit 7.4 mg/L par °F de TH calcique.


La production de boues est de 2°F de TH calcique par °F de chaux introduite ou 2.7 g de CaCO 3 par g de
chaux introduite.

Réaction avec le CO2 libre

2 CO 2 + Ca(OH)2 → Ca(HCO3 ) 2 (1)


Ca(HCO3 ) 2 + Ca(OH)2 → 2CaCO3 + 2H 2 0 (2)

CO 2 + Ca(OH ) 2 → CaCO3 (1) + (2)

Il faut 1°F de chaux soit 7.4 mg/L pour neutraliser 1°F de CO2 soit 4.4 mg.L-1
La production de boues est de 1°F de TH calcique par °F de chaux introduite ou 1.35 g de carbonate de
calcium par g de chaux introduite.

Bilan :
La quantité de chaux (Q) à ajouter pour un adoucissement partiel (diminution du TH calcique uniquement)
est en g.m-3 de :

 [CO 2 ] 
Q = 7,4.  + TH Ca 
 4,4 

THCa : Dureté calcique de l’eau brute à éliminer exprimée en °F


[CO2] : concentration en CO2 de l’eau en amont de l’étape de décarbonatation exprimée en g.m-3

La diminution du TH est égale à celle du TAC.

Dans le cas d'un adoucissement partiel, c'est essentiellement le calcium qui réagit.

La production de boues calculée doit aussi tenir compte de l'impureté de la chaux utilisée (environ 5%).

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 38/49


Equilibre Calco-carbonique

3. ADOUCISSEMENT PAR DECARBONATATION A LA SOUDE

Réaction avec le calcium

la soude réagit sur les sels de calcium liés aux bicarbonates :

a) Ca(HCO 3 ) 2 + 2 NaOH → CaCO 3 + Na 2 CO 3 + 2 H 2 O

Et le carbonate de sodium résultant de la réaction précédente, réagit sur les sels de calcium qui
correspondent à la "dureté permanente" :

b) CaCl2 + Na2CO3 → CaCO3 + 2 NaCl

avec au total la réaction :

a + b = c) CaCl2 + Ca(HCO3)2 + 2 NaOH → 2 CaCO3 + 2 NaCl + 2H2O

mg/L 111 + 162 + 80 200 + 117 + 36

10°F Ca 10°F Ca + 10°TAC 10°F NaOH 20°F Ca 10°F Na

Il faut 1°F de soude soit 8 mg/L pour éliminer 2°F de TH calcique.

La production de boues est de 2 °F de TH calcique par 1°F de soude introduite ou 2.5 g de carbonate de
calcium par g de soude introduite

La diminution du THCa est égale à 2 fois la diminution du TAC du fait de la formation des
carbonates de sodium qui réagissent eux même avec le calcium lié aux sels d’acides forts (chlorure et
sulfate) correspondants à la dureté permanente

Réaction avec le CO2 libre

CO 2 + 2 NaOH + H 2 O → Na 2 CO 3 + 2 H 2 O

Il faut 1°F de soude soit 8 mg/L pour neutraliser 1°F de CO2 soit 4,4 mg.L-1

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 39/49


Equilibre Calco-carbonique

Bilan :
La quantité de soude (Q) à ajouter pour un adoucissement partiel (élimination de la dureté calcique) est
en g.m-3 de :
 [CO 2 ] 
Q = 8.  + 0.5 THCa 
 4,4 

THCa : Dureté calcique de l’eau brute à éliminer exprimée en °F

[CO2] : concentration en CO2 de l’eau en amont de l’étape de décarbonatation exprimée en g.m -3

4. ADOUCISSEMENT SUR RESINE

Elle met en œuvre un adoucisseur qui est une résine échangeuse de cations (cf chapitre VII) que l'on
régénère avec une solution de chlorure de sodium.

Tous les sels de l'eau traitée sont transformés en sels de sodium.

Le titre hydrotimétrique TH de l'eau traitée est pratiquement nul, son pH et son alcalinité TAC restent
inchangés.

Fig 13 : Schéma d'un adoucisseur Fig 14 . Principe de l'adoucissement

Eau traitée
Concentration
Régénération

Epuisement

Régénérant

Eau lavage, rinçage


Bypass

Point de fuite

Eluats Eau brute


Volume épuisé

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 40/49


Equilibre Calco-carbonique

5. COMPARAISON DES TECHNIQUES D'ADOUCISSEMENT

Décarbonatation à la chaux Adoucissement sur résine


Diminution du TAC TAC inchangé
L’utilisation de la chaux évite l’apport de sodium Apport de sodium dans l’eau traitée
Nécessite une installation de traitement complet Installation simple (filtre fermé)
(décanteur, filtre; traitement des boues) mais rejet des éluats (riche en chlorures)
Traitement parallèles d’autres éléments : Ne traite que le Ca et Mg
NH4, Fe, Mn, H2S, colloïdes,..

La réglementation de 1989 (décret 89/3) impose comme Exigences de Qualité, sur les filières comprenant
un adoucisseur ou un adoucissement, un titre hydrotimétrique TH minimal de l'eau traitée de 15°F et un
titre alcalimétrique TAC minimal de 2,5°F.

Par contre, en 2001, le décret 2001/1220, est beaucoup moins exigeant et précis.
Il ne requiert en Référence de Qualité que « les eaux ne doivent pas être agressives ».

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 41/49


Equilibre Calco-carbonique

H. Annexes

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 2 Folio : 42/49


EQUILIBRE CALCO-CARBONIQUE
EQUATIONS DE BASE

Neutralisation à la chaux : 2 CO 2 + Ca(OH) 2 → Ca(HCO 3 )2


Il faut 1°F de chaux par 1°F de CO2 ; le TH et le TAC augmentent de 1°F.

Neutralisation sur filtres à neutralite : CO 2 + H 2 O + CaCO 3 → Ca(HCO 3 )2

Il faut 1°F de carbonate de calcium par 1°F de CO2, Le TH et le TAC augmentent de 1°F.

Neutralisation à la soude : H2O + CO 2 + NaOH → Na 2 CO 3 + 2H 2 O

Pour 1°F de CO2, il faut 1°F de soude, le TAC augmente de 1°F et le TH reste constant.

Reminéralisation CO2 + chaux : 2 CO 2 + Ca(OH) 2 → Ca(HCO 3 )2


Pour ajouter 1°F de TAC et 1°F de TH,
il faut 1°F de chaux (7,4 mg.L-1 Ca(OH)2) et 1° F de CO2 (8,8 mg.L-1).

Reminéralisation CO2 + CaCO3 : CO2 + CaCO 3 + H 2 O → Ca(HCO 3 )2

Pour ajouter 1°F de TH et 1°F de TAC, il faut 1°F de CaCO 3 et 1°F de CO2
Mais dans cette réaction, 1°F de CO2 vaut 4,4 mg.L-1 (1 mole) et non 8,8 mg.L-1 (2 moles)

 [CO2 ] 
Adoucissement à la chaux Q = 7,4.  + TH Ca 
 4,4 
Q : Quantité de chaux à ajouter pour un adoucissement partiel est en g.m -3 avec :
TH en °F et CO2 en g.m-3
La diminution du TH est égale à celle du TAC.

 [CO2 ] 1 
Adoucissement à la soude Q = 8.  + THCa 
 4,4 2 
Q : Quantité de soude à ajouter pour un adoucissement partiel est en g.m -3 avec :
TH en °F et CO2 en g.m-3
La diminution du TH est égale à 2 TAC.

Consommation d’1°F par différents coagulants

Sulfate d'alumine solide 17 % Al2O3 20 g.m-3


Al2(SO4)3,18H2O

Sulfate d'alumine liquide 8.2 % Al2O3 34.6 ml.m-3

Al2 (SO4)3,18 H2O à 707 g TK.L-1 41.5 g.m-3

Engees, Traitement des eaux de distribution - Introduction Folio : 43/49


EQUILIBRE CALCO-CARBONIQUE
EQUATIONS DE BASE

WAC = poly chloro sulfate 8.5 % Al2O3 111 ml.m-3


d’aluminium
133.3 g.m-3

Chlorure ferrique pur 100 % FeCl3 10,8 g.m-3

Chlorure ferrique liquide 41 % FeCl3 18,2 ml.m-3  1°F


(densité 1,44) 26,3 g.m-3  1°F

Engees, Traitement des eaux de distribution chapitre 2 - Annexe


EQUILIBRE CALCO-CARBONIQUE
CHAUX
SATURATEUR A CHAUX

Saturateur discontinu

Vitesse dans la partie droite :  1 m.h-1


Hauteur minimale de la partie droite : 1 m

Angle de la partie conique : 60 °


Vitesse d’admission d’eau : 100 m.h-1

Arrivée du lait de chaux en partie basse

Séquences de fonctionnement d’un saturateur discontinu

1. Vidange des boues par ouverture de la vanne de fond,


2. Vidange du volume nécessaire à l'apport de lait de chaux et de rinçage du circuit de lait de chaux,
3. Remplissage en lait de chaux,
4. Alimentation en eau de service.

Saturateur continu

Vitesse dans la partie droite :  2 m.h-1


Angle de la partie conique : 45 °

Solubilité de la chaux en fonction de la températur e

Température (°C) 0 10 20 30
-1
Chaux Ca(OH)2 g.L 1,85 1,76 1,65 1,53
TA (°F) 250 238 223 207

Engees, Traitement des eaux de distribution chapitre 2 - Annexe


EQUILIBRE CALCO-CARBONIQUE
CHAUX
SATURATEUR A CHAUX
1. Calcul des taux de traitement en chaux pure
2. Calcul du débit d’eau de chaux (Q1)
3. Calcul des pertes en chaux par décarbonatation selon le débit Q1
4. Calcul des pertes en incuits
5. Calcul des besoins en chaux technique
6. Calcul du débit pour la préparation de chaux en fonction de la concentration en lait de chaux
7. Calcul du débit d’eau vers le saturateur

g/l
m3/h Lait de chaux
kg/h 

Débit d’eau : m3/h


Silo de chaux g/l Tx traitement : mg/l
m /h
3
°F
kg/h  Consommation  : kg/h
g/l
m3/h
g/l
kg/h 
m3/h Eau de chaux
kg/h 

Saturateur à Débit d’eau : m3/h


chaux Tx traitement : mg/l
g/l
°F
m3/h
Consommation  : kg/h
kg/h
Bac de lait
de chaux

Eau de service g/l g/l


m3/h m3/h
g/l kg/h  kg/h 
Chaux Ca(OH)2 m3/h
Chaux techniques Impuretés Décarbonatation
kg/h

concentrations usuelles :

lait de chaux : 50 g.L-1


eau de chaux saturée : saturateur discontinu : 180°F à 20°C
saturateur continu : 210°F à 20°C

Engees, Traitement des eaux de distribution chapitre 2 - Annexe


EQUILIBRE CALCO-CARBONIQUE
FILTRES A NEUTRALITE ET A
CALCAIRE TERRESTRE
Qualité de matériaux

Neutralite (source marine) : Algues calcaires (Lithotamne).


taille effective 1,8 mm
CaCO3 82 %
MgCO3 11 %
MgO 0,5 %

Calcaires terrestres concassés ou modifiée (norme NF EN 1018)


Taille effective selon produit (concassé ou billes)
CaCO3 >95 %
MgCO3 <5%

Calcaires de synthèse (dolomie semi-calcinée) (norme NF EN 1017)


Taille effective selon produit (concassé ou billes)
CaCO3 70 %
MgO 25 %

Conception des filtres

Hauteur garnissage filtre plein : 1,2 à 1,7 m


Hauteur media avant recharge : 1,0 m
Hauteur de media consommée : 0,2 à 0,7 m

Temps de séjour approximatifs

Neutralite :
à 20°C : 10 min
à 15°C : 15 min
à 10°C : 20 min

Calcaire terrestre concassé ou modifié : 20 à 40 minutes

Calcaire de synthèse (dolomie semi-calcinée) : < 20 minutes

Engees, Traitement des eaux de distribution chapitre 2 - Annexe


EQUILIBRE CALCO-CARBONIQUE
GRAPHE HALLOPEAU ET DUBIN

Engees, Traitement des eaux de distribution chapitre 2 - Annexe


EQUILIBRE CALCO-CARBONIQUE
GRAPHE HALLOPEAU ET DUBIN

Engees, Traitement des eaux de distribution chapitre 2 - Annexe


ECOLE NATIONALE DU GENIE DE L'EAU ET DE L'ENVIRONNEMENT DE
STRASBOURG

ELEVES-INGENIEURS 2ème ANNEE

TRAITEMENT DES EAUX DE DISTRIBUTION

3 - Coagulation – Floculation

Engees, Traitement des eaux de distribution - 2017 Folio : 1/31


Coagulation Floculation

Contenu

A. CARACTERISTIQUES DES COLLOÏDES 3

1. EFFETS INDESIRABLES DES COLLOÏDES 3


2. PROBLEMES POSES PAR L’ELIMINATION DES COLLOÏDES 4
3. AFFINITE DES COLLOÏDES AVEC L’EAU 5
4. CONCEPT DE LA DOUBLE COUCHE ELECTRIQUE 6
5. INTERACTION ENTRE DEUX COLLOÏDES 8
6. ORIGINE DE LA CHARGE PRIMAIRE DES COLLOÏDES 10
7. MODIFICATION DE LA CHARGE PRIMAIRE 11

B. THEORIE DE LA COAGULATION FLOCULATION 12

1. LA COAGULATION : DESTABILISATION DES COLLOÏDES 12


2. LA FLOCULATION 15

C. REACTIFS UTILISES DANS LA COAGULATION FLOCULATION 17

1. THEORIE DE LA COAGULATION-FLOCULATION PAR LES IONS METALLIQUES HYDROLYSES 17


2. LES POLYMERES D'ALUMINIUM - POLYCHLORURE BASIQUE D'ALUMINIUM (PCBA) 21
3. LES FLOCULANTS 22

D. MISE EN ŒUVRE INDUSTRIELLE DE LA COAGULATION FLOCULATION 24

1. NOTION DE GRADIENT DE VITESSE 24


2. LA COAGULATION 25
3. LA FLOCULATION 26
4. LE TRANSPORT 27
5. ESTIMATION DES DOSES DE COAGULANTS 27

E. LES ESSAIS JAR TEST 28

F. ANNEXES 30

Qualité des réactifs

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 2/31


Coagulation Floculation

Les procédés de coagulation et de floculation sont utilisés pour faciliter l’élimination des matières en
suspension et des matières colloïdales. La séparation, en tant que telle, sera faite lors d’une étape ultérieure
par décantation, flottation ou filtration.

A. Caractéristiques des colloïdes


1. EFFETS INDESIRABLES DES COLLOÏDES

Les colloïdes confèrent à l’eau des propriétés indésirables qui justifient les efforts réalisés pour leur
élimination.

Turbidité
Elle est le plus souvent occasionnée par des minéraux argileux et des molécules dérivées de matières
organiques d’origine naturelle. Ces composés sont souvent hydrophobes, c’est à dire non miscibles à
l’eau. Ils sont généralement de faible dimension (0,01 à 0.1 µm) dans un état intermédiaire entre la
suspension et la solution.

Coloration
La coloration vraie des eaux naturelles est causée par la matière organique (acides humiques et acides
fulviques de poids moléculaire compris entre 1 800 et 5 000 unités). Ce sont souvent des composés
polaires, hydrophiles, de petites dimensions (3 à 10 nm) et plutôt insolubles dans l’eau (acides
humiques).

Autres
Certains composés organiques complexes proviennent de déversements industriels dans le milieu
naturel.

Les détergents sont aussi des composés hydrophobes en raison de leurs propriétés émulsifiantes
assimilables aux colloïdes.

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 3/31


Coagulation Floculation

2. PROBLEMES POSES PAR L’ELIMINATION DES COLLOÏDES

Les colloïdes présents dans l’eau à traiter sont des particules de très petite taille (≤ 0.1 µm). Le tableau
(fig. 1) donne les ordres de grandeurs du temps nécessaire à la décantation de certains éléments.

Fig. n°1 : Temps de décantation de différents éléments d’après la loi de Stockes


pour 1 mètre de hauteur d’eau et à la température de 20 °C

Diamètre (m) Surface spécifique(m2/m3) Type de particule Temps de décantation


4 2
10 6.10 gravier 1 seconde
3 3
10 6.10 sable 10 secondes
102 6.104 sable fin 2 minutes
5
10 6.10 argile 2 heures
6
1 6.10 bactérie 8 jours
-1 7
10 6.10 colloïde 2 ans
10-2 6.108 colloïde 20 ans
10-3 6.109 colloïde 200 ans

Les colloïdes sont donc des particules dont les temps de décantation les rendent impossibles à séparer
par simple gravité. Le rôle de la coagulation floculation sera de favoriser l’agglomération de ces
colloïdes pour donner naissance à un floc plus gros et séparable par voie gravitaire.

La stabilité des colloïdes est liée à la présence de charges négatives à leur surface, ce qui entraîne des
phénomènes de répulsion. Pour casser cet effet de répulsion, il est alors nécessaire de rajouter des
réactifs chimiques.

L’agrégation des colloïdes se déroule en trois temps :

1 Hydrolyse du réactif ajouté, étape initiale indispensable pour que le réactif puisse entrer en contact
avec les colloïdes présents dans l’eau
2 Coagulation : mécanisme électrostatique de déstabilisation des particules colloïdales,
3 Floculation : phénomène d'agglomération des particules insolubles de taille suffisamment importante
que l'on appelle le floc, après une étape de coagulation,

Les colloïdes pouvant être minéraux (argiles,...) ou organiques, (matières humiques,...), de nombreux
composants seront touchés par cette étape, sans être pour autant forcément éliminés en totalité de
l'eau. La séparation du floc formé et de l’eau se fera par la suite, soit par simple filtration si la
concentration est peu importante, soit par combinaison d’une décantation précédant une filtration.

Fig. n°2 : Principe de la coagulation floculation

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 4/31


Coagulation Floculation

COAGULATION FLOCULATION
OH-
OH-
+
OH- +
Al +
OH- +
+ Al + Colloïde
OH-
+
C
Colloïde
A
Colloïde
A
Vacuoles d’eau

Colloïde
Colloïde C
A
Colloïde B
Al (OH )  3− x
x n
A
Colloïde
D

Agitation rapide Agitation lente


disperstion des ions Al3+ choc entre les colloïdes déstabilisés
et agglomération

3. AFFINITE DES COLLOÏDES AVEC L’EAU


Les colloïdes hydrophiles :
Ils présentent une grande affinité avec l'eau. Les particules sont entourées d’une enveloppe de
molécules d'eau fixées par des liaisons physico-chimiques, à certains groupements de la matière solide
tels que acide : -COOH, amine : -H2, ou hydroxyle : -OH-

Les colloïdes hydrophobes :


La matière n'a aucune affinité pour l'eau. Leur stabilité est due à la charge électrique portée par les
particules, qui engendre une répulsion mutuelle prévenant toute agglomération.

Tous les types intermédiaires entre ces deux familles existent.

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 5/31


Coagulation Floculation

4. CONCEPT DE LA DOUBLE COUCHE ELECTRIQUE

Malgré la charge de surface des particules colloïdales, les suspensions n'ont pas de charge électrique
nette. La charge primaire, en général négative, est équilibrée par une charge égale de signe opposé ;
positive, dans la phase aqueuse autour de la particule.

A. Modèle d’HELMOTZ : Fig. n° 3. Modèle d’HELMOTZ

- +
- +
Une mono-couche de contre ions ( + )

Potentiel
- +
- +
entoure la particule et neutralise la charge - +
- +
primaire ( - ). - +
- +
- +
- +
- +
Distance Distance

B. Modèle de GOUY-CHAPMAN Fig. n° 4 : Modèle de GOUY CHAPMAN

- + - + +
En réalité, la double couche est plus diffuse - - + +
-

Potentiel
- + + - -
- - - + -
en raison de l'agitation thermique. Elle - + + - -
+
- - - -
contient en majorité des ions de charges - + +
+ + +
- - -
+ +
opposées à la charge primaire. Il y a une - + - +
+
-
- - + - +
densité plus forte de charges positives autour - + - + - -
de la particule. Distance Distance

C. Modèle de STERN

Dans ce modèle (Fig. 5), on considère que les attractions électrostatiques et l'agitation thermique
entraînent la formation d'une double couche ionique composée :
- d'une couche interne, ou couche de Stern (ou d’Helmotz), formée uniquement de contre ions,
solidaires du solide.
- et d'une couche externe diffuse, ou couche de Gouy-Chapman, où la concentration des contres
ions décroît au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la couche de Stern. Seule une partie de cette
couche est solidaire avec le solide ce qui marque un plan de cisaillement. Il limite la zone de
déformabilité du solide.

D. Distribution des charges autour du colloïde

La densité de charges (exprimée en coulomb par cm3) décroît rapidement dans la couche externe
diffuse avec l'augmentation de la distance à l'interface solide/liquide. Il en est donc de même du
potentiel électrostatique existant entre la surface du solide et la solution qui diminue avec
l’augmentation de cette distance.

La charge totale dans les couches de Stern et de Gouy-Chapman est égale et de signe opposé à celle
du colloïde, donc le colloïde est stable par rapport à sa charge électrostatique.

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 6/31


Coagulation Floculation

E. Le potentiel zêta ou électrocinétique

Le potentiel zêta (PZ) exprimé en mV est la charge électrostatique existant au niveau du plan de
cisaillement (Fig. 5). Il ne s'agit donc pas d'un potentiel défini entre deux couches bien précises. Il
s’agit en fait d’un potentiel électrostatique existant entre la surface du colloïde et la solution, jusqu’au
plan de cisaillement correspondant à la zone limite d’attraction des charges et la délimitation des
couches où le solide se déforme.
4. . . 
PZ =
D

avec  viscosité (poise)


-1 -1
 vitesse d’électrophorèse (.Ω.cm .s )
D constante diélectrique du liquide

Lorsque deux particules se rapprochent à faible distance, leurs atmosphères ioniques interférent. Cela
conduit à une répulsion mutuelle de nature électrostatique. L'importance du PZ caractérise la stabilité
de la suspension :
- de -30 à -35 mV : suspension très stable, les particules se repoussent
- de -14 à -22 mV : la turbidité grossière est coagulée
- entre 0 et  5 mV : coagulation totale

La valeur du PZ ne dépend pas du diamètre de la particule mais de sa nature et des caractéristiques


physico-chimiques de la solution.
Le PZ se mesure par la vitesse de déplacement des colloïdes dans un champ électrique imposé, à l’aide
d’un zêtamètre, dont le principe repose sur une électrophorèse.

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 7/31


Coagulation Floculation

L’objectif de la coagulation est de supprimer le potentiel zêta en surface des particules.

Fig. n°5 : modèle de Stern

+
+ -
-
-
- + +
-
+ +
+ + -
Colloïde +
- -
chargée + -
négativement +
+ -
+ +
- + -
+
- - -+
-
+
+
Potentiel + +
- -
total +

Potentiel
ZETA
Potentiel de Distance à la surface
NERNST de la particule
Couche Couche
d’adsorption diffuse
Eau en équilibre
Double couche ionique
Concentration charge

+ Equilibre

5. INTERACTION ENTRE DEUX COLLOÏDES

Les colloïdes sont des particules trop petites pour sédimenter sous l'effet de la pesanteur dans un
temps compatible avec une unité de traitement industriel des eaux à traiter. La stabilité des colloïdes
est aussi due aux forces électrostatiques que nous venons de décrire.
Il existe cependant des forces d'attraction entre particules, essentiellement de type London Van Der
Waals : des atomes ou des molécules électriquement neutres induisent des forces de plus petite
portée. Ces dernières leurs permettent quand elles viennent en contact de s'agglomérer en un flocon
stable se comportant comme une particule unique.

A. Energie d'attraction
Considérons deux particules colloïdales sphériques identiques de rayon r. On démontre (modèle DLVO,
Derjaguin and Landau, Verwey and Overbeek) que l'énergie potentielle d'attraction qui s'exerce entre
elles, est :
- inversement proportionnelle à la puissance 6ème à la distance « d » qui les sépare lorsqu'elle est
grande,
- inversement proportionnelle à la distance « d » si les particules sont très proches

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 8/31


Coagulation Floculation

Les forces d'attraction ne sont importantes qu'à faible distance : plus la distance est faible, plus
l’énergie d’attraction est forte, à l’inverse, plus la distance est grande, plus l’énergie d’attraction est
faible.

