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UNIVERSITE KASDI MERBAH.

OUARGLA
FACULTE DES SCIENCES DE LA NATURE ET DE LA VIE
DEPARTEMENT DES SCIENCES BIOLOGIQUES

2 ème année Master


Spécialité : Écologie animale

Semestre 6

Support de cours de

Ecotoxicologie
Partie 2 : Toxicologie environnementale
Préparé par : SEKOUR M.

Année universitaire : 2023_2024


Ecotoxicologie Partie 2 Toxicologie environnementale

Sommaire de la partie 2

II. Toxicologie environnementale

- Transport des polluants

- Monitoring des polluants (biomarqueurs et bioindicateurs)

- Polluants émergeants –

- Contamination des denrées alimentaires

- Perturbateurs endocriniens

- Effets des polluants sur les populations et les communautés animales.

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2.1. Différents types de polluants


Un polluant peut être d’origine naturelle (ex : toxines produites par certains microrganismes)
ou humaine (ex : molécules de synthèse) et peut être regroupé selon différentes classes : les
pollutions biologiques, chimiques et physiques ainsi que des pollutions émergentes telles que
les nanomatériaux et les microplastiques.

Il n’existe aucune description complète de l’ensemble des polluants. En effet, environ 110 000
substances chimiques sont actuellement en circulation dans les différents continents notamment
en régions Européennes. Par ailleurs quelques groupes se distinguent :

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Tableau. Principaux polluants (Ramade, 1992)

2.2. Transport des polluants


Une fois que les micropolluants sont déversés dans l’environnement, ils ne vont pas rester sur
place dans la plupart des cas, mais ils vont se disperser :
• dans le sol;
• dans les nappes phréatiques, par infiltration,
• dans l’air, par volatilisation, où il peut être dégradé (on parle de photo-décomposition)
et/ou redéposé à un autre endroit;
• dans les eaux de surface (rivière, lac, etc.) par ruissellement.

Sources de pollution et le transfert des substances polluantes dans l’environnement

Un polluant peut se disperser très rapidement dans les différents compartiments (air, eau et sol)
de l’environnement. Si on s’intéresse aux pesticides par exemple, bien qu’ils soient appliqués
sur une culture, on les retrouve également dans les sols, dans les rivières et dans l’air et même
dans les zones les plus hostiles du globe qui ne sont pas traitées, comme le pôle nord.

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Transfert des pesticides dans les différents compartiments de l’environnement

Dans le cas des eaux de surface, les polluants se répartissent selon leurs propriétés physico-
chimiques et selon les conditions du milieu.
Exemple : un produit faiblement soluble dans l’eau a tendance à s’accumuler dans les
sédiments (ex : les PCB) ou encore à flotter en surface (nappe d’hydrocarbures). A l’inverse,
un polluant soluble sera plutôt réparti dans la colonne d’eau de la rivière (par exemple le
dioxyde de soufre SO2).

Répartition des polluants dans un milieu aquatique

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Sources Polluant

1. Dispersion
Distribution, transport et Flux physique
transformation biogéochimiques

air sédiment
eau
Exposition des organismes Contamination
environnementale 2. Métabolisation
par les
organismes

Réponses des organismes organismes


Propriétés physiologiques Propriétés biochimiques
Biotransformation- Bioaccumulations et
Toxicité létales et sub- transfert dans la chaîne trophique
létales
Modifications des caractéristiques et de la dynamique
des populations (reproduction, immigration,
recrutement, mortalité)

Réponses des populations Modifications de la structure et du fonctionnement des


et écosystèmes communautés (espèces, diversité, changement dans les
relations proies-prédateurs)

Modifications du fonctionnement des écosystèmes


(respiration, photosynthèse, cycles et flux des
nutrients)

Devient un produit chimique dans l’environnement

2.3. Monitoring (surveillance) des polluants (biomarqueurs et bioindicateurs)


2.3.1. Définition du Monitoring ou surveillance
Il est assuré par les analyses physico-chimiques pour évaluer le risque environnemental lié aux
polluants. Pour mesurer les effets de substances sur des organismes vivants, il est donc
nécessaire d’utiliser… le vivant è étudier le vivant pour évaluer les risques des polluants
sur vie et son environnement.

