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Univ.

Abou Bekr Belkaïd – Tlemcen – Département d’Agronomie


3ème année Agronomie – Sylviculture
Lotfi Mustapha KAZI-TANI

SYLVICULTURE

Généralités :
La forêt est une formation végétale dans laquelle les arbres prédominent. Cette communauté d’êtres
vivants bien diversifiés possède une structure et une organisation complexes. Sa structure, sa flore,
ses limites dépendent du climat, du sol, de l’action humaine et de la latitude et de l’altitude ; les
formations caractéristiques qui en résultent s’organisent en strates plus ou moins nombreuses,
possédant chacune ses caractères biologiques, ses variations annuelles…

Définitions :
La sylviculture, étymologiquement culture des forêts, est la discipline d’application de l’écologie
forestière à la production de biens et de services, renouvelables, au profit des sociétés humaines.

La sylviculture se rapproche de l’agriculture par l’exploitation du milieu vivant, mais en diffère par au
moins trois caractères fondamentaux qui lui confèrent une profonde originalité :

– Le matériel vivant utilisé à une très longue durée de vie (la révolution).
– Le système de production, la forêt, reste le plus souvent très proche des écosystèmes naturels
et utilise des espèces sauvages, même si les efforts d’introduction de nouvelles essences et de
sélection cherchent à améliorer le matériel de base.

– La production est non seulement composée de bois, produit essentiel de la forêt, mais est
encore complétée par des produits secondaires (liège, baies, gibier, miel, etc.), par des effets
indirects de protection (contre l’érosion des sols, les glissements de terrain, les avalanches, le
bruit), de purification de l’eau et de l’air, enfin par l’offre d’un cadre privilégié d’activités de
loisirs et d’agrément. Les forêts sont alors cultivées en tant qu’élément majeur du paysage.

Arbre : végétal ligneux présentant un tronc dépourvu de branches jusqu’à une hauteur dépassant les 7
m. On distingue les arbres à feuilles persistantes (pin, chêne vert, thuya…), qui ne perdent jamais
complètement leurs feuillages, mais le renouvellent peu à peu chaque année, et les arbres à feuilles
caduques (peuplier, chêne, le mélèze) dont le feuillage apparaît au printemps et tombe à l’automne,
exceptionnellement il existe des arbres à feuilles marcescentes c'est-à-dire pouvant persister jusqu’au
printemps suivant (exemple : le chêne zéen, Quercus faginea).

Essence : en langage forestier, on appelle essence forestière (ou essence) toute espèce d’arbre
susceptible de vivre en forêt. Essences résineuses – Essences feuillues.

Arbuste : végétal ligneux à tronc différencié ne pouvant pas atteindre 7 m de hauteur.

Arbrisseau : végétal ligneux capable d’atteindre 1 à 6 mètres de hauteur, généralement dépourvu de


tronc. Les branches ramifiées des arbrisseaux partent du sol pour former une grande touffe.

Les fonctions de la forêt :


Les forêts ont des rôles et utilités différents selon leurs essences, leur localisation ou leur
environnement proche. Les massifs forestiers remplissent quatre grandes fonctions.

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LA PRODUCTION : la forêt est gérée de manière à produire du bois de qualité. Les forêts
méditerranéennes notamment en Algérie ne fournissent pas une grande production de bois de qualité à
cause des potentialités environnementales et la fréquence des incendies. La production peut se
rabattre sur d’autres produits de bois moins noble tel le bois de chauffage, bois de trituration, manches
à outil, … mais aussi d’autres produits comme la résine, le liège …

En général, la forêt peut produire :

• Le bois
o bois de chauffage, la plus importante utilisation de par le monde
o bois d'industrie : bois de trituration (pâte à papier), déroulage placage, panneaux de
fibres, emballage...
o bois d'œuvre : charpente, bois de mine, traverses de chemin de fer, ameublement...

• dérivés du bois (liège, résines, …)

• produits non forestiers


o champignons
o plantes médicinales

LA PROTECTION : l'environnement géographique est l'élément déterminant du rôle de ces


peuplements. En Algérie où l’érosion est un problème très important la forêt peut protéger le sol contre
l’érosion. Les forêts peuvent servir comme barrière anti-bruit et anti-pollution.

LES LOISIRS : cela concerne surtout les forêts périurbaines, c'est-à-dire aux abords des villes, et les
massifs d'intérêt touristique et paysager. La pratique de la chasse est aussi courante dans des forêts
giboyeuses.

L'ÉCOLOGIE : toutes les forêts ont un rôle écologique mais certaines l'ont pour objectif principal. Il
s'agit souvent de réserve biologique pour une faune et/ou une flore particulière, d'un patrimoine
historique ou paysager.

Objectifs de la sylviculture :

La sylviculture a pour objectif de :


– Guider le développement de la forêt

– Appliquer à la forêt des traitements en temps voulus et de façon rationnelle pour régénérer la
forêt et pour maintenir la capacité de production.

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L’écosystème forestier

Introduction et définitions :
La forêt peut être considérée comme une communauté vivante, constituée par un certain nombre de
populations végétales et animales liées par des relations intra- et interspécifiques. Les individus
échangent entre eux et avec le milieu extérieur de l’énergie et de la matière ; ils entretiennent des
processus biologiques cycliques. L’ensemble structuré et fonctionnel constitue un écosystème.

Les interactions entre les populations, ainsi qu’entre les individus, sont multiples. Le plus souvent, il y a
compétition, ce qui conduit à l’élimination ou à la subordination de certaines espèces.

Une population est un groupe d’individus appartenant à la même espèce et occupant le même
biotope.

Un peuplement est un ensemble d’individus appartenant à des espèces différentes d’un même
groupe systématique que l’on rencontre dans un écosystème déterminé. En sylviculture le terme
peuplement désigne l’ensemble des arbres qui croissent sur un terrain forestier.

La communauté est l’ensemble des espèces (biocœnose) que constitue un écosystème donné.

Climat :
Le climat est la résultante du comportement de l’atmosphère au point de vue de l’humidité, des pluies,
de la température, de l’éclairement, des vents… Les caractéristiques essentielles servant à différencier
les climats sont la chaleur et l’humidité. Dans les pays méditerranéens, l’Afrique du Nord notamment, le
mode de végétation des plantes est surtout conditionné par la sécheresse. Le manque d’eau y constitue
donc le facteur limitant des écosystèmes forestiers. La période pendant laquelle les conditions
d’humidité et de température sont favorables à la végétation s’appelle période végétative ; elle variable
selon les espèces, mais chacune a besoin d’une période d’une durée minimum d’au moins 3 à 4 mois.

