COMMUNIQUÉ
Dénutrition, dépistage et action :
Automobile Jeep, le pionnier du 4×4,
s’arme pour remonter la pente
Chine-Etats-Unis :
la nouvelle guerre
des robots
l Les deux géants veulent dominer la robotique humanoïde.
l Les start-up multiplient les levées de fonds.
l Ces robots de nouvelle génération s’invitent déjà dans les usines.
// PAGES 14-15
Jeep/Alessandro Altavilla et Shutterstock
Emploi des
seniors : fin de
SUR négociation pour
les partenaires
sociaux
DOMINIQUE SEUX SOCIAL Les partenaires sociaux
DANS ’ÉDITO ÉCO se retrouvent ce lundi pour une
À 7H45 ultime séance de négociation sur
DU LUNDI AU VENDREDI les parcours professionnels. La
dernière mouture du projet sur la
table confirme qu’en cas d’accord,
ce ne sera pas le grand soir social.
Pour autant, syndicats et patronat
M 00104 -408 - F:3,60 ont tout intérêt à trouver un
compromis, même a minima, car
depuis la nomination de Gabriel
Attal à Matignon, les relations se
sont tendues. Le Premier ministre
affirme son attachement au
ISSN0153.4831
NUMÉRO 24186
117e ANNÉE
34 PAGES dialogue social, mais il martèle sa
Antilles-Réunion 4,70 €. Belgique 4,20 €. volonté de durcir de nouveau les
Espagne 5,10 €. Luxembourg 4,40 €. conditions d’indemnisation des
Maroc 44 DH. Suisse 6,60 FS. Tunisie 9,8 TND. chômeurs, malgré les critiques
d’une partie de la majorité.
// PAGE 2
// P. 21
Private equity :
la menace d’une
hausse d’impôt
à la City pourrait
profiter à Paris
CAPITAL-INVESTISSEMENT
Favori aux prochaines élections
britanniques, le parti travailliste
veut porter la taxation des plus-
values de cession des gérants
(« carried interest ») de 28 % à
45 %. L’effet pourrait être catastro-
phique pour l’industrie londo-
nienne du capital-investissement,
qui a accumulé 5 milliards de livres
de ces bonus en 2022. S’il aboutit, le
projet du Labour pourrait entraî-
ner un exode fiscal au profit de la
France, après les transferts de ban-
quiers post-Brexit. Mais l’Italie et
l’Espagne offrent des taux d’impo-
sition plus agressifs que Paris. Tout
comme l’Allemagne, où le secteur
fait toutefois l’objet d’enquêtes
pour évasion fiscale. // PAGE 29
une priorité de santé
Voir Cahier 1
LUNDI 8 AVRIL 2024
Intelligence artificielle La Silicon Valley
prête à tout pour attirer les talents // P. 26
Israël-Hamas :
six mois d’un
conflit sans fin
INTERNATIONAL Pour Israël,
l’union sacrée à la suite de l’atta-
que du 7 octobre par le Hamas a
vécu. Le Premier ministre, Benya-
min Netanyahou, est contesté de
toutes parts. L’Etat hébreu est
désormais accusé d’être respon-
sable d’une catastrophe humani-
taire. Malgré des coups très durs
portés à son ennemi, Tsahal n’est
pas parvenue à une victoire totale.
L’annonce de son retrait du sud de
la bande de Gaza confirme un état
de fait. Directement touchée par
ce conflit, l’économie israélienne
fait pourtant preuve de résilience.
L’inflation et le chômage sont sous
contrôle, tandis que la high-tech
retrouve le moral. // PAGE 8
Jack Guez/AFP
Manifestation de soutien
samedi 6 avril aux otages
enlevés six mois plus tôt.
analyses
Réforme de la publicité :
ne pas sacrifier la presse
Par Philippe Carli L’économie russe
en équilibre instable
La presse écrite emploie près de
70 % des journalistes dans notre par G. de Calignon
pays et souffre déjà de la concur-
rence massive, et parfois déloyale, France-Allemagne :
des Gafam sur le marché publici- l’indispensable
taire. A l’heure où la désinforma- entente
tion fait des ravages et suscite des
craintes pour l’avenir des démo- par M. Mertes et D. Moïsi
craties, la modification des règles
envisagée pour ouvrir les vannes Energie : sortir enfin
de la publicité à la télévision au du monopole
cinéma, à l’édition littéraire et aux
opérations commerciales de pro- par François Joubert
motion de la distribution, affaibli-
rait toujours plus dangereuse- A l’écoute des trous
ment la presse d’information, noirs
prévient Philippe Carli, président
de l’Alliance de la presse d’infor- par Yann Verdo
mation générale. // PAGE 13 // PAGES 11 À 13 ET 16
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FRANCE
Emploi des seniors : syndicats
et patronat jouent leur va-tout
l Les partenaires sociaux se retrouvent ce lundi pour une ultime séance de négociation sur les parcours professionnels.
l Ils doivent trouver un accord, même a minima, pour maintenir leur légitimité vis-à-vis de Gabriel Attal
alors que le Premier ministre veut rouvrir le dossier de l’assurance-chômage.
SOCIAL
Alain Ruello
et Leila de Comarmond
On y est. Trois mois après l’avoir
démarrée et avec une dizaine de
jours de retard par rapport à
l’échéance qu’ils s’étaient fixée au
26 mars, les partenaires sociaux se
retrouvent ce lundi matin pour une
dernière séance de négociation sur
les parcours professionnels et
l’emploi des seniors.
Patronat et syndicats jouent gros
face à l’exécutif. La nomination de
Gabriel Attal à Matignon a tendu les
relations. Le Premier ministre
affirme son attachement au dialo-
gue social, mais il dit et répète son
intention de durcir de nouveau les
conditions d’indemnisation des
chômeurs alors même que le der-
nier accord signé sur l’assurance-
chômage fin 2023 n’est pas encore
entré en vigueur.
Rapports de force
« J’assume totalement. J’ai été
nommé pour agir. Il y aura une
réforme de l’assurance-chômage
en 2024 », affirmait encore vendredi
dernier, dans « Le Monde », Gabriel
Attal, bien que les critiques fusent, y
compris parmi les députés Renais-
sance : du côté de l’aile gauche, avec
notamment Astrid Panosyan-Bou-
vet, mais aussi de celui de la prési-
dente de l’Assemblée nationale, Yaël
Braun-Pivet, et même de l’ancienne
Première ministre, Elisabeth
Borne, à l’origine de la négociation
sur les parcours professionnels.
Dans ce contexte, l’enjeu de la
négociation sur les parcours pro-
fessionnels dépasse le seul contenu
d’un éventuel compromis, il va
peser sur les rapports de force. En
cas d’accord patronat-syndicats, la
signature d’un avenant entre parte-
naires sociaux décalant de deux ans
la filière senior d’indemnisation des
chômeurs pour prendre en compte
la réforme des retraites devrait sui-
vre. Celui-là même qu’exige le gou-
vernement pour valider la réforme
de l’assurance-chômage des parte-
naires sociaux de novembre.
Un échec de la négociation la ren-
drait caduque. Adieu, pour le patro-
nat, la baisse de la cotisation chô-
mage de 0,05 %, sachant que, pour
Matignon, elle ne s’impose pas vrai-
ment en ce moment. Adieu, côté
L’Etat se félicite des cessions de son patrimoine immobilier
FINANCES
PUBLIQUES
Selon le ministre
délégué aux Comptes
publics, Thomas
Cazenave, l’Etat
a vendu 645 biens
en 2023 pour une
valeur de 280 millions
d’euros, soit une hausse
des recettes de 37 %.
L’ancienne école d’architecture de
Nanterre (Hauts-de-Seine) pour
11 millions d’euros, un centre de
vacances à Saint-Raphaël, dans le
Var, pour 9 millions, ou encore un
bâtiment parisien du ministère de
salarié, les assouplissements des
conditions d’éligibilité à une indem-
nisation pour les jeunes, notam-
ment. De surcroît, l’exécutif aurait
les mains libres. A contrario, un suc-
cès contraindrait le gouvernement à
s’en remettre à la négociation pour la
suite. Pour les syndicats, l’enjeu du
rapport de force avec l’exécutif se
double d’un autre. Les mesures obte-
nues par la négociation sur les par-
cours professionnels, si elles ne
constitueront pas un grand soir
social, doivent comporter suffisam-
ment d’avancées pour constituer
une réelle « contrepartie » à un res-
serrement de l’indemnisation des
seniors, explique un négociateur.
Carrières, seniors, conditions de
travail, reconversions, sans oublier
le Compte épargne temps universel
(Cetu) : les thèmes sur la table ont été
identifiés il y a un an, quand, une
fois la réforme des retraites promul-
guée, Emmanuel Macron a appelé à
bâtir « un nouveau pacte de la vie au
travail ». En clair : tout ce que les syn-
dicats réclamaient de traiter avant
d’entériner le recul de l’âge légal de
fin de carrière et en partie censuré
par le Conseil constitutionnel dans
le projet de loi sur les retraites.
La dernière version
du projet d’accord
patronal augure
de débats finaux
longs et tendus
Rien n’est joué. Après une quin-
zaine de séances de négociation,
dont une partie passée à dresser un
diagnostic, la dernière version du
projet d’accord patronal envoyé
mercredi augure de débats finaux
longs et tendus avec les syndicats.
« Le document est plus abscons que le
précédent, sans aucun nouveau droit
pour les salariés. Pire, il entérine un
recul sensible des contraintes pour
les employeurs », a réagi Michel
Beaugas pour FO. Le maintien en
emploi de seniors ? Avant tout une
question de management interne
aux entreprises, martèle le patron
du Medef, Patrick Martin, qui l’a
réaffirmé jeudi dernier lors d’un
débat avec son alter ego de la CFDT,
Marylise Léon, organisé par l’entre-
prise de travail temporaire Rands-
tad. Le camp patronal, lui-même,
est fracturé comme rarement sur le
dossier du Cetu ! n
la Culture pour 65 millions : obligé
de restreindre le train de vie de
l’Etat, le gouvernement continue de
céder des pans de l’immobilier
public, quand bien même la straté-
gie immobilière poursuivie reste
très critiquée pour son inefficacité
depuis de nombreuses années.
« L’an dernier, les résultats ont été
remarquables. Nous avons vendu
645 biens pour une valeur de
280 millions d’euros, soit une hausse
des recettes de 37 % », s’est félicité le
ministre délégué aux Comptes
publics, Thomas Cazenave, dans
une interview à la version domini-
cale de « La Tribune », listant trois
exemples dans la foulée.
Les acheteurs ? Le voisin d’une
parcelle, des investisseurs, mais
surtout des collectivités locales qui
exercent leur droit de préemption.
Contesté par les syndicats, le « contrat de valorisation de l’expérience » (ex-CDI senior) est toujours à l’ordre du jour. Photo iStock
Les points clés d’une négociation sans grand relief
Détail des mesures clés
du projet d’accord entre
les partenaires sociaux.
qui, s’il aboutit,
ne constituera pas
un grand soir social.
Syndicats et patronat se retrou-
vent ce lundi pour l’ultime séance
de négociation sur les parcours
professionnels et l’emploi des
seniors. Le gouvernement a pro-
mis de reprendre l’accord, si
accord il y a, dans un projet de loi
attendu à l’automne. Revue de
détail des points clés sur la table.
•TOUS
BILAN PROFESSIONNEL
LES CINQ ANS
Cinq ans après avoir été réformés
par la loi Pénicaud, les entretiens
qui jalonnent la carrière des sala-
riés sont appelés à évoluer. Le
patronat propose un nouveau
nom, « entretiens professionnels
d’employabilité », une nouvelle fré-
Et de rappeler des chiffres déjà
mis en avant : l’Etat p ossède
190.000 bâtiments qui occupent
près de 100 millions de mètres car-
rés (dont 23 millions en bureaux,
selon un rapport sur la « politique
immobilière de l’Etat » annexé au
projet de budget pour 2024) pour
une valeur potentielle de cession de
5 milliards.
« Résultats décevants »
En plus de la vente de biens, l’Etat
compte aussi quitter des locaux en
location « ce qui permettra d’écono-
miser à terme 1 milliard d’euros
annuels en dépenses d’entretien et en
loyers », a-t-il ajouté, sans préciser
ce terme. Sans compter les loyers
perçus, qui ont permis de faire
remonter 1 milliard (+20 %) l’an der-
nier dans les caisses.
quence, tous les cinq ans et non
plus tous les deux et six ans, à
compter de la première embauche.
Ces rencontres sont « renforcées »
au-delà de 35 ans, pour faire un
point sur les compétences, les
besoins de formation, les évolu-
tions, voire les reconversions, dans
une logique de bilan, de perspec-
tive et de transition vers la retraite.
Celui qui suit le 45e anniversaire est
organisé « dans les trois mois sui-
vant la visite médicale de mi-car-
rière, auquel il ne se substitue pas »,
dans une logique de prévention des
situations d’usure professionnelle.
•VIVERECONVERSIONS
LE PEP !
: formation s’il ne va pas au bout
Adieu « projet de transition profes-
sionnel » (PTP), « transition collec-
tive » et autre « reconversion ou
promotion par alternance » (dite
Pro-A) : tout cela serait remplacé
par un dispositif – le « parcours
d’évolution professionnel », ou PEP
« [Le départ de
l’Etat de certains
locaux qu’il loue]
permettra
d’économiser
à terme 1 milliard
d’euros annuels
en dépenses
d’entretien
et en loyers. »
THOMAS CAZENAVE
Ministre délégué aux Comptes
publics
Lundi 8 avril 2024 Les Echos
– avec deux modalités. La première,
à l’initiative du salarié, ressemble
en fait au PTP (conseil en évolution
professionnelle préalable, finance-
ment du salaire et de la formation
mutualisés, démission à l’issue de
la formation ouvrant droit à alloca-
tion-chômage…). La seconde, en
accord avec l’employeur, diffère
surtout sur la prise en charge de la
rémunération pendant la forma-
tion : par l’entreprise en cas de
mobilité interne, définie par accord
collectif en cas de mobilité externe
(le contrat de travail est suspendu).
Au passage, le patronat veut que le
salarié rembourse une partie de la
(dossier du dédit formation).
• FINS DE CARRIÈRES
AMÉNAGÉES
Pour améliorer le taux d’emploi des
salariés seniors, rebaptisés « expé-
rimentés », une négociation sur
leur maintien en emploi et leurs
Las. Le satisfecit de Thomas Caze-
nave se heurte aux errances de la
politique immobilière de l’Etat
depuis une quinzaine d’années,
comme l’a pointé un récent rapport
de la Cour des comptes. « Résultats
décevants », « retards et carences »
pour la rénovation énergétique,
organisation administrative « qui a
atteint ses limites » : le constat est
sévère, ce que le ministre délégué
aux Comptes publics reconnaît.
Parmi les objectifs rappelés à
« La Tribune » figure celui de
réduire de 24 à 16 d’ici à 2032 la sur-
face en mètres carrés par agent, « ce
qui est un standard », a-t-il jugé. Bis
repetita en fait : le chantier avait été
lancé en 2006, sans succès. Le ratio
d’occupation a même légèrement
augmenté depuis 2014-2015. Face à
la « dilution des responsabilités », qui
02
conditions de travail est obligatoire
dans les entreprises de plus de
300 salariés (facultatif en dessous).
En prévision de l’entretien des
60 ans, le salarié « se voit proposer »
par la Caisse nationale d’assurance
vieillesse l’envoi de sa date prévi-
sionnelle de taux plein à son
employeur. L’assurance-retraite
informe ce dernier quand son sala-
rié a entamé les démarches pour
liquider ses droits. Le salarié peut
demander un temps partiel de « fin
de carrière », une partie de la perte
de revenu pouvant être compensée
par ponction sur son indemnité de
départ en retraite. Contesté par les
syndicats, le « contrat de valorisa-
tion de l’expérience » (ex-CDI
senior) est toujours sur la table, à
titre expérimental pendant cinq
ans. Il s’agit d’un contrat d’embau-
che pour chômeurs de plus de
60 ans que l’employeur peut rom-
pre lorsque le salarié atteint son
taux plein. — A. R.
n’incitent pas assez les ministères à
« optimiser l’utilisation de leurs
locaux, à partager les bureaux, à être
plus sobres, à investir dans la rénova-
tion énergétique, à valoriser le patri-
moine qu’ils occupent », Thomas
Cazenave a réitéré son projet de fon-
cière immobilière de l’Etat. « C’est un
changement de modèle : il y aura un
propriétaire unique et des ministères
qui louent leurs locaux », a-t-il plaidé.
Le projet de foncière n’est pas
nouveau, comme l’a rappelé la Cour
des comptes, qui souligne le peu
d’autorité dont dispose la Direction
immobilière de l’Etat créée en 2016.
L’étude d’impact reste à faire si l’on
en croit les magistrats financiers :
outre sa complexité, le dispositif
pourrait coûter plus cher aux admi-
nistrations, ont-ils prévenu dans
leur rapport. — A. R.
03 Les Echos Lundi 8 avril 2024 FRANCE

Macron chamboule
à nouveau la formation
des futurs enseignants
payés. De l’ordre de 1.400 euros net la accompagné comme il le faut pen-
ÉDUCATION première année et de 1.800 euros net dant plusieurs années ».
la deuxième année, avec un temps Les licences professionnelles de
Les professeurs du de formation face à la classe, avait préparation au professorat des éco-
premier et du second fait savoir l’Elysée dans un premier les vont se mettre en place dans le
degrés passeront temps. Ce sera 900 euros en pre- cadre d’une formation post-bac.
le concours à bac+3 mière année, a rectifié Matignon. Certaines existent déjà. L’idée est
et non plus à bac+5. d’« aller vers une généralisation », a
« Ecoles normales indiqué Emmanuel Macron. Les
Ils seront rémunérés du XXIe siècle » futurs enseignants seront formés à
Il faut « reconnaître nos compatriotes certaines méthodes – « les plus
durant les deux années
qui veulent s’engager dans ce métier innovantes », a précisé le chef de
de master, qui auront essentiel – transmettre les savoirs à l’Etat.
lieu en alternance. nos enfants, leur apprendre l’esprit

Marie-Christine Corbier
Il va falloir « réinventer nos bonnes
vieilles écoles normales », avait
estimé Emmanuel Macron en sep-
tembre dernier, lors d’un déplace-
ment à Orange, dans le Vaucluse.
Vendredi, depuis une école du
9e arrondissement de Paris, le chef
de l’Etat a détaillé la nouvelle réfor-
me de la formation des enseignants
qu’il souhaitait engager. La dernière
refonte, qui avait abouti à la création
des Instituts nationaux supérieurs
du professorat et de l’éducation
(Inspé), date pourtant de 2019, sous
son premier quinquennat.
A partir de 2025, les futurs ensei-
gnants passeront les concours non
plus à bac+5 mais à bac+3. L’idée est
de rendre la profession plus attrac-
tive, avec une formation en alter-
nance pendant les deux années de
master, durant lesquelles ils seront
critique, leur donner confiance – et
donc les rémunérer dès la première
année de master », a expliqué Emma-
nuel Macron.
Les futurs enseignants seront
formés dans le cadre des nouvelles
« écoles normales du XXIe siècle »,
baptisées ENSP. Ce nouveau cadre
de formation concernera les profes-
seurs du premier et du second
degrés. Des licences spécifiques au
métier d’enseignant seront mises
en place dans les universités.
« Le système qu’on a adopté ces
dernières décennies n’était sans
doute pas le meilleur, a justifié le chef
de l’Etat. Il faisait naviguer les ensei-
gnants pendant cinq ans post-bac
avec des filières diverses et variées
[jusqu’au] concours en fin de mas-
ter 2, et donc beaucoup d’enseignants
étaient sortis des savoirs fondamen-
taux pendant plusieurs années. »
C’était ensuite « compliqué de trans-
mettre [ces savoirs sans avoir été]
« Une forme de prépa
intégrée »
Les étudiants qui s’engageront dans
cette future licence auront, à terme,
des épreuves allégées pour le
concours à bac+3, faisant de cette
licence « une forme de prépa inté-
grée », selon Emmanuel Macron.
Ceux qui feront une licence d’his-
toire, de psychologie ou autre et qui
voudront ensuite devenir ensei-
gnants pourront passer le concours
pour entrer en master. C’est ce
master « professionnalisant » qui
incarne en fait les « nouvelles écoles
normales du XXIe siècle ».
Les professeurs de collèges et de
lycées pourront suivre une licence
disciplinaire à laquelle s’ajouteront
« des modules additionnels permet-
tant de s’approprier la pédagogie et
une prise de contact du terrain »,
souligne-t-on au ministère de l’Edu-
cation nationale. Dans les futurs
masters, les étudiants auront la
Vendredi, le chef de l’Etat a fait ses annonces depuis une école du 9e arrondissement de Paris.
qualité d’élèves fonctionnaires la
première année, et celle de fonc-
tionnaires stagiaires la deuxième
année. Ils passeront davantage de
temps devant les élèves quand ils
seront en deuxième année.
« Une large part de la formation en
licence comme en master sera dédiée
à la prise en main progressive de la
classe, en allant du stage d’observa-
tion à la pratique accompagnée, puis
à la mise en responsabilité, jusqu’à
50 % du temps, indique l’entourage
de la ministre de l’Education natio-
nale, Nicole Belloubet. Ces éléments
vont être précisément cadrés avec les
maquettes de licence et de master. »
Interrogé sur le financement de
la réforme, Emmanuel Macron a
répondu qu’elle se fera « en lien avec
l’enseignement supérieur, à budget
constant ». Comment faire, alors
que le budget global est estimé
entre 600 et 700 millions d’euros ?
Cette somme correspond au « coût
à pleine vitesse », selon le chef de
l’Etat. « Il faudra le “netter” du coût
qu’a la mauvaise organisation du
système actuel, explique -t-il.
Aujourd’hui, les professeurs que
vous ne recrutez pas, ce sont des
contractuels que vous devez prendre
pour [les] mettre devant une classe. A
terme, l’objectif est de beaucoup
Ludovic Marin/AP/Sipa
mieux former, de prévoir aussi ce
dont la nation a besoin, et donc de
recruter après le bac au maximum et
de recruter moins de contractuels. »
Concernant l’enseignement
supérieur, cette réforme conduira à
« ouvrir des filières universitaires »
mais aussi à « fermer d’autres filières
qui ont moins de débouchés », « on l’a
totalement intégré », assure le chef
de l’Etat. « A un moment donné, il
faudra quand même du fric en plus »,
glisse un haut responsable.
L’exécutif veut que l’Education
nationale reprenne la main sur la
formation. Mais il faudra composer
avec des universités autonomes. n

COMMUNIQUÉ

Dénutrition, dépistage et action : précisément combien de décès sont liés à la dénu-

trition, car il y a souvent d’autres pathologies asso-
ciées. Elle tue en quelque sorte dans l’ombre de ces
une priorité de santé dernières.

En quoi la prévention est-elle un enjeu

Forme spécifique de malnutrition, de société ?
La dénutrition fait l’objet d’idées reçues. D’abord,
la dénutrition touche plus de même si ça n’est pas le plus fréquent, une personne
2 millions de personnes en obèse peut être dénutrie, dans la mesure où c’est la
France. Mal diagnostiquée, elle quantité de muscle et non de graisse qui importe.
Ensuite, la dénutrition ne touche pas seulement les
est la cause de nombreuses personnes âgées : à l’hôpital, on voit aussi beau-
complications dans les pathologies, coup d’enfants dénutris.
représentant un poids social,
économique et sanitaire important. L’important est d’avoir un diagnostic le plus pré-
coce possible, afin d’intervenir en amont, lorsqu’il
Le point sur cette problématique est plus facile pour le patient de remonter la pente.
complexe avec Eric Fontaine, Pour cela, il faut être attentif aux pertes de poids :
médecin responsable de l’Unité lorsqu’une personne perd plus de 3 kilos sans que
ce soit volontaire, c’est un signal d’alerte. Il faut
DRAGON CLAWS

de nutrition artificielle du CHU de

Grenoble et fondateur du Collectif
de lutte contre la dénutrition.
À partir de quand est-on en état
de dénutrition ?
La dénutrition est une perte de poids qui a des effets
délétères sur votre santé. Elle commence lorsque
vous dépensez plus de calories que vous n’en ab-
sorbez. Votre corps puise alors dans ses réserves :
si vous êtes en bonne santé, vous perdez dans un
premier temps surtout de la graisse et assez peu de
muscle...
Mais parfois, en particulier lorsque vous êtes ma-
lade, votre métabolisme se modifie et ce sont vos
muscles qui se mettent à fondre en premier. Dans
tous les cas, perdre du muscle est problématique.
Cela a des conséquences sanitaires importantes
qui, dans les cas plus graves, peuvent aboutir au
décès.
Quelles en sont les causes ?
Dans nos pays développés, il y a relativement peu
de personnes qui ne mangent pas à leur faim. La
dénutrition s’installe donc essentiellement par une
perte d’appétit. Celle-ci peut avoir des causes psy-
chologiques, comme par exemple un événement
traumatique (deuil, séparation...), un état dépressif
ou une anorexie mentale.
Cela peut aussi venir de pathologies physiques,
comme par exemple les maladies inflammatoires,
les maladies infectieuses aiguës type Covid, et sou-
vent les cancers : 40 % des patients atteints d’un
cancer sont déjà dénutris au moment du diagnostic.
Ici, la perte d’appétit peut venir des douleurs liées à
la pathologie (par exemple pour des cancers ORL ou
digestifs), de la fatigue, des troubles du goût ou de
l’odorat, de difficultés à avaler, ou encore de pro-
blèmes digestifs (nausées, vomissements...).
Concrètement, que se passe-t-il
lorsqu’un patient est dénutri ?
La première conséquence est mécanique : puisque
vos muscles ont fondu, vous êtes plus faible. Ca
peut être grave pour les personnes âgées, qui vont
être sujettes à des chutes et, avec des os souvent
fragilisés, vont subir des fractures. On voit ainsi
des gens qui deviennent subitement dépendants et
doivent partir en EHPAD.
L’autre conséquence, c’est l’affaiblissement du
système immunitaire. Cela donne des infections,
en particulier au niveau pulmonaire, ou encore des
problèmes de cicatrisation pour les plaies et après
les interventions chirurgicales. Parfois, les patients
deviennent polypathologiques, s’alimentent encore
moins et tombent dans une spirale difficile à briser.
Quelles conséquences cela a-t-il
sur le système de santé ?
À l’hôpital, on constate que 30 % des patients sont
en état de dénutrition. Cela donne des séjours 30
à 50 % plus longs, soit parce qu’ils développent
d’autres pathologies, soit parce qu’ils sont trop
faibles et doivent rester plus longtemps. A l’heure
où l’on manque cruellement de lits dans l’hôpital
public, le surcoût que cela représente est loin d’être
anodin.
En outre, le chiffre de 2 millions de personnes dé-
nutries est calculé sur cette base statistique, mais
on est probablement bien au-delà si on prend l’en-
semble de la société. On ne sait pas non plus dire
consulter pour en trouver la cause.
Pour autant, les médecins généralistes n’ont pas
toujours le temps et la formation nécessaires pour
une bonne prise en charge de la dénutrition. Le ré-
flexe de la pesée n’est pas suffisamment installé,
alors qu’elle est un outil de prévention majeur.
Que peuvent faire les pouvoirs publics
pour améliorer la situation ?
Tous les patients dénutris devraient pouvoir bénéfi-
cier de soins pris en charge par la Sécurité sociale,
or aujourd’hui ce n’est pas le cas. Les consultations
de diététiciens libéraux ne sont pas remboursées,
de même que l’activité physique adaptée, parfois
indispensable au renforcement musculaire.
On sait pourtant que cela sauve des vies : une étude
suisse parue dans The Lancet a démontré que la
prise en charge nutritionnelle individualisée dimi-
nuait la mortalité à 30 jours, toutes pathologies
confondues. Si, les pouvoirs publics nous demandent
des études complémentaires au niveau national, il
existe heureusement des acteurs locaux et des mu-
tuelles qui remboursent déjà cet accompagnement.
Souhaitons que ce mouvement s’amplifie !
FRANCE Lundi 8 avril 2024 Les Echos 04

Le gouvernement précise sa feuille

de route en matière de santé
l Le Premier ministre, Gabriel Attal, a détaillé dans
la presse régionale les mesures du gouvernement pour
que les Français accèdent plus facilement à un médecin.
l Ses annonces ont provoqué un regain de tension
avec les syndicats de praticiens généralistes.

kinésithérapeutes, très attendu par vous chez leur médecin. Le Premier

SANTÉ
Leïla de Comarmond
et Solenn Poulennec
Le Premier ministre, Gabriel Attal,
a détaillé dans la presse régionale
les promesses faites lors de sa décla-
ration de politique générale, fin jan-
vier. Ces annonces interviennent
alors que le gouvernement est très
critiqué sur sa politique de santé.
Elles ont aussitôt provoqué un
regain de tension.
Principal syndicat de généralis-
tes, MG France a fustigé des mesu-
res « le plus souvent illusoires, sou-
vent démagogiques et parfois
dangereuses ». Comme l’ont déjà fait
des syndicats de médecins spécia-
listes libéraux, il a décidé de suspen-
dre sa participation aux négocia-
tions cruciales avec l’Assurance
Maladie, alors que les cliniques pri-
vées ont programmé une grève en
juin. Certaines annonces « sont hal-
lucinantes, on est très en colère », a
aussi critiqué Franck Devulder, pré-
sident du syndicat CSMF. Dévelop-
pement de l’accès direct aux soins,
taxe « lapin », gardes, dispositif
« Mon soutien psy »… Tour d’hori-
zon des annonces de Gabriel Attal.
• FACILITER L’ACCÈS
AUX SOINS SANS PASSER
PAR LE GÉNÉRALISTE
« Mon objectif est clair […] reconqué-
rir 15 à 20 millions de rendez-vous
chez le médecin généraliste dès cet
été », a déclaré Gabriel Attal. Le Pre-
mier ministre compte pour cela sur
des mesures déjà adoptées. Les
pharmaciens pourront par exem-
ple prescrire des antibiotiques pour
des angines ou des infections uri-
naires. L’expérimentation d’un élar-
gissement de l’accès direct aux
leurs syndicats, va par ailleurs
démarrer en juin dans 13 départe-
ments. Il a été ouvert il y a un an par
la loi uniquement dans les structu-
res de type maisons de santé.
En outre, a précisé Matignon,
sera « expérimenté le fait de déroger
aux pratiques demandant de passer
par le médecin généraliste pour avoir
accès à un spécialiste ». Objectif :
« lever cette contrainte pour éviter les
consultations inutiles et faciliter le
parcours de soins des Français ».
• DES GARDES POUR LES
INFIRMIERS, LES DENTISTES
ET LES SAGES-FEMMES
Le Premier ministre promet un
« plan d’urgence » pour les « quel-
que 4 millions de Français qui vivent
sans aucune solution de médecin de
garde sur leur territoire », un plan
qui reposera sur « une aide finan-
cière et sur la responsabilité des
médecins ». L’exécutif promet
d’élargir dès « cet automne », le sys-
tème de gardes en ville aux infir-
miers, aux dentistes et aux sages-
femmes, une proposition défendue
par la majorité lors du budget 2024.
Pour surmonter la crise des
urgences de l’été 2022, l’exécutif
avait déjà prévu que le Samu puisse
demander à des infirmiers de se
déplacer à domicile en urgence.
« Nous sommes preneurs, mais pas à
n’importe quelles conditions, il faut
que cela se fasse sur la base du volon-
tariat, dans le cadre conventionnel et
assorti éventuellement d’une forma-
tion », réagit John Pinte, du syndicat
d’infirmiers Sniil.
•DECINQ EUROS EN CAS
« LAPIN » À SON MÉDECIN
Lorsqu’il était ministre du Budget,
Gabriel Attal parlait déjà de pénali-
ser les patients séchant leur rendez-
ministre a précisé les contours de
celle que l’on surnomme la « taxe
lapin » et dont il promet l’entrée en
vigueur rapide. « Dès cette année,
nous mettrons en place un méca-
nisme de responsabilisation avec une
retenue de 5 euros qui ira directe-
ment au médecin si son patient ne se
présente pas ou prévient moins de
24 heures avant », a-t-il précisé.
La décision de l’appliquer sera
laissée à la main du médecin, expli-
que Matignon, qui parle d’une
entrée en vigueur au 1er janvier pro-
chain. Le versement de 5 euros
pourra se faire par le biais des plate-
formes de réservation. « Le médecin
pourra lui-même mettre en place le
système d’empreinte bancaire », pré-
cise-t-on dans l’entourage du Pre-
mier ministre, qui chiffre « entre 20
et 30 millions de consultations […]
perdues chaque année ».
• FORMER PLUS DE MÉDECINS
Après avoir supprimé le numerus
clausus lors du premier quinquen-
nat, le gouvernement a promis de Le Premier ministre, Gabriel Attal, à l’Assemblée nationale, le 3 avril dernier. Photo Bertrand Guay/AFP
former plus de médecins chaque
année. Le nombre d’étudiants en
deuxième année passerait de
10.800 en 2023 à 12.000 en 2025 et
Français de se faire rembourser
leurs consultations. Un dispositif Qui sait mettre sur pause
la musique budgétaire ?
16.000 en 2027. L’exécutif indique qui n’a pas rencontré le succès
par ailleurs que 2.700 nouveaux prévu. Le tarif de la séance sera for-
médecins étrangers formés hors de
l’Union européenne ont réussi
tement revalorisé, de 30 euros à
50 euros. Cela représente un coût de
l’examen leur permettant d’exercer 10 millions sur la base du volume Gabriel Attal aligne les mesures santé pour
sur des postes de plein exercice à actuel de consultations. Mais leur montrer qu’il n’y a pas que la course aux économies
l’hôpital cette année, dont la moitié nombre devrait croître, d’autant dans la vie politique.
de nouveaux arrivants. plus que l’accès sera direct : plus
besoin de passer par un médecin tente-t-il d’insuffler, n’en
•DULEPSYREMBOURSEMENT
AMÉLIORÉ
pour bénéficier du dispositif. Le pla-
fond de prise en charge sera aussi
LE FAIT
DU JOUR
déplaise à Bruno Le Maire.
A deux mois des élections
Dans son discours de politique
générale, Gabriel Attal avait promis
relevé de 8 à 12 séances. Le finance-
ment des 30 % de reste à charge
POLITIQUE européennes, la double
actualité économique
de Cécile
de revoir « de fond en comble » le dis- par les complémentaires sera inté- Cornudet et sécuritaire (dans les
positif « Mon soutien psy » mis en gré « dans les contrats responsa- établissements scolaires
place en 2021 pour permettre aux bles », précise-t-on à Matignon. n notamment) déporte l’équipe
Macron à droite et l’empêche
de tenir le « en même temps »

Des gestes en faveur des infirmiers libéraux O n sous-estime toujours

Face à une profession qui
réclame des hausses de
revenus et s’agace des
règles de facturation des
interventions, l’Assurance
Maladie et le gouvernement
promettent de clarifier
les règles du jeu.
Le gouvernement et la Sécurité
sociale tentent de répondre à la gro-
gne des infirmiers libéraux. Alors
que certains étaient de nouveau
dans la rue jeudi pour réclamer une
hausse de leurs revenus, l’Assu-
rance Maladie va ouvrir à la mi-avril
des discussions avec les syndicats
sur des sujets touchant à la rémuné-
ration de ces professionnels consi-
dérés comme clés à l’heure de
l’avancée des déserts médicaux.
Dans un courrier envoyé aux syn-
dicats infirmiers et consulté par
« Les Echos », l’Assurance Maladie
dit vouloir avancer « concrètement »
sur les règles de facturation des infir-
miers. Nombre d’entre eux s’agacent
que l’Assurance Maladie vienne leur
réclamer des « indus », c’est-à-dire
des sommes qui auraient été factu-
rées à tort à la Sécurité sociale. « C’est
un problème important », assure
Daniel Guillerm, du syndicat FNI.
« Ils récupèrent des sommes, alors
que toutes ne sont pas liées à de la
fraude. »
Moins pénible
Même si l’Assurance Maladie a pro-
mis de renforcer sa lutte contre la
fraude, elle se dit prête à mieux
reconnaître les erreurs de « bonne
foi » faites par les infirmiers au
moment d’envoyer leur facture à la
Sécurité sociale. La grille des actes
est « compliquée », et « il y a des
zones grises qui laissent les caisses,
les infirmiers et les médecins dans
des situations peu claires », recon-
naît Marguerite Cazeneuve, direc-
trice déléguée à l’Assurance Mala-
die. « Il faut que cela soit moins
pénible », estime-t-elle, alors que les
infirmiers se plaignent régulière-
ment de la charge administrative
liée à leur métier.
La refondation
du métier promise se
fait encore attendre.
La Sécurité sociale promet de
« clarifier les règles de prescriptions
et de facturations ». « L’Assurance
Maladie doit travailler à ce que les
méthodes de contrôle soient harmo-
nisées sur l’ensemble du territoire »,
indique de son côté le cabinet du
ministre de la Santé, Frédéric Valle-
toux, qui a reçu jeudi dernier, le syn-
dicat infirmier Sniil et le collectif
« Infirmiers libéraux en colère »,
qui ont défilé pour obtenir des
hausses de revenus.
Le collectif a salué des échanges
« constructifs ». « Ce qu’on voulait,
c’est qu’il y ait des négociations tari-
faires rapidement, et là-dessus, il n’y a
la part d’improvisation
dans une décision
gouvernementale. Samedi
miers pour la prise en charge des dernier, fin de journée, Gabriel
personnes âgées dépendantes. Et Attal précise une série de
ce, afin d’éviter que les plus fragiles mesures concernant la santé
soient laissés sur le carreau. dans la presse régionale : taxe
Aujourd’hui, pour les patients les « lapin », soutien financier
plus lourdement dépendants, « la pour les séances de psy, gardes
rémunération n’est pas suffisante », effectuées par les infirmiers,
explique John Pinte. Résultat : des dentistes et sages-femmes, etc.
« infirmiers refusent de nouvelles pri- Rien que du concret sur le sujet
ses en charge alors que, des patients d’inquiétude numéro un des
lourds, il y en a de plus en plus ». Français. Comme souvent,
L’exécutif veut pouvoir compter telle accélération a un sous-
sur la profession pour assurer le titre : il n’y a pas que les
maintien à domicile des personnes économies budgétaires dans
âgées alors que la population la vie. Il y a aussi des réformes
vieillit. Plus largement, il mise sur de structure et des avancées
les infirmiers pour aider à soigner pour les Français, signifie
les Français à l’heure des déserts le Premier ministre. A la veille
médicaux. Le Parlement a voté l’an d’une semaine encore
dernier la création d’un statut marquée par les mauvaises
d’infirmier référent pour reconnaî- nouvelles, puisque Bruno
tre ceux de ces professionnels qui Le Maire dévoile le
suivent de façon rapprochée des programme de stabilité de
malades chroniques en lien avec les la France, Emmanuel Macron
médecins et les pharmaciens. presse son équipe de mettre
Les infirmiers attendent cepen- en sourdine une musique
dant encore de savoir comment budgétaire qui s’entend
cette innovation se déclinera sur le mal en période électorale,
terrain, y compris financièrement. par une hausse de volume
De la même manière, ils attendent sur les autres actions. Stanislas
toujours d’y voir clair sur la refon- Guerini lance mardi les
Dessin Kim Roselier pour « Les Echos »
qu’il souhaiterait dans
la campagne électorale.
Sa liste perd du terrain dans
les sondages, celle de Raphaël
Glucksmann et du PS en gagne,
il faut rectifier le tir. Encore
faut-il le faire la tête froide,
ce qui n’est pas toujours le cas.
Il y a de la nervosité dans l’air
exécutif, et une propension de
chacun à jouer sa propre carte.
Personne manifestement
n’était au courant des dernières
annonces de Gabriel Attal,
le président n’en ayant été
informé que la veille. Or, il se
trouve qu’Emmanuel Macron
avait demandé à Catherine
Vautrin, sa ministre des
Solidarités, de s’exprimer
sur les soins palliatifs avant
le Conseil des ministres
de mercredi consacré à la fin
de vie. « Avant l’ouverture de
l’accès à l’aide à mourir, on aura
augmenté les soins palliatifs »,
affirmait-elle, de fait,
samedi, dans « Le Monde »,
en détaillant le 1,1 milliard
d’euros en dix ans prévu
à cet effet. Mais qui entend
le message ?… Ecrasé par
celui de Gabriel Attal sur le
désert médical. D’autant que
le propos du Premier ministre

