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CHAPITRE 4

La phytoremédiation des sols contaminés


par les hydrocarbures

Présenté par
Dr MAHDI.K
Introduction

Les sols sont l’objet d’une gamme de menaces, telles que l’érosion, la perte de matière organique, la compaction,
l’acidification, la salinisation, et la contamination. L’enjeu est donc non seulement la préservation des sols pour la
production agricole destinée à une population qui s’accroît, mais aussi la récupération des sols dégradés et contaminés. Il
faut ainsi disposer d’outils et de méthodes de remédiation des sols pollués.

Étude des sols pollués

Quels sont les polluants des sols ?


Les polluants des sols sont issus des activités agricoles, industrielles ou urbaines.
Ils sont classés en polluants organiques et polluants inorganiques, dont les comportements sont différents.
On trouve des hydrocarbures aliphatiques, des hydrocarbures aromatiques et des produits organiques synthétisés par
l’industrie chimique (produits phytosanitaires, solvants chlorés, PCB, hydrocarbures aromatiques), des métaux: (cuivre,
chrome, fer, manganèse, molybdène, nickel, zinc, cadmium, mercure, plomb, … et toute une gamme de radionucléides:
(américium, césium, néodyme, nickel, neptunium, plutonium, strontium, technétium, uranium…), qui sont autant
illustrateurs de l’importance du problème de la complexité de la pollution des sols. Tous ces polluants sont très
fortement associés à la matrice des sols, ce qui les rend difficiles à éliminer. Ainsi, nettoyer un sol est bien plus
compliqué que nettoyer de l’eau ou de l’air.
Conséquences de la pollution des sols

Figure 1 Cycle des polluants dans le système sol-plante. Par différentes voies de
transformation, on aboutit à une contamination de la chaîne alimentaire.
Un exemple de suivi du devenir d’un métal lourd

Figure 2 Devenir de métaux lourds dans les sols


Un exemple de suivi du devenir d’un métal lourd

Un exemple de suivi du devenir d’un type de pollution tel qu’un métal lourd montre toute la complexité du cheminement des polluants
(Figure 2).
Prenons un métal quelconque qui se trouve dans le sol en présence d’une phase solide importante et réactive, constituée par
exemple d’oxydes, d’argiles, de carbonates et de matière organique. Tous ces composés vont interagir avec le métal et lui faire
prendre des formes chimiques particulières ; cet ensemble de réactions conduit à la distribution du métal entre une fraction dite
non-disponible pour la plante, qui ne pourra pas être absorbée au cours de sa croissance, et une fraction disponible (en bleu,
Figure 2), dans laquelle la plante va puiser le métal durant sa croissance.
La fraction bleue est la quantité qu’il faut analyser dans les sols, car si l’on sait mesurer cette disponibilité, on saura apprécier le
risque de transfert sol-plante du contaminant.
Les polluants des sols, non dégradables (métaux) ou très faiblement dégradables (HAP, PCB…), persistent dans l’environnement et
peuvent être transférés vers différentes cibles (eaux souterraines, plantes..), et ce, sur de grandes surfaces. Ainsi, il est crucial
de traiter ces sols pollués pour éviter les transferts vers les cibles environnementales. Les moyens à envisager doivent être
technologiquement et économiquement faisables comme la phytoremédiation qui est très largement utilisée.
En quoi consiste la phytoremédiation?

En bref, la phytoremédiation est simple: utiliser des plantes pour décontaminer les sols, ou même l’eau, et préserver les
nappes phréatiques et la chaîne alimentaire de manière biologique. Le traitement permet de décontaminer toutes sortes de
surface des terrains industriels ou des terrains abandonnés. Elle représente aujourd’hui l’une des voies possibles pour traiter
de grandes surfaces contaminées.

Les matières inorganiques comme les métaux ainsi que les matières organiques sont bénéfiques à la croissance des végétaux
qui seront par la suite accumulées dans les tiges et les feuilles des plantes, qui les captent puis les fixent.

