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CHAPITRE IV

PERTES DE PRECONTRAINTE

1- INTRODUCTION
Après la mise en tension de l’armature de précontrainte, on remarque que cette
tension change d’un point à un autre le long du produit, et elle diminue aussi dans
le temps. On dira que la précontrainte a subit des pertes qu’on peut regrouper en
deux familles :
- les pertes instantanées qui se produisent immédiatement après la mise en
tension, sous l’effet du frottement, de rentrée d’ancrage, de la non-
simultanéité de mise en tension ;
- les pertes différées qui se produisent dans le temps, sous l’effet du retrait
de béton, de son fluage et de la relaxation des armatures de précontrainte.
Dans ce chapitre on ne citera que le cas de la post-tension. Les pertes par pré-
tension sont calculées de manière tout à fait différente du fait que le processus
technologique de la pré-tension n’a rien à voir avec celui de la post-tension. Parmi
les ouvrages qui traitent les pertes par pré-tension, on peut citer celui de G.
DREUX ; « Cours Pratique de Béton Précontraint ».

2- VALEUR MAXIMALE DE LA TENSION A L’ORIGINE


Dans la mise en tension des câbles, on évitera d'atteindre une valeur trop proche
de la rupture de l'acier, c'est pour cette raison que le BPEL 91 a fixé une valeur
maximale de mise en tension appelée tension à l'origine et notée ζp0. Dans le cas
courant de fils tréfilés ou de torons, en pré-tension ou en post-tension, ζp0 prend
la valeur
 p 0  min 0.8 f prg ; 0.9 f peg  (1)

Où fprg est la contrainte de rupture garantie de l’armature de précontrainte,


fpeg est la limite conventionnelle d'élasticité à 0,1 % de cette armature.
Pour les barres laminées, la tension à l'origine s’écrit

 p 0  0.7 f prg (2)

Dans le cas exceptionnel de produits industrialisés en pré-tension et faisant


l'objet d'un système fiable d'assurance de qualité, cette valeur est égale à

 p 0  min 0.85 f prg ; 0.95 f peg  (3)

1
3- PERTES INSTANTANEES DE PRECONTRAINTE EN POST-TENSION
3-1 Perte de tension par frottement de l’armature
a) Câble courbe : relation entre la pression radiale et la force de
précontrainte
Supposons un élément de câble courbe de longueur s, de rayon de courbure r et
un angle d’ouverture α0, soumis à un effort de traction F (fig. IV-1). Ce câble
exerce une pression radiale p sur la gaine et sur le béton. En projetant les forces
sur la bissectrice de la portion d’arc, on a
0 0 / 2
 2 p r cos  d  2 p r sin  0 0
 /2
2 F sin (4)
2 0

En simplifiant l’équation (4), on a


F  pr (5)

Fig. IV-1 Bilan des forces pour un élément de câble courbe

Application 1 : Soit un câble parabolique de 30 m de longueur (fig. IV-2) tendu a


1,8 MN et ayant une flèche de 1 m. Calculer la pression radiale exercée par le
câble sur le béton.

Fig. IV-2 Schéma du câble parabolique


Solution
L’équation de la parabole s’écrit : y = ax2
Prenons un élément infinitésimal ds de la parabole, on a : ds  r d

2
Puisque la flèche est très petite par rapport à la longueur du câble, on a affaire
à une parabole aplatie, donc a<<1, dans ce cas on peut écrire : dx  ds  r d (*)
dy
Dérivons l’équation de la parabole par rapport à x, il vient :    2a x
dx
d
Dérivons une deuxième fois y par rapport à x, on aura :  2a
dx
d 1 1
D’après l’équation (*), on a :  2 a  ; d’où : r 
dx r 2a
y 1
Calculons la valeur de a ; pour x=15m on a y = 1m , donc : a  2 
x 152
1 15
2
Le rayon de courbure vaut donc : r    112.5 m
2a 2
F 1800
Et par la suite la pression radiale vaut : p    16 KN / ml
r 112.5
Cette pression, d’après la figure (IV-1), est dirigée vers le haut.

