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Traitement des sites et sols

pollués
Fiche métier Ingénieur en dépollution sites et
sols pollués

L’ingénieur en dépollution sites et sols pollués doit étudier la


pollution d’un site à partir d’un schéma conceptuel. Il réalise ensuite
une synthèse de la situation du site, en prenant compte des sources
de pollution, les vecteurs de pollution (sa mobilité et les chemins
empruntés) et les cibles (l’environnement et la population).
L’objectif de ce cours pour un ingénieur en génie civil est d’apporter
des éléments d’ordre technique ou scientifique qui pourront
contribuer à mieux cerner les concepts de sol, de sol pollué et
d’assainissement des sols.
Trois notions font l’objet de ce cours : le sol, les déchets en tant que
contaminants du sol et l’assainissement du sol.
Le traitement des sites et sols
pollués

Chapitre I
Sol et notions de base sur les contaminants du sol
Chapitre II
Gestion des Déchet Ménagers et Assimilés au Maroc
Chapitre III
Les procédés de traitement des déchets
Chapitre I
Définition du sol et notions de base sur
les contaminants du sol
I. Introduction

Il est utile de rappeler, en premier lieu, que la


protection des sols à l’égard des pollutions est une
préoccupation relativement récente.
Si ce soucis n’est venu que tardivement, c’est bien
parce que le sol a été trop longtemps considéré
comme une sorte de réceptacle inconditionnel et
illimité destiné à accueillir nos déchets et les
polluants générés par nos activités industrielles ou
urbaines.
I. Introduction
Les mentalités changent, et l’on reconnaît de façon de plus en
plus unanime que :
• le sol est un milieu écologiquement sensible, au même titre
que le milieu “air” ou le milieu “eau” ;
• le sol est une véritable “plaque tournante” de notre
environnement, puisqu’il constitue le point d’intersection
des domaines appartenant à l’atmosphère, l’hydrosphère et
la lithosphère et qu’il détermine directement la qualité de :
• l’air que nous respirons (citons les émanations gazeuses à proximité
des sites de décharge !)
• l’eau que nous buvons (mentionnons les augmentations
préoccupantes des teneurs en pesticides et en nitrates dans de
nombreux aquifères)
• toute la biosphère et en particulier des légumes issus de nos
potagers.
II. La notion de sol
1. Les composants du sol et leur organisation

Le milieu “sol” se caractérise par une grande complexité et


son hétérogénéité.
En effet, l’examen macroscopique d’un sol révèle que celui-ci
ne consiste pas en une entité homogène mais qu’il est
constitué d’une succession de couches ou horizons aux
caractéristiques physiques, chimiques et biologiques
distinctes.
En zone urbaine, en raison des importants remaniements du
sol qui se sont échelonnés dans le temps, la superposition des
différentes couches peut prendre des allures extrêmement
compliquées.
1. Les composants du sol et leur organisation

L’examen microscopique du sol révèle la variété des composants


du milieu “sol”. Le sol, milieu complexe, est constitué de :
• éléments organiques ou humus
• éléments minéraux que l’on peut répartir en fraction grossière
(sables, fragments de calcaires,...) et fraction fine du sol (argiles,
oxydes de fer, de manganèse,...). Cette fraction fine joue un rôle
particulièrement actif dans tous les mécanismes et toutes les
réactions qui concernent les polluants dans le sol.
• une fraction gazeuse, véritable atmosphère du sol
• eau plus ou moins liée à la fraction solide
• organismes vivants, animaux et végétaux, que l’on peut classer
en organismes producteurs, décomposeurs, consommateurs...
II. La notion de sol
1. Les composants du sol et leur organisation
III. Les processus et les réactions au sein du sol

Le sol est un milieu vivant et dynamique, véritable réacteur de


notre environnement, doté d’une réelle capacité d’épuration.
En premier lieu, le milieu “sol” entretient des échanges de
matière et d’énergie avec les milieux qui l’entourent.
 avec l’atmosphère : échange de gaz et de vapeurs,
transfert d’eau (précipitations) transfert d’énergie...
 avec l’hydrosphère, transfert de masses d’eau et
d’éléments dissous au niveau des contacts entre les
nappes d’eau souterraines et les eaux de surface
 avec la biosphère (plantes animaux) : exportation par les
végétaux et apports par la litière,...
III. Les Processus et les réactions au sein du sol

Au sein même du sol, un grand nombre de processus


se produisent en permanence :

⓿décomposition des composés organiques par les


microorganismes,
⓿ adsorption des molécules chargées sur les particules
solides du sol,
⓿ passage en phase gazeuse des composés volatils,

⓿immobilisation de composés par précipitation,

⓿réduction de composés dans les couches profondes ou


gorgées d’eau du sol,...
III. Les Processus et les réactions au sein du sol
L’action épuratrice du sol met en œuvre différents
mécanismes:
• pour un grand nombre de polluants inorganiques, tels
que les métaux lourds, le sol peut agir comme simple
“tampon”, pour la qualité de l’environnement
• Pour de nombreux polluants organiques, le sol agit en
tant qu’épurateur ou grâce à l’action des micro-
organismes biodégradeurs du sol.

