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Ressources documentaires.

Technologies de l’environnement / Module Nourrir la planète –


Les pratiques des bio-intrants

Les pratiques des bio-intrants

Fanta Tanou

Table des matières

Introduction ................................................................................................................... 2
SÉQUENCE 1 : Les bio-fertilisants ............................................................................. 3
A. Définition .................................................................................................................... 3
B. Composants et intérêts des bio-fertilisants .......................................................... 3
C. Exemples de bio-fertilisants intéressants pour l’agriculture ............................... 3
D. Le Bokashi : définition, ingrédients, préparation, rôle des différentes
composantes et utilisation .................................................................................................. 4
SÉQUENCE 2 : Les bio-pesticides ............................................................................. 8
A. Définition et intérêt .................................................................................................... 8
B. Les bio-pesticides intéressants pour l’agriculture ............................................... 8

C. Appichi : définition, ingrédients, préparation et application ................................... 8

SÉQUENCE 3 : Les solutions et alternatives aux intrants synthétiques ............ 10


A. La lutte biologique................................................................................................... 10
B. La lutte agronomique .............................................................................................. 11
C. La lutte physique ..................................................................................................... 11
Conclusion ................................................................................................................... 13

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Les pratiques des bio-intrants

Introduction
Bonjour et bienvenue dans ce module intitulé les pratiques des bio-intrants. J’ai articulé mon
intervention autour de 3 séquences distinctes. La 1 ère porte sur les bio-fertilisants, la 2ème est
consacrée aux bio-pesticides et la 3ème aborde les solutions et techniques alternatives aux
intrants synthétiques.

Il faut comprendre que les pratiques des bio-intrants cherchent à protéger les ressources
naturelles environnementales et assurer la pérennité du système de production.

Les bio-intrants répondent aux besoins des plantes cultivées. Pour y arriver, une stratégie de
fertilisation et de traitement phytosanitaire des cultures se construit par l’agencement d’un
ensemble de pratiques de gestion du sol et d’organisation des cultures, auquel s’ajoute la
planification des apports.

La pratique des bio-intrants s’élabore ainsi en fonction :

• des besoins des différentes plantes cultivées ;


• de l’estimation de ce qui peut être rendu disponible par la fertilité accumulée au sein
du cycle nutritif de la plante (réserve organique et minéral du sol, résidus de culture
etc.) ;
• d’un mode de gestion des apports de bio-fertilisants et de bio-pesticides : type
d’engrais-bio ou type de bio-pesticide, dose, contenu et disponibilité des nutriments,
d’utilisation etc. ;
• d’observations régulières des cultures de manière à vérifier la réponse des plantes aux
pratiques adoptées ;
Le producteur doit dans la pratique être en mesure d’utiliser au mieux ces ressources afin de
garantir la réussite de ses cultures, et minimiser l’impact de son travail sur l’environnement.

Les bio-intrants apparaissent aujourd’hui comme une opportunité stratégique durable dans la
lutte contre le chômage des jeunes et intègre la préservation et la valorisation du capital
humain.

Les opportunités pour l’entrepreneuriat vert des jeunes francophones sont multiples, mais la
principale est l’agriculture durable respectueuse de l’environnement, afin de pouvoir assurer
un avenir durable pour chaque jeune, et contribuer à la fois à la création d’entreprises vertes
durables, à la réduction du chômage et à une reprise d’économie axée sur l’emploi.

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SÉQUENCE 1 : Les bio-fertilisants


Nous aborderons dans cette première séquence les sujets suivants :

• Qu’est ce qu’un bio-fertilisant ?


• Les composants et intérêts des bio-fertilisants.
• Exemples de bio-fertilisants intéressants pour l’agriculture
• Bokashi : définition, ingrédients, préparation, rôle des différentes composantes et
utilisation

A. Définition

Les bio-fertilisants sont des solutions naturelles qui permettent d’obtenir un meilleur équilibre
du sol tout en contribuant à améliorer la croissance des plantes de façon durable. Ils améliorent
les fonctions du sol et sa fertilité grâce à l’action des microorganismes qu’ils contiennent.

