la luciole

N°5 avril - mai 15

Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes

20 pages
FORMATIONS
 Bimestriel édité par le réseau Corabio

TÉMOIGNAGES
RETOURS D’EXPÉRIENCES

Maraîchage PPAM Arboriculture Elevage Agronomie

Viticulture Grandes cultures Apiculture
 Q uinzaine Édito Sommaire
DE LA Passé l’hiver et ses bilans voici le printemps et ses perspectives !
Le mois de mars terminé, la nature se réveille et pour beaucoup d’entre
nous c’est l’occasion de reprendre contact avec la flore et la faune. Le
Point info national p.4
Recueil FNAB
Aides à la bio :
printemps est synonyme de renouveau, de nouveaux objectifs. Comme point d’actualité
DU 5 AU 16 OCTOBRE 2015 par exemple de savoir identifier ses capacités financières et humaines afin Point info Rhône-Alpes p.6
d’optimiser son efficacité dans le travail journalier et donc améliorer son Le réseau des fermes de
gain...son gain de temps ? démonstration Forum
ADABio : Échanger sur les
En effet, comment profiter du meilleur de ce que peut nous apporter une pratiques innovantes des
nature généreuse mais aussi quelques fois hostile et souvent contraignante ? agriculteurs bio
Comment trouver la bonne équation pour équilibrer vie professionnelle et vie Maraîchage p.7
privée ? Les pratiques de l’AB nécessitent une main-d’œuvre conséquente Le paillage plastique :
et indispensable. La simplification des modalités et une baisse des coûts entre éthique, viabilité et
de l’utilisation de la main-d’œuvre agricole sont donc aujourd’hui plus que vivabilité !
nécessaire ! PPAM p.9
Quelle que soit la production, nous pouvons observer avec l’expérience Le safran en Savoie :
engrangée qu’une ferme dite à taille humaine est une des clés de réussite faut-il de vraies barrières ?
pour s’engager sur la bonne voie du gain de temps. Arboriculture p.10
Mode de conduite
Innovations et recherches ont bien entendu amélioré ce point et ce des raisins de table
cinquième numéro de La Luciole ne me fait pas mentir. Il démontre encore en agriculture bio
une fois à travers ses différents articles et thèmes combien l’échange et Viticulture p.12
l’apprentissage sont un atout majeur, à condition de les mettre en pratique Le réveil des sols
sur nos fermes ! Élevage p.14
L’élevage de porcs bio
Du bons sens ! Voilà la première des choses à garder à l’esprit quand on en plein air
veut gagner du temps ou en perdre le moins possible. Du bon sens ! Car Apiculture p.17
n’est ce pas ainsi que nous pourrons assurer sereinement l’installation et/ Lutte contre le varroa
ou la transmission de nos fermes bio ? L’incontournable traitement
hivernal à l’acide oxalique
Grandes cultures p.18
Relever le défi des
grandes cultures en bio
Contacts p.20
Laurent Fort
Éleveur bovin dans l’Ain
Administrateur de l’ADABio

15 jours pour découvrir l’agriculture biologique sur le terrain !
Témoignages d’agriculteurs bio Circuits de commercialisation et marchés
La Luciole est éditée par le réseau Corabio | Directeur de la publication : Ludovic Debrus | Coordination générale : Aurélie Herpe et
Fanny Campas | Maquette : Fanny Campas | Rédaction : Rémi Colomb - Laurent Fort - Arnaud Furet - Anne Hugues - Jean-Michel Navarro - Alice
Odoul - Martin Perrot - David Stephany - Julia Wright
Corabio est la Coordination Rhône-Alpes de l’Agriculture Biologique et fédère les associations Agribiodrôme, Agri Bio Ardèche, ARDAB (Rhône et
Loire) et ADABio (Ain, Isère, Savoie, Haute-Savoie), ainsi que Bio A Pro,
plateforme de producteurs bio du Rhône et de la Loire
Tél : 04 75 61 19 53 - Fax : 04 75 79 17 58 - contact@corabio.org
avec le soutien de :

Démonstration de matériel Techniques de production INEED Rovaltain TGV - BP 11150 Alixan - 26958 Valence Cedex 09
N°ISSN 2426-1955

Organisé
2 par : Avec le soutien de : 3
La Luciole | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°5 Avril - Mai 2015 N°5 Avril - Mai 2015 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | La Luciole
Point info national
Recueil FNAB I Échanges de proximité entre
producteurs bio Plus de 10 000 paysans regroupés
Les échanges directs et de proximité entre polyculteurs et éleveurs bio au sein des territoires renforcent
leur autonomie respective : par un gain agronomique et économique pour le polyculteur, par sécurisation
dans un réseau professionnel
de ses besoins en fourrages et amélioration de la qualité des rations pour l’éleveur.
Comme le réseau Corabio, une douzaine d’associations du réseau FNAB se sont investies sur cette spécialisé en agriculture biologique
question. La FNAB a publié un catalogue des outils du réseau qui recense les bourses d’échange,
dont www.corabio.org/biocoinrhonealpes, ainsi que les formations et les outils d’accompagnement des
producteurs. Ce recueil d’expériences présente les outils disponibles, leurs atouts et limites et rappelle
quelques notions de base sur la réglementation concernant les échanges de matières premières.
1 fédération nationale
INFO + Recueil téléchargeable sur : http://www.fnab.org/images/files/divers/echanges_autonomie_fnab.pdf 12 salariés
Représentation des régions,
négociation politique,
Aides à la bio I Point d’actualité membre d’IFOAM Europe

Dans un contexte de réaménagement
des aides à la bio sur le plan national
et régional, le réseau Corabio a adressé
une lettre ouverte à tous les paysans
bio de Rhône-Alpes afin de faire le point.
En voici une synthèse :
Versement de l’intégralité des aides au
maintien 2014
Suite à la forte mobilisation du réseau
FNAB, le gouvernement a débloqué « une
aide complémentaire » de 14 millions
d’euros pour payer intégralement les
aides au maintien 2014. Le Ministre de
l’agriculture s’est engagé à faire régler
les 25 % manquants dans l’été par
France AgriMer. C’est donc un succès
du réseau des agriculteurs bio et de
leurs partenaires, auquel Corabio et les
Groupements d’Agriculteurs Biologiques
(GAB) ont participé !
Accès à l’aide au maintien pour tous les
producteurs bio de Rhône-Alpes
Les dispositifs de soutien à la
Conversion à l’AB (CAB) et au Maintien
de l’AB (MAB) font partie du deuxième
pilier de la Politique Agricole Commune
(PAC) pour 2015-2020. Ils font l’objet
d’engagements sur 5 ans. Suite à la
mobilisation des GAB et Corabio courant
2014, l’accès à la MAB pour toutes les
fermes bio de Rhône-Alpes de 2015 à
2019 est acquis. Pour 2020, seules les
surfaces contractualisées en MAB à
partir de 2016 pourraient percevoir
l’aide. L’aide CAB est ouverte à toutes
les fermes ayant engagé des parcelles
en conversion en 2014 ou 2015, et
prend la suite des aides SAB-C pour
les parcelles engagées en conversion
préalablement.
Reconduction du crédit d’impôt bio
jusqu’en 2017
Le crédit d’impôt bio est reconduit
jusqu’à l’exercice fiscal 2017 inclus.
Pour 2015, il est donc accessible à tous
les agriculteurs dont au moins 40 % des
recettes 2014 sont issues d’activités
biologiques. La première année de
conversion n’est pas prise en compte.
Le montant maximum est de 2500 € par
exploitation, le cumul avec les aides
PAC spécifiques à l’AB est possible dans
la limite de 4000 € par exploitation
(et par associé pour les GAEC). Ce
dispositif relève des aides de minimis :
une exploitation agricole ne doit pas
percevoir plus de 15 000 € d’aides de
minimis sur 3 années consécutives.
Lors de la déclaration d’impôts, cocher
la case « crédit d’impôt bio » dans
l’imprimé et remplir le formulaire,
disponible sur le site www.corabio.org.
Prise en charge de la totalité des frais
de certification pour les nouveaux bio
Le nouveau dispositif d’aide à la
certification mis en place par la Région
prend en charge l’intégralité des frais
de certification, mais uniquement
pendant les trois premières années
d’engagement en bio. Les producteurs
qui pourront en bénéficier sont donc
les nouveaux installés en bio et ceux en
1ère année de conversion. La demande 70 groupements
d’aide doit être faite auprès de la
Direction Départementale des Territoires
départementaux
(DDT) AVANT l’engagement en bio 170 salariés
auprès d’un organisme certificateur. Les dont 37 en Rhône-Alpes
producteurs qui sont installés en bio
ou en conversion depuis le 1er janvier Porte d’entrée du réseau
2015 pourront demander l’aide à la des paysans bio,
certification cette année. les GAB accompagnent
les producteurs bio, en 24 groupements
Dispositif régional d’aide au matériel conversion ou convention- régionaux
spécifique bio 120 salariés
La Région met en place un dispositif
nels, les professionnels du
d’aide à l’investissement pour le développement de la bio dont 12 en Rhône-Alpes
matériel spécifique bio, auquel seuls et les collectivités à mettre
Coordination de l’action locale,
les producteurs bio sont éligibles. Il en œuvre leur projet en
négociations politiques, représentation
comprend les équipements liés aux faveur du développement
pratiques en agriculture biologique, de l’agriculture bio.
mentionnés dans une liste co-
construite avec le réseau Corabio, ainsi
que l’achat de matériels permettant
d’auto-construire les équipements. Les
modalités restent à définir, l’appel à
projet est prévu courant avril.
Info + dans l’intégralité de la lettre
ouverte aux paysans bio, consultable
sur www.corabio.org/images/News/117_
lettre_ouverte_aux_producteurs_bio_
RA_-_soutien_AB_vf.pdf
Pour plus de précisions sur les aides ou la
réglementation, consultez le GAB de votre
territoire.