Cette approche, qui a émergé à partir des années 1980 est appelée biosurveillance. Elle désigne
l’ensemble des outils basés sur « l’utilisation du vivant (organisme ou ensemble d’organismes
à tous les niveaux d’organisation biologique moléculaire, biochimique, cellulaire,
physiologique, tissulaire, morphologique et écologique) pour surveiller l’évolution des
modifications et des altérations, ou la stabilité de la qualité d’un milieu »

2.3.2. Définition de Bioindicateur


Un bioindicateur est une espèce végétale ou animale dont la présence renseigne sur certaines
caractéristiques physico-chimiques ou biologiques de l'environnement ou sur l'incidence de
certaines pratiques.
Les effets sont observables au niveau de l'individu et/ou la population et se traduisent par des
altérations morphologiques, comportementales, tissulaires, physiologiques, biochimiques,
moléculaires,....etc (biomarqueurs).

2.3.3. Définition des biomarqueurs


Un biomarqueur est un changement observable et/ou mesurable au niveau:

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moléculaire, biochimique, cellulaire, physiologique ou comportemental, qui révèle


l'exposition présente ou passée d'un individu à au moins une substance chimique à caractère
polluant (Lagadic et al., 1997).

2.3.4. Niveaux d’observation du Monitoring


La biosurveillance peut s’appliquer à différentes échelles. Elle peut toucher toutes les
différentes strates et parties de l’environnement, depuis l’organisme jusqu’à l’écosystème.

Biosurveillance : les différents niveaux d’observation (Geffard, 2009 et Lamonica, 2016) – EN


GRAS NOIR MAJUSCULE : niveaux d’observation (sub-organisme, organisme, etc.) / En vert
: ce qui est observé/mesuré (proteis.eu, jardinons-alecole.org, forestiersdumonde.org,
Ecotoxicologie.fr)

2.3.5. Choix et rôle des bioindicateurs


La bioindication s’intéresse préférentiellement aux échelles supra-individuelles, c’est-à-dire
aux populations (organismes d’une même espèce) et aux communautés (assemblage
d’organismes de plusieurs espèces).

Elle fait appel à des bioindicateurs, espèces ou groupe d’espèces dont les caractéristiques
observées (occurrence, abondance, biomasse, comportement, « traits de vie », etc.) fournissent
une indication sur le niveau de dégradation d’un milieu (Onema, 2012). Les scientifiques
désignent parfois ces espèces bioindicatrices sous le terme d’ espèces sentinelles (PIREN-
Seine, 2011).

Rôle des Biomarqueurs et bioindicateurs en termes de pressions aux niveaux de réponses du


vivant (Pont et Garric, 2010)

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En effet, les espèces bioindicatrices sont sélectionnées pour leur sensibilité :


èà la dégradation de la qualité de l’eau, de l’air ou du sol : présence de polluants de toutes
natures, eutrophisation (pour les milieux aquatiques), hausse de température, etc. ;
èmais aussi à d’autres perturbations d’origine anthropique : altérations du fonctionnement
hydromorphologique d’un cours d’eau (par exemple liées à un barrage), fragmentation des
habitats naturels, etc.

2.3.6. Bioindication basée sur des descripteurs taxonomiques


Les scientifiques distinguent classiquement deux approches de bioindication. La première est
basée sur des descripteurs taxonomiques. Elle consiste à décrire l’état de santé d’un milieu à
partir :
• de la richesse taxonomique : nombre total de taxons (espèces/genres/familles) identifiés
sur un site d’étude ;
• de la diversité des espèces présentes : indices de diversité calculés en fonction du
nombre d’espèces et de la répartition des individus au sein de ces espèces ;
• des abondances relatives de chaque taxon ;
• ou encore la présence/absence d’espèces indicatrices (sentinelles).

2.4. Polluants émergeants (PE)


2.4.1. Définition
C’est des substances chimiques synthétiques ou naturelles non surveillées, présentes dans
l’environnement. Ces polluants peuvent se retrouver au sein de compartiments
environnementaux variés et provoquer des effets néfastes sur les écosystèmes et/ou la santé
humaine.

2.4.2. Sources des contaminants émergents


On les retrouve dans les milieux terrestres et aquatiques du monde entier. Leurs sources sont
spécialement les activités industrielles de l’homme.

Sources de pollution et nature des polluants émergeants

Une fois qu’un polluant émergent est libéré dans l’environnement, il peut subir des processus
biologiques, physiques ou chimiques. Ces processus dépendent des propriétés chimiques et
physiques intrinsèques du polluant, mais également des propriétés du milieu (sol, eau et climat).

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2.4.3. Différentes catégories de contaminants émergents


Les principales catégories de contaminants émergents sont :
• les produits chimiques industriels;
• les pesticides;
• les métaux;
• les tensioactifs (utilisés comme détergents);
• les produits pharmaceutiques;
• les antibiotiques;
• les cosmétiques;
• les désinfectants;
• les nanoparticules;
• les microplastiques;
• Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées).

