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ASTI CPO
Anno XXIII n. 6- dicembre 2007 - Sped. a. p. - art. 2 - comma 20/c, Legge 662/96 - Filiale di Asti - Organo ufficiale del Centro Librario Sodalitium -
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N° 60
Numér o Spécial
pour les cent ans de l’encyclique “Pascendi”
Les Catholiques
Intransigeants
2
“Sodalitium” Periodico Ai sensi della Legge 675/96 sulla tutela dei dati personali, i dati
n° 60, Anno XXIII n. 6 2007 forniti dai sottoscrittori degli abbonamenti verranno trattati in
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Direttore Responsabile don Francesco Ricossa
Autorizz. Tribunale di Ivrea n. 116 del 24-2-84 En couverture : portraits des principaux protago-
Stampa: - Ages Torino. nistes, ecclésiastiques et laïcs, du mouvement
Le présent numéro catholique
a été achevé de rédiger le 6/11/2007
✍ Sommaire
Éditorial p. 2
Programme du Sodalitium Pianum p. 7
Album de famille du mouvement catholique en Italie (1870-1914) p. 9
Les catholiques intégraux en France p. 27
Fede e ragione p. 35
Vie de l’Institut en images p. 45
C
hers lecteurs, c’est en 1983 que pa- et les invitons à attendre avec patience un
raissait pour la première fois Sodali- autre numéro. En l’année du centenaire de
tium. Combien de revues sont nées l’encyclique contre le modernisme, Pascendi
pour disparaître peu après, spécialement dominici gregis (8 septembre 1907), le pré-
lorsque les moyens manquent cruellement, sent numéro est dédié au mouvement catho-
ce qui est le cas pour nous ! Et pourtant, lique. Autrement dit, nous voulons rendre
après toutes ces années nous pouvons dire hommage à qui nous a précédés dans le
que Sodalitium dure encore, même s’il n’a combat (de plume plus que d’épée) contre
pas le mérite de la régularité. Jamais ni ceux que Mgr Benigni (et saint Pie X) appe-
quotidien ni hebdomadaire, voilà bien laient les “ennemis internes et externes” de
longtemps qu’il n’est plus ni mensuel ni bi- l’Église, et en faveur du Règne (Règne so-
mestriel. cial compris) du Christ-Roi.
Cette particularité de notre revue (peu Antonio Socci rappelait récemment que
importe qu’elle soit voulue ou forcée) ne la tâche de l’Église consiste plus à sanctifier
lui permet pas de suivre les événements qui qu’à civiliser. Nous pouvons souscrire, à
se succèdent sans discontinuer ; elle donne condition de ne pas opposer sanctification et
cependant au bulletin la possibilité d’ap- civilisation. La fin de l’Église est bien sûr
profondir des sujets que la chronique nous éminemment spirituelle et surnaturelle :
contraindrait autrement à laisser de côté : gloire de Dieu, salut et sanctification des
bulletin de formation, donc, et pas seule- âmes. Mais, d’une part, cette fin sera plus fa-
ment d’information. Certains lecteurs nous cilement atteinte par le plus grand nombre si
reprochent de nous occuper souvent d’his- la société temporelle favorise l’action salva-
toire, bien qu’il s’agisse d’histoire de l’Égli- trice de l’Église et, d’autre part, l’Évangélisa-
se. C’est qu’ils ne comprennent pas que tion par l’Église ne peut pas ne pas mener à
dans notre histoire se trouve souvent, sinon la naissance d’une civilisation chrétienne,
toujours, l’explication du présent et l’an- d’une Chrétienté qui tout en n’étant pas sans
nonce du futur. défauts ici-bas, s’efforce cependant de recon-
3
romaine”. L’année 1929 vit aussi la cessa- Romano Prodi lui-même, chef du gouver-
tion des publications de la revue qui avait nement, revendiquer la laïcité et approuver
maintenu les positions catholiques intégra- la séparation absolue de l’Église et de
les de Mgr Benigni et de l’abbé de Töth, l’État défendue en son temps par le prési-
Fede e Ragione [Foi et Raison] dont le pro- dent Kennedy (La Stampa, 11 et 13 mai
gramme est publié ci-après. Avec l’après- 2007). Ce sont des faits emblématiques. La
guerre, on eut sur le siège de Pierre un Pa- trahison de l’apostat Murri s’est réalisée
pe, Pie XII, qui canonisa en un certain sens parfaitement jusque dans ses ultimes consé-
le catholicisme intégral en canonisant saint quences !
Pie X (1954), canonisation fortement vou- Ce numéro de Sodalitium veut renouve-
lue malgré l’objection du soutien justement ler le programme de saint Pie X : tout res-
apporté par ce Pape à l’“intégrisme” et au taurer dans le Christ.
Sodalitium Pianum (lire la défense de l’ac- Aux lecteurs catholiques de notre revue
tion antimoderniste de saint Pie X et du So- nous voulions rappeler le glorieux passé
dalitium par la Congrégation des Rites, ré- afin qu’ils s’emploient, aujourd’hui, à re-
cemment réimprimée en italien par notre prendre la bannière du Christ-Roi et non
Centre libraire et publiée en français par des bannières ambiguës qui ne nous appar-
les éditions du Courrier de Rome) ; mais tiennent pas.
on vit aussi le mouvement catholique entre Pour les jeunes de l’Action catholique
les mains de la Démocratie Chrétienne ou des mouvements, comme on dit, nés
condamnée à travers l’abbé Murri et, en après le Concile, ces pages pourraient être
France à travers Marc Sangnier et le un moyen de redécouvrir leurs véritables
“Sillon”. C’est à elle que nous devons, en origines et prendre conscience du fait que
Italie, le refus d’insérer dans la Constitu- l’actuel mouvement catholique est passé à
tion le nom de Dieu et l’indissolubilité du l’ennemi.
mariage (1948) ; à elle que nous devons Aux jeunes qui se croient en révolte
l’acceptation de la souveraineté populaire ; contre le monde moderne, mais suivent des
à elle que nous devons, sous De Gasperi, maîtres issus en réalité des Loges maçon-
l’alliance avec les laïcistes et, sous Moro, niques qui ont fait ce monde moderne,
l’alliance avec la gauche; à elle encore que peut-être parce que de l’Église et du catho-
nous devons les lois sur le divorce et l’avor- licisme ils ne voient que des contrefaçons et
tement, toutes signées par des présidents, des ruines, nous proposons ces pages pour
des chefs du gouvernement et des ministres qu’ils découvrent dans la Tradition catho-
démocrates-chrétiens, et de nos jours le lique la seule et unique vraie Tradition.
projet de loi sur les DICO [équivalent ita- À nous, rédacteurs de Sodalitium, re-
lien du PACS] promu par les représentants vient la satisfaction d’avoir rendu hommage
du “monde catholique” comme Prodi et à saint Pie X et à ceux qui se sont battus à
Bindi… Avec la déclaration Dignitatis hu- ses côtés pour le Christ-Roi, pour son Église
manæ personæ (1965) définie par Joseph et pour la Chrétienté, conscients qu’il ne
Ratzinger lui-même comme une sorte s’agit pas de batailles d’un passé poussié-
d’anti-Syllabus, Vatican II a accepté les reux, mais d’un combat à mener encore au-
principes de liberté de religion, de culte et jourd’hui avec nos pauvres moyens, certes,
de conscience qui nient radicalement la mais aussi avec l’aide de Dieu. Nous, nous
royauté du Christ. Comment s’étonner n’avons pas changé de drapeau !
alors de voir un représentant important du Exurge Domine,
monde catholique, le professeur Paolo Pro- et judica causam tuam !
di, frère de l’actuel président du Conseil
italien, faire l’éloge du rôle de la Secte dans
une relation envoyée le 16 septembre 2006
(cf. Hiram, revue du G.O.I. [Grand Orient
d’Italie], n° 4/2006) au congrès sur “La
question laïque dans l’Italie d’aujourd’hui”
réuni [l’an passé] par le Grand Maître du
Grand Orient d’Italie, Gustavo Raffi, à
l’occasion de l’Équinoxe de septembre, et
7
Documents
Programme du
Sodalitium Pianum
ous publions le programme du Sodalitium
N Pianum, approuvé et encouragé par le Saint-
Siège (Rescrits Autographes de S. S. Pie X, du 5
juillet 1911 et du 8 juillet 1912 ; Lettre de la S.
Congrégation Consistoriale, du 25 février 1913).