Chaleur : la chaleur est nécessaire à la plante pour que puissent s’exercer les diverses fonctions :
respiration, assimilation chlorophyllienne… Le besoin de chaleur varie beaucoup selon les espèces. Il
existe une grande différence entre le chêne liège, le pin d’Alep, le thuya, l’arganier auxquels la chaleur
est nécessaire et qui sont dits thermophiles et le cèdre, le chêne vert, le chêne zéen, qui peuvent
relativement s’en passer.

La lumière : Par son apport d’énergie, la lumière assure la nutrition et l’assimilation chlorophyllienne.
De plus elle favorise la fructification ; c’est pour cela qu’il faut ouvrir les peuplements pour avoir
suffisamment de semis. On peut classifier les arbres forestiers en essences de lumière et essences
d’ombre. Cette classification bien qu’elle soit fiable en régions tempérées, sa signification n’est pas la
même en région méditerranéenne. Car les principales essences se comportent à la fois en essence de
lumière et en essences d’ombre, selon leur degré de développement et leur âge.

Tempérament des essences : la façon dont chaque essence se comporte vis-à-vis des facteurs du
climat, notamment la lumière, et des arbres qui l’entourent, constitue son tempérament propre. Ce
tempérament varie avec les essences et aussi dans une certaine mesure de climat et de sol. On
distingue les essences à tempérament délicat (comme le sapin), selon qu’elles réclament un abri dans
leur jeunesse ou bien de tempérament robuste, qui sont les essences de lumière à couvert léger.

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Eau : pour qu’un arbre puisse subsister, il faut que les conditions de sol et d’atmosphère lui pourvoient
la quantité d’eau qui lui est nécessaire et qu’il ne souffre à aucun moment d’un déséquilibre entre
l’absorption et la transpiration. Cette nécessité apparaît surtout dans les pays à température élevée,
comme l’Afrique du Nord.

Le besoin en eau diffère selon les essences : le frêne est exigeant, le chêne zéen, ch. liège, le cèdre le
sont plus que le ch. vert. Le pin d’Alep est peu exigeant, le thuya, l’arganier 1, le genévrier le sont moins
encore.

Vents : ils ont une action desséchante qui accélère la transpiration. En outre, ils agissent indirectement
en modifiant la température et le degré d’humidité. En Algérie il y a le sirocco qui est un vent qui
dessèche la végétation.

Influences édaphiques :
L’action du sol s’exerce à l’échelon local, parfois régional et joue un grand rôle dans la productivité
forestière : la vitesse de croissance, la résistance aux maladies, la présence même d’une espèce
donnée, sous un climat donné, en dépendent.

La teneur en eau est un facteur important. En dehors d’autres facteurs limitants, à un gradient de teneur
en eau du sol correspond une variation de la végétation.

Pour une quantité d’eau suffisante, mais sans excès, la composition ionique est le facteur essentiel de la
fertilité du sol. Parmi les indices de cette fertilité, ceux qui sont en rapport avec la nitrification sont les
plus importants. Quand celle-ci est faible, le sol présente une forte teneur relative en carbone,
s’exprimant par un rapport C/N élevé ; cette accumulation de matière organique acide a pour effet
d’abaisser le pH ; la présence de calcaire dans le sol, favorisant la neutralisation des acides, augmente
au contraire l’intensité de la nitrification ; elle freine aussi le développement de certaines espèces (pin
maritime). Le chêne liège préfère les sols acides.

Notions de chorologie végétale :


La chorologie végétale est l’étude descriptive de la répartition des végétaux est souvent appelée la
chorologie. La répartition géographique des végétaux n’est pas immuable, mais se modifie au cours des
temps, soit parce que l’espèce s’étend ou régresse suivant le degré d’efficacité de ses moyens de
dissémination, soit parce que le milieu lui-même se modifie.

L’aire d’une espèce peut être continue ou disjointe, c'est-à-dire en un seul tenant (aire
circumméditerranéen de l’olivier) ou séparée (ex : le cèdre de l’atlas).

Les espèces cosmopolites sont celles qui occupent une répartition très large du point de vue
géographique. Les espèces ubiquistes sont celles qui peuvent coloniser des milieux très différents.

Les espèces endémiques ont une aire entière comprise dans un seul territoire et donc ne se retrouve
nulle part ailleurs. L’isolement géographique favorise l’endémisme. Exp. Cupressus dupreziana cyprès
de Duprez endémique du Tassili, Argania spinosa essence du sud du Maroc et le sud ouest algérien.

On appelle vicariantes des unités systématiques voisines par leurs caractères et qui jouent des rôles
symétriques dans des territoires différents, ou parfois dans des milieux biologiques différents d’un même
territoire.

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Argania spinosa

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La dendrologie

La dendrologie (dendros : arbre et logos : discours, science) est la partie de la botanique qui a pour
objet l'étude des arbres de part leurs descriptions botanique, écologique et chorologique.

Bref aperçu de la classification des plantes :


Pour la détermination des espèces, on se fonde essentiellement sur les caractères morphologiques
externes ; il en est de même pour les genres et les familles.

On désigne les plantes par le nom du genre et celui de l’espèce (exemple : chêne liège, pin d’Alep). La
langue latine est adoptée par souci d’homogénéisation (diversité des langues des naturalistes). C’est
ainsi on dénomme le chêne liège Quercus suber. Les genres voisins forment des familles, familles
voisinent forment des Ordres – Classes – Embranchements.

Chez les Végétaux eucaryotes, on distingue par leur morphologie deux grands groupes, les
Thallophytes, dont l’appareil végétatif est un thalle, tel celui des Algues ou des Champignons, et les
Cormophytes (ou Archégoniates), dont l’appareil végétatif est un cormus, c’est-à-dire un axe plus ou
moins ramifié prolongé souvent par des feuilles et des racines, constitué à la suite du fonctionnement
de points végétatifs apicaux mettant en place les divers tissus. Le passage des Thallophytes aux
Cormophytes se fait essentiellement au niveau des Ptéridophytes.

Dans le grand groupe des cormophytes on regroupe les bryophytes, les ptéridophytes, les
gymnospermes et les angiospermes.

– Les Bryophytes : Mousses, sphaignes et hépatiques sont les principaux représentant de ce


groupe.

