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DROIT DE L’ENTREPRISE ET DE L’E-COMMERCE / X2081

PARTIE 2 :
L’environnement légal et la création et le fonctionnement de
l’entreprise

INTRODUCTION
MODULE 1 : LE MONDE DES ENTREPRISES

Equipe Droit
Bac 2X - 2023-2024

1
Rappel - Structure du cours de droit des affaires

L’entrepreneur qui crée son entreprise rencontrera tout au long de la vie de celle-ci
diverses questions qu’il devra résoudre en respectant son environnement légal.

Ce cours a pour objectif principal de vous donner le bagage nécessaire pour pouvoir
aborder diverses situations concrètes avec des connaissances juridiques de base pour
ébaucher des pistes de solutions et éviter les embûches, tout en ayant le bon réflexe de
vous renseigner sur l’évolution possible de la législation ou de vous adresser à des
personnes plus spécialisées si cela s’avère nécessaire.

La matière est divisée en 2 parties :

Partie 1 : L’environnement légal et la stratégie commerciale de l’entreprise


Partie 2 : L’environnement légal de la création et du fonctionnement de l’entreprise

Le fil conducteur de cette unité d’enseignement sera ainsi, dans un premier


temps, d’analyser différentes problématiques juridiques liées à l’exercice d’une activité
économique professionnelle et à la mise en place d’une stratégie commerciale
(principalement en b to c). Le découpage classique en branches du droit est abandonné
au profit d’une vision plus pratique des choses.

Dans un second temps, nous nous intéresserons à la manière de créer une entreprise en
Belgique et d’en choisir la forme, de maîtriser les conséquences juridiques du statut
choisi, de constituer son capital, de comprendre son fonctionnement et les
responsabilités qu’elle engendre.

Les réglementations auxquelles il sera fait référence sont essentiellement le Code de


droit économique (ci-après « CDE ») et le Code des sociétés et des associations (ci-
après « CSA »).

Les aspects de droit des affaires internationales et de droit social seront abordés durant
votre cycle d’études dans une autre UE intitulée « Environnement légal de l’entreprise
III ».

2
Le Code des sociétés et des associations, appelé aussi « CSA », est une
législation assez récente en Belgique (1er mai 2019).1
Ces règles ont pour objectif de faciliter, de moderniser 2 la vie des entrepreneurs
en Belgique et d’attirer les investisseurs étrangers.
Pour les sociétés existantes avant le 1 er mai 2019, la mise en conformité avec ce
Code devait se faire au plus tard pour le 1er janvier 2024.

Si les dispositions impératives du Code (dénomination des formes de sociétés,


gestion journalière, responsabilité des administrateurs, distribution des bénéfices,
etc.) sont d’application à toutes les sociétés existantes.

Les dispositions supplétives deviendront applicables seulement si elles ne sont


pas écartées par les statuts des sociétés.

1
http://www.lachambre.be/kvvcr/showpage.cfm?section=/flwb&language=fr&cfm=/site/wwwcfm/flwb/flwbn.cfm?
lang=F&legislat=54&dossierID=3119

2
Ainsi, par exemple, les moyens de communication avec la société se modernisent. Les sociétés peuvent notamment
mentionner une adresse électronique dans leur acte constitutif, ainsi qu’un site internet. Pour les sociétés cotées, il
s’agit d’une obligation. Les associés pourront utiliser cette adresse pour communiquer avec la société.

3
Table des matières
INTRODUCTION À LA PARTIE 2 DU COURS........................................................................................................5
1. RAPPEL DES NOTIONS JURIDIQUES FONDAMENTALES ÉTUDIÉES AU BLOC 1....................................5
2. LES ENTREPRISES EN CHIFFRES..........................................................................................................6
2.1. Les sites d’informations pertinentes........................................................................................6
2.2. Rendez-vous sur le site be.STAT ...........................................................................................7
2.3. Rendez-vous sur le site internet de la Banque Carrefour des Entreprises plus connue
sous l’abréviation BCE..........................................................................................................................8
MODULE 1 : LE MONDE DES ENTREPRISES.......................................................................................................9
1. NOTIONS.............................................................................................................................................10
2. LES DIFFÉRENTS TYPES D’ENTREPRISES..........................................................................................12
2.1. L’ENTREPRISE EN PERSONNE PHYSIQUE OU EN PERSONNE MORALE...........................................12
2.2. LES 3 CARACTÉRISTIQUES DE LA PERSONNE JURIDIQUE CONSTITUÉE SOUS FORME DE SOCIÉTÉ
14
2.2.1. Caractéristique 1 : l’identité d’une société dotée de la personnalité juridique.............14
2.2.2. Caractéristique 2 : la capacité spéciale d’une société dotée de la personnalité
juridique 16
2.2.3. Caractéristique 3 : le patrimoine d’une société dotée de la personnalité juridique.....17
3. LES DIFFÉRENTES FORMES DE SOCIÉTÉS DOTÉES DE LA PERSONNALITÉ JURIDIQUE..........................19
4. LA SOCIÉTÉ SIMPLE, UNE SOCIÉTÉ SANS PERSONNALITÉ JURIDIQUE....................................................19

