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HENRY Antoine Promotion 2018-2021

Sous la guidance de Mr Mioche

LA PERSONNALISATION DES SOINS DU


RESIDENT FACE A LA DEPRESSION EN
EHPAD

UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitements des données


scientifiques et professionnelles

Institut de Formation en Soins Infirmiers du Centre Hospitalier de l’Ouest Vosgien


INSTITUT DE FORMATION EN SOINS INFIRMIERS

DU CENTRE HOSPITALIER DE L’OUEST VOSGIEN

UNITE D’ENSEIGNEMENT 5.6 S6 :

INITIATION A LA DEMARCHE DE RECHERCHE

DECLARATION SUR L’HONNEUR CONTRE LE PLAGIAT

Je soussigné,

Certifie qu’il s’agit d’un travail original et que toutes les sources utilisées ont été indiquées dans
leur totalité. Je certifie, de surcroît, que je n’ai ni recopié ni utilisé des idées ou des formulations
tirées d’un ouvrage, article ou mémoire, en version imprimée ou électronique, sans mentionner
précisément leur origine et que les citations intégrales sont signalées entre guillemets.

Conformément à la loi, le non-respect de ces dispositions me rend passible de poursuites


devant la commission disciplinaire et les tribunaux de la République Française.

Fait à Neufchâteau, le ………………….

Signature :
Table des matières

Introduction 1

Partie I : la problématique

La situation interpellante 2

Questionnements 4

Légitimation 5

Généralisation 7

Objectif de recherche et question de recherche 11

Partie II : le cadre de référence

I) L’identité d’une résidente et l’accompagnement de l’équipe soignante 12

A) L’identité d’un résident 12

A.1) Définitions 12

A.1.1 La notion d’identité 12

A.1.2 Le résident 13

A.1.3 L’identité d’un résident 14

A.2) Les différents stades de la psychogénèse d’un individu 16

B) L’accompagnement de l’équipe soignante 17

B.1) Définitions 17

B.1.1 L’accompagnement 17

B.1.2 L’équipe soignante 18

B.2) Les spécificités en EHPAD 18

B.2.1 L’EHPAD 18

B.2.2 Le fonctionnement réglementaire d’un EHPAD 19

B.2.3 Le projet de vie personnalisé du résident 20


II) L’aggravation brutale d’un syndrome anxiodépressif et l’accompagnement de l’équipe
soignante 21

A) Le syndrome anxiodépressif 21

A.1) Définitions 21

A.1.1 Le syndrome 21

A.1.2 La dépression 22

A.1.3 Le syndrome anxiodépressif 22

A.2) Spécificités de la dépression du sujet âgé 23

A.3) Symptomatologie de la dépression 24

B) L’aggravation brutale de la pathologie de la résidente ou la décompensation


psychique 25
B.1) Définitions 25

B.1.1 aggravation brutale 25

B.1.2 La décompensation psychique 25

B.2) La plainte suicidaire 26

C) L’accompagnement de l’équipe soignante 27

C.1) La prévention continue de la souffrance psychique 27

C.2) Le repérage des signes de souffrance psychique 28

C.3) La prise en charge de la souffrance psychique 28

III Liens entre la fragilisation de l’identité liée à la vie en EHPAD et

l’aggravation du syndrome anxiodépressif 29

A) La fragilisation de l’identité liée à la vie en EHPAD 29


A.1) Définition et sémiologie 29
A.2) La prévalence du cadre institutionnel en EHPAD 30
A.3) Les problèmes psychologiques propres à la vie en institution 31
B) L’aggravation du syndrome anxiodépressif 32

B.1) Les mécanismes de défense des personnes âgées en 33

Institution

B.2) Recherche sur le lien entre dépression et vie en EHPAD 34

B.3) La prise en charge psychiatrique en EHPAD 34

C) Maintien de l’identité du résident et fonction infirmière en EHPAD 35


C.1) Les écueils dans la relation de soins avec le résident 36
C.2) La personnalisation des soins 37
C.3) Le « care » et les gestes professionnels associés 37

Question de recherche finale 38

Partie III : La méthodologie d’enquête

A) La population cible 40
B) Le champ d’action 41
C) Outil utilisé 41
D) Construction de l’outil 42
E) Déroulement du test 43

Conclusion 44

Annexes

Annexe I : Grille Aggir et niveau de dépendance 45

Annexe II : Diagnostic de la dépression selon la HAS 46

Annexe III : Anxiété et dépression 47

Annexe IV : La dépression du sujet âgé, facteurs de risque 48

Annexe V : La dépression du sujet âgé, spécificités 49

Annexe VI : Guide d’entretien : l’outil d’enquête 50

Sources bibliographiques 52
Introduction
Le choix de ma situation initiale s’est porté sur une situation malheureusement
banale lorsque je travaillais comme aide-soignant en EHPAD. Il s’agit d’une situation
relationnelle où je dois faire face à l’intense détresse psychologique d’une résidente.
En outre, la situation se déroule pendant le premier confinement dû à la pandémie
mondiale de COVID 19. Ainsi, elle s’intéresse à l’actualité des institutions médico-
sociales extrêmement critiquées ces dernières années et dont l’évaluation est un
important enjeu de santé publique. La compétence infirmière centrale mise en jeu dans
ce mémoire est la compétence 6 : Communiquer et conduire une relation dans un
contexte de soins.

Je porte un intérêt personnel certain au travail en EHPAD parce qu’il constitue


à ce jour la majeure partie de ma carrière professionnelle et que j’affectionne
particulièrement le contact avec les personnes âgées. D’un point de vue infirmier, le
travail en EHPAD requiert de solides connaissances théoriques et le sens aigu d’un
relationnel authentique.

Lié au vieillissement de la population française le développement des EHPAD


est un débouché naturel pour les infirmiers qui peuvent y déployer tout leur savoir-faire
et leurs compétences au service de la dignité des résidents. Néanmoins, travailler en
EHPAD demande également un grand sens de l’efficacité étant donné le nombre
important de résidents auprès desquels ils doivent réaliser les soins. Il semble
intéressant, ainsi, de se questionner sur les spécificités d’une situation relationnelle
fréquemment rencontrée en EHPAD.

Ce travail de fin d’études est composé de trois parties, un premier acte établit
une réflexion autour de la situation interpellante pour déterminer la question de
recherche initiale, le deuxième acte est le cadre de référence qui apporte des
connaissances théoriques et débouche sur la question de recherche finale. Le
troisième acte est composé de la méthodologie d’enquête qui utilise le guide
d’entretien semi-directif pour vérifier l’hypothèse de recherche lors du test de l’outil.

1
Partie I : la problématique
La situation interpellante

Pour la réalisation de mon TFE, je souhaite présenter une situation de soin


vécue lors de mon parcours professionnel d’aide-soignant en EHPAD. Cette situation
se déroule au milieu du mois d’avril 2020, lors du confinement lié à l’épidémie de
COVID 19.

Je travaille sur le poste du matin et à 8h30, alors que je réalise une toilette
auprès d’une résidente de l’EHPAD, j’entends crier dans une chambre adjacente.
Après m’être rapidement assuré que la résidente était en sécurité, je sors de la
chambre et remarque l’infirmière en poste et les hotellières qui servaient le petit
déjeuner, à l’autre bout du couloir. Elles n’ont pas entendu. Les cris retentissent
encore une fois et je reconnais la voix de Mme D. Etant sur le point de finir la toilette
en cours, je dis à l’IDE que je vais voir Mme D pour connaître la raison de ses cris. Je
rentre dans la chambre de la résidente et la trouve dans son lit, poussant des
gémissements.

Une conversation s’engage alors entre nous, je me tiens debout à côté du lit de
Mme D et j’ai allumé au préalable la petite lumière à l’entrée de la chambre. La
résidente témoigne d’une profonde angoisse en lien avec la solitude qu’elle ressent.
Elle me dit à plusieurs reprises « je suis toute seule » et « ne me laissez pas ». Ses
traits sont tendus et sa voix est chevrotante. La résidente est habituellement orientée
dans le temps et dans l’espace et je lui explique qu’il est 8h30 et que le petit déjeuner
va lui être servi. L’infirmière lui apportera son traitement du matin. Néanmoins, l’attitude
de Mme D ne change pas et elle me répète encore les mêmes phrases : « ne me
laissez pas » et ajoute « je veux mourir ». Cette dernière assertion me stupéfait car si
j’ai connaissance de l’intolérance de Mme D face à la solitude, je saisis à ce moment-
là l’état de détresse psychologique dans laquelle se trouve la résidente car je n’avais
jamais entendu Mme D exprimer de tels propos. Surpris, je réponds, pas très sûr de
moi que je vais venir faire sa toilette dans quelques instants et que nous pourrons ainsi

2
discuter de ce qui l’angoisse pendant le soin. Je demande également à la résidente si
elle a mal quelque part ce à quoi elle ne répond que par ses demandes anxieuses.

Ainsi, je me prépare rapidement à faire la toilette de Mme D avant le petit


déjeuner pour essayer de la rassurer car je ne l’ai jamais vu dans un tel état d’anxiété.
Sur le plan psychiatrique, la résidente souffre d’un syndrome anxiodépressif traité par
antidépresseur et je savais qu’elle n’aimait pas rester seule.

Pendant la toilette, je n’ai réussi à rassurer la résidente que partiellement alors


que je connaissais Mme D depuis plus de six mois et que j’entretenais avec elle et ses
deux fils des relations cordiales. Très entourée par sa famille, Mme D recevait la visite
de ses fils deux fois par semaine avant le confinement. La conversation était à sens
unique pendant le soin, tant la résidente était envahie par son ressenti anxieux. Je lui
ai expliqué malgré tout que nous faisions tout notre possible pendant cette épidémie
sévère et que les mesures visant à protéger les personnes âgées avaient d’importants
inconvénients sur la vie de tous les jours dans l’EHPAD. A la fin du soin, l’intensité de
son angoisse a faibli, Mme D est moins agitée. Elle me dit une dernière fois : « ne me
laissez pas », alors que je m’apprête à sortir de sa chambre. Je lui assure que mes
collègues hotellières vont venir lui apporter son petit déjeuner et discuter avec elle.

Aux transmissions de 13h30, nous avons parlé en équipe de l’attitude de Mme


D ce matin-là et tous les soignants ont souligné l’état psychique particulièrement
préoccupant de la résidente. La semaine suivante, la situation ne s’est pas améliorée
pour Mme D et l’équipe infirmière a sollicité une visite auprès de son médecin traitant.
Celui-ci a modifié le traitement antidépresseur de la résidente car il avait constaté un
infléchissement important de sa thymie. Le jour de la situation racontée est marquant
par rapport à l’évolution du ressenti anxieux de Mme D qui s’il s’est reproduit à
plusieurs reprises après ce jour-là, n’avait jamais connu une telle intensité avant.
L’équipe soignante dans son ensemble a témoigné de ses difficultés voire de son
incapacité à rassurer Mme D à partir de ce jour et pendant la semaine suivante. Avant
cet épisode, la résidente se montrait très sensible aux marques d’attention de l’équipe
soignante et ses demandes relationnelles se déroulaient autour d’échanges
réconfortants pour elle.

3
Questionnements

La situation exposée présente un écart manifeste avec ce qui était habituel dans
les relations interpersonnelles de Mme D. Ce jour-là, une modification brutale et
inattendue du comportement a été constaté par toutes les personnes de l’équipe
soignante. La situation attendue aurait été que la résidente soit accessible au soin
relationnel que j’ai mené pendant la toilette. La réglementation du code de la santé
publique (CSP) à l’article R.4311-2 (1) mentionne que : « Les soins infirmiers … ont
pour objet : de protéger, maintenir, restaurer et promouvoir la santé physique et
mentale des personnes… et de participer à la prévention, à l’évaluation et au
soulagement de la douleur et de la détresse physique et psychique des personnes ».

Certes, l’intensité de son ressenti anxieux n’avait jamais été aussi important,
mais cette octogénaire, infirmière de profession, aimait les relations humaines et
souvent une courte conversation suffisait à la réconforter. Elle était très sensible aux
petites attentions et comprenait tout ce qu’on pouvait lui expliquer sur le plan de la
prise en charge à l’EHPAD.