– Les Ptéridophytes, qui ont un très long passé, sont encore représentés par des plantes
communément appelées fougères.

Il existe plusieurs classifications pour 60.000 à 70.000 espèces d’arbres. Pour les biologistes, ce sont
des plantes à fleurs et à graines pourvues de tiges, de feuilles et de racines qui appartiennent à la
grande classe des phanérogames spermaphytes qui englobe les Gymnospermes et les Angiospermes.
– Les Gymnospermes : qui possèdent des fleurs très réduites et dont les ovules ne sont pas
protégés par un ovaire. Les graines ne sont donc pas protégées par un fruit. Les
gymnospermes présentent une subdivision très importante au point de vue forestier, l’ordre des
conifères, comprenant lui-même la famille des Pinacées, avec comme genres Pin, cèdre,
sapin, thuya, genévrier …

– Les Angiospermes : possèdent des inflorescences bien développées avec des ovules
enfermés dans des ovaires et des graines contenues dans les fruits. Les angiospermes se
divisent en deux classes les monocotylédones et les dicotylédones. Les dicotylédones
regroupent toutes les essences feuillues dont les chênes, hêtres, peupliers, eucalyptus …

La régénération :
Rappel sur la reproduction : la reproduction assure aux êtres vivants le renouvellement de leur
espèce. Il existe deux modes de reproductions : la reproduction asexuée, basée sur les divisions
mitotiques et donnent des descendances identiques aux parents. Le cas le plus intéressant pour le

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sylviculteur est les rejets de souches (taillis). Lorsque l’on coupe un arbre, il se produit, si les conditions
sont favorables, de jeunes pousses dites rejets qui croissent sur la souches. Une cépée est l’ensemble
des rejets sur la même souche. On distingue 2 types de rejets :

Les rejets proventifs : sont issus des bourgeons proventifs. Un bourgeon proventif est un bourgeon
axillaire en état de dormance (œil dormant). Il débourre surtout qu’en cas de blessure. Ils sont peu
fréquents chez les résineux nord-africains (sauf thuya et if). Ils sont assez nombreux chez les chênes
(Ch. vert, Ch. liège, Ch. zéen), l’arganier et l’eucalyptus.

Les rejets adventifs : sont issus des bourgeons adventifs. Un bourgeon adventif est un bourgeon qui
évolue en pousse aussitôt que sa formation. Les bourgeons adventifs n’existent pas chez les résineux.

Les drageons : des bourgeons adventifs peuvent se développer sur les racines, ils donnent des
pousses appelés drageons. Les drageons n’existent pas chez les résineux.

La reproduction peut être aussi sexuée, et est caractérisée par la fusion de deux gamètes (mâle et
femelle) dont la formation a été précédée d’une division réductrice (méiose). Pour les essences
forestières le résultat final de la reproduction sexuée est la graine ou la semence.

Le sylviculteur est soumis à l’absolue nécessité de procéder, périodiquement, au renouvellement des


peuplements : c’est la régénération. Elle est soit naturelle, à partir des semences des arbres
composant le peuplement, soit artificielle, c’est-à-dire à partir de plants (ou de graines) le plus souvent
élevés en pépinières et appartenant ou non aux mêmes essences que celles du peuplement précédent.

Le Régime : on distingue habituellement trois régimes dont la caractéristique principale est le mode ou
le système de régénération (donc c’est le systèmes de régénération qui détermine le régime) :

– La futaie : le peuplement est régénéré par semis.

– Le taillis : le peuplement est régénéré par rejets ou drageons.

– Le taillis sous futaie : le peuplement comprend au-dessus une futaie et au-dessous un taillis.

L’anatomie de l’arbre :
Un arbre se compose essentiellement de deux parties l’une aérienne et visible elle-même composée de
différentes parties puis la partie souterraine non visible c’est l’ensemble du système radiculaire. La
partie aérienne se compose de (voir schéma) :

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Les différentes parties d’un arbre.

L’anatomie du bois :
Origine et fonctions

L’arbre est constitué, de l’extérieur vers l’intérieur du tronc, d’une couche d’écorce recouvrant une
épaisseur de bois fonctionnel, entourant le bois de coeur.

L’écorce est formée de :

1. L’écorce externe ou suber, inerte jouant le rôle d’isolant entre le milieu extérieur et les tissus
intérieurs du tronc.

2. L’écorce interne ou liber, qui joue le rôle de conduction de la sève élaborée des feuilles aux
racines.

Entre l’écorce et le bois fonctionnel se trouve l’assise génératrice libéro-ligneuse, ou cambium,


constituée de cellules initiales qui possèdent la faculté de se diviser un certain nombre de fois en
cellules du liber vers l’extérieur ou cellules ligneuses vers l’intérieur. La succession de divisions de
l’assise cambiale conduit à l’accroissement du diamètre du tronc. Chez les essences tempérées, l’arrêt
du fonctionnement du cambium en hiver se traduit par les limites de cernes.

Le bois fonctionnel, ou aubier, contient des tissus vivants et morts, et permet la conduction de la sève
brute des racines aux feuilles.

Au coeur du tronc se trouve le bois parfait duraminisé, ou duramen, inerte, résultant de la


transformation progressive de l’aubier.

Les tissus formés par le cambium se différencient, et se disposent de manière à assurer les trois
fonctions principales : La conduction des matières nutritives – Le soutien mécanique de la tige – Le
stockage de substances.

On étudie communément l’anatomie du bois selon trois plans perpendiculaires : transversal, radial et
tangentiel, qui correspondent aux trois directions d’anisotropie du matériau pour la majorité de ses
propriétés.

Les différentes parties du tronc d’un arbre. Coupes transversale et radiale

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Bois final et bois initial forment les cernes d’un arbre qui se forme chaque année au rythme des saisons.
Le comptage total des cernes donne une idée assez précise sur l’âge de l’arbre. L’étude des cernes
relève de la dendrochronologie.

Le cambium et son fonctionnement

Le cambium est un tissu formé de cellules méristématiques, situé sous l’écorce. L’activité du cambium
est responsable de la croissance en épaisseur des tiges.

L’activité du cambium

Les cellules du cambium se divisent et produisent vers l'intérieur des cellules qui se différencient en
cellules de xylème secondaire (ou bois) et vers l'extérieur des cellules qui se différencient en cellules de
phloème secondaire (ou liber). Le xylème primaire étant du côté du centre de la tige, sa position est fixe.
Par suite de son activité, le cambium est donc repoussé vers l'extérieur. D'une manière générale, la
production de bois (X2) est supérieure à la production de liber (P2).