pas du tout d’engagement », déplore
Découvrez nos services en ligne le syndicaliste John Pinte, du Sniil.
pour le dépôt de vos annonces Des hausses généralisées de reve-
nus paraissent d’autant moins pro-
légales bables à court terme que l’exécutif
est à l’affût d’économies pour
redresser les finances publiques.
annonces.lesechosleparisien.fr L’Assurance Maladie se montre
01 87 39 70 08 cependant prête à revoir la rémuné-
ration forfaitaire accordée aux infir-
dation du métier et de sa formation consultations devant aboutir suscite la colère des médecins
promise l’an dernier par l’exécutif à sa réforme de la fonction généralistes, qui suspendent
pour tenir compte des tâches « de publique. Et Gabriel Attal tente leur participation aux
plus en plus techniques et diversi- donc de corriger l’impression négociations avec l’Assurance
fiées ». « Notre idée est de ne pas faire donnée par sa réforme Maladie. La cacophonie
attendre les infirmiers sur les sujets de l’assurance-chômage en couvre-t-elle la musique
mûrs : infirmiers référents, prise en montrant qu’il n’a pas que la budgétaire ? Pas sûr
charge des patients lourds, perma- chasse aux économies en tête. qu’Emmanuel Macron avait
nence des soins », assure Marguerite Oui, il y a un Etat-providence imaginé les choses ainsi.
Cazeneuve. — S. P. à préserver, qui chérit sa santé, ccornudet@lesechos.fr
FRANCE
Climat : l’érosion
des côtes, un futur
gouffre financier
Pas moins
de 5.200 logements
pourraient être
impactés par le recul du
trait de côte d’ici à 2050,
selon un rapport remis
vendredi au ministre de
la Transition écologique,
Christophe Béchu.
Marie Bellan
Les maisons en bord de mer, et
tout particulièrement en bord
de falaise, font rêver bien des
Français. Mais c’est un rêve
empoisonné par le recul du
trait de côte. Les effets combi-
nés de la marée, de la houle, des
vents et des pluies à répétition
provoquent l’érosion des côtes.
Un phénomène ancien, que
le changement climatique
aggrave.
Toutes les régions littorales,
qui occupent seulement 4 % de
la surface de la France, mais
concentrent 10 % de la popula-
tion (multipliée par deux à six
l’été), sont concernées. Sur la
côte ouest de l’île d’Oléron par
exemple, le recul moyen annuel
est de 15 mètres. Quant au pour-
tour méditerranéen, il a vu dis-
paraître 9,72 km2 de sa façade
maritime en raison du recul du
trait de côte entre 1960 et 2010.
Des exemples qui figuraient
dans le dernier rapport de la
Cour de comptes, consacré
cette année à l’adaptation au
changement climatique.
500 communes touchées
Le phénomène est suffisam-
ment préoccupant pour que le
ministre de la Transition écolo-
gique, Christophe Béchu, en ait
fait l’une des priorités du futur
plan national d’adaptation au
changement climatique
(PNACC) attendu dans les pro-
chaines semaines. Le Cerema,
l’organisme public chargé de
fournir l’expertise technique
sur le sujet, a publié vendredi
un nouveau rapport qui évalue
les conséquences à moyen et
long terme.
Actuellement, ce sont déjà
500 communes qui sont
concernées en France, « dont un
peu plus de 300 se sont mobili-
sées », détaille le Cerema. La
perte de terrain consécutive
équivaut à 4.200 terrains de foot
sur les cinquante dernières
années. Dans ses projections
à 2028, le Cerema estime que
1.000 bâtiments, si rien n’est fait
Fin de vie : un effort de 1,1 milliard d’euros
sur dix ans pour les soins palliatifs
SANTÉ Avant le passage du projet de loi sur la fin de vie mercredi
en Conseil des ministres, le gouvernement s’est engagé à un
effort de 1,1 milliard d’euros sur dix ans pour les soins palliatifs.
Dans une interview au journal « Le Monde », samedi, la ministre
de la Santé, Catherine Vautrin, a détaillé la stratégie de l’exécutif
sur les soins palliatifs rebaptisés « d’accompagnement ».
« En 2034, on aura 2,7 milliards d’euros consacrés aux soins
d’accompagnement. Soit 1,1 milliard de plus qu’aujourd’hui », a-t-
elle affirmé.
Plus d’information sur lesechos.fr
entre-temps, pourraient être
« touchés », ce qui signifie ren-
dus inhabitables. La valeur
vénale des bâtiments identifiés,
principalement résidentiels et
commerciaux, est estimée à
environ 240 millions d’euros.
En se projetant en 2050, on
passe à 5.200 logements impac-
tés, dont 2.000 résidences
secondaires, pour une valeur
estimée de 1 milliard d’euros.
Au-delà des logements, il fau-
d r a i t a u s s i c o m p t e r ave c
200 coupures du réseau routier.
Des c h iffres qui tiennent
compte également de l’éléva-
tion du niveau de la mer.
« Ces chiffres doivent nous
inciter à agir sans tarder, insiste
Sébastien Dupray, l’un des res-
ponsables du Cerema. Mais
attention, il n’y a pas de solution
miracle qu’on pourrait appli-
quer partout. Il faut chercher la
bonne solution pour le bon
endroit, sinon on risque la mal
adaptation », prévient-il.
Des coûts incertains
Reste la question du coût et de la
prise en charge. Dans son rap-
port, la Cour des comptes esti-
mait jusqu’à 2 millions d’euros
par kilomètre le coût moyen de
la protection contre les submer-
sions marines. Et jusqu’à 6 mil-
lions d’euros par kilomètre pour
la gestion plus globale du trait de
côte. « Les coûts à venir sont fon-
damentalement incertains. Ils
dépendent en effet de choix politi-
ques entre des modes d’interven-
tion qui n’ont pas été opérés et qui
différeront d’un lieu à l’autre »,
expliquait la Cour des comptes.
A ce stade, les dépenses de
l’Etat dans ce domaine ont crû
de manière significative, pas-
sant de 14 millions en 2021 à
28,7 millions en 2022 et 48,2 mil-
lions en 2023. Des investisse-
ments financés pour partie par
le plan de relance et par le Fonds
vert. Un fonds qui vient juste-
ment de faire les frais des récen-
tes restrictions budgétaires. n
« Ces chiffres
doivent nous
inciter à agir
sans tarder. »
SÉBASTIEN DUPRAY
Directeur technique
risques, eaux, mer
du Cerema
en bref
Lundi 8 avril 2024 Les Echos 06
La taxe sur les rachats
d’actions revient sur le tapis
FISCALITÉ
Pressé par les
difficultés budgétaires,
le gouvernement
ouvre à nouveau la
porte à la taxation des
rachats d’actions par
les grands groupes.
Sébastien Dumoulin
Le patronat pensait en avoir eu rai-
son. Mais le fantôme d’une taxe sur
les rachats d’actions revient hanter
les allées du pouvoir. Contraint par
la débâcle budgétaire et pressé par
l’opinion, le gouvernement s’y
montre à nouveau ouvert.
Il avait déjà consenti une légère
entorse à son dogme de stabilité fis-
Shutterstock
cale, mais uniquement pour taxer
les « rentes », en particulier des
énergéticiens. Quatre députés de la
majorité se sont réunis pour la pre- Les entreprises du CAC 40 ont racheté pour 30 milliards d’euros de leurs propres actions en 2023.
mière fois jeudi, pour tenter de défi-
nir ces profits indus sur lesquels à 10 % des programmes de rachats La précision est importante. Elle les dividendes votée sous François
Bercy pourrait faire main basse. d’actions des grandes entreprises. répond aux craintes des entrepri- Hollande et remboursée aux entre-
Vendredi, Gabriel Attal, dans « Le L’un d’eux, proposé par le Modem, ses. Celles-ci démentent le caractère prises quelques années plus tard,
Monde », estime possible de taxer avait même été voté en commission opportuniste des rachats d’actions. creusant un trou de 10 milliards
« l e s o pérati ons t yp e ra chats des Finances à l’Assemblée. Mais le Elles soulignent, au contraire, leur d’euros dans les caisses publiques.
d’actions menées par de grands grou- gouvernement avait finalement intérêt dans le cadre d’une attribu- Mais ces obstacles pourraient
pes qui, plutôt que d’investir et de choisi d’écarter toute taxe. tion d’actions gratuites (aux diri- bien être surmontés. Forcé de cou-
mieux rémunérer leurs salariés, geants ou aux salariés) notamment, per drastiquement dans les dépen-
rachètent leurs propres actions pour Un deuxième pas, ou pour se défendre contre une ses, le gouvernement cherche un
faire monter leur cours ». plus coercitif prise de contrôle hostile. signal à envoyer à l’opinion que les
L’exécutif expliquait avoir traité le « En taxant les rachats d’actions, plus riches sont bien mis à contribu-
Une idée du président sujet, dans le cadre de la loi sur le on cherche à les décourager, en par- tion. La cible est toute trouvée : les
L’idée n’est pas nouvelle. Il s’agissait partage de la valeur adoptée en tant du postulat que ces programmes rachats d’actions ont encore battu
d’une promesse d’Emmanuel novembre. Or les rachats d’actions y se font au détriment de l’investisse- des records l’an dernier, atteignant
Macron en personne. De fait, il y a sont simplement l’un des critères ment, de l’emploi ou des salaires, 30 milliards d’euros pour le CAC 40,
un peu plus d’un an, le chef de l’Etat indiquant qu’une entreprise aurait ajoute Yoann Chemama, associé au soit un petit tiers des 97 milliards
vilipendait, dans une interview télé- réalisé un profit exceptionnel l’obli- cabinet Arsene. Or, ces rachats, qui redistribués aux actionnaires.
visée, le « cynisme » des grandes geant à ouvrir une négociation avec s’inscrivent dans une stratégie Et la France ne ferait qu’embrayer
entreprises « qui font des revenus tel- les partenaires sociaux sur un d’attractivité, sont généralement le pas sur les Etats-Unis. Washing-
lement exceptionnels qu’ils en arri- mécanisme de redistribution. On financés avec des liquidités qui n’ont ton a mis en place depuis déjà un an
vent à utiliser cet argent pour racheter est très loin d’une taxe. pas trouvé à s’employer autrement. » une taxe de 1 % sur les rachats
leurs propres actions ». Emmanuel « C’était un premier pas, explique d’actions (très populaires à Wall
Macron annonçait alors une « con- le député Renaissance Mathieu Le précédent américain Street). Joe Biden a même ouverte-
tribution exceptionnelle » de ces Lefèvre. Aujourd’hui, la majorité est La majorité veut aussi éviter un ment formulé le souhait de multi-
satrapes. Et puis… rien, ou presque. prête intellectuellement à faire un écueil juridique. Elle craint qu’une plier ce taux par quatre. De quoi
Lors de l’examen au Parlement deuxième pas, plus coercitif, pour taxe sur les rachats d’actions ne donner des idées à certains. n
du projet de loi de finances à mettre fin à la pratique dérégulée des s’avère contraire au droit européen
l’automne, une dizaine d’amende- rachats d’actions. Mais il faudra diffé- et ne se termine en eau de boudin Lire l’éditorial
ments en ce sens avaient bien été
déposés – prévoyant une taxe de 0,1
rencier les comportements abusifs de
ceux qui sont utiles pour le marché. »
pour les finances publiques –
comme ce fut le cas pour la taxe sur
( de David Barroux
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LE GRAND RENDEZ-VOUS // EUROPE 1 - CNEWS - « LES ÉCHOS »
« Au parlement européen,
il nous faut des députés de combat »
Manon Aubry, tête de liste Aubry a critiqué l’inefficacité de la
la France insoumise aux taxe sur les super profits des entre-
prochaines élections, a prises de l’énergie : « Elle devait rap-
battu le rappel des sympa- porter quelque 3 milliards d’euros et
Frédéric Bukajlo/Capa Pictures pour Europe 1
thisants lors du Grand elle n’a été que d’un peu plus de
Rendez-Vous Europe 1 300 millions », a-t-elle expliqué en
– CNews – « Les Echos ». pointant par ailleurs les marges des
grands groupes de l’agroalimen-
A deux mois du scrutin, la campa- taire.
gne pour les élections européennes
s’accélère. Au micro du Grand Ren- Complicité
dez-Vous Europe 1 – CNews – « Les La France qui épargne, celle des bas
Echos », l’eurodéputée tête de liste de laine, « a raison de s’inquiéter lors-
LFI Manon Aubry n’a pas retenu ses que l’on voit que le ministre de l’Eco-
coups à l’encontre de ses adversai- nomie Bruno Le Maire n’exclut pas
res, gouvernement compris. d’augmenter la TVA, qui est l’impôt le
La montée à gauche de Raphaël « Je préside au Parlement européen le seul groupe qui n’a jamais plus injuste », s’est étranglée l’euro-
Glucksmann ? « En réalité, il rem- donné aucune voix aux accords de libre-échange », a revendiqué députée, en sommant solennelle-
place un peu Yannick Jadot en 2019, il Manon Aubry sur le plateau du Grand Rendez-Vous, dimanche. ment le gouvernement d’indiquer
est donné dans les mêmes étiages de s’il prévoyait de l’augmenter pour
sondage », a-t-elle minimisé, rappe- que migratoire, la députée euro- Canada, appliqué depuis 2017, mais aller chercher de l’argent. « Ils se pré-
lant la faible performance du candi- péenne a dénoncé un texte « coécrit toujours en cours de ratification par sentent comme des Mozart de la
dat écologiste aux élections prési- par le groupe de Monsieur Bellamy et la France, elle parle d’« une aberra- finance mais ce sont des tocards de
dentielles. Aux électeurs de Jean- le groupe de Monsieur Glucksmann tion démocratique […] ». C’est aussi l’économie », a glissé cette fidèle de
Luc Mélenchon qui ont prévu de [qui a indiqué se préparer à voter « une aberration écologique […] et Jean-Luc Mélenchon.
s’abstenir – moins de 30 % seule- “contre la majorité des textes” – une aberration sanitaire puisqu’on Six mois après les attaques du
ment ont prévu de se mobiliser le NDLR] qui reprend des idées de fait venir des produits faits avec des Hamas et les représailles israélien-
9 juin – Manon Aubry martèle : « Il l’extrême droite ». pesticides ou des OGM interdits dans nes dans la bande de Gaza, Manon
nous faut des députés de combat au Les accords commerciaux de l’Union européenne », a-t-elle ajouté Aubry a affirmé : « Le risque de géno-
parlement européen. » libre-échange ? L’eurodéputée les avec la ferme volonté de défendre cide [du peuple palestinien] est en
combat fermement. « Je préside au « une économie qui produise locale- train de se matérialiser. » Et de ren-
Aberration démocratique Parlement européen le seul groupe ment ce dont on a besoin ». voyer la France, qui n’a pas voté
Les batailles ne manquent pas. qui n’a jamais donné aucune voix S’exprimant sur le déficit de la l’embargo sur l’envoi d’armes à
Alors que l’Union européenne aux accords de libre-échange », s’est- France supérieur aux prévisions Israël au Conseil des Nations unies, à
votera le 10 avril sur le pacte asile et elle targuée. Lorsqu’elle évoque le gouvernementales et la recherche « sa responsabilité et sa complicité ».
immigration, réformant sa politi- Ceta, signé en 2016 entre l’UE et le à tout prix d’économies, Manon — Les Echos
MONDE
Israël-Hamas :
six mois d’une
guerre sans fin
l Six mois après les massacres commis par le Hamas,
la plus longue guerre menée par Israël commence
à fracturer un pays isolé dans le monde.
l Aucune solution politique viable n’apparaît à l’horizon
pour le moment.
PROCHE-ORIENT
Pascal Brunel
L’union sacrée provoquée par les
massacres commis par des com-
mandos du Hamas qui ont fait plus
1.200 victimes dans le sud d’Israël le
7 octobre, lors de la journée la plus
noire de l’histoire du pays, n’est plus
qu’un souvenir. Le Premier ministre
Benyamin Netanyahou est contesté
de toutes parts en Israël, mais aussi
dans le monde. L’Etat hébreu a
perdu son image de victime pour se
voir désormais accusé d’être respon-
sable d’une catastrophe huma -
nitaire et de milliers de morts parmi
les Palestiniens de la bande de Gaza.
Malgré des bombardements
dévastateurs et une invasion terres-
tre, l’armée israélienne n’est pas
parvenue à la « victoire totale » que
fait miroiter le Premier ministre. Le
Hamas a certes encaissé des coups
très durs. Environ 12.000 de mem-
bres de sa branche armée ont été
éliminés, selon l’armée israélienne.
La plus grande partie du réseau de
500 km de tunnels creusés à des fins
militaires par les islamistes a été
détruite. Tsahal contrôle pratique-
ment toute l’enclave à l’exception de
la ville de Rafah, dans le sud,
l’ultime bastion des islamistes.
L’armée israélienne a cependant
annoncé, dimanche, retirer ses trou-
pes du sud de Gaza. Il n’y avait toute-
fois plus que quelques centaines de
soldats en permanence sur le terrain
ces dernières semaines alors que
leur nombre avait atteint 30.000 à
40.000 au plus fort de la guerre.
Une économie israélienne résiliente malgré la guerre
Directement impactée par
six mois de guerre à Gaza,
l’économie israélienne
fait preuve de résilience,
malgré l’incertitude
qui reste de mise sur
les dangers d’un conflit
à l’échelle régional.
En dépit d’une guerre qui n’en finit
pas, l’économie israélienne connaît
un semblant d’emb ellie. Les
premiers signes de reprise com-
mencent à apparaître. Après un
brutal passage à vide au lendemain
des massacres du 7 octobre commis
par le Hamas dans le sud d’Israël, la
bourse de Tel Aviv et le shekel, la
monnaie nationale, se sont redres-
sés. Ces deux indicateurs ont même
atteint ces derniers jours des
niveaux plus élevés que ceux enre-
gistrés avant le conflit. L’inflation et
le chômage sont sous contrôle. La
high-tech, véritable locomotive de
l’activité économique, commence
elle aussi à retrouver le moral après
des mois de vaches maigres provo-
qués par la fuite des investisseurs
étrangers.
Signe des temps : Fitch n’a pas
suivi l’exemple de Moody’s, qui avait
baissé en février la note d’Israël.
Fitch a maintenu la semaine der-
nière sa note de A +, tout en retirant
Israël de sa liste des pays sous
surveillance négative. Pour Bezalel
Aujourd’hui, les tirs de roquettes
vers le territoire israélien se font
rares. Mais le Hamas n’a pour autant
pas été mis KO. Comme le souli-
gnait un éditorialiste du quotidien
« Yediot Aharonot », « Israël a rem-
porté des batailles, mais n’a pas
gagné la guerre ». Malgré une pres-
sion militaire extrême, le Hamas
détient toujours un atout maître :
133 otages. De même Yahya Sinwar,
le chef du Hamas à Gaza, considéré
comme le cerveau de l’infiltration
du 7 octobre, a échappé à toutes les
tentatives d’élimination.
Appels à la démission
A l’étranger, le bilan n’est pas non
plus brillant. Comme le souligne
avec amertume un diplomate israé-
lien, « au début nous étions les Ukrai-
niens, maintenant nous passons pour
des Russes ». Les tonnes de bombes
larguées sur la bande de Gaza ont
fait plus 33.000 morts, selon les
chiffres du Hamas, seuls disponi-
bles. Parmi eux figurent de nom-
breuses victimes « collatérales »
– enfants, femmes, civils. Israël est
également accusé dans le monde de
s’être laissé aller à la vengeance sans
tenir compte des conséquences
humanitaires de ses opérations.
Résultat : une partie des 2,3 mil-
lions de Gazaouis souffrent de
malnutrition en raison des diffi-
cultés à acheminer l’aide alimen-
taire, alors que près de la moitié de
la population a dû, contrainte et
forcée, fuir les combats et survit
dans des conditions précaires dans
des camps de toile. Une situation
qui a valu une avalanche de critiques
des Etats-Unis, de l’Europe, de
Smotrich, le ministre des Finances,
la décision de Fitch constitue un
« vote de confiance envers l’économie
israélienne et la politique écono -
mique que nous menons ». Fitch n’a
toutefois pas accordé un satisfecit
total. Elle a assorti son diagnostic
d’une perspective négative.
La high-tech, véritable
locomotive de
l’activité économique,
commence à
retrouver le moral
après des mois de
vaches maigres
provoqués par la fuite
des investisseurs
étrangers.
Les deux agences font également
preuve d’une certaine prudence en
invoquant les risques d’une esca-
lade militaire, notamment avec le
Hezbollah libanais ou directement
avec l’Iran. Ce dernier a juré de se
venger après l’élimination lundi à
Damas d’un général, haut respon-
sable des Gardiens de la Révolution,
lors d’un raid aérien attribué à
Israël. Fitch et Moody’s s’inquiètent
aussi de la très forte augmentation
prévue de 5,5 milliards de dollars
l’ONU. Sans compter la dernière
onde de choc en date provoqué par
la mort de 7 membres étrangers
d’une ONG, tués lundi par des dro-
nes israéliens. Deux officiers israé-
liens ont été sanctionnés, mais il est
douteux que ces mesures apaisent
une communauté internationale
très remontée. L’alliance avec les
Etats-Unis, fondement essentiel de
la diplomatie israélienne, bat en
effet sérieusement de l’aile. Les ten-
sions entre Benyamin Netanyahou
et Joe Biden ont atteint un niveau
sans précédent.
A l’intérieur aussi, les signes de
craquement se multiplient. Benya-
min Netanyahou est plus que
jamais sur la sellette : 62 % des Israé-
liens sont mécontents des résultats
de la guerre. Un tournant s’est en
outre produit fin mars. Pour la pre-
mière fois, des dizaines de milliers
de manifestants ainsi qu’une partie
des familles des otages sont descen-
dus dans la rue pour exiger la
démission du chef du gouverne-
ment. Benny Gantz, centriste qui a
rejoint le cabinet de guerre au début
du conflit, exige désormais des élec-
tions anticipées. Selon les sonda-
ges, il est de loin le mieux placé pour
remplacer Benyamin Netanyahou.
Après-guerre
Pour une partie des commenta-
teurs, Benyamin Netanyahou n’a
qu’une seule obsession : se main-
tenir au pouvoir. Pour y parvenir, il
n’a cessé de donner des gages à deux
partis d’extrême droite et aux
formations ultraorthodoxes dont
sa majorité de 64 députés sur 120
dépend.
des dépenses militaires annuelles
pour un budget dont le déficit a
presque doublé à 6,6 % du PIB.
Horizon dégagé
La Banque d’Israël fait malgré tout
preuve d’un certain optimisme.
« Les indicateurs illustrent une amé-
lioration de l’activité économique
accompagnée d’une volatilité modé-
rée des marchés locaux », se félicite
un responsable de la banque cen-
trale. Il ne manque pas de souligner
que dans le secteur clé de la high-
tech, qui assure à lui seul prati-
quement la moitié des exportations
de l’Etat hébreu, l’horizon se
dégage. La mobilisation de capi-
taux a grimpé de 10 % à 1,6 milliard
de dollars au premier trimestre de
cette année, par rapport aux trois
derniers mois de 2023, selon la
banque Leumi.
Les investissements dans les
jeunes pousses à la recherche de
capitaux pour se lancer ont aug-
m e n t é p our la p remière fois
depuis 2022. « Après trois trimestres
consécutifs de baisse des volumes et
du nombre d’accords conclus, les
chiffres des trois premiers mois
de 2024 sont positifs de façon surpre-
nante », constate Ben Klein d’IVC,
un centre de recherche sur la high-
tech. Ce redressement s’est produit
malgré la mobilisation comme
réservistes d’environ 15 % des
Le 6 avril s’est tenue une manifestation de soutien aux otages enlevés six mois plus tôt. Photo Jack Guez / AFP
Pour ce qui est de l’après-guerre,
le tableau est tout aussi confus.
Benyamin Netanyahou refuse que
l ’A u t o r i t é p a l e s t i n i e n n e d e
Mahmoud Abbas, le chef du Fatah,
se substitue au Hamas dans la
bande de Gaza. « Pas de Fatahstan à
la place du Hamastan », proclame-
t-il. Mais il n’a présenté aucune
alternative aux islamistes pour
gérer les affaires civiles alors que les
Etats-Unis et les Européens sou-
tiennent l’Autorité palestinienne
pour parvenir à une solution de
deux Etats. Une solution dont le
Premier ministre israélien ne veut
pas entendre parler. n
salariés des entreprises de la high-
tech, qui sont parvenues tant bien
que mal à combler ce vide.
D’autres secteurs, en revanche,
continuent à être à la peine. Les
images de guerre ont fait fuir les
touristes. L’agriculture et le bâti-
ment souffrent d’une très grave
pénurie de main-d’œuvre.
Chantiers en panne
Environ 200.000 Palestiniens de
Cisjordanie et de la bande de Gaza
employés dans ces secteurs sont en
effet interdits de séjour en Israël.
Résultat : des milliers de chantiers
sont en panne ou tournent au
ralenti, tandis que les agriculteurs,
les kibboutz et mochavim, ces
fermes collectives et coopératives,
ont du mal à assurer les récoltes.
Pour faire face, le gouvernement
prévoit d’embaucher des dizaines
de milliers d’immigrés notamment
d’Inde où une campagne de recru-
tement a été lancée. Mais les procé-
dures prennent du temps. La Ban-
que d’Israël préférerait pour sa part
un retour des Palestiniens plutôt
qu’une immigration en masse, de
même que la majorité du patronat.
Les ministres d’extrême droite
comme Bezalel Smotrich sont en
revanche hostiles à cette option, de
crainte « d’attentats terroristes ». Ce
dilemme économico-politique est
loin d’être tranché. — Pa. B.
Lundi 8 avril 2024 Les Echos
A Gaza, Abbas veut être
l’alternative au Hamas
Le président de l’Autorité
palestinienne ambitionne,
avec le soutien des Etats-
Unis, de l’UE et des pays
du Golfe, de devenir celui
qui exercera le pouvoir
dans la bande de Gaza
à la place du Hamas.
Mais ce scénario
est semé d’embuches.
Frère ennemi du Hamas, Mah-
moud Abbas fait tout pour se pré-
senter comme une alternative au
pouvoir des islamistes dans la
bande de Gaza une fois la guerre
terminée. Le président de l’Auto-
rité palestinienne et chef du Fatah,
son parti, n’a cessé de donner des
gages de bonne volonté aux Etats-
Unis, aux Européens et aux pays
du Golfe pour parvenir à cette fin.
Quelques exemples : pressé par
les Etats-Unis de se débarrasser
d’un gouvernement impopulaire
aux mains de caciques du Fatah,
accusé de corruption, de népo-
tisme et d’incompétence, Mah-
moud Abbas a nommé fin mars,
comme Premier ministre,
Mohammad Mustafa, un écono-
miste au profil idéal pour les Amé-
ricains. Mieux encore : le nouveau
gouvernement de 23 membres ne
compte officiellement que des
« technocrates ». Le chef de la
diplomatie, le ministre des Finan-
ces, tout comme Mohammad
Mustafa sont tous passés par des
prestigieuses universités améri-
caines, un gage de sérieux.
Autre geste, le Fatah a pour la
première fois critiqué ouver -
tement les massacres perpétrés
par des commandos du Hamas le
7 octobre dans le sud d’Israël, qui
ont fait près de 1.200 morts. « Le
Hamas s’est lancé dans une aven-
ture qui a provoqué la réoccupation
de Gaza [qu’Israël avait évacuée
en 2005, NDLR] et une catastrophe
encore plus horrible et cruelle que
la Naqba de 1948 », une allusion du
parti à l’expulsion et au départ de
08
centaines de milliers de Palesti-
niens à la suite de la création
d’Israël en 1948. Mahmoud Abbas
a également dénoncé l’influence
délétère de l’Iran notamment sur
le Hamas et le Jihad islamique, un
mouvement palestinien encore
plus radical. De quoi satisfaire
Washington.
« Catastrophe majeure »
L’Autorité palestinienne, qui
contrôle une partie de la Cisjor-
danie, a été chassée du pouvoir
dans la bande de Gaza en 2007 par
le Hamas à la suite d’affronte-
ments qui avaient fait des dizaines
de morts. Mais pour parvenir à
réussir une OPA sur la bande de
Gaza, Mahmoud Abbas a de
sérieux défis à surmonter.
Un des principaux va porter sur
l’économie. Dans la feuille de
route qu’il a présentée fin mars, le
nouveau Premier ministre n’a pas
caché que l’économie de l’Autorité
palestinienne se trouvait « au bord
d’une catastrophe majeure ». Les
statistiques sont éloquentes. Le
PIB a chuté de 20 % au premier
trimestre de cette année. L’Auto-
rité palestinienne est quasiment
en état de cessation de paiements.
Redonner vie à cette enclave misé-
reuse nécessitera, dans les pro-
chaines années, des dizaines de
milliards de dollars de la part de la
communauté internationale.
Mais cette énorme manne ne sera
accordée que si la bande de Gaza
offre la garantie de ne pas rede-
venir le champ clos d’une nouvelle
guerre avec Israël ou le théâtre
d’une rivalité entre le Fatah et le
Hamas.
Et, pour compliquer le tout,
Benyamin Netanyahou, s’il reste
aux commandes en Israël, est
bien décidé à barrer la route de
Gaza à l’Autorité palestinienne de
crainte qu’une telle extension de
son pouvoir ne débouche un jour
sur la création d’un Etat pales-
tinien. — Pa. B.
09 Les Echos Lundi 8 avril 2024
Paris, Rome et Berlin veulent relancer
la politique industrielle européenne
l Les ministres allemand, italien et français chargés de l’industrie se réunissent pour la troisième fois.
l Ils discuteront de la stratégie économique commune pour contenir l’offensive de la Chine et des Etats-Unis.
EUROPE
Richard Hiault
« Si nous restons les bras croisés,
nous sommes morts. » Le ton se vou-
lait résolument alarmiste au minis-
tère des Finances quelques jours
avant la réunion, ce lundi à Meu-
don, du ministre de l’Economie
allemand Robert Habeck, du minis-
tre des Entreprises italien Adolfo
Urso et du ministre des Finances
français Bruno Le Maire. Cette troi-
sième rencontre trilatérale consa-
crée à la politique industrielle euro-
péenne entend définir une stratégie
économique commune face à la
concurrence croissante de la Chine
et des Etats-Unis.
Il faut « montrer les dents » pour
protéger les intérêts économiques
de l’Europe, a martelé jeudi dernier
Bruno Le Maire, lors d’un point
presse, estimant que « le temps de la
mondialisation heureuse est fini ».
Elle a fait place à « une mondialisa-
tion de rivalités ». A Meudon seront
évoquées les mesures à mettre en
œuvre pour stimuler la producti-
vité européenne grâce aux techno-
logies vertes et numériques (intelli-
gence artificielle, gestion des
données, automatisation des pro-
cessus, etc.).
Influencer la future
Commission européenne
Les ministres feront aussi un point
d’étape de leur plateforme com-
mune de partage d’informations
sur leurs matières premières criti-
ques (liste des matériaux, stocks
stratégiques nationaux). Ils enten-
dent définir une position commune
qu’ils défendront devant la future
Commission européenne, formée
après les élections européennes du
mois de juin. Ces positions commu-
nes portent sur la simplification, la
concurrence équitable internatio-
nale et le renforcement de l’indé-
pendance énergétique de l’Europe.
Bruno Le Maire mettra sur la
table une proposition – la directive
Omnibus – visant à simplifier les
règles comptables et financières
des PME et ETI, à l’instar de ce qu’a
fait la France. Paris défend le relève-
ment de 250 à 500 du seuil de sala-
riés des entreprises concernées par
certaines obligations comptables,
financières ou sociales imposées
aux PME par l’Union européenne,
explique-t-on à Bercy.
Deux directives récentes – la
CSRD (reporting extra-financier) et
la CS3D (devoir de vigilance) –
imposées aux PME de plus de
Les surcapacités chinoises inquiètent Washington et Bruxelles
Les capacités industrielles
excédentaires chinoises
représentent un « risque
pour la résilience économi-
que mondiale », a mis
en garde la secrétaire
au Trésor américaine,
Janet Yellen, durant
sa visite en Chine.
Frédéric Schaeffer
— Correspondant à Shanghai
Une demande intérieure atone, des
surcapacités qui s’accumulent et
des industriels chinois de plus en
plus tentés d’écouler leurs stocks à
l’international, parfois à prix cassés.
Le tableau actuel de l’économie chi-
noise inquiète de plus en plus
Washington et Bruxelles, craignant
pour l’avenir de certaines entrepri-
ses américaines et européennes.
C’est le message qu’est venue porter
la secrétaire au Trésor américaine,
250 salariés sont jugées très lour-
des.
La France défend également un
rééquilibrage des règles environne-
mentales malgré les réticences alle-
mandes sur ce sujet. « Nous ne pou-
vons pas prendre le risque pour
l’Europe d’être l’économie la plus
décarbonée et la moins industrialisée
au monde », explique-t-on à Bercy.
En clair, il est suicidaire d’imposer
des règles environnementales stric-
tes au niveau européen et de laisser
entrer sur le marché intérieur des
produits étrangers qui ne respecte-
raient pas les mêmes contraintes de
production.
Rééquilibrer les échanges
Quitte à se dédouaner des règles de
l’Organisation mondiale du com-
merce (OMC) que l’Union euro-
péenne s’acharne à suivre alors que
« personne ne les respecte ». « Les
règles de l’OMC n’incorporent pas
suffisamment ces aspects environne-
mentaux », regrette-t-on à Bercy.
Paris plaide notamment pour
l’instauration de règles d’origine
dans le cadre des appels d’offres
publics au niveau européen. « Les
Etats-Unis et la Chine privilégient
leurs entreprises dans ces appels
d’offres, pas l’Union européenne. Il
est temps de réagir », martèle-t-on à
B ercy. Pour Bruno Le Maire,
l’Europe a besoin d’un « rééquili-
Une politique qui se heurte à de nombreux obstacles
L’Union européenne n’a pas
les moyens de la Chine ou
des Etats-Unis pour se
doter d’une politique
industrielle volontariste,
dont les enjeux sont
pourtant considérables.
Le défi est d’ampleur. Avec un défi-
cit commercial vis-à-vis de la Chine
de près de 300 milliards d’euros
l’an passé, l’Union européenne a
tout intérêt à rééquilibrer ses
échanges. Sous peine de voir un
raz de marée de produits chinois
sur son marché avec, en bout de
chaîne, une désindustrialisation
supplémentaire du tissu économi-
que européen.
La politique industrielle et son
corollaire, la sécurité économique
européenne, vont se jouer dans les
prochaines années. Dans un post
de blog paru en janvier dernier,
Nicole Gnesotto, vice-présidente
de l’Institut Jacques-Delors, rele-
vait que la guerre, le populisme et
Janet Yellen auprès de dirigeants
chinois au cours d’une visite de qua-
tre jours en Chine entamée vendredi.
« L’aide directe et indirecte du gou-
vernement est en train de conduire à
une capacité de production qui
excède largement la demande inté-
rieure de la Chine, ainsi que ce que le
marché mondial peut supporter », a
mis en garde Janet Yellen devant la
communauté d’affaires américaine
à Canton, affirmant que cela repré-
sente un « risque pour la résilience
économique mondiale. La Chine pro-
fiterait d’une réduction de ses capaci-
tés industrielles excédentaires qui
étouffent les autres économies », a-
t-elle poursuivi depuis la province
du Guangdong, épicentre de la
puissance manufacturière et
exportatrice de la Chine.
Lors de ce déplacement, la secré-
taire au Trésor américaine a tenu à
faire passer le message que les sur-
capacités chinoises n’inquiétaient
Robert Habeck, Adolfo Urso et Bruno Le Maire, lors de leur réunion trilatérale à Rome, le 30 octobre 2023. Photo Alessandra Carli/Livemedia/Sipa
brage des instruments » pour mieux
défendre ses intérêts économiques
et éviter de se retrouver coincée
entre le protectionnisme améri-
cain et l’interventionnisme chi-
nois. Une réaction d’urgence est
le protectionnisme forment désor-
mais les piliers de l’environnement
européen. « Loin d’un libéralisme
parfois qualifié d’ultra, l’Europe doit
désormais intégrer les contraintes
de la géopolitique au sein même du
marché, à l’opposé de ses principes
d’ouverture et de libre concur-
rence », avertissait-elle. C’est tout
un mode de fonctionnement qui va
devoir être repensé. Plus facile à
dire qu’à faire.
Revoir le droit
de la concurrence ?
Dans une note de recherche de
l’Institut Montaigne, parue le mois
dernier, Mathieu Duchâtel relève
de nombreux obstacles s’opposant
à une politique industrielle volon-
tariste. En plus du frein que consti-
tue le droit de la concurrence, il cite
l’absence d’une capacité budgé-
taire suffisante à l’échelle de
l’Union européenne, l’absence
d’outils fiscaux propres et la réti-
cence à mutualiser la dette. « La
pas seulement Washington mais
que les Etats-Unis entendaient des
préoccupations similaires de la part
des pays émergents et des pays déve-
loppés. A l’issue de sa rencontre avec
le Premier ministre chinois Li Qiang
dimanche, il a été décidé d’engager
des discussions pour une « crois-
sance plus équilibrée ».
Marché domestique atone
« Cela devient un problème lorsque
les entreprises en Europe et ailleurs
sont menacées dans leur survie,
comme nous l’avons vu avec l’énergie
solaire il y a dix ans et d’autres sec-
teurs », a expliqué Jens Ekelund,
président de la Chambre de com-
merce de l’Union européenne en
Chine, présent à Canton.
Peinant à rééquilibrer son
modèle économique vers davan-
tage de consommation, la Chine
mise plus que jamais sur son indus-
trie manufacturière et sur ses « trois
indispensable, car la Chine a pro-
duit une masse de semi-conduc-
teurs, de véhicules électriques et
d’équipements solaires et éoliens
qu’elle cherche à vendre dans
l’Union européenne.
ANALYSE
Commission européenne ne conçoit
pas la politique industrielle comme
un instrument susceptible de répon-
dre aux menaces de sécurité écono-
mique », remarque-t-il.
Salih Isik Bora, doctorant au cen-
tre de recherches internationales
de Sciences Po (Ceri) abonde :
« L’absence de politique industrielle
est devenue indéfendable. Mais tout
n’est pas si simple : la réforme du
droit de la concurrence sera-t-elle
suivie d’effets sur le pacte de stabilité
et de croissance ? L’UE est-elle capa-
ble de mener une politique indus-
trielle alors que ses capacités finan-
cières sont extrêmement limitées ? »
s’interroge-t-il. Bâtir des compé-
tences industrielles de pointe est
très coûteux. « Le prix d’une seule
usine de semi-conducteurs est estimé
entre 15 et 20 milliards d’euros. Peu
d’Etats en Europe sont capables
d’effectuer de tels investissements, et
nouveaux » moteurs (véhicules
électriques, batteries, panneaux
solaires) pour continuer à croître et
à écouler les surcapacités qui ne
peuvent être absorbées sur un mar-
ché domestique atone. En février,
l’excédent commercial de la Chine
cumulé sur douze mois a franchi un
nouveau record en dépassant les
1.000 milliards de dollars.
D’après un rapport du fournis-
seur de données spécialisées Wood
Mackenzie, la Chine a investi plus de
130 milliards de dollars dans l’indus-
trie solaire en 2023. Avec ces fonds,
1.000
MILLIARDS DE DOLLARS
L’excédent commercial de la
Chine cumulé sur douze mois
en février, un nouveau record.
Côté IA, Paris plaide pour une
p olitique communautaire, à
l’image de ce qui avait été fait pour
le charbon dans les années 1950. « Il
faut être capable d’innover, d’investir,
de maîtriser les nouvelles technolo-
une dérégulation de la concurrence
pourrait conduire à une compétition
entre eux menant à une fragmenta-
tion du marché unique », avertit-il.
Pour François Go dement,
conseiller spécial Asie et Etats-
Unis de l’Institut Montaigne, la
politique industrielle se cantonne
au Règlement européen sur les
semi-conducteurs de 2022 (Chips
Act) et à quelques grands projets
regroupés sous la bannière des
projets importants d’intérêt euro-
péen commun (PIIEC). « L’Europe
a besoin d’outils de soutien […] tels
que la mise en commun de ressour-
ces financières ».
Urgence
Mais selon lui, « ces mesures sont en
concurrence budgétaire avec
d’autres priorités de l’UE, notam-
ment les politiques de subventions
en faveur de secteurs menacés
comme l’agriculture, les fonds struc-
turels à destination des “nouveaux”
Etats membres d’Europe centrale et
« la Chine va représenter 80 % des
capacités de production mondiale de
polysilicium, de wafer [plaque de
matériau semi-conducteur, NDLR],
de cellules photovoltaïques et de
modules de 2023 à 2026 », ajoute
Wood Mackenzie, citant les compo-
sants clés dans la fabrication de pan-
neaux solaires. Quant aux exporta-
tions de véhicules électriques, elles
ont bondi de 77 % l’an dernier, avec
des constructeurs de plus en plus
offensifs à l’international.
Enquête antidumping
Washington et Bruxelles s’inquiè-
tent de voir la Chine inonder de ses
produits les marchés américain et
européen à des niveaux tels que les
entreprises locales seraient incapa-
bles de rivaliser sans barrières com-
merciales. L’Europe mène une
enquête antidumping sur les véhi-
cules électriques chinois et semble
décidée à augmenter ses taxes
MONDE
gies, mais aussi montrer les dents
face à des adversaires économiques
[notamment la Chine et les Etats-
Unis, NDLR] qui ne nous feront au
XXI e siècle absolument aucun
cadeau », a averti Bruno Le Maire. n
orientale, les coûts considérables de
la transition énergétique […] ».
La tentation de concurrencer les
subventions américaines ou de
« faire comme les Chinois » est
grande. Mais, souligne l’expert,
l’UE n’a ni les ressources des géants
américains ou la capacité d’endet-
tement d’un pays qui imprime la
devise mondiale principale, ni la
capacité d’extraction d’un parti-
Etat chinois qui puise régulière-
ment dans l’épargne des particu-
liers et des entreprises, épargne qui
représente aujourd’hui près de
40 % du PIB du pays.
Il y a pourtant urgence. Si cer-
tains secteurs de l’industrie et des
services européens conservent une
certaine avance, comme l’aéronau-
tique civile ou la chimie, l’Europe
est déjà dépassée par les Etats-Unis
dans la défense et les logiciels, et
par la Chine dans les infrastructu-
res numériques et nombre de sec-
teurs émergents au cœur de la
transition énergétique. — R. H.
douanières. Le mois dernier, Pékin
a accusé les Etats-Unis de s’engager
dans un « protectionnisme classi-
que » en cherchant à ériger des bar-
rières aux véhicules électriques chi-
nois et a déposé une plainte auprès
de l’OMC concernant les subven-
tions américaines à l’industrie.
Certains experts estiment que la
position américaine de plus en plus
critique à l’égard des exportations
chinoises mènera à une hausse des
tarifs douaniers pour protéger l’in-
dustrie verte américaine des pro-
duits chinois à bas coût. Janet Yellen
n’a pas fait mention de ces taxes,
mais a déclaré qu’elle n’excluait pas
de prendre des mesures pour proté-
ger les secteurs des véhicules électri-
ques, des batteries et des panneaux
solaires, entre autres, de la concur-
rence chinoise. Donald Trump a
déjà menacé d’imposer des droits de
douane de 60 % sur les produits chi-
nois s’il était élu. n
MONDE
A l’approche des élections européennes, Ursula von der Leyen doit composer avec une agressivité nouvelle de ses détracteurs.
Début de campagne contrarié
pour Ursula von der Leyen
EUROPE
La cheffe de file
des conservateurs
européens a attaqué,
dimanche à Athènes,
l’extrême droite
prorusse.
Mais une polémique
la concernant enfle
à Bruxelles autour
d’une nomination
à la Commission.
Karl De Meyer
— Bureau de Bruxelles
Exactement deux mois avant les
européennes de juin, Ursula von
der Leyen a lancé dimanche, à
Athènes, sa campagne en tant que
cheffe de file des conservateurs du
Parti populaire européen (PPE).
Elle a prononcé un discours devant
le congrès de Nouvelle Démocratie,
le parti du Premier ministre grec
Kyriakos Mitsotakis. Dans le ber-
ceau de la démocratie et à l’endroit
même où fut signé le protocole
d’accession de la Grèce à la CEE, elle
a commencé par rendre hommage
au travail du leader grec, dont elle
est proche. Ursula von der Leyen
(« VDL ») a souligné ses succès
économiques, sans évoquer les
La France renoue le dialogue avec le Maroc
AFRIQUE DU NORD
Le ministre du
Commerce extérieur
Franck Riester était en
déplacement à Rabat
et Casablanca la
semaine dernière.
La France soigne ses
intérêts économiques
avec le royaume.
Sophie Amsili
— Envoyée spéciale à Casablanca
Casablanca tourne au ralenti. En
cette fin de ramadan, les rues sont
désertes et le temps s’est rafraîchi
alors qu’un épais brouillard est
pressions sur l’Etat de droit qui
inquiètent les ONG et l’opposition
grecques.
Elle a surtout placé son discours
sous le signe de la défense de la
sécurité et de la prospérité de
l’Europe. « La Russie ne cherche pas
seulement à effacer l’Ukraine de la
surface de la terre », a-t-elle prévenu.
« L’agression de la Russie est plus
large », avec « des attaques hybrides
contre l’Europe », a-t-elle ajouté.
Alors que les sondages prédisent
une poussée de l’extrême droite au
scrutin du 9 juin, la tête de liste des
conservateurs a mis en garde les
électeurs contre « les amis de
Poutine qui tentent de réécrire notre
histoire ». Elle a nommément
a t t a q u é l ’A f D a l l e m a n d e , l e
Rassemblement national français
et la Confédération polonaise.
« Les couteaux sont tirés »
Le début de campagne de la Prési-
dente de la Commission, qui
cherche à obtenir un second man-
dat, est déjà parasité par une polé-
mique autour d’une nomina-
tion. Plusieurs commissaires
européens et eurodéputés mettent
en doute l’impartialité de la sélec-
tion d’un eurodéputé allemand
CDU (le parti d’origine d’Ursula
von der Leyen) à un haut poste de la
Commission.
Le 31 janvier, Markus Pieper a été
désigné émissaire chargé des PME,
un poste très bien rémunéré. Dans
tombé sur la ville. Difficile de croire
que le thermomètre dépassera les
30 degrés le lendemain, dans la
continuité de l’hiver exceptionnel-
lement chaud et sec que vient de
connaître le Maroc.
Il est tentant de voir dans cette
météo changeante l’image du yo-yo
diplomatique qui se joue ces
dernières années entre Paris et
Rabat. Après une brouille diploma-
tique sévère, l’horizon s’est éclairci
fin 2023 et la succession actuelle de
ministres français en visite dans le
royaume en témoigne. Après le chef
de la diplomatie Stéphane Séjourné
fin février, c’était au tour du ministre
délégué au Commerce extérieur et
à l’Attractivité française Franck
Riester la semaine dernière. Il sera
suivi dans les prochaines semaines
par Bruno Le Maire (Economie),
Rachida Dati (Culture) et Marc
une lettre à la Présidente du
27 mars, quatre membres de la
Commission ont réclamé une dis-
cussion « dès que possible » au sein
du collège sur ce dossier. Au Parle-
ment, le Vert allemand Daniel
Freund a corédigé un amendement
qui appelle « VDL » à « annuler »
cette nomination. Le texte sera
débattu cette semaine au Parle-
ment réuni en plénière à Bruxelles.
Un autre dossier pourrait com-
pliquer la campagne d’Ursula
von der Leyen : le « Pfizergate ». Il est
cette fois question des conditions
dans lesquelles la Présidente de la
Commission a négocié en direct
avec le PDG du laboratoire Pfizer le
prix et les volumes de ses vaccins
contre le Covid. Le parquet euro-
péen a repris cette enquête entamée
par la justice belge.
Maintenant qu’elle est entrée
dans la phase active de sa campa-
gne, Ursula von der Leyen doit faire
face à une agressivité beaucoup
plus marquée de ses contradic-
teurs. « Les couteaux sont tirés. Ses
opposants politiques, y compris au
PPE, ne vont pas la ménager », prédit
une source du Parlement.
Détracteurs
dans sa propre famille
Au sein de son propre camp, les
députés les plus à droite reprochent
à « VDL » d’avoir mené une poli-
tique trop centriste et d’avoir créé,
avec le Pacte vert, une nouvelle
Fesneau (Agriculture). Un ballet
diplomatique qui tranche avec la
rupture du dialogue imposée par
les Marocains l’an dernier. Entre-
temps, la France a consenti un geste
sur le Sahara occidental : sans aller
jusqu’à reconnaître la souveraineté
marocaine sur cette région, Paris a
reconnu qu’il s’agissait « d’un enjeu
existentiel pour le Maroc » et déclaré
qu’il fallait « avancer concrètement »
sur le plan d’autonomie marocain.
« Mois de plomb »
Jeudi, dans la capitale économique
du royaume, Franck Riester a réuni
autour d’une table les acteurs clés
de la présence économique fran-
çaise pour prendre la température :
ambassade, chambre française de
commerce et d’industrie (CFCI) du
Maroc, Business France, Bpifrance,
Agence française de développement
Lundi 8 avril 2024 Les Echos
Peter Pellegrini
emporte l’élection
présidentielle
en Slovaquie
EUROPE
Une participation
électorale record a
permis au candidat
arrivé second au
premier tour de
finalement gagner
le scrutin.
Peter Pellegrini
est allié au Premier
ministre nationa-
Daniel Mihailescu / AFP
liste Robert Fico.
Virginie Robert
« A plus de 61 %, c’est le plus haut
niveau de participation jamais
enregistré depuis la première
élection présidentielle, en 1993 ,
qui avait atteint 70 % », constate
Jakub Hankovsky, directeur
général d’Ipsos Slovaquie. Peter
Pellegrini, dont le parti Hlas est
membre de la coalition du
Premier ministre Robert Fico, a
obtenu samedi au second tour
53,55 % des voix contre 46,44 %
pour le diplomate pro-euro-
charge bureaucratique qui étouffe péen Ivan Korcok qui avait
les PME et les agriculteurs. Lors du pourtant fini en tête au premier
Congrès du PPE de Bucarest, le tour. Peu présent lors de ce pre-
7 mars, la candidate von der Leyen mier round de la campagne
est loin d’avoir obtenu un plébiscite alors que son adversaire sillon-
de ses alliés politiques, comme nait le pays, comptant sur sa
l’avait d’ailleurs noté le Commis- notoriété due à son siège de
saire Thierry Breton, dans un mes- Président du Conseil national
sage acide très remarqué sur X. (parlement monocaméral),
Même si elle affiche un bilan très Peter Pellegrini a radicalement
étoffé, dans un contexte tout à fait changé d’attitude entre les deux
exceptionnel de pandémie et de tours.
guerre en Ukraine, Ursula von der « Il a eu besoin des votes de
Leyen essuie de nombreuses criti- l’électorat de Stefan Harabin, le
ques. Paris notamment s’inquiète candidat nationaliste [antieuro-
de son atlantisme appuyé. Les Etats péen et pro russe, NDLR], arrivé
membres les plus proches des en troisième position au premier
Palestiniens lui ont reproché son tour avec 11,7 % des voix. Par
soutien initialement incondi - conséquent, il a accepté de parti-
tionnel à Israël, après les attaques ciper à des débats et a davantage
du 7 octobre 2023. Ses commis- parlé de la guerre en Ukraine. Il a
saires sont frustrés de son manque fait passer le message que, con-
de collégialité. trairement à Korcok, ce n’est pas
Ursula von der Leyen va donc lui qui enverrait des troupes au
devoir sérieusement batailler pour sol ! », observe le spécialiste des
un second mandat. Si elle semblait sondages.
incontournable en début d’année,
des noms alternatifs commencent à Campagne « haineuse »
circuler. Après le dernier sommet En amont de la réunion orga-
européen, Emmanuel Macron a nisée à l’Elysée le 26 février
affirmé que « la présidence de la dernier pour mieux coordon-
Commission a une vocation de ner le soutien à l’Ukraine, le Pre-
défense de l’intérêt général, […] elle mier ministre Robert Fico avait
doit s’élever tout à la fois au-dessus été le premier à tirer la sonnette
des partis et des pays ». Une formule d’alarme en critiquant ouverte-
que d’aucuns ont lue comme une ment la possibilité d’envoyer
référence à Mario Draghi, l’ancien des troupes en Ukraine. Ce à
président de la BCE, autorité morale quoi Emmanuel Macron avait
non affiliée. n rép ondu : « II n’y a pas de
(AFD)… Les mines sont graves lors- Quoi de mieux, de plus, pour
que la crise diplomatique récente consolider une réconciliation
est évoquée. L’un parle pudique- fragile que de s’appuyer sur la rela-
ment d’une « période froide » qui a tion économique très dense entre
fait durer l’inertie après la pandé- les deux pays ? Celle-ci a plutôt bien
mie. Un autre relate les « mois de résisté aux turbulences diplomati-
plomb » et « les portes qui se fer- ques, d’autant que peu de décisions
maient ». Tous s’accordent sur la concernant les grands projets du
« dynamique » actuelle : « Il faut pays ont été prises à cette période.
saisir cette période de rebond pour Les échanges commerciaux ont
accélérer », répète-t-on. même atteint un record historique
Il faut la saisir parce que le Maroc à 14,1 milliards d’euros l’an dernier,
foisonne de projets : dans les éner- soit deux fois plus qu’en 2015.
gies renouvelables et l’hydrogène
vert, la gestion de l’eau ou encore les Fondamentaux solides
transports. Après l’automobile et Les fondamentaux sont solides : la
l’aéronautique, le royaume veut France reste le premier investisseur
ainsi développer le secteur ferro- au Maroc. La CFCI du Maroc con-
viaire. Le secteur de la santé devrait serve d’ailleurs sa première place
aussi offrir des opportunités alors parmi les 120 CFCI à travers le
que l’Assurance maladie se géné- monde avec environ 3.500 adhé-
ralise à toute la population maro- rents. Le Maroc reste, lui, le prin-
caine. cipal partenaire commercial de la
10
consensus pour envoyer des
troupes au sol. Mais en dyna-
mique rien ne doit être exclu.
Nous ferons tout pour que la
Russie ne gagne pas. Tout est
possible si c’est utile pour attein-
dre notre objectif. »
Pour emporter l’élection,
Peter Pellegrini a donc continué
à exploiter la brèche ouverte
par le Premier ministre. Cela a
exaspéré Ivan Korcok, euroat-
lantiste et soutien de l’Ukraine
depuis l’invasion de la Russie en
février 2022, qui a peu apprécié
le ton de la campagne entre les
deux tours. Il l’a qualifiée de
« haineuse » et peu transpa-
rente. « Pellegrini devrait revenir
à un ton moins dur, car une
bonne partie de son électorat est
pro-Europe et pour l’Ukraine
sans pour autant chercher à
l’aider militairement », estime
cependant Jakub Hankovsky.
Peu de pouvoirs
Le président de Slovaquie
dispose de peu de pouvoirs – il
ratifie les traités internatio-
naux, nomme les principaux
juges, est le commandant en
chef des forces armées et peut
également mettre son veto aux
lois adoptées par le Parlement.
Mais il a la capacité d’influencer
l’opinion.
Le Premier ministre nationa-
liste Robert Fico va chercher à
capitaliser sur la victoire de son
allié auprès duquel il s’est affi-
ché samedi soir. Il est contesté
par une partie de l’opinion – des
dizaines de milliers de Slova-
ques sont descendus dans la rue
en janvier pour protester contre
les réformes du système judi-
ciaire et du Code pénal afin de
protéger son parti d’affaires de
corruption. « J’espère que Peter
Pellegrini sera indépendant et
qu’il agira selon ses propres
convictions et sans ordres », a
déclaré Ivan Korcok. n
« Pellegrini
devrait revenir
à un ton moins
dur, car une
bonne partie de
son électorat est
pro-Europe et
pour l’Ukraine. »
JAKUB HANKOVSKY
Directeur général d’Ipsos
Slovaquie
France en Afrique. « On peut, à
travers les questions économiques et
commerciales, faire vivre cette
relance de notre relation avec le
Maroc et l’approfondir à un moment
charnière où il y a un grand nombre
de défis que nous pouvons relever
ensemble : transition écologique,
décarbonation, régionalisation des
chaînes de valeur… », explique
Franck Riester aux « Echos ».
C’est aussi via sa présence éco-
nomique que la France pourrait
faire de nouveaux gestes sur le
Sahara occidental. En déclarant
qu’il fallait « avancer » sur ce dossier,
Paris a cité l’objectif de « favoriser le
développement économique et social
de ces régions ». Franck Riester l’a
confirmé : « Nous sommes prêts à
accompagner les investissements
marocains dans le Sahara, qui sont
nombreux. » n
11 Les Echos Lundi 8 avril 2024
L’économie russe en équilibre instable
Guillaume de Calignon
« La Russie est un rébus enveloppé de
mystère au sein d’une énigme », disait
Churchill. En matière économique,
il n’y a aucun doute. L’économie rus-
se a déjoué tous les pronostics de-
puis février 2022 et le lancement de
La gestion du passage « l’opération spéciale » en Ukraine
à une économie selon la novlangue poutinienne,
opération devenue officiellement,
de guerre depuis peu, une guerre. Le PIB a cer-
a été réussie tes reculé de 1,2 % en 2022 après les
sanctions occidentales mais il a re-
par les experts russes. bondi de 3,6 % l’an passé, à la surpri-
La conjoncture se des économistes de tous bords.
a bien résisté. Mais Pour mémoire, au printemps 2022,
le FMI prévoyait un recul du PIB de
des déséquilibres 8,5 % la première année de guerre.
apparaissent Les sanctions économiques ont
affaibli les capacités russes mais
en Russie et Moscou moins que prévu. L’économie ne
aura du mal s’est pas effondrée. A ce titre, le roi
à les gérer. est nu. En effet, les Occidentaux ne
contrôlent plus les infrastructures
de la mondialisation qu’ils ont pour-
tant mise en place il y a des décen-
nies, du système de paiement inter-
national Swift au dollar. Ou plutôt,
ces infrastructures peuvent désor-
mais être contournées, rendant les
sanctions inaptes à faire reculer
Moscou. La dissuasion économique
ayant échoué, nous voilà face au ris-
que d’un conflit élargi.
Essayons de déchiffrer le rébus
économique russe entouré de mys-
LA
CHRONIQUE
de Bernard Spitz
Moderniser l’Etat pour de vrai
l y a un impensé dans la poli-
I tique en France depuis long-
temps. C’est la réforme de notre
Etat. Un angle mort paradoxal par
rapport à la promesse d’une nou-
velle génération au pouvoir, celle
dont on aurait pensé qu’elle accélé-
rerait la modernisation, notam-
ment numérique, de la gestion
publique, comme dans tant d’autres
pays… La campagne électorale
de 2017 avec François Fillon s’était
centrée sur le nombre de fonction-
naires à supprimer, une mauvaise
entrée en matière. Un « comité
action publique 2022 » fut bien créé
pour penser la transformation,
mais ses conclusions finirent dans
les broyeuses de l’exécutif. La seule
mesure, symbolique bien que sans
portée profonde sur notre Etat, fut
la suppression de l’ENA, que
personne ne réclamait.
Le second quinquennat sera-t-il
l’occasion de boucher cet angle
mort pour atteindre un Etat plus
efficace et plus frugal ? C’est-à-dire
tère, dont parlait l’ancien Premier
ministre britannique. La première
raison de la résistance de l’économie
russe, c’est que Vladimir Poutine a
préparé son pays à la confrontation
avec l’Occident et à ses mesures de
rétorsion. Début 2022, la Russie est
peu endettée. Exportatrice d’hydro-
carbures et de matières agricoles,
elle dégage un excédent budgétaire
et un excédent courant. Elle dispose
de réserves de change et son système
bancaire a fait des efforts pour
moins dépendre du dollar. Avant de
lancer son offensive, le dictateur a
déjà fait de son pays une forteresse,
c’est-à-dire un « kremlin » en russe.
Ensuite, il y existe des trous dans
la raquette des sanctions. Les an-
ciennes républiques soviétiques
d’Asie centrale et du Caucase, la
Turquie ou encore certains pays du
Golfe, importent des biens occiden-
taux pour les réexporter vers
Moscou. Sans compter que Poutine,
ancien agent du KGB à Dresde dans
les années 1980, chargé de recruter
des agents à l’Ouest et de trouver un
moyen d’obtenir les technologies oc-
cidentales vitales pour Union sovié-
tiques à l’époque, peut désormais
compter sur l’aide de la Chine : 60 %
des importations russes sur les neuf
premiers mois de 2023 provenaient
de l’empire du Milieu. Il peut s’ap-
puyer sur l’Iran et la Corée du Nord
pour l’armement, et sur l’Inde et la
qui encadre, soutienne, évalue et
récompense ses serviteurs, comme
toute organisation professionnelle.
Qui offre à nos concitoyens le niveau
de protection sociale et de sécurité
auxquelles ils aspirent, tout en
les libérant d’une oppressante
bureaucratie. Et qui desserre une
contrainte financière d’autant plus
insupportable que nous dépensons
plus que les autres pour moins de
résultats, au prix d’une dette qui
finira par nous exploser, un jour pas
si lointain, à la figure.
Plus le temps passe, moins la pro-
messe de l’Etat est tenue, une décep-
tion que confirment les sondages
d’opinion. Santé et éducation souf-
frent. Les conditions de travail de la
police et de la justice sont médio-
cres. La décentralisation est en rade,
le logement sinistré. Et l’enfer régle-
mentaire écrase ses usagers, comme
les agriculteurs l’ont rappelé.
Comment s’y attaquer ? Au-delà
d’un projet de loi de simplification
pour les TPE et PME promis au prin-
Chine pour acheter son pétrole. En
se tournant vers de nouveaux parte-
naires, souvent asiatiques, la Russie
a réussi à ce que ses exportations re-
viennent fin 2023 à des niveaux pro-
ches de ceux d’avant le Covid.
Parallèlement, le pays a aussi
bénéficié des prix relativement éle-
vés du pétrole depuis deux ans. En-
fin, et c’est l’essentiel, la résistance
s’explique parce que, sur le plan éco-
nomique, les élites russes gèrent
bien la crise à laquelle elles font face.
La production
industrielle russe
n’est tirée que
par les industries
liées à l’armement.
La priorité, c’est bien sûr de finan-
cer l’effort de guerre. Pour cela, les
dépenses publiques ont été aug-
mentées. En 2023, le budget de la dé-
fense aurait atteint 6 % du PIB et il
devrait dépasser 8 % cette année. En-
viron 30 % des dépenses publiques
seront consacrées à la défense
en 2024. La production industrielle
progresse rapidement mais elle
n’est tirée que par les industries liées
à l’armement. Le financement a été
possible en puisant dans l’argent du
fonds souverain russe mais ses ac-
tifs s’amenuisent.
temps, la priorité devrait concerner
les simples citoyens. Le permis de
conduire dématérialisé a été un bon
signal. Il y avait d’autres indices pro-
metteurs dans la déclaration de
politique générale de Gabriel Attal :
L’identité
électronique unique,
universelle et
obligatoire de chaque
citoyen pourrait
rendre notre
administration
accessible, égalitaire
et efficace.
simplification, réquisition, éva-
luation, pénalisation des incivilités
(les rendez-vous médicaux non
honorés), suppression des instances
fantômes… Autant de principes
concrets et de bon sens.
Parallèlement, le soutien au
complexe militaro industriel a été
organisé de différentes manières :
les salaires ont été relevés pour ren-
dre le secteur attractif, les salariés
ont été exemptés de leurs obliga-
tions militaires et la priorité a été
donnée aux usines d’armement
pour l’approvisionnement en ma-
tières premières. Ces hausses de sa-
laires ont nourri la consommation
qui augmente vite. Mais tout ceci a
déséquilibré l’économie russe,
d’autant que les exportations ont
tendance à baisser depuis la
fin 2022 avec les sanctions et la bais-
se du prix du gaz. Le rouble a perdu
50 % de sa valeur face au dollar. Et
l’inflation, qui dépasse aujourd’hui
7 % sur un an, est repartie en raison
d’un manque de main-d’œuvre.
Plusieurs centaines de milliers de
Russes en âge de travailler sont par-
tis au front et plusieurs centaines de
milliers d’autres, souvent diplômés,
ont préféré quitter le pays pour évi-
ter de mourir pour Poutine. Le taux
de chômage est inférieur à 3 % en
Russie et l’immigration en prove-
nance d’Asie centrale a bondi.
Face à ces déséquilibres, la Ban-
que centrale a relevé ses taux à 16 %
pour contenir l’inflation, soutenir le
rouble et ralentir la demande. Cette
potion fonctionne pour l’instant.
L’économie a plié mais pas rompu.
Le défi est maintenant de durer.
Il y manque hélas la seule action
centrale qui permettrait de concilier
efficacité, réduction de coûts et jus-
tice sociale. Celle qui mettrait les
nouvelles technologies – dont l’IA –
au service de tous. Celle qui suppri-
merait les milliers de procédures,
formulaires et bureaux chargés de
leur application, en les remplaçant
par le transfert automatique des
prestations sociales et de solidarité à
leur bénéficiaire, sans démarches à
accomplir ni normes incompréhen-
sibles à respecter. Celle qui adopte-
rait le principe « dites-le nous une
seule fois », qui empêche l’adminis-
tration de redemander une donnée
qu’elle a déjà.
C’est possible, cela existe déjà
ailleurs comme en Estonie, grâce à
l’identité électronique unique, uni-
verselle et obligatoire de chaque
citoyen. Aussi simple que la carte
vitale, aussi sécurisée que la carte
d’identité, aussi banalisée que
l’identifiant national de santé, elle
pourrait rendre notre adminis-
IDÉES
Boll pour « Les Echos »
Premier problème, la politique
budgétaire, nécessairement expan-
sionniste pour financer l’effort de
guerre, est par essence inflationnis-
te via les salaires des travailleurs,
phénomène que la politique moné-
taire, très restrictive, essaie de com-
battre. L’équilibre est instable.
Deuxième difficulté, les dépenses
sociales doivent aussi continuer
pour que la population accepte les
sacrifices. Pour permettre aux mé-
nages d’accéder à la propriété, le
gouvernement subventionne les
prêts immobiliers à des taux préfé-
rentiels. Leur encours a grimpé de
34 % l’an passé et représente près de
7 % du PIB. Pas facile à avaler pour
des banques qui doivent en plus
acheter la dette publique, l’Etat ne
pouvant se financer sur les marchés
internationaux.
Enfin, une économie de guerre
entraîne des dommages collatéraux
sur le reste de l’économie. En effet,
plus les commandes publiques se
portent sur les armes, plus les capi-
taux et les travailleurs affluent dans
ce secteur et plus les autres domai-
nes de l’économie manqueront d’in-
vestissements et de salariés. Il n’est
pas certain que l’élite économique
l’acceptera sans broncher. L’addi-
tion finale, si elle n’est pas payée pen-
dant cette guerre, le sera après. Sauf
si Vladimir Poutine entend élargir le
conflit pour se sauver. n
tration accessible, égalitaire et aussi
efficace que les plateformes numé-
riques de la vie quotidienne. Le per-
sonnel administratif ainsi libéré
irait alors au contact des Français
qui en ont besoin. Conjuguée à un
vaste plan de départs volontaires,
cette réforme-là permettrait de
moderniser notre Etat vite et bien,
plutôt que d’attendre le moment où
des coupes aveugles seront impo-
sées par le poids de notre dette.
Mais voilà, l’archaïsme a la peau
dure. On en est encore à parler
« d’expérimenter le préremplissage
des formulaires » de demande de
RSA. Ça fera bien rire les Estoniens !
Alors que comme eux, il faut faire
l’inverse : automatiser les verse-
ments et supprimer les formulaires !
Tant que l’Etat hésitera à se numé-
riser, il refusera de fait de se moder-
niser… et les simples citoyens atten-
dront. Jusqu’à quand ?
Bernard Spitz est président
de BSConseil.
IDÉES
analyses
Budget : le risque
d’une longue politique
restrictive
Réagir à une révision à la baisse des gains
de productivité et de la croissance, en réduisant
les dépenses publiques est inefficace.
LA
CHRONIQUE
de Patrick Artus
e point de départ du problème budgé-
L taire de la France est le recul de la pro-
ductivité du travail. Le niveau de la pro-
ductivité par tête est 6 % plus bas à la fin
de 2023 qu’au moment de son point haut du
troisième trimestre 2019. Il est très probable
que ce recul se poursuive.
En effet, il est dû à des causes structurelles :
taux d’emploi en hausse, surtout pour les per-
sonnes peu qualifiées, insuffisance de l’inves-
tissement en nouvelles technologies et des
dépenses de recherche-développement,
vieillissement de la population active, attitude
négative vis-à-vis du travail. Si la productivité
du travail stagne dans le futur, cela signifie
que la croissance du PIB sera faible : de 0,5 % à
0,8 % en 2024, en moyenne annuelle, selon les
divers prévisionnistes.
Les prévisions budgétaires multi-annuel-
les ont été réalisées avec une hypothèse de
croissance du PIB de 1 % en 2023 et de 1,7 % en
moyenne de 2024 à 2027. Si la croissance est
en réalité de 0,8 % par an en moyenne sur la
période 2024-2027, le déficit de niveau de PIB
à la fin de 2027 par rapport à la prévision gou-
vernementale initiale sera de 3,6 %, et le
niveau du déficit public en 2027 sera non pas
de 2,7 % du PIB, mais de 4,5 % du PIB.
De ce fait, si l’objectif du déficit public est
inchangé, il faudra le réduire de 1,8 point de
PIB entre 2024 et 2027, ce qui avait été initiale-
ment prévu. Le problème rencontré est alors
durable : celui de l’interaction entre politique
budgétaire et croissance, celui de la nature
des dépenses publiques qui sont réduites.
Pour illustrer le premier problème, pre-
nons l’exemple de l’année 2024. Le gouverne-
ment a annoncé une réduction des dépenses
publiques par rapport à son budget initial
d’un peu plus de 10 milliards d’euros. Mais
pour obtenir une baisse de 10 milliards
d’euros du déficit public, ex post, il faut
réduire les dépenses publiques de 20 mil-
liards d’euros, et il y aura alors une baisse du
niveau de PIB de 20 milliards d’euros.
LE LIVRE
DU JOUR
Quand l’eau viendra
à manquer
LE PROPOS Longtemps, les
Occidentaux se sont bercés d’illusion.
Persuadés que le manque d’eau ou les
épidémies liés à la qualité défaillante
de la ressource étaient l’apanage
des pays en développement.
Les sécheresses récentes qui se sont
abattues sur l’hémisphère Nord ont
complètement rebattu les cartes.
Parmi les multiples clignotants qui
s’allument sur le tableau de bord de
la Terre figure désormais ce liquide
que l’on avait oublié de considérer
comme précieux. Comment a-t-on pu
se laisser abuser à ce point, alors que
l’eau douce sous sa forme liquide,
utilisable et disponible, ne constitue
que 0,5 % de l’eau sur Terre ? nous
rappelle Simon Porcher dans ce livre.
L’INTÉRÊT Rarement un ouvrage
nous a à ce point ouvert les yeux sur
ce danger qui nous guette.
« Aujourd’hui, la majeure partie
de la Terre est exposée à un risque élevé
ou très élevé de sécheresse »,
écrit l’auteur, universitaire,
l’un des meilleurs spécialistes de la
Le deuxième problème est celui de la
nature des dépenses publiques qui sont rédui-
tes. Il n’est pas possible de réduire les dépen-
ses irréversibles (salaires, programme de
dépenses déjà engagées…), et la réduction des
dépenses ne porte que sur les dépenses flexi-
bles – en 2024, dépenses publiques liées à la
transition énergétique (MaPrimeRénov’,
prime à l’achat de voitures électriques),
dépenses publiques de soutien de la construc-
tion, dépenses d’éducation et de recherche
essentiellement.
Il se déclenche alors un cercle vicieux :
baisse des dépenses publiques nécessaires
à la transition énergétique ou à la moderni-
sation de l’économie, d’où maintien d’une
dépendance forte vis-à-vis des énergies fossi-
les et ralentissement supplémentaire de la
productivité.
On voit donc que réagir à une révision à la
baisse des gains de productivité et de la crois-
sance, en réduisant les dépenses publiques
(on pourrait raisonner aussi avec l’hypothèse
d’une hausse des impôts) est inefficace.
Il faudra sortir de
cette politique restrictive,
et s’inspirer de la politique
menée aux Etats-Unis.
Cette politique conduit à une forte baisse
de la croissance, déjà déprimée, et à une
réduction modeste du déficit public. Si cette
politique est poursuivie de 2024 à 2027,
la croissance en conséquence de cet ajuste-
ment budgétaire, passerait de 0,8 % par an à
–0,1 % par an.
Il faudra donc sortir de cette politique res-
trictive, et s’inspirer de la politique menée aux
Etats-Unis : hausse des dépenses publiques
favorables à la croissance (stimulation de
l’investissement, particulièrement dans
l’investissement de transition énergétique,
des relocalisations industrielles), supplément
en conséquence des gains de productivité et
de croissance, et réduction du déficit par la
hausse des recettes fiscales due à la hausse de
la croissance et non par la hausse des dépen-
ses publiques.
Patrick Artus est conseiller économique
chez Natixis.
gestion de l’eau. Le réchauffement
climatique conjugué aux besoins à
venir croissants liés à l’agriculture et à
l’industrie vont créer des tensions de
plus en plus insupportables entre
l’offre et la demande. Une situation
explosive sachant qu’un tiers de
la population mondiale ne dispose pas
d’installations pour se laver les mains,
ce qui accroît considérablement
le risque d’épidémies. Des solutions
existent, nous dit l’auteur, à condition
de hisser au niveau de la gouvernance
mondiale – l’ONU – la gestion d’une
ressource aujourd’hui menacée de
disparition graduelle. —Daniel Fortin
La fin de l’eau ?
de Simon Porcher. Editions Fayard.
293 pages. 21,50 euros.
France-Allemagne :
l’indispensable entente
Dominique Moïsi et Michael Mertes, deux experts reconnus, explorent
à la fois les heurs et malheurs de la relation franco-allemande et la
resituent dans un contexte mondial en pleine révolution. Indispensable !
LE REGARD SUR LE MONDE
de Michael
Mertes
et Dominique
Moïsi
’Europe a besoin des Etats-Unis…
L les Etats-Unis ont besoin de
l’Europe. » Alors qu’on vient de
célébrer le 75e anniversaire de l’Otan, on
serait tenté d’ajouter une phrase au
discours de son Secrétaire général, Jens
Stoltenberg : « Et l’Europe a besoin d’une
relation franco-allemande forte et con-
fiante. » Alors que la Russie se rappro-
che en termes de menace, avec l’ombre
de ses ambitions anachroniques qui
obscurcit le ciel européen, l’Amérique
s’éloigne en termes de protection, dis-
traite comme elle peut l’être par ses divi-
sions internes.
Dans un tel contexte, la France et
l’Allemagne ne peuvent être unies par la
seule montée en puissance en leur sein
de leurs extrêmes droites respectives.
D’autant plus qu’un troisième facteur
doit être pris en compte : le poids de la
décision prise par les Britanniques en
juin 2016 de quitter l’Union euro-
péenne. Londres ne peut plus jouer les
intermédiaires pour rapprocher les
positions de Paris et de Berlin, comme
elle a pu le faire (rarement) dans le
passé, pas plus que Paris ne peut rap-
procher les émotions divergentes de la
Grande-Bretagne et de l’Allemagne,
comme ce fut le cas, au niveau des élites
au moins, au lendemain de la réunifica-
tion allemande.
Paris et Berlin aujourd’hui ne doivent
pas plus fermer les yeux sur les points
qui les séparent – surtout en matière de
sécurité – qu’ils ne doivent oublier ce qui
continue de les unir. Et qui a fait de leur
réconciliation, un symbole fort qui va
bien au-delà du continent européen.
Aujourd’hui encore, en Asie, il y a des
Japonais qui souhaitent connaître, pour
s’en inspirer, les secrets de la réconcilia-
tion franco-allemande. Il est bien sûr
aisé de dresser le catalogue de tout ce qui
ne va pas entre Paris et Berlin : à com-
mencer par la relation entre le président
français et le chancelier allemand. Trop
d’assurance à Paris, trop d’hésitation à
Berlin. Au-delà des personnes, il y a la
nature même du pouvoir : hypercentra-
lisé en France, divisé en Allemagne.
Il y a, plus profondément encore, le
poids de l’histoire, magnifiée par le
retour de la guerre en Europe. Il est
naturel qu’après douze années de bar-
barie, de 1933 à 1945, le pacifisme soit
plus fort en Allemagne qu’en France. Et
que le remords y nourrisse des hésita-
tions, quand il ne sert pas d’alibi pour
cacher des calculs plus mercantiles.
L’Allemagne a déjà fait tellement souf-
frir les Russes ! C’est au compte-gouttes
qu’elle doit fournir des armes et des
munitions à l’Ukraine aujourd’hui, et
encore pas n’importe lesquelles ?
Du côté français, sa diplomatie a
connu une révolution copernicienne,
en passant de la volonté affichée « de ne
pas humilier la Russie », à celle de « ne
pas exclure l’envoi de troupes sur le sol
ukrainien ». Emmanuel Macron, tel
Paul sur le chemin de Damas, a-t-il eu la
révélation tardive de la vraie nature du
pouvoir et des ambitions russes ? Peu
importe, l’essentiel est ailleurs.
Paris et Berlin
ne doivent pas plus
fermer les yeux
sur les points
qui les séparent
qu’ils ne doivent oublier
ce qui continue
de les unir.
La France comme l’Allemagne
(l’Allemagne plus encore que la France
sans doute) ont été bousculées dans
leurs convictions et leurs pratiques par
l’évolution du contexte stratégique
européen et mondial. Berlin, comme l’a
remarqué, avec finesse, la géopoliti-
cienne allemande, Constance Stein-
müller, avait pris l’habitude de « se repo-
ser pour sa sécurité sur les Etats-Unis,
pour son énergie sur la Russie et pour son
commerce sur la Chine ».
Ces trois piliers se sont trouvés être – à
des degrés divers – tous remis simulta-
nément en cause. Mais la réaction de
l’Allemagne a été in fine, et globalement,
à la hauteur du défi. Berlin dépense
désormais infiniment plus pour sa
défense, satisfaisant ainsi les critères de
l’Otan, et a trouvé dans des délais très
courts des alternatives aux hydrocarbu-
res russes. Même si l’Allemagne dépend
toujours très largement de ses échanges
commerciaux avec la Chine.
Quant à la France, elle disait depuis
longtemps que l’Europe ne pouvait pas
dépendre exclusivement pour sa sécu-
Lundi 8 avril 2024 Les Echos 12
Michael Kappeler / DPA / Zuma-RÉA
rité des Etats-Unis. Et qu’il devait, pour le
moins, exister une dimension euro-
péenne de sécurité autonome au côté de
l’Otan. Telle la princesse endormie de
« La Belle au bois dormant », que le pré-
sident français avait déclaré un peu
imprudemment « en état de mort céré-
brale », l’organisation de sécurité atlanti-
que a été réveillée, non pas par un baiser,
mais par un coup violent : celui porté à
l’Ukraine par Poutine. En réalité, le pro-
blème pour l’Europe aujourd’hui n’est
pas l’Otan : c’est l’Amérique elle-même.
Il ne s’agit plus pour l’Europe d’exister à
côté de l’Otan, mais de tenir, potentielle-
ment sans l’Amérique, face à la Russie.
Ce contexte nouveau doit conduire la
France et l’Allemagne à revisiter leur
histoire commune et à en tirer des
leçons pour le présent. A l’été 1945 – la
guerre venait de prendre fin en
Europe –, deux résistants, l’un français,
Jean-Marie Soutou, l’autre franco-alle-
mand, Joseph Rovan, se retrouvèrent
sur un quai de gare. Ils parvinrent tous
deux à la même conclusion : « La France
aurait l’Allemagne de ses mérites. » Il fal-
lait, le plus vite possible, jouer la carte de
la réconciliation et celle de l’Europe.Il
fut nécessaire d’attendre 1985 pour que
l’Allemagne déclare, par la voix de son
président, Richard von Weizsäcker, que
le 8 Mai 1945 devait être perçu par les
Allemands (à l’époque, il ne pouvait
s’agir que des Allemands de l’Ouest)
comme une victoire : celle de la liberté
sur l’oppression : même si le bien avait
été imposé de l’extérieur.
On serait tenté aujourd’hui de dire,
plagiant Jean-Marie Soutou et Joseph
Rovan, que « la France et l’Allemagne
auront l’Europe de leurs mérites ». Il ne
s’agit pas bien sûr de prétendre que
l’Europe se résume au couple franco-
allemand. Cela n’a jamais été vrai. Et ce
l’est moins encore aujourd’hui. On ne
saurait oublier le rôle essentiel de
l’Europe centrale et orientale, en parti-
culier la Pologne, sans oublier bien sûr
les courageuses républiques baltes. Et
la Grande-Bretagne, même si elle a
choisi de quitter l’Union européenne,
n’en demeure pas moins en Europe un
acteur clé sur le plan de la sécurité. Mais
pour des raisons tant réelles que sym-
boliques, la France et l’Allemagne conti-
nuent de jouer un rôle clé. Et leur bonne
entente demeure indispensable et
irremplaçable.
Michael Mertes est ancien conseiller
du chancelier Kohl.
Dominique Moïsi est géopolitologue.
 13 Les Echos Lundi 8 avril 2024
opinions
LE POINT
DE VUE
de Philippe Carli
a presse d’information constitue
L plus que jamais le média indis-
pensable au fonctionnement de
notre société, en mettant à disposition
de ses 50 millions de lecteurs mensuels,
en papier et en numérique, le travail
professionnel et vérifié de plus de
12.000 journalistes (employés par les
journaux adhérents de l’Alliance de la
presse d’information générale), pré-
sents dans tous les territoires.
A l’heure où la désinformation fait
des ravages et suscite des craintes légiti-
mes pour l’avenir de nos démocraties,
faut-il fragiliser ce modèle un peu plus
qu’il ne l’est déjà ? C’est pourtant ce qui
serait envisagé avec une modification
des règles du jeu publicitaire entre
médias au profit de la télévision, visant
à ouvrir les vannes de la publicité à la
télévision pour le cinéma, l’édition litté-
raire, et surtout pour les opérations
commerciales de promotion de la dis-
tribution.
L’objectif prioritaire de sauvegarde
du pluralisme de la presse, aujourd’hui
menacé économiquement, devrait
conduire à préserver ces protections
validées à plusieurs reprises par les juri-
dictions compétentes. Leur suppres-
sion signerait une triple erreur.
Première erreur : transférer des res-
sources d’un média atomisé vers un
autre plus concentré et plus prospère.
Deuxième erreur : cliver davantage
entre la capitale et les territoires, en
transférant des ressources des médias
locaux vers des acteurs nationaux, au
détriment du maillage de proximité
LE POINT
DE VUE
de François Joubert
’exception française frappe enco-
L re. Quinze ans après l’ouverture à
la concurrence, la situation de
quasi-monopole perdure, avec des four-
nisseurs historiques qui détiennent en-
core plus de 60 % du marché du gaz et de
l’électricité. Alors que le pouvoir d’achat
reste la principale préoccupation des
Français, les alternatifs proposent des
prix pouvant aller jusqu’à -21 % par rap-
port au tarif réglementé de l’énergie, soit
une économie moyenne de 250 euros
pour un appartement de deux pièces,
500 euros pour une maison.
Bonnes pour le consommateur, en
cohérence avec les objectifs des politi-
ques publiques sur le pouvoir d’achat,
alignées avec Bruxelles… On s’atten-
drait à ce que ces offres soient encoura-
gées par les pouvoirs publics. Bien au
contraire, la dévalorisation des fournis-
seurs alternatifs et la protection de
l’opérateur historique sont devenues
systématiques. Chaque jour apporte
son lot de prises de position et d’actions
en faveur du monopole. Dépeints com-
me des intermédiaires superflus, de
simples traders, les alternatifs affaibli-
raient le champion national et compro-
mettraient les futurs développements
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
des EPR, désormais présentés comme
l’alpha et l’oméga de la politique énergé-
tique, alors que tous les experts s’accor-
dent pour dire que l’avenir est dans le
mix et la complémentarité.
Comment les alternatifs peuvent-ils
vendre moins cher ? Leur compétitivi-
té repose sur trois piliers : leur capacité
à acheter de l’énergie sur les marchés
de manière intelligente et agile, l’effica-
Retrouvez
tous nos graphiques sur
lesechos.fr/infographies
Publicité et information :
ne pas commettre
une triple erreur
assuré par les rédactions des journaux
d’information.
Troisième erreur, enfin : affaiblir la
presse écrite, alors qu’elle emploie près
de 70 % des journalistes dans notre pays
et qu’elle a été la première victime de
la concurrence massive et parfois
déloyale des grands acteurs technologi-
ques internationaux sur le marché
publicitaire (Google, Meta et Amazon
concentraient 68 % des investissements
publicitaires numériques français
en 2023).
Des outils sont à
inventer pour valoriser
les investissements
des annonceurs dans les
médias d’information,
par exemple en en
faisant un critère ESG.
La publicité constitue une ressource
indispensable à la production d’une
information généraliste de qualité et au
financement du journalisme profes-
sionnel, conditions essentielles du
débat démocratique. Pourquoi détour-
ner ces ressources vers l’audiovisuel,
pour qui l’information est un métier
parmi d’autres ?
Alors que les annonceurs ont eux-
mêmes déclaré leur opposition à cette
ouverture par la voix de l’Union des
marques, et alors que les études mon-
trent les unes après les autres la capta-
Marché de l’énergie :
sortir enfin
du monopole !
cité opérationnelle apportée par le nu-
mérique, et des marges drastiquement
plus faibles.
Les sceptiques font remarquer que
lors de la crise énergétique exception-
nelle de 2022, les fournisseurs alterna-
tifs ont été contraints d’ajuster leurs
prix à la hausse. Cette situation tempo-
raire a placé leurs tarifs au-dessus du ta-
rif réglementé de vente, que le gouver-
nement a fait le choix au contraire de ne
pas ajuster, permettant à EDF de vendre
à ses clients en dessous des prix du mar-
ché. Conséquence : une migration mas-
sive des clients des alternatifs vers l’opé-
rateur historique et une facture salée
pour le contribuable. En réalité, sur le
long terme, les alternatifs sont bien
moins chers que l’opérateur historique.
La dévalorisation des
fournisseurs alternatifs
et la protection de
l’opérateur historique
sont devenues
systématiques.
Difficile de ne pas rapprocher les
multiples pressions sur les fournisseurs
alternatifs du changement de cap brutal
de la politique énergétique française : le
redressement d’EDF racheté par l’Etat à
une fraction de son cours d’introduc-
tion et la relance du nucléaire apparais-
sent désormais comme les principales –
voire les seules – priorités, reléguant au
second plan le développement des éner-
gies renouvelables, la sobriété énergéti-
tion de la valeur en ligne par des plate-
formes américaines et chinoises au
détriment de l’ensemble des médias,
d’autres priorités devraient s’imposer
aux politiques publiques.
A commencer par rétablir la transpa-
rence et l’équité sur le marché de la
publicité en ligne, sur lequel les prati-
ques condamnées par l’Autorité de la
concurrence en 2021 perdurent ; cela
pourrait également consister à rendre
interopérables en pratique les services
d’intermédiation de publicité en ligne,
ce qui renforcerait le modèle économi-
que, non seulement de la presse d’infor-
mation, mais, au-delà, de l’ensemble
des médias.
De même, des outils sont à inventer
pour valoriser les investissements des
annonceurs dans les médias d’informa-
tion, par exemple en en faisant un cri-
tère ESG (environnemental, social et de
gouvernance).
Enfin, les pouvoirs publics devraient
s’intéresser à leurs propres investisse-
ments en communication : s’assurer
qu’ils financent les médias implantés
sur le territoire et qui emploient des
journalistes, et non seulement les plate-
formes numériques, aurait le mérite de
montrer leur préoccupation sincère
pour le financement des médias, au-
delà de telle ou telle revendication sec-
torielle.
Philippe Carli est président
de l’Alliance de la presse
d’information générale
et président du Groupe EBRA.
que et la recherche du prix bas par la
concurrence. Allons-nous vers la dispa-
rition de fait ou de droit de la concurren-
ce et un retour au tout nucléaire, tout
EPR de surcroît ? Une perspective assez
sombre pour la France, préfigurant, si
tel était le cas, d’une crise industrielle et
économique majeure. Quatorze nou-
veaux projets sur le point d’être initiés,
un calendrier qui dérape et une facture
qui gonfle de semaine en semaine…
Aucune entreprise bien gérée ne ferait
le choix de l’unicité technologique alors
que, pour mémoire, le projet finlandais
et l’EPR français de Flamanville ont ac-
cumulé douze ans de retard et un coût
multiplié par quatre. La catastrophe in-
dustrielle pointe également pour l’EPR
anglais, qui a déjà quatre ans de retard
et un surcoût qui dépasse 100 %.
La France doit plutôt faciliter le déve-
loppement d’un environnement écono-
mique diversifié et riche, composé d’en-
treprises engagées à la fois dans la
production et la fourniture, afin de ga-
rantir une variété d’offres et d’options.
C’est essentiel pour assurer la résilience
du système qui a cruellement manqué à
notre pays en 2022. En Espagne, marché
le plus compétitif d’Europe avec
400 fournisseurs, Iberdrola, tout petit
acteur par rapport à EDF il y a vingt ans,
était valorisé quatre fois plus qu’EDF
lors de l’arrêt de sa cotation… Une preu-
ve supplémentaire, s’il en était besoin,
qu’un grand champion a aussi besoin
d’être challengé !
François Joubert est directeur
général d’Ohm Energie.
art&culture
Dans le royaume de Brancusi
Judith Benhamou EXPOSITION
Brancusi
L’atelier de l’artiste est un
monde à lui tout seul au
sein duquel il fait et défait
Paris, Centre Pompidou
www.centrepompidou.fr
Jusqu’au 1er juillet
son grand univers plasti-
que. Le sculpteur majeur de la première
partie du XXe siècle, Constantin Brancusi
(1876-1957), arrive à Paris en 1904 avant de
s’installer en 1916 dans trois baraques misé-
rables accolées, qu’il va transformer en
royaume de ses formes, impasse Ronsin,
dans le quartier de Montparnasse. Avec le
succès et le temps, il s’agrandit, mais reste
jusqu’à sa mort dans la petite artère consa-
crée aux artistes.
C’est en partant de cette idée de l’atelier,
que la commissaire Ariane Coulondre a
conçu au Centre Pompidou une exposition
exceptionnelle. Aussi belle que didactique,
elle réunit près de 400 pièces dont 150 sculp-
tures du maître des formes épurées.
Brancusi se refuse à exposer ses œuvres
en dehors de son écosystème. « Quand de
mauvaise grâce il cède à un collectionneur
l’une de ses sculptures, il la remplace par un
moulage en plâtre », explique la commis-
saire de l’exposition.
Mais Brancusi n’est pas qu’un créateur
éternellement possédé par son atelier. Il est
aussi le promoteur habile de son propre
mythe. Au sein de son espace, c’est lui qui
photographie et développe les images de
ses œuvres. Le corpus de sa création n’est
Aussi belle que didactique, l’exposition du Centre Pompidou réunit près
de 400 pièces dont 150 sculptures de Brancusi. Photo Audrey Laurans/Centre Pompidou
Mathieu Belezi, tout feu
tout flamme
Marceau Cormerais ROMAN FRANÇAIS
Moi, le Glorieux
Dans l’Algérie de la guerre de Mathieu Belezi.
d’indépendance, entre Le Tripode, 336 pages,
Attila et Gargantua, il y a 21 euros.
Albert Vandel, richissime
colon français de « cent quarante ans » et
« cent quarante kilos de gloire ». « Bobby caïd,
Bobby baroud, Bobby la baraka », le monstre
n’est que « ventre de khalife » et « braque-
mart de vingt-cinq centimètres ». Entouré de
mercenaires et de servantes, le bonhomme
assiste à la chute de son empire depuis sa
tour d’ivoire et Mathieu Belezi se mue en
rapporteur du soliloque infernal.
Le « ils ne m’auront pas » de Vandel
revient à chaque chapitre tandis que le FLN
avance dehors. Dans son isolat de stupre et
de démesure, le vieillard adipeux ressasse
jusqu’à lasser Ouhria, sa servante. Chaque
chapitre s’établit dans les cris et les canon-
nades, l’apocalypse de la guerre est partout
et pourtant Vandel préfère s’enfoncer dans
la nostalgie, s’ensevelir dans le récit intaris-
sable de ses chasses, de ses banquets, de ses
orgies et de ses rapines.
Ce n’est pas avec une citation qu’on peut
communiquer ou même décrire le style
pratiqué par Belezi dans « Moi, le Glo-
rieux ». Enturbanné d’excès, tempétueux,
cru, construit sur la répétition autant que la
IDÉES
pas immense mais comme
le montre très bien l’exposi-
tion, il décline chaque
thème à l’infini, animé par
des variations, durant de
nombreuses années.
Muses et oiseaux
Entre 1909 et 1918, il sculpte ainsi une quin-
zaine de « Muses endormies », cette tête
réduite à sa plus simple expression. Comme
un œuf avec un nez, des yeux clos et des che-
veux plaqués. De même entre 1919 et 1947 il
crée une trentaine d’« Oiseaux dans
l’espace », cette forme élancée à la base fine
telles des pattes de volatile. Un défi aux
règles de l’équilibre. Au Centre Pompidou,
cette grande série est l’objet d’une installa-
tion grandiose face à une baie vitrée qui
ouvre sur les toits de Paris.
En 1907, pendant trois mois à peine, il est
l’une des petites mains de l’atelier de Rodin.
Sa phrase la plus célèbre « rien ne pousse à
l’ombre des grands chênes » justifie son
départ précipité de l’atelier d’Auguste
Rodin. Mais sa pensée sur l’importance du
père du « Penseur » est plus riche que cela :
« Rodin arrive et il transforme tout […] Son
Balzac, reste le point de départ incontestable
de la sculpture moderne ». Chez son maître,
le jeune Roumain apprend l’usage des frag-
ments de corps. Et lorsqu’il veut faire un
portrait décide de ne montrer que la tête.
Même le cou est effacé. n
graisse chiffrée jusqu’à
l’obsession, son monologue
broie le lecteur : rien ne
semble pouvoir faire cesser
le ressac de la langue esto-
mac d’Albert Vandel. Il n’y
a qu’un point par chapitre, le reste est en
virgules.
Gageure soutenue
La vérité historique n’est pourtant jamais
loin et la vapeur s’inverse progressivement
à mesure que la nécessité abhorrée de fuir
« son » Algérie s’impose à Albert Vandel.
Roman de terre brûlée et de course éperdue
contre la fatalité, « Moi, le Glorieux » hysté-
rise la guerre pour en extraire le substrat
mythologique jusqu’à flirter avec le conte
épique ou le poème en prose hallucinatoire.
« Suis-je en train de devenir fou ? » Albert
Vandel s’interroge sur son lit « d’empereur
de Chine », horizontal au creux de son règne
immolé, à cheval entre « Les Romains de la
décadence » de Couture et « La Mort de Sar-
danapale » de Delacroix.
Tenir plusieurs centaines de pages dans
le crâne d’un monstre ? Gageure tenue.
Avec son roman d’apocalypse, de flamme et
de sang, Belezi signe l’un des titres les plus
remarquables de ce début d’année litté-
raire. n