b) Frottement en courbe
Considérons un élément de câble de longueur ds et d’ouverture d α. D’après
l’équation (5), on a
F
p (6)
r
La contrainte de frottement mobilisée est dirigée en sens inverse du glissement
du câble et elle vaut
  f p (7)

Où f (rd-1) est le coefficient de frottement entre l’armature de précontrainte et


la gaine.
L’équilibre des forces selon la tangente ds donne

 ds  dF (8)

En remplaçant l’équation (7) dans l’équation (8), il vient

f p ds  dF (9)
Or
ds  r d (10)

En remplaçant l’équation (10) dans l’équation (9), on obtient

f p r d  dF (11)

En remplaçant l’expression de p de l’équation (6) dans l’équation (11), on aura

f F d  dF (12)

3
Soit
dF
 f F 0 (13)
d
La solution de l’équation différentielle (13) donne
F  F0  e  f  (14)

En termes de contraintes, la solution s’écrit


 p   p 0  e f  (15)

D’après l’exemple de la figure (IV-4), la déviation α au point M est le cumule de


toutes les déviations entre le point de départ A et le point M, soit
  1  2  2 (16)

Fig. IV-3 Mobilisation du frottement le long d’un câble courbe

Fig. IV-4 Tracé d’un câble dans une poutre continue

c) Frottement en ligne droite


En tracé linéaire, le câble ne peut être parfaitement rectiligne, il représente une
ondulation αd par mètre linéaire de longueur. Pour un point du câble d’abscisse x,
la tension vaut

 p   p 0  e  f   d x 
(17)

4
Soit
 p   p 0  e f   f  d x
(18)
Posons
  f d (19)

Où φ (m-1) est le coefficient de frottement par unité de longueur

En remplaçant l’équation (19) dans (18), on aura

 p   p 0  e  f   x (20)

Le développement en série de Taylor donne

y2 y3
e y
 1 y    ... (21)
2! 3!

Avec une légère erreur, on peut négliger les termes de puissance supérieure à 1,
soit
e  y  1  y. (22)

En appliquant cette propriété, l’équation (20) peut être écrite sous la forme

 p   p 0 1  f    x  (23)

Les coefficients f et φ sont donnés par l'annexe 3 du BPEL 91, leurs valeurs sont
reproduites dans le tableau (IV-1).

Tab. IV-1 Valeurs des coefficients de frottements en post-tension


Application 2 : La mise en tension du câble de la poutre représentée dans la
figure (IV-5) se fait des deux cotés. Tracer le diagramme des contraintes après
perte par frottement.

5
Données : Câble 7T13, fprg=1770 MPa, fpeg=1570 MPa ; f=0.18 rd-1, φ =2.10-3m-1.

Fig. IV-5 Tracé d’un câble d’une poutre symétrique


Solution
 p 0  min 0.8 f prg ; 0.9 f peg 
 p 0  min 0.8 1770 ; 0.9 1570  1413 MPa
 p B    p 0  A exp  f    l AB 
  16 
 p B   1413  exp   0.18   2 10 3 13   1309.3 MPa
 180 
 p M    p 0  A  exp  f    l AM 
  16 
 p M   1413  exp   0.18   2 10 3 18   1296.2 MPa
 180 

Fig. IV-6 Diagramme des contraintes après pertes par frottement

Lorsque la mise en tension se fait par les deux extrémités, le point de tension
minimale est soit le milieu de la poutre si le câble est symétrique (fig. IV-7a),
soit un point à déterminer si le câble n’est pas symétrique (fig. IV-7b).
Dans le cas où la mise en tension se fait par une seule extrémité, le point de
tension minimale se situe à l’autre extrémité comme le montre le diagramme n° 2
des contraintes illustré dans la figure (IV-8).