Différences anatomiques du bois entre résineux et feuillus

Résineux et feuillus ne présentent pas la même organisation. Chez le résineux, deux types principaux
de cellules, trachéides et cellules de parenchyme, forment un plan ligneux régulier et uniforme. Les
trachéides, qui représentent 90% des cellules, remplissent les fonctions de conduction de la sève et de
soutien mécanique. Chez les feuillus l’anatomie du bois est plus nuancée que ceux des résineux. On
trouve plusieurs types de tissus spécialisés pour chacune des trois fonctions sus citées.

– les tissus conducteurs : assurés par les vaisseaux. Ces dernières sont une étape intermédiaire
de l’évolution d’une trachéide vers un vaisseau.

– Les tissus de soutien : les sclérenchymes, les collenchymes. Les tissus de réserves : les
parenchymes, les rayons médullaires.

– Les tissus de réserves : les parenchymes, les rayons médullaires

La particularité des feuillus réside dans leurs vaisseaux, inexistants chez les résineux. En coupe
transversale, ils sont visibles à l’œil nu, sous forme de petits pores, et sous forme de rainures en coupe
tangentielle.

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Étude des principales essences d’Algérie

Généralités :
Les essences les plus répandues d’un pays sont celles qui y existent naturellement. On les qualifie alors
d’essences indigènes ou spontanées ou encore essences autochtones.

Les essences introduites d’ailleurs sont qualifiées d’essences exotiques. On appelle une essence
naturalisée lorsqu’elle n’est pas autochtone mais se reproduit naturellement comme son aire d’origine
(exp. quelques espèces d’Eucalyptus en Algérie).

Une essence acclimatée quand elle supporte bien les conditions de climat mais moins bien qu’une
essence naturalisée.

Les essences sociales sont celles qui supportent bien la vie en peuplement et ne craignent pas la
concurrence entre espèces (chênes, Cèdre, Pins, Genévrier …). D’autres essences tolèrent moins bien
la vie en peuplement et sont donc des essences disséminées (Caroubier, Pistachier, If, Genévrier
oxycèdre …).

Les feuillus :
1. Le chêne liège : (Quercus suber Fam. Fagacées ou cupulifères Ordre : Fagales Classe :
Dicotylédones Embranchement des Angiospermes)

Description sommaire : C’est un arbre de moyenne grandeur, atteignant 10 à 12 m de hauteur. Le tronc


est court, la cime globuleuse. L’écorce naturelle ou liège mâle est crevassé et a une épaisseur moyenne
de 3 cm, pouvant atteindre 6 cm chez les sujets adultes.

Les feuilles sont petites, coriaces et persistantes. Le chêne liège est monoïque (fleurs mâles et femelle
sur le même pied). Les fruits sont des glands généralement non comestibles sauf chez quelques races
principalement marocaines.

Aire du ch. liège : C’est une essence qui pousse exclusivement dans la partie occidentale du bassin
méditerranéen. En Algérie il s’étend sur une superficie avoisinant les 400.000 ha.

Écologie : le ch. liège a besoin de chaleur (thermophile), d’humidité et de lumière. C’est une essence
essentiellement calcifuge. Il préfère des sols siliceux et légers.

Importance économique : les suberaie sont valorisées essentiellement par la production du liège. La
première opération consiste dans le démasclage (enlèvement du liège mâle) pour obtenir le liège
femelle plus valorisant et d’une meilleur qualité pour l’industrie du liège (bouchons, isolants, semelles
pour les soulier …).

2. Le chêne vert : (Quercus ilex Fam. Fagacées ou cupulifères Ordre : Fagales Classe :
Dicotylédones Embranchement des Angiospermes)

C’est un arbre de moyenne grandeur, atteignant 10 à 15 m de hauteur. Le tronc est court, la cime
globuleuse.

Les feuilles sont petites, coriaces et persistantes. Le chêne vert est monoïque (fleurs mâles et femelle
sur le même pied). Les fruits sont des glands, quelques races donnent des glands comestibles.

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Aire du ch. vert : c’est une espèce rustique et plastique, elle s’étend sur une aire biogéographique très
vaste. Elle spontanée et très commune dans le bassin méditerranéen. En Algérie il occupe une
superficie avoisinant les 500.000 ha.

Écologie : il s’accommode des conditions les plus variées et les plus rigoureuses.

Économie : on utilise le bois du ch. vert comme charbon de bois. Il sert aussi à la fabrication des
manches d’outils. Son écorce est riche en tanin.

3. Pistachier (Betoum) : Pistacia atlantica Fam. Anacardiacées


C’est une essence disséminée, de caractère méditerranéen, ayant une aire botanique très vaste.

C’est un arbre qui peut atteindre 20 m de hauteur avec un houppier volumineux et globuleux. Il est
thermophile et résiste très bien à la sécheresse (avec une pluviométrie de 200 mm/an).

Il préfère des sols argileux. Sa régénération est très difficile. Son intérêt réside surtout dans la réfection
de la couverture végétale dans les régions les plus arides et les plus dégradées.

4. Eucalyptus : Eucalyptus sp. Fam. Myrtacées


Les eucalyptus sont des espèces exotiques dont quelques représentants sont bien acclimatés
(Eucalyptus globulus, E. gomphocephala, E. camaldulensis). Ils proviennent tous de l’Australie et
occupant une aire méridienne. C’est un genre qui compte plus de 600 espèces.

Ce sont des espèces très plastiques et se régénèrent facilement et présentent une croissance plus ou
moins rapide.

Les résineux :
 Les Pinacées (Pinaceae) :
Arbres résineux à branches verticillées. Feuilles persistantes de 1 à 5 ans, aciculaires ou
squamiformes, couvertes d’une épaisse couche de cuticule (substance cireuse) signe d’une adaptation
à la sécheresse.

On trouve, dans la tige et les feuilles photosynthétiques, des canaux de résine qui contiennent de la
résine (d’où les résineux) et des tannins produits par des cellules spécialisées, situées dans les murs
des canaux, qui protège la plante contre les attaques des insectes et des champignons.

La structure secondaire des tiges est assurée par un cambium classique bifacial qui va donner vers
l'intérieur du xylème et vers l'extérieur du phloème. Le bois est homoxylé (que des trachéides). Ce sont
des arbres monoïques.

