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PhysMat-2024
PhysMat-2024
Patrice BACHER
1 La thermodynamique statistique 1
1.1 Éléments de thermodynamique des équilibres . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.1 Postulats, principes et équations de base . . . . . . . . . . . . 1
1.1.2 Les potentiels thermodynamiques . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.3 Les coefficients de réponse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2 La théorie statistique des équilibres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.1 Un bref historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.2 Du microscopique au macroscopique . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.3 Les résultats du calcul statistique . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.3 Les ensembles statistiques usuels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.3.1 L’ensemble Tpµ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.3.2 L’ensemble grand canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.3.3 L’ensemble Tp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.3.4 L’ensemble canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.3.5 L’ensemble microcanonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.4 Équivalence entre ensembles statistiques . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.4.1 Fluctuations au voisinage de l’équilibre . . . . . . . . . . . . . 20
1.4.2 Quelques propriétés des systèmes thermodynamiques . . . . . 21
1.4.3 Le second principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.5 Statistiques de réseaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.5.1 Généralités sur les réseaux de sites indépendants . . . . . . . . 24
1.5.2 Cas des réseaux à remplissage binaire . . . . . . . . . . . . . . 25
1.6 Exercices sur les réseaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.6.1 Utilisation des facteurs de Boltzmann . . . . . . . . . . . . . . 26
1.6.2 Un système à deux niveaux d’énergie . . . . . . . . . . . . . . 28
1.6.3 L’oscillateur harmonique et le solide d’Einstein . . . . . . . . . 29
1.6.4 Adsorption sur une surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
1.6.5 Élasticité d’une chaîne polymérique . . . . . . . . . . . . . . . 32
i
ii (27 janvier 2024) SOMMAIRE
3 Atomes et molécules 55
3.1 Degrés de liberté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.1.1 Objet ponctuel, objet composite . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.1.2 Atomes : degrés de liberté électroniques et nucléaires . . . . . 58
3.1.3 Molécules : degrés de liberté de vibration et de rotation . . . . 60
3.2 Molécules diatomiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.2.1 Réduction du problème à deux corps . . . . . . . . . . . . . . 62
3.2.2 Vibrations au voisinage de la configuration d’équilibre . . . . . 63
3.2.3 Rotations autour du centre de masse . . . . . . . . . . . . . . 66
3.3 Molécules polyatomiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.3.1 Rotations autour du centre de masse . . . . . . . . . . . . . . 68
3.3.2 Vibrations au voisinage de la configuration d’équilibre . . . . . 69
3.4 Exercices : vibrations dans les molécules . . . . . . . . . . . . . . . . 75
3.4.1 Construction du modèle mécanique . . . . . . . . . . . . . . . 75
3.4.2 Molécule diatomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.4.3 Molécule triatomique linéaire symétrique . . . . . . . . . . . . 77
3.4.4 Molécule triangulaire équilatérale . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.4.5 Mouvements transverses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
3.5 Équilibres chimiques entre gaz parfaits . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
3.5.1 Thermodynamique des équilibres chimiques . . . . . . . . . . 83
3.5.2 Statistique des équilibres chimiques entre gaz parfaits . . . . . 84
3.5.3 Exemples d’équilibres chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
3.6 Gaz parfait sous champ de force extérieur . . . . . . . . . . . . . . . 89
3.6.1 Conditions d’équilibre sous champ de force extérieur . . . . . . 89
3.6.2 Application aux champs électriques . . . . . . . . . . . . . . . 92
La thermodynamique statistique
4. Une fonction f : (x1 , ..., xn ) 7→ f (x1 , ..., xn ) est une forme homogène de degré σ si pour tout
λ et pour tout (x1 , ..., xn ) on a f (λx1 , ..., λxn ) = λσ f (x1 , ..., xn ).
5. Les dérivées d’une forme homogène de degré σ sont des formes homogènes de degré σ − 1.
4 (27 janvier 2024) CHAPITRE 1. LA THERMODYNAMIQUE STATISTIQUE
À partir de Σ ≡ βE + ξV + γN ⇒ dΣ = β dE + E dβ + ξ dV + V dξ + γ dN + N dγ,
on obtient, sachant dΣ = β dE + ξ dV + γ dN , le résultat équivalent
E dβ + V dξ + N dγ = 0
E(S, V, N ) ≡ T S − pV + µN ; dE = T dS − p dV + µ dN
∂E ∂E ∂E
T = p=− µ= (1.1)
∂S V,N ∂V S,N ∂N S,V
F (T, V, N ) = E − T S ; dF = −S dT − p dV + µ dN
∂F ∂F ∂F
S=− p=− µ= (1.2)
∂T V,N ∂V T,N ∂N T,V
Ψ(T, V, µ) = E − T S − µN ; dΨ = −S dT − p dV − N dµ
∂Ψ ∂Ψ ∂Ψ
S=− p=− N =− (1.3)
∂T V,µ ∂V T,µ ∂µ T,V
G(T, p, N ) = E − T S + pV ; dG = −S dT + V dp + µ dN
∂G ∂G ∂G
S=− V = µ= (1.4)
∂T p,N ∂p T,N ∂N T,p
• Le potentiel nul Θ est au signe près la TdL de E pour toutes les variables :[ 8]
Θ(T, p, µ) = E − T S + pV − µN ; dΘ = −S dT + V dp − N dµ
∂Θ ∂Θ ∂Θ
S=− V = N =− (1.5)
∂T p,µ ∂p T,µ ∂µ T,p
7. La transformée de Legendre de f : (x1 , ..., xn ) 7→ f (x1 , ..., xn ) pour les variables (x1 , ..., xk ),
k ≤ n, est la fonction g définie par
Pk ∂f
g(u1 , ..., uk , xk+1 , ..., xn ) = ui xi −f (x1 , ..., xk , xk+1 , ..., xn ) avec ui = (i = 1 à k)
i=1 ∂xi
Dans cette expression, les (x1 , ..., xk ) doivent disparaître : on les remplace par leurs expressions
en fonction de (u1 , ..., uk , xk+1 , ..., xn ) que l’on extrait des k relations ui = ∂f /∂xi , i = 1 à k.
Principales propriétés :
− dérivation par rapport aux variables transformées : ∂f /∂xi = ui ⇒ ∂g/∂ui = xi (i ≤ k) ;
− dérivation par rapport aux variables non transformées : ∂g/∂xj = −∂f /∂xj (j > k) ;
− Involution : la transformation inverse de g redonne la fonction f de départ.
8. Attention au potentiel nul Θ : il est nul à l’équilibre (équation d’Euler), sa différentielle
également (théorème de Gibbs-Duhem), mais c’est une fonction de (T, p, µ) non identiquement
nulle au voisinage de l’équilibre.
6 (27 janvier 2024) CHAPITRE 1. LA THERMODYNAMIQUE STATISTIQUE
• Équations initiales :
Σ(E, V, N ) = βE + ξV + γN ; dΣ = β dE + ξ dV + γ dN
∂Σ ∂Σ ∂Σ
β= ξ= γ= (1.7)
∂E V,N ∂V E,N ∂N E,V
Φβ (β, V, N ) = βE − Σ ; dΦβ = E dβ − ξ dV − γ dN
∂Φβ ∂Φβ ∂Φβ
E= ξ=− γ=− (1.8)
∂β V,N ∂V β,N ∂N β,V
1 ∂p
Démonstration de αp = pβV χT et = −V
χT ∂V T,N
Boltzmann. C’est Ludwig Boltzmann qui, dans la seconde moitié du XIXe siècle,
est le premier à s’intéresser à ce genre de problème. À cette époque c’est la révolution
industrielle et on s’intéresse principalement aux machines permettant de transfor-
mer la chaleur en travail, systèmes thermodynamiques impliquant des fluides. C’est
dans ce contexte qu’il développa la théorie cinétique des gaz, qui fut le point de dé-
part de la mécanique statistique. Il introduisit les fameux facteurs de Boltzmann qui
permettent de calculer les probabilités d’occurrence des différents microétats, nom
que l’on donne aux différentes configurations susceptibles d’être observées à l’échelle
microscopique. L’état thermodynamique, appelé dans ce contexte macroétat, est vu
comme une « moyenne » faite sur tous les microétats accessibles au système.
Gibbs. En 1902, Josiah Willard Gibbs propose une théorie complète et rigou-
reuse de la thermodynamique statistique des équilibres. La méthode des ensembles
de Gibbs consiste à calculer, à partir des microétats accessibles au système, une
fonction de partition de celui-ci. les relations mathématiques qui existent entre fonc-
tions de partition et potentiels thermodynamiques permettent de faire le lien re-
cherché entre le monde microscopique et la thermodynamique macroscopique. La
thermodynamique statistique est née. La physique statistique a immédiatement suivi,
puisque la théorie de Gibbs permet d’introduire dans les modèles les propriétés phy-
siques – électriques, magnétiques, etc. – de la matière.
Les années 20. Entre 1920 et 1930 apparaissent dans la théorie la nature quantique
des particules élémentaires. C’est à cette époque que la notion d’indiscernabilité est
introduite, ainsi que la distinction entre bosons et fermions, ces derniers, contraire-
ment aux premiers, répondant au principe d’exclusion de Pauli.
1.2 La théorie statistique des équilibres (27 janvier 2024) 11
11. Nous qui travaillerons avec le nombre N de molécules ferons pire que le chimiste : nous
écrirons dN , alors que N est un entier (NA dn conviendrait mieux, sans rien changer aux résultats).
12 (27 janvier 2024) CHAPITRE 1. LA THERMODYNAMIQUE STATISTIQUE
Les processus mis en jeu dans une transition sont toujours d’origine quantique ; ils
sont en général inconnus, inaccessibles à l’expérience. Tout ce qu’on peut dire d’une
transition, c’est comment était le système avant la transition, et ce qu’il est devenu
après. On considère que la durée d’une transition, puisqu’elle n’est pas mesurable,
est nulle.
À l’autre extrémité de l’échelle, il y a la durée de l’expérience, de la mesure. Cette
mesure n’est représentative de l’état macroscopique du système que si pendant sa
durée il s’est passé un très grand nombre de transitions. On est ainsi amené à évaluer
ce qu’on appelle le temps de transition, c’est-à-dire le temps moyen qui s’écoule entre
deux transitions.
Dans une mole de gaz ordinaire par exemple, on estime qu’une molécule donnée
subit environ 109 collisions par seconde ; cela donne, pour une mole, environ 1033
collisions par seconde. Le temps de transition est donc extrêmement court.[ 12] Entre
le domaine macroscopique, celui de la mesure, et le domaine microscopique, celui
de la transition, il existe un très large domaine où se situeront dans les calculs
les intervalles de temps δt, à la fois suffisamment petits à l’échelle macroscopique
pour être considérés comme une différentielle dt, et suffisamment grands à l’échelle
microscopique pour y trouver un très grand nombre d’événements microscopiques.