B. Composants et intérêts des bio-fertilisants

Les bio-fertilisants sont donc des produits composés de microorganismes vivants, qui
disposent de propriétés permettant de stimuler la croissance des plantes. Pour aider les
végétaux, ils agissent notamment sur les réserves de nutriments immobilisés dans le sol ou
dans l’atmosphère.

L’activité microbienne du sol ici est centrale. Elle conditionne la mise en disponibilité des
nutriments pour les conduire à la plante.

L’intensité de l’activité biologique est, elle-même dépendante des conditions du sol (oxygène,
nourriture, etc.) et des pratiques culturales (drainage, chaulages, fertilisation).

Avec le changement climatique, la dégradation de nos sols, ainsi que les préoccupations
grandissantes pour le respect de l’environnement, les bio-fertilisants s’imposent aujourd’hui
pour une meilleure sécurité alimentaire, nutritionnelle et environnementale.

Ils permettent en effet d’améliorer les propriétés physico-chimiques du sol, de conserver, par
la prédigestion anaérobie, un maximum d’éléments fertilisants de type azote en particulier,
sans risque d’évaporation ou lessivage.

C. Exemples de bio-fertilisants intéressants pour l’agriculture

Plusieurs types de bio-fertilisants peuvent être différenciés, en fonction des micro-organismes


identifiés comme ayant les propriétés les plus intéressantes pour une utilisation agricole. On
peut notamment citer les suivants :

• Les bactéries fixatrices d’azote :


Ce sont des bactéries dont la fonction principale est de capter l’azote présent dans le sol et
dans l’air. Celui-ci favorisera surtout la pousse des tiges et feuilles de la plante, leur précocité
comme leur développement.
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• Les bactéries solublisatrices de phosphore :


Ce sont des bactéries qui permettent de solubiliser le phosphore présent dans le sol, c'est-à-
dire de le transformer sous une forme soluble et bio-disponible pour la plante. Le phosphore
est également un agent nutritif fondamental qui va jouer sur le développement des racines,
l’optimisation de la croissance des tissus et la maturation des fleurs ou des fruits.

Avec l’azote, la présence de phosphore est déterminante pour la photosynthèse végétale

• Les champignons mycorhiziens :

Ce sont des champignons qui ont la particularité d’être en symbiose avec les racines de
plantes (c'est-à-dire qu’il y a un accord commun entre les deux organismes). Le champignon
recevra des sucres et des composants carbonés de la plante, qui en retour recevra de l’eau
et des minéraux.

Cependant, il existe aussi des bio-fertilisants locaux, comme le Bokashi, le fumier recyclé, le
compost solide et liquide, les engrais vert etc. Je vous propose ici d’en découvrir un en
particulier, le Bokashi.

D. Le Bokashi : définition, ingrédients, préparation, rôle des différentes


composantes et utilisation

Issues du savoir-faire japonais, le Bokashi est un engrais organique complet qui en seulement
15 jours a la capacité d’améliorer les propriétés physico-chimique du sol en le rendant très
riche en éléments fertilisants et en activant sa vie microbienne.

Sa préparation repose sur les éléments suivants :

1. Ingrédients

Pour 15 tonnes(T) de Bokashi

• 20 sacs de terre argileuse


• 20 sacs de balles de riz ou de mélange de végétaux secs, paille, écorces d’arachides,
feuilles sèches, ou autres résidus secs.
• 20 sacs de bouse de vache (ou déjections de lapins, porc, volaille avec plumes)
• 1 sac de 25kg de son de riz (ou son d’autres céréales : blé, maïs, sorgho)
• 2 sacs de poudre de charbon
• 4 litres de mélasse ou 4 litres de jus de canne ou 2kg de sucre (de préférence roux)
• 1 Kilogramme de levure de boulangerie
• Eau sans chlore
• 20 kg de cendre ou farine de roches volcaniques par tonne de Bokashi

2. Préparation

Préparer à part un mélange avec la mélasse à laquelle on ajoutera 1 seau d’eau et la levure
de boulangerie

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Prendre soin de travailler et d’humidifier la bouse de vache quand elle est trop sèche (émietter
la bouse sèche, l’arroser avec le mélange d’eau, mélasse et levure de boulangerie) pour
activer l’activité microbienne.

