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Ressources documentaires.

Technologies de l’environnement / Module Nourrir la planète –


Production durable des semences

Production durable des semences

Dr Bouma Thio

Table des matières

Introduction ................................................................................................................... 2
SÉQUENCE 1 : Importance des semences et préservation des ressources
phytogénétiques ........................................................................................................... 3
A. Semence végétale : définition et catégories des semences ................................ 3
B. Importance des semences végétales ...................................................................... 4
C. De la nécessité de la préservation des ressources phytogénétiques ................ 5
SÉQUENCE 2 : Les modes de reproduction des plantes et les systèmes
semenciers .................................................................................................................... 8
A. Les modes de reproduction des plantes ................................................................ 8
B. Les systèmes semenciers ........................................................................................ 9

C. Cas pratique de production, contrôle et certification de semences de riz dans un


système formel de production de semences (cas du Burkina Faso) .......................... 10
SÉQUENCE 3 : Le marché de la semence et son rôle moteur pour
l’entrepreneuriat des jeunes. .................................................................................... 13
A. Le marché des semences ....................................................................................... 13
B. Semences et entrepreneuriat des jeunes (deux cas de réussite dans la
production de semences) .................................................................................................. 13
Conclusion ................................................................................................................... 15

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Production durable des semences

Introduction
Bonjour et bienvenue dans ce module sur la production durable des semences. Il apportera
des informations sur la semence végétale en tant que facteur important d’amélioration de la
productivité agricole mais également comme moyen de résilience des producteurs aux effets
du changement climatique. Ce module va également se pencher sur le marché des semences,
qui peut être une opportunité pour les jeunes et femmes dans l’entrepreneuriat agricole.

Le module sera structuré en trois séquences. La première permettra de mieux comprendre


l’importance des semences en tant que facteur important de productivité agricole, et la
nécessité de préservation des ressources phytogénétiques comme moyen de résilience aux
effets du changement climatique.

Dans la deuxième séquence nous allons aborder les modes de reproduction des plantes et
les systèmes semenciers avec un focus sur un exemple de production, de contrôle et de
certification des semences végétales au Burkina Faso.

La troisième séquence, elle, abordera le marché des semences, qui peut représenter une
source importante de création d’emplois et revenus. Nous présenterons les expériences d’une
entreprise semencière et d’une coopérative d’Union de Producteurs Semenciers présidée par
un jeune entrepreneur semencier, les deux organisations étant impliquées dans la production
de semences au Burkina Faso.

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Production durable des semences

SÉQUENCE 1 : Importance des semences et préservation des


ressources phytogénétiques
Cette séquence permettra de comprendre l’importance de la semence végétale dans
l’alimentation humaine et animale et sera structuré en trois (3) parties.

1. Dans la première, nous donnerons une définition de la semence végétale et des


différentes catégories de semences ;
2. Dans la deuxième, nous parlerons de l’importance des semences végétales ;
3. La troisième, elle, va porter sur la nécessité de la préservation des ressources
phytogénétiques, notamment dans le cadre de la résilience des producteurs aux effets
du changement climatique.

A. Semence végétale : définition et catégories des semences

1. Qu’est-ce qu’une semence végétale et quelles sont les catégories de


semences ?

Définition : La semence végétale agricole s’entend au sens le plus large et d’un point de vue
botanique, comme un matériel ou organe végétal, ou une partie de matériel ou d’organe
végétal (graine, bouture, bulbe, greffon, rhizome, tubercule, embryon, etc.), susceptible de
reproduire à l’identique l’individu dont elle est issue.

2. Quelles sont les catégories de semences ?

La production de semences répond à un schéma précis de production comprenant quatre


catégories de semences, à savoir :

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Figure 1 : Les différentes catégories de semences

NB : En fonction des différentes lois semencières régissant les pays et les communautés de
pays, la production des catégories peut relever des centres de recherche, des universités ou
des firmes semencières. La certification des semences est généralement assurée par un
organisme officiel de certification relevant généralement de l’État et dans certains pays, du
secteur privé. C’est la semence certifiée qui est généralement utilisée par le producteur. Dans
tous les cas, le contrôle de qualité se réfère à des normes et règles définies dans le cadre de
la législation semencière.