enquête
Les robots humanoïdes, nouvelle
bataille entre la Chine et les Etats-Unis
TECHNOLOGIE // Porté par les progrès de l’intelligence artificielle, le développement de robots à forme humaine s’accélère
des deux côtés du Pacifique. Le pouvoir de Pékin y voit un moyen d’accélérer la modernisation de son appareil industriel,
quand Tesla et le capital-risque américain parient sur leur adoption massive dans les entrepôts et les usines.
Benoît Georges (à New York)
et Frédéric Schaeffer
(envoyé spécial à Shenzhen)
e 29 décembre dernier, pour la pre-
L mière fois dans l’histoire de la Bour-
se de Hong Kong, ce n’est pas un
homme mais un robot humanoïde qui a
frappé le gong. Foulant le tapis rouge du
haut de son 1 m 45 et lourd de ses 77 kg, Wal-
ker S tenait le maillet fermement serré entre
ses doigts articulés pour lancer l’introduc-
tion en Bourse d’UBTech, la société chinoise
qui lui a donné jour.
Créé en 2012 à Shenzhen, UBTech n’en-
tend pas seulement marquer l’histoire de la
Bourse de Hong Kong. L’entreprise veut ré-
volutionner l’industrie et les services à la
personne en faisant passer la robotique
dans une nouvelle ère : celle des bipèdes ar-
tificiels, capables d’interagir avec les hu-
mains. Le tout sous le regard bienveillant de
Pékin, qui veut faire des robots humanoïdes
la nouvelle étape de la modernisation de son
appareil industriel et de sa course au leader-
ship technologique face à Washington.
« La dextérité va s’améliorer »
De l’autre côté du Pacifique, les androïdes
ne sont pas encore cotés à Wall Street, mais
ils aiguisent déjà l’appétit des investisseurs.
La start-up Agility Robotics, installée dans
l’Oregon, a reçu 180 millions de dollars de-
puis sa création, en 2018. Son concurrent
Apptronik, fondé en 2016 par une équipe de
l’université du Texas, avait récolté 15 mil-
lions de dollars en 2022. Le record de finan-
cement est détenu par une autre start-up,
Figure AI, qui a levé en février 675 millions
de dollars auprès de stars de l’intelligence
artificielle comme OpenAI, Nvidia ou Mi-
crosoft, et du fondateur d’Amazon Jeff
Bezos. Né dans la Silicon Valley il y a moins
de trois ans, Figure AI est valorisé 2,6 mil-
liards de dollars, alors que son premier ro-
bot n’existe encore qu’à l’état de prototype.
Un quart
de siècle
après la pré-
sentation d’Asi-
mo par le japonais Hon-
da, les robots à forme humaine ne sont plus
vus comme une niche technologique réser-
vée à quelques laboratoires de recherches.
Pour de nombreux acteurs, ils constituent
un marché d’avenir. « Des robots humanoï-
des existent depuis longtemps, mais depuis
l’an dernier, quelque chose a changé. Il y a tant
de montants investis dans leur développement
que cela devient un phénomène important
pour notre industrie », estime le Dr Susan
Bieller, secrétaire générale de l’International
Federation of Robotics (IFR), qui vient de
placer les androïdes dans les Top 5 des ten-
dances du secteur. « L’autre fait notable est
qu’aux Etats-Unis, plusieurs entreprises tes-
tent et commencent à utiliser ces machines. »
Amazon est le premier à s’y être essayé.
En octobre dernier, dans un de ses entre-
pôts de Seattle, le numéro un mondial de l’e-
commerce a dévoilé à la presse son expéri-
mentation de Digit, le robot d’Agility
Robotics. Pour l’heure, son « travail » se li-
mite à prendre des caisses de plastique vi-
des sur un tapis roulant et à les ranger sur
des étagères. Sa démarche semble lente et
malhabile. Pour autant, Amazon n’est pas le
seul à s’y intéresser : un autre géant du sec-
teur, GXO Logistics, emploie Digit depuis
trois mois dans un entrepôt proche d’Atlan-
ta (Géorgie) qu’il opère pour le compte de la
marque de vêtements de sport Spanx. Là
aussi, le bipède se contente de déplacer des
caisses, mais celles-ci sont pleines – selon
son fabricant, Digit peut porter jusqu’à 16 kg
de charge utile.
De l’entrepôt à l’usine, il n’y a qu’un pas que
BMW s’apprête à franchir aux Etats-Unis : le
constructeur allemand a passé un accord
avec Figure AI afin d’« identifier des cas d’usa-
ge » pour son androïde, Figure 01, avant de le
déployer sur son immense campus de Spar-
« Nous sommes à l’aube
d’une révolution qui
changera profondément
la production, le mode
de vie des humains
et le développement
industriel mondial. »
MINISTÈRE CHINOIS
DE L’INFORMATION
ET DES TECHNOLOGIE
tanburg, en Caroline du Sud, d’où sortent
1.500 véhicules par jour. A ce stade, les deux
partenaires n’indiquent ni quand ni com-
bien de robots seront expérimentés. Un
autre géant allemand de l’automobile, Mer-
cedes-Benz, vient d’annoncer son intention
de faire de même, toujours aux Etats-Unis,
cette fois avec le robot d’Apptronik, Apollo.
Dans les deux cas, il ne s’agit pas (encore)
de remplacer les ouvriers sur les chaînes de
montage mais de tester ces nouveaux robots
sur des tâches logistiques. Une première éta-
pe, confiait en octobre aux « Echos » Jeff
Cardenas, le PDG d’Apptronik : « Nos projets
pilotes portent sur la manipulation de cartons
et de bacs, qui sont les applications les plus
simples. Mais la dextérité d’Apollo va s’amé-
liorer, et la gamme de ce qu’il pourra faire aug-
mentera au fil du temps. »
En Chine aussi, les bipèdes de métal com-
mencent à sortir des laboratoires pour re-
joindre les usines. « Vous n’avez encore rien
vu ! Les robots humanoïdes vont rapidement
bouleverser nos vies, comme l’iPhone et son
App Store ont révolutionné l’usage du mobi-
le », s’enthousiasme Michael Tam, respon-
sable de la marque chez UBTech. Discrète-
ment, un Walker S vient de faire son entrée
dans l’usine flambant neuve du construc-
teur de voitures électriques Nio, surnommé
le « Tesla chinois ».
Dans la banlieue de Hefei, dans l’est de la
Chine, le robot humanoïde d’UBTech effec-
tue des inspections de qualité (phares, ser-
rures de porte, ceintures de sécurité). Une
vidéo mise en ligne le montre également po-
ser le logo du constructeur sur la carrosse-
rie sur une ligne de montage du site, où près
d’un millier de robots industriels côtoient
quelque 2.000 salariés. « Nous avons intro-
duit un entraînement pour les robots huma-
noïdes. C’est le premier exemple au monde où
un robot humanoïde collabore avec des
ouvriers sur la chaîne de production pour ef-
fectuer des tâches d’assemblage de véhicules
et d’inspection de qualité », explique une por-
te-parole de Nio sans plus de détails.
A l’heure où la Chine mène la course dans
le véhicule électrique, UBTech, dont le siège
n’est qu’à quelques kilomètres de celui du
leader mondial BYD à Shenzhen, est
convaincu que les usines automobiles chi-
noises de voitures électriques seront les pre-
mières à s’équiper des robots de nouvelle
génération. L’industrie automobile est déjà
un acheteur majeur de robots industriels.
Elon Musk, le catalyseur
Ironie de l’histoire, Tesla, la marque auto-
mobile à l’origine de cette course aux robots
humanoïdes, n’en utilise encore aucun
dans ses usines. En août 2021, Elon Musk
avait annoncé à la surprise générale que
Tesla travaillait sur son propre robot, Opti-
mus. Il n’a cessé de vanter depuis ses pro-
grès à travers de multiples vidéos, de plus en
plus spectaculaires… mais sans donner de
date pour sa mise en service. Les experts du
secteur estiment que la personnalité – et la
fortune – hors normes du fondateur de Tes-
la et SpaceX ont joué un rôle de catalyseur,
poussant de nombreux entrepreneurs et in-
vestisseurs à se lancer. « Le fait qu’Elon
Musk ait affirmé qu’il voulait développer un
robot humanoïde pour travailler dans ses
usines a suscité une énorme attention des mé-
dias et des clients potentiels », reconnaît Su-
san Bieller.
Les ambitions d’Elon Musk n’ont pas
échappé non plus aux acteurs chinois, qui
voient leur vision légitimée par le célèbre
entrepreneur américain. « Avant que Tesla
annonce son arrivée dans les robots huma-
noïdes, beaucoup de gens nous prenaient un
peu pour des fous », concède Michael Tam.
Outre UBTech, d’autres start-up chinoi-
ses de robots (Dreame, Fourier Intelligence,
Unitree Robotics etc.) se sont lancées dans
la bataille, tout comme des fabricants de
composants (Sanhua, Tuopu, Leader -
« L’attrait des robots
humanoïdes est de
pouvoir accomplir des
choses très différentes,
et donc potentiellement
de remplacer trois
ou quatre robots.
Mais nous en sommes
encore loin. »
STEVE CROWE
Rédacteur en chef du site Robot Report
Drive…), des poids lourds de la tech comme
Xiaomi (qui se lance dans la voiture électri-
que) et le fabricant de véhicules électriques
Xpeng.
Si ces entreprises se sentent pousser des
ailes, c’est qu’elles ont derrière elles le sou-
tien de Pékin. « La Chine est le seul grand
pays à soutenir publiquement le développe-
ment de robots humanoïdes et à le bombar-
der d’investissements », explique Xie Ming,
professeur l’École de génie mécanique et
aérospatial de l’université technologique de
Nanyang (NTU), à Singapour.
Dans sa grande tradition planificatrice, le
régime communiste a publié en novem-
bre 2023 un document de neuf pages fixant
des lignes directrices sur l’innovation et le
développement des robots humanoïdes,
avec pour objectif d’en produire en masse
d’ici à 2025. Autant dire demain !
Alors que la Chine est à la recherche de
relais de croissance, les robots humanoïdes
représentent une nouvelle « technologie de
rupture aussi importante que l’arrivée des or-
dinateurs, des smartphones et des véhicules à
énergie nouvelle », estime le ministère chi-
nois de l’Information et des Technologies.
Nous sommes à l’aube d’une révolution qui
« changera profondément la production, le
mode de vie des humains et le développement
industriel mondial », poursuit-il.
Pour ne pas rater le train et tenter de rem-
porter cette nouvelle course technologique,
la Chine a l’ambition de réaliser des applica-
tions dans des environnements spécialisés,
manufacturiers et grand public d’ici à 2025,
avec la création de deux à trois champions
nationaux et de deux à trois pôles de déve-
Jenna Rehe, ingénieure en IA, travaille sur le robot Figure 01 chez Figure AI
à Sunnyvale, en Californie. Photo Jae C. Hong/AP/Sipa
Lundi 8 avril 2024 Les Echos 14
loppement industriel. A l’horizon 2027,
l’objectif de Pékin est de former une chaîne
d’approvisionnement et un écosystème in-
dustriel de premier plan mondial.
Et si le message n’était pas assez clair, de
manière quasi concomitante, le puissant
leader chinois Xi Jinping s’affichait en train
d’examiner des semi-conducteurs, puis de
regarder marcher un robot humanoïde lors
d’une rare visite à Shanghai. Deux secteurs
hautement stratégiques pour la Chine, qui
ne veut plus dépendre des Etats-Unis.
A Washington, l’administration Biden
n’avait pas inclus les androïdes dans son im-
mense plan d’investissements publics post-
Covid, l’Inflation Reduction Act, voté en
août 2022. Une agence fédérale a pourtant
joué un grand rôle dans leurs progrès ac-
tuels. La Defense Advanced Research Pro-
jects Agency (Darpa), branche du Pentago-
ne chargée d’explorer les technologies les
plus futuristes, a lancé dès 2012 un défi
mondial pour imaginer des robots réelle-
ment capables de remplacer les humains.
Un an après la catastrophe de Fukushi-
ma, l’idée était de tester des androïdes pour
des interventions d’urgence : descendre
d’un véhicule, ouvrir une porte, fermer une
vanne, évoluer parmi des décombres, etc.
Après trois ans d’épreuves ayant vu s’af-
fronter les laboratoires du monde entier, le
concours s’est terminé par la victoire de
chercheurs coréens, et n’a pas débouché
immédiatement sur des avancées com-
merciales. Mais il a fait naître la star des an-
droïdes, Atlas, le colosse de Boston Dyna-
mics, dont les vidéos de sauts périlleux et
de course ont recueilli des millions de vues
sur YouTube.
Comme si ChatGPT
était doté de bras et de jambes
Plusieurs anciens participants du Darpa
Robotics Challenge ont ensuite fondé ou re-
joint des start-up, à commencer par Digit et
Apptronik. Ce dernier a également profité
des subsides d’une autre agence fédérale
américaine, la Nasa, pour un projet explo-
rant l’utilisation de robots humanoïdes
dans l’espace.
Outre leur antériorité, les Etats-Unis bé-
néficient de leurs avancées dans un autre
domaine jugé indispensable à la montée en
puissance des androïdes : l’intelligence arti-
ficielle. C’est elle qui doit permettre aux ro-
bots de devenir réellement autonomes, ce
qui implique d’analyser en permanence
15 Les Echos Lundi 8 avril 2024
Page de gauche, un robot Walker
de UBTech Robotics.
Photo Bridget Bennett/Bloomberg
A droite, un Digit
d’Agility Robotics.
Photo Agility Robotics/Cover Images/SI
leur environnement et d’agir aux côtés des
humains en comprenant leurs besoins et
leurs intentions.
Dans ce domaine aussi, les grandes
manœuvres ont démarré aux Etats-Unis, où
la quête d’une « intelligence artificielle géné-
rale », capable comme les humains de trai-
ter des sujets de toute nature, se double de
celle d’un « robot humanoïde à usage géné-
ral » (« general purpose humanoid robot »),
qui se rendrait utile à la fois dans l’industrie,
les services à la personne et les loisirs.
Lors de la conférence annuelle de Nvidia,
mi-mars à San Jose en Californie, le PDG Jen-
sen Huang a présenté un nouveau modèle
d’IA générative, Projet GR00T (« Generalist
Robot 00 Technology »), conçu pour accélé-
rer le développement des robots humanoï-
des en leur permettant de comprendre le
langage naturel et d’apprendre de nouveaux
mouvements en observant les humains.
Conçu comme une plate-forme, GR00T
pourrait fonctionner avec différents modè-
les concurrents. Parmi les premiers parte-
naires figurent les américains Apptronik,
Agility, Figure AI et Boston Dynamics, mais
aussi le chinois Unitree Robotics qui a fait
sensation, en ouverture de la conférence
Nvidia, en présentant une vidéo de la der-
nière version de son robot humanoïde ca-
pable d’établir un nouveau record mon-
dial de vitesse, à 3,3 mètres par seconde
(11,9 km/h). Dans le même temps, Figure
AI collabore ouvertement avec OpenAI.
Il a publié le mois dernier une vidéo
montrant son robot interagissant par les
gestes et la voix avec un humain, comme
si ChatGPT était doté de bras et de jam-
bes. A Shenzhen, UBTech effectue un
mouvement similaire : l’entreprise vient
d’annoncer qu’il allait intégrer Ernie, le
chatbot du chinois Baidu, dans son an-
droïde Walker S.
Moderniser
l’usine du monde
Pour Susan Bieller, de l’IFR, un troisiè-
me élément explique l’engouement ac-
tuel pour les robots, en particulier
auprès des capital-risqueurs améri-
cains : dans un pays où le taux de chô-
mage est inférieur à 4 %, ils sont vus
comme une réponse aux énormes be-
soins de main-d’œuvre : « Comme un robot
humanoïde est ce qui ressemble le plus à un
travailleur humain, on peut imaginer de lui
confier différentes tâches, sans avoir à
transformer les process comme avec les ro-
bots traditionnels », explique-t-elle. Tou-
jours prêts à travailler à toute heure de la
journée, les robots humanoïdes sont vus
par certains comme le graal pour une usine
du futur fonctionnant 24 heures sur 24.
Si la Chine n’est pas encore à la pointe de
l’innovation robotique, elle accélère à
grands pas. Plus grand marché mondial
pour les robots industriels depuis huit ans,
le pays a fait émerger toute une industrie de
la robotique, soutenue par la forte demande
et de généreuses subventions publiques. A
peine publié le plan de soutien aux androï-
des, les grandes métropoles chinoises ont
commencé à le décliner à coups d’investis-
sements. Pékin, Shanghai et Shenzhen ont
toutes mis en avant le secteur des robots hu-
manoïdes dans leurs récents plans de déve-
loppement.
La capitale chinoise a même créé en jan-
vier un fonds pour la robotique de 10 mil-
liards de yuans (1,2 milliard de d’euros) pour
faire de la ville « un centre de premier plan
mondial pour l’industrie des robots huma-
noïdes », rapporte un média chinois. Un
Centre d’innovation des robots humanoï-
des a aussi été créé à Pékin, faisant travailler
ensemble acteurs privés, entreprises publi-
ques et monde académique. « La Chine dis-
pose d’une large base manufacturière et d’une
chaîne industrielle complète. Elle est capable
de fournir un support technique pour le déve-
loppement de robots et un large éventail de
scénarios d’application industrielle », défend
un long article publié récemment par le
journal officiel du ministère chinois des
Sciences et de la Technologie.
Outre une chaîne d’approvisionnement
ultrasophistiquée et un marché colossal
permettant de réduire les coûts, la Chine
dispose d’un troisième atout : son armée
d’ingénieurs. Elle a aussi un talon d’Achille :
son retard dans les composants de pointe et
l’intelligence artificielle.
Si Pékin arrive à ses fins, l’arrivée des ro-
bots humanoïdes pourrait non seulement
lui permettre de moderniser l’usine du
monde mais aussi de concrétiser son objec-
tif de « nationalisation » des chaînes de va-
leurs. Car encore aujourd’hui les robots
« made in China » restent minoritaires dans
les usines locales (un gros tiers de robots
installés), qui dépendent du savoir-faire oc-
cidental. Pas question donc de rater la pro-
chaine révolution !
D’autant plus que se profile un autre défi
dans une Chine vieillissant à grand pas : le
risque de pénurie de main-d’œuvre. « Il y a
une demande énorme de nombreuses indus-
tries en matière d’utilisation de produits et de
services robotiques de services intelligents
pour relever les défis associés à la pénurie de
main-d’œuvre et à l’augmentation des coûts
de main-d’œuvre », indique UBTech dans
son document d’introduction en Bourse.
Les initiatives de deux côtés du Pacifique,
conjuguées aux récents progrès colossaux
de l’intelligence artificielle, ont poussé
Goldman Sachs à être beaucoup plus opti-
miste sur l’avenir des robots humanoïdes.
La banque d’affaires américaine estime,
dans une étude publiée en début d’année,
qu’ils pourraient représenter un marché de
38 milliards de dollars en 2035, avec 1,4 mil-
lion d’unités installées (quatre fois plus que
prévu il y a un an) – contre à peine quelques
dizaines aujourd’hui. « L’accélération de
l’IA, les percées technologiques et l’augmenta-
tion des investissements en capital sont les
principaux moteurs de nos changements de
prévisions », explique la banque, qui imagi-
ne déjà les robots humanoïdes travaillant
dans les usines de voitures électriques, ou
s’attelant à des tâches périlleuses pour
l’homme.
Si les perspectives s’annoncent radieuses,
beaucoup de défis restent à relever pour
transformer l’essai. Il va d’abord falloir que
les androïdes progressent, à la fois sur la
mécanique et l’intelligence, pour devenir
réellement polyvalents. « Par rapport aux
robots industriels classiques, qui sont conçus
pour une seule tâche, l’attrait des robots hu-
manoïdes est de pouvoir accomplir des choses
très différentes, et donc potentiellement de
remplacer trois ou quatre robots. Mais nous
en sommes encore loin », estime Steve
Crowe, rédacteur en chef du site Robot Re-
port et responsable éditorial du Robotics
Summit, qui se tient début mai à Boston.
Pour séduisante qu’elle soit, l’idée d’un ro-
bot réellement généraliste est encore un ob-
jectif lointain, et les chercheurs en roboti-
que sont divisés sur le temps qu’il faudra
pour y parvenir.
« L’incertitude
du facteur humain »
« Le deuxième point crucial est la fiabilité,
poursuit Steve Crowe. La principale raison
pour laquelle les entreprises s’équipent de ro-
bots, quels qu’ils soient, c’est parce qu’elles
veulent que leurs chaînes de production tour-
nent jour après jour, sans l’incertitude liée au
facteur humain. »
Les bipèdes vont donc devoir progresser
pour se montrer aussi fiables et perfor-
mants que les robots industriels classiques,
employés depuis des dizaines d’années. Ils
vont devoir aussi devenir compétitifs en ter-
mes de prix : les premiers robots humanoï-
des, fabriqués à quelques unités pour une
poignée de laboratoires de recherche, se
chiffraient en centaines de milliers de dol-
lars pièce. Pour convaincre les entreprises,
le consensus est qu’il faudra descendre en
dessous des 100.000 dollars.
« Lorsque Digit sera produit en grande
quantité, son prix baissera considérable-
ment, pour devenir comparable à celui d’une
voiture », expliquait cet automne Jonathan
Hurst, cofondateur et Chief Robots Officer
d’Agility Robotics. La start-up vient de
démarrer dans l’Oregon la construction
d’une usine pouvant fabriquer à terme
10.000 robots bipèdes par an. Son concur-
rent Apptronik vise, lui, de descendre en
dessous des 50.000 dollars, là aussi sans
fixer de date.
Quant à Elon Musk, jamais avare de pro-
messes choc, il avait évoqué en 2022 un tarif
de 20.000 dollars pour Optimus… inférieur
donc à la moins chère des Tesla ! Une vision
largement partagée au siège d’UBTech de
Shenzhen. « Pour l’instant, le coût de Walker
se situe dans les 100.000 dollars, mais il pour-
rait diminuer de moitié d’ici 2025 grâce à la
production de masse de robots humanoïdes
et au développement des technologies », pro-
nostique Michael Tam.
Que l’approche soit portée par des start-
up et par le capital-risque, comme aux
Etats-Unis, ou insufflée et soutenue par le
pouvoir central, comme en Chine, ces ques-
tions de cas d’usage, de fiabilité et de coût se-
ront cruciales pour remporter cette nouvel-
le course technologique. n
 IDÉES Lundi 8 avril 2024 Les Echos 16

sciences

Votre jumeau : ASTROPHYSIQUE // La mission Lisa, chargée de détecter les ondes gravitationnelles depuis l’espace,
est l’une des plus ambitieuses jamais portée par l’Europe. Elle décollera dans une dizaine d’années.
biologique
ou numérique ? Les trous noirs supermassifs sur écoute
Yann Verdo
LA
CHRONIQUE n trio de satellites suivant à bonne
de Stanislas Lyonnet
U distance la course de la Terre
autour du Soleil et formant à eux
trois un triangle équilatéral de 2,5 millions
de kilomètres de côté… De puissants fais-
ceaux laser reliant ces trois satellites deux à
n génétique, les jumeaux monozygotes, deux… Un système interférométrique ultra-