Phénologie de la reproduction :

1. Été an 1 : initiation des cônes mâles et femelles

2. Printemps an 2 : méïose et initiation des gamétophytes mâles et femelles

3. Libération du pollen et pollinisation

4. Printemps an 3 : fertilisation et embryogénèse

Fin été an 3 : Libération des graines chez certaines espèces. Pour d’autres, les graines peuvent rester
dans les cônes plus de 20 ans (ex : cônes sérotineux).

Aciculaire : sous forme d’aiguille.

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Squamiforme : sous forme d’écailles.

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Le pin d’Alep (Pinus halepensis) : c’est un arbre de seconde grandeur, rarement plus de 20 m. il
possède un tronc très souvent plus ou moins tordu. Les feuilles sont du type aciculaire de 5 à 10 cm de
long, réuni par deux dans la même gaine et durent 2 à 3 ans.

Le pin d’Alep fructifie assez tôt, 10 à 12 ans, mais les graines sont vaines. Ce n’est qu’à partir de 18 à
20 ans qu’il donne des graines aptes à germer. Le cône mûrit au cours de la deuxième année de sa
formation et laisse souvent échapper ses graines au cours de la troisième année.

Aire du pin d’Alep : c’est une essence circumméditerranéenne s’étendant des montagnes de la
Mésopotamie à la péninsule ibérique. En Algérie il couvre une superficie de 800.000 ha.

Écologie du pin d’Alep : Possède un tempérament très robuste et manifeste un grand pouvoir
d’expansion. En Afrique du nord c’est l’espèce colonisatrice par excellence.

Économie : son bois est de qualité ordinaire. Le gemmage du pin d’Alep donne une résine de bonne
qualité. On tire par distillation de la résine ou gemme du pin d’Alep plusieurs produits les plus importants
sont :

– La térébenthine : utilisée pour la fabrication des vernies, des peintures …

– La colophane : utilisée pour les peintures, les savons, cire, encre d’imprimerie, …

 Les cupressacées (Cupressaceae) :


Appelée également cupressinées, est une famille de plantes gymnospermes qui regroupe 142 espèces
réparties dans 30 genres

Les cupressacées sont des arbustes et des arbres, le plus souvent résineux et aromatiques,
généralement monoïques (sauf Juniperus qui est le plus souvent dioïque).

Les feuilles des cupressacées sont le plus souvent persistantes squamiformes ou aciculaires, en
moyenne 3 à 5 ans.

Les cônes des femelles comportent un nombre réduit d’écailles, à maturité deviennent ligneuses.

Le Thuya de Berbérie (Tetraclinis articulata = Callitris articulata) : c’est un arbre de troisième grandeur
dépassant rarement le 12 m de hauteur. Le fût généralement rectiligne. Les feuilles sont réduites en
écailles opposées soudées aux rameaux sur presque toute leur longueur.

C’est un arbre monoïque le seul résineux d’Afrique du Nord capable de rejets de souche après
mutilation.

Aire du thuya : c’est une espèce endémique de l’Afrique du nord. En Algérie elle couvre une superficie
de 100.000 ha principalement dans le thermoméditerranéen près des côtes. C’est une espèce
thermophile et xérophile, présentant une grande plasticité vis-à-vis du sol.

Les peuplements de thuya sont dénommés callitraies.

Économie : le bois du thuya est dur, susceptible de nombreux usages dans la menuiserie. La résine du
thuya est appelée la gomme sandaraque utilisée dans la pharmacie et pour les vernies de luxe.

Au niveau du collet du thuya il peut se former une excroissance très importante qu’on nomme loupe de
thuya très prisée en ébénisterie (menuiserie du placage pour meubles de luxe).

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La futaie régulière

Définitions
Les étages d’un peuplement : la population est formée d’individus de vitalité différente qui se répercute
sur la croissance en hauteur. On appelle étage dans un peuplement l’ensemble des tiges qui étalent
leurs cimes à la même hauteur. Dans un peuplement qui présente deux étages, l’étage dominant est
celui dont les cimes s’étalent au-dessus de l’étage inférieur formant l’étage dominé.

Sous-bois : Dans l’étage dominé on trouve aussi le sous-bois formé essentiellement de strates
arbustives et buissonnantes. Le sous-bois appelé aussi le morts-bois est souvent nécessaire car il
participe à la vitalité du peuplement, à la formation, du fût, à la protection du sol et à l’élagage naturel.

La futaie régulière (La futaie pleine) : une futaie est dite régulière lorsqu’elle est composée de la
juxtaposition de peuplements réguliers élémentaires d’âges moyens différents, mais convenablement
gradués pour qu’elle puisse être parcourue, dans ces peuplements les plus vieux, par des coupes de
produits principaux annuellement ou périodiquement.

Évolution dans le temps de la futaie régulière : au fur et à mesure de son développement, la futaie
régulière prend successivement différents aspects que l’on qualifie aussi d’étages de développement :

Semis : les tiges sont isolées souvent mêlées à l’herbe.

Fourré : quand les ramifications des semis deviennent jointives.

Gaulis : la taille des tiges est assimilée à une gaule (2 à 3m de hauteur et de 3 à 10cm de diamètre).

Perchis : le diamètre des tiges est au moins égal à 10cm.

Futaie : les arbres présentent des fûts assez longs et des cimes assez développées.

D’autres peuplements moins âgés fournissent les produits accessoires (éclaircies).

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Nbre des tiges

Nbre des tiges


Diamètres Diamètres

Structure du peuplement élémentaire Structure globale de la futaie


régulière

Peuplement Peuplement Peuplement

d
Peuplement
régulier
régulier 1 régulier 2 régulier 3 …
(semis) (Fourré) (Gaulis)

Futaie régulière
Avantages et inconvénients

Le principal inconvénient de la futaie régulière c’est sa faible résistance contre les attaques d’agents
entomologiques et cryptogamiques.

Avantages :

– Les opérations culturales deviennent simples par l’uniformité des peuplements.

– Gestion plus simple

– Production de bois de qualité

Traitements et soins aux forêts

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Généralités :
Au point de vue traitement, le forestier doit optimiser la croissance des arbres sans abîmer l’outil de
production tout en tenant compte de l’aspect régénération.

Le forestier doit produire la quantité de bois d’œuvre la plus grande possible, de la meilleure qualité
possible, dans un temps le plus court possible, le tout pour un coût de production le plus faible possible
→ influence du traitement.

