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REPUBLIQUE DU SENEGAL

OFFICE NATIONAL DE LUTTE CONTRE LA


FRAUDE ET LA CORRUPTION (OFNAC)

RAPPORT D'ENQUETE N° 03 /2019

Affaire Ousmane Sonko contre le nommé Mamadou Mamour Diallo et


Consorts

Exemplaire No 01
Le 22/10/2019

Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC)


Mermoz Pyrotechnie, Cité Keur Gorgui, lot 72 et 73 TERANGA 2, sis sur la VDN, BP : 6816 Dakar-Etoile,
Numéro vert : 800 000 900 / Site : www.ofnac.sn
Sommaire

II- LES FAITS ................................................................................................. 5

III- L’ENQUETE .............................................................................................. 8

IV- CONCLUSION .................................................................. ……………..34

V- ANNEXES …………………………………………………………………………41

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REPUBLIQUE DU SENEGAL Dakar le 22/10/2019

Un Peuple – Un But – Une Foi


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Office National de Lutte contre la


Fraude et la Corruption
-------
Département Investigations

RAPPORT D'ENQUETE
N° 03 /2019

OBJET :Lettre de dénonciationen date du 10 avril 2018 du sieur Ousmane SONKO, Député à
l’Assemblée Nationale et Président du parti politique « Pasteef-Les Patriotes »,adressée à
Madame la Présidente de l’OFNAC, pour des faits supposés de « transactions irrégulières et
de détournement de deniers publics »portant sur le préjudice de 94.783.159.000 FCFA.

INCRIMINATION :

Association de malfaiteurs, art 238 du CP;

Escroquerie portant surdes deniers publics art 152 à 154 du CP;

Tentative d’escroquerie portant sur des deniers publics ;

et complicités de ces faits ;

REFERENCES :

la lettre de dénonciation en date du 10 avril 2018 ;


l’ordre d’ouverture d’enquête au N°27/PR/CAB/OFNAC du 25 juin
2017 ;
l’ordre de continuation d’enquête au 33/PR/CAB/OFNAC du 23 avril
2019.

PIECES JOINTES : Voir annexes.

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I. LES FAITS :

Le 10 avril 2019, l’Office national de lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) a été
saisie d’une plainte par le sieur Ousmane SONKO, député à l’Assemblée nationale et
Président du parti politique « PASTEEF-LES PATRIOTES », pour des fait supposés de
« transactions immobilières irrégulières et de détournements de deniers publics ».
Il ressort, en substance, de l’enquête menée, que le TF 1451/R d’une contenance de 258
hectares sis à Rufisque et inscrit au nom de « Feu Ousmane MBENGUE », avait été vendu,
par actes notariés, à la société immobilière « SAIM INDEPENDANCE », dans les années
1978 et 1979.

En 1988, cette société immobilière, dans le cadre d’un échange, a accepté de l’Etat du Sénégal
un terrain d’une superficie de 01 ha 49a 50 ca sis à Mermoz, distrait du TF 5725/DG, contre
132 hectares environ, amputés du TF 1451/R. Au terme de cet échange, autorisé suivant acte
administratif, ces 132 ha, environs, ont été immatriculés TF 2887/R, inscrit au nom de l’Etat
du Sénégal.

Plus tard en 1997, la SN HLM, suite à une expropriation pour cause d’utilité publique,décidée
par l’Etat, sur le TF 1451/R et portant sur l’assiette foncière reliquataire, a bénéficié des 125
hectares restants en vue d’y édifier son projet de « parcelles assainies Keur Massar-Rufisque
». A cet effet, la SN HLM a affirmé avoir dédommagé, en retour, la SAIM
INDEPENDANCE, moyennant la somme de six cent cinq millions huit cent cinquante-trois
mille cinq cent (605.853.500) frs CFA, par un chèque que le Directeur Général de la société
destinataire, Monsieur Amadou Makhtar MBAYE, a déclaré n’avoir jamais reçu.

Ayant contesté l’acquisition du TF 1451/R par la « SAIM INDEPENDANCE », effectuée


dans les années 1978 et 1979, les héritiers de « Feu Ousmane MBENGUE » ont esté en
justice contre cette société immobilière pour obtenir plus tard, suivant arrêt de la Cour
d’Appel de Kaolack en date du 09 février 2012 :l’annulation de cette vente ;la radiation de
l’inscription de « SAIM INDEPENDANCE » dans les livres fonciers de Rufisque
concernant le TF 1451/R et l’inscription des droits des requérants sur les 258 ha du TF
1451/R après l’avoir remis dans son état d’avant les années 78 et 79.

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Toutefois, les héritiers se sont rendus compte que leurs droits patrimoniaux n’ont été
reconduits, par la Conservation foncière de Rufisque, que sur les 125 hectares restants du TF
1451/R déjà occupés par la SN HLM et pas sur les 132 hectares devenus le TF 2887/R.

Désirant se faire indemniser, par l’Etat du Sénégal, sur la totalité de la surface du TF 1451/R,
à savoir sur les 258 hectares, les ayant-droits ont effectué les démarches nécessaires. Une
première demande d’indemnisation concernant les 125 ha a été alors introduite et le dossier y
relatif a atterri à la Commission de Contrôle des Opérations Domaniale (CCOD) qui, en sa
séance du 19 janvier 2016, approuvée le 22 suivant, a suspendu l’affaire avec comme
observations : « Ré-instruire par rapport à la première expropriation-Avis SN HLM sur les
circonstances de l’occupation ». Depuis lors la CCOD n’est plus informée, encore moins
saisie du cas du TF 1451/R d’après son président, Monsieur Mouhamadou Moustapha DIA.