5. L’ASBL.....................................................................................................................................................20
6. AUTRES CONCEPTS................................................................................................................................21
7. CONCLUSION..........................................................................................................................................22

4
INTRODUCTION À LA PARTIE 2 DU COURS

1. RAPPEL DES NOTIONS JURIDIQUES FONDAMENTALES ÉTUDIÉES AU BLOC 1

Répondez par VRAI (V) ou FAUX (F) ? Justifiez juridiquement

1. Le droit des sociétés est une matière de droit privé. V V- F


2. Justification :

3. Une SA est une personne morale. V- F


4. Justification :

5. Toutes les SRL sont des entreprises . V- F


6. Justification :

7. Le tribunal compétent dans le cas d’un litige judicaire entre deux V- F


entreprises est le tribunal de première instance.
8. Justification :

9. Une entreprise établie à Anvers peut obtenir une aide financière à V- F


l’exportation octroyée par l’AWEX.
Justification :

Une ASBL n’a pas la personnalité juridique. V- F


Justification :

Le travailleur indépendant, personne physique, est une entreprise. V- F


Justification :

Un administrateur au sein d’une SRL travaille toujours sous le statut de V- F


salarié.
Justification :

Un email est un document qui peut être utilisé comme preuve en justice V- F
dans un litige opposant deux entreprises.
Justification :

Pour créer une SRL, il faut rédiger un acte sous signature privée V- F
Justification :

5
2. LES ENTREPRISES EN CHIFFRES

Chaque année, des statistiques sont réalisées en Belgique sur les entreprises et
notamment sur la volonté d’entreprendre, le nombre de création et de fermeture
d’entreprises.

2.1. Les sites d’informations pertinentes

Seuls les sites Internet officiels et/ou professionnels sont à utiliser dans le cadre de vos
recherches et notamment ceux référencés en hyperlien ci-dessous.

 Sites officiels : Service public fédéral Economie (SPF Economie)3


SPF Economie - Direction générale Statistique4
Banque carrefour des entreprises (public Search)5
Moniteur belge (Annexes Personnes morales)6
Banque Nationale de Belgique7
Info-Entreprises (Région wallone)8
Ondernemen (Région flamande)9
Be chez vous (Région Bruxelles-capitale)10
1819.brussels11

 Sites Brussels Entreprises Commerce and Industry (BECI)12


professionnels UCM13
: Unizo14
Graydon15
notaire.be16

3
http://economie.fgov.be/fr/
4
https://bestat.statbel.fgov.be/bestat/
5
http://kbopub.economie.fgov.be/kbopub/zoeknummerform.html?lang=fr
6
https://justice.belgium.be/fr/service_public_federal_justice/organisation/moniteur_belge
7
https://www.nbb.be/fr
8
http://www.infos-entreprises.be/fr
9
https://www.vlaanderen.be/nl/ondernemen
10
http://be.brussels/travailler-et-entreprendre/entreprendre-a-bruxelles
11
https://www.1819.brussels/fr
12
https://www.beci.be/formalites/demarrer-une-entreprise/
13
https://www.ucm.be/
14
http://www.unizo.be/
15
http://www.graydon.be/
16
https://www.notaire.be/

6
2.2. Rendez-vous sur le site be.STAT17 .

a) Combien d’entreprises assujetties à la TVA en Belgique ?18

b) Quelles sont les différentes formes juridiques des entreprises économiquement


actives en Belgique19 ?

c) Quelle forme juridique rencontre le plus de succès ?

d) Combien de faillites d’entreprises commerciales ont été déclarées en Belgique en


février 2024 ?

Pour en savoir plus, consultez les sources renseignées en bas de page et l’


« Atlas du créateur 2023 »20, publié par Unizo, Graydon Belgium, UNIZO
et UCM.

17
Evolution annuelle des entreprises assujetties à la tva | Statbel (fgov.be)
18
https://statbel.fgov.be/fr/themes/entreprises/faillites
19
https://statbel.fgov.be/fr/themes/entreprises/entreprises-assujetties-la-tva/evolution-annuelle-des-entreprises-
assujetties-la#figures
20

7
2.3. Rendez-vous sur le site internet de la Banque Carrefour des
Entreprises plus connue sous l’abréviation BCE.21

1. Observez cette première fenêtre, elle vous permet de rechercher des informations
sur les entreprises établies en Belgique selon des critères différents, identifiez-les :

2. Les coordonnées de l’ASBL EPHEC sont-elles reprises dans la banque de données


BCE ? Justifiez.