moments historiques, - soit dans l’espace, à cieuse et contrôlée de cette tolérance ex-
travers tous les pays. Nous savons que, dans ceptionnelle, et pour sa durée et son exten-
les contingences momentanées et locales, il sion le plus possible restreintes, selon les
y a toujours, au moins dans le fond, la lutte intentions du Saint-Siège ;
séculaire et cosmopolite entre les deux gran- 10 - contre le syndicalisme ouvertement
des forces organiques : d’un côté l’unique ou implicitement « areligieux », neutre,
Église de Dieu, Catholique-Romaine, de amoral, qui amène fatalement la lutte anti-
l’autre côté les adversaires du dehors et du chrétienne des classes selon la loi brutale
dedans. Ceux du dehors (les sectes judéo- du plus fort ; contre le démocratisme,
maçonniques et leurs alliés directs) sont même quand il s’appelle chrétien, mais tou-
dans les mains du pouvoir central de la Secte jours plus ou moins empoisonné des idées
; ceux du dedans (modernistes, démo-libé- et des faits démagogiques ; contre le libé-
raux, etc.) lui servent d’instrument conscient ralisme, même quand il s’appelle économi-
ou inconscient d’infiltration et de décompo- co-social, qui pousse par son individualisme
sition parmi les catholiques. à la désagrégation sociale ;
7 - Nous combattons la Secte du dedans - pour l’harmonie chrétienne des classes
et du dehors, toujours et partout, sous tou- entre elles, aussi bien qu’entre l’individu, la
tes ses formes, par tous les moyens honnê- classe et la société entière ; pour l’organi-
tes et opportuns. Dans les personnes des sation corporative de la société chrétienne,
sectaires du dedans et du dehors et de leurs selon les principes et les traditions de justi-
complices, nous combattons seulement la ce et de charité sociale, enseignés et vécus
réalisation concrète de la Secte, de sa vie, par l’Église et le monde catholique pendant
de son action, de ses plans. Cela, nous en- de longs siècles, et qui par conséquent sont
tendons le faire sans rancune envers nos parfaitement adaptables à toute époque et
frères égarés, comme aussi sans aucune fai- à toute société vraiment civilisées ;
blesse et sans aucune équivoque, comme 11 - contre le nationalisme païen, qui fait
un bon soldat traite sur le champ de ba- pendant au syndicalisme areligieux, l’un
taille tous ceux qui combattent sous le dra- considérant les nations comme l’autre les
peau ennemi, leurs aides et leurs complices. classes, c’est-à-dire des collectivités dont
8 - Nous sommes pleinement : chacune peut et doit pousser moralement
contre toute tentative d’amoindrir, de ses intérêts propres, complètement en de-
rendre secondaires, de dissimuler systéma- hors et à l’encontre de ceux des autres, selon
tiquement les revendications papales pour la loi brutale dont nous venons de parler ; et
la “Question Romaine”, d’écarter l’influen- en même temps contre l’antimilitarisme et le
ce sociale de la Papauté, de faire dominer pacifisme utopiste, exploités par la Secte
le laïcisme ; dans le but d’affaiblir et d’endormir la socié-
pour la revendication inlassable de la té sous le cauchemar judéo-maçonnique ;
“Question Romaine” selon les droits et les pour le patriotisme sain et moral, pa-
directions du Saint-Siège, et pour un effort triotisme chrétien dont l’histoire de l’Église
continuel en vue de ramener, le plus possi- catholique nous a donné toujours des
ble, la vie sociale sous l’influence légitime exemples splendides ;
et bienfaisante de la Papauté et, en général, 12 - contre le féminisme qui exagère et
de l’Église catholique ; dénature les droits et les devoirs de la fem-
9 - contre l’interconfessionalisme, le neu- me, en les mettant au-dehors de la loi chré-
tralisme et le minimalisme religieux dans tienne ; contre la coéducation des sexes ;
l’organisation et l’action sociales, dans l’en- contre l’initiation sexuelle de la jeunesse ;
seignement, aussi bien que dans toute activi- pour l’amélioration des conditions ma-
té de l’homme individuel et de l’homme col- térielles et morales de la femme, de la jeu-
lectif, laquelle relève de la vraie morale, nesse, de la famille, selon la doctrine et la
donc de la vraie religion, donc de l’Église ; tradition catholiques ;
pour la confessionalité dans tous les cas 13 - contre la doctrine et contre le fait
prévus dans l’alinéa précédent ; et si, dans profondément antichrétiens de la sépara-
des cas exceptionnels et transitoires, le tion entre l’Église et l’État, aussi bien
Saint-Siège tolère des réunions interconfes- qu’entre la Religion et la civilisation, la
sionnelles, pour une application conscien- science, la littérature, l’art ;
9
pour l’union loyale et cordiale de la civi- sable vis-à-vis de l’ennemi, de ses violen-
lisation, de la science, de la littérature, de ces, de ses ruses ;
l’art aussi bien que de l’État avec la Reli- 18 - contre tout ce qui est opposé à la
gion et donc avec l’Église ; doctrine, à la tradition, à la discipline, au
14 - contre l’enseignement philoso- sentiment du Catholicisme intégralement
phique, dogmatique et biblique « moderni- Romain ;
sé » qui, même quand il n’est pas tout à fait pour tout ce qui leur est conforme.
moderniste, est tout au moins rendu pareil
à un enseignement archéologique ou anato-
mique, comme s’il ne s’agissait pas d’une
doctrine immortelle et vivificatrice que tout Album de famille
le clergé, sans exception, doit apprendre du mouvement catholique en
surtout pour son ministère sacerdotal ;
pour l’enseignement ecclésiastique Italie (1870-1914)
inspiré et guidé par la glorieuse tradition de
N
la Scolastique, des Saints Docteurs de ous présentons aux lecteurs l’album
l’Église et des meilleurs théologiens du de famille du mouvement catholique
temps de la Contre-Réforme, avec toutes en Italie, avec les profils biogra-
les aides sérieuses de la méthode et de la phiques et les photos de ses principaux pro-
documentation scientifiques ; tagonistes. C’est à travers eux qu’en ce cen-
15 - contre le faux mysticisme à tendan- tenaire de l’encyclique Pascendi, nous vou-
ces individualistes et illuministes ; lons rendre hommage à tous les catholiques
pour la vie spirituelle intense et profon- qui, en Italie et dans le monde, défendirent
de, selon l’enseignement doctrinal et pra- avec zèle la Foi et les droits de l’Église.
tique des saints auteurs et des mystiques Pour la compilation de ces notices voici
loués par l’Église ; quelles ont été les principales sources : les
16 - en général contre l’exploitation du rubriques de l’Enciclopedia Cattolica ;
clergé et de l’Action catholique par tout Émile Poulat, Intégrisme et catholicisme in-
parti politique ou social ; et en particulier tégral (Casterman, 1969) ; Marco Inverniz-
contre l’engouement « social », qu’on veut zi, I cattolici contro l’unità d’Italia ? [Les
inoculer au clergé et à l’Action catholique catholiques contre l’unité de l’Italie ?]
sous prétexte de « sortir de la sacristie » (Piemme, 2002).
pour n’y entrer que trop rarement, ou en
cachette, ou tout au moins avec l’esprit Les Papes
absorbé par le reste ;
pour le maintien de l’action ecclésias-
tique et respectivement de l’Action catho-
lique dans son ensemble sur le terrain ou-
L es catholiques intransigeants (durant les
pontificats de Pie IX et de Léon XIII),
et intégraux (sous saint Pie X) se caractéri-
vertement religieux, avant tout, et sans en- saient par l’adhésion complète au magistère
gouements « sociaux » ou semblables, et aux directives des Papes. La tâche entre-
pour le restant ; prise était double : défendre l’orthodoxie
17 - contre la manie ou la faiblesse de catholique et réaliser toute une série d’œu-
tant de catholiques de vouloir paraître vres (quotidiens, revues, écoles, cercles uni-
« conscients et évolués, vraiment de leur versitaires, coopératives, caisses rurales, so-
temps », et « bons enfants » en face de ciétés de secours mutuel, etc.) capables de
l’ennemi brutal ou hypocrite mais toujours sauvegarder la vie chrétienne des catho-
implacable, - tout prêts à étaler leur tolé- liques dans une société désormais déchris-
rance, à rougir, sinon à médire, des actes de tianisée. Le mouvement catholique fut donc
juste rigueur accomplis par l’Église ou pour l’un des fruits de l’enseignement et du gou-
elle, - tout prêts à un optimisme systéma- vernement des trois Papes qui se succédè-
tique envers les pièges de l’adversaire, et rent sur le Trône de Pierre en ces années-là.
réservant leurs méfiances et leurs duretés Le triptyque des Papes de cette époque
pour les Catholiques-Romains intégraux ; commence avec Giovanni Maria Mastai
pour une attitude juste et convenable, Ferretti, né à Senigallia le 13 mai 1792 et
mais toujours franche, énergique et inlas- élu Pape le 16 juin 1846 sous le nom de Pie
10
cheurs expriment son amour ardent pour aconfessionalisme mais aussi de leur anticléri-
l’orthodoxie catholique : saint Thomas calisme. Le parti de l’abbé Sturzo ne pardon-
d’Aquin, le grand théologien, et saint Pie V, na pas à Boggiani la lettre pastorale de 1920,
le grand inquisiteur et Pape tridentin. Après L’azione cattolica e il Partito Popolare Italia-
ses études aux couvents dominicains de Chie- no [L’action catholique et le Parti populaire
ri (Turin) et de Graz, en Styrie, il reçut italien] dans laquelle le cardinal dénonçait les
diverses charges : missionnaire à Constanti- erreurs et omissions relevées dans le pro-
nople, supérieur des dominicains de Raguse, gramme du PPI, interdisait aux fidèles de
professeur à la faculté de Philosophie de prendre une part active à la vie du parti et
Graz, curé de Santa Maria di Castello à Gê- interdisait aux associations catholiques de
nes, puis professeur au séminaire diocésain mettre des locaux à la disposition du PPI
de la cité ligurienne. Saint Pie X le nomma pour les réunions. Les catholiques intégraux
Visiteur apostolique dans vingt-trois diocèses ne manquèrent pas de soutenir le cardinal
du nord de l’Italie, parmi lesquels Milan, Bo- Boggiani : Mgr Benigni publia un dossier sur
logne et Vérone, avec pour mandat le dé- la direction génoise du parti de l’abbé Sturzo
mantèlement des foyers de modernisme. et de l’abbé de Töth, à l’occasion du 50ème an-
Dans les diocèses romagnoles, où s’étaient in- niversaire de la profession religieuse du frère
sinués un grand nombre de partisans des nou- Tommaso Pio, il écrivit en se référant aux
velles doctrines, la visite inquisitoriale fut deux années liguriennes orageuses de ce der-
particulièrement pénible. En cette circons- nier, qu’“il en est peu parmi les évêques qui
tance l’action de Boggiani fut en partie ren- laissèrent en un temps si bref, une telle masse
due vaine du fait d’un autre cardinal, Dome- de documents aussi remplis de sagesse et d’ex-
nico Svampa (1851-1907), archevêque de Bo- périence” (Fede e Ragione du 22-29/9/1929).
logne et ancien évêque de Forli, qui faisait En 1927 Pie XI le choisissait comme légat pa-
preuve d’une indulgence aussi obstinée qu’in- pal au Congrès eucharistique de Bologne et
sensée envers les prêtres ayant embrassé les en 1935 il le nommait Chancelier de la Sainte
idées modernistes. En 1908, le père Boggiani Église romaine, charge qu’il conserva jusqu’à
fut nommé par saint Pie X évêque d’Adria (il sa mort survenue à Rome le 26 février 1942.
y fut accueilli à coups de pierres) avant d’être Son corps repose dans l’église paroissiale de
appelé à la S. C. Consistoriale. Benoît XV le Bosco Marengo, petite localité où Boggiani
créa cardinal. En 1919 le cardinal Boggiani fit édifier un monument en l’honneur de saint
était promu archevêque de Gênes, mais il Pie V, monument inauguré en 1936.
