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COMMUNICATIONS ORALES

Recueil des résumés


ATELIER 11
[Traitements biologiques et phytomanagement]
- Atelier 11 -
Traitements biologiques et phytomanagement
[Traitements bio]

Présidence atelier
Patrick CHARBONNIER, LUXCONTROL
Olivier FAURE, Ecole des Mines de Saint-Etienne

• Bioremédiation des sols : Interactions entre polluants organiques


et champignons saprotrophe,
Catherine RAFIN, Université du Littoral Côte d’Opale ................................................................................................... p3

• Effet des champignons endophytes sur le potentiel de phytoextraction


de Noccaea caerulescens,
Catherine SIRGUEY, Université de Lorraine............................................................................................................................ p5

• Les PCB dans les sols, une préoccupation majeure, comment les éliminer ?
Laure MALAGNOUX, ENVISOL........................................................................................................................................................ p10

• Traitement des sols pollués aux hydrocarbures par biopiles simples ou végétalisées,
Sébastien KASKASSIAN, Tauw France.................................................................................................................................... p13

• Phytoextraction in situ du Zn et du Cd par Arabidopsis halleri en co-culture


avec Salix viminalis,
Arnaud GRIGNET, INERIS ................................................................................................................................................................ p17

• Agromine des terres rares,


Marie-Odile SIMONNOT, Université de Lorraine.............................................................................................................. p22

• Traitements biologiques innovants appliqués à des pollutions


et des environnements extrêmes,
Carole MARCON, Soléo Services................................................................................................................................................. p26

• Avancées sur la mesure de la biodisponibilité des hydrocarbures


et les méthodes pour l’augmenter,
Christophe BARNIER, Golder Associates .............................................................................................................................. p31

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Bioremédiation des sols :
Interactions entre polluants organiques et champignons saprotrophes

Catherine RAFIN*, Etienne VEIGNIE


Université du Littoral Côte d’Opale (ULCO), Unité de Chimie Environnementale et Interactions sur le Vivant
(UCEIV), Dunkerque, rafin@univ-littoral.fr

Résumé

Nos recherches concernent le développement de méthodes innovantes de bioremédiation de sols pollués


par des polluants organiques hydrophobes (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques HAP,
dioxines/furanes, polluants émergents) en stimulant le potentiel naturel de microorganismes du sol, en
particulier les champignons filamenteux saprotrophes. Ces recherches sont conduites au laboratoire (in vitro
et en microcosmes de sols). Des études fondamentales nous ont permis d’améliorer la compréhension des
voies métaboliques fongiques impliquées dans la dégradation de ces polluants hydrophobes en prenant le
benzo[a]pyrène (BaP) comme polluant modèle. Puis, des études de faisabilité sont réalisées en optimisant
les paramètres cruciaux impliqués dans la biodégradation des polluants : souche(s) fongique(s), source de
nutriments, formulation de l’inoculum, biodisponibilité du polluant etc. La finalité de ces études est de
développer une méthode biologique ex situ (sur site ou hors site) performante avec des rendements de
dégradation compatibles avec une valorisation des sols en des délais acceptables.

Introduction

Les recherches sont fondées sur trois questions scientifiques fondamentales :


 Existe-t-il une biodiversité fongique dans des sols dégradés ?
 Comment les champignons filamenteux saprotrophes dégradent-ils les polluants organiques
hydrophobes?
 Comment optimiser leurs aptitudes naturelles pour développer des procédés innovants de
bioremédiation des sols?

Matériel et méthodes

Pour répondre à ces questions, notre démarche scientifique est déclinée en cinq étapes :
* Etape 1 : échantillonnage de sols à partir de sites industriels pollués.
* Etape 2 : caractérisation des sols d’un point de vue pédologique et pollution. Réalisation d’isolements de
champignons par des méthodes pasteuriennes et identification des souches par biologie moléculaire.
* Etape 3 : criblage des souches fongiques isolées sur leur capacité à dégrader le(s) polluant(s) d’intérêt (par
exemple le BaP) en milieu de culture minéral in vitro.
* Etape 4 : compréhension des voies métaboliques fongiques impliquées dans la dégradation du BaP
comme polluant modèle par un champignon, Fusarium solani.
* Etape 5 : Etude en microcosmes de sols historiquement contaminés en faisant varier des paramètres tels
que les facteurs environnementaux, la biodiversité microbienne, ses fonctionnalités, son organisation
spatiale.

Résultats et discussion

Ces recherches nous ont permis:


* de réaliser une mycothèque de champignons saprotrophes (Mycothèque UCEIV ULCO répertoriée dans le
Réseau Fungi Systematic Network R-Syst, INRA) isolées de sols industriels pollués (ancienne usine à gaz,
usine d’incinération des ordures ménagères, autres). Ces isolements ont été réalisés principalement en
région Hauts de France à partir de sites industriels ou de sites expérimentaux (site atelier de l’Union du
réseau SAFIR, site d’expérimentation d’Halluin).
* de sélectionner des souches compétentes capables de dégrader le BaP, modèle d’HAP de haute masse
molaire, en milieu de culture minéral in vitro en 2 semaines d’incubation avec des taux de dégradation de 15
à 30 %.

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* d’apporter un éclairage nouveau sur les mécanismes spécifiques impliqués dans l’incorporation, le
transport, le stockage et la métabolisation du BaP chez Fusarium solani (Nectriaceae, Ascomycota), modèle
fongique étudié.
* de réaliser des essais de biostimulation et/ou de bioaugmentation sur des sols historiquement contaminés
par une démarche de scale-up (partenariat avec la SATT Nord et le soutien financier de la région Hauts de
France au travers de son programme Start-AIRR)

Figure 1. Mécanismes impliqués dans la dégradation du benzo[a]pyrène chez Fusarium solani


(Nectriaceae, Ascomycota) en milieu minéral en culture in vitro

Conclusions et perspectives

Les perspectives R & D relatives aux potentialités des micro-organismes en particulier des champignons
saprotrophes pour des applications environnementales (réhabilitation des sites & sols pollués, reconquête
de friches industrielles et urbaines, valorisation de divers matériaux contaminés) sont discutées comme un
enjeu potentiel important dans le domaine de la réhabilitation des sols, des biotechnologies fongiques et de
l’économie circulaire. De nouvelles applications peuvent être envisagées sur d’autres polluants et d’autres
matrices contaminées (sédiments, effluents liquides, effluents gazeux).

Références

Delsarte I., Rafin C., Mrad F., Veignie E. (2018). Lipid metabolism and benzo[a]pyrene degradation by Fusarium solani:
an unexplored potential. Environmental Science and Pollution Research, 25, 12177-12182.
Fayeulle A., Veignie E, Slomianny C, Dewailly E., Munch J.C., Rafin C. (2014). Energy-dependent uptake of
benzo[a]pyrene and its cytoskeleton-dependent intracellular transport by the telluric fungus Fusarium solani.
Environmental Science and Pollution Research, 21, 3515–3523.
Fayeulle A., Veignie E, Schroll R., Munch J.C., Rafin C. (2019). PAH biodegradation by telluric saprotrophic fungi
isolated from aged PAH-contaminated soils in mineral medium and historically contaminated soil microcosms Journal of
Soils and Sediments https://doi.org/10.1007/s11368-019-02312-8
Rafin C., de Foucault B., Veignie E. (2013). Exploring micromycetes biodiversity for screening benzo(a)pyrene degrading
potential. Environmental Science and Pollution Research, 20, 3280-3289.
Veignie E, Rafin C, Woisel P, Cazier F (2004). Preliminary evidence of the role of hydrogen peroxide in the degradation
of benzo[a]pyrene by a non-white rot fungus Fusarium solani. Environmental Pollution, 129, 1–4.

Remerciements
Ces recherches ont été réalisées grâce au soutien financier du fonds européen de développement régional
FEDER, ADEME, région Hauts de France, PMCO, MEL, Dunkerque grand littoral, PHC Procope et aussi
grâce à tous les partenaires institutionnels, privés et associatifs qui nous ont accompagnés dans nos
réflexions.

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Effet des champignons endophytes sur le potentiel de
phytoextraction de Noccaea caerulescens
(Projet Endoextract)

Catherine SIRGUEY1, Damien BLAUDEZ2


1 : Université de Lorraine, INRA, LSE, Vandoeuvre-lès-Nancy (catherine.sirguey@univ-lorraine.fr)
2 : Université de Lorraine, CNRS, LIEC, Vandoeuvre-lès-Nancy (damien.blaudez@univ-lorraine.fr)

* contact : catherine.sirguey@univ-lorraine.fr

Résumé

Les champignons endophytiques racinaires de type « dark septate endophytes » (DSE) pourraient
améliorer le potentiel de phytoextraction de métaux de plantes hyperaccumulatrices. Dans notre étude,
nous avons isolé et identifié des souches DSE de différentes populations naturelles de Nocceae
caerulescens et montré que la forte accumulation de métaux n’était pas le facteur principal concourant
à l’établissement de la diversité fongique endophytique. Certaines souches ont montré un atout positif
en terme de croissance et/ou de nutrition minérale et/ou de phytoextraction de la plante hôte. Ces
premières expériences ouvrent la voie à des études plus approfondies qui permettront d’améliorer le
procédé de phytoextraction.

Introduction

Noccaea caerulescens est une plante de la famille des Brassicaceae, largement répandue en France
et en Europe, connue pour son aptitude à hyperaccumuler le Cd et le Zn à des concentrations très
élevées faisant de cette espèce un des meilleurs candidats pour la phytoremédiation des sols
contaminés par des éléments traces métalliques [1, 2]. Toutefois, son utilisation est limitée par sa faible
vitesse de croissance, une production de biomasse limitée et un rendement d’extraction pouvant être
affecté par différents facteurs environnementaux [3].

Des travaux récents menés sur les interactions entre plantes et micro-organismes pour améliorer le
potentiel de phytoremédiation des sols contaminés [4] montrent que non seulement certains
microorganismes sont capables d’améliorer la croissance des plantes et le prélèvement des métaux
mais qu’ils apparaissent aussi comme une alternative durable à l’utilisation de fertilisants chimiques [5].
La plupart des plantes hyperaccumulatrices (dont Noccaea) ne sont pas colonisées par les
champignons mycorhiziens mais peuvent être colonisées par des champignons endophytiques. Cette
association privilégiée entre la plante et les champignons endophytiques en font des acteurs privilégiés
pour l’amélioration du potentiel de phytoremédiation des sols contaminés en métaux par rapport aux
micro-organismes rhizosphériques [6]. En particulier, certaines espèces de champignons de type DSE
sont promoteurs de la croissance des plantes et permettent un meilleur développement en conditions
de stress à la fois par des effets directs (sécrétion de phytohormones, sidérophores ou d’enzymes) et
indirects (résistance aux pathogènes) [7]. Leur effet sur des plantes hyperaccumulatrices n’a toutefois
pas encore été étudié.

Dans ce contexte, le projet Endoextract a pour objet (i) d’étudier la microflore fongique de populations
naturelles de l’hyperaccumulateur N. caerulescens via une approche de séquençage et (ii) d’isoler des
champignons endophytiques de type DSE promoteurs de la croissance pour évaluer leur potentiel dans
l’amélioration de la phytoextraction de Cd et Zn de sols contaminés.

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Matériel et méthodes

L’étude de la diversité fongique endophyte cultivable a été effectuée suite à trois campagnes de
prélèvement de plantes avec la terre rhizosphérique associée. Les plantes ont été prélevées dans deux
régions géographiques distinctes (Vosges et Cévennes) correspondant à deux des trois sous-unités
génétiques de l’espèce sur le territoire français [8]. Au sein de chaque sous-unité, plusieurs stations
correspondant à des types édaphiques différents ont été échantillonnées : le type calaminaire (CAL)
aux sols riches en Cd, Pb et Zn, le type serpentine (SER) aux sols riches en Ni et le type non-métallifère
(NMET). Les champignons endophytes ont été isolés à partir de feuilles et racines puis cultivés in vitro.
La détermination taxonomique des souches a été réalisée après séquençage d’amplicons ITS. Les
parties aériennes des plantes et les terres rhizosphériques ont été analysées pour leurs teneurs en
éléments majeurs et en trace.

