Module - Construction Ecologiquebioclimatique V2023

Ressources documentaires.
Technologies de l’environnement / Module : Construction durable

– Stratégies pour relever les défis de la construction écologique/bioclimatique
Stratégies pour relever les défis de la construction écologique/bioclimatique
El Hadji Diop
Table des matières
Introduction .............................................................................................................................. 2
SÉQUENCE 1 : Principes de la construction durable.......................................................... 3
A. Conception écologique et/ou bioclimatique du bâtiment .................................... 3
B. Analyse du cycle de vie (ACV) ................................................................................. 4
C. Le confort hygrothermique ...................................................................................... 5
SÉQUENCE 2 : Les défis de la construction durable en zone tropicale ........................... 7
A. Les principaux défis .................................................................................................. 7
B. Le défi du cadre légal et réglementaire peu propice............................................. 7
C. Le défi de la maitrise des paramètres climatiques ................................................ 7
D. Le défi du difficile accès et de la maitrise inadéquate des outils de conception
bioclimatique......................................................................................................................... 8
E. Le défi de l'intégration des énergies renouvelables (EnR) et de l’efficacité
énergétique (EE) dans le bâtiment ..................................................................................... 8
F. Le défi de l'absence d’incitation financière ............................................................... 9
G. Le défi de la faible adhésion des populations aux bâtiments écologiques ....... 9
SÉQUENCE 3 : Solutions/stratégies de la construction durable ..................................... 10
A. Cadre réglementaire et légal approprié ................................................................ 10
B. Les paramètres climatiques ................................................................................... 10
C. Les outils de conception bioclimatique (les diagrammes bioclimatiques) ...... 11
D. Intégration des énergies renouvelables dans le bâtiment ................................. 12
E. Incitations financières pour la promotion des bâtiments durables .................. 13
F. Promouvoir l’adhésion des populations aux bâtiments durables ........................ 14
Conclusion .............................................................................................................................. 16
1
Ressources documentaires. Technologies de l’environnement / Module : Construction durable
Introduction
Bonjour chers participants,
Bienvenue à ce cours d’initiation qui vous permettra d’avoir un aperçu des fondamentaux de
la construction durable en pays tropicaux. Il sera décliné comme suit :
- La première séquence sera consacrée aux principes de la construction durable, qui englobe
les aspects écologiques, bioclimatiques et économiques.
- La deuxième séquence traitera des défis auxquels on fait face dans un projet de construction
durable
- La troisième séquence traitera des solutions et stratégies qui permettent de lever les
contraintes citées ci-haut et d’atteindre les objectifs de la construction durable.
Une vidéo cas pratique vous permettra également de découvrir la construction d’une maison
à énergie positive au Sénégal.
L’objectif principal visé ici est d’impulser chez vous, les professionnels de la construction et de
l’aménagement urbain, une conception collaborative plus respectueuse de l’environnement,
tout en prenant en compte les aspects culturels, sociaux ou économiques.
Je vous invite maintenant à suivre la première séquence de cette formation, consacrée aux
grands principes de la construction écologique.
2
SÉQUENCE 1 : Principes de la construction durable

Dans cette première séquence, nous verrons essentiellement les enjeux de la conception de
bâtiment durable, le concept d’analyse du cycle de vie et la notion de confort hygrothermique,
qui est fondamentale sous les tropiques.
A. Conception écologique et/ou bioclimatique du bâtiment
Une conception architecturale adaptée au climat et respectueuse de l’environnement intègre

