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PROJET DE RECHERCHE
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1. Contexte et justification
Le recours aux pesticides chimiques de synthèse pour la protection des plantes cultivées
contre les insectes ravageurs a consisté dans un premier temps en l’utilisation de produits
minéraux (bouillie bordelaise, sulfate de cuivre) au 19e siècle (Mondo et Ruiz, 1994). Dès le
20e siècle, au sortir de la 2e Guerre mondiale, des molécules essentiellement organiques plus
complexes et plus efficaces ont été développées (Mawussi, 2008). Elles ont montré leur
efficacité dans la protection des cultures et ont permis de réaliser notamment en Europe et en
Amérique l’objectif de sécurité alimentaire. Mais quelques décennies après, dans la seconde
moitié du 20e siècle, les effets néfastes des pesticides commerciaux, sur la santé humaine et
l’environnement ont été mis en évidence (Carson, 1962). Depuis lors, la recherche de
solutions alternatives reste une préoccupation aussi bien pour les fabricants que les
chercheurs. Dans le même temps, la conscience environnementale de plus en plus élevée chez
le consommateur et l’impératif de promouvoir une agriculture durable ont abouti à un
changement de paradigmes : l’agriculture durable, l’approche de lutte intégrée, la sécurité
sanitaire des aliments, etc. sont aujourd’hui une préoccupation.
Ainsi, l’approche de lutte intégrée préconisée par la FAO vise à réduire l’utilisation des
pesticides chimiques de synthèse tout en promouvant le recours à des moyens de lutte
naturelle incluant l’utilisation des pesticides naturels que l’on peut extraire de diverses parties
de certaines espèces végétales. Cependant, malgré les potentialités qu’offrent les pesticides
naturels en phytopharmacie, leur marché reste marginal. Selon Rochefort et al., (2006) le
marché des biopesticides n’atteignait qu’à peine 0,25% de celui des pesticides chimiques de
synthèse en 2006.
Au Togo, comme dans de nombreux autres pays en afrique subsaharienne, le recours à
l’utilisation des pesticides naturels est insignifiant. Malheureusement dans le même temps, des
cultures sensibles d’importance économique et nutritionnelle notamment en agriculture
urbaine et périurbaine nécessitent une protection phytosanitaire largement assurée par des
pesticides chimiques de synthèse parfois non homologués et souvent mal utilisés, exposant
ainsi dangereusement la santé des manipulateurs, des travailleurs et des consommateurs
(Diop, 2013 ; Bempah et al., 2012 ; Mawussi, 2008). Il est donc évident que, mettre à la
disposition des agriculteurs des produits naturels biodégradables, efficaces, à base de
molécules issues de matières premières locales, revêt une pertinence tant au plan de la
recherche que du développement.
Dans ce travail, le neem a été choisie comme plante modèle, en raison des propriétés
insecticides de son huile scientifiquement établies (Kolani et al., 2016 ; Gaboub et al., 1984;
Philogène et al, 1987; Faye, 2010) qui peut servir de matière active dans la formulation d’un
pesticide naturel prêt à l’emploi en agriculture et de sa forte présence dans toutes les zones
agroécologiques du pays et donc de sa disponibilité. les extraits du neem (Azadirachta indica
A. Juss), en particulier de la graine ont montré des propriétés insecticides sur divers insectes
(Rembold et al., 1989), notamment sur Musca autumnalis (Gaboub et al., 1984), Ostri-nia
nubilalis (Philogène et al, 1987), Dysdercus koenigi (Koul, 1984), Liriomysa trifolii (Webb et
al, 1983), Bemisia tabaci (Prahabaker et al, 1989), Plutella xylostella (Kolani et al, 2016),
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Spodoptera frugiperda (Lalle, 2021), sur Maruca vitrata sur le niébé (Traoré et al., 2019).
L'azadirachtine principale matière active (Faye 2010) a plusieurs effets sur les insectes
phytophages: antiappétissant / répulsif spectaculaire, perturbe la mue des insectes entraînant
des défauts morphologiques, avec dans certains cas, une prolongation de la période larvaire.
2. Objectifs
Objectif général
L’objectif générale de cette étude est de trouver une alternative aux pesticides chimiques de
synthèse en vue d’une protection durable des plantes (soja, tomate, etc.) en agriculture.
