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et son ancienne métropole demeurent tendues car la longue période de colonisation (1830-

1962 : 130 ans au moins) et la longue guerre d’indépendance (1954-1962) ont suscité la haine,
le racisme et la méfiance dans les deux camps.

Chapitre 10 : La Décolonisation de l’Afrique noire anglophone

L’Afrique noire anglophone s’émancipe la première, résultat de la politique d’africanisation


des cadres politiques et d’une prise de conscience de bonne heure. Dès le congrès de
Manchester en 1945 deux cent délégués d’Afrique noire réclament le « self government ».
Cette autonomie est accordée à certaines colonies dans le cadre d’une politique libérale qui
vise à préserver l’essentiel des intérêts économiques.
I- En Afrique occidentale (Gambie, Sierra-Léone, Gol-Coast, Nigéria)
1- La Gold-Coast (Ghana)
L’autonomie interne est obtenue au Ghana en 1951 après une campagne de désobéissance
civile (grève, boycotts). En 1952 le leader nationaliste Kwamé Nkrumah sorti de prison
devient premier ministre, son parti (Convention People’s Party : le CPP créé le 12 juin 1949)
ayant gagné aux élections. L’indépendance est accordée à la Gold-coast le 6 mars 1957 sous
le nom de Ghana en souvenir d’un ancien empire africain. Le combat de Nkrumah devient un
modèle pour l’Afrique noire.
2- Le Nigéria
En dépit de l’existence des particularismes ethniques et régionaux le Nigeria accède à
l’indépendance d’une façon graduelle. Des formations politiques fondées pour la plupart sur
la base tribale s’engagent très tôt dans la lutte pour l’indépendance : le National Democratic
Party (NDP) est fondé en 1923 par Herbert Samuel Macauley ; le Nigerian Youth Movement
(NYM) fondé en 1936 par Nnamdi Azikiwé, avec pour ambition de créer une nation nigériane
unifiée ; Action group créé en 1949 par le Yoruba Obafemi Awolowo ; le Northern People’s
Congress (NPC) créé en 1949 par El Hadj Aboubakar Tafawa Balewa (Haoussa du Nord).
Face à la montée des mouvements de revendication la Grande-Bretagne amène par étapes
successives à travers une série de constitutions (constitution Richards en 1945, constitution de
Mac Pherson en 1951, la constitution Lyttelton en 1954) le Nigéria à l’indépendance le 1er
octobre 1960. Nnandi Azikiwé est le tout premier président de la République du Nigeria en
1963.
II- En Afrique orientale (Tanganyika (Tanzanie), Zanzibar, Kenya et Ouganda). La politique
va s’y montrer moins libérale qu’en Afrique occidentale à cause de la présence des colons
blancs hostiles au transfert des responsabilités politiques aux Africains. Les colons européens
se trouvant dans une situation privilégiée par rapport aux africains firent tout pour la
conserver.
1- Le Kenya
Au Kenya se pose le problème de la coexistence sociale comme en Algérie et en Rhodésie,
car les colons anglais et indiens qui représentent à peine 1/10 de la population occupent les
meilleures terres qui appartenaient en fait aux agriculteurs Kikuyu ou aux pasteurs Masaï. Dès
1944 les nationalistes dont Jomo Kenyatta réclament le droit des indigènes à récupérer leurs
terres mais en vain. Les Anglais doivent faire face à la rébellion des indigènes surtout celle
des Mau-Mau avant de reconnaître l’indépendance du Kenya le 12 décembre 1963. Le
premier président est Jomo Kenyatta leader du parti, la Kenya African Union (K.A.U).
2- L’Afrique centrale anglaise
Elle comprend trois pays : la Rhodésie du Nord (capitale : Lusaka), la Rhodésie du Sud
(capitale : Salisbury) et le Nyassaland (capitale Blautire). Une fédération regroupant les trois
territoires vit le jour en 1953, mais elle éclate en 1963.

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- En Rhodésie du Nord dont le leader de sécession est Kenneth Kaunda qui conduit son pays à
l’indépendance le 23 octobre 1964 sous le nom de zambie.
- En Nyassaland où naquit dès 1944 le Nyassaland African National Congress (N.A.N.C).
Mais c’est le Malawi Congress Party (M.C.P) mouvement nationaliste dirigé par le Dr
Hasting Banda qui conduit le pays à l’indépendance le 6 juillet 1964 sous le nom de Malawi.
- En Rhodésie du Sud : la Rhodésie du Sud formait le territoire le plus évolué
économiquement où les Blancs étaient nombreux et privilégiés dans tous les domaines. Le 11
novembre 1965, les colons proclament unilatéralement l’indépendance de la Rhodésie du Sud
pour préserver leur pouvoir face aux Noirs et installent un régime d’apartheid. Le Royaume-
Uni ne reconnaît pas cet Etat mais n’intervient pas. Les Africains vont continuer à lutter pour
aboutir à l’obtention d’une véritable indépendance : Robert Mugabe leader de Zanu
(Zimbabwe African National Union), Joshua Nkomo leader du Zapu (Zimbabwe African
People’s Union)…
Enfin le 18 avril 1980, l’indépendance de la Rhodésie du Sud est officiellement proclamée et
elle prend le nom de Zimbabwe.

