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PERTES DE PRECONTRAINTE
1- INTRODUCTION
Après la mise en tension de l’armature de précontrainte, on remarque que cette
tension change d’un point à un autre le long du produit, et elle diminue aussi dans
le temps. On dira que la précontrainte a subit des pertes qu’on peut regrouper en
deux familles :
- les pertes instantanées qui se produisent immédiatement après la mise en
tension, sous l’effet du frottement, de rentrée d’ancrage, de la non-
simultanéité de mise en tension ;
- les pertes différées qui se produisent dans le temps, sous l’effet du retrait
de béton, de son fluage et de la relaxation des armatures de précontrainte.
Dans ce chapitre on ne citera que le cas de la post-tension. Les pertes par pré-
tension sont calculées de manière tout à fait différente du fait que le processus
technologique de la pré-tension n’a rien à voir avec celui de la post-tension. Parmi
les ouvrages qui traitent les pertes par pré-tension, on peut citer celui de G.
DREUX ; « Cours Pratique de Béton Précontraint ».
1
3- PERTES INSTANTANEES DE PRECONTRAINTE EN POST-TENSION
3-1 Perte de tension par frottement de l’armature
a) Câble courbe : relation entre la pression radiale et la force de
précontrainte
Supposons un élément de câble courbe de longueur s, de rayon de courbure r et
un angle d’ouverture α0, soumis à un effort de traction F (fig. IV-1). Ce câble
exerce une pression radiale p sur la gaine et sur le béton. En projetant les forces
sur la bissectrice de la portion d’arc, on a
0 0 / 2
2 p r cos d 2 p r sin 0 0
/2
2 F sin (4)
2 0
2
Puisque la flèche est très petite par rapport à la longueur du câble, on a affaire
à une parabole aplatie, donc a<<1, dans ce cas on peut écrire : dx ds r d (*)
dy
Dérivons l’équation de la parabole par rapport à x, il vient : 2a x
dx
d
Dérivons une deuxième fois y par rapport à x, on aura : 2a
dx
d 1 1
D’après l’équation (*), on a : 2 a ; d’où : r
dx r 2a
y 1
Calculons la valeur de a ; pour x=15m on a y = 1m , donc : a 2
x 152
1 15
2
Le rayon de courbure vaut donc : r 112.5 m
2a 2
F 1800
Et par la suite la pression radiale vaut : p 16 KN / ml
r 112.5
Cette pression, d’après la figure (IV-1), est dirigée vers le haut.
b) Frottement en courbe
Considérons un élément de câble de longueur ds et d’ouverture d α. D’après
l’équation (5), on a
F
p (6)
r
La contrainte de frottement mobilisée est dirigée en sens inverse du glissement
du câble et elle vaut
f p (7)
ds dF (8)
f p ds dF (9)
Or
ds r d (10)
f p r d dF (11)
f F d dF (12)
3
Soit
dF
f F 0 (13)
d
La solution de l’équation différentielle (13) donne
F F0 e f (14)
p p 0 e f d x
(17)
4
Soit
p p 0 e f f d x
(18)
Posons
f d (19)
p p 0 e f x (20)
y2 y3
e y
1 y ... (21)
2! 3!
Avec une légère erreur, on peut négliger les termes de puissance supérieure à 1,
soit
e y 1 y. (22)
En appliquant cette propriété, l’équation (20) peut être écrite sous la forme
p p 0 1 f x (23)
Les coefficients f et φ sont donnés par l'annexe 3 du BPEL 91, leurs valeurs sont
reproduites dans le tableau (IV-1).
5
Données : Câble 7T13, fprg=1770 MPa, fpeg=1570 MPa ; f=0.18 rd-1, φ =2.10-3m-1.
Lorsque la mise en tension se fait par les deux extrémités, le point de tension
minimale est soit le milieu de la poutre si le câble est symétrique (fig. IV-7a),
soit un point à déterminer si le câble n’est pas symétrique (fig. IV-7b).
Dans le cas où la mise en tension se fait par une seule extrémité, le point de
tension minimale se situe à l’autre extrémité comme le montre le diagramme n° 2
des contraintes illustré dans la figure (IV-8).