B. Energie de répulsion

L'énergie d'interaction électrostatique, c'est à dire le travail qu'il faut fournir pour amener une particule
d'une distance infinie à une distance donnée d'une autre particule identique est de la forme :

Vr = f(e, PZ,T).exp(d / e)

avec e: épaisseur de la double couche


PZ : potentiel zêta
T: température absolue
d: distance entre les deux particules identiques.

C. bilan énergétique - interaction nette Fig. n°6 : Bilan énergétique

A très grande distance entre les particules, il n'y a Energie (ergs)

pas d'interaction : Vr est élevée et l’énergie de 5 10-12

répulsion l’emporte. 4 10-12


A très courte distance, c'est l'attraction qui 3 10-12
l'emporte. REPULSION
2 10-12

1 10-12
Dès que la distance entre deux particules Distance entre
0 10-12
commence à croître, apparaît une barrière
particules (A)
0 10 20 30 40
-1 10-12
énergétique nette qu'il faudra franchir pour INTERACTION NETTE
-2 10-12
pouvoir les floculer.
-3 10-12

Le rôle de la floculation est donc de réduire -4 10-12

cette barrière d'énergie en réduisant la -5 10-12

distance d entre particules, là où l’énergie


d’attraction l’emporte.

Ce modèle DLVO décrit bien la stabilité des


colloïdes hydrophobes.
Pour les colloïdes hydrophiles, les effets de
solvatation (dissolution incomplète correspondant
à une suspension colloïdale) peuvent jouer un rôle
important dans leur stabilité.

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 9/31


Coagulation Floculation

6. ORIGINE DE LA CHARGE PRIMAIRE DES COLLOÏDES

La plupart des colloïdes des eaux de surface comme des eaux résiduaires urbaines présente une charge
primaire généralement négative à pH neutre. On distingue quatre phénomènes à l’origine de cette
charge primaire :

Présence de groupes fonctionnels ionisables :

Il s'agit de groupes comme -OH, -COOH, -OPO3H2, -NH2 dont la charge dépend du milieu. Le pH
joue un rôle essentiel avec le transfert de protons :

MeOH 2+  MeOH + H + puis MeOH  MeO − + H +

Silice :
Si - OH 2  Si - OH  Si - O -

COOH COO − COO −


  
Bactérie K1 K2
R ⎯
⎯→ R ⎯
⎯→ R
  
NH 3+ NH 3+ NH 2

Réaction d'un soluté avec la surface du solide :


En fonction de l'environnement ionique, il peut y avoir compétition entre protons et ions métalliques

MeOH + M Z +  MeOM Z −1
+H+

Cuivre : Cu + 2 H2S  Cu(SH) 22- + 2 H +

Imperfection de structure :
Le remplacement d'un atome métallique dans un réseau d'oxydes métalliques par un autre atome
possédant un électron en moins conduit à l'apparition d'une charge négative : par exemple Al dans un
réseau de SiO2.

Adsorption :
L'adsorption, par des interactions London-Van Der Waals ou des liaisons Hydrogène, d'un composé
organique ionisé à la surface d'un solide, entraîne l'apparition d'une charge superficielle de même signe
que le composé ionisé.

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 10/31


Coagulation Floculation

7. MODIFICATION DE LA CHARGE PRIMAIRE


Point de charge nulle (PCN) ou pH isoélectrique

A un pH donné, en l’absence de réaction avec Fig. n°7 : Potentiel zéta du zircon en fonction du pH
l'environnement chimique, la forme oxydée MeOH
est en équilibre avec MeO- et H+. Il existe un pH 60 mV

pour lequel ces charges s'équilibrent. Il 40 mV

correspond au point de charge nulle (PCN) où 20 mV

le pH est appelé pH isoélectrique. PCN


0 mV pH
La solution est chargée positivement pour des pH 2 4 6 8 10 12

inférieurs et négativement pour des pH -20 mV

supérieurs. -40 mV

-60 mV

La valeur du pH isoélectrique du point de charge


-80 mV
nulle peut être abaissée par réaction avec certains
-100 mV
anions ou augmentée par des cations.
L'environnement organique de la particule
intervient aussi.
Le pH optimal de coagulation correspond donc
au PCN où les charges se neutralisent et où la
floculation se produit.

B. Modification de la force ionique

L'augmentation de la concentration en électrolytes dans la couche primaire diminue son épaisseur.


Lorsque la concentration en contre-ions augmente, le volume nécessaire à la neutralisation de la
charge primaire diminue.

A concentration molaire identique, l'épaisseur de la couche externe diffuse diminue quand la valence du
contre-ion augmente.

Une élévation de la force ionique de la solution diminue la charge apparente du colloïde mesurée, le
potentiel zêta et l'épaisseur de la double couche, mais ne modifie pas pour autant la charge primaire du
colloïde.

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 11/31


Coagulation Floculation

B. Théorie de la coagulation floculation


1. LA COAGULATION : DESTABILISATION DES COLLOÏDES

La coagulation est un phénomène de déstabilisation des colloïdes. La double couche électrique


entourant le colloïde est saturée par des particules de charges opposées, grâce à l'ajout de réactifs
chimiques réduisant ainsi les forces de répulsions. Les forces qui interviennent sont de type
électrostatique ou ionique.

A. Coagulation non-spécifique ou électrostatique

Il s'agit d'un mécanisme purement électrostatique par neutralisation de charge. Toutes les couches
diffuses de la particule (nuage ionique) sont comprimées par augmentation de la force ionique de la
solution, par rajout d’électrolytes.

L'épaisseur du nuage ionique est donnée par la formule :


0,4
e=
 c .z
i
i
2
i

avec e: épaisseur du nuage ionique


ci : concentration molaire de l'espèce
zi : valence de l'espèce

On voit que l'effet des électrolytes di et trivalents sera bien plus important que celui des monovalents.
De l’électrolyte le moins efficace, au plus efficace, on obtient le classement : Na + < Ca2+ < Al3+, avec
selon Serba (1962) les proportions d’activités ioniques suivantes : 1 – 7 à 200 – 500 à 1000.

Il ne s'agit que d'une règle qualitative. De nombreux autres paramètres interviennent aussi : pH,
température, durée, comportement particulier du cation (hydratation, polymérisation, hydrolyse,...),
nature de l'anion correspondant, protection des colloïdes par des matières organiques,....

Ce type de coagulation est non spécifique.


L’objectif est de diminuer l’épaisseur du nuage ionique, afin que les colloïdes s’attirent.
La dose de coagulant n'est liée à aucune relation stoechiométrique.

Les ordres de grandeurs des quantités de coagulants nécessaires sont :


- pour les monovalents : 10 à 50 mol.m-3
-
pour les divalents :  1 mol.m-3
-
pour les trivalents :  0,1 mol.m-3

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 12/31


Coagulation Floculation

B. Coagulation par adsorption

Ce mécanisme inclut une phase d'adsorption d'une espèce chimique à la surface du solide et une
réduction de la charge primaire qui conduit à la formation d’un produit insoluble. Les produits adsorbés
sont soit les ions du coagulant eux-mêmes, soit les produits de leur réaction avec l'eau.
L'adsorption de ces composés ionisés est due à la faible solubilité et aux priorités adsorbantes de la
surface du colloïde.

Il s'agit d'une réaction obéissant à une relation stœchiométrique. Tout excès aboutit à la re-stabilisation
de la suspension. La réaction dépend du pH.

Cette coagulation est beaucoup plus efficace que la coagulation électrostatique.

C. Coagulation par entraînement dans un précipité

Il s’agit d’une interaction électrostatique, chimique et d’adsorption, définie par un phénomène de co-
précipitation lors de la décantation du coagulant : les particules sont captées et entraînées dans un
précipité de formation rapide.
Cette coagulation n’a lieu que si la majeure partie du coagulant ajouté est sous forme de précipité et
non soluble. Le rôle du pH est ici primordial.
Cette coagulation répond à une relation stœchiométrique, selon le pH (plutôt acide).
L’obtention d’un floc de grosse taille améliore toujours la qualité de l’eau jusqu’à une taille limite au
delà de laquelle le floc peut « casser » sous l’effet de l’agitation.

D. Adsorption et pontage interparticulaire

C'est un cas particulier de coagulation par adsorption. Les réactifs utilisés sont des poly-électrolytes ou
des macromolécules. La dose de réactif est déterminée par une relation stœchiométrique, tout sur
dosage conduisant à une re-stabilisation du colloïde.

La molécule de polymère se fixe sur un ou plusieurs sites d’adsorption à la surface d’une particule
colloïdale, en maintenant libre une autre partie dans la solution. La déstabilisation optimale s’établit
quand une partie seulement des sites d’adsorption disponibles est occupée, les autres restant
disponibles pour une seconde adsorption par pontage. Un excès d’agitation gène la formation des ponts
et favorise l’enrobage simple des colloïdes.

Fig. n° 8 : principe de l’adsorption et pontage inter particulaire

déstabilisation par adsorption floculation par pontage re-stabilisation par surdosage

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 13/31


Coagulation Floculation

Fig. n°9 : Comparaison des différents types de coagulation

Type de coagulation non spécifique ou par entraînement dans par adsorption, pontage
électrostatique un précipité
Réactifs Electrolytes Ions métalliques Polymères organiques
indifférents hydrolysés
Interaction électrostatique prédominant important peu important
Interaction chimique et absent important prédominant
adsorption
Valeur du PZ pour proche de 0 pas nécessairement 0 généralement différent
l'agrégation optimale f(pH coagulation) de 0
Excès de coagulant aucun effet re stabilisation avec re stabilisation due à
inversion des charges l'enrobage de la particule
pouvant être masquée par
la précipitation
d'hydroxyde
Stoechiométrie aucune pas toujours observée oui
oui à pH acide
Effet inhibiteur de la oui pas toujours faible
matière organique f (pH, salinité)
Capacité d'élimination de la faible importante surtout importante avec les polymères
matière organique à pH acide cationiques

Fig. n°10 : Influence des doses de réactifs sur les quatre modes de coagulation
Résiduel de turbidité (%)

Compression de la double couche Déstabi


Calcul VODL lisation

Al3+ Ca2+ Na+

Adsorpion et neutralisation
de charge C12H25NH3+
(expérience)

Adsorpion et Piégeage dans un


neutralisation de précipité
charge
(expérience) Al(OH)3(s)
Al3+

Adsorpion et pontage interparticulaire


(expérience)

Polyacrylamide hydrolysée (charge -)

Dose de coagulant (mol/l)

Des 4 modes de coagulation, la plus usitée est la C : coagulation par entraînement dans un précipité, avec pour
coagulants, des sels de fer ou d’aluminium.

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 14/31


Coagulation Floculation

2. LA FLOCULATION

La floculation a pour effet de rassembler en flocons volumineux et décantables les particules


déstabilisées lors de la coagulation. Interviennent des mécanismes physiques d’adsorption ou chimiques
de pontages.

On distingue :
- la floculation péricinétique : collision des colloïdes sous l'action du mouvement BROWNIEN, ce qui
entraîne une jonction des colloïdes,
- la floculation orthocinétique : les particules, grossies par agitation mécanique, s'agglomèrent par
collisions réciproques,
- et la floculation macroscopique : agglomération des particules initiales,

Les 2 premières floculations étant liées à de l’adsorption physique, alors que la troisième à du pontage
chimique.

A. Floculation péricinétique

C’est la phase initiale de la floculation. Le mouvement BROWNIEN est le processus aléatoire naturel
d’agitation thermique de toute particule de petite taille dans l’eau, qui favorise le contact entre
particules et donc leur assemblage. La solution homogène au départ, devient poly dispersée. Alors que
la taille des flocs croit, l’agitation liée au mouvement Brownien tend à diminuer.

La vitesse de floculation correspondant à la variation du nombre de particules au cours du temps est


donnée par la relation suivante :
dn 4. k . T 2 3.   1 1 
− = . .n soit après intégration t= . − 
dt 3.  4. k . T  n no 
3. 
et le temps de ½ vie t1/ 2 =
4. k . T . no .
avec n nombre de particules
 fraction de chocs donnant lieu à la floculation
k constante de Boltzmann (constante gaz parfait/nombre d’Avogadro)
T température absolue
-3 -1 -1
µ viscosité dynamique (10 kg.m .s )

En appliquant la formule, on trouve qu'à 20 °C, 2 minutes sont nécessaires pour réduire de moitié une
11
suspension colloïdale de 1 mg.l-1 de kaolin, soit 10 particules de 0,1 µm/litre.

B. Floculation orthocinétique

Le contact entre les particules est promu ou induit par les gradients de vitesses G entre les veines
liquides. Le gradient de vitesse se définit comme un gradient d’énergie par unité de volume et permet
de donner une indication sur l’agitation dans un système (voir § 4 Mise en œuvre industrielle de la
coagulation floculation).

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 15/31


Coagulation Floculation

Le nombre de chocs N entre deux familles de particules de concentrations N 1 et N2 et de diamètres


respectifs d1 et d2 est donné par la relation de Camp et Stein :
N = G / 6 . N 1 .N 2 . (d 1 + d 2 )
3

avec G gradient de vitesse (s-1)

Les gradients de vitesse s’obtiennent par mélange mécanique, par perturbation du flux au travers d’un
lit de boues ou à travers les strates dans un filtre.

En considérant, d'une part que les particules 1 sont les micelles de l'eau brute (que l’on peut négliger)
et les particules 2 les flocs, et d'autre part que seule une fraction des chocs (r) est productive, la
relation peut se simplifier en :
N = r. G / 6 . N 1 .N 2 .(d 2 ) 3

Cette équation, jamais utilisée en pratique, permet de voir les différents paramètres influençant le
nombre de chocs et donc la floculation :

- l'augmentation du gradient de vitesse : elle est cependant limitée par un Gmax car les flocs sont
fragiles et il ne faut pas les dégrader mécaniquement. Sa détermination est expérimentale.

- l'augmentation du terme N2 : la recirculation des boues ou la floculation en lit de boues permet


d'augmenter fortement le terme N2, et conformément à des constatations expérimentales, cela
augmente également d2.

Fig. n°11 : Principe de la floculation orthocinétique.

C. La floculation macroscopique

Le grossissement des premières particules floculées se manifeste en un temps rapide (10 sec à 1 mn),
dès la fin de la phase de coagulation.
La floculation macroscopique apparaît ensuite. Les flocs initiaux, assimilables à des particules
élémentaires, s’assemblent pour former des flocs plus volumineux, plus denses, et donc plus faciles à
piéger par décantation. Il s’agit d’une agglomération par pontage chimique.

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 16/31


Coagulation Floculation

C. Réactifs utilisés dans la coagulation


floculation
1. THEORIE DE LA COAGULATION-FLOCULATION PAR LES IONS
METALLIQUES HYDROLYSES

Lors de l’ajout d’un coagulant à base de sels de fer ou d’aluminium, trois types de réactions se
succèdent :
- hydrolyse simple,
- formation de monomères,
- et polymérisation des monomères.

Ces réactifs participent à la coagulation non spécifique (où la force ionique augmente) et à
l’entraînement dans un précipité ; par interaction électrostatique, suivie d’une interaction chimique et
d’une co-précipitation avec le coagulant insoluble qui décante.

A Hydrolyse simple

Lors de l'addition des ions métalliques dans l'eau, le cation réagit selon des réactions d'hydrolyse
successives liées au pH. Dans le sens du pH croissant on trouve les molécules suivantes :
Al 3+ - Al(OH) 2+ - Al(OH) +2 - Al(OH) 3(s) - Al(OH) -4 - Al(OH) 52- - Al(OH) 36- (négligeab le)
Fe 3+ - Fe(OH) 2+ - Fe(OH) +2 - Fe(OH) 3(s) - Fe(OH) -4 - Fe(OH) 52- - Fe(OH) 36- (négligeab le)
s = solide

Un pH bas favorise donc la formation de cations qui seront susceptibles de provoquer la coagulation
par un simple mécanisme de neutralisation de la charge électrique colloïdale.

Fig. n°12 : Equilibre de solubilité des hydroxydes amorphes de Al(III) et Fe(III) à 25°C


Log Al x (OH ) y
3x− y
 (mol / l ) 
Log Fe x (OH ) y
3x− y
 (mol / l )
0 0
Al (OH ) 3 ( s )
-2 -2 Fe (OH )3 ( s )

-4
-4
-6
-6 Al (OH ) −4 Fe 3+
Al (OH ) 2 + -8 Fe(OH )4

Fe (OH )
2+
-8
-10
Al 3+
-10 -12 Fe(OH )2
+

5+
Al13 (OH ) 34
Fe2 (OH )
4+
2
-12 -14
0 2 4 6 8 10 12 14 0 2 4 6 8 10 12 14
pH pH

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 17/31


Coagulation Floculation

B Formation de monomères

L'hydrolyse des ions métalliques aboutit en réalité à la formation de complexes hydroxy-métalliques


plus ou moins solubles : une ou plusieurs des molécules d'eau d'hydratation sont remplacées par des
ions hydroxydes.

-10
Les réactions sont très rapides, de l'ordre de 10 secondes. Pour les ions métalliques (Me) trivalents,
les monomères formés le plus souvent, sont les suivants:
Me(H 2 O) 63+ + H 2 O  Me(H 2 O) 5 (OH) 2+ + H 3 O +
Me(H 2 O) 5(OH) 2+ + H 2 O  Me(H 2 O) 4 (OH) 2+ + H 3 O +
Me(H 2 O) 4 (OH) 2+ + H 2 O  Me(H 2 O) 3 (OH) 3,s + H 3 O +
Me(H 2 O) 3(OH) 3,s + H 2 O  Me(H 2 O) 2 (OH) 4- + H 3 O +

Le premier monomère Me(H2O)63+ se forme à pH acide. Ces équations montrent que les ions
métalliques se comportent comme un acide et que le pH est un paramètre important.

C. formation de polymères

La formation des polymères se fait par la formation de ponts avec OH :

2 Me(H 2 O) 5 (OH) 2+  Me 2 (H 2 O) 8 (OH) 24+ + 2 H 2 0

-2
La formation du dimère demande 10 s, celle du trimère 1 s.

Exemple : les produits polymérisés de l'aluminium :

Formation du dimère :
OH
 
2 Al(H 2 O) 3+
6  (H 2 O) 4 ,Al Al,(H 2 O) 4 + 2 H 2 O + 2H +
 
OH

Formation de l'hexamère - polymère en chaîne


3 Al 2 (OH) 2 (H 2 O) 84+  Al 6 (OH) 10 (H 2 O) 16
8+
+ 4 H + + 8H2 O
Les polymères en chaînes sont instables

Formation de l'hexamère - polymère en anneaux


3 Al 2 (OH) 2 (H 2 O) 84+  Al 6 (OH) 12 (H 2 O) 12
6+
+ 6 H + + 12 H 2 O

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 18/31


Coagulation Floculation

Fig. n°13 : Formes possibles de l'aluminium dans l'eau

FORMES NATURE
INSOLUBLES Silico Aluminates
Hydroxydes, monomères ou polymères
COLLOÏDALES Silico Aluminates
Hydroxydes, monomères ou polymères
SOLUBLES SIMPLES Libres Al3+
Hydroxydes Al(OH)2+
SOLUBLES COMPLEXES Complexe minéral (avec Fe, SO4)
Complexe organique (humates)

Fig. n°14 : Dimère de l'aluminium Fig. n°15 : Hexamère en anneau

D. Bilan de la coagulation floculation par les hydroxydes métalliques

a) action sur les colloïdes :

Le mode d'action fait appel à deux mécanismes selon les formes de l'hydroxyde métallique et le point
de charge nulle (PCN) où le potentiel zêta est nul.

hydrolysée soluble polymère d'hydroxyde (insoluble ou


colloïdal)
Zone de pH < pH (PCN) > pH (PCN)
Force d'interaction ionique électrostatique
Stoechiométrie oui non : plus la dose de coagulant est importante
plus l’agrégation est efficace
Re stabilisation par inversion de charge non
Potentiel zêta optimal voisin de 0 <0

Dans le premier cas, il s’agit d’une coagulation par entraînement dans un précipité, où à pH acide (<
pH (PCN)) le coagulant est soluble.
Dans le second, il s’agit d’une coagulation non spécifique ou électrostatique

b) action sur la matière organique :


Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 19/31
Coagulation Floculation

Les mécanismes mis en jeu sont du même type que précédemment : coagulation par précipitation par
les espèces hydrolysées solubles, à pH acide, ou par formation de solubles complexes organiques, à pH
neutre.

La matière organique est d'autant mieux piégée :


- que son poids moléculaire est important,
- que la réaction est en milieu acide (5,0 à 5,5), ce qui favorise les sels de fer et les sels d'aluminium,
ceux-ci étant très solubles dans cette gamme de pH.

Fig. n°16 : Eau de Seine traitée au sulfate d'alumine (Rechkow, 1986)

400 µg/l 4,00


[COT] Sans Al2O3
350 µg/l 3,50

300 µg/l 3,00


[COT]
Al 250 µg/l AvecAl2O3
2,50

200 µg/l 2,00C


O
150 µg/l 1,50

100 µg/l 1,00


[Al]
50 µg/l 0,50

0 µg/l 0,00
3 4 5 6 7 8 9 10

Il faudra néanmoins faire un compromis entre le pH idéal de coagulation du COT et le pH où la solubilité de


l’aluminium est minimale, afin de respecter la norme Al en eau traitée. On visera donc plutôt un pH autour de
6.

Fig. n°17 : Différentes formes de coagulation par des sels d’aluminium (I. Licsko, 1997)

Coagulation par les ions trivalents Coagulation par les hydroxydes d’aluminium
solubles

Al 3+ Al(OH) 2+

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 20/31


Coagulation Floculation

Coagulation par les hydroxydes d’aluminium Coagulation par les flocs d’hydroxydes d’aluminium
insolubles

Al(OH) -
Alx(OH)y+

Ion aluminium
Colloïdes
Hydroxyde d’aluminium insoluble

Hydroxyde d’aluminium soluble

Floc d ’hydroxyde d ’aluminum

Tous ces exemples se retrouvent dans les coagulations non spécifiques ou par entraînement dans un
précipité (cf B-1. La coagulation : déstabilisation des colloïdes).

2. LES POLYMERES D'ALUMINIUM - POLYCHLORURE BASIQUE


D'ALUMINIUM (PCBA)

Pour améliorer les performances des coagulants à base d'aluminium, il est possible d'utiliser des réactifs
pré polymérisés favorisant la formation des polymères avant leur injection dans l'eau à traiter.

Les méthodes de préparation de ces réactifs sont brevetées et tiennent compte des paramètres
suivants : rapport OH/Al, nature et concentration des anions, conditions de mélange, temps de
maturation et température de préparation. Ces produits sont généralement moins acides que les sels
d’aluminium classiques. Leur stabilité est souvent assurée par la présence d’ions sulfates qui inhibent la
polymérisation spontanée du produit.

La formule générique de ces composés est :


Aln (OH)m Cl3n-m (SO4)r

L'utilisation des polymères présente les avantages suivants :


- meilleure réduction de la turbidité et de la matière organique
- floculation rapide
- faible abaissement du pH
- boues plus faciles à déshydrater

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 21/31


Coagulation Floculation

Les principaux produits commercialisés sont les suivants :

polyhydroxychlorosilicate d'aluminium HERBIFLOC

polychlorosulfate d'aluminium (PAC) PAX, Al x Cl y SO 4z OH 3x-y-2z


AQUALENC

polyhydroxychlorure d'aluminium 15 à 18 % Al2O3 en poids Al m (OH) n Cl 3n-m

polyhydroxychlorure d'aluminium et de fer PAC 10 et PAC 18 Al m Fe p (OH) n Cl 3(m+p)-(n+2k)

L’intérêt de ces polymères est en particulier la facilité de former des flocs en période d’eau froide.