4 5
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Point info Rhône-Alpes
Les fermes de démonstration de Rhône-Alpes
Visite d’une ferme de démonstration
En 2015 le réseau regroupera 65 exploitations dont 15 nouvelles FDD d’ici la fin de l’année.
Info + sur le réseau FDD auprès du GAB de votre territoire. Pour avoir une vision d’ensemble du réseau, chaque ferme est pré-
sentée dans le Guide FDD édité fin 2014, ainsi que sur la page dédiée du site internet Corabio : http://www.corabio.org/index.
php/agriculteurs/fermes-de-demonstration
En ligne I un forum
technique bio
Échanger sur les pratiques
innovantes des agriculteurs bio
À l’heure du tout Internet, pourquoi ne
pas profiter des nouvelles technologies
pour développer une plateforme
d’échange virtuelle au sein du réseau
des agriculteurs bio ?
Depuis quelques mois, l’ADABio a mis
en ligne un forum Internet avec pour
objectifs de :
• Favoriser les échanges sur les
techniques bio innovantes ;
• Valoriser la richesse des initiatives
issues des producteurs ;
6 7
Maraîchage
mes d
fer
Le paillage plastique : entre éthique, viabilité et vivabilité !
ed
. L es
émon
Il s’agit d’un réseau de 50 fermes biologiques répar- Témoignage I Adrien Cochet, maraîcher, EARL Les Jardins Épicés à Herbeys (38)
io
ties sur l’ensemble du territoire rhônalpin et repré-
s
b tra
A
ti o n
sentant l’ensemble des filières de production.
Ces fermes sont ouvertes à la visite sur demande, lors que l’utilisation de paillage plastique est controversée en agriculture biologique, cette technique, jugée
afin de permettre une découverte de l’agriculture biologique à divers ac- indispensable dans les premières années d’installation, présente des atouts techniques et économiques pour
la plupart des systèmes maraîchers. Au contraire, Adrien Cochet a commencé sans paillage mais reconsidère la
teurs du monde agricole : agriculteurs bio et en converstion, agriculteurs technique depuis deux ans, il nous explique pourquoi dans son témoignage.
conventionnels, apprenants et formateurs agricoles, techniciens, élus et
décideurs...
«
L’objectif principal du réseau des fermes de démonstration (FDD) est de Quel a été ton cheminement concernant et à une absence totale de concurrence planches de culture et de planter sur des
montrer en quoi l’agriculture biologique est un mode de production durable, l’utilisation de paillage plastique ? avec les adventices. fenêtres météo très courtes. De plus les
que ce soit au niveau économique, social ou environnemental. interventions de faux semis sont réduites,
Il permet également de valoriser des expériences d’agriculture biologique Avant mon installation, j’ai travaillé Simplicité et gain de temps : Au-delà les préparations du sol peuvent être
et de favoriser la mise en réseau entre producteurs. sur une exploitation qui n’utilisait aucun de la gestion de l’enherbement, un faites juste avant la plantation et je peux
Avec le soutien de Corabio, les agriculteurs reçoivent une indemnité pour ce paillage plastique : cela fonctionnait et grand avantage du paillage plastique retarder la destruction d’engrais vert car
temps d’accueil et de sensibilisation de publics à l’agriculture biologique. répondait à mon éthique. Durant mes est d’anticiper la préparation des le bâchage accélère sa dégradation après
Chaque année, plus de 1 500 visiteurs sont accueillis sur ces exploitations. cinq premières années d’installation, j’ai
donc fait l’impasse sur cette technique
en investissant dans du bon matériel
de désherbage mécanique. Les résultats
étaient corrects mais le désherbage
manuel occupait plus de 50 % du temps
de travail de mai à juillet.
L’évolution des vies personnelles des
associés et des échanges avec des
maraîchers utilisant plus ou moins des
paillages m’ont fait reconsidérer la
question, et ce d’autant plus que nous
voulions passer de six à quatre jours et
demi de travail hebdomadaire.
C’est pourquoi, il y a deux ans, j’ai
commencé à pailler certaines cultures
longues avec de la toile hors-sol. À la
septième saison le paillage plastique a
presque été généralisé, notamment sur
les cultures de printemps et d’automne
qui sont plus difficiles à gérer. Les cultures
et les allées sont paillées lorsqu’elles
«
sont sous abris. L’année dernière j’ai
• Créer des ponts entre les différentes variétés, la gestion de l’enherbement, la
encore biné en plein champ les poireaux,
filières ; conduite du troupeau…) et les rubriques
choux, céleris raves, betteraves, salades,
• Diffuser à un plus grand nombre le transversales sur les aides bio, le sol,
carottes, panais, mais cette année les
conseil apporté individuellement. l’agriculture de conservation… salades seront également paillées.
Afin de multiplier les échanges et Bonne navigation !
d’augmenter l’efficience des conseils au Quelle analyse peux-tu faire suite à
l’introduction de paillage plastique ?
sein du réseau bio, chaque agriculteur Info + Découvrez le forum sur
peut poster des messages sur ses http://forum.adabio.com/
Gain de rendements : J’ai amélioré les
interrogations et/ou solutions dans les
rendements d’environ 30 % sur mes
rubriques concernées : actualités, petites
oignons et échalotes et leurs calibres sont
annonces, rubriques techniques par
plus importants. Ceci peut être dû à un
filière de production (questions sur les réchauffement du sol plus précoce, à un Pommes de terre nouvelles plantées le même jour sur paillage plastique et sur sol nu :
développement racinaire plus important très nette différence de précocité
La Luciole | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°5 Avril - Mai 2015 N°5 Avril - Mai 2015 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | La Luciole
Maraîchage
broyage. Il permet aussi un fort gain de
temps par rapport au désherbage sur les
cultures de printemps couvertes d’un
voile thermique : plus besoin d’intervenir
sous le voile, les cultures restent propres.
Je gagne presque deux heures de travail
par planche de cinquante mètres !
Les limites : La pose manuelle de
paillage plastique par planche est très
chronophage, d’où mon investissement
dans une démarche d’autoconstruction
avec l’Atelier Paysan pour la conception
d’une dérouleuse adaptée (cf encadré ci-
contre).
D’autre part, le retrait des paillages sur les
cultures longues est très difficile à cause
du tassement et de l’enherbement des
allées. Ainsi, je retire le paillage dès la fin
de culture.
L’éthique : Aujourd’hui je relativise car
les passages répétés d’outils engendrent
autant d’utilisation de pétrole que
l’utilisation de paillage plastique. Il y a
moins d’érosion et de lessivage lorsque le
sol est couvert et les racines explorent un
volume de sol plus important.
Les alternatives : J’ai testé plusieurs
alternatives au paillage plastique. Tout