Les premières questions qui me sont venues à l’esprit étaient en grande partie
liées au problème du confinement des résidents dans leurs chambres et de
l’interdiction des visites. En effet, cet aspect du travail pendant cette période l’emportait
sur beaucoup d’autres considérations dans mon esprit, tant le moment était appesanti
par la perspective de voir le COVID arriver dans la structure.

Peut-être, les causes sont aussi à chercher dans les connaissances liées à la
pathologie de la résidente voire d’un évènement dont elle aurait eu connaissance par
voie postale ou par téléphone et qui l’aurait rendu plus triste et anxieuse qu’à
l’accoutumée.

Ce qui pose problème, c’est cette rupture, ce changement profond constaté lors
de la situation dans le comportement de la résidente. Bien sûr, elle présente depuis
longtemps un syndrome anxiodépressif qui d’ailleurs a été mis en avant par la visite
du médecin traitant, une dizaine de jours après la situation décrite. Dans un premier
temps, j’ai mis en question la qualité de mon accompagnement relationnel ce matin-là
peut être altéré par la fatigue, les conditions de travail liées au confinement, le stress
4
généré par l’épidémie. Puis, progressivement, au cours des jours suivants, j’ai
constaté que quelque chose avait changé pour la résidente. Elle était de plus en plus
dans la demande systématique, présentait des signes manifestes d’anxiété et
d’agitation. Oui, j’avais été témoin lors de la situation d’une altération rapide de la santé
psychique de Mme D.

Mon objectif, à ce moment précis du travail, est donc de comprendre les raisons
de la détérioration brutale de l’état psychique d’une résidente, institutionnalisée en
EHPAD, qui présente un syndrome anxiodépressif et qui est accompagnée par
l’équipe soignante.

Légitimation

La profession d’infirmier selon le référentiel de formation (1), est axée autour de


dix compétences. La situation de soin à l’origine de ce travail, fait appel à la
compétence 6 : Communiquer et conduire une relation dans un contexte de soins. Bien
entendu, la situation de soins avec Mme D a été également l’objet d’un soin d’hygiène
et de confort qui fait référence à la compétence 3 : Accompagner une personne dans
la réalisation de ses soins quotidiens. Néanmoins, aux vues du questionnement choisi
pour aborder le contexte de la situation, la compétence 6 est mise en avant à cause
de l’état psychique de Mme D au moment de la situation.

La compétence 6 comporte trois sous-critères d’évaluation que je vais détailler.

1) Pertinence de l’analyse relationnelle

Les cris de Mme D étaient pour moi au cours de la situation, les signes d’un état de
détresse de la résidente. Les mots utilisés par elle m’ont permis de comprendre
rapidement que l’anxiété était au cœur du problème exprimé.

A travers son appel à l’aide, la résidente manifestait le besoin d’une présence à ses
côtés. C’est pourquoi, j’avais décidé de réaliser sa toilette au plus vite.

2) Cohérence dans la mise en œuvre d’une communication adaptée aux


personnes soignées et à leur entourage.

5
J’ai adopté une attitude réconfortante en reformulant et en questionnant la demande
relationnelle de Mme D. J’ai essayé de répondre à l’anxiété de Mme D basée sur son
sentiment de solitude en mettant en avant la présence de l’équipe soignante.

J’ai parlé au cours de la toilette de ses deux fils qui pourraient venir la voir après le
confinement et qu’elle pourrait joindre par téléphone au cours de la journée.

J’ai expliqué le confinement lié à la pandémie de COVID 19 pendant la toilette parce


que je pensais qu’il était la cause principale de l’état d’anxiété de Mme D.

Pendant le soin, l’état d’anxiété de la résidente s’est amélioré sans pour autant
disparaitre. Peut-être ai-je trop axé ma communication sur des éléments rationnels
alors que la résidente était envahie par son ressenti anxieux.

3) Justesse dans la recherche du consentement du patient

Avant le soin d’hygiène et de confort, j’ai demandé à Mme D si elle était d’accord que
je réalise sa toilette tout en mettant en avant le fait que je venais aussi pour discuter
de ce qui n’allait pas pour elle.

Au cœur du métier d’infirmier, on trouve neuf domaines d’activités de soins


référencées. Lors du soin d’hygiène et de confort, j’ai pratiqué plusieurs soins qui
appartiennent aux grandes catégories des activités de soins détaillées dans le livret
de formation.

1) observation et recueil de données cliniques : observation du comportement


sur les plans psychologique et affectif.

Dès que j’ai entendu les cris dans le couloir et pendant les soins d’hygiène et de
confort, j’ai observé Mme D pour évaluer son état psychique. La résidente n’était pas
désorientée, elle n’avait pas de douleur particulière car elle aurait été capable de le
verbaliser. L’angoisse ressentie, était plus forte que d’autres impératifs physiologiques.

2) soins de confort et de bien-être : soins d’hygiène partiels réalisés en fonction


de son autonomie. Toucher à visée de bien-être. Valorisation de l’image corporelle, de
l’estime de soi et des ressources de la personne.

6
Pendant les soins, j’ai fait particulièrement attention à ne pas heurter la résidente par
des gestes trop brusques ou trop rapides. J’ai joint une attitude calme à la parole que
j’ai essayé de rendre la plus réconfortante possible. Sans cela je pense que le soin
d’hygiène et de confort n’aurait pas été possible.

3) Information et éducation de la personne, de son entourage et d’un groupe de


personne : Ecoute de la personne et de son entourage.

J’ai réalisé une relation de soutien psychologique en expliquant les tenants et les
aboutissants de la situation actuelle de l’EHPAD. De plus, j’ai tout mis en œuvre et
dans le fond et dans la forme pour rassurer la résidente. Mon objectif pendant le soin
était de soulager Mme D de son angoisse et de concourir à restaurer chez elle un
sentiment de bien-être.

De plus, l’échange que nous avons eu pendant la toilette visait également à valoriser
l’accompagnement de l’équipe dans son ensemble auprès de Mme D et d’assurer
celle-ci du soutien de tous les professionnels.

La situation présentée au départ de ce Travail de fin d’Etudes, est composée


de soins référencés dans le livret de la profession infirmière et s’inscrit bien dans le
champ d’action d’un IDE, même si lors de la situation je travaillais comme aide-
soignant.

Généralisation

La généralisation du problème de recherche m’amène dans un premier temps


à vérifier la prévalence et la transférabilité du phénomène.

Fin 2015, les statistiques de la Direction de la recherche des études de


l’évaluation et des statistiques (DREES) (2) indique que 728 000 personnes âgées
résident en institution, que ce soit en Etablissement d’Hébergement pour Personnes
Agées et Dépendantes (EHPAD), en résidences autonomies, en Unités de Soins
Longue Durée (USLD) ou en Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées
(EHPA). Le nombre total des établissements accueillant des personnes âgées de plus
de 65 ans est de 10700 dont 80% sont des EHPAD.

7
Entre 2015 et 2016, la DREES a également réalisé une vaste enquête sur l’état
psychologique des personnes âgées vivant en établissement en comparant cette
population avec une population de personnes âgées vivant à domicile. Cette étude
nommée CARE établit la statistique déroutante qu’environ un tiers des personnes
âgées vivant en établissement sont dans un état psychologique dégradé. L’étude
repose sur une cohorte de 3300 personnes âgées de plus de 60 ans dans tous les
types d’institution (EHPAD, EHPA, USLD)

Parmi les personnes âgées de plus de 75 ans dont fait partie Mme D, « 56%
des résidents d’établissements déclarent avoir souffert de fatigue de lassitude ou
d’épuisement au cours de l’année, contre 44% des personnes âgées vivant à
domicile. » De plus, le manque d’appétit et de motivation pour réaliser les activités
quotidiennes est en institution respectivement deux et sept fois plus fréquents que
chez les personnes âgées vivant chez eux.

Pour aller plus loin, l’étude apporte des enseignements sur les personnes âgées
souffrant d’un syndrome dépressif. L’étude a établi qu’environ la moitié des personnes
âgées en institution consomment des antidépresseurs contre une personne âgée sur
sept vivant à domicile. Pour finir, environ un tiers des résidents de plus de 75 ans sont
en état de détresse psychologique contre un quart des personnes vivant chez elles.

Dans le tome 38 de la revue de gériatrie de mars 2013 (3), le docteur Philippe


Thomas1, corrobore les statistiques de la Drees sur la prévalence du phénomène.
Dans l’article intitulé, dépression de la personne âgée en institution, l’auteur explique
que « la dépression est deux fois plus fréquente en maison de retraite qu’à domicile.
La dépression majeure peut atteindre jusqu’à 10 à 15% des résidents. »

D’après le médecin traitant de Mme D, la situation présentée au début de ce


travail de recherche est l’expression d’une détresse psychologique due à une
aggravation du syndrome anxiodépressif de la résidente. En effet, lors de la situation,
la résidente exprime son souhait de mourir.

La littérature scientifique traite abondamment des causes de la dépression chez


les personnes âgées de plus de 65 ans. D’après la Haute Autorité de Santé (HAS),

1
Psychiatre français du sujet âgé

8
dans son programme de 2007 à 2010 (4) sur la dépression des personnes âgées, la
dépression chez le sujet âgé est « fortement liée à la présence d’affections
somatiques, à l’isolement social et géographique et aux évènements de la vie. » Ainsi,
se dessinent trois grands axes de la causalité de la dépression et je remarque que
deux de ses axes sont intimement liés aux personnes âgées elles-mêmes, à savoir la
présence de comorbidités et le parcours de vie de la personne âgée. La troisième
cause, nommée isolement social par la HAS mérite que l’on s’y attarde car elle rejoint
l’intuition du début de ce travail, lié au confinement dû à la pandémie de COVID.

Lors de deux entretiens exploratoires avec des IDE d’EHPAD du secteur de


Neufchâteau, j’ai pu recueillir le témoignage de ces professionnels de santé qui
valident l’existence de ce phénomène. Si la détresse psychologique des résidents
d’institution est jugée pas si fréquente pour l’un mais se rencontrant quand même,
l’autre infirmière m’a expliqué qu’à la vue du nombre important des résidents prenant
un traitement antidépresseur, la gestion de l’état psychologique des résidents était un
problème très concret.

Les deux professionnels mettent en avant l’importance de demander un avis


médical devant toute situation de détresse psychologique pour écarter toutes causes
organiques. La prise en charge de la « tristesse » des résidents doit être pour eux le
fait de toute l’équipe soignante et également de l’animation. Les cas de baisse de
l’humeur sont systématiquement tracés et remontés à la psychologue de l’institution.

Pour le premier IDE contacté, l’entrée en EHPAD est souvent en elle-même un


facteur dépressogène qui peut même s’exprimer « très longtemps après ». Pour
l’autre, l’institutionnalisation des personnes âgées, c’est-à-dire le fait de quitter sa
maison avec comme perspective de finir ses jours en EHPAD, associée aux difficultés
des soignants pour prendre en charge dignement les personnes âgées en respectant
leurs habitudes de vie. En effet, la toile regorge de témoignages sur les difficultés du
personnel soignant à assurer sa mission dans les EHPAD de façon « humaine ». Ces
difficultés exprimées et relayées par les médias rendent compte de l’incroyable
exigence que représente les métiers d’accompagnement de la fin de vie des
personnes âgées.

9
Enfin, pour les deux professionnels, la phrase « je veux mourir » dans la bouche
d’une personne âgée est bien l’expression d’une souffrance, d’un mal-être profond
auxquels il est de leur devoir de trouver une solution. Pour le premier la cause est un
sentiment d’isolement et d’inutilité en lien avec l’histoire de vie du résident. Pour l’autre,
l’institutionnalisation en EHPAD peut aggraver un « terrain » fragilisé par la perte
d’autonomie et les maladies somatiques.

Ainsi, le problème posé autour de l’aggravation d’un syndrome anxiodépressif


chez une résidente de 84 ans est bien généralisable.