3. LES FLOCULANTS

Ces produits sont utilisés comme adjuvants de floculation. Ils favorisent l’agglomération des flocs
formés lors de l’étape précédente de coagulation. Leur emploi conduit souvent à améliorer la qualité de
l’eau interstitielle et augmente la concentration des boues produites.
Il s’agit d’une coagulation par adsorption et par pontage.
Ils peuvent être de nature minérale ou organique.

A. Adjuvants de floculation minéraux

- la bentonite

- la silice activée obtenue par action d'un acide fort sur Na 2SiO3

- le microsable

B. Polymères organiques

Ce sont des composés naturels (alginate) ou synthétiques (polymères NONIONIQUES, ANIONIQUES, ou


CATIONIQUES) à très haut poids moléculaire.

Fig. n°18 : Différents types de polymères organiques

Acide alginique

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 22/31


Coagulation Floculation

Polymère organique non ionique

poly acrylamide

Polymères organiques anioniques

poly acrylamide hydrolysée poly vinyl sulfonate poly styrène sulfonate

Polymères organiques cationiques

poly acrylamine quaternisée poly éthylénimine poly vinylamine

C. Mécanismes de déstabilisation des colloïdes par les polymères organiques

Le mécanisme d'action des polyélectrolytes est généralement constitué de deux étapes :


- adsorption initiale particule-polymère
- et pontage interparticulaire par réticulation.

De nombreux paramètres interviennent dans les mécanismes comme la masse molaire du polymère, sa
nature, le pH de la suspension, la concentration ionique, la présence de matière organique,...
La phase initiale est plutôt de type adsorption lorsque le polymère est non ionique ou anionique. La
présence de cations divalents améliore l'efficacité du procédé, le potentiel zêta optimal est
généralement négatif.

Pour des polymères cationiques, la phase initiale est une réaction entre charges de signe opposé. Le
potentiel zêta optimal est proche de zéro.

Des phénomènes de re stabilisation existent lorsqu’il y a excès de polymères ou agitation prolongée. La


dose de réactif est généralement fonction de la concentration en colloïdes.

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 23/31


Coagulation Floculation

D. Mise en œuvre industrielle de la coagulation


floculation
1. NOTION DE GRADIENT DE VITESSE

Afin de comprendre la mise en œuvre de la coagulation-floculation, il est important de rappeler la


notion de gradient de vitesse et son importance.
Ce dernier paramètre, appelé également gradient hydraulique G (s-1) exprime la quantité
d'énergie dissipée par unité de volume.

Soit un volume élémentaire de fluide dV de taille Fig. n°19 : Calcul du gradient de vitesse
(dx,dy,dz) (dV = dx.dy.dz) soumis à une déformation Z

élémentaire dF selon l'axe des X. L'effet de cette force


élémentaire dF est de déplacer les plans intermédiaires dz
de fluides à des vitesses dépendantes de leur dF
éloignement au plan X d'application de la force.
dy
dx
L'expression de la force élémentaire (dF) est alors la
suivante : y
X
dv dv
dF = . dS . = . dx. dy.
dz dz

-1 -1
avec : dF force élémentaire (kg.m .s )
 viscosité dynamique du fluide (kg.m-1.s-1)
dS élément de surface élémentaire où est appliquée dF (m 2)
dv vitesse acquise par un plan intermédiaire (m.s-1)

2 -2
Le travail de la force en kg.m .s vaut donc : dT = dF . dx

-2 -3
La puissance dissipée dans le fluide (dW) exprimée en kg.m .s dans le volume élémentaire de fluide
par la force dF pendant l’intervalle de temps dt vaut alors :

dT dF . dx
dW = = = dF . dv
dt dt

2
 dv 
 dW = . dx. dy. dz.  
 dz 

2
 dv 
 dW = . dV .  
 dz 

avec dV = dx.dy.dz le volume élémentaire

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 24/31


Coagulation Floculation

dv
en définissant le gradient de vitesse comme G = , on obtient alors : dW = µ.dV.G2
dz
W
où W =  .V .G 2 et G= (1)
.V
avec G gradient de vitesse (s-1)
W puissance dissipée dans le fluide (kg.m2.s-3)
 viscosité dynamique (kg.m-1.s-1)
V volume de fluide m3
La force appliquée à un volume de fluide le déforme, en exerçant une vitesse de déformation variant
avec la distance au point d'application.

Le gradient hydraulique ou de vitesse G se définit comme la variation de vitesse de


déformation par unité de longueur perpendiculaire à la force de déformation et s'exprime
comme l'inverse d'un temps (s-1).

G permet donc de comparer des énergies d’agitation entre 2 systèmes. C’est donc le seul indicateur de
vitesse d’agitation nécessaire au dimensionnement des agitateurs utilisés en coagulation et floculation.
Il est donc indispensable de calculer G de la façon suivante :

connaissant W et l’équation (1), on peut calculer G, selon l’équation : W = k.z . n3 . D5 . ρ

avec k.z (appelé aussi n.p) = constante de proportionnalité de Newton .


caractéristique du constructeur = données du constructeur
n vitesse de rotation de l’agitateur (tours.s-1) mesuré par tachymètre ou
chronomètre
D diamètre de l’hélice (m)
ρ masse volumique du fluide (kg.m-3) ex : 1011 pour de l’eau floculée

2. LA COAGULATION
Fig. n°20 : réacteur de coagulation agitée,
à pale tournante
Les dispositifs d'injection possibles se font :
• en conduite turbulente
• dans un réacteur à pale tournante
• dans un réacteur avec insufflation d'air
• dans un réacteur comprenant des chicanes
• dans une chute d'eau

Il n'existe pas de valeurs à proprement parler optimales


pour le gradient hydraulique de coagulation. Il doit être
suffisant pour permettre une homogénéisation du
coagulant en un temps inférieur au temps d'hydrolyse
qui est de l'ordre de 0,1 à 1 seconde.

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 25/31


Coagulation Floculation

Le gradient hydraulique doit être le plus élevé possible, mais il ne faut pas que l'agitation dure trop
longtemps. Une turbulence maintenue trop longtemps correspond à une consommation en énergie
inutile. Elle peut aussi compromettre la floculation en cassant les flocs soumis à un champ de force
excessif.

Les paramètres optimum sont :


• gradient de vitesse : 300 à 600 s-1
• temps de réaction : quelques minutes
La coagulation se fait donc à agitation rapide.

3. LA FLOCULATION

L’efficacité de la floculation (e) pourrait être calculée par une équation de la forme :
e = k.C .G  .t y
avec t temps de contact
C concentration des boues dans le réacteur
G gradient de vitesse
,,y coefficients supérieurs à 0

Les dispositifs utilisés sont : agitation mécanique lente


lit de boues

Les paramètres optimum sont : gradient de vitesse : 30 à 60 s-1


temps de réaction : 15 à 30 minutes
G.t.  100 000 (> 60.000)

A. Agitation mécanique lente

Le calcul de G est identique à celui proposé pour la coagulation.


La vitesse en bout de pale est de l’ordre de 0,2 à 0,8 m.s -1

B. Mélange en lit de boues

Dans un ouvrage à flux ascendant, un équilibre s’établit entre la vitesse de l’eau et la vitesse de
décantation des particules floculées. A partir d’une certaine concentration, il se crée un lit de boues qui
joue à la fois le rôle de floculateur et de filtre. (cf. Chapitre IV sur les décanteurs à voile de boues)

g.v.h
G=
 .H

Avec v vitesse ascensionnelle (m.h-1)


H hauteur du lit de boues (m)
 viscosité cinématique
g coefficient d’accélération de la gravité (9,81 m. s-2)
h perte de charge en m

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 26/31


Coagulation Floculation

4. LE TRANSPORT

Les conditions de transport de l’eau floculée dans les ouvrages ou canalisations sont importantes. En
particulier lorsqu’il s'agit d'une eau floculée, si l'énergie est trop importante, il y a risque de casser les
flocs formés. La dissipation d'énergie donne des turbulences provoquées par des pompes, des
vannes,...

Dans tous les cas, il est préférable d’éviter de dépasser des vitesses de 0,15 à 0,20 m.s -1 pour éviter la
désagrégation des flocs.

Gradient de vitesse perte de charge

. g. h.V v
G= h =  ki .
. l i 2g

avec e masse volumique de l'eau (kg.m-3)


h perte de charge (m.h-1)
ki coefficient de perte de charge selon les différents organes traversés
l longueur de la canalisation (m)
V volume de la zone de transport (m3)
 viscosité dynamique (kg.m-1.s-1)
-1
v vitesse de l’eau dans la canalisation (m.s )

5. ESTIMATION DES DOSES DE COAGULANTS

De nombreux auteurs essaient de modéliser le calcul de la dose optimale de coagulant. Les relations
obtenues sont difficilement extrapolables. Il est plutôt préférable de procéder à des essais Jar test.

La formulation ci-dessous n’est qu’un exemple de ce que l’on peut obtenir :

dose = K 1  Alcalinité  + K 2 .C n

avec C la charge en colloïde

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 27/31


Coagulation Floculation

E. Les essais Jar test


Dans tous les cas, le choix d'un réactif doit donner lieu à des essais de coagulation préalables en laboratoire.
La technique habituelle repose sur l'utilisation d'un floculateur permettant de maintenir dans 6 béchers une
agitation réglable et identique pendant une durée choisie.

Les béchers contenant 1 l d'eau sont agités rapidement pendant 2 à 4 minutes. Au début de cette période
d'agitation rapide, les quantités déterminées de réactifs coagulants (sel de fer ou d'aluminium) sont ajoutées
avec si besoin l’addition complémentaire de réactif alcalin pour ajuster le pH.

La vitesse d'agitation est ensuite réduite pendant 10 à 20 minutes. C'est la phase d'agitation lente. Le pH est
contrôlé à cet instant.

En fin d'agitation, la quantité, la taille et l'aspect du floc formé sont notés.

Après l’arrêt de l'agitation, l'aptitude à la sédimentation est appréciée par la vitesse de chute des particules.

La qualité de la coagulation floculation est déterminée à partir des mesures sur les eaux décantées et filtrées
des paramètres suivants :
- turbidité
- couleur
- COT et adsorption des matières organiques dans l'UV
- teneur résiduelle en fer ou en aluminium.

Il faut procéder à deux essais successifs :

1. détermination de la zone de pH favorable : à dose de coagulant fixe et pH variable

Le premier essai est effectué en mettant en œuvre un taux de coagulant suffisant pour ne pas être en
défaut ou en excès. Le pH est choisi, variable d'un bécher à l'autre, ce qui est fait à l'aide d'une
addition calculée de réactif alcalin (chaux ou soude).

Le pH est mesuré dans chaque bécher après la période de décantation. Le pH optimal ainsi déterminé
dépend du coagulant utilisé (pH correspondant à la solubilité minimale de l'hydroxyde) et également
des matières colloïdales présentes.

2. détermination du taux minimal de coagulant : à dose de coagulant variable et pH fixe

Ce second essai est conduit à pH constant et à taux variable de coagulant. Le maintien d'un pH
constant résulte du maintien de l'alcalinité (TAC) à une valeur fixe. Connaissant la valeur de pH (issu du
premier essai) à maintenir et la consommation de l'alcalinité lors de la réaction d'hydrolyse du
coagulant, les doses de réactif alcalin correspondantes aux taux variables de coagulant sont aisément
calculées.

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 28/31


Coagulation Floculation

Le taux minimal à mettre en oeuvre dans les installations de traitement peut s'écarter quel que peu de
celui déterminé au floculateur, en laboratoire. Les conditions d'énergie d'agitation, de temps de séjour,
de concentration en flocs préformés peuvent varier. Cependant, la valeur du pH optimal de coagulation
n'est pas affectée par les conditions de mise en œuvre industrielle.

Fig. n°21 : Schéma des essais Jar test

Re
nd
em
ent
d’
éli
mi
nat
ion
M
ES
MES non éliminables

Concentration en coagulant ou floculant (Logarithmique)

Fig. n°22 : Conditions des essais Jar test

Etape Temps (min) Agitation (tours.mn-1)


Coagulation 5 100
Dispersion des floculants 1 100
Floculation 3 40
Sédimentation 20 0

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 29/31


Coagulation Floculation

F. Annexes

Engees, Traitement des eaux de distribution Folio : 30/31


Sulfate d'aluminium
Polyhydroxy chlorosulfate d'aluminium Polyhydroxy chlorure d'aluminium
Chlorure ferrique Sulfate ferrique Chlorosulfate ferrique en solution
à haute basicité Al(OH)n Cl m
FeCl 3 Fe 2(SO4)3 FeClSO4 Al 2(SO4)3, 14H2O
Al(OH)n Cl m(SO4)p

Fabricants KEMIRA KEMIRA KEMIRA KEMIRA Feralco KEMIRA Feralco Feralco Feralco

PIX 110
PAX XL 7 PAX XL 7A
PIX 111 PIX 123 Aquarhône Sulfate d'aluminium
Nom commercial (Ancien WAC (Ancien WAC PAX XL 10 PAX XL 9 PAX XL 63 Aqualenc F1 PAX 18 Aqualenc E
Clairtan 18D en solution
HB) HB A)

Limpide Limpide Limpide Limpide Limpide Clair à légèrement Limpide Clair à légèrement
Aspect Solution brune Solution brune Solution brune Aspect coloré Coloré jaune
Incolore Incolore Incolore Incolore Incolore coloré Jaune coloré

Engees, Traitement des eaux de distribution


Masse molaire (g/mol) 162,5 400 187,5 594

Densité à 20°C 1,44 + 0,02 1,55 + 0,05 1,48 + 0,02 1,17 + 0,02 1,20 + 0,02 1,22 + 0,02 1,20 + 0,02 1,22 + 0,02 1,24 + 0,2 1,36 + 0,02 1,37 + 0,02 1,37 + 0,02 1,32 + 0,02
% FeCl 3 / Fe 2(SO4)3 /
41 + 1 44 + 1 42 + 1 8,5 8,5 9,7 + 0,3 8,5 + 0,3 9,7 + 0,3 10 + 0,5 17 + 0,5 17 + 0,5 17 + 0,5 8,2 + 0,2
Al 2O3
Concentration en
FeCl 3 / Al 2O3 / 590 682 622 99,5 98,4 118,3 102 118,3 124 231,2 232,9 232,9 108
Fe 2(SO4)3 g FeCl 3 / L g Fe 2(SO4)3 / L g FeClSO4 / L g Al 2O3 / L g Al 2O3 / L g Al 2O3 / L g Al 2O3 / L g Al 2O3 / L g Al 2O3 / L g Al 2O3 / L g Al 2O3 / L g Al 2O3 / L g Al 2O3 / L
(g/L)
% Fe / Al 14,1 + 0,2 12,5 + 0,4 12,7 + 0,4 4,5 4,5 5,1 + 0,2 4,5 + 0,2 5,1 + 0,2 5,3 + 0,3 9 + 0,3 9 + 0,3 9 + 0,3 4,3 + 0,1

Concentration en Fe /
Al 203,0 193,8 188,0 52,7 54 62,2 54 62,2 65,7 122,4 123,3 123,3 57,1
(g/L)

Basicité 70 % + 5 70 % + 5 70 % + 5 70 % + 5 85 % + 10 68 % + 4 43 % + 5 38 % + 5 38 % + 5 0%
pH à 20° <1 <1 <1 3,2 + 0,3 3,15 + 0,3 2,5 + 0,5 3 + 0,5 2,7 + 0,5 2,5 + 0,5 1 + 0,5 1 + 0,5 0,6 + 0,2 2,3 + 0,4
Cristalisation -13°C <-20°C <-20°C -9°C + 1 -9°C + 1 -15° C -15° C -15° C -18° C -15° C -30° C -20° C -8° C
Viscosité à 20°C
COAGULATION / FLOCULATION

10 40 20 15 15 10 10 10 30 70 110
(mPa.s)
QUALITE DES REACTIFS

Polyester renforcé Polyester renforcé Polyester renforcé


Matériau cuve Acier revêtu, PEHD,
fibre de verre ou fibre de verre ou fibre de verre ou PEHD ou polypropylène Acier revêtu, PEHD, polypropylène
stockage polypropylène
PEHD PEHD PEHD
Stabilité 1 an 1 an 1 an 1 an 1 an
Prix / tonnes en vrac ~ 215 euros ~ 215 euros ~ 215 euros ~ 215 euros ~ 215 euros
Eaux Usées Eaux Usées
(Coagulation - (Coagulation -
Déphosphatation) Eaux Usées Déphosphatation)
Eau Potable Eau Potable Eau Potable
Eau Potable Eau Eau Potable (Eau (Coagulation - Eau Potable (Eau
Eaux Usées Eaux Usées (Coagulation - Eau (la zéolite associée
Eaux Usées (Coagulation - Potable chargée, bon Déphosphatation)chargée, bon
Application (Déphosphatation - Déphosphatation - Eau Potable Eau Potable Potable au PAX 63 permet de Eau Potable
Déphosphatation - élimination (Plutôt abattement des abattement des
conditionnement des boues - conditionnement des boues - (Eau douce) diminuer le relargage
sulfures) minéralisée) matières colloïdales NON CONFORME en matières colloïdales
élimination sulfures) élimination sulfures) d'Al)
particulaires et en Eau Potable particulaires et en
suspension) suspension)

Folio : 31/31
ECOLE NATIONALE DU GENIE DE L'EAU ET DE L'ENVIRONNEMENT DE
STRASBOURG

ELEVES-INGENIEURS 2ème ANNEE

TRAITEMENT DES EAUX DE DISTRIBUTION

4 - Décantation - flottation

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 - 2017 Folio : 1/43


Décantation - flottation

Contenu

A. PREAMBULE 3

B. LES DECANTEURS 4

1. PRINCIPE 4
2. LES DIFFERENTES FAMILLES DE DECANTEUR 4
3. LES DIFFERENTES PARTIES D’UN DECANTEUR 7
4. PERFORMANCES DE LA DECANTATION 8

C. THEORIE DE LA DECANTATION 9

1. LA DECANTATION DISCONTINUE 9
2. LA DECANTATION CONTINUE 12
3. LA DECANTATION VRAI 14
4. THEORIE DES DECANTEURS INDUSTRIELS 18

D. LES DECANTEURS INDUSTRIELS 25

1. CLARIFLOCULATEUR STATIQUE RACLE 25


2. DECANTEUR CIRCULATOR 26
3. DECANTEUR TURBOCIRCULATOR 26
4. DECANTEUR AEROHYDRAULIQUE (STEREAU) 27
5. DECANTEUR ACCELATOR 28
6. DECANTEUR PULSATOR 29
7. DECANTEUR AQUACYCLE (STEREAU) 30
8. DECANTEUR SUPERPULSATOR 32
9. DECANTEUR CYCLOFLOC 32
11. DECANTEUR DELREB (STEREAU) 35
12. DECANTEUR EQUIFLUX (STEREAU) 36

E. SEPARATION DES BOUES PAR FLOTTATION 37

1. DESCRIPTION DU PROCEDE 37
2. APPROCHE THEORIQUE 38
3. INTERETS ET LIMITES DE LA FLOTTATION 41

F. ANNEXES 42

EVALUATION DE LA QUALITE D’EAU EN SORTIE DE DECANTEUR 43


PERTES EN EAU 43
VITESSES ASCENSIONNELLES DES DIFFERENTS DECANTEURS 43

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 2/43


Décantation - flottation

A. Préambule
La décantation et la flottation sont des procédés de séparation liquide/solide basés sur la pesanteur.

Dans les procédés de décantation, les particules plus denses que l’eau tombent dans le fond de l’ouvrage, où
elles sont récupérées.

Lorsque les particules sont de faible densité, il est difficile de les séparer par décantation. On préfère alors les
faire flotter en surface des ouvrages, en injectant des micro-bulles d’air pour diminuer leur densité. Les boues
sont récupérées par un raclage de surface, l’eau clarifiée étant reprise à un niveau plus profond.

Les particules décantées forment ce que l’on appelle les boues. Elles sont extraites régulièrement de la filière eau
vers la filière boues. Le volume d’eau perdue par extraction des boues est un facteur d’évaluation des
performances d’une station de production d’eau potable.

Figure 0 : Tailles des différents éléments, molécules et particules et techniques de séparation associées.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 3/43


Décantation - flottation

B. Les décanteurs
1. Principe

Les décanteurs sont des ouvrages permettant de séparer les particules présentes dans l’eau sous l’action
de la gravité, que ces particules existent dans l’eau brute, ou qu’elles résultent d’une coagulation
floculation située en amont.

Schématiquement, les particules qui seront retenues dans un décanteur sont celles dont la vitesse de
sédimentation ou de chute des particules est supérieure à la vitesse ascensionnelle ou
d’écoulement de l’eau.

2. Les différentes familles de décanteur


A. Décanteurs statiques
La séparation des particules se fait par la simple action de la gravité.

a. Décanteurs cylindro-conique à flux vertical

Pour sédimenter, chaque particule doit avoir une vitesse de chute supérieure à la vitesse de
l'eau qui s'y oppose en tenant compte des forces de frottement et de la poussée d'Archimède.

L’ouvrage est généralement de forme cylindro-conique. La forte pente (> 45%) du radier (fond de
l’ouvrage) permet de s’affranchir du problème de raclage. Elle limite par contre le diamètre de l’ouvrage
en raison des profondeurs engendrées.

Paramètres à prendre en compte :


3 -1
Q débit en eau (m .h ) Figure n°1 : Schéma de principe d’un décanteur cylindro-conique
2
S surface de l'ouvrage (m )
3
V volume de l'ouvrage (m )
Ve vitesse d’écoulement de l'eau Ve
Sortie eau clarifiée

Ve = Q/S Arrivée eau floculée


Vs
Vs vitesse de chute des particules
ou vitesse de sédimentation
H hauteur de l’ouvrage (m)
t temps de contact
t = Q/V = Q /(H.S)

Extraction des boues


Conditions à respecter :
Vs > Ve = Q / S

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 4/43


Décantation - flottation

b. Décanteur couloir à flux horizontal

Un décanteur rectangulaire permet une implantation plus ramassée, mais il est d’un coût légèrement plus
important. Le rapport longueur sur largeur est compris entre 3 et 6.
La hauteur d’eau est le plus souvent comprise entre 2,5 m et 4,0 m. La pente du radier est de l’ordre de 1
%.

La circulation de l’eau est horizontale, celle des boues verticales.

Les boues sont récupérées dans une fosse située du côté de l’arrivée, la collecte des flottants étant à
l’amont de la surverse de l’eau décantée ou clarifiée.
Un système de raclage par chaîne ou par pont racleur permet de ramener les boues dans la fosse à boue.

Paramètres à prendre en compte


Figure n° 2 : Schéma de principe d’un décanteur couloir
L longueur du décanteur
Arrivée eau
l largeur du décanteur floculée L
H hauteur du décanteur
Q débit d’eau Vh Va
Sortie eau
clarifiée
Va = Ve vitesse ascensionnelle ou
Vs
H
vitesse d’écoulement de l'eau
Vs vitesse de sédimentation de
la particule B
B’
Vh vitesse de déplacement
horizontal
Extraction des boues
Condition à respecter :
Q
Vs  =Q/S
L.l

c. Décanteur circulaire à flux horizontal

L’eau est admise par le fond dans une jupe centrale appelée CLIFFORD, qui permet de casser l’énergie
cinétique de l’eau. L’eau circule alors de façon radiale, dans le plan horizontal, alors que les boues
décantent verticalement. L’eau décantée est récupérée par surverse dans une goulotte périphérique.
La profondeur de l’ouvrage varie entre 2,0 et 3,5m.
La pente du radier est comprise entre 4 et 10 %. Les boues qui s’y déposent sont ramenées vers le centre
du décanteur où se situe le puits à boues par un système de raclage approprié. Le racleur de fond est
supporté par un pont tournant dont le pivot est situé au centre du bassin. Certains de ces ouvrages sont
équipés de floculateur en partie centrale.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 5/43


Décantation - flottation

Paramètres à prendre en compte


Fig. 3 : Schéma de principe d’un décanteur circulaire
h hauteur du décanteur
R rayon du décanteur
Vo vitesse de l'eau au Clifford
ro rayon du Clifford
Vr vitesse de l'eau au rayon r
Vs vitesse de chute des particules
Ve vitesse d’écoulement de l'eau

Condition limite (voir §C-4):


2
.h.(R 2 - ro )
h/Vs <
Q

B. Décanteurs accélérés

Pour réduire la taille des ouvrages, il faut accroître la vitesse de sédimentation des particules : en
augmentant la taille et la densité des flocs, leur capacité à décanter s’améliore.
En recirculant la boue, on augment la taille et la densité des flocs.