Microétat, macroétat. À l’échelle microscopique, bien que très souvent la mé-
canique classique suffise, c’est la mécanique quantique qui régit le comportement
des particules : les états possibles pour un système donné, dans la mesure où celui-
ci est confiné dans une certaine partie de l’espace, forment un ensemble discret,
dénombrable.[ 13]
L’état macroscopique, ou macroétat, d’un système physique est défini en thermody-
namique par la donnée de quelques grandeurs extensives (E, V, N...).
L’état quantique dans lequel se trouve le système est appelé microétat. Si l’on voulait
connaître le microétat dans lequel se trouve, à un instant donné, un système à N
particules, Il faudrait définir l’état individuel de chaque particule. Il faudrait par
exemple mesurer ou calculer chaque vecteur position et chaque vecteur vitesse, c’est-
à-dire au moins 6N nombres. C’est absolument impossible, et d’ailleurs sans intérêt :
la masse d’information est tellement énorme qu’elle en devient inexploitable. Pour
N = 1024 , il faudrait environ 10 yottaoctets (10 000 milliards de téraoctets) pour
stocker une configuration instantanée.
Il est clair que si on veut faire le lien entre les quelques variables macroscopiques
(E, V, N...) et les 6N variables microscopiques, il faut faire des statistiques : une
mesure dure un certain temps ∆t, au cours duquel le système a changé de microétat
un très grand nombre de fois. Les mesures de (E, V, N...) sont des moyennes faites
sur l’ensemble des microétats visités par le système au cours de ∆t. Les méthodes
probabilistes conduisent habituellement à des résultats plus ou moins approximatifs.
Ici, du fait de l’énormité des nombres utilisés, les prédictions peuvent être considérées
comme certaines, les résultats comme exacts.
12. Prudence toutefois : dans l’espace intersidéral, une particule peut parcourir plusieurs dizaines
de millions de kilomètres sans subir aucune collision, ce qui donne plusieurs années pour le temps
de collision.
13. Ce sera bien commode par la suite : les calculs statistiques se feront non pas avec des
intégrales mais au moyen de sommes discrètes.
1.2 La théorie statistique des équilibres (27 janvier 2024) 13
dE = T dS − p dV + µ dN ou dΣ = β dE + ξ dV + γ dN
• par rapport à ξ :
∂ ln Zβξ 1 PP
(−V )Ω e−βE e−ξV = −
PP
= V PEV = −V̄
∂ξ Zβξ V E V E
On a donc
∂ ln Zβξ ∂ ln Zβξ
Ē = − et V̄ = −
∂β ξ,N ∂ξ β,N
Or, en thermodynamique on a, d’après les équations (1.10),
∂Φβξ ∂Φβξ
E= et V =
∂β ξ,N ∂ξ β,N
avec
Φβξ (β, ξ, N ) = βE + ξV − Σ
et
dΦβξ = E dβ + V dξ − γ dN
Cette équation fait le lien entre les statistiques et la thermodynamique. Pour l’exemple
choisi on a pour résumer
Φβξ (β, ξ, N ) = βE + ξV − Σ
et donc
∂Φβξ ∂ ln Zβξ
E(β, ξ, N ) = =−
∂β ∂β
∂Φβξ ∂ ln Zβξ
V (β, ξ, N ) = =−
∂ξ ∂ξ
∂Φβξ ∂ ln Zβξ
γ(β, ξ, N ) = − =
∂N ∂N
∂ ln Zβξ ∂ ln Zβξ
Σ(β, ξ, N ) = −Φβξ + βE + ξV = ln Zβξ − β −ξ
∂β ∂ξ
G(T, p, N ) = E − T S + pV
dG = − d(kb T ln ZTp ) = −S dT + V dp + µ dN
et donc
∂G ∂ ln ZTp
S(T, p, N ) = − = kb ln ZTp + kb T
∂T ∂T
∂G ∂ ln ZTp
V (T, p, N ) = = −kb T
∂p ∂p
∂G ∂ ln ZTp
µ(T, p, N ) = = −kb T
∂µ ∂N
∂ ln ZTp ∂ ln ZTp
E(T, p, N ) = G + T S − pV = kb T T +p
∂T ∂p
2 ∂ ln ZTp ∂H
H(T, p, N ) = E + pV = G + T S = kb T puis Cp =
∂T ∂T p,N
16 (27 janvier 2024) CHAPITRE 1. LA THERMODYNAMIQUE STATISTIQUE
dΦβξγ = E dβ + V dξ + N dγ
∂Φβξγ ∂ ln Zβξγ
E(β, ξ, γ) = =−
∂β ∂β
∂Φβξγ ∂ ln Zβξγ
V (β, ξ, γ) = =−
∂ξ ∂ξ
∂Φβξγ ∂ ln Zβξγ
N (β, ξ, γ) = =−
∂γ ∂γ
∂ ln Zβξγ ∂ ln Zβξγ ∂Zβξγ
Σ(β, ξ, γ) = ln Zβξγ − β −ξ −γ
∂β ∂ξ ∂γ
dΘ = −S dT + V dp − N dµ
∂Θ ∂ ln ZTpµ
S(T, p, µ) = − = kb ln ZTpµ + kb T
∂T ∂T
∂Θ ∂ ln ZTpµ
V (T, p, µ) = = −kb T
∂p ∂p
∂Θ ∂ ln ZTpµ
N (T, p, µ) = − = kb T
∂µ ∂µ
∂ ln ZTpµ ∂ ln ZTpµ ∂ ln ZTpµ
E(T, p, µ) = kb T T +p +µ
∂T ∂p ∂µ
1.3 Les ensembles statistiques usuels (27 janvier 2024) 17
dΦβγ = E dβ − ξ dV + N dγ
∂Φβγ ∂ ln Zβγ
E(β, V, γ) = =−
∂β ∂β
∂Φβγ ∂ ln Zβγ
ξ(β, V, γ) = − =
∂V ∂V
∂Φβγ ∂ ln Zβγ
N (β, V, γ) = =−
∂γ ∂γ
∂ ln Zβγ ∂Zβγ
Σ(β, V, γ) = ln Zβγ − β −γ
∂β ∂γ
dΨ = −S dT − p dV − N dµ
∂Ψ ∂ ln ZTµ
S(T, V, µ) = − = kb ln ZTµ + kb T
∂T ∂T
∂Ψ ∂ ln ZTµ
p(T, V, µ) = − = kb T
∂V ∂V
∂Ψ ∂ ln ZTµ
N (T, V, µ) = − = kb T
∂µ ∂µ
∂ ln ZTµ ∂ ln ZTµ
E(T, V, µ) = kb T T +µ
∂T ∂µ
18 (27 janvier 2024) CHAPITRE 1. LA THERMODYNAMIQUE STATISTIQUE
1.3.3 L’ensemble Tp
L’ensemble Tp est construit à partir d’un système isotherme isobare. Les variables
considérées comme fixes sont (β, ξ, N ) ou (T, p, N ) : ce sont les variables naturelles
de la fonction Φβξ et de l’enthalpie libre G.
dΦβξ = E dβ + V dξ − γ dN
∂Φβξ ∂ ln Zβξ
E(β, ξ, N ) = =−
∂β ∂β
∂Φβξ ∂ ln Zβξ
V (β, ξ, N ) = =−
∂ξ ∂ξ
∂Φβξ ∂ ln Zβξ
γ(β, ξ, N ) = − =
∂N ∂N
∂ ln Zβξ ∂ ln Zβξ
Σ(β, ξ, N ) = ln Zβξ − β −ξ
∂β ∂ξ
dG = −S dT + V dp + µ dN
∂G ∂ ln ZTp
S(T, p, N ) = − = kb ln ZTp + kb T
∂T ∂T
∂G ∂ ln ZTp
V (T, p, N ) = = −kb T
∂p ∂p
∂G ∂ ln ZTp
µ(T, p, N ) = = −kb T
∂N ∂N
∂ ln ZTp ∂ ln ZTp
E(T, p, N ) = G + T S − pV = kb T T +p
∂T ∂p
∂ ln ZTp ∂H
H(T, p, N ) = G + T S = E + pV = kb T 2 → Cp =
∂T ∂T
1.3 Les ensembles statistiques usuels (27 janvier 2024) 19
dΣ = d ln Ω = β dE + ξ dV + γ dN
∂ ln Ω
β(E, V, N ) =
∂E
∂ ln Ω
ξ(E, V, N ) =
∂V
∂ ln Ω
γ(E, V, N ) =
∂N
20 (27 janvier 2024) CHAPITRE 1. LA THERMODYNAMIQUE STATISTIQUE
r
∆V kb T χT
et donc =
V̄ V̄
Le gaz parfait étant l’un des systèmes les plus compressibles qui soient, on peut
l’utiliser pour évaluer une borne supérieure aux fluctuations. Sachant que pour le
gaz parfait on a χT = p1 = N kVb T , on trouve
∆V 1
Gaz parfait : =√
V̄ N
On peut montrer que ce résultat est général : quel que soit le système thermo-
dynamique, quelle que soit la variable fluctuante choisie
√ (X = E, V, N, ...), toute
fluctuation rapportée à la valeur moyenne varie en 1/ N :
∆X 1
∝√ (X = E, V, N, ...)
X̄ N
Conclusion :
qui est négatif si εi < ε̄, et positif si εi > ε̄. La proposition est ainsi démontrée.
2. Un apport de chaleur modifie les populations des niveaux d’énergie, et non les
niveaux eux-mêmes : les valeurs des n̄i sont modifiées, mais pas celles des εi .
L’apport de chaleur est obtenu par une élévation de température dT à V et N
constants. C’est CV dT .
Pour calculer CV , on raisonne comme au paragraphe 1.4.1. En étudiant les
fluctuations de l’énergie interne E, on arrive à un résultat similaire à (1.16) :
∂ Ē 2 ∂ Ē
2 2
∆E = E − Ē = − 2
= kb T = kb T 2 CV (1.18)
∂β V,N ∂T V,N
22 (27 janvier 2024) CHAPITRE 1. LA THERMODYNAMIQUE STATISTIQUE
et donc
∆E 2 ∆ε2
CV = pour le système ⇒ cv = pour une particule.
kb T 2 kb T 2
On en déduit
ε2i n̄i − ε̄
P P
2 2
εi n̄i
N ∆ε N ε2
− ε̄ P n̄i (εi − ε̄)εi
CV = N c v = 2
= = i i
=
kb T kb T 2 kb T 2
i kb T 2
Ce qui donne, en utilisant le résultat (1.17) :
P ∂ n̄i
CV = εi
i ∂T V,N
Ce sont bien les populations qui sont modifiées.
