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Introduction à la Compatibilité électromagnétique (CEM).

1- Définitions.

1-1- Pourquoi la CEM ?


Les systèmes électroniques ne sont pas isolés de leur environnement :
Ils sont soumis avec une certaine sensibilité aux perturbations électromagnétiques extérieures
mais sont aussi sources de perturbations électromagnétiques.

La CEM est la discipline qui va étudier les influences électromagnétiques entre les différents
systèmes (sources et victimes).

1-2- Sources de perturbations électromagnétiques.


Sources naturelles : la foudre, les décharges électrostatiques, le rayonnement cosmique.
Sources artificielles : télécommunications, transport de l’énergie, moteurs, commutations…

1-3- Normes CE : directive n°89/336/CEE.


Le nombre croissant d’appareils électriques et électroniques a nécessité la mise en place de
normes pour permettre un fonctionnement en toute fiabilité et sécurité… Dans l’Europe.

CE : Certification Européenne, spécifie que l’appareil répond aux normes européennes CEM.
Cette certification est obligatoire pour tout appareil introduit sur le marché européen depuis le
1er janvier 1996. Elle concerne aussi la modification des appareils.
Traduction de la norme dans le décret Français :
« Aptitude d’un dispositif, d’un appareil ou d’un système à fonctionner dans son
environnement électromagnétique de façon satisfaisante et sans produire lui-même de
perturbations électromagnétiques de nature à créer des troubles graves dans le
fonctionnement des appareils ou des systèmes situés dans son environnement »

NORMES
P (W )
GdBm = 10.log
marge d'immunité 10 −3
(disfonctionnement) dans 50 Ohms
niveau niveau de niveau niveau de
d'émission compatibilité d'immunité scusceptibilté

niveau de perturbation

E (V / m )
Extraits de normes pour un champ perturbateur rayonné. GdBµV/m = 20.log
1µV / m

Appareil de classe A : mesures effectuées à une distance de 30m.


Gamme de fréquences Valeur max. crête
MHz dBµV/m
30 à 230 30
230 à 1000 37

Appareil de classe B : mesures effectuées à une distance de 10m.


Gamme de fréquences Valeur max. crête
MHz dBµV/m
30 à 230 30
230 à 1000 37

U (V )
Extraits de normes pour une perturbation conduite (câble). GdBµV = 20.log
1µV

Appareil de classe A aux bornes d’un réseau RSNIL (Réseau de stabilisation d’impédance de lignes).
Gamme de fréquences Valeur moyenne limite Valeur max. crête
MHz dBµV dBµV
0,15 à 0,50 66 79
0,50 à 30 60 73

Appareil de classe B aux bornes d’un réseau RSNIL.


Gamme de fréquences Valeur moyenne limite Valeur max. crête
MHz dBµV dBµV
0,15 à 0,50 56 66
0,50 à 5 46 56
5 à 30 50 60
2- Couplages.

2-1- Couplages par conduction. On distingue 3 types de couplage.

Couplage par impédance commune : lorsque deux mailles d’un circuit ont en commun un
tronçon de ligne d’impédance non négligeable, ce dernier est à l’origine d’une tension u = Zp.i.

Couplage capacitif : lorsque deux câbles conducteurs sont alignés et proches, les surfaces
dv
en regards forment un condensateur. Cela engendre des courants d’intensité ip = Cp. .
dt
dv
Les commutations des circuits logiques sont sources de importantes.
dt

Couplage inductif : Lorsque une maille forme une boucle, elle peut être source de champ
dφ dH di
magnétique ou être le siège de f.e.m. induites e = - = µ 0.S. et auto induites up = Lp. .
dt dt dt
di
Les commutations des circuits de puissance (hacheur) sont sources de importantes.
dt

De même deux conducteurs s’influencent mutuellement :

di1 di
up = Lp. + Mp. 2 .
dt dt

Remarque :
Lorsque ces couplages interviennent sur un même circuit (circuit imprimé par exemple), on
parle de diaphonie (capacitive ou inductive).