On distingue les grandes familles de décanteurs suivantes :


- les décanteurs à recirculation de boues où les boues décantées sont recyclées vers une zone
de mélange agitée par action mécanique, hydraulique ou aéraulique.
- Dans les appareils classiques, le taux de recirculation varie autour de 3 à 5 % et reste toujours
inférieur à 10%. Aujourd’hui, pour augmenter encore plus la teneur en matière en suspension, on
recircule une fraction des boues purgées.

- les décanteurs à lits de boues où l’eau à décanter est filtrée à travers une masse de boue que
l’on maintient en expansion dans l’ouvrage.

- les décanteurs à micro-sable ou à floc lesté, le micro-sable ou des particules de densité élevée
ayant pour fonction d’alourdir le floc.

Le descriptif de ces principaux décanteurs se trouve au paragraphe D.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 6/43


Décantation - flottation

C. Décanteurs à plaques et décanteurs lamellaires

Pour améliorer la qualité de l’eau décantée, on peut aussi équiper les ouvrages de plaques ou de lamelles
qui vont augmenter la surface de décantation. Les petites particules de floc ayant échappé à la
décantation vont se déposer sur ces plaques où elles vont s’accumuler en couche peu épaisse jusqu’à ce
que leur cohésion leur permette de glisser. Même si le dépôt de flocs contre les lamelles réduit la section
de passage, ce qui augmente la vitesse ascensionnelle qui risque alors d’entraîner du dépôt, le
dimensionnement des lamelles engendre préférentiellement l’entraînement des flocs vers le bas plutôt que
vers le haut et donc la décantation peut se produire.

Les décanteurs lamellaires peuvent être statiques ou accélérés.

3. Les différentes parties d’un décanteur

La majeure partie des décanteurs comprend Fig 4 : Différentes zones d’un décanteur
cinq zones, avec en partant de la base de (ex décanteur accéléré à lit de boues)
l’ouvrage vers le haut :

H5 < 1 m
 zone d’admission de l’eau brute

 zone de mélange secondaire H4 : 1 à 1,5 m ( < 2,5)

 zone de concentration des boues

H3 : 2 à 4 m
 zone de décantation

H2 : 0,5 à 1 m
 revanche
(hauteur au dessus du plan d’eau)

A. Admission de l’eau :

L’admission dans un décanteur doit permettre de dissiper l’énergie de l’eau à l’entrée de l’ouvrage,
d’éviter les courts-circuits hydrauliques et d’assurer une répartition uniforme de l’eau sur toute la section
du décanteur.

Dans un ouvrage rectangulaire, il est intéressant de faire passer l’eau à l’entrée à travers une plaque
-1
perforée, la vitesse de passage de l’eau à travers les trous ne dépassant pas les 0,6 m.s
La vitesse de circulation dans les canalisations d’amenée ne doit pas dépasser 0,6 m.s -1 pour ne pas
casser le floc.
Dans un ouvrage circulaire, l’eau arrive verticalement dans une jupe centrale (Clifford). Elle permet la
répartition tangentielle de l’eau. Son diamètre est d’environ 25 % de celui de l’ouvrage, soit 6 % environ
de la surface.
-1
La vitesse d’arrivée de l’eau dans les canalisations ne doit pas dépasser 0,3 m.s .

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 7/43


Décantation - flottation

Pour des ouvrages plus complexes, l’arrivée de l’eau peut se faire par l’intermédiaire d’un système de
distribution approprié (cf décanteur PULSATOR).

B. Sortie de l’eau :

La vitesse de l’eau dans le dispositif de sortie ne doit pas être trop élevée pour éviter toute aspiration et
entraînement de flocs. Elle doit aussi être correctement répartie pour éviter des déséquilibres
hydrauliques.

On peut concevoir deux types de sortie d’eau : soit par surverse dans des canalisations ou des goulottes
de récupération, soit par des tuyaux immergés perforés sur une génératrice.
3 -1 -1
La vitesse maximale de surverse est de l’ordre de 5 à 10 (m .h ).m .

Dans les ouvrages rectangulaires, l’eau est récupérée par des goulottes ou des tuyaux situés à l’extrémité
opposée de l’entrée. Pour que la vitesse soit satisfaisante, il est souvent nécessaire d’en positionner
plusieurs.

Dans les ouvrages circulaires, la goulotte est située en périphérie, Certains auteurs recommandent
cependant de la placer à une distance de l’extérieur correspondant à 10 % du rayon.

C. Raclage des boues

Le racleur doit permettre de ramener les boues dans la fosse à boues d’où elles seront extraites de
l’ouvrage, sans pour autant perturber la décantation. Pour les ouvrages rectangulaires, la vitesse du
-1
dispositif de raclage est de l’ordre de 1 cm.s . Pour les ouvrages circulaires, la vitesse périphérique du
-1
pont ne doit pas dépasser 3 cm.s .

4. Performances de la décantation

Le tableau ci dessous précise les conditions de fonctionnement d’un décanteur.

Fig 5 : Evaluation de la qualité d’eau en sortie de décanteur

Eau brute Bonne Moyenne Médiocre


-1) *
MES (mg.l 45 à900 1 à10 2à3 3à6
Turbidité (NTU) 1 2à3 3à6
Couleur (mg Pt/Co) <5 10 20
* -1
: pour des concentrations supérieures à 1 g.l , une pré-décantation est nécessaire

Les pertes en eau au niveau du décanteur varient selon la qualité du floc. Elles passent de 2 % pour un
floc dense à 5% pour un floc plus léger.

Pour rappel, les pertes en eau totales s’élèvent, dans le cas d’une filière complète, à 6% environ (10% au
maximum) avec la répartition suivante ; 2/3 soit 4% pour les purges du décanteur et 1/3 soit 2% pour le
lavage des filtres à sable (cf. Chapitre 5).

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 8/43


Décantation - flottation

C. Théorie de la décantation
Deux types de matières décantables sont différenciés :
- les particules grenues qui sédimentent naturellement indépendamment les unes des autres,
- les particules plus ou moins floculées résultant d'une agglomération naturelle ou provoquée par la
coagulation, des matières colloïdales en suspension.

La théorie distingue trois types de décantation :


- la décantation des particules grenues avec une vitesse de chute constante (loi de STOCKES),
- la décantation diffuse des particules floculées à vitesse croissante,
- la décantation freinée pour des concentrations importantes où les flocs se gênent entre eux.

1. La décantation discontinue

Il s’agit d’étudier la décantation de particules grenues dans un liquide au repos. La décantation


discontinue ne correspond pas à ce qui se passe dans le traitement des eaux où les ouvrages sont
alimentés en permanence, mais cette approche permet de mieux comprendre les aspects théoriques du
processus.

Sons l'effet de la gravité, les particules ayant une densité supérieure à 1, sédimentent jusqu'à atteindre
une vitesse limite de chute. Celle ci correspond à l'équilibre entre les forces de frottement avec le liquide
(vertical - vers le haut) et le poids des particules (vertical - vers le bas).

Cette vitesse limite de décantation dépend d'une part de la nature, de la forme et de la densité de la
particule, et d'autre part de la viscosité et de la densité de l'eau.

A - Théorie de la décantation discontinue

Une particule dans un liquide au repos est soumise à 3 forces : Fig 6 : Décantation d’une
particule grenue
Le poids de la particule P =  s .V .g
La poussée d'Archimède F2 =  e V .g
2
Les frottements F1 = 1/2.C.S.  e .Vs
F2
avec V
e
volume de la particule
masse volumique de l’eau
F1
s masse volumique de la particule
C coefficient de frottement
S surface de la particule projetée sur un plan
perpendiculaire à la direction de son déplacement P
Vs vitesse de sédimentation de la particule
G accélération de la gravité
M masse de la particule

Lorsque la particule évolue dans le liquide, l’accélération est fonction des 3 forces :

m. dv / dt = P - F 1 - F 2

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 9/43


Décantation - flottation

2
et finalement : m.dv/dt = g (  s -  e ).V - 1/ 2.C.S . e .Vs

Lorsque la vitesse de la particule devient constante dv s/dt = 0, on peut alors calculer la vitesse de
sédimentation :

2.g.(  s -  e ).V
Vs = (1)
C.  e .S

V
pour une particule sphérique de diamètre D ; = (4/3 Π R3)/( Π R2) = 2/3 D
S

Le coefficient de frottement C n'est pas constant, sa valeur dépend du régime hydraulique dans le liquide
entourant les particules qui se déplacent. Ce régime est caractérisé par le nombre de Reynolds.

B. Relation entre le coefficient de frottement et le nombre de Reynolds

Le nombre de Reynolds (Re) permet de connaître le régime hydraulique de décantation dans le liquide
(laminaire, intermédiaire ou turbulent).

 e .Vs .R
Re =

avec e masse volumique du liquide (kg.m-3)


 viscosité dynamique (kg.m-1.s-1)
Vs vitesse de sédimentation (m.s-1)
R rayon hydraulique = 6.V/S V = volume de particule, S = sa surface

Pour une particule sphérique, le rayon hydraulique est égal au diamètre d : R = d


On a alors

 e .Vs. d Vs. d Fig. 7 : Relation entre le coefficient de frottement


Re = = et le nombre de Reynolds
 
avec  viscosité cinématique
Coefficient de frottement

La relation entre le coefficient de frottement


(C) et le nombre de Reynolds (Re) est donnée
par la figure suivante.

Elle a été établie expérimentalement pour des


particules sphériques.
Nombre de Reynolds

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 10/43


Décantation - flottation

La courbe permet de différencier 3 régions :

10-4 < Re < 1 régime laminaire : loi de STOKES C = 24 Re-1


3
1 < Re < 10 régime intermédiaire : loi de ALLEN C = 24 Re-1 + 3 Re-0,5 + 0,34
103 < Re < 2 105 régime turbulent : loi de NEWTON C = 0,44

C. Décantation discontinue en régime laminaire

En régime laminaire, on retrouve la loi établie par STOCKES (1845) en remplaçant le coefficient de
frottement dans l'équation (1) par sa formule C = 24 Re-1 :
g
Vs = . ( -  e ).d 2
18. 
s

La vitesse de sédimentation croît proportionnellement avec :


- le carré de la dimension des particules (diamètre)
- la densité des particules : augmentation de (s - e) (masse volumique des particules – masse
volumique du liquide)
- la température : la viscosité µ diminue quand la température augmente.

En régime laminaire, plus le diamètre de la particule augmente et plus la température est élevée (µ
diminue) ; mieux se fera la décantation (car Vs élevée). D’où l’intérêt d’augmenter la taille de la particule.

D. Décantation discontinue en régime turbulent

En régime turbulent, on retrouve la loi établie par NEWTON en remplaçant le coefficient de frottement
dans l'équation (1) par sa valeur C = 0,44 :

10 ( s -  e )
Vs = .g. .d
3 e

La vitesse de sédimentation ne croît plus que proportionnellement à la racine carrée du diamètre. La


température n'est plus un paramètre important. En régime turbulent, il n’est plus aussi intéressant
d’augmenter le diamètre des particules, ni d’avoir une température élevée.

F. Détermination des vitesses de sédimentation

Il existe des abaques permettant de déterminer graphiquement la vitesse de sédimentation de particules


sphériques dans une eau stagnante et à 10 °C en fonction du régime hydraulique de sédimentation
(condition sur Re), du diamètre des particules (d) et de la densité spécifique de la particule (s/e)
appelée aussi densité déjaugée (Fig. 8).

En pratique, on rencontre rarement des conditions de sédimentation turbulente.


Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 11/43
Décantation - flottation

Pour du sable, cela correspond à des grains de diamètre supérieur à 2,5 mm et de forte densité
(µ = 2,65 g.cm-3).

Pour des flocons d'hydroxyde d’aluminium, la taille serait de 35 mm pour une masse volumique de
1,002 g.cm-3.

Figure n° 8 : Vitesses de sédimentation ou d’entraînement de particules sphériques dans l'eau en fonction


du diamètre de la particule (mm) et de sa densité spécifique
Vitesse d ’entrainement (mm/sec)

Vitesse d ’entrainement (m/h)


Diamètre des particules d

Plus le régime devient turbulent et moins il est intéressant d’augmenter le diamètre d (exprimé ici en mm)
pour accélérer la vitesse de sédimentation (Vs n’est plus proportionnelle à d, mais proportionnel à √d
seulement).

2. La décantation continue

Dans le cas de la décantation continue, il ne s’agit plus d’observer une particule décantant dans un liquide
au repos, mais dans un liquide en circulation. Pour mieux appréhender les différents phénomènes, nous
étudierons ce qui se passe dans un décanteur à flux horizontal.

A. Cas des particules grenues

Dans le cas d'un décanteur rectangulaire à flux horizontal, l'eau pénètre d'un coté, traverse le décanteur
et ressort de l'autre extrémité de l'ouvrage. La théorie du décanteur idéal (selon HAZEN) permet
d'établir le comportement des particules grenues dans ce type d'ouvrage.

Figure n° 9 : décanteur idéal (HAZEN) - Schéma de la décantation à flux horizontal de particules grenues

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 12/43


Décantation - flottation

Ve
Zone Zone
H d’entrée Vs de
sortie

Zone boueuse

Les hypothèses initiales dans la théorie du décanteur idéal sont les suivantes :
- l'écoulement est laminaire  condition sur Re, donc sur C,
- la vitesse de circulation ou d’écoulement de l'eau est homogène sur toute la profondeur de
l'ouvrage,
- la vitesse de sédimentation des particules est calculée selon la loi de STOKES,
- la loi de STOKES est valable en sédimentation continue,
- la sédimentation n'est ni affectée par l'écoulement horizontal, ni par la présence d'autres particules.

On peut alors calculer la vitesse maximale (V H) de circulation de l'eau pour qu'une particule grenue de
vitesse de sédimentation Vs soit piégée dans le décanteur.

La condition à respecter pour que la particule décante, c’est que le temps t 1 mis par la particule pour
sédimenter soit inférieur au temps t2 qui lui est nécessaire pour traverser la longueur du décanteur, soit :

Vs VH Q
t1 = H / Vs < t2 = L / VH d’où :  et VH = = débit / section
H L H. l

d’où : Vs > Q / S = VHazen = débit / surface

avec Vs vitesse de sédimentation


VH = Ve vitesse horizontale ou d'écoulement de l'eau Vs > Q . H / H . l . L
H hauteur du décanteur Vs > Q / l . L
L longueur du décanteur
l largeur du décanteur
Q débit d'alimentation
H.l s = section du décanteur
L.l S = surface du décanteur donc surface de décantation

On en déduit donc la vitesse de Hazen, rapport entre le débit et la surface du décanteur, soit ici
une surface de décantation. Les particules dont la vitesse de sédimentation est inférieure à la vitesse
de Hazen ne seront pas retenues dans l’ouvrage (Vs > VHaz).
La vitesse de Hazen caractérisant un décanteur, est le rapport entre le débit d’alimentation Q et la
surface du décanteur soit sa surface de décantation S : VHaz = Q / S

Il ne faut pas confondre la vitesse de Hazen avec la vitesse ascensionnelle, cette dernière étant
égale au rapport entre le débit Q et la surface du plan d’eau ou surface au « miroir » ou surface
de l’ouvrage ; soit une vitesse d’eau traversant une surface de décanteur. La vitesse ascensionnelle est
un paramètre de dimensionnement constructeur, spécifique à chaque type de décanteur.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 13/43


Décantation - flottation

La vitesse ascensionnelle est toujours SUPERIEURE ou égale à la vitesse de Hazen.


Dans le cas présent, les 2 vitesses sont égales, puisque surface de décantation et surface au miroir sont
identiques.
Dans un décanteur où on rajoute des plaques ou des lamelles (cas des décanteurs lamellaires), ce n’est
plus vrai.
Il faut tenir compte de la surface développée (ou projetée) par les lamelles pour déterminer la surface de
Hazen et donc la vitesse de Hazen.

b. Cas des particules floculées : la décantation diffuse

Dans la réalité, les particules floculées décantent plus vite : leur vitesse de sédimentation augmente car la
floculation se poursuit dans le décanteur, et elles atteignent le fond de l'ouvrage avant l’extrémité. Ce
processus se produit dès que la concentration en matières floculées est supérieure à 50 mg.l -1 environ.
L'augmentation de la profondeur des ouvrages permet d'améliorer les conditions de la décantation car le
temps supplémentaire mis par les particules floculées à atteindre le fond de l'ouvrage favorise une
meilleure floculation.

Figure 10 : Décantation à flux horizontal de particules floculées

Ve
Zone Vs Zone
H d’entrée de
sortie

Zone boueuse

Il n'y a pas de formules mathématiques exprimant la décantation diffuse. Des essais pilote ou en grandeur
nature sont donc nécessaires.
Dans ce cas de particules floculées, le temps de décantation étant réduit, les ouvrages seront plus
compacts, d’où l’intérêt de la coagulation-floculation.

3. La décantation vrai

Dans la réalité, les performances théoriques de fonctionnement d'un décanteur ne sont pas atteintes car
des perturbations interviennent :
- turbulence durant l'écoulement,
- entraînement des particules déposées,
- écoulement non homogène de l'eau,

A. Les turbulences
 e. VH.R
Le régime d'écoulement dans le décanteur est régi par le nombre de Reynolds : Re =
.
avec e masse volumique de l’eau

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 14/43


Décantation - flottation

 viscosité dynamique
VH vitesse horizontale de circulation de l’eau dans l’ouvrage
R rayon hydraulique

L’écoulement est non turbulent quand Re < 2000.


Le rayon hydraulique (R) est ici égal au rapport de la surface de l'ouvrage (S) et du périmètre mouillé (P).

Pour un décanteur rectangulaire couloir on a : R = l.H / (l + 2H)

avec l largeur de l'ouvrage


H hauteur de l’ouvrage

Q
En introduisant la vitesse horizontale de circulation de l’eau : VH = ,
H.l
le nombre de Reynolds devient :

Q.e
Re =  2000
 (l + 2 H )

Le milieu sera d'autant moins turbulent et le nombre de Reynolds faible, que l'ouvrage sera profond et de
grande largeur. Dans ce cas, la vitesse de circulation et le débit de l'eau diminuent alors aussi.

L’estimation du rendement de décantation de particules discrètes (ou isolées) peut se faire à partir du
graphique de DOBBINS.
Pour un décanteur idéal selon HAZEN, le rendement de décantation est fonction du rapport Vs/Vh :
entre vitesse de décantation (Vs) et vitesse horizontale (Vh) et du rapport Vs/Vo : entre vitesse de
décantation (Vs) et vitesse ascensionnelle (Vo).

Exemple :
Rappel : Vs > Vo pour décanter, donc Vs/Vo
> 1 ou au mieux Vs / Vo = 1 ; soit Vs = Vo Fig. 11 : Graphique de Dobbins

Débit : Q = 50 m3.h-1
Décanteur : largeur l=2m
hauteur H=2m
Vitesse de décantation des particules à
éliminer : Vo = 1,5 m.h-1

Vo = Q / (l. L)  L = 16,6 m
Vh = Q / (l. H )  Vh = 12,5 m. h -1
Vo / Vh = 0,12 car Vs = Vo
donc Vs/Vh = Vo/Vh = 1,5 / 12,5 = 0,12

Rendement pour une vitesse ascensionnelle


de 1,5 m/h où Vs/Vo = 1 donc Vs = Vo
Vs/Vo = 1

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 15/43


Décantation - flottation

Si Vs/Vh = 0,12 et Vs/Vo = 1, alors

Rendement = 0,93
Plus Vs/Vh augmente et plus Vs/Vo
augmente et plus le rendement de
décantation s’améliore

B. Les perturbations par entraînement

Lorsque la vitesse de circulation de l'eau devient supérieure à la vitesse critique (Vt), les particules
décantées risquent de se remettre en suspension. La vitesse critique est donc la vitesse d’écoulement
maximale au-delà de laquelle il y a risque d’entraînement de particules sédimentées.
Il faut donc que V < Vt

Fig. 12 : Vitesse d'entraînement de particules


1/ 2 sphériques en fonction de leur diamètre et de leur densité
 8. b. g s − s 
Vt =  . .d 
 f s 
Vitesse d ’entrainement (mm/sec)

Vitesse d ’entrainement (m/h)


s/e

avec b : coefficient

0,04 : grain de sable uniforme


0,06 : particules hétérogènes
0,8 : boues
f: coefficient de frottement Diamètre des particules d

valeur moyenne : 0,03

C. Homogénéité du courant d'eau

Figure 13 : répartition des temps de séjour


Dans un bassin idéal, les vitesses de ( Temps de séjour réel = idéal)
circulation horizontale sont égales sur toute
la longueur d'une section transversale. Le
temps de séjour (to) de toutes les particules Bassin idéal
Concentration traceur

est alors identique.

to = l. L. H / Q
Bassin réel

temps
Dans un bassin réel, les irrégularités dans la
répartition des vitesses provoquent des
différences de temps de séjour.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 16/43


Décantation - flottation

Fig. 14 : répartition des vitesses de sédimentation dans un décanteur horizontal

Décanteur réel Décanteur idéal

H
ho=Vo.to
h=V.to

L'hypothèse initiale est que toutes les particules ont une vitesse de chute identique Vso. La vitesse de
circulation de l'eau dans un décanteur réel (V h) n'est pas homogène sur la hauteur de l'ouvrage : elle est
plus rapide en surface et plus faible en profondeur.
Pour une particule soumise au champ de vitesse déterminé par Vso et Vh, l'influence de la composante
verticale augmente avec la profondeur et donc quand on s'approche de la sortie de l'ouvrage , Vs
augmente.
Pour un décanteur idéal, seules les particules de vitesses de décantation Vs o situées en dessous de h0
se déposent. Dans le cas d'un décanteur réel, ces mêmes particules sont piégées si elles entrent dans
l'ouvrage à une hauteur supérieure (ho'). La proportion des particules piégées est alors plus élevée.
Cependant, ceci n'est vrai que dans la mesure où le temps de séjour moyen réel est supérieur au temps
de séjour idéal dans la partie opérationnelle du décanteur.

La stabilité du courant est caractérisée par le nombre de FROUDE (Fr) qui doit être élevé (> 10-6)

Vh 2
Fr =
g. R
avec : Figure 15 : rendement de décantation
selon le nombre de FROUDE
Vh vitesse de circulation moyenne
horizontale (m.s-1)
R rayon hydraulique
G accélération de la gravité
Rendement (%)

D. Application aux bassins rectangulaires

Q 2 .(l + 2 H )
Fr =
g.(lH ) 3
Nombre de froude

Pour obtenir un nombre de Froude élevé, la


largeur (l) et la hauteur (H) doivent être aussi
petites que possible. Pour réduire la vitesse
ascensionnelle (Vh = Q/(l.L)); il faut que la
longueur (L) soit grande. Cependant, ces
conclusions sont en contradiction avec les
exigences pour l'obtention d'un nombre de

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 17/43


Décantation - flottation

Reynolds inférieur à 2000.

Par conséquent, dimensionner un décanteur demande un compromis entre ces deux conditions :
Fr  10 -6 et Re < 2000

4. Théorie des décanteurs industriels

Nous ne reviendrons pas sur les décanteurs statiques à flux vertical et les décanteurs couloirs trop simples
à présenter. Nous présenterons les types de décanteurs plus complexes et d’actualité.

