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DDESTFP – ALIBORI SESSION DE 2024

EXAMEN BLANC DEPARTEMENTAL – BAC


EPREUVE : FRANCAIS
SERIES : A1-A2-B-C-D
DUREE: 4 H
COEF: 5/4/2

Situation d’évaluation
Les rois sont les garants de la tradition et de l’équilibre de leur communauté. Ils ont longtemps
servi de repère de par leur statut et leur probité. Mais, ils sont nombreux aujourd’hui à poser des actes
si déshonorants que les jeunes leur dénient toute responsabilité. Tu aimerais savoir comment se
manifeste la dévalorisation de la royauté.
Voici un corpus de textes qui t’est proposé pour appréhender ce fait.
Tu es invité (e) à lire chacun des textes plusieurs fois et attentivement avant de répondre aux
consignes.
CORPUS DE TEXTES
Texte 1 : Chefferies africaines : institutions en danger, Blaise-Pascal TALLA, journal de
l’Afrique en Expansion, N°353, Février 2004.
Texte 2 : la fuite, Hermann Yao KOUASSI, IMMERGENCE suivi de La Fuite,
Cotonou, Edition Wéziza, 2014 p.60.
Texte 3 : Des rois mal dans leur peau, Moïse DOSSOUMOU, Editorial, in Fraternité
N°3946 du mardi 15 septembre 2015.
TEXTE 1 : Chefferies africaines : institutions en danger
[…] De plus en plus souvent, les chefs traditionnels sont ainsi nommés, avec l’aval des
gouvernements en place, au lieu d’être choisis en application des règles traditionnelles et
validés par les conseils des notables. Signe des temps : dans de nombreux pays, à travers
toute l’Afrique noire, le pouvoir politique s’est si bien infiltré dans les sphères traditionnelles
que les chefs sont officiellement classés auxiliaires d’administration – ce qui signifie que le
plus petit ou sous-préfet leur est hiérarchiquement supérieur. Un tel dévoiement de l’autorité
traditionnelle est contraire à l’esprit et à la lettre des us et coutume africains, car il
décrédibilise le personnage le plus sacré de la société en le ramenant au rang d’un simple
commis administratif de village.
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Plus graves : les chefs traditionnels qui, hier encore, étaient des personnalités
hautement respectées pour leur neutralité et leur positionnement au-dessus des groupes
politiques, sont plus en plus nombreux à être enrôlés dans les états- majors de partis
politiques. On a ainsi vu le défunt Ngnié Kamga Joseph faire campagne pour un parti
politique et user de son autorité pour tenter d’intimider ceux de ces sujets qui avaient le tort
de s’affiler à des formations politiques différentes de la sienne. Ce faisant, il ne se ridiculisait
pas seulement (paix à son âme), il dévalorisait également la noble fonction qu’il occupait.
Des Etats non-démocratiques s’appuient ainsi sur des chefs traditionnels pour maintenir les
populations dans l’obscurantisme.
On constate aussi, que nombre de chefs sont si obnubilés par l’enrichissement
personnel qu’ils sont prêts à se lancer dans toutes sortes d’activités pour se procurer de
l’argent. Après leur couronnement comme souverains traditionnels, certains d’entre eux
continuent, par exemple, de travailler comme fonctionnaires ou agents de l’Etat, ou à gérer
leurs petites affaires, histoire d’arrondir leurs fins de mois. Or, par définition, un chef
traditionnel africain digne de ce nom n’a pas de besoins matériels, puisque son peuple
s’organise pour subvenir à ceux-ci et financer son train de vie. L’histoire enseigne qu’un
souverain obligé de se lancer dans les activités professionnelles ou commerciales pour assurer
sa suivie, perd son indépendance de jugement et met en danger la dignité du peuple qu’il est
censé représenter.
Quant aux notables dont le rôle est, en principe, de servir de conseiller du souverain,
de veiller au respect des traditions et d’être ainsi les gardiens de la mémoire historique de la
communauté, ils n’hésitent pas non plus à s’investir en politique, ou à brader leurs services au
plus offrant. Dans tous les pays, ils sont nombreux désormais à monnayer leurs titres de
noblesse, à se laisser utiliser par les clans, à se rendre complices de tentatives de pillage des
terrains et du patrimoine du village par des hommes d’affaires puissants. Malgré leur âge
généralement avancé, on en voit même certains fréquenter les boites de nuit à la mode pour
danser « ndombolo » ou le « ben-sikin » ou le « zouk », ou abandonner leur dignité lors de
beuveries dans des bras et courir après de jeunes filles avec la fougue de leur capacité
d’influence.
Les responsables de cette désespérante évolution sont nombreux. Il y a évidemment
les dirigeants politiques africains, toujours prêts à faire feu de tout bois assouvir leurs
ambitions personnelles. Leur action s’inscrit en droites lignes de celle des colons d’hier, qui
avaient compris que le meilleur moyen de maintenir les populations africaines sous le joug de
leur domination était de décapiter les chefferies les plus puissantes et les mieux organisées,
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ou alors de les subvertir en interférant dans leur organisation et leur fonctionnement. Il y a
également certaines élites villageoises, que la pauvreté et la misère ont progressivement
transformées en mendiants, qui n’hésitent pas à monnayer le moindre pouvoir dont elles
disposent-même si cela a pour conséquence de détruire le socle institutionnel des chefferies
africaines. Il y a enfin les populations elles-mêmes, affaiblies par le découragement et le
dénuement, et prêtes à tolérer qu’on leur impose des souverains illégitimes et indignes.
Les chefferies se trouvent aujourd’hui à la croisée des chemins. Mais le pire n’est pas
forcément à venir. Les Africains sont encore très nombreux à croire au caractère sacré de ces
institutions qui pourraient servir à stimuler le développement politique et économique du
continent. Le nécessaire équilibre entre la tradition, le culte de la mémoire collective, la
préservation du patrimoine, les exigences de la modernité et les aspirations individuelles est
certes délicat […] il est urgent que l’Afrique se réapproprie une institution dont elle a de
bonnes raisons d’être fière.
Blaise-Pascal TALLA Journal de l’Afrique en Expansion, n°353, Février 2004

