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Université: 20 Aout 1955, Skikda Département: SNV

Module: Monographie des Toxiques Niveau: Licence Toxicologie

INTRODUCTION ET NOTIONS DE BASE


1. Définitions

a. Pollution:
La pollution est une modification défavorable du milieu naturel qui apparaît en totalité ou en partie
comme un sous-produit de l'action humaine, au travers d'effets directs ou indirects altérant les critères
de répartition des flux d'énergie, des niveaux de radiation, de la constitution physico-chimique du
milieu naturel et de l'abondance des espèces vivantes. Ces modifications peuvent affecter l'homme
directement ou au travers des ressources agricoles, hydrauliques et autres produits biologiques. Elles
peuvent aussi l'affecter en altérant les objets physiques qu'il possède, les possibilités récréatives du
milieu ou encore en enlaidissant la nature.

C’est l’introduction dans les milieux de trop grandes quantités d’agents physiques, chimiques ou
biologiques entraînant une altération de l’environnement, de nature à mettre en danger la santé
humaine, à endommager les ressources alimentaires, biologiques et les écosystèmes, ou encore à
détériorer les biens matériels.

b. Polluant :
Toute substance naturelle ou d’origine anthropique que l’homme introduit dans un biotope donné dont
elle était absente ou encore dont il modifie ou augmente la teneur (dans l’eau, l’air ou les sols selon le
biotope) lorsqu’elle y est spontanément présente.

Un altéragène biologique, physique ou chimique, qui au delà d'un certain seuil, et parfois dans
certaines conditions (potentialisation), développe des impacts négatifs sur tout ou partie d'un
écosystème ou de l'Environnement en général.

2. Les principales sources de pollution


La civilisation moderne a développé trois principales causes de contamination de la biosphère
auxquelles on peut ajouter une quatrième. Il s’agit entre autres de :

2.1. La production de l’énergie


Cette cause est principalement liée à l’utilisation des énergies fossiles. Cela entraîne des
pollutions aussi bien en amont ou lieu d’extraction (fuite, perte…) qu’en aval (les gaz d’échappement,
marée noire, collision…).
L’extension des réseaux routiers, l’eau de refroidissement des centrales thermiques provoquent une
pollution thermique des eaux des cours d’eau avec une modification du climat local. L’utilisation des
centrales nucléaires constitue un danger pour l’homme et pour l’environnement à cause des radiations
ionisantes.
2.2. L’agriculture moderne
L’utilisation des engrais et des pesticides ont rendu un grand service à l’agriculture. Elle a
permis une augmentation des rendements. Mais elle est aussi accompagnée d'effets nocifs
indésirables : destruction et stérilisation des sols, pollution des eaux de surface et des eaux
souterraines, accumulation des déchets agricoles entraînant la rupture du cycle de la matière pour le
phosphore, l’azote, le potassium…
2.3. L’industrie chimique et métallurgique
L’industrie chimique a permis la mise en circulation de nombreuses substances organiques de
synthèse non biodégradables. Il s’agit des plastiques, des détergent, des pesticides, des radionucléaire,
des PCB… qui perturbent le fonctionnement de la biosphère ; de même que l’industrie métallurgique
par l’exploitation des métaux notamment les métaux lourds. La concentration des industries et de

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l’habitat dans les mêmes lieux aggrave la pollution en empiétant sur le couvert végétal nécessaire à
l’épuration de la biosphère.

2.4. Les facteurs sociologiques


L’état d’esprit de la société occidentale de consommation qui consiste jeter tout ce qui est vieux,
démodé, mais encore utilisable : voitures, appareils, vêtements…

3. Classification des polluants


3.1. Selon la nature :
La nature des polluants est extrêmement variée. Les polluants sont disséminés dans tous les
compartiments : hydrosphère, atmosphère, lithosphère, biosphère. La classification la plus usitée est
celle de Ramade (1977) qui distingue :
-des polluants physiques (radiations ionisantes, pollution thermiques, nucléaires).
-des polluants chimiques (hydrocarbures, matières plastiques, pesticides, nitrates,
phosphates, métaux lourds, fluores…).
-des polluants biologiques (matières organiques mortes, agents pathogènes…).

3.2. Une autre classification subdivise les polluants en deux grands groupes: les
macropolluants et les micropolluants.

3.2.1. Les micropolluants: ce sont des composés minéraux ou organiques dont les
effets sont toxiques à très faibles concentrations (g/L).

a. Micropolluants minéraux: les micropolluants minéraux sont étroitement liés aux implantations
industrielles notamment aux activités les plus polluantes (les activités minières…

Ex: Métaux lourds, Silice, Silicates, …

b. Micropolluants organiques non pesticides : la pluparts des matières organiques ne deviennent


polluantes que lorsqu’elles sont en excès dans le milieu. On distingue les matières organiques
biodégradables (les polluants d’origine humaine les plus classiques : résidus des activités agricoles) ou
non (hydrocarbures).

Ex: Hydrocarbures aromatiques polycycliques et hétérocycliques, Paraffines chlorées, Aromatiques


halogénés, Aromatiques halogénés avec oxygène, Aromatiques volatils, Amines aromatiques.

c. Micropolluants issus de la microbiologie : cette catégorie est d’origine naturelle ou humaine. Ils se
trouvent dans les cours d’eau en aval de toutes les grandes agglomérations.

Ex: Bactéries, virus, parasites

d. Pesticides et biocides : les pesticides et biocides sont destinés à lutter contre les ravageurs des
cultures tels que les insecticides (insectes), herbicides (mauvaises herbes), les fongicides
(champignons)

Ex: Triazines, carbamates, …

3.2.2. Les macropolluants : les macropolluants sont des molécules de grande taille
(par rapport aux micropolluants). Ils sont soit naturellement présents soit apportés par les activités
humaine et évalués en mg/L.

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a. Les matières en suspension (MES) : ce sont des matières insolubles, fines, minérales ou
organiques, biodégradables ou non. Leur principal effet est de troubler l’eau: la turbidité. La turbidité
est élément important de la qualité de l’eau, tant pour la vie aquatique : elle réduit la transparence,
empêche la pénétration de la lumière, ce qui a pour effet de freiner la photosynthèse, élément
importent de la croissance des végétaux, et pour la production d’eau potable : elle réduit l’efficacité
des traitements de l’eau. Dans le milieu naturel, elles proviennent de l’effet de l’érosion et de détritus
d’origine organique. Les eaux résiduaires urbaines et industrielles augmentent la MES, notamment les
rejets en provenance des industries agroalimentaires et de la chimie.

b. Les nutriments : Les nutriments sont des matières nutritives. Il s’agit principalement de l’azote et
de phosphore. N et P sont ce qu’on appelle en agronomie deux facteurs limitants. Dans l’eau peuvent
provoquer une prolifération végétale (eutrophisation), qui vat à son tour entrainer une demande
d’oxygène et donc un appauvrissement en oxygène dans l’eau et à terne une diminution, voir la
disparation de la faune aquatique.

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LES METAUX LOURDS


1. Introduction
Les métaux sont des éléments présents à l’état naturel, dispersés dans les roches, les minerais, le sol et
l’eau. On appelle métaux lourds tout élément métallique naturel dont la masse volumique dépasse
5g/cm3. Ils englobent l'ensemble des métaux et métalloïdes présentant un caractère toxique pour la
santé et l'environnement.
Les métaux rencontrés dans l’environnement peuvent être classés selon leur caractère essentiel ou non.

- Un métal est considéré comme essentiel si des symptômes pathologiques apparaissent lorsque
sa teneur diminue ou qu’il est absent et disparaissent lorsqu’il est rajouté. Il faut aussi que les
symptômes soient associés à une défection biochimique. Cependant, un élément essentiel peut
également être toxique lorsqu’il est présent à de trop fortes concentrations. Suivant ces critères, 17
métaux sont considérés comme essentiels, dont quatre (Na, K, Ca et Mg) sont présents en grande
quantité (supérieurs à 1 mmol.kg-1 de poids frais) alors que les treize autres (As, Cr, Co, Cu, Fe, Mn,
Mo, Ni, Se, Si, Sn, V et Zn) sont présents à l’état de trace (0,001 à 1 mmol.kg-1 de poids frais) ou
d’ultra-trace (< 1 μmol.kg-1 de poids frais).

- Les métaux non essentiels n’ont aucun rôle biologique actuellement connu. C’est le cas du
Hg, Ag, Cd et Pb. Ils sont considérés comme néfastes dès qu’ils sont présents dans le milieu et
entraînent des effets biologiques délétères à de très faibles concentrations.