A. Décanteur circulaire à flux horizontal


Figure16 : Principe d'un décanteur
circulaire à flux horizontal
Paramètres à prendre en compte

h hauteur du décanteur
R
R rayon du décanteur
Vo vitesse de l'eau au niveau
ro
du Clifford
Vr
ro rayon du Clifford
Vr vitesse de l'eau au rayon r Vs
Vo
Vs vitesse de chute des
particules
Ve
Q débit d’alimentation

La vitesse de l'eau décroît quand on va du centre de l'ouvrage vers la périphérie. On a Vr = dr / dt

temps t1 mis par une particule pour décanter de h t 1 = h / Vs


vitesse de l'eau au niveau du Clifford Vo = Q / (2. . ro .h)
vitesse de l'eau à un rayon r Vr = Q / ( 2. . r. h)

Les débits étant identiques dans les deux cas Vr . r = Vo . ro

soit Vr = Vo . ro / r = dr / dt
 dt = r.dr/(Vo .ro )
  t = 1/ 2.(r 2 )/(Vo .ro )

Le temps t2 mis par l'eau pour traverser le décanteur est alors :


2 2
(R 2 - ro ) .h.(R 2 - ro )
t2 = =
2.Vo .ro Q

Pour respecter la condition t1 < t2 il faut :

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 18/43


Décantation - flottation

2
.h.(R 2 - ro )
h/Vs <
Q

B. Décanteur lamellaire

Pour accélérer la décantation, et surtout réduire la taille de l’ouvrage, on peut associer un équipement
lamellaire à un ouvrage existant ou à un ouvrage conçu à cet effet. En fonction du sens de circulation des
eaux à décanter et du flux de boue, on distingue les décanteurs lamellaires à contre-courant, à courant
parallèle, ou à courant croisé.

Figure n°17 : Les différents types de décantation lamellaire


A : contre courant B :courant parallèle C : courant croisé
PS PE

e
Ve u
Eau
s

s
Ea
ue

ue
Bo

Bo
Boues Vs Ve
u
Ea


L

L
Vs Vs

Ve Boues
e
 
PE PS

Un décanteur lamellaire proprement dit est un ouvrage de séparation. Il doit être associé aux réacteurs de
coagulation floculation.

Figure 18 : Exemple de décanteur lamellaire à contre courant

Coagulateur Foculateur Décanteur lamellaire

Eau brute M M

Eau décantée

Purge
réacteurs

Trop plein Vers filière boue

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 19/43


Décantation - flottation

Nous prendrons l'exemple des décanteurs lamellaires à contre-courant : la décantation des particules (vers
le bas) se fait à contre courant par rapport à la vitesse de circulation de l'eau (vers le haut).

L longueur des lamelles


l largeur des lamelles Figure 19 : Principe de la décantation lamellaire
S surface des lamelles
S = l.L
N nombre de lamelles
h espace entre les lamelles
 angle d'inclinaison des lamelles Ve

d projection de h sur l'horizontale

L
h = d.sin() Vs
h' projection de h sur la verticale
h'= d.tg()

Ve vitesse de circulation de l'eau


h’
Vs vitesse de sédimentation
V vitesse de déplacement des
h
particules

V = Ve + Vs d

Une particule sera retenue si le temps t1 nécessaire pour qu'elle atteigne la lamelle est inférieure au temps
t2 mis par l'eau pour traverser l'espace inter-lamellaire. En posant Q le débit d’eau dans l'ouvrage, et Q i
celui passant entre deux lamelles :

h' d.tg() l. L. h l. L. d .sin( )


t1 = = t2 = =
Vs Vs Qi Qi

Qi Qi h' d . tg ( )
Ve = = Vs = =
h.l d.l.sin () t1 t1

d . L. l.sin( ) d . tg ( )
Pour respecter la condition t 1 < t 2 , il faut que  , soit
Qi Vs

Qi
Vs 
S .cos( )

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 20/43


Décantation - flottation

Dans un décanteur lamellaire, il est important de différencier :

- la vitesse ascensionnelle dans l'ouvrage qui ne tient compte que de la surface du décanteur (S d)
Vasc = Q/S d (10 à 15 m.h -1 )

- la vitesse de Hazen qui prend en compte la surface de décantation développée par les lamelles
(S) :
Q
Vh = (< 1 m.h -1 )
n.S.cos(  )

Dans le cas du décanteur lamellaire, Vasc est environ 10 fois plus élevé que Vh, d’où son
dimensionnement intéressant puisqu’il sera plus compact qu’un décanteur classique. Vasc est donc
spécifique à chaque type de décanteur, c’est une donnée «constructeur » de dimensionnement.

C. Décanteur à lit fluidisé (lit de boues)

Pour accélérer la décantation, on « filtre » l’eau au travers d’un lit de boue fluidisé chargé de retenir les
flocs

Un liquide ayant un écoulement


Figure n° 20 : Principe de fonctionnement du décanteur
ascensionnel peut maintenir des boues à lit de boues
en suspension qui forment alors un lit
de boues. On parle de lit de boues
fluidisé lorsque les particules discrètes Eau décantée
se meuvent librement, ce qui demande
une vitesse minimum du liquide. La
floculation et l'agglomération des
particules sont favorisées par le Lit de Boues
passage des particules dans le lit de Concentrateur
boues. à boues

La présence d'un lit de boues au sein


d'un décanteur modifie les conditions
Eau coagulé (débit pulsé)
d'écoulement : vitesse du fluide, perte
de charge,...

a. Porosité d'un lit de boues

Le lit de boues est caractérisé par sa porosité () défini comme la fraction de vide en %.

Caractérisation :
Cv concentration volumique des boues après 20mn de décantation -  = 70%
Cc concentration volumique des boues après centrifugation -  = 90%

Caractéristiques

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 21/43


Décantation - flottation

Cp concentration en poids de MES - généralement de 0,3 à 1,5 g.L-1


Densité des flocs = 1,001 à 1,003

b. Vitesse de l'eau dans un lit fluidisé d'hydroxydes

On suppose que les particules sont sphériques, distribuées uniformément et entourées par un cube de
fluide.

Soit Vf la vitesse du fluide à coté de la particule, c'est à dire dans le lit de boues et V s la vitesse
superficielle du fluide au dessus du lit de boues.
Pour une porosité de 99 %, la vitesse du fluide au sein du lit de boues est accrue de 6 %, soit Vf =
1,059.Vs.

La vitesse du fluide augmente donc de 6% dans un lit fluidisé.

c. Vitesse de chute des particules

La vitesse de chute des particules dans un lit fluidisé (V l) est souvent exprimée par rapport à la vitesse de
chute isolée donnée par la formule de STOCKES (Vs).
p
Vl = Vs .
avec  porosité
p coefficient fonction du nombre de Reynolds

4,59
Pour  =0,99 et p = 4,59, la formule devient Vl = Vs .0,99 soit Vl = 0,955Vs
La vitesse de chute dans un lit fluidisé est freinée de 5% environ par rapport à la vitesse de chute d'une
particule isolée.
La vitesse de chute de la particule diminue donc de 5% dans un lit fluidisé.

d. Perte de charge dans un lit fluidisé

La perte de charge globale ∆P à travers le lit fluidisé est sensiblement égale au poids des particules
diminué de la poussée d'Archimède.

Par unité de hauteur de lit fluidisé :


P = mg −  eVg = Vg (e-s )
avec s masse volumique des flocs
e masse volumique eau
V volume des flocs

Pour une hauteur de 1 m sur une surface de 1m2 et une porosité du lit de boues de 70 %

La perte de charge est de 9,81ms-2 x (1003 – 1000) kgm-3 x 0,3 = 8,8 Nm-2 (8,8 10-4m CE)

La perte de charge par mètre de lit fluidisé est proche de 1 mm de colonne d’eau (CE)

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 22/43


Décantation - flottation

e. Floculation dans un lit fluidisé

Elle peut être caractérisée par le nombre de CAMP Gt, utilisable dans le cas de la floculation
orthocinétique due à l'agitation mécanique qui accélère l'agglomération.
Dans un lit fluidisé, le produit Cv.Gt semble permettre une meilleure approche en tenant compte de la
concentration volumique en flocons.

f. Puissance dissipée dans le fluide par unité de volume

W =  e .g.Q . h / V

avec e masse volumique de l'eau


Q débit d'eau
h perte de charge en mètre
V volume de l'ouvrage
t temps de rétention dans le décanteur

La puissance dissipée pour un volume unitaire de 1 m 3 peut être liée au gradient hydraulique G (voir
Chapitre III), en introduisant µ la viscosité dynamique :
e .Q.g. h
W = .G 2  G =
.V

g. Pulsion du lit de boues

Un lit fluidisé par un courant de vitesse ascensionnelle constante est hydrauliquement instable : tout
déséquilibre tend à s'amplifier et non à s'amortir. Pour y faire face, un gradient de vitesse est créé au sein
de ces ouvrages par la forme de l'ouvrage, ou des variations du débit d'eau.

h. Qualité de l'eau brute

L'eau brute doit contenir suffisamment de MES pour que le lit de boues puisse se former

i. Qualité du lit de boues

La qualité du lit de boues est primordiale pour l'obtention d'une eau décantée satisfaisante. Par rapport à
un optimal, on peut distinguer les lits de boues trop denses et les lits de boues trop légers.

. Lit de boues trop dense  fuite de boues :


- il y a des nuages ponctuels de flocs,
- la concentration en MES dans le lit de boues est plus importante qu'en période de
fonctionnement optimal,
- elle croît avec la profondeur et ce gradient augmente au cours du temps,
- la concentration en MES à une même profondeur est plus importante dans les zones plus calmes
(angles).

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 23/43


Décantation - flottation

. Lit de boues trop légers  les fines ne sont pas piégées


- le floc n'est pas piégé, l'eau décantée est turbide
- le lit de boues est clair
- sa concentration en MES est plus faible que pour des conditions optimales

Exemple d'un lit fluidisé de 2 m de haut, parcouru par un flux ascendant à 3 m.h -1

 e .g. h
Le calcul du gradient hydraulique se fait avec la formule G =
.t
En prenant les valeurs suivantes :
e = 103 kg.m-3
g = 9,81 m.s-2
h = 0,001 m
 = 10-3 kg.m-1.s-1
t = 2400 s

On trouve : G = 2,86 s-1

D. Décanteur à floc lesté (microsable ou particules denses)

Il s’agit de décanteurs où la densité des particules est augmentée artificiellement par rajout de grains de
sable (d = 2,6), voire de particules encore plus denses, comme la magnétite (d = 5) qui est un oxyde de
fer.
Les vitesses ascensionnelles peuvent dans ces conditions être très élevées (jusqu’à 250 m.h-1).

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 24/43


Décantation - flottation

D. Les décanteurs industriels


Brevet - Vitesse
constructeur ascensionnelle
Décantation statique Circulaire/ 0,5 à 1,0 m.h-1
longitudinal
Décantation à contact de CIRCULATOR Degrémont
boues TURBOCIRCULATOR Degrémont 2 m.h-1
Aerohydraulique STEREAU
Décantation à lit de boues ACCELATOR Degrémont - domaine
public aujourd’hui 3 m.h-1
PULSATOR Degrémont
AQUACYCLE STEREAU
Décantation lamellaire PULSATUBE Degrémont
DENSADEG Degrémont 5 à 6 m.h-1
tube SETTLER Neptune voire 10 à 15 m.h-1
LAMELLA SEPARATOR Axel Jonhson
DELREB STEREAU
Décantation à floc lesté : CYCLOFLOC OTV 6 à 8 m.h-1
microsable FLUORAPID OTV
ACTIFLO OTV 50 à 100 m.h-1
Décantation lamellaire à floc AQUALEST (DELMAG) SAUR - STEREAU 50 à 250 m.h-1
lesté : particules denses

1. Clarifloculateur statique raclé


décanteur floculateur à pont racleur avec entraînement périphérique

Vitesse ascensionnelle : 1 m.h-1 Raclage des boues en continu


Hauteur d'eau en périphérie 3m Extraction directe des boues
Pente du radier 4 à 10 %

1. Arrivée d’eau brute


2. Pont racleur 4
3. Zone de floculation
4. Sortie eau décantée
5. Evacuation des boues

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 25/43


Décantation - flottation

2. Décanteur CIRCULATOR
Décanteur à contact de boues

L'eau floculée est admise dans la zone de réaction par l'intermédiaire d'un hydro-éjecteur qui aspire les
boues à la base de l'ouvrage. Les boues recirculées servent de support à la fixation des jeunes flocs
formés.

Vitesse ascensionnelle : 2 m.h-1


Concentration des boues : 0,5 à 1,0 g.l-1

1 Eau brute
2 Extraction des boues
3 Eau clarifiée 3

2
1

3. Décanteur TURBOCIRCULATOR
Décanteur à contact de boues

1. Arrivée d'eau brute


2. Recyclage des boues
3. Murissement des flocs
4. Zone de décantation
5. Racleurs
6. Boues en excès
7. Départ eau traitée
8. Hélice de mélange
(eau brute, boues recyclées)
9. Introduction des réactifs

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 26/43


Décantation - flottation

4. Décanteur Aérohydraulique (STEREAU)


décanteur à recirculation des boues

La recirculation des boues est assurée dans cet ouvrage par la remontée rapide des eaux dans une
cheminée centrale.

La vitesse de remontée est accentuée par celle des bulles d'air introduites avec les eaux à traiter par un
vortex dont l'efficacité est réglable. La dépression existant à la base de la cheminée centrale provoque la
recirculation.

1. Admission tangentielle d'eau brute additionnée


des réactifs - formation d'un vortex par
entrainement d'air
2. Jupe cylindro-conique - zone de floculation
3. Anneau siphoïde d'admission d'eau floculée
dans la zone de décantation
4. Goulotte radiale de récupération d'eau clarifiée
5. Goulotte annulaire de récupération d'eau
clarifiée
6. Concentrateur des boues

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 27/43


Décantation - flottation

5. Décanteur ACCELATOR
décanteur à recirculation de boues

La coagulation-floculation se déroule dans la chambre primaire agitée. La roue de la turbine refoule les
eaux floculées et la fraction recirculée dans la zone centrale, où une concentration volumique de 10% en
boues est habituellement maintenue.

Les eaux pénètrent ensuite dans la zone de décantation. Une partie des boues est piégée dans les
concentrateurs, l'autre est recirculée par le fond de l'ouvrage. Les eaux décantées sont reprises par des
goulottes radiales qui intéressent toute la surface.

La vitesse variable de la turbine et l'ouverture réglable d'une jupe obturant le refoulement de la turbine,
permettent de dissocier l'agitation et la recirculation, et de faire face aux variations de qualité des eaux à
traiter.

1. Arrivée d’eau brute 6. Zone de mélange avec les boues


2. Collecte de l'eau clarifiée 7. Zone de décantation
3. groupe électro-réducteur de vitesse 8. Recirculation des boues
4. Rotor 8 pales (h:1,5 m - L = 0,8 m) 9. Concentrateur
5. Zone de coagulation 10. Vers traitement des boues

Réglage d'un accelator

Vitesse de la turbine : 0,2 à 0,4 m.s-1 en bout de pale


Vitesse du racleur de fond : 1,5 cm.s-1 en bout de pale.

Ce type de décanteur est fréquemment retrouvé.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 28/43


Décantation - flottation

6. Décanteur Pulsator
décanteur à voile de boue pulsé

La variation du débit d'eau introduit dans le PULSATOR est obtenu par la soustraction assez lente d'une
fraction du débit (phase de remplissage de la cloche) puis par l'addition rapide du volume préalablement
soustrait (chasse : phase de mise à l'atmosphère de la cloche centrale). Le remplissage de la cloche se fait
par mise en dépression à l'aide d'une pompe à air, la vidange par mise à l'air. Les pulsations sont réglables
et permettent de faire face à des natures différentes de boues d'hydroxyde. Les boues excédentaires du lit
s'écoulent dans les concentrateurs à boues.

Les surfaces à prendre en compte dans ce type d'ouvrage sont :

St surface au miroir (surface totale du décanteur = surface du génie-civil)


s surface de la cloche (s = 0,03 St)
Sc surface des concentrateurs des boues
Su surface utile - Su = St-s-Sc

1er temps 2nd temps

La vanne d’air est fermée L’eau ayant atteint dans la cloche C le niveau s, la
L’eau s’élève dans la cloche C vanne d’air A s’ouvre
L’eau du décanteur D est immobile L’eau de la cloche C pénètre dans le décanteur D
La boue décante La boue qu’il contient s’élève avec l’eau
L’excès de boue pénètre dans le concentrateur B
L’eau décantée est évacuée en E
Lorsque l’eau atteindra le niveau i dans la cloche, la
vanne A se fermera. la boue tassée dans le
concentrateur B est évacuée par la vanne
automatique F.

Ce décanteur est vraiment très bien pensé et conçu.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 29/43


Décantation - flottation

V asc de l’ordre de 3 m.h-1.

7. Décanteur AQUACYCLE (STEREAU)


décanteur à voile de boue pulsé

L'ouvrage est constitué de quatre compartiments de taille identique alimentés alternativement par un
distributeur rotatif motorisé. Ce dernier alimente préférentiellement l'un des compartiments, le débit de
fuite vers les autres pouvant être ajusté par le réglage de sa hauteur.

7 collecteur d'eau décantée


1 arrivée eau brute 8 goulotte d'eau décantée
2 distributeur rotatif 9 départ vers filtres
3 canalisations principales de distribution d'eau brute 10 concentrateur
4 ramifications perforées de répartition d'eau brute 11 extraction des boues
5 lit fluidisé compartimenté 12 séparation des compartiments
6 zone de clarification finale 13 mécanisme d'entraînement

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 30/43


Décantation - flottation

Paramètres de réglages d'un décanteur Aquacycle :

Vitesse de rotation du distributeur : 1 tr.mn-1 en moyenne


Débit dérivé : floc dense 0 à 10 % - floc léger 50 %

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 31/43


Décantation - flottation

8. Décanteur superpulsator
Décanteur lamellaire à voile de boue pulsé
La capacité est identique au PULSATOR. La différence vient de la présence de plaques parallèles
permettant d'augmenter la surface projetée de décantation et d'améliorer la clarification.

1. Arrivée d’eau brute


2. Chambre à vide
3. Ventilateur
4. Contacteur à flotteur
5. Vanne de mise à l’air
6. Canal de distribution d’eau brute
7. Tuyauteries perforées de répartition
d’eau brute
8. Plaques
9. Concentrateur à boues

9. Décanteur CYCLOFLOC
décanteur accéléré par adjonction de micro sable

L'augmentation de la vitesse ascensionnelle est recherchée par l'addition permanente de micro sable aux
eaux floculées à l'entrée de l'ouvrage. La quantité de micro sable ajoutée est d'environ 1 à 2 kg.m -3. En
fond d'ouvrage, le sable et les boues sont raclés vers un puits central avant d'être refoulés par une
pompe. La séparation du sable et des boues est assurée au moyen d'un hydrocyclone, puis le sable est
recyclé.

Circuit de clarification : Circuit de régénération du microsable


1. Eau à traiter additionnée de ses réactifs A. racleur
2. Diffuseur B. dispositif d'entraînement du racleur
3. Zone de réaction C. fosse d'extraction des boues et du micro sable
4. Zone de décantation D. pompe de recirculation
5. Eau clarifiée E. hydro-cyclone avec E1 surverse et E2 sousverse
6. Goulottes de reprise F. canalisation de recirculation du micro sable régénéré
7. Départ d'eau clarifiée G. évacuation des boues

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 32/43


Décantation - flottation

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 33/43


Décantation - flottation

10. Décanteur AQUALEST (DELMAG) (SAUR - STEREAU)


décanteur lamellaire à floc lesté
Le principe de fonctionnement de ce procédé associe la technologie de la décantation lamellaire à la
technique des flocs lestés. La décantation lamellaire permet, par rapport à la décantation classique, de
décupler les vitesses de passage dans les ouvrages ; la technique des flocs lestés permet, en plus,
d'augmenter la vitesse de décantation des flocs. Ainsi les vitesses ascensionnelles obtenues peuvent
atteindre 250 m h-1.
Les caractéristiques essentielles de ce procédé sont une capacité de traitement très rapide (de 15 à 30
minutes pour obtenir des flocs lestés) et une compacité d'ouvrage maximum (grâce aux vitesses
ascensionnelles très élevées).

Après coagulation-floculation, les flocs sont introduits dans la zone de capture où l'agent lestant à forte
densité (particules de magnétite = oxyde de fer) est distribué à un taux de traitement de 3 kg.m-3.
Les grains de magnétite s'intègrent alors aux flocs en les alourdissant.
L'eau et les flocs alourdis par la magnétite, sont dirigés vers le décanteur, les flocs lestés tombent
rapidement au fond du décanteur, l'eau épurée est évacuée par les goulottes de reprise, après passage
dans les lamelles.
La boue et les particules de magnétite sont récupérées au fond du décanteur, puis, séparées par
hydrocyclonage.
La magnétite rejoint la cuve à suspension et le système de dispersion pour être réinjectée dans la zone de
capture.
1-conduite d'introduction de l'effluent à traiter 9 et 10-Séparateur boues/magnétite
2-zone de coagulation 11-conduite d'évacuation des boues
3-zone de floculation 12-conduite d'introduction de l'adjuvant de coagulation
4-zone de capture 13-conduite d'introduction de l'adjuvant de floculation
5-zone de décantation 14-conduite d'introduction de l'adjuvant de décantation
6-élément lamellaire (magnétite).
7-conduite d'évacuation de l'effluent traité
8-conduite de soutirage des boues
8a et 8b-sites de soutirage des boues

11
9
12 13
10
1 7
14

2 3 4 5 8

8a
8b

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 34/43


Décantation - flottation

11. Décanteur DELREB (STEREAU)


décanteur lamellaire à recirculation de boues

La technologie DELREB® est utilisée pour la décantation assistée par voie physico-chimique combinant
coagulation, floculation, séparation des matières en suspension par décantation lamellaire à forte hauteur
d’eau et reprise des boues par raclage rotatif. La technologie DELREB® peut bénéficier :

• d’un épaississement intégré des boues ce qui évite la construction et la gestion d’un ouvrage
spécifique d’épaississement et accroit la compacité de la technologie
• d’une recirculation des boues selon les caractéristiques des effluents ou pour un traitement tertiaire
afin de bénéficier de l’effet supplémentaire du lit de boues
• du système breveté LAM-CLEANER® de nettoyage automatique des lamelles

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 35/43


Décantation - flottation

12. DECANTEUR EQUIFLUX (STEREAU)


décanteur lamellaire à recirculation de boues

La technologie EQUIFLUX est utilisée pour la décantation par voie physico-chimique combinant
coagulation, séparation des matières en suspension par décantation sur un ouvrage rectangulaire.

La technologie EQUIFLUX peut bénéficier :


• de différents systèmes de reprise des boues (trémies, à chaînes, systèmes d’aspiration des
boues…)
• du système breveté LAM-CLEANER® automatique des lamelles

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 36/43


Décantation - flottation

E. SEPARATION DES BOUES PAR FLOTTATION


La flottation est un procédé de séparation gravitaire : la densité des particules est artificiellement diminuée par
ajout de microbulles ce qui provoque leur remontée. Les boues s’accumulent en surface avant d’être évacuées
par une goulotte. L’eau séparée des particules, est reprise sous une cloison siphoïde.

1. Description du procédé

L’eau à traiter peut être ou non floculée.


Elle est ensuite admise dans une chambre de mélange qui a deux fonctions :
- mettre en contact l’eau à traiter et l’eau pressurisée
- dissiper l’énergie du mélange

L’eau pressurisée peut être obtenue de différentes manières ; par pressurisation (compression d’eau) ou
électro-flottation (électrodes sous tension).
La reprise de l’eau claire est aménagée dans le 1/3 inférieur de l’appareil. Elle se fait dans une chambre
périphérique délimitée par une cloison siphoïde.
Le flottateur peut être équipé d’un racleur de fond, et dans tous les cas d’une purge de fond, pour pouvoir
évacuer les boues qui se déposent dans le fond de l’ouvrage.

