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R É H A B I L I T A T I O N D’ O U V R A G E S E N B É T O N A R M É - D U D I A G

N O S T I C AU C O N F O R T E M E N T
Résumé :
Le principe du béton armé fut découvert à la fin du XIXème siècle. Depuis, son utilisation s’est
Démocratisée et il est aujourd’hui utilisé à grande échelle. Que ce soit des ponts, des bâtiments ou
autres édifices, ce matériau composite est utilisé pour améliorer le cadre de vie des personnes.
Dans le cadre de la politique actuelle, s’inscrivant dans le développement durable, la réparation des
Ouvrages existants prend tout son sens. Il est nécessaire que les structures en béton armé soient
Capables de reprendre les efforts qui leur sont appliqués tout au long de leur vie. Cependant les
Ouvrages subissent les altérations dues au temps qui passe mais aussi à l’environnement auquel ils
sont exposés. Afin de réhabiliter un ouvrage en béton armé, il est important d’effectuer un diagnostic.
Cette étape permet d’identifier les différentes pathologies présentes, leur ampleur ainsi que leur
cause. Grace à cela, il est possible de proposer une méthode de réparation adéquate ainsi qu’une
protection contre les attaques futures. Un suivi de l’ouvrage peut être réalisé afin de déterminer
l’évolution des différentes pathologies.
1. Diagnostic d’un ouvrage :
Le diagnostic d’un ouvrage permet avant tout de déterminer l’état de santé, les éventuelles
pathologies présentes ainsi que leur ampleur. Cependant le diagnostic peut avoir deux finalités. Soit il
est mené afin de déterminer exactement quels sont les désordres présents en vue de leur traitement,
soit il est effectué afin de connaitre l’évolution des désordres dans le temps, que ce soit à court,
moyen ou long terme.
1.1. Choix des investigations :
Le choix des investigations dans un diagnostic d’ouvrage dépend de différents paramètres :
- Le type de mission à réaliser, selon ce que souhaite le client
- Le type de structure, si c’est un ouvrage d’art, un bâtiment ou autres édifices
- L’état de l’ouvrage,
- L’environnement de l’ouvrage
- La nature des matériaux, si l’ouvrage est en béton armé, en bois ou métallique
1.2. Investigations non destructives :
Le principe des investigations non destructives réside dans le fait qu’on ne touche pas directement à
la structure. Pour les ouvrages en béton armé, il existe différentes méthodes permettant d’effectuer un
diagnostic sans risques de porter atteinte à son intégrité.
1.2.1. Le relevé visuel
Le principe du diagnostic visuel est d’aller sur le site et de répertorier les différents défauts que
présentent les structures. Ces défauts, pour les ouvrages en béton armé peuvent être très nombreux.
Les principaux désordres sont les suivants :
- Les fissures avec leur ouverture et leur longueur
- Les fractures avec leur ouverture, décalage ou rejet
- La présence de coulures de calcite
- Les zones d’altération superficielles et profondes
- Les zones humides ainsi que les zones de mousses ou de végétation
- Les zones de faïençage
- Les éclats de béton en formation ou profonds ainsi que la présence d’aciers apparents
- Les zones de ségrégation
Tous ces éléments doivent être répertoriés sur des plans, accompagnés d’un reportage
photographique des principaux désordres. Cette première étape permet de définir la gravité des
troubles mais aussi de permettre de classer les différents éléments selon leur priorité.
1.2.2. L’analyse du ferraillage
Les mesures de reconnaissance du ferraillage (position et enrobage) peuvent se faire à l’aide d’un
pachomètre de type FERROSCAN. La profondeur d’auscultation de cet appareil est de l’ordre de 10
cm suivant le béton et le réseau d’armature. Il existe deux types de mesures : soit par détection
linéaire, consistant à détecter les aciers perpendiculaires à la trajectoire du pachomètre, soit par
imagerie, permettant de détecter les aciers présents dans un carré de soixante centimètres de côté.