La capacité d’épuration du sol


n’est pas illimitée.
IV. La notion de sol pollué

Tous les sols sont influencés, à des degrés divers, par l’activité
humaine, ce qui génère des déchets.

1. Définition du concept déchet

a. Étymologie du concept déchet


Le terme déchet vient du verbe «déchoir» qui traduit la
diminution de la valeur d’un bien, d’une matière ou d’un objet
jusqu’au point où il devient inutilisable en un lieu et en moment
donné.
IV. La notion de sol pollué

1. Définition du concept déchet

c. Concept environnemental
Du point de vue de l’environnement, un déchet constitue une menace
à partir du moment où l’on envisage un contact avec l’environnement.
Ce contact peut être direct ou le résultat d'un traitement.

e. Concept économique
Sur le plan économique, un déchet est une matière ou un objet dont
la valeur économique est nulle ou négative pour son détenteur à un
moment et dans un lieu donné. Cette définition exclut une bonne part
des déchets recyclables, qui possèdent une valeur économique,
même faible.
1. Définition du concept déchet
« Tous résidus résultant d'un processus d'extraction, exploitation,
transformation, production, consommation, utilisation, contrôle ou filtration,
et d'une manière générale, tout objet et matière abandonnés ou que le
détenteur doit éliminer pour ne pas porter atteinte à la santé, à la salubrité
publique et à l'environnement »

Laboratoire
Réactifs
ou

Sous-produit
Usine ou déchet
Produits
ou
Procédé de fabrication
ou
Matière première Utilisation domestique
2. Origine des déchets

La production des déchets est inévitable pour les raisons suivantes :

a. Biologique : Les déchets d’origine biologique sont définis par le


fait que tout cycle de vie produit des métabolites (matière fécale,
cadavre…).
b. Chimique : Toute réaction chimique est régie par les principes de
la conservation de la matière et dès lors si l’on veut obtenir un
produit C à partir des produits A et B par la réaction A + B → C + D
; D sera un sous-produit qu’il faut gérer si on n’en a pas l’usage
évident.
c. Technologique : Quelles que soient la fiabilité et la qualité des
outils et procédés de production, il y a inévitablement des rejets
qu’il faut prendre en compte tels que chutes, copeaux, emballage,
etc.
2. Origine des déchets

d. Économique : La durabilité des produits, des objets et des


machines a forcément une limite qui les conduits, un jour ou
l’autre à leur élimination ou leur remplacement.

e. Écologique : Les activités de dépollution (eau, air, déchets)


génèrent inévitablement d’autres déchets qui nécessiteront eux
aussi une gestion spécifique, … et ainsi de suite.

f. Accidentelle : Les inévitables dysfonctionnements des systèmes


de production et de consommation sont à l'origine des déchets.
3. Rudologie ou science des déchets

Selon le petit Robert :


Rudologie (terme introduit en 1985) : La rudologie est une science qui étudie les
déchets, leur gestion et leur élimination. La rudologie ou science des résidus est
née en 1884 lorsque Eugène-René POUBELLE décréta que les Parisiens ne
jetteraient plus leurs ordures par les fenêtres.
Un peu d’histoire…

1884 : invention de la poubelle


Eugène POUBELLE (1831-1907)
Préfet de la Seine (Paris) qui, par arrêté du 16 janvier 1884,
imposa aux Parisiens, l’usage de la boîte à ordures. Cette boîte
à ordures en tôle galvanisée a pris le nom de poubelle et l'a
conservé lorsque le plastique a remplacé la tôle.
4. Cycle de vie d’un déchet
Selon Debray (1997), le cycle de vie d'un déchet peut être présenté comme suit:

Cycle de vie d’un déchet (d’après Debray, 1997).


4. Cycle de vie d’un déchet

a. Définition d’un déchet ultime

Est ultime un déchet, résultant ou non du traitement d'un


déchet, qui n'est plus susceptible d'être traité dans les
conditions techniques et économiques du moment, notamment
par extraction de la part valorisable ou par réduction de son
caractère polluant ou dangereux.

Solidification Stabilisation
Inertage mécanique chimique

Eviter le retour des contaminants


vers la nature (Immobiliser)

Principe du procédé d'inertage d'un déchet ultime.


b. Logos du recyclage

Anneau de Moebius et Point Vert. Logos officiels


indiquant le caractère recyclable d’un produit (à gauche)
et la contribution du producteur au programme de
valorisation des emballages ménagers (à droite).

De gauche à droite, les symboles du verre,


de l’aluminium, de l’acier et du
polyéthylène Haute densité.