Texte 2 : la fuite
Nous souffrons de repère
L’altruisme est absent
Les vices se développent au vu et au su des Eveilleurs de conscience
des Gardiens du temple
tout est désacralisé
et ils sont devenus inertes comme des carpes
aveugles ils sont devenus

ils sont sourds


muets ils sont demeurés
nous souffrons de repère
ils ne réagissent que devant des vanités
devant des vanités ils grelottent
devant ces vanités leurs yeux scintillent
ils jubilent
ils ne jouent plus le rôle qui est le leur
ils adorent le plus offrant de ces vanités
et c’est à ce moment qu’ils sortent leur museau
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c’est en ce moment ils vocifèrent
pour louanger leur propriétaire
celui qui assure désormais la santé de leur rumen
nous souffrons de repère
face aux orages sociaux cruels ils sont pris de forces par le sommeil
ils sont enterrés
Nous souffrons de repère
tout est désacralisé dans ce royaume
Un royaume reconnu pour sa révérence
pour ses valeurs il est reconnu
Tout est embourbé
la valeur est sapée
la valeur est détruite
la turgescence du ventre dicte sa loi
Herman Yao KOUASSI, IMMERGENCE suivi de la fuite, Cotonou, Edition wéziza, 2014, p : 60.

Texte 3 : Des rois mal dans leur peau


Les têtes couronnées se tournent les pouces dans le palais et cherchent
désespérément des occupations pour remplir leurs journées. Dessaisis progressivement
des prérogatives conférées à leurs illustres prédécesseurs, la plupart des rois n’ont
d’autorité aujourd’hui que dans le périmètre des palais, du moins ce qu’il en reste. L’Etat
ayant réussi à reverser dans son escarcelle l’essentiel des tâches d’administration de la
cité autrefois dévolus aux rois, princes et courtisans. Du coup, les membres des familles
royales ne sont plus que de simple gardien de la tradition. Un titre qu’ils ont du mal à
porter. Pourtant, ils bénéficient toujours dans une société foncièrement conservatrice,
malgré ses airs de modernité, d’une place de choix dans les cœurs des populations.
Seulement, les rois refusent de se contenter de cette estime populaire et adoptent plutôt
des postures compromettantes.
Ces dernières années, on les a beaucoup vus, hors des enceintes des palais,
s’adonner à des activités pour le moins surprenantes. Prises de positions subites et
inexpliquées sur des sujets qui n’ont rien à voir avec leur quotidien, présences
remarquées et constantes à des actions purement politiciennes et partisanes, bénéficiaires
de dons tout le moins suspects… la liste n’est pas exhaustive. Le moins qu’on puisse dire
c’est que nos rois ont défié les limites du possible pour s’afficher comme des partisans
des causes dont ils ne maîtrisent ni les tenants, ni les aboutissants. Regroupés le plus
souvent par affinités, on les a vus, toute honte bue, soutenir un camp au détriment d’un
autre et revenir se dédire l’instant d’après, toujours sur la place publique. Une volte-face
à 180° dont ils sont passés maîtres.