3. Quelles entreprises (identifier la dénomination sociale et/ou le(s) nom(s) de(s)


personne(s) qui crée(nt) l’activité économique, la forme juridique, le siège social,
quelles activités) se cachent derrière le numéro :

a) 0553.892.467?

b) 0681.517.446?

4. InBev Belgium est leader sur le marché de la bière en Belgique avec des marques
telles que Stella Artois, Jupiler, Hoegaarden, Belle-Vue, Leffe, etc. Cette entreprise
appartient au groupe Anheuser-Busch InBev, leader mondial des brasseurs.
Quelle est la forme juridique de InBev Belgium ? Depuis quand ? Expliquez.

5. Sur le site de la BCE, identifiez la forme juridique et le numéro d’entreprise de


chaque société créée par le chanteur STROMAE ainsi que l’identité de la personne
avec laquelle il a constitué chaque société.
Au préalable, pour pouvoir encoder selon les critères de la BCE, vous devez avoir
identifié le vrai nom de l’artiste.

21
https://kbopub.economie.fgov.be/kbopub/zoeknummerform.html?lang=fr

8
MODULE 1 : LE MONDE DES ENTREPRISES.

OBJECTIFS DU MODULE 1 :

 Etablir des liens avec les matières dispensées dans l’unité d’enseignement
« Fondements du droit » ;
 Définir le contexte socio-économique du monde des entreprises ;
 Identifier les différents types d’entreprises ;
 Déterminer les avantages et inconvénients de chacun des types d’entreprises ;
 Distinguer la société de ses associés ;
 Distinguer la SRL de la SA ;
 Rechercher des informations et les actes des sociétés sur les sites officiels (BCE,
Moniteur belge, BNB) ;
 Résoudre des exercices pratiques sur la matière enseignée.

9
1. NOTIONS

« Créer son entreprise » est une expression courante dans le langage usuel. Nous allons
nous y intéresser sous l’angle des concepts juridiques.

QUE SIGNIFIE LE TERME « ENTREPRISE » ?

Cette notion a plusieurs significations en fonction de la législation à laquelle on se réfère.

Dans la 1ère partie de notre cours, nous avons défini l’entreprise comme « toute personne
physique ou personne morale poursuivant de manière durable un but économique, y
compris ses associations ».
Pour rappel, par « but économique », il faut entendre l’offre de biens ou de services sur
un marché donné.22 Ainsi, relèvent par exemple de cette notion : une société qui a pour
activité l’achat et la vente de produits, une personne physique qui exerce une profession
libérale, une ASBL qui exerce une activité économique23, etc.
C’est cette définition qui est applicable (notamment) pour la réglementation des pratiques
du marché et la protection du consommateur que nous avons étudiée dans la partie 1 du
cours.

Le Code de droit économique propose également une autre définition d’entreprise, plus
large, qui remplace la notion de « commerçant » dans toutes les lois où celle-ci apparaît
(sauf disposition légale contraire).24

22
Voir par exemple, en droit européen de la concurrence, CJUE, 26 mars 2009, Selex Sistemi Integrati c. Commission,
C-113/07 P, RE 2009, p. I-2207, point 69 ou 3 mars 2011, AG2R Prévoyance, C-437/09, RE 2011, p. I-973, point 42.
23
Doc., Parl., Ch., 2017-2018, n°54-2828/004, p. 115. La Cour de justice de l’Union européenne a notamment précisé
que la circonstance que des biens et services sont offerts sans but lucratif ne fait pas obstacle à ce que l’entreprise qui
exerce ces opérations sur le marché doive être considérée comme une entreprise, dès lors que cette offre entre en
concurrence avec celle d’autres opérateurs poursuivant, eux, un but lucratif : voir par exemple CJUE 10 janvier 2006,
Cassa di Risparmio di Firenze e. a., C-222/04, RE. 2006, p. I-289). Il a été même jugé que la finalité sociale d’un
organisme de sécurité sociale et de soins de santé n’est pas en soi suffisant pour empêcher que l’activité concernée
soit qualifiée d’activité économique. Il n’échappera à cette qualification qu’à la double condition de mettre en œuvre
le principe de solidarité et d’être soumis au contrôle de l’État qui l’a instauré Voir à cet égard CJUE, 5mars 2009,
Kattner Stahlbau, C-350/07, Rec., 2009, p. I-1513, points 42-43 ; CJUE 3 mars 2011, AG2R Prévoyance, C-437/09, Rec.
2011, p. I-973, points 45-46.
24
J. STUYCK, “De begrafenis van de koopman: enkele inleidende beschouwingen over de nieuwe wet tot hervorming
van het ondernemingsrecht”, R.D.C., 2018, pp. 315 et sv.