L’étude de l’effet de champignons endophytes sur le potentiel de phytoextraction de N. caerulescens a


été réalisée au cours de deux expériences. La première visait à évaluer l’impact de souches de type
DSE issues de racines de peuplier se développant sur différents sites contaminés et pour lesquelles un
effet a été observé sur la croissance et l’extraction des métaux par le peuplier en conditions contrôlées
[9, 10]. La deuxième visait à évaluer l’impact de souches endophytes de N. caerulescens issues des
campagnes de terrain pour lesquelles un effet potentiel de promotion de la croissance des plantes (ou
effet PGP) a été mis en évidence d’après la littérature.
N. caerulescens (population Ganges) a été précultivé durant 7 semaines sur un substrat constitué d’un
mélange de terreau et de sable avant transplantation dans des pots de culture contenant de la terre
contaminée et inoculée avec les souches test. Au total, trois terres contaminées ont été utilisées pour
tester l’effet de l’inoculation. Les principales caractéristiques de ces terres sont reprises dans le Tableau
1. Un témoin non inoculé a également été réalisé.

Tableau 1. Principales caractéristiques physico-chimiques des terres testées.

Ont été mesurés en fin de culture : les biomasses fraîches et sèches aériennes et racinaires, le
métabolisme de la plante par mesure du statut azoté (NBI) et de l’indice des anthocyanes épidermaux
(ANTH) (Dualex Scientific, Force-A) et, les teneurs en élément majeurs et en trace dans les parties
aériennes et racinaires.

Résultats et discussion

Concernant la diversité en champignons endophytes cultivables de populations sauvages de N.


caerulescens, 56 genres différents ont été recensés dont 17 sont présents dans au moins 5 % des
échantillons. Si plusieurs genres pathogènes ont été recensés (ex. Rhizoctonia, Fusarium), certains
genres pourraient présenter un potentiel PGP (ex. Phialophora, Leptodontidium, Embellisia).
L’abondance relative des 17 principaux genres (AR) met en évidence des communautés différentes
suivant l’organe, la sous-unité génétique et le type édaphique. Une analyse factorielle multiple a été
réalisée en prenant en compte trois groupes de variables correspondant à AR dans les racines ou
dans les feuilles et aux teneurs en éléments dans les parties aériennes et dans les terres
rhizosphériques. Les résultats indiquent une concordance partielle entre les trois groupes de variables
signifiant que les communautés endophytes des racines ou des feuilles de Noccaea ne sont que
partiellement corrélées au contenu en éléments des plantes et des terres.

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Figure 1 : Matrice de corrélation entre les teneurs en Cd, Ni, Pb et Zn dans les terres rhizosphériques (.S)
et les feuilles (.L) de N. caerulescens et l’abondance relative des principaux genres recensés dans les
feuilles (à gauche) et dans les racines (à droite). Les genres en vert et orange présentent un intérêt
potentiel en tant que promoteur de croissance des plantes.

Quel que soit l’organe, les genres dominants se répartissent en trois groupes (Figure 1) : indifférents
aux teneurs en métaux (environ 50 %), tolérants aux teneurs élevées en Cd, Pb et Zn mais intolérants
au Ni et, tolérants au Ni mais intolérants aux teneurs élevées en Cd, Pb et Zn. A noter la concordance
entre les genres d’intérêt pour leur potentiel PGP et la tolérance aux teneurs élevées en Cd, Pb et Zn.
L’inoculation de N. caerulescens par cinq souches DSE issues des travaux de Berthelot et al. [9] a été
testée en conditions contrôlées sur les terres T1 et T2. L’objectif était de tester si le potentiel PGP de
ces souches pouvait s’exprimer (i) avec d’autres espèces et, (ii) en présence d’un sol faiblement
contaminé (T1). Aucun effet significatif de l’inoculation n’a pu être mis en évidence sur la terre T1. Sur
la terre T2, l’analyse en composante principale des données a mis en évidence l’intérêt de la souche
PR30 pour améliorer le potentiel de phytoextraction en particulier par l’augmentation de la production
de biomasse racinaire sèche et des teneurs en Cd dans les parties aériennes et racinaires (Figure 2).
La souche Me07 présente également un effet PGP par l’augmentation des teneurs en nutriments (K, S
et P) dans les racines. Ces deux souches correspondent au même genre (Leptodontidium) mais ont été
échantillonnées sur deux sites contaminés différents indiquant que, pour une souche donnée, son effet
dépendrait non seulement du genre mais également de la souche ou du sol d’origine. Seule la souche
PR27 a eu un effet positif significatif sur la production de biomasse sèche aérienne.

Figure 2 : Effet de l’inoculation de N. caerulescens par des souches DSE de peuplier sur sa croissance et
le prélèvement des éléments. Analyse en composante principale : à gauche, cercle de corrélation des
variables ; à droite, carte des individus en fonction de la souche DSE testée.

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Lors d’une deuxième expérience, l’effet des souches PR30 et PR27 et leur co-inoculation a été
comparé à celui de souches endophytes de populations sauvages de Noccaea. La culture a été
menée sur la terre T3 qui présente une contamination modérée, intermédiaire entre les terres T1 et
T2. L’analyse multivariée des données permet d’expliquer 40 % de la variation sur le premier plan
factoriel. La dimension 1 représente le métabolisme de la plante avec prépondérance soit d’un
métabolisme secondaire, caractérisé par des indicateurs de stress (ANTH, teneurs en Pb et Na dans
les feuilles et les racines), soit d’un métabolisme primaire, caractérisé par des indicateurs de
valorisation des éléments nutritifs (teneurs en P et K des parties aériennes, NBI) et des éléments en
trace (teneurs en Cd, Ni et Zn des parties aériennes) (Figure 3). La répartition des individus suivant
cet axe ne permet pas d’identifier de souche présentant un effet significativement positif par rapport à
la modalité contrôle, même si DBF159 conduit globalement à un meilleur prélèvement des éléments
par la plante. Au contraire, deux souches présentent un effet significativement négatif : PR27 et
DBF81. Concernant la co-inoculation de PR27 et PR30, on observe un effet antagoniste : quel que
soit le paramètre considéré, l’effet mesuré lors de la co-inoculation représente peu ou prou la
moyenne des effets des souches inoculées individuellement.

Figure 3 : Effet de l’inoculation de N. caerulescens par des souches endophytes de l’espèce et deux
souches DES de peuplier sur sa croissance et le prélèvement des éléments. Analyse factorielle multiple :
à gauche, cercle de corrélation des variables ; à droite, carte des individus en fonction de la souche
testée.

Conclusions et perspectives

Ces premiers résultats mettent en évidence un potentiel certain quant à l’amélioration de la


phytoextraction des métaux par N. caerulescens grâce à l’inoculation par des souches endophytes. Cet
effet interviendrait en particulier en favorisant la valorisation par la plante des éléments nutritifs
essentiels (N, P et K). Toutefois, cet effet serait fortement lié au niveau de contamination du sol : dans
les sols faiblement ou modérément contaminés, la teneur en métaux disponibles apparaît comme un
facteur limitant sur lequel l’inoculation n’aurait pas d’effet. Par ailleurs, pour un genre donné, l’effet de
l’inoculation dépend de la plante hôte d’origine ; des souches endophytes issues de populations
naturelles de Noccaea étant globalement plus efficaces que celles issues d’une autre espèce végétale.
Enfin, dans les conditions testées, la co-inoculation de souches présentant des effets
complémentaires lorsqu’elles sont inoculées individuellement ne permettrait pas d’augmenter le
rendement de phytoextraction. Des expériences complémentaires sont en réflexion et viseront à
démontrer le potentiel de ces champignons endophytes en terme de phytoextraction de métaux par
une plante hyperaccumulatrice.

Références

[1] Gonneau, C. et al. (2014). Variation of trace metal accumulation, major nutrient uptake and growth parameters
and their correlations in 22 populations of Noccaea caerulescens. Plant and Soil, 384, 271‑87.

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[2] Schwartz, C. et al. (2003). Phytoextraction of cadmium with Thlaspi caerulescens. Plant and soil, 249, 27–35.
[3] Sarma, H. (2011). Metal hyperaccumulation in plants: a review focusing on phytoremediation technology.
Journal of Environmental Science and Technology, 4, 118‑38.
[4] Ma, Y. et al. (2011). Plant growth promoting rhizobacteria and endophytes accelerate phytoremediation of
metalliferous soils. Biotechnology Advances, 29, 248‑58.
[5] Youssef, M.M.A. et al. (2014). Biofertilizers and their role in management of plant parasitic nematodes. A
review. E3 Journal of Biotechnology and Pharmaceutical Research, 5, 1‑6.
[6] Li, H.-Y. et al. (2012). Endophytes and their role in phytoremediation. Fungal Diversity, 54, 11‑8.
[7] Newsham, K.K. (2011). A meta-analysis of plant responses to dark septate root endophytes. New Phytologist,
190, 783‑93.
[8] Gonneau, C. et al. (2017). Demographic history of the trace metal hyperaccumulator Noccaea caerulescens (J.
Presl and C. Presl) F. K. Mey. in Western Europe. Molecular Ecology, 26, 904‑22.
[9] Berthelot, C. et al. (2016). Plant growth promotion, metabolite production and metal tolerance of dark septate
endophytes isolated from metal-polluted poplar phytomanagement sites. FEMS Microbiology Ecology, 92.
[10] Berthelot, C. et al. (2017). Differential growth promotion of poplar and birch inoculated with three dark septate
endophytes in two trace element-contaminated soils. International Journal of Phytoremediation, 19, 1118‑25.

Remerciements

Les auteurs remercient le pôle Otelo de l’Université de Lorraine pour avoir financé les différentes
expériences (projet Endoextract), et l’ADEME (projet Proliphyt) pour avoir financé les travaux ayant
permis d’isoler des souches endophytiques issues de sols contaminés, et utilisées dans cette étude.

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Les PCB dans les sols, une préoccupation majeure, comment les
éliminer ?
(Projet PhycoP)

Laure MALAGNOUX1, Gael PLASSART1, Laurent VALLON2, Laurence FRAISSINET-TACHET2


1 : ENVISOL, 2-4 rue Hector Berlioz, La Tour du Pin, France. l.malagnoux@envisol.fr*; g.plassart@envisol.fr
2 : Laboratoire d’Ecologie Microbienne, UMR CNRS 5557 INRA 1418 Université Lyon 1, Villeurbanne,

France. laurence.fraissinet-tachet@univ-lyon1.fr; laurent.vallon@univ-lyon1.fr

* contact : identification du contact en cas de question sur les travaux présentés

Résumé

Les PCB (polycholrobiphényles) antérieurement utilisés pour diverses applications (moteurs électriques,
fluides hydrauliques, additifs de peinture…) sont reconnus comme perturbateurs endocriniens et substances
cancérigènes. Très persistants dans les environnements (sol, sédiment, eau, air), leur décontamination reste
une préoccupation majeure. Les techniques actuellement disponibles pour décontaminer les matrices polluées
par des PCB impliquent des méthodes chimiques ou thermiques qui sont techniquement et financièrement
très exigeantes. La biodégradation des PCB par certains microorganismes du sol (bactéries et champignons)
suscite un grand intérêt comme moyen efficace et économique de bioremédiation pour éliminer ces polluants.
En effet, certains microorganismes sont capables de produire des enzymes lignolytiques à faible spécificité
de substrat (laccases et peroxydases) qui pourraient constituer une alternative prometteuse pour la
biodégradation de divers polluants aromatiques. Toutefois, la biodégradation des PCB réalisée par les
microorganismes directement dans l’environnement restent très peu documentée, ce projet vise à développer
les connaissances de biodégradation sur une friche industrielle poly-contaminée mise à disposition pour
développer un démonstrateur d’innovations.