conducteurs sources de couplage capacitif mutuelle induction


i1(t)
i2(t) Cp Mp
Lp
v1(t) v2(t) surface à l'origine
R2 R1
d'un couplage inductif

impédance Zp commune aux deux mailles


Modèle des lignes à constantes réparties.

bifilaire coaxiale portion de longueur∆ x


i(x, t) i(x+∆ x, t)

d d r.∆ x L. ∆ x
D v(x, t) v(x+ ∆ x, t)
G'. ∆ x C.∆ x
D
x x+∆ x

Les éléments r (Ω/m) ; L (H/m) ; G’ (S/m) et C (F/m) sont des constantes réparties de la portion ∆x.

D 2. D
Ligne coaxiale : L = 0,2.10-6.ln ; Ligne bifilaire : L = 0,4.10-6.ln ;
d d

C = 0,055.10-9. ε r . C = 0,028.10-9. εr .
D 2. D
ln ln
d d

εr est la permitivité relative de l’isolant entre les deux conducteurs (εr entre 1 et 3).

2-2- Couplages par rayonnement électromagnétique.

Tout circuit parcouru par un courant électrique ou soumis à une D.D.P. variable est source d’un
champ électromagnétique.

Ce champ électromagnétique se propage (rayonne) et peut perturber son environnement.


Il est constitué d’un champ électrique E (V / m ) et d’un champ magnétique B (T ) = µ 0 .H ( A / m ) .

La vitesse de propagation de l’onde radioélectrique dans le vide est C ≈ 3.108 m/s.


1
Pour une onde de fréquence f, la distance parcourue pendant une période T = est λ = C.T.
f
λ
Pour des distances r à la source inférieure à , le champs est dit proche.
2.π
i(t)

Dipôle électrique (doublet) :


1 v(t) L
Le champ E (V / m ) est prépondérant et décroît en .
r3

Dipôle magnétique (boucle) : i(t)

1
Le champ H ( A / m ) est prépondérant et décroît en . S
r3 v(t)
λ
Pour des distances r supérieure à , le champ est dit lointain.
2.π
E
Les champs E (V / m ) et H ( A / m ) sont alors proportionnels : = 377Ω.
H
1
Les intensités de E et H décroissent en .
r
2
E eff Pe 1
La puissance rayonnée est P(W/m²) = Eeff.Heff = = et décroît en 2 .
377 4.π .r ² r

2-3- Modes commun et différentiel.

id ic/2

Source Victime Source Victime


id ic/2
ic ic

Mode différentiel (10%) Mode commun (90%)

En réalité les deux modes coexistent et se superposent.

Couplages directs en mode commun et en mode différentiel.


Dans le couplage direct, la perturbation se propage directement dans le canal lors d’un échange
d’information ou d’énergie.

Couplages par impédance commune en mode commun et en mode différentiel.

Réseau

id-ic/2 id+ic/2 i'd-i'c/2 i'd+i'c/2

Source Victime

ict
ic i'c

Dans le couplage par impédance commune, la source et la victime n’échangent théoriquement


pas d’informations ou d’énergie.

La perturbation se propage et se partage par l’intermédiaire d’un réseau en présence avec


d’autres sources perturbatrices connectées.
3- Solutions (recommandation CEM).

3-1- Stratégie de placement.

Eloigner les courants forts des courants faibles (circuits de puissance et de commande)
Séparer les parties analogiques des parties numériques (séparation des alimentations).
Placer les éléments qui consomment le plus de courant prés des alimentations.
Pour faciliter le filtrage, adopter des signaux sous forme de trapèze plutôt que rectangulaire.

3-2- Câblages.

Raccourcir au maximum les câblages et/ou élargir la section des pistes. (couplage par
impédance
Eviter les tronçons communs entre deux signaux de nature différente. commune)

signal 1 signal 1
masse masse
signal 1 signal 1
masse analogique masse analogique
signal2 signal2
masse masse
signal2 signal2
masse masse
BON MAUVAIS
Espacer les conducteurs de signaux différents ou intercaler des zones cuivrées - plan de
masse- reliées à la masse (couplage capacitif).