10
Selon cette définition générale25, sont notamment des entreprises :

(a) toute personne physique qui exerce une activité professionnelle à titre
indépendant
La notion d’« activité professionnelle » n’est pas définie. Elle renvoie à une
profession habituelle, qui implique une certaine durabilité. En droit social, la notion de
travailleur indépendant s’oppose à la notion de travailleur salarié. Cette formulation
englobe, entre autres, les titulaires de profession libérales (avocats, médecins,
architectes, …) et les dirigeants d’entreprise.

(b) toute personne morale (excepté les personnes morales de droit public qui ne
proposent pas de biens ou services sur un marché) 26
Tout groupement doté de la personnalité juridique est visé. Ainsi, les ASBL sont
comprises dans cette catégorie.27

(c) mais aussi des organisations sans personnalité juridique qui poursuivent un
but de distribution.
Par exemple, une société simple (voir ci-après).
Cette définition générale permet d’identifier les règles applicables en matière de
compétence du tribunal de l’entreprise, de preuve, ainsi que le champ d’application
du droit de l’insolvabilité28. On la retrouve aussi lorsqu’il s’agit de définir le champ
d’application des obligations comptables ou encore de l’obligation d’inscription à la
Banque-Carrefour des Entreprises (voir ci-après).

Dans cette UE, nous nous intéressons aux personnes physiques ou morales qui
exercent une activité économique lucrative (offre de biens ou de services) et qui relèvent
des deux définitions rappelées ci-dessus.

25
Art. I.1, 1° CDE.
26
Notons que l’Etat fédéral et les entités décentralisées (régions, communautés, etc.) ne rentrent pas dans cette
définition d’entreprise.
27
A. AUTENNE et N. THIRION, « La nouvelle « définition générale » de l'entreprise dans le Code de droit économique :
deux pas en avant, trois pas en arrière », J.T., 201., p. 828 ; Exposé des motifs, Doc., Parl., Ch., 2017-2018, n°
2828/001, p. 11.
28
C’est-à-dire la réorganisation judiciaire et la faillite, non abordées dans cette UE.

11
2. LES DIFFÉRENTS TYPES D’ENTREPRISES

2.1. L’ENTREPRISE EN PERSONNE PHYSIQUE OU EN PERSONNE MORALE

Lorsqu’une personne démarre une activité économique lucrative, elle doit choisir la forme
juridique que va revêtir son activité.

Deux possibilités s’offrent à elle :


 Personne physique (« entreprise individuelle ») : exercer (seule) son activité en
personne physique (PP) comme travailleur indépendant ;

Relisez le syllabus « Fondements du droit » sur ces notions.

 Société dotée de la personnalité juridique (« entreprise en personne


morale ») : exercer son activité, seule ou à plusieurs, en société personne morale
(PM).

Ces deux formes d’entreprise (PP et PM) présentent chacune des avantages et des
inconvénients en termes de constitution, fonctionnement, responsabilité de
l’entrepreneur, régime fiscal, financement et continuité de l’entreprise.

Complétez le tableau à la page suivante.

12
Entreprise individuelle (PP)

Avantages Inconvénients

Entreprise en société (PM)

Avantages Inconvénients

13
2.2. LES 3 CARACTÉRISTIQUES DE LA PERSONNE JURIDIQUE CONSTITUÉE
SOUS FORME DE SOCIÉTÉ

Nous allons nous intéresser uniquement aux sociétés dotées de la personnalité juridique.
Créer une société qui a la personnalité juridique (personne morale), c’est créer une entité
qui a une existence propre, distincte des personnes qui la composent (actionnaires dans
SRL ou SA), capable juridiquement, avec une identité et un patrimoine propre.

La société acquiert la personnalité juridique au jour du dépôt de son acte constitutif au


greffe du tribunal de l’entreprise.

2.2.1.Caractéristique 1 : l’identité d’une société dotée de la personnalité


juridique.

En Belgique, une société qui a la personnalité juridique peut être identifiée par différentes
caractéristiques.

Lors de sa création, chaque société se voit attribuer un NUMÉRO D’ENTREPRISE au


moment de son inscription à la Banque Carrefour des Entreprises (voir plus loin).

 CHAQUE SOCIÉTÉ SE DONNE UN NOM OU PLUS EXACTEMENT UNE DÉNOMINATION


SOCIALE.