donnera sa démission deux ans après sa no-
mination à cause d’une forte opposition des Les évêques
dirigeants du Parti populaire qui apportèrent
ainsi la démonstration non seulement de leur La liste des évêques qui mériteraient de
Le cardinal Tommaso Pio Boggiani
figurer dans notre “album de famille” est
absolument impossible à dresser. Il faudrait
nommer par exemple tous les prélats qui,
après l’unité de l’Italie, subirent les vexa-
tions du gouvernement anticlérical, la pri-
son, l’exil (comme beaucoup d’évêques des
diocèses de l’ex-royaume bourbon ou
comme Mgr Fransoni, archevêque de Tu-
rin, qui mourut en exil à Lyon) ou bien fu-
rent empêchés de prendre possession de
leur siège épiscopal. Ou encore les nom-
breux évêques qui, durant la répression de
1898, subirent des vexations de la part de
l’État et la dissolution de nombreuses orga-
nisations catholiques existant dans leur dio-
cèse. Comme pour les cardinaux, nous nous
contenterons de nommer quelques prélats
liés à l’action antimoderniste du Sodalitium
Pianum durant le pontificat de saint Pie X
16
monseigneur deux choses : d’abord que lui de Töth qui le prit avec lui à la rédaction de
était barrée la voix à une éventuelle et l’Unità Cattolica à Florence. En 1906, un an
future nomination épiscopale, mais aussi avant l’encyclique Pascendi, il publiait un
qu’il était encouragé par le Pape à poursui- essai Modernismo e modernisti, auquel suc-
vre la route entreprise. Dès 1909 Benigni cédèrent de nombreux autres opuscules de
avait quitté l’appartement du Vatican et critique antimoderniste. En juillet 1909, il
ouvert, Via del Corso, la “Casa san Pietro” succédait à l’abbé de Töth à la direction du
[Maison Saint-Pierre], siège de ses activités. journal florentin, au milieu de nombreuses
C’est là que naquit le Sodalitium Pianum polémiques liées entre autres au problème
dont il a été longuement question dans la complexe de la propriété du journal. En ef-
première partie de ce numéro. Après la dis- fet, saint Pie X l’avait racheté aux héritiers
solution définitive du SP le 25/11/1921, Mgr Margotti pour le céder ensuite à quatre
Benigni, malgré son amertume, sut trouver évêques de Toscane (de Florence, Sienne,
la force d’âme pour continuer le combat Pise et Lucques) ; par la suite, il nomma
pour l’intégralité de la Foi. En 1923 il re- l’évêque de Florence unique superviseur.
lançait l’A.I.R. sous le nom d’Agenzia Urbs, Au sein de l’épiscopat toscan, le cardinal
qui poursuivit ses activités jusqu’en 1928, Maffi, archevêque de Pise (ami du cardinal
avec la publication du bulletin hebdoma- Ferrari et responsable avec lui du “trust”)
daire Veritas, puis du mensuel Romana. En se distingua dans ses critiques contre l’abbé
1928 il fondait l’Intesa Romana per la Dife- Cavallanti, tandis que l’évêque d’Arezzo,
sa sociale (I.R.D.S.), avec pour devise “Re- Mgr Volpi, exaltait la “fermeté de ses princi-
ligion, Patrie, Famille”. C’est la phase pes”. En plusieurs occasions saint Pie X eut
fascisante de la vie de Mgr Benigni : certai- des paroles d’éloge pour l’Unità Cattolica
nement la moins originale et la moins re- dirigée par l’abbé Cavallanti, et son juge-
présentative : Benigni tentait d’utiliser le ment était partagé par les cardinaux De Lai
Fascisme en un sens antidémocrate-chré- et Gennari. Le Pape Sarto avait à cœur de
tien tout comme le régime se servait de la défendre un journal ayant un grand rôle
Religion comme instrument. Calomnié et dans l’action antimoderniste, même s’il
persécuté par ses ennemis, Mgr Benigni n’appréciait pas certaines attaques trop per-
passa les dernières années de sa vie dans la sonnelles faites par le directeur, mais impu-
pauvreté la plus absolue. Dans la Disquisi- tables aussi à son jeune âge. L’abbé Caval-
tio, le père Saubat, un des témoins au pro- lanti restera à la direction de l’Unità Cattoli-
cès de canonisation et intime collaborateur ca jusqu’en 1917, date à laquelle il devait
de Benigni, assura que Mgr Benigni, mourir dans un accident de chemin de fer à
quoique n’ayant pas charge d’âmes, célé- l’âge de 38 ans seulement.
brait quotidiennement la Messe et se Le dernier prêtre de ce chapitre est l’ab-
confessait chaque semaine à l’église de San bé Paolo de Töth, le plus jeune du clergé in-
Carlo al Corso auprès d’un père de la Mer- tégral mentionné dans cette brève liste. Né à
ci. Mgr Benigni s’éteignit à Rome le 27 fé- Udine le 5 mars 1881 dans une famille d’ori-
vrier 1934, “abandonné et méprisé par le gine hongroise, il fut baptisé le jour même et
clergé”. À ses funérailles assistaient “7 ou 8 reçut les prénoms de Francesco Ferdinando
sénateurs, de 12 à 15 députés, une légion de Paolo. Pour signer les articles de sa longue
journalistes et même 12 gendarmes en grand carrière journalistique il n’utilisait que celui
uniforme”, mais seulement deux prêtres : de Paolo. En 1889 il entrait au noviciat des
le père Saubat et le père Jeoffroid. Une Carmes déchaux à Venise où il demeura
cinquantaine d’années plus tard, la pensée quatre ans sous le nom de frère Tommaso.
et l’œuvre de Mgr Benigni devenaient le Toute sa vie il conservera l’amour de la spiri-
point de référence de notre revue Sodali- tualité de cet Ordre. Il poursuivit ses études
tium (fondée en 1983). dans un institut salésien dans le diocèse
Alessandro Cavallanti (1879-1983) est d’Udine, jusqu’à ce que, à sa demande, il ob-
un autre de ces prêtres à la plume acerbe. tienne de l’évêque d’Udine la permission de
Natif de Crema, il fut ordonné prêtre en se transférer au Collège Lucarini, toujours
1902 et nommé vicaire à Capralba. Il com- salésien, à Trevi dans le diocèse de Spolète.
mença à écrire pour les revues diocésaines C’est Alessandro Muzzi de Montefalco, di-
et ses articles attirèrent l’attention de l’abbé recteur de plusieurs périodiques, qui, frappé
22
Après la brève mais épique parenthèse pas- tion romaine”, la revendication temporaliste
sée au service du Ministère des Armées et sur la polémique contre les brecciaioli
pontificales, ils se refusèrent à faire partie (terme péjoratif inventé par les partisans du
de l’armée royale italienne et s’engagèrent Pape pour désigner les usurpateurs de la Ci-
soit comme journalistes soit comme diri- té Sainte) et les conciliatoristes, autrement
geants de nombreuses publications et asso- dit les catholiques désirant la conciliation
ciations catholiques. Parmi les nombreux entre le Pape et l’État anticlérical et franc-
combattants qui, pour la défense de l’Église, maçon. Dans ce but l’association se servit
passèrent des armes de tir à celles de la plu- des colonnes du quotidien La Voce della Ve-
me, et de la vie militaire à la vie militante rità, né quelques semaines auparavant, le 8
politique et sociale, il faut signaler Anton- avril 1871 sur l’initiative du prince Lancello-
maria Bonetti (1849-1896). Bonetti était un ti, du père jésuite Carlo Maria Curci (par la
étudiant de Bologne exhubérant qui laissa suite transfuge) et de Mgr Francesco Nardi.
les études universitaires pour s’enrôler dans En 1879 La Voce della Verità fusionnait avec
les rangs de l’armée pontificale. Après le 20 Il Messagero, journal de Florence, perdant
septembre, comme tant de ses compagnons, sa ligne temporaliste, qu’il retrouva ensuite
il dédaigna la proposition qui lui fut faite de au début des années 1890 lorsque Giuseppe
s’enrôler dans l’armée qu’il avait combattue Sacchetti en devint le directeur. La revue
et devint ainsi un écrivain et journaliste fé- suspendit ses publications le 31 août 1904,
cond ; il nous a laissé un grand nombre de quelques semaines après la dissolution de
textes en défense du pouvoir temporel et en l’OdC [Œuvre des Congrès] (28 juillet 1904).
