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CHAPITRE V

RESUME
Ce mercredi, le maître de l’école est heureux et gentil avec les écoliers. La raison de son bonheur est l’événement de
Achoura, occasion pour la réfection de l’école. Les enfants, heureux, sont libérés pour le reste de la journée. Cette joie
est modifiée par l’absence de la mère du narrateur qui est partie avec lalla Aicha.
Lorsque la mère est de retour, elle chuchote aux voisines l’histoire de son amie. Moulay Larbi, ruiné par le procès rendu
en faveur de son ennemi, sa femme vend tous les bijoux et meubles qu’elle possède pour que celui-ci puisse s’installer
dans un nouvel atelier. Au moment où la mère achève son récit, un hurlement déchirant s’élève. Une vieille esclave
informe les femmes que Sidi Mohamed ben Tahar, un coiffeur de son état, vient de mourir.
La mère va présenter ses condoléances à la femme du défunt et le narrateur l’accompagne. Lorsqu’il revient chez lui, il
songe à la mort et à l’enterrement. Pour le consoler, le père lui raconte une histoire afin de lui faire comprendre que
certains morts sont accompagnés d’anges au paradis.
L’enfant tombe pourtant dans une tristesse profonde, il pense qu’il va mourir et se met à imaginer son propre cortège
funèbre et s’endort en faisant des rêves. En se réveillant le matin, il est dispensé d’aller à l’école coranique et il est
gratifié d’un beignet. Lassé de suivre les activités journalières des femmes, il s’occupe à réciter le Coran avec ardeur. Il
arrête sa psalmodie et sort sur le palier lorsque sa mère lui offre une chaînette de cuire que le chat amaigri de Zineb lui
vole et s’enfuit. Croyant que c’est la fillette qui l’a chargé de la lui voler, il se précipite alors sur elle et une violente
dispute éclate entre les deux ennemis.

AXES DE LECTURE
I- Un grand bonheur en perspective
La fête de la Achoura qui est évoquée tout au long des chapitres V-VI et VII se présente comme une occasion rare qui
arrache les enfants à leur calvaire quotidien. L’attitude aimable du fqih et l’ambiance sereine qui règne à l’école procure
des moments de joie intense à Sidi Mohammed :
« - Je n’avais jamais vu le maître du Msid aussi souriant que le mercredi. »
« - Pas un élève ne reçut la bastonnade. La verge de cognassier devenait un accessoire de fantaisie, un de ces objets
que l’on tient pour occuper les doigts. »
« - Tous les élèves viendraient pour inaugurer la nouvelle année dans la joie et dans le travail. »
« - Enfin, à notre grande joie, nous eûmes congé pour le reste de la journée. Quel bonheur ! »

II- L’expérience de la solitude


La joie de l’enfant ne tarde pas à disparaître. A la maison, Fatma Bziouya l’informe que sa mère est sortie avec Lalla
Aïcha. L’enfant, habitué à la présence de sa mère qu’il accompagne partout à où elle va, se confronte pour la première
fois à la solitude ; une solitude qui prend des proportions effrayantes au fur et à mesure que le temps passe :
« - J’entrai. Les objets, ne me connaissent plus, ils m’opposaient un visage hostile. Ils s’amusèrent à m’effrayer, ils
se transformaient en monstres, redevenaient objets familiers, empruntaient de nouveaux masques de bêtes
d’apocalypse. Je me tenais sur un matelas, terrifié, la gorge sèche, attendant le retour de ma mère, seule personne
capable de me délivrer de ces sortilèges. Je ne bougeais pas de peur d’exciter l’animosité des êtres qui m’épiaient
derrière chaque chose. Des siècles passèrent. »