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Non contents de s’être négativement illustrés aux yeux de l’opinion lors des deux
dernières consultations électorales, les rois sont de nouveau sur la sellette. L’imminence
de la présidentielle (…) inaugure une nouvelle foire électorale : la campagne pour
l’éclosion des candidatures, précisément celle des gros bonnets. Une aubaine pour les
têtes couronnées qui se jettent dans le feu de l’action. (…). Les têtes couronnées sont-
elles devenues des démarcheurs politiques ? Le mieux pour elles ne serait-il pas de se
débarrasser de leurs attributs afin de s’investir dans l’arène politique comme le ferait tout
citoyen désireux de s’y engager ?
(…) La portion congrue dévolue aux gardiens de la tradition, en l’occurrence la
présidence des cérémonies coutumières, culturelles et cultuelles n’est plus du goût des
rois. Ils veulent plus, beaucoup plus. Désormais ils veulent figurer au rang des personnes
manipulables et se laissent aller dans tous les sens comme des girouettes. Si les gardiens
de la tradition se comportent de la sorte, que peut-on espérer des plus jeunes qui
observent silencieusement cette dérive ? C’est peu dire que l’oisiveté a éloigné les rois du
sens des valeurs qu’ils sont censés promouvoir au point de se laisser compromettre dans
les pratiques peu recommandables.
Heureusement qu’il en existe encore parmi eux qui exercent passionnément et ce
dans la plus grande dignité leurs fonctions. Mais toujours est – il que les rois dont les
pratiques sont décriées ont la possibilité de se rattraper. Leur place dans la société reste
désespérément vacante. Encore faudrait – il qu’ils soient prêts à l’occuper.

Moise DOSSOUMOU, Editorial, in Fraternité N° 3946 du mardi 15 septembre 2015.

I- QUESTIONS SUR LA COMPETENCE DE LECTURE (4 pts)

Du point de vue des idées, dis ce qui rapproche les textes 1 et 3. Relève la spécificité
du texte 2.

II- TRAVAUX D’ECRITURE (16 pts)

Sujet : CONTRATION DE TEXTE (Texte N°1)

Consigne :

1- Indique la relation logique qui existe entre les phrases 2 et 3 contenues dans le
paragraphe N°3. Précise le mot qui établit cette relation et donne sa nature. (2 pts)
2- Dégage la structure du texte et propose un titre à chaque partie trouvée. (2 pts).
3- Résumé (5 pts)
Ce texte comporte environ 765 mots. Résume-le au quart (1/4) de son volume, soit
181 mots. Une marge de 10% en plus ou en moins est tolérée.
Tu préciseras à la fin de ton résumé le nombre exact de mots utilisés.
4- Discussion : (7 pts)

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Dans son article, Blaise – Pascal TALLA conclut : ‘’ il est urgent que l’Afrique se
réapproprie une institution dont elle a de bonne raison d’être fière.’’
Dis si tu partages cette idée.
Sujet N°2 : Commentaire composé : Texte 2
Tâche : Tu fais de ce texte un commentaire composé à ton gré. Tu pourras
montrer par exemple comment le poète dénonce les tares d’une société en
décadence.
Consignes
1- Analyse le texte (6pts)
a- Tu dégages l’idée générale du texte (2pts)
b- Tu proposes deux centres d’intérêt que tu peux développer dans ton
commentaire.
c- Tu relèves deux procédés formels liés à chacun de ces centres d’intérêt et tu
donnes l’idée que chaque procédé suggère. (2pts)
2- Tu rédiges ton devoir (10 pts)
Sujet N°3 : Dissertation : Texte 3
Selon l’auteur, les rois « bénéficient toujours dans une société foncièrement
conservatrice, malgré ses airs de modernité, d’une place de choix dans les cœurs
des populations ».
Partages-tu ce point de vue ?
Consignes
1- Tu dégages le problème posé dans le sujet (2pts)
2- Tu construis le plan de ton corps du devoir (2pts)
3- Tu rédiges ton devoir (10pts)

FIN

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