réfutation des lourdes accusations portées Bien avant la brèche de Porta Pia, en
par le parti du Risorgimento contre les mili- 1867, le comte Giovanni Battista Acquader-
taires de Pie IX. Entre-temps les anciens de ni di Quaderna (1839-1922), de Castel San
l’armée pontificale avaient constitué la “So- Pietro (Bologne) avait fondé, avec son ami
cietà Romana dei reduci delle battaglie in di- l’avocat Giambattista Casoni, la “Società
fesa del Papato” et fondé un hebdomadaire, della Gioventù Cattolica Italiana”. La GCI,
La Fedeltà. qui avait comme devise “Prière, Action, Sa-
En juin 1871, toujours à Rome, fut cons- crifice”, était née sur les traces de la “Società
tituée la “Società primaria romana per gli cattolica per la libertà della Chiesa in Italia”,
interessi cattolici” présidée par le prince Ma- qui s’était dissoute l’année précédente. Ac-
rio Chigi. L’association romaine recueillit quaderni fut élu Président du Comité pro-
plus de 27 000 signatures en hommage au moteur du premier Congrès catholique ita-
Pontife en réponse au grotesque plébiscite lien (1874) puis premier Président de l’Œu-
du 2 octobre 1870 qui avait ratifié l’union de vre des Congrès de 1874 à 1878. Il quittera la
Rome à l’Italie (dans certaines sections les présidence suite à des divergences avec les
“oui” dépassaient les 100 % des voix !). autres dirigeants sur la structure à donner à
L’association basait son action sur la “Ques- l’OdC et sur le rapport entre elle et la GCI
prééxistante, pour ce qui regardait l’enca-
drement du mouvement de jeunesse de
l’OdC. C’est Acquaderni qui conçut les Pic-
cole Letture Cattoliche (1861-1866), et il fut
l’un des fondateurs de L’Avvenire d’Italia
(1896), à l’origine du quotidien Avvenire. En
juin 1902, avec Cesare Algranati (1863-
1925), nouveau directeur d’origine juive qui
signait sous le pseudonyme de Rocco
d’Adria, le périodique devint philomurrien
Antonmaria Bonetti, et philomoderniste. Après avoir quitté
auteur du livre « Il l’OdC, Acquaderni se consacra aux œuvres
Volontario di Pio sociales et fonda à Bologne et dans le Mu-
IX » (réédité par le gello de nombreuses institutions parmi les-
C.L.S. en 2007)
quelles le Credito Romagnolo et la Società
Cattolica di Assicurazione. Le comte bolo-
nais sera aussi Président de l’Œuvre du Sé-
24
pulcre de Pie IX, commission spéciale qui présidence tendit à unir, organiser et orien-
recueillait les offrandes de centaines de dio- ter le mouvement catholique, et en certains
cèses, de congrégations religieuses, de fa- cas, il suscita quelques perplexités chez
milles nobles et de municipalités pour ériger ceux qui avaient une vision moins centrali-
la tombe du dernier Pape-Roi dans la crypte sée de l’OdC, comme Acquaderni. La dis-
de la Basilique San Lorenzo al Verano. sension entre la présidence de l’OdC et la
L’avocat Giambattista Casoni (1830- direction de la GCI aigrit les esprits. Pour
1919), de famille bolonaise comme son ami planifier le remarquable élan organisateur
Acquaderni, fut un autre pionnier du mou- qu’il sut donner à l’OdC, Panuzzi institua
vement catholique. Il se distingua particu- un Conseil directif, avec séance hebdoma-
lièrement dans le journalisme, au point daire à Padoue ou à Venise, ce qui lui valut
d’être choisi en 1890 par le Pape Léon XIII d’être accusé de venetizzare l’Œuvre. Mais
pour diriger L’ Osservatore Romano. Le ces divergences sur la méthode ne minaient
nom de Casoni est lié à de nombreux titres, en rien la communion d’intention quant à
tous caractérisés par la brièveté de leur pa- la substance de la ligne intransigeante à sui-
rution du fait des suppressions continuelles vre. De toute autre portée fut la dissension
exigées par le régime anticlérical qui ne to- avec Romolo Murri et ses partisans (le Pa-
lérait pas la presse temporaliste : L’Osser- triarche Sarto lui-même, futur Pie X, écri-
vatore bolognese (1858-1859), L’eco delle vait en août 1902 une lettre en faveur de la
Romagne, Le Piccole Letture Cattoliche dé- défense de Paganuzzi restée mémorable),
jà citées et fondées par Acquaderni, Il pa- dissension dont les conséquences détermi-
triota cattolico de Bologne (1864-1866), La nèrent même la dissolution de l’OdC en
Rivista Felsinea transformée par la suite en 1904 par saint Pie X, lorsque désormais les
Araldo (1875-1878). Les nombreuses publi- pénétrations démocrates-chrétiennes à l’in-
cations intransigeantes sont le témoignage térieur de l’association en avaient compro-
de la vivacité culturelle qui animait le mou- mis l’orthodoxie. Paganuzzi donna sa dé-
vement catholique. Casoni, très sensible à mission de la présidence en 1902 ; c’est le
la formation d’une classe dirigeante papa- comte Grosoli, fils de l’israélite converti
line, avait fondé le “ Circolo dei Filo- Forli qui lui succéda. Paganuzzi en fut affli-
dicologi” qui s’adressait aux jeunes avocats gé comme il est compréhensible, mais il
ainsi que l’Accademia di San Tommaso continua à suivre l’action catholique
d’Aquino, creuset de personnalités catho- d’abord au sein de l’Union populaire puis
liques. Il prit part à l’OcD dès le premier au sein du Partito Popolare , constituant
congrès en 1874, et en fut le dirigeant jus- l’“aile droite” qui s’opposait à l’aconfessio-
qu’en 1889. Comme nous l’avons dit, Caso- nalité du parti voulue par l’abbé Sturzo. Au
ni couronna son service au Saint-Siège cours de sa brillante carrière au barreau il
comme directeur de L’Osservatore Roma- eut à défendre l’abbé Albertario dans le fa-
no, charge qu’il conserva de 1890 à 1901. meux procès faisant suite à la dénonciation
Après deux bolonais, notre “album de de l’abbé Stoppani, rosminien et conciliato-
famille” nous présente deux vénitiens, Pa- riste. Paganuzzi mourait en 1923, assisté de
ganuzzi et Sacchetti. L’avocat Giovanni l’abbé Luigi Orione.
Battista Paganuzzi (1841-1923), natif de Giuseppe Sacchetti (1845-1906), de Pa-
Venise, tertiaire dominicain, commença à doue, fut un journaliste et polémiste effi-
militer, comme tant d’autres dirigeants ca- cace, qui mit toujours la “Question romai-
tholiques, dans les rangs de la “Società cat- ne” au centre de ses combats. Encore étu-
tolica italiana per la difesa della libertà della diant, il commença à écrire dans les colon-
Chiesa in Italia”. En 1868 il fut élu prési- nes des Piccole letture cattoliche, puis dans
dent du cercle vénitien de la GCI et en celles du Veneto cattolico de l’abbé Beren-
1871 il fut parmi les organisateurs du pre- go. En 1870, à l’âge de 25 ans, alors qu’il
mier congrès catholique organisé pour était président du cercle de la GCI de Pa-
commémorer la victoire de Lépante, doue, il fit son testament et s’enrôla dans
congrès qui se tint ensuite à Venise en l’armée pontificale ; il participa à l’ultime
1874. C’est ce congrès qui détermina la défense de Rome. De retour à la
naissance de l’Œuvre des Congrès dont Pa- présidence de la GCI de Padoue, il préféra
ganuzzi fut président de 1889 à 1902. Sa se consacrer entièrement au journalisme. Il
25
liques préférèrent militer dans les organisa- banque. Il collabora également avec Mgr
tions légitimistes. En 1897, l’année de son Benigni en adhérant au SP. À l’exemple de
expansion maximale, le comité diocésain son ami Paganuzzi et des autres intran-
n’était présent que dans 53 diocèses sur 112 sigeants, il adhéra pour quelque temps à
et les comités paroissiaux dans 206 parois- l’aile droite du PPI, pour soutenir ensuite
ses sur 3 613. L’un des quelques rares diri- les éléments les plus réactionnaires du
geants notables du mouvement catholique mouvement fasciste.
dans le Sud fut le baron Luigi de Matteis Je terminerai cette brève revue par le
(1850-1934). Né d’une famille aristocra- comte Filippo Sassoli de Bianchi (1871-
tique napolitaine, il se forma dans les rangs 1938). Né à Bologne, fils du marquis
du légitimisme. En 1896 fut fondée la Fede- Achille Sassoli-Tomba, il fut de ceux qui fi-
razione Universitari Cattolici Italiani (FU- rent de la cité felsine le centre propulseur
CI) ; de Matteis en fut nommé président et du mouvement catholique. Filippo Sassoli
le resta jusqu’en 1900. Après le VI ème de Bianchi fut formé à l’école thomiste de
Congrès catholique qui se déroula à Naples l’abbé Lorenzelli, créé par la suite cardinal
en 1883, il devint un personnage de pointe par saint Pie X en 1910. Il se distingua dans
de l’OdC. Grâce à lui le mouvement catho- le Circolo Universitario Cattolico de Bolo-
lique donna naissance en Campanie à la gne et, après la dissolution de l’OdC, il
première société ouvrière et à la première adhéra à l’Unione Popolare créée par saint
Pie X pour continuer l’action du mouve-
ment catholique. Comme Paganuzzi, il
adhéra au Partito Popolare Italiano avec
l’espoir de le transformer de l’intérieur ; il
devint même le guide de l’aile droite du
Filippo PPI. L’action de Sassoli dans le parti démo-
Sassoli de
Bianchi crate-chrétien se révélera infructueuse et
en 1923 il quittera le PPI, un parti que ses
Les laïcs de l’Opera et de l’Unione Popolare
général de 1899 à 1904, en retrait sous le su- garder leur vie surnaturelle, il n’admettait
périorat du Père Anizan, maître des novices aucune compromission avec les formes les
de 1914 à 1936. Il a laissé plusieurs brochu- plus variées du libéralisme et du modernis-
res, dont Les Libertés modernes d’après les me. Lui si bon par nature se montrait intrai-
encycliques (1900), Le Syllabus au XXème table pour l’erreur, persuadé que la premiè-
siècle (1906), La Franc-maçonnerie et l’ou- re charité à pratiquer consiste à défendre
vrier (1909), et un livre de Conseils pour la les âmes contre l’empoisonnement de l’er-
direction des œuvres de jeunesse» (POULAT, reur. ‘La corruption des mœurs, disait-il en
pp. 591-592). Enfin, pour conclure le chapi- substance, est un mal guérissable, mais la
tre sur les Frères de Saint-Vincent, rappe- perversion de l’intelligence est humaine-
lons le Père Henri Jeoffroid (1880-1961), le ment sans remède, parce qu’elle supprime
seul ecclésiastique, avec le Père Saubat, qui la racine même de tout bien qui est la
se soit rendu aux funérailles de Mgr Beni- connaissance du vrai.’”» (CHRISTOPHE CA-
gni bien que n’ayant (peut-être) pas appar- RICHON, Un scoutisme catholique est-il pos-