les cycles de la nature dans le processus et prend en compte tous les éléments de base tels
que l’air, l’énergie, l’eau ou le sol et les ressources naturelles, sans causer de dommages à
notre planète.
Cette approche n’est vraiment pas quelque chose de nouveau. De tout temps et partout dans
le monde, l’Homme s’est construit des habitats adaptés à son milieu d’évolution et aussi
durables. Par exemple dans les régions très froides comme chez les Inuits, nous avons les
igloos dont la température intérieure peut aller jusqu’à 15°C, alors que dans les régions
tropicales humides, on voit des bâtiments en terre ou en matériaux biosourcés.
Sur cette image en bas au milieu par exemple, on peut voir une case à impluvium qui permet
de recueillir l’eau de pluie et de rafraichir par évaporation le bâtiment.
C’est l’occasion pour moi de revenir rapidement sur ces différents concepts que sont le
bâtiment bioclimatique, le bâtiment écologique, le bâtiment passif ou à énergie positive et le
bâtiment durable.
Alors que le bâtiment bioclimatique est totalement intégré dans son environnement pour
réduire ses besoins en énergie et obtenir naturellement le confort souhaité, le bâtiment passif
ou à énergie positive a recours aux sources d’énergie renouvelables disponibles sur site pour
s’auto-alimenter ou même générer un surplus, tandis que la construction écologique utilise
des matériaux naturels, autant que possible disponibles sur site.
3
Le bâtiment durable englobe tous ces concepts, en y ajoutant la conservation des ressources
(eau, matériaux), la santé des occupants et la protection de l’environnement et des humains
à travers notamment une réduction ou élimination totale des polluants.
Il est peut-être important de rappeler à ce stade une définition consensuelle de la durabilité,

établie en 1987 par la commission mondiale sur l’environnement et le développement, qui dit
ceci : «la durabilité est un processus de développement qui répond aux besoins du présent
sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
Attributs d’une conception durable
Concevoir durable (écologique et/ou bioclimatique), c’est prendre en compte le milieu, le

climat, le bâtiment lui-même, les ressources disponibles et les besoins des habitants pour au
bout du compte trouver le juste milieu. Ce concept d’adaptation du bâtiment à son
environnement tout en diminuant les consommations énergétiques et en offrant le confort
nécessaire aux occupants, est aujourd’hui plus que d’actualité au vu du contexte des
changements climatiques.
L’atteinte de cet objectif ambitieux requiert une prise en compte de plusieurs facteurs entrant
en jeu dans le processus de conception et donc d’adoption d’une nouvelle approche
conceptuelle, intégrant l’énergéticien comme partie prenante à côté de l’architecte et de
l’ingénieur mécanicien. L’apport de l’énergéticien permettra de calculer le rendement
énergétique du bâtiment, d’évaluer le confort hygrothermique ainsi que l’éclairage naturel et
l’aération naturelle. Il permettra en outre d’évaluer tous les dispositifs passifs de réduction de
la consommation énergétique et d’intégrer toutes les sources d’énergies renouvelables,
disponibles sur site dans la conception.
Conception intégrée
Sur cette figure, nous pouvons voir l’interconnexion des quatre attributs à la base d’une
conception durable réussie que sont l’environnemental, le social, le culturel et l’économique.
B. Analyse du cycle de vie (ACV)
4
Une notion très importante de la conception écologique est l’analyse du cycle de vie du
bâtiment. Elle permet d’évaluer les principaux impacts environnementaux (consommation
énergétique, effet de serre, eutrophisation, consommation d’eau, production de déchets,
énergie grise, etc…) d’un bâtiment, de la conception à sa démolition ou déconstruction, en
passant par la construction, l’utilisation et la rénovation après un certain nombre d’années
d’usage.
Pour chacune des quatre étapes opérationnelles, des ressources naturelles sont extraites,
traitées, transportées, utilisées et plus tard éliminées sous forme de déchets.
La démarche d’analyse du cycle de vie, qui n’est rien d’autre qu’une détermination de l’éco-
bilan, permet de mettre en évidence l’impact des choix des matériaux sur les consommations
énergétiques d’un bâtiment, sur la pollution de l’environnement, ainsi que sur les émissions de
gaz à effet de serre. Elle permet donc de montrer les conséquences environnementales des
choix des différents éléments du projet.
Cette démarche est aujourd’hui encadrée par des normes ISO (ISO 14040, ISO 14044) qui
permettent d’optimiser de manière scientifique la performance écologique d’un bâtiment. Vous
pouvez commencer par une simple recherche sur internet ou acheter le contenu de la norme
ISO 14040 ou 14044 pour vous familiariser avec.
C. Le confort hygrothermique
5
Pour mieux comprendre cet aspect critique de la conception bioclimatique, il nous faut d’abord
retenir que l’hygrothermie renseigne sur la température et la teneur en eau de l’air ambiant
d’un bâtiment donné.
Une bonne maitrise de ces deux caractéristiques en toute saison, permet d’avoir un confort
hygrothermique qui protège et le bâtiment, et les occupants.
La perception du confort hygrothermique renseigne sur l’équilibre thermique de notre