Introduction

Le projet PhycoP s’inscrit dans le projet CRISALID – Centre de Réflexion ISérois en Aménagement Durable-
proposé par ENVISOL pour répondre à l’appel à projet lancé par la région Rhône Alpes « Encourager la
requalification de friches polluées ». Il a pour vocation de tester la faisabilité technique et la rentabilité
financière d’une technique de dépollution innovante.
Le site en question est au droit d’une ancienne entreprise de production de peinture et solvants fermée depuis
2009 ; différentes pollutions ont été mises en évidence (métaux, HCT, PCB, COHV, CAV, HAP), la pollution
la plus récalcitrante est la pollution PCB [1]. Le projet PhycoP est un projet de biodégradation des PCB incluant
dégradation par un consortium microorganismes (bactéries et champignons) et plantes. En effet, certains
microorganismes du sol, capables d’être cultivés en présence de PCB, sécrètent diverses enzymes
lignolytiques (peroxydases, laccases, P-450 mono oxygénases) potentiellement capables de dégrader les
PCB [2].
A l’échelle du site, les objectifs sont de restaurer la biodiversité du sol et améliorer les fonctions biologiques
mais aussi d’atteindre des concentrations inférieures à 1 mg/kg en PCB (limite réglementaire). A l’échelle
moléculaire, les objectifs sont d’identifier par méta-omique et culturomique de nouvelles espèces microbiennes
capables de dégrader les PCB isolées à partir d’un sol pollué [3].

Matériel et méthodes

Du sol a été excavé sur une partie de la friche industrielle polluée avec Pb, Zn et des PCB. Ce sol a été tamisé
avec des mailles de 20 mm. Trois carrés potagers ont été mis en place pour tester différentes inoculations et
différents amendements (E1 et E2 pour les deux essais et TEM pour témoin). Dans un premier temps, des
prélèvements ont été faits pour connaitre les paramètres physico-chimiques, agronomiques et pour déterminer
la nature exacte de la pollution.
Une analyse initiale de la diversité des communautés fongiques et bactériennes a été réalisée sur les trois
échantillons. L’ADNg a été extrait et purifié de l’ensemble des cellules de chaque échantillon puis tous les
gènes d’ARNr 18S (Eucaryotes) et 16S (Procaryotes) respectivement ont été amplifiés par PCR grâce à des
oligonucléotides ciblant des régions conservées communes à tous les organismes (région V4-V5 pour les

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procaryotes, région V4 pour les eucaryotes). La séquence de chaque fragment ADN ainsi dupliqué a ensuite
été réalisée par séquençage haut débit par un séquenceur MiSeq. L’analyse des séquences obtenues et leur
comparaison aux bases de données internationales ont permis de positionner phylogénétiquement les
microorganismes présents dans chaque échantillon par rapport aux échantillons déjà connus.
L’analyse moléculaire, en cours, est réalisée sur le sol excavé utilisé pour les carrés potagers mais également
sur d’autres échantillons provenant de zones polluées ou non, avec des degrés de chlorination variés. Les
ADN et ARN environnementaux seront co-extraits et les ARNm rétro-transcrits en ADNc. Après amplification
et séquençage haut-débit Miseq des amplicons, la corrélation entre taux de pollution et diversité fonctionnelle
sera appréciée par des analyses statistiques multivariées.

Résultats et discussion

La diversité des communautés microbiennes présente 359722 séquences identifiées pour appartenir à des
bactéries, (75% a pu être traité soit 273306 séquences), 404677 séquences identifiées pour appartenir à des
eucaryotes, (85% a pu être traité soit 344175 séquences). La diversité bactérienne fait ressortir deux phylums
majoritaires : Bacteroidetes, Proteobacteria et les espèces majoritaires sont Flavobacterium et Lutibacterium.
Les champignons représentent le phylum majoritaire des eucaryotes avec la présence de Sordaria fimicola
connue pour dégrader la lignine [4].

Les premiers résultats moléculaires concernant l’analyse de diversité des enzymes lignolytiques sont
présentés sur la figure 1. Ces résultats montrent la présence de laccase de Basidiomycetes, des peroxydases
de type Dyp et Mn peroxydases. Ce projet démontre la possibilité de renforcer les connaissances sur la
diversité des enzymes capables de dégrader les PCB pour compléter les travaux de Sage et al. 2014 qui
présentent uniquement des systèmes enzymatiques d’Ascomycetes.

Figure 1. Amplification par PCR des gènes codant des laccases d’Ascomycota (lacA) et de
Basidiomycota (lacB), des UPO, DYP et MnP peroxydases fongiques à partir des ADNc
environnementaux du site Crisalid.

Conclusions et perspectives

Les perspectives sont de réussir à isoler Sordaria fimicola et à le cultiver pour enrichir le milieu avec une
souche endogène. Différents amendements vont être testés. L’isolement de cette souche n’est pas garantie,
il sera donc possible de se retourner vers l’étude de diversité des enzymes lignolytiques réalisée à partir des
échantillons du site pour tester sur le terrain la capacité de ces enzymes à dégrader les PCB.

Références
[1] Sangely, M. (2010). Dégradation biologique des polychlorobiphényles. Université de Toulouse.
[2] Mouhamadou, B, M Faure, L Sage, J Marçais, F Souard, et RA Geremia. (2013). Potential of Autochthonous Fungal
Strains Isolated from Contaminated Soils for Degradation of Polychlorinated Biphenyls. Fungal Biology, 117, 268‑ 74.
[3] Sage, L, S Pérignon, M Faure, C Gaignaire, M Abdelghafour, J Mehu, RA Geremia, et B Mouhamadou. (2014).
Autochtonous ascomycetes in depollution of polychlorinated biphenyls contaminated soil and sediment. Chemosphere,
110, 62‑ 69
[4] Raghukumar, C, D Chandramohan, FC Michel, et CA Reddy. (1996). Degradation of Lignin and Decolorization of
Paper Mill Bleach Plant Effluent (BPE) by Marine Fungi. Biotechnology Letters, 18, 105‑ 106.
.

Remerciements

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Envisol remercie l’EPFL du Dauphiné qui met à disposition la friche industrielle pour le développement de
CRISALID, site pilote démonstrateur d’innovations.

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Traitement des sols pollués aux hydrocarbures par biopiles simples ou
végétalisées.
Comparaison de performances, paramètres de suivi et de dimensionnement

Anouk Barrere1, Sébastien Kaskassian*2, Nathalie Montigny1, Coralie Biache3, Catherine Lorgeoux4 et
Pierre Faure3
1 Tauw France, 3, allée Edmée Lheureux, 94340 Joinville le Pont, a.barrere@tauw.com,

n.montigny@tauw.com
2 Tauw France, 120 avenue Jean Jaurès, 69007 LYON, s.kaskassian@tauw.com
3 Université de Lorraine, CNRS, LIEC, Vandœuvre-lès-Nancy, 54506, coralie.biache@univ-lorraine.fr,

pierre.faure@univ-lorraine.fr
4 Université de Lorraine, CNRS, CREGU, GeoRessources, Vandœuvre-lès-Nancy, 54506, cathe-

rine.lorgeoux@univ-lorraine.fr
Résumé
Sur un site de stockage de sols contaminés par des boues de forage chargées en hydrocarbures lourds et
implanté à proximité d’un ancien puits pétrolier, un pilote a été mis en œuvre par l’installation de plusieurs
biopiles de 100 m3 selon différentes modalités. Les paramètres de suivi lors des 10 premiers mois de traite-
ment ont permis d’estimer les cinétiques de dégradation des hydrocarbures et certains paramètres indirects
permettant d’intégrer l’évolution de la dégradation des polluants. Pour dimensionner de façon fiable les trai-
tements à l’échelle du site, l’étude présentée ici s’intéresse à trois axes de travail : i) des essais de thermo-
désorption par paliers de température permettant d’approcher la fraction de polluant disponible vis-à-vis des
mécanismes bio-phyto-chimiques afin d’anticiper les limites techniques d’efficacité des traitements, ii) la
réalisation de corrélations entre les indicateurs géochimiques et phyto/biologiques avec les taux de réduction
constatés afin de consolider le choix des paramètres de suivi les plus pertinents pour piloter le traitement, iii)
la réalisation d’un bilan coût-avantages incluant une évaluation quantitative de différents critères en fin de
traitement en vue de comparer les performances globales des alternatives.
Introduction
Le forage de puits d’extraction de pétrole ou de gaz implique l’utilisation de boue de forage à l’eau ou à
l’huile (lubrifiant, anti-éboulement des parois et remontée des cuttings en surface. La gestion des « stocks »
de ces matériaux contaminés par des boues chargées en hydrocarbures lourds implique des modes de trai-
tement vertueux compte tenu des volumes en jeu (parfois supérieurs à plusieurs centaines de milliers de
mètres cube) et des lieux de stockage de ces volumes (sites épars et isolés, accès limité à l’énergie). Sur un
de ces sites, 16 000 m 3 de sols contaminés par des boues à l’huile (ci-après nommés sols) sont stockés en
alvéoles étanches depuis plus de 30 ans (concentration moyenne de 30 000 mg/kg, fractions majoritaires
C12-C21 constituées à 70% de composés aliphatiques).
Afin de rendre le site compatible avec un autre usage, Tauw France a dimensionné des essais pilotes de
traitement sur site sur la base d’essais réalisés préalablement au laboratoire. Les objectifs opérationnels
recherchés sont : i) d’évaluer les performances des différentes configurations de bio- ou de rhizo- traitement,
et ii) de comprendre les processus prépondérants participant à l’évolution des concentrations (dégradation
bactérienne ou fongique, effet des végétaux, effet de piégeage de la matrice sol, …), iii) de dimensionner les
traitements pour l’ensemble du stock.
Les objectifs scientifiques recherchés et devant permettre d’identifier les paramètres servant au pilotage
et au dimensionnement du futur traitement sont : i) de corréler les indicateurs géochimiques et phy-
to/biologiques avec les taux de réduction mesurés, ii) d’anticiper les limites possibles de performances, et iii)
de comparer les performances en quantifiant l’impact environnemental des solutions bio. vs. phyto (Figure
1).
Matériel et méthodes
Le pilote, constitué d’andains de 100m 3 chacun, permet de tester les protocoles suivants pendant 21 mois :
 Traitement par biodégradation seule : aération par malaxage mécanique tous les 2 ou 3 mois,
 Traitement par biodégradation pendant 4 mois (avec malaxage) puis ensemencement (Ray-grass et
Luzerne) et développement d’un couvert végétal pendant 17 mois (sans malaxage),
 Pour chaque protocole, différents mélanges (sols / terres végétales / compost – 65% ou 85% de sols
en fraction massique) et amendements (urée / chaux),
 Contrôles : sols bruts non mélangés et non amendés, terre végétale ensemencée.

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Figure 1 : photographies des pilotes après 9 mois : biopiles (gauche) et biopiles végétalisées (droite)
Le suivi des performances est réalisé tous les 2 ou 3 mois pour l’analyse des paramètres suivants :
 concentrations en hydrocarbures (C5-C40 et TPH) dans des échantillons prélevés en réplicas (5 son-
dages par andains) et selon plusieurs profondeurs (0-30 / 30-60 / 60-100 cm),
 suivi de qualité agronomique des sols : métaux, équilibre et spéciation N-P-K, CEC, alcalinité, COT,
 mesures in-situ dans les piles : pH, température et biogaz (CO2-O2-CH4),
 analyses microbiologiques : RISA bactérien et fongique, qPCR sur les bactéries totales et les gènes
spécifiques de dégradation des hydrocarbures et qPCR sur les champignons totaux,
 indice et diversité des Nématodes [1],
 suivi végétal : croissance (hauteur des végétaux, longueur et densité racinaires), production de bio-
masse (densité du couvert par repérage par drone , poids après tonte), analyses Oméga 3 dans les
feuilles [2] et analyse des HCT dans la biomasse.
Résultats et discussion
Le suivi dans les pilotes permet de rendre compte d’une diminution globale des concentrations en hydrocar-
bures au cours du temps sur les 10 premiers mois (Figure 3) et comparativement au témoin pollué.

Figure 2 : suivi des concentrations en HCT – mg/kg (biopile à gauche et biopile végétalisées à droite)

Figure 3 : vitesse et taux d’abattement après 10 mois de traitement (biopile à gauche et biopile végé-
talisées à droite)
Les vitesses et les taux d’abattement calculées par régression linéaire (Figure 3) permettent notamment
d’identifier des tendances, à savoir un meilleur rendement moyen des andains en biodégradation seule (11 à
16 mg/kg/jour) que ceux des andains végétalisés (3 à 12 mg/kg/jour). En revanche, à ce stade du traitement,
il n’est pas aisé de distinguer les performances comparatives des différents amendements / mélanges.