Les métaux lourds, aussi connues comme éléments traces métalliques. Les éléments traces sont ainsi
nommés parce qu’ils se trouvent en faibles concentrations dans la croûte terrestre. Toutefois, des
facteurs anthropiques comme l’activité minière, peuvent générer une augmentation considérable des
concentrations en métaux dans les eaux et les sédiments de la région affectée, alors dans ce cas ces
éléments peuvent être considérés comme des éléments majeurs dans le milieu étudié.

2. Les sources
2.1. Les sources naturelles
Parmi les importantes sources naturelles, citons l'activité volcanique, l'altération des continents et les
incendies de forêts. La contribution des volcans peut se présenter sous forme d'émissions volumineuses
dues à une activité explosive, ou d'émissions continues de faible volume, résultant notamment de
l'activité géothermique et du dégazage du magma.

2.2. Les sources anthropiques


Les métaux provenant d’apports anthropiques sont présents sous des formes chimiques assez réactives
et entraînent de ce fait, des risques très supérieurs aux métaux d’origine naturelle qui sont le plus
souvent immobilisés sous des formes relativement inertes. Les sources anthropogènes sont les
suivantes:
- Activités pétrochimiques
- Utilisation de combustibles fossiles (centrales électriques au charbon, chaudières industrielles,
fours à ciment….)
- Transport (véhicules et moteurs routiers et non routiers, embarcations)
- Incinération de déchets
- Produits (interrupteurs électriques, amalgames dentaires, éclairages fluorescents)
- Déchets urbains (eaux usées, boues d’épuration, ordures ménagères), agricoles

Le tableau.1 présente quelques exemples de sources industrielles et agricoles d'où peuvent provenir les
métaux présents dans l'environnement.

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Tableau.1 : Sources industrielles et agricoles des métaux présents dans l'environnement

3. Impact des métaux lourds


3.1. Effet sur l’environnement
3.1.1. Contamination des sols
Tous les sols contiennent naturellement des éléments traces métalliques. On parle de
contamination d'un sol lorsque sa teneur en élément trace est supérieure à la concentration naturelle,
mais sans influence sur la qualité du sol. La concentration naturelle de l'élément trace dans le sol
résulte de son évolution à partir de la roche initiale. On parle de pollution des sols par un élément
trace lorsque l'élément trace est présent à une dose constituant une menace pour l'activité biologique ou
les fonctions du sol.
Les contaminations diffuses, qui affectent les niveaux superficiels des sols, résultent de :
- phénomènes naturels tels que les retombées atmosphériques d’aérosols d’origine volcanique,
- actions anthropiques intentionnelles ou non : poussières et dépôts atmosphériques, fertilisants
minéraux (cuivre contenu dans les phosphates), pesticides, lisiers et fumiers, boues de stations
d'épuration, activités minières, déchets industriels (bâtiments) ou urbains, transports, etc.

3.1.2. Contamination de l'air


Les métaux lourds se dispersent dans les hautes couches de l'atmosphère et retombent ailleurs,
après un transport sur de très longues distances. On estime qu'une particule de mercure dans
l'atmosphère reste un an dans celui-ci, avant de retomber. Les métaux lourds dans l'air peuvent se
trouver principalement sous deux formes :
- soit sous forme gazeuse pour certains composés métalliques volatiles ou dont la pression de
vapeur saturante est élevée;
- soit sous forme de composés métalliques solides, déposés sur les très fines particules ou
poussières formées lors des phénomènes de combustion.

Les principales sources de métaux dans l’air sont des sources fixes. Les métaux lourds sont transportés
par des particules atmosphériques provenant de combustions à haute température, de fusions
métallurgiques, véhicules. Les effets biologiques, physiques et chimiques de ces particules sont
fonction de la taille des particules, de leur concentration et de leur composition, le paramètre le plus
effectif sur l’environnement étant la taille de ces particules. Dans l’air ambiant, on trouve de nombreux
éléments, comme le plomb, le cadmium, le zinc, le cuivre, etc., dont la concentration est d’autant plus
élevée que les particules sont fines.

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3.1.3. Contamination de l’eau


Les métaux lourds subissent de nombreuses transformations: réduction par processus
biochimique, méthylation, déméthylation et oxydation d'espèces de métaux isolées des réactions redox
peuvent aussi faciliter certaines transformations. Les processus biochimiques sont effectués par des
micro-organismes et par des algues.
Les principales sources de contamination de l'eau sont les suivantes :
- Les eaux usées domestiques et industrielles,
- La production agricole,
- Les polluants atmosphériques,
- Les anciennes décharges,

Tableau .2 : Estimation, pour l’ensemble de la terre, des quantités d’éléments- traces d’origines
industrielles relâchées dans l’air, l’eau et le sol (en 109 g an-1).

3.2. Effet sur la santé

3.2.1. Effets sur la santé humaine


En fait, le risque sur la santé humaine est d’abord associé aux propriétés des métaux lourds à polluer
les eaux, l’atmosphère, les aliments et les sols. Et dépendent également de l’état chimique de leur
forme chimique, de leur concentration, du contexte environnemental, de la possibilité de passage dans
la chaîne du vivant. Le tableau 3 regroupe les effets de certains métaux lourds sur la santé (tableau.4).

3.2.2. Effets des métaux lourds sur le milieu aquatique


- A de faibles concentrations, beaucoup de métaux lourds, dont Hg, Cd, Pb, As et Cu inhibent la
photosynthèse et la croissance du phytoplancton.
- Les effets observés à des niveaux trophiques supérieurs se manifestent notamment par un retard du
développement des embryons, des malformations et une moins bonne croissance des adultes chez les
poissons, les mollusques et les crustacés.
- En outre, tout au long de la chaîne alimentaire, certains se concentrent dans les organismes vivants.
Ils peuvent ainsi atteindre des taux très élevés dans certaines espèces consommées par l’homme,
comme les poissons. Cette " bioaccumulation " explique leur très forte toxicité.
- Exemple : la catastrophe de Minamata au Japon, en 1953, liée à une pollution des eaux par le
mercure, mais également l’important développement de la maladie Itaï-Itaï au Japon, dans les années
60, en raison d’une contamination des eaux de boisson et du riz par le cadmium). La nocivité des
polluants métalliques est liée essentiellement à leur rémanence dans le milieu aquatique.

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3.2.3. Effets des métaux lourds sur le milieu terrestre


Les plantes prélèvent les EM dans leur milieu de croissance (sol, air, solution nutritives) pour les
répartir ensuite entre les racines et le feuillage. les végétaux poussant dans des environnements
fortement contaminés peuvent accumuler d’importantes concentrations en EM. Plusieurs risques
environnementaux sont liés à cette entrée d’EM dans les plantes : l’introduction des contaminants dans
la chaîne alimentaire, la possibilité d’une perte de la couverture végétale par phytotoxicité.
Chez les animaux, des dommages physiologiques engendrés (diminution du taux de croissance, de
reproduction ou de survie)

Tableau 3 : Principaux effets des métaux lourds

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LES PESTICIDES
1. Introduction
Le terme pesticide est issu du latin pestis (épidémie, fléau) et cædere (tuer). Selon la définition de la
FAO sur la distribution et l’utilisation des pesticides, « un pesticides est une substance ou association
de substances qui est destinée à repousser, détruire ou combattre les maladies et ravageurs, y compris
les vecteurs de maladies humaines et animales, et les espèces indésirables de champignons, de plantes
ou d’animaux » (FAO 2002).

Le mot pesticide recouvre en réalité deux catégories de produits distincts :


1.1. Les produits phytosanitaires, ou phytopharmaceutiques : ces produits sont utilisés
en milieu végétal, agricole le plus souvent, même s’ils sont également employés par les services de
voirie, la SNCF, ou encore les jardiniers amateurs. Les produits phytopharmaceutiques ont pour objet
de prévenir, contrôler ou éliminer des organismes vivants jugés indésirables.

1.2. Les produits biocides : ces derniers sont utilisés en milieu non agricole pour détruire
ou repousser les nuisibles, notamment dans le domaine de la conservation du bois, la désinfection
d’objets en milieu hospitalier ainsi que dans certains usages domestiques.

2. Sources d’exposition aux pesticides

 Ingestion accidentelle (enfants) ou contact avec la peau ou les muqueuses


 Suicides ou homicides
 Professionnelle (la fabrication ou application)
 Environnementale (résidus dans les aliments, exposition au
 Accumulation de certaines de ces substances dans la chaine alimentaire

3. Classification
Il existe plusieurs types de classifications des pesticides. Chacune de celles-ci est faite suivant des
critères bien déterminés (cibles, nature, formulation, familles chimiques…).