B. Importance des semences végétales

De l’importance de la semence, il est unanimement admis que la performance d’une


exploitation agricole, qu’elle soit familiale ou industrielle, va dépendre essentiellement de la
qualité des semences végétales utilisées, car celles-ci contribuent pour près de 40% à
l’augmentation des rendements.

Le développement des industries semencières a débuté dans les pays développés à partir des
années 50, ce qui a permis une production agricole importante en lien, bien sûr, avec une forte
mécanisation des différents travaux agricoles comme le labour, le semis, la récolte, etc. et la
production et l’utilisation accrue des engrais et pesticides chimiques.

Dans les pays en développement, le développement des industries semencières a été


beaucoup plus tardif. Depuis une dizaine d’années le Programme Semences de l’Alliance pour
la Révolution Verte en Afrique (AGRA) a favorisé un développement significatif des industries
semencières dans plusieurs pays d’Afrique.

Il convient aussi de noter que l’adoption de Cadre Règlementaire Semencier Commun (CRSC)
dans les différentes sous-régions africaines a permis l’harmonisation des législations inter-
États en matière de semences et par conséquent cela a favorisé une meilleure circulation des
semences entre les pays. On peut citer le Règlement CEDEAO-UEMOA-CILSS en Afrique de
l’Ouest et le Règlement Harmonisé sur les Semences (HSR) dans les pays de la Communauté
de Développement de l’Afrique Australe (SADC).

Une des contraintes majeures au développement de l’agriculture dans beaucoup de pays


francophones, notamment africains, demeure le faible taux d’utilisation des semences de
variétés améliorées. Dans le cas du Burkina Faso, par exemple, la production nationale de
semences certifiées utilisées par les producteurs excède rarement 20000 tonnes/an et le taux
couverture des superficies emblavées est de 18% en moyenne.

L’évolution des quantités moyennes de semences de variétés améliorées produites entre 2010
et 2020 est donnée dans la figure 2 ci-dessous.

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Figure 2 : Quantités de semences certifiées de variétés améliorées produites de 2010 à 2020


au Burkina Faso (Source : Service National des Semences, DGPV-MAAH, Burkina Faso)

À noter cependant que le recours à ces semences de variété améliorées doit s’accompagner
d’une préservation des semences traditionnelles.

C. De la nécessité de la préservation des ressources phytogénétiques

1. Pourquoi préserver les ressources phytogénétiques, dont les semences


traditionnelles ?

La préservation des ressources phytogénétiques, dont les semences paysannes ou


traditionnelles, est une priorité au niveau mondial. Dans les pays développés les semences
paysannes sont préservées dans des banques de gènes fonctionnelles avec des programmes
précis de régénération. Dans les pays en développement, notamment africains, la préservation
des ressources phytogénétiques se pose avec acuité à cause d’une part, de l’insuffisance de
banques de gènes et d’autre surtout, des contraintes financières de leur maintien. Aussi dans
beaucoup de ces pays, les semences traditionnelles sont préservées dans des banques de
gènes ex situ généralement localisées dans les Centres internationaux de recherches et/ou
dans les pays développés. On note également que malgré le faible taux d’utilisation des
semences de variétés améliorées, les variétés traditionnelles sont néanmoins
progressivement remplacées avec pour conséquences une érosion des semences locales
issues de pratiques millénaires de sélection paysanne. En effet selon la FAO environ 75% de
la biodiversité des plantes cultivées a été perdue entre 1900 et 2004. Or, la diversité des
ressources phytogénétiques est primordiale, car elle contribue à renforcer le potentiel
génétique dans la création de variétés adaptées aux effets du changement climatique et dans
la lutte contre les maladies et ravageurs des cultures.

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La FAO contribue à la préservation des ressources phytogénétiques notamment à travers le


Traité International sur les Ressources Phytogénétiques pour l’Alimentation et
l’Agriculture(TIRPGAA).

2. Qu’est-ce que le Traité International sur les Ressources Phytogénétiques pour


l’Alimentation et l’Agriculture ?

