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SUPE R V I S I O N E T A U T O M A T I S M E S
V ingt et un millions d’installa- doivent également prendre en compte l’évo- OPC DA face à ses limites
tions dans le monde, et plus de lution des technologies. Avec OPC, on ne Malgré ses attraits, OPC (ou OLE for Process
22 000 produits certifiés OPC touche pas à l’application existante. Le ser- Control) et sa spécification principale OPC DA
sont disponibles (clients, ser- veur OPC, chargé de mettre à disposition les (pour Data Access) se devaient d’évoluer pour
veurs, mais aussi interfaces homme-machine données de production aux autres équipe- suivre les progrès technologiques et s’adap-
et supervision). En près de vingt années
d’existence, le standard OPC est devenu in-
contournable pour les applications d’auto-
matismes, d’instrumentation et de supervi- La genèse d’OPC
sion dans l’industrie. Quelles sont les clefs Le standard OPC est apparu au milieu des années 90 pour faciliter les échanges entre le
du succès de ce système d’interfaces basé sur monde des automatismes et celui de la supervision basée sur PC.
des relations client- Petit rappel : avant que PC et automates ne se généralisent dans l’industrie, la solution
L’essentiel serveur ? Pour Michel traditionnelle consistait à utiliser un système numérique de contrôle commande (SNCC),
Condemine, directeur performant, mais onéreux et délicat à faire évoluer. Au milieu des années 80, les PC
de 4CE Industry et repré- deviennent suffisamment performants pour prendre en charge des applications de
OPC (OLE for Process Control)
sentant en France supervision. Des sociétés sont apparues pour proposer des superviseurs, sous Dos et OS2
est un standard d’échange essentiellement. Il s’agissait d’éditeurs tels qu’ARC informatique, Citect, Wiscon, Intouch
d’OPC Foundation, « OPC
et de mise à disposition de ou encore WinCC. Leurs logiciels, configurables, prenaient en charge l’acquisition des
données entre équipements.
est pensé par et pour des
industriels. Les avantages données et l’édition de rapports, en passant par la mise en forme et l’archivage. Mais ces
OPC UA concentre en une outils ne résolvaient pas le problème de la remontée d’information. Afin que les
d’un passage à OPC sont
seule spécification tous les automates communiquent avec le PC, les fabricants de matériels d’automatismes
modules OPC précédents nombreux, mais ce proto- développaient autant de drivers que d’équipements. Les éditeurs de logiciels de
(Data Access, Alarm & Events, cole de communication supervision réécrivaient eux aussi tous les drivers à chaque nouvelle installation. Un
Historical Data Access, etc.). assure surtout la pérennité capteur qui changeait de version, et c’est toute l’application qui risquait de planter. C’est
Grâce aux technologies Web
des installations. En effet, la dans ce contexte que la fondation OPC est née. Le but : s’affranchir des contraintes du
Services, OPC UA s’applique refonte complète d’un sys- développement des drivers en imaginant un concept d’abstraction des protocoles de
à des réseaux distants. tème automatisé coûte très communication. Pour simplifier, prenons l’exemple des drivers d’imprimantes, qui sont
OPC UA devient multiplate-
cher ». Au coût du ma- aujourd’hui inclus dans le système d’exploitation. Grâce à des drivers génériques, il n’est
tériel, il faut ajouter le plus nécessaire au système d’exploitation de connaître le modèle exact d’imprimante
forme : il sera désormais
temps de réécriture connectée. Les relations clients-serveurs avec OPC reprennent le même concept. Pour
possible d’implémenter des
des programmes. Or poser les bases d’OPC, les membres de la fondation se sont inspirés des travaux du
serveurs OPC directement
groupe de spécification Corba, puis des travaux d’Al Chimson (fondateur de la société
sur les automates. les concepteurs doi-
Intellution), qui le premier eut l’idée du “contrat” pour définir les échanges d’objets entre
La compatibilité avec vent composer avec un client et un serveur pour les marchés du process industriel. D’où la dénomination
les anciennes applications des documentations OPC : Object Linking and Embedding for Process Control.