Mettre couche par couche de façon successive : la terre argileuse, la balle de riz, la bouse de
vache, le son de riz, le charbon de bois, puis la cendre ou la farine de roche jusqu’à atteindre
une hauteur de 1,20m. Après chaque couche, ajouter un peu du mélange d’eau, mélasse et
levure de boulangerie.

Retourner le tas pour mélanger les différents éléments. S’il y a de la poussière qui se dégage,
il faut ajouter un peu d’eau. Retourner plusieurs fois et tester l’humidité avec une poignée : s’il
a de l’eau qui coule entre les doigts c’est trop humide.

Les 3 premiers jours, il faut retourner 2 fois par jour (1 fois matin et une fois le soir).

*Si le tas n’est pas retourné le matin du 3ème jour, on aperçoit le soir une couche blanchâtre
qui contient de l’azote directement assimilable. Cette couche peut être utilisée comme bio-
fertilisant de la manière suivante : 2Kg de cette poudre dans 15L d’eau, ajouter 200ml
de mélasse, laisser reposer pendant 12H puis filtrer. Ajouter la solution à 100L d’eau
pour l’appliquer sur les feuilles directement. Ne pas garder.

À partir du 4ème jour, on peut retourner 1 fois par jour jusqu’à atteindre la température
ambiante et commencer à baisser la hauteur en étalant plus le Bokashi (réduction d’environ
10 cm/ jour) jusqu’au 15ème et on ne touche plus.

Vérifier la température du Bokashi (en mettant la main dans le tas à au moins 20cm de
profondeur : si on se rend compte qu’elle ne peut pas rester en contact avec la matière pendant
30 secondes, cela veut dire qu’il faut encore retourner, c’est trop chaud).

La température à l’intérieure du Bokashi ne peut dépasser 54°C. D’où la nécessité de faire le


retournement périodique.

Le retournement est important car il permet d’aérer le Bokashi et faire baisser la chaleur,
d’enlever l’humidité et d’homogénéiser la microbiologie.

Vérifier la présence ou l’absence de mouches, odeur, humidité (c’est bon s’il n’y a pas de
mouche, pas de mauvaise odeur, pas d’humidité et si la température est aux environs de 45-
54°C).

Vérifier l’activité microbiologique en utilisant de l’eau oxygéné H 2O2 (test de volcan) : verser
l’eau oxygénée sur le Bokashi et si l’activité microbienne est intense on observe
une effervescence.

Ne jamais rajouter de l’eau après la préparation (Très important)

Faire des tests de poignée pour vérifier la texture et l’humidité en pressant une petite quantité
de Bokashi pour observer la teneur en eau.

On peut avoir 3 types de Bokashi :

✓ Bokashi de 15 jours = mûr


✓ Bokashi étalé et séché dès le 9ème jour et utilisation au 10ème jour = Semi cru
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✓ Bokashi étalé et séché dès le 4ème jour suivi de l’utilisation = Cru


L’utilisation de ces différents types de Bokashi dépend fondamentalement de la qualité du sol.
Si le sol est bon, riche en biologie et matière organique, on peut mettre du Bokashi cru ou semi
cru. Cependant, utilisés dans certains cas, le cru et le semi cru peuvent provoquer des brûlures
sur les racines des plantes et plantules.

3. Rôle des différentes composantes du Bokashi :

Les différents éléments qui composent le Bokashi ont chacun des rôles spécifiques
importants :

• Balle de riz : augmente le volume de Bokashi et améliore la structure du sol et retient


l’humidité. Elle prend 8 à 14 mois pour se décomposer totalement.
• Bouse de vache : apporte de la matière organique, diversité microbiologique, de
l’azote, des micro-éléments…
• Son de riz : apporte de la vitamine B, des minéraux et des protéines
• Argile : constitue 1/3 du volume du bokashi, retient l’humidité, permet l’homogénéité et
retient l’ammoniaque.
• Mélasse : apporte de l’énergie et active la microbiologie
• Levure : apporte des protéines et déclenche la fermentation (Starter de la fermentation
ou l’activité enzymatique microbienne).
• Poudre ou farine de roche ou cendre : contribuent à la diversification minérale
• Charbon : il a 7 fonctions -> retient l’eau, capte les minéraux, améliore la structure du
sol, apporte de l’oxygène, facilite le développement des racines, capte la microbiologie,
stabilise l’humus qui retient les micronutriments. Le charbon est également important
pour la régulation thermique de la plante entre le jour et la nuit.
• Les plumes (si utilisées avec la bouse) : apportent des aminoacides.