La première méthode permet par exemple de connaitre l’espacement des cadres d’une poutre. Alors
que la deuxième permet de déterminer le clavetage des aciers au niveau d’une jonction
poteau/poutre. Cependant, pour les deux types de mesure, les résultats donnent les enrobages et
l’espacement du ferraillage. Il peut être utile, lorsque cela est possible, de dégager quelques
armatures afin de calibrer l’appareil. L’inspection des armatures dégagées permet de confirmer leur
nature, et de mettre en évidence d’éventuels désordres ou pertes de section en zone altérée.
1.2.3. L’auscultation sonique
L’auscultation sonique est une méthode utilisée pour caractériser la qualité du béton. Le principe de
l’essai repose sur la mesure de la vitesse de propagation du son dans le matériau. On mesure la
propagation d’une première impulsion d’un train d’ondes généré par un transducteur, entre deux
points déterminés du béton. On peut, à partir du temps de propagation mesuré, exprimer une vitesse
conventionnelle de propagation : c’est le quotient de la distance entre les deux transducteurs par le
temps mesuré.
Deux méthodes de mesure sont possibles : soit la mesure en transparence, qui fournit une information
sur la qualité du béton « à coeur », soit la mesure en surface, qui concerne la couche externe, sur une
épaisseur de 6 à 8 cm de béton environ.
Pour les mesures en transparence, le principe est que la vitesse de propagation du son est moindre
dans le vide. Si le béton est poreux ou de mauvaise qualité, il y aura plus d’air dans le matériau. Ainsi
la vitesse de propagation mesurée sera plus faible. Pour ce qui est des mesures en surface, elles
permettent de déterminer la présence d’une bicouche ou bien la profondeur d’une fissure.
1.3. Investigations destructives :
Lorsque cela est possible, il peut s’avérer utile d’avoir recours à des essais destructifs. Ces méthodes
permettent généralement de faire des prélèvements et de connaitre la nature des matériaux présents,
leurs caractéristiques mécaniques et chimiques ainsi que leur état d’altération.
1.3.1. Test à la carbonatation :
Le dioxyde de carbone atmosphérique qui pénètre à travers la porosité du béton, depuis la surface du
parement, réagit avec les constituants alcalins contenus dans le béton. Au fur et à mesure de sa
pénétration, ce processus conduit à une réduction de la valeur du pH d’une valeur de 13 à une valeur
inférieure à 9. Ceci a pour effet de diminuer voir supprimer l’effet de passivation de l’acier qui lui
assurait une protection naturelle contre la corrosion.
Le degré d’avancement de la carbonatation (profondeur de carbonatation) de la matrice cimentaire est
directement lié aux caractéristiques intrinsèques des matériaux (porosité, âge,...) ainsi qu’aux
conditions environnementales (humidité, température,...)
Une des méthodes d’essai existante consiste à pulvériser un colorant sensible au pH (solution de
phénolphtaléine) sur une coupe fraiche de béton. La partie non colorée indiquant la zone carbonatée
(pH < 9).
1.3.2. Carottage :
Le carottage d’éléments en béton armé peut avoir différentes utilités. On y a recours principalement
pour effectuer des essais de résistance à la compression sur les carottes prélevées, afin de
déterminer les caractéristiques mécaniques des éléments. Il est aussi possible d’analyser
chimiquement le prélèvement afin de connaitre les constituants du béton tels que le type de ciment
utilisé, le rapport E/C estimé, la taille des granulats. En ce qui concerne les dallages, il est parfois
nécessaire de devoir carotter l’élément afin de réaliser des essais géotechniques tels que le
pénétromètre dynamique ou bien un prélèvement de sol en vue de déterminer les caractéristiques
mécaniques du sol en place. Cela a lieu généralement lorsque l’ouvrage change de destination,
quand les charges d’exploitation changent ou si une restructuration du bâtiment est envisagée.