6
Fig. IV-7 Diagramme des contraintes après pertes par
frottement pour 2 types de tracé du câble

Fig. IV-8 Diagramme des contraintes après pertes par frottement pour une
mise en tension : 1- par deux extrémités, 2- par une seule extrémité

Si le câble est tiré à ses deux extrémités, il subira en chacune d’elles un


allongement élastique qui se calcule par rapport au point M de tension minimale.
D’après le graphe (1) de la figure (IV-8), l’allongement entre A et B se calcule par

 A  B  l
   E p AB (24)
 2  l AB
d’où
l AB   A   B 
 l AB    (25)
Ep  2 

De la même manière, on calculera l’allongement entre B et M par la formule

l BM   B   M 
 l BM    (26)
Ep  2 

L’allongement total à l’extrémité A s’écrit

7
 l AM   l AB   lBM (27)

En remplaçant les équations (25) et (26) dans l’équation (27), il résulte

1   A   B   M  
 l AM     l AB   B   l BM  (28)
Ep  2   2  
Si le câble est tiré à une seule extrémité, par exemple le point A, le point B
représente donc un ancrage passif. En utilisant le graphe (2) de la figure (IV-8),
l’allongement total à l’extrémité A se calcule par l’expression

1   A   B   C    D  
 l AD     l AB   B   l BC   C   lCD  (29)
E p  2   2   2  
Remarque : L’allongement total du câble dans le cas où il est tiré à une seule
extrémité est plus faible que la somme des allongements aux deux extrémités.

3-2 Perte de tension par recul d’ancrage


Lors du blocage d’ancrage, ce dernier subira un glissement « g » vers l’intérieur
de l’élément de béton. Cela va engendrer une diminution de l’allongement du câble
et par la suite une perte de tension jusqu’au point C qui est à déterminer. Pour ce
faire, il faut calculer la distance d entre A et C.
On peut conclure pour le cas d’un recul d’ancrage, la zone qui est touchée par la
perte de tension se situe prés de l’ancrage sur une distance AC, au-delà de C la
tension du câble n’est guère influencée.
3-2-1 Cas où C se situe entre A et B
Entre A et C, considérons un élément de câble de longueur dx ayant subit un
recul δ(dx) et une perte de tension δζp(x) (Fig. IV-9). On peut écrire

 dx 
 p x   E p (30)
dx
d’où
 p x 
 dx   dx (31)
Ep
En intégrant δ(dx) entre A et C, on obtiendra le recul d’ancrage g, soit

g    dx    p x dx
C 1 C

A Ep A
(32)

D’après la figure IV-9, on peut écrire

g E p    p x  dx  
C
(33)
A

8
Où Δ est l’aire du triangle AA1C
Donc
g E p   p  A   p  A1  d
1
(34)
2
Ou bien
g E p   p  A   p C d (35)
On a aussi
 p  A   p B   p  A   p C 
 (36)
l AB d

En divisant les équations (35)/(36), il vient


g E p l AB
 d2 (37)
 p  A   p  B 
Soit
g E p l AB
d (38)
 p  A   p  B 

Une fois la valeur d calculée, on peut déduire les valeurs de ζ p(C) et ζp(A1).
D’après l’équation (36), on a
 p C    p  A 
d
l AB

 p  A   p B  (39) 
et par la suite
 p  A'   p  A  2
d
l AB
  A   B
p p (40)

Fig. IV-9 Pertes de tension dans la zone d’ancrage

3-2-2 Cas général


Considérons le diagramme général des tensions AB1B2…Bn (fig. IV-10), pour
calculer les pertes par recul d’ancrage, on procède comme suit :
1- Calculer les valeurs : gEp, S1, S2, …Sn.
2- Localiser l’intervalle (i) dans laquelle se situe le point C, soit à vérifier :
Si ≤ gEp ≤Si+1.

9
3- Calculer la distance d.
4- Calculer les nouvelles contraintes aux points situés avant le point C.

Fig. IV-10 Surfaces (Si ) à partir du diagramme des contraintes dans le câble

Application 3 : En supposant que S1 ≤ gEp ≤ S2, calculer la distance d.