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Les indicateurs biologiques qui semblent, à ce stade du traitement les plus dynamiques, sont les concen-
trations en bactéries totales (16S) et les gènes fonctionnels associés à la dégradation des hydrocarbures,
notamment les hydroxylases de type alkB (associées à la dégradation des C5-C20) et les mono-oxygénases
de types CyP153 et LadA (associées à la dégradation des C10-C20 et des C15-C35 respectivement). Dans les
biopiles contenant 65% de sols pollués, les bactéries totales (Figure 4) semblent se développer plus rapi-
dement dans l’andain amendé en chaux (augmentation de l’ARN de 4.105 à 2.1012 copies/g après 6 mois de
traitement puis stabilisation à 3.109 copies/g après 10 mois).

Figure 4 : évolution de la quantité de bactéries totales (16S, ADN/ARN) après 10 mois de traitement et
comparaison entre 2 biopiles à 65% de sols pollués sans ajout de chaux (à gauche) ou avec (à droite)
Les indicateurs de croissance végétale utilisés pour le suivi des andains végétalisés rendent compte de ten-
dances cohérentes (Figure 5), à savoir : i) la présence de chaux limite fortement le développement végétal
(les andains indicés « a » ont des indicateurs plus faibles), et ii) la teneur en sol pollué dans le mélange im-
pacte développement végétal (le témoin non pollué – terre végétale – présente des indicateurs plus élevés
que les andains avec 65% de sol, eux-mêmes meilleurs que les andains avec 85% de sol pollué).

Figure 5 : comparaison des indicateurs de suivi végétal dans les biopiles végétalisées : densité et
taille de la Luzerne 2 mois après ensemencement (à gauche), Oméga 3 dans la Luzerne 4 mois après
ensemencement (au centre), production de biomasse 6 mois après ensemencement (à droite)
Le travail de recherche de corrélation et d’ACP sera réalisé à la conclusion du pilote (septembre 2019) en
intégrant l’ensemble des indicateurs de suivi complétés des vitesses de dégradation calculées (régression
linéaire ou exponentielle). Les résultats doivent permettre d’identifier les indicateurs les plus pertinents pour
le pilotage opérationnel du traitement à venir et la fréquence de suivi nécessaire.
En extrapolant les vitesses de dégradation constatées pour chaque andain après 10 mois de suivi, le trai-
tement par biopiles nécessiterait entre 25 et 30 mois pour abattre les concentrations de 95% alors que celui
par biopile végétalisée nécessiterait entre 30 et 38 mois (sauf l’andain avec 85% de sols qui montre des
abattements plus faibles). Cette extrapolation est incertaine du fait de plusieurs facteurs dont notamment :
 L’hétérogénéité des concentrations dans les andains qui rend compte d’un écart-type moyen de
l’ordre de 30% (hors effets pépites),
 L’hypothèse d’une régression linéaire des concentrations au cours du temps. Une hypothèse de ré-
gression exponentielle indiquerait une durée nécessaire pour un abattement de 95% de l’ordre de 52
à 60 mois pour les biopiles (au lieu de 25 à 30 mois en hypothèse linaire),
 L’incertitude concernant la concentration minimale atteignable en fin de traitement. Afin d’approcher
les limites techniques de traitement, des essais de thermodésorption ont été menés à titre explora-
toire par les laboratoires LIEC et GeoRessources du GISFI pour estimer la fraction disponible des
HCT présents dans les sols.
Les essais de thermodésorption par paliers de température [3] permettent de différencier la quantité
d’hydrocarbures désorbés par palier et par classe de carbone (Figure 6) et de comparer le sol témoin et le
sol de la biopile en cours de traitement. Les différences observées sur les n-alcanes et isoprénoïdes (flèches
roses : diminution de 5 à 15% de la fraction C15-C20 désorbée à 100-165°C, flèches noires : augmentation de
5 à 50% de la fraction C22-C30 désorbée à 300-450°C) peuvent rendre compte d’une part de l’effet de biodé-

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gradation stimulée (apport d’amendements, aération par malaxage mécanique régulier) et d’autre part de
l’effet de piégeage des HC par la matrice (ajout de compost et de terre végétale dans les andains, vieillisse-
ment accéléré lié au brassage ?). En supposant que les molécules désorbées au-delà de 165°C constituent
la fraction non dégradable (car non disponible), ces essais estimeraient un abattement maximal de l’ordre de
90-95%. Ces essais seront appliqués aux campagnes à venir sur les andains végétalisés pour identifier les
effets potentiels de piégeage ou de solubilisation des hydrocarbures présents dans les sols des horizons
racinaires.

a b
Figure 6 : (a) quantité de HC saturés thermodésorbés par paliers de température dans le témoin pol-
lué. (b): comparaison des proportions des HC saturés désorbés entre le témoin pollué (barres de
gauche) et les sols issus d’une biopile (barres de droite) après 6 mois de traitement
A l’issue du pilote, les performances globales seront évaluées à travers 4 critères principaux pour hiérar-
chiser les alternatives de traitement : coût, durée, taux d’abattement maximal et empreinte carbone. Le cal-
cul de l’empreinte carbone est basée sur la méthodologie REC (NOBIS) et l’outil de calcul développé par
Tauw group [4]. Pour chaque technique de traitement et chaque scénario de dépollution, l’équivalent en
émission de carbone est calculé pour chaque poste de traitement : installation, monitoring et maintenance,
déchets, transport, matériaux …
Conclusions et perspectives
Les pollutions de sol par des hydrocarbures concernent plus de 300,000 sites en Europe [5]. Les traite-
ments biologiques ou par phytomanagement peuvent être des solutions opérationnelles et durables, notam-
ment dans les cas de sites présentant des contraintes d’accès, d’éloignement ou sans accès à l’énergie.
Les essais pilotes sur site sont souvent riches d’information pour dimensionner le traitement final : amende-
ments et mélanges, taux d’abattement, durée prévisionnelle, paramètres pertinents et fréquence de suivi.
Cependant, pour anticiper les durées et l’efficacité finale, il convient de développer des moyens pour estimer
les limites techniques de traitement. Un des moyens envisagé est le recours aux essais de thermodésorption
par paliers de température pour estimer la fraction de polluant qui ne participe pas aux mécanismes bio-
phyto-chimiques du fait d’une part des propriétés des hydrocarbures à traiter et d’autre part des effets de
matrice. Egalement, pour aider au pilotage des traitements, les paramètres indirects les plus pertinents de
suivi doivent être déterminés. Bien que certains paramètres semblent bien illustrer les performances (biogaz
in-situ, bactéries totales et gènes fonctionnels, densité du couvert végétal), la recherche de corrélations à
venir sur l’ensemble des paramètres doit permettre de consolider et de quantifier ces constats.
Plus globalement, dans le cadre de la réalisation des bilan coûts-avantages, l’utilisation de critères
d’évaluation de l’impact environnemental doit être poursuivi.
Références
[1] NF ISO 23611 (2006). Soil Quality - Sampling Of Soil Invertebrates - Part 4: Sampling, Extraction And Identification
Of Soil-inhabiting Nematodes.
[2] XP X31-233 (2018). Soil quality - Determination of the effects of pollutants on soil flora - Effects of contaminated soil
on the foliar fatty acid content of Lactuca sativa
[3] C. BIACHE, C. LORGEOUX, A. SAADA, S. COLOMBANO, P. FAURE (2016) A new, quick, clean and easy way to
measure pah availability in contaminated soils using thermodesorption coupled with molecular analyses. 21th
international symposium on analytical and applied pyrolysis, Nancy, France, 9-12 May 2016
[4] T. Praamstra (2009). Carbon footprint on soil remediation. PT8445 Copenhagen conference on green remediation.
[5] van Liedekerke M., Prokop G., Rabl-Berger S., Kibblewhite M., Louwagie G. (2014). Progress in the Management of
Contaminated Sites in Europe. EUR 26376 – Joint Research Center – Institute for Environment and Sustainability. 68
pages.
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier les sociétés ENOVEO, LEB Aquitaine, ELISOL, Eurofins et Synlab pour
leur participation à cette étude et leurs conseils.

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Phytoextraction in situ du Zn et du Cd parArabidopsis halleri en co-
culture avec Salix viminalis
(projet PHYTOEXCO)

Arnaud Grignet1,2, Anissa Lounes-Hadj Sahraoui2, Joel Fontaine2, Valérie Bert1, *


1 : INERIS, Unité Technologies Propres et Economie Circulaire, DRC/RISK, Parc Technologique
ALATA, BP2, 60550 Verneuil en Halatte, France
2 : Unité de Chimie Environnementale et Interactions sur le Vivant (UCEIV, EA 4492), Université du

Littoral Côte d’Opale, SFR Condorcet FR CNRS 3417, 50 rue Ferdinand Buisson, 62228 Calais
cedex, France.

* contact : valerie.bert@ineris.fr

Résumé

Dans le cadre de la thèse PHYTOEXCO (2017-2020) financée par l’ADEME et la région Hauts-de-
France, le potentiel de phytoextraction de l’arabette de Haller en co-culture avec le saule des vanniers
est étudié sur un site urbain contaminé avec des teneurs moyennes en Cd et en Zn de 1,7 et 616 mg
kg-1 respectivement. Le saule est un arbre accumulateur de Zn et de Cd à croissance rapide et à forte
biomasse et l’arabette de Haller est une plante hyperaccumulatrice de Zn et de Cd. La co-culture
d’espèce (hyper)accumulatrices a été très peu explorée en conditions de terrain. Afin d’augmenter le
potentiel de phytoextraction en Zn et en Cd via la concentration foliaire et/ou la production de biomasse,
un taillis à très courte rotation de saule en co-culture avec de l’arabette de Haller a été implanté depuis
2013. Un suivi des paramètres de croissance et d’accumulation foliaire en Zn et en Cd est effectué
grâce à des mesures annuelles. Différentes pratiques agronomiques sont testées (apports d’inoculum
mycorhizien et de fertilisant, fauche, co-culture). Les principaux résultats obtenus montrent que la
biomasse des saules produite sur le site contaminé (58T/ha) est comparable à celle de sites non
contaminés. Quant à la biomasse des arabettes (4,7T/ha), elle est significativement supérieure à celle
mentionnée dans la littérature. Par ailleurs, le dosage de la biomasse et des activités enzymatiques
microbiennes du sol, ne révèle pas d’effet négatif de la pollution sur le fonctionnement du sol.

Introduction

En 2019, plus de 2.8 millions de sites contaminés, dont 35% par des éléments potentiellement toxiques
(EPT), ont été dénombrés en Europe [1]. En France, 7014 sites et sols pollués ou potentiellement
pollués ont été référencés en 2019 (Basol). Plus de 961 sites sont localisés en région Hauts-de-France.
Les phytotechnologies restent encore émergentes, mais peuvent s’appliquer in situ sur de vastes
surfaces et permettent de préserver les fonctions du sol et limiter l’érosion du sol ainsi que l’envol de
poussières [2]. La phytoextraction est une technique de dépollution partielle des métaux et métalloïdes
basée sur l’utilisation d’espèces végétales résistantes et accumulatrices présentant idéalement une
croissance rapide et une forte biomasse [3]. Le potentiel de phytoextraction (augmentation du transfert
d’EPT et ou de la biomasse) de ces plantes peut être amplifié par l’application de chélatants (naturels
ou synthétiques), de certaines pratiques agronomiques (fauche, fertilisant…) ou génétiques
(surexpression de gène) [4].
Le projet PHYTOEXCO s’appuie sur les résultats obtenus dans le projet PHYTOAGGLO (ADEME 2013-
2017) qui était un projet de renouvellement urbain de l’Agglomération Creil Sud Oise (ASCO) visant
l’intégration des phytotechnologies en milieux urbain. Ce projet visait à revégétaliser le quartier tout en
réduisant les polluants du sol afin de démontrer l’efficacité et les performances de la phytoextraction.
Les deux espèces choisies dans le cadre de ce projet sont une plante hyperaccumulatrice en couvert
de sol l’Arabette de Haller (Arabidopsis halleri) et une espèce ligneuse accumulatrice à croissance
rapide et à forte biomasse le saule (Salix viminalis). La co-culture d’espèces accumulatrices de Zn et
de Cd a très peu été explorée, en particulier in situ.
Cette étude vise à optimiser les pratiques culturales de l’arabette de Haller et des saules, afin
d’augmenter le potentiel de phytoextraction (accumulation en EPT et/ou biomasse). Différentes
pratiques agronomiques sont testées pour augmenter ces paramètres : l’application de fertilisant NPK,

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la co-culture, la fauche et l’ajout d’un amendement biologique à base de champignons mycorhiziens.
Les feuilles enrichies en EPT peuvent présenter un risque de dispersion des polluants dans
l’environnement. L’évaluation des risques écologiques potentiel à l’ingestion de ces feuilles par les
communautés animales va être suivie par biomonitoring avec des escargots. Le fonctionnement
biologique du sol a été évalué par le suivi d’indicateurs microbiens (biomasse bactérienne et fongique
et activités enzymatiques microbiennes) en fonction de la contamination et des modalités de culture (sol
contaminé non végétalisé et végétalisé par les saules seuls, l’arabette seule, ou la co-culture).