1.3.3. Prélèvement d’acier :
En cas de re-calcul d’une structure, il est important de connaitre les aciers présents dans un ouvrage.
Le prélèvement d’acier permet de déterminer le type d’acier (HA, lisse, TOR, etc.) ainsi que leurs
caractéristiques mécaniques telles que la limite d’élasticité.
1.3.4. Mesure du potentiel de corrosion :
La mesure du potentiel de corrosion ne peut se faire que sur des ouvrages ayant un ferraillage continu
et n’ayant pas de revêtement de surface pouvant agir comme isolant.
Le principe de l’essai est de mettre à nu une armature puis la connecter à une borne d’un
Millivoltmètre à haute impédance. Une électrode de référence est placée sur le parement étant elle-
même reliée à une autre borne du millivoltmètre. Elle est dite de référence car elle a un potentiel
constant du à un équilibre électrochimique. Les résultats obtenus permettent de déterminer la
probabilité de corrosion des armatures.
2. Réparation d’un ouvrage :
Il existe principalement deux techniques de réparation des ouvrages. Il y a la méthode du ragréage et
du béton projeté. Cependant, depuis quelques années on voit apparaitre une nouvelle méthode
utilisant du tissu de fibre de carbone.
2.1. Ragréage :
Le ragréage est la technique traditionnelle de réparation des bétons. Il permet dans un premier temps
de reconstituer les sections d’armatures qui ont disparu, de stopper le phénomène de corrosion des
aciers par passivation. Puis, le principe est de protéger les armatures par reconstitution manuelle ou
mécanique de l’enrobage à l’aide de mortier de réparation.
Les étapes de la réparation sont les suivantes :
- éliminer les zones de faible cohésion
- dégager l’armature corrodée jusqu’à une zone où celle-ci est saine
- nettoyer l’armature
- remplacer l’armature si la perte de section est trop forte
- passiver les armatures corrodées par application de produit
- reconstituer manuellement l’enrobage de béton à l’aide de mortier de réparation
2.2. Béton projeté :
La réparation à l’aide de béton projeté consiste à piquer les zones dégradées et à projeter sur
l’ensemble de l’ouvrage du béton. Il existe deux méthodes d’application du béton projeté : soit par voie
humide, soit par voie sèche. La seule différence entre ces deux méthodes réside dans le moment ou
l’on ajoute l’eau. Pour le béton projeté par voie sèche, l’eau est ajoutée au dernier moment au niveau
de la lance alors que par voie humide, l’eau est introduite lors du malaxage du béton.
Les étapes préalables à la projection du béton sont identiques à celles du ragréage.
2.3. Tissu de fibres de carbone :
Cette technique est surtout utilisée dans le renforcement d’un ouvrage, soit dans le cas de perte de
section d’acier importante, soit lorsque la structure subit un ajout de charges par rapport à ce qu’elle
peut supporter. Ce procédé consiste à placer des bandes de toile de fibres de carbone par collage
aux endroits déficients de l’élément concerné. Préalablement, il est nécessaire d’éliminer les parties
dégradées ou sans cohésion de l’élément et de reprendre les bétons. Il est à noter qu’une protection
au feu est nécessaire afin de respecter la norme en vigueur.
3. Protection d’un ouvrage :
Il est souvent nécessaire, après réparation, de prévoir une protection de la structure afin d’éviter
l’apparition rapide de nouvelles pathologies. Le choix entre les différentes méthodes de protection se
fait selon les paramètres sur lesquels on souhaite agir.
3.1. Inhibiteur de corrosion :
L’application d’un inhibiteur de corrosion permet de ralentir voir de stopper la corrosion des aciers
dans le béton.
L’inhibiteur de corrosion peut être intégré dans la formulation du béton ou appliqué par la suite soit au
rouleau soit au pulvérisateur. La progression du produit au sein du béton se fait naturellement mais
n’est pas optimale. La migration du produit peut également être forcée de manière électrochimique
afin d’obtenir un résultat optimal.