Objectifs spécifiques
- Formuler un biopesticide en nano-ou micro-émulsion à base d'huile de neem
par dispersion avec une solution de gomme arabique
- Evaluer la qualité du biopesticide formulé
- Evaluer l'efficacité du biopesticide formulé en laboratoire et au champ
3. Résultats attendus
À l'issu de cette expérimentation, les résultats suivants sont attendus:
4. Méthodologie
4.1. Cadre d'étude
L’étude sera réalisée à la Station d’Expérimentations Agronomiques de l’Institut Togolais de
Recherche Agronomique (ITRA) de Davié et de Kolokopé, pour les travaux de terrain, et de
laboratoire.
4.2 Matériel végétal
Le matériel végétal utilisé sera composé :
- Des semences de soja de variété TGX-1910-14F, et des semences de tomate de variété
Pectomech ;
- Des graines de neem
- Des graines de soja
- De l’huile de neem
- De l’huile de soja
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- Une dépulpeuse pour débarrasser les fruits de neem de leur enveloppe externe
- Un séchoir pour mettre au sec les graines de neem obtenues après les avoir dépulpées
- Une décortiqueuse pour débarrasser les graines de neem de leurs coques
- Les extracteurs d’huile pour l’extraction d’huile de neem et de soja
- Les adjuvants : éthanol, solution aqueuse de gomme arabique
- Des émulsifiants
- La houe et coupe-coupe pour le défrichage et labour,
- La corde et le décamètre pour la délimitation des parcelles,
- Un système d’irrigation goutte à goutte ou des tuyaux, pour l’arrosage
4.4. Méthode
L’essais sera subdivisé en 3 étapes à savoir: la chimie des substances naturelles, la
formulation des pesticide et la défense des cultures
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4.4.3.1. Test d'efficacité en laboratoire
En laboratoire, l'activité insecticide du biopesticide sera évaluée sur Helicoverpa armigera,
une chenille défoliatrice redoutable de la tomate et du soja et sur Tuta absoluta, une chenille
mineuse redoutable de la tomate.
Les insectes cibles seront préalablement élevés en laboratoire pour obtenir une population
homogène. Ainsi pour chaque type d'insecte, un lot de 4 répétitions de 20 individus (80 au
total) seront soumis à différentes concentrations du biopesticide formulé suivant deux
méthodes (la méthode par contact et la méthode par ingestion). La méthode par contact
consiste à pulvériser le produit sur la partie dorsale des insectes tout en les maintenant en
contact avec la nourriture qu'ils ont l'habitude de consommer et en évaluant la mortalité
pendant 48H au plus. La méthode par ingestion consiste à traiter les feuilles avec le
biopesticide et à soumettre aux lots d'insectes préalablement affamés pendant 6h pour
consommation. La mortalité est évaluée au sein des différents traitements pendant 48h.
L'évaluation des taux de mortalités des différents traitements selon les deux méthodes
permettra de calculer la concentration létale à 50% pour chaque méthode afin d'évaluer
l'activité biologique du biopesticide
- Dispositif expérimental
Le dispositif en carré latin sera adopté avec 5 traitements constitués des trois concentrations
létales du biopesticide à base d’huile de neem T1, T2, et T3 (concentrations respectives :
0,5CL50, CL50 et 2 CL50) et deux témoins : un témoin relatif (traitement chimique à
l’Emacot) et un témoin absolu sans insecticide (zéro protection phytosanitaire) répétés chacun
quatre (4) fois. Au total 20 parcelles élémentaires seront disposées sur le terrain. Une distance
de 200 m au moins sera observée entre les traitements aux concentrations létales de
biopesticide formulé (pesticide à base d'huile de neem) d’une part et d’autre part, entre les
traitements aux concentrations du biopesticide formulé (pesticide à base d'huile de neem) et
les deux témoins.
Entre les témoins, une distance de 10m séparera le traitement à base d’Emacot (traitement
chimique) et le témoin absolu (zéro protection phytosanitaire). Cet espace sera occupé par une
culture non hôte.
Au sein d’un bloc les parcelles seront séparées par des allées de 0,5m tandis que deux blocs
successifs seront séparés par une allée de 1m. Les unités parcellaires auront pour dimensions
4m x 4m soit 16m2.