Fig. 21 : Schéma de principe de la flottation par pressurisation


(pressurisation indirecte à partir d’eau traitée)

1. Chambre de mélange 7. Pompe de pressurisation


2. Zone de séparation 8. Ballon de pressurisation
3. Système de raclage 9 Pot de détente
4. Goulotte d’évacuation des boues 10 Compresseur (air comprimé)
5. Cloison siphoïde 11 Floculateur
6. Purge de fond

M
M 3
Arrivée eau
11 Eau claire
2
4

8
7
1
9 M
10
6

Boues

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 37/43


Décantation - flottation

Fabrication de l’eau pressurisée :


L’eau pressurisée est fabriquée dans un ballon de pressurisation. L’eau utilisée peut-être une fraction de
l’eau traitée (pressurisation indirecte) ou une fraction de l’eau à traiter (pressurisation directe).
La taille des bulles produites est de l’ordre de 30 à 40 m. Il s’agit de bulles, de taille moyenne.

Le débit d’eau pressurisée représente entre 10% et 30% du débit de l’eau à traiter pour des pressions de
3 à 8 bars, ce qui permet la dissolution d’un excès d’air d’environ 50% par rapport au taux de saturation à
la pression atmosphérique. La consommation en air est de l’ordre de 15 à 30 NL (normaux litre) d’air par
m3 d’eau à traiter.

Electro-flottation
Les micros-bulles sont produites par mise sous tension d’électrodes immergées au sein de la masse
liquide.
Il se dégage alors de très fines bulles d’hydrogène et d’oxygène, dont le diamètre au moment de la
naissance est de l’ordre du micromètre.
Les anodes sont généralement sensibles à la corrosion et les cathodes à la décarbonatation.
2
Les densités de courant utilisé sont de l’ordre de 80 à 90 ampères heure par m de surface de flottation.
2
La production de gaz est de 50 à 60 litres par heures et par m .

2. Approche théorique

Globalement, il faut que :


V de remontée des (bulles + particules) > V écoulement = Q / Surface flottateur

Soit V rem > Q/S


Soit V rem x S > Q
Donc Q < V rem x S

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 38/43


Décantation - flottation

A. Vitesse de remontée d'une particule

La vitesse limite de remontée d’une bulle de gaz dans l’eau en régime laminaire est donnée par la loi de
STOCKES :
g
V= .(  l −  g ). d 2
18. 

avec d diamètre de la bulle


l masse volumique de liquide
g masse volumique de gaz
 viscosité dynamique

Pour utiliser la loi de Stockes dans le domaine de la flottation, il faut considérer que l’élément qui flotte est
un assemblage particule-bulle et c’est le diamètre et la masse volumique de l’attelage qui doivent
être pris en compte.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 39/43


Décantation - flottation

B. Efficacité de la flottation

a. Probabilité de rencontres des bulles et des particules

Influence du nombre de bulles


A volume de gaz injecté identique, l’augmentation du nombre de bulles (N) accroît la probabilité de
rencontre.
Elle est inversement proportionnelle à leur diamètre selon une formule du type :

N = Kn. 1( d) 3

Influence de la taille des bulles


La probabilité de rencontre est aussi proportionnelle à la section de capture (S), qui représente en
fait la surface développée par les bulles :
S = Ks . d 2

Temps de séjour des bulles dans le milieu


La probabilité de rencontre augmente avec le temps de séjour (T).
La vitesse de remontée des bulles est d’autant plus faible que les bulles sont petites :

( d)
T = Kr . 1
2

Bilan
La probabilité de rencontre (P) sera fonction du produit de ces 3 grandeurs :

( )
3
P = K. 1d

Cette relation montre donc l’intérêt d’avoir les bulles les plus petites possibles.

b. Aptitude des bulles à se fixer sur les particules

Tailles des bulles


L’accrochage sera d’autant plus efficace que la taille des bulles sera petite par rapport à celle du
floc.

Etat de surface
Les paramètres comme la tension superficielle, la courbure de surface et l’hydrophylie de surface
des particules sont aussi très importants dans le processus de fixation.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 40/43


Décantation - flottation

C. Production de bulles

L’aéro-flottation utilise la détente d’eau pressurisée saturée en gaz. La solubilité des gaz dans l’eau est
régit par la loi de HENRY qui définit la solubilité d’un gaz dans un liquide (voir Chapitre I) et qui donne la
relation entre la concentration du gaz C et la pression partielle de gaz P, selon K = coefficient de solubilité
du gaz :

C = K. P

En saturant en gaz dissous de l’eau sous une pression Pi, et en diminuant celle-ci d’une quantité P, on
obtient un dégagement gazeux proportionnel à cette chute de pression. En réalisant la détente de manière
rapide à travers une vanne ou un diagramme, se dégagent des fines bulles.

3. Intérêts et limites de la flottation

La flottation ne nécessite pas forcément de floculateur. Les boues flottées ont par contre une bonne siccité
et peuvent être dirigées sur une installation de déshydratation sans épaississement préalable,
contrairement aux boues d’un décanteur.

- concentrations atteintes en boues (MES) = 15 à 30 g.L-1


- dépense d'énergie importante = 50 à 90 Wh par m 3.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 41/43


Décantation - flottation

F. Annexes

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 42/43


DECANTATION - FLOTTATION

GENERALITES

EVALUATION DE LA QUALITE D’EAU EN SORTIE DE DECANTEUR

Eau brute Bonne Moyenne Médiocre


-1 *
MES (mg.l ) 45 à 900 1 à 10 2à3 3à6
Turbidité (NTU) 1 2à3 3à6
Couleur < 5 mg Pt/Co 10 mg Pt/Co 20 mg Pt/Co
* -1
: pour des concentrations supérieures à 1 g.L , une pré décantation est nécessaire

PERTES EN EAU

Les pertes en eau au niveau du décanteur varient


• selon la qualité du floc :
2 % pour un floc dense,
5% pour un floc plus léger.
• selon la quantité de matières en suspension à enlever ;
Eaux peu turbides : 2 à 5 %
Eaux chargées : 5 à 10 %

VITESSES ASCENSIONNELLES DES DIFFERENTS DECANTEURS

Brevet - Vitesse
constructeur ascensionnelle
Décantation statique couloir/longitudinal 0,5 à 1,0 m.h-1
Décantation à contact de CIRCULATOR Degrémont
boues TURBOCIRCULATOR Degrémont 2 m.h-1
Déc. Aérohydraulique STEREAU

Décantation à lit de boues ACCELATOR Degrémont - domaine


public aujourd’hui 3 m.h-1

PULSATOR Degrémont
AQUACYCLE STEREAU
Décantation lamellaire SUPERPULSATOR Degrémont
DENSADEG Degrémont 5 à 6 m.h-1
tube SETTLER Neptune voire 10 à 15 m.h-1
LAMELLA SEPARATOR Axel Jonhson
DELREB SAUR-STEREAU
Décantation à floc lesté : CYCLOFLOC OTV 6 à 8 m.h-1
microsable FLUORAPID OTV
ACTIFLO OTV 50 à 100 m.h-1
Décantation lamellaire à AQUALEST (DELMAG) SAUR - STEREAU 50 à 250 m.h-1
floc lesté : particules
denses

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 4 Folio : 43/43


ECOLE NATIONALE DU GENIE DE L'EAU ET DE L'ENVIRONNEMENT DE
STRASBOURG

ELEVES-INGENIEURS 2ème ANNEE

TRAITEMENT DES EAUX DE DISTRIBUTION

5 -Filtration

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 - 2017 Folio : 1/45


Filtration

Contenu

A. INTRODUCTION 4

1. GENERALITES 4
2. LES DIFFERENTES FAMILLES DE FILTRES 4
3. LES PLANCHERS FILTRANTS 6

B. LES MATERIAUX DE FILTRATION POREUX UTILISES 10

1. CARACTERISTIQUES PHYSIQUES 10
2. NATURE DU MILIEU POREUX 12
3. CARACTERISTIQUES DES PRINCIPAUX MATERIAUX 13

C. THEORIE DE LA FILTRATION 14

1. LES CONDITIONS D'ECOULEMENT A TRAVERS UN FILTRE 14


2. LES MECANISMES DE TRANSPORT 14
3. LES MECANISMES DE FIXATION 17
4. EFFICACITE DE LA FILTRATION 18
5. FORMULATION MECANIQUE 20

D. COMPORTEMENT D'UN FILTRE DURANT UN CYCLE DE FILTRATION 21

1. SUIVI DE LA QUALITE D'EAU EN SORTIE 21


2. EVOLUTION DES PERTES DE CHARGES 22
3. ESTIMATION DE LA DUREE DU CYCLE DE FILTRATION 28

E. LAVAGE DES FILTRES 29

1. LES DIFFERENTS TYPES DE LAVAGE 29


2. THEORIE DU LAVAGE DES FILTRES 30
3. DETERMINATIONS EXPERIMENTALES DES CONDITIONS DE LAVAGE 32

F. REGULATION DES FILTRES 36

1. LES FILTRES A ENCRASSEMENT 36


2. LES FILTRES A DEBIT CONSTANT ET COMPENSATION DE COLMATAGE 36
3. REGULATION D'UNE BATTERIE DE FILTRE 37
4. LES FILTRES A BALAYAGE 38

G. LES DIFFERENTS TYPES DE FILTRES A SABLE 40

1. FILTRE MONOCOUCHE - FILTRATION LENTE 40

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 2/45


Filtration

2. FILTRE MONOCOUCHE - FILTRATION RAPIDE 41


3. FILTRE BICOUCHE 42

H. ANNEXES 42

Filtres rapides monocouche


Filtres rapides bicouche
Filtres lents

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 3/45


Filtration

A. Introduction
1. GENERALITES

La filtration est définie comme le passage d'un fluide à travers une masse poreuse pour retirer les
matières solides en suspension. Elle peut être mise en œuvre :
. sans conditionnement préalable lorsque la teneur en matières solides de l'eau à traiter est
relativement faible,
. avec conditionnement préalable comprenant une étape de coagulation/floculation combinée ou
non avec un étage de décantation.

Tout filtre se colmate au fur et à mesure que son lit se charge en matières retenues. Quand le
colmatage atteint une valeur excessive ou que la qualité du filtrat se détériore, il faut alors procéder au
lavage du filtre. Ce dernier doit redonner au lit ses qualités initiales.

L'élément principal des filtres est le massif filtrant. Il est posé sur un plancher, qui laisse passer les
eaux filtrées. Les filtres sont alimentés en partie haute à l'aide d'un dispositif adapté. L'eau traverse le
filtre de haut en bas puis traverse le plancher filtrant.

Au cours de la filtration, la quantité de matières en suspension retenue ne cesse d'augmenter. Le filtre


se colmate, et la vitesse d'écoulement de l'eau diminue. Pour maintenir une vitesse de filtration
constante tout au long du cycle de filtration, un dispositif de régulation est installé à l'aval du filtre
(indicateur de colmatage).

Une fois le filtre colmaté, il faut procéder à son lavage. Il se fait à contre-courant (du bas vers le haut),
en utilisant conjointement de l'eau et de l'air.

2. LES DIFFERENTES FAMILLES DE FILTRES


A. Selon le mode d'alimentation

Deux types de technologies peuvent être utilisés :


- les filtres ouverts : la circulation de l'eau se fait par gravité
- les filtres fermés : la circulation de l'eau se fait sous pression permettant le maintien de la ligne
de charge. Réalisés dans des cuves métalliques, leur diamètre est limité ce qui réduit leur
utilisation à de petits débits.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 4/45


Filtration

Fig. 1 : coupe d'un filtre ouvert

1. Entrée d’eau à filtrer


4. Indicateur de colmatage
5*. Siphon concentrique
6. Vasque de restitution d’eau filtrée
7*. Boite de partialisation
8. Déversoir d’eau filtrée
11. Goulotte d’eau décantée
12. Orifice calibré

* : organes de régulation (§6)

Fig. 2 : coupe d'un filtre fermé

1. Corps du filtre
2. Masse filtrante
3. Plancher avec buselures
4. Vasque d’alimentation
5. Entrée d’eau brute
6. Sortie d’eau filtrée
7. Entrée d’eau de lavage
8. Sortie d’eau de lavage
9. Entrée d’air de lavage
10. Purge d’air
11. Vidange et purge d’air
12 Trou d’homme
13. Anneau de levage

B. Selon le matériau de filtration

Le tableau ci-dessous présente les principaux types de filtres et leur utilisation dans le traitement des
eaux potables en fonction du matériau de filtration utilisé.
Nous ne parlerons essentiellement dans ce chapitre que des filtres à sable utilisés pour éliminer la
turbidité.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 5/45


Filtration

Fig. 3 : Les différents types de filtres selon le matériau de filtration

Filtre à sable élimination de la turbidité Chap 5


(1er étage) déferrisation, démanganisation

Filtre à CAG adsorption des pesticides Chap 7


(2nd étage) réduction de la matière organique

Filtre à neutralite neutralisation de l'agressivité d'une eau Chap 2


(1er ou 2nd étage) réduction de la turbidité

Filtre bicouche adapté à des eaux chargées et colmatantes Chap 5


(1er étage)

Certains filtres sont aussi utilisés pour leurs capacités à servir de support à des bactéries intervenant
dans des procédés biologiques : déferrisation, démanganisation, nitrification ... Ces filtres
biologiques se colmatent aussi avec l'accumulation de dépôts et lorsque l'épaisseur du biofilm devient
trop importante.

3. LES PLANCHERS FILTRANTS


1 - Filtres à plancher avec crépines
Fig.4 : Détail d’un plancher
La masse filtrante est soutenue par un plancher
béton perforé et équipé de buselures de drainage.
Les planchers poreux sont à éviter en raison des
risques de colmatage ou de corrosion par
l’agressivité des eaux coagulées à pH faible.

La résistance mécanique du plancher, surtout


pendant le lavage, limite la largeur des filtres à 5
m. Au-delà, on peut utiliser des poutres
intermédiaires, mais elles doivent être calculées
pour résister à la traction.

Pour la réhabilitation d’un ouvrage béton ancien, il peut être mis en œuvre des planchers composites
qui sont plus simples à installer.
Ils sont constitués d’une structure en nid d’abeille en polypropylène et d’une double peau en PVC ou
polyester. Leurs avantages sont :
• La légèreté (charges inférieures à un plancher béton)
• Leur résistance chimique
• Leur facilité et rapidité de montage (arrêt fitre plus court en cas de réhabilitation).

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 6/45


Filtration

Ils peuvent être posés soit sur les poutres béton existantes si leur état le permet, soit sur une nouvelle
structure à poser en composite également (profilés polyester).

Les buselures ou crépines

Leur rôle est multiple : Fig 5 : Schéma d’une crépine


- supporter le sable sans laisser passer les grains,
- drainer l'eau filtrée,
- répartir l'air et l'eau de lavage

Du coté sable, les buselures sont équipées de fentes dont


l’ouverture est généralement de 0,2 à 0,3 mm, mais en
aucun cas supérieure à 0,5 mm en l'absence d'une couche
intermédiaire de gravier. Elles doivent pouvoir résister à
l'abrasion et aux efforts mécaniques. Elles sont aujourd'hui
réalisées en matière plastique.
Fig 6 : Détail d’une crépine en lavage
Sous le plancher, les crépines sont pourvues d'une longue
queue fendue à leur base, et d'un trou juste sous le plancher.
En phase de lavage, la queue de la buselure n’est pas
dénoyée lorsque le débit d'air par buselure ne dépasse pas 1
Nm3.h-1(normaux m3.h-1).
Le trou permet d’éliminer l'air qui reste prisonnier sous le
plancher en fin de phase air/eau.

La queue de la buselure répartit l’eau en phase de rinçage.

La densité des crépines est de l’ordre de 50 par m2.

Pression sous le plancher :

En phase de lavage, il existe des risques de surpression sous le plancher filtrant lorsque le débit d'eau
de lavage ne peut pas passer facilement à travers les buselures. Une mesure préalable des pressions
sous chaque filtre en lavage est conseillée pour vérifier qu'elles correspondent aux valeurs calculées de
résistances des planchers.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 7/45


Filtration

Le dispositif de protection le plus simple et le plus utilisé est une cheminée d'équilibre située sur le
collecteur.
Ce dispositif est important lors de la filtration sur charbon actif granulé (CAG).

2 - Filtres à crépines type « Johnson »

Dans ce cas, il n’y a pas de plancher proprement dit : la récupération de l’eau filtrée se faisant pas un
ensemble d’éléments posés directement sur le fond du filtre.

Les éléments se présentent sous la forme d’un demi cylindre :

Figure 3
Les éléments tapissent intégralement le radier du filtre et chevauchent un canal central assurant la
collecte de l’eau filtrée de chaque élément et la distribution des fluides de lavage :

Figure 4

Pour assurer la bonne distribution eau – air lors de lavages, chaque élément est équipé d’un
distributeur plongeant dans le canal. A l’instar des buselures, les distributeurs sont équipés d’une fente
pour la distribution de l’air et d’un orifice de dégazage :

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 8/45


Filtration

Figure 5

Les avantages sont :


Génie civil
• Absence de :
o poutres support des dalles ;
o banquette périphérique pour le support des dalles ;
o dalles ferraillées, nécessitant un ou plusieurs moules, douilles, capots de protection ;
o orifices eau et air entre le canal latéral et le bassin filtrant.
• Hauteur des parois plus faibles (entre 60 et 100 cm, en fonction de la présence ou non
d’un trou d’homme, et du diamètre de celui-ci).
Équipements
o Absence de trou d’homme.
o Non nécessité de placer une couche support et de diffusion pour les filtres à
charbon actif par exemple.

Autres avantages
o Couverture intégrale du radier.
o Grande surface de reprise et de diffusion des fluides du fait de la forme cylindrique
des éléments.
Ces deux avantages concourent à éliminer les zones mortes, ce qui n’est pas le cas avec des
buselures :
o Absence de risques de soulèvement des éléments, contrairement aux planchers.
o Manutention aisée étant donné le faible poids des éléments (10 kg/ml).

Figure 6

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 9/45


Filtration

B. Les matériaux de filtration poreux utilisés


1. CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
Elles sont primordiales pour le bon fonctionnement de la filtration : pour que cette dernière soit
efficace, les matières doivent être retenues à la fois en surface du filtre et en profondeur.

La granulométrie
Elle est caractérisée par une courbe granulométrique représentative des pourcentages en poids des
grains passant à travers des mailles d'une succession de tamis normalisés (fig. 7a et 7b) Cette courbe
permet de déterminer 2 paramètres : TE10 et CU définissant la granulométrie.

La taille effective (TE10)


Elle correspond à la maille du pourcentage 10 % de passage des grains de la figure 7a : 90 % en
masse des grains du matériau sont retenues et ont donc ont une dimension supérieure à la taille
effective.
On parle parfois également de TE60.
Le risque de colmatage du filtre augmente en présence de particules fines. Au moment du lavage, les
fines se placent entre les éléments plus gros, colmatant les espaces disponibles à la circulation de l’eau.
TE10 ne doit être ni trop faible, sinon les fines particules bouchent et colmatent le filtre, ni trop grand,
sinon l’eau est mal filtrée : la porosité est trop grande.

Le coefficient d'uniformité (CU)


Il est égal au rapport des tailles correspondant aux pourcentages 60 et 10 de la courbe
granulométrique et détermine l’homogénéité de la taille des grains :
Taille effective et coefficient d’uniformité optimum
dépendent des conditions d’utilisation des matériaux

La porosité ()
Elle est égale au rapport entre le volume de vide et le volume total (vide+sable). Elle définit la section
de passage des particules au travers du matériau qui est de l’ordre de 5 à 10µm.
 = Vv / Vt  = 1 -  a / r
avec Vv volume de vide
Vt volume total
a masse volumique apparente = m/ Vt
r masse volumique réelle = m/( Vt- Vv)

La forme des grains


Certains matériaux sont anguleux (concassés), d'autres ronds (sable de rivière et de mer,...)

La forme du grain peut influencer la filtration :


- avec un matériau anguleux, pour obtenir une qualité d’eau filtrée semblable à celle que l’on a avec
un matériau à grain rond, il faudra choisir une taille effective plus faible

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 10/45


Filtration

- à granulométrie égale, l'accroissement de la perte de charge dans le massif filtrant est plus faible
avec des grains anguleux qu'avec des grains ronds : ces derniers s'imbriquent plus ce qui diminue
fortement les sections de passage.
- les éléments lamellaires remontent facilement en surface au moment des lavages et favorisent le
colmatage.
En traitement des eaux, on utilisera plutôt des grains anguleux.

La friabilité
C'est un critère important, car il faut éviter de choisir des matériaux pouvant produire des fines lors des
lavages.

La perte à l'acide
C’est la perte de poids après contact de 24h dans une solution d’HCl à 20%. On ne peut tolérer une
perte de matériaux importante si l'eau est agressive. La perte à l’acide est dans tous les cas inférieure à
2%, la proportion en chaux, calcaire et oxyde de manganèse doit être inférieure à 5 %.

Densités apparente et réelle


La densité apparente est la densité du matériau mesuré à sec sans tassage. On tient compte de la
porosité pour exprimer la densité réelle. (densité réelle supérieure à densité apparente)

Fig. 7a : Exemple de courbe granulométrique

100%
90%
80% Coefficient d'uniformité (CU)
70% 1,35
60%
Passant

50% Taille effective (TE)


40% 1,2 mm
30%
20%
10%
0%
0,1 1 10
Maille des tamis
( )
CU = taille 60 / taille 10 = 1,6 / 1,2 = 1,35

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 11/45


Filtration

Figure7b : Pesée ayant permis d’établir la courbe précédente

taille des masse des pesée poids passant passant


tamis restant cumulé(g) cumulé (%)
mailles
Fond 410,6 426,4 15,8 0 0
0,20 362,2 362,2 0 15,8 3,28
0,25 350,1 350,1 0 15,8 3,28
0,40 386,1 386,1 0 15,8 3,28
0,50 493,9 498,3 4,3 15,8 3,28
0,63 429,1 435,9 6,8 20,2 4,19
0,80 434,1 451,1 17,9 27,0 5,60
1,00 513,1 715,9 202,8 44,0 9,13
1,25 423,5 654,8 231,3 246,8 51,21
1,60 455,8 459,4 3,6 478,1 99,21
2,00 641,0 641,2 0,2 481,7 99,96
2,50 459,9 459,9 0,0 481,9 100,00
3,15 460,5 460,5 0,0 481,9 100,00
4,00 456,0 456,0 0,0 481,9 100,00
5,00 488,0 488,0 0,0 481,9 100,00
6,30 705,0 705,0 0,0 481,9 100,00

Plus la taille effective est faible, plus le sable est fin.


Plus le coefficient d’uniformité est faible, plus le sable a une granulométrie homogène.

Usuellement, pour les filtres à sable de filières classiques, on choisit des tailles effectives de 0,8 mm à
1,0 mm avec un coefficient d’uniformité inférieur à 1,4.

2. NATURE DU MILIEU POREUX

Dans le domaine du traitement des eaux potables, le sable constitue le support de filtration le plus
répandu. Les filtres à sable sont constitués principalement de sable quartzeux seul en monocouche, en
bicouche en combinant du sable avec de l'anthracite ou de la pierre ponce, en tricouche en combinant
sable, anthracite, grenat ou pierre ponce.
Un filtre à sable est capable de retenir des particules de plus petites dimensions que celles des pores du
massif filtrant grâce aux mécanismes de filtration (transport et adhésion).

Les particules colloïdales traversent les filtres si on ne neutralise pas leur charge électronégative par
l'action d'un coagulant qui permet à ces particules de s'agglomérer entre elles et de se coller à la
surface des grains.

Les filtres à neutralite (matériau calci-magnésien) permettent de neutraliser une eau agressive.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 12/45


Filtration

Les filtres à charbon actif sont de plus en plus souvent utilisés en deuxième étage de filtration pour leur
capacité d'adsorption et de support à une activité biologique.

3. CARACTERISTIQUES DES PRINCIPAUX MATERIAUX


Fig. 8 : Caractéristiques principales des matériaux de filtration couramment utilisés

matériau granulométrie diamètre 10 % densité apparente densité réelle porosité


(mm) TE10 (mm) g.cm-3 g.cm-3
sable 0,5 à 0,8 0,6 1,33 2,65 0,49
0,8 à 1,1 0,9 1,33 2,65 0,49
Hydro- 1,6 à 2,5 1,8 0,72 1,45 0,50
anthracite
charbon actif 0,9 à 2,0 1,7 0,63 1,40 0,55
calcite 1,0 à 2,0 1,7 1,46 2,71 0,46
(neutralite)

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Filtration

C. Théorie de la filtration
L’enlèvement des particules dans un processus de filtration peut être résumé par deux mécanismes : le
transport et la fixation.

