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Grands enjeux :
les Français conscients
de tout mais prêts à rien
grand entretien
René Passet
« Aucune génération
n’a eu à affronter un
ensemble d’épreuves
du Printemps de l’économie aussi considérable
que la nôtre »
Bifurcations
l’heure des choix
Avec : Olivier Pastré, René Passet, Claire Lemercier, Katheline Schubert, Sylvie Faucheux, Philippe Naccache, Julien Pillot,
Sylvie Goulard, Olivier Sichel, Brigitte Dormont, Philippe Brassac, Patrick Artus, Elvire Guillaud, Philippe Aghion,
Dominique Plihon, Jérôme Pimot, Xavier Timbeau, Lison Rehbinder, Agnès Benassy-Quéré, El Mouhoub Mouhoud.
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ABC DE L’ÉCONOMIE
LA COLLECTION
ABC DE L’ÉCONOMIE
De nombreuses ressources
pédagogiques pour mieux
comprendre les grands sujets
monétaires et financiers.
© Ad
rien
Olivier Pastré
Thib
Professeur d’économie
au
à l’Université de Paris VIII.
lt
I
l ne m’arrive pas souvent de économique et sociale. Le mérite de
faire des compliments mais, une ce 9e Printemps de l’économie est, dans
fois n’est pas coutume, je trouve ce registre, d’ouvrir au plus large
que le titre de la 9e édition du le champ des possibles. Un effort
Printemps de l’économie est particulier doit être fait pour les jeunes
particulièrement bien choisi qui arrivent chaque année à concurrence
et il faut en féliciter les organisateurs. de 800 000 sur le marché du travail.
Depuis 18 mois, l’écrasante majorité des Un revenu minimal ciblé, et surtout
débats porte sur les réformes à mener contrôlé, doit être mis en place au
pour faire face à la pandémie. Le mot plus vite mais il doit l’être de manière
de réforme devrait être – momentanément suffisamment pérenne pour constituer
au moins – banni du vocabulaire une véritable voie vers un emploi
des économistes. Il y a deux types durable et qualifiant. Idem en matière
d’économistes : ceux qui croient qu’il s’agit de retraite (66 ans ?). Idem en matière de
d’une crise très grave à l’image de celle formation professionnelle (budget doublé
de 2008-2009 et ceux, beaucoup plus sous conditions ?). Idem en matière de
rares, dont je fais partie, qui considèrent fonds propres des TPE (financement
que nous vivons une véritable fracture. décuplé ?). Idem en matière de règles
Un seul chiffre : des pandémies ayant fait financières (refonte complète de Bâle 3).
plus d’un million de morts en si peu Idem en matière de transition énergique
de temps, on en relève, en étudiant (hausse importante et continue de la taxe
un peu sérieusement les archives, carbone). Idem… Idem… Idem…
cinq depuis la peste antonine de 166 de Le 9e Printemps de l’économie fera date
notre ère. Une tous les quatre siècles… car l’économie mondiale est à la croisée
Face à ce tsunami, aucune réforme, aussi des chemins. À condition d’ouvrir tous les
ambitieuse soit-elle, n’est à la hauteur. débats et de ne céder à aucune concession
Ce sont de véritables ruptures intellectuelle.
auxquelles il faut procéder. Et ce dans Nul doute que les organisateurs sauront
presque tous les domaines de la vie remplir ces deux conditions… •
Numéro spécial conçu par l’agence miz’enpage (www.mizenpage.com) pour l’association Les économiques/Le Printemps de l’économie. Tous droits réservés. Rédacteur en chef :
presse édition
Stéphane Béchaux • Coordination éditoriale : Pierre-Pascal Boulanger, Rémi Jeannin • Coordination de rédaction : Céline Charpentier • Direction artistique : Grégoire Levy-Duplat
• Maquette : Gaëlle Cochart. • Imprimé à Paris par Copystore le 12 octobre 2021. Tous droits réservés.
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10
« Aucune génération humaine
n’a eu à affronter un ensemble d’épreuves
aussi considérable que la nôtre »
Grand entretien
flashback Ramer pour faire virer le Titanic.......... 10
« Aucune génération
Sondage
humaine n’a eu à
Grands enjeux : les Français affronter un ensemble
conscients de tout mais prêts à rien.................................12 d’épreuves aussi
considérable que
la nôtre »
Dossier
Bifurcations l’heure des choix............ 16
•N
ature
Entretien avec Katheline Schubert
« La lutte contre le réchauffement climatique
n’est pas un chemin pavé de roses ».............................. 18
12
Sondage
• Produire et consommer responsable, un sacré défi....... 20
Grands
• La nouvelle Odyssée des banques centrales
contre le changement climatique............................................. 21
enjeux :
les Français
• Inscrire l’économie dans une trajectoire zéro carbone.......22
conscients
•P
rogramme du Printemps de l’économie....... 25 de tout mais
prêts à rien !
•B
ien-être
Entretien avec Brigitte Dormont
« Les citoyens acceptent de dépenser beaucoup
Bifur-
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ca-
dans la production d’électricité en France ?
tions
18 % Diminuer,
vers 50%
La protection
sociale 77 % 22 % 1%
•D
igital
et de souveraineté, suffira-t-il d’adapter notre système productif
ou faudra-t-il en changer ? Bref... L’heure des choix ! La présevation
de la biodiversité 42 % 58 %
DOSSIER COORDONNÉ PAR STÉPHANE BÉCHAUX
La ville contre
la pollution de l’air 41 % 58 % 1%
et de l’eau
Le changement
climatique 33 % 67 %
16
La bonne échelle pour agir, En France comme partout, « Un Américain « Il est crucial de « Les pouvoirs publics
ce n’est pas la France mais les dépenses de santé augmentent dépense en moyenne savoir comment ont montré leur
disent
l’Union européenne ou, mieux, plus vite que la création de 22 euros par jour pour nos données sont capacité à gérer des
l’ensemble des pays développés, richesses depuis de longues sa santé. Un Français utilisées et qui problèmes complexes,
Retrouvez
Paris I Panthéon-Sorbonne. Hugues Ferrebœuf, Chef de projet
Modératrice: Célia Quilleret, Journaliste « The Shift Project »,
à France Inter, spécialiste environnement. Delphine Lesserre, Professeure à HEC
Montréal, Fondatrice d’Alkaia Education.
par l’innovation...................................................................................46
#2 .............................. 9h30 - 10h30 François Taddei, Directeur du CRI (Centre
L’ÉPARGNE D’ICI
FINANCE
LES PROJETS D’ICI.
Construction d’hôpitaux, de routes, d’écoles, de logements,
financement d’entreprises... Au Crédit Agricole, l’argent que vous
nous confiez sert avant tout à financer ce qui est utile à votre territoire.
09/2021 – Édité par Crédit Agricole S.A., agréé en tant qu’établissement de crédit – Siège social : 12, place des États-Unis, 92127 Montrouge Cedex – Capital social :
8 750 065 920 € – 784 608 416 RCS Nanterre. Crédit photo : Getty Images.
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Bifurcations • Flashback
éclairage historique
Claire Lemercier
Claire Lemercier, a co-écrit Sociologie
historique du capitalisme
historienne, directrice avec Pierre François.
de recherche au CNRS Il s’agit de son dernier
ouvrage publié en janvier
(Centre de sociologie 2021 aux éditions
des organisations). La Découverte. •
Bifurcations • Sondage
Sondage OpinionWay pour Le Printemps de l’économie et OMNES Education
Méthodologie : échantillon de 1011 personnes représentatif de la population française de 18 ans et plus. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères
de sexe, d’âge, de catégorie socio-professionnelle, de taille de commune et de région de résidence, secteur d’activité, taille d’entreprise. Interviews réalisées le 08/09/2021 et 09/09/2021.
Oui
2% 1% 3%
NSP NSP Un taux inférieur
le démantelement des gafam L’imposition des firmes multinationales
Faut-il démanteler les grandes sociétés du numérique, Afin de s’attaquer aux paradis fiscaux, un accord international
appelées «GAFAM» (Google, Apple, Facebook, Amazon, est en cours de finalisation pour que les firmes multinationales
Microsoft) ?
paient un taux minimum d’impôt sur les profits qu’elles logent
à l’étranger de 15%. La France devrait-elle soutenir la proposition
d’un taux supérieur, identique, ou inférieur ?