Eviter les intersections des conducteurs autres qu’à 90° (couplage inductif).

Bon Mauvais couplage M


self parasite

Minimiser la surface des boucles dans un circuit (couplage inductif).


i1(t)

R1
v1(t)

v2(t)
R2

i2(t)

Torsader alternativement les lignes dans un sens puis dans l’autre (perturbations rayonnées).
i1(t) B

v1(t) R1

Utiliser des câbles blindés pour les signaux les plus sensibles (perturbations rayonnées).

3-3- Raccordement des masses.

Adopter un plan de masse sur les circuits imprimés et favoriser le maillage des masses.
Relier les plans de masse aux châssis métalliques.
Respecter la reprise des tresses de blindage des câbles.

La reprise doit être faite


sur la totalité du périmètre
de la tresse et des deux
côtés.
3-4- Blindage.

Le blindage est constitué d’une enveloppe conductrice mise en place autour du circuit
électrique pour constituer un écran vis-à-vis des perturbations électromagnétiques H.F.

On considère que l’onde électromagnétique pénètre dans le blindage à la profondeur


1 A
δ= = (épaisseur de peau). δ ≈ Épaisseur du
π .µ..σ . f f

0,1
Pour du cuivre δ ≈ . Pour f = 1MHz : δ = 0,1mm. Pour f = 1GHz : δ = 3µm.
f
E 0 (V / m )
Efficacité du blindage en dB : SdB = 20.log
E r (V / m )
où E0 est la valeur du champ sans blindage et Er sa valeur avec blindage.

Le blindage est relié à la masse pour permettre l’évacuation des courants induits.

Limiter les ouvertures (alimentation et échanges d’informations) des blindages aux


dimensions . Préférer les ouvertures circulaires aux fentes.

3-5- Filtrage.

Le but est d’atténuer les perturbations conduites HF et BF dans les lignes d’alimentation, dans
les liaisons analogiques ou numériques…

Les anneaux de ferrite : pour le filtrage des perturbation HF > 30MHz.

Ce type de filtre absorbe les perturbations HF par effet Joule au niveau de l’anneau.

Les filtres de perturbations de mode commun pour l’alimentation secteur 50Hz.


Pour la réduction des perturbations conduites radiofréquences [150kHz, 30MHz].
OUI

Les filtres de perturbations de mode différentiel pour l’alimentation secteur 50Hz.


Exemple : P

Cx
N

Les condensateurs et filtres de traversée (filtrage au niveau des traversées des blindages).
Ce type de condensateurs ne présente aucune self parasite (aucune patte de liaison).

Lp
Exemple : P

Lp blindage
N

Extérieur

Condensateurs de découplage : pour réduire les variations transitoires prés des CI.
4- Mesures et tests.

4-1- Tests des perturbations conduites.

L’appareil à tester est branché sur un RSIL (réseau de stabilisation d’impédance de ligne).

Son impédance reste stable quelque soit l’appareil à tester.


Le RSIL est inséré entre le réseau et l’appareil.

Appareil
réseau RSIL charge
testé

plan de masse
analyseur
de spectre

Il doit isoler les perturbations du réseau (filtrage) et délivrer la tension de fonctionnement.

L’ensemble du montage est placé dans une chambre « semi-anéchoïque » (cage de Faraday).

Le RSIL permet la mesure des tensions vr1 = -50.(id + ic/2) et vr2 = 50.(id – ic/2).

50 Ω vr1 id+ic/2

source

50 Ω vr2 id-ic/2

ic
Pour les perturbations de fréquences supérieures à 30MHz, on admet que les perturbations
conduites rayonnent au niveau du cordon d’alimentation.

On place au début du cordon une pince qui donne une image de la puissance rayonnée.

4-2- Tests des perturbations rayonnées.

On utilise des antennes (champ-mètres) pour la mesure des champs rayonnés E (V / m ) et


H ( A / m ) . Le type de l’antenne est choisi en fonction de la fréquence du champ rayonné.

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