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GUERNICA, PICASSO, 1937

L’ART DE L’INDIGNATION

« La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements, c'est un instrument
de guerre, offensif et défensif, contre l'ennemi. » Pablo Picasso

Œuvre : « Guernica » est une des œuvres les plus célèbres de Pablo Picasso. C’est
une huile sur toile de 7 x 3 mètres, réalisé en 1937 et actuellement exposé au
musée de la reine Sophie à Madrid.

Contexte : La guerre civile espagnole éclate en 1936. Une grande partie du pays
est sous contrôle des nationalistes du Général Franco. Le pays Basque forme le « Le dimanche 26 avril 1937, comme tous les dimanches, c’était le jour du mar-
front nord d'opposition aux franquistes. L’Italie de Mussolini, l’Allemagne d’Hitler ché. A quatre heures et demi, les cloches sonnèrent pour annoncer un raid aé-
et l’Espagne de Franco sont alliées dans cette étape essentielle de la marche à la rien. Des gens se mirent à courir pour gagner la campagne. Les bombardiers les
guerre en Europe. Le 26 Avril 1937, un raid aérien de 50 appareils de la légion poursuivirent en les mitraillant. Le centre du village fut complètement détruit et
Condor , de la "Luftwaffe" allemande lâche 50 tonnes de bombes incendiaires sur brûlé. Il y eut 1654 morts et 889 blessés ».
la petite ville basque de Guernica, dans le nord de l’Espagne. « Libération », Marco Cianfanelli, 2012, A l’occasion du 50è anniversaire de l’empri-
sonnement de l’ancien président de l’Afrique du sud, l’artiste italien Marco Cianfanelli a
Analyse : La monochromie du tableau, son absence de couleur exprime la gravité créé cette sculpture. L’œuvre est composée de 50 colonnes d’acier découpées au laser, des-
du sujet .C’est le symbole des horreurs de la guerre. Par ailleurs le noir et blanc sinant au loin le visage de Nelson Mandela. La sculpture est installée à KwaZulu-Natal, là où
évoque la presse: Picasso, informé par voie de presse, l’a incorporé à son œuvre: il a été arrêté en 1963.
le pelage du cheval, fait de petit traits serrés, réguliers et alignés rappelle les ca-
ractères typographiques. Les forts contrastes de lumière accentue la violence du Au fur et à mesure qu’on avance
tableau où les corps sont démembrés, les visages tordus par la peur ou la dou- vers le monument, la figure de Nelson
leur. La lampe, comme un grand œil divin, est entourée de pointes irrégulières, Mandela prend forme à un point précis.
une ampoule remplaçant la pupille. Picasso se sert aussi de symboles empruntés En se plaçant face au monument, on
à la mythologie espagnole: le cheval blessé placé au centre de la composition peut y voir, par un jeu de lumière, le
pyramidale, représente le peuple; la liberté est mourante. portrait du premier président noir qu’a
connu l’Afrique du Sud. C’est une œuvre
dans laquelle le public peut évoluer et
Conservation : Picasso voulu explicitement faire don au peuple espagnol de ce se déplacer. L’artiste invite le spectateur
tableau mais à une condition : « Quand les libertés publiques seront rétablies en à pénétrer dans la tête de Nelson, de
Espagne ». Après une période où elle fut présentée à travers le monde de 1937 à s’inspirer de ses idées, d’entrer dans
1939, la toile resta aux États-Unis (principalement au MoMA de New York) durant son esprit. Les barres d’acier symboli-
une quarantaine d'années en raison de l'entrée de l'Europe dans la Seconde Guerre sent les barreaux de la prison dans la-
mondiale et du refus catégorique de Picasso, que l'œuvre aille en Espagne tant quelle Mandela est resté enfermé 27
qu'une démocratie n'y serait pas effective. Guernica y sera finalement accueilli en années. Et à la fin de la visite, le specta-
1981, après la mort de Franco. teur s’échappe de la prison inéluctable- «LIBÉRATION», CIANFANELLI, 2012
ment.

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