Matériels et méthodes

L’étude a été menée sur le site du projet PHYTOAGGLO (Montataire, Oise, France). 800 m² de terres
polluées ont été excavées et homogénéisées et réparties sur l’ensemble de la parcelle. Un taillis à très
courte rotation de 350 saules (Salix viminalis) a été mis en place en 2013 et les premières parcelles
d’arabette de Haller ont été mises en place en 2015 (Figure 1). La concentration dans le sol en Zn est
de 616 mg. Kg-1 et en Cd 1.7 mg. Kg-1, le pH est basique (>8) et la mobilité des métaux est faible (la
proportion des EPT mobile est de 0,04% pour le Cd et 0,13% pour le Zn).
Le suivi de 100 saules a été réalisé en juin 2019 (diamètre, hauteur, taux de survie, concentrations du
Zn et Cd foliaires). En 2018, à la fin du premier cycle du taillis à très courte rotation, 1/3 des arbres a
été coupé afin de mesurer les concentrations en Zn et Cd dans les troncs pour déterminer la voie de
valorisation possible (ex : bois énergie) et connaitre le rendement en biomasse. Le suivi des arabettes
de Haller à différents stades de développement a été réalisé en 2018 et 2019 (concentrations en Zn et
Cd foliaires, biomasse) avec et sans NPK.
Pour augmenter la production de biomasse chez le saule, l’ajout d’un inoculum mycorhizien commercial
(Ectovit® et ©MycAgro) a été testé sur des racines de bouture de saule en laboratoire. Après 6
semaines de culture, les racines de saule sont collectées et colorées au bleu Trypan [5]. La
détermination du taux de mycorhization est ensuite réalisée par observation microscopique.

Co-culture

Tr A.halleri
Tr T
P P
P Tr

P P P

Figure 1 : Design du site expérimental et photographie des parcelles d'Arabidopsis halleri

Afin de vérifier l’état de mycorhization spontanée de l’arabette de Haller, des racines d’arabette ont été
collectées sur le site expérimental à différents stades de développement (rosette, floraison, fructification)
sur des parcelles avec et sans NPK. Parallèlement à cela, une expérimentation de mycorhization induite
de l’arabette en présence d’une plante nurse (Trifolium repens) et d’un inoculum mycorhizien
commercial (©MycAgro) est mise en place.
Afin d’évaluer le fonctionnement biologique du sol, des quantifications de biomasse fongique et
bactérienne (dosage des marqueurs lipidiques spécifiques : acides gras associés aux phospholipides
(AGPL) (i15:0, a15:0, i16:0, i17:0, a17:0, cy17:0, C18:1ω7 , cy19:0 pour les bactéries, C16:15 pour
les champignons mycorhiziens à arbuscules, C18:26,9 pour les champignons saprotrophes et
ectomycorhiziens) [6]) ainsi que des dosages d’activités enzymatiques microbiennes (DHA :
déshydrogénase et la FDA : fluorescéine diacetate) [7]) ont été réalisées en fonction des différentes
modalités de culture mises en place sur le site (sols sous les arabettes, sous la saulaie, sous la coculture
et sans végétation). Des prélèvements de sol pour chaque condition ont été réalisés en avril 2018. La
terre a été ensuite déshydratée puis triée afin de retirer les cailloux et les morceaux racinaires avant de
procéder à l’extraction des marqueurs lipidiques.

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Résultats et discussion

La croissance (hauteur et diamètre) des saules sur le site de PHYTOAGGLO est supérieure à celle
observée sur des sites moins contaminés (Figure 2) [8]. Les concentrations en Zn et en Cd en 2019
sont respectivement six et sept fois supérieures aux concentrations retrouvées chez des végétaux
poussant sur milieu non contaminé (Figure 2) [9].

1000
900
Taux d'accroissement

800
700
600
500
(%)

400
300
200
100
0
hauteur diamètre

Figure 2 : Taux d'accroissement annuel du diamètre et de la hauteur et concentrations foliaires


en Zn et Cd des saules en 2019

La biomasse de saule produite sur le site d’étude est importante (58T/ha), ce qui est équivalent à la
production sur des sites non contaminés [10]. Contrairement au Zn, la concentration moyenne en Cd
dans le bois de saule est inférieure à la concentration maximale règlementaire pour les combustibles
utilisables en installations soumises à enregistrement et répondant à la définition de déchet de bois b(v).
L’arabette de Haller présente un bon développement malgré un pH basique. En présence de fertilisant
(NPK), l’arabette présente des concentrations en Zn supérieures et plus homogènes ainsi qu’une
biomasse plus importante par rapport à des parcelles sans NPK. Le poids des arabettes est
significativement plus important en période de floraison et de fructification en 2019 pour les parcelles
avec et sans NPK. Les fertilisants azotés sont réputés pour augmenter la biomasse ainsi que les
concentrations en EPT [11] [12] [13]. L’estimation de la biomasse produite à l’hectare pour des parcelles
avec NPK est de 4.7 T, ce qui est significativement supérieur à ce qui est décrit dans la littérature pour
cette espèce [14] [15].


 

Figure 3 : Concentration en Zn et poids sec chez l’arabette de Haller à différents stades de


développements en absence de NPK (à gauche) et en présence de NPK (à droite). Les
différences significatives entre les stades sont représentées par .

La pré-inoculation du saule par un inoculum commercial montre un taux de mycorhization de 10% qui
est supérieur à celui mesuré sur des sites moins contaminés [16]. Aucune mycorhization spontanée n’a
été observée dans les racines d’arabette de Haller quel que soit le stade de développement (rosette,
floraison, fructification) sur le site contaminé en présence ou absence de NPK. Les brassicacées sont
connues pour être non mycorhizables [17] ce résultat pouvait être attendu. De même, aucune

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mycorhization induite n’a été observée chez l’arabette de Haller en présence d’un inoculum commercial
dans des essais conduits au laboratoire alors que la plante nurse est mycorhizée. Ces résultats
confirment l’inaptitude de cette espèce à mycorhizer.
Quelles que soient les modalités de culture testées, la quantité de biomasse fongique est supérieure à
celle observée dans des sols non contaminés et contaminés aux EPT [18] [19] et la quantité de
biomasse bactérienne est identique à celle des sols non contaminés (Figure 4) [19].

10 6

Quantité de PLFA fongique


Quantité de PLFAs bactérien

8 5
Champignon
4

en µg/g de sol
saprotrophe et
en µg/g de sol

6
3 ectomycorhizien
4 Gram - (c18:2w6,9)
2
2 Gram + Champignon
1
mycorhizien à
0 0 arbuscule (C16:1w5)

Figure 4 : Biomasse microbienne du sol en fonction de la modalité de culture (à gauche


bactérienne, à droite fongique)

Alors que l’activité enzymatique microbienne DHA mesurée dans nos conditions est inférieure à un sol
non pollué et supérieure à un sol pollué [20], l’activité FDA est légèrement inférieure à un sol non pollué
[21]. Ces activités enzymatiques sont similaires quelles que soient les conditions de culture testées.

Conclusions et perspectives

Nous observons une bonne croissance des saules et de l’arabette sur sol pollué en EPTs. La production
de biomasse de saule est identique à celle mesurée sur des sites non contaminés et celle de l’arabette
est supérieure à celle précédemment reportée dans la littérature. Aucun effet négatif des
caractéristiques pédo-agronomiques et du niveau de contamination du sol (pH, EPTs) n’est observé sur
la croissance et la biomasse de ces espèces. Les concentrations foliaires des saules et des arabette
en Zn sont largement supérieures aux valeurs physiologiques et en Cd supérieures aux valeurs
ordinaires révélant le caractère tolérant et accumulateur des saules et des arabettes de Haller.
La concentration en Zn dans le bois de saule présente un étagement (haut>milieu>bas) et pourrait être
limitante pour une utilisation en combustible bois. Dans nos conditions, un étêtement pourrait alors être
envisagé
L’apport de fertilisant (NPK) permet d’augmenter significativement la biomasse des arabettes ainsi que
d’homogénéiser les concentrations en Zn.
Quelle que soit la modalité de culture (saulaie, arabette, co-culture, sol non végétalisé), l’activité
microbienne du sol, mesurée via la quantification de la biomasse bactérienne et fongique ainsi que les
activités enzymatiques DHA et FDA, reste identique. Aucune mycorhization spontanée n’est observée
pour l’arabette quel que soit le stade de développement (rosette, floraison et fructification) sur le sol
contaminé en présence ou absence du NPK in situ. De même, aucune mycorhization induite n’a été
détectée sur l’arabette de Haller en présence d’un inoculum commercial.

En 2020, le suivi des concentrations foliaires en Cd et Zn et le développement du saule et de l’arabette


sera poursuivi. Le nombre de fauches des arabettes de Haller possibles par année sera mesuré.
Les risques écologiques liés à l’ingestion des feuilles d’arabette vont être mesurés par biomonitoring
avec des escargots afin de déterminer le seuil de non-consommation et les facteurs favorisant
l’appétence.
La quantification des biomasses microbiennes et les activités enzymatiques du sol vont être remesurées
en octobre 2019 afin de suivre les fonctionnalités du sol en fonction du temps.

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Références

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of heavy metals on microbial ecophysiological indicators and enzyme activities in century old municipal solid waste
amended soil. Ecological Engineering 70:25–34.

Remerciements

Les auteurs remercient la communauté d’Agglomération Creil Sud Oise en particulier H. Coudière, L.
Raphaël (ASCO) et JL. Deremy (Montataire) pour la mise à disposition du site expérimental et leurs
aides techniques. Les auteurs remercient également F. Richez, A, Papin, H. Meglouli, F. Laruelle, pour
leurs aides techniques durant les campagnes d’échantillonnage et lors des analyses chimiques et
biologiques.

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Agromine des terres rares

Marie-Odile SIMONNOT1, Zeinab CHOUR1, Bastien JALLY1,2, Baptiste LAUBIE1, Ye-Tao TANG2,
Rongliang QIU2,
Jean Louis MOREL3, Laurence MUHR1, Marie-Odile SIMONNOT1

1 : Université de Lorraine, Laboratoire Réactions et Génie des Procédés, CNRS UMR 7274, 1 rue Grandville,
BP 20451, 54001 Nancy Cedex, France, zeinab.chour@univ-lorraine.fr, bastien.jally@univ-lorraine.fr,
laurence.muhr@univ-lorraine.fr, marie-odile.simonnot@univ-lorraine.fr
2 : School of Environmental Science and Engineering, Sun Yat-Sen University, Guangzhou 510275, China

eestyt@mail.sysu.edu.cn, eesqrl@mail.sysu.edu.cn
3: Université de Lorraine, Laboratoire Sols et Environnement, UMR 1120, 2, avenue de la forêt de Haye - BP

20163, 54505 Vandœuvre-lès-Nancy, France, jean-louis.morel@univ-lorraine.fr

Résumé

L'agromine est une filière combinant phytotechnologie et hydrométallurgie en vue de produire des composés
métalliques commerciaux à partir de minerais à faible teneur, grâce à des plantes hyperaccumulatrices.
Dicranopteris linearis est une fougère hyperaccumulatrice de terres rares (TR), qui pousse naturellement sur
des stériles miniers en Chine : elle accumule jusqu'à 0,35% (mass.) de TR dans ses parties aériennes.
Différents procédés hydrométallurgiques sont actuellement développés pour récupérer ces éléments
directement de la biomasse ou depuis les cendres après combustion. Le processus présenté ici consiste en
une extraction directe par une solution d'EDTA, suivie d'une précipitation avec de l'acide oxalique. Le pH
optimal pour la précipitation et l'influence de la matière organique sont déterminés par modélisation et
expérimentalement. Le solide final contient 4,3% de terres rares, le calcium étant la principale impureté
cationique (0,45% du précipité). Le rendement de récupération est similaire pour les TR principales et se situe
autour de 70%. Après optimisation, un changement du procédé sera effectué pour permettre le développement
de l’agromine des TR.