Le Traité International sur les Ressources Phytogénétiques pour l’Alimentation et l’Agriculture


(TIRPGAA) a été adopté par la Conférence de la FAO à sa trente et unième session, le 3
novembre 2001 et est entré en vigueur le 29 juin 2004. Le Traité a pour objet la conservation
et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques pour l’alimentation, l’agriculture et le
partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation, en harmonie avec la
Convention sur la diversité biologique, pour une agriculture durable et pour la sécurité
alimentaire.

3. Comment les ressources phytogénétiques sont-elles préservées au niveau


mondial ?

Grâce au Traité international sur les ressources phytogénétiques, les pays et les utilisateurs
ont accès aux ressources génétiques pour la recherche, la formation et la sélection et
participent aux avantages découlant de leur utilisation. Les Ressources phytogénétiques pour
l’Alimentation et l’Agriculture (RPGAA) participent à la préservation de la biodiversité dans son
ensemble, mais aussi à la sécurité alimentaire, à la santé et au développement. Dans son
deuxième rapport de 2010, la FAO listait plus de 1750 banques de gènes dans le monde où
sont conservées des collections de graines et de plantes et plus de 2500 jardins botaniques
qui conservent également d’importantes collections ex situ.

Deux stratégies globales de gestion des ressources génétiques sont utilisées.

La conservation in situ

La conservation « in situ » désigne le maintien et la reconstitution de populations d’espèces


viables dans leur milieu naturel et, dans le cas des espèces végétales cultivées, dans le milieu
où se sont développés leurs caractères distinctifs. Elle peut concerner les semences de
variétés traditionnelles ou locales, les vieilles variétés et le matériel non fixé (mélange de
génotypes le plus souvent). Dans le cas du Burkina Faso, les variétés traditionnelles ou locales
sont conservées dans les banques de gènes des instituts de recherche essentiellement
(INERA) et des Universités, et par les populations locales (essentiellement les producteurs).

La conservation ex situ

Les ressources phytogénétiques peuvent également être conservées en dehors de leur milieu
naturel. Cette méthode est notamment nécessaire lorsque l’environnement est menacé. Elle
se pratique dans des vergers ou jardins de conservation et sous forme de banques de
semences ou de vitroplants conservés généralement au froid. Au niveau mondial, les
principales banques de gènes ex situ se retrouvent sur la carte 1 ci-dessous.

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Carte 1 : Localisation des principales banques de gènes ex situ au niveau mondial

4. La résilience des producteurs à l’utilisation des semences traditionnelles ou


« endogènes »

Définition : La variété traditionnelle est définie comme une variété qui existe dans son milieu
naturel sans aucune intervention humaine, autre que la sélection massale, pour son
amélioration.

Pour la préservation des semences traditionnelles, il est recommandé essentiellement aux


institutions intervenant dans la gestion des ressources phytogénétiques de reconnaître
l’importance des variétés traditionnelles ou écotypes locaux et de les utiliser dans la sélection
et la création variétales pour une meilleure résilience des agricultures en réponse aux effets
des changements climatiques.

Il est important de noter que malgré l’utilisation massive de semences de variétés


améliorées, les agriculteurs continuent d’utiliser leurs variétés traditionnelles ou paysannes,
car facilement disponibles et s’adaptant souvent au mieux aux conditions du milieu et aux
effets du changement climatique ; c’est bien souvent la seule semence facilement accessible.

Photo 1 : Semences paysannes

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SÉQUENCE 2 : Les modes de reproduction des plantes et les systèmes


semenciers
Bonjour, c’est avec un grand plaisir que je vous présente cette séquence qui va porter sur les
modes de reproduction des plantes et sur les systèmes semenciers. Elle comprend trois
parties :

1. La première va porter sur les modes de reproduction des plantes, notamment chez les
espèces autogames, les espèces allogames et les hybrides ;
2. Dans la deuxième, nous allons aborder les systèmes semenciers observés dans les
pays en développement, notamment les systèmes formels et informels ;
3. Dans la troisième, nous allons présenter un cas pratique de production, contrôle et
certification de semences de riz dans un système formel de production de semences

A. Les modes de reproduction des plantes

Pour créer une variété, les sélectionneurs doivent prendre en compte les caractéristiques
biologiques propres à l’espèce qu’ils cherchent à améliorer et tout particulièrement son mode
de reproduction.