3. La capacité thermique tend vers 0 quand T tend vers 0.
Au zéro absolu, le système est dans son état fondamental : toutes les parti-
cules sont à l’énergie la plus basse ε1 . À température légèrement supérieure, la
plupart sont à l’énergie ε1 , et quelques unes sont à l’énergie ε2 (premier niveau
excité) ; les autres niveaux sont considérés inaccessibles :
P n̄i (εi − ε̄)εi n̄1 (ε1 − ε̄)ε1 n̄2 (ε2 − ε̄)ε2
CV = 2
= +
i kb T kb T 2 kb T 2
N ω1 e−ε1 /kb T N ω2 e−ε2 /kb T
avec n̄1 = et n̄ 2 =
ω1 e−ε1 /kb T +ω2 e−ε2 /kb T ω1 e−ε1 /kb T +ω2 e−ε2 /kb T
On trouve, sachant N ε̄ = n̄1 ε1 + n̄2 ε2 et en posant u = ε2k−ε bT
1
et ω = ωω21 ,
ωu2 e−u
CV = N k b −→ 0
(1 + ω e−u )2 T → 0
Puisque 1 m3 contient 1018 µm3 , la probabilité pour qu’un atome donné n’occupe pas
ce micron cube vaut (1 − 10−18 ). La probabilité P pour que aucun atome n’occupe
ce micron cube vaut (1 − 10−18 )N. Cela donne au premier ordre
−18 −18 7
P = (1 − 10−18 )N = e N ln(1−10 ) ≈ e −10 N ≈ e −2,7×10 ≈ 10 −11 725 951
Sans commentaire. Pour n’importe quel ordinateur, ce nombre est rigoureusement
nul. Aucun instrument, aussi précis soit-il, ne peut appréhender un tel nombre.
Conclusion : un processus spontané accompagné d’une diminution d’entropie est
possible en théorie, mais improbable, voire impossible, dans la pratique.
1. Refaire le tableau résumant l’énoncé ; par rapport au précédent, il faut (i) une
colonne supplémentaire pour les αi , (ii) actualiser les facteurs de Boltzmann
(maintenant les e−βεi e−ξvi e−φαi e−γni ). Calculer m0 , m↑ , m↓ , m2 en fonction
de (Ms , T, p, B, µ). En déduire E, V , N en fonction de (Ms , T, p, B, µ).
2. Soit Ms = N . Calculer λ = e µ/kb T en fonction de T , p et B, puis remplacer
dans les expressions de m0 , m↑ , m↓ , m2 . Donner les expressions E(T, p, B, N ),
V (T, p, B, N ) et M (T, p, B, N ),[ 16] et calculer les coefficients thermoélastiques
1 ∂V 1 ∂V
αpB (T, p, B) ≈ et χTB (T, p, B) ≈ −
N v0 ∂T p,B,N N v0 ∂p T,B,N
∂J µ0 ∂M
16. Autre calcul possible : la susceptibilité magnétique est par définition χ = µ0 ∂B = V ∂B ,
M µ0 ∂M
où J = V est l’aimantation ; approximation ici : χ ≈ N v0 ∂B .
28 (27 janvier 2024) CHAPITRE 1. LA THERMODYNAMIQUE STATISTIQUE
Règle : lorsque le système est bidimensionnel, le volume doit être remplacé par
l’aire A du système, et la pression doit être remplacée par la tension de surface ϕ.
• C’est un système ouvert. Il est en contact avec le gaz qui fait office de ther-
mostat et de réservoir de particules qui fixe la température et le potentiel
chimique. Ce récipient est supposé extrêmement grand, de sorte que les pro-
priétés du gaz sont indépendantes du nombre d’atomes adsorbés. On supposera
que le gaz est parfait et uniquement composé d’atomes X. Son potentiel chi-
mique vous est donné en fonction de sa température et de sa pression (m est
la masse d’un atome X et h est la constante de Planck) :
pΛ3 (T ) h
µgaz (T, p) = kb T ln avec Λ(T ) = √
kb T 2πmkb T
1.6 Exercices sur les réseaux (27 janvier 2024) 31
Un gaz parfait est un gaz où les interactions entre molécules sont négligées. En
l’absence de forces d’origine extérieure (pesanteur...), et si l’on considère les molé-
cules comme des objets rigides sans structure interne, chacune d’elles possède une
énergie purement cinétique.
Pour étudier un tel gaz, on procède par étapes.
Dans un premier temps (section 2.1), les molécules sont considérées comme des
masses ponctuelles. C’est le modèle le plus simple qui soit : les molécules ne pos-
sèdent pas de structure interne et ne sont soumises à aucune force ; chacune d’elles
se comporte comme si elle était seule dans le récipient et se déplace en ligne droite.
Ce modèle, appelé théorie cinétique des gaz permet de relier la vitesse quadra-
tique moyenne des molécules à la température (c’est l’origine du terme « agitation
thermique »), et d’établir l’équation d’état des gaz parfaits au moyen d’arguments
mécaniques et statistiques.
À la section 2.2, on envisage les collisions entre molécules. Les lignes droites dont il
est question ci-dessus sont en fait des lignes brisées : lors d’une collision entre deux
molécules, chacune change brusquement de direction et repart en ligne droite.[ 1]
Pour calculer la fréquence de collisions, il est nécessaire de donner une certaine taille
aux molécules : celles-ci sont dans cette section considérées comme des sphères dures,
toujours sans structure interne. Ce modèle permet de calculer un libre parcours
moyen, c’est-à-dire la distance moyenne parcourue par une molécule entre deux
collisions, et fait le lien entre la grandeur macroscopique qu’est le coefficient de
diffusion aux mouvements microscopiques des molécules.
Les aspects quantiques seront abordés à la section 2.3, le juste nécessaire – entre
autres la notion d’indiscernabilité – pour évaluer les conditions de validité du modèle,
et pour calculer certaines propriétés thermodynamiques du gaz, telles que l’entropie
et le potentiel chimique, inaccessibles par la théorie cinétique des gaz. Les degrés de
liberté « internes » des atomes sont toujours ignorés.[ 2]
1. Les interactions sont toujours absentes : il n’y a ni attraction ni répulsion entre les molécules ;
s’il y a collision entre deux molécules, c’est le hasard qui les a mis au même endroit au même instant.
2. La structure interne des atomes et des molécules sera étudiée au chapitre 3.
34 (27 janvier 2024) CHAPITRE 2. LE GAZ PARFAIT MONOATOMIQUE
Attention aux pièges : de mème que l’on a pour les valeurs moyennes l’inégalité
ε̄ 6= 12 mv̄ 2 , on a pour les valeurs les plus probables ε∗ 6= 12 mv ∗2 .
Voici quelques ordres de grandeur des vitesses moyennes v̄ en m/s :
Figure 2.2 – Distribution des vitesses de Maxwell pour différentes valeurs de kb T /m.
En abscisses, la vitesse en km/s, en ordonnées la fonction G3 en s/km. De la courbe ○ 1
bleue vers la courbe ○ 2 rouge, la température augmente et/ou la masse atomique diminue.
Les conditions sont rassemblées dans le tableau suivant ; par exemple, la courbe ○ 1 bleue
est celle de l’hélium à 9 K, du néon à 46 K, de l’argon à 92 K, etc. ; la courbe ○
2 rouge est
celle de l’hélium à 300 K, du néon à 1500 K, de l’argon à 3000 K, etc.
He (4 g/mol) 9K 14 K 30 K 60 K 300 K
Ne (20 g/mol) 46 K 71 K 150 K 300 K 1500 K
Ar (40 g/mol) 92 K 143 K 300 K 600 K 3000 K
Kr (84 g/mol) 192 K 300 K 630 K 1260 K 6300 K
Xe (131 g/mol) 300 K 468 K 983 K 1965 K 9825 K
2.1 La théorie cinétique des gaz (27 janvier 2024) 37
1 −ε/kb T
W2 (ε) = e (2.5)
kb T
Gaz parfaits unidimensionnels. Ils sont plutôt rares dans la pratique. On les
mentionne ici parce qu’on en aura besoin aux paragraphes 2.1.4 et 2.1.5.
Dans l’espace des vitesses, maintenant à une dimension, les molécules possédant une
énergie comprise entre ε et r ε + dε occupent une longueur 2 dv, avec
1 2ε dε dε
ε = mv 2 ⇒ v = ⇒ dv = √ ⇒ 2 dv ∝ √
2 m 2mε ε
Le facteur 2 vient du fait que si ~v convient, le vecteur −~v convient également.
√
Conclusion : W1 (ε) dε est proportionnelle à 2 dv, donc à dε/ ε. Sachant de la théorie
statistique que W1 (ε) dε est également proportionnelle à e−ε/kb T , on a
e−ε/kb T
W1 (ε) dε = A1 √ dε
ε
38 (27 janvier 2024) CHAPITRE 2. LE GAZ PARFAIT MONOATOMIQUE
R∞ R∞ −u √
A1 est tel que 0
W1 (ε) dε = 1. Sachant 0
e√
u
du = π, on trouve
1 1 e−ε/kb T
W1 (ε) = √ p (2.11)
π kb T ε/kb T
L’intégrale sur ϕ vaut 2π, celle sur θ vaut 13 ; quant à celle sur v elle vaut
Z +∞ 5 Z 5
1 2kb T 2 +∞ √ −u 3 √ 2kb T 2
−mv 2 /2kb T 4
e v dv = u u e du = π
0 2 m 0 8 m
Ce qui donne
∆P~
∆P~ = nkb T ∆t∆S ~u et donc F~ = = nkb T ∆S ~u
∆t
Et le résultat attendu :
F~ · ~u N kb T
p= = nkb T =
∆S V
Pour ce calcul, on a utilisé la récurrence :
Z ∞
√ √
Ip = up u e−u du I0 = 12 π puis Ip = (p + 12 )Ip−1 (2.20)
0
2.2 Le mouvement brownien (27 janvier 2024) 41
Le libre parcours moyen est la distance moyenne que parcourt un atome entre deux
collisions. Soient deux atomes A et B de masses ma et mb convergeant tous deux
vers un point O à des vitesses ~va et ~vb telles qu’ils vont y arriver en même temps.
Leur centre de masse G converge également vers O. Il est facile de voir sur la figure
2.3 qu’on peut ramener le problème à deux particules convergeant vers G, l’atome
A à la vitesse ~va − ~vg , l’atome B à la vitesse ~vb − ~vg .