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Tableau 1 : Traitements de l’essai
Traitements Désignation
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- Le nombre d’amas d’œufs et de larves recensés par plant ;
Analyse statistique
Les données collectées seront traitées à l’aide du logiciel Excel puis seront analysées avec le
logiciel ‘’ Statistique Package for Social Science’’ (SPSS, version 20.0, Procédure GLM) par
une analyse de la variance (ANOVA) et les moyennes sont discriminées à l’aide du test de
Student-Newman-Keuls (SNK) au seuil de 5%. Toutes les données seront transformées en
X’= log10 (1+X) avant analyse pour des raisons d’uniformité, X étant le nombre des insectes
comptés (GOMEZ et GOMEZ, 1984). La construction des graphiques se fera à l’aide le
logiciel Excel.
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Tableau 2. Travaux à exécuter et échéancier
7. budget estimatif
Tableau 3: budget prévisionnel
Montant total
Désignation
(FCFA)
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Total 5060000
8. Références bibliographiques.
Bempah C. K., Buah-Kwofie A., Enimil E., Blewu B., Agyei-Martey G. 2012. Residues of
organochlorine pesticides in vegetables marketed in Greater Accra Region of Ghana. Food Control, 25
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Diop A. 2013. Diagnostic des pratiques d'utilisation et quantification des pesticides dans la zone des
Niayes de Dakar (Sénégal). Thèse de doctorat. Université du Littoral Côte dOpale, 241 p.
Faye M., 2010. Nouveau procédé de fractionnement de la graine de neem (Azadirachta indica A.
JUSSI) Sénégalais: production d'un biopesticide d'huile et de tourteau. Thèse de Doctorat, Université
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Gaaboub I.A., HAYES D.K. 1984. Biological activity of azadirachtin,component of the neem
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Entomol.,
13: 803-812.
Carson R.L. 1962. Silent spring. Riverside Press, Cambridge, MA, USA.
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Samples from some agricultural Areas in Togo. American Journal of Analytical
Chemistry, 7: 332-341.
Koul O., 1984. Azadirachtin: I. Interaction with the developpement of red cotton bugs. Entomol. Exp.
Appl., 36: 85-88
LALLE B. 2021. Evaluation de l'efficacité d'un biopesticide à base de graines de neem dans la lutte
contre la chenille légionnaire (Spodoptera frugiperda). Mémoire de Master en sciences agronomiques,
ESA-UL, 70 p.
Mawussi G. 2008. Bilan environnemental de lutilisation de pesticides organochlorés dans les cultures
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dextraits de plantes locales contre le scolyte du café, Toulouse, Université de Toulouse, 207p.
Mondot J., Ruiz A. 1994. Vignobles et vignerons du Bordelais. Presses Universitaires de Bordeaux,
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Philogene B.J.R., Arnason J.J., Donskov N., Hudon M., 1987. Intérêt de l'Azadirachta indica dans la
lutte contre la pyrale de maïs. In : Conférences internationales sur les ravageurs en agriculture. Paris,
France, ANPP, II (6): 227-235.
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Prahabaker N., Toscano N.C., Coudriet D.L., 1989. Susceptibility of the immature and adult stage of the
sweet potatoes white fly (Homoptera: Aleyrodidae) to selected insecticides. J. Econ. Entomol., 82: 983988.
Rochefort S., Lalancette R., Labbé R., Brodeur J. 2006. Recherche et développement de biopesticides
et pesticides naturels à faible toxicité pour les organismes non ciblés et respectueux de
lenvironnement. Rapport synthèse – Volet Entomologie. Projet PARDE # 3333.52.02.01, 13p.
Traoré F., Ilboudo E.M., Waongo A. 2019. Activité biologique des huiles de neem (Azadirachta indica
Juss.) sur les oeufs de Maruca vitrata Fabricius (Lepidoptera: Crambidae), foreuse des gousses du
niébé [Vigna unguiculata (L.) Walp.] en conditions de laboratoire. J. Appl. Biosci.
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neem seed extract against Liriomyza sativae and Liriomyza trifolii (Diptera: Agromyzidae). J. Econ.
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