Utilisé au premier mois, le Bokashi peut être un bon fertilisant mais au-delà d’un mois de
conservation, son effet sera pour l’amélioration du sol.

4. Utilisation

Les utilisations du Bokashi sont multiples et varient en fonction du type de culture.

➢ Pour les pépinières, il faut tamiser et utiliser 20% de Bokashi pour 80% de terre (1
partie de Bokashi pour 4 parties de terre).
➢ Pour le repiquage : mettre par exemple 80 à 100g pour chaque plante.

➢ Pour les solanacées : 250 à 500 g par plante à mettre dans le fonds de terre des
poquets. Par exemple pour les courges utiliser 1 kilogramme.
Après 10 à 12 jours, on fait la fumure d’entretien (bokashi) en utilisant les mêmes quantités

➢ Pour les arbres fruitiers, utiliser 40% de bokashi pour 60% de terre.

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On creuse 0,8 m en profondeur à l’horizontal. On garde la terre sortie du trou pour la remettre
après l’introduction du bokashi. On utilise 10kg de bokashi par arbre. Le mieux est ici de
préparer la terre avec le bokashi un mois à l’avance. À ce niveau, il est possible de rajouter
2% de charbon.

Quand l’arbre pousse, il est possible de faire du bio-fertilisant en application foliaire. Il est
également possible de faire un entretien tous les 2 ou 3 mois mais en surface en couvrant de
paille le bokashi.

➢ Pour les cultures semi directes comme les carottes, mettre le bokashi en ligne après
les semis.
Nous voici maintenant arrivés à la fin de cette première séquence consacrée aux bio-
fertilisants. Je vous propose maintenant de partir à la découverte des bio-pesticides dans la
séquence 2.

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SÉQUENCE 2 : Les bio-pesticides


Dans cette séquence nous aborderons :

➢ Qu’est qu’un bio-pesticide ?


➢ Composants et intérêt des bio-pesticides ?
➢ Exemples de bio-pesticides intéressants pour l’agriculture
➢ Appichi : définition, ingrédients, préparation, rôle des différentes composantes et
application.

A. Définition et intérêt

Les bio-pesticides sont des substances chimiques et des antiparasitaire issus de sources
naturelles, comme des bactéries, des champignons, des virus, des plantes, des animaux et
des minéraux. Ils permettent de protéger les cultures contre les ravageurs et les maladies.

B. Les bio-pesticides intéressants pour l’agriculture

De nombreux pesticides naturels peuvent être utilisés pour l’agriculture, cependant on


distingue :

• Les macro-organismes auxiliaires : ce sont des insectes, acariens ou nématodes


utilisés de façon raisonnée pour protéger les cultures contre les attaques.
• Les micro-organismes : ce sont des champignons, bactéries et virus utilisés pour
protéger les cultures contre les ravageurs et les maladies ou stimuler la vitalité des
plantes.
• Les substances naturelles utilisées comme des produits de bio-contrôle : elles sont
composées de substances présentes dans le milieu naturel et peuvent être d’origine
végétale, animale ou minérale.
Il existe aussi des formules locales pour lutter contre les maladies et ravageurs des cultures,
mais peu de recherches scientifiques ont été menées sur leur efficacité. Les agriculteurs
doivent donc mener leurs propres expériences et leurs propres essais pour trouver le meilleur
bio-pesticide adapté à leur exploitation.

Parmi les bio-pesticides, nous pouvons citer l’appichi, le purin de l’ail, les feuilles de neem, les
graines de neem, le piment, les feuilles de papayer, tabac, etc. Je vous propose ici de partir à
la découverte de l’Appichi.

C. Appichi : définition, ingrédients, préparation et application

1. Définition

L’appichi est un bio-pesticide permettant de renforcer les défenses immunitaires des plantes
et notamment de mieux lutter contre les maladies et les ravageurs des cultures.