Faut-il que la puissance publique durcisse Reste qu’une large majorité des Français Or, ces pratiques passent d’autant plus
le ton face aux GAFAM (Google, Apple, (58%) se prononce en défaveur de mal dans l’opinion qu’elles sont le fait
Facebook, Amazon, Microsoft) ? leur démantèlement, ce qui laisse à de firmes qui présentent des résultats
à la question « faut-il démanteler penser qu’une action antitrust contre exceptionnels et qui se sont en outre
les GAFAM ? », les Français se sont ces entreprises est peu crédible ou encore renforcés durant la crise Covid.
prononcés favorablement à 40%, ce qui non souhaitable. Au contraire du levier Néanmoins, si le principe d’une taxe
témoigne d’une défiance marquée envers fiscal qui apparaît comme prioritaire, mondiale paraît largement partagé dans
ces géants dont le pouvoir économique notamment auprès des plus de 35 ans. l’opinion, son niveau divise : les Français
et l’intrusivité inquiètent. Fait intéressant : Il semble, en effet, que les années de le jugent à 53% comme insuffisant. Sans
cette défiance est d’autant plus marquée négociation autour de la mise en place doute se rappellent-ils que ce taux de 15%
auprès des jeunes générations qui d’une taxation mondiale minimum reste bien en-deçà du taux d’imposition
semblent mieux percevoir l’étendue sur le profit des multinationales ont sur les sociétés françaises qui aura été
tentaculaire des empires commerciaux contribué à faire connaître les pratiques ramené de 33,3% à 25% entre 2017 et 2022. •
des GAFAM. d’optimisation fiscales de ces entreprises. Julien Pillot – Enseignant-Chercheur, OMNES Education.
la taxe carbone
40%
La fiscalité (taxe carbone) est-elle selon vous 34%
un bon ou un mauvais moyen pour réduire
les émissions de CO2 en France ?
16%
L’équilibre des réponses négatives 9%
ou positives concernant la taxe 1%
carbone a de quoi surprendre. La Très bon moyen Assez bon moyen Assez mauvais moyen Très mauvais moyen NSP
plupart des enquêtes récurrentes BON MOYEN mauvais MOYEN
menées sur ce sujet indiquent plutôt 49% 50%
un rejet de près des trois quarts de
la population française. Cet équilibre le seul angle de l’alourdissement des doute la facture in fine). Cette question
apparent montre que l’aversion factures attenantes à l’automobile ou souligne aussi le fossé générationnel
supposée des Français à l’égard de au chauffage domestique, a fait l’objet face à l’enjeu climatique : forte
la taxe carbone ne repose pas sur d’un rejet massif dans l’opinion. Faire adhésion des plus jeunes et tentation
d’un rejet de principe. C’est bien la payer les pollueurs, surtout lorsqu’il du statu quo pour ceux qui sont en
question de « qui paie en dernier s’agit des entreprises, ne rencontre âge « hyperactif », et qui craignent une
ressort » qui polarise l’opinion. En certainement pas le même rejet fragilisation de leur emploi. •
pleine conflagration des gilets jaunes, (notamment si l’on esquive le fait que Olivier Passet – Directeur de la Recherche
la fiscalité carbone, alors perçue sous c’est le consommateur qui paiera sans et des synthèses économiques, Xerfi.
Bifurcations • Sondage
Sondage OpinionWay pour Le Printemps de l’économie et OMNES Education
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Bifur-
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ca-
tions Face aux grands enjeux climatiques, sociaux, technologiques
et de souveraineté, suffira-t-il d’adapter notre système productif
ou faudra-t-il en changer ? Bref... L’heure des choix !
dossier coordonné par Stéphane béchaux
Ils
La bonne échelle pour agir, En France comme partout,
ce n’est pas la France mais les dépenses de santé augmentent
disent
l’Union européenne ou, mieux, plus vite que la création de
l’ensemble des pays développés, richesses depuis de longues
États-Unis en tête années.
Katheline Schubert P.18 Brigitte Dormont P.30
38 %
Rester au même
niveau (70%) 43 %
18 % Diminuer,
vers 50%
Augmenter 1%
NSP
La protection
sociale 77 % 22 % 1%
La régulation
de la finance 49 % 51 %
La présevation
de la biodiversité 42 % 58 %
La ville contre
la pollution de l’air 41 % 58 % 1%
et de l’eau
Le changement
climatique 33 % 67 %
Oui Non Ne se prononce pas
Bifurcations • Nature
Bifurcations • Nature
Tribune
Si voyager devient très cher,
Sylvie Faucheux, Philippe
l’avion sera réservé aux riches !
Naccache, Julien Pillot,
Bonne remarque ! Et comme ce ne
enseignants-chercheurs
serait pas acceptable, il faut réfléchir
à OMNES Education.
collectivement aux mécanismes à
mettre en place pour lutter contre
le réchauffement tout en préservant Produire et consommer responsable,
la cohésion sociale. On pourrait par
exemple imaginer de doter chaque
un sacré défi
Français d’un budget carbone, qu’il Nous sommes animés par la même conviction que la
peut dépenser librement. Celui qui transition écologique est le résultat d’un processus qui,
veut prendre l’avion pour un voyage en l’espèce, doit être pensé, managé, et doit impliquer
touristique devra, en contrepartie, l’ensemble des forces vives des nations : le politique,
se déplacer à vélo toute l’année pour l’entrepreneuriat, la finance et le citoyen-consommateur.
aller au travail. à nous de savoir faire Le politique apparaît d’emblée comme un niveau d’action
preuve d’imagination pour concevoir incontournable. Les marchés environnementaux, notamment
des solutions équitables. ceux concernant des biens communs tels les produits de
la pêche ou les forêts, sont structurellement défaillants.
C’était d’ailleurs le sens des mots de Garrett Hardin,
« La bonne échelle pour agir, écologue américain, lorsqu’il évoquait la « tragédie
ce n’est pas la France mais des communs » pour souligner notre propension à la
l’Union européenne ou, mieux, surexploitation des ressources naturelles du fait de
l’ensemble des pays développés, systèmes concurrentiels qui privilégient les résultats
États-Unis en tête. » économiques de court terme. Dès lors, il ne peut y
avoir de transition sans régulation efficiente, au niveau
Peut-on vraiment prendre ce genre local comme international. Ainsi, le management de la
de mesure à l’échelle d’un pays ? transition écologique exige du politique qu’il pense des
En matière de climat, nous sommes outils qui modifient les comportements des acteurs de
effectivement tous sur la même la vie économique, tout en s’assurant de l’acceptabilité
planète. La bonne échelle pour agir, sociale de ces outils et en réduisant les risques de
ce n’est pas la France mais l’Union dumping à l’international. Sur le premier point, il s’agira
européenne ou, mieux, l’ensemble par exemple d’accompagner le déclin d’anciennes
des pays développés, États-Unis industries en proposant des plans de reconversion. Sur
en tête. Il revient aux pays riches le second, il faudra s’assurer que la mise en place de
de montrer l’exemple. À la fois parce taxes locales sur le carbone n’incite pas les industries
que nous en avons les moyens, émettrices à délocaliser la production dans des territoires
mais aussi parce que nous sommes moins regardants. Le deuxième niveau d’action concerne
les premiers responsables du le monde des affaires. Il est impossible de penser la
réchauffement climatique. • transition écologique sans modifier la façon dont l’offre
En chiffres
0,3 tonne
+3% 1 800 MILLIARDS Dans 20 ans, une majorité
1 600
1 400
1 200 22 % 35 % de fausse viande ?
10 %
10 % Alors que la production et la
Viande de synthèse
18 % consommation de viande ne cessent
23 % Alternatives d’augmenter au niveau mondial, la
25 % véganes Les pays pauvres en forte croissance démographique
à la viande
viande issue de l’élevage conventionnel émettent peu de CO2 par habitant, à l’inverse des
90 % est régulièrement pointée du doigt
72 % pays riches en décroissance : 0,3 tonne par tête pour
55 % pour des raisons environnementales, toute l’Afrique intertropicale et une tonne pour le
40 %
Viande de santé et de bien-être animal. D’où Pakistan, alors que les États-Unis dépassent les 15
conventionnelle
Taille (en milliards de dollars) et répartition (en %). la volonté de produire des protéines tonnes et que la Chine est déjà au-delà de 7 tonnes. •
animales sans ces inconvénients. •
2025 2030 2035 2040
© BdF-Jean Derennes
Au niveau de l’entreprise, plusieurs études ont démontré
que, sous certaines conditions, s’engager dans des
politiques sociales et environnementales se traduit, par des Sylvie Goulard,
sous-gouverneure à la Banque de France.
salariés qui génèrent plus de valeur et par de meilleures
performances financières. Les investisseurs, notamment
institutionnels, devraient cesser d’investir dans les énergies La nouvelle Odyssée
carbonées et orienter leurs financements vers les start-ups
qui, par exemple, portent des innovations frugales
des banques centrales contre
ou encore des solutions de capture du CO2 innovantes. le changement climatique
La finance devra mieux signaler ces entreprises à « impact
positif », quitte à renoncer au moins transitoirement aux Les conséquences économiques du changement climatique
objectifs de maximisation du ROE de court terme et à se font déjà sentir, avec la multiplication d’événements
assumer les risques et coûts liés au déclassement des météorologiques extrêmes, tels que des incendies ou des
actifs les plus carbonés. Enfin, le troisième niveau d’action inondations. Ces catastrophes ont des conséquences
concerne les citoyens-consommateurs à qui il faut humaines et économiques, et potentiellement, un impact sur
permettre de privilégier les les prix (consécutif par ex. début 2021, à une augmentation
productions responsables. des coûts de chauffage en Espagne du fait d’un froid
« La finance devra Le problème à ce niveau exceptionnel ou à l’introduction, en Allemagne, d’une surtaxe
mieux signaler est triple. Primo, il y a un carbone sur les prix des combustibles). À moyen terme, des
ces entreprises à problème d’information : chocs climatiques plus fréquents provoqueront aussi bien
“impact positif” ». il n’est pas toujours facile des tensions inflationnistes qu’un ralentissement de l’activité.
de distinguer le caractère Quant au capital investi dans des activités nuisibles au climat,
éthique et responsable d’un produit ou d’un service. il va perdre sa valeur (« stranded assets »).