Dans un deuxième temps, il reste à déterminer ce qui dans les EHPAD pourrait-
être à l’origine de ces statistiques en défaveur de ces institutions. S’il existe bien
évidemment des causes endogènes (deuil, dépendance, maladies chroniques…) à la
dépression des personnes âgées au fait même d’être placé en EHPAD, essayons de
déterminer quels facteurs sont effectifs dans les EHPAD pour expliquer la prévalence
des personnes âgées souffrant de syndrome anxiodépressif.

Les soignants pris par la contingence de leurs tâches à effectuer dans un laps
de temps réduit, disent ne pouvoir répondre à toutes les sollicitations relationnelles
des résidents. J’ai moi-même expérimenté cela lors de mon expérience comme aide-
soignant en EHPAD et je dois dire que ce phénomène a été démultiplié lors du
confinement.

Si nous nous mettons du côté des résidents d’EHPAD, leur institutionnalisation


et l’accompagnement de l’équipe soignante ne va pas de soi et nécessite une prise en
charge à définir et à adapter au mieux pour palier à leurs exigences. Dans la situation
exposée avec Mme D, sa détresse est réelle et exprimée mais l’équipe n’a pas pu y
répondre de manière efficace dans un premier temps.

L’article du docteur Philippe Thomas (3) mentionne et détaille les problèmes


psychologiques propres à la maison de retraite favorisant la dépression dans son
article de recherche. Ces facteurs sont les suivants : l’impuissance apprise, la perte
d’autonomie, la moindre reconnaissance des compétences des personnes âgées, un
sentiment d’appartenance difficile à entretenir, l’inactivité, l’ennui, les pathologies
somatiques, le sentiment d’abandon de son autodétermination.

10
Il apparaît clairement que les facteurs psychologiques évoqués par l’étude du
docteur Thomas en lien avec ceux de la HAS rendent compte d’une fragilisation
identitaire de la personne âgée du fait de son institutionnalisation en EHPAD.

Malheureusement, le manque de recul devant la proximité temporelle de la


pandémie de COVID 19 ne permet pas d’étayer ou d’infirmer le rôle du confinement
dans l’aggravation des symptômes dépressifs de Mme D, il semblerait plutôt que ce
facteur s’ajoute aux autres pour accroître la fragilisation identitaire des résidents.

Objectif de recherche et question de recherche

Le mémoire de 2006 de Chantal Coudateur (5) au Certificat d’Aptitude aux


Fonctions de Directeur d’Établissement ou de Service d’intervention Sociale
(CAFDES) de l’École Nationale de la Santé Publique (ENSP), fait état du risque de
perte identitaire que représente l’entrée et la vie en EHPAD.

Tout le souci de la prise en charge des personnes âgées résidant en EHPAD


par l’équipe soignante et infirmière notamment est de palier au déracinement que peut
représenter l’arrivée en institution des personnes âgées, manquant parfois de soutien
familial ou amical.

La généralisation du problème a mis en évidence que les institutions de type


EHPAD pouvaient aux vues des statistiques de la DREES accroître l’état dépressif de
résidents et même favoriser des états de détresse psychologique en comparaison
avec les personnes âgées vivant à domicile.

Aux vues de la situation exposée, c’est bien le lien entre l’institutionnalisation


en EHPAD et le syndrome anxiodépressif des résidents qu’il est intéressant
d’approfondir.

Question de recherche initiale :

Quel rôle joue la fragilisation de l’identité d’une résidente dans l’aggravation


brutale de son syndrome anxiodépressif malgré l’accompagnement de l’équipe
soignante ?

11
Partie II : le cadre de référence
Dans mon cadre de référence, je m’intéresserai à exposer les grands thèmes mis en
avant par ma question de recherche initiale. Pour commencer, nous verrons comment
s’est construit l’identité d’un résident et comment l’équipe soignante peut veiller à en
maintenir l’intégrité. Dans un second temps, nous étudierons plus spécifiquement les
ressorts du syndrome anxiodépressif. Enfin, nous établirons les liens entre la
fragilisation de l’identité liée à la vie en EHPAD et la dépression des résidents.

I) L’identité d’une résidente et l’accompagnement de l’équipe soignante

A) L’identité d’un résident

A.1) Définitions

A.1.1 La notion d’identité

La notion d’identité est un très large concept qui recoupe plusieurs champs du
corpus des sciences humaines.

Pour commencer, nous pouvons donner une définition générale de l’identité :

« Caractère permanent et fondamental de quelqu'un, d'un groupe, qui fait son


individualité, sa singularité : Personne qui cherche son identité. ... Ensemble
des données de fait et de droit qui permettent d'individualiser quelqu'un (date et
lieu de naissance, nom, prénom, filiation, etc.) : Rechercher l'identité d'un
noyé ». Définition du dictionnaire Larousse.

Cette définition présente les aspects objectifs de la notion d’identité, ce qui est
tangible et vérifiable chez tous les individus, son aspect juridique en quelque sorte. On
peut y ajouter la définition suivante, d’après Anne-Marie Drouin-Hans2 (6)
« L'identité sépare le soi du non-soi, le clôt sur lui-même. La carte d'identité déclare
unique un individu identifiable à travers les caractéristiques qui lui sont propres. ...

2
Philosophe française, spécialiste de l’éducation.

12
L'identité est donc ce qui marque l'unicité, et qui fait que chaque individu est différent
des autres. »

Si cette deuxième définition a manifestement un aspect philosophique marqué,


nous pouvons remarquer que la notion d’identité se définit également par des éléments
psychologiques tels que le caractère ou la personnalité car ce sont ces termes qui
permettent le mieux de définir ce qui est propre à chacun.

Pour préciser l’aspect général de la notion d’identité, Alex Mucchielli3 (7)


exprime que « l’identité est un ensemble de critères de définition d’un sujet et un
sentiment interne. Ce sentiment d’identité est composé de différents sentiments :
sentiments d’unité, de cohérence, d’appartenance, de valeur, d’autonomie et de
confiance organisés autour d’une volonté d’existence ».

De plus, la notion d’identité est au dire des scientifiques un concept en évolution


constante chez tous les individus. L’identité, d’après Dumont4 dans le mémoire
d’Emilie Piretto (8) « est à la fois fragmentée et continue, modelée et remodelée sans
cesse, en fonction de la manière dont nous sommes perçus dans le système culturel
ou dans nos discussions avec autrui ».

Ainsi, ce qui fonde le rapport au monde et à l’autre des individus reposent sur
le sentiment qu’ils ont d’eux-mêmes dans la « conscience de la persistance de leur
moi ». Définition de l’identité en psychologie du Centre National de Ressources
Textuelles et Lexicales (Cnrtl). Ne serait-ce pas ce qui est en jeu dans le processus
de vieillissement tel qu’il se manifeste chez les résidents en institution ? C’est
pourquoi, à la vue de cette introduction sur la notion d’identité, il serait intéressant de
parler d’identité psychologique puisque la persistance du moi des personnes âgées
est un aspect essentiel d’une intégration réussie dans une institution de type EHPAD.

A.1.2 Le résident

3
Docteur en philosophie et sciences humaines, proche de l’école de Palo-Alto.
4
Géographe, économiste et démographe français.

13
Un résident « est une personne âgée de plus de 60 ans (moins en cas de
dérogation) pris en charge par un établissement adapté, médicalisé afin de recevoir
l'aide et les soins dont il a besoin en fonction de sa perte d'autonomie » (9).

Comme cette définition le laisse entendre, les personnes admises en institution


n’ont plus les capacités physiques et/ou cognitives de vivre chez-elles, sauf si l’entrée
en EHPAD est un choix volontaire. Quoiqu’il en soit, nous pouvons introduire ici, l’outil
le plus utilisé pour évaluer la perte d’autonomie chez la personne âgée
institutionnalisée ou en cours d’admission en Ehpad. Il s’agit de la grille Aggir pour
Autonomie, gérontologie, groupes iso-ressources (9). Elle a pour but « d’évaluer le
degré de dépendance ou d’autonomie d’une personne âgée ». Il existe six GIR, pour
groupes iso-ressources, classés de 1 à 6 :

- Le GIR 1 correspond à une perte d’autonomie totale.


- Le GIR 6 à l’inverse, correspond à une parfaite autonomie. (Tableau GIR en
annexe I p.46)

Ainsi, si les résidents en institution sont aux prises avec une dégradation de leur
autonomie, quel impact cela peut-il avoir sur leur identité ?

A.1.3 L’identité d’un résident

Après les définitions données sur la notion d’identité et sur le résident, nous
pouvons questionner l’impact du sentiment qu’a le résident de lui-même par rapport à
sa perte d’autonomie qui l’a contraint le plus souvent à être admis en institution.

D’après le mémoire d’Emilie Piretto (8) publié pour l’obtention du DE de


psychomotricien, intitulé l’identité de la personne âgée en EHPAD, « L’ensemble des
changements apportés par l’avancée en âge va entrainer des modifications
importantes au niveau de l’image de soi, de l’image du corps et donc de l’identité ».
Ces changements se vérifient dans le vieillissement normal des individus et peuvent
être majorés par des problèmes de santé occasionnant une perte d’autonomie.

14
D’après la FMH, la Fédération des Malades et des Handicapés, (10) la
classification en GIR s’effectue après l’évaluation de dix critères relatifs à la perte
d’autonomie.

1. Cohérence : converser ou se comporter de façon sensée


2. Orientation : se repérer dans le temps et l’espace
3. Toilette : se laver seul
4. Habillage : s’habiller, se déshabiller, se présenter
5. Alimentation : manger des aliments préparés

6. Élimination : assumer l’hygiène urinaire et fécale

7. Transferts : se lever, se coucher, s’asseoir

8. Déplacements à l’intérieur : mobilité spontanée, y compris avec un appareillage


9. Déplacements à l’extérieur : se déplacer à partir de la porte d’entrée sans moyen
de transport

10. Communication à distance : utiliser les moyens de communication, téléphone,


sonnette, alarme.

Ainsi, la grille Aggir présente les données objectives de la perte d’autonomie du


résident. C’est un outil indispensable à l’équipe soignante d’un EHPAD pour adapter
la prise en charge et la prise en soins du résident et ce dès son entrée en institution.

Toujours d’après Emilie Piretto (8),

« Lorsque l’on interroge nos ainés sur qui ils sont, ils vont avoir tendance à se
décrire au passé et ne font aucune allusion à leurs espérances futures (quelles
qu’elles puissent être). Les actions du quotidien qui ne peuvent plus être
réalisées de la même manière portent une atteinte à la continuité́ d’existence
conduite par l’image de base. L’estime de soi s’amoindrit, l’individu se sent alors
dévalorisé́ , inutile, incompétent. »

Bien entendu, Il s’agit d’une vision relativement négative du vieillissement et de


l’altération de l’identité qu’il peut occasionner. Mme Piretto relativise elle-même ses
propos en expliquant que « le vieillissement n’est pas aussi négatif pour tous.
Certaines personnes âgées continuent d’évoluer avec leur corps et leurs capacités ».

15
Et c’est à mon sens ce que les ressources humaines et matérielles d’une structure
doivent mettre en œuvre pour rendre possible cet aspect positif du vieillissement.

A.2 Les différents stades de la psychogénèse d’un individu

Pour la personne âgée, l’identité et le sentiment de son identité est le fruit d’une
construction qui a commencé dès l’enfance. Erik Erikson5 (11) a établi en 1956 les
différents stades d’une psychogénèse identitaire. Ces étapes sont au nombre de huit
et recoupe pour les quatre premières étapes de la vie le développement psychologique
établi par Freud. Ce sont les phases orale, anale, phallique et de latence. Les quatre
suivantes, adolescence, jeune adulte, adulte mature, adulte âgé, sont pour Erikson
« fondamentalement sociales ».

Les deux dernières phases peuvent nous intéresser pour comprendre ce qui se
joue dans le vieillissement des personnes et dans leur rapport à l’identité.