3.1. La classification suivant la famille d’espèce cible (par fonction) : est la plus courante.
Les pesticides sont des substances dont la terminaison du nom en « cide » indique qu’ils ont pour
fonction de tuer ou de lutter contre des nuisances d’origine biologique. Les trois principales sont les
suivantes :

 les herbicides, contre les mauvaises herbes


 les fongicides, contre les champignons et les moisissures
 les insecticides, contre les insectes
En plus de ces trois grandes familles d’autres produits existent
 les rodenticides, contre les rongeurs
 les raticides, contre les rats
 les molluscicides, contre les mollusques
 les nématocides, contre les nématodes (ou vers ronds)

3.2. Le classement des pesticides par groupe chimique : les pesticides sont parfois classés en
fonction de leur substance active, autrement dit leur groupe chimique.

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 pesticides organochlorés (DDT, chlordane, lindane, etc.),


 organophosphorés (malathion, parathion)
 carbamates (aldicarbe, carbofuran, carbaryl, etc.).

Les pesticides d’une même famille, auau-delà


delà d’une matière active commune, ont généralement en
commun des effets, des modes d’action, ou encore des propriétés toxicologiques et environnementales.
3.2.1 Les organochlorés : sont des pesticides organiques de synthèsesynthès à base de
chlore. Ils ont connu une forte utilisation en agriculture dans les années 1940 aux années 1960. A cette
période, les conséquences sanitaires et environnementales de leur caractère particulièrement persistant
et de leurs propriétés de bioaccumu
bioaccumulation
lation ont été mises en évidence, conduisant à leur interdiction et
leur retrait progressif. Cette classe de pesticides comprend le DDT, premier insecticide moderne utilisé
aussi bien en agriculture que dans la lutte contre certaines épidémies (paludisme, typhus). Les
organochlorés comprennent entre autres le lindane, l’aldrine, la dieldrine ou encore la chlordécone.

DDT dichlorodiphényltrichloroéthane

Hexachlorocyclohexanes

Propriétés des insecticides organochlorés

 Faible volatilité
 Grande stabilité chimique (persistance dans l’environnement)
 Liposoluble
 Biotransformation très lente
 Bioconcentration dans les chaînes trophiques (risques pour l’homme et les rapaces)

Métabolisme des pesticides organochlorés


1. Absorption
En règle générale, très bien absorbés par toutes les voies:
. inhalation (aérosols)
. Ingestion (accidentelle ou résidus)
. voie cutanée (lindane, DDT uniquement en solution)
2. Distribution
. toxiques cumulatifs se stockant dans les tissus riches en graisse
. franchissent les barrières biologiques (SNC, fœtus)

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3. Biotransformation (très lente!)


. Essentiellement par déchlorination et oxydation (Ex. DDT en DDE et DDA)
4. Elimination
. urine (faible et uniquement pour les métabolites)
. bile
. lait maternel (femme et vache)
. fèces (avec les graisses)
. demi-vie
vie de l’ordre de quelques mois (vache) à quelques années (hommes)

Intoxication aiguë
Stimulation du SNC (tremblements, convulsio
convulsions, ataxie, mort)

Intoxication chronique
Effets mal connus sur le SNC (troubles du comportement et anomalies de l’EEG (travailleurs)
. Effets sur la fonction hépatique (prolifération des microsomes lisses) (travailleurs)
. Cancer chez l’animal exposé à de fortes doses

3.2.2. Les organophosphorés : ont été développés à partir des années 1970, pour
remplacer les organochlorés désormais interdits. Ils se sont rapidement imposés du fait de leur
rémanence plus faible, et de leur grande efficacité. Ces produits présentent une toxicité aiguë bien
plus forte
te que les organochlorés. Il s’agit entre autres du parathion, du malathion, du mévinphos, ou
encore dudichlorvos.
Leur grande toxicité en fait une des causes les plus fréquentes d’empoisonnement dans le monde
agricole.

Propriétés des pesticides organophosphorés


ophosphorés

 Faible volatilité
 Stabilité chimique limitée dans le temps. Normalement pas de résidus dans l’environnement et
les chaînes alimentaires sauf exception
 Biotransformation rapide mais avec des différences entre espèces pouvant leur conférer une
certaine spécificité d’action

Métabolisme des pesticides organophosphorés


1. Absorption
En règle générale, très bien absorbés par toutes les voies:
. inhalation (aérosols lors de la pulvérisation)

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. Ingestion (accidentelle ou homicides)


. voie cutanée (fréquente en milieu professionnelle)

2. Distribution
Toxiques se répartissant très vite dans le corps mais non cumulatifs.
3. Biotransformation
Très importante. Les réactions de phase 1 débouchent souvent sur la formation de métabolites
plus toxiques (ex. paraoxon) tandis que celles de phase 2 inactivent ces composés.
4. Excrétion
Rapide par voie urinaire et dans une moindre mesure biliaire

Intoxication aiguë
Inhibition de l’acétylcholinestérase (Accumulation de l’acétylcholine dans l’espace intersynaptique,
Stimulation du système nerveux)

3.2.3.
3. Les carbamates : sont apparus à la fin des années 1940. leur développement est
lié, tout comme les organophosphorés, à l’interdiction progressive des organochlorés à partir des
années 1970. Les carbamates contiennent des produits comme l’aldicarbe, le carbofuran, ou le
carbaryl. Tout comme les organophosphorés. Ils sont extrêmement toxiques et donn donnent lieu à de
nombreuses intoxications. Les carbamates ou uréthanes sont une famille de composés organiques
porteur d'une fonction R-HN-(C=O)O
(C=O)O-R'..

- Métabolisme, mécanisme d’action et effets semblables à ceux des pesticides organophosphorés


- Insecticides généralement moins dangereux que les organoposphorés.

7. Effets des pesticides sur la santé humaine


Les différents travaux réalisés sur les effets aigus des pesticides retiennent principalement :

 Les brûlures chimiques au niveau des yeux,


 Les lésions cutanées,
 Les effets neurologiques,
 Les troubles hépatiques.

Les effets chroniques les plus étudiés sont:


– Les cancers, notamment les leucémies et les lymphomes
– Les effets sur la reproduction
– Les effets neurotoxiques
– Les effets perturbateurs
erturbateurs endocriniens

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Chez l'enfant, certains cancers (dont tumeurs cérébrales, leucémies et sont plus fréquemment associés
à une exposition chronique aux pesticides ou à celle des parents au moment de la grossesse). Les
impacts suspectés de l'exposition in utéro du fœtus sont « infertilité, mort fœtale, prématurité, retard de
croissance intra-utérin (RCIU), malformations congénitales, »

Atteintes dermatologiques : rougeurs, démangeaisons avec possibilité d'ulcération ou de fissuration,


urticaire sont très fréquemment observées, touchant plutôt les parties découvertes du corps (bras,
visage).
Atteintes neurologiques : les organochlorés font apparaitre une fatigabilité musculaire, une baisse de la
sensibilité tactile. Les organophosphorés entrainent à long terme des céphalées, de l'anxiété, de
l'irritabilité, de la dépression et de l'insomnie, alliés parfois à des troubles hallucinatoires. Certains
provoquent une paralysie, comme les dérivés mercuriels ou arsenicaux.

Craintes de perturbations hormonales : Certains pesticides se comportent comme des « leurres


hormonaux ». Chez 100 % des 308 femmes enceintes espagnoles, ayant ensuite donné naissance à des
enfants jugés en bonne santé entre 2000 et 2002, on a trouvé au moins un type de pesticide dans le
placenta (qui en contenait en moyenne 8, et jusqu’à 15, parmi 17 pesticides recherchés, organochlorés,
car étant aussi des perturbateurs endocriniens). Les pesticides les plus fréquents étaient dans cette
étude le 1,1-dichloro-2,2 bis (p-chlorophényl)-éthylène (DDE) à 92,7 %, le lindane à 74,8 % et
l’endosulfan-diol à 62,1 % (Le lindane est interdit, mais très persistant).

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LES HYDROCARBURES
1. Introduction
Les hydrocarbures sont des produits naturels composés uniquement d'atomes de carbone et
d'hydrogène. Ils sont, selon les conditions de température et de pression, solides (paraffine), liquides
(essences, pétrole, etc.) ou gazeux (méthane, butane, etc.). Ils possèdent une formule brute de type :
CnHm, on n et m sont deux entiers naturels, la presque totalité des hydrocarbures sert à produire de
l'énergie sous forme de chaleur. Cependant, une part toujours croissante de produits issus du pétrole
constitue la matière première de l'industrie pétrochimique et des matières plastiques.