Secundo, il y a un problème de prix. Les marchés sont Encore aujourd’hui, les conséquences du changement
ainsi faits qu’il coûte souvent plus cher de consommer climatique sont parfois niées, en général elles sont sous-
responsable. Cela est d’autant plus vrai que les externalités évaluées. Il est vrai qu’il est vertigineux d’imaginer la
négatives, liées par exemple à la pollution générée par la transformation requise : passer à une alimentation, des
production ou le transport, ne sont pas prises en compte. logements, des moyens de transport et de production, des
Autrement dit, ces coûts ne sont supportés ni par le loisirs qui ne soient plus carbonés, respecter la nature et la
pollueur, ni par le consommateur, mais par les populations biodiversité, afin de préserver un développement durable.
locales qui subissent un environnement dégradé. Pour prendre une image littéraire, la tâche est un peu
Rétablir la « vérité » des prix est donc crucial. Tertio, il y a l’Odyssée du XXIe siècle : comme Ulysse, nous devons
un problème d’inadéquation entre le confort voulu et le entreprendre un voyage incertain, semé d’embûches. Toutefois
désir de préserver la planète. Soyons honnêtes : peut-on la prise de conscience est en cours, des solutions existent.
se réclamer de l’écologie en multipliant les contenus La solution passe d’abord par la reconnaissance que l’espèce
streamés via nos mobiles 5G de dernière génération ou humaine est à l’origine du problème. Il appartient donc aux
en ayant recours aux services de livraison express des hommes de changer de comportement, dans l’intérêt de leurs
e-commerçants ? Cette question en appelle une autre : propres enfants. Inutile d’incriminer les dieux de la mythologie.
sommes-nous prêts à consommer moins et mieux ? • La réponse doit être globale et responsable.
positive pour
l’environnement
0
1 000
500 000 En 2020, 514 672
◆ Index final
l’argent de la relance vélos électriques ont
-20 400 000
de vertu
écologique 100
qui soutient des été vendus (+19 %)
de la relance
■ Relance
-40
industries polluantes 300 000
pour une valeur de
négative
pour
-80
10 (en marron) ou 200 000
plus d’un milliard
l’environnement
-100 vertueuses (en vert). 100 000 d’euros (+58 % !) et
Royaume-Uni
Allemagne
Canada
États-Unis
France
Chine
Japon
Brésil
Inde
Italie
● Relance
par habitant -120 1 Et la France n’est pas 0 un prix moyen de
(USD)
si mal classée. • 2 079 euros (+21 %). •
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
Source : Climate Transparency Report 2020. Comparing G20 climate action and responses to the Covid-19 crisis.
Bifurcations • Nature
Tribune
Naturellement, dans l’Union européenne (UE), la
Olivier Sichel,
responsabilité première revient aux autorités politiques,
directeur général
la Commission européenne, le Parlement européen et le
délégué de la Caisse
Conseil, les gouvernements et parlements nationaux, qui
des Dépôts.
détiennent les outils législatifs et la légitimité démocratique.
L’UE a pris des engagements ambitieux vers la neutralité
carbone. Le Green New Deal et l’ensemble des propositions Inscrire l’économie
Fit for 55, comme tous les efforts pour verdir la finance, vont
dans le bon sens en combinant des règles, des incitations,
dans une trajectoire
des avancées sur un prix du carbone. Les investissements zéro carbone
publics sont cruciaux ; le fonds Next Generation EU comme
l’action de la BEI ont mis à la disposition des Européens des La crise sanitaire et environnementale que
moyens financiers significatifs. Pour préserver la stabilité la planète tout entière traverse crée-t-elle
financière et, dans le cadre de leur mandat, pour garantir des opportunités pour repenser nos modes
la stabilité des prix, les banques centrales doivent aussi agir. de production ? Peut-on s’en saisir, en
L’Eurosystème doit contribuer aux objectifs de l’Union. Il ne France, pour promouvoir une relance
peut pas perpétuer un système financier nuisible au climat. durable ? À la Caisse des Dépôts, nous en
Depuis quatre ans environ, les banques centrales ont pris sommes convaincus. D’autant plus que
leur part à l’action pour le climat, notamment à travers le nous n’avons pas attendu le Covid-19 pour
Réseau pour le verdissement du système financier (NGFS). découvrir cet impératif. La crise actuelle ne
Après une phase initiale de diagnostic visant à convaincre fait que souligner l’urgence de répondre
(les partenaires sont passés entretemps de 8 à plus de 95), aux enjeux environnementaux que nous
à recenser les canaux par lesquels le changement climatique connaissions déjà, comme l’inscription de
a un impact sur l’économie et la finance, des outils ont été notre économie dans une trajectoire zéro
conçus ; en France des stress tests pilote du secteur bancaire carbone. Des signes de ce nouveau modèle
et des assurances ont été organisés. La Banque de France émergent déjà. Ainsi, on constate depuis
a adopté et mis en œuvre une stratégie d’investissement un an une véritable accélération des
responsable. Les investissements de l’ensemble de usages numériques, qui ont été des leviers
l’Eurosystème sont en voie d’être « verdis ». La filière finances d’amortissement
du G20 a repris son travail sur la finance durable après « Dans certains importants de la
quelques années d’interruption. Enfin, la Banque centrale secteurs, la crise sanitaire, avec
européenne a annoncé jeudi 8 juillet 2021 un ambitieux plan fin du pétrole le développement
d’actions en 7 points à horizon 2024. Il s’agit notamment de semble actée. » à grande échelle
modifier les projections et analyses macro-économiques, du télétravail ou du
de mesurer l’impact du climat sur les prix, d’encourager une e-commerce. Cette tendance sera durable.
information transparente et de verdir les outils de la politique Dans certains secteurs industriels, tels
monétaire. L’Odyssée sera encore longue mais l’équipage l’automobile, la fin du pétrole semble
européen tout entier est mobilisé. • désormais actée, avec une montée en
puissance impressionnante des offres de
véhicules hybrides ou tout électriques. Dans
En chiffres
les prochaines décennies, la plupart des
38 % 12 g
secteurs économiques vont avoir à
Soit, en CO2/
kWh, les repenser leurs stratégies et leurs offres. Les
émissions défis sont immenses. Ainsi, les villes par
de gaz à
effet de serre de l’énergie nucléaire. exemple, qui regroupent aujourd’hui plus
de l’énergie mondiale est produite C’est un peu moins qu’une énergie de 50 % de la population mondiale, vont
grâce au charbon. Une proportion renouvelable comme l’éolien terrestre.
qui ne bouge pas ou peu depuis C’est surtout infiniment moins que voir cette proportion atteindre 65 % d’ici
30 ans, selon les données de l’Agence les 443 g CO2/kWh émis par du gaz 2050. À terme, elles concentreront une large
internationale de l’énergie (AIE). • naturel ou les 1 058 g de CO2/kWh
émis par une centrale à charbon. • part de l’humanité et avec elle, des défis de
taille en matière écologique, économique
Nos mécènes
Bifurcations
L’heure des choix
Du mardi 12 au vendredi 15 octobre 2021
#4.......................................12h - 13h Mathilde Lemoine, Cheffe économiste du Olivier Babeau, Président chez Institut Sapien,
Un euro numérique, quels enjeux ? groupe Edmond de Rothschild. Professeure Anne-Laure Delatte, Chercheuse au CNRS,
Session Banque de France/Educfi, conçue en macro-économie internationale rattachée à l’Université Paris Dauphine-PSL
par Thomas Argente, Senior Advisor, Direction à Sciences Po Paris, (LEDa),
des Infrastructures, de l’Innovation et des Farid Toubal, Professeur d’économie, Sébastien Jean, Directeur du CEPII.
Paiements de la Banque de France. Université Paris-Dauphine-PSL (LEDa), CEPII. Modérateur : Jean-Marc Vittori,
Intervenant-e-s : Nathalie Aufauvre, Modérateur : Christian Chavagneux, éditorialiste, Les échos.