Le mouvement du centre de masse n’a aucune influence sur la collision. On est
ainsi conduit à n’étudier que les chocs frontaux : en mouvement relatif, les deux
atomes partagent maintenant la même trajectoire. On a tout simplement séparé le
mouvement de G de celui des atomes par rapport à G :[ 4]
1 1 1 1 1
K = ma~va2 + mb~vb2 = M~vg2 + ma (~va − ~vg )2 + mb (~vb − ~vg )2
2 2 2 2 2
avec M = ma + mb (masse totale) et M~vg = ma~va + mb~vb
4. La lettre T étant prise par la température, l’énergie cinétique est ici notée K, kinetic energy.
2.2 Le mouvement brownien (27 janvier 2024) 43
En remplaçant ~vg par (ma~va + mb~vb )/M dans les deux derniers termes de l’énergie
cinétique, on trouve :
1 1 ma mb
K = M~vg2 + mab (~va − ~vb )2 avec mab = (masse réduite)
2 2 ma + mb
C’est la réduction du problème à deux corps qui permet ici de remplacer les deux
atomes mobiles A et B par un objet fixe, ponctuel et sans masse et un objet mobile
de masse mab , de rayon rab = ra + rb et de vitesse ~vab = ~va − ~vb .
Il faut maintenant prendre en compte le fait que les atomes ne sont pas ponctuels.
On peut avoir collision frontale si les deux trajectoires, toujours parallèles, sont
séparées par une distance b (appelée paramètre d’impact). Si ra et rb sont les rayons
des deux atomes, il y aura collision si b < ra + rb (figure 2.4).
Pour calculer le nombre moyen de collisions subies par un atome A de la part des
atomes B au cours de l’intervalle de temps δt, il suffit de compter le nombre d’atomes
B présents dans un cylindre de section π rab 2
et de longueur v̄ab δt. En divisant ensuite
par δt, on obtient la fréquence Za de collisions A-B par atome A. On trouve, en
b
utilisant l’un des résultats (2.4) du paragraphe 2.1.2 (nb est le nombre d’atomes B
par unité de volume) :
r
2 8kb T
Zab = nb πrab v̄ab = nb π(ra + rb )2
πmab
Si le gaz est multiconstituant (atomes A, B, C, etc.), on obtient la fréquence de
collisions pour un atome A en ajoutant les différentes contributions :
r
16kb T
Za = Za + Za + Za . . . Attention : maa = 12 ma ⇒ Za = 4πra na
a b c a 2
πma
Et pour son libre parcours moyen il suffit d’écrire :
r
v̄a 1 8kb T 1
`a = = = √
Za Za πma 4πra na 2 + π(ra + rb )2 nb 1 + m
2
p
mb
a
+ ...
Résultat important : le libre parcours moyen est indépendant de la température.
Seules les densités, les rayons atomiques et les rapports de masse interviennent dans
l’expression.
Pour un gaz monoconstituant, on a, pour des atomes de masse m et de rayon r :
r
16kb T 1
Z = 4πr2 n et ` = √ (2.21)
πm 2
4πr n 2
44 (27 janvier 2024) CHAPITRE 2. LE GAZ PARFAIT MONOATOMIQUE
On constate que le libre parcours moyen est dans un gaz ordinaire 1, 2 à 8000 fois plus
grand (15 à 40 dans les conditions standard) que la distance moyenne entre atomes,
et qu’il peut atteindre des valeurs considérables en vide extrême (oui, ce sont bien
des gigamètres) : un atome d’hélium du milieu intersidéral peut parcourir plus de
30 millions de kilomètres (un an et demi à 100 K) sans subir aucune collision. Ce
même atome dans les conditions standard subirait environ 300 millions de collisions
par seconde.
Lorsque le libre parcours moyen est supérieur aux dimensions du récipient, ce ne
sont plus les collisions entre atomes qui définissent les propriétés du gaz, mais les
chocs atome-paroi. On parle alors de régime moléculaire et de gaz de Knudsen.
A contrario, lorsque le libre parcours moyen est très inférieur aux dimensions de
l’enceinte, on parle de régime fluide ou de régime de fluide quasi continu.
5. La densité n de l’air habituel (p = 0, 1 MPa, T = 293 K) est d’environ 2, 5×1025 molec/m3 ,
ce qui donne une distance moyenne d entre molécules d’environ 3, 5 nm. En laboratoire ou dans
l’industrie, il existe pour les basses pressions une classification liée à la méthode d’obtention. On ne
parle de vide qu’en dessous du millibar (100 Pa). Dans les différents cas ci-dessous sont indiquées
la pression p et la densité n, toutes deux arrondies à la puissance de 10 la plus proche, ainsi que la
distance intermoléculaire d.
• Les vides moyens ou primaires (p ∼ 0, 1 à 100 Pa, n ∼ 1019 à 1022 molec/m3 , d ∼ 50 à
500 nm) sont obtenus au moyen de pompes volumétriques (pompes à palettes, pompes à
bec, ...) qui évacuent le gaz dans l’atmosphère.
• Les vides poussés ou secondaires (p ∼ 10 µPa à 0, 1 Pa, n ∼ 1016 à 1019 molec/m3 , d ∼ 0, 5 à
5 µm) sont obtenus au moyen de pompes cinétiques (pompes turbomoléculaires, à diffusion
d’huile, etc.) qui évacuent le gaz dans une enceinte elle-même vidée par une pompe primaire.
Pour atteindre les 10 µPa, on équipe une pompe turbomoléculaire d’une pompe dite fermée :
le gaz résiduel est fixé par physisorption (adsorption réversible en dessous de 20 K) sur du
charbon actif ou une zéolite.
• Pour l’ultravide (p ∼ 1 nPa à 10 µPa, n ∼ 1012 à 1016 molec/m3 , d ∼ 5 à 100 µm), la
chimisorption (adsorption irréversible) sur du titane est nécessaire. La pompe ionique de
Penning permet d’atteindre le vide extrême (p ∼ 1 pPa à 10 nPa, n ∼ 109 à 1012 molec/m3 ,
d ∼ 0, 1 à 1 mm).
Le milieu intersidéral est principalement constitué d’hydrogène et d’hélium. Suivant les ré-
gions, la température varie de 10 à 100 K. La densité des régions les plus froides est d’environ
1015 molec/m3 (d ∼ 10 µm, p ∼ 100 nPa). Celle des régions les plus chaudes bat tous les records :
n ∼ 108 molec/m3 , d ∼ 2 mm, p ∼ 100 fPa.
2.3 Aspects quantiques (27 janvier 2024) 45
1 N
ZT (T, V, N ) = zT (T, V ) (2.22)
N!
6. Pour le spin, voir au 3.1.2.
7. La situation est différente en mécanique classique : si à l’instant initial les particules sont
numérotées, on peut suivre chacune d’elles le long de sa trajectoire qui lui est propre. On sait
à chaque instant reconnaître une particule en fonction de sa position et de sa vitesse : que les
particules soient identiques ou non, elles sont, en mécanique classique, discernables.
46 (27 janvier 2024) CHAPITRE 2. LE GAZ PARFAIT MONOATOMIQUE
Pour que le résultat (2.22) soit valable, il faut que le nombre d’états
accessibles soit beaucoup plus grand que le nombre de molécules. (2.23)
n=−∞
h +∞ i2
sur un carré d’aire A = L2
2 2 2
e−h n /(2mL kb T )
P
zT (T, A) =
n=−∞
h +∞ i3
dans un cube de volume V = L3
2 n2 /(2mL2 k T )
e−h
P
zT (T, V ) = b
n=−∞
Pour les gaz parfaits bidimensionnels, les courbes d’énergie constante sont
des cercles centrés sur l’origine. G(ε) est le nombre d’états dont le vecteur
~n de composantes (nx , ny ) pointe sur le disque de rayon et d’aire :
r
2mA ε 2mε
n= 2
et A∗ = πn2 = πA 2
h h
Chaque état y occupe une aire δA∗ = 1. La densité d’état est trouvée
indépendante de ε :
A∗ 2mε 2m
G(ε) = ∗
= πA 2 ⇒ g(ε) = πA (2.30)
δA h h2
48 (27 janvier 2024) CHAPITRE 2. LE GAZ PARFAIT MONOATOMIQUE
V
zT (T, V ) = (2.32)
Λ3 (T )
R∞
• pour les systèmes bidimensionnels, sachant 0
e−u du = 1,
A
zT (T, A) = (2.33)
Λ2 (T )
R∞ −u √
• pour les systèmes unidimensionnels, sachant 0
e√
u
du = π,
L
zT (T, L) = (2.34)
Λ(T )
h
Λ(T ) = √ (2.35)
2πmkb T
2.3 Aspects quantiques (27 janvier 2024) 49
2. Systèmes à N particules
(a) Le raisonnement suivi jusqu’au début du XXe siècle.
On considère un système constitué de N particules identiques et indépen-
dantes partageant la même partie de l’espace, la même « boîte ». « Indé-
pendantes » signifie que chacune d’elles se comporte comme si elle était
seule dans la boîte. « Identiques » signifie qu’elles se comportent toutes
de la même façon.
Il est donc tout naturel de penser que le système constitué de
« 1 boîte contenant N particules identiques et indépendantes »
est identique au système constitué de
« N boîtes identiques et indépendantes, chacune occupée par 1 particule »
Cette dernière situation correspond à celle d’un réseau constitué de N
sites identiques, disjoints, indépendants, en équilibre mutuel, chacun ayant
un volume V et contenant une particule de fonction de partition zT (T, V ).
Comme au paragraphe 1.5.1 on peut écrire
N
ZT (T, V, N ) = zT (T, V ) ⇒ F (T, V, N ) = −N kb T ln zT (T, V )
√
On remplace zT (T, V ) par V /Λ3 (T ) puis Λ(T ) par h/ 2πmkb T , et on
retrouve les résultats de la théorie cinétique des gaz parfaits :
∂ ln ZT
p = kb T ⇒ pV = N kb T
∂V
∂ ln ZT 3
E = kb T 2 ⇒ E = N kb T
∂T 2
Tout semble aller pour le mieux. Mais il y a un problème, connu sous le
nom de paradoxe de Gibbs, concernant l’entropie et le potentiel chimique.
Entropie et potentiel chimique : le calcul de l’époque.
Les formules se trouvant page 19 conduisent à
∂F ∂(T ln zT ) 3 V
S(T, V, N ) = − = N kb = N kb + ln 3
∂T ∂T 2 Λ (T )
∂F ∂ ln zT V
µ(T, V, N ) = = −kb T = −kb T ln 3
∂N ∂N Λ (T )
pΛ3 (T ) p
µ(T, p) = kb T ln = µ0T + kb T ln (2.42)
kb T p0
3
p0 Λ (T )
avec µ0T = kb T ln
kb T
tion 2.26) entre deux niveaux d’énergie est très inférieur à l’énergie
moyenne ε̄ = 23 kb T (voir équation 2.40) ; on trouve
h2 3 2 2π h2
kb T ⇒ L ⇒ nΛ3 (T ) N
2mL2 2 3 2πmkb T
• Condition concernant le nombre d’états accessibles. Pour l’utilisation
de l’équation (2.36) ZT = zTN /N !, il faut que N soit beaucoup plus
petit que le nombre ω d’états accessibles à une particule. Rigoureu-
sement ce nombre ω est infini, en pratique il correspond aux états
d’énergie inférieure à environ 5kb T (voir figure 2.1 paragraphe 2.1.1).