Solution
D’après la figure (IV-11), on a : g E p  S1    

  
soit : g E p   p  A   p B1  l AB1   p B1    p B1 ' l AB1   1
2
 
 p B1    p B1 ' d

Or :  p B1    p B1 '  2  p B1    p C  
  
d’où : g E p   p  A   p B1  l AB1   p B1    p C  2 l AB1  d   …… (α)

 p B1    p C   p B1    p B2 


Dans le triangle B1B1’’B2, on peut écrire : 
d l B1B2

d’où :  p B1    p C  
d
l B1B2
 B    B 
p 1 p 2 …… (β)

En remplaçant l’équation (β) dans l’équation (α), il vient

10

g E p   p  A   p B1  l AB1   d
l B1B2
 B    B 2 l
p 1 p 2 AB1 d 
Après développement de l’équation, on obtient


g E p   p  A   p B1  l AB1   2d l AB1
l B1B2
 B    B 
p 1 p 2 
d2
l B1B2
 
 p B1    p B2  (φ)

(φ) est une équation du 2e degré dont la racine positive est la valeur recherchée
de d.

Fig. IV-11 Perte de tension par recul d’ancrage pour le cas : S1 ≤ gEp ≤ S2

Application 4 : D’après l’exemple de l’application 2 (fig. IV-6), tracer le


diagramme de la tension du câble après un recul d’ancrage g=5mm, sachant que
Ep=1.9·105 MPa.
Solution
g E p  5 10 3 1.9 105  950 MN / m

S1 
1
2
  
 p  A   p  A1  l AB   p  A   p B  l AB 
S1  1413  1309.3 13  1348.1 MN / m
g E p l AB
g E p  S1  d
 p  A   p  B 
950 13
d  10.91 m
1413  1309.3
 p C    p  A 
d
l AB

 p  A   p B  
 p C   1413  1413  1309.3  1326 MPa
10.91
13

 p  A'   p  A  2
d
l AB
  A   B
p p

11
 p  A'  1413  2  1413  1309.3  1238.9 MPa
10.91
13

3-3 Perte de tension par déformations instantanées du béton


L’application d’une contrainte sur le béton entraine une déformation instantanée
de celui-ci. En conséquence, les armatures de précontrainte vont aussi subir une
déformation, donc une variation de contrainte. Si Δζb au niveau du câble est une
compression, ce dernier va subir une perte de tension ; si Δζb est une traction, le
câble va subir une surtension.

3-3-1 Déformation du béton lors de la mise en tension des câbles


Lorsqu’on met le 1er câble en tension, la pièce de béton se raccourcit d’une valeur
Δl, mais le câble ne subit pas de perte de précontrainte du fait qu’il n’est pas
encore boqué. Lorsqu’on met le 2e câble en tension, il se produit un
raccourcissement Δl du béton qui entraîne une perte de tension dans le 1er câble
déjà bloqué.
Prenons l’exemple d’une pièce en béton précontrainte par n câbles. La mise en
tension du ième câble entraîne un raccourcissement Δl des (i-1) câbles précédents
(figure IV-12), le béton ayant subi son ième raccourcissement de valeur Δl. Pour n
câbles, on a donc

 lbéton  n l (41)

Le raccourcissement total des câbles est :  ltotal  l  2 l   3 l   ....  n  1l


Soit
 ltotal 
n  1n l (42)
2
Le raccourcissement moyen d’un câble s’écrit
 ltotal n  1
 ltmoy   l (43)
n 2

12
En appliquant la loi de Hooke, on a
 lmoy   pi
p   (44)
l Ep

En remplaçant l’équation (43) dans (44), on a

p 
n  1  l    pi (45)
2 l Ep

Le béton subit une déformation


 lbéton n  l   b
b    (46)
l l Ebi

La mise en tension d’une poutre relève et libère cette dernière de son coffrage
inférieur. De ce fait on peut dire que le poids propre de la poutre est mobilisé au
fur et à mesure qu’on procède à sa mise en tension. Δζb résulte de la mise en
tension des armatures et l’effet du poids propre simultanément. On peut donc
confondre Δζb à ζb dans l’équation (46). En divisant l’équation (45) par (46), on a

  pi 
n  1 E b
(47)
p
2n Ebi

Remarque : Pour un nombre important de câbles (n≥20), on peut écrire

n  20 :
n  1  1 (48)
2n 2
Dans ce cas, l’article 3.3.11 du BPEL 91 propose la formule
1 
n  20 :   pi  Ep b (49)
2 Ebi