Directrice générale de la stabilité financière éditorialiste, Alternatives économiques.
et des opérations, Banque de France, #11 et #12............................11h - 13h
Olivier Ou Ramdane, Président d’Iviplus, #8.............................. 17h45 - 18h45 Transition écologique, questions
Cofondateur de Lugh, Choisir, c’est renoncer… mais à qui ? climatiques : l’affaire de tous
Julien Prat, Directeur de Recherche CNRS à quoi ? En deux actes
(CREST), ENSAE, École Polytechnique, Session Les Économiques, conçue par Isabelle Premier acte : « Réduire le bilan carbone :
Yves Tyrode, Directeur général Innovation, Barth, Professeure agrégée de Sciences comment mobiliser tous les acteurs ? »
Digital, Data, BPCE. de Gestion, Université de Strasbourg, membre Session Les Économiques avec le Crédit
Modératrice : Joëlle Toledano, Professeure du Conseil scientifique du Printemps de l’économie. Agricole, conçue par Pierre-Pascal Boulanger,
émérite en économie, associée à la Chaire Intervenant-e-s : Isabelle Barth, Professeure Président-fondateur et membre du Conseil
« Gouvernance et Régulation » agrégée des Universités en sciences scientifique du Printemps de l’économie.
de l’Université Paris-Dauphine. de gestion, chercheuse, Université Intervenant-e-s : Philippe Brassac, Directeur
de Strasbourg, Manager (elle a dirigé l’EM général, Groupe Crédit Agricole,
#5.......................................14h - 15h Strasbourg et l’INSEEC Grande école), Corinne Lepage, Avocate spécialiste
La reprise : une opportunité Tawhid Chtioui, Président-fondateur en droit de l’environnement, Cabinet Huglo
à saisir pour une relance durable et Dean d’Aivancity School for Technology, Lepage Avocats, ancienne Ministre
Session Institut pour la Recherche, Caisse Business & Society Paris-Cachan, de l’Environnement,
des Dépôts, conçue par Isabelle Laudier, Bénédicte Tilloy, Professeure à Sciences Po, Robert Ophèle, Président de l’AMF (Autorité
Responsable de l’Institut et membre du Conseil Cofondatrice de 10h32, une communauté des Marchés Financiers),
scientifique du Printemps de l’économie. et une entreprise dédiée aux dirigeants, Christian de Perthuis, Professeur
Intervenant-e-s : Marc Baudry, Chaire Ancienne DRH et membre du Comex à l’Université Paris Dauphine-PSL,
économie du Climat, Université Paris de la SNCF. Fondateur de la Chaire économie du Climat.
Dauphine-PSL, LEDa, Modératrice : Sophie Gherardi, Journaliste Modératrice : Dominique Pialot,
Andreas Eisl, Chercheur, politiques et conseillère de la rédaction de Philonomist, Co-directrice de Climatico.
macroéconomiques et budgétaires, dette Fondatrice et directrice du Cefrelco. Second acte : « Les banques centrales
publique, investissements, Institut Jacques vont verdir leur action »
Delors, Mercredi 13 octobre Session Les Économiques, conçue par Jézabel
Benoît Leguet, Directeur général d’I4CE – Grand Amphithéâtre Edgar Faure Couppey-Soubeyran, Maîtresse de conférences,
Institut de l’économie pour le climat, de l’Université Paris-Dauphine-PSL Université Paris I Panthéon-Sorbonne, membre
Claire Visentini, Responsable du Pôle Place du Maréchal de Lattre de Tassigny, du Conseil scientifique du Printemps
Stratégie durable et Évaluation, Banque 75016 Paris de l’économie.
des Territoires. M° Dauphine (L6) et Avenue Foch (RER C). Intervenant-e-s : Jézabel Couppey-
Modératrice : Isabelle Laudier, Responsable Soubeyran, Maîtresse de conférences,
de l’Institut pour la Recherche, Caisse des Dépôts. #9.................................. 8h15 - 9h15 Université Paris I Panthéon-Sorbonne,
Politique de bifurcation de l’organisation Institut Veblen,
#6............................... 15h15 - 16h15 des chaînes de valeur mondiales dans Yolande Fisher, Direction des Services
Bâtir une France de la transition une économie décarbonée Juridiques, Banque de France,
en excédent commercial Session du LEDa/Université Paris Dauphine-PSL. Sylvie Goulard, Sous-Gouverneur
Session Xerfi, conçue par Olivier Passet, Ouverture de la journée : El Mouhoub de la Banque de France (en différé),
Directeur de la recherche, Xerfi. Mouhoud, Président, Université Paris- Pierre Monnin, Senior Fellow, Council
Intervenant-e-s : Anaïs Voy-Gillis, Dauphine-PSL, membre du Conseil of Economy Policie,
Chercheuse associée, Université de Haute Alsace, scientifique du Printemps de l’économie, Pierre-François Weber, Directeur, European
Alexandre Mirlicourtois, Directeur Intervenant-e-s : Anne-Sophie Alsif, cheffe and Multilateral Policies, Banque de France.
de la conjoncture et de la prévision, Xerfi, économiste au BIPE, Modérateur : Christian Chavagneux,
Philippe Gattet, Directeur d’études spécialiste Sébastien Jean, Directeur, CEPII, éditorialiste, Alternatives économiques.
de la stratégie des entreprises, Xerfi. El Mouhoub Mouhoud, Président,
Modérateur : Olivier Passet, Directeur Université Paris-Dauphine-PSL. #13.....................................14h - 15h
de la Recherche, Directeur des synthèses Modératrice : Bénédicte Tassart, Vaccin : faut-il se débarrasser
économiques, Xerfi. Rédactrice en chef, Service étranger des brevets ?
et Questions européennes, RTL. Session Les Rencontres des SES de l’Académie
#7 .............................16h30 - 17h30 de Paris, avec Alternatives économiques, conçue
Pour un nouveau multilatéralisme ? #10............................. 9h30 - 10h45 par Pierre-Pascal Boulanger et Justin Delépine,
Session Les économiques avec le CEPII, Peut-on sortir de l’économie Journaliste à Alternatives économiques.
conçue par Michel Fouquin, Conseiller du “moins cher” ? Intervenant-e-s : éric Baseilhac, directeur
scientifique, CEPII, membre du Conseil Session Natixis, conçue par Patrick Artus, des affaires économiques et internationales
scientifique du Printemps de l’économie. Chef économiste, Natixis. du Leem (Fédération des entreprises du
Intervenant-e-s (sous réserve) : Intervenant-e-s : Patrick Artus, Chef médicament) (présence à confirmer),
Sébastien Jean, Directeur du Cepii, économiste chez Natixis, Professeur à Nathalie Coutinet, économiste à l’Université
Margaret K. Kyle, Professeure d’économie, PSE, membre du Conseil scientifique du Paris 13e,
MINES ParisTech (CERNA de l’école des Mines), Printemps de l’économie, Matthieu Dhenne, avocat au barreau de
#23............................16h30 - 17h30 Maxime Ladaique, Manager of statistical bien-être, CEPREMAP et membre du conseil
La politique commerciale européenne resources in the Department of Labour and scientifique de Santé Publique France.
à l’épreuve de la crise écologique : Social Affairs, Organisation for Economic Modératrice : Dominique Rousset,
quelles priorités pour la présidence Co-operation and Development (OECD), Productrice et animatrice de l’émission
française de l’UE en 2022 ? Michaël Sicsic, économiste à l’Insee et « Matières à penser » sur France Culture.
Session Les Économiques avec l’Institut chercheur associé au CRED (Université
Veblen, conçue par Mathilde Dupré, Paris 2). #29 ....................................14h - 15h
économiste, co-directrice de l’Institut Veblen. Modératrice : Isabelle Moreau, Directrice Biden : une révolution économique ?
Intervenant-e-s : Franck Riester, Ministre de la rédaction Pôle social, Agence AEF. Session Les Économiques avec Alternatives
délégué chargé du Commerce extérieur économiques, conçue par Christian
et de l’Attractivité (sous réserve), #26............................. 9h30 - 10h30 Chavagneux, éditorialiste, Alternatives
Sabrina Robert-Cuendet, professeure Que faire avec les dettes publiques ? économiques, membre du Conseil scientifique
de droit international et européen à Le Mans Session Natixis avec Challenges, conçue du Printemps de l’économie.
Université et membre de la Commission par Patrick Artus, Chef économiste, Natixis Intervenant-e-s : Pierre-Cyril Hautcœur,
d’experts d’évaluation du CETA, mandatée membre du Conseil scientifique du Printemps Professeur à PSE, Directeur d’études
par le Gouvernement français en 2017, de l’économie. à l’EHESS, économiste historien,
Mathilde Dupré, Codirectrice de l’Institut Veblen. Intervenant-e-s : Patrick Artus, Chef Florence Pisani, Directrice de la recherche
Modératrice : Anne Cheyvialle, Cheffe économiste chez Natixis, Professeur à PSE, économique à Candriam, spécialiste
adjointe de l’économie internationale au Figaro. Agnès Bénassy-Quéré, Cheffe économiste, des États-Unis,
Direction Générale du Trésor, Xavier Ragot, Président de l’OFCE,
#24................................ 18h - 19h30 Jézabel Couppey-Soubeyran, Maîtresse de Lison Rehbinder, CCFD-Terre solidaire,
Alors… ce monde d’après ? conférences l’Université Paris 1 Panthéon- spécialiste des paradis fiscaux.