Il s’agit de la dénomination qui apparaît dans l’acte constitutif de la société (comprenant


les statuts de la société) qui est publié au Moniteur belge. Cette dénomination peut être
choisie librement mais doit être différente de celle de toute autre société.
Celui qui acquiert le premier une dénomination sociale a un droit exclusif sur ce nom
pour toute la Belgique.
La protection de la dénomination sociale est acquise à la société dès que celle-ci obtient
la personnalité juridique, au jour du dépôt de son acte constitutif au greffe du tribunal de
l’entreprise. Si la dénomination est identique à celle d’une autre société ou si sa
ressemblance peut induire en erreur, tout intéressé peut la faire modifier et réclamer des
dommages-intérêts.29
Cette dénomination sociale n’est pas à confondre avec le nom commercial ou encore
avec les notions de marque ou de nom de domaine.

Le nom commercial est le nom sous lequel une entreprise commerciale exerce son
activité commerciale et est connue de sa clientèle. Il est souvent repris comme enseigne
ou comme nom d’unité d’établissement dans la BCE. Mais pas forcément. Il n’existe pas
de « fichier » reprenant systématiquement le nom commercial sous lequel une entreprise
se fait connaître. Une même entreprise peut exercer différentes activités sous des noms
29
« Comment s’installer à son compte », brochure du SPF Economie, février 2018, p. 68.
Pour l’édition 2020 : https://economie.fgov.be/fr/publications/comment-sinstaller-son-compte

14
commerciaux différents. Mais elle n’aura qu’une seule dénomination sociale. Il est bien
entendu possible d’utiliser un même nom comme dénomination sociale et comme nom
commercial.

Le nom commercial peut être choisi librement (sans porter atteinte aux droits antérieurs
de tiers). Aucune formalité n’est requise pour protéger le nom commercial. Celui-ci est
protégé dès le premier usage public du nom. Il n’y a pas de procédure de dépôt ou
d’enregistrement. Cependant, il peut être utile de mentionner son nom commercial à la
BCE afin de pouvoir prouver, en cas de litige, que l’on est le 1er utilisateur public du nom.
La protection du nom commercial permet d’interdire aux tiers l’utilisation d’un nom
identique ou similaire qui créerait une confusion avec le nom commercial. Toutefois,
cette protection ne s'applique que dans les limites du rayonnement du nom commercial,
soit dans la sphère d’activités et dans la région où ce nom commercial est exploité et
connu. Selon les circonstances, cela peut être un village, une ville, une région, un pays,
… L'étendue de la protection d'un nom commercial est donc entièrement déterminée par
l'usage qui est fait de ce nom.

La marque (Rappel, voir partie 1) est une notion qui relève de la propriété intellectuelle.
C’est un signe distinctif d’un produit, d’un service, d’une gamme, etc. Ce signe distinctif
peut être protégé par un dépôt, qui confère à celui qui l’a déposé un droit d’usage
exclusif sur un territoire donné.
La marque est également protégée pour un temps donné (à l’OBPI et à l’OHMI, la
protection accordée est de 10 ans). Ce dépôt peut être renouvelé. Lors du dépôt, le
déposant choisit les catégories (classification de Nice) de produits ou services dans
lesquels l’usage de la marque va lui être réservé exclusivement. Plus le nombre de
catégories choisies est élevé, plus le coût de la protection est élevé.

Le nom de domaine (Rappel, voir partie 1) est un nom unique qu’une entreprise se
choisit afin d’être identifiable sur Internet (identification de l’entreprise elle-même et/ou de
sa marque, de son produit, etc.). Ce nom pourra aussi bien concerner le site Internet de
l’entreprise que son adresse de courrier électronique.
L’acceptation du nom de domaine se fait selon le principe : « premier arrivé, premier
servi ». Cet enregistrement ne donne à l’entreprise qu’un droit d’usage d’une durée d’un
an. Le nom de domaine ne s’achète pas.

En choisissant votre dénomination sociale, votre nom commercial, votre marque et votre
nom de domaine, vous devez veiller à ne pas porter atteinte aux droits antérieurs de
tiers. Vérifiez donc la disponibilité des dénominations et noms choisis.

15
 CHAQUE SOCIÉTÉ A UN SIÈGE SOCIAL ET UNE NATIONALITÉ.

La nationalité de la société détermine, en cas de litige, quel est le droit applicable (belge
ou autre ?) et quel est le juge compétent.

Le droit belge, conformément au principe européen de liberté d’établissement, établit que


le siège social indiqué dans les statuts (siège statutaire) fixe la nationalité. Le siège
social, c’est l’adresse « officielle » de la société, elle est unique.

Une société peut ainsi choisir sa nationalité, voire faire du shopping juridique. Alors que
toutes ses activités s’exercent en Belgique, par exemple, elle peut décider d’établir son
siège social en Irlande pour obtenir l’application de règles juridiques plus favorables.

