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1. La nutrition équilibrée
2. L’exercice modéré
3. Le management du stress
4. Le plaisir de faire ce que l’on fait
5. L’harmonie de son réseau social, familial et professionnel
Ces 5 éléments, combinés tous les jours de votre vie, produisent dans notre corps,
des molécules qui vont dans le noyau des cellules interagir sur l’ADN et faire en
sorte que certains gènes, comme des tiroirs qu’on ouvre ou qu’on ferme avec une
clé, vont s’exprimer beaucoup plus et vont permettre d’avoir des fonctionnalités
différentes pour manager votre corps et manager votre vie.
Alors dans mon livre, je ne me contente pas seulement à l’épigénétique pour
notre propre corps, mais je m’intéresse beaucoup au corps social. Celui auquel
nous appartenons comme cellule en quelque sorte. Et je pense, et je l’explique
dans la deuxième partie du livre, qu’il y a une sorte d’ADN social et qu’on peut le
modifier collectivement. Comme il y a la génétique, il y a aujourd’hui ce que l’on
appelle la mémétique. La mémétique est fondée sur les mèmes. Pas des gènes
mais des mèmes. Les mèmes, ce sont de petits éléments de cultures, qui sont
transférés par mimétisme par les médias, par les tweets, par les réseaux sociaux.
Ça s’appelle des mèmes. On doit ce nom à Richard Dawkins en 1976, un grand
biologiste anglais dans son livre Le gène égoïste. Donc les mèmes sont étudiés
par la mémétique, comme les gènes sont étudiés par la génétique.
Et l’épigénétique, c’est par-dessus les gènes, la possibilité d’interpréter leurs
programmes différemment. Et moi je propose, à la fin de mon livre,
l’épimémétique, qui est le fait que les humains collectivement, par les réseaux
sociaux notamment, peuvent intervenir pour aller modifier l’ADN sociétal,
modifier l’expression de l’ADN sociétal. Cet ADN sociétal, c’est la constitution
d’un pays, c’est les statuts d’une entreprise, c’est le règlement intérieur d’une
association, ce sont les règles d’un jeu. Ceci peut être modifié par nous
collectivement, de même que nous appliquons à notre corps l’épigénétique pour
modifier l’expression de nos propres gènes.
Alors je suis arrivé à réfléchir beaucoup à l’épigénétique parce que j’ai eu comme
formation, je suis chimiste organicien, biochimiste si vous voulez. J’ai étudié au
MIT l’interdépendance des systèmes complexes en biologie, ce qu’on appelle la
biologie systémique. Et l’épigénétique est en fait une science globale qui n’est pas
seulement une discipline très pointue mais une science globale qui touche à la
fois à notre environnement qui nous influence, et à la fois à la manière dont nous
pouvons influencer notre propre corps. Et donc ma formation de chimiste et de
biochimiste m’a aidé à comprendre l’épigénétique de l’intérieur en quelque
sorte. C’est pourquoi, comme je l’avais fait précédemment pour la biologie de
synthèse, un livre que j’avais écrit avant un peu que tout le monde en parle,
comment créer la vie en quelque sorte. L’épigénétique, ce n’est pas créer la vie,
c’est modifier le vivant, modifier le programme. Pendant des années, les
généticiens ont pensé que le programme de l’ADN était le seul contrôle de notre
vivant. Maintenant, ils ont compris qu’il y a par-dessus ce programme, d’où “épi”,
un métaprogramme, qui nous permet de le contrôler, et d’avoir une influence sur
lui. Et la petite phrase que j’utilise beaucoup dans mon livre, c’est :
“Oui, on peut faire quelque chose pour soi (…). Oui, on peut faire quelque chose
pour la société dans laquelle on vit, en appliquant les mêmes principes
systémiques que l’on applique à notre corps, qu’on peut appliquer au corps
social, ensemble.”