Voulant contourner les exigences de la CCOD, les représentants des familles héritières, sauf
le sieur Djibril DIAL, ont été mis en contact avec le nommé Seydou dit Tahirou SARR,
Directeur général des sociétés SOFICO et CFU, qui leur a proposé d’acquérir leurs « droits,
actions et créances » sur le TF 1451/R dans son intégralité totale (258 ha), au prix de deux
milliards cinq cent millions (2.500.000.000) frs CFA, qu’il payerait plus tard en plusieurs
tranches, nonobstant le refus du contestataire, Monsieur Djibril DIAL.

Aux dires de l’acheteur,Monsieur Tahirou SARR, l’acte de cession effectué sous-seing privé a
été présenté aux Impôts et Domaines pour le paiement des taxes fiscales au montant de 25
millions de frs CFA, avant d’être déposé auprès du Notaire Maitre Ndèye Lika BA en l’an
2016, en dépit du refus d’homologation y prononcé en première instance et en appel par le
Tribunal de Grandes Instances Hors Classe (TGIHC) de Dakar, du fait du caractère
lésionnaire de la transaction, objet de la contestation d’une partie des héritiers.

En outre, le Directeur général de SOFICO, Monsieur Seydou SARR, a reçu une lettre de
notification de redressement fiscal à propos de l’acte de cession, de la part du Bureau du
Contrôle Fiscal qui, fustigeant le taux d’enregistrement de 01% appliqué sur le prix d’achat,
soit 25 millions de frs CFA, a rappelé que la cession concernée porte sur un bien immobilier,
voire sur des droits réelset doit être taxée au taux de 05% en matière de droits
d’enregistrement, soit 125 millions de frs CFA, y compris les pénalités de redressement.
Toutefois, l’indexé, hormis les 25 millions de frs CFA tantôt évoqués, n’a rien versé au
Service public requérant.

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Le sieur Seydou SARR, voulant se faire indemniser, à son tour, par l’Etat du Sénégal, après
s’être substitué aux familles héritières, a entamé une procédure administrative, qui a atterri à
la réunion de la Commission de Conciliation et d’Evaluation du montant de l’indemnisation,
initiée par le Gouverneur de Dakar, le 21 août 2017 à laquelle ont pris part le cessionnaire et
le chef du Bureau des Domaines de Ngor-Almadies-Grand-Dakar, le sieur Meïssa NDIAYE.
Cette réunion de la Commission de conciliation, tenue sans l’avis préalable et obligatoire de la
C.C.O.D., a fait endosser à l’Etat du Sénégal le montant de quatre-vingt-quatorze milliards
sept-cent-quatre-vingt-trois millions cent-cinquante-neuf mille (94.783.159.000) frs CFA,soit
le prix de trente-sept mille (37 000) frs CFA par mètre carré,qu’il doit payer à Seydou SARR,
en guise d’indemnisation suite à l’expropriation décidée sur les 258 hectares du TF 1451/R.

Aux dires du nommé Meïssa NDIAYE, chef du Bureau des Domaines de Ngor-Almadies-
Grand-Dakar, les deux actes d’acquiescement relatifs au paiement des 94.783.159.000 frs
CFA au profit des sociétés SOFICO et CFU de Seydou SARR, ont été établis et signés par
l’ancien Directeur des Domaines, Mamadou Mamour DIALLO, pourtant membre et
rapporteur de la C.C.O.D, sur la base des procès-verbaux de la réunion de la Commission de
Conciliation, rédigés par ses soins.

Le dénonciateur, Ousmane SONKO, ayant suspecté « une machination aux fins de


détournement de deniers publics » notée dans cette procédure d’indemnisation, a relevé
plusieurs anomalies, notamment :
-le PV de conciliation qui n’a pas été homologué par le Tribunal de Grande Instance
Hors Classe de Dakar, car le document a été rejeté par la Cour d’Appel suivant arrêt
n°04 du 11/01/2018 pour autre motif, à savoir que la « cession de droit à indemnité
d’expropriation consentie à des tiers intermédiaires est nulle de plein de droit et nul
effet » d’après l’article 30 de la loi n°76-67 du 02 juillet 1976 ;
-la substitution des droits réels sur le TF 1451/R de la famille héritière en de
supposées créances que le sieur Seydou SARR aurait acquises par l’acte de cession
rejeté par l’arrêt judiciaire sus-indiqué ;
-la désignation de Seydou SARR comme exproprié dans les deux actes
d’acquiescement alors qu’il n’a jamais été propriétaire sur le TF 1451/R ;
-l’absence de la SH HLM à cette réunion de conciliation, nonobstant son implication
dans le TF 1451/R, qui y a inscrit une pré-notation suivant ordonnance n°1036/013 du
12 juin 2013 délivrée par le juge du tribunal hors classe de Dakar ;

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-le fort barème d’indemnisation au mètre carré (à savoir 37.000 frs CFA/m²) retenu
lors de cette réunion de conciliation, qui est supérieur à celui proposé aux victimes du
projet « TER » alors qu’elles sont situés dans la même zone foncière (réf : le décret
2010-439 du 06 avril 2010 fixant le barème du prix de terrain nu ou de terrain bâti.
Ce décret propose dans la zone de Keur massar 27.000 frs CFA/m² pour les terrains
viabilisés et 15.000 frs Cfa pour les terrains non viabilisés) ;