2. Classification des hydrocarbures


1.1. Selon la structure chimique :
a. Les hydrocarbures saturés : ne comportent que des liaisons carbone-carbone simples ;
ils se divisent en deux catégories :
- les paraffines ou alcanes à chaînes carbonées ouvertes.
- les naphtènes ou cyclanes dans lesquels les chaînes se ferment sur elles-mêmes pour former des
cycles.

b. Les hydrocarbures insaturés : se répartissent en deux groupes distincts :


- les oléfines, avec une ou plusieurs doubles liaisons, et appelées, dans la nomenclature officielle,
alcènes ou cyclènes, selon qu’elles se présentent sous forme de chaînes ou de cycles.
- les acétyléniques ou alcynes caractérisés par l’existence d’au moins une triple liaison ; dans cette
famille, les composés cycliques, que l’on appellerait cyclynes, sont très rares.

c. Les hydrocarbures aromatiques : contiennent un ou plusieurs cycles insaturés à 6


atomes de carbone du même type que celui qui constitue le benzène. Les hydrocarbures aromatiques
contenant plusieurs noyaux aromatiques accolés sont appelés hydrocarbures aromatiques
polycycliques (HAP).

1.2. Selon la provenance


a. Les hydrocarbures conventionnels : ne sont autres que les énergies fossiles c’est-à-
dire les hydrocarbures solides, liquides et gazeux : charbon, pétrole et gaz naturel. Ces hydrocarbures
sont par définition faciles à extraire, par des méthodes de forage « classiques », à des coûts de
production relativement faibles.

b. les hydrocarbures non conventionnels : ne sont autres que le pétrole, le gaz naturel et
le charbon, difficiles à extraire à cause de certaines contraintes (gisements éloignés, accessibilité
difficile de leur réservoir sous terrain, caractéristiques du produit…..) et dont le coût de production est
particulièrement élevé. C’est leur mode d’extraction qui nécessite un véritable challenge technologique
qui les différencie des hydrocarbures conventionnels, ce qui entraine des investissements
particulièrement élevés. Sous cette classe sont classés : les pétroles lourds ou très lourds, le pétrole de
schiste (shale oil), les schistes bitumineux (oil shales), les sables bitumineux, les gaz de schiste (shale
gas), etc.
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Les hydrocarbures conventionnels et non conventionnels sont des sources d’énergie non renouvelables,
et dont les stocks diminuent s’ils ne sont pas remplacés par de nouvelles découvertes, ce qui est plus
ou moins le cas aujourd´hui.

3. Toxicité des hydrocarbures


Les hydrocarbures aliphatiques et les naphtènes ont un comportement toxique mais avec un effet
moindre que les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP).

L’utilisation des hydrocarbures conventionnels présente aujourd’hui plusieurs problèmes :


- Cette utilisation est accompagnée d’une émission de gaz (gaz carbonique, méthane et autres)
qui constitue un véritable risque de changement climatique (réchauffement climatique) provoqué par «
l’effet de serre », ce qui provoque la fonte des glaces continentales, une élévation du niveau de la mer
et un dérèglement climatique (pluies diluviennes ou sécheresses plus intenses, ouragans, cyclones plus
violents…disparition de certains territoires de faibles altitudes…réfugiés climatiques…inondations,
canicules…) provocant des désastres humanitaires et des maladies tropicales.

- Des problèmes de pollutions environnementaux et humains (marées noires, pollutions


urbaines, etc.), provenant principalement du pétrole, et qui détermineront la place de ces
hydrocarbures par rapport aux autres sources d’énergie,

L’exploitation des hydrocarbures non conventionnels est bien plus nocive pour l’environnement et la
santé des populations que les hydrocarbures conventionnels. Pour rappel, pétrole et gaz de schiste sont
des hydrocarbures contenus dans des roches sédimentaires argileuses, étanches, situées entre 1 000 et
3 000 mètres de profondeur. L’exploration et l’exploitation des gaz et huiles de schistes présentent de
nombreux risques sur l’environnement et sur leur santé :

- Le gaz de schiste est principalement composé de méthane. La récupération de gaz de schiste


laisse échapper dans l’air un certain pourcentage de méthane qui est un gaz à effet de serre vingt fois
plus nocif sur le climat que le CO2, ce qui aggrave le réchauffement climatique.

- D’autres gaz émis seraient cancérigènes et polluent l’atmosphère, entrainant maux de tête,
saignement nasal, spasmes musculaires, diarrhées, etc

- Il y a gaspillage de l’eau; la fracturation consomme une grande quantité d’eau au détriment de


l’eau potable dans certaines régions où l’eau est rare. Un puits a besoin d’environ 10 000 m3 d’eau (10
millions de litres) durant une seule opération de fracturation, un puits pouvant être fracturé jusqu’à 14
fois. L’exploitation des gaz et pétrole non conventionnels consommerait en moyenne 100 fois plus
d’eau que les hydrocarbures conventionnels. 20 à 40% de l'eau injectée remonte à la surface sous
forme de boues toxiques. Cette eau injectée mélangée à des produits chimiques risquerait de s’infiltrer
dans les nappes phréatiques, et contaminer l’eau que boivent les populations et de nuire à leur santé.

- Enfin, pour les écologistes, l’exploitation de ces hydrocarbures non conventionnels altère la
beauté des paysages, entraine la déforestation et peut causer des séismes. Selon le « British Geological
Survey » Centre britannique des tremblements de terre, il existe un lien démontré entre fracturation
hydraulique et tremblements de terre.

4. Hydrocarbure aromatique polycyclique (HAP)

4.1. Structure des HAP : Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont une
famille de molécules constituées uniquement de carbone et d'hydrogène dont la structure comprend au
moins 2 cycles aromatiques fusionnés et pouvant être substitués. Le HAP le plus simple, composé de
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deux cycles aromatiques fusionnés, est le naphtalène. Dans l’environnement, les HAP composés de 2 à
7 noyaux aromatiques sont les plus présents et les plus mobiles.

Figure 1. Formules chimiques des principaux HAP

4.2. Origine des HAP : La formation des HAP peut avoir de nombreuses origines qui peuvent
être regroupées en deux catégories. On peut distinguer les, pyrolytiques et pétrogéniques.

4.2.1. Origine pyrolytique : Ils proviennent de la combustion incomplète de la matière organique à


haute température. Cette origine peut être naturelle (feux de forêts, éruptions volcaniques) ou
anthropique (activité industrielle, production d’aluminium, d’énergie, cokeries), automobile,
incinération des déchets, chauffage domestique). La fumée de cigarette ainsi que certains procédés de
préparation et de cuisson des aliments (fumage, grillade, chauffage de l’huile de cuisine) constituent
également une source pyrolytique non négligeable d’exposition de l’homme aux HAP.

4.2.2. Origine pétrogénique : la part massique des composes aromatiques dans le pétrole atteint 20 a
45%, les HAP (HAP alkyles et soufres compris) représentant environ 65% des aromatiques. Ces
composes sont ainsi introduits dans le milieu marin soit lors de déversements pétroliers dus a l’activité
humaine (naufrages, dégazages, activité des plates formes pétrolières), soit par des fuites de réservoirs
naturels a travers l’écorce terrestre.

4.3. Propriétés physico-chimiques des HAP : Selon leur nombre de cycles benzéniques,
ces composés sont communément classés en HAP "légers" (≤ 3 cycles) et HAP "lourds" (≥ 4 cycles).
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En général, les HAP sont considérés comme des molécules apolaires. Leur caractère hydrophobe
augmente avec le nombre de cycles aromatiques, alors que leur solubilité diminue. Les HAP
susceptibles d’être présents dans le milieu aquatique ont entre deux et dix noyaux aromatiques. Au-
delà, leur solubilité est trop faible pour qu’ils soient détectés dans les environnements aqueux. Les
faibles pressions de vapeur des HAP leur confèrent une faible volatilité qui diminue avec le poids
moléculaire, à l’exception du naphtalène, qui peut se volatiliser de la surface de l’eau ou du sol.

4.4. Toxicité des HAP:


L’une des raisons ayant conduit au classement des HAP dans la liste des polluants prioritaires de
l’EPA est le caractère toxique de certains d’entre eux. Ce sont des molécules biologiquement actives
qui, une fois absorbées par les organismes, se prêtent à des réactions de transformation sous l’action
d’enzymes conduisant à la formation d’époxydes et/ou de dérivés hydroxylés. Les métabolites ainsi
formés peuvent avoir un effet toxique plus ou moins marqué en se liant à des molécules biologiques
fondamentales telles que les protéines, l’ARN, l’ADN et provoquer des dysfonctionnements
cellulaires. Outre leurs propriétés cancérigènes, les HAP présentent un caractère mutagène dépendant
de la structure chimique des métabolites formés. Ils peuvent aussi entraîner une diminution de la
réponse du système immunitaire, augmentant ainsi les risques d'infection. Le benzo(a)pyrène (BaP)
fait partie de la famille des HAP et il est un des composés les plus toxiques de cette famille.