3.2. L’extraction des chlorures des bétons :
L’extraction des chlorures permet d’enlever les ions chlorures ayant pénétrés dans l’enrobage.
L’extraction est efficace si la teneur en chlorure au voisinage d’une armature est inférieure au seuil
Habituellement admis pour éviter la corrosion métallique. Ceci correspond souvent à un rendement de
80 à 90% pour l’extraction des chlorures.
L’application de cette méthode de protection se fait de manière électrochimique. Les étapes de la
mise en oeuvre sont les suivantes :
- Mise en place d’un réseau électrique reliant toutes les armatures sur l’ensemble de l’élément
- Pose d’une feutrine enduite d’un électrolyte convenablement choisi
- Application d’un treillis métallique jouant le rôle d’anode
- Mise en place d’un courant électrique ou galvanitique
- Dépose de l’anode, de la feutrine et des pontages électriques
- Rinçage de la structure
Ce dispositif permet d’extraire seulement les chlorures situés dans l’enrobage, entre les armatures et
le parement de l’ouvrage.
3.3. La ré-alcalinisation des bétons :
La ré-alcalinisation permet d’augmenter l’alcalinité du béton, c'est-à-dire d’augmenter pH. Cela a pour
conséquence que les armatures sont à nouveau protégées.
La méthode de réalisation de la ré-alcalinisation est identique à celle de l’extraction des chlorures.
Seul l’électrolyte utilisé change.
3.4. La protection cathodique :
La protection cathodique est un traitement appliqué de façon permanente permettant de ralentir voir
d’arrêter la corrosion. Elle consiste à abaisser le potentiel électrochimique de l’armature, jusqu’à une
valeur seuil appelée potentiel de protection. La vitesse de corrosion de l’armature devient alors
négligeable.
Cette méthode consiste à polariser l’armature dans le béton à l’aide d’une anode placée de façon
permanente sur le parement ou parfois dans l’enrobage. L’opération peut se faire soit par courant
imposé, un générateur électrique est placé entre l’anode et l’armature, soit par anode sacrificiel, ce qui
correspond à un courant galvanitique.
3.5. Revêtement imperméabilisant :
Les revêtements imperméabilisants, une fois appliqués sur le parement, permettent de stopper la
pénétration d’éléments dans le béton. Il existe différents types de revêtement selon contre quoi on
souhaite protéger la structure. Parmi eux il y a les revêtements hydrofuges, contre l’arrivée d’eau,
ignifuges contre les attaques du feu. Certains d’entre eux protègent aussi contre les attaques de
chlorures ou bien contre la pénétration du CO2 au sein du béton.
4. Suivi d’un ouvrage :
Afin de suivre l’évolution de différentes pathologies, il est nécessaire de faire leur suivi au cours du
temps. C’est le cas par exemple pour l’ouverture d’une fissure, il est intéressant de savoir si elle
s’ouvre continuellement ou si elle évolue en fonction de la température. Cette corrélation vient du fait
que lorsque la température augmente, les matériaux auront tendance à se dilater, ainsi la fissure se
fermera. Le contraire est vrai lorsque les températures diminuent.
Un autre phénomène dont il est intéressant de suivre l’avancement c’est l’évolution du front de
carbonatation. Des mesures peuvent se faire sur un même élément sur une période donnée. Ainsi il
est possible d’évaluer lorsque les armatures ne seront plus protégées et prévoir une ré-alcalinisation.
Il en est de même pour le suivi de la pénétration des ions chlorures dans le béton afin de planifier une
extraction des chlorures. Ceci peut se faire en prélevant un fragment de béton ou bien de la poudre et
en effectuant une analyse chimique.
5. Synthèse :
Toutes ces étapes peuvent être nécessaires au confortement d’un ouvrage en béton armé. Afin de
mieux les appréhender et de bien les appliquer.
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