Conclusion :
Le système colonial britannique (indirect rule) prédisposait les nationalistes à prendre la
direction de leur pays ainsi plusieurs colonies accèderont aux indépendances sans heurts.
Exercices
« De toutes les puissances colonisatrices l’Angleterre s’est particulièrement démarquée des
autres, au moment de la décolonisation. Ainsi plusieurs de ses colonies accéderont aux
indépendances sans heurts majeurs ».
1- Partagez-vous cette sentence ? Justifiez votre réponse avec des exemples précis.
2- Présentez brièvement l’Afrique Noire anglophone sur le plan géopolitique.
3- Rappelez brièvement les facteurs internes et externes de la décolonisation de l’Afrique
noire anglophone.
4- Présentez brièvement la décolonisation du Nigeria.
5- Faites la carte de la décolonisation de l’Afrique noire anglaise.

Chapitre 11 : La décolonisation de l’Afrique Noire francophone

L’empire colonial français en Afrique noire est très vaste. Il comprend 8 colonies en AOF, 4
colonies en AEF, Madagascar, Djibouti, les îles Comores et des Etats sous tutelle (Togo,
Cameroun). Dans cet empire la marche vers l’émancipation se fait plus lentement et plus ou
moins pacifiquement.
I- Les facteurs spécifiques d’évolution des possessions françaises
Au lendemain de la deuxième guerre mondiale trois grandes forces particulièrement finissent
par secouer la France et l’amener à proposer à ses colonies un cadre dans lequel elles
pouvaient enfin évoluer et obtenir leur indépendance : les partis politiques, les syndicats, les
mouvements populaires et religieux.
1- Les partis politiques : Dès 1945 des intellectuels africains décident de se regrouper pour
faire face aux colonialistes. C’est ainsi que furent créés des partis politiques dont le plus
important est le Rassemblement Démocratique Africain (RDA) créé le 19 décembre 1949 à
Bamako et présidé par Houphouët-Boigny. Ce mouvement eut des sections officielles dans
presque tout le territoire de l’Afrique noire française : l’UPC au Cameroun, le parti
progressiste nigérien…
2- Les syndicats : Après la deuxième guerre mondiale le droit syndical et d’association
s’étend à tous les travailleurs en Afrique noire française. Dès lors les syndicats à l’exemple

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des partis politiques s’opposent au système colonial car « sans l’autonomie politique une
prétendue autonomie syndicale n’est qu’un vain mot ».
3- Les mouvements populaires et religieux
Pour manifester leur antipathie contre l’exploitation de l’homme noir, la discrimination
instituée par l’administration coloniale, les Africains organisent fréquemment des grèves et
des marches. Ces manifestations se poursuivirent aussi sur le plan religieux : les chrétiens
africains créent des « églises chrétiennes africaines », véritables lieux de résistance à la
domination coloniale. Ex : Simon Kimbangu ancien catéchiste protestant né au Congo belge
en 1889 se proclama fils de Dieu en 1921 et créa un mouvement messianique, le
kimbanguisme qui prêche la rupture totale avec les missions européennes et l’indépendance
des églises africaines.
II- Les Etapes d’évolution des colonies rythmée par des réformes élaborées par la
métropole. Les territoires de l’Afrique noire française évoluent de façon homogène vers
l’indépendance.
1- La conférence franco-africaine de Brazzaville (30 janvier- 8 février 1944). Elle promet
une participation des Africains à la gestion de leurs propres affaires mais dans un avenir
indécis : « Il est nécessaire que les territoires coloniaux accèdent à l’autonomie dans le cadre
d’un vaste et libéral regroupement français. Il appartient à la nation française et il n’appartient
qu’à elle de procéder le moment venu aux réformes qu’elle décidera dans sa souveraineté ».
La conférence de Brazzaville convoquée et présidée par le Général De Gaulle s’obstine plutôt
à conserver le principe de la souveraineté coloniale et ainsi les Africains frustrés devaient être
plus décisifs dans leurs revendications.
2- L’étape de 1946 : la création de l’union française
Cette étape est marquée par l’élaboration d’une nouvelle constitution en France qui crée
l’union française en 1946. Cette union regroupe la France et les départements d’outre-mer
d’une part et d’autre part la France, les territoires et les Etats associés. Cette nouvelle
constitution promet des réformes aux Africains : la citoyenneté, la liberté de presse et de
réunion, la suppression de l’indigénat… Mais toutes ces décisions se prennent unilatéralement
à Paris et les Africains vite déçus vont intensifier les revendications entre 1947 et 1955. Face
à cette situation la France décide d’offrir un nouveau cadre institutionnel dans lequel
devraient évoluer les colonies.
3- La loi-cadre de Gaston Defferre : l’étape de 1956
Les socialistes qui prirent le pouvoir en France en 1956 décidèrent de hâter l’évolution des
colonies françaises d’Afrique noire. Le ministre de la France d’outre-mer Gaston Defferre
avec la collaboration de Houphouët Boigny élabora la « loi-cadre ». Cette loi votée par le
parlement français le 23 juin 1956 envisage de nombreuses réformes dans les colonies :
- L’africanisation des cadres dans les colonies c’est-à-dire que les Africains seront désormais
associés à la gestion de leurs propres affaires.
- La généralisation des élections au suffrage universel dans les colonies.
- La création dans chaque colonie des assemblées territoriales aux pouvoirs élargis. Ex :
L’ALCAM au Cameroun
- La suppression du code de l’indigénat.
- La création des conseils de gouvernement local dirigés par un premier ministre.
- La création d’un collège électoral unique.
La loi-cadre qui prend effet dès 1957 a permis aux colonies d’avoir leur autonomie interne
mais elle fut jugée d’insuffisante. De Gaulle qui s’inscrit dans la même logique va élaborer la
constitution de 1958.
4- L’Etape de 1958 : La création de la communauté franco-africaine
La constitution de 1958 créé la communauté franco-africaine pour parachever le processus de
décolonisation. Tous les citoyens sont égaux en droits et devoirs quelque soit leur origine, leur