Tableau 1 : Toxicité des HAP


HAP Toxicité Cancérogénèse Mutagenèse Rapporté dans
Naphtalène Modérée Non confirmée EPA-TSCA
Acénaphtène Modérée Constatée EPA-TSCA
Acénaphtylène Modérée Constatée EPA-TSCA
Fluorène Faible Constatée EPA-TSCA, IARC
Phénanthrène Modérée Constatée EPA-TSCA, IARC
Anthracène Modérée Constatée EPA-TSCA, IARC
Fluoranthène Modérée Non confirmée Constatée * EPA-TSCA, IARC
Pyrène Modérée Non confirmée Constatée * EPA-TSCA, IARC
Benzo[a]anthracène Élevée Confirmée Constatée * EPA-TSCA, IARC
Chrysène Confirmée Constatée * EPA-TSCA, IARC
Benzo[b]fluoranthène Confirmée Constatée IARC
Benzo[k]fluoranthène Confirmée Constatée IARC
Benzo[a]pyrène Élevée Confirmée Constatée * EPA-TSCA, IARC
Benzo[e]pyrène Non confirmée Constatée * IARC
Indéno(1,2,3-cd)pyrène Confirmée Constatée EPA-TSCA, IARC
Benzo[ghi]pérylène Non confirmée Constatée IARC
Dibenzo(a, h)anthracène Élevée Confirmée Constatée * EPA-TSCA, IARC

(*) Mutagène pour l’homme.


IARC : Centre international de recherche sur le cancer.
EPA-TSCA: Environmental Protection Agency-Toxic Substances Control Act.

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LES PRODUITS RADIOACTIFS


1. Définitions
Selon le code de l’environnement :
1.1. Substance radioactive: une substance qui contient des radionucléides, naturels ou
artificiels, dont l’activité ou la concentration justifie un contrôle de radioprotection.
1.2. Matière radioactive: une substance radioactive pour laquelle une utilisation ultérieure est
prévue ou envisagée, le cas échéant après traitement. Dans le cadre du processus de production
d’électricité, par exemple, le combustible usé contient encore des matières qui peuvent être utilisées et,
en France, celui-ci est traité pour en extraire le plutonium et l’uranium.
1.3. Déchets radioactifs: des substances radioactives pour lesquelles aucune utilisation
ultérieure n’est prévue ou envisagée.
1.4. Déchets radioactifs ultimes: des déchets radioactifs qui ne peuvent plus être traités dans
les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de leur part
valorisable ou par réduction de leur caractère polluant ou dangereux.

2. Classification des déchets radioactifs : Ils sont classés selon les deux critères suivants :

2.1. Le niveau de radioactivité, qui conditionne la dangerosité des produits et qui s’exprime
habituellement en becquerels par gramme (Bq/g), correspond à la quantité de rayonnement émis par les
radionucléides.
2.1.1. Très faible activité (TFA) : le niveau d'activité est inférieur à cent becquerels par
gramme (< 102 Bq/g).
2.1.2. Faible activité (FA) : activité approximativement comprise entre cent et cent mille
becquerels par gramme (de 102 à 105 Bq/g) (dont la teneur en radionucléides est suffisamment faible
pour ne pas exiger de protection pendant les opérations normales de manutention et de transport).
2.1.3. Moyenne activité (MA) : activité approximativement comprise entre cent mille et
cent millions de becquerels par gramme (de 105 à 108 Bq/g).
2.1.4. Haute activité (HA) : activité supérieure au milliard de becquerels par gramme (>
109 Bq/g).

2.2. La période radioactive : il s’agit de la période, exprimée en années, jours, minutes ou


secondes, au terme de laquelle l’activité d’un radionucléide est divisée par deux (demi–vie).
2.2.1. Vie très courte (VTC): déchet radioactif contenant essentiellement des
radionucléides dont la période radioactive est inférieure à cent jours.
Ex : l’isotope 15 de l’oxygène (2,02 minutes) et de l’isotope 11 du carbone (20,4 minutes), utilisés en
imagerie médicale, ou encore de l’isotope 123 de l’iode (13,2 heures) et de l’isotope 201 du thallium
(3,04 jours), utilisés en médecine nucléaire.
2.2.2. Vie courte (VC): déchet radioactif dont la radioactivité provient principalement de
radionucléides dont la période radioactive est supérieure ou égale à cent jours et inférieure ou
égale à 31 ans
Ex : les isotopes 137 du césium, 60 du cobalt et 90 du strontium. Le césium 137, dont la période est de
30,2 ans, est notamment utilisé en curiethérapie.
2.2.3. Vie longue (VL): déchet radioactif contenant en quantité importante des
radionucléides dont la période radioactive est supérieure à 31 ans.
Ex : le carbone 14 (5 730 ans) est utilisé pour la datation, alors que l’uranium 235 (704 millions
d’années), l’uranium 238 (4,47 milliards d’années) et le plutonium 239 (24 100 années) sont au cœur
de l’industrie nucléaire et de défense.

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3. Sources de radioactivité
3.1. Sources naturelles :
3.1.1. Les rayons cosmiques ont deux composantes. La première est due aux ions très
énergétiques en provenance des galaxies. L’autre composante vient du soleil : le « vent solaire » est
surtout constitué de protons. Le champ magnétique terrestre forme la magnétosphère qui, avec
l’atmosphère, forme un écran protecteur de sorte que seulement 0,05 % du rayonnement cosmique
arrive au niveau de la mer. À l’inverse, l’importance du rayonnement cosmique augmente avec
l’altitude (il double tous les 1 500 m. Ces particules qui sillonnent l’atmosphère en permanence
produisent des radionucléides comme le carbone 14, le sodium 22, le tritium et le béryllium 7.
3.1.2. La radioactivité du sol (ou rayonnement tellurique) est émise par de nombreux
éléments radioactifs présents dans l’écorce terrestre (potassium 40, uranium 238 et 235, thorium
232). Elle varie selon la nature du sol ; elle est ainsi cinq à vingt fois plus élevée dans les massifs
granitiques que sur des terrains sédimentaires.
3.1.3. La radioactivité du corps humain, de l’ordre de 120 Bq/kg (8 400 Bq pour une
personne de 70 kg), est due à l’ingestion d’aliments contenant des éléments radioactifs. Après
ingestion, ces radionucléides viennent se fixer dans les tissus et les os. Ainsi, l’organisme humain
compte en moyenne 4 500 Bq en potassium 40 et 3 700 Bq en carbone 14. La plus grande partie de la
radioactivité naturelle de l'organisme est due à des éléments des séries de l'uranium et du thorium, au
potassium 40 et au carbone 14.
3.2. Sources artificielles
L'activité humaine est une autre source majeure de rayonnements ionisants. Principalement, pour 20 %
du total des expositions humaines à la radioactivité, par les activités médicales : production de
radionucléides par cyclotron (pour les scintigraphies et TEP par exemple). Le reste, représentant 3 %
du total des expositions humaines, est produit, par ordre d'importance, par :

 diverses industries minières, centrales au charbon ;


 l'armée : retombées d'essais nucléaires, bombes nucléaires ;
 l'énergie nucléaire civile (0,3 % du total des expositions) : émissions, fuites et production
de déchets radioactifs ;
 accidents : catastrophe nucléaire de Tchernobyl, Accident nucléaire de Fukushima ;
 la recherche : recherche en physique des particules

4. Impact de la radioactivité

4.1. Effets biologiques de la radioactivité : En traversant le corps, les rayonnements


radioactifs provoquent des destructions cellulaires. A faible dose ces rayonnements sont responsables
d'une augmentation des cancers et d'anomalies génétiques.
• On parle d'irradiation lorsqu'un organisme se trouve à proximité d'une source radioactive. Il reçoit
alors une partie du rayonnement émis par la source. Il y a contamination interne ou externe lorsque les
produits radioactifs sont absorbés par les voies digestives ou respiratoires. Ils peuvent alors se
désintégrer au sein même de l'organisme.
• Ionisation : il y a ionisation lorsque l’énergie du rayonnement est suffisante pour arracher des
électrons aux atomes et molécules des cellules, ce qui entraîne des réactions chimiques inhabituelles
⟹ les cellules vont muter, voire même, mourir

Pour les cellules mutées (irradiation globale) :


- Si elles sont éliminées par le système immunitaire, l'organe irradié ne sera pas affecté.