Définition : Les espèces de plantes dites autogames s’autofécondent naturellement et par


conséquent tendent à présenter une gamme de variabilité génétique assez étroite. Les
espèces autogames ont généralement une structure des fleurs qui facilite l’autopollinisation
au sein même de la fleur et, surtout, elles peuvent se reproduire ainsi générations après
générations, sans manifester aucun effet négatif dû aux autofécondations répétées. L’exemple
type est la tomate (Photo 2).

Photo 2 : Plante autogame - cas de la tomate avec une fleur ouverte après fécondation

Définition : Les espèces de plantes allogames se fécondent naturellement entre-elles et


disposent de divers mécanismes qui réduisent ou empêchent l’autopollinisation. Le maïs est
un bon exemple, avec des fleurs unisexuées très nettement séparées sur la plante : la panicule
mâle au sommet de la plante et les épis femelles à l’aisselle des feuilles. La production des
semences de variétés d’espèces allogames est en général plus délicate notamment pour la
conservation de leur pureté génétique. Lorsqu’elles sont artificiellement autofécondées, les
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plantes allogames expriment généralement une perte de vigueur qui s’accroît au fil des
générations.

Photo 3 : Plante allogame - cas du maïs avec fleur mâle (en haut) et fleur femelle (en bas

Définition : Les espèces végétales hybrides sont issues du croisement entre deux individus
appartenant à deux lignées pures distinctes. L’hybridation consiste en des croisements entre
les géniteurs (allèles du père et de la mère) que l’on a identifiés afin d’obtenir de nouvelles
combinaisons de gènes. Chaque croisement est identifié individuellement et les graines
obtenues de la 1ère génération est dite F1 (dérivé de l’anglais first filial). Les graines F1 ainsi
obtenues sont semées pour produire la génération F2 au niveau de laquelle toute la variabilité
génétique du croisement va s’exprimer. Il peut en résulter une diversité génétique plus ou
moins forte selon la proximité des lignées pures utilisées avec souvent des caractères
meilleurs que ceux des lignées pures ; on parle de vigueur hybride (ou hétérosis). C’est
l’exemple des interspécifiques de riz issus du croisement Oryza sativa x O. glaberrima appelés
NERICA (New Rice for Africa).

Lorsque des individus hybrides F1 se croisent, la qualité génétique qui fait leur intérêt se
dilue. Cela oblige les agriculteurs à racheter des semences auprès des obtenteurs s’ils veulent
continuer à profiter des avantages des lignées hybrides et crée de ce fait une dépendance.

Photo 4 : Interspécifiques issus du croisement Oryza sativa x O. glaberrima (Source :


ADRAO, 2006)

B. Les systèmes semenciers

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Deux systèmes semenciers sont observés dans les pays en développement, essentiellement
en Afrique où les agriculteurs n’ont pas toujours accès à des semences de variétés
améliorées.

Le système semencier traditionnel ou « informel » est surtout observé chez les petits
producteurs pauvres qui sont confrontés aux problèmes d’accès aux semences de variétés
améliorées. Dans ce système, le producteur procède lui-même à une sélection de ses
semences, généralement sur une base massale. C’est-à-dire qu’il va choisir les plantes les
plus intéressantes dans une population de plantes, puis utiliser les graines pour la génération
suivante. Il utilise des semences de variétés traditionnelles ou améliorées principalement pour
sa production de consommation et échange ou vend éventuellement le supplément. Ce
système fournit encore la majorité des semences utilisées, notamment près de 80% des
semences utilisées au Burkina Faso.

Le système semencier conventionnel ou « formel » est basé sur la production de semences


de variétés améliorées issues de la recherche agricole, avec une multiplication assurée par le
secteur privé (producteurs individuels, entreprises et organisations des producteurs de
semences, etc.).

Il existe des dispositions réglementaires qui régissent le fonctionnement de ce système formel


comprenant différentes étapes dont essentiellement : la déclaration de culture, les inspections
au champ, les échantillonnages, les analyses au laboratoire, la certification, etc.