Fig. IV-12 Déformation d’une pièce en béton sous l’effet


de mises en tension successives de n câbles

Application 5 : Une poutre précontrainte rectangulaire est constituée de 4


câbles 12Ф7. On se propose de calculer la perte de tension, due à la mise en

13
tension des câbles, dans la section médiane de la poutre (figure IV-13) où le
moment fléchissant du au poids propre est Mg = 726 KN·m.
Données
La section de chaque câble est de 462 mm², la contrainte est ζpi = 1250 MPa,
Ep = 2·105 MPa,
Les caractéristiques géométriques de la section nette de la poutre sont :
Bnette = 0.473 m², Inette = 0.0572 m4,
La mise en tension se fait à l’âge de 18 jours où la résistance caractéristique du
béton est fc18 = 33 MPa.

Fig. IV-13 Section transversale de la poutre dans la zone médiane

Solution
La perte de tension due au raccourcissement instantané du béton suite à la mise
en tension
n 1  b
 pi  Ep (a)
2n Ebi

Mg  1 e 2p 
b    ep  P     (b)
I net B I 
 net net 

Or : P   pi   pi  Ap

 1 e 2p 
 e p   pi   pi   Ap  
Mg
L’équation (b) devient :  b     (c)
I net B I 
 net net 
D’après la figure IV-13 : ep = v’-0.11 = 0.607-0.11 = 0.497 m,
Ap = 4 x 462 = 1848 mm².

14
726 10 3  1 0.497 
2

b    0.497  1250   pi 1848 10 


6 

0.0572  0.473 0.0572 
 
 1 2

Soit :  b  6.308  1250   pi 1848 10   6 0.497 

 0.473 0.0572 
 
Enfin :  b  8.554  0.0119 pi (d)

Ebi  110003 f c18

Ebi  11000  3 33  Ebi  35283 MPa

En remplaçant l’équation (d) dans (a), il vient

 pi 
4  1  2 105 8.554  0.0119  pi 
2 4 35283
 pi  18.183  0.0253  pi

Soit  pi  17.7 MPa

 pi  1250   pi  1232.3 MPa

3-3-2 Déformation du béton sous l’effet d’une charge permanente


(g) quelconque
Sous la charge permanente (g), les câbles tendus avant application de cette
charge subissent la totalité de déformation du béton. Par égalité des
déformations
  pi   b
 p  b   (50)
Ep Ebi
Soit
b
  pi  E p (51)
Ebi

Si Δζb est une compression de béton, Δζpi sera une perte de tension. Si Δζb est
une traction du béton (diminution de compression), Δζpi sera une surtension ;
exemple de bétonnage d’un hourdis sur une poutre préfabriquée en béton
précontraint.
Application 6 : La poutre décrite dans l’application 5 supporte une dalle revêtue
de poids gh = 4.6 KN/ml. Sachant que la portée de la poutre est de 20m, calculer
la surtension dans les câbles et déduire la tension finale.

15
Solution
gh l 2
M gh 
8
2
4.6  20
M gh   230 KN  m
8
La traction du béton se calcule par
M gh
 b    ep
I net
0.230
 b    0.497  2 MPa
0.0572
b
  pi  E p
Ebi

  pi  2  105 
 2  11.3 MPa
35283
La tension finale est donc
 pi  1232.3   pi  1243.6 MPa

On remarque que la tension des câbles a augmenté (surtension).