E « vrais » jumeaux biologiques,

partageant quasi exactement le même
génome, ont de tout temps constitué de
puissantes ressources pour comprendre les
composantes héréditaires des maladies. Mais ces
naissances restent rares (4 pour 1.000 grossesses),
et pour en apprendre plus sur nos prédispositions
et nos inégalités de réponses aux traitements face
à une maladie, il faut pouvoir observer et
comparer un nombre bien plus important de
personnes atteintes de symptômes les plus
similaires possibles. Comment comparer
l’incomparable ? Les jumeaux numériques,
version 2.0 de nos adelphes, consistent en une
combinaison de données cliniques, biologiques ou
encore d’imagerie (radios, IRM, scanners,
photographies) issues de patients et permettant
d’en établir des avatars numériques. Ce système,
combiné aux algorithmes d’intelligence
sophistiqué, permettant de mesurer en
temps réel la moindre variation de lon-
gueur de ces faisceaux de lumière, avec une
précision à laisser pantois…
Tel est, dans les grandes lignes, le princi-
pe de la mission Lisa, l’une des plus ambi-
tieuses que l’Agence spatiale européenne
(ESA) ait jamais portée. Son but ? Scruter
l’immensité de l’Univers à travers le prisme
des ondes gravitationnelles.
Depuis le 14 septembre 2015, date de la
première détection directe de ces oscilla-
tions de la courbure de l’espace-temps se
déplaçant à la vitesse de la lumière (que le
génial Einstein avait prédites dès 1916, mais
que la technologie de l’époque ne permet-
tait évidemment pas d’observer), c’est une
nouvelle fenêtre qui s’est ouverte sur l’Uni-
vers. La seconde, après celle que consti-

Max Planck Institute for Gravitational Physics

artificielle, permet d’ores et déjà d’établir des
diagnostics ciblés, des pronostics médicaux ou
encore d’anticiper la réponse à des traitements
ainsi adaptés aux spécificités biologiques de
chacun. Ces jumeaux virtuels sont déjà bien
connus du monde industriel, et lui ont permis
de se transformer de manière remarquable.
C’est pourquoi des alliances public-privé voient
le jour, pour permettre au monde de la santé de
bénéficier de cette expertise. Le consortium
Meditwin par exemple, financé dans le cadre de
France 2030, et constitué de nombreux
partenaires publics, dont 7 instituts hospitalo-
universitaires et des CHU dont l’AP-HP et
Nantes, est conduit par Dassault Systèmes, chef
de file industriel mais aussi acteur majeur des
données médicales et de recherche clinique. La
filière française de la santé numérique est
pleinement associée à travers l’Inria et quatre
start-up : inHEART, Codoc, Neurometers et
Qairnel. Meditwin a pour objectif d’améliorer la
qualité des soins pour une santé plus sûre, plus
accessible, et surtout plus personnalisée.
Il reste encore de nombreuses difficultés à
surmonter pour exploiter les capacités maximales
de cet outil prometteur : quantité et qualité des
données (l’annotation initiale par les experts est
une condition sine qua non), hébergement et
sécurisation, mais aussi IA pour permettre une
fouille et un tri de données « brutes », garantes de
résultats pertinents et de qualité. Dans le domaine
des maladies rares, l’IA et les jumeaux numériques
sont des approches idéales car elles permettent de
combiner des modèles issus de la recherche en
génétique avec les véritables avatars de patients
générés par les données. Et, précisément, c’est une
force particulière de la France que la qualité des
données recueillies dans le contexte du soin et de
la recherche dans ce champ de la médecine.
Ainsi, les maladies rares deviennent, un peu
paradoxalement, les pilotes d’un modèle plus
général allant vers l’essor de la médecine
personnalisée, de précision, et adaptée aux
besoins les plus individuels. Sachons sensibiliser
tous les acteurs, chercheurs, médecins, mais
surtout patients et associations, à l’importance
et à l’utilité de ces innovations technologiques,
au service de tous et de chacun de nous.
Stanislas Lyonnet est directeur de l’institut
des maladies génétiques Imagine.
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
tuent la lumière visible et l’ensemble des on-
des électromagnétiques (ondes radio,
infrarouge, rayons X…), à travers laquelle,
depuis l’époque de Galilée, les astronomes
se contentaient jusqu’ici de regarder. « Or,
souligne le responsable du programme de
physique fondamentale au CNES, Martin
Boutelier, contrairement aux ondes électro-
magnétiques, les ondes gravitationnelles se
propagent à travers l’espace sans subir d’atté-
nuation. Par leur intermédiaire, c’est à l’en-
tièreté de la sphère de l’Univers que nous
avons potentiellement accès. »
Une idée vieille de cinquante ans
Le 26 janvier dernier, le Comité des pro-
grammes scientifiques de l’ESA a donné, à
l’unanimité de ses membres (signe de l’im-
portance de la mission), son feu vert à la
mise en chantier de ce trio de satellites, qui
seront lancés dans l’espace en 2035 et com-
menceront à envoyer leurs précieuses don-
nées sur Terre (dont ils seront éloignés de
plus de 50 millions de kilomètres) en 2037.
« Patience et longueur de temps… » est une
morale obligée en astronomie !
Adoptée en ce début d’année, la mission
Lisa a déjà une longue histoire derrière elle.
Son nom apparaît pour la première fois
en 1993, associé à une proposition d’un
scientifique allemand aujourd’hui en poste
à l’Albert Einstein Institute, Karsten Danz-
mann. Mais l’idée d’observer les ondes gra-
vitationnelles depuis l’espace, avec un inter-
féromètre géant tel que Lisa, remonte à…
1974, soit plus de quarante ans avant leur
première détection directe !
Pourquoi depuis l’espace, direz-vous ? Il
est vrai que des interféromètres fonction-
nant sur le même principe existent déjà au
sol (ou plutôt dans le sous-sol) : ce sont les
détecteurs Ligo (américain, à cheval entre
l’Etat de Washington et la Louisiane), Virgo
(européen, près de Pise en Italie) et Kagra
(au Japon), qui depuis leur mise en service
ont déjà enregistré plusieurs dizaines de si-
gnaux gravitationnels. Mais la « fenêtre »
correspondant aux ondes gravitationnelles
que l’on peut détecter depuis la surface de la
Terre n’est à la vérité qu’un modeste fenes-
tron, pour ne pas dire une toute petite lucar-
ne, en comparaison de la vaste baie qu’offre
Lisa. Explications.
Si les ondes gravitationnelles ne s’atté-
nuent pas, il n’en demeure pas moins qu’el-
les s’échelonnent sur une large gamme de
fréquences, allant de plusieurs centaines de
hertz à quelques milliardièmes de hertz.
Le lancement en 2035 de la constellation Lisa a été validé en début d’année par l’Agence spatiale européenne.
Un projet ce que ses bras de lumière s’étirent sur plu-
sous sieurs millions de kilomètres, cet interféro- « Lisa sera vraiment
mètre spatial aura accès aux ondes de plus une mission phare,
leadership basses fréquences, de l’ordre du millième
européen voire du dix-millième de hertz (10-4 Hz). Et, qui viendra enrichir
par voie de conséquence, à d’autres types tous les pans des
Mission d’événements cosmiques que ceux impli- sciences de l’univers. »
internationale, Lisa quant des corps de la masse d’une étoile. Ces
autres types d’événements mettent en jeu MARTIN BOUTELIER
est placée sous le Astrophysicien du CNES
leadership européen des corps beaucoup plus gros : les trous
de l’ESA, qui y noirs supermassifs, ces gargantuas cosmi-
contribuera à hauteur ques tapis au centre de toutes les grandes
de 1,5 milliard galaxies, et dont la masse représente plu-
d’euros environ. sieurs millions voire plusieurs milliards de comme Ligo et Virgo doivent se contenter
A cette enveloppe fois celle du Soleil, vont enfin nous livrer des quelques fractions de seconde que dure
couvrant la leurs secrets. Lisa va les mettre en quelque la coalescence de deux trous noirs stellaires,
fabrication des sorte sur écoute. Et, cerise sur le gâteau, cet- Lisa captera les ondes émises par deux trous
3 satellites, le te « écoute » durera bien plus longtemps noirs supermassifs plusieurs heures avant
lancement et les que tout ce qu’on peut intercepter avec un le choc ultime, tandis qu’ils tourbillonnent
opérations, s’ajoutent interféromètre terrestre. toujours plus vite l’un autour de l’autre.
les contributions en Cela vaut aussi pour les binaires d’étoiles
nature des différents Evolution de la Voie lactée compactes (telles des étoiles à neutrons) si-
pays membres de Mesurées, disséquées, examinées sur toutes tuées dans notre galaxie : on s’attend à ce
l’Agence spatiale les coutures, les ondes gravitationnelles que que Lisa en observe plusieurs dizaines de
européenne, chargés l’on est capable de capter depuis la Terre ne milliers, ce qui renseignera les astrophysi-
de fournir les nous ouvrent jamais qu’une fenêtre tempo- ciens sur la structure et l’évolution de la Voie
instruments et le relle fort étroite sur l’événement à l’origine lactée. « Même les cosmologistes seront inté-
segment sol de leur émission (leur source) : de l’ordre de ressés aux données de Lisa, puisque celle-ci of-
(ensemble valorisé quelques millisecondes. Or, cet intervalle frira une nouvelle méthode de mesure du
autour de temporel s’accroît à mesure que l’on des- taux d’expansion de l’Univers, qui fait aujour-
800 millions cend en fréquence : à 10-4 Hz, soit au plus bas d’hui débat. Bref, ce sera vraiment une mis-
d’euros). de ce que pourra aller Lisa, il se mesure non sion phare, qui viendra enrichir tous les pans
Parmi ces plus en millisecondes mais en heures. Cela des sciences de l’Univers », résume l’astro-
contributeurs, l’un veut dire que, tandis que des détecteurs physicien du CNES. n
des principaux est la
France où le
consortium Lisa Trois cubes d’or en chute libre
rassemble plus de
220 chercheurs (sur
un total de 2.000 Les trois satellites en orbite derrière la Terre seront soumis à une
dans le monde). série de forces non gravitationnelles de nature à perturber la mesure :
Avec une pression de rayonnement, vents solaires, etc. Pour éliminer ce pro-
contribution d’environ blème, ce sont des masses d’épreuve placées dans un environnement
500 millions d’euros, isolé des perturbations extérieures et en chute libre à l’intérieur de

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d’expertise pour mieux comprendre le monde.
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Les interféromètres terrestres, comme Ligo
et Virgo, ne sont sensibles qu’aux ondes de
grandes fréquences, résultant du choc cata-
clysmique produit par la fusion – les astro-
physiciens préfèrent dire la coalescence –
de deux trous noirs de masses stellaires, ou
d’un trou noir de masse stellaire et d’une
étoile à neutrons.
Parce que Lisa s’affranchit du « bruit »
ambiant régnant sur Terre, mais aussi par-
la Nasa, pour une fois, chaque satellite qui serviront de référence à la mesure interféromé-
fait office de « junior trique ; ainsi, ces masses inertielles, qui prendront la forme de cubes
partner » ! légèrement plus petits qu’un Rubik’s Cube et seront faits d’un alliage
d’or et de platine, serviront de témoins des plus infimes distorsions de
l’espace-temps. La précision attendue est époustouflante : de l’ordre
du picomètre (10-12 m, soit 1 cm divisé par 10 milliards). Rapporté aux
2,5 millions de km séparant les trois satellites deux à deux, c’est à peu
près autant que l’épaisseur d’un cheveu par rapport à la distance nous
séparant de Proxima du Centaure, l’étoile la plus proche du Soleil,
à tout de même 4,244 années-lumière de celui-ci !
 « Un air de printemps » par Marine Coutroutsios pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Arles : manifestation Passé à tabac, un Trois attaques Rwanda : Macron

contre une ligne brancardier en soins contre des navires « assume » ses
L’ÉDITORIAL à très haute tension intensifs en Vendée au large du Yémen déclarations de 2021
DES « ÉCHOS » SOCIÉTÉ – Environ JUSTICE – Un brancardier TRAFIC MARITIME – Les GÉNOCIDE – Dans une vidéo

Démagogie fiscale ' 500 personnes ont mani-

festé dimanche à Arles
' a été grièvement blessé
samedi dernier après avoir
' rebelles houthis du Yémen
ont revendiqué les attaques
' diffusée à l’occasion du 30e
anniversaire du génocide
(Bouches-du-Rhône) contre un été passé à tabac sur le parking de de missiles contre un navire bri- des Tutsis au Rwanda, Emmanuel
projet de ligne électrique aérienne l’hôpital de Challans (Vendée) par tannique et deux navires israéliens Macron a déclaré que la France
à très haute tension destinée, des proches d’un patient, furieux au large des côtes du Yémen, assumait tous les termes du dis-
Dans une France championne des superdépenses, selon ses promoteurs, à décarbo- que la prise en charge aux urgences ce week-end. Depuis novembre, cours de mai 2021. Alors en dépla-
l’heure serait venue de s’attaquer aux superprofits, ner la zone industrialo-portuaire de ce monsieur victime de brûlure les Houthis ont mené des dizaines cement à Kigali, le président
aux rentes, aux dividendes et à une pratique accusée de Fos-sur-Mer, mais dont le tracé n’aille pas assez vite, selon un élu d’attaques en mer Rouge et dans français avait expliqué être venu
de tous les maux par le Premier ministre lui-même : suscite l’opposition en Camargue CFDT cité par l’AFP. L’agression le golfe d’Aden, disant viser des « reconnaître » les « responsabili-
le rachat d’actions. Mais de quoi accuse-t-on les et Provence. La manifestation s’est passée dans le quart d’heure navires liés à Israël. Ils ont élargi tés » de la France dans les massa-
entreprises qui, après en avoir obtenu l’autorisation s’est déroulée dans le calme. suivant leur arrivée, a-t-il témoi- leurs cibles aux navires associés cres. Dans la vidéo, Emmanuel
par leur conseil d’administration et leurs actionnaires, Selon RTE, la ligne, d’environ gné. Selon le procureur de la Répu- aux Etats-Unis et au Royaume- Macron évoque un partenariat
rachètent une partie de leurs titres ? Avant tout, 65 km, est prévue « d’ici à 2028 » blique des Sables-d’Olonne, le Uni, après les frappes menées en avec le Rwanda qui ne peut se
de faire un cadeau aux actionnaires au lieu d’investir pour répondre à une « très forte brancardier a été frappé par une janvier par ces deux pays contre bâtir « que quand le passé est
dans le développement de l’entreprise ou de croissance des besoins électriques ». seule personne, qui a pris la fuite. leurs positions au Yémen. regardé en face et assumé ».
chercher à faire grimper leur cours de Bourse.
Un raisonnement pourtant simpliste et faux
à la fois. D’abord, parce qu’on ne peut parler de LA PHOTO DU JOUR
cadeau dans la mesure où le rachat d’actions consiste
à rendre aux actionnaires une partie du capital
qui leur appartient déjà. Ensuite, parce que vouloir
à tout prix qu’une entreprise investisse alors qu’elle
estime ne pas en avoir besoin serait contre-productif.
Plutôt que de rendre du capital,
et améliorer ainsi sa
compétitivité en réduisant
ses coûts (puisqu’il ne faudra
plus ensuite rémunérer
par des dividendes une partie
du capital, qui est un facteur
de production ayant un coût),
il vaudrait mieux investir
Par David dans des projets peu
Barroux rentables ? Et on oublie au
passage que, dans la quasi-
Vouloir totalité des cas, en France
comme ailleurs, les rachats
à tout prix d’actions sont pratiqués
qu’une par les entreprises les plus
entreprise puissantes et les plus efficaces
investisse qui n’ont jamais lésiné sur
leurs investissements et qui
alors qu’elle prennent particulièrement
estime ne bien soin de leurs salariés.
pas en avoir Et on voit mal pourquoi
chercher à faire progresser
besoin serait sa capitalisation boursière
contre- serait une hérésie. Cela peut
productif. permettre de repousser une
OPA, de se renforcer pour
financer une éventuelle
opération de croissance externe, en partie payée
en titres, tout en récompensant les actionnaires
(qui au passage peuvent être les salariés).
Surtout, rendre du capital à des actionnaires, c’est
leur permettre de le redéployer. Plutôt que de laisser
dormir du cash qui, même à l’heure de la remontée
des taux, peut rapporter plus, les actionnaires auront
en effet ainsi la possibilité de réinvestir sur de
nouveaux fronts. Critiqués par des raccourcis
démagogiques, les rachats d’actions peuvent même MARATHON DE PARIS L’Ethiopienne Mestawut Fikir, novice de 24 ans, a brillé pour son premier marathon, à Paris, dimanche, en battant au finish sa compatriote
contribuer à armer une France qui manque de Enat Tirusew en 2 h 20 min 45 s, à moins d’une minute du record de la course parisienne. Le trajet, parti des Champs-Elysées et achevé près de l’Arc de Triomphe,
capitaux mais dont les besoins de financement sont était bien différent de celui qui attend les coureurs cet été lors du marathon olympique, le 10 août pour les hommes et le 11 août pour les femmes. Ces derniers s’élance-
massifs pour relever les défis verts et technologiques. ront de l’Hôtel de Ville vers l’ouest. Photo Emmanuel Dunand/AFP
Nous aurions tort de nous en priver.

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( Page 6
20 MARDI MERCREDI JEUDI VENDREDI
11/18 11/13 7/13 11/14 12/16
20 14/21 12/24 12/25 14/24 15/23
20
19 21 9/10 15/24 15/27 11/14 7/17 12/18
23
11/20 9/13 6/14 10/14 11/19
13 24 8/12 10/12
23 MARDI 20/33 24/32 25/34 24/34 25/29
17 27 8/12
22 14/26 12/16 7/14 5/17 9/19
22 24/27 22/26 22/26 22/27 22/29
21 24 11/18 11/18 10/15 11/16 11/16
18 23 9/11 12/14
22 10/17 9/11 5/13 12/18 11/18
22 12/17 5/15 5/19 8/23 10/23

Détectez les opportunités

5/14 12/27 13/20 10/14 11/21 11/23
21 25
25 8/17 10/16 8/19 12/15 7/13
6/12 4/13
4/16 10/22 10/11 10/14 13/17

de votre marché. 22 27 MERCREDI

24 4/14 22/30 23/30 23/31 24/31 24/25
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26 12/12 9/21 11/20 14/23 15/21
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23 26/32 25/33 25/29 25/28 25/29
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Turkish Airlines écrase
ses rivaux européens
AÉRIEN
Bruno Trévidic
Les grandes compagnies aériennes euro-
péennes ont vraiment de quoi s’inquiéter.
Alors que Lufthansa, Air France-KLM et
IAG se réjouissaient d’avoir généré des
bénéfices records l’an dernier, Turkish
Airlines a écrasé la compétition, avec des
résultats stratosphériques.
Le bénéfice net de la compagnie turque
a plus que doublé sur un an, à 6 milliards
de dollars, pour un chiffre d’affaires de
20,94 milliards et une marge nette
de 28,8 %. A comparer aux 2,65 milliards
d’euros de bénéfice net et 9 % de marge
d’IAG, le plus rentable des trois grands
groupes européens.
Ce résultat net n’aurait certes pas été
aussi élevé sans une ristourne fiscale
d’environ 3 milliards de l’Etat turc. Mais
avec un résultat d’exploitation de 2,91 mil-
liards de dollars, soit 13,8 % de marge,
Turkish Airlines reste bien devant IAG
(11,9 % de marge d’exploitation), Lufthansa
(7,6 %) et Air France-KLM (5,7 %).
Une rentabilité record
La compagnie turque peut aussi se flatter
d’être devenue la première compagnie
« en réseau » (dont l’activité tourne autour
d’un hub) du ciel européen en nombre de
vols (1.443 par jour en moyenne en 2023)
devant Lufthansa. Et son succès est aussi
celui de l’aéroport international d’Istanbul,
devenu en cinq ans le plus actif d’Europe
en nombre de vols et de destinations, devant
Amsterdam-Schiphol, Londres-Heathrow
et Paris-Charles-de-Gaulle.
Le seul compartiment dans lequel les
compagnies européennes conservent
l’avantage est celui du nombre de passagers,
grâce au marché intérieur. Mais là encore,
l’écart est en passe d’être comblé et Turkish
Airlines ambitionne de devenir la première
Voitures électriques :
la baisse du prix
des batteries soulage
les constructeurs
AUTOMOBILE Après s’être envolé en 2022,
le prix des matières premières des batteries
pour véhicules électriques a plongé l’an der-
nier. Il a fondu de 14 % en 2023, à 139 dollars
le kilowattheure, selon Bloomberg NEF,
et devrait de nouveau reculer de 13 % cette
année. Cette tendance déflationniste offre
des marges de manœuvre aux construc-
teurs qui devraient pouvoir profiter de
coûts 20 % plus bas, selon les analystes de
HSBC. De quoi financer la guerre des prix
qui fait rage dans le secteur de l’électrique
et/ou améliorer leurs marges
// PAGES 20-21
= LES ENTREPRISES CITÉES
Aster 25 GSK France 28
Believe 26 Inflection AI 26
Bouygues 34 Johnson & Johnson 22
Bump 20 Konica Minolta 22
Bureau Veritas 31, 34 Labeyrie Fine Foods 23
Capel 28 Le Jacquard Français 24
Capgemini 34 Les Martines 25
Dassault Systèmes 34 Logivolt 20
DiliTrust 25 Matawan 25
Eurofins Scientific 34 Mediawan 30
France Télévisions 27 Meuf 25
DOW JONES
0,9144 % n 1,082 $
-0,1688 %
Le bénéfice net de la compagnie turque a plus que doublé sur un an. DR
compagnie internationale en la matière
d’ici à 2033, avec 170 millions de passagers.
Une ambition illustrée par la commande
de 220 Airbus en décembre dernier.
De quoi expliquer les mises en garde
répétées de Benjamin Smith et Carsten
Spohr, patrons respectifs d’Air France-KLM
et de Lufthansa. Tous deux se plaignent de
ne pas pouvoir lutter à armes égales avec
une compagnie fermement soutenue par
BCE : un dernier
statu quo avant
un cycle de baisse
des taux d’intérêt
BANQUES CENTRALES Malgré une baisse
du rythme de l’inflation dans la zone euro,
la Banque centrale européenne (BCE), qui
se réunit jeudi, ne devrait pas encore pro-
céder à une baisse de ses taux d’intérêt.
A 2,4 %, la hausse des prix en Europe
est encore supérieure à l’objectif de 2 % visé
par l’institution monétaire. Les marchés
anticipent un assouplissement monétaire
en juin quand la BCE sera convaincue du
caractère irréversible et durable du ralen-
tissement de l’inflation. Cette prudence ne
favorise pas le redressement d’une crois-
sance économique anémique. // PAGE 30
Microsoft 26 Stellantis 21
Natera 28 Teleperformance 34
Nvidia 26 Temasek 29
OpenAI 26 Unicor 28
Primonial 31 Veolia 34
Public Investment Fund 29 Warner Music Group 26
Radio France 27 Wendel 31, 34
RATP 24
Rubis 34
SEG Diélectriques 28 AVIS FINANCIER
Shockwave Medical 22 Bouygues 21
EURO/DOLLAR ONCE D’OR
J 2.298,55 $
0,2202 %
son gouvernement et qui bénéficie d’un
accord de ciel ouvert avec plusieurs pays
européens, sans avoir à supporter les
mêmes taxes ni les mêmes contraintes,
notamment en matière environnementale.
Selon Carsten Spohr, le différentiel de
coût moyen entre un vol international via
un grand hub européen et un aéroport
extra-européen atteindrait déjà 200 euros.
Ce qui pourrait suffire à convaincre les
Beauté : le catalan Puig se
préparerait à entrer en Bourse
LUXE
Enrique Moreira
Puig, le groupe de beauté et cosmétique
catalan, s’apprêterait à entrer en Bourse.
L’entreprise familiale, à la tête de marques
de parfums et de mode comme Jean Paul
Gaultier, Rabanne ou encore Nina Ricci,
serait sur le point de déposer son docu-
ment d’intention d’introduction dès ce
lundi, croit savoir Bloomberg. Le groupe,
installé à Barcelone, chercherait à lever
entre 2 et 3 milliards d’euros. A l’issue de
l’opération, Puig, dont les analystes esti-
ment la valorisation entre 8 et 10 milliards
d’euros, serait coté à Madrid.
En octobre 2023, Marc Puig – pronon-
cez « Poudge » –, le petit-fils du fondateur,
à la tête du groupe depuis 2004, avait
expliqué au « Financial Times » qu’une
cotation imposerait une « discipline » liée
aux exigences des marchés sans pour
autant conduire à un abandon du contrôle
familial sur l’entreprise.
Fondé en 1914, Puig s’est développé
comme fabricant de parfum sous licence
pour d’autres marques telle que Paco
Rabanne et Carolina Herrera. Sous la
direction de Marc Puig, le petit poucet de
PÉTROLE (BRENT)
J 91,31 $
0,2415 %
Lundi 8 avril 2024
www.lesechos.fr
passagers de passer par Istanbul plutôt
que par Francfort, Paris ou Londres.
D’autant que la position de la ville permet
à Turkish Airlines de desservir les villes
secondaires d’Europe et d’Asie avec des
avions monocouloirs, moins coûteux que
des gros-porteurs. Et contrairement à ses
concurrents européens, la compagnie peut
toujours survoler la Russie, tout en profi-
tant de l’énorme marché intérieur turc. n
la beauté s’est lancé dans une série d’acqui-
sitions (onze en douze ans) afin d’accumu-
ler un portefeuille de 14 marques propres.
Se faisant, l’entreprise s’est diversifiée
dans la mode, le maquillage et les soins de
la peau. Ces marques représentent désor-
mais 90 % des ventes du groupe dont le
chiffre d’affaires s’est élevé à 4,3 milliards
d’euros en 2023, soit une hausse de 19 % .
« Luxe abordable »
L’inquiétude pour les éventuels futurs
investisseurs pourrait venir du ralentisse-
ment du marché du luxe. Mais le PDG se
veut rassurant. Les marques de Puig se
trouvent plus dans le « luxe abordable »
que dans le « luxe » tout court, selon lui.
Malgré sa diversification, le cœur d’acti-
vité du groupe reste les parfums, secteur
moins affecté par le ralentissement.
L’entreprise familiale reste un « petit
poisson » face aux mastodontes comme
L’Oréal et Estée Lauder dont la capitalisa-
tion s’élève à respectivement 236 et 49 mil-
liards d’euros. « Le plus grand défi » pour
Puig « est de savoir comment continuer
à attirer, retenir et motiver les talents »,
explique son dirigeant. Surtout lorsqu’on
affronte des groupes au nom si célèbre,
alors que les gens savent encore à peine
prononcer celui de l’entreprise catalane. n
Walter Butler
s’invite dans
le dossier Atos
INFORMATIQUE
David Barroux
David Layani compte un allié de plus.
A la manœuvre sur le dossier Atos dont
il est devenu le premier actionnaire, le
patron de Onepoint peut désormais
compter sur le soutien de Walter Butler.
Dimanche, le financier français
connu pour avoir participé à la reprise
et au sauvetage ou aux projets de déve-
loppement de nombreuses entreprises
dans une diversité de secteurs (du Paris
Saint-Germain au Paradis Latin en
passant par France Champignon,
Moma Group, la SNCM, le groupe
Pierre Hermé…), a annoncé qu’il rejoi-
gnait le consortium monté par One-
point pour tenter de prendre le contrôle
du géant malade des services numéri-
ques français. Un soutien qui pour l’ins-
tant ne s’accompagne d’aucun détail sur
le plan financier, mais le consortium
s’engage à présenter son plan de sau-
vetage d’Atos d’ici au 24 avril.
Plusieurs avantages
Bien que disposant d’un portefeuille
d’actifs sous gestion de 8 milliards
d’euros, Butler Industries est une
société d’investissement qui a plutôt
accompagné de grosses ETI que de
très grandes entreprises en difficulté
comme Atos. La plus grande entre-
prise dans son portefeuille emploie
autour de 10.000 personnes (dix fois
moins qu’Atos).
Le financier français
est prêt à épauler David
Layani qui est au cœur
d’un projet de reprise
et de relance du géant
malade des services
numériques.
Mais Walter Butler représente plu-
sieurs avantages pour David Layani.
Il est à la tête d’une société de ges-
tion internationale dont le siège est
en France, ce qui pourrait contribuer
à rassurer le gouvernement français.
Il dispose de moyens financiers pour
accompagner une opération qui néces-
sitera de réinvestir dans Atos même
si les créanciers consentent à des
abandons de créances. Enfin, il a déjà
participé à la relance d’entreprises dans
les secteurs de la défense et des nou-
velles technologies.
Plan de sauvetage
Ce lundi soir, l’ex-fleuron informatique,
qui a perdu plus de 80 % de sa valeur
en Bourse en un an, doit dévoiler
l’ampleur de ses carences financières et
les paramètres de son plan de sauve-
tage. Entré dans une interminable
spirale négative, Atos doit rembourser
3,6 milliards d’euros d’ici la fin de
l’année prochaine à ses créanciers, et
4,8 milliards d’ici cinq ans. A très courte
échéance, le groupe va avoir besoin
d’obtenir des fonds pour pouvoir
en particulier assurer les missions
qui lui ont été confiées à l’occasion des
Jeux Olympiques de Paris.
Les différents scénarios qui devaient
conduire à la vente d’Atos par appar-
tements en vendant différents actifs
à Airbus ou à Daniel Kretinsky ayant
échoué, David Layani cherche mainte-
nant à devenir l’actionnaire de contrôle
d’un groupe qui conserverait l’intégra-
lité de ses activités. n
ENTREPRISES Lundi 8 avril 2024 Les Echos 20

Voitures électriques : la baisse des prix

des batteries donne de l’air aux construc
l La chute des cours des minerais et des matériaux
utilisés dans la fabrication des batteries devrait permettre
aux constructeurs de baisser le prix de leurs voitures…
l … Ou d’augmenter leurs marges.
AUTOMOBILE
Guillaume Guichard
Les voitures thermiques soumet-
tent les automobilistes aux soubre-
sauts du baril de pétrole sur les
marchés internationaux. La voiture
électrique expose maintenant les
constructeurs aux cours internatio-
naux du lithium, cobalt ou manga-
nèse, matières premières entrant
dans la fabrication des batteries.
Après s’être envolés en 2022, les
prix de ces matériaux ont plongé
en 2023. Ils ne devraient pas se
redresser cette année. De quoi ali-
menter une baisse du prix des bat-
teries et, en bout de chaîne, donner
des marges de manœuvre aux mar-
ques automobiles pour baisser les
tarifs de leurs véhicules électriques.
Le prix des packs de batterie
lithium-ion a fondu de 14 %, à
139 dollars le kilowattheure
en 2023, selon Bloomberg NEF. Un
record à la baisse qui devrait rapide-
ment être dépassé. Ce coût devrait
encore fondre de 13 % cette année,
aux alentours de 120 dollars par
kilowattheure, d’après les analystes
de BofA.
Ecarts de coûts
Ce niveau de prix, issu d’une
moyenne mondiale, n’est pas le
même partout. Il est 9 % plus bas en
Chine, et respectivement 11 % et 20 %
plus élevés aux Etats-Unis et en
Europe du fait des coûts de l’énergie
et de main-d’œuvre. Le prix des
matières premières n’en pèse pas
moins très lourd dans le prix final
d’une voiture électrique. La batterie
représente entre 40 % et 60 % du
coût d’un véhicule et les matériaux
pour la fabriquer comptent, eux,
pour 80 % de son prix. En 2022, le
prix des batteries, alimenté par la
flambée du cours du lithium
notamment, avait au contraire pour
la première fois en dix ans aug-
menté à 161 dollars le kilowattheure.
Outre le prix des matières pre-
mières, les conditions de marché le
long de la chaîne de valeur des bat-
teries auront également un effet
déflationniste. Le secteur de la
fabrication des composants clés
d’une cellule de batterie, les catho-
des et les anodes, souffre en effet
d’une surcapacité de production,
alors que la croissance des ventes
de véhicules électriques, elle, est
moins forte que prévu.
Surcapacités
de production
« Le secteur continue d’absorber
l’explosion des nouvelles usines qui
ont été construites ces deux dernières
années », préviennent les analystes
de Fastmarkets dans une note. Le
chimiste coréen EcoPro, qui a consi-
dérablement augmenté ses capaci-
tés de production ces vingt-quatre
derniers mois – et construit actuel-
lement une usine en Hongrie – a
même essuyé une perte opération-
nelle fin 2023 à cause « d’une baisse
des prix plus forte qu’attendue ».
« Les nombreux projets dans les
tuyaux ont été planifiés à un moment
où les prix des matériaux atteignaient
des records, grâce à la demande sans
précédent qui devait être générée par
les voitures électriques, rappelle
Ying chi Yang, consultante chez
Wood Mackenzie. La réalité s’est avé-
rée bien moins rose. Le prix des maté-
riaux pour cathode et anode sont
dorénavant à leur plus bas. »
Les experts préviennent aussi de
l’apparition de surcapacités de pro-
duction à l’étape de la fabrication de
batteries, en Chine. Sur ce marché,
qui abreuve encore les construc-
teurs européens dans l’attente de la
construction d’usines en nombre
suffisant sur le Vieux Continent, les
géants mondiaux CATL et BYD se
sont lancés dans une véritable
guerre des prix.
Ces facteurs déflationnistes
offrent des marges de manœuvre
aux constructeurs. D’autant plus
que le prix du métal a également
diminué fortement l’année der-
nière. Au total, « les prix des maté-
riaux pour batterie auront baissé de
30 % à 50 % durant l’année der-
nière », selon les analystes de HSBC
dans une note.
Cela devrait se traduire par des
coûts 20 % plus bas pour les
constructeurs, estiment les
mêmes. Lors de la présentation de
ses résultats, Stellantis a dit
escompter un effet positif de 1 mil-
liard d’euros sur son résultat opéra-
tionnel en 2024. Chez Renault, les
matières premières ont eu un effet
positif durant le second semes-
tre 2023, « et cela va continuer », a
indiqué le directeur financier,
Thierry Piéton, lors de la présenta-
tion des résultats du groupe.
Cette baisse des coûts d’approvi-
sionnement devrait également
aider les constructeurs à financer la
guerre des prix actuellement à
l’œuvre sur leurs principaux mar-
chés. « Ils auront de quoi absorber
des baisses de tarifs d’environ 15 % »,
estiment les analystes d’HSBC.
Recul de 6 % encore en 2025
« Le prix des matières premières
chute, ce qui ouvre la voie à des pro-
duits plus accessibles, a résumé Car-
los Tavares devant les analystes, mi-
février. Cela devrait en retour attirer
davantage de clients pour ces modè-
les, puis les choses pourraient s’inver-
ser. » Une partie de la baisse des prix
des matières premières et des batte-
ries est en effet également alimen-
tée par la demande en voitures élec-
triques plus faible qu’attendue.
N’empêche, le prix des batteries
devrait continuer à décroître, anti-
cipent les experts de Bloomberg
La Banque des territoires in
–14 %
NEF. Ceux-ci tablent sur une fonte
de 6 % encore en 2025, à 113 dollars
le kilowattheure. D’ici à 2030, ils
estiment que leur prix passera sous
azimuts dans les bornes de
la barre des 100 dollars le kilowatt- LA BAISSE DU PRIX
heure. Ce niveau, rappelle Yingchi des packs de batterie L’institution multiplie directeur de l’investissement de la
Yang, assure théoriquement une lithium-ion, à 139 dollars les co-investissements Banque. Seule exception, la filiale
parité de coûts de fabrication avec le kilowattheure en 2023, et a déjà financé 40.000 Logivolt, dédiée à l’équipement
les voitures thermiques. n selon Bloomberg NEF points de charge publics. des parkings d’immeubles, l’un
Elle prévoit d’engager des points faibles dans le maillage
500 millions d’euros du territoire national, et contrôlée