6
Fig. IV-7 Diagramme des contraintes après pertes par
frottement pour 2 types de tracé du câble
Fig. IV-8 Diagramme des contraintes après pertes par frottement pour une
mise en tension : 1- par deux extrémités, 2- par une seule extrémité
A B l
E p AB (24)
2 l AB
d’où
l AB A B
l AB (25)
Ep 2
l BM B M
l BM (26)
Ep 2
7
l AM l AB lBM (27)
1 A B M
l AM l AB B l BM (28)
Ep 2 2
Si le câble est tiré à une seule extrémité, par exemple le point A, le point B
représente donc un ancrage passif. En utilisant le graphe (2) de la figure (IV-8),
l’allongement total à l’extrémité A se calcule par l’expression
1 A B C D
l AD l AB B l BC C lCD (29)
E p 2 2 2
Remarque : L’allongement total du câble dans le cas où il est tiré à une seule
extrémité est plus faible que la somme des allongements aux deux extrémités.
dx
p x E p (30)
dx
d’où
p x
dx dx (31)
Ep
En intégrant δ(dx) entre A et C, on obtiendra le recul d’ancrage g, soit
g dx p x dx
C 1 C
A Ep A
(32)
g E p p x dx
C
(33)
A
8
Où Δ est l’aire du triangle AA1C
Donc
g E p p A p A1 d
1
(34)
2
Ou bien
g E p p A p C d (35)
On a aussi
p A p B p A p C
(36)
l AB d
Une fois la valeur d calculée, on peut déduire les valeurs de ζ p(C) et ζp(A1).
D’après l’équation (36), on a
p C p A
d
l AB
p A p B (39)
et par la suite
p A' p A 2
d
l AB
A B
p p (40)
9
3- Calculer la distance d.
4- Calculer les nouvelles contraintes aux points situés avant le point C.
Fig. IV-10 Surfaces (Si ) à partir du diagramme des contraintes dans le câble
soit : g E p p A p B1 l AB1 p B1 p B1 ' l AB1 1
2
p B1 p B1 ' d
Or : p B1 p B1 ' 2 p B1 p C
d’où : g E p p A p B1 l AB1 p B1 p C 2 l AB1 d …… (α)
d’où : p B1 p C
d
l B1B2
B B
p 1 p 2 …… (β)
10
g E p p A p B1 l AB1 d
l B1B2
B B 2 l
p 1 p 2 AB1 d
Après développement de l’équation, on obtient
g E p p A p B1 l AB1 2d l AB1
l B1B2
B B
p 1 p 2
d2
l B1B2
p B1 p B2 (φ)
(φ) est une équation du 2e degré dont la racine positive est la valeur recherchée
de d.
Fig. IV-11 Perte de tension par recul d’ancrage pour le cas : S1 ≤ gEp ≤ S2
S1
1
2
p A p A1 l AB p A p B l AB
S1 1413 1309.3 13 1348.1 MN / m
g E p l AB
g E p S1 d
p A p B
950 13
d 10.91 m
1413 1309.3
p C p A
d
l AB
p A p B
p C 1413 1413 1309.3 1326 MPa
10.91
13
p A' p A 2
d
l AB
A B
p p
11
p A' 1413 2 1413 1309.3 1238.9 MPa
10.91
13
lbéton n l (41)
12
En appliquant la loi de Hooke, on a
lmoy pi
p (44)
l Ep
p
n 1 l pi (45)
2 l Ep
La mise en tension d’une poutre relève et libère cette dernière de son coffrage
inférieur. De ce fait on peut dire que le poids propre de la poutre est mobilisé au
fur et à mesure qu’on procède à sa mise en tension. Δζb résulte de la mise en
tension des armatures et l’effet du poids propre simultanément. On peut donc
confondre Δζb à ζb dans l’équation (46). En divisant l’équation (45) par (46), on a
pi
n 1 E b
(47)
p
2n Ebi
n 20 :
n 1 1 (48)
2n 2
Dans ce cas, l’article 3.3.11 du BPEL 91 propose la formule
1
n 20 : pi Ep b (49)
2 Ebi
13
tension des câbles, dans la section médiane de la poutre (figure IV-13) où le
moment fléchissant du au poids propre est Mg = 726 KN·m.