d’abord la paille, qui a été un échec
en termes de désherbage : les vivaces
poussaient à travers et la paille contenait
des graines d’adventices. Puis, la
technique du BRF qui est chronophage et
nécessite beaucoup de matière première.
Je n’ai pas testé le paillage biodégradable
car des fragments de plastique
s’accumulent dans les sols et que sa
fabrication nécessite l’utilisation d’amidon
issu de culture intensive de maïs (parfois
OGM).
Je vois plus d’avenir dans les semis sous-
couverts avec des équipements et des
couverts adaptés.
Ainsi le paillage est bien une alternative
pour concilier revenu et qualité de vie.
Article rédigé et propos recueillis
par Rémi Colomb, ADABio
8 9
Test au champ de la version 2.0 de la dérouleuse open source par Adrien Cochet
dans le cadre d’une conception d’outils participative à l’Atelier Paysan
L’Atelier Paysan I Conception
participative d’outils agricoles
libres : l’exemple de la dérouleuse
Un outil est vivant. Il se nourrit de
la diversité des expériences et des
pratiques des agriculteurs. C’est tout
l’intérêt d’une démarche d’innovation
en groupe. Chaque ferme a son
contexte et système particulier. Cela
pousse à innover en permanence, à
pratiquer une agronomie participative
faite d’échanges, de transferts de
compétences et de savoir-faire entre
producteurs, d’ouverture d’esprit et de
tranches de vie collective.
C’est dans cet esprit qu’Adrien Cochet
a participé à la conception d’une
dérouleuse open-source avec l’Atelier
Paysan.
Parcours de développement d’une
dérouleuse open source
Il aura fallu 18 mois pour passer de l’idée
d’une dérouleuse de paillages open
source - une dérouleuse fonctionnelle
à un prix abordable et techniquement
accessible pour que le maximum
de maraîchers puisse en profiter – à
l’aboutissement d’une version « finale »
de l’outil.
Le tout en passant par une
mise en dessins techniques, le
La Luciole | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°5 Avril - Mai 2015
prototypage intégral à la ferme, puis
à l’expérimentation critique de trois
versions successives, en collaboration
avec plusieurs agriculteurs. Les plans
finaux de la dérouleuse ont ainsi été
diffusés librement à l’automne 2014.
Puis c’est en janvier 2015 qu’a eu lieu
l’un des aboutissements du projet,
avec la formation à l’autoconstruction
où ce sont 7 dérouleuses qui ont
été reproduites, puis réparties sur 5
départements sur les exploitations des
participants. Trois autres exemplaires
sont en cours de construction avec un
accompagnement à distance.
Autant de retours qui viendront
progressivement enrichir les
fonctionnalités et potentiels de l’outil,
en toutes conditions.
INFO + Pour consulter les plans, vous
inspirer ou en faire une reproduction
conforme : http://www.latelierpaysan.org/
IMG/pdf/plans_derouleuse_v2.2.pdf
Et pour réagir, faire connaître votre
expérience, vos modifications sur ce
sujet : http://forum.latelierpaysan.org/
viewtopic.php?f=155&t=2758&p=3693&hili
t=derouleuse#p3693
L’Atelier Paysan accompagne les
agriculteurs dans l’acquisition des
compétences de l’autoconstruction et
la création d’outils agricoles : http://
www.latelierpaysan.org/ ou http://forum.
latelierpaysan.org/
Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales PPAM
Le safran en Savoie I Faut-il de vraies barrières ?
L
a culture du safran était très répandue en Savoie jusqu’à la fin du 19ème siècle. Suite à « l’industrialisation » de
l’agriculture, sa culture a disparu du département. On assiste aujourd’hui à un renouveau de cette production,
au point d’inquiéter les spécialistes des filières départementales qui voudraient instaurer une « barrière » aux
installations.
Il semble pourtant qu’il n’y ait pas pour l’instant de problème de vente en circuits courts pour le safran de qualité,
surtout lorsqu’il rentre dans la composition de différentes préparations culinaires ou de boissons.
C’est le cas pour l’exploitation « Le safran des anges », située dans le parc naturel régional des Bauges à 850 mètres
d’altitude, pour qui les seules barrières à installer dans les cultures de safran sont celles destinées au campagnol
terrestre et au sanglier, les ravageurs les plus problématiques de cette production.
Frédéric Brethe et Magali Désir cultivent l’installation d’une clôture électrique n’a de la clôture, un piégeage massif a été
depuis 2010 une safranière de 1500 m2 pas demandé trop de travail. Cependant effectué à l’aide de « Topcat » ou de
certifiée bio et classée en «CATEGORIE 1» pour freiner les déplacements du « Supercat » (moins cher).
(safran de première qualité). Les campagnol terrestre, qui peut parfois Des seaux remplis d’eau ont été
bulbes sont arrachés et replantés tous grimper à la surface, un grillage soudé à enterrés à l’extérieur de la parcelle,
les 4/5 ans afin de laisser reposer la maille fine a été installé tout autour de tout au long du grillage, pour que le
parcelle. Cette dernière sera semée en la parcelle qu’il a fallu enterrer sur 50 campagnol, lors de ses migrations
prairie. cm de profondeur et faire dépasser du aériennes, tombe dedans et s’y noie
sol sur une hauteur de 50 cm. Le haut (attention cependant aux musaraignes,
En 2012, Frédéric et Magali ont dû du grillage n’a pas été recourbé vers hérissons et hermines !). En Suisse,
replanter une parcelle qui a été dévorée l’extérieur comme cela est préconisé en c’est la pose de pièges plus sélectifs de
par les campagnols. Afin d’assurer sa Suisse. Une petite porte a été aménagée type « nasses » à couvercle amovible
protection contre ce rongeur souterrain pour le passage du matériel. que les renards peuvent soulever pour
et contre les sangliers, la parcelle a été Afin d’éliminer les campagnols manger le campagnol piégé qui est
doublement clôturée. présents dans la parcelle avant la pose préconisée.
Pour lutter contre les sangliers,
Frédéric constate que depuis
l’installation de cette barrière à
campagnol, la safranière ne subit plus
que quelques dégâts supportables de
campagnols, et que même sous un
épais manteau de neige le rongeur n’a
pas colonisé la parcelle comme cela se
produit habituellement en hiver.
En zone fortement infestée par le
campagnol, comme les zones de
prairies permanentes, cette barrière
permet donc de cultiver le safran sans
grands dommages.
Article rédigé et propos recueillis par
Jean-Michel Navarro, ADABio
Exploitation Le safran des anges
N°5 Avril - Mai 2015 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | La Luciole
 Arboriculture Arboriculture
Mode de conduite des raisins de table en agriculture bio sur deux fils distincts (à deux hauteurs
différentes) ou perpendiculaires aux fils.
et moins onéreuse à mettre en place.
Ce modèle n’est pas expérimenté à la
les fils porteurs.] Il est nécessaire de
l’attacher pour lui donner le bon sens