Débat entre Think Tanks Sorbonne, Modérateur : Christian Chavagneux,
Session de l’Institut pour la Recherche de Isabelle Job-Bazille, Cheffe économiste, éditorialiste, Alternatives économiques.
la Caisse des Dépôts, conçue par Isabelle Laudier, Groupe Crédit Agricole,
Responsable de l’Institut, membre du Conseil Xavier Ragot, Président de l’OFCE Sciences Po, #30 ............................ 15h15 - 16h15
scientifique du Printemps de l’économie. Henri Sterdyniak, économiste à l’OFCE Environnement et croissance
Intervenant-e-s : Géraud Guibert, Président Sciences Po. économique : un regard historique
de La Fabrique écologique, Modérateur : Thierry Fabre, Rédacteur Session de l’EHESS avec Pour L’éco, conçue par
Sarah Proust, Conseillère experte auprès en chef adjoint, Challenges. Jean-Yves Grenier, Directeur d’études, EHESS,
de la Fondation Jean-Jaurès, membre du Conseil scientifique du Printemps
Thierry Pech, Directeur général de Terra #27 ........................... 10h45 - 11h45 de l’économie.
Nova (sous réserve), Le PIB : une mesure d’avenir ? Intervenant-e-s : Fabien Locher, Historien
Dominique Reynié, Directeur général et Session INSEE conçue par Nicolas Carnot, des sciences, Chargé de recherche au CNRS,
président du Directoire de la Fondation membre du Conseil scientifique du Printemps Membre du Groupe de Recherches en
pour l’Innovation Politique (Fondapol). de l’économie. Histoire Environnementale (GRHEN),
Modératrice : Isabelle Laudier, Responsable Intervenant-e-s : Didier Blanchet, Directeur Enseignant à l’Université de Lausanne
de l’Institut pour la Recherche de la Caisse des études et synthèses économiques, INSEE, (UNIL) et à l’EHESS,
des Dépôts. Yaëlle Hauseux, Cheffe de la division Hélène Tordjman, économiste, Maîtresse
concepts, méthodes et évaluations du de conférences-HDR à l’université Sorbonne
Vendredi 15 octobre département des comptes nationaux, Insee, Paris-Nord et membre du Centre de
Amphithéâtre Friedel de l’école Nationale Xavier Timbeau, Directeur général, Ofce recherche en économie de Paris-Nord,
Supérieure de Chimie de Paris-PSL Sciences Po. Thomas Kekenbosch, Doctorant de l’EHESS.
11, rue Pierre et Marie Curie 75005 Paris Modérateur : Gilbert Cette, Adjoint Modérateur : Stéphane Marchand,
RER Luxembourg (ligne C). au Directeur général des Études et des Rédacteur en chef, Pour L’éco.
Relations internationales de la Banque
#25................................ 8h15 - 9h15 de France et Professeur associé à l’Université #31........................... 16h30 - 17h30
Où se place la France en termes d’Aix-Marseille (AMSE). Transition écologique, transition
d’inégalités avant et après sociale
redistribution ? #28 ....................................12h - 13h Session Les Économistes atterrés, conçue
Session France Stratégie, conçue par économie du bien-être : quels par Henri Sterdyniak, Chercheur affilié, OFCE
Julien Rousselon, Adjoint au Directeur du enseignements pour la période post- Sciences Po.
Département Société et politiques sociales, COVID ? Intervenant-e-s : Gilles Rotillon, Professeur
France Stratégie. Session PSE avec l’observatoire du bien-être émérite en sciences économiques
Intervenant-e-s : Michael Förster, Senior Policy du CEPREMAP, conçue par Anne-Célia Disdier, à l’Université Paris Nanterre,
Analyst, Inequalities, Organisation for Economic Professeure à PSE, Directrice de recherche Katheline Schubert, Professeure d’économie
Co-operation and Development (OECD), à l’INRAE, membre du Conseil scientifique à l’Université Paris 1,
Elvire Guillaud, Maîtresse de conférences du Printemps de l’économie. Hélène Tordjman, Maîtresse de conférences-
en économie à l’Université Paris 1 Panthéon- Intervenant-e-s : Sandra Hoibian, Docteure HDR à l’Université Paris XIII.
Sorbonne, chercheuse au Centre d’économie en sociologie, Directrice du pôle société Modérateur : Henri Sterdyniak, économiste
de la Sorbonne et affiliée au Laboratoire au CREDOC, affilié à l’OFCE, membre du collectif
Interdisciplinaire d’évaluation des Rémy Pawin, Docteur en histoire d’animation des économistes atterrés.
Politiques Publiques (LIEPP) de Sciences Po, contemporaine, Professeur agrégé d’histoire
Malka Guillot, Enseignante-chercheuse et membre du laboratoire BONHEURS,
à HEC Liège (Belgique) et chercheuse affiliée Université de Cergy-Pontoise, Droits réservés à l’Association Les Économiques
Responsables de la publication :
à l’Institut des politiques publiques Mathieu Perona, Docteur en économie, Pierre-Pascal Boulanger
et au World Inequality Lab, Directeur exécutif de l’Observatoire du Contact : info@leseconomiques.fr
et t’accompagnent
Adjoint au Directeur général des études et des relations
internationales, Banque de France.
• Christian Chavagneux
éditorialiste, Alternatives Économiques.
• Alexis Collomb
Directeur du département économie, finance, assurance, banque,
Le Cnam.
• Jézabel Couppey-Soubeyran
Maîtresse de conférences, Université Paris-1 Panthéon Sorbonne.
• Gilles de Margerie
Commissaire général, France Stratégie.
• Pierre-Henri de Menthon
Directeur délégué, Challenges.
• Anne-Célia Disdier
Professeure associée, Paris School of Economics.
• Sylvie Faucheux
Directrice Innnovation Académique, OMNES Education.
Classes préparatoires
• Michel Fouquin ENS D1, ENS D2 et ECT
100% d’admission* à :
Conseiller, CEPII et professeur à la FASSE Université
Catholique de Paris.
• Pierre-Noël Giraud l’ENS Rennes D1, ENS Paris Saclay D2,
Professeur, Mines ParisTech.
EDHEC, Magistère d’éco (Paris 1),
• Jean-Yves Grenier
Directeur d’études, EHESS. Magistère de sciences de gestion (Dauphine),
• Pierre-Cyrille Hautcœur ESSEC, Skema, Audencia, Kedge etc...
Directeur d’études, EHESS.
• Rémi Jeanin BTS CG, BTS SIO, DCG :
de 85 à 95% *
Vice-présidnet, Les économiques.
• Christophe Kerrero
Chancelier des Universités, Recteur, Académie de Paris.
résultats supérieurs à la moyenne nationale
*
• Isabelle Laudier
Responsable, Institut CDC pour la recherche.
• El Mouhoub Mouhoud,
Président, Paris Dauphine-PSL.
• Olivier Passet
Directeur de la Recherche et des synthèses économiques, Xerfi.
• Olivier Pastré
Professeur, Université Paris VIII
• Julien Pillot
Enseignant-Chercheur, OMNES Education.
• Dominique Plihon
Professeur, Université Paris XIII.
• Jean-Luc Tavernier
Directeur-général, INSEE.
• Xavier Timbeau
Directeur-principal, OFCE.
Bifurcations • Bien-être
© Vincent Baillais/Andia.fr
Dans la hiérarchie des dépenses
publiques prioritaires, la santé a-t-elle
contribuer à notre productivité. soins médicaux, il serait plus conforme gagné des points avec le Covid-19 ?
Quand, dans des travaux de recherche, aux préférences de la population de Cette épidémie a montré l’intérêt
on interroge les citoyens sur les dépenser encore plus pour la santé. de disposer d’un système de soins
arbitrages qu’ils sont prêts à faire performant ! Allons-nous en tirer
sur leurs revenus, on observe qu’ils Peut-on dire qu’il y a de « bonnes » les enseignements ? On n’en prend pas
acceptent de dépenser beaucoup pour et de « mauvaises » dépenses le chemin. Malgré la crise sanitaire,
vivre plus longtemps et en bonne en matière de santé ? la rigueur budgétaire continue de plus
santé. Entre une nouvelle voiture et Cette question n’a de sens que parce belle à l’hôpital. Et les rapports
une maladie grave soignée, le choix que la majeure partie de ces dépenses commandités par le gouvernement
est vite fait ! Des économistes libéraux est socialisée et donc financée par des sont très inquiétants. Pour changer
de l’école de Chicago se sont intéressés prélèvements obligatoires, cotisations la donne sur les sphères du système
à la valeur de la santé, qu’ils ont sociales et CSG. Pour l’achat d’une de soins en réel danger de délitement
mesurée en points de PIB. Et ils ont voiture, qui est un choix privé, il n’est comme l’hôpital et la santé mentale,
conclu que, même aux États-Unis pas question que le gouvernement se il faut accepter d’augmenter les
où déjà 17 % du PIB est consacré aux mêle de la décision des individus. En dépenses. Ce qu’on ne pourra pas faire
France comme partout, les dépenses tant qu’on poursuivra le dogme de la
de santé augmentent plus vite que la baisse des prélèvements obligatoires.