La société peut disposer de plusieurs sièges d’exploitation. Ce sont les différents lieux où
s’exercent la ou les activités de la société (bureaux, points de vente, entrepôts, etc.). Ces
sièges d’exploitation sont identifiés à la BCE comme unités d’établissement. Chaque lieu
doit respecter les règlementations locales (taxes régionales, utilisation des langues dans
le contrat de travail des salariés, etc.).

2.2.2.Caractéristique 2 : la capacité spéciale d’une société dotée de la


personnalité juridique

Cette notion de capacité spéciale doit se comprendre en jonglant avec deux autres
concepts : l’objet social de la société et la responsabilité de ses administrateurs.

Les sociétés, personnes morales, sont des sujets de droit distincts des associés (qui
eux-mêmes sont des personnes physiques ou morales). Les sociétés sont titulaires de
droits et d’obligations propres. La capacité d’une société est limitée à son objet social et
dans ce cadre, sa capacité est entière.

Cependant, dans la SA et la SRL, la limitation de l’objet social est inopposable aux tiers
de bonne foi. Le tiers de bonne foi est celui qui ignore que l’acte excède l’objet social de
la société au moment où il contracte avec elle.
Si la société conclut un contrat en dehors de son objet social et que le tiers avec lequel
elle a contracté ignorait ce dépassement de l’objet social, la société reste liée par le
contrat et doit l’exécuter. Dans ce cas néanmoins, la société peut mettre en cause la
responsabilité des administrateurs qui ont conclu le contrat en son nom.
Pour être déliée du contrat, la société doit donc prouver la mauvaise foi du tiers, c’est-à-
dire que le tiers savait ou ne pouvait ignorer (compte tenu des circonstances) que le
contrat excédait l’objet social. La seule publication des statuts et donc de l’objet social
aux Annexes du Moniteur belge ne suffit toutefois pas pour démontrer la mauvaise foi du
tiers30.
30
Art. 258 et 526 C.soc.

16
Les sociétés, personnes morales, exercent leurs droits et obligations par l’intermédiaire
de personnes physiques, c’est-à-dire les administrateurs. Ceux-ci constituent l’organe de
gestion et de représentation de la société : ils prennent les décisions de gestion et
représentent la société vis-à-vis des tiers. C’est la théorie de la représentation
organique : les actes accomplis par les organes de la société sont les actes de la société
elle-même et uniquement les siens. Ils engagent directement la société, tandis que les
administrateurs ne sont pas engagés personnellement vis-à-vis des tiers 31. S’ils restent
dans les limites de leurs attributions, les organes s’identifient à l’être moral.
Notons toutefois déjà que si un administrateur commet une faute dans l’exercice de son
mandat, il peut voir sa responsabilité engagée vis-à-vis de la société et/ou des tiers.
C’est tout le problème de la responsabilité des dirigeants d’entreprise.

2.2.3.Caractéristique 3 : le patrimoine d’une société dotée de la


personnalité juridique

La société, personne morale, a un patrimoine propre, séparé de celui des personnes


associées.

LE PATRIMOINE DE LA SOCIÉTÉ EST LA PROPRIÉTÉ DE CELLE-CI ET NON DES ASSOCIÉS.

Seule la société peut aliéner et hypothéquer ses biens (y compris ceux apportés par les
associés qui composent le patrimoine de la société).

Le patrimoine de la société est le gage des créanciers de la société exclusivement.


Les créanciers des associés ne peuvent pas saisir le patrimoine de la société (ni les
biens apportés par les associés) ; ils ne peuvent saisir que les parts sociales qui
représentent la participation de l’associé dans la société.
Le patrimoine de la société n’est pas affecté par les difficultés patrimoniales des
associés.

Les associés ont :


- un droit de créance sur la société, c’est-à-dire qu’ils reçoivent une somme d’argent
lors de la distribution de bénéfices et/ou lors de la liquidation de la société.
- un droit de propriété sur les parts sociales.

LES DETTES DE LA SOCIÉTÉ NE SONT PAS LES DETTES DES ASSOCIÉS.

Toutefois, à cet égard, une distinction doit être opérée entre les sociétés à responsabilité
limitée (par exemple la SA et la SRL) et les autres.

31
M. COIPEL, « Introduction au droit des sociétés et autres groupements », GUJE, 2002, Titre 1, Livre 11.1, p. 15, n°070
et sv.