Ça donne
Z 5kb T
V
ω(T ) ≈ g(ε) dε ≈ 8, 4 3 N ⇒ nΛ3 (T ) 1
0 Λ (T )
nΛ3 (T ) 1 (2.43)
Atomes et molécules. Plus la masse molaire est faible, plus les effets quan-
tiques se font sentir. Dans le tableau ci-dessous, indiquant pour chaque
atome ou molécule sa masse molaire M en g/mol, on donne la condi-
tion que l’on doit avoir sur n à l’ambiante (T = 300 K) ; on a ajouté la
molécule H2 à la liste des gaz parfaits typiques que sont les gaz rares :
3 4
H2 He He Ne Ar Kr Xe unité
M 2 3 4 20 40 84 131 g/mol
n 4 600 8 400 13 000 145 000 410 000 1 250 000 2 430 000 mol/L
Atomes et molécules
Si une particule possède trois degrés de liberté, cela signifie en mécanique classique
que chacune de ses trois coordonnées de position est libre de prendre telle ou telle
valeur indépendamment des valeurs prises par les deux autres. En mécanique quan-
tique, cela signifie que l’état orbital[ 1] de la particule est défini par trois nombres
quantiques indépendants (exemple : pour la particule libre dans une boîte cubique,
ce sont les trois nombres nx , ny , nz de la formule 2.26).
Autrement dit, on ne sait pas bien ce qui se passe à l’intérieur, mais on saura le
représenter par une fonction de partition « interne » de la forme
∗ ∗∗ /k T
zTnucl (T ) = ωn e−εn /kb T + ωn∗ e−εn /kb T + ωn∗∗ e−εn b
+...
Passons à l’échelle supérieure. L’atome est constitué d’un noyau et d’un cortège ou
nuage d’électrons. Comme pour le noyau, ce qui se passe à l’intérieur du nuage ne
nous intéresse pas. On représentera la structure interne de ce nuage par des niveaux
d’énergie (εe , ωe ), (ε∗e , ωe∗ ), (ε∗∗
e , ωe ), etc., autrement dit par la fonction de partition
∗∗
∗ ∗∗ /k
zTélec (T ) = ωe e−εe /kb T + ωe∗ e−εe /kb T + ωe∗∗ e−εe bT
+...
Le noyau se moque éperdument de ce qui l’entoure ; le fait qu’il soit seul ou entouré
d’électrons ou d’autres noyaux n’a aucune influence sur sa structure interne. Cela
signifie que la structure interne d’un atome sera représentée par une fonction de
partition interne égale au produit des deux fonctions de partition :
1. « orbital » signifie « spatial », autrement dit qui concerne les variables d’espace x, y, z ; pour
décrire un état orbital, on oublie les propriétés purement quantiques telles que le spin.
3.1 Degrés de liberté (27 janvier 2024) 57
2. Un électron étant environ 1837 fois plus léger qu’un nucléon, les noyaux sont considérés
comme les uniques porteurs de masse.
58 (27 janvier 2024) CHAPITRE 3. ATOMES ET MOLÉCULES
Les noyaux. Pour estimer ce que l’on doit prendre en compte ou non, on est
conduit à calculer des probabilités. Ici, on s’intéressera à la probabilité d’observer
un noyau donné à son premier niveau excité (ε∗n , ωn∗ ) :
∗ ∗
ω ∗ e−εn /kb T ωn∗ e−εn /kb T
Pn∗ (T ) = n nucl =
zT (T ) ωn e−εn /kb T + ωn∗ e−ε∗n /kb T + ωn∗∗ e−ε∗∗
n /kb T + . . .
3. À l’origine, on pensait que ce moment cinétique était lié à une rotation de la particule sur
elle-même (d’où le terme de spin : to spin = tournoyer en anglais) ; de nombreuses contradictions
permettent de dire que cette analogie avec le mouvement des planètes est fausse.
4. Lorsqu’on applique un champ magnétique, l’équiprobabilité disparaît : au moment cinétique
~ est associé un moment magnétique µ
de spin S ~ la particule
~ s ; sous champ d’induction magnétique B,
emmagasine une énergie −~ ~
µs · B qu’il faudra prendre en compte dans le calcul des fonctions de
partition.
3.1 Degrés de liberté (27 janvier 2024) 59
On peut voir, en factorisant ωn e−εn /kb T au dénominateur, que Pn∗ (T ) n’est fonction
que des rapports (ωn∗ /ωn ), ..., et des écarts ∆ε∗n = (ε∗n − εn ), ... :
∗
(ωn∗ /ωn ) e−∆εn /kb T
Pn∗ (T )
=
1 + (ωn∗ /ωn ) e−∆ε∗n /kb T + (ωn∗∗ /ωn ) e−∆ε∗∗
n /kb T + . . .
Les électrons. Pour les électrons, même chose mais il y a quelques exceptions :
• les gaz rares He, Ne, Ar, Kr, Xe : l’écart ∆ε∗e est de l’ordre de 1 à 3 aJ ; on
devra prendre en compte le premier niveau excité aux températures supérieures
à 10 000 K ;
• les alcalins Li, Na, K, Rb : ∆ε∗e est de l’ordre de 100 à 300 zJ ; il faudra prendre
en compte le premier niveau excité au dessus de 1000 à 3000 K ;
• les halogènes F, Cl, Br, I : ∆ε∗e vaut respectivement 8, 18, 74 et 150 zJ ; le
premier niveau excité est à prendre en compte respectivement au dessus de
80 K, 180 K, 740 K, 1500 K.
On aura donc, suivant que l’on doit prendre en compte ou non le 1er niveau excité :
∗
zTélec (T ) = ωe e −εe /kb T ou zTélec (T ) = ωe e −εe /kb T + ωe∗ e −εe /kb T
5. Un « truc » simple utilisant 10−3 ∼ e−7 et 7kb ∼ 10−22 : une probabilité e−∆ε/kb T devient
non négligeable (> 10−3 ) si T > 1022 ∆ε (T en kelvins, ∆ε en joules).
60 (27 janvier 2024) CHAPITRE 3. ATOMES ET MOLÉCULES
Dans une molécule diatomique AB, les niveaux d’énergie sont fonctions d’une seule
distance internucléaire (r = rab ). Si on trace les niveaux d’énergie U (r), U ∗ (r),
U ∗∗ (r), etc., on trouve des courbes présentant un minimum en (re , εe ), (re∗ , ε∗e ),
e ), etc. (figure 3.1). En général, seul le niveau fondamental est accessible
(re∗∗ , ε∗∗
aux températures habituelles. Mais il arrive parfois que l’on ait à prendre en compte
le premier niveau excité (jamais le deuxième dans la pratique).
Dans une molécule polyatomique, les niveaux d’énergie U , U ∗ , U ∗∗ , etc., sont fonc-
tions de p distances internucléaires (rj=1...p ). Pour un niveau donné, on représente les
surfaces équipotentielles dans un espace à p dimensions dont les axes portent les rj .
Dans tous les cas pratiques, seul le niveau fondamental U (rj=1...p ) est à prendre en
compte. Celui-ci présente un minimum εe correspondant à la configuration d’équi-
libre. Le cas le plus simple est celui de la molécule triatomique linéaire ABC : deux
distances r1 = rab et r2 = rbc suffisent à la décrire et un graphe à deux dimensions
est possible (figure 3.2).
Pour l’étude du mouvement des noyaux, on construit un hamiltonien, somme de
l’énergie cinétique des noyaux et d’une énergie potentielle égale à U (rj=1...p ), ou
éventuellement U ∗ (rj=1...p ), U ∗∗ (rj=1...p ). Cette approximation est justifiée par le fait
que les noyaux, plus lourds, ne sont pas sensibles aux mouvements instantanés des
électrons mais seulement à leur répartition moyenne dans l’espace. Le nuage d’élec-
trons joue ainsi le rôle de champ d’énergie potentielle pour les noyaux.
Une fois le problème résolu, on trouve en principe des niveaux d’énergie correspon-
dant aux mouvements des noyaux, c’est-à-dire aux mouvements de rotation de la
molécule et de vibration des noyaux au voisinage de leurs positions d’équilibre.
Moyennant ces approximations, dans les cas où seul le niveau fondamental électro-
nique est accessible, les degrés de liberté électroniques sont séparables des autres
degrés de liberté internes (rotation et vibration des noyaux). Si ce n’est pas le cas
(NO et O2 par exemple, où le premier niveau excité est accessible), on fait deux cal-
culs distincts, l’un avec U (r), l’autre avec U ∗ (r), avec pour chaque calcul séparation
entre les degrés de liberté électroniques et les autres degrés de liberté internes.
62 (27 janvier 2024) CHAPITRE 3. ATOMES ET MOLÉCULES
avec Lvib (r, ṙ) = 21 m ṙ2 − U (r) et Lrot (θ, θ̇, ϕ̇) = 21 m re2 (θ̇2 + ϕ̇2 sin2 θ)
La séparation des variables permet d’écrire
zTrot,vib (T ) = zTvib (T )zTrot (T )
7. K pour kinetic energy ; la lettre T est prise par la température.
3.2 Molécules diatomiques (27 janvier 2024) 63
∞ 1
Sa fonction de partition se calcule sans approximation, sachant xn = :
P
n=0 1−x
e−~ω/2kb T 1
zTvib (T ) = =
1 − e−~ω/kb T 2 sh 2k~ωb T
Cette fonction de partition permet de calculer les propriétés ci-dessous.
• Probabilité d’observer un état n :
e−εn /kb T n
= 1 − e−~ω/kb T e−~ω/kb T (3.7)
Pn (T ) = vib
zT (T )
∞ x
• Nombre quantique moyen, sachant n xn = :
P
n=0 (1 − x)2
∞ 1
(3.8)
P
n̄(T ) = n Pn (T ) =
n=0 e ~ω/kb T −1
• Énergie moyenne :
~ω ~ω
ε̄(T ) = ~ω n̄(T ) + 21 = (3.9)
coth
2 2kb T
• Capacité thermique :
" ~ω #2
∂ ε̄
c(T ) = = kb 2kb T
(3.10)
∂T sh 2k~ωb T
• Énergie libre :
~ω
f (T ) = −kb T ln zTvib (T ) = kb T ln 2 sh (3.11)
2kb T
• Entropie :
ε̄(T ) − f (T ) ~ω ~ω ~ω
s(T ) = = kb coth − ln 2 sh (3.12)
T 2kb T 2kb T 2kb T
64 (27 janvier 2024) CHAPITRE 3. ATOMES ET MOLÉCULES
CVvib (T, N ) ≈ N kb
T
Svib (T, N ) ≈ N kb + N kb ln
θv
• qu’en dessous de 0,1 θv , la capacité thermique est très faible. C’est le domaine
où il est possible de négliger les populations des états excités. Pour les calculs,
il faut tout de même prendre en compte le premier niveau excité. On dira
qu’en dessous de 0,1 θv , tous les oscillateurs sont dans leur état fondamental
sauf quelques uns se trouvant dans leur premier état excité. Par une série
d’approximations du premier ordre, on trouve :
1
Evib (T, N ) ≈ N kb θv + N kb θv e−θv /T
2
2
θv
vib
CV (T, N ) ≈ N kb e−θv /T
T
θv −θv /T
Svib (T, N ) ≈ N kb 1 + e
T
3.2 Molécules diatomiques (27 janvier 2024) 65
Vues les valeurs élevées de θv , le modèle simplifié des hautes températures (traite-
ment classique) est dans tous les cas insuffisant,
le traitement quantique est obligatoire.