organisme dans l’environnement dans lequel il se trouve. Très souvent, cette perception est
impactée par ces différents facteurs que sont :
• la température ambiante de l’air

• l’humidité de l’air
• la vitesse relative de l’air
• la température des parois de l’enveloppe (mur, toiture, plancher, fenêtre, porte)
• l’activité physique des occupants (salle de sport)
• la tenue vestimentaire (banquier, écolier, sapeur-pompier, etc.)
• le temps passé dans l’endroit
Le déséquilibre du confort hygrothermique provoque chez les occupants du bâtiment un stress
de l’organisme, manifesté par une sensation de fraicheur ou de chaleur. L’objectif de la
construction bioclimatique est de maintenir l’équilibre entre la chaleur produite par
métabolisme et la chaleur dégagée par le corps.
Pour conclure avec les principes de l’écoconstruction, il est à souligner que la gestion de l’eau
est capitale pour l’atteinte des objectifs visés. Et au vu de la rareté de la ressource « eau
potable » sur notre planète, la conception du bâtiment durable doit contribuer à sa
conservation et à son traitement après usage.
Je vous invite maintenant à suivre la deuxième séquence du module de formation, consacrée

aux défis de la construction durable en zone tropicale.
6
SÉQUENCE 2 : Les défis de la construction durable en zone tropicale

Bienvenue à la deuxième séquence du module de formation. Celle-ci nous permettra de
présenter les principaux défis auxquels fait face aujourd’hui la construction durable.
A. Les principaux défis
Rendre un bâtiment durable comporte aujourd’hui en effet de très grands défis dans
l’environnement bâti ou urbanistique. Les principaux auxquels on est confrontés sont d’ordre :
 institutionnels avec notamment une réglementation écologique inexistante (ou

non appliquée), un déficit d’harmonisation des institutions en charge de la
construction et de l’environnement ou un manque de moyens des services
techniques étatiques, etc…
 techniques avec notamment une faiblesse des capacités et insuffisance du
savoir-faire des acteurs à la base, une séparation trop rigide des différents corps
de métiers ou zones de compétence entre acteurs de la construction, un déficit de
prise en compte des paramètres climatiques lors de la conception, un accès
difficile et une maitrise inadéquate des outils de conception, une difficulté à faire
adopter les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique dans
l’environnement bâti, etc…
 économiques avec notamment une rareté des ressources, un accès difficile aux
logements pour les populations, un déficit en approvisionnement électrique, une
forte urbanisation dans les villes, et une absence d’incitation financière.
À côté des défis cités, nous pouvons aussi évoquer le manque d’adhésion des populations
aux bâtiments écologiques, dus surtout aux déficits d’information sur cette thématique et au
fait que les avantages d’un tel bâtiment ne sont pas intuitifs.
À titre d'illustration, nous allons maintenant traiter plus en profondeur six de ces défis. Les
approches de solutions, elles, seront abordées dans la troisième séquence.
B. Le défi du cadre légal et réglementaire peu propice
Dans beaucoup de pays tropicaux, on peine encore à intégrer le concept de durabilité dans le
code de la construction et de l’urbanisme.
Et même en cas d’existence de cadre légal approprié, l’application reste difficile à cause de
modalités de contrôle difficilement applicables et d’un manque d’harmonisation des actions
des différents services concernés.
Il faut aussi noter le retard constaté dans la domestication des textes et réglementations
internationaux en la matière, signés par plusieurs états.
C. Le défi de la maitrise des paramètres climatiques
7
Il constitue l’un des principaux défis dans la construction durable en zone tropicale, si ce n’est
le principal. Très souvent, les données climatiques concernant le site de construction, sont
inexistantes ou difficilement accessibles.
Les principaux paramètres pouvant influer sur la performance énergétique du bâtiment sont :
• Le rayonnement solaire
• La température de l’air
• L’humidité relative de l’air
• Le vent
La combinaison de tous ces facteurs avec les éléments environnementaux tels que la
topographie ou la trajectoire du soleil permet d’atteindre un niveau de confort répondant aux
attentes des occupants du bâtiment. Il faudra durant cet exercice faire attention aux spécificités
des zones climatiques indigènes, classifiées en zonages climatiques.
D. Le défi du difficile accès et de la maitrise inadéquate des outils de conception