tenu au S.P., et témoin, comme le Père Sau- sible? L’affaire Jeoffroid-Sevin (1924), Pu-
bat, au procès de canonisation de saint Pie blications de l’Université de Montpellier 3,
X (Disquisitio, p. 43 ; éd. française, Publica- 2003, pp. 108-109). Le Père Jeoffroid est
tions du Courrier de Rome, p. 77). «Henri connu pour son mémoire sur le scoutisme
Jeoffroid est né à Dunkerque en 1880, aîné et l’affaire qui s’ensuivit (entre 1922 et
de huit enfants au sein d’une famille très 1924) du fait de sa dénonciation, bien docu-
chrétienne. Entré à 19 ans au noviciat des mentée, des influences de la Théosophie
Frères de Saint-Vincent-de-Paul, il est en- sur le mouvement scout de Baden-Powel,
voyé ensuite à Rome, au Scolasticat de sa fondé en 1907, il y a juste un siècle. Très
Congrégation. Ordonné prêtre en 1906, il bien documenté, le P. Jeoffroid écrit (en
commence une longue carrière romaine, deux versions) un mémorial intitulé ‘Le
entrecoupée par la guerre et quatre ans scoutisme catholique et la théosophie’ et il
d’apostolat à Lille. En 1922, il rentre à Ro- en fait part, entre autres, à l’évêque de
me, mais cette fois comme professeur au- Cambrai, Mgr Chollet, au cardinal Billot,
près du R.P. Charles Maignen. Le Père qui alerte le Pape, au cardinal Van Rossum,
Jeoffroid est un éducateur et un homme de à Mgr Benigni, qui le transmet à l’abbé
terrain, fervent défenseur du patronage Boulin pour qu’il s’en serve dans un article
qu’il connaît depuis son enfance. Il retrouve de la RISS (PIERRE COLMET, Le procès du
l’œuvre à Rome pendant ses études, puis scoutisme, RISS, n. 19, 13 mai 1924). Pie XI
devient le premier aumônier des Prati di était surtout frappé du danger d’intercon-
Castello, célèbre patronage romain. Le jeu- fessionalisme que représentait le mouve-
ne prêtre assume cette charge pendant sept ment. Le père du scoutisme catholique, le
ans, et y exerce une grande influence. Doc- jésuite Sevin [ne pas confondre avec le car-
trinalement, le P. Jeoffroid est un théolo- dinal Sevin], ne réussit à sauver son œuvre
gien solide formé à l’école du cardinal de la condamnation qu’en admettant les
Billot, un thomiste fervent, un passionné dangers dénoncés et en faisant “amende
d’histoire de l’Église, un adversaire acharné honorable” (cf. son ouvrage Les leçons de
du libéralisme. Il est digne héritier de l’éco- notre séjour à Rome), quitte ensuite à ou-
le antilibérale et contre-révolutionnaire, blier rapidement ses promesses, lorsqu’en
celle des Mgrs Pie, Freppel, Ségur, des dé- 1925, le scoutisme catholique sera bénit par
cennies précédentes. C’est un fils fidèle de le Pape. La suite des événements démontre
Quanta Cura, du Syllabus, de Pascendi. Il suffisamment qui avait raison…
est décrit comme un catholique antilibéral Quant au Père Jules Saubat (1867-
antimoderniste comme le souligne son bio- 1949), c’est aux Prêtres du Sacré-Cœur de
graphe [le théologien Ernest Mura, de sa Bétharram qu’il appartenait ; il en était le
congrégation] : “(Il) resta en éveil sur tou- Procurateur général à Rome ; avec saint
tes les déviations dont notre temps n’est Pie X et le Père Maignen, il collabora, com-
que trop fécond. Bien conscient que la véri- me nous l’avons vu, à sauver les Frères de
té divine c’est Dieu même, et que protéger Saint-Vincent de la dérive philo-moder-
les âmes contre les infiltrations des multi- niste. Le cardinal Vives avait présenté le
ples erreurs de notre temps c’était sauve- Père Saubat à Mgr Benigni en le proposant
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« L’Unità Cattolica », journal édité à Turin sous la direction de l’abbé Giacomo Margotti. Ce numéro du 20
septembre 1870 sortit bordé de noir pour marquer la perte du pouvoir temporel des Papes suite à la brèche
de Porta Pia. Plusieurs journaux intransigeants seront bordés de noir jusqu’au concordat de 1929
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et Rod. (initiales de deux de ses revues)… son intransigeance (…). Le nonce utilisait
Après la guerre, il fut le fondateur et, de ses services, le gouvernement surveillait sa
1919 à 1923, le premier rédacteur en chef correspondance ; le Saint-Siège voulait
de la Documentation catholique, née de la aboutir : s’irritant de son opposition, il dé-
fusion des quatres revues précédentes. (…) cida de l’envoyer hors d’Europe. Le Père
Il mit une puissance de travail exception- Salvien réussit à rester, mais finalement,
nelle au service d’une information religieu- d’ordre du Pape, il dut quitter Paris le 28
se qu’il voulait précise et documentée, mais février 1923 pour Sanremo (Italie), puis
aussi d’un intransigeantisme catholique peu après pour le Tessin, à Locarno
dont il ne dévia jamais. Son goût pour les (Suisse), où il passa dix ans. Frappé d’hémi-
activités discrètes rejoignait celui de Beni- plégie, il fut ramené à Lorgues (Var), où il
gni (…) et trouvait un emploi dans son Bol- mourut le 26 octobre 1934 et fut inhumé»
lettino : dossier de presse qu’il servait à la (POULAT, pp. 575-576). «Vous avez rendu à
secrétairerie d’État (…). Un autre pontifi- M. Merlier et à La Vigie trop de services
cat jugera opportun de lui imposer une pour que je les oublie» lui écrira l’abbé
stricte retraite» (POULAT, pp. 286-287). Les Boulin le 23 mars 1919 ; si le P. Salvien
ennemis du S.P. qui diffusèrent le dossier n’était pas – et il ne le fut pas – du S.P., il
du Père Mourret en 1921 tentèrent d’en- en partagea cependant les idéaux, les com-
traîner le Père Salvien dans la ruine du S.P. bats, et la défaite humaine.
même, mais sans y parvenir immédiate-
mente car le Père Salvien pouvait compter Hors du S.P. : Mgr Delassus et l’abbé
sur l’appui des cardinaux de Paris et de Barbier
Lyon, Dubois et Maurin. Mais peu après le
Père Salvien fut sacrifié durant les pourpar- Ils n’appartinrent jamais au S.P., mais
lers entre le Vatican et le gouvernement eurent des relations amicales avec Mgr Be-
français à propos des “associations diocé- nigni et d’autres personnages importants du
saines” (les ‘associations cultuelles’ S.P., étant eux-mêmes en France les princi-
condamnées par saint Pie X à l’occasion de paux représentants du “catholicisme inté-
la séparation de l’Église et de l’État en gral”. Nous voulons parler de Mgr Delassus
France, furent reconnues sous le nom d’as- et de l’abbé Barbier, dont les œuvres princi-
sociations diocésaines et avec des change- pales sont, encore de nos jours, rééditées.
ments importants par Pie XI grâce au car- «Henri Delassus (1836-1921), ordonné
dinal Gasparri, secrétaire d’État). Dans ce prêtre en 1862, nommé à Lille en 1874 cha-
contexte, «le Père Salvien était un homme pelain de N.-D. de la Treille et en même
précieux pour sa compétence, discuté pour temps directeur de la Semaine religieuse de
Cambrai dont il acquit la propriété, et dont
Mgr Henri Delassus il fit un des bastions de la lutte contre le li-
béralisme, le modernisme et toutes les for-
mes de ‘la conspiration antichrétienne dans
le monde’ [autrement dit le judaïsme, la
franc-maçonnerie, l’occultisme etc, n.d.r.]
(…). Chanoine honoraire en 1882, prélat
domestique en 1904, protonotaire aposto-
lique en 1911. En 1913, à la division du dio-
cèse de Cambrai, il fut rattaché au nouveau
diocèse de Lille et nommé doyen du Chapi-
tre. Ses principaux ouvrages : L’América-
nisme et la Conjuration anti-chrétienne
(1899) ; Le Problème de l’heure présente :
antagonisme de deux civilisations (1904, 2
vol.) ; L’Encyclique Pascendi et la Démocra-
tie (1908) ; La Conjuration anti-chrétienne :
le temple maçonnique voulant s’élever sur les
ruines de l’Église catholique (1910, 3 vol.) ;
La Démocratie chrétienne : parti et école vus
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chez un grand nombre, la pureté de la Et qui plus est, ils servent à renforcer, du
croyance chrétienne et, en conséquence, moins indirectement, le travail délétère des
l’activité des catholiques, en tant que sim- adversaires, qui voient les catholiques apla-
ples individus et en tant qu’associés aussi nir eux-mêmes la voie à la pénétration dans
bien dans le domaine économique et social notre camp de leurs maximes erronées.
que dans le domaine politique, est impré- Par conséquent, si les catholiques veu-
gnée de principes qui sont l’émanation di- lent réellement opposer une digue au mal
recte du libéralisme et du naturalisme. qui se répand, à l’onde qui tenterait de sub-
Telle est, pour prendre un exemple, la merger dans l’abîme toutes nos œuvres,
théorie, aujourd’hui en vogue, de la sépara- s’ils veulent sauver la Foi, cette Foi qui est
tion de la Foi de tout ce qui est action – l’unique et infaillible lumière dans l’ascen-
aconfessionalisme – , théorie à cause de la- sion vers le vrai et le bien de l’homme, en
quelle l’activité des catholiques s’est beau- tant que simple individu, et de la société, il
coup éloignée des règles et des normes, faut ouvrir les yeux, revenir sur nos pas.
dont seule une action véritablement catho- Ouvrir les yeux, c’est-à-dire, com-
lique tire et reçoit ce qui la différencie de prendre le devoir que nous avons tous de
toutes les autres et de ce qui fait sa vraie penser juste, exactement, de raisonner
physionomie. notre action afin d’éliminer et d’exclure
Sur ce fait ont influé aussi beaucoup les toute erreur des principes de cette action.
circonstances de la période déplorable dont Tel est le premier et le plus fondamental
nous venons de sortir. des devoirs d’un catholique. Il faut com-
La guerre ne fit en effet que précipiter le prendre combien est sot, criminel même,
mal déjà en chemin et affaiblir, hélas, tou- un certain pragmatisme déraisonnable dont
jours davantage le travail de résistance des se contente une multitude infinie des nôtres
catholiques ; on ne peut pas dire comment qui vivent sans penser, qui n’agissent que
et quand les ennemis de la vérité et de la Foi par instinct, par habitude, par un sentimen-
surent tirer profit de ces circonstances pour talisme purement aveugle, sans une lumière
semer, en toute tranquillité, à pleines mains, intellectuelle pour les diriger, en un mot
la zizanie dans le champ du père de famille. sans intelligence, sans vision de ce qui
Combien et à quel point a servi à la pé- convient pour être catholique, sans volonté.