De quarante à soixante ans s’établit la phase de maturité qui repose sur la


conscience de ce que chaque individu transmet sur les plans matériel et symbolique.
« La période de la maturité adulte est celle de la « génération ». Elle se caractérise par
l’émergence d’un souci de transmettre à autrui (des valeurs, des produits, d’un style
de vie, etc.) ou, à l’opposé, par une stagnation », selon Valérie Cohen-Scali6 et Jean
Guichard7 (12).

Après soixante ans la phase de l’intégrité ou du désespoir repose sur le sens


que la personne âgée donne à sa vie. Selon ce que l’individu perçoit de son existence,
celui-ci peut verser vers un sentiment d’accomplissement identitaire ou vers le
désespoir.

D’après Valérie Cohen-Scali et Jean Guichard (12) :

5
Psychanalyste et psychologue du développement.
6
Docteur en psychologie sociale
7
Docteur en psychologie

16
« La vieillesse ou le grand âge est marqué par la question du sens de
l’existence : certains développent un sentiment d’intégrité (ils perçoivent leur vie
comme ayant un sens qui s’intègre dans un ordre social plus large). Pour
d’autres, le désespoir domine : la vie apparaît insensée et le temps manque
pour recommencer autre chose. ».

Comme ces auteurs le montrent, ces deux dernières étapes sont très
importantes pour comprendre le rapport au monde de la personne âgée et comment
peut se maintenir voire se développer un sentiment identitaire pérenne ou accompli.
Maintenant nous pouvons nous demander quel peut-être le rôle de l’équipe soignante
d’une structure de type EHPAD dans le façonnement d’un sentiment identitaire positif
chez les résidents.

B) L’accompagnement de l’équipe soignante

B.1) Définitions

B.1.1 L’accompagnement

Selon une définition commune, accompagner, c’est « se joindre à quelqu’un


pour aller où il va, en même temps que lui ». Par extension, l’accompagnement, selon
un cours de l’IFAS de Bischwiller (13) « se dit d’une personne qui en aide une autre
dans diverses situations de la vie ».

Pour Walter Hesbeen8 (13), « C'est faire un bout de chemin avec l'autre en
difficulté́ de santé. Accompagner c'est respecter la personne dans ce qu'elle a à vivre,
c'est reconnaitre son existence en tant que telle avec ses différences ».

Ainsi, cette définition de l’accompagnement est orientée vers l’éthique


soignante et montre l’importance du respect des rythmes et des habitudes de vie des
résidents dans la prise en charge de ceux-ci.

8
Docteur en santé publique

17
B.1.2 L’équipe soignante

Elle est composée de professionnels de santé qui œuvrent pour un même


objectif. Pour Margot Phaneuf9 (14) : « Dans le domaine des soins, une équipe est un
ensemble de personnes travaillant ensemble. Elles sont reliées par des interrelations,
elles ont conscience d’une appartenance au groupe et poursuivent un but commun.
Ce travail suppose un investissement collectif, mais aussi une répartition de la tâche
entre les membres et la convergence de leurs efforts ».

Ensuite, nous pouvons donner une définition de la notion de soin. D’après un


cours sur le concept de soin donné à l’IFAS de Bischwiller (13), « Les soins médicaux
sont l'ensemble de connaissances, de compétences et de techniques relatives à la
conception et à la mise en œuvre d'actes de soins. Ils contribuent à répondre aux
besoins de santé d'une personne et/ou d'une collectivité, et font l'objet de la discipline
enseignée au personnel soignant. Ces soins font appel aux sciences humaines et
biologiques ».

L’équipe soignante est composée de personnels qualifiés ; sous la


responsabilité d’un médecin coordonnateur, infirmiers, aides-soignants, aides médico-
psychologiques, auxiliaires de vie travaillent en étroite collaboration. De plus, d’autres
intervenants paramédicaux comme des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes, des
psychologues, des psychomotriciens peuvent y travailler selon les besoins
individualisés des résidents.

B.2) Les spécificités en EHPAD

B.2.1 L’EHPAD

Les Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées et Dépendantes


sont des lieux de vie médicalisés fournissant en plus de l’aide à la vie quotidienne
(lever, coucher, toilette, repas…), des soins médicaux personnalisés et des services

9
Docteur en sciences de l’éducation au Canada

18
de restauration, blanchisserie et d’animation. Ces institutions sont dédiées à l’accueil
de personnes âgées de plus de soixante ans en situation de perte d’autonomie
physique et ou psychique dont le maintien à domicile n’est plus possible.

L’intégration d’une institution telle qu’un EHPAD présente en soi un grand


nombre de difficultés pour une personne âgée. Qu’elle soit contrainte ou volontaire,
l’entrée en EHPAD est synonyme d’une certaine avancée dans l’âge, d’une
distanciation sociale avec le reste de la société et porte en elle-même la notion de
dernière demeure.

Une étude menée par l’INSEE en 2008-2009, intitulée : enquête handicap-santé


(15) a démontré que les personnes vivant en institution comme les EHPAD sont en
plus mauvaises santé que les personnes du même âge vivant chez elles. Toujours
d’après cette étude, les causes de l’entrée en institution sont majoritairement liées à
deux facteurs principaux : « déclarer une altération fonctionnelle cognitive et l’absence
de compagnon et de famille ».

B.2.2 Le fonctionnement réglementaire d’un EHPAD

D’après Christelle Malherbe (16) dans son mémoire pour l’obtention du diplôme
d’ergothérapeute, il existe quatre projets réglementaires en EHPAD.

- « Le projet institutionnel : Celui-ci est garant des missions, des pensées


philosophiques de l’établissement ». D’après Amyot et Piou (17) « Il constitue
le cadre général dans lequel l’ensemble des projets a vocation à s’inscrire ».
- « Le projet d’établissement ou le projet de vie de l’établissement. Il est régi par
la loi du 2 janvier 2002 qui le rend obligatoire pour tous les établissements
sociaux et médico-sociaux ». Selon Amyot et Piou (17), « Il concrétise les
orientations du projet institutionnel comme les conditions d’habitat et le cadre
architectural offerts aux résidents ; les modalités d’organisation de la vie
quotidienne et de fonctionnement des différents services ; les modalités
d’expression des résidents et de participation des familles et des proches ; etc
... »

19
- Le projet de soins : d’après Amyot et Piou (17) il « définit les modalités selon
lesquelles l’établissement peut assurer les soins requis par l’état de santé et
l’autonomie des résidents. Également il régit les modalités de travail en équipe
et de coordination des différents intervenants de santé ». Le médecin
coordinateur en est le responsable, il organise et élabore ce projet
- « Le projet de vie personnalisé : il est rendu obligatoire par la loi ASV (loi
d’Adaptation de la Société au Vieillissement du 28 décembre 2015). Ce projet
met en avant les difficultés pouvant être rencontrées du fait d’une vie en
collectivité, par chacun des individus ».

Pour accompagner le résident et ainsi préserver son sentiment d’identité, l’outil le


plus important est le projet de vie personnalisé du résident dont nous allons parler
maintenant.

B.2.3 Le projet de vie personnalisé du résident

Pour le définir, « le projet de vie personnalisé est un engagement par lequel un


établissement d'hébergement pour personne âgée dépendante s'engage à prendre en
compte la singularité de la personne accueillie pour adapter son accueil et ses
services. C'est une démarche dynamique de co-construction du projet de vie et de
soins du résident » (18).

Cet outil institutionnel s’avère être ainsi le remède contre une possible altération
de l’identité des résidents liée à leur entrée en EHPAD. Il implique que l’institution
prenne en compte les données personnelles des personnes âgées. Il se base sur un
vaste recueil de données réalisé par l’équipe soignante et une négociation avec la
personne âgée si son état cognitif le permet de ce qui sera possible de faire dans
l’EHPAD pour préserver ses habitudes de vie et maintenir son identité.

Au cours de cette première partie, nous avons vu comment l’identité d’un


résident s’est construit durant sa vie et par quel outil l’institution de type EHPAD peut

20
veiller à préserver ce sentiment d’identité. Le projet de vie personnalisé est le moyen
dont dispose l’équipe soignante pour accompagner au mieux le résident. De plus, les
apports théoriques de cette partie permettent de mettre en avant l’aspect
psychologique de la notion d’identité qui au cours du vieillissement normal des
individus peut être mis à mal. Nous étudierons maintenant le cas plus spécifique d’un
résident souffrant d’un syndrome anxiodépressif.

II L’aggravation brutale d’un syndrome anxiodépressif et l’accompagnement de


l’équipe soignante

Dans cette deuxième partie, nous nous attacherons à explorer les aspects de
l’aggravation brutale du syndrome anxiodépressif de Mme D. et comment l’équipe
soignante peut y faire face.

A) Le syndrome anxiodépressif

A.1) Définitions

A.1.1 Le syndrome

Commençons par la définition médicale de syndrome : « Ensemble de plusieurs


symptômes ou signes en rapport avec un état pathologique donné et permettant, par
leur groupement, d'orienter le diagnostic », définition du dictionnaire Larousse.

La notion de syndrome renvoie directement, d’après cette définition à la notion


de pathologie, de maladie. C’est la totalité des symptômes d’une pathologie. Il existe
de nombreux types de syndromes évoquant des maladies affectant différents
systèmes du corps humain.

Dans le champ médical qui nous intéresse ici, c’est-à-dire la psychiatrie,


l’utilisation par le corps médical du mot syndrome signifie que la maladie est traitée en
dehors de tout lien de causalité avec un facteur déclenchant et renvoie à un état de
21
fait pathologique. Voyons maintenant les modalités propres à la dépression qui est la
pathologie retenue dans ma recherche.

A.1.2 La dépression

D’après l’OMS (19), « La dépression constitue un trouble mental courant,


caractérisé par la tristesse, la perte d'intérêt ou de plaisir, des sentiments de culpabilité
ou de faible estime de soi, des troubles du sommeil ou de l'appétit, d'une sensation de
fatigue et d'un manque de concentration. »

Cette définition générale de la dépression nous montre les différents aspects


de l’affection psychiatrique qu’est la dépression. Nous voyons que cette pathologie qui
est constituée par une baisse notable de l’humeur, la tristesse, a des répercussions
importantes sur le rapport à soi et le rapport au monde.

D’après les recommandations de bonnes pratiques de la HAS d’octobre 2017


(20), la classification de référence pour le diagnostic de cette maladie psychiatrique
est la CIM 10, la Classification Internationale des Maladies de l’OMS. (annexe II p.47)

Nous pouvons désormais aborder plus spécifiquement le syndrome anxio-


dépressif.

A.1.3 Le syndrome anxiodépressif

Un syndrome anxiodépressif est une forme plus particulière et plus prononcée


de la grande famille des dépressions. Nous pouvons donner une définition de l’anxiété,
mot qui se greffe à la dépression dans l’appellation de ce syndrome. C’est
une « inquiétude pénible, une tension nerveuse, causée par l'incertitude, l'attente ;
angoisse ». C’est également un « Trouble émotionnel se traduisant par un sentiment
indéfinissable d'insécurité ». Cette définition met en lumière, l’état psychique de la
personne qui en souffre, d’après une définition du dictionnaire Larousse.

22
D’après C. Mirabel-Sarron10 (21), « Le syndrome anxiodépressif est une entité́
composite décrite de manière très variée. Sous cette appellation sont regroupées
diverses formes cliniques. Les classifications préfèrent séparer les deux entités que
sont la dépression et l’anxiété́ . Mais en pratique clinique, les plaintes du patient
n’appartiennent pas strictement à une seule catégorie. Et sur le plan thérapeutique, il
existe bien une unité́ pharmacologique à propos des traitements de ces symptômes ».
(annexe III p.48)

Ainsi, le syndrome anxiodépressif est une pathologie dont l’expression clinique


se traduit par des symptômes ayant trait à l’anxiété et à la dépression sans qu’une
réelle séparation causale des symptômes soit possible. En outre, ce syndrome
présente des caractéristiques propres au sujet âgé qu’il nous faut aborder maintenant.

