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CAHIERS VICTORIENS ET ÉDOUARDIENS, n° 76 (octobre 2012)

˛ Eithne Henson. Landscape and Gender in the Novels of Charlotte


Brontë, George Eliot, and Thomas Hardy The Body of Nature,
Farnham, Ashgate, ,  p. ISBN : ----.

Dans cet ouvrage, Henson propose d’abord, dans une introduction


fournie, de définir le but de son étude où elle va se pencher sur les
représentations physiques et mentales des paysages, pris tant dans leur
dimension « réelle » qu’imaginaire, au travers d’œuvres choisies de trois
romanciers du xixe siècle. C’est à partir d’une définition où elle établit
les différences entre « Nature » et « Paysage » que Henson va explorer
le genre par rapport à ces deux concepts. Henson se livre ensuite à un
bilan de la recherche dans le domaine, montrant de manière éclatante
une connaissance approfondie et méticuleuse de son champ d’inves-
tigation, ce dont viennent témoigner les notes en bas de page. Hen-
son revendique l’éclectisme théorique, refusant l’asservissement à une
seule grille de lecture. Seront convoquées les théories esthétiques, les
approches féministes et psychanalytiques. Les auteurs et leurs textes
apparaissent dans l’ordre chronologique.
L’ouvrage est très équilibré, réparti en trois grands chapitres sur les
auteurs, pour se terminer sur une longue conclusion, une bibliographie
de  pages et un index double — ad nominem et ad rerum. Henson ne
« se contente » pas de traiter des trois auteurs qui figurent dans le titre
de l’ouvrage, mais elle en appelle également à d’autres auteurs contem-
porains, comme Elizabeth Gaskell ou Elizabeth Barrett Browning, par
exemple, ce qui vient confirmer, si besoin en était, sa connaissance
impressionnante du xixe siècle et de sa littérature. Les chapitres ne sont
pas étanches : l’auteur circule entre les textes, soulignant différences et
échos dans un travail fécond de dialogue. Les études sont servies par
des micro analyses d’une finesse et d’une densité remarquables, por-
tant sur des moments « forts » des œuvres, et témoignant d’une atten-
tion au texte servie par la théorie qui ne vient jamais s’y substituer.
Le premier chapitre, consacré à Charlotte Brontë, porte sur Jane Eyre
et Shirley, deux des romans les plus connus de leur auteur. Henson
insiste sur l’importance de la peinture dans Jane Eyre, où se manifestent,
dans les tableaux, les influences conjuguées de Gilpin, de Turner, et,
comme de John Martin dans Shirley. Elle voit aussi, dans le roman,
la dimension coloniale qui a fait l’objet de plusieurs analyses ces der-
nières années : l’Angleterre est synonyme de pureté, qui vient sauver
Rochester des flammes de l’Enfer de la Jamaïque. Même le personnage

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CVE76uĹtĚf8 — DĂéŊpĂaĹrĹt ĹiŠmŇpĹrĹiŠmĂeĽrĹiĂe — 2013-3-19 — 9 ŘhĞ 46 — ŇpĂaĂgĄe 171 (ŇpĂaĂgĽiŠnĂéĄe 171) ŇsĹuĹrĞ 208

COMPTES RENDUS

d’Hortense, dans Shirley, de par son origine française, incarne une


altérité, sinon dangereuse, du moins dérangeante.
Viennent ensuite George Eliot et cinq de ses romans : Scenes of
Clerical Life, Adam Bede, The Mill on the Floss, Middlemarch et Daniel
Deronda. Les romans sont habités par la nostalgie du passé : les pay-
sages de l’enfance sont toujours associés aux valeurs morales. Mais
l’idéalisation du passé ne s’oppose pas au réalisme : les travailleurs sont
saisis dans leur labeur (Scenes of Clerical Life), la difficulté des relations
sociales n’est nullement évacuée (Adam Bede, Middlemarch).
L’ouvrage se termine sur l’analyse de quatre romans de Thomas
Hardy : Far From the Madding Crowd, The Return of the Native, The
Woodlanders et Tess. Les paysages de Hardy sont anthropomorphisés.
Chez Hardy, la représentation du paysage devient ouvertement sexuelle
(la progression de l’ouvrage n’est donc pas seulement chronologique).
Henson donne l’exemple des Red Deeps ou du « Hollow amid the ferns »
où Troy séduit Bathsheba. Comme Brontë ou Eliot, Hardy met en regard
les personnages féminins et leur association à la nature : la vulné-
rable Fanny Robin s’oppose à Bathsheba, à la fois très féminine (que
l’on songe à la scène du miroir en début de roman) ou au contraire
masculine, lorsqu’elle dirige la ferme de main de maître.
La conclusion, de  pages, récapitule l’ensemble, vient apporter
de nouvelles précisions, avant d’établir un bilan et de terminer sur
l’espoir que le paysage, quel qu’il soit, apportera au lecteur un véri-
table plaisir esthétique. Il s’agit d’un ouvrage remarquable et fascinant,
indispensable pour tout spécialiste du xixe siècle ou pour qui, plus
généralement, s’intéresse à la littérature et aux textes.
Claire Bazin,
Université Paris-Ouest

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