nétration du mal, de l’erreur dans notre Nous en sommes arrivés en effet au-
camp, la prétendue union sacrée, par jourd’hui au point de trouver des catho-
respect de laquelle les catholiques se laissè- liques qui vont jusqu’à oser même
rent aller à mettre de côté toute préoccupa- confondre cette démence qu’ils font leur,
tion des problèmes religieux, qui sont et se- avec la Foi ! Comme si ce n’était pas vrai-
ront toujours les problèmes fondamentaux, ment la Foi qui, au nom de la raison, nous
suprêmes de la vie humaine, pour ne prêter oblige à avoir comme principes d’action, de
attention toutes ces dernières années toutes nos actions des “convictions” fermes
qu’aux intérêts matériels de la patrie ! et absolues, c’est-à-dire une connaissance
Il est vrai que des tentatives ont été et certaine, définitive, raisonnée de ses vérités
sont faites pour conserver à la société le pa- “immuables”, et non de simples “opinions”
trimoine divin que l’on doit au christia- fluctuantes, relatives, indécises et incer-
nisme, et pour la défendre de sombrer dans taines comme la pensée des hommes.
l’ultime apostasie ; mais la démangeaison Et ce, pas seulement pour ce qui regarde
de s’opposer au mal par les armes de demi- la vérité révélée, c’est-à-dire le dogme pro-
mesures ; la fausse persuasion que, pour se posé et enseigné par l’Église, mais également
rendre les adversaires favorables, il conve- ce qui a un rapport et une relation avec les
nait d’en accepter les principes, adaptant la domaines rationnel et philosophique, et, par
doctrine catholique à des replis qu’elle ne conséquent, politique et social.
supporte pas, et à des opportunismes qui fi- Même sur ce terrain, c’est-à-dire même
nissent presque toujours par la défigurer et en ce qui regarde des matières philoso-
la corrompre ; - la tendance à humaniser, à phiques, politiques et sociales, la Foi catho-
naturaliser le surnaturel et la Foi, tout cela lique, en parfaite harmonie avec les don-
fait que les efforts des catholiques demeu- nées les plus vraies et les plus certaines de
rent stériles et sans fruit. la raison, de la nature, de la science, interdit
37
plus sacré des droits de la conscience et de tion de l’Église et de l’État pourrait encore
la pensée d’une nation chrétienne. passer. Mais le sens dans lequel elle est en-
Il faut insister et faire comprendre en ef- tendue ne signifie rien d’autre que la néga-
fet que, tout en accordant à l’état chrétien le tion non seulement de l’Église, mais de tou-
droit de veiller sur l’école et le devoir de ne te religion, de tout culte, même naturel ; ce
pas permettre que ça et là surgissent et pul- n’est autre que le refus de l’État de recon-
lulent à volonté des écoles sans que ceux qui naître Dieu, ce n’est qu’athéisme.
les fondent, les dirigent et y enseignent aient Et le concept d’état neutre, si cher au li-
aucune responsabilité vis-à-vis de l’état le- béralisme qui cherche par ce moyen à se
quel, outre l’obligation de ne pas être athée défendre d’être taxé d’athéisme, revient au
et ignare comme un âne, a même l’obligation même. Les deux concepts se rejoignent et
précise envers les nations chrétiennes d’être s’unissent.
lui-même chrétien, à l’état en soi n’incombe Il est clair et évident en effet que l’état,
aucune fonction éducative ; que le rôle en se déclarant athée et sans religion, par
d’éduquer revient aux parents des éduqués, là-même cesse d’être neutre. Tant il est vrai
lesquels sont en droit de prétendre que qu’un franc-maçon de haut grade, définis-
l’éducation que leurs enfants recevront à sant le concept de laïcisme intégral d’état,
l’école, corresponde à leurs vœux, à leurs disait : “Le laïcisme intégral d’état est l’ap-
convictions religieuses, traditions et aspira- plication pure et simple de la libre pensée à
tions ; qu’ils ont le droit de vouloir que la la vie collective de la société”.
conscience et la morale de leurs enfants C’est pourquoi, les catholiques qui veu-
soient protégées et renforcées par l’ensei- lent être fidèles et cohérents avec leurs prin-
gnement qui leur sera imparti ; ce qui chez cipes ne doivent pas demander ni se conten-
les chrétiens ne pourra être obtenu qu’au ter de demander que l’état respecte la liber-
moyen de l’école chrétienne confessionnelle. té de l’Église, acceptant du moins implicite-
Du laïcisme scolaire, la lutte s’étendra à ment le principe de la neutralité de l’état
celui que nous nous plaisons à appeler laï- ainsi que celui de la séparation de l’Église et
cisme d’état, qui est non seulement la plus de l’État ; ils doivent prétendre et s’efforcer
monstrueuse des folies, mais aussi la plus de faire en sorte que l’état reconnaisse
monstrueuse des injustices et des tyrannies, l’Église non comme une quelconque institu-
le sacrilège le plus horrible dont notre so- tion, mais comme une institution divine, qui
ciété se soit souillée et rendue coupable. lui est supérieure, comme l’unique vraie reli-
En effet, le laïcisme d’état, camouflé sous gion, devant laquelle il doit encore s’incliner
les formes de la séparation de l’Église et de et à laquelle il doit obéir.
l’État, de ladite neutralité de l’état face aux Il faut que les catholiques fassent com-
problèmes religieux et à la religion, n’est au- prendre aux masses que l’état ne peut pas,
tre que la proclamation officielle de l’athéis- n’a pas le droit d’être laïque ou areligieux,
me, la négation solennelle, publique et so- de même qu’il ne peut, ne doit pas être amo-
ciale non seulement de telle ou telle forme ral, indifférent à la famille, à la patrie et
religieuse donnée, mais carrément de la Di- qu’au contraire, au milieu de nations chré-
vinité, la négation pure et simple de Dieu, tiennes pour lesquelles le christianisme
contre lequel le dieu-état élève ses autels. constitue et représente non seulement
Il y a des catholiques qui, dans la théo- l’unité de pensée sur les problèmes suprê-
rie de la séparation de l’Église et de l’État, mes de la vie, mais aussi celle de la morale,
ne voient aucun mal, aucun danger, et il a l’imprescriptible devoir d’être chrétien,
même se faisant l’écho de l’hypocrisie libé- c’est-à-dire de s’inspirer des mêmes prin-
rale, disent que l’Église ne pourrait qu’y ga- cipes que ses gouvernés.
gner ; mais ces gens-là se font des illusions. À l’opposé, le libéralisme, qui obscurcit
Si, bien que commettant la grave erreur et aveugle l’esprit de tant de catholiques,
de se séparer de l’Église, l’état se rappelait veut et ne peut pas ne pas vouloir tout le
le devoir que le droit naturel, pas supprimé contraire.
mais élevé au moyen des institutions surna- Le libéralisme est parfaitement logique
turelles de l’Église, lui impose de recon- lorsqu’il refuse de tolérer une doctrine qui
naître Dieu et de l’honorer et le faire hono- tend à restreindre la liberté humaine au
rer de ses sujets, le principe de la sépara- nom d’un principe et d’un droit supérieur à
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cette même liberté, ce que fait la doctrine crierons, voilà pourquoi l’étude des relations
catholique. entre Église et état sera l’un de nos sujets
En effet, seul le catholicisme affirme et d’étude les plus suivis, afin de ressusciter le
ose affirmer que la loi humaine doit res- concept trop oublié selon lequel l’Église est
treindre la liberté publique au nom de la loi au-dessus de l’état et l’état doit prendre d’el-
morale, qui est, au fond, la loi de Dieu. Et le les normes morales en vue d’un heureux
c’est là la raison pour laquelle le libéra- gouvernement de la nation et de la société.
lisme ne peut tolérer le catholicisme ou, Mais le laïcisme d’état – il faut le rappe-
mieux, la concrétisation du catholicisme, ler – plus qu’un principe, est aussi la consé-
l’Église : il s’agit d’une impossibilité méta- quence d’un autre principe des plus fatals :
physique. Mais ne voulant pas avoir l’air de le laïcisme démocratique.
refuser carrément Dieu et sa loi, le libéra- Vous voulez savoir quelle est la base de
lisme met en avant les biens que la sépara- la terrible équivoque contenue dans la pa-
tion de l’Église, c’est-à-dire de la religion, role magique, démocratie ?
et de l’État procure à la société et à la reli- Eh bien la voici.
gion elle-même ; séparation qui, mettant, Il est une vérité essentielle de bon sens,
en pratique, la Religion et l’Église à la dis- de raison et de foi autant dans l’ordre social
crétion de l’état, donne à ce dernier l’op- que dans l’ordre politique : c’est que la vo-
portunité de l’opprimer et de la persécuter lonté et la loi de Dieu (Décalogue et Évan-
de mille façons, jusqu’à l’exclure complète- giles promulgués par l’Église) sont au-des-
ment de la vie des peuples. sus de la volonté tant particulière que géné-
C’est pour cela que les catholiques ne rale des hommes. La loi ne peut donc être,
doivent pas demander la liberté du catholi- comme on le prétend aujourd’hui, l’expres-
cisme au nom du principe générique de li- sion de la volonté générale ; au contraire,
berté pour tout et pour tous ; mais ils doi- pour avoir force d’obligation, elle doit être
vent démontrer – et nous le démontrerons – conforme à la loi de Dieu.
que la liberté ne peut être si l’état ne Au contraire, le principe essentiel et le
respecte pas et ne fait pas respecter les doc- concept substantiel de la démocratie mo-
trines et les institutions nécessaires à la so- derne est que la volonté populaire, autre-
ciété et ne restreint pas la liberté des doc- ment dit la volonté du plus grand nombre
trines contraires. (hier corps électoral ou nation, demain,
De même que la liberté patriotique res- peut-être, prolétariat universel), constitue
treint nécessairement la liberté anti-patrio- et le droit et la loi qui dépendent d’elle.
tique, la liberté morale et religieuse doit Cela semble incroyable, mais c’est vrai !
restreindre la liberté anti-morale et anti-re- Nonobstant la condamnation explicite de
ligieuse. cette théorie par le Syllabus (Proposition 60),
Il est temps que les catholiques, les vrais il ne manque pas de catholiques pour la sou-
catholiques, qui veulent sauver la société et tenir, du moins en partie, encore aujourd’hui,
l’Italie, se mettent tous d’accord et s’unis- et s’obstiner à ne voir dans la démocratie
sent sur ce terrain solide et clair du bon sens qu’une forme de gouvernement, et non une
et cessent d’être les alliés de ce libéralisme doctrine philosophique et sociale et par
politico-religieux qui les exploite, tout en se conséquent religieuse, ou mieux areligieuse,
riant de leur naïveté et de leur faiblesse. et donc par nécessité absolue antireligieuse.