Pour le calcul de α(T ), on dit tout simplement que les atomes dans les états excités
ne sont pas dans l’état fondamental d’énergie 12 ~ω = 12 kb θv :
Cette fraction α(T ) est tout à fait négligeable à 300 K (sauf pour les plus lourds
Cl2 , Br2 , I2 ), mais l’est beaucoup moins, et même souvent pas du tout, à 1000 K.
8. D est le deutérium, isotope de l’hydrogène dont le noyau est un deutéron, constitué d’un
proton et d’un neutron ; l’isotope habituel possède quant à lui un noyau réduit à un proton ; c’est
pourquoi on l’appelle parfois le protium.
9. Pour obtenir la fréquence d’oscillation en THz, diviser θv par 1012 h/kb ≈ 50.
66 (27 janvier 2024) CHAPITRE 3. ATOMES ET MOLÉCULES
Le facteur σ permet de distinguer les molécules symétriques (de type A2 ici) de celles
qui ne le sont pas (de type AB). Pourquoi ? Parce que si la molécule est symétrique,
une rotation d’angle π correspond à la permutation des deux noyaux ; ceux-ci étant
identiques, donc indiscernables, la molécule reste dans le même état après cette
rotation ; il faut donc diviser par 2 le résultat de la somme sur j. On a donc
σ = 2 si la molécule est symétrique (homonucléaire)
σ = 1 si la molécule est asymétrique (hétéronucléaire)
Les résultats ci-dessous sont exprimés en fonction de sommes Σn (n = 0, 1, 2) non
calculables analytiquement :
θr Σ1
Frot (T, N ) = −N kb T ln Σ0 Srot (T, N ) = N kb + N kb ln Σ0
T Σ0
θr2 Σ2 Σ21
Σ1 rot
Erot (T, N ) = N kb θr CV (T, N ) = N kb 2 −
Σ0 T Σ0 Σ20
1 P∞
avec Σn = j n (j + 1)n (2j + 1) e−j(j+1)θr /T (n = 0, 1, 2)
σ j=0
On donne figure 3.4 l’allure de la courbe CVrot (T, N ) obtenue.
À haute température, l’écart moyen entre deux niveaux d’énergie devient extrê-
mement faible par rapport à l’énergie moyenne. On peut alors remplacer l’indice j
par une variable x continue et les sommes discrètes par des intégrales. On trouve :
n+1
n! T 1 T 1 T2 2 T3
Σn = → Σ0 ≈ ; Σ1 ≈ ; Σ 2 ≈
σ θr σ θr σ θr2 σ θr3
T T
zTrot (T ) ≈ Srot (T, N ) ≈ N kb + N kb ln
σ θr σ θr
C’est la fonction de partition d’une particule de masse m (la masse réduite définie au
paragraphe 3.2.1) se déplaçant librement sur une sphère ou demi-sphère de rayon re .
L’analogie avec le gaz parfait bidimensionnel permet d’estimer les vitesses moyennes
de rotation. La vitesse moyenne v̄ est donnée par la relation (2.9), et la vitesse
angulaire ν̄, en tours par seconde, par la relation ν̄ = v̄/(2πre ) :
r
πkb T kb p
v̄ = (en m/s) ν̄ = πθr T (en tr/s ou Hz)
2m h
Dans le tableau ci-dessous, ces vitesses ont été calculées à 300 K. La masse m utilisée
est la masse réduite de la molécule.
moléc θr (K) v̄ (m/s) ν̄ (GHz) moléc θr (K) v̄ (m/s) ν̄ (GHz)
H2 88, 60 2798 6020 N2 2, 89 761 1090
HD 66, 45 2427 5220 CO 2, 78 750 1070
D2 44, 30 2009 4260 NO 2, 46 720 1000
O2 2, 09 703 930
HCl 15, 30 2003 2500 Cl2 0, 172 336 270
HBr 12, 30 1993 2240 Br2 0, 058 214 150
HI 9, 50 2531 1970 I2 0, 027 183 110
Au vu de la courbe CVrot (T, N ), figure 3.4, le traitement classique est correct pour
les températures supérieures à 2 θr . Étant données les valeurs de θr ci-dessus, dans
la plupart des cas
le traitement classique est suffisant.
Mais attention à l’hydrogène : le modèle classique est tout juste valable à l’am-
biante pour H2 ; pour les autres molécules hydrogénées, le traitement quantique est
nécessaire uniquement à basse température.
68 (27 janvier 2024) CHAPITRE 3. ATOMES ET MOLÉCULES
α=1àn
3n
◦ e±iω` t
(3.32)
P
xαj (t) = β` xαj`
`=1 j=1à3
avec des coefficients β` et des signes ± tels que les xαj (t) soient des nombres réels.
Posons
α=1àn
3n
±iω` t
(` = 1 à 3n) ⇒ xαj (t) = ◦
(3.33)
P
Q` (t) = β` e Q` (t)xαj`
`=1 j=1à3
On fait passer les sommes sur ` et `0 devant, on utilise les équations 3.26, et à
nouveau l’orthonormalité (3.31) :
1P 3n P3n n P 3 h Pn P 3 i
P ◦ α0 j 0 ◦
U= Q` Q` 0 xαj` Dαj xα0 j 0 `0
2 `=1 `0 =1 α=1 j=1 α0 =1 j 0 =1
1P 3n P3n hPn P 3 i 1P 3n P 3n
= ω`20 Q` Q`0 Mα x◦αj` x◦αj`0 = δ``0 ω`20 Q` Q`0
2 `=1 `0 =1 α=1 j=1 2 0
`=1 ` =1
Résultat :
1P 3n
U= ω 2 Q2 (3.35)
2 `=1 ` `
3.3 Molécules polyatomiques (27 janvier 2024) 73
Le lagrangien
1P 3n
L=K −U = (Q̇2 − ω`2 Q2` ) (3.36)
2 `=1 `
permet d’écrire les 3n équations de Lagrange
d ∂L ∂L
− = 0 ⇒ Q̈` + ω`2 Q` = 0 (` = 1 à 3n) (3.37)
dt ∂ Q̇` ∂Q`
qui montrent bien que notre oscillateur initial à 3n dimensions est découplé en 3n
oscillateurs harmoniques linéaires indépendants.
Les Q` , ` = 1 à 3n, sont par définition les coordonnées normales du système.
Notez bien que les qi définis en (3.27), que nous appellerons coordonnées généralisées,
ainsi que les Q` , ne s’expriment pas en mètres mais en m·kg1/2 .
2. Molécule plane. Elle est constituée de n atomes arrangés sur un plan xy.
Puisqu’on n’envisage que les mouvements dans le plan xy, on a 2n degrés
de liberté en tout, et trois invariances : par translation le long de l’axe x, par
translation le long de l’axe y, et par rotation autour de l’axe z perpendiculaire.
Ça donne (2n − 3) degrés de liberté de vibration, et donc (2n − 3) ressorts au
minimum à placer. Il peut arriver d’en mettre plus, pour affiner, et surtout
pour respecter les symétries. Une molécule carrée A4 par exemple nécessite
5 ressorts : soit 4 côtés + 1 diagonale, soit 3 côtés + 2 diagonales. Comme
il n’y a aucune raison de privilégier un côté par rapport aux trois autres, ou
une diagonale par rapport à l’autre, il est nécessaire de mettre 6 ressorts : 4
de même raideur C sur les côtés, et 2 de même raideur C 0 sur les diagonales ;
le fait que deux ressorts se croisent n’a aucune importance.
3. Molécule tridimensionnelle (ni linéaire, ni plane). C’est le cas général : 3n
degrés de libertés en tout, 3 invariances par translation et 3 invariances par
rotation. Ce qui donne (3n − 6) degrés de liberté de vibration, et donc (3n − 6)
ressorts au minimum. Ou plus pour respecter les symétries.
√ √
(g) Effectuer le changement de variables q1 = xa ma , q2 = xb mb dans le
système trouvé à l’item (c). En posant également λ = ω 2 , vous devez en
principe trouver un système de la forme (3.29) :
(∆11 − λ)q1 + ∆12 q2 = 0
∆21 q1 + (∆22 − λ)q2 = 0
Vérifier la symétrie ∆12 = ∆21 .
(h) Écrire l’équation aux valeurs propres et vérifier que ses solutions λ1 et λ2
sont bien égales aux ω12 et ω22 trouvés à l’item (e).
(i) Calculer le vecteur propre associé à chaque valeur propre.
Remplacer λ par λ1 dans le système trouvé à l’item (g) et en déduire
une relation liant q1 et q2 . Le vecteur ~e1 associé à λ1 est l’un des deux
vecteurs normés dont les composantes q1 et q2 vérifient cette relation.
Recommencer avec λ2 . Vérifier l’orthogonalité ~e1 · ~e2 = 0.
(j) Dans l’énergie cinétique K = 21 (ma ẋ2a + mb ẋ2b ) et l’énergie potentielle U ,
√ √
effectuer le changement de variables xa = q1 / ma et xb = q2 / mb .
Suite à cela, effectuer le second changement de variables
○ ○
q1 1 3 Q1
=
q2 ○2 ○4 Q2
où ○,
1 ○ 2 sont les composantes de ~e1 , et où ○, 3 ○ 4 sont celles de ~
e2 .
Cette procédure n’est valable que si ~e1 et ~e2 sont orthogonaux et normés.
Q1 et Q2 sont ce qu’on appelle les coordonnées normales du système.
(f) Aux deux autres modes (correspondant aux vibrations), sont associés des vec-
teurs ~e(q1 , q2 , q3 ) orthogonaux à ~e1 . Écrire cette orthogonalité (~e1 · ~e = 0), et
en déduire une expression de q2 en fonction de q1 et q3 .
Remplacer q2 par cette expression dans le système trouvé à l’item (d) et consta-
ter que l’une des 3 équations est redondante. On ne conservera, par exemple,
que la première et la troisième.
(g) On a maintenant un système de deux équations à deux inconnues q1 et q3 .