Un peuplement jeune doit être éduqué par les soins culturaux, appelés encore coupes d’amélioration,
dont l’objectif est double :

 Maintenir, améliorer et même rétablir le potentiel de production du sol ;

 Régler la composition botanique du peuplement, favoriser son développement, préparer son


rajeunissement et le conduire à sa destination économique ou à ses utilités spéciales.

Le but principal de ces coupes n’est pas d’ordre économique. Les soins culturaux donnés dans les
premières années de l’arbre déterminent la finalité. Ces soins sont appliqués à certains arbres
seulement, la sélection est donc le moteur principal de ces soins.

Conduite des peuplements et soins culturaux :


Les principales opérations de gestion forestière concernant la futaie régulière sont :

Le dépressage : les arbres du peuplement ont été plantés ou semés avec une forte densité. Au
bout de quelques années, ils sont très serrés et se concurrencent pour la lumière et les éléments du sol.
Il est alors nécessaire de réduire la densité afin de permettre aux arbres dominants de pousser dans de
bonnes conditions. Le dépressage ne génère aucun produit commercialisable. C’est une opération
coûteuse, et pour minimiser les coûts de l’intervention on préfère une intervention massale qui élimine
tous les sujets dans les bandes parallèles frayées au travers de la masse des semis. Le dépressage doit
se pratiquer assez tôt, dès que l’avenir des semis est assuré.

Le dégagement : cela consiste à éliminer la végétation concurrente ("mauvaises herbes") qui


gêne la bonne croissance des jeunes arbres (c’est l’équivalent du sarclage en agronomie). Il n’est pas
rationnel d’enlever complètement la végétation adventice. Elle peut avoir certaines utilités : élagage des
espèces de valeur, apport de détritus pour l’humus du sol, protection et fixation du sol. En principe, tout
ce qui n’est pas nuisible est utile.

Le dégagement peut s’accomplir manuellement, ou par des moyens mécaniques (gyrobroyeur,


faucheuse-débroussailleuse). Le travail mécanique est réservé aux interlignes. Enfin, les moyens
chimiques sont aussi envisageables. Se sont généralement des herbicides à base de Triclopyracide
(Carlon 4 E F) qui sont le plus utilisés, mais la liste est bien longue.

Le nettoiement : le nettoiement consiste à enlever, dans l’étage supérieur, tous les individus
qui n’ont aucune valeur (malade, tordu, branchu, à cime déséquilibrée …), pouvant gêner les élites dans
le fourré ou le jeune massif. Le nettoiement à un but de sélection et un but sanitaire. Les sujets
malvenants et vulnérables présentent généralement un foyer de pullulation d’insectes parasites et donc
nuisibles, et le point de départ des maladies fongiques, bactériennes ou virales.

L'élagage : cela consiste à éliminer les branches dans la cime d’un arbre dont le fût n’est pas
formé de manière satisfaisante. Les objectifs sont : allonger le fût ou le former et augmenter la
proportion de bois d’œuvre ; empêcher l’incorporation des moignons dans le tronc et éviter la formation

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de nœuds ; permettre la circulation et l’exécution des soins culturaux dans les jeunes peuplements ;
prévenir les incendies en éliminant le long des voies d’accés….

Cette opération peut être naturelle, les branches meurent et tombent d'elles mêmes par manque de
lumière (on parle d'élagage naturel).

L’éclaircie : c’est une opération sylvicole pratiquée dans les futaies. Elle permet des arbres mal
formés, malades, gênant leur voisins, et donc de sélectionner les plus beaux. Elle augmente la
croissance des arbres restants, sans accroître pour autant la production totale du peuplement. Elle
permet une récolte partielle précoce de produits dits « intermédiaires ».

Types d’éclaircie : on distingue généralement trois types d’éclaircie, éclaircie par le haut, éclaircie par
le bas et l’éclaircie mixte.

1. Éclaircie par le haut : elle est issue de l’école française. Elle intervient dans l’étage dominant et
laisse intacts les étages subordonnés. Le principe d’éclaircie par le haut est de maintenir tout l’étage
dominé, quelque soit le niveau où se retrouve ses constituants, pourvu que les sujets restent sains et
soient encore assez vigoureux pour la prochaine coupe.

2. Éclaircie par le bas : elle est issue de l’école allemande. Elle consiste dans la récolte des sujets
nettement dominés et des intermédiaires déficients sans attendre le dépérissement et la perte de valeur.
Dans l’étage dominant, on pratique l’assainissement par l’enlèvement des mal conformés.

3. Éclaircie mixte : elle est issue de l’école danoise. C’est à la fois une éclaircie par le haut qui
sélectionne les élites et poursuit l’assainissement et une éclaircie par le bas où la récolte est plus
intense et plus rapide que dans l’intervention par le haut. On vise à laisser que les seules tiges utiles.

Intensité et périodicité des éclaircies : En fonction de l’âge des peuplements, les éclaircies obéissent
à 3 tendances assez bien distinctes :

Éclaircie de dosage où la sélection globale d’une essence se poursuit en vue de doser la composition
du peuplement (perchis).

L'éclaircie de sélection consiste à sélectionner les arbres à garder ou à couper en fonction de l'objectif
recherché (vieux perchis jeune futaie).

L’éclaircie de production le choix se fait parmi les arbres de qualité.

L’intensité de l’éclaircie peut être forte, faible ou moyenne. C’est le pourcentage des tiges prélevés par
rapport au total existant (c’est une pourcentage) et il est en fonction de l’âge, de l’essence et de la
fertilité de la station.

Méthodes de régénération et d’exploitation de la futaie régulière


1. La coupe unique : consiste à exploiter en une coupe unique (ou coupe rase ou coupe à
blanc étoc) tous les arbres du peuplement mûr (futaie adulte) simultanément et sans laisser aucune
réserve. Dans ce cas les semences qui assurent la régénération proviennent soit des peuplements
voisins soit du peuplement même avant abattage. Cette méthode comporte des risques (érosion,
renversement du peuplement voisin …). Cette méthode ne s’applique que pour les essences ayant
une semence abondante et légère (anémochore), des semis à croissance rapides, héliophiles et
supportent le gel (exemple le Pin d’Alep, le Pin maritime).

2. Les coupes progressives (ou coupes d’abri) : le principe est d’ouvrir progressivement le
peuplement de façon à favoriser l’apparition et le développement des jeunes semis tout en assurant
à ces semis un abri grâce à l’écran formé par les houppiers des arbres mûrs conservés sur pied.