II. L’ENQUETE :

Dans le cadre des investigations, les personnes énumérées ci-après, ont été entendues :
1- Ousmane SONKO, auteur de la lettre de dénonciation ;
2- Mamadou Mamour DIALLO(à deux reprises), ancien Directeur des Domaines
et rapporteur de la C.C.O.D ;
3- Djibril DIAL, contestataire et représentant d’une des familles héritières ;
4- Seydou SARR (à trois reprises), Directeur général des sociétés SOFICO et
CFU ;
5- Yéri DIAKHATE, représentant d’une des familles héritières cédantes ;
6- Meïssa NDIAYE (à deux reprises), Chef du Bureau des Domaines de Ngor-
Almadies ;
7- Me Ndèye Lika BA (à deux reprises), notaire dépositaire de l’acte de cession des
droits, actions et créances ;
8- Gnilane NDIAYE DIOUF (à deux reprises), ancienne-Cheffe de Bureau de la
Conservation foncière de Rufisque ;
9- Amadou Maktar MBAYE, Directeur général de SAIM-INDEPENDANCE ;
10- Mamadou KASSE, Directeur général de la SN HLM ;
11- Dame FALL, ancien-Directeur régional des Impôts et Domaines ;
12- Mohamet FALL, ancien-Gouverneur de Dakar ;
13- Mouhamadou Moustapha DIA, Président de la C.C.O.D ;
14- Cheikh Hady M. DIEYE, ancien-Chef de Centre des Grandes Entreprises;
15- Assane DIOUF, actuel Chef de Centre des Grandes Entreprises ;
16- et Dame DIEYE, employé de Seydou SARR et coursier à SOFICO.

Aussi, les réquisitions suivantes, ont été adressées :


-à la SN HLM aux fins de communiquer les informations portant sur le chèque émis
dans le cadre du dédommagement de SAIM INDEPENDANCE(la réponse écrite est
identifiée suivant la lettre alphabétique S) ;

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-aux banques accréditées à Dakar aux fins de communication des relevés de comptes
ouverts aux noms des sociétés SOFICO et CFU et aux noms des sieurs Seydou
SARR ; Mamadou Mamour DIALLO et Meïssa NDIAYE(les réponses écrites sont
identifiées suivant la lettre alphabétique B) ;
-au Gouverneur de Dakar aux fins de communiquer les procès-verbaux de la réunion
de la Commission de Conciliation du 21 août 2017(les réponses écrites sont identifiées
suivant la lettre G1 et G2) ;
-à la Conservation de la Propriété foncière de Rufisque et de Dakar aux fins de
communication des historiques des droits réels des TF 1451/R ; TF 2887/R et TF
2557/DG(les réponses écrites sont identifiées suivant la lettre alphabétique C).
-(à deux reprises) au Payeur général de la Direction de la Comptabilité publique en
vue d’être édifié sur le montant total payé à SOFICO et CFU par l’Etat du Sénégal(la
réponse écrite est identifiée suivant la lettre alphabétique P et P’).
-au Chef du Bureau des Domaines de Ngor-Almadies(la réponse écrite est identifiée
suivant la lettre H) ;
-et au Directeur Général du Budget (la réponse écrite est identifiée suivant la lettre k)

II.1.1Audition du sieur Ousmane SONKO :

Entendu le 01/10/2018 sur l’objet de sa plainte auprès de l’OFNAC, le sieur Ousmane


SONKO a précisé avoir effectué cette dénonciation en ses qualités de Député à l’Assemblée
nationale et de Président du Parti politique « Pasteef-Les Patriotiques ». Revenant sur les faits
dénoncés, il a déclaré qu’il s’agit d’une société dénommée SOFICO qui a acquis les droits,
actions et créances sur le TF 1451/R auprès des familles propriétaires sur la base d’un acte de
cession non homologué, daté de façon imprécise avec l’unique référence 2016 et enregistré
auprès du notaire Me Ndèye Lika BA à la date du 17 novembre 2017.

Suite à cela, deux actes d’acquiescement partielétablis respectivement, selon lui,pour la


SOFICO et la CFU, par le représentant de l’Etat du Sénégal,ont permis à chaque société de
bénéficier du montant de 44.227.305.500 frs CFA pour la première et 49.950.000.000 FCFA
pour la seconde, comme indemnités, suite à l’expropriation pour cause d’utilités publiques
décidée sur le TF 1451/Rd’une contenance totale de 258 ha. En tout, dira-t-il, ces deux
sociétés, représentées toutes par le sieur Seydou SARR, sont titulaires d’une créance globale
au préjudice de l’Etat du Sénégal, d’un montant cumulé de 94.117.305.500 frs CFA.

Fustigeant les conditions d’établissement des transactions, il a souligné l’absence dans le fond
de dossier des actes d’acquiescement, de l’« acte notarié » constatant les transferts de droits,

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actions et créances. A ses dires ledit « acte notarié » devait être annexé aux actes
d’acquiescement.

Poursuivant, il a indiqué que le caractère non juridique du procès-verbal de conciliation ou de


l’acte de cession, autrement dit, a exigé son homologation par le Juge;quil’a
malheureusement rejeté.