Introduction

L’agromine est une filière dont l’objectif est de valoriser des métaux ou éléments dispersés dans les sols [1].
Elle comprend deux étapes : la culture de plantes hyperaccumulatrices, à l’aide de procédés agronomiques,
et la récupération des métaux à partir de la biomasse des plantes par procédés généralement
hydrométallurgiques. La culture de plantes hyperaccumulatrices sur des terres contenant des métaux (sols
naturels, stériles miniers etc.) permet d’augmenter la qualité des sols, en diminuant la toxicité, et répond ainsi
à différents services écosystémiques d’approvisionnement et de régulation. L’agromine a principalement été
développée pour le nickel en raison de l’existence de vastes régions du monde couvertes de sols ultramafiques
et du grand nombre de plantes hyperaccumulatrices de nickel disponibles [1-3].
On s’intéresse aujourd’hui fortement à l’agromine des terres rares [1]. En effet, il existe de nombreuses
ressources secondaires, comme des stériles miniers en Chine du Sud, contenant des teneurs élevées en
terres rares, sur lesquelles des plantes hyperaccumulatrices ont été identifiées, plus d’une vingtaine sont
connues à l’heure actuelle. Le seuil d’hyperaccumulation est fixé à 0,1% (1 g kg -1) sur la base de la plante
sèche, mais certaines, surtout des fougères, accumulent jusqu’à 0,35% dans leurs parties aériennes. L’intérêt
de l’agromine des terres rares est 1) de contribuer à la restauration des espaces miniers dégradés et 2) de
récupérer ces éléments stratégiques recherchés pour de nombreuses applications. Par conséquent, il est
essentiel de développer des procédés agronomiques pour optimiser les rendements en biomasse et en terres
rares, de chercher à comprendre les mécanismes d’hyperaccumulation et de concevoir des procédés
respectueux de l’environnement pour récupérer les terres rares à partir de la biomasse des plantes. A notre
connaissance, une seule méthode a été développée jusqu’ici [5].
La récupération des métaux commence généralement par une étape de combustion des plantes qui permet
d’éliminer les composés organiques et de concentrer les métaux recherchés dans les cendres. Celles-ci sont
ensuite lixiviées et différentes opérations de séparation permettent de récupérer le métal ou les métaux cibles
avec une pureté élevée. Toutefois, si la plante est une fougère, il n’est pas pertinent de la brûler, en raison du
taux élevé de silicium qui conduit à la formation d’un verre. En revanche, il est possible d’extraire les terres
rares par lixiviation directe de la plante sèche.
Ce travail porte sur la récupération des TR à partir de la fougère Dicranopteris linearis (appelée récemment
Dicranopteris dichotoma) prélevée sur une mine de TR dans la province du Jiangxi (Chine). L’objectif est de
démontrer que les TR peuvent être lixiviées à partir de la plante sèche et précipitées par l’oxalate.

Matériels et méthodes

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Plante hyperaccumulatrice.
D. linearis a été prélevée sur des stériles d’une mine de terres rares dans la province du Jiangxi (Chine), en
2015 et en 2016. Elle a été séchée pendant 24 h à 70 °C puis les feuilles et tiges ont été broyées au laboratoire.

Extraction et précipitation des terres rares à partir de la biomasse sèche.


La biomasse broyée a été lixiviée pendant 2 h à 20 ° C (rapport solide:liquide : 30 g L-1 - 2,9% masse), avec
de l’eau ultra-pure, et des solutions d’acide nitrique HNO3 (0,5 M) et d’EDTA ( 0,05 M). Après filtration, de
l'acide oxalique a été ajouté en excès dans le lixiviat pour atteindre 0,05 M. Le pH a été contrôlé par ajout
d’acide nitrique ou de soude avant précipitation. L’oxalate de TR a été filtré et lavé avec de l'eau ultra-pure.

Analyses
La composition élémentaire de la biomasse a été déterminée par un laboratoire externe (SARM, France) par
digestion alcaline suivie d'une analyse ICP-AES. Les autres échantillons (lixiviats) ont été analysés par ICP-
AES (Thermo ICAP6000). Ils ont été minéralisés en ajoutant 8,5 mL d'acide nitrique (Fisher Chemicals, 67 à
69% d'Optima Grade) et 1,5 ml de peroxyde d'hydrogène (VWR Chemicals, 50% de Rectapur) dans un
récipient en PTFE. Ils ont été chauffés dans un four à micro-ondes (système de digestion à micro-ondes
Ethestone 1 de Milestone Start D) pendant 50 min avec un point de consigne de 200 ° C.

Modélisation géochimique
La complexation du lanthane a été modélisée à l'aide du logiciel Chess, conçu pour déterminer l'état d'équilibre
de solutions aqueuses multi-composants [6], avec la base de données version EQ3 / 6 de Chess, complétée
par les valeurs des constantes de stabilité thermodynamique de la base Critical [7].

Résultats et discussion

Composition de la biomasse
Le tableau 1 présente la composition des parties aériennes de la fougère D. linearis : c’est un hyper-
accumulateur de TR (3,58 gTR kg-1biomasse sèche), et aussi d’aluminium (Al) (seuil : 0,1%). Les principales TR
dans les parties aériennes sont des légères : lanthane (La), cérium (Ce), néodyme (Nd) et praséodyme (Pr)).
On remarquera la teneur élevée en silicium. Les autres majeurs sont les classiques (K, Ca et Mg).

Tableau 1. Composition élémentaire des parties aériennes de D. linearis (% massique)

TR La Ce Nd Pr Si K Ca Al Mg
0,358 0,115 0,099 0,080 0,025 1,65 0,23 0,19 0,18 0,08

Extraction des terres rares par lixiviation de la biomasse


La figure 1 montre les rendements d’extraction de TR obtenus à partir des différentes solutions (le rendement
est la masse de TR en solution rapportée à la masse totale dans la biomasse sèche, rapport multiplié par
100). Il avait déjà été montré que l’acide nitrique conduisait à des rendements plus élevés que l’eau ultra-pure
[5]. Le Na2EDTA a le même effet (l’EDTA ajouté sous forme disodique pour être partiellement déprotoné).
Les rendements d’extraction des quatre TR principales sont de l’ordre de 85% avec les deux extractants, ce
qui montre qu’elles ont le même comportement chimique et qu'il n'est pas possible de les isoler à cette étape.
Les impuretés (autres minéraux) sont également extraits à l'EDTA avec des rendements respectivement de
84,8, 60,5, 80,0 et 81,2% pour Ca, Al, K et Mg. Pour séparer les terres rares de ces impuretés (et en particulier
de l’Al, du K et du Mg) mais aussi des composés organiques solubles de la fougère, une précipitation sélective
à l’acide oxalique est étudiée dans la partie suivante.
100
Rendement d’extraction (%)

80

60

40

20

0
La Ce Nd Pr

Figure 1. Rendements d’extraction des TR à partir de la biomasse sèche de D. linearis à partir


d’eau ultra-pure , d’acide nitrique (0,5 M) et d’EDTA (0,05 M)

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Précipitation d’oxalate de terres rares
Pour récupérer les TR, on choisit l’ajout d’acide oxalique en raison de la très faible solubilité des oxalates de
TR. Cependant, la présence de matière organique dans la solution (EDTA et molécules solubles de la plante)
peut modifier le comportement du réactif. C’est pourquoi la compétition entre l'acide oxalique et l'EDTA a
d'abord été étudiée avec des solutions synthétiques pour obtenir le pH optimal. Ensuite, des expériences ont
été réalisées avec un extrait réel pour évaluer l’influence de la matière organique dissoute.

oxalate3La2- - - - EDTALa- points expérimentaux

in the plant; in solid1; in solid2; in the leachate

Figure 2. Influence du pH sur la spéciation du La (7,76 mM) en solution avec l’EDTA (13,3 mM)
et l’acide oxalique (13,3 mM)

Une modélisation à l'équilibre a été réalisée pour déterminer la spéciation des TR en fonction du pH de la
solution, le La étant choisi comme élément représentatif. Les résultats montrent qu’il est complètement
complexé par l'EDTA à pH supérieur à 6. A faible pH (<3), il est libre et peut précipiter avec l'ion oxalate.
Pour valider ce modèle, une expérience a été effectuée dans les mêmes conditions que celles du modèle. Le
pH a été régulé par ajout d’acide ou de base. Après filtration, la concentration restant en solution
(correspondant au complexe avec l’EDTA) a été déterminée. Les données expérimentales sont également
tracées sur la figure 2 et montrent un bon accord avec les résultats prévus. Enfin, on peut en conclure que
des conditions acides modérées (pH 2 à 3) doivent être choisies pour précipiter toutes les TR. L’EDTA a une
très faible solubilité à ces pH : le précipité d'oxalate peut également inclure l'EDTA protoné.

Pour évaluer l'influence de la matière organique dissoute sur la précipitation TR-oxalate, un lixiviat de D.
linearis avec l'EDTA a été acidifié à pH 2,3. Un premier précipité (solide 1), issu de la protonation de l'EDTA,
est apparu. Après filtration, de l'acide oxalique a été ajouté. Le second précipité (solide 2) a été lavé avec de
l'eau ultra-pure pour éliminer les résidus et le sodium en excès (provenant de l'EDTA). Enfin, le solide 2 (42,6
mg g-1 de biomasse brute) contenait environ 4,33% de TR, ce qui correspond à un facteur de concentration
supérieur à 10 par rapport à la plante initiale. Cette teneur est proche de celle obtenue lors des processus de
récupération des TR du phosphogypse [9]. Elle peut être considérablement augmenté en optimisant la quantité
d’EDTA ajoutée dans la solution et en limitant sa précipitation.

La Fig. 3 représente le bilan de masse des TR principales au cours du procédé : presque toutes les TR du
lixiviat sont récupérés à environ 70%. Ainsi, la matière organique n'a aucun effet. Pour l'augmenter, l'extraction
doit être optimisée, par exemple en lixiviant plusieurs fois la biomasse. Les principales impuretés Ca (0,45%
du solide) et P (0,11%). Pour augmenter la pureté, il est possible de 1) recristalliser le précipité dans de l'acide
nitrique, ce qui éliminera également l'EDTA insoluble, 2) trouver le pH optimal pour précipiter d'abord l'oxalate
avec du calcium, 3) dissoudre sélectivement les oxydes de TR après combustion de ce précipité.

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Figure 3. Bilan de matière sur les quatre TR principales sur le procédé

Conclusions et perspectives

En conclusion, ces travaux prouvent qu'il est possible de récupérer les TR du sol après phytoextraction par
des plantes hyperaccumulatrices, directement sans brûler la biomasse. L'EDTA peut être choisi comme agent
d'extraction et l'acide oxalate comme molécule précipitante, après ajustement du pH. La matière organique
dissoute de la plante ne joue pas de rôle dans les équilibres complexes. Même si de nombreuses optimisations
doivent être réalisées pour augmenter la pureté et réduire les coûts, le procédé proposé concentre les TR de
10 à partir de la biomasse et par 500 à partir du sol [10]. L'agromine est donc un moyen prometteur pour
produire des TR à partir de ressources secondaires inexploitées, avec des méthodes plus respectueuses de
l'environnement, tout en revégétalisant les espaces miniers dégradés.

Références

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Remerciements

Les auteurs remercient les financeurs de ce travail : Bro-Penny (Liban), le LabEx Ressources 21 (Université
de Lorraine, Nancy) et l’Université Sun Yat-sen (Canton, Chine).