3-3-3 Déformation du béton par application d’une nouvelle


précontrainte
Parfois l’ouvrage est composé de plusieurs familles de câbles, la précontrainte
sera réalisée à différents âges.
Application 7 : Prenons l’exemple d’une poutre en béton précontraint composée
de 2 familles de câbles :
famille 1 : n câbles mis en tension à l’âge j1 du béton,
famille 2 : p câbles mis en tension à l’âge j2 du béton,

Solution
- A l’âge j1, on met en tension n câbles, donc :

La 1ère famille de n câbles :   pin 1 


n  1 E  bn  ,
p
2n Ebi j1
La 2ème famille de p câbles :   pi p 1  0 , ils ne sont pas encore tendus.
- A l’âge j2, on met en tension p câbles, donc :
  b p 
La 1ère famille de n câbles :   pin 2  E p ,
Ebi j 2

La 2ème famille de p câbles :   pi p 2 


 p  1 E   b p 
.
p
2p Ebi j 2

16
La 1ère famille constituée de n câbles subit donc 2 pertes successives :

  pin     pin 1    pin 2 (52)


Soit
 n  1  b n    b  p  
  pin   E p    (53)
 2n E E 
 bi j1 bi j 2 

La 2ème famille constituée de p câbles subit 1 seule perte :

  pi p  
 p  1 E   b p 
(54)
p
2p Ebi j 2

3-4 Perte instantanée totale


Les pertes que nous venons de voir se produisent les unes après les autres, elles
se cumulent donc
 i x     x    g x    pi x  (55)

  i x  est appelée perte instantanée totale ou perte de mise en œuvre.

La valeur probable de la tension après la mise en œuvre (fig. IV-14) s’écrit :

 pm x    p 0   i x  (56)

Fig. IV-14 Diagramme de la tension initiale probable  pm x  du câble

4- PERTES DIFFEREES DE PRECONTRAINTE EN POST-TENSION


A la différence des pertes instantanées, les pertes différées se produisent
simultanément pendant un certain temps de la vie de l’ouvrage. Le BPEL 91 les a
étudiés séparément tout en tenant compte de cette simultanéité.

17
4-1 Perte due au retrait du béton
Les câbles ne sont tendus qu’à l’âge t0 qui permet au béton d’acquérir une
résistance suffisante. A cet âge t0 le béton est déjà raccourcis pendant la
période [0, t0], sa déformation prend la valeur (cf. II-3-4-1)

 b t0    r  r t0  (57)

Où εr est le retrait final (entre t=0, t=∞). En Algérie, il prend les valeurs
suivantes :
εr = 2 × 10-4 en climat humide Zone A de de l’Algérie
εr = 3 × 10-4 en climat tempéré sec Zone B
εr = 4 × 10-4 en climat chaud et sec Zones B’, C, D1
εr = 5 × 10-4 en climat très sec ou désertique Zones D2 et D3.

r(t) est la fonction d’évolution du retrait dans le temps, elle s’écrit

r t  
t
(58)
t  9 rm

rm le rayon moyen de la pièce, exprimé en centimètres,


B
rm  (59)
u

Où B est l’aire de la section de l’élément considéré,


u est le périmètre extérieur de cette section.
Entre t=t0 et t=∞, le béton subit un raccourcissement par retrait

 b   b t    b t0  (60)

Pour t=∞ (t > 10 ans) : r(t)=1, donc


 b t    r (61)

L’équation (60) peut s’écrire


 b   r   b t0  (62)

En remplaçant l’équation (57) dans l’équation (62), il en résulte


 b   r 1  r t0  (63)

Les armatures précontraintes subissent le même raccourcissement


 p   b   r 1  r t0  (64)

La perte de précontrainte entre t=t0 et t=∞ s’écrit

18
 r  E p   p (65)

En remplaçant l’équation (64) dans l’équation (65), la perte de précontrainte


entre t=t0 et t=∞ se calcule par
 r  E p   r 1  r t0  (66)

Entre t=t0 et t quelconque, la perte due au retrait s’écrit


 r  E p   r r t   r t0  (67)

Remarque :  r est constante le long de la pièce en béton et ne dépend pas de


l’abscisse x.