A.2) Spécificités de la dépression du sujet âgé

D’après la littérature scientifique, la dépression chez le sujet âgé présente des


spécificités bien particulières liées au vieillissement dont nous avons vu qu’il avait
également un fort retentissement sur la notion d’identité. (cf 1ére partie)

D’après un article de la Revue Médicale Suisse (22),

« Comme chez les sujets plus jeunes, l’anxiété est très fréquente et peut
masquer la dépression. Elle peut précéder le trouble dépressif ou au contraire
se manifester dans un deuxième temps. Il s’agit en général d’une anxiété
majeure qui apparaît sans raison apparente. Le malade se plaint d’une grande
appréhension, de craintes inexpliquées, d’une impossibilité à se détendre, il
change continuellement de place, gémit, se lamente. Sa quête d’apaisement
est pressante, parfois irritante pour l’entourage ». (En annexe tableaux Revue
Médicale Suisse p.48 et p.49)

10
Psychiatre à l’hôpital Saint Anne à Paris.

23
Cette citation met en lumière en partie l’attitude d’un sujet âgé. En effet, son
expression anxieuse de la résidente est un phénomène connu de la symptomatologie
propre au syndrome anxiodépressif.

Toujours d’après la revue médicale Suisse (22), « L’anxiété généralisée et le


trouble anxieux sont associés dans 50 à 70% des cas à une dépression chez le sujet
âgé. Lorsque ces deux types de symptômes coexistent, l’intensité de l’anxiété est
corrélée positivement à celle de la dépression. La coexistence de ces deux troubles
est un facteur de mauvais pronostic, notamment pour ce qui concerne l’efficacité du
traitement antidépresseur ».

Nous pouvons donner pour rendre plus concret le cas d’un résident atteint d’un
syndrome anxiodépressif, la symptomatologie de la dépression.

A.3) Symptomatologie de la dépression

La HAS (23) détaille les symptômes présents lors d’une dépression et ses
symptômes doivent :

- « Être présents durant une période minimum de 2 semaines, et chacun d’entre


eux à un degré de sévérité certain, presque tous les jours ;
- Avoir présenté un changement par rapport au fonctionnement antérieur
- Induire une détresse significative »

Les symptômes d’un épisode dépressif caractérisé sont :

- Au moins deux symptômes principaux parmi les trois suivants :

« Humeur dépressive

Perte d’intérêt, abattement

Perte d’énergie, augmentation de la fatigabilité ».

- Au moins deux des autres symptômes suivants :

« Concentration et attention réduite

Diminution de l’estime de soi et de la confiance en soi

24
Sentiment de culpabilité et d’inutilité

Perspectives négatives et pessimistes pour le futur

Idées et comportement suicidaire

Trouble du sommeil

Perte d’appétit »

Les recommandations de la HAS nous font comprendre les grandes orientations


générales de cette pathologie prévalente à savoir la dépression. Nous allons
maintenant étudier de plus près le mécanisme à l’œuvre dans la manifestation de cette
pathologie.

B) L’aggravation brutale de la pathologie de la résidente ou la


décompensation psychique

B.1 Définitions

B.1.1 aggravation brutale

Pour commencer, nous pouvons donner la définition d’une aggravation brutale.

Pour définir l’aggravation : « Action de rendre plus grave ; fait de devenir plus grave ;
accentuation, intensification : aggravation de l'état d'un malade », définition du
dictionnaire Larousse.

Quant au mot brutal, il signifie ce « qui n'était pas prévisible », ce qui est
« soudain », d’après le Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales.

Ainsi, l’expression aggravation brutale exprime en des termes génériques,


l’intensification de la pathologie de la résidente sur un laps de temps très court.

Néanmoins, au cours de mes lectures un mécanisme psychologique peut


rendre compte de façon plus précise de ce qui arrive. Il s’agit de la décompensation
psychique qui traduit mieux l’intensité des évènements de la situation d’appel.

25
B.1.2 La décompensation psychique

Voyons si la définition de décompensation psychique traduit de façon plus


appropriée la situation vécue par une résidente.

« La décompensation psychique correspond à la phase de rupture de l’équilibre


psychologique d’une personne. Dans le cas d‘une rechute, la décompensation
fait référence à la phase de réapparition des symptômes. La décompensation
peut être de type psychotique, maniaque, anxieuse, dépressive,
alcoolique…. Elle révèle à un moment donné la présence d’un excès de
tensions que la personne ne peut plus gérer par ses moyens habituels de
défense » (24).

Cette approche sous-entend une autre notion présente lors de la situation qui
est la détresse importante ressentie par le soignant lors de ses échanges avec la
résidente. L’expression « rupture de l’équilibre psychologique » exprime de façon plus
concrète d’un point de vue psychologique la manifestation des attitudes de la
résidente.

B.2) La plainte suicidaire

D’après la HAS (25), la crise suicidaire est :

« une crise psychique dont le risque majeur est le suicide. Cette situation de
crise peut durer jusqu’à plusieurs semaines. Si rien n’est fait, le sujet peut
passer progressivement du sentiment d’être en situation d’échec, à l’idée qu’il
est impossible d’échapper à cette impasse, avec alors une élaboration d’idées
suicidaires de plus en plus intenses. La personne ne veut pas mourir, mais elle
veut arrêter de souffrir et le risque est alors qu’à un moment donné le suicide
soit considéré́ par elle comme la seule solution possible ».

26
En conséquence, nous pouvons dire que l’intensité de la décompensation
psychique et la souffrance générée par celle-ci inscrivent la résidente dans une crise
suicidaire.

C) L’accompagnement de l’équipe soignante

L’accompagnement de l’équipe soignante repose sur des éléments mis en


avant par les recommandations de bonnes pratiques de l’Agence nationale de
l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico sociaux
(Anesm). Nous nous appuierons dessus car elles synthétisent l’ensemble des
pratiques soignantes. Ces recommandations se déclinent en trois parties, la
prévention, le repérage et l’accompagnement des personnes âgées institutionnalisées
aux prises avec la souffrance psychique.

C.1) La prévention continue de la souffrance psychique

La prise en charge de la souffrance psychique en EHPAD commence par les


pratiques soignantes qui assurent la prévention de ce type de souffrance. En effet, les
structures médico-sociales de type EHPAD peuvent favoriser par leur mode de
fonctionnement une altération de l’équilibre psychique des personnes âgées.

Les recommandations de L’Anesm (26) établissent six grandes familles des actions
de prévention :

- « Favoriser l’instauration d’un climat de confiance dès les premières


rencontres »
- « Rappeler à la personne l’importance de sa participation à son projet
personnalisé »
- « Favoriser la stabilité de l’accompagnement de la personne »
- « Identifier les possibles facteurs de risque de souffrance psychique »
- « Mobiliser les ressources et les potentialités de la personne »

27
- « Informer sur les actions de prévention de la souffrance psychique »

Ces actions préventives cherchent à mettre en œuvre un climat d’attention


marquée à l’expression de signes de souffrance psychologique de la part des
résidents. Elles doivent être le fait de l’ensemble de l’équipe soignante qui veille ainsi
à assurer le bien être des personnes prises en charge.

C.2) Le repérage des signes de souffrance psychique

Le deuxième item (26) quant à lui s’intéresse au repérage de la souffrance


psychique quand elle se manifeste chez les personnes âgées. Ce repérage requiert
de la part de l’équipe soignante de solides connaissances des signes de souffrance
psychique ainsi que des personnes prises en charge dans le quotidien.

Trois grands types d’action de repérage sont recommandés par l’Anesm :

- « Identifier et repérer les signes révélateurs de souffrance psychique chez la


personne et les aidants »
- « Partager l’analyse des signes de souffrance psychique repérés »
- « Soutenir les professionnels dans le travail de repérage des signes de
souffrance psychique »

Ainsi, le repérage des signes de souffrance psychique s’appuie sur la


connaissance des signes de souffrance psychique, un travail de synthèse en équipe
et un encadrement souvent réalisé par le médecin coordinateur.

C.3) La prise en charge de la souffrance psychique

Une fois repérée, la souffrance des résidents doit être prise en charge. Ceci
demande un travail pluridisciplinaire de toute l’équipe soignante.

L’Anesm (26) recommande quatre types d’action pour ce faire :

- « Identifier les professionnels ressources en santé mentale »

28
- « Mobiliser la personne dans la prise en charge de la souffrance psychique »
- « Renforcer la coordination et la complémentarité des actions mises en œuvre
dans le parcours de soins de la personne »
- « Adapter la prise en charge aux possibles évolutions de l’état de santé
psychique de la personne : aggravation, stabilité, amélioration »

Ce troisième volet de la prise en charge de la souffrance psychique insiste sur les


soins prodigués par des personnes compétentes comme les psychologues ou les
psychiatres, c’est-à-dire les ressources internes et externes à la structure. De plus, le
parcours de soin mis en œuvre doit s’établir avec la personne soignée.

Pour conclure cette sous partie, les recherches documentaires ont montré d’une
part, la sévérité de la décompensation psychique liée au syndrome anxio-dépressif
chez un sujet âgé et d’autre part, de quelle manière l’accompagnement de l’équipe
soignante peut être établi. Nous pouvons maintenant chercher à établir les liens entre
la fragilisation de l’identité psychologique mise en avant dans la première sous partie
et la décompensation psychique telle qu’elle a été étayée dans la deuxième sous
partie.

III Liens entre la fragilisation de l’identité liée à la vie en EHPAD et l’aggravation du


syndrome anxiodépressif

B) La fragilisation de l’identité liée à la vie en EHPAD

A.1) Définition et sémiologie

Nous pouvons donner une définition de la fragilisation : « rendre plus fragile,


instable, précaire », d’après le Cnrtl. Ainsi, par les trois principales raisons que sont,
le vieillissement, l’entrée en EHPAD et la nécessité pour les personnes
institutionnalisées de s’adapter à un nouveau lieu de vie, l’identité de ces personnes
est susceptible d’être fragilisée.

29
Pour établir une ébauche de sémiologie de cette fragilisation identitaire, nous
nous appuierons sur le mémoire d’Emilie Piretto (8) qui développe les risques
identitaires induits par la vie en institution.

« Certains auteurs font un rapprochement entre une perte progressive de


l’identité en institution et l’apparition de « comportements de compensation »
(Simard, 1980). Ces derniers serviraient d’ancrage affectif pour le maintien de
son intégrité. En effet, l’institution prive les individus d’une grande partie de leurs
repères personnels, ils développent alors des mécanismes afin de maintenir
une continuité. Ces conduites de défense identitaire peuvent prendre différentes
formes comme celle « d’objet totalisant », la personne âgée conserve alors avec
elle un effet de sa vie antérieure qu’elle ne peut quitter ».