P
Selon les premiers essais, il semblerait station de la Tapy. et il nous faut ensuite ébourgeonner
roduire du raisin de table en agriculture biologique, tel était l’objectif de la formation organisée par le réseau que la meilleure configuration soit une Marc Isnard, producteur à Mazan toute la partie centrale située entre
Corabio en ce début d’année. C’est dans ce contexte qu’ont été visitées deux exploitations : Anne et Pierre- taille guyot à 3 baguettes (en alternant (84) l’a néanmoins essayé sur son les deux fils porteurs écartés de 20 cm
André Déplaude à Tartaras (42), vignerons produisant quelques mètres de raisin de table parmi 5,5 ha de vignes une année sur l’autre, le côté à deux exploitation. « Nous sommes allés pour aérer et faire un semblant de puits
conduite en biodynamie dans les coteaux du Giers, et Hervé Couzon, arboriculteur sur la commune de Cellieu (42) baguettes). Ce mode de conduite visiter les producteurs de Moissac de lumière.
avec une partie diversification en raisin de table. serait cependant plus coûteux à mettre et cela m’a donné envie de tester ce Hormis cette mise en place un peu
en place, 10 720 € /ha pour le gable mode de conduite afin de réduire les technique, je pense que l’on gagne
contre 9 120 € /ha pour la lyre, et coûts et simplifier le travail. Je l’ai testé ensuite en intervention. Il nous suffit
Si les Déplaude conduisent leurs d’exploitation. En revanche le mode de le temps d’intervention au kg de plus gourmand en temps avec 370h/ha sur différents cépages : chasselas, juste d’écimer lorsque la végétation
raisins de table de la même façon que taille est prépondérant sur la réussite raisin récolté. Pour un atelier en contre 235h/ha pour la lyre. En revanche centennial, cardinal, ora. Sur les approche des 40 cm du sol afin de
leurs vignes de cuve, en plan vertical, de telle ou telle variété. « Pour du diversification, ce sont donc les capacités sur centennial, on peut obtenir du 30 modèles traditionnels, on installe le maintenir une bonne ventilation. »
Hervé Couzon les conduit lui en lyre. centennial, l’on passe facilement de 0 d’investissement qui guideront le choix t/ha de très bonne qualité avec une pied de vigne en bas et on demande à Néanmoins, Marc constate qu’il est
De part cette première approche, des t/ha pour une taille en cordon de Royat, du mode de conduite. récolte facilitée. Il reste à affiner les la végétation fructifère de monter. Pour parfois difficile de bien guider les
différences flagrantes peuvent être à 20 à 25 t/ha, en taille guyot, en lyre » études afin de mieux évaluer ce mode le T Bord c’est l’inverse : on monte le sarments en début de saison avec les
observées sur ces deux modes de En comparant ces deux types de mode De nouveaux modes de conduite : de conduite. cep et la végétation s’installe d’elle- vents forts changeant dans leur région,
conduite : la taille est beaucoup plus de conduite, afin d’être rentable, il le Gable et le T Bord Quelques interrogations demeurent… même en port retombant. notamment le mistral. Un autre point
rapide chez Hervé que chez Anne et faut que la lyre produise 1,5 fois la Quelle tenue au vent ? Pour Bruno Les grappes s’installent quasiment délicat est l’impact fort de la grêle
Pierre-André Déplaude. Cela vient du production du plan vertical. En effet, un Le Gable, ou semi pergola, est Bourrié, ce mode de conduite, ainsi que seules sur le plan horizontal entre les sur les raisins, ceux-ci étant moins
fait qu’Hervé choisira ses porteurs de plan vertical aura un coût de plantation expérimenté sur le domaine la Tapy. le T Bord ne sont pas adaptés au secteur deux pans de végétations verticaux protégés par le feuillage dans ce mode
grappes en pleine saison, grâce à des de 5 700 € contre 8 700 € pour la lyre Dans ce mode de conduite, le plan vauclusien soumis au mistral, les retombants. Je teste ce mode de de conduite. Dans le Sud-Ouest, tous
travaux en vert plus importants que et un coût de main d’œuvre de 6 000 € de palissage est monté à 1,30 m du grappes étant par ce mode de conduite conduite depuis 3 ans uniquement et les producteurs sont équipés de filets
pour les vignes conduites en treille. contre 8 400 €. En prenant les récoltes sol puis ensuite en V comme sur une trop soumises au frottement qui peut manque donc de recul pour en tirer paragrêle.
Pour ces deux cas, on note que le moyennes de 9 t/ha et 14 t/ha (chiffres lyre, le premier fil étant à 1,50 m et déprécier les raisins. Quelle durée de tous les avantages et inconvénients.
choix du mode de conduite est lié Vaucluse pour le plan vertical et la lyre) le dernier à 2 m. L’angle étant plus vigne et donc quel amortissement si La structure et très simple à monter Article rédigé et propos recueillis par
à l’implantation topographique et et un amortissement sur 20 ans, l’on important que pour la lyre, on gagne le l’on produit beaucoup plus par cep ? (contrairement au Lyre ou Gable). Arnaud Furet, ADABio
aux contraintes de la ferme. Chez les aboutit à un avantage de la lyre avec fait d’avoir des grappes pendantes dans Est-ce adapté aux variétés colorées ? La Ce mode de conduite demande des
Déplaude, déjà vignerons, il est évident un coût de 726,35 € par tonne produite le vide, bien aérées, plus facilement surcharge entrainant des problèmes de cépages vigoureux mais moins que
qu’une conduite semblable entre raisin contre 817,4 € par tonne produite pour protégées des attaques de maladies coloration des raisins. le gable. La problématique est plus INFO + sur le raisin de table, contactez
de table et raisin de cuve est un gain le plan vertical. (et une application de protection Le T Bord, développé dans le Sud-Ouest dans la taille et l’installation de deux Emmanuelle Filleron à la station
de temps. En revanche, chez Hervé, Dans l’ensemble, la lyre permet phytosanitaire facilitée). Dans le cas par les producteurs de Chasselas de baguettes sur les deux fils porteurs à expérimentale La Tapy à Carpentras.
la vigne étant plantée en dévers sur d’optimiser le rendement à la surface observé en formation, du centennial Moissac, part aussi du principe de 20 cm du centre. [ À l’origine, le premier Pour le T Bord : contacter le syndicat
un coteau exposé plein sud, la lyre et la précocité de récolte, d’avoir un conduit en guyot à 2, 3 ou 4 baguettes, pergola et des sarments retombants. dispositif partait sur une baguette AOC Chasselas de Moissac.
lui permet d’augmenter la hauteur de meilleur état sanitaire et de réduire les baguettes ont été positionnées soit La structure est néanmoins plus simple centrale et la végétation répartie sur
palissage et d’avoir deux hauteurs de
récolte (et de travail en règle générale) :
«basse en amont, pour les petits comme
ma femme, et haute à l’aval, pour les
grands comme moi » précise-t-il.