Les mécanismes de transport permettent à une particule de se déplacer dans les pores d'un filtre, de sorte
qu'elle se rapproche d'un grain ou d'un dépôt déjà existant.
Les mécanismes de la fixation font que la particule adhère à la surface des grains du filtre.

1. LES CONDITIONS D'ECOULEMENT A TRAVERS UN FILTRE

Pour un bon fonctionnement de la filtration, la circulation de l'eau doit être laminaire. L'état de
l'écoulement est déterminé par le nombre de Reynolds. Pour un filtre à sable, il se calcule de la manière
suivante :
V .d.  e avec V vitesse de filtration (m.s-1)
Re =
 d diamètre des grains du filtre (m)
e masse volumique de l'eau (kg.m-3)
µ viscosité dynamique (kg.m-1.s-1)

Pour un filtre dont le sable a une granulométrie de 0,5 mm, où l’eau a une vitesse de filtration de 15
m.h-1 et une température de 20 °C (soit e/µ = 0,01 stocke), le nombre de Reynolds est voisin de 2.

L'écoulement de l'eau peut alors être considéré comme laminaire. Il s'ensuit un contact permanent
entre fluide et grains. La vitesse du fluide est maximale aux centres des intervalles et nulle à la surface
des grains.

2. LES MECANISMES DE TRANSPORT

Pour qu'une particule en suspension puisse se déposer sur un grain, il faut qu'elle sorte d'une ligne de
courant et atteigne la surface du grain. On appelle transport le ou les phénomènes qui provoquent le
déplacement de la particule en dehors du courant d'eau : il s’agit de phénomènes de diffusion, de
décantation, d’inertie et d’hydrodynamisme, plus ou moins combinés.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 14/45


Filtration

A. La diffusion

Les particules les plus fines (< 1µm) sont soumises à


des mouvements irréguliers dus à l'énergie thermique Fig. 9 : Trajectoire, par rapport aux lignes
des molécules d'eau qui l'entourent (mouvement d’eau, de particules vers un grain de sable ;
BROWNIEN). principe de la diffusion

Il est caractérisé par le nombre de PECLET (P) sans


dimension

V.d k.T
P = D =
D 3.T .m.  e
avec V vitesse d'écoulement
d diamètre du grain
T température
e masse volumique de l'eau
µ viscosité dynamique
m masse du grain

B. La décantation

Les particules en suspension (> 1 µm) sont affectées Fig. 10 : Principe de la décantation
de manière significative par la pesanteur. Elles peuvent
traverser les lignes de courant et venir au contact des
grains au niveau de leur face supérieure.

Ce mécanisme se caractérise par le rapport entre la


vitesse de chute déterminée par la loi de STOCKES et
la vitesse d'approche de filtration.

La décantation n’est possible que dans les zones où l’écoulement est laminaire. Les matières éliminées
ont une masse spécifique légèrement supérieure à celle de l’eau (1% de plus). Il s’agit de granules
organiques ou de particules de faible densité.
Les colloïdes inorganiques de diamètre compris entre 1µm et 10µm, argiles essentiellement, ne sont
que peu touchés par la décantation.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 15/45


Filtration

C. L'inertie

Les particules denses, emportées par l'eau avec une


Fig. 11 : Principe de l'inertie
certaine vitesse, sont projetées sur le grain de sable. Mais
en raison de la viscosité de l'eau, ce phénomène est
négligeable pour les particules en suspension.

On a montré que le rendement d’enlèvement par inertie


d’une particule de silice de 60 µm de diamètre et de 2,6
g.cm-3 de densité, est inférieure
à1%

La probabilité d’exclusion hors de l’écoulement hydrique est


donnée par la relation suivante :
avec V vitesse de filtration (m.h-1)
 s .D 2 .V dp diamètre des grains du filtre (mm)
Pi = s masse volumique de la particule (kg.m-3)
 .d p
 viscosité cinématique (m2.s-1)
D diamètre de la particule (mm)

D. L'hydrodynamisme

Fig. 12 : Principe de l’hydrodynamisme


es particules sont soumises à un champ uniforme
de cisaillement, créé par la différence de vitesse du
fluide entre deux lignes de courant, à l'origine de
forces perpendiculaires aux lignes de courant.

Ces forces tendent à faire dériver les particules vers


les zones mortes d'écoulement situées à la surface
des grains. Ce phénomène est d'autant plus
accentué que les particules sont anguleuses.

Ce paramètre est illustré par le nombre de


Reynolds.

E. Effets combinés

Les différents mécanismes de transport peuvent agir simultanément sur une particule.
Pour des particules de taille inférieure à 1 µm, la diffusion est prépondérante.
Pour les particules de plus de 10 µm et plus denses que l'eau, le phénomène de décantations l'emporte.
Toutes les particules sont soumises aux forces hydrodynamiques.

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Filtration

3. LES MECANISMES DE FIXATION

Là aussi plusieurs phénomènes interviennent dans les mécanismes de fixation de la particule à la


surface des grains du filtre.
Il s’agit de phénomènes de tamisage, d’interception et de forces moléculaires et physico-chimiques.

A. Le tamisage

En surface, le filtre se comporte comme une membrane et retient les particules par tamisage. Les
particules de diamètre supérieur à celui des pores du sable sont ainsi enlevées du fluide.

Une faible quantité de matières en suspension doit être éliminée de cette façon. Si ce n'est pas le cas,
c'est que la granulométrie du filtre n'est pas adaptée.

L’effet du tamisage se renforce dans le temps car les grains de sable se recouvrent d’une fine pellicule
provenant de l’accumulation de particules et du développement d’une activité biologique.

Cette période de consolidation du sable conduit :


à un gonflement des grains et donc une augmentation du volume total de matériau,
à une réduction de la porosité.

B. Interception

Certaines particules soumises aux mécanismes de transport,


se rapprochent des lignes de courant à la limite de la surface Fig. 13 : Principe de l'interception
des grains et peuvent donc être enlevées par interception.
Cet effet est indépendant de la masse ou de la densité de la
particule, mais dépend de sa taille.

L'effet d'interception est exprimé par le paramètre I.

I =e/d

avec e = diamètre particule d = diamètre du grain

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 17/45


Filtration

C. Forces moléculaires (London-Van Der Waals)

Fig. 14 : Principe de la fixation


Elles agissent à très faible distance (< 0,5 µm) du
grain et provoquent la fixation des particules, une
fois que les mécanismes de transport ont permis
de franchir la barrière de potentiel due aux forces
électrostatiques.

D. Forces physico-chimiques

Fig. 15 : Evolution du Potentiel Zêta d'Al 2SO4 dans l'eau


Le sable utilisé a naturellement une charge
distillée en fonction du pH
électrostatique négative (PZ de 0 à –4 mV).
30
Potentiel Zéta (mV)

Il est possible d'augmenter l'efficacité de la 20


fixation en recouvrant la surface des grains par
des polymères ioniques. 10
Pour que le pont moléculaire entre la particule et
la surface du grain s'établisse, il faut que les 0
polymères soient chargés positivement. 6 7 8 9 10
Le pH est alors un paramètre important, car le
-10
pH
Potentiel Zêta évolue en fonction de l'acidité du
milieu : pour le sulfate d'alumine par exemple, le
PZ diminue brutalement pour des pH > 7,2.

Les mécanismes électrostatiques expliqueraient le mauvais fonctionnement des filtres propres.


- après un lavage, les grains de sable sont chargés négativement et repoussent les colloïdes et les
bactéries chargés de même signe.
- puis le floc se dépose peu à peu et tend à inverser le Potentiel Zêta des grains. Il y a assez de sites
chargés positivement pour que PZ devienne électropositif, favorisant ainsi la rétention des colloïdes.

4. EFFICACITE DE LA FILTRATION

Grâce aux mécanismes de transport et de fixation, un filtre à sable est capable de retenir des particules
de plus petites dimensions que celles des pores du massif filtrant.

Son efficacité est limitée par deux paramètres :


- le nombre de particules transportées à proximité de la surface d'un grain,
- le nombre de particules qui se fixent sur le grain.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 18/45


Filtration

Il est possible d'améliorer le transport utile des particules, c'est à dire augmenter le nombre de leurs
collisions avec les grains, par une coagulation appropriée.
La fixation est facilitée par ajustement de variables chimiques comme le pH, la composition ionique de
l'eau, la nature et la dose des polymères de floculation.

Les mécanismes de détachement

L'efficacité de la filtration doit aussi tenir compte des détachements possibles.

Certains prétendent que les dépôts à la surface des grains n'ont pas une structure uniforme ou une
forme régulière. Ils deviennent instables et une partie d'entre eux est arrachée par le flux et retourne
en suspension.
Pour d'autres, ce mécanisme de détachement est dynamique : pour qu'il ait lieu, le détachement exige
la fixation d’autres particules.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 19/45


Filtration

5. FORMULATION MECANIQUE

Selon IWASAKI (1937), la quantité de matières en suspension retenue par unité de profondeur d'un
filtre, est proportionnelle à sa concentration dans la hauteur de sable considéré :

dC
− = . C
dL
avec dC/dL gradient de concentration retenue sur le filtre
 coefficient de rétention du filtre (m-1)
C concentration locale de la suspension (mg.l -1)
L profondeur du filtre (m)

La réduction de la concentration avec la hauteur du filtre est donc de forme logarithmique :

Ln (C / C o ) = -  o .L

Les couches de sable les plus éloignées de la face d'entrée enlèvent donc moins de matières en
suspension que celles de surface. En fait, toutes les couches retiennent la même proportion de
matières qui la traversent, mais comme la concentration diminue de couche en couche, la quantité
enlevée est donc plus faible en profondeur.

La relation d'IWASAKI suppose que le matériau est homogène sur toute la hauteur du massif filtrant.
Ceci est approximativement vérifié pour les filtres garnis de sable car il n'y a pas expansion et
classification granulométrique lors des lavages.

Cela est différent avec les filtres charbon actif granulé ou les filtres bicouches sable-anthracite :
l'expansion au moment des lavages entraîne un granulo-classement des matériaux : en descendant en
profondeur, chaque couche de filtration perd en efficacité.

Fig. 16 : Courbes représentatives de la relation de IWASAKI

C Log C/CO
0 CO 0 1

H H

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 20/45


Filtration

D. Comportement d'un filtre durant un cycle de


filtration
1. SUIVI DE LA QUALITE D'EAU EN SORTIE

Les principaux paramètres contrôlés en sortie de filtre sont : la turbidité, la couleur, les matières en
suspension, les teneurs en coagulant (Fe3+ ou Al3+) selon la nature du réactif utilisé.

Les objectifs de traitement, pour les matières en suspension et le résiduel de coagulant, doivent
permettre une absence de problèmes liés à l'accumulation des particules dans les canalisations du
réseau de distribution, d’où l’importance de la clarification et donc de la filtration.
Notons que toute accumulation de particules dans le réseau peut conduire à un développement de
biofilm et un désordre microbiologique.

Une eau filtrée de bonne qualité doit présenter les caractéristiques générales suivantes :
. Turbidité 0,2 à 1,0 NFU (l’objectif tendant de plus en plus vers un maximum de 0,5 NFU)
. Couleur < 5 mg.l-1 de sels Co/pt
. MES 0,05 à 0,2 mg.l-1
. Fe3+ ou Al3+ 0,02 à 0,05 mg.l-1

Le suivi de la turbidité dans l'eau filtrée pendant un cycle de filtration montre les phases suivantes :

1, 2 et 3. Effets de lavage : la turbidité est importante avec des variations pendant les 10 premières
minutes liées à la présence d'eau de lavage restant dans le filtre (cas d'un lavage insuffisant).

4. Maturation : la turbidité diminue, le filtre se met en équilibre, le Potentiel Zêta des grains, négatif
après le lavage, tend à s'annuler. Cette séquence dure une dizaine de minutes.

4 - 5. Filtration : la turbidité reste faible et stable pendant plusieurs heures : la durée du cycle est liée
à la quantité de matières à retenir.

5. Crevaison : la capacité maximale de rétention du filtre est atteinte, la turbidité se met à augmenter.
On parle aussi de perçage de filtre. Il faut alors laver le filtre pour pouvoir démarrer un nouveau cycle.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 21/45


Filtration

Fig. 17 : Suivi de la turbidité pendant un cycle de filtration

1. Eau de lavage sous le plancher du filtre


2. Eau de lavage du massif filtrant
Effet du
3. Eau de lavage au dessus du filtre lavage
4. Maturation
5 Crevaison
Turbidité

1 2 3 4 5
20 mn 24 h
Temps de filtration

2. EVOLUTION DES PERTES DE CHARGES

L'accumulation des dépôts sur les grains de sable provoque une diminution du volume des pores et une
augmentation de la résistance à l'écoulement.
Le colmatage du filtre correspond à un accroissement de la perte de charge au cours du temps.

A. Loi de DARCY

L'écoulement à travers un filtre homogène où l'écoulement est laminaire (Re < 5) obéit à la loi de
DARCY précisant que la vitesse de filtration dépend de la perte de charge et de la hauteur de
matériau, selon l’équation :

K.h
V =
L

avec V vitesse de filtration (m.h-1)


K coefficient de perméabilité de DARCY (m.h-1)
h perte de charge dans le filtre (m)
L hauteur de matériau filtrant (m)

En filtration, le débit de pompage et la vitesse de filtration sont constants.


La hauteur du filtre étant fixe, la perméabilité diminuant au fur et à mesure que des MES sont retenues,
il faudra jouer sur la perte de charge h tout au long de la filière.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 22/45


Filtration

B. Equations de KOZENY-CARMAN

La variation de perte de charge par unité de hauteur de matériau filtrant obéît à la loi de KOZENY-
CARMAN :
dh  V .S 2
= K. .
dL  e g. 3

avec K coefficient de perméabilité


µ viscosité dynamique
L hauteur du lit
e masse volumique de l'eau
V vitesse de filtration
S surface spécifique des grains (aire/volume = (4ΠR2)/(4/3 ΠR 3) = 6/D
pour des sphères)
 porosité du filtre

Un filtre propre crée une perte de charge à l'écoulement, même si l'eau qui le traverse est sans
matières en suspension. Pendant la filtration, il y a accumulation de particules sur les grains et
colmatage.

Les paramètres S et  varient de la manière suivante :

- la surface des grains S encrassée par unité de volume augmente à partir de la valeur
initiale So

- la porosité du filtre  diminue à partir de la valeur initiale 0 :



 =  o .(1- )
o

Avec  volume de dépôt par unité de volume du filtre

La surface des grains encrassée par unité de volume n'est pas constante et au cours de la filtration, elle
tend à augmenter de manière plus importante dans les couches supérieures du filtre : la perte de
charge par unité de hauteur ne sera donc pas identique sur toute sa hauteur.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 23/45


Filtration

C. Suivi des pertes de charges dans un filtre

En disposant de prises pour la mesure des pressions sur la hauteur d'un filtre, on peut construire un
diagramme donnant la pression en fonction de la profondeur sous le niveau d'eau, à plusieurs périodes
de la filtration.

Fig. 18 : Evolution de la pression dans un filtre monocouche


Zone en dépression : Perte de charge proportionnelle à la
Prise pressions risque d’embolie gazeuse. hauteur du massif filtrant.

Busette Echelle des pressions

Perte de charge au repos :


Au repos, la pression est proportionnelle à la hauteur du filtre : à 1 m de hauteur d'eau correspond une
pression de 1 m de colonne d'eau.

Perte de charge au démarrage :


Au démarrage de l'écoulement, le filtre est propre. En l'absence de dépôts, l'augmentation de pression
avec la profondeur forme donc une droite. Par rapport à la situation au repos, il y a une baisse de
pression due à la perte de charge créée par la vitesse de circulation de l'eau à travers le filtre.

Cette perte de charge au démarrage peut être estimée par la formule suivante :

P = 2.V 0,5 .D -1,5

avec P perte de charge au démarrage (cm)


V vitesse de lavage m.h-1 (comprise entre 5 et 20 m.h-1)
D taille effective du sable en mm (entre 0,4 et 2 mm)

Perte de charge en cours de filtration :


Au cours de la filtration, cette linéarité ne se maintient pas en raison d'un colmatage non uniforme dans
le filtre. La perte de charge s'accentue dans la partie haute du massif : la surface encrassée S
augmente et la perméabilité K diminue.

Au bout d'un certain temps de filtration (T3), la pression en un point du filtre atteint la pression
atmosphérique. Il est alors préférable d'arrêter la filtration, sinon l’eau ne peut plus traverser le filtre.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 24/45


Filtration

En continuant, le filtre se met en dépression (T4) et il y a risque de dégazage. Ce phénomène appelé


embolie gazeuse, conduit à la formation de bulles d'air dans les pores qui gênent l'écoulement.
L'eau est alors détournée vers les pores voisins produisant une augmentation locale du débit et un
arrachement des dépôts pouvant conduire à une détérioration de la qualité de l'eau filtrée.

La perte de charge utile d'un filtre est égale à la différence entre la perte de charge limite imposée par
la construction (H) tenant compte des risques d’embolie gazeuse et la perte de charge au démarrage
(Ho).

La charge disponible (H) sur le filtre dépend de la hauteur d'eau au dessus du massif filtrant. En
augmentant cette hauteur, cela permet d'augmenter la durée du cycle de filtration et de limiter les
risques de dégazages.

D. Optimisation de la filtration

L'exploitation d'un filtre impose une qualité d'eau filtrée à respecter (turbidité,...). Ses caractéristiques
physiques imposent un temps de fonctionnement maximal au delà duquel les objectifs de qualité ne
sont plus respectés.

Le fonctionnement optimal est atteint lorsque la construction et l'exploitation sont conduites pour que
le filtre atteigne sa perte de charge limite en même temps que le moment où la qualité du filtrat se
détériore (fig. 19).

Fig. 19 : effets positifs () et négatifs () de l'augmentation d’un certain nombre de paramètres sur les durées t1 et t2.
t1 : durée de fonctionnement du filtre avant détérioration de la qualité de l'eau filtrée
t2 : durée de filtration jusqu'à l'obtention de la perte de charge maximale

augmentation des t1 t2
paramètres (qualité eau filtrée) (perte de charge maxi)
volume de boues  
cohésion de la boue  
granulométrie  
vitesse de filtration  
hauteur de matériau  
taille effective  

Sur la figure 20, la limite de turbidité est atteinte avant que la perte de charge ne soit au niveau
maximal.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 25/45


Filtration

Fig. 20 : Evolution de la perte de charge et de la turbidité sur un filtre

Avec ,
P2 : Perte de charge maximale admissible par le constructeur –
a : Evolution de la perte de charge
b : Evolution de la turbidité
c : Maturation
d : Début de crevaison du filtre
e : Limite de turbidité

a. Paramètres de construction permettant d'influencer la durée de filtration


- hauteur de matériau
- charge disponible
- granulométrie du matériau

La perte de charge (P) varie avec la taille effective (D) selon une formule empirique du type :

P = k.D n

n étant voisin de 1,5 pour de faibles vitesses de filtration ( 4 m.h-1) et 1,8 pour de fortes vitesses (
25 m.h-1)

Le temps de filtration (T) avant l'obtention d'une eau filtrée de mauvaise qualité et d'une perte de
charge trop importante est proportionnel à la taille effective du matériau (D) et à la perte de charge
dans le filtre (P) :

T = K1 .D 1,5 .P 0,6 ou T = K 2 .D 0,3


Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 26/45
Filtration

En doublant la taille effective du matériau, toute chose égale par ailleurs, la durée de filtration
augmente de 24 %.

b. Paramètres d'exploitation permettant d'augmenter la vitesse de filtration

La vitesse de filtration (V) influe peu sur la qualité de l'eau filtrée, si l'eau est préalablement
correctement floculée.
Elle agit cependant sur la durée du cycle de filtration (T), compte tenu que le flux de particules qui
arrive augmente avec V, selon la formule :
T = K3/V 1,5
Si un filtre n'est lavé que lorsqu'il est totalement colmaté, il y a des risques d'altération de la qualité de
l'eau filtrée. En augmentant la vitesse de filtration, la durée du cycle sera diminuée, afin d’éviter tout
risque de relargage ou de crevaison.

La diminution de la vitesse de filtration permet à contrario d'augmenter le temps mis pour arriver à la
perte de charge maximale autorisée.

E. Conduite de la filtration

Pour un filtre fermé sous pression, la perte de charge augmente de 20 à 30 cm en début de cycle
jusqu'à 3 m, lorsque le filtre est encrassé.

Pour un filtre ouvert, la différence de hauteur, entre le niveau de l'eau sur le filtre (niveau amont) et le
niveau de restitution (niveau aval) de l'eau filtrée, est de l'ordre de 1,5 à 2,0 m, ce qui définit la perte
de charge disponible.

Un système de régulation du débit impose alors une perte de charge maximale en début de cycle qui
diminue au fur et à mesure que le filtre se colmate (voir régulation des filtres)

H différence de hauteur entre le niveau d'eau Fig. 21 : Perte de charge dans un filtre ouvert
sur filtre et le niveau de restitution (=
perte de charge disponible pour le
fonctionnement du filtre) Niveau d’eau
h1
h1 perte de charge du filtre propre (sable +
plancher) + perte de charge de la H
SABLE h2
canalisation Régulation

h2 perte de charge du filtre encrassé + perte


de charge de la canalisation
Bâche de restitution
Le système de régulation R (siphon, vanne
régulée) crée une perte de charge hi égale à h2
en début de cycle qui diminue ensuite au fur et à
mesure que le filtre se colmate et que h2
augmente. La relation H = h1+h2 est toujours
respectée.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 27/45


Filtration

3. ESTIMATION DE LA DUREE DU CYCLE DE FILTRATION

Une formule établie expérimentalement permet d'estimer la durée du cycle pour atteindre une perte de
charge donnée dans le cas d'un filtre à sable :

t = a.Vb -0,75 .V -0,65 .D 1,4 .H -0,7 . P 0,9 .H .K

avec a coefficient fonction des unités utilisées


Vb volume de boues après 24 heures de décantation dans 1 litre
V vitesse de filtration
D taille effective du matériau filtrant
K coefficient de cohésion de la boue
H hauteur du matériau filtrant
P perte de charge

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 28/45


Filtration

E. Lavage des filtres


Le lavage des filtres est nécessaire quand le filtre est colmaté. Il permet de retirer les matières qu'il a
accumulées pendant le cycle de filtration précédent et de lui redonner des capacités hydrauliques
satisfaisantes.

1. LES DIFFERENTS TYPES DE LAVAGE

Il existe deux grands types de lavage :

Lavage par simple retour d'eau


L'eau circule de bas en haut avec une vitesse suffisante pour mettre le sable en expansion. Cette
technique présente l'inconvénient d'exiger des vitesses de lavage très importantes pour assurer
l'expansion. Elle n'assure pas une homogénéisation parfaite de la distribution de l'eau de lavage,
entraînant la formation d'agglomération de sable et d'impuretés.

Lavage air + eau


Selon cette technique, la masse de sable est soumise à une vibration produite par le passage de
nombreuses bulles d'air. Cette vibration provoque le décollement des impuretés et leur entraînement
avec l'eau de lavage. Contrairement au mode de lavage par simple retour d’eau, il n’y a pas expansion
et fluidisation du matériau, ce qui rend cette technique plus économique (moins de pertes de
matériau).

Cette technique est celle utilisée en Europe. Elle nécessite un équipement de plancher adapté (cf. 1.3)

Fig. 22 : Phase de filtration et de lavage : exemple des filtres AQUAZUR (filtre à balayage)

En filtration En lavage
AB C E F G B E F G

D
A : Goulotte d’alimentation B : Déversoir C : Sable
D : Canal d’eau filtrée, air et eau de lavage E : Vanne d’évacuation des eaux de lavage
F : Déversoir et canal eaux de lavage G : Orifice d’entrée eau de balayage.

On procèdera donc à une combinaison de séquences de lavage (voir annexe).