Lithium, nickel, cobalt : après leur spectaculaire supplémentaires dans

envolée , l’étonnant krach des métaux stars
Demande morose et
excédents inattendus ont
déprimé les cours des trois
métaux stars des batteries
de voitures électriques.
Après avoir atteint des
sommets, le lithium et le
cobalt ont perdu près de
80 % de leur valeur en
quelques mois. Le nickel a
chuté de 40 % sous l’effet de
la production indonésienne.
Etienne Goetz
La chute a été aussi spectaculaire
que l’envolée. Après avoir atteint
des sommets, les métaux stars des
batteries de voitures électriques se
sont effondrés. Le lithium est
monté à près de 85.000 dollars la
tonne fin 2022 avant de perdre plus
de 80 % de sa valeur. La tonne de
cobalt se traitait à 81.000 en 2022 et,
aujourd’hui, elle ne se facture plus
que 28.300 dollars. Même ten-
dance pour le nickel, qui a perdu
près de 50 % depuis la fin 2022, pas-
sant de 31.450 dollars la tonne à
16.730 dollars.
Le facteur commun à ces chutes,
c’est le ralentissement des ventes de
voitures électriques, notamment en
Chine et, donc de la demande en
métaux essentiels à la fabrication
des batteries. Ce ralentissement est
principalement dû à l’environne-
ment macroéconomique dégradé
et à l’arrêt de certaines subventions
à l’achat de véhicules électriques.
En Allemagne, le gouvernement a
dû tailler dans les dépenses après la
décision de la cour de Karlsruhe sur
le frein à l’endettement, et ce sont les
subsides aux voitures électriques
qui en ont fait les frais.
Déstockage
A ce contexte, il faut ajouter des
facteurs plus spécifiques. Pour le
lithium, il y a eu un phénomène
de déstockage qui a plombé la
demande tout au long de
l’année 2023.
Dans le sillage de la pandémie
entre 2020 et 2021, les acteurs chi-
nois, qui dominent la production de
batteries, ont réalisé des achats
panique pour sécuriser à tout prix
leur approvisionnement. Mais
faute de trouver des débouchés en
raison de la reprise chaotique de
l’ex-empire du Milieu, ils ont puisé
dans leurs réserves. Cela a entraîné
une chute des prix, qui s’est ensuite
accélérée puisque certains indus-
triels, voyant les prix baisser, ont
totalement stoppé leurs achats en
attendant que les cours reculent
davantage.
L’essor de l’Indonésie
Pour le nickel, c’est l’offre qui a joué
le rôle principal dans le reflux des
prix. En quelques années seule-
ment, la production indonésienne a
explosé. Jakarta est désormais le
premier producteur au monde de
nickel grâce à des coûts de produc-
ÉCOUTEZ NOTRE
PODCAST LA STORY
Transition énergétique : alerte
sur les métaux rares
dans « La Story », le podcast
d’actualité des « Echos ».
tion ultra-compétitifs. Les Indoné-
siens ont également abaissé les
coûts de production des usines dites
« HPAL » permettant de transfor-
mer du nickel de piètre qualité en
nickel de qualité batterie. Inondé de
ce métal, le marché s’est effondré et
de nombreuses compagnies ont dû
mettre la clé sous la porte. Le géant
BHP a enregistré une dépréciation
d’actifs de 2,5 milliards de dollars
liée à ses activités dans le nickel.
Rebond en vue
Jusqu’où descendront les cours des
métaux ? Pas beaucoup plus bas,
estiment la plupart des observa-
teurs, mais il ne faut pas s’attendre à
un rebond marqué dans l’immé-
diat. Si Goldman Sachs se montre
très positif pour l’or et le cuivre,
deux métaux qui seront dopés par
la baisse des taux directeurs de la
Fed, il n’en va pas du tout de même
pour les métaux des batteries. Selon
le consensus de marché, établi par
Bloomberg, le nickel devrait finir
l’année à 17.000 dollars la tonne et
monter à 19.000 dollars en 2027. Le
lithium est attendu à 14.000 dollars
la tonne à la fin de l’année, et à
18.000 dollars en 2026. n
les cinq années à venir.
Lionel Steinmann
Et de quatre. Après avoir annoncé
en moins d’un mois trois opéra-
tions de co-investissements avec
des opérateurs de recharge pour
voitures électriques, la Banque
des territoires confirme son impli-
cation dans ce marché en déblo-
quant, ce lundi, une nouvelle enve-
loppe, avoisinant 40 millions
d’euros.
Le bras armé de la Caisse des
Dépôts dans les territoires mise
cette fois sur Bump, une jeune
pousse fondée en 2020. L’objectif
est de fournir clés en main des
stations de recharge à des flottes
d’entreprise, qui paieront à
l’usage.
Comme dans la quasi-totalité
des opérations réalisées par la
Banque sur ce secteur, les fonds ne
sont pas investis directement dans
le capital de la jeune pousse, mais
dans une so ciété commune
dédiée, par le biais d’une participa-
tion minoritaire oscillant le plus
souvent entre 40 % et 49 %.
« L’idée est de faciliter et d’accom-
p agn er le d é veloppemen t de
l’infrastructure, pas d’intervenir
dans la gouvernance de nos parte-
naires », expose aux « Echos »
François Wohrer, le nouveau
à 100 % par l’institution.
La Banque a déjà investi plus de
400 millions d’euros dans le déve-
loppement du réseau de bornes de
recharge français. 209 millions
ont été affectés au développement
des bornes en zone résidentielle,
dont 192 millions via Logivolt.
Ssoutien continu
L’institution a, dans le même
temps, engagé 213 millions pour
le développement de stations
ouvertes au public, à travers une
douzaine de sociétés, de projets
ou plateformes dédiées, en
s’alliant avec Alizé, Fastned, Elec-
tra… Ce qui représente au total
40.000 points de charge publics
financés et à déployer d’ici à 2027,
dans des parkings d’entreprises,
d’hôtels, de supermarchés ou
encore dans les parcs de station-
nement publics, des autoroutes,
des centres-villes…
« Certains acteurs privés jouent
une partie du marché. Nous avons
choisi de couvrir tout le spectre des
besoins, appuie François Wohrer.
Au total, nous sommes de loin le
premier investisseur financier dans
les bornes de recharge. »
Et la banque ne compte pas
s’arrêter là : « Nous prévoyons
d’investir 500 millions d’euros sup-
plémentaires sur la période 2024-
2028, ajoute Pierre Aubouin,
directeur du département infras-
 21 Les Echos Lundi 8 avril 2024
teurs
vestit tous
recharge
tructures et mobilité. Cela corres-
pond à 26.000 bornes ouvertes au
public supplémentaires. »
L’objectif est de s’assurer que la
décarbonation des transports ne
sera pas freinée par le manque
d’infrastructures. « Il y a une
dizaine d’années, la Banque des
territoires a tenu un rôle majeur
pour déployer la fibre optique sur
l’ensemble du territoire, même
dans les petits villages. Nous am-
bitionnons de faire de même
aujourd’hui avec les bornes de
recharge », poursuit François
Wohrer.
Au-delà du maillage
fin du pays,
l’institution va faire
porter une partie
de son futur effort
sur la mise en place
de 2.000 bornes
très puissantes
dédiées aux camions
électriques.
Au-delà du maillage fin du pays,
l’institution va faire porter une
partie de son futur effort sur la
mise en place de 2.000 bornes très
puissantes dédiées aux camions
électriques. Un investissement
indispensable pour atteindre la
cible fixée par le gouvernement de
80.000 poids lourds en circulation
à l’horizon 2030. Des annonces
pourraient intervenir sur ce sujet
d’ici à la fin de l’année. n
Pour tenter de se relancer, Jeep
s’aventure sur de nouveaux territoires
AUTOMOBILE
La marque la plus
stratégique du groupe
Stellantis a réussi à
percer sur le segment
du petit SUV en Europe
grâce à son Avenger.
Aux Etats-Unis, elle
parie sur les grands
SUV luxueux pour
se désembourber.
Guillaume Guichard
— Envoyé spécial à Turin (Italie)
Ne pas perdre son élan pour ne pas
s’enliser. Jeep, la marque des 4×4
par excellence, cherche un nouvel
élan. Depuis deux ans, ses ventes
décrochent. Après une chute de
13 %, elles ont diminué de 5 %
l’année dernière, selon les statisti-
ques du cabinet Inovev.
Pour sa maison mère, Stellantis,
l’enjeu est majeur : Jeep est sa troi-
sième marque vendant le plus de
véhicules (un peu plus d’un million
en 2023), juste après Fiat et Peugeot.
Mais c’est bien l’américaine qui
génère le plus gros chiffre d’affaires
du groupe. Et de loin. Elle rapporte
un euro sur quatre gagnés par Stel-
lantis, d’après les estimations des
analystes de BofA (viennent ensuite
Ram avec 19 %, puis Peugeot avec
15 %). Sa Grand Cherokee rapporte
7 % du chiffre d’affaires du groupe,
contre, par exemple, 2 % pour la
Peugeot 3008, toujours selon BofA.
C’est elle aussi qui apporte proba-
blement la plus grosse part du
bénéfice du groupe américano-
franco-italien. Mais cela, Stellantis
ne le dit pas.
Changement de pilote
Le patron du groupe, Carlos Tava-
res, a donc décidé de changer le
pilote de Jeep. Après le Français
Christian Meunier, l’Italien Anto-
nio Filosa a pris le volant en novem-
bre, afin de redonner du mordant à
la marque spécialiste des 4×4 et
SUV. « La pression est là, il n’y a
aucun doute », reconnaît le nouveau
dirigeant, en référence aux attentes
de Carlos Tavares envers la marque
la plus stratégique du groupe.
« Nous avons trois axes de crois-
sance, a listé Antonio Filosa, ven-
dredi dernier, à Turin. Réfléchir
d’abord à de nouvelles usines dans des
pays aux coûts compétitifs, près de
nos marchés. Continuer, ensuite,
d’électrifier notre gamme, tout en res-
tant flexible et opportuniste en termes
de motorisations. Enfin, nos modèles
sont en plein renouvellement. »
L’ingénieur né à Naples, ex-res-
ponsable de Stellantis en Amérique
du Sud, peut se satisfaire des résul-
tats de l’équipe européenne. C’est,
en 2023, le seul gros marché de la
marque qui a vu ses ventes bondir,
de 23 %, à 129.000 unités, selon Ino-
vev. « Jeep en Europe, c’est mainte-
nant 1,2 % de part de marché, soit
autant que Mini, autre marque de
niche au positionnement fortement
établi », observe Jean-Pierre Dier-
naz, chez MotorK.
Le Vieux Continent a profité
d’une nouveauté estampillée « Voi-
ture de l’année 2023 », un petit SUV
urbain baptisé Avenger. Une pre-
mière pour la marque. « Nous en
a v o n s é c o u l é 8 3.0 0 0 j u s q u ’ à
aujourd’hui, soit 30 % de nos com-
mandes, se félicite Eric Laforge, res-
ponsable Europe de la marque. Pas
moins de 70 % de ce volume ont été
réalisés en conquête, auprès de nou-
veaux clients. »
Carlos Tavares doit se féliciter
d’avoir, exceptionnellement pour ce
modèle, accordé une liberté à Jeep
qu’il ne donne pas à toutes ses mar-
ques, loin de là. Pour se donner un
petit air de 4×4, l’Avenger ne
compte que 40 % d’éléments com-
muns avec la Peugeot 208, avec qui
elle partage la même plateforme
ENTREPRISES
Shutterstock
Le petit SUV urbain Avenger, estampillé « Voiture de l’année 2023 », a déjà été écoulé à 83.000 exemplaires en Europe.
t e c h n i q u e . C’e s t b i e n m o i n s Pendant plus de vingt ans, Jeep Rendant coup pour coup, Jeep dans un contexte favorable. Les
qu’entre Opel, Lancia et Peugeot sur était seul à commercialiser un vrai compte conquérir des clients dans ventes d’électriques ont tendance à
la même plateforme, dont les peti- petit 4×4 d’entrée de gamme sur le le segment des voitures « à six chif- ralentir aux Etats-Unis ces derniers
tes citadines partagent jusqu’au marché américain, le Wrangler. fres », à plus de 100.000 dollars. mois. Antonio Filosa peut toutefois
même parebrise, par exemple. L’arrière-petit-fils de la Willys, le « C’est un segment difficile, sur lequel compter sur le pragmatisme de
« Nous avons cet ADN spécifique 4×4 des GI est une institution. C’est Jeep n’a jamais été présent », pré- Stellantis. Comme toutes les plate-
au sein de Stellantis et au-delà, qui la première voiture offerte à leurs vient Bertrand Rakoto. La marque formes techniques développées à ce
entraîne une conception, une ingé- enfants par les cadres américains. compte sur la sortie en fin d’année jour par le groupe, celle de la Wago-
nierie et des fournisseurs spécifiques, « Mais en 2021, Ford est venu manger de la toute nouvelle version du neer S pourra accueillir tout aussi
avec des capacités de franchissement dans son assiette avec le Bronco », Grand Wagoneer, son luxueux SUV bien des batteries qu’un moteur
supérieures à la concurrence », explique l’analyste de Detroit. XXL. Ce Wagoneer S n’arrive pas thermique. n
insiste Antonio Filosa. Jeep, c’est
avant tout la « SUV Company ». La
mode des voitures hautes sur roues
et à forte carrure lui ont permis de
multiplier ses ventes par trois
depuis 2008 et son rachat par Fiat-
Chrysler.
Aux Etats-Unis, où elle écoule
plus de deux voitures sur trois, Jeep
n’a plus le choix. Elle doit, comme
elle l’a fait avec succès en Europe,
partir à la conquête de nouveaux
territoires. Ses ventes y ont baissé
de 6 % l’an dernier, descendant à
643.000 unités (contre près de
800.000 en 2020).
« La marge a été privilégiée par
rapport au volume, explique un bon
connaisseur de la marque. Donc
Jeep “marge” bien car les prix ont été CONVOCATION À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE MIXTE
augmentés, mais cela fait moins de
ventes. » Entorse aux habitudes que DE BOUYGUES
Stellantis se permet de plus en plus
ces derniers mois, notamment en
Europe, Jeep a annoncé également Mesdames et Messieurs les actionnaires de Bouygues,
une baisse de prix sur ses modèles
d’entrée de gamme. l’assemblée générale mixte se tiendra
L’appel du haut de gamme le 25 avril 2024 à 15h30
« Jeep est aussi au creux de la vague à à Challenger, 1 avenue Eugène Freyssinet, 78061 Guyancourt.
cause du cycle de vie de ses produits :
le Compass, SUV milieu de gamme,
est en fin de vie, le Renegade a été L’assemblée générale sera retransmise en direct et sera
stoppé, ainsi que le Cherokee, liste également disponible en différé sur le site internet de la Société
Bertrand Rakoto, analyste chez
Ducker Carlisle. Une partie de la www.bouygues.com.
feuille de route d’Antonio Filosa est
de redynamiser la gamme et d’armer L’avis de réunion comportant l’ordre du jour et le texte des projets de résolutions
Jeep contre une concurrence plus
présentés par le conseil d’administration à cette assemblée générale a été
nombreuse. »
publié au Bulletin d’Annonces Légales Obligatoires (BALO) le 8 mars 2024. Les
modalités de participation à l’assemblée générale, l’ordre du jour et les projets de
« Une partie de résolutions définitifs figurent dans l’avis de convocation publié au BALO ce jour.
la feuille de route Toutes les informations relatives à l’assemblée générale sont disponibles sur le
d’Antonio Filosa
site internet de la Société :
est de redynamiser
la gamme et www.bouygues.com
à la rubrique Investisseurs/Investir dans Bouygues/Assemblée générale.
d’armer Jeep
contre une Nous vous invitons à la consulter régulièrement.
concurrence plus
nombreuse. » Retrouvez l’intégralité du communiqué et des résultats sur bouygues.com
BERTRAND RAKOTO Relations actionnaires individuels :
Analyste chez Ducker Carlisle servicetitres.actionnaires@bouygues.com
@GroupeBouygues Centre aquatique de Saint-Denis (93)
Crédit photo : Potion médiatique
ENTREPRISES
L’objectif est de produire en France 40 % des panneaux photovoltaïques utilisés d’ici à 2030. Photo Jean-Paul Pelissier/Reuters
Panneaux solaires : coup de pression sur
les énergéticiens pour acheter européen
ÉNERGIE
L’exécutif demande
aux énergéticiens
de privilégier les
panneaux solaires
made in Europe.
Objectif : enclencher
la dynamique
des commandes dans
les usines européen-
nes, mises à mal par
la concurrence féroce
des géants chinois .
Sharon Wajsbrot
Depuis une ancienne décharge
transformée en champ solaire par
EDF, à Manosque dans le départe-
ment des Alpes-de-Haute-Pro-
vence, Bruno Le Maire a détaillé
vendredi son « plan de bataille »
pour l’énergie solaire et lancé un
appel aux énergéticiens français :
« Stop au renoncement, stop au
défaitisme, nous devons produire
nos panneaux photovoltaïques sur
notre territoire. »
Pointant les panneaux solaires
installés tout autour de lui et pro-
duits en Malaisie, le ministre de
l’Economie a rappelé les ordres de
Shockwave, la medtech californienne qui a séduit
Jonhson & Johnson avec ses « ondes de choc »
PHARMACIE
La branche équipe-
ments médicaux
de J&J lance une OPA
sur Shockwave
Medical, un spécialiste
ayant conçu un traite-
ment par ultrasons des
artères rétrécies par
les dépôts de calcium.
Myriam Chauvot
Shockwave Medical est peu connu
hors des Etats-Unis. Mais sa techno-
logie pour déboucher par ultrasons
les artères calcifiées est assez pro-
metteuse pour que le géant améri-
cain Johnson & Johnson (J&J) y
mette le prix. Il a annoncé vendredi
lancer une offre publique d’achat
sur cette medtech californienne
cotée à 335 dollars l’action, corres-
pondant à une valeur d’entreprise
grandeur : d’ici à 2035, la France
vise 100 gigawatts (GW) de capaci-
tés de pro duction électrique
solaire, soit un investissement de
20 milliards d’euros. « La question
qu’on doit se poser est très simple :
ces 20 milliards seront-ils pour des
usines hors de France ? Je préfère
qu’ils servent à ouvrir des usines en
France », a-t-il insisté.
Un objectif de 6 gigawatts
installés chaque année
Pour enclencher la machine alors
que la France vise désormais un
doublement de ses capacités instal-
lées chaque année, Bruno Le Maire
a indiqué que les deux projets de
gigafactories de panneaux solaires
prévus en France – celui d’HoloSo-
lis à Hambach et celui de Carbon à
Fos-sur-Mer – devraient bien béné-
ficier du crédit d’impôt permis par
la loi industrie verte. Pour ces deux
sites dont la construction doit
engager respectivement 700 mil-
lions et 1,5 milliard d’euros d’inves-
tissement, cela représente un
maximum de 200 millions d’euros.
Surtout, pour leur assurer des
commandes ainsi qu’aux quelques
usines françaises qui subsistent
dans les panneaux solaires chez
Voltec et chez Systovi, le ministre a
demandé la pleine mobilisation
des énergéticiens.
(cash/dettes de la cible inclus) de
13,1 milliards de dollars.
Shockwave Medical a développé
un matériel novateur d’intervention
sur les artères rétrécies par les
dépôts de calcium. Un mince tuyau
(un cathéter) est introduit dans les
artères et s’y fraye un passage en y
envoyant des ultrasons dissolvant
les dépôts. D’où le nom de la société,
Shockwave, qui signifie « onde de
choc ». La medtech va renforcer la
branche équipements médicaux du
géant américain J&J, déjà très pré-
sent dans le cardiovasculaire.
Une société rentable
Shockwave Medical n’est pas
inconnue des marchés : aux Etats-
Unis où la medtech est cotée, elle
bénéficie d’une capitalisation bour-
sière de plus de 11 milliards de dol-
lars. Elle ne réalise encore que
730 millions de dollars de chiffre
d’affaires mais elle est rentable
(147 millions de dollars de résultat
net en 2023), son matériel étant déjà
« J’appelle les grands donneurs
d’ordres à s’engager dans le “Pacte
solaire” lancé par Roland Lescure.
L’objectif est de produire en France
40 % des panneaux photovoltaïques
que nous utilisons d’ici à 2030 », a
lancé Bruno Le Maire accompagné
de son ministre de l’Industrie.
30 % de commandes auprès
de producteurs européens
Proposé à la signature des déve-
loppeurs solaires français ces der-
niers jours, ce pacte introduit un
principe très nouveau : la fixation
d’une trajectoire d’achat de pan-
neaux solaires produits en Europe
dans les commandes des déve-
loppeurs français. Il est proposé de
fixer un objectif d’un minimum de
30 % des achats de panneaux réali-
sés auprès d’industriels du solaire,
assurant au moins une étape de
fabrication en Europe, à partir
de 2025. Ces derniers seront identi-
fiés grâce à un « Induscore », à la
manière du « Nutriscore » utilisé
dans l’industrie agroalimentaire.
Ce pacte demande aussi aux
énergéticiens tricolores de signer
des lettres d’intention, à hauteur de
10 % de leurs commandes auprès
de ces industriels identifiés comme
vertueux pour l’industrie du Vieux
Continent dès cette année. L’objec-
tif est a priori très ambitieux puis-
commercialisé aux Etats-Unis et à
l’international. Elle vise 910 à
930 millions de chiffre d’affaires
cette année (+25 %).
J&J cherche
à compenser
la chute de son
chiffre d’affaires
quand expirera
le brevet de son
médicament vedette,
le Stelara.
Shockwave Medical a mis au
point une technologie d’interven-
tion intravasculaire (en agissant
depuis l’intérieur même des artè-
res) unique au monde pour traiter
les dépôts qui les rétrécissent avec
l’âge. Les dépôts, en diminuant la
circulation sanguine, accroissent le
risque qu’un caillot les bouche et
sont une des pathologies les plus
Les chiffres clés
100
GIGAWATTS
La capacité de production
électrique solaire visée
en France d’ici à 2035.
20
MILLIARDS D’EUROS
L’investissement nécessaire
pour atteindre 100 gigawatts
de production électrique
solaire en France.
qu’à ce jour la quasi-totalité des
panneaux solaires installés en
France proviennent d’Asie. Cette
initiative vise à amorcer la pompe
des commandes pour les usines
européennes qui font face, depuis
près d’un an, à une concurrence
féroce des géants asiatiques qui
vendent à prix cassés. Le prix du
watt solaire est ainsi tombé à un
plus bas historique de 0,11 euro et
de nombreux producteurs en
Europe réduisent la voilure.
Cette initiative vient aussi com-
pléter les dispositions prévues par
courantes liées au vieillissement de
l’organisme.
C’est une technologie « peu inva-
sive », selon J&J, et elle a « déjà traité
de façon simple et efficace 400.000
patients dans le monde ». Son rem-
boursement par les autorités de
santé américaines a été élargi en
octobre 2023.
Un segment
en forte croissance
L’acquisition a été approuvée par les
conseils d’administration de Shoc-
kwave et de J&J et devrait être finali-
sée en milieu d’année. « L’interven-
tion cardiovasculaire est un des
marchés d’équipements médicaux
ayant la plus forte croissance, où il y a
un besoin non satisfait des patients »,
souligne le laboratoire américain.
En s’adjoignant Shockwave
Medical , Johnson & Johnson va
développer son portefeuille med-
tech cardiovasculaire dans deux des
segments d’interventions cardio-
vasculaires les plus innovants et en
Lundi 8 avril 2024 Les Echos
le « Net-Zero Industry Act » adopté
en Europe qui doit permettre aux
appels d’offres publics dans l’éner-
gie solaire de privilégier la produc-
tion européenne. « Le prix des pan-
neaux solaires ne représente que
10 % du coût total d’un projet photo-
voltaïque. On ne parle pas d’un gros
effort économique mais plutôt d’un
effort collectif », plaide-t-on au cabi-
net du ministre de l’Energie,
Roland Lescure.
Chez les développeurs français,
l’initiative a d’abord été très mal
accueillie car elle consiste à leur
faire supporter le surcoût des
achats en Europe. Pourtant ces der-
niers jours plusieurs d’entre eux
ont commencé à s’y rallier. Ils sont
29 à avoir signé ce pacte indique le
ministère de l’Economie qui cite
entre autres le développeur alle-
mand BayWa r.e., la SNCF, Oscaro
Power, Neoen ou encore Boralex.
Les deux fédérations profession-
nelles du secteur, le Syndicat des
énergies renouvelables et Enerplan
sont également signataires.
Au sein du gouvernement, on
explique se laisser deux mois pour
élargir la liste des entreprises parte-
naires de l’initiative et surtout
convaincre les plus grands acteurs
du secteur, Engie, TotalEnergies ou
encore EDF qui pour l’instant ne se
sont pas engagés. n
croissance : les maladies des artères
coronariennes et périphériques.
Ils s’ajoutent à deux autres seg-
ments récemment investis par J&J
MedTech avec le rachat d’Abiomed
en rééducation cardiaque et de Bio-
sense Webster dans les examens
électrophysiologiques. Quand
l’acquisition de Shockwave sera
finalisée, « Johnson & Johnson Med-
Tech sera le leader mondial dans 4
segments à forte croissance du cardio-
vasculaire », souligne le laboratoire.
J&J s’est développé à marche for-
cée pour compenser la chute prévue
de son chiffre d’affaires quand expi-
rera, en 2025, le brevet de son médi-
cament vedette, le Stelara, un traite-
ment du psoriasis qui deviendra
alors généricable. Sur les 85,2 mil-
liards de dollars de chiffre d’affaires
réalisé par J&J l’an dernier, sa bran-
che medtech a représenté 30,4 mil-
liards (+10,8 %) contre 54,8 milliards
pour sa branche médicaments
(+4,2 %), dont presque 11 milliards
venaient de Stelara. n
22
Konica
Minolta
victime de
la révolution
« no paper »
BUREAUTIQUE
Confronté à une
baisse régulière
de la demande de
matériel d’impres-
sion, le japonais va
supprimer environ
6 % de ses effectifs
mondiaux.
Le marché de l’impression bat
de l’aile face à l’avancée du tout
numérique et des entreprises
« no paper ». Confronté au
déclin de la demande d’impri-
mantes, l’un de ses principaux
secteurs d’activité, Konica
Minolta a annoncé jeudi dans
un communiqué qu’il allait
supprimer 2.400 emplois, soit
environ 6 % des près de 40.000
qu’il compte dans le monde.
Le groupe japonais présente
cette mesure comme l’une des
composantes de son plan stra-
tégique 2023-2025, qui doit lui
permettre d’améliorer sa renta-
bilité et de retrouver « une crois-
sance durable ». Dans son com-
muniqué, il précise qu’il va en
parallèle « augmenter ses inves-
tissements pour réorienter le
capital humain vers des opéra-
tions à forte valeur ajoutée »,
citant notamment un recours
accru à l’intelligence artificielle
générative.
Consolidations
Ces réductions d’effectifs, qui
seront réalisées au cours des
douze prochains mois,
devraient lui permettre d’aug-
menter ses bénéfices de 20 mil-
liards de yens (122 millions
d’euros) dès 2025-2026. Dans la
foulée de l’annonce, le titre
Konica Minolta à la Bourse
de Tokyo a clôturé en hausse
de 5,9 % jeudi, à 528 yens
(3,22 euros), son plus haut
depuis la mi-mai. Il valait toute-
fois plus de 1.000 yens il y a cinq
ans, avant la pandémie de
Covid-19.
Fo n d é e n 1 8 7 3 , Ko n i c a
Minolta a été l’un des pionniers
de la photographie avant de se
diversifier dans les photoco-
pieurs et les équipements de
santé. Avec Canon, Fujifilm et
Ricoh, il constitue l’un des fers
de lance japonais des équipe-
ments de bureau. Le secteur a
fortement souffert ces derniè-
res années, à mesure que les
entreprises modifient leurs
habitudes et diminuent le
recours aux impressions
papier.
Virage stratégique
Face à cette contraction de la
demande, nombre de spécialis-
tes ont d’ores et déjà entamé la
réorientation de leurs activités,
vers des domaines tels que les
soins de santé, la production de
semi-conducteurs et les tech-
nologies spatiales. Cette straté-
gie s’est notamment traduite
l’an dernier par une fusion
entre Ricoh et le groupe infor-
matique Toshiba. Et les investis-
seurs attendent des signes de
consolidation supplémentaire
dans le secteur, selon Takashi
Shimamoto, analyste chez Oka-
san Securities, cité par l’AFP.
« Nous étudierons également
la possibilité de conclure des
alliances dans des domaines où il
n’y a pas de conflits de concur-
rence », a déclaré le PDG de
Konica Minolta Toshimitsu
Taiko, lors d’une conférence de
presse concernant les activités
d’impression multifonctions
de l’entreprise. « Nous faisons
ce que nous pouvons par nous-
mêmes. »
— F. M., avec agences
23 Les Echos Lundi 8 avril 2024
Des Landes au Val
de Loire, le parcours
du combattant des
cultivateurs d’asperges
AGRICULTURE
La récolte des asperges
a débuté des Landes
au Val de Loire.
Entièrement réalisée
à la main, elle a lieu
quotidiennement
jusqu’en juin : un
travail pénible qui
demande beaucoup
de saisonniers
qu’il faut fidéliser.
Dominique Chapuis
Il pleut des cordes, mais les saison-
niers continuent leur travail sans
ralentir le rythme, emmitouflés
dans leurs vêtements de pluie.
Dans le Val de Loire, la récolte des
asperges vient de débuter. Pâques
constitue le pic de la consomma-
tion. Il ne faut pas rater le rendez-
vous, très tôt cette année. Les asper-
ges blanches ne p euvent pas
attendre. En une journée, elles peu-
vent pousser de 15 centimètres, et
perdre en qualité.
« La blanche se récolte tous les
deux jours, en repassant au même
endroit, indique Guillaume Tho-
mas, producteur à Saint-Mathurin-
sur-Loire (Maine-et-Loire). Si on ne
le fait pas, elle fleurit avec une pointe
ouverte et ne peut plus être commer-
Une IGP attendue pour
les asperges du Val de Loire
La filière bénéficie de deux IGP, les « Asperges du
Blayais » cultivées entre la côte Atlantique et l’estuaire
de la Gironde, et les « Asperges des Sables des Landes ».
Cette dernière a en plus obtenu en février le Label
Rouge. Les producteurs du Val de Loire ont fait à leur
tour une demande d’IGP, un moyen de valoriser le pro-
duit, et de décrocher plus de volumes dans la grande
distribution.
Labeyrie fait de plus en plus de place aux apéritifs végétaux
AGROALIMENTAIRE
L’entreprise, connue
pour son saumon
fumé, développe
son offre végétale.
Avec sa marque
l’atelier Blini, star
des apéritifs, Labeyrie
travaille sur des
recettes à base de
houmous ou d’olives,
avec la création
de filières agricoles.
Labeyrie Fine Foods a décidé de
mieux coller aux attentes des
consommateurs, en quête de plus
de végétal dans leurs assiettes.
Connu pour son foie gras et son sau-
mon fumé, le groupe développe
depuis une dizaine d’années une
offre apéritive en pleine croissance.
Des produits tartinables, comme le
tzatziki, des mélanges carotte et fro-
mage frais ou encore tomate, ricotta
sous sa marque l’atelier Blini.
Ce pôle pèse 18 % de son chiffre
d’affaires qui a atteint plus de 1 mil-
liard d’euros l’an dernier. C’est le
troisième du groupe, détenu à 45 %
par le fond PAI, à 45 % par la coopé-
cialisée ». La cueillette se fait à la
main, avec une gouge, un long cou-
teau qui permet de trancher cha-
cune à 35 centimètres sous la terre.
Dans son aspergeraie sur 16 hecta-
res, près de 2,5 tonnes sont ramas-
sées quotidiennement. Et cela
6 jours sur 7 par une équipe de
25 cueilleurs.
« L’asperge fait partie des cultures
à fort besoin de main-d’œuvre de
février à juin. Ce qui explique que
certains s’en détournent pour
d’autres semi-mécanisables », souli-
gne Baptiste Richard, responsable
technique de la station de condi-
tionnement des Fleuron d’Anjou, la
coopérative qui commercialise ces
légumes.
En France, 6.600 hectares sont
consacrés à l’asperge, à 95 % la
blanche et la violette. Une des rares
cultures légumières dites péren-
nes, car elle est en place pour une
dizaine d’années.
Perte de surfaces
La production tricolore, répartie
entre les Landes, la Gironde, le Val
de Loire, le Sud-Est et l’Alsace, a
atteint 26.000 tonnes en 2023,
selon les estimations. Insuffisant
pour répondre à la demande. Les
importations s’élèvent entre 30 % et
40 %, de Belgique et Hollande pour
la blanche, et en majorité d’Espa-
gne pour la verte.
« Nous avons perdu 7 % de surfa-
ces en 2023 », indique Astrid Etève-
naux, directrice de l’association
rative Lure Berri, et le reste par le
management. Labeyrie réalise 50 %
de ses ventes dans le poisson fumé
(saumon, truite, harengs…), suivi
des crevettes avec sa marque Del-
pierre (20 %). Le foie gras et le magret
confit, à l’origine de l’entreprise, ne
représentant plus que 12 % de l’acti-
vité. L’une des conséquences de la
grippe aviaire qui a fragilisé la filière.
« L’objectif est de végétaliser notre
portefeuille, très tourné vers les pro-
téines animales, souligne Jacques
Trottier, président du groupe. Nous
ciblons les flexitariens, car notre
volonté est de réconcilier plus
qu’opposer. Dans trois à quatre ans,
cette offre devrait représenter 25 % de
notre chiffre d’affaires, contre 15 %
aujourd’hui ».
Une stratégie qui repose
sur la RSE
Pour cela, Labeyrie veut innover
dans ses recettes, en pariant
notamment sur le houmous, en
plein essor, mais aussi les olives.
« Dans un même magasin, il y a par-
fois jusqu’à 20 références différentes
de houmous. Nous travaillons sur de
nouvelles offres, plus tournées vers
l’accompagnement des repas, en
jouant toujours sur le côté plaisir
des produits ».
Pour renforcer le poids du végé-
tal, l’entreprise a développé depuis
Asperges de France, l’interlocuteur
du ministère de l’Agriculture. La
structure fédère les 9 principales
organisations de producteurs, soit
30 % de la production nationale.
L’Alsace fait bande à part et de nom-
breux exploitants restent isolés.
« Cette tendance devrait s’inverser,
car plusieurs coopératives, comme
Fleuron d’Anjou, Maïsadour, Copa-
dax ou Arterris ont lancé des campa-
gnes de recrutement pour stabiliser,
voire développer les surfaces à la
suite des départs à la retraite, où le
choix d’autres cultures ».
Un pari compliqué. Le coût de
l’installation est élevé, avec un ren-
dement correct seulement la troi-
sième année. Rien que pour les grif-
fes, ces racines qui donnent
naissance aux asperges, il faut
compter 12.000 euros l’hectare. De
plus, s’assurer chaque saison
d’avoir des saisonniers est devenu
un casse-tête pour les producteurs.
« Ils doivent avoir un esprit mana-
gérial pour constituer les équipes, les
gérer, les bichonner. Cette disponibi-
lité est devenue un avantage concur-
rentiel. Tous les exploitants n’ont pas
cet esprit », résume Brahim El Has-
noui, directeur commercial de
Fleuron d’Anjou qui vend aussi des
radis, des échalotes ou de la mâche.
Enchaînement des cultures
La coopérative a travaillé avec eux
pour organiser les productions,
afin de fidéliser ces travailleurs
occasionnels. Sur son exploitation,
Guillaume Thomas a ainsi sur
60 hectares, 8 cultures de légumes
et du maïs semence. Ce qui lui per-
met d’échelonner la main-d’œuvre.
J’ai du travail sept mois de l’année,
d’abord avec la plantation des écha-
lotes en février, avant l’arrachage en
juin, l’asperge au printemps, puis la
rhubarbe, et je finis avec le rutabaga
en octobre ».
Grâce à cet enchaînement, il
peut compter sur 25 ouvriers agri-
coles, les mêmes depuis plus d’une
dizaine d’années. Parmi eux, des
un an la culture de pois chiche,
notamment dans le Sud-Ouest. En
Grèce, elle est en train de mettre en
place une filière avec un pro-
gramme agroécologique pour les
olives. « Le socle de cette stratégie
repose beaucoup sur la RSE », note le
dirigeant. Le blé pour les blinis et le
lait utilisé dans les préparations fro-
magères qui alimentent ses dix usi-
nes françaises sont locaux. Des
contrats de trois ans sont passés
avec les agriculteurs, avec des enga-
gements sur la rémunération.
Pour cultiver les liens, et conti-
nuer d’aller à la rencontre des
Les chiffres clés
25 %
LE CHIFFRE D’AFFAIRES
DE L’OFFRE « VÉGÉTALE »
visée d’ici à trois ou quatre
ans, contre 15 % aujourd’hui.
50 %
L’OBJECTIF DE VENTES
hors de France d’ici à cinq
ans, contre 37 % actuellement.
La production d’asperges s’est élevée à 26.000 tonnes l’an dernier, selon la statistique annuelle
agricole, pas assez pour répondre à la demande. DR
ouvriers roumains qui habitent
Angers à une dizaine de kilomè-
tres, et rejoignent leur pays l’hiver.
Fleuron d’Anjou coopère avec un
groupement d’employeurs pour les
aider à prolonger les contrats dans
les vignes où ramasser les champi-
gnons dans la région. « Récolter
l’asperge est un travail pénible, la
filière en est bien consciente,
reprend Astrid Etèvenaux. Pour
que ces salariés reviennent, il faut
bien les rémunérer et s’assurer qu’il
n’y ait pas de problèmes de loge-
ment ».
Filière en tension
Pour soutenir la filière fruits et
légumes, le gouvernement l’a
déclaré en tension, ce qui va facili-
exploitants sur le terrain, Labeyrie a
revu son organisation, avec la créa-
tion de 4 pôles dédiés à chaque
filière (Labeyrie Fine Foods Océan,
Premium…). « C’est la fin du modèle
producteurs, transformateurs et
commerciaux, souligne Gaëlle
Ouari, directrice RSE et stratégie
des marques. Nous devons être au
cœur d’un écosystème plus vertueux
qui permet à chacun d’être plus pro-
che pour mieux partager ces nou-
veaux enjeux. »
L’Asie dans le viseur
Les experts qui se rendent en Amé-
rique latine voir comment sont éle-
vées les crevettes ou en Ecosse et en
Norvège pour le saumon vont pou-
voir être plus efficaces dans le par-
tage d’expériences afin d’améliorer
les conditions de production. Un
travail qui s’accompagne pour tous
les produits d’une réflexion sur la
réduction des emballages plasti-
que.
Autre défi, l’international.
L’entreprise veut réaliser la moitié
de ses ventes hors de France d’ici à
cinq ans, contre 37 % aujourd’hui.
Elle vise le Moyen-Orient et l’Asie du
Sud-Est, avec le Japon, la Corée,
Taïwan ou Singapour. « Des pays, où
il y a de plus en plus de CSP +, avec une
consommation qui s’occidentalise, et
qui apprécie la gastronomie fran-
ENTREPRISES
ter l’obtention de visas pour les sai-
« Les salaires, sonniers étrangers, venus d’Améri-
qui ont beaucoup que du Sud, d’Europe de l’Est ou
d’Afrique du Nord. Les charges
augmenté, sociales des employeurs vont aussi
représentent être réduites. « Cette récolte entière-
plus de 50 % ment manuelle explique pourquoi
les asperges coûtent cher, insiste
des charges.
Pour autant,
Guillaume Thomas. Les salaires,
qui ont beaucoup augmenté, repré-
nous gagnons sentent plus de 50 % des charges.
notre vie. » Pour autant, nous gagnons notre
vie. »
GUILLAUME THOMAS Pour le producteur, le prix payé
Producteur va de 10 euros le kilo en début de sai-
son, où les volumes sur le marché
sont faibles, à 3 euros ensuite. Dans
les grandes surfaces, cela démarre
à 20 euros pour descendre ensuite
à 7 euros. n
çaise », insiste Jacques Trottier. Elle la moitié de son activité avec des
a ainsi ouvert à Noël à Dubaï un MDD, qui ont attiré les faveurs des
espace dédié chez Carrefour, avec ménages depuis deux ans, avec
saumon fumé et foie gras. l’envolée de l’inflation. Des marques
Ces deux priorités sont de nou- distributeurs qui elles aussi devront
veaux relais de croissance, alors dans la foulée de grandes marques
qu’en France, le groupe a résisté à la faire leur transition écologique.
déconsommation. Il réalise en effet — D. Ch.
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ENTREPRISES
Le tramway avance à Paris mais
n’a toujours pas « bouclé la boucle »
Dans la capitale, entre portes d’Asnières et Dauphine, sept stations complétent la ligne de tramway, qui couvre désormais 75 % du parcours visé. Photo Lionel Bonaventure/AFP
TRANSPORT
Quelque 3 km supplé-
mentaires de cette
ligne de surfaxe ont
été inaugurés dans le
nord-ouest parisien.
Denis Fainsilber
Vingt-trois ans après les premiers
coups de marteaux-piqueurs dans
le sud de Paris, le tramway parisien
de nouvelle génération n’est tou-
jours pas parvenu à « boucler la
boucle ». Mais il s’en rapproche de
plus en plus. C’est-à-dire faire le tour
de la capitale, le long du tracé de
32 km desservi par l’ancien chemin
de fer de Petite Ceinture, inauguré
par tranches jusqu’en 1869 et aban-
donné depuis bien longtemps.
Vendredi dernier, élus de tous
bords, le ministre des transports,
Patrice Vergriete, et le patron de la
RAT, Jean Castex, ont inauguré une
extension supplémentaire de cette
ligne de surface dans le nord-ouest
de la capitale, entre les portes
d’Asnières et Dauphine, soit sept
stations et 3,2 km supplémentaires.
Ce qui permet de desservir 75 %
du tour de Paris avec ce mode silen-
cieux et tout électrique, rempla-
Le Jacquard Français veut conquérir toute la maison
BIENS DE
CONSOMMATION
La marque de linge
haut de gamme
du groupe Elis, connue
pour ses nappes,
accélère sa diversifica-
tion en se lançant
dans les housses
de couettes et taies
d’oreiller.
Un marché
à plus fort taux
de renouvellement.
Clotilde Briard
Connu pour ses nappes et torchons
colorés aux motifs bien identifia-
bles, Le Jacquard Français veut
investir d’autres pièces que la salle à
manger ou la cuisine. L’entreprise
de linge de maison, née en 1888 à
Gérardmer dans les Vosges, s’atta-
que désormais à la chambre à cou-
cher. Elle lance draps, housses de
couettes et autres taies d’oreiller,
des types de produits que les
consommateurs renouvellent plus
çant les bus diesels de l’ancienne
ligne PC, créée en 1934. Et au pas-
sage, de continuer à limiter sérieu-
sement la place de la voiture sur les
boulevards des Maréchaux.
Un chantier de 200 millions
d’euros, sans compter la facture de
9 nouvelles rames Alstom et de
50 embauches de conducteurs. La
Mairie de Paris en a financé 60 %, la
région 28 % et l’Etat le solde, grâce à
un chèque de 28 millions d’euros
issu d’un plan de relance européen.
D’ores et déjà, chacun songe à la
prochaine étape logique : les 4,5 km
de lignes toujours manquants,
entre la Porte Dauphine et le Pont
du Garigliano, qui enjambe la Seine
j u s q u’a u p o i n t d e d é p a r t d e
l ’a c t u e l l e l i g n e T 3 a . L a p l u s
ancienne, qui attend déjà ses nou-
velles rames.
Prochain schéma directeur
A écouter les élus, tout le monde y
est favorable à présent, même si rien
n’est encore acté. « Ce projet est ins-
crit dans le nouveau schéma directeur
d’aménagement de l’Ile-de-France,
qui sera adopté en juin prochain », a
indiqué Valérie Pécresse, la prési-
dente de la région. C’est après cette
étape que la concertation locale
p ourra commencer, dans un
XVIe arrondissement jusqu’alors
plutôt réticent à l’idée de partager le
souvent. « Nous nous sommes pro-
gressivement diversifiés pour deve-
nir une griffe “lifestyle” . Notre mar-
que est suffisamment forte dans son
périmètre d’origine pour aller vers
d’autres univers », estime Béatrice
Brandt, la directrice générale
de l’entreprise, intarissable sur les
collections.
Au sein du groupe Elis, spécialisé
dans la commercialisation et
l’entretien de linge et vêtements
pour professionnels, Le Jacquard
Français, toujours imprégné de
l’esprit impulsé dès la fin des
années 1970 par la styliste Prime-
rose Bordier, a une place à part. En
termes de taille comme de types de
marché. La filiale enregistre un
chiffre d’affaires stabilisé autour de
13 à 14 millions d’euros, surtout
auprès du grand public même si
elle vend aussi à la restauration.
Quand sa maison mère pesait,
en 2023, 4,3 milliards d’euros avec
ses services aux entreprises.
Développement
de la seconde main
Avec la diversification, la marque
haut de gamme vise les 20 millions
d’euros d’ici à 2030. Le projet de
linge pour le lit était depuis un
moment dans les cartons. Mais il a
« Aujourd’hui,
le tram est
plébiscité : c’est
le plus efficient
de nos modes de
transport, avec un
taux de régularité
proche de 100 %. »
JEAN CASTEX
Président-directeur général
de la RATP
mis du temps pour se concrétiser,
faute de trouver un sous-traitant en
France. Si les nappes et torchons
sortent de l’usine vosgienne histori-
que, les produits pour la nuit néces-
sitent d’autres techniques et outils
de production. Ils sont fabriqués au
Portugal, de bout en bout et pas
seulement pour la phase finale
d’ennoblissement.
Ces nouvelles références vien-
nent rejoindre plateaux en bouleau,
draps de plage ou cabas ayant
grossi les collections au fil des
années. Elles permettent à la mar-
que d’investir de nouveaux circuits
de vente. Elles doivent aussi l’aider à
pousser ses feux dans l’hôtellerie-
restauration, en France comme à
l’étranger.
Cette extension vise à trouver des
relais de croissance face aux évolu-
tions de consommation. « Les gens
achètent moins de nappes qu’avant,
mais plus de serviettes et de tor-
chons », relève Béatrice Brandt.
D’où des paniers moyens souvent
moins élevés. En outre, les listes de
mariage contiennent plus souvent
des voyages et moins de produits
pour la maison.
L’entreprise ajoute de nouvelles
cordes à son arc pour s’adapter à
l’évolution des attentes, comme la
bitume des Maréchaux.
« Aujourd’hui, le tram est plébis-
cité : c’est le plus efficient de nos
modes de transport, avec un taux de
régularité proche de 100 %. Avec quel-
que 55.000 passagers supplémentai-
res quotidiens sur la nouvelle exten-
sion, la totalité de la ligne T3 va
b i e n t ô t f ra n ch i r l e c a p d e s
300.000 passagers par jour »,
détaille Jean Castex.
Plébiscité aujourd’hui, le tram-
way newlook lancé à l’époque Dela-
noë était parti sur d’assez mauvai-
ses bases, et faisait difficilement
l’unanimité. Longtemps, cette
infrastructure lourde présentée
comme une vitrine municipale a
été honnie par une partie des habi-
tants de Paris, spécialement dans
les quartiers ouest et nord-ouest
assez peu enclins à voter Hidalgo.
Requalifier des quartiers
« Le développement du tramway n’a
pas toujours été simple, et pas
consensuel », se souvient la maire de
Paris Anne Hidalgo. A l’époque pre-
mière adjointe de Bertrand Dela-
noë, elle se félicite à présent de ce
projet « politique, mais pas parti-
san ». Aux abords des portes Maillot
ou Dauphine, « on n’en voulait pas
trop », selon elle. D’où la décision
originelle de partir direct vers le
sud-est au début des années 2000,
mise en place d’un service de brode-
rie, les consommateurs étant plus
nombreux à vouloir ajouter leurs
initiales, notamment sur les textiles
pour le bain.
La seconde main est aussi au
menu depuis l’an dernier sur le site
Internet. Une façon de convaincre
Le projet de linge
pour le lit était
depuis un moment
dans les cartons.
Mais il a mis
du temps pour
se concrétiser,
faute de trouver
un sous-traitant
en France.
les clients de s’équiper puisqu’ils
pourront revendre leur nappe lors-
qu’ils se seront lassés du motif, con-
tre des bons d’achat. Et d’inciter les
plus jeunes générations d’acheter à
moindre coût.
La maison joue également la
carte de la collaboration avec
l’architecte et designer Jean-Michel
Lundi 8 avril 2024 Les Echos
« et en profiter pour requalifier des
quartiers entiers de Paris », sur toute
la largeur des artères concernées.
La municipalité parisienne a
connu maintes avanies dans son
projet (des réseaux de gaz ou de
télécoms à détourner découverts
dans le sud de Paris, de l’amiante à
foison dans les multiples tunnels du
XVII e arrondissement), mais le
coup était parti pour transformer et
végétaliser les Maréchaux. A coup
de gazon déroulé à la hâte tel des
rouleaux de moquette, apportés de
nuit par des norias de camions.
Vitrine municipale
Fin 2009, au vu du premier tronçon
de cette nouvelle vitrine, la Cour des
comptes relevait une vitesse com-
merciale moyenne du tramway de
16,5 km/h, bien inférieure aux pré-
visions, observant que les objectifs
de régularité avaient été systémati-
quement surévalués par la RATP.
En cause, l’absence de tunnels et
les nombreux conflits d’usages
avec les autres véhicules aux diffé-
rents carrefours. Des handicaps
récurrents sur les 30 km de lignes,
qui auraient été éludés en moderni-
sant beaucoup plus simplement
l’ancienne ligne ferroviaire circu-
laire, aujourd’hui livrée aux herbes
folles. Un projet plus efficace, mais
moins spectaculaire en surface. n
Wilmotte. Ce dernier signe une
palette de produits. La première
rencontre s’était faite à la suite de sa
quête, en tant que client, de sets de
table de forme atypique.
De nouveaux marchés
à l’export
Parmi les axes de développement
figure l’extension de l’export à de
nouveaux pays, comme la Corée,
l’Albanie ou l’Inde. Aujourd’hui, le
premier marché hors de l’Hexa-
gone se situe aux Etats-Unis. En
France, la moitié du chiffre d’affai-
res des boutiques et corners dédiés
à la griffe, vendue par ailleurs par
des détaillants multimarques, se
fait avec des touristes.
Les points de vente consacrés à la
marque, une dizaine aujourd’hui
en incluant les magasins d’usine,
doivent monter en puissance dès
cette année. Avec l’apport du linge
de lit, ils élargissent en effet leur
clientèle potentielle.
Le Jacquard Français compte
aussi sur les Jeux Olympiques pour
faire encore mieux connaître ses
produits historiques made in
France. Elle sort des collections por-
teuses de la licence Paris 2024, du
tablier Equipe de France au drap de
plage tour Eiffel. n
24
à suivre
Le patron
de Boeing a gagné
33 millions
de dollars en 2023
AÉRIEN Boeing a annoncé
vendredi une rémunération
totale de 32,8 millions de dol-
lars (30,24 millions d’euros)
en 2023 pour son PDG, David
Calhoun, qui quittera son
poste fin 2024. Un chiffre en
hausse de 45,8 % sur un an. Le
dirigeant a toutefois renoncé
à une prime de résultats de
2,8 millions de dollars, après
l’arrachage d’une cloison en
vol sur un 737 Max d’Alaska
Airlines en janvier. Le conseil
d’administration de Boeing a
par ailleurs annoncé une
révision de son programme
de rémunération 2024 pour
le lier plus directement aux
objectifs de sécurité et de
qualité.
JO : certains poids
lourds rouleront
le week-end
TRANSPORT Certains poids
lourds pourront circuler plus
librement le week- end en
France , du 1er mai au 31 octo-
bre 2024, en raison de l’orga-
nisation des Jeux Olympiques
de Paris, selon un arrêté
publié dimanche au « Journal
officiel ». En règle générale,
les véhicules de plus de
7,5 tonnes n’ont pas le droit de
circuler à partir de 22 heures
les samedis et veilles de jours
fériés, et jusqu’à 22 heures les
dimanches et jours fériés.
L’arrêté lève cette interdiction
pour ceux approvisionnant
les sites « dûment identifiés »
par le comité d’organisation
des Jeux 2024. Les transpor-
teurs devront présenter un
justificatif en cas de contrôle.
8,2 millions de
paquets de lessive
Tide rappelés
BIENS DE CONSOMMATION
Le groupe américain Procter
& Gamble a annoncé le rappel
de 8,2 millions de paquets de
dosettes de lessive Tide, très
populaire outre-Atlantique.
L’opération concerne des sacs
en film flexible des marques
Tide, Gain, Ace et Ariel, distri-
bués aux Etats-Unis et au
Canada. « L’emballage exté-
rieur [...] peut s’ouvrir près de
la fermeture éclair pouvant
causer un risque de blessure
grave en cas d’ingestion », a
déclaré vendredi la Commis-
sion américaine de sécurité
des produits de consomma-
t i o n . I l n’ y a e u t o u t e f o i s
aucun cas confirmé de bles-
sure directement liée à ce
défaut d’emballage.
Le salaire
de Carlos Tavares
critiqué
AUTOMOBILE Les agences de
conseil américaines Glass
L e w i s , P r ox i nve s t e t I S S ,
citées par le journal « Le
Monde », ont jugé « excessive »
la rémunération de 36,5 mil-
lions d’euros proposée par
Stellantis pour son patron
Carlos Tavares, au titre de
l’année 2023, en récompense
notamment du bénéfice
record de 18,6 milliards
d’euros enregistré. Les trois
agences jugent notamment le
contexte défavorable, avec les
plans de départs volontaires
lancés par Stellantis, princi-
palement aux Etats-Unis.
Glass Lewis appelle même les
actionnaires à voter « contre »
cette rémunération lors de
l ’a s s e m b l é e g é n é r a l e d u
16 avril prochain.