Le système semencier conventionnel prend de l’importance, car la commercialisation des


semences certifiées s’étend au-delà des frontières nationales du fait de la régionalisation
accrue des marchés et d’une augmentation de la circulation transfrontalière grâce à
l’harmonisation du dispositif réglementaire au niveau communautaire dans les pays des
différentes grandes régions africaines (CEDEAO-UEMOA-CILSS en Afrique de l’Ouest, SADC
en Afrique australe, etc.).

C. Cas pratique de production, contrôle et certification de semences de riz


dans un système formel de production de semences (cas du Burkina
Faso)

Cette partie va porter sur un cas pratique de production de semences certifiées selon la Loi
n°010/2006/AN du 31 mars 2006 portant réglementation des semences végétales au Burkina
Faso. Les étapes à remplir pour un producteur qui veut se lancer dans la production de
semences certifiées sont connues et contenues dans la loi sur les semences.

Cet exemple concerne le Burkina Faso, mais vous pourrez voir que des processus de
certification des semences agricoles de ce type existent dans la plupart des pays. Nous vous
encourageons vivement à vous renseigner sur la règlementation en vigueur dans votre pays
si vous souhaitez vous lancez dans la production des semences.

Pour ce cas pratique, nous allons interviewer, Tianze Sessouma, un producteur semencier
collaborant avec la société NAFASO basée à Bobo-Dioulasso avec une sortie sur la plaine
irriguée de Bama située à 25km de la ville. Le producteur semencier abordera tous les aspects

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liés à la production de semences qui sont donnés ci-dessous et que vous retrouverez dans la
séquence vidéo du cours :

Production et inspection au champ :

Avant que le producteur ne soit inscrit sur le registre des producteurs semenciers, il doit
présenter une attestation de formation dans le domaine des semences ou bénéficier de l’appui
d’un technicien compétent. L’inscription est soumise au paiement d’une taxe unique de cinq
mille (5000) FCFA.

Après son inscription auprès des services techniques du Ministère en charge de l’agriculture,
les agents assermentés en charge de l’inspection/certification des semences vont s’assurer
dans un premier temps que le champ du producteur respecte les normes de qualité dont
essentiellement l’isolement ; cela peut aller de 3 à 10m dans le cas du riz en fonction de la
catégorie de semences.

Après la mise en place de la parcelle de production de semences de riz, les agents


assermentés chargés du contrôle/certification effectuent 3 inspections au stade tallage,
floraison et à la récolte du riz. Ces inspections visent à se rassurer que le semencier respecte
les normes sanitaires de prodiuction de semences de riz notamment l’état sanitaire du champ
(présence de maladies, d’insectes, de mauvaises herbes, etc.), l’absence des hors-types
(photo 5) et le respect des opérations de récolte et post-récolte.

Photo 5 : Présence de hors-types (variétés autres que celles cultivées)

Lorsque les semences certifiées produites sont stockées dans des magasins dédiés, l’agent
assermenté en charge du contrôle/certification va passer effectuer un prélèvement de
semences dans les sacs étiquetés.

Analyse au laboratoire et certification :

Pour les analyses au laboratoire, des images seront prises au niveau du laboratoire régional
d’analyse des semences de Bobo-Dioulasso. Vous pourrez les retrouver dans la vidéo de
cours avec l’interview de Lota Gnoumou, responsable du laboratoire.

Les semences prélevées et étiquetés vont subir une série d’analyses selon les prescriptions
de l’ISTA ; les plus importantes sont la pureté spécifique, la pureté variétale, la présence de
semences mauvaises herbes et des matières inertes, le taux de germination, le taux
d’humidité, l’état sanitaire, etc.

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Photos 6 et 7 : Analyse des échantillons de semences au laboratoire

Photos 8 et 9 : Tests de germination des semences sur buvard et sur sable

À l’issue de l’ensemble des analyses au laboratoire, un certificat d’analyse de qualité des


semences (bonne ou mauvaise) est délivré au producteur pour une durée de six (6) mois.
Avec son certificat d’analyse en main, le producteur peut commercialiser sa semence à un
groupement ou à une entreprise semencière ou enfin à des producteurs individuels ;

Les laboratoires d’analyse des semences assurent également le contrôle post-certification si


la distribution se fait plusieurs mois après la délivrance du certificat d’analyse ou en cas de
contestation.