« En France comme partout, création de richesses depuis de
les dépenses de santé augmen- longues années. Pas tellement en Mais la France dépense déjà beau-
tent plus vite que la création raison du vieillissement démographique, coup pour son système de soins !
de richesses depuis de longues dont l’influence est réelle mais En points de PIB, la France fait
années. » relativement faible. Ce qui est en effectivement partie des pays qui
Bifurcations • Bien-être
Tribune
4 900 €
100 %
% déclarant que leur vie professionnelle s’accorde très bien ou bien
39 heures, pas plus 90 % avec leur vie personnelle, en fonction de leur durée hebdomadaire de travail.
80 %
Au delà de 39 heures de
70 %
par mois. Niveau de revenu jusqu’auquel travail hebdomadaire, de
60 %
l’argent fait bien le bonheur selon plus en plus de femmes
50 %
les études des prix Nobel Daniel et d’hommes considèrent
40 %
Kahneman et Angus Deaton. Au-delà qu’ils ne peuvent concilier Femmes
30 %
de cette somme, gagner plus d’argent de façon satisfaisante Hommes
20 %
renforce le sentiment d’avoir réussi sa leur vie personnelle
10 %
vie mais ne rend pas nécessairement et professionnelle.
plus heureux. • Travailleurs, levez le pied ! • Moins de 15h 15h à 29h 30h à 34h 35h à 39h 40h à 47h 48h et plus
70 ans
çue met États-Unis : les inégalités plombent Crises : la richesse perçue met États-Unis : les inégalités plombent
établir que le PIB le
Labien-être
stagnationPIB
duressenti*
PIB ressenti auxàétats-Unis.
de 1980 2016 en France, En France,
plus longtempsla richesse perçueque
à se rétablir metle PIB le bien-être PIB ressenti* de 1980 à 2016 en France,
plus
PIB longtemps à se
enrétablir que le100
PIBen 1996)
nce (base 100 en 1996) en Allemagne et aux États-Unis (base 100 en 1980).
États-Unis : les inégalités et PIB ressenti* France (base en Allemagne et aux États-Unis (base 100 en 1980).
140 160
2008, le PIB 160 plombent le bien-être 1 Trois ans après 2008, le PIB
est revenu à son niveau
n niveau
Aux États-Unis, l’augmentation d’avant-crise. 1 France
1 France 130 140 Allemagne
140 Allemagne des inégalités depuis 1980 a freiné 2 États-Unis
2 États-Unis
la progression du PIB ressenti. 120 120 Âge auquel les Français sont
120
Celui-ci a augmenté de 0,3 % les plus heureux. Avec l’émancipation
110 100
par an en moyenne entre 1980 2 La richesse ressentie des enfants et la fin du travail les
100 a mis sept ans de plus à se rétablir.
2 La richesse ressentie
et 2017 (+1,2 % en Europe) alors 100 80 individus retrouvent du temps et des
a mis sept ans de plus à se rétablir.
80 que le PIB a progressé, sur marges
1980 1986
financières.
1992 1998
Les problèmes
2004 2010 2016
Bifurcations • Bien-être
avec les taux d’intérêt très bas et l’excès de liquidité, à des Tribune
hausses des prix des actifs (cours boursiers, valeur des
Elvire Guillaud,
entreprises, prix de l’immobilier) qui enrichissent les
Maîtresse de
détenteurs de patrimoine.
conférences à
On pourrait donc croire, au premier abord, que le capitalisme
l’Université Paris 1
contemporain ne profite qu’aux actionnaires. Les perdants
Panthéon-Sorbonne,
semblent aussi faciles à identifier : les salariés, en particulier Centre d’Économie de la
ceux des secteurs que l’on peut aisément délocaliser. Mais Sorbonne, chercheuse
la situation est en réalité plus complexe. En effet, les choix faits associée au LIEPP
par le capitalisme dit « néo-libéral » ont aussi été favorables (Sciences Po).
aux consommateurs. La faiblesse des salaires ainsi que les
délocalisations vers les pays émergents aboutissent en effet
à des prix bas pour ces derniers. Non, notre système
« Il reste qu’on Il faut aussi comprendre que la de protection sociale
désire aujourd’hui faiblesse des salaires est la cause
bâtir un autre essentielle de la baisse
n’est pas trop généreux
système qui serait de l’inflation depuis les années 1980,
plus favorable aux donc de la possibilité pour les 60 % des Français estiment que la
salaires […]. » banques centrales de mener des solidarité devrait avant tout être l’affaire
politiques expansionnistes, et des de l’État, de la Sécurité sociale ou des
taux d’intérêt de plus en plus bas favorables aux emprunteurs. collectivités locales plutôt que des
Il y a donc une coalition de fait entre trois catégories d’agents familles ou des associations (baromètre
économiques : les actionnaires et autres propriétaires des d’opinion DREES, 2017). La France est
entreprises, les consommateurs, les emprunteurs. Et cela championne en matière de réduction
au détriment des salariés, en particulier ceux des industries des inégalités d’après l’INSEE : elles sont
délocalisables. Les situations individuelles sont néanmoins réduites de 25 % après redistribution
complexes vis-à-vis de ce système, puisque les salariés monétaire (prestations
sont aussi consommateurs et, dans le monde anglo-saxon, « En matière de sociales), et de 50 %
actionnaires. C’est la solidité de cette coalition qui explique protection sociale, faire après prise en compte
la persistance du capitalisme néo-libéral qui ne pourrait pas des économies ne peut des transferts en
survivre s’il n’était soutenu que par les seuls actionnaires. pas impliquer de réduire nature (éducation et
Il reste qu’on désire aujourd’hui bâtir un autre système qui sa consommation » santé). Concrètement,
serait plus favorable aux salaires, qui ne privilégierait pas les cela implique qu’une
actionnaires, qui favoriserait les relocalisations. Il faut alors baisse des dépenses d’éducation ou de
comprendre qu’il va falloir accepter de sortir de l’économie santé augmenterait sensiblement les
du « low cost », c’est-à-dire des prix les plus bas possible pour inégalités. En outre, maintenir ce choix
les consommateurs. Cela signifie aussi qu’il va falloir sortir de société pourrait bien nous faire
des taux d’intérêt bas, avec le retour de l’inflation, ce qui est économiser, à nous Français, si ce n’est
douloureux dans une situation où les taux d’endettement à l’État.
des secteurs public et privé sont très importants. • On entend souvent dans le discours
médiatique que l’État dépense trop
En chiffres
pour la redistribution, que le système
Note moyenne de satisfaction des Français selon les domaines (2019) Plus riches, mieux
de protection sociale est trop
10 10
■ 10 ■% 10
10 1010 10
les
■%plus
10 %10
les
■■ %■
plus
10 %les
pauvres
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plus%les
riches
les
10 plus
10 plus
riches
les% lesriches
riches
plus plus riches
riches diverti mais pas « généreux ». C’est ce dernier terme qui
++22 +%% + 11 +%11 +%11++
%1111%+%11 % tellement plus aimé
8 8 + 20
8 88 8+%20+ % +
20 +20
% 20%
+ %20 % + 22+ % 22
+% 22 %
22 22 %
L’argent améliore
induit en erreur. Il laisse à penser que
+ 38 +% 38 ++38
+ 38
% % +%%
38 38 %
6 6 6 66 6
considérablement d’une part, les dépenses sociales ne
la8,4
qualité des loisirs,
4 4 4 44 4 7,8 7,8 7,8 7,8
7,8 7,8 8,4 8,4 8,4 8,4
8,4 8,4
7,6 7,6 7,67,6 7,6 7,6
8,4 8,4 8,48,4 8,4 sont pas couvertes par les recettes
6,5 6,5 6,56,5 6,9 6,9 6,96,9 6,9 6,9 7,6 7,6 7,67,6 7,6 7,6 mais influe beaucoup
6,5 6,5
2 2 2 22 2
5,5 5,5 5,55,5
5,5 5,5 moins sur la qualité (en somme, le pays vit au-dessus de ses
des relations sociales,
0 0 0 00 0 moyens) ; d’autre part, que certaines
Vie en général Logement Loisirs Relations sociales élément pourtant
Vie
Vieen général Logement Loisirs Relations sociales
Vie en
Viegénéral
en
Viegénéral
en général
Vie
en en général Logement
général Logement
Logement Logement
Logement
Statistiques sur les ressources sur les conditions de vie, INSEE, 2019.