Avec cette méthode In situ, de nombreux contaminants seront ainsi dégradés directement dans le sol. On gère donc des
kilos de végétaux contaminés, plutôt que des tonnes de terre!

En effet, pour traiter les sols contaminés, on utilise principalement l’excavation et l’enfouissement comme méthode Ex situ.
Une équipe de professionnels creuse, met la terre dans des camions et va enfouir le tout ailleurs. Mais où et dans quelles
conditions? La mauvaise gestion et le trafic de terres contaminées ont déjà fait l'objet d'un problème environnemental
sérieux.

Mais alors que ces solutions mécaniques et physiques sont assez rapides et efficaces, surtout pour les petits sites, elles
font toutefois baisser la fertilité et la productivité des sols.
Figure 3 Les différentes stratégies de remédiation des sols pollués.
Le rôle primordial de la rhizosphère dans la phytoremédiation

Figure 4 Mode d’action des plantes sur les polluants des sols, au niveau du système racinaire. La phytoremédiation est fondée sur les
interactions sol-racine polluants. L’effet rhizosphère correspond à une stimulation de la croissance microbienne.
Le rôle primordial de la rhizosphère dans la phytoremédiation

La phytoremédiation pourrait aussi s’appeler « rhizoremédiation » car le travail est principalement réalisé par les racines qui
peuvent développer une très grande surface (plusieurs mètres carrés) qui constitue le lieu des interactions avec le sol .
La partie rhizo ou le système racinaire joue un double rôle:

-les différents polluants vont être sorbés par les racines c’est la rhizoatténuation, et les partie aériennes des plantes captent
l’énergie solaire et assurent les flux de polluants par la transpiration.

-beaucoup de composés organiques appelés exsudats sont libérés au niveau de l’extrémité des racines. L’exsudat et le CO2 sont
les produits de la dégradation des polluants qui servent de substrats aux micro-organismes présents dans le sol ce qui améliore
l’activité biologique et constituer ce que l’on appelle la rhizosphère.
Les procédés de la phytoremédiation
 La phytostabilisation
-C’est l’immobilisation ou la stabilisation des polluants qui peuvent s’échapper du sol suite à l’érosion éolienne et hydrique pour
cela on procède à implantation d’un couvert végétal sur une surface contaminée afin de protéger le sol.
Les espèces végétales sont choisies, pour leur tolérance aux composés toxiques présents dans le sol.
-Les racines peuvent aussi modifier l’état chimique des polluants, par séquestration des polluants sur (par adsorption) et dans les
racines (par absorption). Les polluants prennent alors des formes moins susceptibles d’être transportées par les eaux. La
phytostabilisation est applicable à tout type de pollution.

Certaines plantes comme le peuplier sont utilisées pour stabiliser les polluants.

Photo du peuplier
 La phytoextraction

Cette technique est relativement inopérante pour les polluants organiques comme les hydrocarbures car les plantes
prélèvent ces composés en trop faible concentration, mais elle peut être notable Pour les polluants inorganiques, elle
utilise des plantes hyperaccumulatrices qui ont acquis au cours de l’évolution la capacité d’accumuler dans leurs parties
aériennes des quantités considérables d’éléments minéraux (métaux).
Plus de 400 espèces hyperaccumulatrices qui font l’extraction des métaux des sols ont été identifiées par le monde, la
plupart sont des hyperaccumulatrices de nickel (exp. Alyssum murale, espèce très répandue, qui contient plus de 1 % de
Ni dans les feuilles), mais d’autres éléments sont également accumulés (As, Co, Cu, Mn, Pb, Se).

Photo alyssum murale


 La phytovolatilisation

Cette technique est adaptée pour les polluants organiques et inorganiques.

Dans la technique de phytovolatilisation, les plantes absorbent les contaminants organiques et inorganiques à

partir de la lithosphère et l’eau souterraine, les transforment en éléments volatiles non toxiques et les

relâchent dans l’atmosphère via leurs feuilles.