Les modes de conduites

traditionnels : la treille ou plan
vertical et la lyre
Également dans le cadre de la
formation, une visite à la Tapy, station
expérimentale spécialisée dans le
raisin de table située à Carpentras (84)
a permis de revenir sur ces différents
modes de conduite. Bruno Bourrié,
agronome, ex directeur de la Tapy,
est revenu sur les différents modes
de conduite avec leurs avantages et
inconvénients tout en faisant noter
aux stagiaires que, selon les variétés
choisies, le mode de conduite importe
peu mais est d’avantage une stratégie Treille royat chez Marc Isnard Lyre royat chez Marc Isnard Gable guyot à La Tapy T Bord en AOC Moissac © M. Isnard T Bord en double Goyto chez Marc Isnard

10 11
La Luciole | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°5 Avril - Mai 2015 N°5 Avril - Mai 2015 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | La Luciole
 Viticulture
Le réveil des sols
Témoignage I Jean-Christophe Pellerin, ferme de démonstration viticulture à
Saint-Sorlin en Bugey (01) en biodynamie
À
la sortie de l’hiver, le sol se
réveille. Le vigneron peut
apporter des petits coups de
pouce pour favoriser une bonne
mise en route de la végétation.
« C’est quand le sol se réchauffe qu’il
faut commencer à mettre des choses en
place », nous explique Jean-Christophe
Pellerin. Le plus souvent entre 12 et
15°C. « De façon pragmatique, sur le
terrain, c’est lorsque l’on commence
à voir que cela verdit, soit entre le 15
mars et le 15 avril. En début de saison,
j’ai aussi pour habitude d’apporter de
la poudre de basalte qui a mon sens
est restructurante et « rajeunit » les
sols. J’en apporte 500 kg/ha. Du fait de
sa richesse en magnésie et en silice,
cet apport doit être bénéfique pour la
vigne. C’est aussi le moment d’enfouir
les engrais verts semés à l’automne ».
À cette période reprend aussi le travail
du sol, dont nous avons parlé dans le
Jean-Christophe applique la 500
12
dernier numéro. « Selon les sols, l’on
partira sur un labour ou un simple
griffage superficiel » précise Jean-
Christophe. « Ensuite, j’applique mes
préparats biodynamiques (cf encadré
ci-contre) : bouse de corne 500 ou 500
P (bouse avec autres préparats).
Si le travail est superficiel, il est
possible d’effectuer le travail du sol
et l’application des préparats dans un
ordre ou l’autre. Si l’on effectue un
labour, il vaut mieux commencer par
celui-ci et la biodynamie ensuite.
Maintenant que mes sols sont
fonctionnels, je privilégie la 500 (bouse
de corne) à la 500 P qui est plus puissante
avec une activité sur la biodégradation,
notamment sur les bois de taille. Je
conseillerais plutôt la 500 P à quelqu’un
qui n’a encore jamais appliqué de
préparats. Au niveau de l’application,
j’essaie de me positionner en lune
descendante. Si cela concorde avec une
La Luciole | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°5 Avril - Mai 2015
lune décroissante, c’est encore mieux.
Sur un calendrier lunaire, il faut se
situer dans une période favorable aux
plantations, à la taille, si possible en
jour racine. J’applique l’après-midi sur
un sol légèrement humide. Finalement
pour activer l’activité microbienne,
c’est assez simple : il faut de l’air et de
l’eau. Après on ne fait qu’aider. »
En dehors de la biodynamie, il existe
d’autres techniques intéressantes pour
activer la vie du sol en sortie d’hiver.
Un thé de compost peut être appliqué
dans les mêmes conditions que les
préparations. Les purins de plantes,
ortie et consoude peuvent aussi donner
un coup de pouce au démarrage. L’ortie
va apporter de l’azote facilement
assimilable qui va booster les micro-
organismes du sol, alors que la consoude
a une action plus restructurante des
sols avec notamment de la potasse
assimilable qui fait parfois défaut à
certains cépages.
Les préparats
biodynamiques
La 500 ou bouse de corne
Pendant la période hivernale, on fait
fermenter en terre de la bouse de vache
introduite dans des cornes de vaches.
On n’utilisera que les préparats bien
métamorphosés. Les bouses doivent
être humides, de nature colloïdale,
de couleur brun noir, sans odeur ou
avec une légère odeur humique de
sous-bois. Les préparations qui ont
amorcé un processus de dessèchement
ou au contraire de moisissure ou de
putréfaction ne donnent pas de bons
résultats.
N°5 Avril - Mai 2015 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | La Luciole
Article rédigé et propos recueillis
par Arnaud Furet, ADABio,
relecture par Luc Bauer, ARDAB
Cette préparation, quand elle est
bien élaborée, bien conservée et
bien appliquée, occupe une place
primordiale, car elle s’adresse au sol
et aux racines des plantes. Elle est un
puissant édificateur de la structure du
sol, favorise l’activité microbienne et la
formation d’humus, régule le pH du sol
en accroissant celui des sols acides et
en atténuant celui des sols alcalins. Elle
stimule la germination des graines, la
croissance générale du système racinaire
et particulièrement son développement
vertical vers la profondeur. Elle accroît
le développement des légumineuses et
la formation de leurs nodosités. Enfin
elle aide à la dissolution des formations
minérales dans les sols, même en
profondeur (alios), et peut aider à lutter
Viticulture
Préparation du thé de compost
Prendre 10L de vieux compost le mettre dans 100L d’eau, pomper pendant 24h
en oxygénant. Pour ce faire, Jean-Christophe, utilise un vide cave. Il faut donner
une amorce aux bactéries : 30 ml de mélasse verte bio ou une bonne poignée de
céréales broyées ou du sucre, du miel ou de la pulpe de fruit. Jean-Christophe
a testé la préparation avec la céréale. On l’épand ensuite au sol, ou en foliaire
en cours de végétation (tôt en saison sinon risque de favoriser les maladies
cryptogamiques).
Sur d’autres cultures le thé de compost peut aussi être utilisé en enrobage de
semence. On le dilue dans de l’eau entre 25L à 100L de thé pour 100L d’eau/ha.
photo 1 : début de la préparation du thé de compost
photo 2 : fin de la préparation
Brassage de la 500
Vortex
contre les phénomènes de salinisation. chêne, 506 : pissenlit, 507 : valériane.
On utilise 100g de préparation 500 dans Cette préparation serait aussi efficace
30 à 35 L d’eau minimum par /ha. Pour en un passage que 3 passages avec
faciliter la dynamisation, il faut un compost de bouse et bouse de corne.
volume d’eau relativement suffisant.
Dynamisation de l’eau
La 500 P ou bouse de corne préparée
On brasse l’eau avec la préparation
Réalisée et expérimentée au départ par choisie pendant une heure. On tourne
Alex Podolinski en Australie, la bouse dans un sens jusqu’à création d’un
de corne préparée (500 P) est de la vortex, puis on crée un chaos, en
bouse de corne (500) dans laquelle changeant brutalement de sens jusqu’à
les six préparations habituellement un nouveau vortex et ainsi de suite.
destinées au compost ont été ajoutées Idéalement dans un récipient en cuivre
selon un procédé particulier. 502 : ou en bois. Jean Christophe utilise des
achillée millefeuille, 503 : camomille cuves en fibre avec de bons résultats.
matricaire, 504 : ortie, 505 : écorce de
13
 Élevage Élevage
L’élevage de porcs en plein air
Témoignage Hugues et Jennifer Moly,
éleveurs à Saint-Baudille-de la-Tour (38)

L
’élevage de porcs en plein air a des spécificités concernant l’alimentation,
le naissage et l’élevage des jeunes. Par ailleurs on n’imagine pas toujours
que cette espèce a une réelle capacité à valoriser les fourrages - qui peuvent
représenter 15 à 20 % de leur ration. Hugues et Jennifer Moly nous font
partager leur expérience sur ces différents aspects, avec une approche originale
de la gestion du pâturage de leurs troupeaux.