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race et leur religion mais la France contrôle encore la politique étrangère, la défense, la
justice, l’enseignement, les finances… On constate alors que la communauté franco-africaine
à l’instar de l’union française établit la prépondérance de la métropole, sur les colonies. Le 28
septembre 1958 un référendum est organisé dans tout l’empire colonial d’Afrique noire pour
savoir qui veut rester membre de la communauté ou pas. Tous les territoires acceptent
l’intégration à la communauté sauf la Guinée de Sékou Touré qui a lancé un Non historique à
DE GAULLE et obtient l’indépendance de son pays le 2 octobre 1958. La pression des
Africains amène DE GAULLE à accorder en 1960 l’indépendance à 14 Etats d’Afrique noire
française.
5- L’étape de 1960 : l’indépendance en rang dispersé
Presque toutes les possessions françaises d’Afrique noire sont émancipées en 1960 mais les
liens de coopération (politique, économique, militaire et culturelle) sont maintenus avec
l’ancienne métropole.
a) Les indépendances en AOF
Le Dahomey 1er août 1960 (actuel Benin), le Niger 3 août 1960, Haute-volta 5 août 1960 (le
Burkina Faso), Côte-D’ivoire 7 août 1960, Sénégal 20 août 1960, Mali 21 septembre 1960,
Mauritanie 28 novembre 1960.
b) Les indépendances en AEF
- Le Gabon : La vie politique gabonaise est animée dès la fin de la deuxième guerre mondiale
par de nombreux partis politiques comme le Mouvement Mixte Français Gabonais (MMFG)
créé par Léon MBA en 1946, l’Union Démocratique et Sociale Gabonaise (UDSG) de Jean
Hilaire Aubame en 1948. L’indépendance du Gabon est obtenue le 17 août 1960 et Léon
MBA, le 1er président laisse la succession en 1967 à son vice Albert Bongo qui instaure le
Parti Démocratique Gabonais (PDG).
- Le Congo-Brazzaville : La vie politique s’anime ici à partir de 1946 avec la création du parti
progressiste congolais de Félix Tchicaya, l’Union Démocratique de Défense des Intérêts
Africains (UDDIA) créé en 1956 par l’Abbé Fulbert Youlou, le Mouvement Socialiste
Africain (MSA) de Jacques OPANGAULT. Le Congo devient indépendant le 13 août 1960
avec pour premier président Fulbert Youlou et premier ministre Opangault.
- Le Tchad : Le Parti Progressiste Tchadien (PPT) créé en 1947 par le guadeloupien Gabriel
Lisette est le premier mouvement politique tchadien. Après ont suivi l’Union Démocratique
Tchadienne (UDT) regroupant essentiellement les musulmans, le mouvement socialiste
africain… L’indépendance du Tchad est obtenue le 11 août 1960 et François Tombalbaye est
le premier président en Avril 1962.
Conclusion : La décolonisation de l’Afrique noire française a été facilitée par des facteurs
internes et externes. Elle s’est faite sans violence et de manière progressive sauf au Cameroun
et à Madagascar.
La Décolonisation dans les autres empires coloniaux : Le Congo belge,
Chapitre 12 : les colonies portugaises
Si dans l’Afrique noire française l’année 1960 est l’année des indépendances en cascade c’est
plutôt le refus pur et simple de la décolonisation dans les empires coloniaux portugais, belges
et espagnols. Dans ces empires les mouvements d’émancipation sont lents et mal organisés à
cause de la politique paternaliste, assimilationniste qui a étouffé le sentiment national chez les
colonisés. Cependant l’effervescence de la vie politique ailleurs en Afrique, les indépendances
du Ghana en 1957 et de la Guinée Conakry en 1958 vont influencer les nationalistes du
Congo belge et des colonies portugaises et l’indépendance sera revendiquée avec violence et
insistance.

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