Dans un second temps les catholiques Le démocratisme moderne est une doc-
doivent démontrer que l’état est tenu de trine qui, chez les adversaires du Christ et
pratiquer, de professer, de protéger la vraie de l’Église et dans leurs intentions, doit,
religion ; chose qui peut être faite sans que dans le droit public, substituer à la loi éter-
soit entamée aucune liberté, individuelle ou nelle, à la loi morale, à la loi de Dieu, à la
sociale, digne de ce nom. volonté de Dieu, la volonté générale, c’est-
Enfin il faut montrer que l’état ne peut à-dire la volonté de l’homme et du nombre.
être laïque sans devenir le pire des tyrans et Une telle démocratie née de l’égocentrisme
sans légitimer toutes les plus tristes révoltes. libéral de la Réforme, est donc irrémédia-
Voilà ce que les catholiques doivent dire, blement laïque.
répéter, clamer continuellement sans peur, C’est pourquoi aucun catholique, aucun
ce que nous, dans cette revue, nous dirons et homme de bon sens ne peut se dire démo-
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crate sans avoir d’abord démontré de quelle Ce pour quoi, les catholiques, mettant à
manière il christianise sa démocratie. Mais l’écart tout ce qui concourt à diminuer ou à
hélas, il ne s’en est pas encore trouvé un asservir la doctrine catholique au principe du
seul qui le sache faire et, sans vouloir être monde, doivent se rassembler pour faire en
prophète, il ne s’en trouvera pas. sorte que celle-ci triomphe et que se forme le
Que dire alors de ceux qui – nous par- “parti de Dieu”, parti de la véritable démo-
lons de notre camp – vont inculquant des cratie, entendue dans le sens de l’Église.
principes comme celui-ci : - Vous êtes libres C’est dans ce très noble but, sur la base
d’avoir l’opinion politique qu’il vous plaît. des divers points ci-dessus mentionnés que
Cette liberté pourrait être permise si travaillera notre périodique.
toutes les opinions politiques étaient égale- Il luttera également contre le laïcisme
ment honnêtes dans le sens philosophique social ou socialisme en faveur de l’harmo-
du terme et également compatibles avec la nie chrétienne des diverses classes sociales
doctrine politique du catholicisme. entre elles, selon les principes et les tradi-
Mais c’est tout le contraire. tions de justice et de charité enseignés et
Allez savoir, de grâce, combien de ca- vécus par l’Église, et contre ces autres pro-
tholiques connaissent l’essentiel au moins duits de l’esprit laïque que sont l’aconfes-
de la doctrine politique du catholicisme et sionalisme et l’interconfessionalisme, afin
se préoccupent d’y conformer leurs opi- qu’à l’action catholique soit intégralement
nions ?… Hélas celles-ci ne sont la plupart conservée de fait, partout, en tout et tou-
du temps que le résultat de l’ignorance, de jours, sa pureté.
l’oubli, d’erreurs : démocratisme, libéralis- La lutte contre le laïcisme social est
me, socialisme et demi-socialisme, positivis- multiple, et nous voulons la développer
me agnostique, voilà les doctrines, les prin- dans les points suivants :
cipes à l’origine des opinions politiques de 1° “Il faut combattre l’erreur perfide du
tant et tant de catholiques. socialisme, erreur née de la démocratie
Mais comment de telles doctrines pour- laïque, doctrine essentiellement maçon-
raient-elles s’accorder avec l’ensemble de nique dans son origine et aboutissant, dans
la doctrine catholique ? ses conclusions, à la révolution et au bol-
Une équivoque non moins désastreuse chevisme ;
consiste à dire et soutenir cette chose que 2° Il faut combattre les semi-socialisme
l’on entend souvent : -L’Église est et doit et modernisme social, professés, hélas !,
être au dehors et au-dessus de tous les partis-.
Ce qui, encore une fois, serait et pour- Frontispice du supplément de F&R n° 31 du 27 mars
rait être vrai si tous les partis étaient égale- 1921 (archives Giantulli-Vannoni, Verrua Savoia)
ment honnêtes, toujours dans le sens philo-
sophique du terme, et également respec-
tueux du droit naturel et du droit chrétien.
En fait et en pratique, ici aussi, et même
spécialement ici, c’est tout l’inverse.
Dans les faits, dans la réalité, ici chez
nous, en Italie comme ailleurs, il n’y a pas
des partis, il n’y a que des doctrines, et
même deux doctrines seulement : la doctri-
ne catholique (1) et son contraire laïque ; la
doctrine des droits de Dieu et celle des droits
de l’homme ; la doctrine de l’Église et celle
de la contre-église, que cette doctrine se
nomme maçonnique, socialiste ou anar-
chique, peu importe ; la doctrine de 1789 et
la doctrine des Évangiles, du Christ, de
Dieu.
Quelle conciliation peut-on concevoir
entre des doctrines si opposées ?…
Certainement aucune !
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par un nombre non indifférent de catho- catholiques et pour employer le terme sco-
liques ignorants, aveugles et obstinés ; lastique, une négation, une simple lacune,
3° Il faut à toute force et avec le plus mais une privation, c’est-à-dire l’absence, le
grand soin inculquer le respect du septième manque d’une Réalité nécessaire et, en
commandement de la loi de Dieu, fonde- l’espèce, de l’unique Réalité, sans laquelle
ment de la société ; il ne reste que le néant à la lettre, en tous
le droit absolu et immuable de la pro- ordres et en toutes choses.
priété personnelle, corporative, nationale, C’est ici qu’apparaît et se montre toute
cherchant, vis-à-vis de ce droit comme de l’impiété et tout le dommage et le danger
beaucoup d’autres points qui lui sont appa- de la philosophie agnostique, autrement dit
rentés, à nous pénétrer des enseignements de la philosophie laïque, ce qui est tout un ;
pontificaux, surtout de ceux contenus dans - c’est ici que se révèle toute la nocivité du
les documents immortels de Léon XIII et libéralisme, même de celui qui se camoufle
dans la lettre Apostolici muneris du saint sous des apparences catholiques, qui
Pape, Pie X, les résumant tous. – accepte et consent de taire Dieu, de l’igno-
4° Il faut que les catholiques, se faisant rer, de le cacher, dans ses programmes
l’écho de ces deux Pontifes affirment haute- grandiloquants de vie politique et sociale.
ment à la face des ennemis de la société, Taire Dieu – il faut le rappeler – c’est
francs-maçons et socialistes, les faits immua- nier Dieu, et l’action à base laïque, à forme
bles suivants, fixés par la nature, voulus par laïque sous prétexte d’éliminer et d’éviter ce
Dieu, auteur des individus et de la société : qui peut être cause de division – église, reli-
- a) l’inégalité du bien-être matériel des gion, Dieu – finit par éliminer et nier Dieu.
individus; - b) la distinction des diverses Y a-t-il impiété plus sacrilège et mons-
classes sociales ; - c) le droit absolu à l’inté- trueuse ?… Dieu ne divise pas, au contraire,
gralité de l’héritage familial ; - d) le respect il est l’unique lien et anneau de conjonction
des lois économiques naturelles, outrageu- des esprits et des âmes, l’unique lien social.
sement méconnues par le socialisme non Par conséquent, pour un catholique,
moins que par l’état moderne athée et mé- faire partie de toute œuvre sociale, patrio-
créant ; - e) la distinction nette et adéquate tique, politique, économique à base laïque
entre les devoirs de stricte justice et ceux ou sans Dieu, dans laquelle les droits de
de la charité de la part des patrons et des Dieu ne sont pas clairement exprimés et af-
ouvriers ; - f) l’obligation, le devoir impres- firmés, c’est ni plus ni moins une apostasie.
criptible pour les ouvriers de respecter le Et c’est en même temps une stupidité.
contrat de travail, pourvu qu’il soit honnête La raison – c’est du moins ce que l’on
et honnêtement rétribué. dit – pour laquelle tant de catholiques
5° Il faut dénoncer, au nom de la doc- s’obstinent, dans leur action publique, so-
trine catholique, le délit, la folie, l’impiété ciale ou politique, à mettre en sourdine, les
des rêves de coalition économique et socia- droits de Dieu, de la religion, de l’Église,
le et toute forme d’organisation profession- est de pouvoir ainsi mieux pénétrer le camp
nelle aboutissant au socialisme, ainsi que des adversaires.
tout syndicalisme neutre ou amoral, comme Nous, au contraire, nous disons que
celui qui conduit fatalement à la lutte anti- c’est là une illusion, rien d’autre.
chrétienne des classes entre elles. Que le seul et unique instrument de pé-
Comme nous l’avons mentionné, notre nétration possédé par le catholicisme pour
revue engagera aussi le combat contre convertir les incrédules est justement,
l’aconfessionalisme et l’interconfessionalis- d’une part, cette base naturelle et ration-
me si à la mode aujourd’hui dans le camp nelle de notre doctrine, laquelle constitue
de l’action catholique et qui conduisent ladite théologie naturelle, et d’autre part,
inévitablement au laïcisme pur et simple. pour ce qui est de nos adversaires, ce
Le caractère distinctif de l’action des ca- germe inné de religion qui se trouve dans
tholiques, dans toutes les branches de leur l’esprit et la conscience de toute créature
activité, doit être le principe catholique, humaine, cette lumière qui, selon la parole
doit être Dieu. de l’Évangile “illumine tout homme qui
Car, taire Dieu, ignorer Dieu, se passer vient en ce monde”, cet instinct qui porte et
de Dieu n’est pas seulement, pour nous élève toutes les créatures vers Dieu, “té-
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moignage, comme disait Tertullien, d’une qu’il faut respecter ; mais il faut agir comme
âme naturellement chrétienne”. si Dieu existait ; - le catholique libéral, à
Or le laïcisme, l’aconfessionalisme et l’opposé, confesse que Dieu existe, mais
l’interconfessionalisme éliminant, d’une ma- dans la pratique, dans le droit publique,
nière plus ou moins explicite, Dieu, la Foi en dans la vie il accepte et consent à œuvrer
Lui, et l’Église de la base et du fondement comme si Dieu n’existait pas.