On pourrait calculer son déterminant, mais pour éviter ce calcul, on utilise la
symétrie de la molécule : on sait que l’un des modes à trouver possède toutes
les symétries de la molécule, en l’occurrence ici un plan de symétrie. Un jeu
de déplacements possédant cette symétrie est tel que xb = 0 et xc = −xa .
On vérifiera que le vecteur propre (normé) associé aux jeux de déplacement
symétriques est
h i
~e2 √12 ; 0; − √12
Poser q3 = −q1 dans le système trouvé à l’item (f). En déduire la valeur propre
λ2 associée à ~e2 .
(h) Au dernier mode à trouver est associé un vecteur ~e3 (que l’on choisira normé)
perpendiculaire à ~e1 et ~e2 .
Calculer ce vecteur ~e3 ainsi que la valeur propre λ3 qui lui est associée.
(i) Effectuer le changement de variables (xa , xb , xc ) → (q1 , q2 , q3 ) → (Q1 , Q2 , Q3 )
dans l’énergie cinétique et dans l’énergie potentielle.
Exemple.
CO2 est une molécule triatomique linéaire symétrique. On trouve expérimentalement
qu’elle possède les deux pulsations propres (440, 0 ± 0, 5) THz et (247, 5 ± 0, 5) THz.
Calculer C, C 0 et leurs fouchettes d’erreur, sachant que c’est du carbone 12 et de
l’oxygène 16 (M ≈ 20, 085 296 530 (9)×10−27 kg, m ≈ 26, 780 395 374 (12)×10−27 kg).
Était-il pertinent de placer le ressort de raideur C 0 ?
C(0, 1), reliés entre eux par trois ressorts de raideur C ; calculer les trois
vecteurs unitaires ~eab , ~ebc , ~eca puis les trois allongements δ`ab , δ`bc , δ`ca en
fonction de trois déplacements ~ra (xa , ya ), ~rb (xb , yb ), ~rc (xc , yc ) ; en déduire
l’énergie potentielle U (xa , ya , xb , yb , xc , yc ).
(b) Équations du mouvement. Établir les équations du mouvement et les ap-
pliquer à des déplacements sinusoïdaux de pulsation ω.
3.4 Exercices : vibrations dans les molécules (27 janvier 2024) 79
√ √ √
(c) Effectuer
√ le changement
√ de variables
√ q1 = xa m, q2 = xb m, q23 = xc m,
q4 = ya m, q5 = yb m, q6 = yc m, et poser, non pas λ = ω mais
2mω 2
λ=
C
On mettra le résultat sous la forme matricielle [A] − λ[I] ~e.
Remarque : tous les coefficients de la matrice [A] sont des entiers relatifs.
Pour calculer les valeurs propres, surtout ne pas calculer le déterminant : nous
allons utiliser les six invariances pour ne conserver que trois variables ; j’ai
choisi cet ordre « farfelu » pour qu’il nous reste au final (q1 , q2 , q3 ). Ensuite
nous utiliserons le fait que l’un des modes de vibration recherchés possède les
symétries de la molécule.
Invariances et symétries. Le système possède 6 invariances : 3 par trans-
lation, 3 par rotation. Si on se tapait le calcul du déterminant (9 × 9), on
constaterait que λ se factorise 6 fois.
Il nous faut trois translations indépendantes et trois rotations indépendantes.
Lesquelles ? N’importe ! Les plus simples à écrire.
La translation rigide de la molécule suivant l’axe Ox s’écrit xa = xb = xc et
tous les autres nuls ; dans l’espace des configurations, elle sera représentée par
le vecteur normé ~ext = √13 (100 010 001) ; de même pour les deux autres axes :
~ext = √13 (100 010 001); ~eyt = √13 (010 001 100); ~ezt = √13 (001 100 010)
La rotation rigide de la molécule autour de l’axe Ox s’écrit yc = −zb et tous
les autres nuls ; dans l’espace des configurations, elle sera représentée par le
vecteur normé ~exr = √12 (000 100 1̄00) ; de même pour les deux autres axes :
~exr = √12 (000 100 1̄00); ~eyr = √12 (000 010 01̄0); ~ezr = √12 (000 001 001̄)
J’ai mis les signes (−) au dessus des chiffres, comme en cristallographie :
Notation : 1̄ = −1 .
80 (27 janvier 2024) CHAPITRE 3. ATOMES ET MOLÉCULES
Par cette opération, les termes ○ 1 et ○2 ne changent pas en effet, mais les
termes ○ 3 changent de signe. Pour que l’énergie potentielle ne soit pas mo-
difiée par l’opération, les termes ○3 sont nécessairement nuls ; il n’y a pas de
corrélation entre mouvements plans et mouvements transverses.
Pour l’étude des mouvements transverses dans une molécule plane, on utilisera
donc une expression de la forme
P α0
U = 12 Dα zα zα0
αα0
Dans une molécule linéaire. L’énergie potentielle est de la même forme initiale
que pour la molécule plane, mais découpée différemment :
○1 ○2
h z 0 }| { z 0 }| {
1 αx αy α0 z
P
U=2 Dαx xα xα0 + Dαx xα yα0 + Dαx xα zα0
αα0
i
α0 y α0 z α0 z
+ Dαy yα yα0 + Dαz zα zα0 + Dαy yα zα0
○
| {z }
3
Le terme ○ 1 est celui que l’on a utilisé pour l’étude des mouvements longi-
tudinaux, et les termes ○ 2 s’éliminent de la même façon que les termes ○ 3
précédents (voir molécule plane). Il nous reste les trois jeux de coefficients ○. 3
Les 15 coefficients dans cette formule ne sont pas indépendants, il existe des
relations entre eux, que l’on peut déduire des symétries de la molécule et des
invariances par translation et rotation.
82 (27 janvier 2024) CHAPITRE 3. ATOMES ET MOLÉCULES
(a) Les symétries. La molécule est invariante par rotation de 90◦ autour de
son centre : la permutation circulaire a → b, b → c, c → d, d → a doit
laisser inchangée l’énergie potentielle. On en déduit que, dans l’expression
de U ci-dessus, les 4 coefficients de la deuxième ligne sont égaux, les 4
coefficients de la troisième ligne sont égaux, et les 2 coefficients de la
quatrième ligne sont égaux.
L’énergie potentielle est donc de la forme
U = 12 C0 ze2 + 21 C1 (za2 + zb2 + zc2 + zd2 ) + C2 (za zb + zb zc + zc zd + zd za )
+ C3 (ze za + ze zb + ze zc + ze zd ) + C4 (za zc + zb zd )
(b) Les invariances. Écrire les cinq équations du mouvement. Utiliser les 3
invariances (i) par translation parallèlement à z, (ii) par rotation autour
de x, (iii) par rotation autour de y pour montrer que l’énergie potentielle
est de la forme
U = 21 C(za + zb + zc + zd − 4ze )2 + 12 C 0 (za − zb + zc − zd )2
Coup de pouce : poser C1 = C + C 0 et C2 = C − C 0 .
(c) Résolution. Ne faites pas c’est trop lourd...
3. Exemple de molécule linéaire : molécule triatomique symétrique.
On reprend l’exemple de la molécule A−B−A. Les atomes de l’espèce A sont
de masse ma , ceux de l’espèce B de masse mb , et les trois atomes sont indexés
a, b, c dans l’ordre de la formule chimique.
On étudie les mouvements suivant l’axe y en partant de l’expression
by 2 cy
U = 12 Day ya + 21 Dby
ay 2
yb + 21 Dcy
cy 2 by
yc + Day cy
ya yb + Day ya yc + Dby yb yc
11. Les nombres de réactifs et de produits peuvent être supérieurs (ou inférieurs) à 2. La dis-
cussion n’en sera pas modifiée.
84 (27 janvier 2024) CHAPITRE 3. ATOMES ET MOLÉCULES
T (K) 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 40 000 50 000 100 000
α ∼ 10−6 0, 0037 0, 0678 0, 2764 0, 5607 0, 7763 0, 9426 0, 9798 0, 9985
86 (27 janvier 2024) CHAPITRE 3. ATOMES ET MOLÉCULES
T (K) 1 000 1 500 2 000 3 000 4 000 5 000 10 000 15 000 20 000
−9 −5
α ∼ 10 ∼ 10 0, 0006 0, 0413 0, 2823 0, 6630 0, 9939 0, 9987 0, 9994
3.5 Équilibres chimiques entre gaz parfaits (27 janvier 2024) 87
On en déduit
q
1 + 2 α∗ Γ(T ) − 1 4 − Kc (T )
α(T, ξ) = avec Γ(T ) = et α∗ = 2ξ(1 − ξ)
Γ(T ) Kc (T )
√ sh 3105 sh 2195
et pour mémoire Kc (T ) = 3 2 T
T
2690 2
sh T
(ii) ξ = 1
2
⇒ α∗ = 1
2
:
(iii) ξ = 3
4
⇒ α∗ = 3
8
:
L’équilibre apparaît comme étant le résultat d’une compétition entre potentiel exté-
rieur et potentiel chimique : le potentiel extérieur tend à concentrer les particules là
où il est minimum, alors que le potentiel chimique tend à homogénéiser le système.
Supposons maintenant que la hauteur de la colonne n’est pas infinie mais vaut h ;
si on place l’origine à mi-hauteur, on doit avoir, connaissant la densité moyenne n̄,
autrement dit la densité homogène que l’on obtiendrait en l’absence du champ de
pesanteur,
Z +h/2
n(z) dz = n̄h
−h/2
Les deux extrêmes : (i) au zéro absolu (y → ∞), on trouve z̄ = − 12 h : les molécules
s’agglutinent là où l’énergie potentielle est minimale ; (ii) aux températures infinies
(y → 0), on trouve z̄ = 0 : cette fois c’est le potentiel chimique qui joue son rôle, et
les molécules sont réparties de façon homogène dans la colonne.
3.6 Gaz parfait sous champ de force extérieur (27 janvier 2024) 91
La fonction
1
L(y) = coth y −
y
est la fonction de Langevin représentée figure 3.5.
1
Figure 3.5 – Fonction de Langevin L(y) = coth y −
y
Figure 3.6 – Gaz sous champ électrique : géométrie et répartition des charges fictives
que par conséquent les charges sont agglutinées sur les parois supérieure et inférieure,
et donc que l’enceinte est entièrement vide.
13. 0 est la permittivité diélectrique du vide : 0 = 8, 854 187 8128 (13)×10−12 F/m.
3.6 Gaz parfait sous champ de force extérieur (27 janvier 2024) 93
Mais ce que nous n’avons pas pris en compte, c’est que la répartition non homogène
des charges crée un champ électrique induit venant se superposer (s’opposer) au
champ appliqué. Ce champ induit est impossible à calculer puisqu’il nécessite la
connaissance de la répartition des charges, c’est-à-dire du résultat. Le milieu est
dit diélectrique : le champ électrique effectif présent dans le milieu est différent du
champ appliqué.