Hugues et Jennifer Moly élèvent des
porcins et des bovins allaitants :
20 truies reproductrices, 2 verrats,
400 porcelets par an (dont 180 sont
engraissés sur la ferme) et 25 vaches
allaitantes et leur suite (chaque femelle
fait au moins 1 veau et les mâles castrés
sont engraissés jusqu’à 36 mois). Avec
25 ha de céréales et 110 ha de prairies,
la ferme est autonome en fourrage et à
50 % en alimentation.
La gestion des parcs et des lots
Hugues nous explique son système de
pâturage : « J’ai trois types de parcs :
des parcs de naissage où les porcelets
passent 2 mois avec les truies, des
parcs d’engraissement où les porcs
passent 4 mois et un parc d’attente où
je les prélève petit à petit en fonction
de la demande (cf figure 1).
Il y a un intérêt à maintenir des
couverts végétaux de qualité dans
les parcs des porcins. Cela demande
d’avoir une rotation adaptée : un temps
de présence des porcins, un temps de
repousse et un temps de pâturage de
bovins en fonction de l’herbe. Il arrive
aussi que je fasse pâturer porcins et
bovins en même temps sur une même
parcelle. La cohabitation ne pose pas
de problème (figure 2).
Au niveau du chargement instantané,
je mets 2 à 3 bandes de 10 porcs sur
des parcs d’engraissement de 1 ha,
pendant 4 mois. La condition étant que
les terres se reposent ensuite. Les 20
truies tournent sur 4 ha : 2 000 m2/truie pourrait penser. Lorsque j’ai introduit d’éliminer les rumex et autres vivaces, • pour limiter la pression parasitaire, truies allaitantes, un à 17 % de MAT
et surface totale, avec environ 1 000 l’élevage de porcs sur ma ferme, dont les cochons mangent les racines. un parc peut recevoir des cochons pour l’engraissement et un à 14-15 %
m2/truie de chargement instantané. j’ai pu garder le même nombre de deux années de suite à condition de MAT pour les gestantes. Les aliments
Pour avoir une bonne gestion pastorale, vaches allaitantes. Ils améliorent la Si en 2014, j’ai réussi à maintenir la qu’ils n’y pâturent pas en sont fabriqués avec les céréales de la
il faudrait qu’elles tournent sur 6 ha productivité des prairies et des céréales production de fourrages pour mes permanence, ferme ou des céréales achetées à la
(3 000 m2/truie), toujours avec un en les retournant et les fertilisant. Je vaches et à rester assez autonome, j’ai • après ces deux années de pâturage récolte : triticale-pois, féverole, orge,
chargement instantané de 1 000 m2/ réalise 30 % de journées de pâturage un peu délaissé la gestion des prairies sur une même parcelle, il faut la blé, graines de soja, et des tourteaux
truie, cela permettrait de régénérer de plus sur les prairies où sont les et fait quelques erreurs. Je peux vous mettre en culture ou en prairie (8 % de l’aliment). Le maïs n’est pas
davantage les prairies. Sans oublier porcs. J’ai fait l’essai d’implanter un citer par exemple : élever une bande pendant au minimum 2 ans et utilisé pour alimenter les porcs car il
que suivant le potentiel des sols et méteil (triticale-pois) sur une parcelle de cochettes pendant un an sur la idéalement au moins 4 ans. Cela dégrade trop l’autonomie en protéines
le couvert, le besoin en surface peut qui n’avait été pâturée qu’à moitié par même parcelle, faire pâturer les truies veut dire que les parcs à cochons de la ferme.
varier. » (cf figure 2) les cochons. La partie qui n’avait pas dans des parcs pas assez enherbés, doivent être intégrés à la rotation
eu de cochons a fait 20 q/ha alors que et enfin ne pas avoir changé de parcs et changer de place régulièrement Au printemps, lorsqu’il y a une bonne
Quels sont les avantages de ce système ? la seconde, pâturée, a obtenu 40 q/ d’engraissement depuis plusieurs (cf figure 3). pousse d’herbe, la consommation de
ha. J’estime qu’une année de pâture années. Mais la nature est là pour • pour maintenir la prairie en état, les céréales des truies et des porcs diminue
« L’élevage des porcs a un effet positif par les cochons équivaut en termes de nous rappeler les fondamentaux ! porcs doivent pâturer de manière de 30 % (elle passe de 3 kg à 2 kg par
sur la productivité de mes prairies et restitution à un précédent de 2 ans de Cette mauvaise gestion a fait monter discontinue, mais il faut aussi jour). L’hiver, les truies ont du foin
cultures, contrairement à ce que l’on luzerne. Enfin, c’est un excellent moyen la pression parasitaire, mes porcs ont alterner la période de pâturage en plus. Elles consomment une balle
attrapé des ascaris, et la production d’une année sur l’autre. Sinon on ronde de 200 kg toutes les semaines,
Figure 1 : Les trois types de parcs où pâturent les porcs de porcelets a rapidement baissé. J’ai sélectionne la flore et la prairie se soit 1,5 kg/truie/jour, elles continuent à
dû déparasiter tout le cheptel. Cela me dégrade très vite. valoriser du ligneux.
confirme qu’il est important est de se
concentrer sur la pousse de l’herbe, la L’alimentation Le naissage et l’élevage des porcelets
rotation et le maintien des prairies en
état. Les truies et les verrats mangent au J’ai des niches de 2m20 x 1m90 et de
cornadis, il y a des barrières entre chaque 1m50 de haut, qui ont une base plus
Figure 2 : La gestion d’un parc d’engraissement
Les bandes restent quatre mois à l’engraissement. Sur une même parcelle, les porcs ne sont
Aujourd’hui, j’adapte donc mes rotations animal pour éviter toute concurrence. large que le toit. Ainsi les parois sont
présents que la moitié du temps et la prairie est « pâturée » par les porcs à des moments et ma technique de pâturage. Je pense Les cornadis sont montés sur un chariot obliques ce qui permet aux porcelets
différents d’une année sur l’autre, ce qui permet de maintenir l’enherbement. que les principaux critères à prendre mobile pour faciliter les rotations. Je de s’échapper lorsque la truie se
en compte pour gérer la rotation et les fais trois aliments différents : un à 18- couche. Les niches sont simples, bien
Surface : 1 ha pour environ 30 porcs prairies sont les suivants : 19 % de MAT pour les porcelets et les isolées, et c’est un modèle que l’on
peut facilement construire soi-même.
Lors des mises-bas, moins j’interviens
Figure 3 : la place des parcs à cochons dans la rotation chez Hugues Moly (rotation mise en
place en 2015) mieux cela se passe. Je ne rentre jamais
dans les cabanes car cela stresse la
truie, elle bouge, et risque d’écraser
des porcelets. Je paille beaucoup afin
que la truie fasse un nid et pour limiter
risque d’écrasement. La sélection des
mères est également très importante