En conclusion, ce processus de certification des semences agricoles existe dans la plupart


des pays africains et vise à mettre à la disposition des producteurs agricoles des semences
certifiées de bonne qualité.

Nous encourageons les jeunes qui voudraient se lancer dans la production des semences car
c’est un marché en pleine expansion, comme nous allons le voir dans la prochaine séquence.

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SÉQUENCE 3 : Le marché de la semence et son rôle moteur pour


l’entrepreneuriat des jeunes.
Bonjour et bienvenue dans cette troisième séquence qui va aborder le volet du marché des
semences végétales et le rôle moteur des semences dans l’entrepreneuriat des jeunes et
femmes. Cette séquence comporte deux parties :

1. La première va porter sur le marché des semences ;


2. La deuxième séquence vous présentera les expériences de deux entrepreneurs
semenciers du Burkina Faso.

A. Le marché des semences

Le marché mondial des semences est évalué à 63 milliards US $ en 2021 et devrait atteindre
86,8 milliards US $ en 2026 soit un taux d’accroissement de 6,6 %. Cette croissance fulgurante
des industries semencières est expliquée en grande partie par les nouvelles technologies,
notamment l’adoption des hybrides et le développement des semences de plantes
génétiquement modifiées. L’Amérique du Nord (USA et Canada) représente une grande part
du marché des semences avec le Brésil, l’Argentine, la Chine et l’Inde. Les principales
industries semencières sont représentées par les firmes allemandes BASF SE et Bayer, la
Suisse (Syngenta), les USA (Land O’ Lakes, Corteva Agriscience) et la France (Groupe
Limagrain). En Afrique, quelques pays tirent des parts du marché et sont localisées
essentiellement en Egypte et en Afrique du Sud.

Le marché des semences est très florissant et plusieurs entreprises semencières africaines
tentent de relever le défi qui est de faciliter l’accès des producteurs à des semences de qualité
en quantité suffisante. Pour booster le secteur des semences en Afrique, l’Alliance pour la
Révolution Verte en Afrique (AGRA) a lancé en 2007 le Programme pour les Systèmes
Semenciers en Afrique (PASS) ; en 2014, 80 entreprises semencières ont bénéficié de
financement du PASS produisant environ 80000 tonnes de semences certifiées. Actuellement
c’est environ 400000 tonnes de semences qui sont produites par les sociétés semencières
africaines gérées pour la majorité par de jeunes entrepreneurs.

Au Burkina Faso le marché des semences est dominé par l’Union Nationale des Producteurs
de Semences du Burkina (UNPSB) regroupant près de 3500 producteurs semenciers et qui
bénéficie depuis une quinzaine d’années de contrat d’achat annuel d’environ 8000 et 10000
tonnes pour une valeur marchande de près de 3 à 4 milliards de FCFA soit 8 millions US $.
L’Association Nationale des Entreprises Semencières du Burkina (ANESB) compte une
douzaine d’entreprises semencières dont plusieurs ont bénéficié de l’appui de l’Alliance pour
la Révolution Verte en Afrique (AGRA). La Société Neema Agricole du Faso (NAFASO)
occupe une grande part du marché au Burkina et dans la sous-région ouest-africaine. Elle
commercialise en moyenne 6000 à 10000 tonnes de semences écoulées au Burkina Faso et
au-delà.

B. Semences et entrepreneuriat des jeunes (deux cas de réussite dans la


production de semences)
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Dans cette partie, nous allons nous entretenir avec deux entrepreneurs qui ont fait de la
semence leur business depuis plus d’une dizaine d’années. Nous proposons ces deux vidéos
afin que des jeunes et des femmes puissent s’intéresser à l’entreprenariat agricole dans le
domaine des semences.