est totale. souvent incomplètes,
voire inexistantes, et
Iberdrola
L’une des plus vastes applications de supervision basées sur OPC a été effectuée par ARC Informatique pour Iberdrola, société de
distribution électrique espagnole. Elle concerne la gestion de 200 parcs éoliens (soit plus de 10 000 éoliennes) et représente environ
2,5 millions de variables (dont 2 millions sont utilisées pour le moment).
ter aux réalités du terrain. La définition des applicable à un process industriel critique,
communications et des interactions entre les pour lequel le timeout devrait plutôt être de
objets n’est pas restée figée depuis la création l’ordre de 200 millisecondes.
du standard. Elle a subi des modifications. Au Autre point noir, la technologie DCOM
début des années 90, il a fallu passer de la n’autorise pas le franchissement des fi-
technologie OLE (Object Linking and Embedding, rewalls, car elle n’est pas compatible avec le
inauguré avec Windows 3.0) à la technolo- concept d’allocation dynamique de ports
gie COM (Component Object Model, le concept (une nouvelle adresse IP est allouée à chaque
de “composant logiciel” de Microsoft). Puis il connexion). C’est pourquoi OPC était ré-
a fallu offrir une réponse aux architectures servé jusqu’alors aux seuls réseaux locaux. Il
distribuées qui devenaient de plus en plus était bien sûr possible de réaliser des passe-
systématiques dans l’industrie. C’était les relles d’accès distant (des sociétés telles que
débuts de la technologie DCOM (Distributed Matrikon proposent ce type de produits, ap-
Component Object Model), lancée en 1996. Il pelés outils de “tunnelling”). Toutefois, cela
s’agissait d’une évolution de COM pour les impose de rajouter des couches de commu-
applications réparties, mais toujours sur un nication supplémentaires, et de disposer de
réseau local. Mais aujourd’hui, quatorze ans la même brique logicielle propriétaire d’un
après la création des premiers composants bout à l’autre de la ligne. « Aujourd’hui, il est
logiciels, DCOM atteint ses limites dans l’in- impératif qu’une application puisse traverser les fi-
dustrie. rewalls de l’entreprise, commente Michel
La technologie DCOM était, il est vrai, plus Condemine, d’autant plus que les usines multisite
adaptée aux applications grand public qu’à sont de plus en plus nombreuses. Les industriels ont
celles liées au monde du process. Son prin- besoin de pouvoir surveiller des productions partout
cipal défaut tient dans un “timeout” trop dans le monde. Or la réponse existe : il s’agit des Web
long et non configurable. Il s’agit du laps de Services. »
temps au bout duquel une application qui De nombreuses applications migrent vers un
ne répond pas est considérée comme “plan- fonctionnement entièrement basé sur les
tée”. Avec DCOM, ce compteur était fixé de “Web Services ”, plus récents et plus perfor-
manière native à 20 secondes. Difficilement mants. La tendance est à la création de ➜
Afin de faciliter l’implémentation de serveurs OPC UA directement à l’intérieur des automates, le standard OPC UA intégrera bientôt un
modèle de programmation compatible avec la norme IEC 61131-3. Cette initiative commune aux organisations OPC Foundation et
PLCopen permettra aux constructeurs d’automates programmables de réduire les coûts de développement de leurs serveurs OPC UA.