Loisirs
Loisirs
Loisirs Loisirs
Loisirs Relations
Relations
Relations
sociales
sociales
Relations
sociales
Relations sociales
sociales
crucial du bien-être. • dépenses sont superflues.
Le premier point est largement
Bifurcations • Digital
Bifurcations • Digital
Tribune
5
En chiffres
429
2 000 4 578 4 322
0 500
Le streaming une affaire qui1 ne
000 - 756
5 000 -1 000
rapporte pas encore à Disney 0 500
4 000
- 756 ■ Chaînes de télévision ■ Licences
Le groupe Disney cumulait 159-1millions
000 ■ Streaming ■ Total Taille, en milliards
d’abonnés à un service de streaming ■ Chaînes3 000
de télévision ■ Licences de dollars du marché
au premier trimestre 2021, contre 200 ■ Streaming
2 000 4 578 ■ Total 4 322 mondial des semi-
millions pour le service Prime d’Amazon conducteurs en 2020. Problème, ces
(qui comprend l’offre Prime Video) et 1 000 puces électroniques qui équipent nos
207,6 millions pour le leader Netflix. Pas 0 500 smartphones, consoles, ordinateurs et
encore suffisant pour être rentable. La - 756 voitures, sont en pénurie depuis l’année
perte était encore de 756 millions de -1 000 passé après une explosion de la demande
Résultats opérationnels du secteur cinéma et télévision
dollars sur les six premiers mois de 2021. • ■ Chaînes
de Disney, de télévision
d’octobre ■ Licences
2020 à mars 2021, en millions de dollars. avec la pandémie. •
■ Streaming ■ Total
Bifurcations • Digital
Tribune
■ Revenus
du reste en fin d’année culmine à 180,3 quête de revenus complémentaires.
113,3
112,5
■ Dépenses
104,5
100
Aujourd’hui, les livraisons sont
91,2
91,4
(bénéfices accumulés
81,9
81,4
77,8
année après année) venir pour l’un des sites les plus consultés
74,5
69,1
65,9
52,6
48,6
45,2
45,9
50
38,5
35,7
34,9
17,9
14,5
Ap_2
livreurs contre rémunération. Cette de ces plateformes. Et pas seulement
activité de livraison aurait-elle pu se « Les pouvoirs publics en France. De la Chine à la Californie,
développer sous le régime du salariat ? prennent conscience en passant par l’Espagne, l’Italie ou
Certainement. Avant la révolution de l’extrême dangerosité le Royaume-Uni, la résistance des
digitale, des chaînes de pizzeria de ces plateformes. » états s’organise. Sous l’impulsion des
proposaient bien des services de législateurs et/ou des juges. Partout
livraison à domicile, en embauchant numériques. En s’exonérant de toute sur la planète, ces applications
des livreurs en CDD ou en CDI à règle sociale, les sociétés Uber et numériques voient leur avenir
temps très partiel. Les conditions compagnie ont pu gagner des parts de menacé par la puissance publique,
de travail de ces jeunes n’étaient marché à un rythme fou. Sans jamais, qui cherche à faire reconnaître la
certainement pas exemplaires, d’ailleurs, se soucier véritablement qualité de salariés de ces livreurs ou
mais ils bénéficiaient toutefois de de leur rentabilité. Ces plateformes chauffeurs, dont l’activité ne relève en
protections bien supérieures. En ne gagnent d’ailleurs pas d’argent : rien de l’indépendance. Sans parler de
revanche, il est évident que ces leur valorisation, et donc la richesse la fronde montante des riverains, qui
plateformes n’auraient jamais pu de leurs créateurs, ne repose que sur luttent contre l’implantation de « dark
connaître une expansion aussi rapide leur croissance effrénée. Rien ne dit kitchens » à proximité de leur domicile.
sans s’affranchir du Code du travail. pour autant que ces acteurs vont au Pas tant par solidarité avec les livreurs.
En France, l’invention du régime des final pouvoir imposer leur modèle Mais parce qu’ils ne supportent plus
auto-entrepreneurs en 2008 (par économique, et continuer à détruire les nuisances sonores générées par
l’ultralibéral Hervé Novelli) a largement toutes les protections des travailleurs. le va-et-vient incessant de scooters
contribué au développement Car les pouvoirs publics prennent qui viennent prendre livraison des
hyper rapide de ces applications conscience de l’extrême dangerosité commandes de leurs clients. •
Bifurcations • Souveraineté
Si on ne le fait pas, on n’aura plus assureurs privés ne seront sans doute Cette crise plaide-t-elle pour un
les moyens de gérer la prochaine crise. pas en mesure de couvrir. retour des frontières, de telle sorte
qu’on puisse atteindre une forme
Parce qu’il y aura forcément L’État va donc revenir durablement d’autosuffisance sanitaire ?
d’autres crises ? sur le devant de la scène ? Les pénuries de masque ont bien
Pas forcément une autre pandémie. Tout n’a pas été parfait, loin de là, dans montré les dangers qu’il y avait
Mais il est clair que le réchauffement la façon dont la puissance publique à ne pas diversifier ses sources
climatique va engendrer d’autres a géré la crise sanitaire. Mais on s’est de production. La question de la
catastrophes. Cette crise sanitaire quand même rendu compte de la souveraineté se pose, mais pas dans
préfigure ce que sera le rôle de l’État nécessité d’avoir un État fort, qui une acception étriquée. Il faut définir
à l’avenir. Il faudra probablement soit capable de réguler, de contrôler, des espaces de souveraineté, dans
indemniser des agriculteurs pour des d’interdire, d’imposer. Dans quel état lesquels les pays ont la capacité de
épisodes de canicule prolongés ou des serait aujourd’hui la France si les disposer des produits dont ils ont
particuliers subissant des inondations pouvoirs publics n’avaient strictement besoin. Mais cette crise montre
majeures. Des événements que les rien fait ? Cette expérience peut aussi les effets très positifs de la
Bifurcations • Souveraineté
Tribune
En chiffres
600
Quand le populisme s’envole, Quand le populisme s’envole… … le PIB dégringole
Proportion de pays ayant un gouvernement populiste (en %)
25
populiste
Les pays ayant connu un épisode
populiste ont une justice moins 20 0%
indépendante du pouvoir, une millions d’euros d’ici 2022.
presse moins libre et un système
15
-5 % Montant destiné à la
électoral biaisé en faveur de 10 relocalisation dans le plan de
l’exécutif en place. Cette érosion des
-10 % relance français. Cinq secteurs
normes démocratiques explique 5 ont été jugés prioritaires : la
-15 %
en partie les effets économiques santé, l’agroalimentaire, les
0
négatifs du populisme. • 1900 1920 1940 1960 1980 2000 2018 - 15 - 10 -5 0 5 10 15 matières premières, la 5G et
l’électronique. •
Années
Source : The cost of populism : Evidence from history, VOX CEPR Policy Porta, 2021.
2019
2012
2013
2015
2014
2011
2009
2020
2010
2018
Bifurcations • Souveraineté
Tribune
des sommes énormes dans l’attente d’un événement qui
El Mouhoub Mouhoud,
ne surviendra peut-être pas. Pas très tentant notamment
président de
lorsque les taux d’intérêt réels sont faibles. Alternativement, ils
l’Université Paris
peuvent attendre la prochaine pandémie (ou crise climatique)
Dauphine - PSL.
et, lorsqu’elle surviendra, s’endetter pour surmonter la crise,
puis rembourser lorsque l’économie repartira. En attendant
la crise suivante… Sur des intervalles de temps aussi longs, Récupérer
et avec des risques massifs, ce type de programme est
hasardeux. Que faire si les banques et les marchés refusent de
des avantages
prêter le moment venu ? En réalité, seul l’État peut, lorsque ses comparatifs
finances inspirent confiance, s’endetter de manière massive :
l’État seul a le pouvoir de lever l’impôt, tandis que les agents
par l’innovation
privés ne lèvent des revenus que de manière aléatoire, s’ils
trouvent un emploi ou des La relocalisation, dont on parle
clients. Par ailleurs, en cas de « Avec le “quoi qu’il en coûte”, beaucoup depuis la crise sanitaire,
crise de liquidité, la Banque l’État a cependant assuré un n’est pas un phénomène nouveau.