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- Si elles ne sont pas éliminées, il peut se développer une tumeur cancéreuse (principalement :
de la thyroïde, des os, du sang, du poumon, du sein).
Dans le cas de cellules reproductrices, des anomalies génétiques peuvent être transmises à la
descendance, avec risques de malformations et de retards de croissance. Ces effets sont relativement
long à terme.
Pour les cellules mortes (irradiation globale) :
- Si les cellules mortes sont peu nombreuses, le fonctionnement de l'organe irradié ne sera pas
affecté, et les cellules mortes seront petit-à-petit évacuées et remplacées par l'organisme.
- Si elles sont plus nombreuses, l'organisme irradié va souffrir de symptômes persistants :
brûlure, perte de cheveux, troubles digestifs, affaiblissement des défenses immunitaires... Une
hospitalisation est alors indispensable, et peut mener à la guérison si la dose absorbée n'est pas trop
importante.
- Si elles sont encore plus nombreuses, l'organe irradié peut être biologiquement détruit, ou
cesser de fonctionner, entraînant éventuellement la mort.

4.2. Impact sur l’environnement : La contamination de l'environnement concerne :


- la faune : effets plus ou moins similaires à l'Homme. Cette contamination s’étend aux
productions qui s’y rattachent, comme les produits laitiers et les viandes.
- la flore qui est détruite ou polluée. Les végétaux sont ainsi directement contaminés, par
interception par les feuilles des produits radioactifs en suspension dans l’air (aérosols).
- Le sol retient une partie des éléments radioactifs déposés et, pour ceux qui ont une demi-vie
longue et une tendance à se fixer sur les constituants du sol (par exemple les argiles), tels que le
césium 137, un stock durable se forme.

Enfin, un accident nucléaire a également de graves conséquences sur l'outil économique et


engendre des coûts importants, notamment pour la restauration du site, la perte des biens, des
cultures, etc.

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LES GAZ
1. Définitions
1.1. L’air : Selon le dictionnaire encyclopédique des pollutions : « l’air est un mélange gazeux
constituant l’atmosphère terrestre »

1.2. L’atmosphère : Selon le dictionnaire encyclopédique des pollutions : « l’atmosphère est la


couche la plus extérieure de la planète, de nature gazeuse, constituant donc la partie la plus extérieure
de l’écosphère.

1.3. pollution atmosphérique : Constitue une pollution atmosphérique, au sens de la loi sur
l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie du 30 décembre 1996, « l’introduction par l’homme,
directement ou indirectement, dans l’atmosphère ou dans les espaces clos, de substances ayant des
conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources
biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens
matériels, à provoquer des nuisances olfactives excessives ».

1.5. Polluants de l’air : Selon le dictionnaire encyclopédique des pollutions ; « les polluants de
l’air sont des substances gazeuses ou particulaires introduites par les activités humaines dans
l’atmosphère ou naturellement présentes dans cette dernière mais dont la concentration est accrue par
suite de diverses sources technologiques ». Il existe un grand nombre de polluants atmosphériques ces
derniers peuvent être classés en deux grands groupes : les polluants gazeux et les particules.

2. Les polluants gazeux


Quatre gaz sont les principaux responsables de la pollution

2.1. L’ozone (O3) :


L'ozone (O3) est la forme triatomique de l'oxygène moléculaire (O2). C'est un gaz toxique bleuâtre et
instable, avec une odeur piquante, qui rappelle l’eau de Javel. En présence d’humidité, il oxyde tous
les métaux à l’exception de l’or, du platine et de l’iridium. Il agresse les cellules vivantes. L’ozone est
naturellement présent dans l’atmosphère terrestre. Entre 13 et 40 km d’altitude (stratosphère), une
couche d’ozone se forme ; elle intercepte plus de 97 % des UV du Soleil. Ce gaz reste cependant un
polluant dans les basses couches de l’atmosphère (troposphère) où il agresse le système respiratoire (il
provoque la toux) et peut brûler les végétaux les plus sensibles. Dans la basse troposphère,
l’accroissement de la teneur en ozone provoqué par la pollution atmosphérique résulte en particulier de
la présence simultanée d’hydrocarbures imbrûlés et d’oxydes d’azote dans l’air urbain
Sources :
- l'ozone au niveau du sol est formé indirectement par l'action de la lumière du soleil sur les composés
organiques volatils en présence du dioxyde d'azote, et c'est pourquoi il s'agit d'un polluant
secondaire. Il n'y a aucune émission synthétique directe de l'ozone à l'atmosphère.
- les sources de NOX, CO et COV.
Effet sur la santé:
- Gaz agressif, fortement irritant pour les muqueuses oculaires et respiratoires. Il pénètre aisément
jusqu'aux voies respiratoires les plus fines. Il peut ainsi entraîner des irritations du nez, des yeux et de
la gorge, des altérations de la fonction pulmonaire, des essoufflements et des toux. Il exacerbe les
crises d'asthme.

Il ne semble pas possible de déterminer un seuil en dessous duquel ce polluant serait totalement
inoffensif. De plus, les effets d'une exposition chronique sur le long terme restent encore mal connus.

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Effet sur l'environnement:


- L'ozone peut perturber l'activité photosynthétique des végétaux, altérer leur résistance, diminuer la
productivité des cultures et provoquer des lésions caractéristiques. La sensibilité varie selon les
espèces : mélèzes, tabac (espèces sensibles), pin sylvestre, pin (espèces moyennement sensibles),
épicéa commun, chêne pédonculé (espèces peu sensibles). Les effets chroniques se traduisent par
l'apparition de petites taches nécrotiques réparties sur la surface des feuilles.
- L'ozone contribue aussi avec les dépôts acides et d'autres facteurs défavorables (sécheresses, pauvreté
des sols...) aux troubles forestiers et accentue le pouvoir acidifiant des NOX et des SO2 en accélérant
leur oxydation en sulfates et nitrates.
- L'ozone contribue à l'effet de serre.
- Ce polluant accélère la dégradation des matériaux tels que le caoutchouc (craquelures).

2.2. Le dioxyde d’azote (NO2) : L'oxyde nitrique (NO) est un gaz inodore et sans couleur qui est
produit pendant la brûlure à hautes températures du carburant à l'intérieur, par exemple, des voitures et
d'autres véhicules routiers, radiateurs et cuisinières. Une fois qu'il est mélangé à de l'air, il se combine
rapidement avec de l'oxygène, formant du dioxyde d'azote (NO2). La plupart du dioxyde d'azote dans
l'atmosphère est formé de l'oxydation de l'oxyde nitrique (NO) de cette façon, bien qu'une partie soit
émise directement de la source.
Le dioxyde d'azote C'est un gaz d'un brun rougeâtre, ininflammable, avec une odeur discernable.
Dans des concentrations importantes, il est fortement toxique, endommageant sérieusement les
poumons avec un effet retardé. Le dioxyde d'azote est un oxydant fort qui réagit dans le ciel pour
former de l'acide nitrique corrosif, ainsi que des nitrates organiques toxiques. Il joue également un rôle
important dans les réactions atmosphériques qui produisent de l'ozone ou le smog au niveau du sol.
Sources :
- Les industries.
- Les chauffages collectifs et individuels.
- Les transports routiers (véhicules environ 70 % des émissions).
- Plus généralement, toute combustion vive.
Effet sur la santé:
- Gaz irritant pouvant pénétrer profondément dans les poumons. Il altère l'activité respiratoire et
augmente les crises chez les asthmatiques.
- Chez les plus jeunes, il favorise des infections microbiennes des bronches. Les effets de ce polluant
ne sont pas tous identifiés.
Effet sur l'environnement:
- Les NOX interviennent dans le processus de formation de l'ozone dans la basse atmosphère. Ils
contribuent également au phénomène des pluies acides.
- Les dépôts azotés issus des émissions d'oxydes d'azote peuvent aggraver les problèmes nutritionnels
des peuplements de végétaux sensibles.
- Les NOX, en présence de divers autres constituants et de rayonnement solaire énergétique ultraviolet,
constituent, en tant que précurseurs, une source importante de pollution photochimique et, notamment,
d'ozone troposphérique.

2.3. Le dioxyde de soufre (SO2): le SO2 est un gaz incolore, d'odeur piquante très irritante (les yeux
et les voies respiratoires), plus lourd que l'air. Il est hydrosoluble et donne par réaction avec la vapeur
d'eau l'acide sulfurique. Le dioxyde de soufre ou anhydride sulfureux est le plus abondant des
composés soufrés.
Sources :
- La combustion des combustibles fossiles (charbons, fiouls) au cours de laquelle les impuretés
soufrées sont oxydées par l'oxygène de l'air en SO2.
- Les sources mobiles et des procédés industriels (fabrication de l'acide sulfurique et des plastiques,
raffinage du pétrole, grillage et frittage de minerais sulfureux tels que blende, galène, pyrites, etc.).
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- Les transports (dans une moindre mesure).