25 Les Echos Lundi 8 avril 2024
Mâcon veut se faire une place
dans la French Tech
ÉCOSYSTÈME
Le 5 avril, Marina
Ferrari a décerné
le prix de la « Capitale
French Tech de
l’année » à la Bourgo-
gne-Franche-Comté.
Lucile Meunier
Mâcon veut se faire une place dans
la French Tech. Le 5 avril, la secré-
taire d’Etat chargée du Numérique,
Marina Ferrari, et la directrice de
la mission French Tech, Clara
Chappaz, ont fait le déplacement
dans cette ville moyenne de Saône-
et-Loire pour remettre le trophée
de la « Capitale French Tech
de l’année » à la B ourgogne -
Franche-Comté (BFC).
Le jur y, composé de la mis-
sion French Tech, de Bpifrance,
d’Orange et de la Caisse des Dépôts
et Consignations, a notamment
choisi cette région pour le dyna-
misme de ses start-up industrielles
qui « font écho à la priorité du gou-
vernement d’aller vers le dévelop-
pement des deeptechs et des green-
techs », explique Marina Ferrari.
Objectif principal : ramener des
investisseurs sur le territoire, alors
que 62 % des fonds sont levés
Mâcon a notamment vu naître la pépite Matawan (ex-Ubitransport), spécialisée dans les services intelligents de mobilité partagée.
Des réseaux sociaux pour femmes à l’opposé d’Instagram
RÉSEAUX SOCIAUX
Deux applications,
Les Martines et Meuf,
viennent de sortir.
Leur objectif : créer
des espaces d’échanges
sécurisés uniquement
dédiées aux femmes,
tous âges confondus.
Charlie Perreau
Claire Suco se souviendra long-
temps du 21 février 2024, le jour où
son passage dans l’émission « Qui
veut être mon associé ? » a été diffusé
sur M6. Elle y dévoilait Meuf, son
projet de réseau social consacré aux
femmes dont les origines remontent
à sept ans. « Quand j’ai avorté en 2017,
je me suis rendu compte qu’il n’y avait
pas d’endroit pour discuter avec
d’autres femmes », raconte-t-elle.
par des start-up franciliennes, selon
le dernier baromètre EY.
Aujourd’hui, la Bourgogne-Fran-
che-Comté est riche de plus de
400 start-up. Les 227 entreprises qui
ont adhéré à la délégation régio-
nale de la French Tech emploient
6.500 personnes.
Parmi les « success stories » de ce
territoire, on trouve la pépite Ubi-
transport (devenue Matawan), créée
en 2012. Spécialisée dans les services
intelligents de mobilité partagée, la
jeune pousse a su trouver son mar-
ché en atteignant un chiffre d’affai-
res de 40 millions d’euros en 2023
et figure parmi le French Tech 120,
indice phare de la French Tech. En
collaboration avec les collectivités,
son fondateur, Jean-Paul Medioni,
a milité pour la création de la Cité de
l’entreprise (un espace qui accueille
désormais 40 jeunes entreprises
créant 400 emplois) et a cofondé
l’association Inobyz, qui accompa-
gne depuis 2016 des start-up inno-
vantes dans leur accélération.
Autour d’Inobyz gravitent
trente start-up « qui viennent cher-
cher des conseils et sont invitées à
nos événements », détaille Maxime
Peguet, responsable d’accompagne-
ment. Les start-up les plus avancées
(quatorze d’entre elles) suivent ou
ont suivi un dispositif d’accélération
poussé. « Sur les quatorze, on a un
taux de survie de 80 % à cinq ans,
Son application, qui vient tout
juste de sortir, prend la forme d’un
forum au design léché qui com-
prend plusieurs catégories (santé,
sexualité, règles, maternité…). La
modération est « sévère », selon
Claire Suco. Quand un message
est signalé, celui-ci est grisé et est
ensuite analysé par l’équipe de
Meuf. « Je crois à la responsabilisa-
tion des gens sur la modération »,
souligne-t-elle. Autre particularité :
il n’y a pas de filtres ni de likes.
« Beaucoup de sororité »
Meuf n’est pas la première à s’être
lancée sur ce créneau « anti-Insta-
gram » qui vise à créer des endroits
« bienveillants », en opposition aux
réseaux sociaux « classiques » où le
harcèlement est fréquent. Quelques
jours avant, l’application Les Marti-
nes a vu le jour. « Au départ, j’avais un
compte Instagram de 30.000 person-
nes. Je n’avais pas le temps de répon-
dre à tout le monde, j’ai donc créé un
Discord et j’ai vu qu’il y avait beau-
un tiers dépasse le million d’euros de
chiffre d’affaires », ajoute-t-il.
Cet accompagnement a permis
de faire émerger des pépites, telles
que la jeune pousse 1km à Pied, spé-
cialisée dans la diminution des tra-
jets domicile-travail pour les entre-
prises. Sa fondatrice, Laure Wagner,
première recrue de BlaBlaCar
en 2009, a même choisi de quitter
Paris pour Mâcon afin de « dévelop-
per son entreprise tout en vivant à
la campagne ». Depuis Mâcon, la
start-up a pu lever 500.000 euros
en 2022 et emploie désormais
17 employés. En 2023, son chiffre
d’affaires (qui n’est pas dévoilé) a été
multiplié par deux et la société a
déjà séduit de grands noms comme
Lidl, Auchan, Transilien et la métro-
pole de Strasbourg.
Des investisseurs
trop parisiens
Une autre réussite locale fémi-
nine, Sophie Kerob, serial entre-
preneuse parisienne, a choisi
Mâcon pour développer Wooskill,
une plate forme collaborative
permettant d’échanger des com-
pétences en ligne. Actuellement
en pleine levée de 2 millions
d’euros, la start-up se prépare déjà
pour une série A (2 à 5 millions
d’euros) en 2025.
Après la visite de la secrétaire
d’Etat, la majorité des entrepre-
coup de sororité », raconte Marine
Defaux, qui définit Les Martines
comme une application d’entraide
communautaire fonctionnant aussi
autour de différentes thématiques.
Les Martines et Meuf ont choisi
d’être plutôt généralistes, alors qu’il
existe d’autres applications plus
ciblées, comme WeMoms, com-
munauté qui rassemble plus de
360.000 mamans, ou encore The
Sorority, dédiée aux situations de
violence, de harcèlement et d’insé-
curité. Sans oublier les comptes
Instagram très populaires comme
Jemenbatsleclito (684.000 abon-
nés) « Vous avez beau être très bien
entourée, il y a toujours des sujets
tabous. Parfois c’est plus facile
d’échanger avec d’autres femmes que
vous ne connaissez pas », explique
Pauline Leflon, de WeMoms.
Toutes ces applications sont gra-
tuites et ne sont pas encore forcé-
ment au clair sur le modèle écono-
mique à adopter. La publicité, qui
est au cœur des réseaux sociaux,
neurs espèrent décrocher des inves-
tissements plus facilement. « Nous
sommes en train de préparer une
série A pour 2025 et il y a un vrai
plafond de verre quand on vient de
Mâcon », lance Nicolas Wolff, cofon-
dateur de Nauticoncept, qui avait
trouvé ses fonds auprès d’investis-
seurs régionaux lors de sa levée
de 1,1 million d’euros l’an dernier.
« Ça me fait halluciner de voir
qu’on en est encore là en 2024 », lance
Jean-Paul Medioni, devenu prési-
dent de French Tech BFC. « Il y a
des KPI [indicateurs clés de perfor-
mance, NDLR] de boîtes parisiennes
et des KPI de boîtes à Mâcon, mais
quand on les met en rapport avec
les coûts du foncier et notre rapport
privilégié avec les acteurs publics
et privés, la performance de nos
start-up est bien supérieure à celle
des boîtes parisiennes. »
Tous attendent donc fermement
les résultats de cette labellisation
« Capitale French Tech de l’année »,
mais les contours du dispositif res-
tent encore flous. « Nous allons faire
venir des investisseurs sur le territoire
et organiser des rencontres entre
les start-up et les grands donneurs
d’ordre pour qu’elles rencontrent
leur marché », promet la secrétaire
d’Etat. On sait déjà que la prochaine
rencontre nationale des start-up
industrielles devrait se dérouler
à Dijon en septembre. n
Shutterstock
nécessite d’avoir un nombre d’utili-
sateurs significatifs, ce qui n’est pas
encore le cas pour ces applications.
Les Martines va tester jusqu’en
septembre une version avec un peu
de publicité. « Nous ferons un petit
Ces applications
gratuites ne sont
pas encore forcément
au clair sur le modèle
économique à adopter.
forfait pour les petites entreprises
comme celles qui font des culottes de
règles, de l’investissement au féminin
par exemple », note Marine Defaux,
qui compte mettre au point un abon-
nement à 4,90 euros au départ qui
doublera une fois que d’autres fonc-
tionnalités seront ajoutées comme
un journal intime ou une carte pour
retrouver d’autres membres.
WeMoms vit de la publicité et de
partenariats avec des marques et
START-UP
DiliTrust, la pépite
du juridique
qui multiplie
les acquisitions
LEGALTECH
Ce spécialiste de la
digitalisation des
processus juridiques
des entreprises vient
de mettre la main
sur Aster, spécialisé
dans le pilotage
de réunions.
Bruno Askenazi
DiliTrust enchaîne. Après la
start-up d’analyse de contrats
Hyperlex puis PROmeeting
(gouvernance d’entreprise),
deux activités reprises en 2022,
la plateforme logicielle à des-
tination des directions juri -
diques vient de racheter Aster,
une pépite spécialisée dans
le pilotage de réunions.
En 2020, elle avait déjà repris
son principal concurrent en
Italie, avant d’absorber un an
plus tard Gobertia, leader espa-
gnol du logiciel de gestion pour
les administrations. Au moins
une autre acquisition devrait
se concrétiser d’ici à fin 2024
pour DiliTrust qui ne dévie
pas de sa stratégie de crois-
sance externe.
Plutôt discrète, cette entre-
prise aux 30 millions d’euros
de chiffre d’affaires cible des
start-up en Europe et en Améri-
que du Nord. Pourquoi cette
boulimie d’acquisitions ? « Jus-
qu’alors relativement fragmenté,
le marché des legaltechs est en
voie de consolidation. Il est logi-
que qu’un leader comme nous,
2.000 clients dans le monde,
avale de plus petits acteurs, notre
ambition étant de devenir une
licorne d’ici à trois ans, au plus
tard », répond Nadim Baklouti,
cofondateur de DiliTrust.
« Une brique
technologique de plus »
Grâce à sa levée de fonds de
130 millions d’euros menée
auprès des fonds Cathay Capital,
Eurazeo et Sagard en mai 2022,
elle en a les capacités finan-
cières. A l’image d’Aster, sont
visées les start-up capables
d’apporter aux outils de Dili-
Trust « une brique technologi-
que de plus » pour offrir un
teste actuellement un abonnement
aux Etats-Unis, où elle est présente
depuis deux ans. Meuf veut rester
gratuite et envisage de son côté de
créer une marketplace qui ressem-
blera des marques dédiées aux
femmes. Pour chaque vente, elle
percevra une commission. D’autres
fonctionnalités sont dans les car-
tons : une carte pour trouver les
autres utilisatrices mais aussi des
commerces tenus par des femmes.
« On aimerait également organiser
des événements », glisse Claire Suco.
Un montage polémique
En attendant, ces applications
ont dû chercher des financements.
WeMoms a été rachetée en 2021 par
la licorne française des jeux vidéo
Voodoo, ce qui lui assure une bonne
assise financière. Les Martines
a pour le moment réalisé une cam-
pagne Ulule de 10.000 euros, tandis
que Meuf vient de boucler une
levée de fonds de 500.000 euros
auprès de Kima Ventures et quel-
nouveau service aux clients.
Un rachat est aussi l’occasion
de couvrir une nouvelle zone
géographique. « Cela peut être
les deux à la fois, mais dans tous
les cas, la finalité est d’intégrer
la société rachetée et ses équipes
au maximum. Pas de la laisser
stagner à part », résume Nadim
Baklouti. La grande majorité
des 20 salariés d’Aster devrait
donc se fondre dans les effec-
tifs de l’acquéreur.
DiliTrust privilégie égale-
ment des start-up qui, sans être
forcément bénéficiaires, peu-
vent revendiquer une percée
commerciale sur leur marché
de niche. Ainsi, dans le domaine
de la gestion de réunions, Aster
avait réussi à lever en tout
4,2 millions d’euros, notam-
ment auprès du fonds OneRag-
time pour la dernière opération
en date de septembre 2021.
Plafond de verre
Chemin faisant, la pépite était
parvenue à séduire 150 clients,
des PME, ETI tout comme des
grands groupes, tels BPCE,
Air Liquide, ou la SNCF. Son
activité l’avait menée en Suisse,
en Belgique et au Canada.
Avec un revenu annuel récur-
rent de 1,5 million d’euros,
elle avait finalement réussi à
atteindre la rentabilité.
Mais en confrontation
directe avec des géants comme
Microsoft, la jeune pousse
de pilotage de réunions avait
sans doute touché un plafond
de verre : profiter des ressour-
ces de DiliTrust, active dans
une cinquantaine de pays avec
260 employés, ou continuer
à vivoter.
« L’un des éléments intéres-
sants est la complémentarité
entre leur produit qui permet de
gérer les conseils d’administra-
tion, et nous qui visons les réu-
nions plus opérationnelles de
type comité de pilotage ou comité
de direction », indique Vincent
Mendes, cofondateur d’Aster.
Une opération équilibrée ?
Selon lui, « la vente est bien valo-
risée avec un multiple significatif
de notre revenu annuel. De quoi
la distinguer des nombreux
rachats à la barre de ces derniers
mois », sans préciser le mon-
tant du rachat. n
ques business angels, comme Marie
Outtier et Adrien Chaltiel.
Les jurés de « Qui veut être mon
associé » n’avaient pas misé sur la
jeune femme qui n’avait pas encore
de modèle économique lors du
tournage. Plus tard, Stéphanie
Delestre, une des jurés, avait sou-
haité mettre un « petit » ticket mais
s’était ravisée en raison d’une polé-
mique sur Instagram. L’équipe de
Meuf avait réalisé un montage dans
lequel on voyait Anthony Bourbon
(Feed et Blast Club) déclarer que le
« climat [du pitch, NDLR] était
oppressant et que ça a cassé l’énergie
du jury. » « Vraiment injuste de sortir
du contexte cinq secondes d’une inter-
vention de plus d’une minute où je
vous souhaite le meilleur en expli-
quant que les hommes doivent se
battre à vos côtés. Juste pour faire le
buzz… » a écrit l’entrepreneur sous
le post en question. Pas de regret du
côté de Meuf, qui pense déjà à la
seconde levée de fonds qui devrait
avoir lieu en fin d’année. n
HIGH-TECH&MEDIAS
IA : la guerre des talents fait rage
dans la Silicon Valley
INTELLIGENCE
ARTIFICIELLE
Microsoft a embauché
deux fondateurs
d’Inflection AI ainsi
qu’une grande partie
de ses équipes.
La start-up avait levé
1,3 milliard de dollars
pour développer des
chatbots personnalisés.
Hortense Goulard
— Correspondante à San Francisco
Depuis plus d’un an, la Silicon
Valley s’est lancée dans la course à
l’IA. L’argent pleut sur les start-up
qui prétendent utiliser l’IA pour
révolutionner la tech, tandis que les
grands groupes s’efforcent de res-
ter à la pointe de la recherche, en
investissant plusieurs dizaines
de milliards par an.
Dans cette bataille, tous les coups
sont permis pour recruter les
talents capables d’entraîner les
modèles d’IA, ainsi que de les adap-
ter aux besoins de l’entreprise et
de ses clients. Très recherchés, des
candidats n’hésitent pas à poser
leurs critères avant de considérer
une offre de recrutement.
« J’ai essayé de recruter un talent
très expérimenté de Meta, et vous
savez ce qu’il m’a dit ? » raconte
Aravind Srinivas, le fondateur et le
PDG de Perplexity, un moteur de
recherche qui utilise l’IA générative
pour répondre aux questions des
utilisateurs. « Revenez me voir lors-
que vous aurez 10.000 GPU H100. » Il
s’agit des puces graphiques de Nvi-
dia, qui peuvent coûter jusqu’à
40.000 dollars pièce et qui sont
utilisées pour entraîner les modè-
les d’IA. « Cela nous coûterait des
milliards, et il faudrait attendre cinq
à dix ans pour les obtenir de Nvidia »,
soupire le PDG, au micro du pod-
cast « Invest like the Best ».
Des salaires qui s’envolent
Marc Benioff, le patron de Sales-
force, en a lui aussi fait l’expérience.
En novembre, il a tenté de profiter
du chaos qui régnait chez OpenAI
– l’entreprise star de l’IA – pour ten-
ter de débaucher des ingénieurs.
« Ecoutez, j’adore Slack mais l’entre-
prise qui construit Tableau [un outil
d’analyse de données, NDLR] ne va
jamais bâtir l’intelligence artificielle
générale », rétorque l’un d’eux sur
le réseau social X.
Pour des entreprises plus éta-
blies, il est parfois plus simple
d’acheter une jeune pousse plutôt
que de tenter de convaincre des
Warner Music se retire de la course au rachat de Believe
MUSIQUE
La major américaine
avait signalé en mars
son intérêt pour cette
société spécialisée
dans l’accompagne-
ment d’artistes et de
labels indépendants
Le français Believe
avait été fondé
en 2005 et introduit
en Bourse mi-2021.
Nouveau rebondissement dans le
feuilleton Believe. La pépite fran-
çaise de distribution musicale ne
Très recherchés, les experts de l’intelligence artificielle n’hésitent pas à poser leurs critères avant de considérer une offre de recrutement. Photo Gilles Rolle/RÉA
talents un par un. En juin, Data-
bricks a préféré débourser 1,3 mil-
liard de dollars pour racheter
MosaicML, une jeune pousse spé-
cialiste de l’IA générative, plutôt que
de recruter leur propre équipe.
Cette acquisition montre que les
ingénieurs qui disposent d’une
expertise de l’IA n’ont pas de prix, ou
p r e s q u e . Av a n t c e r a c h a t ,
MosaicML était valorisé à 222 mil-
lions seulement. Databricks a
accepté de payer six fois ce prix pour
mettre la main sur des talents
exceptionnels, explique Patrick
Wendell, l’un des cofondateurs.
Pour Microsoft, acquérir des jeu-
nes pousses peut se révéler compli-
qué tant les autorités de la concur-
rence veillent. Le géant de la tech,
qui a investi des milliards dans
OpenAI, ne veut pas dépendre entiè-
rement de la start-up. Pour mener
ses propres équipes, il a fait le choix
de débaucher deux des cofonda-
teurs d’Inflection AI, une start-up
spécialiste de l’IA générative, ainsi
que la majeure partie de ses équipes.
L’entreprise de Satya Nadella a,
en outre, accepté de payer à Inflec-
tion AI 650 millions de dollars, en
sera pas rachetée par Warner
Music Group (WMG). Le géant
américain a annoncé samedi dans
un communiqué sa décision,
« après mûre réflexion, […] de ne pas
présenter d’offre ferme » de rachat
du groupe français spécialisé dans
la distribution musicale sur les
plateformes numériques.
Début mars, la major avait
signalé son intérêt pour cette
société spécialisée dans l’accom-
pagnement d’artistes (comme les
chanteurs Jul et Vianney) et de
lab els indép endants, fondée
en 2005 et introduite en Bourse
mi-2021. Le montant de 17 euros
par action était évoqué. Le conseil
d’administration de Believe avait
invité WMG à déposer une offre
formelle d’ici au 7 avril.
échange de ses modèles d’IA, qui
seront désormais disponibles sur
sa plateforme de cloud. Cet accord
permettra de rémunérer les inves-
tisseurs qui ont misé sur la start-up.
Reste à savoir si les autorités de la
concurrence, qui mènent déjà
l’enquête sur les relations entre
Microsoft et OpenAI, ne vont pas
s’intéresser aussi à cette opération.
« Merci, cher Mark »
Conséquence logique de ce marché
déséquilibré, les salaires des experts
de l’IA grimpent très vite. Un ingé-
nieur spécialiste de « machine lear-
ning », en Californie, peut espérer
recevoir un salaire compris entre
130.000 et 240.000 dollars par an,
selon Glassdoor. Mais ces sommes
peuvent vite décoller pour les rares
experts reconnus du secteur.
Chez Meta, les chercheurs spécia-
listes de l’IA sont généralement
rémunérés entre 1 et 2 millions de
dollars par an, selon The Informa-
tion, surtout s’ils ont été recrutés à
l’extérieur. Chez OpenAI, ces rému-
nérations peuvent atteindre de 5 à
10 millions de dollars par an, grâce
à des actions dans l’entreprise.
Le syndicat de producteurs et
distributeurs indépendants UPFI
s’était ces dernières semaines
inquiété des « conséquences destruc-
trices » d’un tel rachat sur l’emploi
et la création. Believe compte envi-
ron 2.000 salariés répartis dans une
cinquantaine de pays.
Obstacles
Le comité ad hoc, mis en place par
le conseil d’administration de
Believe après une première offre
d’achat par un consortium mené
par son patron Denis Ladegaillerie,
« a pris note » de cette décision, a-t-il
indiqué dans un communiqué
séparé, samedi également. Ce
comité « examinera la situation avec
toutes les parties intéressées (y com-
pris le consortium composé d’EQT,
De même, Google DeepMind mise
sur des programmes spéciaux de
distribution d’actions pour fidéliser
ses talents les plus précieux. Ces der-
niers varient entre plusieurs centai-
nes de milliers et… plusieurs mil-
lions par an, pour les plus chanceux.
Parfois, ces sommes folles ne
suffisent pas à convaincre les candi-
dats. Dans ce cas, une note person-
nalisée signée Mark Zuckerberg ou
Sergey Brin, l’un des cofondateurs
de Google, peut faire son effet.
Michal Valko, un ingénieur qui a
commencé à travailler chez Meta
Face aux sirènes d’OpenAI, Elon Musk augmente
les salaires des ingénieurs en IA de Tesla
« C’est la guerre des talents la plus folle
que j’ai jamais connue. » Ce tweet
d’Elon Musk, la semaine dernière, résume
parfaitement les tensions sur le marché
de l’emploi dans la tech aux Etats-Unis.
Face à cela, le propriétaire de Tesla
a décidé d’augmenter les salaires
de ses ingénieurs en intelligence
artificielle, pour qu’ils soient moins
tentés de partir vers la concurrence
Les chiffres clés
2.000
SALARIÉS
travaillent pour Believe dans
une cinquantaine de pays.
19,50
EUROS
Le montant de l’action
Believe à son introduction
en Bourse.
Lundi 8 avril 2024 Les Echos 26
en mars à Paris, a tenu à remercier fornien a été jusqu’à téléphoner à un
« Mark » pour son « implication très employé qui envisageait de partir
personnelle » dans son recrutement. chez OpenAI. Cette attention, ainsi
Meta avait mis en place une poli- qu’une hausse de salaire, a fini par le
tique consistant à refuser de rené- convaincre de rester chez Google.
gocier les salaires avec les ingé- Cette bataille pour retenir à tout
nieurs qui menaçaient de partir prix les talents dans l’IA est d’autant
chez des concurrents. Face à la plus frappante que les entreprises
bataille pour les talents dans l’IA, de la tech continuent à licencier.
le géant de la tech a accepté de Mais la promesse de revenus fara-
revoir des salaires à la hausse pour mineux, ainsi que la pression
convaincre des ingénieurs talen- de Wall Street, convainc grands
tueux de rester. groupes et start-up de mettre tous
Chez Google DeepMind, l’un leurs moyens dans la bataille de
des cofondateurs du groupe cali- l’IA générative. n
et notamment chez OpenAI, avec qui Musk
est en conflit. Car selon le milliardaire,
le créateur de ChatGPT débaucherait
de façon très agressive certains ingénieurs
de Tesla, avec des « offres de compensation
massives ». Ethan Knight, ingénieur
en « machine learning » chez Tesla, a ainsi
failli partir pour OpenAI avant que Musk
ne le rattrape en lui proposant une
position dans sa propre start-up d’IA, xAI.
TCV et Denis Ladegaillerie, ainsi dans un avis rendu public le
que les actionnaires historiques de 22 mars, l’Autorité des marchés
Believe) afin de déterminer les pro- financiers (AMF) est venue compli-
chaines étapes relatives à l’évolu-
tion possible du contrôle de la société,
et informera le marché en consé-
quence », indique-t-il.
quer encore le plan imaginé par
le consortium.
Ce dernier avait renoncé fin
février à une clause suspensive
En février, le consortium mené prévoyant au départ d’obtenir un
par Denis Ladegaillerie avait soutien motivé du conseil d’admi-
dévoilé une offre proposant un nistration de Believe. Selon le gen-
rachat au prix de 15 euros par darme de la Bourse, en renonçant à
action, et le retrait de Believe de
la Bourse. L’action Believe avait
été introduite en Bourse au cours
de 19,50 euros.
cette condition alors qu’il avait
connaissance de l’offre concur-
rente de WMG, pas encore publi-
que, le consortium « s’est octroyé
un avantage déterminant dans
AMF le succès de son offre ». Avec le
Mais les obstacles se multiplient retrait de Warner Music de la
depuis. Un des actionnaires, le course, le consortium devrait toute-
gérant d’actifs Sycomore AM, fois se retrouver à nouveau en
s’oppose au retrait de la Bourse et, position de force. — D. P.
27 Les Echos Lundi 8 avril 2024 HIGH-TECH & MEDIAS

La stratégie de Sibyle Veil pour

élargir le public de Radio France
RADIO
La PDG du groupe
fait de la conquête
du jeune public
et de l’offre régionale
deux de ses priorités
dans son projet
stratégique 2024-2028.
Stéphane Loignon
Radio France va de l’avant, après
une transition numérique réussie.
La Maison ronde est aujourd’hui
leader sur le marché du podcast
en France – avec 47 % des podcasts
téléchargés en février 2024, selon
Médiamétrie –, mais aussi leader
des audiences – France Inter trus-
tant la première place des vagues
Médiamétrie depuis 2019.
Fort de ces succès, le groupe
ouvre un nouveau chapitre, incarné
par le plan stratégique dévoilé aux
4.400 salariés du groupe par sa pré-
sidente, Sibyle Veil. Un programme
sur quatre ans (2024-2028), axé
sur la poursuite de l’hybridation du
média radio entre hertzien et numé-
rique, et la conquête de nouveaux
publics Après cinq années dédiées
à la révolution numérique du média
radio, « nous entrons dans la phase
“l’audio pour tous” pour qu’encore
plus de Français bénéficient de ce que
l’on produit », résume Sibyle Veil.
Côté numérique, la plateforme
aux 9,4 millions de visiteurs uni-
ques mensuels en février sera refon-
due à l’automne, pour être plus
personnalisée et éditorialisée, avec
notamment un accès unique à
l’offre musicale. Un accord sur les
droits voisins doit permettre de
mieux valoriser le catalogue classi-
que de Radio France. « Nous som-
mes le service public de la musique.
On a deux utilités quand on se com-
pare à la concurrence : démocratiser
le patrimoine musical pour tous et
aider des talents français à émerger »,
précise la présidente.
Le groupe se lance aussi à l’assaut
de la jeunesse. « Nous avons été le
premier acteur de radio à développer
des contenus pour les enfants, ce qui
montre l’utilité d’un acteur de service
public qui ne dépend pas des revenus
publicitaires », souligne Sibyle Veil.
Plus de 2.500 contenus dédiés sont
disponibles. « Nous allons fortement
développer ces contenus dans les
prochaines années », poursuit-elle,
convaincue que les familles sont en
recherche d’alternatives aux écrans
et de la nécessité de familiariser les
nouvelles générations à l’audio. Un
manga audio et des fictions immer-
sives sont à l’étude, par exemple.
Radio France veut aussi se renfor-
cer en région, via France Bleu, dont
les audiences sont à la peine et qui
est en cours de rapprochement avec
France 3 sous la marque « Ici », qui
sera déployée à partir de septembre.
Après des matinales communes
en 2019, une application commune
en 2022, France Bleu et France 3
lanceront à la rentrée un site Inter-
net commun.
Coopérations renforcées
Pour accélérer les coopérations
avec France 3, un directeur de projet
issu de France Télévisions, Xavier
Riboulet, a été nommé avec pour
mission de travailler à « un projet
d’organisation commune », incluant
projet éditorial, rapprochements
immobiliers et synergies opération-
nelles. En parallèle, le directeur
de l’information de Radio France,
Jean-Philippe Baille, est chargé
d’une autre coopération avec France
Télévisions. Objectif : « Renforcer
l’intégration des trois canaux radio,
télévision et numérique de fran-
ceinfo » afin de faire progresser
l’audience du canal 27 et de « déve-
lopper les coopérations opérationnel-
les entre les rédactions ».
Des dents grincent en interne.
Certains craignent que la réforme
envisagée de la gouvernance de
l’audiovisuel public ne conduise à
une perte d’indépendance et des
arbitrages budgétaires défavora-
bles à la radio. Le budget de Radio
France – 645 millions d’euros de
dotation 2024 – est quatre fois infé-
rieur à celui de France Télévisions.
Redéploiements internes
Ayant fait avancer les coopérations
opérationnelles avec France Télévi-
sions ces dernières années, Sibyle
Veil ne s’oppose pas à la création
d’un holding mais souligne les
risques d’une fusion, tant sur la
dynamique de succès de la radio
que sur les finances publiques, une
fusion impliquant une couche
PROFITEZ D’UNE REMISE DE 20% SUR L’ACHAT DE
VOTRE TICKET AVEC LE CODE PROMO ECHOSVT2024
LE PLUS GRAND ÉVÉNEMENT STARTUP ET TECH EN EUROPE
administrative supplémentaire et
des renégociations inflationnistes
des accords collectifs.
Dans l’attente d’y voir clair, pour
établir ses budgets, Radio France
peut s’appuyer sur la trajectoire
2024-2028 définie dans la loi de
finances. Le budget 2024 comprend
une part variable conditionnée à des
projets de coopération avec France
Télévisions. Initialement de 15 mil-
lions d’euros, elle a récemment été
réduite de 4,3 millions d’euros.
Soulignant les efforts réalisés ces
dernières années, avec 10 % du bud-
get économisé, le premier plan de
départs volontaires mené à Radio
France et l’autofinancement des
développements numériques,
Sibyle Veil indique que les nou-
veaux projets seront financés sans
augmentation de budget, par redé-
ploiements internes. Radio France
prévoit aussi de développer ses res-
sources propres, en mettant à dispo- La Maison ronde est leader sur le marché du podcast en France,
sition des professionnels ses studios avec 47 % des podcasts téléchargés en février 2024, selon Média-
d’enregistrement. n métrie, mais aussi en tête des audiences. Photo Ludovic Marin/AFP

Le gouvernement prêt
à rouvrir le chantier de
la distribution de la presse
PRESSE
Selon nos informations,
Sébastien Soriano a été
missionné pour orches-
trer des consultations
avec les professionnels
de la filière.
Fabio Benedetti Valentini
et S. Lo.
Au moment où Rachida Dati pousse
pour un changement de structure
pour l’audiovisuel public, le gouver-
nement s’apprêterait, selon nos
informations, à rouvrir un autre
chantier clé pour l’industrie des
médias : celui de la distribution de
la presse, dans un contexte de déclin
structurel de la diffusion papier et
de raréfaction des kiosques.
Selon nos sources, l’exécutif
veut préparer le terrain pour une
réforme de la distribution et, en
particulier, de la vente au numéro
Dans ce cadre, Sébastien Soriano,
ex-président de l’Arcep, aujourd’hui
directeur général de l’IGN, s’est vu
confier par Bercy et le ministère de
la Culture le pilotage d’une mission
interministérielle pour orchestrer
des consultations avec les profes-
sionnels de la filière, afin d’accom-
pagner la réforme, selon nos infor-
mations confirmant celles de
« La Correspondance de la presse ».
Répartition des aides
Le rapport conjoint à l’Igac (Inspec-
tion générale des affaires culturel-
les) et l’IGF (Inspection générale des
finances) sur les questions de distri-
bution de la presse est désormais
finalisé, mais pour l’instant rien ne
filtre sur ses préconisations. Il envi-
sagerait des options pour transfor-
mer la filière d’ici à 2030.
Depuis la faillite de Presstalis,
devenu France Messagerie en 2020,
le sujet envenime les relations entre
quotidiens et magazines. La réparti-
tion des aides à la distribution, en
particulier, fait l’objet de divergen-
ces entre les deux acteurs du sec-
teur, les MLP (Messageries lyonnai-
ses de presse), principal distributeur
de la presse magazine, et France
Messagerie, distributeur des quoti-
diens et de certains magazines.
96% des dirigeants européens et américains
En 2023, les journaux airment que l’intégration des nouvelles
et les magazines ont technologies est un enjeu fondamental permettant
d’assurer la compétitivité de leur entreprise*.
continué à subir une
baisse de la diffusion. À VivaTech, découvrez à quel point ils ont raison.
Le système d’aide à la distribu-
tion des quotidiens nationaux
mis en place autour de France Mes-
sagerie (société contrôlée par la
RÉSERVEZ VOTRE BILLET SUR
Coopérative de distribution des WWW.VIVATECH.COM
quotidiens) bénéficie de 27 millions
d’aides publiques par an. Il s’y
ajoute une « péréquation » qui fait * Etude sur 1000 décideurs, OpinionWay, novembre 2023
que les éditeurs de presse ont versé
8 millions d’euros en 2022 à France
Messagerie, destinés à compenser CO-ORGANISATEURS PARTENAIRES FONDATEURS
les coûts spécifiques liés à la distri-
bution des quotidiens. Mais MLP
critique cette situation.
S’agissant de la réforme, MLP ne
se prononce pas sur une mission
dont la coopérative ne connaît ni PARTENAIRES MÉDIAS
les contours ni les objectifs. Egale-
ment contacté, France Messagerie
dit avoir toujours contribué aux
réflexions de la filière et envisage
de participer aux consultations. n
PME&REGIONS
Les pêcheurs de thons
misent sur le label MSC
BRETAGNE
Les armateurs bretons
regroupés dans l’orga-
nisation de produc-
teurs Orthongel ont
obtenu le label MSC
pêche durable
pour leurs activités
dans l’Atlantique.
Ils comptent dessus
pour relancer
la demande pour
le thon en boîte.
Guillaume Roussange
— Correspondant à Rennes
Selon France Agrimer, la consom-
mation de thon en boîte a chuté de
9 % depuis 2018, en particulier chez
les jeunes. « Ces produits de commo-
dité restent perçus comme basiques
et peu innovants », note l’établisse-
ment dans un récent rapport. Face à
ces difficultés, les armateurs tho-
niers français, regroupés au sein
de l’organisation de producteurs
Orthongel, ont décidé de jouer la
carte du durable.
Il y a quinze mois, ses trois adhé-
rents, CFTO, Sapmer et Via Océan
(aujourd’hui en cessation d’acti-
vité), ont entrepris d’obtenir la certi-
fication MSC pêche durable pour
les captures de thons albacore et lis-
tao réalisées dans l’océan Atlanti-
que. Celle-ci garantit que les 38.500
tonnes de thons tropicaux prélevés
chaque année, en moyenne, par les
neuf navires opérant dans l’Atlanti-
que respecteront la ressource et les
fonds marins.
La pêche est ainsi effectuée selon
la technique de la senne, qui consiste
« Le label MSC
est indispensable
pour vendre dans
certains pays,
comme
l’Allemagne. »
PIERRE-ALAIN CARRÉ
Directeur de CFTO
Le fabricant de cuves 3C France signe
avec GSK pour 12 millions d’euros
CENTRE-
VAL DE LOIRE
L’entreprise profite
des investissements
annoncés par le géant
pharmaceutique
britannique dans
son usine d’Evreux.
Christine Berkovicius
— Correspondante à Orléans
Il y a quelques mois, le président de
GSK France, Thibault Desmarest,
annonçait que le géant pharmaceu-
tique britannique avait choisi son
site d’Evreux, dans l’Eure, pour pro-
duire sa future Ventoline bas car-
bone. Le groupe y investit 350 mil-
lions d’euros, dont une petite partie
va bénéficier à 3C France, une
entreprise du Cher spécialisée dans
les cuves en Inox et les plateformes
de production pour le secteur phar-
maceutique et cosmétique.
Cette PME d’une centaine de sala-
riés, créée à La Chapelle-d’Angillon
en 1980, a décroché un contrat de
La certification garantit que les 38.500 tonnes de thons tropicaux pêchés chaque année,
en moyenne, par les neuf navires opérant dans l’Atlantique respecteront la ressource
et les fonds marins. Photo Daniel Etter/Redux-RÉA
à capturer les poissons en surface. Et
ce, grâce notamment à des radeaux
artificiels – appelés « dispositifs de
concentration de poissons » ou DCP
dans le jargon professionnel – sous
lesquels les thons se concentrent.
Orthongel a également développé
un programme de collecte de don-
nées pour mieux mesurer l’état de la
ressource et l’impact de l’activité sur
d’autres espèces vulnérables, et tra-
vaille à la mise au point de DCP bio-
dégradables.
Officiellement obtenue fin mars
– pour cinq ans –, la certification
vise donc aussi, pour les pêcheurs, à
améliorer l’image de leur profes-
sion, dans un contexte « très diffi-
cile », selon Xavier Leduc, président
d’Orthongel. Comme l’ensemble du
12 millions d’euros pour équiper les
nouvelles lignes de production.
L’entreprise faisait déjà partie des
fournisseurs de GSK. Elle avait rem-
porté ses premiers marchés en 2016
et 2017, avant d’être sollicitée
en 2022 pour fabriquer des prototy-
pes dans le cadre des recherches
menées par le groupe britannique
sur l’utilisation de gaz propulseurs
moins polluants pour son médica-
ment phare anti-asthme. « Des tests
sont en cours, et nous avons déjà
commencé à fabriquer deux lignes
définitives de production, qui seront
livrées d’ici à 2026 », précise son pré-
sident, Serge Kronenberg.
Nouvelles ambitions
Ce marché, pour lequel l’entreprise
doit adapter certaines de ses machi-
nes, va lui permettre de conforter
durablement son chiffre d’affaires,
qui a atteint 13 millions d’euros l’an
dernier. Outre ce type de platefor-
mes très techniques, 3C France
fabrique des cuves mobiles haut de
gamme, un segment de marché sur
lequel elle fait partie des leaders
européens grâce à des produits plus
technologiques que ses concur-
secteur, les trois armateurs bretons
ont dû faire face l’année dernière
aux difficultés liées à la hausse des
coûts de l’énergie et des fournitures,
auxquelles se sont ajoutées de mau-
vaises conditions météo, liées au
phénomène El Niño notamment.
Diversifications
« Le label MSC est indispensable
pour vendre dans certains pays,
comme l’Allemagne. Nous espérons
qu’il aura aussi un effet positif sur les
consommateurs français », souligne
Pierre-Alain Carré, directeur de
CFTO. Les thons labellisés seront
vendus à Conserveries des cinq
océans, propriétaire de la marque
Pompon rouge, ainsi qu’à Thaï
Union, le numéro un mondial du
rents. Elle fabrique enfin des cuves
standards, pour le stockage, ainsi
que des équipements de nettoyage.
En France, elle a pour clients de
nombreux grands groupes, comme
Sanofi, Delpharm ou encore Boe-
hringer dans le secteur vétérinaire.
Mais l’entreprise est aussi très pré-
sente à l’export – essentiellement au
Benelux et en Suisse –, où elle réalise
40 % de son activité, pour des grou-
pes comme Pfizer, UCB, Lonza,
Merck… Elle souhaite désormais
dynamiser sa présence commer-
ciale à l’étranger, notamment en
Suisse, en Allemagne et en Europe
du Nord. Et elle ambitionne de
relancer son activité dans le secteur
de l’industrie cosmétique, qui repré-
sentait 30 % de son chiffre d’affaires
avant le Covid-19 mais a fondu de
moitié sous l’effet de la crise.
Ses clients ont brutalement ré-
duit leurs investissements du fait
du recul de leurs ventes. Pour re-
conquérir ses positions, 3C France
a investi en R&D en vue de dévelop-
per de nouveaux standards sur des
cuves process de petite capacité, un
produit sur lequel la PME espère
capitaliser en 2024-2025. n
secteur, connu à travers sa mar-
que Petit navire. Ceux-ci pourront
apposer l’origine garantie des pois-
sons sur leur boîte.
En parallèle, les pêcheurs misent
sur d’autres débouchés, comme les
produits congelés ou les steaks de
thon. Pour développer ce segment,
CFTO, qui réalise 115 millions d’euros
de chiffre d’affaires, a investi quelque
2,5 millions d’euros en trois ans afin
d’équiper ses navires de systèmes de
congélation à – 18 °C. Pour le secteur,
cette certification et ces diversifica-
tions sont capitales. Au total, les
membres d’Orthongel emploient
quelque 900 marins, dont 400 Fran-
çais. A terre, la filière emploie 600
personnes environ, essentiellement
dans la région de Concarneau. n
SEG monte en puissance sur
les isolants pour moteurs électriques
OCCITANIE
La PME industrielle
de l’Hérault investit
pour accélérer sa
production et devrait
doubler ses effectifs.
Hubert Vialatte
— Correspondant à Montpellier
Seul concepteur et producteur
français d’isolants diélectriques en
papier technique, vernis d’impré-
gnation ou résine, SEG Diélectri-
ques lève 1,5 million d’euros auprès
d’IRDI Capital investissement, via
son fonds IRDI Impulsion. L’opé-
ration doit permettre de mener le
fort plan de croissance de la PME
de 50 salariés, au chiffre d’affaires
de 9,3 millions d’euros en 2023.
Alors que le marché des voitures
électrifiées est en pleine croissance,
SEG entend se positionner comme
un leader européen de l’isolation
électrique pour moteurs, rotors
bobinés, carters de batteries… « Un
moteur électrique nécessite dix fois
Lundi 8 avril 2024 Les Echos
Les coopératives
agricoles Unicor et
Capel fusionnent
OCCITANIE
La nouvelle entité,
Natera, spécialisée
dans l’élevage de
moyenne montagne,
dégagera
des moyens
pour s’adapter
aux modes
de consommation.
Laurent Marcaillou
— Correspondant à Toulouse
Les coopératives agricoles Uni-
cor, à Rodez (Aveyron), et Capel,
à Gramat (Lot), vont fusionner
dans les prochains jours, une
fois obtenu l’aval de l’autorité de
la concurrence. Leurs assem-
blées g énéra l es vien nen t
d’approuver la fusion. La nou-
velle entité, baptisée Natera et
dont le siège sera à Rodez, réu-
nira 10.000 agriculteurs adhé-
rents dans neuf départements :
l’Aveyron, le Cantal, la Haute-
Loire, l’Hérault, la Lozère, le
Tarn et le Tarn-et-Garonne
pour Unicor, qui a réalisé
455 millions d’euros de chiffre
d’affaires en 2023 ; le Lot et la
Corrèze pour Capel (282 mil-
lions d’euros).
Les deux entités couvraient
des territoires différents et voi-
sins. Le président d’Unicor,
Jean-Claude Virenque, prési-
dera Natera, et le directeur de
Capel, Pierre-Olivier Prévot,
sera le directeur général du
nouvel ensemble, qui totalise
un chiffre d’affaires de 720 mil-
lions d’euros. « Les 1.600 sala-
riés sont tous repris, affirme
Pierre-Olivier Prévot. Nous
avons fait des économies pour
nous préparer à cette échéance. »
La nouvelle coopérative a
une activité principale d’éle-
vage de moyenne montagne.
Elle collecte 420.000 ovins et
110.000 bovins par an, produit
et transforme 2 millions de pal-
mipèdes. Natera réunit plu-
sieurs activités, dont l’abattage
et la transformation des vian-
des, la production d’aliments
du bétail, la vente d’intrants aux
agriculteurs et le machi-
plus d’isolants qu’un alternateur
d’une voiture thermique, explique
Alexandre Mateu, son président.
Par ailleurs, le marché de l’électrifi-
cation évolue. Les moteurs, de plus
en plus performants, nécessitent de
nouvelles gammes d’isolants haute
performance. »
Outre le marché automobile, les
isolants de SEG ciblent l’énergie
(transformateurs électriques et
data centers) et les moteurs élec-
triques industriels de type machi-
nes-outils. Parmi les diversifica-
tions en cours : le développement
d’isolants pour les génératrices
d’éoliennes, des films isolants anti-
propagation de feu dans les serres
agricoles et les futurs avions élec-
trifiés ou hydrogène, via un con-
sortium travaillant avec l’IRT
Saint-Exupéry (Toulouse) sur
l’isolation des moteurs.
Renforcement de la R&D
SEG va investir « entre 1,5 et 3 mil-
lions d’euros pour moderniser
l’usine de 6.600 m2 à Poussan et
répondre à l’exigence de qualité des
constructeurs automobiles », expli-
que Renaud Casanova, directeur
28
nisme. Elle possède aussi 70
magasins de produits agricoles
et de jardinerie. Après la faillite
de la société de transformation
de viandes Arcadie, en 2020,
dont elles détenaient 32 % du
capital, les deux coopératives se
sont réorganisées et Unicor a
aussitôt racheté l’abattoir
d’Arcadie à Rodez.
« Nos deux entités sont redeve-
nues rentables après avoir réduit
leurs charges et veulent mainte-
nant se développer et investir
dans l’innovation, explique Pier-
re-Olivier Prévot. Il y a un be-
soin de transformation lié au
réchauffement climatique et au
changement des modes de con-
sommation. » L’inflation a
incité les consommateurs à
rechercher les meilleurs prix.
La fusion des deux coopérati-
ves doit permettre de dégager
des moyens pour s’adapter à un
marché de la viande difficile.
Car le nombre de bovins et
d’ovins collectés a reculé de 4 %
en 2023 dans le périmètre de
Natera, et de 8 % en France.
Barquettes
« Toutes nos filières sont sous des
signes officiels de qualité, mais il
y a une catégorie de consomma-
teurs qui se tourne vers des pro-
duits standardisés comme le
steak haché », souligne Jean-
Claude Virenque. Unicor a
donc lancé en janvier, dans
l’abattoir de Rodez, la fabrica-
tion de barquettes de viandes et
deux nouvelles marques,
L’Engagement paysan pour les
labels locaux et Miam ! pour les
races rustiques sans label, afin
de segmenter son offre.
Autre étape, Natera va inves-
tir 21 millions d’euros dans sa
filiale de transformation de
canards gras La Quercynoise, à
Gramat. La coopérative ratio-
nalisera l’usine morcelée en
petits ateliers en construisant,
à partir de juin, une unité
moderne de 6.000 m 2 pour
l’abattage et la première trans-
formation, ce qui diminuera la
consommation d’électricité et
d’eau. La capacité de production
passera de 2 à 2,5 millions de
canards par an et les conditions
de travail seront améliorées. n
commercial associé. L’opération
accompagne un renforcement de
la R&D, des recrutements et une
amélioration du traitement des
données. S’appuyant sur la certifi-
cation IATF 16949, spécifique à la
démarche qualité dans le secteur
automobile, SEG se positionne sur
des appels d’offres « colossaux »,
pouvant représenter jusqu’à dix
fois son chiffre d’affaires, lancés
par des constructeurs tels que
Porsche, BMW ou Volkswagen.
SEG est aussi sollicité par des
fabricants de composants de batte-
ries électriques pour ses solutions
d’isolation de barres de cuivre. SEG
vise à moyen terme un chiffre
d’affaires de 25 millions d’euros.
Environ 40 % de l’activité est réali-
sée à l’export, dans 55 pays, SEG
étant notamment fournisseur des
sites de Valeo en Chine, Brésil et
Turquie. Le recrutement reste un
défi, dans cette partie littorale de
l’Occitanie, peu industrialisée. « Il
n’y a pas les compétences sur place.
Nous sommes obligés de débaucher.
Cela suppose un gros travail sur
notre marque employeur », admet
Renaud Casanova. n