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2. Ingrédients

• 1kg d’ail frais,


• 1kg de poivre noir (ou gnamakou/gingembre),
• 1kg de poudre de piment,
• 20 litres de bio-fertilisant (ou 5 kg de sucre dilué dans 10 litres d’eau)
• 4 litres d’alcool à 98°
• 100 litres d’eau sans chlore

3. Préparation

Écraser chaque composant séparément dans un mortier ou dans un mixeur

Mélanger le tout dans un seau avec 4 litres d’alcool et une quantité de 50 litres d’eau.

La solution sera gardée pendant 4 jours pour une fermentation dans un seau couvert et bien
fermé.

Au 4ème jour, on y ajoutera les 50 litres d’eau restante pour en faire maintenant les 100 litres.

Le produit est dès lors utilisable jusqu’à 15 jours.

4. Application

➢ Pour désinfecter les plantes susceptibles d’être attaquées par les insectes nuisibles,
on prend 1 litre de ce produit qu’on mélangera avec 10 litres d’eau pour une surface à
traiter de 100m2.
➢ Préventif : Pulvériser le mélange toutes les semaines à raison de 2 litres dilués dans
14 litres d’eau
➢ Curatif : Pulvériser 3 jours à raison de 4 litres dilués dans 14 litres d’eau

NB : Ne pas se contenter d’arroser seulement sur les feuilles mais bien passer sous les feuilles
c’est là ou les prédateurs se cachent.

Nous voici arrivés au terme de cette deuxième séquence sur les bio-pesticides. Je vous
propose maintenant d’entamer la séquence 3, qui elle sera consacrée aux solutions et
alternatives aux intrants de synthèse.

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SÉQUENCE 3 : Les solutions et alternatives aux intrants synthétiques


Depuis la fin du 19è siècle, l’agriculture s’est développée comme une obsession de produire
toujours plus, la période a été d’ailleurs marquée par une révolution verte dans les pays les
moins développés. Tous les efforts politiques, scientifiques, techniques ont été et restent
concentrés sur l’augmentation des rendements agricoles.

Cependant, l’introduction des nouvelles technologies a souvent eu un impact peu probant,


parce que l’attention était très souvent portée sur un seul aspect limité du calendrier cultural,
par exemple la gestion des engrais.

Mais si les engrais chimiques apportent aux plantes d’importants éléments nutritifs, la
fertilisation intensive, elle, aggrave le lessivage d’engrais dans le sol, dans la nappe
phréatique, les rivières et l’eau en général.

De plus, la hausse, toute relative, des rendements est mitigée par diverses complications dont
la multiplication des parasites (animaux, champignons, bactéries, virus..). Depuis près d’un
siècle, en raison d’une intensification à outrance, la problématique de la protection des cultures
contre ces parasites se pose donc avec acuité.

Avec la modernisation de l’agriculture, des méthodes de lutte « efficace » contre les


déprédateurs des cultures ont été élaborées par les agronomes. Elles ont fait l’objet d’une
large vulgarisation et ont été utilisés de façon systématique. Il s’agit de toute cette gamme de
pesticide très répandus, mais dont les impacts négatifs sont aujourd’hui reconnus.

Les pesticides synthétiques affectent et tuent les organismes non ciblés, y compris les
prédateurs (ennemis naturels, ravageurs) ce qui favorise le développement de nouveaux
ravageurs et l’utilisation de doses supérieures de pesticides ou de pesticides plus puissants.
Les pertes actuelles dues aux ravageurs et aux pathogènes constituent ainsi 30 à 40 ℅ du
rendement potentiel.

À l’heure actuelle, la protection de l’environnement, l’amélioration de la protection du


consommateur et de l’utilisateur, la recherche de l’efficacité optimale remettent en question
les modalités d’application des traitements phytosanitaires et ont amené les
agriculteurs vers une démarche plus intégrée de lutte contre les parasites. Cette
approche est fondée sur l’emploi combiné de différentes méthodes de protection des cultures,
de façon à tolérer les populations des organismes nuisibles, à condition que leur niveau de
développement soit suffisamment bas pour que les dégâts occasionnés n’aient pas de
conséquences notables sur la qualité du produit et soient économiquement tolérables.