Il a ensuite déclaré que la société CFU bien qu’étant titulaire d’un acte d’acquiescement
partiel ne peut justifier ses droits sur le TF 1451/R. Selon lui, c’est la SOFICO et non la CFU
qui a été désignée comme cocontractant dans l’acte de cession de droits, actions et créances
daté du 10 juin 2016. Dans le même acte, il est écrit que la cession concerne les 258 ha, soit
l’intégralité du TF 1451/R. A son entendement, il ne pourrait pas comprendre le fait que la
CFU, omise au moment de l’établissement de l’acte de cession, s’est retrouvée au final
détentrice d’un acte d’acquiescement partiel devant lui permettre de bénéficier du montant de
49.950.000.000 frs CFA.

Il a ajouté que dans cette affaire, les représentants de l’Etat devaient faire preuve de
précautions minimales car devant veiller à ce que l’exproprié produise un état de droits réels
prouvant sa propriété sur le site foncier destiné à être exproprié. De même, selon lui, ces
représentants de l’Etat devaient exiger de l’exproprié le ou les décrets d’expropriation
nécessaires.

Par l’acte de cession, dira-t-il, l’acheteur a acquis des droits réels et non des créances qui
n’existent pas. A ses dires la notion de créances est différente de celle de droits de propriété
dont l’expropriation donne un droità l’indemnisation qui ne peut être vendu. Pire, il a souligné
que dans cet acte de cession, qui est à l’origine de la procédure d’indemnisation, une partie
des familles héritières a été volontaire omise, à savoir les héritiers de Gnivy MBENGUE,
représentés par le sieur Djibril DIAL. A ses dires, tout acte sous seing-privé reste soumis au
respect du formalisme énoncé dans les articles 20 et 21 du Code des Obligations Civiles et
Commerciales (COCC) au risque de voir ses effets en droit atténués.

Selon lui, le Notaire requis devait vérifier l’état des droits réels au niveau de la Conservation
Foncière avant de procéder à la phase de mutation de propriété après l’acte de cession. Ce qui
n’a pas été fait, d’après lui. Ces états de droits réels, dit-il, sont, jusqu’à la date du 04
novembre 2017, aux noms des héritiers Ndiaga NDOYE et consorts.Poursuivant, il a indiqué
que l’administration domaniale,émettrice des actes d’acquiescement, y a évoqué une
Commission de Conciliation, chargée de déterminer le montant de l’indemnisation,dont les
membres n’ont pas été identifiés. Il s’y ajoute que le montant de l’indemnisation au maitre

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carré retenu est jugé hors norme (37.000 frs CFA). Selon lui, le prix d’indemnisation au mètre
carré, dans cette zone,devrait êtrecompris entre quinze mille (15.000) frs CFA et vingt-sept
mille (27.000) frs CFA maximum, au regard du décret 2010-439 du 06 avril 2010 fixant le
barème du prix de terrain nu ou de terrain bâti dans les localités de Rufisque-Keur Massar.
(une copie du décret 2010-439 du 06 avril 2010 est joint au rapport et est identifié par la
lettre D).

Pour lui la SN HLM n’a été associée dans aucune étape de cette procédure d’indemnisation
alors qu’elle est la principale occupante du TF 1451/R.Cette société, voulant préserver ses
intérêts sur l’assiette foncière occupée d’une contenance de 125 ha 99a 47 ca y a inscrit une
pré-notation suivant l’ordonnance n°1036/013 du 12 juin 2013 délivrée par le Juge compétent.
(Pré notation relatée dans l’état des droits réels du 10 mai 2017 identifiée suivant la lettre E)

Fustigeant la façondont la procédure d’indemnisation a été effectuée, le sieur Ousmane


SONKO, a déclaré que pour qu’il y ait expropriation, il faut :

-une utilité publique identifiée et décrétée par l’autorité publique ;

-faire un travail d’identification et de recensement de tous les propriétaires de titres ou de


droits, impactés par le projet d’utilité publique ;

-les faire convoquer par l’autorité administrative compétente pour la conciliation et


l’établissement du montant de l’indemnité. En cela, l’Etat procède à « la juste et préalable
indemnisation » d’après lui.

Au terme de son audition, le sieur Ousmane SONKO a déposé, pour les besoins de l’enquête,
la liste des documents identifiés sur la lettre alphabétique O :

-01 copie de l’acte d’acquiescement partiel pour le compte de la SOFICO (O1) ;

-01 copie de l’acte d’acquiescement partiel pour le compte de la CFU (O2) ;

-01 copie de l’arrêt du 11/01/2018 de la Chambre 02 de la Cour d’Appel de Dakar relatif à


l’affaire SOFICO contre Yéri DIAKHATE et consorts (O3) ;

-01 copie de l’extrait des minutes du Greffe de la Cour d’Appel de Dakar relatif à l’arrêt sus-
indiqué (O4) ;

-01 copie du bordereau analytique des actes inscrits sur le TF1451/Rconstitué de 24 pages
(O5 à 28), dont sont les copies des deux actes d’acquiescement ; de l’arrêt de rejet de l’acte de
cession et de l’état de droits réels du TF 1451/R.

II.1.2.Audition du sieur Djibril DIAL :

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Le sieur Djibril DIAL, entendu le 16/10/2018, s’est présenté comme étant un héritier de la
famille de « feu Ousmane MBENGUE » de par sa mère qui était une des épouses de ce
dernier. Faisant l’historique du TF1451/R, il a indiqué qu’il s’agissait d’une assiette foncière
d’une contenance de 267 ha 73a 14 ca, au départ. Ainsi, il a renseigné que le TF 1451/R était
initialement une propriété coutumière appartenant à « feu Ousmane MBENGUE » et ses
quatre sœurs que sont Fatou NDOYE, Oumy NDOYE, Binta NDOYE et Marième
MBENGUE.