de toutes les actions possibles entre catho- Telle est l’extrême conséquence, à la-
liques et acatholiques ou non croyants, sup- quelle, hélas, arrivent un certain nombre de
prime précisément en nous l’instrument de catholiques et qui fait que l’action catho-
la pénétration active et dans les adversaires lique ne se distingue en rien de celle de
l’organisme passif de la pénétrabilité. leurs adversaires et des ennemis de Dieu, et
Or – il faut se le rappeler et nous le ré- concourt même malheureusement à lui ser-
pétons intentionnellement – c’est là que ré- vir de marchepied et de soutien.
side tout le plan infernal du laïcisme ; c’est En effet de même que nos adversaires
là aussi que réside toute la lamentable illu- ne craignent rien plus que nos affirmations
sion du libéralisme “complice et allié très nettes et tranchantes, rien ne les fait plus
fidèle de l’athéisme”. jubiler que cette faiblesse qui nous fait ca-
Au lieu de pénétrer le camp adverse, ce cher notre caractère et fait de nous leurs
sont fatalement les catholiques prétendus serviteurs et leurs esclaves, abaissant en
libéraux qui sont pénétrés, absorbant tout le nous la sainteté des principes et de la doc-
venin des erreurs et des principes de leurs trine divine que nous professons.
ennemis. Telles sont les plus graves et principales
Le laïcisme en effet n’est rien d’autre questions sur lesquelles porteront notre ré-
que le libéralisme franc, logique, cynique. flexion et notre travail dans cette revue :
Et le libéralisme catholique, ce libéralisme cependant nous nous occuperons aussi du
qui, par peur, par faiblesse, méconnaît le patriotisme et du féminisme. À l’encontre
surnaturel, supprime dans son action tout de ce nationalisme païen auquel le concept
caractère de confessionalité, se met à de patrie est uni aujourd’hui, et qui fait par-
l’écart de Dieu, est un laïcisme incohérent, faitement pendant au syndicalisme areli-
illogique, mensonger. gieux, le nationalisme païen considérant les
Le libéralisme catholique, qui peu à peu nations de la même façon que le syndicalis-
devient aconfessionalisme, interconfessiona- me religieux considère les classes sociales,
lisme, syndicalisme neutre, modernisme so- c’est-à-dire comme des collectivités, chacu-
cial et parfois aussi semi-socialisme et faux ne de ces collectivités pouvant et devant
démocratisme, est l’inverse du pragmatisme. même défendre ses propres intérêts et com-
Le pragmatisme est l’erreur de ceux qui battre en excluant et allant au besoin à l’en-
disent : – je ne sais ni ne peux savoir s’il y a contre les intérêts des autres, nous défen-
un Dieu, une vérité absolue, une loi divine, drons le vrai concept et le véritable amour
de la patrie ; de même, à l’encontre de ce
féminisme, qui tend à dénaturer la femme,
la menant dans des champs d’action et de
combat qui ne sont pas les siens, nous illus-
trerons l’action de la femme tant par rap-
port à la vie de famille qu’à la société.
La critique bibliographique, faite avec
les critères les plus sérieux et impartiaux,
ainsi que diverses notes scientifiques, au
service tant du clergé que des associés laïcs,
complèteront le travail de notre pério-
dique.
Et voilà exposé notre programme.
Les armes du Pape Nous avons voulu l’exposer amplement,
saint Pie X point par point, notre intention n’étant pas
seulement de développer un programme
purement théorique ou philosophique,
45
Pèlerinage Notre-Dame-de-l’Osier
Conférences
Conférence à Trente
D epuis
cet
été, nos fi-
dèles de
L e 17 mars, une conférence publique à
Trente a été organisée par le “comitato
San Simonino ”, nouvellement constitué,
Lyon ont
la joie
d’assister
pour demander la aux offices
restitution des re- dans un
liques et la restau- nouveau
ration du culte du local,
saint. L’abbé Ri- à quelques
cossa y est inter- mètres du quai Saint-Vincent… là-même,
venu pour com- où, il y a 40 ans, d’autres prêtres ont com-
menter “Pasque mencé la résistance aux changements
di sangue”, le “li- conciliaires. Le 21 octobre dernier, l’inau-
vre censuré” de guration de cette nouvelle chapelle a ras-
Ariel Toaff. À no- Le martyrdeduTrente
petit St Simon
semblé tous nos fidèles de la région. Du-
ter que la presse rant cette belle journée, et en présence de
locale s’y est largement intéressée. l’abbé Ricossa et de Mère Marie-Monique
de la Maison St-Joseph, chacun a pu affer-
N os conférences à Paris en 2007 : alors
que l’Institut fêtera bientôt ses deux
ans de ministère à Paris, ces conférences
mir sa piété et sa doctrine, le tout dans un
esprit d’une amitié toute catholique :
Grand-Messe, repas, conférence de l’abbé
deviennent des rendez-vous traditionnels. Murro, chapelet et Salut du Très Saint-Sa-
Les abbés Murro et J. Le Gal ont parlé en crement. Deo Gratias, et merci à tous nos
mars sur l’infaillibilité pontificale, l’abbé bienfaiteurs que nous n’oublierons jamais
Ricossa en octobre pour souligner l’anti- dans nos prières à l’autel !
thèse entre l’œuvre de saint Pie X et l’ac-
tion actuelle de Benoît XVI. Ces conféren-
Conférence à Paris
CENTRES DE MESSES
RÉSIDENCES DES PRETRES DE L’INSTITUT et 3ème dimanche du mois à 10h30. Confessions
ITALIE: Verrua Savoia (TO). Maison-Mère. Isti- à 9h45. Autres dates possibles. Pour toute in-
tuto Mater Boni Consilii - Località Carbignano, formation: 06.78.37.81.43.
36. Ste Messe: en semaine à 7h30, le dimanche à
18h. Tél.: +39.0161.83.93.35 Fax : ITALIE
+39.0161.83.93.34 - E-mail : info@sodalitium.it Chieti Scalo: Oratorio del Preziosissimo Sangue, via
San Martino dei Mulini (RN). Casa San Pio X. Colonnetta 148. Le 2ème dim. à 18h30, le 4ème dim.
Abbé Ugo Carandino - Via Sarzana 86. à 10h30.
Pour toute information, Tél (et Fax) +39. Ferrare: Chiesa S. Luigi, Via Pacchenia 47 Al-
0541.75.89.61. E-mail : info@casasanpiox.it. barea. Ste Messe tous les dimanches à 17h30.
ARGENTINE: Rosario. Casa San José - Abbé Le 3ème dimanche du mois à 11h30.
Sergio Casas-Silva, Iguazú 649 bis, C. P. 2000 - Loro Ciuffenna (Arezzo): Fattoria del Colom-
Rosario (Santa Fe). Tous les dimanches, Ste baio, str. dei 7 ponti. Ste Messe le 1er diman-
Messe à 10h. E-mail : casasanjose@sodalitium.it che du mois à 17h30.
BELGIQUE: Dendermonde. Mgr Geert Stuyver: Maranello (Modène): Villa Senni. Strada per Fo-
Kapel O.L.V. van Goede Raad, (chapelle N.-D. gliano. Ste Messe tous les dimanches à 11h, sauf
du Bon Conseil) Koning Albertstraat 146 - 9200 le 3ème dimanche du mois à 9h.
Sint-Gillis Dendermonde: Ste Messe le diman- Milan: Oratorio San Ambrogio. Via Vivarini 3.
che à 9h30. Tél. (et Fax): (+32) (0) 52.38.07.78. Ste Messe tous les dimanches et fêtes à 11h.
FRANCE: 350 route de Mouchy Raveau 58400. Padoue: le 2ème dimanche du mois à 18h.
Pour toute information, tél. au 03.86.70.11.14. Rimini: Oratorio San Gregorio Magno, via Mo-
lini 8: le 1er et 2ème dimanche Messe à 11h, le
AUTRES CENTRES DE MESSES 3ème et 4ème dimanche du mois à18h30.
FRANCE Rome: Oratorio San Gregorio VII. Via Pietro
Annecy: 11 avenue de la Mavéria. Tél.: della Valle, 13/b: Messe le 1er, 3ème, 5ème dim. à
09.53.16.39.01. Ste Messe le 2ème et 4ème dimanche 11h.
du mois à 10 h. Confessions à 9h. Rovereto (Trente): Messe le 1er, 3ème, et 5ème di-
Cannes: Chapelle N.-D. des Victoires. 4 rue Felle- manche du mois à 18h.
gara. Tél.: 04.93.46.78.54. Ste Messe le 2ème et 4ème Turin: Oratorio del Sacro Cuore, via Thesauro
dimanche du mois à 18h. 3/D. Dimanches: Messe chantée à 9h. Messe
Lille: Ste Messe le 1er et 3ème dimanche du mois à basse à 11h15. Tous les premiers vendredis du
17h. Confessions à 16h30. Pour toute infor- mois: Messe à 18h15.
mation: Mgr Geert Stuyver en Belgique. Valmadrera (Lecco): via Concordia, 21. Ste Messe
Lyon: Chapelle N.-D. du Bon Conseil. 11 rue Pa- le 2ème et 4ème dimanche du mois.
reille. Tél.: 06.70.45.77.28. Ste Messe le 2ème et Varèse - Modugno (BA) - Potenza: se renseigner
4ème dimanche du mois à 17h. Confessions à à Verrua Savoia. Tél.: +39.0161.83.93.35
partir de 16h30. Confessions une demi-heure avant les messes.
Paris:: 17 rue Bleue, 75009 (code 65B09, au fond Pour toute information, téléphoner à Verrua
de la cour à gauche, 2° étage). Ste Messe le 1er Savoia ou à San Martino dei Mulini.