17
Dans les sociétés à responsabilité limitée, la responsabilité des associés est limitée à
leurs apports et la séparation des patrimoines est donc complète. Elle existe tant au
profit des associés et de leurs éventuels créanciers qu’au profit des créanciers de la
société. Les associés s’engagent à apporter quelque chose à la société (voir ci-après).
Ils ne répondent des dettes de la société qu’à concurrence de leur apport. Une fois cet
apport réalisé, leur responsabilité ne va pas au-delà, les créanciers de la société n’ont
aucun droit sur le patrimoine personnel des associés (hors le cas d’une éventuelle
responsabilité de fondateur, voir ci-après).
En revanche, la séparation des patrimoines n’est pas tout à fait complète dans les
sociétés à responsabilité illimitée (par exemple une société en nom collectif) : dans ce
cas, elle n’existe qu’au profit des créanciers de la société. 32 Ceci signifie que les
créanciers des associés n’ont aucun droit sur le patrimoine de la société. En revanche, si
la société est dans l’incapacité de payer ses dettes, les créanciers de celle-ci pourront
s’adresser aux associés sur leur patrimoine personnel.

Notons déjà que dans certains cas énumérés dans le Code des sociétés, les associés
fondateurs de la société peuvent encourir une responsabilité personnelle sur leur
patrimoine personnel (par dérogation à ce qui précède). Nous verrons ces différents cas
ci-après.

Dans le cas de l’entreprise individuelle, l’indépendant n’a pas de patrimoine distinct pour
son activité professionnelle. Ses créanciers professionnels et privés peuvent saisir tout
son patrimoine personnel. Notons néanmoins qu’en entreprise individuelle, l’indépendant
peut protéger sa résidence principale (établie en Belgique) par une déclaration
d’insaisissabilité faite devant notaire. L’intérêt de cette déclaration est d’empêcher ses
créanciers professionnels de saisir son logement principal en cas d’insolvabilité.

Moodle : Lisez l’article sur l’insaisissabilité du logement principal de


l’indépendant.

3. LES DIFFÉRENTES FORMES DE SOCIÉTÉS DOTÉES DE LA PERSONNALITÉ


JURIDIQUE

L’entrepreneur doit également choisir la forme de société dotée de la personnalité


juridique la plus appropriée pour son affaire. Les formes juridiques définies dans le CSA
sont33 :

32
M. COIPEL, « Dispositions communes à toutes les sociétés - Dispositions de droit civil et commercial applicables aux
actes de sociétés », Rép. not., Tome XII, Droit commercial et économique, Livre 2/1, Bruxelles, Larcier, 1982, n° 263.
33
Il existe également deux formes juridiques européennes : la société européenne - SE et la société coopérative

18
- la société en nom collectif
- la société en commandite
- la société à responsabilité limitée SRL
- la société coopérative SC
- la société anonyme SA.
Chacune de ces sociétés observe des règles de constitution et de fonctionnement
différentes.
Une société peut modifier sa forme juridique en cours de vie.

Dans le cadre de cette partie de cours,


nous étudierons principalement la SRL

4. LA SOCIÉTÉ SIMPLE, UNE SOCIÉTÉ SANS PERSONNALITÉ JURIDIQUE

Si sans constituer de société personne morale34, plusieurs personnes (des amis, des
membres d’une même famille, ...) décident de monter une affaire ensemble, de façon
durable et régulière, en contribuant chacun à l’activité (au moyen de l’apport d’une
somme d’argent, de biens ou encore de son travail) en vue d’en répartir le bénéfice, nous
sommes en présence d’une « société simple » (qu’elle soit créée volontairement ou « de
fait » sans référence consciente au droit).35

Dans la société simple36, les bénéfices (et les pertes éventuelles) sont partagés en
fonction de ce qui est convenu entre les associés. Si rien n’est convenu à ce sujet, la
répartition se fait proportionnellement à l’apport de chaque associé.
La société simple n’a pas la personnalité juridique ; elle n’a pas d’existence distincte des
personnes qui se sont associées, ni de capacité juridique propre. Cette formule est donc
déconseillée pour le lancement de votre activité professionnelle car :

- En l’absence de capacité juridique, elle ne peut pas être titulaire de droits et d’obligations
propres et ne peut par conséquent pas conclure elle-même de contrats avec des tiers, ni
acquérir des droits sur des biens. Ce sont les personnes qui se sont associées (ou leur
représentant) qui concluent les contrats avec les tiers.
- Les personnes qui se sont associées sont responsables de manière illimitée et solidaire
sur leur patrimoine personnel, des dettes liées à l’activité de la société. Ceci signifie que
vis-à-vis du créancier, n’importe quelle personne associée peut être tenue pour la totalité

européenne - SCE.

34
Ni de société interne ou de société momentanée.
35
M. COIPEL, « Introduction au droit des sociétés et autres groupements », GUJE, Titre 1, Livre 11.1, 2002, p. 74,
n°670.
36
La société en nom collectif et la société en commandite sont des variantes de la société simple, mais avec une
différence de taille : la personnalité juridique.

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de la dette. Il ne peut être dérogé à cette solidarité que par une clause expresse du
contrat conclu avec les tiers.