bioclimatique
L’absence en général d’outils de conception de bâtiments bioclimatiques tenant compte des

contextes locaux, constitue un handicap majeur dans beaucoup de pays des zones tropicales.
Très souvent, on a recours à des logiciels développés dans les pays du Nord.
Le coût élevé de ces logiciels, ainsi que la rentabilité difficile des investissements, du fait de
l’absence de projets, font que la vulgarisation de ces outils peine à se faire.
Généralement, nous pouvons dire ceci :
 Les outils de conception sont inconnus pour les professionnels du bâtiment et s’ils
sont connus, ils sont financièrement inaccessibles.
 Les logiciels existants, ne sont point contextualisés (endogènes) et ceci rend leur
utilisation délicate.
 Le cadre réglementaire pouvant pousser les professionnels à adopter ces modes
de conception fait encore défaut. Dans beaucoup de pays tropicaux, il n’existe
aucune réglementation incitant à une généralisation de la conception numérisée
avec système MRV (Mesure, rapportage et vérification) efficace.
E. Le défi de l'intégration des énergies renouvelables (EnR) et de l’efficacité

énergétique (EE) dans le bâtiment
La principale difficulté résulte, très souvent, du fait qu’un spécialiste du domaine n’a pas été
impliqué dans le processus de conception dès le début.
Le cout d’investissement élevé pour les équipements solaires PV, ainsi que l’absence
d’incitations telles que le tarif de rachat, constituent aussi une barrière non moins importante
pour l’intégration des EnR dans l’environnement bâti.
8
Le manque de personnels qualifiés pour la planification, la réalisation et la maintenance des

systèmes à EnR, surtout en régions reculées, fait aussi que leur intégration peine à être
acceptée.
Par ailleurs, la demande de systèmes solaires est faible, dans la mesure où les populations
ne sont pas assez sensibilisées sur les effets bénéfiques de l’utilisation des EnR.
F. Le défi de l'absence d’incitation financière
L’absence d’incitation financière constitue un frein majeur pour l'adoption des bâtiments
durables par le marché. Cette lacune freine la pénétration des bâtiments durables qui
contribueraient à une bonne gestion du terroir et à réduire les émissions de gaz à effet de
serre.
Parmi ces lacunes, on peut citer :
• Une absence de subventions des matériaux locaux

• Une absence d’incitation fiscale pour les bâtiments écologiques
• Une absence de fonds de financement des bâtiments verts.
G. Le défi de la faible adhésion des populations aux bâtiments écologiques
Très souvent, le bâtiment écologique, construit avec des matériaux locaux, ne répond pas aux
attentes esthétiques des populations, raison pour laquelle il a une image déformée. D’autre
part, avec l’organisation souvent rigide des structures sociales dans les pays sous-
développés, il est important d’avoir une classe sociale „aisée“ qui s’intéresse à une thématique
pour que cette dernière puisse par mimétisme être adoptée par le plus grand nombre.
La maintenance mal gérée des quelques rares bâtiments pilotes rend encore plus difficile
l’adoption par les populations, surtout que très souvent le personnel qualifié fait défaut.
Par ailleurs, en construisant des bâtiments inadaptés aux climats des pays tropicaux, mais
considérés comme modernes, l’administration des pays concernés renforce dans leur
sentiment de rejet les personnes encore réticentes à adopter les modes de construction
écologique. L’état ne joue généralement pas son rôle de promoteur des bonnes pratiques dans
le domaine de la construction.
Je vous invite maintenant à suivre la troisième séquence du module qui proposera des
stratégies et approches pour répondre à ces défis de la construction écologique.
9
SÉQUENCE 3 : Solutions/stratégies de la construction durable