Suivant réquisition n°7299, ces propriétaires coutumiers ont obtenu l’inscription de ce


domaine à la conservation de la propriété foncière de Rufisque sous le numéro 1451/R en date
du 04 février 1959.

Suivant actes notariés en dates du 08 avril 1978 et 28 février 1979, les héritiers ont cédé ,à
titre de vente, le TF1451/R, à une société dénommée « SAIM INDEPENDANCE » au prix de
trente-cinq millions (35 000 000) de francs CFA payés au comptant et quittancé, pour une
superficie de 258 ha, 96a, 33ca.
Suivant un acte administratif approuvé le 23 septembre 1988, la SAIM INDEPENDANCE a
cédé, à titre d’échange, à l’Etat du Sénégal, la pleine propriété d’une partie de ce TF1451/R,
soit une superficie de 132 ha, 96a, 86ca à détacher dudit titre pour former un nouveau TF
distinct sous le numéro 2887/R. En retour, la SAIM INDEPENDANCE a reçu la pleine
propriété d’une parcelle de terrain située à Fenêtre Mermoz d’une superficie de 01 ha, 49a,
59ca à détacher du TF5725/Dakar-Gorée appartenant à l’Etat du Sénégal.

Par ordonnance en date du 5 juillet 1995, le Président du Tribunal Hors classe de Dakar a
autorisé la pré-notation de la demande formulée par les héritiers d’Ousmane MBENGUE à
l’effet de préserver leurs droits sur le TF1451/R parce qu’ayant jugé dérisoire le prix déjà
payé par SAIM-INDEPENDANCE sur les 258 ha.

Par décret n°97-119 du 24 novembre 1997, l’Etat du Sénégal a exproprié la SAIM


INDEPENDANCE du TF1451/R d’une contenancereliquataire de 125 ha 99a 47 ca pour
cause d’utilité publique afin de réaliser les Parcelles Assainies de Keur Massar-Rufisque, par
le canal de la SN HLM, en dépit de la pré-notation appliquée en faveur des héritiers de « feu
Ousmane MBENGUE ».

Le 21 janvier 1998, poursuit-il, le tribunal Hors Classe de Dakar, par jugement n°157, avait
ordonné avant dire-droit la production par la SAIM-INDEPENDANCE dans les deux mois
qui suivaient le prononcé dudit jugement, de l’acte de vente du TF1451/R passé devant maitre
Amadou Nicolas MBAYE notaire, les 08 avril 1978 et 28 février 1979.

Les 10 et 13 mars 2000, une signification d’opposition avec défense de payer a été émise par
le Parquet de Dakar suite au contentieux relatif à la transaction de vente du terrain à la SAIM-
INDEPENDANCE qui n’avait pu produire un acte de vente régulier conformément à la
requête du Tribunal Hors Classe de Dakar.

Par arrêt n°53 en date du 02/06/2010, la Cours Suprême a cassé et annulé l’arrêt n°461 rendu
le 12 mars 2005 par la Cour d’Appel et a renvoyé les parties au Tribunal Régional de Kaolack
pour un nouveau jugement. A l’issue, la famille a gagné le procès et le Tribunal a ordonné la
radiation de l’inscription faite à la Conservation foncière du 5 mars 1979 au profit de l’intimé
(SAIM INDEPENDANCE).

Poursuivant, le sieur DIAL a indiqué que les héritiers, à la date du 1er février 2013, ont saisi la
Conservation de la propriété foncière de Rufisque pour demander la radiation des inscriptions

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de la SAIM INDEPENDANCE sur le TF1451/R et l’inscription des droits des héritiers
conformément à la décision de la Cour d’Appel de Kaolack. Cependant, selon lui, le
Conservateur de la propriété foncière n’a inscrit les droits des propriétaires que sur la partie
occupée par la SNHLM suivant décret 2000-874 modifiant celui du 97-119 du 12/11/1997, à
savoir 121 ha 17a 17 ca après réduction faite sur les 125 ha 99a 47ca restants tantôt évoqués.
Quant aux 132 ha 96a 89ca du TF 2887/R issu du TF 1451/R, rien n’y a été fait.
Il est joint au présent rapport, la lettre portant objet demande d’inscription dans les livres
fonciers, formulée par les héritiers du TF 1451/R au DGID en date du 20 mai 2015.
(Document identifié suivant la lettre L)

Devant cette situation, le sieur Djibril DIAL a dit avoir pris l’initiative d’attirer l’attention de
toutes les autorités en adressant une lettre au Président de la République avec ampliations au
Premier Ministre ; Ministre des finances ; Ministre du budget ; Ministre de la bonne
gouvernance ; Ministre du renouveau urbain de l’habitat et du cadre de vie ;Médiateur de la
République ; Président de l’OFNAC ; Procureur Spécial de la Courde Répression de
l’Enrichissement Illicite ; au Ministre de la Justice et au Grand Serigne de Dakar, chef
Supérieur de la Collectivité Lébou, Abdoulaye Makhtar DIOP. (Une copie de cette
correspondance avec pièces annexes a été déposée et identifiée suivant la lettre L1)

Suite à une rencontre avec le Ministre des Finances d’alors, révèle-t-il, il leur a été
conseillé par cette autorité d’introduire une demande d’indemnisation sur l’assiette
foncière occupée par la SN HLM, à savoir sur les 121 ha 17a 17ca, en attendant la
régularisation des 132 ha 96a 89ca du TF 2887/R à leur profit.Ayant suivi les conseils du
Ministre, le sieur DIAL a déclaré avoir reçu après une correspondance au n°1258 du 09 juin
2016 de l’ex-Directeur Régional des Domaines leur informant que la Commission de Contrôle
des Opérations Domaniales, en sa séance du 19 janvier 2016 a décidé de sursoir à l’examen de
leur dossier de demande d’indemnisation en attendant de recueillir l’avis de la SN HLM sur
les conditions de son occupation de l’assiette foncière concernée et parallèlement de ré
instruire le dossier par rapport à la première expropriation.