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 29/45


Filtration

2. THEORIE DU LAVAGE DES FILTRES


A. Principe
Les figures 23a et 23b présentent l'évolution type de la hauteur de matériau filtrant et de la perte de
charge en fonction de la vitesse de lavage (U).
Quatre étapes peuvent être différenciées :

. de 0 (m.h-1) à u* (m.h-1) Fig. 23 : Evolution de la hauteur du lit filtrant et de


la perte de charge en fonction de la vitesse de lavage
U
Le régime n'est plus laminaire quand la vitesse
dépasse u*. Dans la partie laminaire, la perte
de charge augmente linéairement, la vitesse
n'est pas suffisante pour soulever le matériau,
la hauteur du lit reste donc inchangée.

. de u* (m.h-1) à umf (m.h-1)

La vitesse umf est la vitesse minimale de


fluidisation, à partir de laquelle il y a expansion
du volume de matériau filtrant et donc
élévation de la hauteur du lit filtrant. Le régime
d'écoulement n'étant plus laminaire,
l'augmentation de la perte de charge n'est plus
linéaire, mais proportionnelle au carré de la
vitesse.

. de umf (m.h-1) à uf (m.h-1)

A partir de la vitesse minimale de fluidisation


(umf), la vitesse de l'eau est suffisante pour
pouvoir entraîner les particules du lit. On
assiste alors à sa mise en expansion, les
différents grains du matériau filtrant se
décollant les uns des autres.

. Au-delà de uf (m.h-1)
La vitesse devient très importante et on passe
des conditions de fluidisation à celle du
transport. Le matériau est emporté hors du lit.

On se placera donc à une vitesse de fluidisation comprise entre umf et uf pour décoller les
grains de sable les uns des autres (et mettre en expansion) sans atteindre la perte de
charge critique où le matériau est emporté hors du lit.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 30/45


Filtration

B. Evolution de la perte de charge

Perte de charge en régime laminaire : relation de KOZENY-CARMAN

Dans les conditions du régime laminaire où Re < 10.(1 -  ) , l’évolution de la perte de charge en
fonction de la hauteur de matériau obéît à l’équation suivante :

dh  (1 −  ) 2 2
= K1. .V . .S
dH ge 3

avec h perte de charge (m)


H hauteur du lit (m)
µ viscosité dynamique (kg.m-1.s-1)
e masse volumique de l'eau (kg.m-3)
V vitesse de circulation de l'eau (m.s-1)
 porosité
S surface spécifique des grains encrassés par unité de volume du filtre
(aire/volume :m-1)
K1 constante

La valeur de la constante K1 déterminée expérimentalement varie avec le diamètre des particules de


sable :
diamètre 0,6 mm 0,9 mm 1,7 à 1,8 mm
K1 1,5 1,25 2,2

Perte de charge en régime turbulent : relation de Burke-Plummer

Condition du régime turbulent : Re > 2000.(1-  )

dh (1 −  )
= K 2 .V 2 . .S
dH g 3
Coefficient K2 = 0,27

Perte de charge en régime transitoire : relation d'Ergun

Condition du régime transitoire : 10.(1 -  ) < Re < 2000.(1-  )

Elle correspond à la somme des deux relations précédentes :

dh  (1 −  ) 2 (1 −  )
= [ K1. .V . .S ] + [ K 2 .V 2 . .S ]
dH ge  3
g 3

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 31/45


Filtration

C. Vitesse minimale de fluidisation

La relation établie par LEVA permet de calculer la vitesse minimale de fluidisation Umf

[  e .(  s − e )]0,94
U mf = 22,12.d 1,82
.
 0,88
-1
avec Umf vitesse minimale de fluidisation (m.h )
s masse volumique du sable (T.m-3)
e masse volumique de l'eau (T.m-3)
d diamètre grain de sable sphérique en mm
ν viscosité cinématique en centistoke (1,01 centistoke à 20°C)

La vitesse de fluidisation est affectée d'un coefficient kmf lorsque le nombre de Reynolds est supérieur
à 10.
e
Re mf = U mf . d . -0,272
 k mf = 1,775 . R emf

Vitesse minimale de fluidisation atteinte lorsque la perte de charge = poids du lit – poussée
d’Archimède
ΔP = H (ρs- ρl ) g (1 – ε)

3. DETERMINATIONS EXPERIMENTALES DES CONDITIONS DE LAVAGE


A. Les critères

Les critères à prendre en compte pour déterminer les conditions de lavage sont : l’expansion, le
gradient de vitesse et la perte de charge.

Expansion
L'expansion du lit fluidisé (E) mesure l'augmentation du volume du lit fluidisé.

H'-H ' − 
E= E=
H 

avec H et  hauteur et porosité du lit au repos


H' et ' hauteur et porosité du lit fluidisé

Le critère d'expansion est important. La fluidisation du lit correspond à une élévation de la hauteur du
matériau qui est limitée pour éviter toute perte de matériau.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 32/45


Filtration

Gradient de vitesse
Le gradient de vitesse (G) est un indicateur de l'efficacité du lavage représentatif de la contrainte de
cisaillement existant au voisinage de chaque grain dans un lit fluidisé.

Q.  e g.h Ue g.h


G= G=
V.  H.

avec Q débit de lavage (m3.h-1)


U vitesse de lavage (m.s-1)
e masse volumique de l'eau (kg.m-3)
h perte de charge dans le filtre (m CE)
H hauteur de lit filtrant (m)
V volume du matériau filtrant

Perte de charge
Le suivi de la perte de charge est important car celle-ci indique la quantité d'énergie à dépenser pour
mettre le lit en expansion.

B. Les Résultats expérimentaux

Fig. 24 : Détermination de la vitesse minimale de fluidisation de 2 types de sables

sable broyé sable roulé


TE = 0,68 - Umf = 23,1 m.h-1 TE = 0,55 - Umf = 16,8 m.h-1
0,5 0,5

375 375
Gradient de vitesse G (/s)

Gradient de vitesse G (/s)


80 0,4 PdC 80 0,4 PdC
Perte de charge (m)

Perte de charge (m)


Expension (%)

Expension (%)

60 0,3 G 60 0,3
250 G 250

40 0,2 40 0,2
125 125
20 0,1 20 0,1
Expension Expension

0 0 0 0 0 0
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Vitesse (m/h) Vitesse (m/h)

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 33/45


Filtration

Fig. 25 : Influence du diamètre des grains de sable et de la


température sur la vitesse minimale de fluidisation
Plus la température et le diamètre des grains
augmentent, plus la vitesse de fluidisation 40
20°C

Vitesse de fluidisation (m/h)


10°C
augmente
30 2°C

20

10

0
0 0,5 1 1,5
Diamètre des grains (mm)

Fig. 26 : Influence de la vitesse de fluidisation et de la température sur l'expansion de 2 types de sable


diamètre d60=0,6 mm diamètre d60 = 0,9 mm
120% 120%
2°C 10°C 20°C
100% 100% 2°C 10°C 20°C

80% 80%
Expension

Expension
60% 60%

40% 40%

20% 20%

0% 0%
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Vitesse (m/h) Vitesse (m/h)

Fig. 27 : Vitesse minimale de fluidisation Fig. 28 : Vitesse minimale de fluidisation


de l'Anthracite du Charbon actif
TE = 1,52 - Umf = 39 m.h-1 TE = 0,85 - U mf = 7 m.h-1
0,5 0,5

375 375
Gradient de vitesse G (/s)

Gradient de vitesse G (/s)


80 0,4 PdC 80 0,4
Perte de charge (m)

Perte de charge (m)


Expension (%)

Expension (%)

60 0,3 60 0,3
G 250 250

Expension
40 0,2 40 0,2
125 125
G
20 0,1 20 0,1
Expension PdC

0 0 0 0 0 0
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Vitesse (m/h) Vitesse (m/h)

Fig. 29 : Reclassement d'un filtre bi-couche : 60 cm de sable (C1) et


50 cm de charbon actif totalement mélangés au début
0,5

0,4
Perte de charge (m)

Mouvement en surface
0,3
Mouvement dans tout le lit

0,2 Début de séparation

Séparation très nette


0,1 Perte de matériaux

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Vitesse (m/h)

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 34/45


Filtration

Les eaux de lavage des filtres sont évacuées vers la filière « boue ». Ces eaux peuvent, selon les cas,
représenter un volume non négligeable, à intégrer dans le dimensionnement de la station.
Après un lavage des filtres, les premières eaux filtrées risquant encore d’être chargées (jusqu’à
stabilisation de la filtration) suivent également la filière « boues ».

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 35/45


Filtration

F. Régulation des filtres


1. LES FILTRES A ENCRASSEMENT

Ce sont des filtres à débit constant et à niveau d'eau variable au dessus du massif selon l'état
d'encrassement. Filtre propre, le niveau d'eau couvre juste le sable ; il est maintenu par la cote de la
lyre de sortie d'eau filtrée. Filtre encrassé, le plan d'eau atteint le niveau du plan d'eau d'alimentation.
L'élévation de l'eau est de 1,5 à 2,0 m selon la granulométrie du sable.

Les filtres à Neutralite fonctionnent souvent de cette manière, mais avec une élévation plus restreinte
(0,8 à 1,0 m) car ils ont habituellement peu de matières en suspension colmatantes à retenir (ce n’est
pas leur objectif, voir chapitre II).

2. LES FILTRES A DEBIT CONSTANT ET COMPENSATION DE COLMATAGE

Le niveau d'eau au dessus des filtres varie peu ou pas.


Le débit d'eau filtrée est constant, égal au débit total entrant divisé par le nombre de filtres.
Pour maintenir constant le niveau du plan d'eau amont, un organe régulateur crée une perte de charge
auxiliaire importante lorsque le filtre est propre et qui s'annule quand le filtre est colmaté : le régulateur
compense le colmatage du lit filtrant.

A. Siphon régulateur

Il est constitué de deux tubes concentriques. L'eau sortant du filtre remonte dans le tube central, et
redescend dans le tube extérieur.

Si de l'air est introduit dans la partie supérieure, il est entraîné par l'eau : la densité du mélange baisse,
les pertes de charges augmentent, le siphon se désamorce. En début de cycle, l'introduction d'air
accroît la perte de charge auxiliaire. Le débit d'air diminue ensuite au cours du cycle pour finalement
s'annuler.

L'introduction d'air au sommet du siphon est assurée par une boite de partialisation constituée d'un
clapet suspendu à un ressort accroché à un point fixe. Le clapet flotte sur le plan d'eau au dessus du
massif filtrant. Quand le filtre s'encrasse, le plan d'eau remonte. Le débit d'air introduit dans le siphon
diminue par réduction de la section de passage, la perte de charge auxiliaire décroît. La limite de perte
de charge est atteinte quand il n'y a plus d'air introduit dans le siphon. L’élévation du niveau d’eau sur
le filtre augmente alors ; il ne peut plus être maintenu à niveau constant par le système régulateur.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 36/45


Filtration

Fig 30 : Principe du siphon régulateur Fig. 31 : Boite de partialisation

B. Régulation par vannes automatiques

La perte de charge auxiliaire est créée par la fermeture d'une vanne automatique commandée par un
dispositif de régulation. Par exemple, la mesure du niveau d'eau au dessus d'un filtre permet de
commander pas à pas l'ouverture et la fermeture d'une vanne.

3. REGULATION D'UNE BATTERIE DE FILTRE

Lorsqu'il y a plusieurs filtres en parallèle, il importe que le débit de chaque filtre soit identique, même
s’il y a des variations du débit global arrivant sur la station ou du nombre de filtres en service.

A. Principe de la régulation amont

C’est le système habituellement utilisé. Le dispositif de régulation contrôle le niveau d’eau sur le filtre.
L’eau arrive par une goulotte générale à faible vitesse et le niveau d’eau est pratiquement horizontal.
L’eau est répartie à l'entrée de chaque filtre par une série de déversoirs calibrés et réglés, de perte de
charge identique. Le niveau d’eau sur tous les filtres de la batterie est donc identique.

Si le débit général augmente, la hauteur d'eau sur chaque déversoir augmente dans les mêmes
proportions. Lorsqu’un filtre est isolé pour un lavage, le débit restant est partagé entre tous
les autres filtres en service.

Fig 32 : Principe de la régulation amont


1. Entrée d’eau à filtrer
4. Indicateur de colmatage
5. Siphon concentrique
6. Vasque de restitution d’eau filtrée
7. Boite de partialisation
8. Déversoir d’eau filtrée
11. Goulotte d’eau décantée
12. Orifice calibré

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 37/45


Filtration

La boite de partialisation 7 indique le niveau d’eau entrant, donc un sur-débit. Elle régule ainsi le débit
de sortie en jouant sur l’ouverture des vannes de sortie. Cette régulation prend en compte le colmatage
du filtre par la mesure de la perte de charge (en 4), ce qui conditionne le lavage du filtre.

B. Principe de la régulation aval

Lorsque le débit global de l'installation varie selon la demande en eau filtrée, ce qui est très fréquent, il
est nécessaire d'effectuer l’équi-répartition sur la sortie d'eau filtrée. Le dispositif de régulation contrôle
le niveau d’eau sur la vasque de répartition. Le niveau d’eau est identique sur chaque vasque de
répartition. Cela implique que les niveaux de déversoirs sont identiques pour tous les filtres de la
batterie.

La perte de charge globale de chaque filtre doit être identique, quel que soit l’état d'encrassement de
chaque filtre, afin que le débit traversier de chacun soit égal.

4. LES FILTRES A BALAYAGE

Dans les dispositifs précédents, le débit de chaque filtre correspond au débit total divisé par le nombre
total de filtres en service.
Si un filtre est en lavage ou à l’arrêt pour maintenance, le débit augmente alors sur tous les autres
filtres.

Pour rester dans des sur-vitesses acceptables, il faut construire au minimum 5 filtres.

Les filtres à balayage permettent de s’affranchir de cette difficulté.

Le niveau d’eau sur le filtre est indépendant du niveau dans le canal d’alimentation, chaque filtre étant
alimenté par un déversoir. Les niveaux de tous les déversoirs d’une batterie de filtres doivent être
identiques. L’inconvénient de cette solution est la hauteur géométrique supplémentaire nécessaire (plus
de génie-civil).

Un filtre à balayage est donc relativement haut, avec une hauteur de l’ordre de 3 - 4 m.

En lavage, le filtre à balayage reste toujours alimenté en eau.

Le débit d’eau ne varie donc pas sur les autres filtres, quand l’un d’entre eux est en lavage. L’eau passe
alors par la canalisation de balayage ce qui facilite l’évacuation des eaux de lavage à la surface du filtre.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 38/45


Filtration

Fig 33 : Vues en plan (ci-dessus) et en coupe (ci-dessous) d’un filtre double cellule à balayage
(en lavage à droite – en filtration à gauche)

B A B B A B

O O C O O C
C C

N N N N
D D D D

E E E E

L L
G G

J K J K
H H
I I

N N N N
D D D D
E E
E L E L
M M
F F F F
G G

A: Canal d’alimentation B : Orifice calibré entrée cellule


C: Déversoir d’alimentation D : Entrée dans le filtre
E: Canalisation pour le balayage F: Matériau filtrant
G: Canal de récupération des eaux filtrées et
d’alimentation en eau et air de lavage (niveau inférieur)
H: Vanne de régulation des filtres I: Canal des eaux filtrées
J: Arrivée des eaux de lavage K : Arrivée de l’air de lavage
L: Goulotte de récupération des eaux de lavage
M: Vanne d’abaissement de niveau et d’évacuation N : Trop plein du filtre
des eaux de lavages
O: Canalisation d’évacuation du trop plein.

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Filtration

G. Les différents types de filtres à sable


Le dimensionnement, les caractéristiques et l’exploitation des différents filtres sont décrits en annexes.

1. FILTRE MONOCOUCHE - FILTRATION LENTE

Ce procédé a été le premier utilisé dans le traitement des eaux : l'eau brute subit d'abord un
prétraitement puis une pré-filtration sur gravier et/ou sable, avant de percoler à travers les filtres à
sable à une vitesse de l'ordre de 2 à 10 m.j-1. A la surface du sable se développe une biocénose
complexe composée d'algues, de bactéries et de zooplancton.

Fig 34 : Principe de fonctionnement des filtres lents


CO2

Matières organiques Minéralisation par


Assimilation chlorophylienne
apportées par l’eau des bactéries aérobies
par les algues

O2

Fonctionnement des filtres lents :


- rétention mécanique complétée par l'action floculante des polysaccharides sécrétés par les algues
et les bactéries
- complexation des micropolluants minéraux par les agents chélatants élaborés par les algues
(oxydation du fer et du manganèse)
- bioaccumulation des micropolluants par les algues et les bactéries (détergents, phénols,
pesticides, hydrocarbures)
- élimination des matières organiques biodégradables et de l'ammonium
- élimination des bactéries et des virus du fait de la concurrence vitale, de la prédation, de la
sécrétion d'oxygène, ou de métabolites antibiotiques par les algues et de l'effet de filtration.

Membrane biologique :
Après un temps de maturation (15 jours), il se forme dans les couches superficielles du sable une
accumulation de particules minérales et organiques dans laquelle règne une vie biologique intense (film
biologique). En plus de phénomènes biologiques, on a des effets d'adsorption physique de composés
non biodégradables sur cette membrane.

Limitation de la filtration lente :


- la porosité très faible de la membrane biologique rend le filtre très sensible à tout apport notable
de matières en suspension qui colmatent en quelques heures l'installation,
- les pollutions ne doivent pas varier trop fréquemment ou trop brutalement car il faut un certain
temps d'adaptation de la membrane biologique,
- les surfaces à mettre en œuvre sont très grandes en raison des faibles vitesses de filtration.
- les lavages sont faits manuellement par ratissage et injection d’eau ponctuelle à l’aide de piques.
Ils nécessitent une main d’œuvre importante.

Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 40/45


Filtration

2. FILTRE MONOCOUCHE - FILTRATION RAPIDE

C'est la technologie de filtration la plus couramment utilisée, qu'il s'agisse de filtres ouverts ou de filtres
fermés. Le procédé nécessite un prétraitement préalable de l'eau avant son admission sur le filtre :
aération, préoxydation, coagulation-floculation, décantation,....
Pour des eaux de bonne qualité, c’est à dire contenant peu de MES, l’étape de décantation n’est pas
forcément nécessaire.

Sur une installation de traitement complet, l’étage de filtration sur sable :


. retient les matières en suspension,
. retient le fer et le manganèse oxydés en amont
. peut servir de support à une activité biologique nitrifiante si la concentration en ammonium de l’eau
brute est inférieure à 1 mg/l

Vitesse de filtration et hauteur d’ouvrage


Les vitesses de filtration usuelles varient entre 5 et 10 m.h-1, selon la qualité de l’eau et les objectifs
de traitement. La hauteur totale d’un filtre avoisine 1 m à 1,5 m.
Certains constructeurs proposent aujourd’hui des vitesses de filtration plus importantes, entre 20 et
25 m.h-1. Dans ces conditions, la hauteur totale avoisine 3 m.

Par ailleurs, des aménagements sont alors indispensables :


. utilisation de polymères pour floculer les eaux
. grande hauteur d’eau au dessus du filtre pour limiter les risques d’embolies gazeuses et augmenter
la perte de charge disponible
. augmentation des fréquences de lavage.

Remarques sur le lavage


Les séquences de lavages théoriques sont à optimiser par l'exploitant. A titre d’exemple, les séquences
sont les suivantes :

Phase Vitesse (m.h-1) Durée (mn)


1. air air 50 1à2
2. air + eau air 50 10 (7 à 15)
eau 8
3. eau eau 25 5 (3 à 6)
Total de 15 à 20

Le débit s’exprime en m.h-1 et non m3.h-1 car il s’applique à une surface à laver :
Il s’agit d’une vitesse = m3.h-1. m-2 = m.h-1

Le lavage doit prendre en compte les aspects suivants :


- un nettoyage trop important conduit à une surconsommation en eau
- des survitesses d’eau peuvent entraîner du matériau de filtration dans l'eau de lavage
- un mauvais lavage (séquence trop courte ou vitesse trop faible) ne se voit pas immédiatement,
mais conduit à un encrassement progressif et en profondeur du filtre auquel il sera ensuite
difficile de remédier.
Engees, Traitement des eaux de distribution - chapitre 5 Folio : 41/45
Filtration

La consommation en eau de lavage est d'autant plus forte que :


. la hauteur d'eau au-dessus du sable est plus grande,
. le débit d'eau de retour est plus faible,
. les goulottes d'évacuation des boues sont plus écartées les unes des autres,
. la quantité de boues à évacuer est plus grande,
. la cohésion et la densité des boues sont plus fortes.

Dans le cas d’une filière complète, les pertes en eau dues au lavage de filtres rapides sont de l’ordre de
2% soit 1/3 des pertes totales (estimées à 6 à 10%). Les autres pertes concernent principalement les
purges du décanteur = 2/3 des pertes totales, soit 4 % (cf chapitre 4).

3. FILTRE BICOUCHE

Il est utilisé en général sans décantation préalable, dans le cas d'eaux fortement chargées en matières
en suspension d'origine minérale (eaux karstiques) ou dans le cas d'eaux colmatantes, riches en algues
par exemple (turbidité < 100 NFU).

Un filtre bicouche comprend une couche finisseuse de sable à la base et une couche supérieure
d'anthracite ou de ponce. La couche supérieure d’anthracite est de granulométrie et de porosité plus
grande que le sable, ce qui lui confère une capacité plus importante de rétention.

Pour une même qualité d'eau, la durée du cycle de filtration est alors plus grande et donc la fréquence
de lavage plus faible.

Au moment du lavage, l'anthracite ou la ponce étant de densité plus faible que celle du sable, ceux-ci
restent au dessus du sable et ne s'y mélangent pas. Une séquence à fort débit d'eau, en fin de lavage,
met les matériaux en expansion, ce qui permet leur reclassement.

H. Annexes

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FILTRATION

FILTRE RAPIDE MONO COUCHE


Domaine d’utilisation :
- rétention des matières en suspension,
- élimination possible de l'ammonium, pour des concentrations dans l'eau brute < 1 mg .L-1
- oxydation biologique du fer et du manganèse

Caractéristiques des matériaux Largeur des cellules


Hauteur de sable 0,8 à 1,0 m Largeur maximale par rapport à 1 goulotte
Taille effective : 0,9 à 1,0 mm sans balayage : 2,5 m
Coefficient d’uniformité < 1,4 avec balayage : 4 m

Capacité de rétention en MES


Eaux de qualités habituelles 500 à 800 g MES.m-2
Eaux riches en algues peut diminuer jusqu’à 250 g MES.m-2

Vitesse de filtration
Calculée pour un lavage toutes les 24 heures
-1
< 6 m.h 7 à 8 m.h-1 10 m.h-1
nitrification eaux habituelles eau de bonne qualité
(cinétique biologique) (MESED  5 mg .L-1) (MESED < 2 mg .L-1)

Hauteur d’eau au dessus du filtre :


Faible hauteur d’eau Vitesse limitée à 6 m.h-1
30 à 40 cm Température maximale de 15 à 18°C
Grande hauteur d’eau Vitesse supérieure à 7 m.h-1
1,0 à 1,2 m Température importante de l’eau (> 20°C)
Eau riche en gaz avec risques de sur saturation

Séquences du lavage :
Phase Vitesse (m.h-1) Durée (mn)
1. air air 50 1à2
2. air + eau air 50 10 (7 à 15)
eau 8 à 12
3. eau eau 15 à 25 5 (3 à 6)
Total de 15 à 20

Faible hauteur d’eau lavage eau seule 4 à 6 m3 d’eau par m2


Faible hauteur d’eau lavage air + eau 3 à 4 m3 d’eau par m2
Grande hauteur d’eau à balayage lavage air + eau
Consommation en eau de lavage :
Elle est d'autant plus forte que :
. la hauteur de l'eau au-dessus du sable est plus grande,
. le débit d'eau de retour est plus faible,
. les goulottes d'évacuation des boues sont plus écartées les unes des autres,
. la quantité de boues à évacuer est grande,
. la cohésion et la densité des boues sont plus fortes.

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