2.4.4. Effets des PFAS sur la santé humaine et l’environnement


Les PFAS, substances per- et polyfluoroalkylées, sont une grande famille de produits
chimiques comptant plus de 4 700 composés (OCDE, 2018).

Depuis leur introduction à la fin des années 1940, les PFAS ont été utilisés dans une gamme de
plus en plus large de produits industriels et de consommation courante (emballages
alimentaires, vêtements, électroniques, aviation, mousses anti-incendie…..).

Ils sont utilisés pour leur capacité à repousser les graisses et l'eau ainsi que pour leur grande
stabilité et résistance aux hautes températures, ceci grâce à leur liaison carbone-fluor.
Cependant, cette liaison (la plus forte en chimie organique) est également responsable de leur
extrême persistance dans l'environnement, d’où le label « polluants éternels ».

Effets des PFAS sur la santé humaine

2.4.5. Méthodes de détection analytique des contaminants émergents


Les méthodes conventionnelles telles que la Chromatographie gazeuse (GC), la
Chromatographie en phase liquide à haute performance (HPLC), la Chromatographie en phase
liquide et Spectrométrie de masse en tandem (LC-MS/MS), permettent l’identification et la

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caractérisation de plusieurs classes de PE. Néanmoins, la méthode de détection multi-résidus


est en train de s’imposer.

Différentes méthodes d’analyse des PE

Actuellement, la Chromatographie Liquide (LC) couplée à la détection par spectrométrie


de masse (MS) constitue une méthode de détection très sensible pour le suivi et la
quantification des polluants émergents présents dans les échantillons environnementaux à
l’état de traces.

La concentration des échantillons pour la détection des PEm à l’état de trace, constitue un défi
pour les scientifiques. Afin de réaliser cette étape, la combinaison de l’extraction en phase
solide et de la micro-extraction liquide-liquide dispersive (SPE-DLLME) est de plus en plus
utilisée pour reconcentrer divers PE. Par conséquent, l’évaluation de ces contaminants dépend
fortement de la qualité des méthodes analytiques utilisées.

2.5. Contamination des denrées alimentaires


Les contaminants sont des substances qui se retrouvent, involontairement, dans des denrées
alimentaires et qui présentent un risque pour la santé animale ou humaine. Ils peuvent être de
nature microbiologique ou chimique et contaminer nos aliments à diverses étapes de
production, d'emballage, de transport, d'entreposage et de préparation.

Les producteurs mettent en place des systèmes d’assurance qualité pour éviter toute
contamination des aliments durant la production. Une manipulation sûre des aliments à la
maison et dans les établissements de restauration est également cruciale pour réduire le risque
de contamination.

Tous les locaux de stockage et établissements qui manipulent des denrées alimentaires sont
soumis à des règles d’hygiène strictes. En effet, des risques liés aux aliments existent tout au
long de la chaîne d’approvisionnement et de préparation.

En restauration, l’hygiène des locaux de stockages et sécurité alimentaire sont indissociables.


Par ailleurs, il existe 3 types de danger alimentaire en restauration.

2.5.1. Dangers physiques


Les dangers physiques concernent la présence de corps étrangers dans les aliments tels que du
verre, du métal, du plastique ou encore des insectes.

Pour combattre ce danger, il est nécessaire de mettre en place les actions suivantes :
• contrôle des matières premières à l’achat ou à la réception si votre fournisseur vous livre
directement ;
• formation du personnel sur les risques HACCP ;

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• disposition réfléchie des machines et des ustensiles pour éviter tout incident ainsi que
leur entretien régulier pour une hygiène parfaite ;
• plan de désinfection et de dératisation.

2.5.2. Dangers chimiques


Les dangers chimiques résident dans la présence de produits de nettoyage et de désinfection,
de pesticides, de métaux toxiques, de certains additifs ou encore de résidus produits
vétérinaires.

En restauration, la maîtrise du danger chimique résulte des bonnes pratiques d’hygiène à


mettre en place telles que :

• prévoir un Plan de Nettoyage et de Désinfection (PND) ;


• bien choisir ses matières premières et ses fournisseurs ;
• former correctement son personnel ;
• instaurer un ensemble de Bonnes Pratiques de Fabrication (BPF) ;
ne pas stocker les denrées alimentaires avec d’autres produits.