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Les coupes progressives durent quelques années pour parcourir la même parcelle. Ces coupes
progressives sont : la coupe d’ensemencement (ou de régénération), les coupes secondaires et la
coupe définitive. Cette méthode s’applique sur des essences qui ne supportent le découvert.

3. la coupe par bandes alternées : l’exploitation se fait par coupes rases simultanées sur
des bandes étroites, séparées par des bandes laissées intactes (largeur : 1 à 4 fois la hauteur du
peuplement mûr).

La régénération par trouée : l’exploitation se fait en coupe rase sur des trouées circulaires (diamètre 1 à
4 fois la hauteur du peuplement mûr).

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La futaie jardinée

Définition
La futaie jardinée est une forêt d’âges multiples présentant des arbres de tous âges et de toutes
dimensions confusément mélangés. Dans ce type de futaie, les classes d’âges évoluent d’une manière
constante au cours du temps.

Les avantages de ce type de futaie sont principalement : la bonne croissance des sujets, la protection
du sol, la bonne régénération naturelle et la résistance aux la maladies. Les principaux inconvénients
sont : la forme moins bonne des arbres, les fûts courts, la gestion délicate de la forêt.
Nbre des tiges

Station fertile

Station pauvre

Diamètres à 1m30 du sol

Structure globale de la futaie


jardinée
Le mélange des âges et dimensions se présente essentiellement sous trois types : Futaie jardinée par
pieds – Arbres rassemblés en groupes (ou bouquets) d’allure équienne – Futée jardinée par quartier
(jardinage par quartiers).

Types de futaie jardinée


Futée jardinée par pieds d’arbres : la régénération doit être continue de manière à conserver la même
structure du peuplement dans le temps. Contrairement à la futaie régulière, où la surface élémentaire
couvre toute une parcelle d’arbres sensiblement de même âge, la surface élémentaire dans une futaie
jardinée compte des arbres de tous les âges et de toutes les dimensions.

En conséquence :

– Absence de stratification nette des cimes, comme dans le cas de la futaie régulière ;

– Le profil du peuplement est éminemment sinueux : le couvert est irrégulièrement réparti depuis
la surface du sol jusqu’à la hauteur atteinte par les arbres les plus âgés.

– Dans sa partie souterraine les racines des arbres de la futaie jardinée parcourent tous les
horizons du sol. Ainsi on a une meilleure utilisation du profil pédologique.

Il n’y a dans la futaie jardinée qu’une seule opération : la coupe de jardinage qui exécute simultanément
toutes les opérations nécessitées par l’état du peuplement c'est-à-dire à la fois des coupes de
régénération et des coupes d’amélioration (nettoiement et éclaircies).

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Le jardinage par pieds d’arbres ne convient qu’aux essences typiquement sciaphiles, les s eules aptes
à vivre longtemps sous le couvert de sujets plus âgés.

Futaie jardinée par groupes : Le groupe est en fait un petit peuplement équienne traité normalement
pour en arriver à des coupes de régénération. La forêt comprend alors des groupes d’étendue variable
et confusément mélangés. Les âges et dimensions varient de groupe en groupe mais on doit retrouver
sur une surface suffisante tous les âges et toutes les dimensions.

Les exploitations sont faites dans le groupe, chaque groupe étant considéré comme un petit peuplement
équienne avec coupes progressives tout comme la futaie régulière.

Futaie jardinée par quartiers : la forêt est divisée en quartiers. On trouve principalement trois
quartiers :

– Premier quartier : vieilles tiges

– Deuxième quartier : bois d’âge moyen

– Troisième quartier : bois jeune.

Le peuplement comprend une juxtaposition de groupes d’arbres d’âges différents en même temps
qu’une certaine répartition des classes d’âges sur le terrain.

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Taillis & Taillis-sous-futaie

Taillis
C’est un traitement simple et à courte révolution utilisé parfois, soit sur des stations très médiocres où
une sylviculture en futaie n’est pas envisageable, soit pour certaines essences pour lesquelles le
traitement peut conserver des avantages. Le régime de taillis concerne pratiquement toutes les espèces
de feuillues (chênes, peupliers, frênes, châtaigniers…) et à certaines espèces de résineux (if : Taxus
baccata, thuya de Berbérie : Tetraclinis articulata).

La régénération se fait par voie végétative (rejets de souches) ; l’accroissement est plus rapide
pendant les premières années par rapport aux semis. À l’âge de 10 ans environ on obtient un massif
exploitable. Les produits on de faibles dimensions et leurs utilisations sont spécifiques (trituration,
manches d’outils, bois de chauffage …).

La possibilité qu’un rejets puisse s’affranchir ou non de la souche mère dépend du type du bourgeon
(adventif ou proventif). Les bourgeons proventifs qui donnent des rejets proventifs sont les seuls
capables de s’affranchir et donc se détacher de la souche et former un plant muni de son propre
système racinaire, alors que dans le cas des rejets adventifs, ils utilisent le système racinaire de la
souche.

A chaque rotation, la coupe de taillis recèpe l’ensemble des brins de taillis qui se renouvelle à partir des
rejets des souches.

L’ensemble des rejets d’une souche forme une cépée ; l’ensemble des cépées forme le taillis.

L’exploitation se fait par coupe rase, on obtient des rejets ; le nombre et la vigueur des rejets diminue en
fonction de l’âge de la souche (pour les chênes, les rejets s’affaiblissent à partir de 80 – 100 ans).

À titre indicatif il existe le taillis fureté. Il s’agit d’un taillis irrégulier ou l’on s’efforce à obtenir sur chaque
cépée des rejets d’âges différents. On pratique une sorte de jardinage dans la cépée où l’on récolte les
rejets qui ont atteint la dimension d’exploitation. La rotation des coupes n’est plus égale à la
révolution.

Avantages et inconvénients :

Les avantages d’un taillis sont les suivants :

– La régénération est certaine et rapide.

– Le sol est bien couvert par les cépées ce qui diminue fortement les risques de l’érosion du sol.

– Les peuplements sont peu exposés aux dégâts du vent.

– Il convient parfaitement aux essences de lumières.

– Les interventions du forestier sont faciles.

– La révolution est plus courte.


Inconvénients :

– L’exploitation des brins des cépées enlève beaucoup les sels minéraux du sol et donc
contribue à son appauvrissement.