A.2) La prévalence du cadre institutionnel en Ehpad

Toujours d’après Emilie Piretto (8),

« La vie en EHPAD demande une forte réorganisation des habitudes de vie des
personnes âgées. En effet, c’est un lieu où les contraintes horaires et collectives
sont très marquées. D’après Vercauteren, Predazzi et Loriaux (2001)
« l’institution est régie par des règles rigides qui favorisent presque toujours le
collectif au détriment de l’individuel, l’anonyme au détriment du personnalisé,
l’obligatoire au détriment du librement consenti ». Ainsi, le risque d’altération
identitaire est bien réel en institution. »

Mme Piretto ajoute :

« Les personnes âgées, lors de leur entrée, vont être amenées à se reconstruire
individuellement dans un nouveau système social. Elles n’ont plus les mêmes
contacts avec le monde extérieur et c’est ce que les autres résidents et le
personnel leur renverront d’elles-mêmes qui constituera désormais qui elles
sont. »

30
Nous pouvons aborder concrètement les problèmes causés sur le plan psychologique
par la vie en institution.

A.3) Les problèmes psychologiques propres à la vie en institution

Dans leur article intitulé, Dépression de la personne âgée en institution, Philippe


Thomas11 et Cyril Hazif-Thomas12 (27) dénombrent plusieurs problèmes
psychologiques majorés par la vie en institution. Ces difficultés sont au nombre de six :

- « L’impuissance apprise et la dépression »

Comme le souligne les auteurs, « Les représentations internes négatives


constituées lors de la trajectoire de vie facilitent parfois l’installation de la dépression
chez les personnes âgées lorsqu’elles rencontrent des difficultés relationnelles,
lorsqu’elles sont confrontées au handicap ou à l’entrée en institution. »

- « La perte d’autonomie »

« L’autonomie de la personne âgée résulte souvent de ses choix de vie personnels et


des capacités qu’elle a pu développer dans sa trajectoire personnelle en harmonie ou
en dysharmonie relationnelle avec son entourage ». Selon les normes sociales, les
auteurs expriment également le fait que la vieillesse parait être le « contraire même de
la liberté », « ainsi, il est rare qu’une personne aille spontanément et de bon cœur en
EHPAD. »

- « La moindre reconnaissance de sa compétence »

« Tous les troubles du comportement qui empoisonnent la vie en établissement ne sont

pas liés exclusivement à la pathologie psychiatrique de la personne âgée. Il y une part


pour l’ennui, la routine insupportable, la disqualification de ses qualités potentielles, la
négation des spécificités d’histoire de vie personnelle et des singularités identitaires. »

- « Le sentiment d’appartenance est difficile à entretenir en établissement »

11
Psychiatre au CHU de Brest
12
Psychiatre et gériatre, spécialiste de la maladie d’Alzheimer.

31
« Les soins du corps, le souci de l’esthétique et de l’appartenance entretiennent un
fort sentiment de responsabilité et d’estime de soi, de confiance dans la relation à
autrui, d’où découle le sentiment d’appartenance au Monde ». Les auteurs ajoutent
que : « une institutionnalisation ratée, sera forcément un échec tant pour l’institution
que pour le résident et ses enfants. »

- « L’inactivité, l’ennui et les pathologies somatiques en EHPAD »

« La dépendance associée et l’inactivité physique jouent un rôle aggravant sur la


dépression et sur la qualité de la réponse thérapeutique. Le nombre de pathologies
somatiques évoluant chez la personne âgée conditionne la fréquence et la gravité de
la dépression associée. »

- « Le sentiment d’abandon de son autodétermination en EHPAD »

« Très souvent la personne âgée se plaint de solitude que la famille soit présente ou
non ». De plus, les auteurs ajoutent que : « la perte d’autonomie, l’effritement du vécu
de compétence personnelle, la difficulté pour ne pas dire l’impossibilité de reconstituer
une appartenance groupale en EHPAD se traduisent pour la personne âgée par un
sentiment de perte d’exercice de son autodétermination ».

Ainsi, les auteurs de cet article mettent en avant de façon très concrète la
fragilisation de l’identité des résidents à travers la description des problèmes
psychologiques qu’ils rencontrent. Voyons maintenant comment ces difficultés
peuvent influer sur la majoration d’un syndrome anxiodépressif.

B) L’aggravation du syndrome anxiodépressif

Pour démontrer le lien entre la vie en Ehpad et la majoration de la dépression,


nous nous appuierons sur une étude qualitative publiée en 2009 dans la revue des
Annales Médico-Psychologiques (28) par Trouillet et Gély-Nargeot. Cette étude utilise
les mécanismes de défense des résidents en institution pour démontrer la corrélation
entre dépression et vie en EHPAD.

32
B.1) Les mécanismes de défense des personnes âgées en
institution

Selon les auteurs, pour démontrer le lien entre dépression et vie en EHPAD, il est
« nécessaire d’introduire un niveau psychologique explicatif intermédiaire ». « La
présence et l’ampleur des troubles dépressifs (et anxieux) seraient liées à la
vulnérabilité de chaque individu, c’est-à-dire ses traits de personnalité ».

Les auteurs de l’article de recherche expliquent que, « une meilleure


compréhension des troubles psychopathologiques du sujet âgé impliquerait donc de
les concevoir comme les manifestations d’une réaction adaptative (mécanismes de
défense) qui serait fonction de la personnalité et de l’environnement extérieur du
sujet. »

Les auteurs de l’étude relèvent quatre types de mécanisme de défense :

- « Les défenses « psychotiques » (ex : déni) altèrent la perception de la réalité


- Les défenses « immatures » (ex : projection) affectent la perception des
relations interpersonnelles
- Les défenses « névrotiques » (ex : refoulement) affectent l’autoperception des
sentiments intimes et l’expression instinctuelle
- Les défenses « matures » (ex : anticipation) permettent une adaptation
optimum en intégrant les informations relatives à la réalité interne et externe
des individus. »

Les auteurs notent que « l’usage excessif de certains mécanismes (immatures)


serait associé à une élévation des troubles psychopathologiques, alors que d’autres
(matures) corrèlent positivement avec une bonne santé psychique subjective et
objective.

Ainsi, les auteurs formulent trois hypothèses principales :

- « L’institutionnalisation est associée à une augmentation du niveau de


dépression et d’anxiété du sujet âgé ;
- La dépression et l’anxiété corrèlent négativement avec la maturité défensive ;

33
- L’institutionnalisation favorise une plus grande immaturité défensive
(régression) »

Voyons maintenant le cœur de cette étude.

B.2) Recherche sur le lien entre dépression et vie en EHPAD

La recherche comprend un échantillon de 39 sujets âgés dont 20 personnes


vivent en institution et 19 vivent à leur domicile. Les auteurs utilisent la Geriatric
Depression Scale (GDS) (annexe) pour évaluer l’état dépressif des personnes âgées.
L’anxiété et les mécanismes de défense sont évalués par deux questionnaires
adaptés.

L’objectif de cette étude est de « mieux comprendre les facteurs psychologiques


qui sous-tendent l’augmentation du niveau de dépression du sujet âgé en institution ».

Les résultats pour les auteurs sont sans équivoque, « nous rapportons une
augmentation significative du niveau de dépression mais aussi de l’état anxieux du
sujet âgé en institution ». Dans la manifestation de la majoration de ces troubles,
« l’institutionnalisation favoriserait à la fois l’expression de plaintes répétées,
adressées à l’entourage, et le rejet hostile de toute proposition d’aide ». De plus, la
« régression » du sujet âgé institutionnalisé peut aller jusqu’à « la perte de toute
motivation » et précipiterait « une attitude régressive incluant la réduction des activités
et contacts sociaux. »

Il est entendu que cette étude en conforte d’autres comme le souligne ses
auteurs et nous ne rendons compte que d’une version extrêmement simplifiée du
travail de recherche. En effet, si l’institutionnalisation aggrave bien les traits
psychopathologiques des résidents les auteurs expliquent que tous les mécanismes
susceptibles de jouer dans ce sens ne sont pas à ce jour tous mis en lumière.

B.3) La prise en charge psychiatrique en EHPAD

34
Si le lien est désormais scientifiquement établi entre l’institutionnalisation et la
majoration des troubles psychiques, qu’en est-il de la réponse médicale apportée dans
ces institutions ?

D’après Marie Playe13(29) dans La Revue de Gériatrie de septembre 2016,


l’action du monde psychiatrique en EHPAD repose sur le principe de consultation-
liaison. Ce principe repose sur deux aspects principaux, « la consultation du patient,
son évaluation diagnostique et thérapeutique et la liaison faite auprès de
l’environnement soignant de celui-ci ».

De plus, six grands axes sont à noter pour la réussite d’une telle approche de soin :

- « Le diagnostic : évaluation psychiatrique du résident


- L’avis thérapeutique : proposition d’un traitement et d’une prise en charge non
médicamenteuse
- L’orientation : discussion d’une possible orientation en hospitalisation
- La triangulation : rôle de tiers entre l’institution et la famille, le médecin traitant,

- La concertation multidisciplinaire : réflexion interdisciplinaire sur une prise en
soins
- La pédagogie : formation continue « au lit du malade », auprès des soignants,
échanges de pratiques soignantes ».

L’approche de la psychiatrie de liaison fait valoir ainsi une approche extérieure à


l’institution sans négliger la formation et l’information des acteurs soignants de
l’EHPAD.

Nous pouvons maintenant aborder le rôle joué par l’équipe soignante et plus
particulièrement par l’infirmier pour la prise en charge des résidents souffrant de
dépression plus ou moins majorée par des traits anxieux.

D) Maintien de l’identité du résident et fonction infirmière en EHPAD

13
Gériatre française.

35
Nous pouvons étudier maintenant les moyens que peuvent mettre en œuvre les
infirmiers d’EHPAD pour contribuer à maintenir l’identité des résidents.

C.1) Les écueils dans la relation de soins avec le résident

Pour étayer nos propos nous nous appuierons sur le travail d’Emilie Piretto (8)
qui expose les différentes difficultés des soignants au quotidien, dans leur mission de
prise en charge des personnes institutionnalisées.

Ainsi, lors de la réalisation des soins, les infirmiers sont « confrontés au corps
de l’autre, qui lui n’est pas forcément habitué à cette situation ». Cette proximité intime
peut, par sa banalisation, susciter chez la personne soignée une altération de son
identité.

« Le résident, lui, peut n’être ni accoutumé ni dans le même ressenti face à cette
interaction. Il peut se retrouver dénudé, exposé, manipulé, sans contrôle sur
quand et comment. Ainsi, l’intervenant franchit la dernière barrière de l’espace
privé du résident, celle de l’intimité de son corps. C’est pourquoi certaines
conduites, par manque de tact et de relation ou par la projection de ses propres
angoisses de vieillissement, peuvent être interprétées par le résident comme
un déni de son identité. »

De plus, les contraintes horaires peuvent aggraver ce phénomène, « Des


gestes un peu trop vifs ou non annoncés, un manque de discussion, une absence de
regard dans la relation, un toucher vécu comme intrusif sont autant de petites choses
qui peuvent faire que le bénéficiaire des soins ne se sente pas traiter en tant
qu’individu, mais comme objet de soin ».

De plus, « au sein d’un EHPAD de nombreux résidents bénéficient de prises en


charge médicales et paramédicales, et c’est souvent dans cet aspect que l’individu est
oublié au profit de ses troubles. Au travers du regard médical ressort bien souvent la
seule présence de la pathologie ».

36
Cette déshumanisation du soin est de loin la plus grande difficulté à surmonter
pour les soignants. Le soin pris en compte dans sa globalité doit concerner tout
« l’être » de la personne soignée. Pour l’auteur, c’est « Le dialogue et la relation au
cours des soins » qui « apporte cette notion de prise en charge dans la globalité ».

C.2 La personnalisation des soins

Comme nous l’avons vu dans la première partie du cadre de référence, le projet


de vie individualisé est au cœur de la prise en charge du résident. Toujours d’après
Emilie Piretto (8), il « est établi à partir des recommandations du résident, en fonctions
des possibilités de la structure pouvant y répondre ». « Il sert donc de fil d’Ariane aux
accompagnants afin de s’adapter au mieux à l’identité de la personne âgée en
respectant ses goûts, ses coutumes, ses besoins et ses désirs ».

L’auteur précise que de nouvelles méthodes relationnelles sont actuellement


développées et promues dans la prise en charge des résidents. Elles sont « centrées
sur la personne ou des soins individualisés » et s’inspirent de la prise en charge des
personnes démentes. Il s’agit de prendre en compte l’identité en mettant l’accent sur
« l’indépendance, le bien-être et l’autonomie des patients et des familles, en plus de
permettre à la personne de se sentir soutenue, valorisée et acceptée socialement ».

Il en résulte que « les soins sont orientés vers l’individu dans sa globalité́ et non
uniquement sur son trouble, il y aura alors une mise en valeur de ses capacités
restantes, et non un pointage répété de ses pertes, le tout dans le respect de l’individu
dans ses caractéristiques personnelles ».

C.3) Le « care » et les gestes professionnels associés

Dans un article de 2021 (30) de la revue, Recherche en soins infirmiers, Isabelle


Eyland14 étudie les savoirs infirmiers liés au care exprimés dans les gestes

14
Docteur en sciences de l’éducation.

37
professionnels. En d’autres termes, de quelle façon les soignants rendent concret
l’attention qu’ils apportent dans les soins relationnels pendant leur pratique soignante.
Le « care » est le mot anglais du prendre soin et il accompagne le « cure », c’est-à-
dire le soin proprement dit.