2.5.3. Dangers biologique


La contamination biologique peut être :
• initiale : Il peut par exemple s’agir d’une récolte ou une denrées déjà contaminée par
des bactéries ou des ravageurs de stock avant même d’être stockées ;
• secondaire : dans ce cas, il faut prêter attention à ne pas contaminer une denrées lors de
vos manipulations.
Les normes permettent de limiter les dangers biologiques notamment en veillant à :

• choisir vos fournisseurs et à contrôler vos matières premières à l’achat ou à la réception


;
• former votre personnel à l’analyse des dangers HACCP ;
• respecter les températures de stockage selon les marchandises concernées ;
• mettre en place un Plan de Nettoyage et de Désinfection ;
• respecter les BPF et les Bonnes Pratiques d’Hygiènes (BPH).

2.6. Perturbateurs endocriniens


Certaines substances sont capables d’interagir avec le système hormonal, en particulier les
fonctions reproductrices ou le métabolisme. En effet, leur structure moléculaire est
suffisamment proche de certaines hormones naturelles - la testostérone par exemple - pour
perturber le fonctionnement naturel du système hormonal.

Ainsi, l’effet de ces polluants n’est pas directement toxique mais provoque des modifications
d’ordre physiologique, appelées perturbations endocriniennes. Par ailleurs, ces substances
peuvent avoir un effet même à de très faibles doses, comme les micropolluants. Elles sont
susceptibles d’avoir des effets différents, ou renforcés, lorsqu’elles sont en mélange.

Dans la mesure où les systèmes hormonaux existent chez les animaux comme chez les
végétaux, les perturbations endocriniennes peuvent affecter toute la biodiversité des milieux.
Les conséquences peuvent être très variées, mais conduisent globalement à un déclin des
populations.

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Par exemple, le tributylétain (biocide contenu dans les peintures des coques de bateaux) a été
interdit parce qu’il provoque chez certains mollusques une masculinisation des femelles
(croissance des organes reproducteurs mâles), les rendant stériles.
Les traitements de potabilisation de l’eau visent à éliminer les substances polluantes contenues
dans l’eau, afin de protéger la santé des personnes.

2.7. Effets des polluants sur les populations et les communautés animales
A l'heure actuelle, aucune activité humaine, ne s'effectue sans que des déchets soient produits
et qu'il nous faut donc éliminer. Donnons quelques exemples de cette production de déchets
pour illustrer l'ampleur du problème :

La communauté européenne produit près de 3 milliards de tonnes de déchets solides par an


dont 30 millions de déchets toxiques ou dangereux.

D’une manière générale, les polluants entraînent des perturbations des écosystèmes ou des
troubles métaboliques (par modification des réactions biochimiques de base telles le cycle de
Krebs ou par compétition au niveau d'une fonction essentielle) chez les organismes pour des
doses très faibles, généralement <1 ppm (1 mg/kg).
Ils sont souvent peu biodégradables, s'accumulent dans l'environnement et leurs produits de
dégradation peuvent être aussi dangereux que les molécules mères.

Schéma général des modalités d'action d'un polluant sur un écosystème (Ramade, 1992)

Un des plus classiques est celui de la pullulation des cochenilles des agrumes entraînée par
l'usage du DDT (de Bach et al, 1971). Cet insecticide ayant provoqué́ l'élimination quasiment
totale des Chalcidiens et autres Hyménoptères entomophages parasitoïdes Aonidiella aurantii,
cette espèce se mit à pulluler sur les agrumes en Cali¬ fornie, l'arrêt de l'usage de cet insecticide
s'accompagna au contraire d'une diminution considérable des populations de ce ravageur (fig.).

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Rupture d'équilibre biologique provoquée par l'usage du DDT dans des vergers
d'agrumes en Californie (Ramade, 1992)

La complexité et la richesse de l'entomofaune présente en cours de végétation ont été mis en


évidence ; cette faune est composée à 80-90 % d'espèces auxiliaires ou détritiphages, dont le
rôle est important dans le fonctionnement de ces agroéco¬ systèmes et pour 10-20 % d'espèces
phytophages nuisibles.
Cependant entre les 2 parcelles étudiées, l'on peut mettre en évidence des différences
importantes : le nombre d'espèces recensées est plus élevé à La Chapelle-La-Reine (296) qu'à
Bretonneau (224) ; 180 espèces sont communes aux deux peuplements représentant 97,7 et 97,3
% des individus récoltés, montrant que les peuplements ne sont pas fondamentalement
différents (La Chapelle-La-Reine est une zone très peu traitée, alors que Bretonneau est une zone traitée de
façon plus intense et plus régulière).

Impact des traitements pesticides sur l'entomofaune de champs de blé (Chambon, 1982)

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