Voulant surmonter cet obstacle, dira-t-il, les représentants des familles héritières, en dehors de
sa personne, ont rencontré le sieur Seydou SARR de la SOFICO, pour lui céder leurs parts des
droits sur les 258 ha du TF 1451/R moyennant la somme de deux milliards cinq cent millions
(2.500.000.000) frs CFA. Ce qu’il n’a pas accepté quand les vendeurs, de connivence avec
quelques de ses mandants,l’en ont informé par voie d’huissier de justice. Lorsqu’ils ont
introduit au Tribunal compétent de Dakar l’acte de cession pour homologation, indique-t-il,la
demande a été rejetée en première instance au motif qu’il ne peut y avoir d’intermédiaire en
matière d’expropriation. D’après lui, ce refusa été maintenu en appel suite à son opposition
formulée contre l’acte de cession à la Barre.

Concernant le nommé Ndiaga NDOYE, il a indiqué que ce dernier, héritier, est décédé depuis
plus de 20 ans et ne pouvait donc en aucun cas négocier avec la CFU sur les 132 ha 96a 89ca
comme il est stipulé dans l’acte d’acquiescement partiel concerné. Pire, les deux actes
d’acquiescement partiel, selon lui, ont été établis sur la base d’un acte de cession biaisé.

Pour finir, le sieur Djibril DIAL a affirmé n’avoir jamais informé le sieur SONKO de cette
affaire et n’a jamais entretenude relationsavec ce dernier. Toutefois, il a précisé avoir pris
contact avec un certain Ismaël BA, gérant du Cabinet MERCALEX, pour des conseils sur
cette affaire. C’est ainsi que, d’après lui, son interlocuteur lui a présenté le sieur Ousmane
SONKO.

12
Il a déposé pour les besoins de l’enquête les documents ci-après listés et identifiés suivant la
lettre alphabétique L :
-l’acte de cession de droits, actions et créances incriminé (L2) ;
-la notification de prorogation du délai de l’offre de Me Massata MBAYE (L3) ;
-et la procuration notariée du 24 août 2018 établie à son profit par ses cohéritiers (L4).

II.1.3. Audition du sieur Seydou SARR :

Le 19 Octobre 2018, cité nommément dans cette affaire par le dénonciateur et l’un des
témoins héritiers de la famille propriétaire du TF1451/R, le sieur Seydou, dit Tahirou SARR,
propriétaires des sociétés SOFICO S.A et CFU, a été convoqué et entendu sur procès-verbal
régulier au siège de l’OFNAC.

Revenant sur la transaction portant sur le TF1451/R, il a expliqué avoir été mis en contact
avec les héritiers dudit titre par l’un d’entre eux du nom de Yéry DIAKHATE. Poursuivant,le
sieur Seydou SARR a révélé qu’en 2014, Monsieur Yéri DIAKHATE, détenant une
procuration notariée l’autorisant à agir au nom d’une partie des héritiers, lui a fait une offre de
vente du titre foncier1451/R, d’une assiette foncière de 258 ha au prix de sept (07) milliards
de francs CFA. Il a ajouté avoir exigé du sieur DIAKHATE la présentation de l’ordonnance
du jugement de restitution de la totalité de cette assiette foncière à sa famille ainsi que la copie
du jugement de non appel et non opposition. Ce que ce dernier a fait. Ainsi il a accepté la
proposition. Toutefois, le sieur Seydou SARR a déclaré lui avoir,en retour, proposé une offre
de six (06) milliards au lieu de sept.
Après avoir sollicité un délai pour la réflexion et la concertation en famille, les héritiers sont
retournés, quatre mois plus tard, le rencontrer et c’est ainsi que les parties ont convenu au prix
de trois milliards trois cent cinquante millions (3 350 000 000) de FCFA décomposés comme
suit :
2 500 000 000 FCFA pour l’achat du TF1451/R ;
500 000 000 FCFA comme indemnité reversée à Maître Massata MBAYE avocat des
héritiers ;
70 000 000 FCFA de commission de courtage ;
100 000 000 FCFA à l’avocat de la SOFICO ;
et 180 000 000 FCFA pour les frais d’enregistrement et des actes notariés. Dans cette
phase, il a précisé avoir d’abord présenté l’acte de cession aux impôts et Domaines
pour enregistrement avant de le déposer auprès du Notaire Me Ndèye Lika BA pour
« les formalités d’authentification des actes avec la formule exécutoire ».

Le sieur Seydou SARR a déclaré avoir versé 02 500 000 000 de FCFA aux héritiers pour
solde de tout compte.Par ailleurs il a soutenu qu’au moment où il effectuait cette transaction
avec les héritiers, aucune valeur indicative du prix du mètre carré de l’assiette foncière
1451/R n’était faite.