Données
La section de chaque câble est de 462 mm², la contrainte est ζpi = 1250 MPa,
Ep = 2·105 MPa,
Les caractéristiques géométriques de la section nette de la poutre sont :
Bnette = 0.473 m², Inette = 0.0572 m4,
La mise en tension se fait à l’âge de 18 jours où la résistance caractéristique du
béton est fc18 = 33 MPa.
Solution
La perte de tension due au raccourcissement instantané du béton suite à la mise
en tension
n 1 b
pi Ep (a)
2n Ebi
Mg 1 e 2p
b ep P (b)
I net B I
net net
Or : P pi pi Ap
1 e 2p
e p pi pi Ap
Mg
L’équation (b) devient : b (c)
I net B I
net net
D’après la figure IV-13 : ep = v’-0.11 = 0.607-0.11 = 0.497 m,
Ap = 4 x 462 = 1848 mm².
14
726 10 3 1 0.497
2
pi
4 1 2 105 8.554 0.0119 pi
2 4 35283
pi 18.183 0.0253 pi
Si Δζb est une compression de béton, Δζpi sera une perte de tension. Si Δζb est
une traction du béton (diminution de compression), Δζpi sera une surtension ;
exemple de bétonnage d’un hourdis sur une poutre préfabriquée en béton
précontraint.
Application 6 : La poutre décrite dans l’application 5 supporte une dalle revêtue
de poids gh = 4.6 KN/ml. Sachant que la portée de la poutre est de 20m, calculer
la surtension dans les câbles et déduire la tension finale.
15
Solution
gh l 2
M gh
8
2
4.6 20
M gh 230 KN m
8
La traction du béton se calcule par
M gh
b ep
I net
0.230
b 0.497 2 MPa
0.0572
b
pi E p
Ebi
pi 2 105
2 11.3 MPa
35283
La tension finale est donc
pi 1232.3 pi 1243.6 MPa
Solution
- A l’âge j1, on met en tension n câbles, donc :
16
La 1ère famille constituée de n câbles subit donc 2 pertes successives :
pi p
p 1 E b p
(54)
p
2p Ebi j 2
pm x p 0 i x (56)
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4-1 Perte due au retrait du béton
Les câbles ne sont tendus qu’à l’âge t0 qui permet au béton d’acquérir une
résistance suffisante. A cet âge t0 le béton est déjà raccourcis pendant la
période [0, t0], sa déformation prend la valeur (cf. II-3-4-1)
Où εr est le retrait final (entre t=0, t=∞). En Algérie, il prend les valeurs
suivantes :
εr = 2 × 10-4 en climat humide Zone A de de l’Algérie
εr = 3 × 10-4 en climat tempéré sec Zone B
εr = 4 × 10-4 en climat chaud et sec Zones B’, C, D1
εr = 5 × 10-4 en climat très sec ou désertique Zones D2 et D3.
r t
t
(58)
t 9 rm
18
r E p p (65)
On pourra remplacer dans l’équation (68) une valeur de ζM égale à 1.5 ζb, on aura
Ep
fl 2.5 b (70)
Ebij
19
Où ρ 1000 est la relaxation isotherme à 20 C° à 1000 heures, en pourcentage d’une
tension initiale égale à 0,7 fprg.
t 1000 h
1000 100 (72)
0.7 f prg
Lorsqu’on cherche la perte finale pour un temps t supérieur à 5·10 5 heures (57
ans), le BPEL91 (article 3.3,23) propose la formule simplifiée
1000 0 pi
6
(77)
100
Où μ0 est coefficient qui dépend de ρ 1000
0 0.43 si 1000 2.5%
0 0.35 si 2.5% 1000 7% (78)
0 0.30 si 1000 7%
L’équation (77) donne des résultats voisins à ceux de l’équation (71) pour
pi
0.55 0.75 (79)
f prg
ce qui est généralement le cas en post-tension.
20
5
d r fl (80)
6
Et la tension finale probable sera donc
p x pi x d x (81)
d t r t d (82)
Avec
i d (85)
D’après les équations (82) et (83), on voit que l’incertitude commise sur ζ p0 est
de 2 %, ceci est justifié par le contrôle strict de la mise en tension. Par contre
l’incertitude sur les pertes est de 20 % car ces pertes résultent de calculs
théoriques et ne font pas l’objet de contrôle.
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