III- La méditation sur la mort


Le décès de Sidi Mohammed ben Tahar incite le héros à s’interroger sur la nature de la mort en se basant sur ses propres
repères. Mais ce qui attire son attention, c’est surtout l’élan spontané des habitants du quartier qui partagent tous le
malheur de la femme du défunt. Cet élan du cœur des gens simples de souche populaire est évoqué à plusieurs endroits
du récit :
1- Un élan spontané
« - Je vais passer par-dessus le mur, cela me fera du bien d’aller pleurer un peu.(…) Elles étaient une vingtaine qui
manifestaient bruyamment leur douleur.(…) certaines hoquetaient sans rien dire, d’autres invoquaient les saints,
adressaient de ferventes prières à Dieu et à son prophète.(…) Ma mère parla de la douleur de la femme du coiffeur,
cita les noms de quelques assistantes, avoua qu’elle ignorait l’existence de la mère.(…) Chacun de ses cris arrachait
un puissant soupir à ma mère.(…) Les femmes de notre maison lâchèrent leur ouvrage. Elles se mirent à pleurer, à
gémir près de leurs braseros et de leurs marmites. »
2- Tous les êtres sont mortels
L’expérience vécue par l’enfant dans la maison du défunt lui fait découvrir la vérité de la mort et tout le rituel qui
l’accompagne. Tout le monde tire de cet événement une conclusion « éminemment philosophique » : Tous les êtres sont
mortels ; tôt ou tard viendra notre tour.
« - Tout à l’heure, après les ablutions rituelles, il sera vêtu pour la dernière fois de blanc. Des hommes le porteront
sur leur tête sur une confortable civière en bois de cèdre et iront l’enfouir dans la terre humide. La terre se refermera
pour l’éternité sur Sidi Mohammed ben Tahar. Je rêvais à tout cela. »
« - J’avais même vu des morts découverts, posés simplement sur la civière et sans personne pour les accompagner à
leur dernière demeure. J’avais trouvé cela infiniment triste. »

L’histoire racontée par Maâlem Abdeslam à son fils confirme le constat de l’enfant. Les gens participent en grand
nombre au cortège funèbre des hommes riches mais ils n’accompagnent pas les pauvres à leur dernière demeure. Cette
triste révélation marque durablement Sidi Mohammed qui finit par avoir un malaise, un malaise où il voit planer partout
le sinistre spectre de la mort :
« - J’imaginais le cortège ; quelques personnes du quartier, le fqih de l’école coranique, mon père, plus grave que
jamais et des anges, des milliers d’anges vêtus de soie blanche. A la maison, ma mère pousserait des cris à se déchirer
le gosier ; elle pleurerait pendant des jours et pendant des nuits. Elle serait toute seule le soir pour attendre le retour
de mon père. »

IV- Le sens des bruits et des objets


Chaque fois que la communication devient impossible avec les adultes ou même avec les enfants de son âge, Sidi
Mohammed instaure un dialogue avec les objets qui l’entourent et qui lui parlent comme des êtres humains. C’est sa
façon à lui de rompre avec le monde réel et de plonger dans un univers imaginaire qui lui prodigue d’intenses moments
de féerie :
« - Celui de Rahma variait son répertoire. Parfois il prenait plaisir à répéter : J’ai chaud ! J’ai chaud ! Ou alors : je
souffre ! Je souffre !
- Je cessais d’écouter les soufflets. D’autres bruits venaient me distraire. Des explosions d’étincelles roulaient comme
des billes qui se répandaient sur le parterre en mosaïque (…) Un pigeon roucoula sur la terrasse. Il disait des mots
si jolis que je souriais aux anges.
-Un gros bourdon (…) claqua contre le mur (…) et se projeta violemment sur la fenêtre de notre chambre, sur le
verre de la lampe à pétrole. Le verre tinta mais résista au choc. Cette visite m’enchanta. Je me mis à rire et à taper
des mains (…)
- La chaînette délicatement travaillée absorba mon attention. Je la contemplais longtemps.(…) Ma chaîne se changea
en bijou d’or.(…) Les plus humbles de mes boutons et de mes clous, par une opération de magie dont j’avais seul le
secret se muèrent en joyaux.(…) Absorbé dans la contemplation de mes trésors, je n’avais pas vu entrer le chat de
Zineb. »

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