Relisez le syllabus « Fondements du droit » sur les notions de


solidarité/divisibilité.

Remarque : lorsque vous vous associez avec des tiers pour exercer une activité sans but
lucratif et sans constituer d’ASBL, il s’agit d’une « association de fait ». C’est une
association sans personnalité juridique régie par la convention des parties. Dans ce cas,
les membres associés sont également responsables de manière illimitée (mais en
principe divisible – sauf clause contraire) sur leur patrimoine personnel.

5. L’ASBL

ASBL signifie association sans but lucratif. Une ASBL a la personnalité juridique, engage
son propre patrimoine et sa propre responsabilité.

C’est un groupement de personnes (deux ou plusieurs personnes) qui poursuivent un but


désintéressé. Ceci signifie que les membres d’une ASBL ne peuvent pas se partager les
bénéfices qui seraient, le cas échéant, générés par les activités de l’association.

Selon le CSA, les ASBL peuvent exercer des activités lucratives comme les sociétés,
même à titre principal, à condition que ce soit dans le but de se procurer les ressources
nécessaires au financement de leur projet désintéressé. Elles se distinguent des sociétés
uniquement par leur finalité : la réalisation d’un but désintéressé qui interdit de procurer,
directement ou indirectement, un quelconque avantage patrimonial aux fondateurs,
membres ou dirigeants (sauf dans le but désintéressé déterminé par les statuts). Aucune
distribution de bénéfices aux membres ne peut être envisagée en ASBL (alors que, pour
les sociétés, l’enrichissement des associés est la règle).

6. VOCABULAIRE

Certains termes sont régulièrement utilisés dans le monde des entreprises. Il est utile
que vous puissiez identifier et distinguer ces concepts.

 Petites et moyennes entreprises (PME) : en droit, pour viser les petites


entreprises, il existe plusieurs définitions souvent liées au nombre de travailleurs,
au chiffre d’affaires et/ou au total du bilan. En 2021, on chiffre leur nombre à près
de 1.1 millions en Belgique.

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 Starter : entrepreneur débutant qui démarre son activité.
 Start-up et spin-off 37(liée à une université) : jeunes entreprises innovantes à fort
potentiel de croissance qui font souvent l’objet de levée de fonds.
 Licorne : Start-up (avec un modèle innovant, dans les nouvelles technologies) dont
la valorisation atteint au moins un milliard de dollars et avec un potentiel de
croissance important.38
 Holding39 : société dotée de la personnalité juridique. Elle a pour objet la détention
et la gestion de participations au capital d’autres sociétés.
 Filiale : société contrôlée par une autre société (la société mère). La filiale a la
personnalité juridique et a donc une existence distincte de la société mère.
 Succursale : lorsqu’une entreprise étrangère veut exercer des activités en
Belgique, elle peut y établir une succursale qui est un représentant de la société
étrangère (et non un intermédiaire indépendant). Sur le plan juridique, une
succursale n'est pas une entité distincte de la société étrangère et n’a pas la
personnalité juridique.
 Les intermédiaires tels que les grossistes, agents, franchisés, concessionnaires,
… peuvent également exercer leur activité sous la forme d’une entreprise en
société ou d’une entreprise individuelle.

37
https://digimedia.be/content.php?rubric=News&lng=fr&id=25259&title=top-10-des-startup-belges-o-il-fait-bon-
travailler
38
https://trends.levif.be/entreprises/biobest-une-nouvelle-licorne-belge/
39
https://www.lecho.be/les-marches/actu/actions-bruxelles/quatre-holdings-belges-parmi-les-plus-performants-au-
monde/10357377.html

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7. CONCLUSION

Pour créer son entreprise et lui assurer toutes les chances de succès, il faut tout d’abord
réfléchir à la forme juridique qu’on veut lui donner.
Le cadre juridique pour lequel vous opterez (entreprise individuelle ou société) sera
adapté à l’activité envisagée et tiendra compte de ses perspectives de croissance. En
effet, prévoir une bonne structure, dès le départ, vous évitera de payer des coûts élevés
(honoraires de notaire, formalités d’enregistrement) nécessaires à un changement de
forme sociétaire en cours d’activité.
Ce choix dépendra également de vos préférences personnelles, de l’environnement de
votre affaire, des habitudes dans la profession : par exemple, une entreprise individuelle
n’offre pas toujours une crédibilité suffisante auprès des banques ou de certains clients.
Enfin, ce choix se fera évidemment de manière éclairée grâce à de nombreuses notions
maîtrisées en gestion, marketing, connaissance du marché visé, comptabilité, droit,
assurances, droit fiscal, etc.
Et quel que soit ce choix, en tant qu’indépendant personne physique ou en tant que
mandataire de société, vous serez soumis au statut social de l’indépendant.

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