À partir de maintenant, E désignera le champ effectif. Le champ appliqué σ/0 sera
noté D. La constante diélectrique du milieu est définie par la relation D = E.
Soit D0 = E − D le champ induit. Tout comme à D est associée une densité de
charge σ, on associe à D0 une charge fictive σ 0 : le champ D0 est égal à celui que
provoquerait la présence de densités de charge +σ 0 et −σ 0 respectivement sur les
parois supérieure et inférieure du récipient (figure 3.6 à droite). On écrira donc,
puisque D0 s’oppose au champ appliqué, D0 = −σ 0 /0 . Le champ électrique total
dans le milieu vaut E = D + D0 = D − σ 0 /0 .
En thermodynamique, D est une variable intensive. Tout comme p et T , il peut
être contrôlé de l’extérieur (par l’intermédiaire de σ). Le champ D0 par contre est
incontrôlable : il dépend de la réaction du milieu à l’action de D.
On cherche la variable extensive associée à D ; c’est celle dont le produit avec D
donne l’énergie emmagasinée par le système sous l’effet de D. On la notera M : c’est
par défintion le moment dipolaire total du système.
Calculons le travail fourni au système lorsque σ passe à σ + dσ. Si A est l’aire
des plaques en regard avec l’enceinte, ce travail est utilisé pour transporter une
charge A dσ de la plaque supérieure (chargée négativement) vers la plaque inférieure
(chargée positivement).
À ce déplacement s’oppose un champ E sur une longueur L, et un champ D sur
une longueur L0 − L. D’où le travail fourni : dW1 = ELA dσ + D(L0 − L)A dσ. Si
l’espace entre les deux plaques était vide, ce travail vaudrait dW0 = DL0 A dσ. La
contribution du système vaut donc dW = dW1 − dW0 .
On trouve, sachant V = LA,
σ0 dσ
dW = (E − D)V dσ = D0 V dσ = − V dσ = −σ 0 V = −σ 0 V dD
0 0
La densité de charge σ 0 est habituellement notée P : c’est la polarisation. La grandeur
extensive M recherchée vaut au signe près P V .
Bilan : une contribution −M dD à tout dΦD , où ΦD est un potentiel thermodyna-
mique fonction de D, et par conséquent une contribution +D dM à tout dΦM , où
ΦM est un potentiel thermodynamique fonction de M :[ 14]
E = E(S, V, M, N ) dE = T dS − p dV + D dM + µ dN
F (T, V, M, N ) = E − T S dF = −S dT − p dV + D dM + µ dN
ΦTD (T, V, D, N ) = E − T S − DM dΦTD = −S dT − p dV − M dD + µ dN
ΦTp (T, p, M, N ) = E − T S + pV dΦTp = −S dT + V dp + D dM + µ dN
G(T, p, D, N ) = E − T S + pV − DM dG = −S dT + V dp − M dD + µ dN
14. N étant ici le nombre de couples anion-cation, µ est le potentiel chimique d’un couple ;
puisqu’on suppose que le système reste électriquement neutre en toutes circonstances, on ne peut
faire varier la quantité de matière que couple par couple.
94 (27 janvier 2024) CHAPITRE 3. ATOMES ET MOLÉCULES
L(y) ≈ 1 ⇒ µ̄ = αD + µ0 L(y) ≈ αD + µ0
• Sous faible champ ou à haute température, y est petit. On peut dans ces condi-
tions utiliser le développement limité de L :
y y3 µ2 D
L(y) ≈ − ⇒ µ̄ = αD + µ0 L(y) ≈ αD + 0
3 45 3kb T
Le premier terme est le moment dipolaire induit. On peut vérifier que le
deuxième est la moyenne de la composante parallèle à D ~ du moment dipo-
laire permanent µ ~ 0 , autrement dit µ0 cos θ, dans une situation où l’orientation
de celui-ci est aléatoire :
R 2π R π
(µ0 cos θ) e µ0 D cos θ/kb T sin θ dθ dϕ µ2 D
0
R0 2π R π = 0
e µ0 D cos θ/kb T sin θ dθ dϕ 3kb T
0 0
CV est la capacité thermique habituelle, c’est-à-dire ici celle que l’on mesure à D = 0.
CVD − CV µ0 D
Figure 3.7 – Milieux diélectriques : en fonction de y =
N kb kb T
15. Pour les calculs de CVM , CpM et CpD , on doit dériver par rapport à T , respectivement
E(T, V, M, N ), Φp (T, p, M, N ) = E + pV et H(T, p, D, N ) = E + pV − DM .
Annexe A
Le système étudié est supposé être placé dans un bain très grand fixant les gran-
deurs intensives (β, ξ, γ) : les variables extensives associées (E, V, N ) sont libres de
traverser le contour et ainsi de fluctuer. Nous aurons donc besoin également de
la transformée de Legendre de Σ par rapport à toutes les variables, c’est-à-dire la
fonction Φβξγ :
Φβξγ (β, ξ, γ) = βΘ = βE + ξV + γN − Σ
dΦβξγ = E dβ + V dξ + N dγ (A.2)
(A.3)
P P P P
nm = N ; Em nm = Etot ; Vm nm = Vtot ; Nm nm = Ntot
m m m m
puis à
n∗m
Pm = = e−α0 e−α1 Em e−α2 Vm e−α3 Nm
N
Pour déterminer les multiplicateurs, on introduit le résultat obtenu dans les contraintes
(A.3). Une seule (la première) conduit à quelque chose d’utile :[ 4]
C’est ce qu’on appelle une fonction de partition. Elle n’est fonction que de (α1 , α2 , α3 ).
On la notera Z(α1 , α2 , α3 ) :
− ln Z(α1 , α2 , α3 ) = α1 Em + α2 Vm + α3 Nm + ln Pm
Φβξγ (β, ξ, γ) = βE + ξV + γN − Σ
L’analogie est frappante : on identifie les valeurs moyennes (Ē, V̄ , N̄ ) aux variables
(E, V, N ) de la thermodynamique, on identifie les multiplicateurs (α1 , α2 , α3 ) aux
variables intensives (β, ξ, γ), et on en déduit se qu’on appelle l’entropie statistique :
(A.6)
P
S(β, ξ, γ) = −kb Pm (β, ξ, γ) ln Pm (β, ξ, γ)
m
Ce dernier résultat (A.9) est très important ; il permet de résoudre certains problèmes
de physique statistique sans utiliser la notion de fonction de partition. On peut
l’énoncer ainsi :
Pour un système où les variables (E, V, N ) sont libres de fluctuer,
la probabilité d’observer l’état m, caractérisé par une énergie Em , un
volume Vm et un nombre Nm de particules, est proportionnelle au (A.10)
facteur de Boltzmann e−βEm e−ξVm e−γNm
Annexe B
Les sept unités de base (CGPM = Conférence générale des poids et mesures)
• La seconde, s, est l’unité de temps.
C’est la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition
entre les deux niveaux hyperfins de l’état fondamental de l’atome de césium 133 à une
température absolue T = 0 K (1967, 13e CGPM).
• Le mètre, m, est l’unité de longueur.
C’est la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière pendant une durée de
1/299 792 458 seconde (1983, 17e CGPM).
• Le kilogramme, kg, est l’unité de masse.
Sa valeur est définie en fixant la valeur numérique de la constante de Planck à exactement
6, 626 070 15×10−34 s−1 ·m2 ·kg (2018, 26e CGPM).
• L’ampère, A, est l’unité de courant électrique.
Sa valeur est définie en fixant la valeur numérique de la charge élémentaire à exactement
1, 602 176 634×10−19 A·s (2018, 26e CGPM).
• Le kelvin, K, est l’unité de température.
Sa valeur est définie en fixant la valeur numérique de la constante de Boltzmann à
exactement 1, 380 649×10−23 s−2 ·m2 ·kg·K−1 (2018, 26e CGPM).
• La mole, mol, est l’unité de quantité de matière.
La mole est la quantité de matière d’un système contenant exactement NA =
6, 022 140 76 × 1023 entités élémentaires ; ce nombre NA est appelé nombre d’Avogadro,
et la nature des entités élémentaires doit être spécifiée : atomes, molécules, ions, élec-
trons ou autres particules ou groupements spécifiés de particules (2018, 26e CGPM).
• La candela, cd, est l’unité d’intensité lumineuse dans une direction donnée.
Elle est définie en fixant la valeur numérique de l’efficacité lumineuse d’un rayonnement
monochromatique de fréquence 540×1012 Hz à Kcd = 683 cd·sr·kg−1 ·m−2 ·s3 (1979).
préfixe kilo méga giga téra péta exa zetta yotta ronna quetta
symbole k M G T P E Z Y R Q
+3 +6 +9 +12 +15 +18 +21 +24 +27
valeur 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10+30
préfixe milli micro nano pico femto atto zepto yocto ronto quecto
symbole m µ n p f a z y r q
valeur 10−3 10−6 10−9 10−12 10−15 10−18 10−21 10−24 10−27 10−30
alpha bêta gamma delta epsilon zêta êta thêta iota kappa lambda mu
α β γ δ , ε ζ η θ ι κ λ µ
A B Γ ∆ E Z H Θ I K Λ M
nu ksi omicron pi rhô sigma tau upsilon phi khi psi oméga
ν ξ o π ρ σ, ς τ υ φ, ϕ χ ψ ω
N Ξ O Π P Σ T Υ Φ X Ψ Ω
(27 janvier 2024) 105
Constantes universelles
Les valeurs des constantes physiques sont mises à jour tous les quatre ans dans une banque de
données appelée CODATA. En voici quelques unes issues du dernier millésime (2018, 26e CGPM).
Les cinq premières constantes du tableau ci-dessous sont exactes par définition du système d’unités ;
d’autres en découlent directement et sont donc exactes également[ 1] . Les autres sont déduites de
l’expérience : les chiffres entre parenthèses représentent l’incertitude.[ 2]
Moment magnétique de l’électron µe = −9, 284 764 7043 (28) ×10−24 J/T
Moment magnétique du proton µp = 1, 410 606 797 36 (60) ×10−26 J/T
Moment magnétique du neutron µn = −9, 662 3651 (23) ×10−27 J/T
1. L’année lumière est la distance parcourue par la lumière pendant une année julienne ; celle-ci
vaut 365,25 jours solaires exactement ; le jour solaire vaut 24 heures exactement, et l’heure vaut
3 600 secondes exactement ; vous multipliez 365, 25 × 24 × 3600 par 299 792 458 et vous obtenez les
9, 46... petamètres annoncés.
2. par exemple x = 1, 234 56 (78)×10−9 signifie x = (1, 234 56 ± 0, 000 78)×10−9 .