Bienvenue à la troisième et dernière séquence de notre module de formation. Nous
aborderons ici les stratégies permettant de répondre aux défis identifiés dans la séquence
précédente, notamment sur le cadre réglementaire, les paramètres climatiques, les outils de
conception bioclimatique, l’adhésion des populations aux bâtiments écologiques ainsi que
l’intégration des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique dans l’environnement bâti
des pays tropicaux.
A. Cadre réglementaire et légal approprié
Il est aujourd’hui impératif d’avoir dans les pays tropicaux un cadre réglementaire propice à la
vulgarisation des bâtiments durables pour s’adapter aux contextes actuels.
Très souvent, il ne s’agit que de :
• formuler les décrets d’application d’un code de la construction ou de

l’environnement qui prend déjà en compte ses aspects
• domestiquer les directives régionales ou internationales sur le bâtiment durable
déjà existantes, et de
• créer des filières de formation et des curricula orientés vers les bâtiments durables,
afin de fournir au marché les techniciens appropriés.
B. Les paramètres climatiques
Conception intégrée du bâtiment (forme et orientation du bâtiment)
La prise en compte des paramètres climatiques permet d’avoir une approche de conception
intégrée, qui influe sur la forme et l’orientation du bâtiment. Une bonne maîtrise du climat
permet de bien gérer la transmission de chaleur, l’éclairage naturel ou la ventilation naturelle.
10
À titre d’exemple, dans les zones tropicales, où l’ensoleillement sur les façades Est et Ouest
est très fort, il est recommandé de réduire au minimum leurs surfaces. Il est aussi important
d’ombrager les portes et les fenêtres pour diminuer le flux de chaleur vers l’intérieur et de bien
les orienter de sorte à capter toute brise pouvant aider à maintenir la température de l’air à
l’intérieur moins élevée qu’à l’extérieur.
Parmi les parties de l’enveloppe du bâtiment, le toit est la partie la plus exposée au soleil. Sa
conception requiert donc une attention particulière pour contenir son rendement thermique,
qui dépend de sa forme, de sa construction et aussi des matériaux utilisés.
À titre d’exemple, je vous présente ici la coupole, une forme de toit utilisée depuis des
millénaires dans les zones tropicales, et qui présente plusieurs avantages. Sa forme arrondie
augmente la vitesse du flux d’air sur la surface et contribue à réduire la température dans le
bâtiment.
Sur les images, nous avons trois formes de coupoles.
• Une avec puits de lumière pour un éclairage naturel

• Une avec échappatoire pour une ventilation naturelle et
• Une avec une étanchéité, réfléchissante aux rayons du soleil, qui diminue la
transmission de chaleur.
C. Les outils de conception bioclimatique (les diagrammes bioclimatiques)
Il existe aujourd’hui à travers le monde une multitude de méthodes de conception

bioclimatiques développées sur la base des données climatiques régionales et très souvent
adossées à des programmes nationaux ou régionaux d’efficacité énergétique dans le
bâtiment. Nous pouvons citer le diagramme d’Olgay, les tableaux de Mahoney, Eproklid
ou le diagramme de Givoni.
11
Diagramme bioclimatique de Givoni

Source : ONU Habitat, 2014
À titre d'exemple, nous pouvons nous appesantir un peu sur le diagramme de Givoni, en
illustration ci-dessus. Sa particularité est qu’il dispose d’un volume de données climatiques
assez dense, prend en compte les spécificités climatiques zonales et permet d’obtenir des
résultats satisfaisants. Il permet surtout de savoir s’il est possible avec des dispositifs passifs
d’atteindre le confort visé ou s’il est nécessaire d’avoir un apport technique comme la
climatisation pour l’atteindre.
Ce qu’on peut retenir est que tous ces outils ont certes des inconvénients, par exemple la non
prise en compte des données climatiques intérieures pour le diagramme d’Olgay ou l’absence
de possibilité de projection future pour le diagramme de Givoni, cependant ils peuvent déjà en
phase de conception, aider à considérablement améliorer le confort thermique du bâtiment à
construire.
D. Intégration des énergies renouvelables dans le bâtiment
Hôtel de ville, Fribourg, Allemagne
12
L’intégration architecturale des systèmes solaires photovoltaïques PV représente une