- Les volcans sont la source naturelle la plus commune de dioxyde de soufre.
Effet sur la santé:
Gaz irritant pouvant entraîner des crises chez les asthmatiques, augmenter les symptômes respiratoires
aigus chez l'adulte et l'enfant : gène respiratoire, accès de toux ou crises d'asthme
Effet sur l'environnement:
- En présence d'humidité, il forme de l'acide sulfurique qui contribue au phénomène des pluies acides
et à la dégradation de la pierre et des matériaux de certaines constructions.
- La formation des dépôts acides (pluies acides) peut avoir des effets néfastes sur la végétation et
changer les caractéristiques des sols. Lorsque ces sols sont déjà très pauvres, ils entraînent des pertes
importantes de cations aggravant ainsi les difficultés d'alimentation en magnésium et en calcium des
végétaux.

2.4. Le monoxyde de carbone (CO) : est un gaz sans couleur, inodore, toxique produit lorsque
des carburants sont brûlés où il y a trop peu d'oxygène ou à une température trop élevée. Il brûle dans
l'air ou avec de l'oxygène avec une flamme bleue, et est légèrement plus léger que l'air. En présence
d'un approvisionnement adéquat en O2, la plupart du monoxyde de carbone produit, pendant la
combustion est immédiatement oxydé en dioxyde de carbone (CO2). Cependant, ce n'est pas le cas
dans l'étincelle du moteur d'allumage dans les automobiles, particulièrement au ralenti et dans les
conditions de décélération.
Sources
- le volcanisme, certaines fermentations en milieu anaérobie, les décharges électriques dans la
troposphère, les incendies de forêts, les feux de brousse représentent.
- proviennent des combustions : charbons et fuels, incinération des déchets urbains et émission des
véhicules à moteur.
Effet sur la santé :
- A fortes doses, il est un toxique cardio-respiratoire souvent mortel.
- A faibles doses, il diminue la capacité d'oxygénation du cerveau, du cœur et des muscles. Sa nocivité
est particulièrement importante chez les insuffisants coronariens et les fœtus.
- toxique et très dangereux par ses effets irréversibles (Il détruit les cellules nerveuses de façon
irrémédiable pouvant être mortel suivant la concentration et l'activité soutenue durant le temps
d'inhalation.
Effet sur l'environnement :
Le CO, au même titre que les NOx et COV, intervient en tant que précurseur dans le processus de
formation de la pollution photochimique, notamment de l'ozone troposphérique.

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LA POLLUTION PARTICULAIRE
1. Définitions :
Particules : Le terme particules est une expression générique qui désigne un mélange de polluants
solides et/ou liquides en suspension dans un milieu gazeux. Les particules sont aussi appelées
aérosols, notion qui inclut à la fois les particules et le gaz dans lequel elles se trouvent en suspension
(poussières, fumées, suies, brumes, brouillards, smog). Elles peuvent avoir des compositions,
densités, formes et dimensions très diverses, selon leur mode de formation. La taille de ces particules
peut s’étendre sur près de 6 ordres de grandeur (de quelques fractions de nanomètre à une centaine de
micromètres) et leur composition chimique est très variable, ce qui en fait l’un des constituants les
plus complexes de l’atmosphère.

Poussières: On appelle poussières les particules solides de dimensions et de provenances diverses


pouvant rester un certain temps en suspension dans un gaz. Ce terme désigne en général les plus
grosses d’entre elles.

2. Classification des particules:


2.1. Selon la taille :
Le diamètre des particules peut varier de 0,005 μm à 100 μm environ. On distingue :
- Les aérosols qui sont formés de particules solides ou liquides de diamètre inférieur à 100μm.
- PM10 (Particulate Matter) : les particules de diamètre aérodynamique moyen inférieur à 10 μm.
- PM2.5 : les particules fines inférieures à 2,5 μm.
- Fumées noires qui sont des particules carbonées de diamètre inférieur à 5 μm jusqu’à 0,1 μm.
- Les particules ultrafines désignent généralement les particules de diamètre inférieur à 0,1 µm
soit 100 nm, aussi appelées nanoparticules

2.2. Selon leurs modes de formation:


- Les grosses particules: d’origine naturelle, elles sont principalement émises par des processus
mécaniques (érosion, embruns marins) et biologiques (spores, polluant).

- Les fines particules: elles peuvent être émises en tant que telles par les procédés de combustion ou industriels.
Elles peuvent aussi résulter de la condensation de gaz, encore de réactions chimiques entre gaz, donnant lieu à la
formation d’un solide (formation de sulfates, d’ions ammonium).

La distance de transport des particules dépend de leur taille et de leur densité. Les particules grosses et
lourdes ont tendance à sédimenter rapidement, d’où leur nom de particules sédimentables. Les
particules fines ont un comportement qui s’apparente à celui des gaz en ne sédimentent pratiquement
pas. Elles sont appelées particules en suspension.

2.3. Selon l’origine


- Les particules primaires : Les particules primaires sont directement émises dans l’atmosphère,
d’une part par les activités humaines, mais également par des sources naturelles.
Les sources naturelles : Il existe trois sources principales d’aérosols primaires naturels.
- la source terrigène : ces particules sont générées par l’érosion des sols sous l’action du vent,
notamment dans les régions désertiques.
- la source marine : sous l’action des vagues, des gouttelettes d’eau sont projetées dans l’atmosphère.
Après évaporation de l’eau de mer, les sels marins se retrouvent dans l’atmosphère et constituent des
aérosols, dont la composition est proche de celle de l’eau de mer.

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Module: Monographie des Toxiques Niveau: Licence Toxicologie

- la source biogénique : l’aérosol biogénique provient de l’émission directe par les plantes
d’hydrocarbures lourds, de pollens, de spores, ainsi que des débris végétaux.

De grandes quantités d’aérosols sont également émises lors des éruptions volcaniques, mais cela reste
une source épisodique de particules.

Les sources anthropiques


- les transports (notamment routier) : celles-ci sont généralement constituées de : carbone, d'oxydes
métalliques fer, aluminium, de silice, et de goudron
- l’utilisation de combustibles domestiques solides : lignite et biomasse
- le chauffage
- les activités industrielles : (secteur minier, cimenteries, fabrication de céramique, de briques,
fonderie, l’électrolyse, la métallurgie et les industries des matériaux de construction)
- la combustion industrielle et la transformation d’énergie (hauts fourneaux et fours) : combustion des
produis pétroliers.

- Les particules secondaires : Les particules secondaires ne sont jamais émises directement dans
l’atmosphère. Elles ont une origine physico-chimique : elles résultent de la transformation des
polluants gazeux présents dans l’atmosphère, tels que le dioxyde d’azote NO2, le dioxyde de
soufre (SO2), l’ammoniac (NH3) et les Composés Organiques Volatils (COV). Les vapeurs gazeuses
émises dans l’atmosphère se condensent et forment des particules de très petite taille, qui grossissent
par coagulation ou fixation de la vapeur d’eau. Ceci s’accompagne souvent d’une oxydation
photochimique des composés, sous l’action du soleil.

Les trois espèces principales d’aérosols secondaires sont :


- les sulfates, issus de l’oxydation du SO2 en acide sulfurique (H2SO4) ; on distingue les
sulfates marins (sea-sulphate, SS) issus de l’oxydation du diméthylsulfure produit par les
vagues, et les sulfates résultant de la conversion et de l’oxydation du SO2 anthropique émis
par l’industrie et les centrales thermiques (non-sea sulphates, NSS-).
- les nitrates, résultant de l’oxydation du dioxyde d’azote NO2 en acide nitrique (HNO3).
Cette réaction peut s’effectuer en phase gazeuse, le nitrate étant alors 4associé à l’ammonium
(NH +). Elle peut aussi s’effectuer dans la fraction grossière lorsque le nitrate est associé à des
sels marins (Na+) ou des poussières calcaires (Ca2+).
- les composés organiques secondaires, issus de réactions chimiques à partir des COV, émis
par les sources anthropiques, mais aussi biogéniques comme les terpènes.

3. Composition chimique des particules


Les particules sont principalement composées de substances suivantes : sulfate, nitrate, ammonium,
chlorure de sodium, matières minérales et eau.
- Les grosses particules contiennent des éléments abondants dans la couche terrestre et des sels marins
tels que Al, Ca, Fe, K, Mn, Sr, Si,
- Les particules fines contiennent des sulfates, nitrates ou ammonium résultant de la transformation
dans l’air des oxydes de soufre et d’azote, de l’ammoniac, ainsi que du carbone, des composés
organiques et métaux, provenant, entre autres des combustibles fossiles.