Pour ce faire, l’auteur définit la notion de « geste professionnel ». « Le terme de


« geste » mobilise davantage de signifiant que l’acte de soins ». « Le geste permet
d’illustrer les mots du langage, de les compléter, de les appuyer, voire de les
remplacer ». Ainsi, pour l’auteur, le geste professionnel est porteur d’attention, de
« care » et matérialise le prendre soin des soignants.

Dans son étude qualitative, l’auteur dénombre quatre types de gestes associés au
prendre soin :

- « Gestes d’ambiance : ce sont des mots d’humour ou des propos personnels


créant une ambiance favorable à une relation de confiance. Ils sont très utilisés
dans l’activité de soins des professionnels ».
- « Gestes de sollicitude : ces gestes expriment des manifestations d’inquiétude
par des paroles ou des gestes de réassurance en prenant en compte les
demandes des patients ».
- « Gestes d’évaluation : ces gestes permettent d’évaluer techniquement ou
psychiquement le déroulement du soin ou l’état de santé de la personne ».
- « Gestes de régulation : Il s’agit d’anticipation ou d’ajustement dans le soin ».

Cette nomenclature des gestes marquant le prendre soin des soignants va être d’une
grande aide pour la réalisation de l’outil de recherche, car ils serviront de marqueurs
concrets pour la personnalisation des soins.

Question de recherche finale

Nous avons vu dans cette dernière partie du cadre de référence comment la vie
en EHPAD comportait en soi un risque majeur pour l’aggravation d’un syndrome
anxiodépressif. En effet, les institutions médico-sociales de type EHPAD sous-tendent

38
par leur mode de fonctionnement collectif des difficultés au quotidien pour leurs
résidents. Quelles soient institutionnelles ou propre au changement de vie générée
par l’admission en EHPAD, ces difficultés se traduisent pour les résidents par une
aggravation statistique des pathologies de type dépression.

Au cours de ce travail de recherche, nous avons démontré d’une part que la vie
en institution provoquait une fragilisation de l’identité des personnes âgées. D’autre
part, les résidents de ces lieux de vie collectifs souffrent plus souvent de dépression
que les personnes âgées vivant à leur domicile. Les bonnes pratiques soignantes ont
également été identifiées pour maintenir l’identité des résidents et ainsi concourir à la
préservation de leur santé psychique. C’est la personnalisation des soins qui apparait
comme le meilleur remède aux difficultés générées par la vie en EHPAD. L’utilisation
du prendre soin par les soignants se manifeste très concrètement par la pratique de
gestes professionnels.

A la vue du cheminement et des notions abordées dans ce cadre de référence,


nous nous demanderons comme question de recherche finale :

Comment la personnalisation des soins effectuée par l’équipe soignante à


travers les gestes professionnels concoure au maintien de l’identité psychologique des
résidents souffrant de dépression ?

39
Partie III : la méthodologie d’enquête
A la vue de la question de recherche finale, l’outil d’enquête qui va être présenté,
vise à montrer comment la personnalisation des soins proposée par l’équipe soignante
concoure au maintien de l’identité psychologique des résidents souffrant de
dépression. Cet outil, d’emblée, fait appel à une évaluation des pratiques soignantes
par les soignants eux-mêmes.

A) La population cible

La population cible identifiée sera composée à part égale d’infirmières et d’aide


soignantes. En effet, ces deux catégories professionnelles représentent le mieux
l’équipe soignante, car elles sont le plus longtemps en contact avec les résidents et
représentent la majorité des effectifs travaillant en EHPAD. Les infirmières sont les
plus informées de l’état de santé des résidents sur le plan psychiatrique et peuvent
également recevoir des informations recueillies par les aides-soignantes pendant les
transmissions. Les aides-soignantes passent le plus de temps auprès des résidents
lors des soins d’hygiène et de confort ou lors du service des repas et mettent en œuvre
des soins relationnels pour ce faire en utilisant les gestes professionnels détaillés dans
le cadre de référence.

- Pour le test : je choisis d’enquêter auprès de deux infirmières et de deux aides-


soignantes dans deux structures différentes. Ainsi, une infirmière peu
expérimentée et une aide-soignante expérimentée dans une structure, et une
infirmière expérimentée et une aide-soignante peu expérimentée dans l’autre
structure. Je place la limite de l’expérience à 5 ans d’exercice professionnel en
EHPAD. La recherche de ce travail porte sur des mécanismes psychologiques
dont la perception peut être influencée par l’expérience des professionnels.
- Pour une étude à grande échelle : je choisis d’enquêter auprès de quinze
infirmières et quinze aides-soignantes dans cinq structures.

40
B) Le champ d’action

Le champ d’action le plus intéressant aux vues du cadre de référence est l’EHPAD.
En effet, l’apport théorique de ce travail a mis en lumière l’altération identitaire des
résidents lors de leur entrée et de leur vie à l’EHPAD. Un autre type de structure moins
médicalisé comme les EHPA ou la résidence pour séniors rendrait la recherche plus
difficile et moins pertinente sur le plan du soin relationnel. En effet, les personnes
âgées plus autonomes peuvent utiliser plus facilement des ressources extérieures à
l’établissement. Un type de structure plus médicalisé, comme L’USLD, n’est plus un
lieu de vie mais service d’hospitalisation ou les poly pathologies rencontrées induirait
un biais dans l’approche relationnelle car il est plus difficile de faire la part des choses
sur l’apport relationnel des soignants.

- Pour le test : je choisis d’enquêter auprès de deux structures de type EHPAD,


pour analyser l’incidence que pourrait avoir le projet d’établissement sur la prise
en charge des résidents.
- Pour l’étude à grande échelle : je choisis d’enquêter auprès de cinq structures
de type EHPAD, en effet, un plus grand nombre de structures enquêtées
permettra de faire la part des choses sur l’importance du projet d’établissement.

C) Outil utilisé

L’outil utilisé vise à recueillir des discours. Deux outils sont ainsi possibles, le
questionnaire et le guide d’entretien. Cependant, le guide d’entretien est le meilleur
outil pour collecter des informations de type ressenti et récits de pratiques
professionnelles. En effet, la question de recherche finale de ce travail vise à mettre
en lien un problème d’identité des personnes soignées et des pratiques soignantes
pour y remédier. Il s’agit d’analyser comment les soignants perçoivent les problèmes
des résidents et ce qu’ils mettent en œuvre dans les soins au quotidien. Les matériaux
collectés seront de nature qualitative et nécessitent une interaction directe entre
l’interviewé et l’apprenti chercheur. De plus, je choisis l’entretien semi-directif pour

41
orienter pendant l’interview les thèmes abordés. Peut-être que les personnes
auditionnées n’établiront pas le lien à démontrer et donnerons d’autres pistes de
réflexion. Le sujet de ce travail porte bien sur la signification que donnent les soignants
sur leur activité soignante auprès des résidents souffrant de dépression.

D) Construction de l’outil

Pour la construction de l’outil, et pour mener le plus efficacement l’entretien


avec les personnes interviewées, j’utiliserai le guide d’entretien semi-directif. Une
trame de questions établies possède l’avantage de normaliser les quatre entretiens du
test pour pouvoir les comparer. La trame permet également de n’oublier aucun des
thèmes ou des aspects de l’étude. De plus, l’entretien semi-directif permet de rebondir
ou de reformuler des questions mal comprises. Le guide d’entretien vierge se trouve
en annexe V page p.50

Le guide d’entretien possède une introduction pour présenter la thématique de mon


travail de recherche.

Les questions 1 et 2 cherchent à obtenir des informations sur l’interviewé.

Les questions 3 à 5 portent sur la dépression des résidents.

Les questions 6 et 7 portent sur l’admission des résidents en EHPAD.

Les question 8 à 10 portent sur la vie en EHPAD et l’altération de l’identité des


résidents.

Les questions 11 à 16 portent sur l’accompagnement de l’équipe soignante.

La question 17 clôture l’entretien.

Les inconvénients du guide d’entretien est qu’il induit des biais à cause de la
relation entre le chercheur et l’interviewé. La méthode demande une certaine
expérience et une grande concentration lors de l’entretien pour obtenir le maximum
d’informations possible.

42
E) Déroulement du test

Le déroulement du test aura lieu avec des soignants volontaires. Je contacterai


directement les deux infirmières et les deux aides-soignantes pour les rencontrer en
dehors de leur temps de travail mais sur leur lieu de travail après avoir préalablement
demandé l’autorisation à l’administration des deux EHPAD concernés. L’anonymat des
interviewés sera garanti. Je leur demanderai également la possibilité de les enregistrer
avec un dictaphone. La durée prévue de l’entretien sera de 45 minutes par soignant.
D’après Quivry et Van Campenhoudt (31), l’entretien semi directif a comme avantage
de recueillir des éléments à un degré supérieur de profondeur. C’est également une
méthode souple et faiblement directive qui « permet de récolter les témoignages et les
interprétations des interlocuteurs tout en respectant leur cadre de référence, leur
langage ». De plus, pendant l’entretien, l’apprenti chercheur peut remarquer les
attitudes non verbales des personnes interviewées. Des relances ou des demandes
de reformulation sont également possible pour préciser des éléments apportés par les
professionnels. Des inconvénients sont également à évoquer, d’après les auteurs cités
ci-dessus, des facteurs matériels, des facteurs relatifs à la personne interrogée, des
facteurs relatifs à l’enquêteur, la relation avec l’intervieweur et le thème choisi peuvent
introduire des déformations lors de l’entretien.

43
Conclusion
Lors de ce travail de fin d’études, nous avons pu établir que la vie en EHPAD
était à l’origine de l’altération de l’identité des personnes âgées y résidant. Cette
altération est notamment compensée par l’attitude des soignants, le « care », lors des
soins prodigués dans les EHPAD. En effet, si les EHPAD sont des lieux de vie, ils sont
régis par des règles où le collectif prime sur l’individuel et c’est à l’équipe soignante
composée d’infirmières et d’aides-soignantes de veiller à personnaliser les soins au
maximum de leurs possibilités. Ainsi, les phénomènes de décompensation psychique
chez les résidents peuvent être amoindris.

Ce travail rencontre certaines limites, liées à la proximité temporelle de l’épidémie de


COVID 19, car je n’ai pas trouvé d’études scientifiques sur l’impact du confinement
dans les EHPAD lors de la pandémie. De plus, les apports théoriques se sont focalisés
sur une approche psychologique en délaissant une approche plus sociologique du
fonctionnement des EHPAD. Une suite logique de ce travail serait de questionner le
lien entre la personnalisation des soins et le caractère de lieu de vie des EHPAD.

Lors de la conception du cadre de référence, j’ai rencontré des difficultés pour obtenir
des sources scientifiques et fiables sur des aspects pointus de la prise en charge des
résidents en EHPAD par l’équipe soignante.

Ce travail m’a également apporté une grande satisfaction puisqu’il démontre


l’importance du soin relationnel en EHPAD, aspect que je percevais intuitivement lors
de ma courte carrière dans ce type de structure.

La méthodologie d’enquête m’a permis d’élaborer un guide d’entretien semi-directif


pour vérifier la question de recherche finale sur les aspects concrets de la pratique du
« care » dans les soins réalisés par les aides-soignants et les infirmières. Le test de
l’outil d’enquête sera réalisé avec une infirmière et une aide-soignante de deux EHPAD
différents.