Enfin, des symboles indiquent le caractère toxique des produits ou


de leur contenu, pour l'homme ou pour l'environnement. Leur
élimination doit donc prendre en compte ces risques. C'est le cas par
exemple des médicaments qui ne doivent être jetés dans les
poubelles, ou pire dans les lavabos ou les WC, mais doivent faire
l'objet d'une filière spécifique.
5. Classification des déchets solides

Les déchets peuvent être classés en 2 grandes catégories :


 selon l'origine du déchet ;
 selon la nature du danger.

a. Classification en fonction de l'origine du déchet

• Déchets ménagers et assimilés (DMA).


• Déchets industriels banals (DIB) et spéciaux (DIS).
• Déchets d’agriculture.
• Déchets de la construction et de la démolition (déchets inertes).
• Déchets d'activité de soins (DAS) ou déchets à risques infectieux (DASRI).
• Déchets des équipements électriques et électroniques (DEEE).
• Déchets de l’automobile.
5. Classification des déchets solides

b. Classification en fonction de la nature du danger

 Déchets radioactifs.
 Déchets dangereux.
 Déchets inertes.
 Déchets non dangereux
6. Caractéristiques analytiques des déchets

Le choix d'une filière de traitement d'un déchet ou d'un sous-produit


nécessite la bonne connaissance de ses caractéristiques analytiques.

À l'origine, la notion de filière désigne un enchaînement


d'opérations. Dans le domaine du traitement des déchets, il s'agit de
l'ensemble des opérations à mettre en œuvre pour aboutir aux
résultats souhaités :
o valorisation du déchet ;
o et/ou rejet éco-compatible d'effluents dépollués ;
o et/ou stockage d'un déchet ultime.

Les différentes données suivantes sont nécessaires à la bonne


connaissance d'un déchet ou d'un sous-produit :
6. Caractéristiques analytiques des déchets

a. Composition (pour tout déchet)

 Composition chimique élémentaire (Métaux, C, H, N, P, S,


Cl…) et moléculaire (Benzène, phénols, protéines, sucres… ;
sels minéraux, oxydes, polymères…).

 Composition minéralogique (nature des minéraux constitutifs)


dans le cas des déchets solides.

 Nature des différentes phases constituant un déchet


polyphasique (gaz résiduaire, mélanges liquide-liquide,
liquide-solide, solide-solide) et composition chimique de ces
phases.
b. Propriétés physico-mécaniques, minéralogiques et
structurales les déchets solides)

 État physique : solide, liquide, pâteux, gazeux, mélange de


phases.
 Masse volumique.
 Granulométrie, finesse, porosité, surface spécifique.
 État structural ( vitreux, cristallisé).
 Indice de plasticité, qualité de compactage, teneur optimale
en eau.
 Propriétés mécaniques (dureté, broyabilité, résistances
mécaniques).
6. Caractéristiques analytiques des déchets

c. Propriétés spécifiques

Période (cas des déchets radioactifs) : Temps au bout


duquel la moitié des atomes, contenus dans un
échantillon de substance radioactive, se sont
naturellement désintégrés.
La radioactivité de la substance a donc diminué de moitié.

Exemples : Iode 131 : 8j ; Cobalt 60 : 5 ans ; Radium 226 :


1260 ans ; Plutonium 239 : 24.103 ans ; Uranium 238: 4,5.
109 ans.
V. Risques et impacts négatifs des
contaminants du sol
1. Le risque pour la santé humaine

Le niveau de risque pour la santé humaine pouvant résulter de la


pollution du sol est tributaire des éléments suivants :

 le niveau d’exposition, où interviennent les facteurs suivants :


quantité de substance polluante présente et disponible, type et
caractéristiques des populations exposées, voies d’exposition,

 la toxicité des substances présentes pour les humains et les


différentes catégories d’humains
1. Le risque pour la santé humaine

Quelques voies importantes d'exposition de


l'homme aux contaminants du sol
1. Le risque pour la santé humaine

Maladies spécifiques de la manipulation des déchets

 Hépatites .
 Conjonctivites épidémiques.
 Tétanos.
 La tuberculose.
 Effets multiples des substances radioactives.
 Intoxications aux produits dangereux.
 Maladies de contact de la peau.
2. Le risque pour l’environnement

Selon la définition donnée par l’OCDE, en 1989, l’évaluation de ce type de


risque repose sur l’estimation quantitative ou semi-quantitative de la
probabilité d’apparition d’effets clairement définis sur l’environnement,
résultant de l’exposition à un produit chimique.
V. Risques et impacts négatifs des
contaminants du sol

3. L’impacts sur l’environnement


Les déchets solides ont un impact environnemental sévère qui
se manifeste par une :
 altération de la qualité de l’air (gaz, fumées et
poussières) ;
 altération des sols et des paysages par des
polluants chimiques ;
 pollution des ressources en eau par les
infiltrats et les eaux usées.

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