opportunité économique très intéressante, à côté de la protection contre les transmissions de
chaleur. Elle requiert cependant une planification minutieuse, raison pour laquelle l’apport d’un
spécialiste doit être sollicité dès le départ de la conception.
Afin de faciliter l’intégration des EnR dans l’environnement bâti, les états devraient mettre en
place des incitations telles que l’exonération de certaines taxes appliquées sur les
équipements solaires ou la mise en place de tarifs de rachat qui permettraient aux acquéreurs
d’amortir plus rapidement leurs investissements.
D’autre part, le niveau élevé de complexité des installations solaires requiert une formation
plus pointue des énergéticiens. Sa prise en compte dans le développement des modules de
formation permettrait aux utilisateurs de disposer de professionnels qualifiés et renforcerait
leur confiance envers ces systèmes de production énergétiques propres.
Si le sujet vous intéresse, vous trouverez dans le thème Énergie de ce cours Technologies de
l’environnement
Chauffe-eau solaire, cuisson solaire
Chauffe-eau solaire Four solaire

À côté du solaire photovoltaïque qui permet de produire de l’électricité et de s’autoalimenter,
nous disposons aussi du solaire thermique, qui offre des solutions moins couteuses.
Avec le chauffe-eau solaire, l’approvisionnement en eau chaude sanitaire est garanti pour
presque toute l’année dans les pays tropicaux, tandis que le cuiseur solaire permet de cuisiner
propre et de diminuer considérablement la forte pression exercée par la collecte du bois de
chauffe sur les ressources forestières.
E. Incitations financières pour la promotion des bâtiments durables
Avec la mise en place d’incitations financières, les pays tropicaux aideraient beaucoup à
promouvoir la construction durable et la rendre attractive, d’autant plus que ces types de
bâtiment aident, à côté de l’avantage environnemental, à améliorer la balance économique.
Parmi ces incitations, qui à coup sûr vont stimuler des actions de bonne gestion du terroir et
aider à améliorer la qualité de l’air, on peut citer :
• la mise en place de subventions pour les matériaux locaux

• la mise en place d’une exonération fiscale pour les bâtiments écologiques
13
• la mise en place d’un fonds de financement des bâtiments verts avec un taux
d’intérêt attractif.
F. Promouvoir l’adhésion des populations aux bâtiments durables
Maison bioclimatique, Zinder, Niger
L’adhésion des populations pourrait être renforcée à travers :
• une sensibilisation des décideurs politiques sur les bienfaits de la construction

écologique-durable et la nécessité de mettre en place un cadre réglementaire
adéquat ;
• une construction dans les grandes villes de bâtiments pilotes réellement utilisés
pour convaincre les populations de l’habitabilité de ces bâtiments. Ceci aidera à
réformer l’image écorchée qu’ont les populations de ces bâtiments ;
• une information et sensibilisation du grand public sur les qualités et avantages des
matériaux locaux tels que la terre ou les matériaux biosourcés par rapport au béton
et au verre, perçus comme signe de modernité.
Sensibilisation par l’exemple
Maison à énergie positive, Dakar, Sénégal
Nous sommes maintenant au terme de ce cours d’initiation à la construction durable et je vous

invite, à titre d’exemple, de regarder ce film sur une maison bioclimatique, à énergie positive,
14
construite en 2009, il y a maintenant 12 ans, à Dakar, au Sénégal. Ce film, réalisé par le