4. Impact des particules


3.1. Sur la santé : Les principaux effets mis en évidence sont :

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- des troubles cardio-respiratoires qui peuvent survenir à court terme (dans les quelques jours à
quelques semaines suivant l’exposition) ou bien à long terme (suite à une exposition chronique sur
plusieurs années).
- Les particules atmosphériques peuvent déclencher :
- des réactions inflammatoires,
- une amplification des réactions allergiques,
- des maladies respiratoires obstructives chroniques (asthme),
- un stress oxydant,
- un remodelage irréversible des tissus pulmonaires
- une modulation de l’expression des gênes pouvant conduire à l’apparition de cancers.
- une aggravation des affections respiratoires et une augmentation de l’incidence de ces
maladies.

- Plus les particules sont fines, plus elles peuvent pénétrer profondément dans les bronches, les
bronchioles et les alvéoles, altérer la ventilation pulmonaire et provoquer des réactions inflammatoires.
- Les particules les plus fines peuvent également passer des poumons dans le système circulatoire.
C’est pourquoi des émissions excessives de particules fines portent non seulement atteinte aux voies
respiratoires, mais peuvent également influencer l’évolution des maladies cardiovasculaires.

4.2. Sur les écosystèmes : les effets des aérosols atmosphériques sur les écosystèmes sont
encore assez mal connus.
- En se déposant sur la plante, les particules peuvent avoir des effets directs sur son
fonctionnement via des réactions physiques et/ou chimiques, tels que le blocage des échanges gazeux,
la dégradation ou l’abrasion de la cuticule, des salissures entraînant une diminution de l’activité de
photosynthèse et le développement d’organismes pathogènes, comme les champignons. Ces effets sont
essentiellement rencontrés de façon localisée, à proximité immédiate des sources.
- les particules peuvent aussi avoir un impact sur les écosystèmes en modifiant le milieu,
notamment l’eau et le sol. Par ces modifications, on peut citer l’apport de nutriment (qui peut être
bénéfique dans certains cas mais nocif en trop grande quantité), l’acidification et la contamination par
dépôt de polluants toxiques tels que les Polluants Organiques Persistants (HAP ou dioxines par
exemple).

4.3. Sur le climat : les aérosols jouent un rôle important sur le climat car ils participent au
bilan radiatif de la Terre. Ils ont des effets directs en agissant directement avec le rayonnement solaire,
et des effets indirects en modifiant les propriétés des nuages.
- les particules atmosphériques diffusent, et éventuellement absorbent la lumière du soleil. Il y
a donc une perte de lumière avant qu’elle n’atteigne le sol, directement liée à la taille des particules.
La lumière sera également différemment absorbée ou réfractée selon la nature et la concentration des
espèces chimiques adsorbées à leur surface.
- Les aérosols atmosphériques influents également sur la nébulosité et la pluviométrie, en
participant à la formation des nuages ainsi qu’à leur durée de vie : les très fines particules servent de
noyaux de condensation, c’est-à-dire que la vapeur d’eau présente dans l’air va condenser à leur
contact et former des gouttelettes dans les nuages, pouvant donner des précipitations si leur taille
augmente suffisamment.

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LES ORDURES MENAGERES


1. Définitions :
1.1. Déchets: Selon le Code de l’Environnement Tout résidu d'un processus de production, de
transformation ou d'utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus généralement, tout bien
meuble abandonné ou que son détenteur destine à l'abandon
Cette définition est valable quelle que soit la nature physico-chimique des déchets
1.2. Ordures ménagères : un ensemble de résidus hétérogènes dans lesquelles on trouve :
 Les détritus de toute nature générés par les ménages (déchets de nourriture, de préparation de
repas, balayures, textile, journaux ... etc.).
 Les déchets de bureaux, commerces, industries et administrations, déchets des cours et jardins
dans la mesure où ces déchets peuvent prendre place dans une limite à fixer, dans les récipients
individuels ou collectifs aux fins d’enlèvement par les services municipaux ;
 Les crottins, fumier, feuilles mortes, bois résidu du nettoiement et du balayage de la voirie,
jardins, cimetières, parcs, etc.,.
 Les détritus de foires, Souks et marchés, etc. ...
 Les résidus des collectivités (cantines, écoles, casernes, hospices, prisons ... etc.), ainsi que
les résidus des hôpitaux ayant un caractère ménager que l’on rassemble dans des récipients appropriés.
 Tout objet abandonné sur la voie publique, ainsi que les cadavres des petits animaux.

2. Classification des ordures ménagères :


Selon leur nature, les ordures ménagères peuvent être classées en deux catégories: déchets dégradables
(biodégradables) et les déchets non dégradables (non biodégradables).

2.1. Déchets biodégradables : Ce sont les déchets pour lesquels les facteurs abiotiques
assurent seuls leur décomposition ; dans le cas où la décomposition est assurée par les micro-
organismes (bactéries ou champignons), on parle des déchets biodégradables. Exemple la matière
organique.

2.2. Déchets non biodégradable : Ce sont les déchets qui proviennent surtout des nouvelles
techniques industrielles, résistent à la décomposition, et se décomposent difficilement. Exemple les
sachets et autres plastiques.

3. Impact des ordures ménagères

3.1. sur l'environnement : Les différents impacts sont :


 la pollution aquatique: pollution de la nappe phréatique avoisinante, mortalité des êtres
aquatiques;
 la pollution du sol : risquent de s’infiltrer dans le sol, de le polluer et lors d’épisodes pluvieux,
d’entraîner des produits toxiques dans les rivières et d’empoisonner les nappes phréatiques.
 l'impact sur la végétation, sur l'homme et les animaux,
 l'encombrement et la dégradation de la nature.

Outre ces conséquences, il y a entre autres la pollution de l'air et des eaux

3.1.1. Pollution de l'air ambiant : Les résidus alimentaires et animaux, les matières
fécales dans les dépotoirs, sous, l'effet de la décomposition dégagent du gaz carbonique, de l'azote, de
l'ammoniaque et du méthane, etc. Ces émanations, importantes en période chaude et durant l'hivernage
empestent l'air.
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 Les effets de pollution atmosphérique sont de deux ordres : l'un toxique dont la conséquence se
manifeste à long terme et l'autre nuisant (immédiat) causant l'inconfort.
 Tous ces effets peuvent provoquer des infections respiratoires comme la bronchite chronique,
l'emphysème, le rhume du cerveau ...
 En outre, les produits brûlés en plein air polluent l’atmosphère par des fumées toxiques et
participent à l’augmentation de l’effet de serre.
 La pollution de l'air en commune peut être déterminée d'une part par l'incinération des déchets
et d'autres part au transport des particules fines et plastiques par le vent qui rend l'air dangereux
à respirer. Le vent véhicule ainsi les bactéries nocives à la santé.

3.1.2. Pollution des eaux (de surface et souterraines) : Les milieux aquatiques constituent
souvent des exutoires de tout ou d'une partie des déchets urbains transportés par l'eau à travers les
rejets canalisés ou drainage naturel de ruissellement.
 Les effluents urbains ont une très forte charge organique, qui dans un milieu aquatique,
subissent une décomposition avec consommation d'oxygène et production de sels nutritifs,
cause d'une eutrophisation provoquant une importante insolation.
 Ce phénomène (eutrophisation) a une conséquence sur l'aquaculture (insuffisance d'oxygène
suite au développement excessif du phytoplancton) et pose une aggravation des problèmes liés
à la purification des eaux de boissons.

3.2. Impact sur la santé :


- La présence des ordures entretient de nombreux microbes et agents vecteurs de maladies, jouant
un rôle non négligeable dans la dissémination et la transmission de nombreuses maladies.
- En effet les ordures ménagères constituent des réserves alimentaires pour les mouches, les blattes,
les rongeurs, d'où leur prolifération sur des matières consommables.
- Elles servent également de lieu de reproduction pour les moustiques; l'ingestion de certains de ces
détritus par certains animaux peut s'avérer dangereuse.
- Les rejets des effluents domestiques sont une source importante de contamination des milieux
aquatiques récepteurs par les germes pathogènes (exemple du choléra, de la dysenterie), de même
les produits maraîchers de ces zones peuvent être dangereux.
- Les effluents toxiques inorganiques sont craindre.
- Les types de pollution possibles des eaux et des sols sont : la pollution physico-chimique, la
pollution biologique, la pollution radioactive.

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