De nos jours, de meilleurs résultats peuvent être obtenus en utilisant une approche
holistique ; c'est-à-dire que la nouvelle option technologique soit introduite de manière
intégrée, en prenant en compte les bio-fertilisants et les bio-pesticides.

Pour ce faire, les agriculteurs utilisent diverses formes de lutte, surtout dans la gestion des
ravageurs des cultures :

A. La lutte biologique

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La méthode biologique consiste à utiliser des microorganismes, des oiseaux, et même certains
insectes, contre d’autres insectes. Ces ennemis naturels sont appelés auxiliaires de lutte.

Exemple :

• Larve de diptères contre coléoptères ;


• Le Beauveria avec la Beauvérine contre les scarabées ;
• Bacillus papilliaes contre les papillons ;
• Le Cordyceps avec la Cordycepine contre les moustiques.

B. La lutte agronomique

Les procédés culturaux de lutte préventive et curative donnent d’excellent résultat lorsqu’ils
sont bien appliqués. Les pratiques culturales peuvent protéger le champ ou la pépinière contre
les ennemis des cultures (insectes, acariens, nématodes, maladies) ;

Ces pratiques sont :

• Le labour de fin cycle et le labour profond ;


• La destruction des mauvaises herbes et des résidus de récoltes ;
• Semis à la date opportune ;
• Les variétés résistantes ;
• La rotation des cultures ;
• Le choix de date de récolte.

C. La lutte physique

La lutte physique consiste en l’utilisation, par des moyens manuels ou mécaniques, du froid,
de la chaleur, du feu, de l’eau, du vent, de la lumière pour limiter les dégâts.

On peut citer des exemples comme :

• La chaleur peut détruire les insectes de stock entre 55° et 70° ;


• Désinfection du sol à la vapeur dans les serres et les pépinières ;
• Exposition du coton à la chaleur pour détruire les oxycarenus (Hétéroptères) ;
• Le froid (conservation des stocks) pendant le transport et conservation de la fourrure ;
• Le feu pour détruire les branches larvaires des criquets refugiés dans les hautes herbes
ou pour détruire les insectes des tiges et chaumes après récolte.
Vous le voyez donc, c’est tout un panel de mesures qui s’offrent à qui souhaite avoir une
approche plus raisonnée de la lutte contre les ravageurs.

Si les agriculteurs veulent améliorer leur productivité, leur sécurité alimentaire et voire le
développement de l’entrepreneuriat vert, il leur faut explorer ces alternatives aux intrants
synthétiques.

La création d’emplois verts compensera la suppression de certains emplois due à la


modernisation de l’agriculture. Investir aujourd’hui 2℅ du PIB mondial dans une agriculture
responsable et durable pourrait assurer à l’horizon 2030, une croissance économique élevée.

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La population mondiale croit tandis que la productivité agricole diminue, ce qui implique
nécessairement que les jeunes jouent leurs rôles pour garantir la sécurité alimentaire et celle
des générations futures à travers les pratiques des bios-intrants.

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Conclusion
Ce module vous aura permis de vous familiariser avec certaines pratiques des bio-intrants.
C’est un domaine en perpétuelle expansion, qui contribue à une approche plus intégrée de
l’agriculture, de manière à associer protection de l’environnement, amélioration de la
protection du consommateur et de l’utilisateur, et efficacité optimale des cultures.

Vous avez pu lors des deux premières séquences découvrir plus en profondeur les bio-
fertilisants et les bio-intrants. Leurs caractéristiques et leurs intérêts ont été évoqués, et vous
avez également pu apprendre à préparer vous-même deux types de bio-intrants : le Bokachi
et l’Appichi

Au terme de cette dernière séquence, nous retiendrons que les pratiques des bio-fertilisants
et pesticides permettent de créer des emplois verts, en réduisant la pauvreté, en augmentant
production et productivité agricole des agriculteurs, et en limitant les risques écologiques et
les pénuries liées aux effets du changement climatique.

J’espère que ce module aura su vous convaincre de l’utilité des bio-intrants et que vous
sauterez le pas vers leur utilisation ou vers leur défense.

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