• De cette manière, les polluants sont dégradés en composants

moins ou non toxiques avant d’être libérés.

• Pour ce genre de technique on utilise la plante Astragal.


Exemple de phytovolatilisation de Sélinium par la plante Astragalus (Astragale)

plante astragale

Figure 6 Processus de volatilisation par des plantes du type


Astragalus.
 La phytodégradation (des polluants organiques)

Les plantes peuvent métaboliser de nombreuses molécules toxiques dans leurs tissus : pesticides, hydrocarbures, composés
halogénés. Mais elles peuvent aussi contribuer à la dégradation de ces composés organiques dans leur rhizosphère. Les composés
organiques qui ont la capacité à pénétrer dans la plante sont dégradés à la fois dans les tissus (phytoréduction, et
phytooxydation) et dans la rhizosphère (phytoréduction).

La phytoremédiation appliquée aux polluants organiques


(phytodégradation) connaît maintenant un très grand
succés, en particulier, avec la création d’entreprises
spécialisées.

Les peupliers, qui réduisent les flux de la pollution en


favorisent la dégradation des polluants organiques dans
leur rhizosphère voire dans leurs tissus, sont très
largement utilisés pour traiter des sols contaminés par
des polluants organiques.
Exemples de phytodégradation des composés organiques

1. Le Trichloréthylène

• Le Trichloréthylène (TCE) est un composé halogéné, utilisé comme solvant


industriel, polluant organique très répandu, posant de graves problèmes
dans les eaux de surface et les sols : peu dégradé, cancérigène.

• Les plantes ont la capacité de transformer le TCE en trichloroéthanol, en chloroacétates


puis en CO2. Des cellules en culture de peuplier dégradent >10% TCE en moins de 10 jours.

• Les plantes contiennent une voie enzymatique de dégradation du TCE


2. Le Trinitrotoluène

• Le trinitrotoluène (TNT) est un explosif qui pose de graves problèmes environnementaux.

• L’incinération est le seul traitement connu, mais se pose les problèmes des rejets atmosphériques
(combustion incomplète) et du coût.

•l’opération de la dégradation ou la réduction du TNT s’appelle La nitroréductase (NR) se fait par


les bactéries Enterobacter qui existent dans le sol et qui sont capables de dégrader le TNT dans
une réaction de réduction.
Remarque

La phytoremédiation soulève un problème: très peu d’entreprises se sont lancées dans ce genre
de service car il est très difficile de donner des garanties sur le temps et les résultats.

Alors que c’est rapide, rentable et facile pour les entreprises de creuser et se débarrasser de la
terre, et elles peuvent ainsi fournir des garanties .Par contre, la phytoremédiation demande du suivi
et de l’entretien, c’est long, et peu d’entreprises veulent se lancer là-dedans.

Inconvénients potentiels
 Profondeur des zones atteintes. La phytoremédiation convient aux sites où la contamination n’est
pas profonde – moins de 1.5 m de profondeur.
 Niveau de contaminants. Les concentrations doivent être relativement moyenne pour permettre
aux plantes de croitre.
 Risque pour la chaîne alimentaire. Si les plantes contaminées sont ingérées par des animaux.
 Temps. Le processus n’est pas adapté pour décontaminer et restaurer un site rapidement. Il
convient plutôt à des sites abandonnés, sans contrainte de temps à respecter.
Quelles sont les plantes utilisées en phytoremédiation?

Selon le type de contamination et le sol, on utilise généralement des mélanges de plantes et végétaux à
croissance différente adaptés au site et aux contaminants.

Les plantes de couverture:

 De la moutarde pour nickel et le plomb


 Des peupliers pour le cadmium et le zinc et autre métaux
 Des tournesols pour les radioéléments
 Des saules et des peupliers pour les hydrocarbures et les autre polluants organiques

Les saules
La moutarde Les tournesols

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