14 15
La Luciole | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°5 Avril - Mai 2015 N°5 Avril - Mai 2015 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | La Luciole
 Élevage
pour éviter les pertes : certaines
rassemblent leurs porcelets devant
elles avant de se coucher, elles n’en
écrasent pas, alors que d’autres sont
bien moins maternelles et ne prennent
pas ces précautions.
Avant, quand je castrais les porcelets,
je le faisais toujours loin des mères
car elles ne doivent pas entendre leurs
Alimentation
On peut noter que d’autres stratégies sont possibles pour les aliments
(figure 4) :
• un aliment 18 % de MAT pour les porcelets et les porcs en croissance
• Un aliment 15,5 % de MAT pour les truies en lactation et les porcs en
finition
• Un aliment 14 % de MAT pour les truies en gestation
Figure 4 : Plages de variations possibles des caractéristiques nutritionnelles des
aliments1.
16
petits. Maintenant je ne castre plus, et
je vends donc mes porcs plus jeunes
(à 90 kg de carcasse). Je conseille à
Point réglementation
l’abattoir de retirer les testicules juste
après l’abatage et je n’ai quasiment
La mise à disposition de fourrages
frais, secs ou ensilés est obligatoire
pas de problème de déclassement. en élevage de monogastriques.
L’intérêt est de permettre aux
porcins qui sont rationnés
Je ne mélange jamais des bandes
de porcelets qui n’ont pas grandi
d’atteindre la satiété et de limiter les
comportements agressifs.
ensemble afin d’éviter qu’ils se battent.
Lorsque tout se passe bien, entre 18
et 20 porcelets sont sevrés par truie
et par an (deux portées de 9 ou 10).
Pour augmenter ce nombre, je me
rends compte que je dois renouveler
régulièrement mon cheptel de truies
: au-delà de 3 ans la prolificité baisse
trop. Avec le cahier des charges de
l’agriculture biologique je ne peux
introduire que 4 coches conventionnelles
par an (20 % de mon cheptel), or
j’aurais besoin d’en introduire 6 à 7
pour maintenir un cheptel plus jeune.
Je réfléchis donc actuellement à élever
des cochettes pour la reproduction.
La gestion de la santé
Chez moi c’est assez simple, lorsque
mes porcs rencontrent des problèmes
de santé, je leur fais une cure de
chlorure de magnésium. Je mets 2 g/
litre dans leur eau de boisson pendant
une semaine. Mon lot qui semblait en
mauvaise santé a ainsi récupéré une
peau parfaitement rose et souple et une
bonne vigueur. Je ne rencontre pas de
pathologies avec l’élevage en plein air,
si ce n’est l’infestation parasitaire citée
précédemment. Mais avec la nouvelle
rotation cela ne devrait plus arriver. »
Article rédigé et propos recueillis
par Martin Perrot, ADABio
Info + Valeurs alimentaires des matières
premières bio et limites d’incorporation :
http://www.itab.asso.fr/downloads/
porc-bio/cahier_porc_4.pdf
Sources1 les cahiers techniques de l’ITAB sur
l’alimentation des porcins : http://www.itab.
asso.fr/publications/cahier.porc.php
Photos : exploitation de Hugues et Jennifer Moly
La Luciole | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°5 Avril - Mai 2015
Lutte contre le varroa I L’incontournable
traitement hivernal à l’acide oxalique
Témoignage Rémi Hermier – Les ruchers
du Poirier à Ayn (73)
Installé depuis 5 ans, Rémi a eu 320
ruches en production en 2014 et une
récolte de 5,6 tonnes, soit 30 % de moins
qu’en 2013. L’hivernage s’est fait sur 400
ruches et au vu des premières visites,
il semblerait que les pertes s’élèvent
autour de 10 à 12 %.
Selon Rémi, le traitement à l’acide
oxalique (AO) doit être fait « le plus tôt
possible hors couvain », afin d’alléger
la pression varroa rapidement. Les
surveillances donc sont régulières
pour détecter au plus tôt l’absence de
couvain. Le traitement s’est fait entre le
10 et le 15 novembre dernier pour les
ruchers en Savoie et ceux dans le sud de
la France (situation exceptionnellement
favorable cet hiver car généralement il
n’y a pas de rupture de ponte). Un seul
passage a été effectué en novembre
car un traitement avait déjà été fait à
l’automne sur couvain sur une partie des
colonies afin de limiter la forte pression
varroa de fin de saison. « Il n’est pas
idéal de faire un traitement à l’AO en
présence de couvain mais la pression
varroa était telle après le traitement
d’été qu’il me paraissait important de
les soulager rapidement... Mais suite
aux visites de printemps, il apparaît que
les colonies qui ont subi un traitement
AO sur couvain ont nettement moins
bien hiverné. Est-ce dû à l’AO qui a
diminué leur résistance pour l’hiver ?
Ou parce qu’elles étaient plus infestées
initialement ? ».
Rémi pratique le traitement par
dégouttement : 45 g par litre de sirop
(50/50). Il utilise un petit pulvérisateur
qui dose 1 ml par pression et peut donc
facilement appliquer 5 ml par inter-
cadre. Ce système lui semble assez
précis. Il applique parfois un peu plus
que 5 ml par inter-cadre afin d’être sûr
que toutes les abeilles soient touchées,
« pour le traitement à l’AO je pense que
c’est la concentration précise du produit
dans le sirop qui compte, plus que la
quantité apportée, aussi je me permets
d’apporter parfois un peu plus que 5 ml
par inter-cadre ».
En 2011, il a testé le traitement par
sublimation avec un évaporateur
N°5 Avril - Mai 2015 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | La Luciole
Apiculture
« VARROX », qui est une sorte de petit
poêlon avec une résistance électrique
que l’on introduit par le plancher d’envol.
On diffuse 2 g d’AO par caisse 10 C. « J’ai
été déçu par cette technique longue à
mettre en œuvre (calfeutrage de la ruche,
montée en température de la résistance, marche vraiment très bien, les autres
diffusion du produit, déplacement de la ne sont que des traitements d’attente…
batterie et l’utilisateur doit être protégé C’est le meilleur outil s’il est utilisé en
comme pour un traitement à l’acide conditions favorables ».
formique) et lorsque la grappe d’abeilles Ainsi selon Rémi, « la lutte contre
est grosse et basse dans la ruche, le le Varroa ne peut plus être pensée
risque de griller des abeilles est fort. qu’en terme de « traitement », il faut
De plus cet appareil est peu compatible raisonner sur le cycle du varroa dans
avec des planchers plastiques ». Ainsi a sa globalité ». « C’est pour cela qu’en
t-il décidé d’acheter avec un collègue un saison je mets en place une rupture de
outil pour sublimation, « SUBLIMOX », ponte systématique dans toutes mes
plus onéreux, mais plus pratique et sans ruches en introduisant des cellules
système chauffant dans la ruche. royales à J+3. C’est un sacrifice d’un
De manière générale, sur la gestion côté, sur la rapidité de croissance des
de la pression varroa, Rémi considère ruches en saison, mais c’est nécessaire
que « l’AO c’est le seul traitement qui pour maitriser la pression varroa ».
Témoignage Patrick Arnaud – les Ruchers
de Véronne (26)
Patrick Arnaud a récolté 4 tonnes de miel l’an passé avec 310 ruches en production,
un rendement très faible dû notamment à une mauvaise récolte sur l’acacia. Il
s’agit d’une perte de rendement de 30 % par rapport à 2013 et de 50 % par rapport
à 2012. 320 ruches environ ont été mises en hivernage cette année et les premières
visites de printemps montrent des pertes importantes (autour de 20 %). Soit les
reines ont été mal fécondées, soit les ruches n’étaient pas assez populeuses, « je
n’ai peut-être pas pris assez le temps de les resserrer à l’automne » dit-il.
Le traitement à l’AO s’est fait début décembre. La technique utilisée est également
celle du dégouttement. Patrick dose une quantité de 148 g d’AO pour 100 ruches,
dilué dans un sirop 50/50. Le sirop tiède est transporté dans une cocotte-minute au
rucher. Il est ensuite versé dans une gourde branchée à un pistolet-seringue pour
l’application des 5 ml par inter-cadre. Le traitement n’est réalisé qu’une seule fois
en hiver, « un seul passage suffit, le traitement n’est pas négligeable et je trouve
qu’il affaibli une ruche déjà faible ». Si je pouvais, je m’en passerais car je pense
qu’il ne fait pas de bien aux abeilles » ajoute-t-il. Pour le moment, la rupture de
ponte n’est pas pratiquée mais il l’envisage pour l’avenir, « nos ruches hivernées
vers Nîmes ont parfois encore du couvain lors du traitement à l’AO, nous allons
peut-être envisager d’encager les reines pour une meilleure efficacité, mais c’est
un temps de travail supplémentaire non négligeable… ».
Article rédigé et propos recueillis par Julia Wright, Agribiodrôme
Info + l’Association de Développement de l’Apiculture en Rhône-Alpes (ADARA) effectue
des expérimentations sur les traitements AO hivernaux : http://www.adara.itsap.asso.fr.
17
 Grandes cultures Grandes cultures
Relever le défi des grandes cultures en AB Les interventions de désherbage mécanique chez Nicolas Blachot :