– Les produits fournit par le taillis sont de moindre valeur que ceux de la futaie.

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Futaie sur souche :

On emploie aussi le terme de futaie pour les peuplements provenant du vieillissement des taillis (60 à 65
ans) ; on l’appelle alors futaie sur souche. Beaucoup des forêts nord africaines surtout de chêne vert
sont de ce type.
Les traitements de la futaie sur souche sont les mêmes qu’une futaie normale issue de semences.

Le taillis-sous-futaie
Deux modes de régénération sont combinés dans le taillis-sous-futaie : le taillis en étage inférieur et la
futaie en étage supérieur composé d’arbres âges divers qu’on appelle aussi réserves ou encore
baliveaux.
Le régime du "taillis-sous-futaie" est un régime mixte qui a pour objet de perpétuer des peuplements
comportant des arbres dont certains sont nés de semences et d'autres obtenus par voie végétative. Le
traitement en taillis-sous-futaie, consiste à pratiquer à rotation fixe de durée relativement courte, une
coupe du taillis, à l'exception de quelques brins appelés baliveaux qui participent à la constitution d'un
étage de futaie, et une coupe partielle de la futaie constituée par les arbres sélectionnés et réservés (les
"réserves") au cours des passages en coupe précédents. Le peuplement mixte ainsi obtenu est
constitué par un taillis surmonté d'une futaie d'âge multiple. La "futaie jardinée" est une futaie où les
arbres sont de tous âges et de toutes dimensions mêlés pied à pied ou par bouquets. Le balivage est
une opération consistant à garder lors de la coupe du taillis, dans un taillis-sous-futaie, un certain
nombre de tiges de rejets ou de semis, les baliveaux, qui deviendront les arbres de la futaie surmontant
le taillis.

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Agroforesterie

Définition :
L'agroforesterie est le système de pratiques et d'utilisation de terres intégrant, de manière pérenne et
volontaire, des arbres dans les cultures agricoles ou pâturages sur la même parcelle ou unité de
gestion. Les arbres associés sont soit destinés à la récolte (argosylvopastoralisme), soit destinés à
améliorer les conditions de culture (haies, brise-vent).

Les systèmes pour la production de bois de qualité :


L’objectif est de combiner la sylviculture et l’agriculture. Les arbres sont situés à larges espacements
pour permettre la pratique des activités agricoles :

− haies en bordure de champ (type bocage)

− lignes d’arbres en plein champ (système intercalaire)

Le choix des essences s’effectue en fonction de :

− L’enracinement (pivotant et profond) qui ne concurrence pas la culture en place.

− Litière riche et facilement dégradable.

Le choix des cultures :

− Le seul critère est le choix des variétés supportant un ombrage partiel. La production fourragère
pourrait être envisagée éventuellement suivie d’un pâturage.

Atouts de l'agroforesterie :
C’est un des moyens contribuant à la restauration d’agroécosystèmes et de sols dégradés. Elles tirent
parti de la complémentarité des arbres et des cultures pour mieux valoriser les ressources du milieu, et
elle présente un intérêt paysager. Contrairement à la parcelle forestière la parcelle agroforestière génère
des profits continus dans le temps. L'agroforesterie est une pratique parcellaire qui correspond à des
logiques d'exploitation agricole favorisant la diversification des activités et une meilleure valorisation des
ressources du milieu. Les pratiques agroforestières ont des avantages intéressants dont :
1. Diversification des activités des exploitants agricoles, avec constitution d'un patrimoine d'arbres
de valeur, sans interrompre le revenu courant des parcelles plantées.
2. Rôle protecteur des arbres pour les cultures intercalaires ou pour les animaux
3. Récupération par les racines profondes des arbres d'une partie des éléments fertilisants
lessivés ou drainés (les litières d'arbres)
4. Pour les parcelles sylvopastorales, mise à disposition d'unités fourragères pour le bétail, à des
périodes complétant bien le calendrier de pâturage.
5. Accélération de la croissance en diamètre des arbres par le large espacement.
6. Amélioration de la qualité du bois produit (cernes larges et réguliers, adaptés aux besoins de
l'industrie), car les arbres ne subissent pas les cycles compétition-éclaircies.
7. Amélioration de la valorisation des ressources naturelles : la somme de la production de bois et
de la production agricole d'une parcelle agroforestière est supérieure à la production séparée
obtenue par un assolement agriculture-forêt sur la même surface. Cet effet résulte de la

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stimulation des complémentarités entre arbres et cultures dans les parcelles agroforestières
(effet synergique).
8. Protection des sols et des eaux
9. Amélioration de la biodiversité, notamment par l'abondance des effets de lisières.

Haies et brise-vent
La haie est une clôture faite d’arbustes, généralement épineux, et d’arbres (haies vives) ou de
branchages entrelacés sur des pieux (haies mortes).
Les haies vives peuvent être naturelles (reliques de forêts, installation spontanée sur des zones
délaissées). Le classement des haies est basé sur leur dimension :
 Haies clôtures : ou haies basses (moins de 3 m).

 Haies brise-vent : Une haie brise-vent se compose de quelques (2 à 5) rangées


d’arbres ou arbustes et elle est alignée généralement dans le sens du champ, idéalement
perpendiculaires aux vents dominants. Cette pratique est couramment utilisée à plusieurs endroits
du globe. Le rôle des brise-vent est de protéger les sols et les cultures. Les principaux avantages
sont :

− Protection contre les dommages causés par le vent

− Diminution des risques d’érosion éolienne

− Agit comme barrière contre les infestations de maladies et insectes

− Préserve l’humidité des sols (moins de vents = moins de transpiration)


Plusieurs facteurs influencent l’efficacité des brise-vent. Notons la porosité (densité), la hauteur,
l’espacement entre les haies, les espèces employées, l’orientation par rapport aux vents dominants.
On distingue deux types de brise-vent :
Brise-vent imperméables de porosité <25% qui réduisent fortement la vitesse du vent mais
créent une zone tourbillonnaire.
Brise-vent perméables de porosité >25% qui freinent moins le vent mais ne provoquent pas de
forts tourbillons. Ils permettent ainsi de protéger une zone plus étendue. Ainsi, la culture est
protégée sur une longueur égale à 15 fois la hauteur du brise vent et l’ETP pourrait être réduite
à 30%.

 Les bandes boisées sont des haies brise-vent larges d’au moins 2m au sol. C’est
l’écran végétal le plus efficace.

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