Vous êtes sur la page 1sur 7
‘Guerre économique et communauté d’intelligence Philippe BAUMARD* La guerre en économie, n'est ce qu'apprécient le plus ls dir geants, Quelle entreprise recher- ‘che la “guerre des prix” ? Détrui- sant les marges commerciales, elleinterdit tout redéploiement en cas d'échee : par manque de tré- sorerie. Méme les Japonais en sont revenus. Leurs malas finan- ciers trouvent de bien meilleures uiilisations dans la recherche et innovation que dans ces affron- tements par les prix qui lassent, aux survivants, un bien maigre trophée de guerre. Quelle entre- prise recherche [a ‘guerre a’annonces’ ? Quand on accuse son concurrent de pollur ‘a pla- néte, il aura tot fat de prouver que son accusateur n’est_ pas ‘moins pollueur. En prenant lopi- nion pour otage, les deux firmes sabiment réciproquement, dans une guerre d’affichage qui laisse des blessures, "image s'entend, dans chacun des camps. S'enga- ger dans la guerre, c'est augmen- ier incertitude et un risque mal- sain de voir échouer ses plans... Leentreprise préfére de loin éviter les confrontations directes, Elle préfére de loin “'soumettre Fenner sans combat”, comme le préconisait le stratége chinois Sun Tau, “stattaquer,. mon pas. a ennemi, ais $03 plang ev ses alliances”: Mi-markéiing contre Mix-Marketing, ententes d'un clan cone ls ententes un autre clan... Avec échanges d'otages : “Jeprends une participation dans BAUMARD Philippe, Parlementaire, janvier 1992, pp.51-57. —_—— Les métaphores sont parfois dangereuses parce que réductrices et aveugiantes. Il en est ainsi de la guerre appliquée A Péconomie, On S'apersoit vite, sur le terrain, que la réalité est bien plus subtile quan simple jeu ’affrontements, un de tes groupes, tu rachétes mes filiales, je te revends une hol ding...", Ennemies dans Vespace public, pour ne pas trop contra rier le images d’épinal, amicales mais distantes dans Pespace privé, les entreprises 1aiment pas 1a ‘guerre, Méme a ‘guerre limitée”, que Clausewitz inventa pour ruancer ses premiéres positions tres “tranchées”’ (sic) sur la querre, “lorsque la destruction de Tennemi est inconcevable”, reste tune métaphore inadaptée & la conduite des affaires. Alors pour- ‘quoi patle--on de guerre écono- mique ? Sans doute, parce que bien qu’eles soiet dangereuses et réduetrces, les mauvaises analo- fies nfen sont pas moins stimu lantes, La faible part de “vrai” est ts largement compensée par la forte part de “bon”, Les ima- 94 ges fortes sont d’excellents leviers du discours. Elles véhiculent un message d'action, La motivation peut ainsi naltre d'une métaphore guerritre, pus Ge canalsée pour Ia négociation d'un accord de coopération, Cela s'appelle dir- ger” des hommes, Et pus, cette analogie guerriére mvest pas si mauvais... Elle a, dans la vie des affaires, une zone de pertinence ; calle de Vinformation. Une seule guerre : celle de l'information Pourquoi le stratége Sun Tau conelue-til son taité sur la guerre par un article consaeré a “Part utiliser les espions” 2 Pour- ‘quoi, en d’autres termes, Sun Tau reliet-il directement 'informa- tion & la victoire ? La véritable guerre, dans le champ de 'ésono- Iie, est bien celle de Pinforma- tion. Car sila “compéiiivité des nations”, comme nous Pont lisse entende ‘Auteur de ‘Stratégie et surveillance des environnements concurrentcls", Editions Masson, 1991. ) Michaél Porter, The competitive ‘advantage of nations, New York, The Free Press, 1990 (2) Kenichi Ohmae, The borderless ‘world, Power and Strategy in the Tnretinked World, London, Col- ins, 1990. uerre économique et communauté d'intelligence", La revue politique et Philippe BAUMARD passe par une aptitude plus ayant une vision un peu plus sub- ‘question visit des objectifs mili- L | ‘GUERRE ECONOMIQUE ET COMMUNAUTE D'INTELLIGENCE | | 1 i ‘grande & maitriser la complexité de environnement... Alors, sans nul doute, une ingénieie offen- sive de information, au niveau national, en devient un facteur Aécisit de succts. Cela fait partie des non-dits qui rythment, frei- nent ou acéléent ia vie des afai- es, Létat de non-guerre, ou de simulacre de guerre par dissua- sions mutuelles, dans lequel nous sommes entrs, laisse la part belle 4 Paction virtuelle: séduction, promesses, menaces ou ententes.. ‘Seulement des mots, des connais- sances, des symbole, lancés en pature a espace public, & l’opi- rion qui fait et défait es marques et les fortunes. Dans cette guerre du virtue, du culturel et du psychologique, les mieux rensei- ands partent avec quelques points davance. Awieriie Tenseignement”, fest | peut-tue dailleurs préférable

Vous aimerez peut-être aussi