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Traitements biologiques innovants appliqués à des pollutions et des
environnements extrêmes

Carole MARCON1, Christophe CHENE1

1: Soléo Services, 8 ter, avenue du Docteur Schweitzer, 69330 Meyzieu, France, cmarcon@soleo-
services.fr, cchene@soleo-services.fr

Résumé

Les micro-organismes sont adaptés à un très large éventail d'environnements, des plus courants aux plus
extrêmes. Ces propriétés d'adaptation leur confèrent des capacités particulières (haute stabilité au pH,
résistance aux températures extrêmes). C'est la même chose dans des environnements très contaminés.
L'utilisation de la capacité des micro-organismes indigènes à dégrader la pollution dans des environnements
extrêmes peut parfois constituer la meilleure stratégie d'assainissement, tant sur le plan technique
qu'économique. Néanmoins, le succès d'un tel traitement nécessite une connaissance approfondie du
contexte, du dimensionnement et du monitoring requis. Soléo Services présente ici comment une solution
biologique peut être la plus efficace là où les procédés chimique ou physique échouent ? Comment aborder
ce type de problème complexe ? Comment concevoir et mettre en œuvre une telle stratégie de dépollution ?
Quels sont les outils de gestion essentiels à un bon monitoring du processus d'assainissement ? Enfin, des
études de cas de traitements biologiques complexes seront présentées.

Introduction

Trouver la meilleure stratégie d'assainissement des sols n'est pas facile et nécessite souvent d'adopter une
approche scientifique adaptée à la complexité de l'environnement. Une étude de faisabilité avancée peut
permettre de concevoir une stratégie biologique efficace et économique. L'efficacité de la biodégradation des
polluants par certaines espèces microbiennes peut être démontrée dans la littérature, mais les conditions
réelles peuvent souvent présenter des effets limitants ou inhibiteurs. Soléo Services présente ici la
réalisation de deux projets de biodégradation dans des conditions extrêmes.

Matériel et méthodes

La première réalisation a été conduite en 2016 sur des eaux souterraines de pH10, impactées par l'acétone
(260mg/l), l'isopropanol (17000µg/l) et le 1,2 dichloroéthane (18000µg/l). Des tests laboratoires et sur le
terrain d’oxydation chimique, utilisant du persulfate de sodium ou encore du permanganate de sodium, ont
été effectués pour confirmer la faisabilité ou non de la solution ISCO. Les résultats se sont avérés mitigés.
Comme ces polluants, en particulier l'acétone, sont bien connus pour leur aptitude à la biodégradation
aérobie, un traitement biologique a été envisagé même si les conditions, un pH élevé et une concentration
élevée de polluants, étaient défavorables, car le coût d'assainissement était trop élevé par rapport au
rendement attendu.
Afin d'évaluer la faisabilité du traitement biologique aérobie proposé, de nombreux essais de respirométrie
par lots ont été effectués. Sphingobacterium mizutaii est connu pour dégrader l'acétone, Xanthobacter
autotrophicus GJ10 est connu pour dégrader le 1,2-DCA, mais est-ce possible dans ces conditions extrêmes
? Un essai pilote terrain a ensuite été conduit durant 3 mois pour valider l’efficacité du traitement.

La seconde réalisation a eu lieu en 2017 sur un site contaminé par du benzène (Cmax = 900 mg/l) avec une
nappe à pH = 11-12. De nombreuses techniques ont été envisagées telles que le pompage et le traitement,
ou le drainage, mais la faible perméabilité des sols n'est pas favorable à ces technologies, et la durée de
l'assainissement prendra de nombreuses années. Le client a souhaité tester toute approche alternative
permettant de traiter la zone source. L'assainissement biologique semble être une technologie peu coûteuse
qui pourrait être efficace pour l'assainissement du benzène, mais qui doit être démontrée dans cette
géologie spéciale (gisement industriel) avec un pH et une concentration de benzène aussi élevés. Aucun
essai préliminaire en laboratoire n'a été réalisé, faute de temps et parce que le clientsouhaitait une
démonstration directe sur le terrain, le contexte géohydrochimique étant trop complexe pour s'assurer de la
représentativité des essais en laboratoire.

PAGE 26 Résumés Atelier 11 - 4es Rencontres nationales de la recherche sur les sites & sols pollués 2019
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Résultats et discussion

Projet 1 (CS1)

Les tests respirométriques de laboratoire n'ont montré aucune consommation d'O 2 pendant les 25 premiers
jours (temps d'adaptation), mais l'activité a ensuite commencé.

Figure 2 : CS1 - Test de laboratoire - test respirométrique

Les résultats ont montré une diminution >98% d'acétone et >96% de 1,2 DCA. La biostimulation a été
efficace sans effet toxique, sans besoin de tamponner ou d'ajouter de nutriments. Un essai pilote terrain de 3
mois a montré des abattements jusqu'à 79% pour l'acétone et 91% pour le 1,2 DCA selon les zones. L'essai
a été effectué en recirculation avec ajout d'oxygène dissous en utilisant de l'eau oxygénée.

Figure 2 : CS1 - Conception de l'essai pilote terrain CS1- Evolution de l’oxygène dissous

Les principaux résultats de l'essai pilote sur le terrain CS1 sont les suivants :

 Forte diminution de l'acétone de 55 à 79 % pendant le pilote avec une estimation de 95 % à 99 % en


12 mois de traitement, avec remobilisation locale au début du pilote mais sans effet de rebond.
 Diminution du 1,2-dichloroéthane de 0 à 91 % avec mobilisation locale et effet de rebond.
 Une bonne efficacité du traitement de l'eau avec réduction de la concentration d'acétone de 59 à
99% et réduction de la concentration de 1,2-dichloroéthane de 99 %
 Une amélioration du pH de la zone en traitement de 10,4 à 9,4

Les structures des communautés microbiennes ont été suivies tout au long de l'essai pilote sur le terrain à
T0, T+1, T+2 et T+3 mois. Il semble qu'il n'y ait pas de grande modification au cours du premier mois, mais
une modification plus importante dans les communautés bactériennes à 2 et 3 mois. Ces changements sont
probablement liés à la modification du pH et au passage de conditions anaérobie à aérobie.

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Figure 4 : CS1 - Migration à haute résolution (gel d'acrylmide) montrant les structures des
communautés microbiennes par RISA - qPCR et RT-qPCR

L'analyse q-PCR indique qu’il n'y a pas de grands changements dans l'ADN au niveau de la microflore
totale, mais une augmentation de l'ARN de non détecté à 1,26. 10+9 copies/l. Ce résultat démontre le fort
développement des bactéries totales durant la biostimulation. En ce qui concerne l'acétone, seule la voie de
dégradation de l'acétone carboxylase a été identifiée au début (ADN uniquement) et à T+3 mois (ADN +
ARN) suite à la biostimulation. En ce qui concerne le 1,2-DCA, les résultats n’indiquent pas d’évolution des
gènes de dégradation (déshalogénase), même si une dégradation de 91% a été mesurée sur le terrain : une
autre voie de dégradation a dû être empruntée.

Projet 2 (CS2)

Deux façons de modifier l'oxygène ont été testées sur le site :


- Une voie de recirculation utilisant un puits de pompage et un puits d'injection, avec des nutriments et un
amendement d'oxygène dissous utilisant de faibles concentrations de peroxyde d'hydrogène ;
- Un biosparging par injection d'oxygène pur (93 %).

Figure 5
: CS2 –
Principe
du biosparging - Emplacement des pilotes

L'essai de recirculation a été rapidement abandonné en raison du problème de colmatage des pompes dû à
la dissolution et à la précipitation des carbonates, et également du fait que le pompage à faible débit d'eau
souterraine ne permettait pas d'apporter suffisamment d'O2. Le biosparging par injection d'oxygène pur a
duré 9 mois.

Sur le terrain et sans aucun tampon, il est intéressant d'observer que, naturellement et parallèlement à
l'activité biologique, le pH diminue de près de 4 grandeurs (13 à 7) pour CS2.

Au cours de l'essai pilote sur le terrain du CS2, on a observé une variation importante de la concentration de
benzène, probablement due à la remobilisation causée par le courant de convection induit par les jets, mais
la tendance générale des courbes est une nette diminution des concentrations de 600 mg/l à 100 mg/l
pendant l'essai de 9 mois.

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L'état initial ne montre aucun biomarqueur de la dégradation du benzène, mais aussi une absence quasi
totale de bactéries. Ce verdict peut s'expliquer par le pH élevé qui pourrait inhiber le développement des
micro-organismes. La même analyse a été faite à la fin du test. Le nombre total de bactéries a augmenté,
mais les biomarqueurs de dégradation du benzène n'ont pas subi de modifications importantes. Ces
résultats pourraient être interprétés comme si les micro-organismes qui se sont développés dans cet
environnement spécial avaient un mécanisme de dégradation différent de ceux généralement connus pour la
dégradation du benzène. Ce résultat montre également l'efficacité de la biostimulation microbienne du
processus.

Vu les résultats très encourageants du pilote terrain à petite échelle mené en 2017, un essai pilote à plus
grande échelle a été démarré en novembre 2018 incluant en partie la zone du pilote précédent.

Figure 6 : CS2 – Emplacement des pilotes - Résultats

Seules les analyses d’état initial et du T1 mois du nouveau pilote sont actuellement disponibles. Celles-ci
figurent sous forme de graphique ci-dessous, incluant le T final du pilote de 2017 :

Entre la fin du 1er pilote et le démarrage du second, laps de temps durant lequel aucune injection d’oxygène
pur n’a eu lieu, une augmentation des concentrations en benzène a eu lieu. L’oxygène dissous et le potentiel
redox sont revenus à des niveaux relativement bas et le pH, bien que toujours plus bas qu’en 2016, est tout
de même remonté, surtout en Pz6s. Une inertie de l’efficacité du premier pilote est néanmoins observée
puisque le milieu s’est réduit suite à l’arrêt des injections, ce qui signifie que les microorganismes présents
dans la nappe ont poursuivi leur développement, en consommant l’oxygène résiduel.

Les premiers résultats de suivi du nouveau pilote démarré en novembre 2018 montrent :

 Une baisse des concentrations en benzène encourageante en Pz15 ;


 Une augmentation notable de l’oxygène dissous et du potentiel redox, confirmant à nouveau les
conditions aérobies du milieu ;
 Une baisse du pH revenant à des valeurs plus propices au développement des microorganismes.

Des analyses microbiologiques ont été réalisées avant démarrage du nouveau pilote. Les analyses
précédentes datant de la fin du pilote de 2017 :

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Pilote 2017

6,77

Pilote 2018

Figure 7: CS2 - qPCR et RT-qPCR

Lors de ce nouvel état initial, un pH de 6,8 a été mesuré par le laboratoire d’analyses biomoléculaires (pour
un pH de 8,25 mesuré sur le terrain). Malgré cette variation, le pH est resté relativement bas et propice à
une activité microbienne dans cet ouvrage depuis la fin du pilote précédent (pH=6,77), signe de l’inertie du
traitement mis en place. Par ailleurs, la présence comme l’activité des communautés microbiennes totales a
augmenté à des teneurs significatives. De plus, la présence et l’activité de gènes de biodégradation du
benzène en catéchol initialement non détectés ont été observées lors du nouvel état initial. Ces résultats
viennent confirmer l’inertie de l’efficacité du premier pilote et le fait que les microorganismes présents dans
la nappe ont poursuivi leur développement, en consommant l’oxygène résiduel.

Conclusions et perspectives

L'objectif de ces travaux n'est pas de démontrer tous les mécanismes de biodégradation dans un
environnement complexe, mais de montrer que la biodégradation peut se produire même dans des
conditions défavorables.

Tous ces essais pilotes en laboratoire et sur le terrain ont démontré que la biodégradation peut se produire
et peut être stimulée même dans des conditions défavorables couramment imaginées comme un pH et une
concentration en polluant très élevés. Ils ont également montré que les voies de biodégradation sont
différentes de celles généralement connues dans un environnement plus classique.

Pour le site 1, le coût de la réhabilitation à grande échelle est d'environ 450k€, ce qui représente environ 1 à
1,5 M€ d'économies pour le client. L'assainissement a été effectué.

Pour le site 2, le budget de réhabilitation à grande échelle est estimé à environ 250-300 k€ en utilisant le
biosparging O2. La même réhabilitation par extraction multiphasique, basée sur 36 mois de pompage, ce qui
n'est sûrement pas suffisant, est d'environ 400-450 k€. Le pilote longue durée à plus grande échelle est en
cours (12 mois).

Dans les deux cas, la méthode biologique d'assainissement démontre qu'il s'agit d'une solution rentable et
qu'elle pourrait être plus efficace que le traitement physique ou chimique.