Selon le sieur Seydou SARR, une commission de conciliation avec les représentants de l’Etat,
notamment le Gouverneur de Dakar et le suppléant du Directeur des Domaines, s’est réunie et
a fixé le prix d’indemnisation à trente-sept mille (37 000) francs CFA le m pour une
superficie totale de 258 ha. Mais aucune date d’échéance de paiement n’a été arrêtée.

Concernant le sieur Djibril DIAL, il a indiqué que celui-ci s’est présenté à son cabinet, après
paiement du prix total, pour fustiger la vente tantôt évoquée. Il a rapporté que Djibril DIAL

13
lui a reproché d’avoir acheté à vil prix les « créances » portant sur leur bien immobilieralors
qu’il (Djibril DIAL) avait signé la procuration faite à son cohéritier Abdou MBENGUE pour
cette transaction.

Le sieur Seydou SARR a martelé qu’à l’heure actuelle, l’Etat du Sénégal ne lui a versé au titre
d’indemnisation qu’un acompte d’un milliard quatre cent millions (1 400 000 000) de francs
CFA alors que personnellement, il a déboursé trois milliards trois cent cinquante millions
(3 350 000 000) de FCFA comme prix d’achat total.
II.1.4. Audition du sieur Yéri DIAKHATE :

Cité nommément par le sieur Seydou SARR au cours de son audition comme étant celui qui
l’a abordé pour lui proposer la vente du TF1451/R, le sieur Yéri DIAKHATE a été entendu
sur procès-verbal régulier.
Confirmant les propos de Seydou SARR à son endroit, il a indiqué être accompagné ce jour-là
d’un courtier du nom de Issa LAYE.
Relativement à la transaction proprement dite, le sieur Yéri DIAKHATE s’est présenté
comme héritier légal de « feu Ousmane MBENGUE » et représentant de tous les héritiers du
défunt par acte notarié.
Il a déclaré avoir convaincu le sieur Seydou SARR de la légitimité de sa proposition en lui
présentant les documents ci-après listés :
1. L’expédition du jugement rendu par le tribunal de Kaolack annulant la vente au profit
de la SAIM INDEPENDANCE et réhabilitant les droits des héritiers sur le
TF1451/Rdans son état d’avant la période 1978-1979 ;
2. Cinq (05) procurations notariées de toutes les cinq (05) familles héritières ;
3. Le jugement d’hérédité de l’ensemble des cinq (05) familles.

Revenant sur la transaction effectuée avec Seydou SARR, le sieur Yéri DIAKHATE a déclaré
que celle-ci portait sur toute l’assiette foncière constituant le TF1451/R d’une superficie
globale de 258 ha. Il a déclaré qu’au terme des négociations, cette superficie a été cédée sous
forme de créances au sieur Seydou SARR à la somme totale de deux milliards cinq cent
millions (2 500 000 000) de francs CFA.

Suite à un compromis, le sieur Seydou SARR avait accepté de payer tous les autres frais
inhérents à cette transaction à savoir :
la somme de cinquante millions (50 000 000) frs CFA pour la commission de
courtage ;
cent millions (100 000 000) frs CFA représentant les honoraires de l’avocat de la
société SOFICO de Seydou SARR :
trois cent millions (300 000 000) frs CFA pour les honoraires de Maitre Massata
MBAYE avocat des familles héritières.

Il a déclaré que le sieur Seydou SARR s’est entièrement acquitté du prix de la vente du
TF1451/R ainsi que de l’ensemble des frais annexes.

Par rapport à la réticence de Djibril DIAL relativement à la transaction, il l’a confirmée pour
ajouter que ce dernier a dissuadé les cohéritiers de sa famille, sauf le sieur Abdou
MBENGUE, d’accepter leur part, au montant de 440.000.000 frs CFA, issue du produit de la
vente. Il a précisé que ce changement inopiné est survenu au moment du partage.

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Interpellé sur le montant exacte versé à titre de commission de courtage, compte tenu du fait
que Seydou SARR avait avancé la somme de soixante-dix millions (70 000 000) frs CFA, le
sieur Yéri DIAKHATE a indiqué que celle-ci, d’après ses souvenirs, était de cinquante
millions (50 000 000) frs CFA.
Au terme de son audition, il nous a déposé l’arrêt n°01/12 du 09 février 2012 de la Cours
d’Appel de Kaolack ordonnant l’annulation de la vente des années 78 et 79, la radiation des
droits de SAIM INDEPENDANCE sur le TF1451/R et l’inscription des familles héritières sur
le même titre foncier dans sa situation d’avant 1978. (Document identifié suivant lettre Y1).

II.1.5. Audition du sieur Meissa NDIAYE :

Au cours de son audition, le sieur Meissa NDIAYE, Inspecteur Principal des impôts et des
domaines par ailleurs chef du Bureau des Domaines de Ngor-Almadies-Grand-Dakar, a été
invité à se prononcer sur la réunion de la Commission de Conciliation tenue le 21 aout 2017
ayant permis l’établissement des deux actes d’acquiescement au profit des deux sociétés
SOFICO et CFU appartenant toutes deux au sieur Seydou SARR.