4-2 Perte due au fluage du béton


A la différence du retrait, le fluage commence au moment du chargement et se
développe pendant la durée d’application de ce chargement.
Le BPEL 91 (article 3.3,22) simplifie l’expression de la perte de tension par
fluage du béton
Ep
 fl   M   b  (68)
Ebij

Où j est l’âge du béton à la mise en précontrainte.


ζM et ζb sont respectivement les contraintes ; maximale et finale du béton au
niveau du câble moyen.
La contrainte maximale ζM se calcule sous la charge permanente G après la mise
en tension du câble où : ζpi = ζp0-Δζi.
La contrainte minimale ζb se calcule sous la charge permanente G après
manifestation des pertes différées dans le câble où : ζp∞ = ζp0-Δζi- Δζd.
Si
 M  1.5  b (69)

On pourra remplacer dans l’équation (68) une valeur de ζM égale à 1.5 ζb, on aura
Ep
 fl  2.5  b (70)
Ebij

4-3 Perte par relaxation des armatures de précontrainte


Au cours du temps il y a une chute de tension Δζρ(t) dans les armatures de
précontrainte.
3
1  
 t 4  10  7.5 
   t   k1  1000     exp     pi (71)
 1000   k 2 

19
Où ρ 1000 est la relaxation isotherme à 20 C° à 1000 heures, en pourcentage d’une
tension initiale égale à 0,7 fprg.
   t  1000 h 
1000  100 (72)
0.7 f prg

k1 et k2 sont des coefficients qui dépendent de ρ 1000. Ils s’écrivent


k1  6  10 3 si 1000  2.5% 

 (73)
k1  8  10 3 si 1000  2.5% 

k 2  1.1 si 1000  2.5% 

k 2  1.25 si 2.5%  1000  7%  (74)
k 2  1.5 si 1000  7% 

t est le temps exprimé en heures,
ζpi est la tension de l’armature précontrainte après déduction des pertes
instantanées,
 pi x    p 0    i x  (75)

μ est le rapport de la contraintes ζpi sur fprg.


 pi
 (76)
f prg

Lorsqu’on cherche la perte finale pour un temps t supérieur à 5·10 5 heures (57
ans), le BPEL91 (article 3.3,23) propose la formule simplifiée

1000     0    pi
6
  (77)
100
Où μ0 est coefficient qui dépend de ρ 1000
 0  0.43 si 1000  2.5% 

 0  0.35 si 2.5%  1000  7%  (78)
 0  0.30 si 1000  7% 

L’équation (77) donne des résultats voisins à ceux de l’équation (71) pour
 pi
0.55     0.75 (79)
f prg
ce qui est généralement le cas en post-tension.

4-4 Pertes différées totales


Le retrait, le fluage et la relaxation se produisent simultanément (en même
temps). Le BPEL91 (article 3.3,24) prend en compte la concomitance par un
abattement forfaitaire de la relaxation, la perte différée aura la forme

20
5
  d    r    fl    (80)
6
Et la tension finale probable sera donc
 p  x    pi x     d x  (81)

Remarque : la perte différée de précontrainte dans le temps peut s’écrire selon


la loi proposée par l’article (3.3,24) du BPEL 91

  d t   r t    d (82)

Où r(t) est la fonction décrite par l’équation (58).

5- VALEURS CARACTERISTIQUES DES TENSIONS DES ARMATURES DE


PRECONTAINTE
La valeur caractéristique maximale
 p max  1.02 p 0  0.8  (83)

La valeur caractéristique minimale


 p min  0.98 p 0  1.2  (84)

Avec
    i   d (85)

D’après les équations (82) et (83), on voit que l’incertitude commise sur ζ p0 est
de 2 %, ceci est justifié par le contrôle strict de la mise en tension. Par contre
l’incertitude sur les pertes est de 20 % car ces pertes résultent de calculs
théoriques et ne font pas l’objet de contrôle.

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