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Avancées sur la mesure de la biodisponibilité des hydrocarbures et les
méthodes pour l’augmenter

Christophe BARNIER1*, Martin GABORIAU2, Sonia HENRY3, Carole MARCON4, Stéphanie OUVRARD3
(arial, gras, taille 10, centré)
1 : Golder Associates, 31 rue Gorges de Loup 69009 Lyon, cbarnier@golder.com
2 : SNCF Réseau, 6, avenue F. Mitterrand 93574 La plaine Saint Denis, martin.gaboriau@reseau.sncf.fr
3 : Laboratoire Sols et Environnement, 2 avenue de la Forêt de Haye 54505 Vandœuvre-lès-Nancy,

stephanie.ouvrard@univ-lorraine.fr
4 : Soléo Services, 8 ter, avenue du Docteur Schweitzer, 69 330 Meyzieu, cchene@soleo-services.fr

* contact : identification du contact en cas de question sur les travaux présentés

Résumé

Ce résumé présente des résultats préliminaires et annoncent les résultats en attente obtenus dans le cadre
du projet Gesipol BIO&BIO. Tout d’abord, les premiers résultats concernant la possibilité d’utiliser l’extractions
sur une résine absorbante pour estimer la fraction d’hydrocarbures biodisponibles est encourageante même
si le protocole va être développé durant l’année 2019. Ensuite, le résumé donne des premiers éléments sur
les méthodes de culture des bactéries endogènes en vue de production de biosurfactants afin d’augmenter la
biodisponibilité des hydrocarbures dans un procédé de biolavage. Les premiers résultats d’effet des
biosurfactants sur la biodisponibilité des HCT dans des sols présentant une contamination vieillie seront
présentés lors des rencontres de l’ADEME en novembre 2019.

Introduction

Le projet BIO&BIO vise à développer des connaissances permettant d’améliorer le traitement des sols
polluées par des hydrocarbures pétroliers peu biodisponibles. Ce projet cherche alors à COMPRENDRE les
processus à l’origine de la limite d’efficacité des solutions classique de traitement in situ et à DEVELOPPER
une solution permettant dépasser outre les facteurs limitants.

La première étape du projet est la mise au point d’un protocole de mesure de la biodisponibilité des HCT afin
de l’utiliser comme outil de compréhension des phénomènes contrôlant un traitement. Ce protocole sera basé
sur celui développé au laboratoire sols environnement pour mesurer la disponibilité des HAP [1] et qui avait
montré plus de pertinence que des protocoles employant des solvants doux par exemple.

La seconde étape consiste en la production de surfactant microbiens à partir d’un inoculum microbien réalisé
à partir de micro-organismes endogènes. L’objectif final est de pouvoir dimensionner une culture microbienne,
productrice de micro-organismes et biosurfactant, opérée sur site pour un traitement in situ des sols.

L’efficacité des biosurfactant à augmenter la biodisponibilité des HCT est testé sur des sols prélevés sur des
sites SNCF présentant tous une contamination vieillie en hydrocarbures de type diesel.

Matériel et méthodes

Un lot de sept sols modèles, prélevés sur des sites SNCF, est utilisé pour calibrer les méthodes décrites ci-
dessous. Ces sols contiennent en moyenne 6 000 mg/kg de HCT de poids moléculaire moyens, représentatifs
d’un diesel dégradé.

Un protocole de mesure de la biodisponibilité des HAP existe déjà et est en cours de normalisation [2]. Ce
protocole issu de travaux déjà réalisés au LSE [1], appliqué tel quel dans une première phase est le suivant.
Une suspension est préparée en mettant dans un flacon en verre, 2g de sol et 300 mL d’une solution contenant
0,01 M de CaCl2 et 200 mg/kg de NaN3 pour inhiber toute activité biologique. Deux grammes de Tenax TA
(177-250 µm) sont ajoutés à la suspension et les flacons sont mis à agiter sur un agitateur rotatif à une vitesse
de 15 rpm dans une pièce thermostatée à 20 °C. Après 24heures, l’agitation est stoppée et les flacons sont

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laissés à décanter puis le Tenax est récupérer par flottation. Les hydrocarbures sont extraits dans un mélange
acétone/hexane 50/50 puis repris dans de l’acétonitrile pour analyse en chromatographie.

Les essais de biodégradation ont été menés dans des batchs contenant 2 kg de sol. Les sols ont alors été
humidifiés à 75% de la capacité aux champs. De l’azote (NH 4NO3, 80.04 g/mol) et du phosphore (KH2PO4,
136.09 g/mol) minéral ont été apportés de sorte à atteindre un C:N:P de 100:10:5. De l’air a été apporté
continuellement à un débit correspondant à 5 volumes de pore par jour. Après un mois en maintenant une
masse et donc une humidité constante, les sols ont été échantillonnés afin de définir un abattement et donc
une cinétique de biodégradation.

Les cultures de microorganismes endogènes ont été réalisées avec deux des sols modèles. Pour les deux
sols modèles, 10 grammes de sols ont été extrait à l’aide de 50 mL de PBS puis la suspension a été centrifugée
(3000 tr/min) afin de récupérer le surnageant. Le surnageant est alors inséré dans une culture en réacteur à
laquelle est ajoutée de l’ammonitrate comme source d’azote et du diesel (en excès) provenant d’un site SNCF
comme source de carbone. Les cultures sont agitées pendant 1 mois et la culture microbienne est quantifiée
par le suivi de la densité optique de la suspension et la mesure de la densité cellulaire (UFC/ml). Après 1 mois
de culture, la production de biosurfactant est évaluée par la mesure de l’index d’émulsion E24.

Résultats et discussion

Au stade de la rédaction du présent résumé, les résultats sont encore préliminaires mais ils seront plus
nombreux au moment de la conférence.

Les essais ont été menés sur des sols similaires quant à la nature de la contamination à savoir des
hydrocarbures de type gasoil et dans un état vieilli c’est-à-dire ayant subi un long temps de contact (>20 ans)
entre la contamination et la matrice solide.

A ce stade préliminaire, les premières expérimentations font apparaitre une tendance de relation entre la
teneur biodégradée en batch en 30 jours et la teneur extraite sur Tenax en 24h. Cette relation mise en évidence
dans la figure 1 ci-dessous écarte le septième sol, impacté par une teneur particulièrement élevée en
hydrocarbures (27 000 mg/kg) et pour lequel, la teneur extraite sur Tenax n’est que de 4900 mg/kg alors que
la teneur biodégradée en 30 jours est de 14 000 mg/kg.
A ce stade, même s’il semble exister une relation entre la teneur biodégradée et la teneur extraite sur Tenax,
ce dernier protocole n’est pas suffisamment affiné pour permettre de mesurer une fraction « biodisponible ».
En effet, il est par exemple possible de constater que dans l’un des sols, le Tenax permet d’extraire 750 mg/kg
d’hydrocarbures alors que l’essai de biodégradation n’a pas permis d’abattre les teneurs. Dans ce sol, la
biodisponibilité semble donc être nulle.

3500
Teneur biodégradé 30j

3000 R² = 0,9276
2500
(mg/kg MS)

2000
1500
1000
500
0
0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 3 500 4 000 4 500 5 000
Teneur biodisponible Tenax (mg/kg MS)
Figure 1 : Corrélation entre la teneur en HCT biodégradée et la teneur extraite sur Tenax en 24h.

Las mise en culture des microorganismes extrait de deux des sols modèles a permis de constater que
l’évolution de la densité optique dans la suspension était corrélée à l’évolution du nombre de micro-organismes
cultivables. Ainsi, dans les deux cultures cellulaires, les paramètres de suivi ont montré l’atteinte d’un équilibre
après 7 à 14 jours de culture, avec une densité cellulaire (cultivables) comprise entre 10 6 et 107 UFC/mL. A
l’atteinte des équilibres de croissance, l’index d’émulsion E 24 a été mesuré entre 11 et 20,9 en fonction des
cultures.

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Conclusions et perspectives

Ces différents résultats ne sont que préliminaires et les travaux menés en 2019 permettront de les compléter
en vue d’avancer sur les objectifs que s’est fixé le projet Bio&Bio. Ainsi, la présentation finale intégrera des
éléments sur l’évolution du protocole d’extraction des hydrocarbures biodisponibles sur la résine absorbante
Tenax.
Ensuite, les travaux menés en 2019 permettront de confirmer que l’index d’émulsion crée dans une culture
cellulaire réalisée à partir de micro-organismes extrait d’un sol impacté par des hydrocarbures est
effectivement induit par la production de biosurfactant de type rhamnolipides comme montré par d’autres
auteurs [4].
Enfin, la présentation présentera des résultats concernant l’effet des biosurfactants sur l’augmentation de la
biodisponibilité des hydrocarbures pétroliers dans un sols où ils se trouvent peu biodisponibles du fait de leur
vieillissement.

Références
[1] Barnier C., Ouvrard S., Robin C., Morel J. L. (2014) Desorption kinetics of PAHs from aged industrial
soils for availability assessment. Science of The Total Environment 470-471: 639-645.
[2] Sutton N. B., Gaans P., Langenhoff A. A. M., Maphosa F., Smidt H., Grotenhuis T., Rijnaarts H. H. M.
(2013) Biodegradation of aged diesel in diverse soil matrixes: impact of environmental conditions and
bioavailability on microbial remediation capacity. Biodegradation 24(4): 487-498.
[3] ISO (2016) Soil quality — Environmental availability of non-polar organic compounds — Determination of
the potentially bioavailable fraction and the non-bioavailable fraction using a strong adsorbent or complexing
agent. ISO/TC 190/SC 7.

[4] Walaa A. Eraqi, Aymen S. Yassin, Amal E. Ali, and Magdy A. Amin., (2016) Utilization of Crude Glycerol
as a Substrate for the Production of Rhamnolipid by Pseudomonas aeruginosa. s.l. : Biotechnology Research
International, Vol. 2016. 3464509.

Remerciements

Les auteurs remercient tous les participants au projet BIO&BIO ainsi que l’ADEME pour son support dans le
financement de ce projet.

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#RencontresSSP

Les Rencontres nationales de la Recherche sur les sites


et sols pollués sont organisées par l’ADEME  avec ses
partenaires tous les 4 à 5 ans sur Paris.
Elles sont l’occasion pour les acteurs de la gestion
des sites  et sols pollués (chercheurs, gestionnaires de
sites, sociétés d’études, d’aménagement, de travaux,
élus, associatifs, acteurs de la santé publique, services de L’ADEME EN BREF
l’Etat, etc.) et de l’économie circulaire de partager  leurs
L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie
expériences et de confronter leur point de vue.
(ADEME) participe à la mise en œuvre des politiques
publiques dans les domaines de l’environnement, de
Les participants aux rencontres pourront ainsi : l’énergie et du développement durable. Elle met ses
• s’informer sur les avancées et les faits marquants de la capacités d’expertise et de conseil à disposition des
recherche dans le domaine des sites et sols pollués sur les entreprises, des collectivités locales, des pouvoirs publics
5 dernières années, et du grand public, afin de leur permettre de progresser
• et débattre sur les questions de gestion des sols, qu’ils dans leur démarche environnementale. L’Agence aide en
soient urbains, industriels ou agricoles, pollués par les outre au financement de projets, de la recherche à la mise
activités industrielles. en œuvre et ce, dans les domaines suivants : la gestion des
Les recherches orientées sur les pollutions d’origine agricole déchets, la préservation des sols, l’efficacité énergétique
et radioactives sont exclues du champ thématique de ces et les énergies renouvelables, les économies de matières
premières, la qualité de l’air, la lutte contre le bruit, la
rencontres.
transition vers l’économie circulaire et la lutte contre le
gaspillage alimentaire.
Riche en contenus et débats, cet évènement incontournable
pour les acteurs du domaine des sites et sols pollués L'ADEME est un établissement public sous la tutelle
rassemble plus de 420 participants. conjointe du ministère de la Transition écologique et
Une synthèse a  posteriori  sera diffusée pour orienter et solidaire et du ministère de l’Enseignement supérieur, de
identifier les besoins de recherche prioritaires pour la la Recherche et de l’Innovation.
période 2020 – 2025. www.ademe.fr ou suivez-nous sur @ademe

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DE LA TRANSITION
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DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR,
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