centrale peut facilement risque systémique et accu- Elle exprime simplement l’idée
acheter des titres de dette mulé une dette importante. » qu’une entreprise qui a délocalisé ses
publique, ce qui n’est pas le processus de production pour bénéficier
cas pour les dettes des PME ou des ménages. des écarts de coûts (par unité produite)
Ainsi, la pandémie a mis en avant le rôle essentiel de peut aussi faire machine arrière. Et
l’État comme assureur, pour la santé comme pour les donc revenir produire dans son pays
risques économiques. Cette assurance est pour partie d’origine ou dans des territoires se
« automatique » : en cas de maladie ou de perte d’emploi, trouvant à proximité des marchés qu’elle
l’assurance maladie et l’assurance chômage couvrent dessert. Mais la relocalisation peut aussi
une partie des dommages, tandis que les prélèvements refléter un phénomène plus large de
obligatoires diminuent automatiquement du fait de la baisse reconquête des avantages comparatifs
des revenus. Avec le « quoi qu’il en coûte », l’État a cependant des pays dans certains secteurs grâce à
assuré un risque systémique et accumulé une dette l’innovation technologique de procédés
importante. Par leur épargne, les assurés ont financé (robotisation, par exemple) ou de
les transferts massifs de l’État… vers eux-mêmes. Cependant, produits (nouveaux matériaux textiles,
ils ont prêté mais pas donné. Maintenant commence la par exemple).
délicate question du partage de la facture : baisse des Il faut en fait distinguer deux types
dépenses, hausse des impôts, augmentation des heures d’avantages comparatifs : les avantages
travaillées, il faudra faire des choix difficiles. Il faudra, tout longs et les avantages courts. Un pays,
en veillant à ne pas nuire à court terme au rebond de l’activité, disposant de ressources spécifiques
s’assurer du rétablissement de la capacité de l’État à s’endetter permettant la fabrication d’un groupe
de nouveau, massivement, lors de la prochaine crise. Car nous de produits, dispose d’un avantage long
aurons encore besoin de l’État assureur. • sur ses compétences mais d’avantages
comparatifs courts sur les variétés de
En chiffres
produits issus de ces compétences.
340 30%
Théoriquement, les pays innovateurs
peuvent récupérer des avantages
antérieurement perdus par rapport
Identité visuelle
Coût en millions d’euros par Baisse des effectifs dans aux pays retardataires imitateurs.
Le logotype
heure de blocage pour l’économie l’industrie française de 1989 Dans la lignée des théories néo-
mondiale de l’incident de l’Ever à 2017. Le sous-secteur de la Le logotype est composé d’une symbolique et d’une typographie qui caractéris
technologiques du commerce
constituant un bloc-marque indissociable.
Given, porte-container qui fabrication de textiles et de Il est associé d’une signature ”Mesurer pour comprendre”.
Associée au logotype, celle-ci apparaîtra sur les supports d’information et de c
a provoqué un gigantesque l’industrie de l’habillement, du international, certains modèles
embouteillage sur le canal de Suez, cuir et de la chaussure est le plus
selon la Lloyd’s de Londres. • touché : -76 % entre 1989 et 2017. • de croissance endogène des années
1990 ont pu montrer l’existence
0113
de ces phénomènes de récupération fonction du cycle d’innovation-imitation
des avantages comparatifs. « La relocalisation peut mais l’avantage long sur les compétences
Imaginons deux pays à capacités aussi refléter un phénomène permet des retours des avantages
technologiques différentes représentant plus large de reconquête des comparatifs sur les produits. Le cycle
le Nord développé et le Sud en avantages comparatifs des du produit ne constitue en fait qu’un
rattrapage. Les producteurs du Sud pays […] » moment dans la dynamique d’évolution
peuvent imiter les produits découverts des connaissances technologiques
par le pays du Nord et les producteurs des ressources consacrées à cette issues d’un secteur donné.
du Nord peuvent innover dans la activité et donc la probabilité d’innover. D’où l’existence de deux types
fabrication de ces mêmes produits. Ces va-et-vient potentiels vont à de relocalisations. La première,
Le pays innovateur accomplit ainsi l’encontre de la théorie du cycle du les relocalisations de retour dites
des efforts d’innovation pour récupérer produit de Raymond Vernon, qui « ricardiennes » liées à l’inversion des
la production et donc la rapatrier, suppose une perte définitive du différences de coûts de production
car il possède les compétences initiales pays innovateur sur le produit imité par unité produite entre les pays grâce,
et les activités de R&D. L’activité et délocalisé. Ces récupérations par exemple, à la robotisation par
d’imitation du pays du Sud, parce d’avantages comparatifs s’expliquent exemple. Ces relocalisations ne sont
qu’elle requiert des ressources, est par l’existence d’avantages longs et pas forcément pérennes. La seconde,
donc coûteuse. Ce qui exclut alors cumulatifs des pays innovateurs sur les les relocalisations « schumpetériennes »
l’hypothèse traditionnelle d’une diffusion blocs de compétences ayant permis ou de développement compétitif liées
automatique des connaissances dans l’invention et la production du produit à l’innovation de produits dans les
le monde. Parallèlement, les politiques qui connaîtra ensuite un processus de territoires et autorisant une nouvelle
de subvention à la recherche dans le banalisation par imitation. L’avantage dynamique de croissance. Ces dernières,
pays du Nord augmentent le montant de localisation du produit se modifie en plus pérennes, sont à privilégier. •
Le blog de l’Insee
Pour décrypter
les chiffres
de l’actualité
économique
Présentation powerpoint 3
et sociale
e typographie qui caractérisent son nom
endre”.
pports d’information et de communcation.
blog.insee.fr
JEUX, MANIPULATIONS,
VIDÉOS, EXPÉRIENCES
C
LUDIQUES J
ET INTERACTIVES CM
DÉVOILENT L’ÉCONOMIE
MJ
CJ
ET PÉDAGOGIE. N
citeco.fr
Ce livre retrace En présentant Depuis les
des affaires l’évolution en années 2000,
dont les intri- longue durée des centaines
gues sont à des inégalités de scientifiques
la mesure de entre classes tirent la son-
l’imagination sociales dans nette d’alarme :
la plus auda- les sociétés les activités hu-
cieuse. Vous y humaines, maines, en précipitant l’effondrement
rencontrerez des personnages hors du Thomas Piketty propose une perspec- de la biodiversité, ont créé les condi-
commun, des charmeurs et des char- tive nouvelle sur l’histoire de l’égalité. tions d’une « épidémie de pandémies ».
meuses totalement dénués de scrupule Il s’appuie sur une conviction forte for- Mobilisant de nombreux travaux et des
et d’empathie. L’histoire des arnaques est gée au fil de ses recherches : la marche entretiens inédits avec plus de soixante
aussi celle de l’économie : on n’escroque vers l’égalité est un combat qui vient chercheurs du monde entier, ce livre
pas de la même manière à l’heure de la de loin, et qui ne demande qu’à se nous invite à réfléchir aux bifurcations
dérégulation financière et des paradis poursuivre au XXIe siècle, pour peu que qui nous permettront de réconcilier
fiscaux qu’au temps où l’héritage était l’on s’y mette toutes et tous. • l’économique et le vivant. •
la principale source de richesses ! • Thomas Piketty, Une brève histoire de l’égalité, Marie-Monique Robin, La fabrique des
Christian Chavagneux, Les Plus belles histoires Seuil, 2021, 368 pages. pandémies, Préserver la biodiversité, un
de l’escroquerie, du collier de la reine à l’affaire ISBN : 9782021485974 impératif pour la santé planétaire,
Madoff, Seuil, 2020, 384 pages. La Découverte, 2021, 343 pages.
ISBN : 9782021425499 ISBN : 9782348055089
cl és !
Déconstruisez D es ch i f f r e s
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grâce à Insee Mobile.
J
CM
MJ
CJ
En ligne
Comment
fonctionne
le réchauf-
fement
climatique ?
Qu’est-ce
que la taxe
carbone ? S’appuyant sur les travaux
du Giec, cette introduction au
changement climatique utilise la BD
pour présenter clairement les mé-
canismes à l’œuvre, les évolutions
possibles dans les décennies à venir Ce blog donne la parole aux experts Ce blog est nourri de contributions
et les pistes d’action. Un livre essen- de la Caisse des Dépôts et à ses de chercheurs de l’Insee qui y
tiel pour comprendre la bifurcation partenaires, sur les thématiques présentent, de manière accessible
en cours ! • de recherche soutenues par la CDC : et attractive, des résultats d’enquêtes
Yoram Bauman et Grady Klein, territoires, cohésions sociales, climat récentes, ou des réponses à des
Le changement climatique en BD, Eyrolles, et environnement, innovation, macro- questions courantes, sur le pouvoir
2015, 206 pages. économie et finance. L’ambition est d’achat, la fiscalité, ou les effets
ISBN : 9782212562446 double : décrypter les grands enjeux, de la pandémie. •
offrir un regard concret et expert sur https://blog.insee.fr/
des solutions qui font leurs preuves. •
https://www.caissedesdepots.fr/blog
Institution autonome, placée auprès du Premier ministre, France Stratégie contribue, par
ses propositions, à l'action publique et éclaire le débat. Elle réalise des études originales sur
les grandes évolutions économiques et sociales, et les enjeux de soutenabilité.
Elle produit également des évaluations de politiques publiques
à la demande du gouvernement. Les résultats de ses
travaux s'adressent aux pouvoirs publics
et aux citoyens.
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