44
ANNEXE I
GRILLE AGGIR ET NIVEAU DE DEPENDANCE

Repéré à: https://www.google.com/url?sa=i&url=https%3A%2F%2Fsweet-
home.info%2Fevaluez-votre-
gir%2F&psig=AOvVaw1vtDnXk9vFQitK8vUozaN_&ust=1630161372362000&source
=images&cd=vfe&ved=0CAgQjRxqFwoTCICH-cC20fICFQAAAAAdAAAAABAJ

45
ANNEXE II
DIAGNOSTIC DE LA DEPRESSION SELON LA HAS

Repéré à : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2017-
10/depression_adulte_fiche_de_synthese_diagnostic.pdf

46
ANNEXE III
ANXIETE ET DEPRESSION (21)

47
ANNEXE IV
LA DEPRESSION DU SUJET AGE, FACTEURS DE RISQUE

Repéré à :
https://www.revmed.ch/view/564007/4496137/RMS_idPAS_D_ISBN_pu2009-
32s_sa07_art07.pdf

48
ANNEXE V
LA DEPRESSION DU SUJET AGE, SPECIFICITES

Repéré à
https://www.revmed.ch/view/564007/4496137/RMS_idPAS_D_ISBN_pu2009-
32s_sa07_art07.pd

49
ANNEXE VI
GUIDE D’ENTRETIEN : L’OUTIL D’ENQUETE

Entretien semi-directif sur le thème de la personnalisation des soins face à la dépression en


EHPAD.

- 1) Quelle est la durée de votre expérience en années en EHPAD ?

- 2) Travailler en EHPAD est-il un choix délibéré de votre part ?

- 3) Quelle proportion de résidents de votre EHPAD souffre de dépression ?

- 4) La dépression est-elle une maladie prévalente dans votre EHPAD ?

- 5) Les résidents souffrant de dépression sont-ils tous identifiés par l’équipe


soignante ?

- 6) Pensez-vous que l’admission en EHPAD soit un facteur de dépression ?

- 7) Pensez-vous que la vie en EHPAD met à mal l’identité des résidents dès leur
admission ?

- 8) La vie en EHPAD permet-elle selon vous de maintenir les habitudes de vie des
résidents ?

- 9) Quel est la part du projet de vie personnalisé dans la prise en charge des résidents
dans votre EHPAD ?

- 10) Pouvez-vous m’expliquer comment le projet de vie personnalisé est mis en


œuvre dans votre EHPAD ?

- 11) Comment faites-vous face à la tristesse des résidents lorsque vous y êtes
confronté ?

50
- 12) Pensez-vous que le « prendre soin » a un aspect positif sur l’état psychologique
des résidents dépressifs ?

- 13) Comment évaluez-vous si votre pratique soignante est appropriée relationnelle


ment ?

- 14) Utilisez-vous l’humour avec les résidents souffrant de dépression ?

- 15) Recueillez-vous de la part des résidents dépressifs des discours négatifs ou


critiques sur la structure ou la prise en charge effectuée ? SI oui, Comment y
répondez-vous ?

- 16) Par quels gestes ou attitudes montrez-vous votre sollicitude aux résidents dépressifs ?

- 17) Avez-vous quelque chose à ajouter sur les thèmes abordés lors de cet entretien ?

51
Sources bibliographiques

§ (1) Ministère des Affaires Sociales et de la Santé. (2014).


Profession infirmier : Recueil des principaux textes relatifs à la formation préparant au
diplôme d’État et à l’exercice de la profession. Uzès : SEDI.

§ (2) Études et résultats, Drees : un tiers des personnes âgées vivant en établissement
sont dans un état psychologique dégradé, repéré à https://drees.solidarites-
sante.gouv.fr/IMG/pdf/er1141.pdf

§ (3) Thomas P., La Revue de Gériatrie, Tome 38, N°3 mars 2013 : La dépression des
personnes âgées en institution Repéré à
https://www.researchgate.net/profile/Philippe_Thomas5/publication/286310031_Depr
ession_in_elderly_nursing_home/links/5a38e658a6fdccdd41fe7877/Depression-in-
elderly-nursing-home.pdf

§ (4) HAS, programme 2007-2010, Améliorer la prescription des psychotropes chez les
personnes âgées repéré à https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2008-
10/psychotropes2008_depression_131008.pdf

§ (5) ENSP, mémoire de Coudateur C., 2006 : Impulser une logique de domicile en
EHPAD pour préserver la continuité identitaire de la personne âgée repéré à
https://documentation.ehesp.fr/memoires/2006/cafdes/coutadeur.pdf

§ (6) Drouin-Hans, A., (2006), Le Télémaque n°29 : Identité, repéré à


https://www.cairn.info/revue-le-telemaque-2006-1-page-17.htm

§ (7) Mucchielli Alex (2009). L’Identité. Paris, France : Presses universitaires de


France.

§ (8) ISRP, Piretto E., 2014 : Regard psychomoteur sur l’évolution de l’estime de soi
dans le vieillissement normal et pathologique repéré à
http://extranet.isrp.fr/memoires/pdf/14-187-Identite-de-la-personne-agee-en-
EHPAD.pdf

§ (9), Logement-seniors.com, Être résident en EHPAD repéré à https://www.logement-


seniors.com/articles-ls/etre-resident-en-ehpad.html

§ (10) FMH, Grille AGGIR : comment évaluer la perte d’autonomie ? repéré à


https://fmh-association.org/grille-aggir-comment-evaluer-la-perte-dautonomie/

52
§ (11) Erikson, E. (1959/1980). Identity and the life cycle. New York: International
Universities Press Inc. (Reed. New York: Norton).

§ (12) Cohen-Scali, V., Guichard, J., (2008), Identités et orientations : Identité :


perspectives développementales repéré à https://journals.openedition.org/osp/1716

§ (13) Cours IFAS de Bischwiller : Concepts le soin, l’accompagnement, le rôle du


soignant repéré à http://www.synora-
commerce.fr/ch_bischwiller_extranet/Doc/Ressources/LE_SOIN_2017011108562317
.pdf

§ (14) Phaneuf, M., le travail en équipe auprès des malades : ressource ou souffrance
repéré à http://www.prendresoin.org/wp-content/uploads/2012/11/Le-travail-d-equipe-
.pdf

§ (15) INSEE, (2009) : enquête Handicap-Santé repéré à http : //www. sante. gouv.
fr/handicap-sante.html

§ (16) IFPEK, Malherbe, C., (2018) : L’identité́ de la personne âgée en EHPAD, l’affaire
de tous. Le rôle de l’ergothérapeute avec l’équipe pluridisciplinaire. Repéré à
https://ifpek.centredoc.org/doc_num.php?explnum_id=1759

§ (17) Amyot, J.-J. et Piou, O. (2017) Mettre en œuvre le projet de vie : dans les
établissements pour personnes âgées. 3e édition. Paris : Dunod.

§ (18) Lefrançois, P., Géroscopie (2015) : Le projet de vie personnalisé repéré à


https://www.geroscopie.fr/print.asp?6797497DB26FB0

§ (19) OMS : définition de la dépression repérée à https://www.euro.who.int/fr/health-


topics/noncommunicable-diseases/mental-health/news/news/2012/10/depression-in-
europe/depression-definition

53
§ (20) HAS, (2017) : Épisode dépressif caractérisé de l’adulte : prise en charge en
soins de premier recours repéré à https://www.has-
sante.fr/upload/docs/application/pdf/2017-
10/depression_adulte_fiche_de_synthese_diagnostic.pdf

§ (21) Mirabel-Sarron, C., (2009), L’encéphale Vol.35 : De l’anxiété à la dépression.

§ (22) Lleshi, V., Bizzozzero, T., (2009), Revue Médicale Suisse : La dépression du
sujet âgé repéré à https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2009/revue-
medicale-suisse-216/la-depression-du-sujet-age

§ (23) HAS, (2019) : Dépression de l’adulte – Repérage et prise en charge initiale


repéré à https://www.has-sante.fr/jcms/pprd_2974237/fr/depression-de-l-adulte-
reperage-et-prise-en-charge-initiale

§ (24) Plateforme de Concertation en Santé Mentale de la Province du Luxembourg :


définition de décompensation psychique repéré à
https://www.plateformepsylux.be/lexique/

§ (25) HAS, (2000) : La crise suicidaire : reconnaître et prendre en charge repéré à


https://www.has-sante.fr/jcms/c_271964/fr/la-crise-suicidaire-reconnaitre-et-prendre-
en-charge

§ (26) ANESM, recommandations de bonnes pratiques professionnelles, (2014) : Prise


en compte de la souffrance psychique de la personne âgée : prévention, repérage,
accompagnement repéré à https://www.has-
sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-03/anesm-
souffrance_psychique_de_la_personne_agee-mai_2014.pdf

§ (27) Hazif-Thomas, C., Thomas, P., Gérontologie et société (2008) : Les nouvelles
approhes de la dépression de la personne âgée repéré à
https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe1-2008-3-page-141.htm

§ (28) Trouillet, R., Gély-Nargeot, M.-C., Annales Médico-Psychologiques n°167


(2009) : Mécanismes de défense et dépression du sujet âgé.

54
§ (29) Playe, M., La Revue de Gériatrie, Tome 41 n°7 (2016) : Psychiatrie en EHPAD :
une rencontre incontournable.

§ (30) Eyland, I., Recherche en Soins Infirmiers n°144 (2021) : Les savoirs infirmiers
liés au care exprimés dans les gestes professionnels.

§ (31) Quivry, R., Van Campenhoudt, L., Manuel de recherche en sciences sociales,
Dunod, Paris 1995

Sources bibliographiques complémentaires

§ France Culture, Ehpad :« laissez-nous le temps de soigner nos aînés », repéré à


https://www.franceculture.fr/emissions/hashtag/ehpad-laissez-nous-le-temps-de-
soigner-nos-aines

§ Infographie : L’hébergement des personnes âgées en établissement - Les chiffres


clés, repéré à https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/etudes-et-
statistiques/publications/infographies/article/infographie-l-hebergement-des-
personnes-agees-en-etablissement-les-chiffres

§ Mémoire prévalence de la dépression à l’entrée en Ehpad repéré à


http://plone.vermeil.org:8080/ehpad/Bibliotheque/Memoires/memoires-2016-
2017/21%20-%20Memoire%20BENTZ%20STOIAN%20-
%20DE%20SOUZA%20MPASSI%20-%20DELAVILLE%20LEHOBEY%20-
%20DUPONT%20-%20LEUDIERE%20TOURQUETIL.pdf

§ Promotion Santé Suisse, mars 2016, rapport : Santé et qualité de vie des personnes
âgées repéré à https://promotionsante.ch/assets/public/documents/fr/5-
grundlagen/publikationen/gfia/berichte/Rapport_005_PSCH_2016-03_-
_Sante_et_qualite_de_vie_des_personnes_agees.pdf

§ ANESM, recommandations de bonnes pratiques professionnelles : Qualité de vie en


Ehpad, la vie sociale des résidents en Ehpad, repéré à https://www.has-
sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-
03/elements_de_contexte_9_nov_def_mis_en_page.pd

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Titre : La personnalisation des soins face à la dépression du résident en EHPAD

Auteur : HENRY Antoine

Mots-clefs : sujet âgé, identité, EHPAD, dépression, prendre soin

Résumé : Abstract:

Ce Travail de Fin d’Études part d’une This end-of-training work stems from a
situation fréquemment rencontrée en situation quite common in Nursing Homes:
EHPAD : l’intense détresse psychologique the deep psychological distress of a female
d’une résidente souffrant de dépression. Il patient suffering from depression. It
s’agit de questionner ce type de structure consists in assessing this kind of medico-
médico-sociale et l’accompagnement des social structure to understand what may be
soignants pour comprendre ce qui peut être the cause or causes of the impairment of
la ou les causes de l’altération de l’identité patients' identity leading them to feel deeply
des résidents les conduisant ainsi à unwell. Taking care through nursing
accentuer leur état dépressif. Les pratiques practices, "caring", seems to be the most
soignantes du prendre soin, le « care » efficient way to enable patients to retain
semblent être le recours le plus efficace their psychological balance. A framework of
pour permettre le maintien de l’intégrité semi-directive interview has been written to
psychique des résidents. Un guide test this hypothesis on two nurses and two
d’entretien semi-directif a été construit pour auxiliary nurses working in Nursing Homes.
valider cette hypothèse auprès de deux
infirmières et deux aides-soignantes
d’EHPAD.

J’autorise la communication de ce mémoire.

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