Retour d’expérience Nicolas Blachot à Vourey (38) Le trèfle incarnat présente quant à lui
l’intérêt d’avoir un développement
végétatif rapide et de faire ainsi une
Dans le cadre des actions du réseau fermes de démonstration, l’ADABio a organisé le 17 mars dernier en partenariat avec
biomasse non négligeable avant l’hiver.
La Dauphinoise et la Chambre d’Agriculture de l’Isère une ferme ouverte chez Nicolas Blachot. Une douzaine d’agriculteurs
Je sème le radis à 5-6 kg/ha et le trèfle
isérois présents ont pu bénéficier du partage d’expérience de Nicolas sur la conduite des cultures en AB… et repartir avec la
à 10-15 kg/ha. Le couvert est détruit
conviction qu’on peut, en grandes cultures AB, obtenir des résultats performants tout en prenant énormément de plaisir à
en fin d’hiver par un broyage, car il
travailler ! Zoom sur quelques pratiques de cette exploitation céréalière en bio depuis plus de 15 ans.
y a en général beaucoup de matière,
puis un déchaumage ». Notons à ce
sujet que plusieurs travaux menés

Noyers
Fiche d’identité
Tournesol 2 ha EARL Ferme de la Prairie – Nicolas
4 ha 3%
Triticale
6% Blachot, à Vourey (38)
MaÏs grain
4 ha
18 ha
6%
29 % • 1 UTH
Prairie temporaire
8 ha
• Plaine du Grésivaudan Sud, zone de
13 % monoculture intensive de maïs
• Sols limono-argileux profonds à bon
potentiel
Blé Soja
• SAU = 65 ha
14 ha 14 ha
23 % 23 % • Conversion à l’agriculture biologique
en 1999
• Vente 100% en coopérative.
Une rotation céréalière diversifiée quand les rendements commencent à
adaptée aux besoins du marché décrocher ou quand la parcelle devient
Installé en 1999, Nicolas a sale. J’ai également essayé des cultures
immédiatement fait le choix de plus marginales, comme le colza, le
démarrer la conversion bio de sa sarrasin ou le seigle, mais elles ne m’ont
ferme et de diversifier son assolement pas apporté satisfaction au niveau
en plein cœur d’une petite région technique et économique. Je m’attache
vouée à la monoculture de maïs. « À à revenir tous les 3 ans environ avec
l’époque l’introduction de céréales à une légumineuse, en l’occurrence du
pailles et de prairies temporaires dans soja, pour limiter autant que possible
mon secteur a été une révolution ! le recours aux engrais organiques du
Aujourd’hui, j’essaye d’être réactif au commerce. Le soja est de mon point
niveau de ce que je mets en cultures, de vue un très bon précédent pour les
en m’adaptant aux besoins du marché blés, j’en ai encore eu la preuve visuelle
tout en gardant une rotation cohérente cette année (voir photo ci-contre) en
et équilibrée pour mes sols. Au départ, ayant l’occasion de le comparer à un
je possédais un élevage allaitant, ce précédent tournesol ».
qui me permettait de revenir plus
régulièrement en prairies temporaires. Les sojas semés plus tôt que les maïs !
Depuis l’arrêt de l’élevage, je suis Depuis plusieurs années, Nicolas fait
revenu à une rotation purement le choix de semer les sojas plus tôt
céréalière du type Maïs - Soja - Blé - dans la saison que les maïs. Il s’en
(engrais vert) - Maïs - Soja ou Tournesol explique : « Je recherche avant tout
- Blé ou Triticale - (engrais vert) - etc…, un démarrage très rapide du maïs, je
avec retour en prairie uniquement souhaite vraiment éviter les périodes
où il végète. Eviter les périodes de froid
ou les fortes pluies qui « lissent » les
sols et provoquent des levées de maïs
en deux temps, rendant ensuite les
opérations de désherbage mécanique
très compliquées. D’où mon choix
d’attendre début mai que le sol soit bien
réchauffé. Je trouve que les sojas sont
beaucoup moins sensibles que les maïs
à ces périodes pluvieuses ou froides,
ce qui m’amène à les semer dès le 15
avril. Je n’hésite pas à passer souvent
la herse étrille au démarrage des sojas
(voir tableau) car ces semis précoces
entraînent forcément un peu plus de
concurrence par les adventices ».
L’interculture, période-clé dans la
gestion des vivaces
Comme la majorité des agriculteurs bio,
Nicolas accorde une importance toute
particulière à la gestion de l’interculture
entre céréale à paille et maïs pour lutter
contre les adventices, notamment les
vivaces comme le liseron et le rumex.
« J’ai investi il y a quelques années dans espèces implantées, il résulte d’une
notamment par le réseau BASE ont
confirmé les bénéfices des associations
un déchaumeur à pattes d’oies. Cet somme de paramètres liés aux objectifs crucifères – légumineuses en termes de
outil m’apporte entière satisfaction. Je recherchés par Nicolas à travers ces structuration du sol, de production de
réalise en moyenne deux déchaumages couverts : « Comme je l’implante biomasse et de production d’azote, la
durant la période estivale. J’essaye relativement tard, je recherche un crucifère ayant tendance à booster la
de passer le plus tôt possible après couvert qui ait un développement développement de la légumineuse.
l’enlèvement des pailles. Le premier rapide pour faire quand même un
passage se fait à 8-9 km/h, pour une minimum de biomasse avant l’hiver. Labour ou non labour ?
profondeur de travail d’environ 10 cm. Je souhaite que mon couvert ne gèle « Aujourd’hui dans mon système, le
La vitesse d’avancement relativement pas trop vite pour rester en place une labour est limité à une seule fois tous
élevée permet de bien éclater le sol. Je bonne partie de l’hiver, tout en n’étant les 6 ans en moyenne. Il intervient
réalise un second passage 15 jours plus pas trop difficile à détruire par la suite. avant soja ou tournesol uniquement. Je
tard, toujours à la même profondeur, Après quelques années d’expérience, ne laboure jamais avant blé ou maïs.
avec une vitesse d’avancement un peu mon choix s’est porté sur une Les deux raisons principales qui ne
plus élevée (11-12 km/h). La pénétration association crucifère – légumineuse : me font pas complètement exclure le
et l’avancement sont évidemment plus la crucifère pour le travail du sol, la labour sont la gestion des adventices
faciles lors de ce second passage. Ces légumineuse pour l’apport d’azote. Au et la volonté de travailler le sol sur
deux interventions me permettent niveau de la crucifère, j’ai opté pour le différentes profondeurs pour ne pas
de bien extirper les liserons et j’ai radis fourrager car je trouve qu’il a un toujours rester sur le même horizon ».
constaté, depuis que je pratique ainsi, effet très structurant sur le sol et il est
une forte baisse de la pression liserons plus résistant au gel que la moutarde. Article rédigé et propos recueillis par
dans mes parcelles ». David Stephany, ADABio
L’association radis fourrager – trèfle
incarnat comme couvert végétal
A la suite des déchaumages estivaux, un
couvert végétal est systématiquement
implanté. Ces couverts sont mis en
place relativement tardivement (fin
août en général) car Nicolas préfère
profiter de la chaleur et la sécheresse
post-moisson de fin juillet – début
août pour réaliser ses déchaumages. «
Je laisse encore passer 15 jours suite
à mon second déchaumage avant de
semer mes engrais verts, ce qui nous
amène à la seconde quinzaine d’août.
Je reprends simplement la terre avec un
coup de vibro puis je sème au semoir à
céréales et je passe un coup de rouleau
dans la foulée ». Quant au choix des Parcelle de gauche : blé avec précédent tournesol - Parcelle de droite : blé avec précédent soja

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