(pour connaître son évolution en temps damment de la plate-forme sur laquelle l’ap-
réel). Jusqu’alors, OPC (communément ap- plication est installée : depuis les systèmes
pelé OPC COM) se composait d’un ensemble embarqués jusqu’aux serveurs d’entreprise,
d’instructions et de fonctions dissociées les en passant par les PC d’ateliers et les interfaces
unes des autres et proposées dans des mo- homme-machine (IHM). Leur travail a con-
dules différents. Désormais, les quatre services cerné le portage des données d’un logiciel à
de base sont indépendants, et traversent toutes un autre (système automatisé, ERP, Asset
les précédentes spécifications. Management et MES), mais aussi d’un système
d’exploitation à un autre. « Ce qui constitue une
Assurer une installation véritable révolution, assure Benoît Lepeuple,
Plug & Play chef de produits chez ARC Informatique. OPC
Par ailleurs, le consortium s’est appliqué à ce va pouvoir s’étendre à l’atelier. Auparavant, seuls des
qu’OPC UA soit intégralement Plug & Play. PC sous Windows pouvaient devenir des serveurs OPC,
Ses membres souhaitaient que le format puisque ces derniers étaient écrits avec la technologie
d’échange de données fonctionne indépen- objet COM, spécifique à Microsoft. » En effet,
pour connecter un automate à un serveur
IHM,
MES,
ERP IHM,
MES,
ERP
Serveur
OPC
Protocoles Serveur
propriétaires OPC
UA
Automate Contrôle Entrées/
commande Sorties
Automate Contrôle Entrées/
commande Sorties
Le schéma ci-dessus illustre l’avancée non négligeable apportée par OPC UA. Sur une architecture OPC DA (à gauche), il est nécessaire
d’installer des PC sous Windows pour faire la liaison entre les automates et les systèmes de gestion d’entreprise. Avec OPC UA (à droite),
les serveurs OPC programmés en C++ sont implémentés directement à l’intérieur des automates et systèmes de contrôle commande.
➜ classiques, mais aussi des OS libres mais seul leur code de base diffère. Elles re- Une application des années 90
(comme Linux), pour terminaux portables posent sur les mêmes couches d’abstraction, qui fonctionne toujours en 2010
(comme Windows CE) ou même temps réel mais se programment sous C/C++, avec
(commeVxWorks). Grâce à cette portabilité, Microsoft. NET ou en langage Java selon le Le consortium OPC a tenu à assurer une to-
des serveurs OPC seront implémentés direc- type de plate-forme sur laquelle elles sont tale compatibilité ascendante des applica-
tement dans les automates, et des systèmes installées. La version . NET sera préférée pour tions. « L’abstraction des couches de communication
complets clients-serveurs OPC dialogueront des applications sous Windows, celle en Java a été obtenue grâce à une collaboration avec les orga-
sans se préoccuper du matériel sur lequel ils visera une utilisation sur des appareils por- nisations ISA et IEC, indique Thomas Burke,
sont déployés.Trois versions différentes d’ar- tables et la version C/C++ (qui présente président de OPC Foundation. Avec Unified
chitectures OPC UA sont proposées. Elles l’empreinte mémoire la plus faible) sera des- Architecture, OPC est devenu un moyen de transport
fournissent les mêmes fonctions (ou services) tinée aux systèmes embarqués. unique pour toutes les données, qu’elles viennent de
n’importe quel équipement ou application, et sur
n’importe quel réseau de l’entreprise. » Bien en-
tendu, une couche d’abstraction supplémen-
taire sera toujours nécessaire pour exécuter
OPC DA (ou OPC XML-DA) dans une appli-
cation UA. Mais l’application n’aura à subir
aucune modification. Les applications DA et
UA peuvent cohabiter au sein d’une même
architecture. Un client COM (OPC DA) peut
recevoir des données provenant d’un serveur
UA, et un serveur COM peut envoyer des
données à un client UA.
Sécurité et fiabilité
« Nous voulions aussi proposer de nouvelles fonctions
aux utilisateurs, observe Michel Condemine,
qui participe activement aux travaux de la
fondation OPC. Nous souhaitions apporter de la
L’organisation des couches de communication d’OPC UA montre que les anciennes spécifications d’OPC (Data Access, Alarms and sécurité au transfert d’informations distantes qui
Conditions, etc.) sont situées au-dessus des couches de base d’OPC UA. Cela garantit la compatibilité d’UA avec les applications OPC DA. pouvait poser des problèmes avec les technologies