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Elmerabet 2023-2024

Citations clés des essais d’Arendt : « Vérité et politique » et « Du mensonge

en politique »
I- La tromperie, l’action de tromper : un invariant dans l’histoire des hommes

DMEP :
A- « Le secret [...], la tromperie, la falsification délibérée et le mensonge pur et simple, employés comme moyens
légitimés de parvenir à la réalisation d’objectifs politiques font partie de l’histoire [...] La véracité n’a jamais figuré
au nombre des vertus politiques, et le mensonge a toujours été considéré comme un moyen parfaitement justifié
dans les affaires politiques. » (p. 13)

B- « La tromperie n’entre jamais en conflit avec la raison, car les choses auraient pu se passer effectivement de la
façon dont le menteur le prétend. Le mensonge est souvent plus plausible, plus tentant pour la raison que la réalité,
car le menteur possède le grand avantage de savoir d’avance ce que le public souhaite entendre ou s’attend à
entendre. » (p. 16)

II- La croyance

DMEP :
A - De « grandioses motivations stratégiques » sont invoquées pour poursuivre la guerre, fondées sur la croyance
d’une conspiration communiste mondiale de la Chine et de la Russie (p. 41).
VEP :
B - Arendt cite Antonio dans La Tempête de Shakespeare, qui soutient avoir dû faire « une pécheresse de sa
propre mémoire, pour croire à son propre mensonge » (p. 323).
C- Les gouvernements modernes procèdent à une réévaluation permanente de l’histoire (Trotski) et cette
instabilité provoque un véritable lavage de cerveau, qui entraîne ce qu’Arendt désigne comme « un genre
particulier de cynisme - un refus absolu de croire en la vérité d’aucune chose, si bien établie que puisse être cette
vérité » (p. 327).

III- La comédie

DMEP :
A -Arendt montre que toutes sortes de scénarios politiques coexistent, devant répondre « à l’attente d’un public
différent” (p. 28), et plus tard pointe le fait qu’on emploie les « termes de scénarios et de publics, empruntés au
vocabulaire du théâtre » (p. 30).
VEP :
B-Arendt, pour montrer l’affinité entre politique et mise en scène par la création d’images, prend l’exemple des
« villages de Potemkine »: de belles façades en carton-pâte auraient été érigées, à la demande du ministre russe
Grigori Potemkine, afin de masquer la pauvreté réelle des villages lors de la visite de l’impératrice Catherine II en
Crimée en 1787: « L’édification de villages de Potemkine, si chère aux politiciens et propagandistes des pays sous-
développés, ne conduit jamais à l’établissement d’une chose réelle mais seulement à une prolifération et à une
perfection du trompe-l’œil. » (p. 329)

IV- Les politiciens

DMEP :
A -Une « variété nouvelle de l’art de mentir » touche les hommes les plus éduqués, les plus hauts échelons de
l’administration, que Niel Sheehan nomme les « spécialistes de la solution des problèmes » (p. 19-20).
B- Ils vont préférer “faire concorder la réalité envisagée par eux [...] avec leurs théories » (p. 23).

V- Le langage, la propagande

DMEP :
A- La propagande des élites américaines s’adresse au monde entier, il faut « persuader le monde du caractère
unique du conflit sud-vietnamien et de l’impossibilité d’y apporter une solution satisfaisante » (p. 28).
B- Le but est de « dissimuler la vérité sur d’aussi graves événements dans l’unique souci de la prochaine élection et
afin d’éviter que le Président en exercice soit «le premier Président des États-Unis à perdre une guerre » (p. 53).

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VEP
C- « Et la propagande à l’échelon gouvernemental a appris plus d’un tour des usages du business et des méthodes
de Madison Avenue. » (p. 325)

VI- Les techniques, les techniciens

DMEP
A- Arendt dénonce la contamination du monde politique par les techniques publicitaires: « la prémisse
psychologique de la possibilité de manipuler les hommes est devenue l’un des principaux produits en vente sur le
marché de l’opinion » (p. 18).
VEP :
B - « Il n’y a pas de doute que ceux qui sont à l’origine de l’image mensongère qui inspire les persuadeurs cachés
savent encore qu’ils veulent tromper un ennemi à l’échelon social ou national, mais le résultat est que tout un
groupe de gens, et même des nations entières, peuvent s’orienter d’après un tissu de tromperies auxquelles leurs
dirigeants souhaitaient soumettre leurs opposants (p. 325).

VII-La servitude volontaire, la soumission

DMEP :
A - « On peut en conclure que plus un trompeur est convaincant et réussit â convaincre, plus il a de chances de
croire lui-même à ses propres mensonges. » (p. 51)
B - « Les trompeurs ont commencé par s’illusionner eux-mêmes. Du fait sans doute de la position élevée qu’ils
occupaient et de leur imperturbable confiance en eux- mêmes, ils étaient tellement convaincus de pouvoir
remporter un succès total » (p. 52).
VEP
C-Selon Arendt, les hommes politiques modernes finissent par devenir dupes de leurs propres mensonges, ce qui
n ‘était pas le cas autrefois: « Ils n’étaient pas disposés à devenir victimes de leurs propres falsifications; ils
pouvaient tromper les autres sans se tromper eux-mêmes » (p. 322).

VIII- Les limites que rencontrent mensonge et tromperie

DMEP :
A -« Poussé au-delà d’une certaine limite, le mensonge produit des résultats contraires au but recherché; cette
limite est atteinte quand le public auquel le mensonge est destiné est contraint, afin de pouvoir survivre, d’ignorer
la frontière qui sépare la vérité du mensonge » (p. 17).
B - « les décisions erronées et les déclarations mensongères étaient toujours en contradiction avec les rapports
étonnamment véridiques des services de renseignements » (p. 25).

C - « Le dupeur qui se dupe lui-même perd tout contact, non seulement avec son public, mais avec le monde réel,
qui ne saurait manquer de le rattraper, car son esprit peut s’en abstraire mais non pas son corps. » (p. 40).

IX- Détromper, faire voir la vérité

DMEP :
A - Les diverses sections des services de renseignement « bénéficiaient d’une indépendance relative, et de ce fait,
elles n’ont pas cessé de dire la vérité, d’une année sur l’autre », sans être tenues d’inventer « de mirifiques
histoires » (p.36).

B -« Une presse libre et non corrompue a une mission d’une importance considérable à remplir, qui lui permet à
juste titre de revendiquer le nom de quatrième pouvoir » (p. 65-66).
VEP :
C – « Dans leur opiniâtreté, les faits sont supérieurs au pouvoir; ils sont moins passagers que les formations du
pouvoir » (p. 329).

X-Les contre-pouvoirs, le regard de l’autre

VEP :
- « La fonction politique du raconteur d’histoire - historien ou romancier - est d’enseigner l’acceptation des choses
telles qu’elles sont. De cette acceptation, qu’on peut aussi appeler bonne foi(Hérodote), surgit la faculté de
jugement. » Il s’agit là d’une véritable catharsis au sens d’Aristote et « il est hors de doute que toutes ces fonctions
politiquement importantes sont accomplies de l’extérieur du domaine politique. » (p. 34)
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