Dans la première vidéo, Monsieur Abdoulaye SAWADOGO de la Société Neema Agricole


du Faso (NAFASO) va présenter son expérience dans le domaine de production des
semences. De simple producteur semencier, Monsieur Abdoulaye SAWADOGO crée en 2008
NAFASO qui est connue comme une référence dans le domaine de la production de semences
de base et de semences certifiées au Burkina Faso et en Afrique. En plus de ses propres
exploitations agricoles, l’entreprise NAFASO collabore avec des centaines de producteurs
semenciers individuels aux niveaux national et sous-régional et commercialise en moyenne
près de 5000 tonnes de semences de base et certifiées pour plusieurs milliards de FCFA ; la
société exporte ses semences dans plus d’une dizaine de pays, essentiellement vers la Côte-
d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Libéria, le Sierra Leone, le Sénégal, le Congo.

Dans la deuxième vidéo, nous aurons un aperçu de la Coopérative de l’Union Nationale des
Producteurs de Semences du Burkina Faso, présenté par son Président, Monsieur Inoussa
OUEDRAOGO, également responsable d’une entreprise semencière. Monsieur Inoussa
Ouédraogo est un jeune entrepreneur semencier qui est à la tête de plus de 3500 producteurs
semenciers du Burkina depuis mars 2019 ; il va nous parler de la gestion de cette coopérative
et comment il ambitionne d’insuffler une nouvelle dynamique afin de booster l’accessibilité des
semences au marché national et international.

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Conclusion
Nous voici au terme du module sur la production durable des semences. Nous espérons que
ces séquences développeront en vous l’esprit d’entrepreneuriat agricole dans le domaine des
semences végétales.

La première séquence a permis de mieux comprendre ce qu’est la semence végétale et son


importance dans l’accroissement de la productivité agricole, et également les différentes
catégories de semences avec pour finalité la production de semences certifiées R1 et R2.

Dans la deuxième séquence, nous avons abordé le mode de reproduction des plantes
important dans la production de semences et aussi les systèmes semenciers qui sont
influencés par les ressources financières des producteurs.

Enfin dans la troisième séquence, nous avons parlé du marché des semences qui peut
constituer une source d’emplois des jeunes en milieu rural et de revenus durables. Les
expériences de deux entrepreneurs, messieurs Abdoulaye SAWADOGO et Inoussa
OUEDRAOGO, vous inciterons à vous lancer dans la production de semences.

J’espère que ce module vous a permis de mieux comprendre ce qu’est la semence, son
importance dans le développement agricole des pays et les retombées financières que vous
pourrez en tirer en y investissant.

RÉFERENCES CITÉES

Burkina Faso, 2006. “Loi N°010-2006/AN portant réglementation des semences végétales au
Burkina Faso.”

Centre d’actualités de l’ONU, FAO : la perte de biodiversité végétale menace la sécurité


alimentaire globale, 26 octobre 2010 : http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.
asp?NewsID=23461#.WP4B0mekLIV

Coordination Sud, 2017. Agriculture • Alimentation. Le droit aux semences agriculture •


alimentation un droit essentiel pour les paysan-ne-s ! Site web : www.coordinationsud.org

FAO (2008). L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde. http://www.fao.org/3/a-


i0291f.pdf

Michael Turner, 2010. Les semences. Éditions Quæ, CTA, Presses agronomiques de
Gembloux. Version originale publiée en anglais sous le titre “Seeds” par MacMillan Education,
division de Macmillan Publishers Limited, en coopération avec le CTA en 2010 ISBN: 978-0-
230-02239-3 © Quæ, CTA, Presses agronomiques de Gembloux pour la version française,
2013

New York, April 08, 2021 (GLOBE NEWSWIRE) -- Reportlinker.com announces the release
of the report "Seeds Market by Type, Trait, Crop Type And Region - Global Forecast to 2026"
- https://www.reportlinker.com/p04436644/?utm_source=GNW

REMERCIEMENTS
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Les photos apparaissant dans la troisième séquence du sous-module 2 portant sur le


processus de contrôle et certification des semences végétales sont tirées du document
« Processus de certification des semences et rôle des acteurs » édité par le Ministère en
Charge de l’Agriculture du Burkina Faso en 2014.

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