Ministère sénégalais de l’environnement et du développement durable, vous donnera
l’opportunité d’apprécier l’approche systémique utilisée ici pour bâtir cette habitation durable.
15
Conclusion
Chers participants,
Nous sommes à présent au terme de notre cours d’initiation sur la construction durable, qui
nous a permis dans un premier temps de comprendre les paramètres qui la définissent, ensuite
de cerner les défis qui l’empêchent de prendre son envol et enfin de lister des solutions qui
contribueront à la promouvoir.
Avec l’utilisation des ressources naturelles comme la terre, combinés avec les énergies
renouvelables disponibles sur site et une bonne stratégie d’efficacité énergétique, nous
parviendrons à améliorer la conception architecturale des bâtiments dans les pays tropicaux
pour ainsi diminuer leur empreinte carbone, tout en fournissant le confort adéquat pour les
occupants.
Nous espérons, chers participants, vous compter bientôt parmi les membres de la grande
famille des praticiens de l’écoconstruction pour une atteinte rapide et partout dans le monde
de l’ODD 11 des Nations unies sur les villes et communautés durables.
16

Module - Construction Ecologiquebioclimatique V2023

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Technologies de l’environnement / Module : Construction durable

Stratégies pour relever les défis de la construction écologique/bioclimatique

Table des matières

SÉQUENCE 1 : Principes de la construction durable

A. Conception écologique et/ou bioclimatique du bâtiment

Une conception architecturale adaptée au climat et respectueuse de l’environnement intègre

Il est peut-être important de rappeler à ce stade une définition consensuelle de la durabilité,

Attributs d’une conception durable

Concevoir durable (écologique et/ou bioclimatique), c’est prendre en compte le milieu, le

B. Analyse du cycle de vie (ACV)

La perception du confort hygrothermique renseigne sur l’équilibre thermique de notre

• la température ambiante de l’air

Je vous invite maintenant à suivre la deuxième séquence du module de formation, consacrée

SÉQUENCE 2 : Les défis de la construction durable en zone tropicale

A. Les principaux défis

 institutionnels avec notamment une réglementation écologique inexistante (ou

B. Le défi du cadre légal et réglementaire peu propice

C. Le défi de la maitrise des paramètres climatiques

D. Le défi du difficile accès et de la maitrise inadéquate des outils de conception

L’absence en général d’outils de conception de bâtiments bioclimatiques tenant compte des

Généralement, nous pouvons dire ceci :

E. Le défi de l'intégration des énergies renouvelables (EnR) et de l’efficacité

Le manque de personnels qualifiés pour la planification, la réalisation et la maintenance des

F. Le défi de l'absence d’incitation financière

Parmi ces lacunes, on peut citer :

• Une absence de subventions des matériaux locaux

G. Le défi de la faible adhésion des populations aux bâtiments écologiques

SÉQUENCE 3 : Solutions/stratégies de la construction durable

A. Cadre réglementaire et légal approprié

Très souvent, il ne s’agit que de :

• formuler les décrets d’application d’un code de la construction ou de

B. Les paramètres climatiques

Conception intégrée du bâtiment (forme et orientation du bâtiment)

Sur les images, nous avons trois formes de coupoles.

• Une avec puits de lumière pour un éclairage naturel

C. Les outils de conception bioclimatique (les diagrammes bioclimatiques)

Il existe aujourd’hui à travers le monde une multitude de méthodes de conception

Diagramme bioclimatique de Givoni

D. Intégration des énergies renouvelables dans le bâtiment

Hôtel de ville, Fribourg, Allemagne

L’intégration architecturale des systèmes solaires photovoltaïques PV représente une

Chauffe-eau solaire, cuisson solaire

Chauffe-eau solaire Four solaire

E. Incitations financières pour la promotion des bâtiments durables

• la mise en place de subventions pour les matériaux locaux

F. Promouvoir l’adhésion des populations aux bâtiments durables

Maison bioclimatique, Zinder, Niger

L’adhésion des populations pourrait être renforcée à travers :

• une sensibilisation des décideurs politiques sur les bienfaits de la construction

Maison à énergie positive, Dakar, Sénégal

Nous sommes maintenant au terme de ce cours d’initiation à la construction durable et je vous

construite en 2009, il y a maintenant 12 ans, à Dakar, au Sénégal. Ce film, réalisé par le

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