29 Les Echos Lundi 8 avril 2024
Private equity : la City menacée
d’une hausse d’impôts
l Favori aux prochaines élections
britanniques, le parti travailliste
veut porter la taxation des plus-values
de cession des gérants de 28 % à 45 %.
l L’effet pourrait être catastrophique
pour l’industrie londonienne
du capital-investissement.
CAPITAL-
INVESTISSEMENT
Anne Drif
Est-ce la fin des années dorées pour
la plus grande place européenne du
private equity ? Les projets du parti
travailliste, donné favori aux pro-
chaines élections britanniques,
pourraient signer la fin d’une
décennie de bienveillance fiscale
pour la City.
Sous ses accents « libéraux »
envers la finance, le Labour pro-
meut une ligne nettement plus dure
vis-à-vis des gérants du capital-in-
vestissement : la taxation de leurs
plus-values tirées des ventes de
leurs participations dans des entre-
prises (« carried interest ») passera
de 28 % à 45 % en cas de victoire tra-
vailliste. Rachel Reeves, la ministre
des Finances du « cabinet fan-
tôme » travailliste, a fait du private
equity l’une de ses trois cibles
d’imposition futures, avec les écoles
privées et les non-résidents au
Royaume-Uni (« non-dom »).
« Les travaillistes cherchent à se
positionner en parti centriste en vue
des prochaines élections. Mais ils doi-
vent donner des gages à leur électorat
traditionnel de gauche », décrypte
un financier de la City. Rachel Ree-
ves travaillait déjà sur la mesure
en 2021.
Gains en hausse
Le Labour n’est cependant pas le
seul camp politique intéressé par la
manne du « carried interest » du
private equity. Post-pandémie
en 2020, le gouvernement conser-
vateur avait, lui aussi, caressé l’idée
d’aligner la taxation sur celle des
revenus. Et sur toutes les places
En Allemagne, des gérants dans le viseur du fisc
Une vingtaine d’acteurs
du capital-investissement
à Munich sont soupçonnés
d’« évasion fiscale » par
l’autorité locale et risquent
des poursuites pénales. Pour
l’association nationale du
private equity, la BVK,
l’incertitude juridique
autour du régime des fonds
risque de dissuader les in-
vestisseurs internationaux.
« L’effet est dévastateur. » A Munich,
le « hub » allemand du private
equity le plus actif avec Berlin et
Francfort, les enquêtes du fisc local
lancées depuis 2015 contre une
vingtaine d’acteurs du private
equity sur des soupçons d’évasion
fiscale font l’effet d’une bombe chez
les gérants et leurs investisseurs
internationaux, témoigne Chris-
tian Hollenberg, le fondateur de
Perusa : quand le tribunal s’en saisit,
ils risquent des poursuites pénales.
« Pour les gérants, l’option la plus
sûre est de quitter l’Allemagne »,
estime ce vétéran du private equity
dont la firme fut l’une des premières
visées par ces audits fiscaux. Cer-
tains financiers évoquent des
départs de Bavière vers la Suisse ou
Londres. La vague est discrète car
une fois les investisseurs engagés,
financières, de New York à Paris, les
gérants ont fait face à un moment
ou à un autre ces dernières années
aux pressions gouvernementales
pour accroître la pression fiscale.
De nouvelles estimations sont
toutefois venues conforter le
Labour dans ses plans : de 3,4 mil-
liards de livres de gains perçus par
les 2.550 gérants du private equity
britannique sur l’année fiscale 2021,
année d’euphorie sur les marchés
financiers, la somme des « carried »
touchés par l’industrie a en effet crû
jusqu’à 5 milliards sur l’exercice sui-
vant, selon une récente note de
l’administration fiscale britannique
analysant la mesure des travaillis-
tes. Le nombre de bénéficiaires s’est
lui aussi encore élargi à 3.000.
Exode fiscal
D’après les calculs d’une étude
a n c i e n n e d e l ’u n i v e r s i t é d e
Warwick qui sert de référence aux
travaillistes, les recettes fiscales
générées par une taxation portée
jusqu’à 45 % pourraient atteindre
440 millions de livres par an.
A l’inverse, aux yeux du parti
conservateur, c’est un véritable
exode fiscal que la mesure risque de
provoquer : jusqu’à 3,3 milliards de
livres pourraient manquer dans les
caisses de l’Etat entre 2025 et 2029,
selon la même note de l’administra-
tion fiscale britannique. Rien que
dans les deux ans qui viennent, le
trou serait de 900 millions de livres.
« Le taux britannique actuel de
28 % est tout à fait en ligne avec ceux
des autres places financières », souli-
gne de surcroît Bezhan Salehy, avo-
cat au cabinet Macfarlanes à Lon-
dres. Et « à Paris, Madrid ou Berlin,
la tendance est plutôt à l’assouplisse-
ment des politiques fiscales visant les
gérants du private equity », ajoute-
leurs fonds sont bloqués dix ans.
« Mais plus personne chez les inves-
tisseurs internationaux ne va vouloir
allouer des capitaux dans les futures
générations de fonds », considère
le dirigeant. Ces audits, « c’est une
vraie chance pour les autres places
du private equity en Europe »,
estime-t-il.
Au cœur de l’affaire, la remise en
cause de la « transparence fiscale »
dont bénéficient les investisseurs,
une pratique courante du private
equity mondial : ils sont imposés
dans leur pays pour la part des ren-
dements qui leur revient. En Alle-
magne, ce régime suppose que le
gérant soit considéré comme un
« gestionnaire de patrimoine ».
« Malheureusement, a déploré mi-
février dans un communiqué le
lobby des fonds d’investissement, la
« C’est une vraie
chance pour
les autres places
du private equity
en Europe. »
CHRISTIAN HOLLENBERG
Fondateur de Perusa
FINANCE&MARCHÉS
Rachel Reeves, la ministre des Finances du « cabinet fantôme » travailliste, a fait du private equity l’une de ses trois cibles d’imposition
futures, avec les écoles privées et les non-résidents au Royaume-Uni (« non-dom »). Photo Chris Ratcliffe/Bloomberg
t-il. Aujourd’hui, l’Italie, l’Allemagne
et la France taxent respectivement
les « carried interest » à 26 %, 28,5 %
et 34 %. L’Espagne a de son côté
réduit l’imposition de certains « car-
ried » de 50 % à 22,8 % seulement.
Pression
Officieusement, la crainte d’un
exode fiscal est partagée par cer-
tains travaillistes, rapporte le
« Financial Times ». Des politiques
font d’ores et déjà pression sur le
cabinet fantôme du Labour, selon
le quotidien britannique, afin de
réduire l’ampleur de la hausse de
l’imposition et la ramener, a
minima, au niveau de ceux des
autres pays européens. Même s’il se
dit déterminé à agir, Jonathan Rey-
nolds, le secrétaire d’Etat du cabinet
fantôme, a admis que le Labour
allait « travailler avec le secteur sur la
mise en œuvre ».
Bundesverband Beteiligungskapi-
tal (BVK), ces structures sont de plus
en plus remises en question. »
L’interprétation fiscale de leur
statut de « gérant privé » est suffi-
samment ouverte pour permettre à
l’administration, sur fond de scan-
dale CumEx, de s’attaquer au pri-
vate equity, qui fait par ailleurs
assez usage de structures au
Luxembourg ou d’autres domici-
liations fiscales étrangères avanta-
geuses. Le fisc considère qu’il s’agit
d’entités commerciales, dont le
cœur d’activité est en Allemagne,
et doivent être en conséquence
taxées localement, de même que
leurs investisseurs internationaux.
Certains véhicules doivent aussi
être taxés comme des activités de
trading.
« Un poison dans
les négociations »
L’effet de la lecture conservatrice du
fisc est significatif : selon un gérant,
cela revient à payer une centaine de
millions d’euros de taxes pour
300 millions d’euros d’actifs gérés.
« Cette incertitude juridique et ses
conséquences fiscales sont un poison
dans les négociations visant à élargir
la base des investisseurs », déplore la
BVK, qui pointe le caractère obso-
lète des règlements fiscaux remon-
« Pour des raisons d’affichage poli-
tique, ils vont vouloir surtaxer, mais
ce sera quelques points de hausse »,
veut croire un gérant de Londres. A
plus ou moins 30 %, la taxation sera
selon lui neutre sur l’industrie. « En
revanche une taxation à 45 %, ça
n’arrivera jamais ! » dit-il.
L’industrie du private equity est
très mobile, avertit le gérant. « S’ils
le font, ce sera catastrophique, tout le
monde partira. Pas seulement les
gérants, mais l’écosystème, des avo-
cats aux banquiers d’affaires. Lon-
dres a déjà beaucoup perdu dans la
finance de marché depuis le Brexit au
profit de l’Europe continentale. »
Les professionnels n’en sont pas à
leur première bataille. En 2015,
l’Etat britannique était seulement
parvenu à geler le taux à 28 %, là où
il avait décidé de le réduire ailleurs.
Les tentatives d’aller au-delà ont
depuis échoué. n
tant à une circulaire du ministère
fédéral des Finances de 2003. « La
situation actuelle est source d’insécu-
rité juridique et, dans le pire des cas,
d’absence de bailleurs de fonds inter-
nationaux. Une situation qui nuit
durablement à la mobilisation de
capitaux privés », regrette-t-elle.
« L’incertitude fiscale en Allema-
gne et la perception négative du pri-
vate equity ne pénalisent pas seule-
ment les gérants, ajoute Ernst
Brückner, associé du cabinet en
droit fiscal Buse à Hambourg. Elle
empêche aussi les salariés et les diri-
geants d’entreprises d’être motivés
par des mécanismes de participation
aux bénéfices alignés sur ceux des
fonds. » Et ce, « bien que cette mesure
ait un large soutien politique ».
Perusa a finalement choisi, lui, de
rester, mais a mis fin à ses activités
de private equity. Lui qui comptait
des investisseurs de premier plan,
comme le danois ATP et le fonds de
pension de Shell, investit ses pro-
pres capitaux comme un family
office. « Dans la situation actuelle,
seules des structures nationales avec
une obligation fiscale nationale
complète en Allemagne auraient été
possibles. Ce n’est pas attractif pour
des investisseurs internationaux »,
dit Christian Hollenberg.
— A. D.
Paris prêt à saisir un
nouvel « effet Brexit »
Les projets travaillistes
en Grande-Bretagne
visant à taxer à 45 %
les plus-values des gérants
de fonds pourraient créer
de nouvelles opportunités
pour la France, après
les nombreux transferts
de banquiers venus
s’installer en France
à la suite du Brexit.
A Londres, on sait déjà qui sera
gagnant, et sans effort : Paris.
« Pour l’industrie du private
equity, la France est l’une des prin-
cipales alternatives au marché bri-
tannique », pointe l’avocat fisca-
liste Bezhan Salehy, du cabinet
londonien Macfarlanes. Aux pro-
chaines élections britanniques,
les gérants du private equity
outre-Manche risquent de voir
leur fiche d’imposition flamber :
de 28 %, la taxe sur leurs plus-va-
lues (« carried interest ») pourrait
passer à 45 %, d’après les plans
actuels du Labour.
De quoi laisser espérer de ce
côté-ci de la Manche une nouvelle
vague « Brexit » après les nom-
breux transferts de banquiers
venus s’installer en France. Paris
deviendrait plus compétitif de
près de dix points sur le premier
« hub » d’Europe ! Un signal posi-
tif alors que la compétition fiscale
s’est accentuée sur le Vieux Conti-
nent pour attirer les gérants de
fonds, venant d’Italie et d’Espagne
avec des taux d’imposition plus
agressifs (respectivement 26 % et
22,8 %, contre 34 % à Paris).
450 milliards d’euros
gérés à Paris
« Depuis la loi Arthuis de 2009 sur
le “carried”, les managers de fonds
français de capital investissement
ont bénéficié d’un régime fiscal
favorable et compétitif par rapport
à celui d’autres pays d’Europe
continentale. Et dans les dernières
années, un certain nombre de ces
pays se sont inspirés de cette loi en
la rendant parfois même plus inté-
ressante », observe Sabina Comis,
global managing partner du
cabinet Dechert. Pour autant,
estime-t-elle, « la France continue
de rester très compétitive pour les
managers de fonds de capital-in-
vestissement ».
« Le private equity français,
avec 450 milliards d’euros gérés
depuis Paris, attire les investis-
seurs internationaux à grande
échelle, note ainsi Bertrand Ram-
baud, le président de France
Invest, la fédération du private
equity en France. Entre 50 % et
60 % des fonds levés par les gérants
le sont hors de France. »
L’écosystème du private equity
s’est clairement renforcé en
France ces dernières années, avec
l’ouverture du bureau du numéro
un mondial du private equity
Blackstone, qui s’attaque au mar-
ché des particuliers, et le renfor-
cement des équipes de KKR. Son
patron des opérations en Europe,
au Moyen-Orient et en Afrique,
Johannes Huth, navigue entre
Londres et Paris. Sans compter
des grands fonds souverains,
comme le singapourien Temasek
ou le saoudien Public Investment
Fund (PIF).
Depuis le Brexit, Bercy a fait
quelques aménagements fiscaux,
comme une « flat tax » de 30 %, de
manière temporaire, sur les car-
ried interest des gérants venant
de l’étranger. « La mesure a eu un
effet positif, plusieurs gérants
étrangers se sont installés à Paris »,
témoigne un acteur du secteur.
L’industrie française du private
equity et ses 450 membres jouent
des coudes avec la BVCA, le lobby
du private equity britannique et
ses 600 firmes membres. Plus de
11 milliards d’euros ont été
déployés par les fonds en France
et au Benelux au premier semes-
tre 2023, contre un total de
3,9 milliards pour le Royaume-
Uni et l’Irlande, selon les chiffres
d’Invest Europe, l’association
européenne du private equity.
Mais plus que les enjeux d’impo-
sition, estime le président de
France Invest, « l’essentiel est la
stabilité fiscale : c’est un facteur clé
d’attractivité au-delà de la question
des taux d’imposition. Le cadre
doit rester pérenne ». — A. D.
FINANCE & MARCHÉS
Dernière ligne droite avant
la baisse des taux pour la BCE
BANQUE CENTRALE
Avec un recul de
l’inflation en zone euro
plus important que
prévu le mois dernier,
tous les feux semblent
au vert pour que
la Banque centrale
européenne discute
enfin de son premier
assouplissement.
Guillaume Benoit
Enfin un peu de répit pour Christine
Lagarde ? Pour la première fois en
près de deux ans, la réunion de la
Banque centrale européenne
(BCE), qu’elle préside, se tiendra
dans un contexte plutôt serein. Et
pour cause : après des mois de lutte
contre l’inflation, les feux semblent
être tous passés au vert.
Les derniers chiffres de la hausse
des prix en zone euro confirment
que la victoire n’a jamais été aussi
proche pour la banque centrale.
L’indice des prix à la consommation
n’a crû que de 2,4 % au mois de mars,
contre 2,6 % en février et 2,8 % en
janvier. Il se rapproche donc de plus
en plus de la cible que s’est fixée l’ins-
titution. « Cette tendance à la décrue
est également observée sur l’inflation
sous-jacente (+2,9 %, contre +3 %
attendus et +3,1 % en février) », souli-
gne Franck Dixmier, chez Allianz
GI. Et la tendance est relativement
homogène au sein des pays qui for-
ment l’Union monétaire.
Ultime statu quo
De quoi donner des arguments aux
« colombes », les banquiers cen-
traux partisans d’une politique
monétaire moins austère. « La dimi-
nution un peu plus rapide que prévu
des pressions inflationnistes pourrait
inciter certains membres du Conseil
des gouverneurs à se demander pour-
quoi ne pas commencer à réduire les
taux dès ce jeudi », envisage Carsten
Brzeski, chez ING. François Ville-
roy de Galhau, notamment, a ouvert
cette porte dans un discours du
28 mars. « La date précise de cette
première baisse – avril ou début juin –
Le patron de Mediawan devant
la Commission des sanctions de l’AMF
SUPERVISION
Le Collège de l’AMF
a requis 110.000 euros
de sanctions contre
Pierre-Antoine Capton
et un total de
150.000 euros contre
deux autres personnes.
Selon le régulateur,
il leur aurait transmis
une information
privilégiée, en
juin 2020, relative
au lancement d’une
OPA sur Mediawan
par ses trois fonda-
teurs et par KKR.
Laurence Boisseau
Place de la Bourse, à la Commission
des sanctions de l’Autorité des mar-
chés financiers (AMF), il est rare de
voir des producteurs connus assis
sur le banc des mis en cause. C’était
pourtant le cas, vendredi matin.
Pierre-Antoine Capton, président et
cofondateur du groupe Mediawan,
était auditionné par le juge de l’AMF.
Il est soupçonné d’avoir informé
l’un de ses salariés, Clément Mise-
L’hypothèse d’un premier assouplissement en juin semble enfin faire consensus auprès de tous
les membres de la Banque centrale européenne. Photo Christian O. Bruch/Laif-RÉA
n’a pas une importance existen-
tielle », a affirmé le gouverneur de la
Banque de France.
Pour autant, c’est la deuxième
date avancée – celle du 6 juin – qui
semble tenir la corde. D’abord parce
que Christine Lagarde a répété à
plusieurs reprises que c’est cette
dernière réunion avant l’été qui lui
paraissait la plus probable. La situa-
tion économique, même si les pers-
pectives de croissance sont peu
encourageantes en zone euro, ne
justifie pas que la BCE prenne de
court les acteurs de marchés. Ces
derniers risqueraient d’y voir – à
l’inverse – le signal d’une grande
inquiétude de la banque centrale
sur l’avenir, qui la pousse à une
action immédiate. Surtout, l’hypo-
thèse d’un premier assouplisse-
ment en juin semble enfin faire
consensus auprès des membres de
la BCE. Y compris les faucons,
comme Joachim Nagel, le très
orthodoxe président de la Bundes-
rez, également producteur et fon-
dateur de Radar Films, et l’une de
ses relations, Lionel Rozenberg, ex-
patron de l’opérateur de téléphonie
Kertel, du projet d’opération publi-
que d’achat (OPA) sur le groupe
détenu par Xavier Niel, Matthieu
Pigasse et lui-même avant son
annonce officielle en juin 2020.
Le Collège de l’AMF a réclamé,
vendredi, 110.000 euros de sanc-
tions contre celui qui s’est imposé
dans l’audiovisuel français avec des
programmes comme « C à vous »,
« C dans l’air », ou la sérié télé « Dix
pour cent ».
Contre Clément Miserez, l’équi-
valent du procureur a requis
100.000 euros ; et 50.000 euros,
contre Lionel Rozenberg. Le 22 juin
2020, Mediawan a annoncé le lan-
cement d’une OPA par les trois fon-
dateurs du groupe, Pierre-Antoine
Capton, Matthieu Pigasse et Xavier
Niel, soutenus par des investisseurs
institutionnels, dont le fonds améri-
cain KKR, au prix de 12 euros par
action, soit 42 % de plus que le der-
nier cours.
Circuit plausible
Juste avant, Clément Miserez et
Lionel Rozenberg avaient acheté
des titres Mediawan. Le Collège de
l’AMF est convaincu d’un « circuit
plausible » de transmission de
bank, ou son homologue autrichien,
Robert Holzmann. Même si une
surprise, comme la baisse des taux
imprévue de la Banque nationale
suisse, ne peut être entièrement
exclue, les membres du Conseil des
gouverneurs devraient dans un pre-
mier temps opter pour un dernier
statu quo monétaire avant d’agir.
Avant la Fed
Dans les deux cas, l’institution de
Francfort tirerait, a priori, avant la
Réserve fédérale. Initialement, les
marchés estimaient que la banque
centrale américaine réduirait les
« Fed funds rates » en juin, elle aussi.
Mais la bonne tenue de l’économie
outre-Atlantique a fait naître des
doutes à la Fed. Son président,
Jerome Powell, a estimé mercredi
dernier que le Comité de politique
monétaire pouvait prendre le temps
avant de baisser ses taux « dans le
courant de l’année ». Les chiffres de
l’emploi américain publiés ven-
l’information privilégiée entre ces
trois personnes. Pierre-Antoine
Capton a déjeuné le 11 juin avec
Clément Miserez, qui a appelé,
dans la foulée, sa conseillère ban-
caire pour passer des ordres
d’achat de titres Mediawan, pour
près de 100.000 euros.
Quant à Lionel Rozenberg, il a
dîné avec Pierre-Antoine Capton le
10 juin. Les 12 et 17 juin, il a acheté
d e s a c t i o n s M e d i aw a n p o u r
48.000 euros. Ces opérations ont
permis à Clément Miserez et à Lio-
nel Rozenberg de réaliser respecti-
vement 37.128 euros et 17.620 euros
de plus-value.
L’affaire pourrait cependant faire
pschitt. Le rapporteur de la Com-
mission des sanctions, l’un des
juges chargés d’émettre un avis, a,
lui, recommandé la mise hors de
cause des trois personnes. Car « il
n’est pas démontré que M. Capton a
transmis l’information privilégiée »
à M. Miserez ni à M. Rozenberg,
a-t-il estimé. Pierre-Antoine Capton
a toujours nié avoir transmis cette
information.
Son avocat, Jean-Philippe Pons-
Henry, a avancé de nombreux argu-
ments pour démontrer que son
client n’avait commis aucun man-
quement. Ce dernier était intéressé
personnellement à l’opération en
cours et il avait intérêt à ce qu’elle
dredi, plus forts qu’anticipé, confor-
tent cette analyse. Les traders ne
misent d’ailleurs plus qu’à 53 % sur
une action de la Fed avant juillet.
Ce décalage n’inquiète pas outre
mesure les banquiers centraux
européens. Du moins pour l’ins-
tant. « La BCE peut tout à fait agir
avant la Fed, estime Piet Chris-
tiansen, stratégiste en chef à la
Danske Bank. Il est plus difficile
d’imaginer que les politiques diver-
gent plus longtemps – disons au-delà
de neuf mois – parce qu’en fin de
compte les décisions de la Fed se
répercuteront sur l’Europe et affecte-
ront également la zone euro. » Un
écart trop marqué des taux euro-
péens et américains pourrait en
effet affaiblir fortement l’euro face
au dollar. Renchérissant ainsi les
prix à l’importation, au risque de
faire repartir l’inflation. Cette pers-
pective pourrait influer sur le nom-
bre de baisses décidées à Franc-
fort d’ici à la fin de l’année. n
reste secrète jusqu’au bout. En
même temps que l’OPA, Mediawan
prenait une participation dans Leo-
nine, une société allemande déte-
nue par KKR, et rachetait la maison
de production de Pierre-Antoine
Capton, Troisième Oeil. L’arrivée de
l’américain KKR au capital risquait
de ne pas être bien perçue dans le
milieu du cinéma. Pour éviter que
cela ne fasse des vagues, il ne fallait
pas en parler.
Se montrer corporate
Clément Miserez se défend en
arguant d’une volonté de se mon-
trer « corporate » en achetant des
actions de sa maison mère. L’arri-
vée d’une cadre de Lagardère au
sein du groupe et une « efferves-
cence dans les locaux » de Mediawan
l’auraient convaincu des perspecti-
ves économiques positives de
l’entreprise. De son côté, Lionel
Rozenberg a expliqué avoir acheté
après avoir vu une émission de télé-
vision sur BFM, recommandant
d’acheter des actions Mediawan.
En janvier 2024, la Commission
des sanctions a mis hors de cause
douze hommes soupçonnés de
délit d’initié dans le cadre du rachat
de Direct Energie par Total en
avril 2018. Le Collège de l’AMF avait,
lui, requis, un total de 1,115 million
d’euros d’amende. n
Lundi 8 avril 2024 Les Echos
Le nouveau coup
de poker de Jeff
Yass, le trader
multimilliardaire
BOURSE
Fondateur de l’une
des plus grandes
firmes de trading
américaine, Susque-
hanna, Yass est aussi
un soutien financier
important du camp
républicain.
En cas d’élection
de Donald Trump,
il pourrait être
l’un des candidats
au poste de secré-
taire au Trésor.
Nessim Aït-Kacimi
A la tête d’une fortune estimée
aujou rd ’hui pa r For b es à
27,6 milliards de dollars, Jeff
Yass, 68 ans, peut se targuer
d’avoir fait tourner la roue de la
fortune sur tous les marchés et
tous les continents. Il a parié sur
tout, et avec succès. Ce trader
multimilliardaire, cofondateur
d’une redoutable machine à
cash, la firme de trading Sus-
quehanna International, pour-
rait désormais se voir offrir un
destin politique. Selon l’agence
Bloomberg, il serait l’un des
candidats possibles au poste de
secrétaire du Trésor, tout
comme le célèbre gérant de
hedge fund John Paulson, si
Donald Trump était élu.
John Paulson, un trader qui a
fait fortune lors de la crise des
subprimes, avait été l’un des
rares gérants de hedge funds
avec l’activiste Carl Icahn à aider
Trump lors de son élection
de 2016. Par la voix de son porte-
parole, Jeff Yass a précisé au
« New York Times » qu’il n’a
jamais soutenu financièrement
Tr u m p d i r e c t e m e n t e t n e
compte pas le faire. Il a en revan-
che depuis longtemps mis une
partie de sa fortune au service
des idées du camp républicain,
notamment au sein du Club de
la croissance. En 2022, il a ainsi
versé 56 millions de dollars pour
les élections de mi-mandat.
Depuis son
adolescence,
l’homme est
obsédé par les jeux,
les probabilités
et les paris.
Les intérêts communs entre
le candidat républicain et le tra-
der sont récemment apparus
au grand jour à l’occasion de
« l’affaire TikTok ». La Chambre
des représentants a voté pour
que la maison mère de TikTok,
ByteDance, cède ses activités
aux Etats-Unis, estimant que le
groupe chinois prenait des
libertés avec l’utilisation des
données privées des Améri-
cains. Pourtant guère conci-
liant avec la Chine en temps
n o r m a l , D o n a l d Tr u m p a
estimé que ce n’était pas une
bonne idée. Or Susquehanna
est du même avis.
La firme est actionnaire de
ByteDance depuis 2005. Elle en
détient 15 % du capital, dont la
moitié (7 %) correspond à
l’investissement personnel de
Jeff Yass, soit 21 milliards de
dollars, selon le « Wall Street
Journal ». Le camp démocrate
y a vu une collusion entre le
républicain et l’un des sei-
gneurs de Wall Street, à quel-
ques mois d’une présidentielle
serrée où tous les coups seront
30
permis. Une victoire de Donald
Trump est l’assurance de nou-
veaux bouleversements aux
Etats-Unis, à Wall Street, et
dans le reste du monde. Cela ne
devrait pas rebuter Jeff Yass.
Depuis son adolescence,
l’homme est obsédé par les
jeux, les probabilités et les
paris. Avec un groupe d’amis, il
a alors créé un club pour parier
sur les courses de chevaux, de
lévriers et les compétitions de
jai-alai (pelote basque), raconte
le « Philadelphia Inquirer ».
Les millions de dollars ainsi
gagnés ont ensuite été investis
dans leur firme de trading.
Mais avant d’entrer à Wall
Street, Jeff Yass a fait un détour
dans la capitale du vice, Las
Vegas. Il voulait mettre à
l’épreuve, en situation, son
talent et son endurance au
poker. Alors qu’une telle aven-
ture se traduit pour 99,9 % des
étudiants américains qui s’y ris-
quent par la ruine et le retour
sans gloire au domicile familial,
il s’en est tiré sans dommage.
Fortune lors
du krach de 1987
Dans les années 1980, ce trader
jugé prometteur est repéré par
Israel Englander, qui fondera
par la suite (en 1989) l’un des
plus grands hedge fund actuels,
Millennium. Il le parraine pour
entrer sur le marché des
options de Philadelphie. Un an
plus tard, il dépasse le million
de dollars de gains à seulement
25 ans. Jeff Yass et cinq autres
amis lancèrent leur firme de
trading sur les options, Susque-
hanna International Group,
en 1987, l’année du grand krach.
Ils gagnèrent des millions de
dollars le 19 octobre, jour
funeste pour Wall Street (plon-
geon de 22,6 % du Dow Jones).
Ses traders s’étaient rendu
compte que le marché sous-es-
timait fortement la probabilité
d’un krach. Les options de vente
étaient délaissées par les inves-
tisseurs et donc bon marché. Ils
en achetèrent avant la débâcle
et firent ainsi fortune.
La firme de trading organise
toujours des tournois de poker
pour aider à recruter ses tra-
ders. Parmi eux, certains profils
ont fait parler d’eux, comme
Sam Trabucco, qui quitta la
firme pour devenir l’un des lieu-
tenants de Sam Bankman-Fried
chez FTX. « Si je peux apprendre
à nos stagiaires la façon correcte
d’appréhender le poker, alors ils
auront la bonne attitude pour
faire du trading », avait expliqué
Jeff Yass, il y a plus de trente ans,
à Jack Schwager, dans son livre
sur le parcours des meilleurs
traders*. « L’objectif dans ces
deux activités n’est pas de gagner
le plus de fois possible mais
d’optimiser les gains et de connaî-
tre ses adversaires. Si vous êtes le
6e meilleur joueur au monde
mais que vous affrontez les cinq
meilleurs, vous allez perdre. »
A cette époque, en 1992, sa
firme employait 175 personnes,
dont la moitié de traders. Elle
compte aujourd’hui près de
2.000 collaborateurs. Susque-
hanna, spécialisé à l’origine
dans le trading d’options, s’est
depuis diversifié sur de nouvel-
les activités comme le capital-
investissement et les paris spor-
tifs, l’une des grandes passions
de Jeff Yass. S’il venait à rejoin-
dre l’équipe Trump, il devrait
prendre ses distances avec sa
firme pour respecter les règles
sur la prévention des conflits
d’intérêts.
* « Les Secrets des grands traders »,
Valor Editions
31 Les Echos Lundi 8 avril 2024
Depuis trente ans au capital de Bureau Veritas, qui pèse près de 40 % de ses actifs, Wendel enclenche sa sortie. Photo Shutterstock
Wendel débloque plus de
1 milliard pour des acquisitions
CAPITAL-
INVESTISSEMENT
Le holding d’investis-
sement cède 9 % de sa
plus grosse participa-
tion historique Bureau
Veritas pour accélérer
vers le non coté.
A cette occasion,
Bpifrance s’invite
au capital du groupe
de service par l’inter-
médiaire du fonds
stratégique lancé
avec les Emirats.
Anne Drif
et Romain Gueugneau
Wendel s’attaque à son totem.
Depuis trente ans au capital du
groupe d’inspection coté Bureau
Veritas qui pèse près de 40 % de ses
actifs, le holding de la famille tricen-
tenaire enclenche sa sortie. Son
président du directoire, Laurent
Stéphane Vidal se prépare à quitter
la présidence de Primonial
GESTION D’ACTIFS
Une fois bouclée la
vente du pôle de gestion
privée au groupe Crys-
tal, la société sera entiè-
rement centrée sur son
activité immobilière.
En dépit de ses
difficultés, Primonial
REIM reste le premier
fournisseur de fonds
immobiliers français.
Caroline Mignon
Un peu plus d’une année aura suffi
pour profondément modifier la
physionomie du groupe Primonial.
Du triptyque composé du pôle de
gestion d’actifs, de la branche de
gestion privée et du pôle immobi-
lier, il ne restera bientôt plus que
cette dernière activité. « Il est donc
logique que je passe les clés à son pré-
sident, Laurent Fléchet, mon associé
Mignon, a finalisé vendredi la vente
de 9 % du capital, dégageant une
plus-value de 1,1 milliard d’euros.
Toujours en soutien fort de la
stratégie, le holding en restera le
premier actionnaire et en conser-
vera le contrôle avec 27 % du capital
et plus de 40 % des droits de vote.
Cela n’en reste pas moins un vérita-
ble tournant : Bureau Veritas génère
l’essentiel du résultat de ses parti-
cipations (594 millions d’euros à
fin 2023, sur un total de 826 mil-
lions) et du chiffre d’affaires (5,8 mil-
liards sur 7,1 milliards).
D’autres cessions ne sont pas à
exclure dans le futur, notamment à
partir de 2026 à l’échéance d’une
obligation convertible. « Nous
gagnons en marges de manœuvre
pour investir, en nous désensibilisant
à Bureau Veritas dont nous gardons
le contrôle, et en réduisant notre expo-
sition aux marchés cotés », com-
mente Laurent Mignon au sujet
de la cession du bloc. Le président
du directoire veut accélérer son
virage vers le non coté et la gestion
pour compte de tiers de Wendel, qui
gère 9,5 milliards d’euros d’actifs
(dont 3,6 milliards pour Bureau
depuis douze ans, qui supervise
ce pôle depuis le début », explique
Stéphane Vidal, qui avait été
nommé directeur général en 2014,
puis président en 2017. Il restera
actionnaire et promet d’être « très
actif » au conseil de surveillance.
La passation aura probablement
lieu cet été, après le closing, attendu
en juin, de la vente de Primonial
Ingénierie et Développement (PID),
la branche de gestion patrimoniale,
au groupe Crystal. L’opération avait
été dévoilée début février, exacte-
ment un an après l’annonce de la
vente de La Financière de l’Echi-
quier, pôle de gestion d’actifs du
groupe. Acquise en 2019, la bouti-
que a été cédée à La Banque Postale
Asset Management.
Retournement immobilier
Avec l’entrée au capital de la société
d’investissement britannique Brid-
gepoint en 2017, puis de Latour Capi-
tal et de Sogecap en 2019, qui détien-
nent aujourd’hui à eux trois 79 %
du capital, le groupe Primonial
avait d’abord vocation à être vendu
dans son ensemble.
Veritas). Le holding dispose désor-
mais d’une capacité totale de 2 mil-
liards d’euros pour des acquisitions.
Le dirigeant estime qu’il y aura plus
d’opportunités d’investissement
dans des entreprises non cotées
en 2024. « Beaucoup de gérants cher-
chent à céder des actifs », note-t-il.
Ouvert à d’autres
opportunités
Après la prise de contrôle du gérant
de private equity IK en octobre,
Wendel se dit aussi ouvert à d’autres
opportunités. « Nous discutons avec
beaucoup d’acteurs, dans l’infrastruc-
ture, le crédit et le secondaire. La pro-
position de valeur offerte par Wendel
et le support de long terme de sa
famille, sont des avantages compéti-
tifs très bien perçus », estime Laurent
Mignon. Pour céder son bloc de 9 %
dans Bureau Veritas et consolider le
tour de table de cette participation
qui reste centrale pour Wendel, le
holding s’est appuyé sur Bpifrance.
La banque publique lui a racheté
4 % sur le total du bloc par l’inter-
médiaire de son fonds Lac1. Lancé
fin 2020 avec le soutien financier
d’une quarantaine de souscripteurs,
L’opération était presque bouclée
début 2022 avec le groupe immobi-
lier Altarea avant que ce dernier y
renonce au dernier moment. Un
retournement qui avait mis à rude
épreuve Primonial, en procès avec
Altarea depuis deux ans avec des
sommes colossales en jeu. « A ma
demande, une première audience a eu
lieu il y a quinze jours et nous espé-
rons que le dossier avancera désor-
mais de façon plus significative »,
indique Stéphane Vidal.
L’échec de la vente
du groupe à Altarea
a mis Primonial
à rude épreuve.
A la suite de cet échec, peu
d’autres acteurs financiers manifes-
tant de l’appétit pour le groupe dans
son ensemble, il a été décidé de
mettre en vente chacun des pôles
séparément. Aujourd’hui, après les
cessions successives de LFDE et
PID, qui géraient chacun autour
de 12 milliards d’euros, seul le pôle
dont le fonds souverain d’Abu Dhabi
(Mubadala), des assureurs (AXA,
Covéa) ou encore des family offices
(Dassault), ce fonds est doté d’une
capacité d’investissement de 5,2 mil-
liards d’euros. A ce jour, neuf opéra-
tions ont été réalisées, avec des pri-
ses de participations dans Arkema,
EssilorLuxottica, SEB, SPIE ou
encore Alstom, pour un montant
d’un peu plus de 3,5 milliards
d’euros (dont 500 millions pour
Bureau Veritas).
Son objectif : sécuriser le capital
des stars françaises de la cote (avec
une capitalisation boursière supé-
rieure à 500 millions d’euros), et les
accompagner dans leur développe-
ment, notamment par de la crois-
sance externe. A chaque fois, Lac1
investit dans une optique de long
terme avec une implication dans la
gouvernance des entreprises. Ce
sera le cas aussi avec Bureau Veritas :
le conseil d’administration de la
société proposera un siège d’admi-
nistrateur à la banque publique lors
de la prochaine assemblée générale.
Lire « Crible »
( Page 34
immobilier, le plus important, reste
à vendre. Le groupe, qui gérait
58 milliards d’euros d’actifs (au
total) à fin 2022, compte 42 milliards
d’euros d’encours, dont 6 milliards
hérités du rachat d’Icade Santé bou-
clé en juillet dernier. Mais Primonial
REIM, premier fournisseur de
fonds immobiliers français, a subi
de plein fouet la remontée brutale
des taux d’intérêt et le retourne-
ment du marché. Le groupe n’a eu
de cesse, ces derniers mois, de revoir
la valeur des parts de ses fonds, et
essuie de fortes baisses de collectes,
voire des retraits nets sur certains
d’entre eux (Primonial Capimmo).
Heureusement, les banques
centrales s’apprêtent à abaisser
leurs taux et laissent espérer des
jours meilleurs. « Nous pourrions
intéresser d’ici un à trois ans un
groupe international en Asie ou
en Amérique du Nord, qui souhaite
se développer en Europe ; sans vou-
loir fermer des portes, un rapproche-
ment avec un fonds d’investissement
ou un grand acteur français de l’asset
management est moins probable »,
estime Stéphane Vidal. n
FINANCE & MARCHÉS
Cacao : Côte
d’Ivoire et Ghana
augmentent les prix
payés aux planteurs
MATIÈRES
PREMIÈRES
Yamoussoukro a
décidé d’augmenter
de 50 % le prix
« bord champ » du
cacao pour prendre
en compte l’envolée
de l’or brun sur les
marchés à terme.
Etienne Goetz
Après des mois de folle ascen-
sion du cacao sur les marchés,
la Côte d’Ivoire s’est enfin déci-
dée à augmenter de 50 % le
prix dit « bord champ », celui
qui rémunère les planteurs
ivoiriens. Les autorités l’ont fixé
à 1.500 francs CFA, soit environ
2,30 euros le kilo pour la saison
intermédiaire.
« C’est un niveau de prix
jamais vu dans l’histoire de la
filière cacao » dans le pays,
s’est félicité le ministre ivoirien
de l’Agriculture, Kobenan
Kouassi Adjoumani, lors d’une
conférence de presse il y a quel-
ques jours. Au Ghana, les auto-
rités envisagent aussi d’aug-
menter le prix bord champ de
50 % à 100 %, selon les informa-
tions de Bloomberg. Il s’agit
également de limiter la contre-
bande, qui a pris de l’ampleur
avec l’envolée des cours.
Hausse des cours
Certains agriculteurs ghanéens
ont tendance à faire passer leurs
fèves en Côte d’Ivoire, où le sys-
tème de commercialisation est
moins contraignant, ce qui leur
permet d’en tirer un meilleur
prix. Ces deux pays, qui repré-
sentent près de 60 % de la pro-
duction mondiale de cacao, ont
été vivement critiqués ces der-
niers mois car leur système de
régulation des prix ne permet-
tait pas aux planteurs de profi-
ter de la hausse des cours sur les
marchés internationaux.
Le prix bord champ, révisé
deux fois par an, est actuelle-
ment en décalage total avec les
prix sur les marchés à terme.
Alors que la tonne de cacao à
New York s’échange contre
10.000 dollars, les planteurs
africains vendent leurs fèves
moins de 2.000 dollars la tonne.
2.000
DOLLARS LA TONNE
Le prix de vente par les
planteurs africains, alors que
la tonne de cacao s’échange
à 10.000 dollars à New York.
ANNLEGALECH
annonces judiciaires & légales
AVIS AU PUBLIC
Commune de Chaumontel
APPROBATION DE LA RÉVISION
DU PLAN LOCAL D’URBANISME
Le Conseil Municipal du 12 février 2024, par délibération n°2024/517 en date du
12 février 2024 a approuvé la révision du plan local d’urbanisme.
Le dossier de plan local d’urbanisme approuvé est tenu à la disposition du public :
· à la mairie
· à la Préfecture du Val d’Oise
Aux heures et jours habituels d’ouverture des secrétariats.
Il est consultable sur le geoportail de l’urbanisme.
Fait à Chaumontel, le 25 mars 2024
La ligne de référence est de 40 signes
en corps minimal de 6 points didot.
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.
Les départements habilités sont 75,78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.
Au Cameroun voisin, où le
marché est totalement libéra-
lisé, les producteurs empochent
presque immédiatement la
flambée des cours. Grâce à cette
manne, ils peuvent investir dans
leur outil de production, aug-
menter les volumes récoltés et
profiter ainsi pleinement de
la hausse des cours.
Concentration
de la filière
« Ceux qui soutiennent cette
thèse oublient que notre pays
a déjà expérimenté le système
libéralisé dont les résultats
n’ont pas été à la hauteur des
attentes », a défendu Kobenan
Kouassi Adjoumani. Le minis-
tre rappelle qu’entre 2000
et 2011, où les cours étaient for-
tement déprimés, les produc-
teurs étaient rémunérés à des
« prix dérisoires ». « Dans le sys-
tème stabilisé, la hausse quoti-
dienne des cours mondiaux n’est
pas répercutée immédiatement
mais elle profite aux producteurs
avec un décalage dans le temps »,
a-t-il défendu. En Côte d’Ivoire,
les fèves sont vendues à l’avance
par le Conseil Café Cacao sur
la base des prix de la saison
écoulée et ce sont ces contrats,
en réalité des autorisations
d’achats accordées aux négo-
ciants, qui déterminent le prix
bord champ. Au Ghana, l’ins-
tance de régulation, le Cocobod,
est l’intermédiaire unique entre
les agriculteurs et les multina-
tionales du chocolat. Le Coco-
bod fixe le prix, achète directe-
ment aux planteurs et revend
ensuite aux confiseurs.
Le cabinet de conseil Global
Sovereign Advisory (GSA) se
montre plus nuancé que le
ministre. Dans les années 2020,
« l’absence de tarifs minimaux
n’a pas conduit [les Camerou-
nais] à toucher un tarif inférieur
à ceux pratiqués en Côte d’Ivoire
et au Ghana », explique-t-il. Le
cabinet de conseil souligne éga-
lement que dans la situation
actuelle, les régulateurs « peu-
vent être incités à vouloir préser-
ver leurs relations à long terme
avec les grands acheteurs inter-
nationaux » en tardant à réper-
cuter les prix mondiaux au
détriment des producteurs.
Mais ce système a été pensé
dans un contexte de prix relati-
vement bas, reconnaît le cabi-
net GSA, et il permet à Accra
et à Yamoussoukro de faire
face « au fort pouvoir de négocia-
tion des grands acheteurs, consi-
dérablement accru par une forte
concentration de la filière ces
dernières années ». Une quin-
zaine de groupes – Olam, Car-
gill, Nestlé, Hershey… – achète
désormais la quasi-totalité
des fèves dans le monde. n
FINANCE & MARCHÉS Lundi 8 avril 2024 Les Echos 32

séAncE du 05 - 04 - 2024 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année

euronext CaC 40 : 8061,31 (-1,11 %) neXt 20 : 11113,86 (-1,49 %)

CaC larGe 60 : 8655,82 (-1,12 %)
CaC all-tradaBle : 5964,29 (-1,10 %)
Date De ProroGation : 25 aVril
civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres a pour les capitalisations
supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et c pour les capitalisations inférieures
à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 srD suite Valeurs françaises srD suite Valeurs françaises

Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
accor (AC) R a 42 42,09 - 1,77 + 21,65 l'oréal (OR) R a 415,4 412,7 - 1,84 - 8,42 GetlinK (GET) LR a 15,4 15,325 - 1,29 - 7,49 saVencia (BH) B 51,8 51,2 - 1,16 - 6,91
1383106 42,19 + 6,91 43,74 389263 417,35 - 5,85 460,6 571831 15,55 - 1,7 16,78 1065 52 - 2,66 55
FR0000120404 23/05/23 1,05 252.289.352 41,7 + 46,2 33,69 2,5 FR0000120321 26/04/23 6 534.725.475 411,2 - 2,6 411,2 1,45 FR0010533075 30/05/23 0,5 550.000.000 15,205 + 0,72 15,135 3,26 FR0000120107 15/05/23 1,3 14.032.930 51,2 - 16,07 50,6 2,54
air liQuiDe (AI) R a 187,5 187,5 - 1,09 + 6,46 micHelin (ML) a 35,02 35,42 + 9,12 Gl eVents (GLO) g B 19,3 19,36 - 0,51 - 1,33
775470 187,64 - 1,07 197,42 1467495 35,42 +3 36,29 scor (SCR) LG a 30,46 30,26 - 1,56 + 14,36
13013 19,36 -12 23,55
FR0000120073 15/05/23 2,95 524.769.659 186,32 + 20,77 165,68 1,57 FR001400AJ45 17/05/23 1,25 714.958.226 34,91 + 26,73 30,06 3,53 FR0000066672 03/07/23 0,35 29.982.787 19,06 - 10,78 18,28 1,81 355815 30,48 +10,84 32,44
airBus GrouP (AIR) R a 166,52 168,02 + 0,04 + 20,2 3,4 oranGe (ORA) R a 10,82 10,71 - 1,2 + 3,94 FR0010411983 30/05/23 1,4 179.802.620 30,16 + 40,88 25,66 4,63
Graines Voltz (GRVO) c 22,1 22,4 + 0,45 - 23,29
992965 168,04 + 6,63 172,78 49,49 5987907 10,825 + 0,89 11,37 1171 22,7 -17,19 30 seB (SK) G a 115,3 115,1 - 1,37 + 1,86
NL0000235190 25/04/23 1,53 792.283.683 165,24 + 35,09 136,62 1,07 FR0000133308 04/12/23 0,3 2.660.056.599 10,675 - 5,02 10,352 2,8 FR0000065971 29/03/22 2 1.480.265 21,8 - 46,02 21,8 55463 115,4 + 3,41 120,2
arcelormittal (MT) R a 25,33 25,29 - 1,56 - 1,5 PernoD-ricarD (RI) R a 141 141,15 - 2,39 - 11,64 GrouPe crit (CEN) g B 71 71,6 + 0,56 - 8,91 FR0000121709 31/05/23 2,45 55.337.770 113,7 + 13,4 104,1 2,13
1886462 25,46 + 8,33 26,95 396512 143,15 - 8,02 164,55
LU1598757687 13/11/23 0,17 852.809.772 25,16 - 1,52 23,25 FR0000120693 24/11/23 2,64 255.631.733 140,35 - 32,53 140,35 1,87 5140 71,6 + 1,7 79,2 secHe enVironnement (SCHP) g B 112 112,8 + 0,54 + 2,55
FR0000036675 05/07/23 3,5 11.250.000 71 - 0,56 68,2 4,89 4173 113 - 1,91 121,4
aXa (CS) R a 34,35 34,14 - 2,04 + 15,77 PuBlicis GrouPe (PUB) R a 99,9 100,25 - 0,94 + 19,35
4962347 34,47 + 4,32 35,19 436240 100,4 + 3,71 102 Gtt (GTT) G a 137,4 141,7 + 2,91 + 18,18 FR0000039109 07/07/23 1,1 7.857.732 110,8 + 9,09 97,3 0,98
FR0000120628 08/05/23 1,7 2.270.188.806 33,92 + 20,79 29,12 4,98 FR0000130577 03/07/23 2,9 268.723.468 99,18 + 41,48 83,16 2,89 157884 141,7 - 4,64 151,1
FR0011726835 12/12/23 1,85 37.078.357 137,2 + 44,96 119,9 1,31 serGeFerrari GrouP (SEFER) g c 6,4 6,25 - 2,34 - 22,46
BnP PariBas (BNP) R a 66,23 66,55 - 0,91 + 6,33 renault (RNO) R a 48,6 49,66 + 0,12 + 34,56 1584 6,4 + 8,51 8,2
2913205 66,68 +16,26 67,6 1308568 49,87 +30,87 50,12 GuerBet (GBT) g B 34,8 34,8 - 0,86 + 78,46
FR0000131104 22/05/23 3,9 1.147.477.409 65,91 + 19,2 53,08 5,86 FR0000131906 17/05/23 0,25 295.722.284 48,3 + 35,09 33,265 0,5 13345 35,3 +12,99 35,55 FR0011950682 26/04/23 0,4 12.299.259 6,16 - 55,92 5,6 6,4
BouYGues (EN) R a 37,36 36,66 - 2,68 + 7,44 saFran (SAF) R a 203,6 205,5 - 0,48 + 28,87 FR0000032526 29/06/23 0,5 12.641.115 34,3 +100 17,02 1,44 ses-imaGotaG (VU) G B 150,4 151,9 - 0,52 + 11,86
858376 37,38 + 0,8 38,26 685964 205,5 + 3,88 213,35 Guillemot (GUI) g c 5,2 5,24 - 0,76 - 22,83 25863 152 + 5,93 159,8
FR0000120503 03/05/23 1,8 378.948.297 36,49 + 18,95 32,62 4,91 FR0000073272 30/05/23 1,35 427.260.541 201 + 52,56 156,68 0,66 11807 5,34 + 0,77 6,95 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.958.658 147,9 + 40,13 120,2
caP-Gemini (CAP) R a 206,8 211,4 + 1,1 + 12 saint-GoBain (SGO) R a 72,78 73,36 - 1,21 + 10,05 FR0000066722 07/06/23 0,25 15.087.480 5,18 - 30,5 4,405 4,77
sHoWroomPriVé (SRP) g B 0,93 0,958 + 2,13 - 10,13
515654 211,4 - 4,43 227,4 1105380 73,42 + 7,79 74,64 icaDe (ICAD) G a 24,5 24,36 - 1,7 - 31,46
FR0000125338 30/05/23 3,25 172.608.113 206,5 + 25,05 181,95 1,54 FR0000125007 12/06/23 2 506.453.012 72,32 + 48,56 61,27 2,73 50691 0,96 - 2,74 1,17
146372 24,58 - 3,03 35,9
FR0000035081 04/03/24 2,42 76.234.545 24,02 - 41,72 24,02 FR0013006558 118.902.909 0,922 - 34,83 0,9
carreFour (CA) R a 15,425 15,635 + 0,84 - 5,61 sanoFi (SAN) R a 87,8 87,34 - 1,56 - 2,7
1957284 15,785 - 0,48 16,865 1573958 87,9 - 0,3 96,5 iD loGistic (IDL) a 347 346 - 1,28 + 13,07 soitec (SOI) LG a 93,45 92,5 - 3,14 - 42,83
FR0000120172 06/06/23 0,56 708.790.816 15,38 - 15,03 14,885 3,58 FR0000120578 30/05/23 3,56 1.264.797.546 86,73 - 13,87 84,93 4,08 2090 347 + 3,75 356,5 eX-Ds 13/05/16 reGr.1P20 165997 94,7 -30,24 164,1
creDit aGricole (ACA) R a 14,03 14,105 - 0,28 + 9,75 scHneiDer electric (SU) R a 204 207,65 - 0,19 + 14,23 FR0010929125 6.173.328 342,5 + 27,68 298 FR0013227113 35.712.302 91 - 33,45 91
5860722 14,105 +12,27 14,24 888956 207,65 - 0,14 218,5 imerYs (NK) G a 30,24 30,44 - 1,11 + 6,88
FR0000045072 30/05/23 1,05 3.025.902.350 13,915 + 34,72 12,118 7,44 FR0000121972 09/05/23 3,15 572.835.884 204 + 45,35 171,1 1,52 solocal GrouP (PAJ) B 0,043 0,042 - 3,26 - 52,67
87785 30,62 + 2,77 32,5 134378 0,043 -48 0,089
Danone (BN) R a 57,44 57,98 - 0,03 - 1,19 société Générale (GLE) R a 25,21 25,055 - 1,78 + 4,29 FR0000120859 15/05/23 3,85 84.940.955 30,14 - 20,27 24,96 12,65
1063306 57,98 - 2,08 63,8 3173611 25,28 + 9,94 25,58 FR00140006O9 129.505.837 0,041 - 90,55 0,038
FR0000120644 09/05/23 2 677.773.128 57,42 - 2,54 57,42 3,45 FR0000130809 30/05/23 1,7 802.979.942 24,82 + 19,03 21,265 6,79 inFotel (INF) g c 49,2 49,1 - 0,41 - 7,36
4375 49,3 + 6,05 53,6 soDeXo (SW) LR a 78,2 78,65 - 0,25 + 5,07
Dassault sYstemes (DSY) R a 39,25 40,24 + 1 - 9,03 stellantis nV (STLAP) a 24,505 24,595 - 1,78 + 16,32 FR0000071797 19/05/23 2 6.934.791 49 - 12,01 43,7 4,07 189002 78,7 + 2,78 80,66
1703995 40,24 - 3,22 48,875 2207344 24,71 - 0,53 27,345 FR0000121220 20/12/23 3,1 147.454.887 77,15 + 4,09 71,94 3,94
FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.338.435.363 39,16 + 7,44 39,16 0,52 NL00150001Q9 24/04/23 1,14 3.165.189.336 24,185 + 52,65 19,15 5,45 innate PHarma (IPH) g B 2,29 2,205 - 2,65 - 15,84
eDenreD (EDEN) R a 49,81 50,34 - 0,12 - 7,02 stmicroeletronics (STMPA) Ra 38,86 38,535 - 2,25 - 14,83 0,23 50280 2,29 + 0,23 2,8 solutions 30 (ALS30) a 1,924 1,87 - 6,69 - 29,86
587635 50,42 + 2,99 58,76 1351010 38,975 - 9,13 45,815 169,57 FR0010331421 80.860.563 2,2 - 25,13 2,12 1452670 1,949 - 7,88 2,896
FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 49,43 - 10,62 44,66 1,99 NL0000226223 18/03/24 0,05 911.281.920 38,48 - 15,62 38,48 0,16 interParFums (ITP) G a 51,5 51,2 - 1,54 + 1,59 FR0013379484 107.127.984 1,87 - 21,69 1,87
enGie (ENGI) R a 15,51 15,4 - 1,22 - 3,25 1,21 telePerFormance (RCF) R a 87,56 91,22 + 2,38 - 30,92 35848 51,6 + 0,59 55,2 soPra steria GP (SOP) G a 229,4 231,2 - 0,09 + 16,89
6176083 15,545 + 2,75 16,64 12,77 241596 91,4 -19,38 153,8 FR0004024222 11/05/23 1,05 69.196.570 50,5 - 20,68 45,25 2,05
26527 231,8 - 0,26 239,6
FR0010208488 28/04/23 1,4 2.435.285.011 15,34 + 3,18 13,996 9,09 FR0000051807 21/04/23 3,85 63.443.054 87,46 - 57,71 80,76 4,22 inVentiVa (IVA) g B 3,32 3,4 + 2,41 - 16,97 FR0000050809 29/05/23 4,3 20.547.701 225,4 + 22,65 187 1,86
essilorluXottica (EL) R a 202,3 203,3 - 1,12 + 11,95 tHales (HO) R a 157,5 159 + 0,7 + 18,7 11950 3,4 + 2,41 4,44
597252 203,3 + 0,92 212,4 219365 159 + 5,37 162 FR0013233012 52.477.188 3,305 + 17,24 2,8 smcP (SMCP) g B 2,25 2,21 - 2,21 - 35,38
FR0000121667 22/05/23 3,23 453.847.215 200,6 + 21,81 172,82 1,59 FR0000121329 05/12/23 0,8 210.210.140 156,25 + 16,36 131,45 0,5 iPsen (IPN) G a 107 107,4 - 1,01 - 0,46 158187 2,25 - 3,07 3,555
euroFins scient. (ERF) R a 60,62 58,5 - 4,75 - 0,81 totalenerGies (TTE) R a 67,19 66,8 - 0,37 + 8,44 54899 108,1 + 6,65 111,5 FR0013214145 75.591.187 2,19 - 71,85 2,105
494480 60,76 + 7,14 61,78 3537494 67,38 +12,91 67,38 FR0010259150 02/06/23 1,2 83.814.526 105,8 + 3,67 99,7 1,12 sPie (SPIE) G a 33,9 34,06 - 0,47 + 20,35
FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 58,28 - 3,85 51,32 1,71 FR0000120271 20/03/24 0,74 2.386.846.474 66,74 + 16,91 57,45 1,11 iPsos (IPS) G a 65,1 65,8 - 0,08 + 15,95 351169 34,08 + 9,59 35,42
Hermes intl (RMS) R a 2345 2345 - 1,64 + 22,21 uniBail-r/WFD (URW) a 72 72,88 - 0,19 + 8,91 23465 66 + 1,31 66,8 FR0012757854 20/09/23 0,22 166.907.584 33,46 + 28,92 27,32 0,65
47432 2360 + 3,46 2436 393483 72,88 + 5,5 75,36 FR0000073298 03/07/23 1,35 43.203.225 65 + 17,61 55,55 2,05
FR0000052292 13/02/24 3,5 105.569.412 2329 + 22,83 1788,8 0,15 FR0013326246 24/03/20 5,4 139.041.391 71,58 + 50,45 63,96 steF (STF) g B 131 131,2 - 1,5 + 14,89
JacQuet metals (JCQ) g B 18,18 18,22 - 0,11 - 7,04
KerinG (KER) R a 363,1 362,8 - 1,76 - 9,07 Veolia enV. (VIE) R a 30,05 29,16 - 3,48 + 2,1 5184 18,24 + 0,77 19,66 2344 132 + 5,47 138
213659 366,65 -11,73 438,6 2605699 30,05 + 1,18 30,7 FR0000033904 05/07/23 1 22.497.209 18 + 6,92 17,46 5,49 FR0000064271 03/05/23 4 12.850.000 130,6 + 25,43 112,6 3,05
FR0000121485 15/01/24 4,5 123.420.778 362,8 - 35,84 343,4 1,24 FR0000124141 09/05/23 1,12 725.411.667 29,16 + 2,53 28,19 3,84
JcDecauX (DEC) G a 17,96 18,27 + 0,88 + 0,38 sWorD GrouP (SWP) g B 36,9 36,6 - 1,35 - 8,16
l.V.m.H. (MC) R a 803,1 799,8 - 2,39 + 9,02 Vinci (DG) R a 115 114,45 - 1,55 + 0,66 133149 18,27 - 5,24 20,2 4724 37 + 2,52 40
419609 807,5 - 3,53 886,4 1154106 115,35 - 2,76 120,62 FR0000077919 21/05/19 0,58 213.161.658 17,83 - 4,84 16,65
FR0000121014 04/12/23 5,5 501.400.760 797,7 - 5,3 644 0,69 FR0000125486 14/11/23 1,05 589.048.647 112,8 + 8,32 112,46 0,92 FR0004180578 02/05/23 1,45 9.544.965 36,4 - 15,38 35,05 4,65
leGranD (LR) R a 93,92 96,06 + 0,1 + 2,08 ViVenDi (VIV) R a 10,08 10,025 - 1,47 + 3,61 KauFman & BroaD (KOF) g B 27,9 27,95 - 0,53 - 7,14 sYnerGie (SDG) g B 32,9 32,7 - 0,91 - 7,1
533635 96,06 + 3,38 99,66 2099755 10,08 - 3,28 10,54 18869 28,4 + 5,67 30,55 1007 33,1 + 2,99 35,25
FR0010307819 02/06/23 1,9 264.031.292 93,56 + 21,69 88,44 1,98 FR0000127771 25/04/23 0,25 1.029.918.125 9,986 + 8,61 9,634 2,49 FR0004007813 09/05/23 2,4 19.862.022 27,85 + 2,38 26,05 8,59
FR0000032658 29/06/23 0,8 24.362.000 32,6 - 4,11 29,15 2,45
KlePierre (LI) LR a 23,38 23,48 - 0,42 - 4,86
590436 23,48 + 0,09 24,96 telePerFormance (RCF) R a 87,56 91,22 + 2,38 - 30,92
FR0000121964 22/03/24 0,9 286.861.172 23,24 + 14,59 22,69 241596 91,4 -19,38 153,8
laGarDère (MMB) G a 20,95 21,15 + 0,96 + 15,07 FR0000051807 21/04/23 3,85 63.443.054 87,46 - 57,71 80,76 4,22
13805 21,2 + 0,71 21,4 teract (TRACT) B 0,896 0,876 - 2,67 - 53,16
FR0000130213 19/04/23 1,3 141.133.286 20,95 + 0,24 17,8 6,15
srD Valeurs françaises lDc (LOUP) a 136 137 - 2,14 FR001400BMH7
11472
73.394.562
0,896
0,85
+129,92
- 84,74
1,885
0,376
1005 137 + 2,24 141
FR0013204336 28/08/23 2,7 17.635.433 136 + 19,65 125 1,97 tF1 (TFI) G a 8,75 8,8 + 23,34
Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA 136996 8,815 + 5,07 8,975
lna santé (LNA) g B 19,36 19,64 + 1,45 - 2,29
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 2594 19,64 -16,43 23,8 FR0000054900 20/04/23 0,5 210.485.635 8,695 + 9,05 7,105 5,68
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
FR0004170017 06/07/23 0,5 10.709.416 19,2 - 38,24 18,14 2,55 tFF GrouP (TFF) G B 43,8 44,2 + 0,91 - 1,56
aB science (AB) g B 2,3 2,26 - 36,43 casino (CO) G a 0,039 0,039 - 95,09 lectra (LSS) g B 33,45 33,7 - 0,3 + 7,84 2619 44,5 + 0,45 47,5
82718 2,3 + 5,61 4,465 16773954 0,039 -92,41 0,8 13414 33,8 + 8,01 35,2 FR0013295789 08/11/23 0,6 21.680.000 43,2 + 10,22 42,1 1,36
FR0010557264 52.071.069 2,235 - 59,5 1,55 FR0000125585 09/05/19 1,56 37.304.080.735 0,038 - 99,36 0,033 FR0000065484 03/05/23 0,48 37.832.965 33,15 - 5,6 28,6 1,42
aBc arBitraGe (ABCA) g B 4,045 4,05 - 0,25 - 15,71 catana GrouP (CATG) g c 4,51 4,5 - 0,66 - 21,33 tHermaDor GrouPe (THEP) B 89,1 89,5 - 0,78 + 5,92
lHYFe (LHYFE) B 4,48 4,44 - 0,11 - 11,9 2719 89,5 + 9,15 90,4
104652 4,07 +10,96 4,87 77240 4,555 - 7,02 5,92 9529 4,5 - 2,63 5,49
FR0004040608 05/12/23 0,1 59.608.879 3,97 - 33,5 3,58 2,47 FR0010193052 05/03/24 0,15 30.706.178 4,44 - 32,53 4,44 3,33 FR0013333432 12/04/23 2,08 9.200.849 88,5 - 8,11 79,6 2,32
FR0014009YQ1 47.908.148 4,44 - 35,18 3,82
aBiVaX (ABVX) g B 14,06 14,16 + 0,71 + 44,2 ceGeDim (CGM) B 14,1 13,9 - 0,71 - 22,17 lineData serVices (LIN) g B 71 69,4 - 1,42 + 24,82 tiKeHau caPital (TKO) g a 20,5 20,6 - 0,48
12940 14,16 + 7,44 14,18 9515 14,1 -14,72 18,8 62 71 - 3,88 75,6 eX D s 03/07/17 70323 20,7 - 3,29 21,85
FR0012333284 62.905.868 13,86 + 75,9 9,35 FR0000053506 29/06/22 0,5 13.997.173 13,6 - 25,83 11,3 FR0004156297 05/07/23 1,75 4.960.807 69,4 + 54,22 55,6 2,52 FR0013230612 18/05/23 0,7 176.192.916 20,5 - 15,4 19,82 3,4
aBionYX PHarma sa (ABNX) g B 1,128 1,1 - 1,26 - 14,6 cGG (CGG) G B 0,402 0,4 - 1,96 - 33,11 lisi (FII) g a 24,4 24,15 - 1,03 + 2,33 transGène (TNG) g c 1,152 1,176 + 4,07 - 14,16
89649 1,136 + 0,73 1,316 2777400 0,406 - 6,52 0,616 20771 24,4 + 1,9 24,4 53382 1,2 + 9,7 1,396
FR0012616852 32.459.012 1,05 - 45 0,91 FR0013181864 713.676.258 0,398 - 45,55 0,361 FR0000050353 17/04/23 0,15 46.538.313 23,85 20,85 0,62 FR0005175080 100.852.742 1,12 - 41,49 1,03
aDocia (ADOC) g B 9,09 8,81 - 3,19 - 23,66 cHarGeurs (CRI) g c 11,3 11,86 + 4,59 + 1,54 lumiBirD (LBIRD) g c 13,5 14,15 + 5,6 + 16,17
63611 9,15 - 4,13 12,4 5455 11,86 - 0,67 12 8214 14,15 - 3,87 15,48 triGano (TRI) G a 156,2 157,9 + 0,32 + 6,47
FR0011184241 14.297.613 8,72 +198,64 8,25 FR0000130692 02/05/23 0,54 24.862.314 11,3 - 20,19 11,16 4,55 FR0000038242 22.466.882 13,5 - 2,41 10,4 11410 158,1 + 6,19 163,8
aéroPorts De Paris (ADP) R a 124,5 124,2 - 1,82 + 5,97 cHristian Dior (CDI) a 759,5 751,5 - 2,78 + 6,22 FR0005691656 17/01/24 1,75 19.336.269 156,2 + 33,81 136,5 1,11
m6-métroPole tV (MMT) G a 13,56 13,56 - 1,02 + 4,79
86308 125,5 + 0,4 132,7 eX D oP 08/06/17 2625 759,5 - 4,21 832,5 148837 13,58 + 7,88 14,01 uBisoFt entertainment (UBI) R a 19,55 19,815 - 0,23 - 14,26
FR0010340141 05/06/23 3,13 98.960.602 123,6 - 6,83 113,4 2,52 FR0000130403 04/12/23 5,5 180.507.516 751,5 - 8,47 618,5 0,73 FR0000053225 03/05/23 1 126.414.248 13,46 - 5,83 12,03 7,38 496791 19,815 - 2,68 24,6
air France-Klm (AF) L 9,62 9,576 - 2,82 - 29,55 claranoVa se (CLA) g B 2,36 2,33 - 3,32 + 9,65 maisons Du monDe (MDM) g B 4,625 4,52 - 3,42 - 20,28 FR0000054470 127.449.605 19,12 - 14,41 18,47
1517635 9,678 - 0,5 13,828 121793 2,4 - 0,64 3,05 33085 4,64 +14,6 5,73
FR001400J770 262.769.869 9,56 - 39,87 9,377 FR0013426004 57.206.910 2,275 + 18,88 1,994 Valeo (FR) LR a 11,7 11,785 - 1,17 - 15,31
FR0013153541 05/07/23 0,3 39.189.288 4,52 - 53,62 3,864 6,64 1364688 11,855 + 9,93 14,75
aKWel (AKW) g B 14,6 15 + 4,9 - 7,18 clariane (CLARI) G a 1,7 1,725 - 2,32 - 28,24 manitou (MTU) g B 25,1 25,35 - 0,2 + 9,27
16533 15,42 + 7,45 17,44 326943 1,773 + 6,35 2,682 FR0013176526 29/05/23 0,38 244.633.504 11,63 - 34,98 10,19 3,22
6171 25,35 +11,43 25,5
FR0000053027 08/06/23 0,3 26.741.040 14,6 + 8,7 12,76 2 FR0010386334 21/06/23 0,25 106.969.229 1,699 - 74,23 1,321 14,49 FR0000038606 30/05/23 0,63 39.668.399 24,85 + 22,76 19,78 2,49 Vallourec reG (VK) G B 17,95 17,835 - 1 + 27,17
alD (ALD) G a 6,22 6,305 - 1,94 - 2,17 coFace (COFA) G a 14,38 14,4 - 0,69 + 21,62 maurel et Prom (MAU) g B 5,84 6,12 + 5,7 + 0,49 573955 17,96 +28,49 18,04
350459 6,345 + 2,94 6,69 247685 14,4 + 6,51 14,85 343666 6,12 +24,04 6,12 FR0013506730 229.877.070 17,565 + 56,31 12,785
FR0013258662 31/05/23 1,06 816.960.428 6,205 - 40,01 5,11 16,81 FR0010667147 22/05/23 1,52 150.179.792 14,17 + 8,52 11,53 10,56 FR0000051070 03/07/23 0,23 201.261.570 5,835 + 72,98 4,7 3,76 ValneVa (VLA) G B 3,73 3,724 - 1,43 - 21,1
alPes (cie Des ) (CDA) g B 13,56 13,52 - 0,59 - 4,25 coViVio (COV) G a 47,04 47,1 - 1,51 - 3,25 mcPHY enerGY (MCPHY) g B 2,02 1,998 - 0,6 - 40,64 336890 3,778 +24,09 4,996
31534 13,56 + 2,11 15,32 97720 47,32 +15,72 48,88 226091 2,09 + 0,3 3,436 FR0004056851 138.912.142 3,662 - 24,49 2,95
FR0000053324 20/03/24 0,91 50.533.135 13,38 + 7,13 12,88 5,92 FR0000064578 24/04/23 3,75 101.006.389 46,74 - 10,11 39,54 FR0011742329 27.997.800 1,962 - 83,29 1,552
altarea (ALTA) G a 76 75,1 - 1,18 - 6,13 coViVio Hotels (COVH) a 16 15,9 - 0,63 - 3,05 Verallia (VRLA) g a 34,84 33,64 - 4,97 - 3,5
meDincell (MEDCL) B 9,96 9,64 - 3,6 + 33,89 205233 34,84 - 4,97 36,96
2787 76 + 9,96 84,7 12117 16,1 + 1,6 16,5 42261 9,96 + 6,99 10,06
FR0000033219 12/06/23 5 20.801.492 74,7 - 34,01 66,8 FR0000060303 21/04/23 1,25 148.141.452 15,75 - 6,47 15,45 FR0004065605 29.070.871 9,55 - 1,53 6,91 FR0013447729 08/05/23 1,4 120.805.103 33,64 - 15,14 31,16 4,16
alstom (ALO) LR a 13,87 13,835 - 1,57 + 13,59 Dassault aV. (AM) a 204,4 205,2 - 0,29 + 14,51 mercialYs (MERY) G B 10,3 10,43 + 4,88 VerimatriX (VMX) g B 0,424 0,425 - 0,93 - 7,21
2750725 13,875 +18,91 14,265 51623 205,4 + 6,1 209,4 198722 10,49 + 3,57 11,04 17790 0,427 -14,14 0,626
FR0010220475 17/07/23 0,25 384.291.068 13,37 - 40,47 10,66 1,81 FR0014004L86 19/05/23 3 78.951.812 201,8 + 11,64 168,9 1,46 FR0010241638 02/05/23 0,96 93.886.501 10,29 + 14,36 9,775 FR0010291245 85.535.147 0,42 - 29,75 0,341
altareit (AREIT) B 468 468 - 0,43 + 4 Dassault sYstemes (DSY) R a 39,25 40,24 + 1 - 9,03 mersen (MRN) G B 35,75 35,85 - 1,65 + 1,85 VetoQuinol (VETO) B 95,4 96,3 - 0,1 - 5,96
1 468 + 5,88 470 1703995 40,24 - 3,22 48,875 31149 36,1 + 2,28 39,5
FR0000039216 1.750.487 468 - 20,68 440 FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.338.435.363 39,16 + 7,44 39,16 0,52 1513 96,5 - 5,4 110
FR0000039620 04/07/23 1,25 24.418.312 35,6 - 8,31 30,3 3,49
FR0004186856 02/06/23 0,8 11.881.902 95 + 11,98 95 0,83
alten (ATE) G a 131,6 131,4 - 1,57 - 2,38 DBV tecHnoloGies (DBV) g B 1,386 1,384 - 0,72 - 25,15 metaBolic eXPlorer (METEX) g c 0,15 0,15 - 0,13 - 61,39
33103 132,6 - 4,44 146,9 60900 1,402 - 2,88 1,896 82969 0,154 -58,9 0,578 Vicat (VCT) g a 37,6 38,15 + 1,19 + 16,13
FR0000071946 04/07/23 1,5 35.209.501 130,7 - 8,81 126,6 1,14 FR0010417345 96.434.369 1,378 - 56,29 1,095 FR0004177046 50.919.133 0,143 - 85,6 0,13 19059 38,15 + 8,84 38,15
amunDi (AMUN) G a 64,3 64,9 - 0,92 + 5,36 Deezer sa (DEEZR) 2 2,03 2,03 + 1 - 4,47 monceY (Fin.) nom. (FMONC) B 7650 7600 - 1,3 - 0,65 FR0000031775 25/04/23 1,65 44.900.000 37,5 + 40,52 32,4 4,33
eX-Ds 15/03/17 139243 65 + 7,72 66,35 1009 2,04 - 9,17 2,4 4 7650 + 4,83 7950 VirBac (VIRP) G a 355 359,5 + 0,7
FR0004125920 22/05/23 4,1 204.647.634 63,75 + 13,66 58,75 6,32 FR001400AYG6 117.054.347 2,02 + 54,26 1,952 FR0000076986 20/06/23 28 182.871 7600 + 2,7 7100 0,37 3929 360 + 7,63 364,5
antin inFra Partners (ANTIN) G a 13,5 13,12 - 2,67 - 4,79 DericHeBourG (DBG) g B 4,464 4,358 - 3,8 - 14,21 nacon (NACON) B 1,16 1,158 - 0,17 - 30,58 FR0000031577 26/06/23 1,32 8.458.000 351 + 27,03 316,5 0,37
12929 13,5 -12,01 17,28 257797 4,47 + 6,34 5,16 41443 1,18 - 8,53 1,838
FR0014005AL0 14/11/23 0,32 179.193.288 13,12 - 18,26 12,07 2,44 FR0000053381 14/02/24 0,16 159.397.489 4,348 - 16,11 4,028 3,67 FR0013482791 87.851.694 1,15 - 46,51 1,14 ViVenDi (VIV) R a 10,08 10,025 - 1,47 + 3,61
aramis (ARAMI) a 3,34 3,395 + 0,44 - 21,95 Dms (DGM) g c 1,12 1,12 - 1,32 2099755 10,08 - 3,28 10,54
nanoBiotiX (NANO) g B 5,75 5,71 - 1,04 - 14,01 FR0000127771 25/04/23 0,25 1.029.918.125 9,986 + 8,61 9,634 2,49
14947 3,4 - 5,96 4,35 1977 1,13 - 2,61 1,37 15129 5,75 - 2,56 7,93
FR0014003U94 82.856.671 3,34 - 15,97 3,3 FR0012202497 16.120.556 1,11 - 5,88 1,095 FR0011341205 13/05/19 47.133.328 5,64 + 73,03 5,51 Voltalia (VLTSA) G a 7,27 7,45 - 28,5
arGan (ARG) a 80,1 82,2 + 2,37 - 3,52 eDenreD (EDEN) R a 49,81 50,34 - 0,12 - 7,02 neoen (NEOEN) G a 27,86 28,46 + 2,15 - 6,01 96879 7,45 + 5,82 10,54
12255 82,6 + 6,89 86,1 587635 50,42 + 2,99 58,76 521097 29,14 +18,39 30,38 FR0011995588 131.318.716 7,25 - 46,17 5,82
FR0010481960 27/03/24 3,15 23.092.378 80,1 + 22,69 75,1 FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 49,43 - 10,62 44,66 1,99 FR0011675362 17/05/23 0,13 152.175.433 27,86 - 0,63 21,8 0,44 WaVestone (WAVE) g B 55,1 54,8 - 1,44 - 6,64
arKema (AKE) LR a 101,1 99,7 - 3,02 - 3,2 eiFFaGe (FGR) LR a 101 99,82 - 2,62 + 2,89 neurones (NRO) B 45,9 46 + 5,14 9208 55,1 - 2,66 66
223588 101,5 + 7,99 103,9 278562 101,25 - 1,36 105,75 2942 46 + 0,99 46,85
FR0010313833 15/05/23 3,4 75.043.514 99,65 + 13,12 89,6 3,41 FR0000130452 15/05/23 3,6 98.000.000 98,92 - 0,04 95,2 3,61 FR0013357621 02/08/23 0,38 24.906.332 54,1 + 19 53,3 0,69
FR0004050250 14/06/23 1,1 24.278.716 45,65 + 18,71 42,3 2,39
artmarKet.com (PRC) g c 4,4 4,47 - 0,89 - 11,83 eKinoPs (EKI) g B 3,58 3,7 + 1,93 - 36,86 neXans (NEX) G a 94,4 96,35 + 0,42 + 21,58 WenDel (MF) G a 91,5 93,05 + 0,81 + 15,38
699 4,49 -19,31 6,15 56421 3,7 - 3,65 5,94 64735 96,45 + 3,88 100,5 86235 94,15 + 1,97 95,4
FR0000074783 6.651.515 4,4 - 28,59 4,3 FR0011466069 26.987.382 3,58 - 58,14 3,1 FR0000044448 15/05/23 2,1 43.753.380 94,35 + 17,43 72,1 2,18 FR0000121204 19/06/23 3,2 44.430.554 91,35 - 1,95 77,55 3,44
assYstem (ASY) B 51,8 51,6 - 1,71 + 4,24 elior (ELIOR) G B 2,58 2,428 - 7,61 - 17,19 neXitY (NXI) G a 9,555 9,705 - 42,4 WorlDline (WLN) LG a 11,41 11,35 - 2,28 - 27,57
oPa 24/11/17 11776 51,9 - 1,9 61,2 1231757 2,58 + 5,2 2,964 146280 9,76 - 2,76 17,19 1486676 11,46 + 5,14 15,96
FR0000074148 03/04/24 7 15.668.216 50,7 + 22,27 46,4 13,57 FR0011950732 07/04/20 0,29 252.870.289 2,39 - 25,79 2,224 FR0010112524 24/05/23 2,5 56.129.724 9,475 - 57,36 8,415 25,76 FR0011981968 282.974.981 11,075 - 69,81 9,774
atos se (ATO) a2 1,942 - 3,22 - 72,46 elis (ELIS) G a 21,08 21,02 - 1,32 + 11,28 oDet (cie De l') (ODET) a 1580 1582 - 0,38 + 8,8
2314327 2,088 - 6,79 7,83 398028 21,12 + 0,77 21,56 Xilam animation (XIL) g c 4,45 4,49 + 14,98 + 13,38
363 1588 +10,01 1626
FR0000051732 14/05/21 0,9 111.439.307 1,925 - 82,63 1,54 FR0012435121 30/05/23 0,41 234.423.080 20,94 + 23,07 18,08 1,95 FR0000062234 20/06/23 3,6 6.585.990 1560 + 10,94 1348 0,23 131089 4,67 +17,54 5,92
auBaY (AUB) g c 40,3 40,15 - 0,99 - 3,6 eramet (ERA) G B 74 73,15 - 2,47 + 2,31 FR0004034072 5.893.799 4,26 - 82,86 3,62
orPéa (ORP) G a 10,52 10,622 - 1,94 - 36,73
6454 40,3 - 1,47 42,75 46198 74,75 +11,17 75,8 253118 10,85 -15,7 17,979
FR0000063737 08/11/23 0,5 13.064.446 39,8 - 14,3 37,8 1,25 FR0000131757 26/05/23 3,5 28.755.047 72,3 - 19,79 58,5 4,79 FR001400NLM4 159.191.703 10,33 - 91,12 9,968
aVenir telecom (AVT) c 0,134 0,13 + 13,44 esso (ES) g c 133,2 139 + 2,81 +153,42 ose immuno (OSE) g c 5,06 4,86 - 5,63 + 13,55 Autres Valeurs de la Zone euro
83396 0,135 - 9,47 0,198 29485 141 +79,24 141 147783 5,13 - 0,82 6
FR001400CFI7 0,128 - 59,38 0,112 FR0000120669 10/07/23 2 12.854.578 132 +196,5 48,98 1,44 FR0012127173 21.767.777 4,825 - 2,61 3,115 euroneXt (ENX) LR a 86,75 87,35 - 0,63 + 11,06
aXWaY soFtWare (AXW) g B 25,7 25,8 - 1,9 - 2,27 eurazeo (RF) G a 79,1 79,6 - 0,5 + 10,79 oVH (OVH) g a 11 10,98 - 1,79 + 27,45 150197 87,35 + 3,43 89,4
801 25,8 + 0,39 30,9 151950 79,6 + 3,38 81,7 212745 11,28 +12,04 11,28 NL0006294274 23/05/23 1,89 107.106.294 86,35 + 25,23 76,35 2,54
FR0011040500 05/06/23 0,4 21.633.597 25,7 + 21,7 24,8 1,55 FR0000121121 28/04/23 2,2 76.081.874 77,85 + 22,65 69,35 2,76 FR0014005HJ9 188.532.591 10,78 + 2,52 8,075 noKia (NOKIA) R a 3,265 3,215 - 2,59 + 4,93 0,3
Bains mer monaco (BAIN) B 108,5 109,5 - 0,46 + 7,35 eutelsat com. (ETL) G a 4,018 3,894 - 2,84 - 8,38 PeuGeot inVest (PEUG) g a 114 112,6 - 1,92 + 11,05 197364 3,274 - 2,47 3,57 10,86
2349 111 + 5,8 111 201645 4,02 + 6,74 4,528 5096 114 + 9,75 119,6 FI0009000681 29/01/24 0,02 5.613.496.565 3,197 - 28,58 3,012 0,93
MC0000031187 10/10/23 1,2 24.516.661 104 + 21,4 99 1,1 FR0010221234 17/11/22 0,93 475.178.378 3,858 - 36,68 3,382 FR0000064784 19/05/23 1 24.922.589 112,4 + 8,69 96,3 2,53
BalYo (BALYO) g c 0,7 0,692 - 0,43 - 16,53 eXail tecHnoloGies (EXA) g B 24 23,5 - 3,69 + 21,76 PluXee (PLX) L a 27,05 26,78 - 1,8
PHarmaGest int. (PHA) g a 57,6 59,4 + 2,41 - 2,78
3899 0,7 - 5,08 0,839 34406 24,1 + 4,21 24,6 14049 59,4 +21,72 61,1 160509 27,195 - 2,14 29,91
FR0013258399 34.356.767 0,643 + 27,44 0,605 FR0000062671 23/06/21 0,32 17.424.747 23,4 + 26,34 18,62 FR0012882389 03/07/23 1,15 15.174.125 57,3 - 15,98 46,15 1,94 NL0015001W49 147.174.692 26,59 24,71
BastiDe le conFort (BLC) g c 15,18 14,5 - 4,73 - 45,9 eXclusiVe netWorKs (EXN) a 22,7 22,4 - 1,75 + 15,35 Pierre & Vacances (VAC) g c 1,33 1,328 - 0,3 - 14,43 ses (SESG) LR 6,02 6,01 - 1,48 + 0,84
10599 15,18 -21,11 28 58013 23 +21,34 23,1 187624 1,332 +13,89 1,588 434546 6,08 + 0,84 6,395
FR0000035370 07/01/22 0,27 7.352.928 14,14 - 47,08 13,8 FR0014005DA7 05/07/22 0,2 91.670.286 22,4 + 12,9 16,9 FR0000073041 19/03/12 0,7 454.437.269 1,31 - 16,48 1,142 LU0088087324 18/04/23 0,43 371.457.600 6,005 + 0,5 5,625 8,32
BelieVe (BLV) G a 16,42 16,5 - 1,2 + 57,14 FDJ (FDJ) G a 37,32 37,42 - 1,21 + 13,95 Plastic omnium (POM) G a 12,4 12,55 - 1,26 + 4,58 X-FaB silicon (XFAB) g a 6,8 6,86 - 1,08 - 32,61
37389 16,64 + 5,63 16,92 278751 37,42 - 1,89 39,46 171876 12,6 +16,1 13,08 196702 6,895 - 7,48 10,3
FR0014003FE9 97.086.350 16,24 + 62,4 8,79 FR0013451333 05/05/23 1,37 191.000.000 36,66 - 2,3 32,28 3,66 FR0000124570 02/05/23 0,39 145.522.153 12,25 - 22,44 9,99 3,11
BE0974310428 130.781.669 6,79 - 19,63 6,79
Bénéteau (BEN) G B 13,36 13,52 + 0,3 + 8,33 FermentalG (FALG) g c 0,61 0,621 + 1,31 +105,63 PoXel (POXEL) g c 0,59 0,665 + 13,1 + 20,69
87603 13,62 +10,1 13,86 187583 0,63 +21,76 0,99 1270749 0,689 +51,48 0,689
FR0000035164 21/06/23 0,42 82.789.840 13,32 - 9,87 10,72 3,11 FR0011271600 54.053.395 0,607 - 44,55 0,265 FR0012432516 41.777.204 0,564 - 5,81 0,364
Bic (BB) G a 64,2 64,9 + 0,31 + 3,26 PHaXiam tX (PHXM) c 2,97 2,965 - 0,17 - 35,54 QuaDient (QDT) g B 17,7 18,12 + 0,89 - 5,72 VAleurs Zone internationale
37408 65,4 - 3,78 69,7 9377 2,97 + 2,24 4,7 47024 18,14 - 6,69 20,45
FR0000120966 29/05/23 2,56 42.270.689 63,8 + 10,56 61 3,95 FR0011471135 60.751.054 2,855 - 66,31 2,78 FR0000120560 03/08/23 0,6 34.468.912 17,64 - 0,11 17,64 3,31 Ge aerosPace (GNE) a 137,5 143 + 2,14 + 24,35
BiGBen int. (BIG) g c 2,75 2,67 - 1,11 - 22,83 Fnac DartY (FNAC) G a 29,15 29,05 - 1,69 + 5,64 rallYe (RAL) a 0,051 0,05 - 1,77 - 62,33 2254 144,5 - 3,38 165,998
4389 2,75 +12,18 3,88 14850 29,25 + 7,04 30,05 356781 0,051 +34,68 0,169 US3696043013 USD 27/12/23 0,07 1.092.668.140 135,5 + 65,51 108,999
FR0000074072 27/07/22 0,3 18.538.970 2,66 - 49,34 2,33 FR0011476928 13/06/23 1,4 27.778.578 28,75 - 10,94 23,1 4,82 FR0000060618 20/05/19 1 52.925.203 0,05 - 96,52 0,015 scHlumBerGer (SLB) a 50,5 50,5 + 0,6 + 7,36 3,45
BiomérieuX (BIM) G a 94,65 95,1 - 1,55 - 5,47 Foncière lYonnaise (FLY) a 68,6 67,8 - 1,17 + 1,19 ramsaY GDs (GDS) a 13,6 13,7 + 0,37 - 27,89 3995 50,5 +10,05 52,3
144016 96,2 - 6,9 106 244 69 - 2,87 72 773 14,2 -13,29 19,9 AN8068571086 USD 06/02/24 0,28 1.427.000.000 50 + 9,84 43,46
FR0013280286 06/06/23 0,85 118.361.220 94,6 - 2,16 94,26 0,89 FR0000033409 17/04/23 4,2 42.885.672 67,6 - 16,71 64 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 13,5 - 28,65 13,4
total enerGies GaBon (EC) a 168 170 - 0,29 + 8,28
Boiron (BOI) g a 35,3 34,4 - 2,55 - 14,47 ForVia (FRVIA) LR a 14,445 14,425 - 2,86 - 29,36 rémY cointreau (RCO) R a 89,1 88,5 - 2,32 - 23,04 651 171 + 9,68 171
6371 35,3 - 3,37 42,8 1130163 14,545 + 6,26 21,17 82046 90,15 - 6,82 114,9
FR0000061129 18/10/23 10,36 17.545.408 34,4 - 11,68 32,48 30,12 FR0000121147 03/06/21 1 197.089.340 14,265 - 23,05 12,17 FR0000130395 28/09/23 3 51.252.969 88,2 - 47,01 86,98 3,39 GA0000121459 07/06/23 20,8 4.500.000 168 - 2,41 150,6 12,24
Bolloré (BOL) G a 6,28 6,28 - 1,1 + 11,05 Gecina (GFC) LR a 93,15 93,55 - 0,58 - 15,03 reXel (RXL) LR a 23,92 24,12 - 1,15 - 2,62
510896 6,3 - 0,4 6,425 138595 93,75 + 6,79 111,1 725185 24,22 + 3,65 25,57
FR0000039299 05/09/23 0,02 2.849.681.316 6,255 + 10,86 5,615 0,32 FR0010040865 04/03/24 2,65 76.670.861 93 - 0,48 86,4 FR0010451203 09/05/23 1,2 300.720.235 23,9 + 21,51 22,98 4,98
BonDuelle (BON) g B 7,68 7,64 - 1,04 - 30,16 GenFit (GNFT) G B 3,23 3,2 - 1,54 - 9,6 roBertet s.a. (RBT) B 813 806 - 0,86 - 2,89
22367 7,72 - 9,26 10,94 295680 3,235 + 0,31 3,87 490 813 + 1,13 831
FR0000063935 02/01/24 0,25 32.630.114 7,61 - 33,57 7,33 3,27 FR0004163111 49.834.983 3,025 - 11,6 3,025 FR0000039091 29/06/23 8,5 2.167.745 797 - 7,99 762 1,06
Bureau Veritas (BVI) LR a 27 27,76 - 0,72 + 21,38 GensiGHt (SIGHT) g B 0,416 0,399 - 4,09 - 13,26 ruBis (RUI) G a 33,26 33,68 + 0,06 + 49,69
2216403 27,76 + 0,91 28,56 111350 0,416 -16,7 0,598 DiV 2 28/07/17 272747 33,8 +35,48 34,28
FR0006174348 04/07/23 0,77 453.745.520 26,92 + 5,51 22,52 2,77 FR0013183985 78.370.724 0,38 - 82,84 0,3 FR0013269123 13/06/23 1,92 103.574.490 33,18 + 35,15 22,5 5,7
carmila (CARM) g c 16,2 16,06 - 0,86 + 3,08 GerarD Perrier (PERR) B 99,6 99 - 0,6 - 0,8 sartorius steD. Bio. (DIM) G a 251,1 251,9 - 2,06 + 5,18
40474 16,24 + 5,38 16,54 176 99,6 + 2,06 102 DiV 6 10/05/16 47208 253,2 + 0,08 281
FR0010828137 15/05/23 1,17 142.441.073 15,96 + 13,1 14,72 FR0000061459 19/06/23 2,15 3.973.148 98,8 94 2,17 FR0013154002 02/04/24 0,69 97.330.405 248,3 - 12,23 216 0,27
 33 Les Echos Lundi 8 avril 2024 FINANCE & MARCHÉS

Portraits croisés de femmes

carnet
qui font bouger les lignes
de direction et directeur des
ENTREPRISES
grands projets de la «business
line» transports et territoires.
+
BRANDTECH
Matthieu Bucaille
Ils sont nés
rejoint ce spécialiste de l’IA CRÉDIT AGRICOLE IMMOBILIER un 8 avril
générative en tant que partner Valérie Wanquet
et CFO monde. devient, ce lundi, la directrice
générale de cette filiale
•actrice,
Patricia Arquette,
56 ans.
Matthieu Bucaille, 64 ans, titulaire
d’un MBA de la Wharton School
de la « banque verte »
spécialisée dans l’immobilier.
•peintre,
Renaud de Beaune,
enseignant, 80 ans.
(aux Etats-Unis), est également di-
plômé de l’Essec. Durant plus de Valérie Wanquet, 58 ans, est diplô-
•nageur,
Frédérick Bousquet,
43 ans.
vingt-cinq ans, il a œuvré au sein
de la banque d’investissement et
mée de l’Essec et experte-compta-
ble. Après avoir été chief operating
•ex-directrice
Emmanuelle Cortot-Boucher,
générale de l’Agence
de la société de gestion d’actifs La- officer de Crédit Agricole CIB Chi- de la biomédecine, secrétaire
zard, occupant plusieurs postes de ne, elle fut regional chief financial générale de la RATP, 48 ans.
direction, dont celui de directeur
financier monde de Lazard Ltd. de
officer, puis COO pour Hong Kong
et l’Asie. A partir de 2016, elle a pris
• Nicolas Dmitrieff, président
du directoire de CNIM SA, 54 ans.
2011 à 2017. Dernièrement, il était la direction financière groupe de • Patricia Girard, athlète, 56 ans.
CEO de Lazard International. CA Consumer Finance avant
d’ajouter trois ans plus tard, la res-
• Christine Jacglin, ex-directri-
ce générale de la Banque Palatine,
EGIS ponsabilité du secrétariat central, directrice générale adjointe
Mickaël Pinto du juridique et des relations insti- au sein du Groupe BPCE, 60 ans.
Pierre Tissier
sont nommés respectivement
tutionnelles. En 2020, elle était de-
venue directrice générale adjointe
• Christian Jimenez, fondateur
de Diamant Bleu Gestion, 68 ans.
directeur commercial groupe
et directeur des grands projets
du groupe CA Consumer Finance,
chargée de l’international, de l’as-
• Adam Khoo, entrepreneur,
50 ans.

Écoutez « Elles ont osé » groupe de cette société

d’ingénierie.
surance, des finances et du juridi-
que, et la seconde dirigeante effec-
• Pascal Lamy, ex-directeur
général de l’OMC, 77 ans.
tive de CA Consumer Finance. • Julian Lennon, musicien, 61 ans.
le podcast des Echos Entrepreneurs. Mickaël Pinto, 43 ans, titulaire d’un
MBA de l’IE Business School et de AIRBUS
• Patrick Mennucci, homme
politique, 69 ans.
Brown University, a achevé une
formation en développement du-
Fabien Menant
est nommé directeur
• François Molinié, président
de l’Ordre des avocats au Conseil
Découvrez les épisodes sur : rable au MIT. Il a démarré sa carriè- des affaires publiques du d’Etat et à la Cour de cassation,
re dans le domaine de l’eau. En constructeur aéronautique. 52 ans.
entrepreneurs.lesechos.fr 2021, il rejoint Egis comme direc-
teur général adjoint pour la «busi- Fabien Menant, 42 ans, est doc-
• François Riahi, directeur géné-
ral de Financière LOV, 51 ans.
Et sur toutes les plateformes de podcast ness line» énergie et villes durables. teur en histoire (Paris-Sorbonne).
Après des débuts dans l’enseigne-
•cinéaste,
Jean-Paul Rappeneau,
92 ans.
Pierre Tissier, 56 ans, est ingé-
nieur diplômé de Centrale Paris et
ment puis au ministère des Affai-
res étrangères, il a été chef de cabi-
•écrivain,
Jean-Marie Rouart,
81 ans.
membre de l’Aftes. Il travaille de-
puis plus de vingt-cinq ans sur des
net adjoint et conseiller politique
du ministre de la Défense Jean-
•diologue,
Jean-Francois Toussaint, car-
directeur de l’Institut de
projets de transports et d’aména- Yves Le Drian. Il a ensuite rejoint recherche biomédicale et d’épidé-
gement. Après avoir assumé la di- Naval Group comme directeur des miologie du sport, 61 ans.
rection technique et développe-
ment de l’entité rail d’Egis entre
affaires publiques et internationa-
les et directeur de cabinet du PDG.
• Robin Wright, actrice, 58 ans.

2021 et 2022, il était devenu, l‘an-

née dernière, membre du comité
Il était, depuis 2020, directeur des
affaires publiques de Safran. , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr

actions actions actions

euronext hors srd Françaises euronext hors srd suite Françaises euronext hors srd suite Françaises taux marchés monétaires et eurodevises
marchés monétaires
05-04-2024 jour 1 mois 3 mois 6 mois 1 an
isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol
Zone euro 3,90/3,60 4,06/3,76 4,00/3,70 3,88/3,58 3,62/3,32
Fr0000076887 a.s.t. Groupe g C 0,54 0,542 0,532 0,532 - 1,48 1884 Fr0004155000 Groupe sFpi g C 1,925 1,925 1,91 1,91 - 0,78 3001 Fr0011950682 serGeFerrari Gp g C 6,4 6,4 6,16 6,25 - 2,34 1584
ecarts de tauX avec l’allemaGne
Fr0013185857 abeo g C 11,1 11,15 11 11,15 + 0,91 367 Fr0000066722 Guillemot g C 5,2 5,34 5,18 5,24 - 0,76 11807 Fr0010209809 soc Franc casinos C 1,88 1,88 1,88 1,88 + 10,59 287 05-04-2024 6 mois 2 ans 5 ans 7 ans 10 ans
Fr0012616852 abionyX pharma g B 1,128 1,136 1,05 1,1 - 1,26 89649 Fr0000066755 haulotte Group g B 2,36 2,36 2,3 2,31 - 2,53 1871 Fr00140006o9 solocal Group B 0,043 0,043 0,041 0,042 - 3,26 134378 allemaGne 98,65 2,85 2,32 2,31 2,36
Fr0000064602 acanthe dev. C 0,4 0,406 0,4 0,4 8675 Fr0000054231 hiGh co. g C 2,92 2,92 2,8 2,91 + 1,04 18767 Fr0004188670 tarkett G B 9,12 9,18 8,84 9,18 + 2 1718 portuGal 0 0,00 0,22 0,35 0,61
Fr0000076861 acteos g C 1,34 1,34 1,335 1,335 - 0,74 830 Fr0012821916 hipay Group g C 6,34 6,6 6,34 6,6 764 Fr001400bmh7 teract B 0,896 0,896 0,85 0,876 - 2,67 11472 France -0,31 0,04 0,32 0,35 0,52
Fr0012821890 aduX g C 1,4 1,5 1,37 1,43 + 8,33 56527 Fr0000065278 hopscotch Groupe g 20 20 20 20 321 Fr0000033003 touaX g C 4,96 4,96 4,79 4,85 - 2,61 12052 espaGne -0,18 0,40 0,55 0,66 0,90
Fr0014007Zb4 aelis Farma B 13,1 13,1 12,8 12,9 - 0,77 1297 Fr0004165801 hotels de paris C 3 3,12 3 3,12 + 8,33 2054 Fr0000036816 tour eiFFel g B 10,5 10,6 10,15 10,4 - 2,35 2717
italie -0,24 0,39 3,20 1,09 1,35
Fr0013333077 aFFluent medical B 1,75 1,84 1,75 1,84 + 7,6 12527 Fr0014003vy4 hydroGÞne France G B 7,17 7,2 6,8 6,85 - 2,7 6410 Fr0000035784 transit.everGreen G C 2,06 2,07 2,05 2,05 - 0,97 21616
Fr0000062465 alan allman C 9,6 9,7 9,55 9,7 + 1,04 434 Fr0000051393 idi B 75 75 74,4 75 1014 Fr0000074197 union tech.inFor. g C 0,535 0,535 0,53 0,535 475
Fr0000053837 altamir B 24,5 24,5 24,2 24,4 - 0,41 1252 Fr0000033243 immo. dassault B 45,6 45,8 45,4 45,8 + 0,44 949 Fr0000050049 viel et cie C 9,6 9,64 9,56 9,64 + 0,42 5665 certificat/fonds investir 10
Fr0012789667 amplitude g C 3,38 3,38 3,36 3,36 - 0,59 301 Fr0000066219 ind.Fin.entr. C 61 61 61 61 4729 Fr0000062796 vranken - pommery C 16 16 15,8 15,8 - 0,94 707
valeur isin clôt % var.
Fr0011992700 ateme g B 5,26 5,76 5,14 5,46 + 6,23 34112 Fr0000071797 inFotel g C 49,2 49,3 49 49,1 - 0,41 4375 Fr0012532810 waGa enerGy B 16 16 15,06 15,3 - 3,53 16239
Fr0000039232 aurea g C 4,8 4,8 4,76 4,78 - 3,43 1143 Fr0013233012 inventiva g B 3,32 3,4 3,305 3,4 + 2,41 11950 Fr0004034072 Xilam animation g C 4,45 4,67 4,26 4,49 + 14,98 131089 INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 177,27 -0,81
Fr001400cFi7 avenir telecom C 0,134 0,135 0,128 0,13 83396 Fr0012872141 jacques boGart g C 6,98 7,04 6,98 7 + 0,29 816 INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 127,99 0,41
Fr0013258399 balyo g C 0,7 0,7 0,643 0,692 - 0,43 3899 Fr0000075343 labo euromedis C 4,22 4,23 4,22 4,23 + 0,24 2112
Fr0004023208 bassac B 42 42,4 41,7 41,7 - 0,71 519 Fr0000066607 lacroiX Group g C 23,9 23,9 23 23,7 - 1,25 9517
changes cours au comptant
Fr0000035370 bastide conF.med. g C 15,18 15,18 14,14 14,5 - 4,73 10599 Fr001400jy13 latecoere C 0,015 0,015 0,014 0,014 - 1,41 1678040
Fr0000039299 bollore G A 6,28 6,3 6,255 6,28 - 1,1 510896 Fr0006864484 laurent-perrier
g

B 122 122 120 121 - 0,41 201

05-04-2024 cours
var.
veille
var.
année sicav/fcp
1 euro en devise bce en % en %
classiFication

val. unit date dernier

Fr0000074254 bourse direct C 5,1 5,1 5,02 5,04 + 1 2621 Fr0014009yq1 lhyFe B 4,48 4,5 4,44 4,44 - 0,11 9529 désiGnation hors Frais de la dividende net
DOLLAR US 1,082 -0,17 -1,96 code isin des valeurs en euros** valor. en euros**
mont. date
Fr0010151589 caFom C 8,98 9,06 8,82 8,82 - 2 2090 Fr0012634822 maat pharma C 9,14 9,46 8,96 9,46 + 5,82 1954 LIVRE STERLING 0,8584 0,12 -1,03
Fr0010193979 cbo territoria C 3,74 3,75 3,73 3,74 + 0,27 11269 Fr0010609263 mauna kea tech g C 0,41 0,41 0,401 0,403 - 1,59 21728 FRANC SUISSE 0,9764 -0,05 5,12
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Fr0010428771 eaGle Football Gr.g C 2,12 2,13 2,09 2,13 1387 Fr0011027135 patrimoine et comm B 20,5 20,6 20,5 20,6 648 PESO MEXICAIN 17,8747 -0,58 -4,57
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bcgef.fr/fonds
REAL 5,4906 0,15 2,49
Fr0000038184 F.i.p.p. C 0,111 0,111 0,111 0,111 + 0,91 4000 Fr0013252186 plastiques du val g C 2,88 2,88 2,85 2,88 + 0,7 18182 DOLLAR SINGAPOUR 1,4617 0,00 0,20
LU2004923152 swiss all caps (chF) eur a 145,11 04/04
Fr0011271600 FermentalG g C 0,61 0,63 0,607 0,621 + 1,31 187583 Fr0012432516 poXel g C 0,59 0,689 0,564 0,665+ 13,1 1270749 RAND SUD-AFRICAIN 20,227 -0,30 0,16
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 Lundi 8 avril 2024 Les Echos 34

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat 2024 : 511,6 milliards d’euros (prévisions PLF 2024) // PIB 2023 : 2.818,1 milliards d’euros (prévisions
PLF2024) // Plafond Sécurité sociale : 3.864 euros/mois à partir du 01-01-2024 // SMIC horaire : 11,65 euros (brut par heure)
à partir du 01-01-2024 // Capitalisation boursière de Paris : 2.416,97 milliards d’euros (au 08-01-2024)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 118,23 au 16-12-2023 // Taux de chômage (BIT) : 7,4 % au 3e trimestre 2023
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 3.088,2 milliards d’euros (3e trimestre 2023)

crible

EN VUE
Préparation certifiée
Marylise Léon Wendel s’appuie sur les bonnes dispositions de Bureau Veritas.

De Confucius à Colin Powell en passant par Alexander Graham Bell,

ils sont tous d’accord pour le professer : pas de vrai succès sans bonne
préparation. Wendel encaisse ainsi 1,1 milliard d’euros après les bons jalons
des résultats annuels et de la présentation stratégique de Bureau Veritas.
Les ambitions supérieures aux attentes de sa « cash machine » font reculer
le spectre de la « belle endormie », bien décrit par les experts d’AlphaValue.
Le fonds Lac1, consacré aux multinationales françaises, en profite,
d’ailleurs, pour prendre 4 % du géant de l’inspection, de la certification
et des essais, sur les 9 % cédés. Ce véhicule géré par Bpifrance nommera
un administrateur, tandis que Wendel, revenu à 26,5 % du capital
mais fort de 41,2 % des droits de vote, conserve ses quatre fauteuils.
Son patron, Laurent Mignon, dont l’arrivée avait été annoncée
à la mi-septembre 2022, n’aura donc pas perdu de temps pour mobiliser
cette ligne pesant près de 40 % de l’actif brut réévalué fin 2023.
Et si les 750 millions d’euros d’obligations émises l’an dernier faisaient
l’objet d’un échange en actions Veritas, la part de Wendel au capital
diminuerait encore d’environ 5 %, en lui laissant une position
d’actionnaire de référence. La société d’investissement doit encore
réussir son tournant vers la gestion pour compte de tiers, pour réduire
sa décote boursière (environ 45 %) et se ménager de nouveaux flux de cash.
Cet allégement était un préalable. Et la plus-value de 800 millions
(imputée aux fonds propres) montre qu’elle aura évité de détruire
de la valeur pour pouvoir mieux en créer.

lle ne s’énerve jamais, sourit beaucoup et apporte un

E vent de fraîcheur avec son « syndicalisme joyeux »,

selon l’expression d’une autre figure cédétiste. Mais le
rire communicatif de Marylise Léon, la secrétaire générale
de la CFDT, doit commencer à virer jaune. Elle a eu beau
De l’eau dans le gaz
pousser la centrale réformiste à avaler la couleuvre des retrai-
tes, en « ne s’enfermant pas dans des rancœurs stériles, pour Rubis pourrait constituer un cas d’école
rester utile », puis s’attacher à relancer un agenda social, voilà sur la transition énergétique.
que le gouvernement renvoie une grosse pierre dans son jar-
din. La réforme de l’assurance-chômage négociée cet hiver
n’est même pas encore finalisée, avec d’ultimes discussions ce Trop de cuisiniers peuvent-ils gâter la sauce ? La flamme sous Rubis
lundi sur les seniors, que Gabriel Attal somme déjà les parte- s’intensifie en tout cas avec une nouvelle montée au capital
naires sociaux de recommencer. En réduisant cette fois-ci de l’un de ses actionnaires de presque vingt ans. Ronald Sämann
la durée d’indemnisation, vous serez gentils, et d’ici l’été, est le troisième entrepreneur à franchir le seuil des 5 % du distributeur
je suis un peu pressé. Dix mois après avoir succédé à Laurent de GPL et autres hydrocarbures en moins de trois semaines. L’héritier
Berger, dont elle était la numéro deux depuis 2018 après canadien du fabricant des désodorisants de voitures Arbre Magique,
dix ans au sein de la fédération de la chimie, la Bretonne de et propriétaire d’un groupe de distribution multimétiers, est cependant
47 ans peut mesurer dans cette séquence la difficulté d’incar- plus dissert que Vincent Bolloré et Patrick Molis, silencieux sur leurs
ner et de défendre la négociation et le paritarisme quand le intentions. En réclamant un « changement de stratégie » et une « évolution
pouvoir n’a de cesse de les cornaquer. Dialogue social ? Cause de la gouvernance » de cette commandite en train d’organiser
toujours… Elle affirme ne pas être une opposante à Macron une succession familiale, Ronald Sämann dit désormais tout haut
pour ne pas se laisser enfermer dans ce rôle, qu’elle laisse ce qu’il avait exprimé, avec certains, un peu trop bas à l’assemblée générale
volontiers à son homologue de la CGT, Sophie Binet. Mais de l’an dernier. Les fondateurs, Gilles Gobin et Jacques Riou, semblent
alors que Laurent Berger avait pris toute la lumière pendant le indifférents à la sous-performance boursière de 74 points de pourcentage
conflit sur les retraites et que Sophie Binet la domine sur la sur cinq ans par rapport au marché, ceci malgré le rebond de 50 %
scène médiatique, cette titulaire d’un DESS de chimie est de l’action depuis le 1er janvier. La sortie du stockage pétrolier,
encore au défi de trouver la formule pour exister pleinement. qui rapportait en cash 9 % des capitaux en 2022, pour financer le virage
vers une production d’énergie photovoltaïque ayant perdu, en résultat net,
Lire nos informations la moitié de ses revenus l’an dernier, modifie profondément le profil
( Page 2 de rendement qui faisait son attrait. Le « Petit Poucet » de l’aval pétrolier
risque ainsi de fournir aux géants de l’amont, comme TotalEnergies, un cas
d’école d’une transition trop coûteuse et trop rapide pour ses actionnaires.

La Bourse de Paris cède 1,11 %

L’indice CAC 40 a clôturé vendredi
en repli de 1,11 % à 8.061,31 points,
soit une baisse de 1,9 % sur la
semaine écoulée. L’indice phare des
actions françaises s’inscrit en pro-
gression de 7 % depuis le début
de l’année. Les marchés n’attendent
pas encore de baisse des taux d’inté-
rêt par la Banque centrale euro-
péenne (BCE) qui se réunit jeudi. Ils
estiment que son assouplissement
monétaire interviendra en juin, un
attentisme qui commence à brider
le potentiel de hausse des actions.
La Bourse de Francfort a terminé
sur un recul de 1,3 %.
Prenez
les décisions
qui feront
Aux Etats-Unis, Wall Street a
redressé la barre en fin de semaine.
L’indice Dow Jones a progressé de
la différence !
0,8 % alors que le marché des
valeurs technologiques du Nasdaq
a clôturé en hausse de 1,24 %.
Du côté des valeurs françaises,
Telep erformance (+2,38 %), Abonnez-vous
Capgemini (+1,10 %) et Dassault
Systèmes (+1 %) ont occupé le
podium des trois plus fortes pro- abonnement.lesechos.fr
gressions de l’indice CAC 40. A
l’inverse, Eurofins Scientific
(–4,75 %), Veolia (–3,48 %) et
Bouygues (–2,68 %) ont enregistré
les plus forts replis.