Sur ce, le sieur NDIAYE a déclaré y avoir pris part, en sa qualité de représentant du Directeur
Régional des Domaines d’alors, sur demande de ce dernier. Il a ainsi révélé que cette réunion
de conciliation avait été convoquée par le Gouverneur de la Région de Dakar pour statuer sur
le prix d’indemnisation du titre foncier 1451/R devenu la propriété de Seydou SARR. Il a
ajouté que ce TF1451/R avait fait l’objet d’une expropriation par l’Etat du Sénégal pour cause
d’utilités publiques.
Le sieur Meissa NDIAYE a révélé que cette réunion convoquée et présidée par le Gouverneur
de Dakar, avait vu la participation de Seydou SARR, « exproprié » et représentant des deux
sociétés SOFICO et CFU, en plus de sa personne.

Il a précisé que conformément aux dispositions de l’article 9 de la loi 76-67 du 02 juillet


1976, cette réunion avait pour but de constater ou de chercher à réaliser l’accord des parties
sur le montant des indemnités à verser à l’ « exproprié » Seydou SARR. Il a ajouté qu’à
l’issue de cette réunion, le prix de 37 000 francs CFA le m a été retenu sur une superficie de
132 ha pour le premier acte d’acquiescement partiel et de 121 ha 17a 07 ca pour le deuxième
acte d’acquiescement. Ce qui faisait une superficie totale de 254 ha 13a 93ca ou 2 541 393
m . Il a tenu à préciser que les conseillers de Monsieur Seydou SARR avaient demandé la
somme de 75 000 francs CFA mais les représentants de l’Etat se sont battus pour ramener le
prix à 37 000 francs CFA.

Interpelé sur l’absencede Mamadou Mamour DIALLO, Directeur des Domaines, de la liste
des personnes ayant pris part à cette réunion de conciliation en date du 21 aout 2017, alors
que sesprénom et nom figurent sur les deux actes d’acquiescement tantôt évoqués, le sieur
Meissa NDIAYE a indiqué que cela s’explique par le fait que les deux documents concernés
sont établis par ses soins sur la base des procès-verbauxsignés par l’exproprié, l’expropriant
(le Directeur des Domaines représentant l’Etat du Sénégal) et le Gouverneur de Dakar. Il a
ajouté que c’est suite à l’établissement de ces actes d’acquiescement et leur signature par le
chef du bureau des domaines et par l’exproprié, qu’ils sont transmis au Directeur des
Domaines Mamadou Mamour DIALLO, accompagné d’un fonds de dossier composé des
documents ci-après listés :
deux demandes d’indemnisation de la part de SOFICO et deCFU;
l’état des droits réels inscrits sur le TF1451/R ;
l’arrêt de la Cour d’appel de Kaolack de rétrocession des droits sur le TF 1451/R ;
l’acte de dépôt notarié relatif à l’acte de cession de droits, actions et créances;

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l’acte sous seing privé de cession de droits, actions et créances;
le décret 97-119 d’expropriation pour cause d’utilités publiques;
le rapport d’expertise sur la valeur du Titre foncier initié par Seydou SARR.

Poursuivant, le sieur Meïssa NDIAYE a affirmé que le sieur Mamadou Mamour DIALLO n’a
pas pris part à la réunion du 21 aout 2017. Ce n’est qu’à l’issue de celle-ci que les dossiers lui
sont transmis pour signature à la date du 22 août 2017.

Interrogé sur l’inscription faite sur l’acte d’acquiescement de la SOFICO,relativeà la retenue


de la somme de 605 853 500 FCFA du coût global, représentant l’indemnité devant revenir à
la SAIM INDEPENDANCE, alors que cette mention ne figure pas sur l’acte d’acquiescement
de la CFU, le sieur Meïssa NDIAYE a dit en ignorer les raisons. Il a admis qu’en réalité, si
l’on devait respecter la décision de justice qui a été à l’origine de la radiation de la SAIM
INDEPENDANCE du TF1451/R, cette société devait perdre ses droits de propriété sur ce titre
foncier et le terrain qui lui a été donné en échange dans les conditions sus-indiquées aurait dû
être repris pour sauvegarder les intérêts de l’Etat.
Il nous a été déposé un acte notarié relatif à l’acte de cession de droits, actions et créances, le
décret 97-1119 portant expropriation sur le TF1451/R, les deux demandes d’indemnisation
formulée par SOFICO et CFU, la liste de présence des cédants, un avis de vente portant sur
des terrains sis à Keur Massar et un rapport d’expertise foncière (respectivement identifiés
suivant la lettre M).

II.1.6. Nouvelle audition du sieur Seydou SARR

Le sieur Seydou SARR a été invité à apporter des éclaircissements sous forme de nouvelle
audition relativement aux points suivants :
Si l’ensemble des héritiers avaient adhéré au projet de vente de leur bien successoral
objet du titre foncier 1451/R ;
Si le sieur Seydou SARR avait obtenu l’homologation des signatures des héritiers par
le tribunal compétent comme il a été exigé dans une correspondance adressée par
l’avocat desdits héritiers à celui de l’acquéreur (Seydou SARR).

Dans sa réponseconcernant le premier point, le sieur Seydou SARR a confirmé avoir traité
directement avec tous les représentants des cinq familles sur la base de la présentation des
documents authentifiés par le notaire. Toutefois, il a relevé qu’après le versement de toutes les
sommes dues aux héritiers à travers leurs représentants et finalisation de la vente devant
notaire, certains d’entre eux, sous l’influence du sieur Djibril DIAL, se seraient rétractés après
en s’abstenant de prendre leur part d’un montant total de cinq cent millions (500 000 000)
remis à Abdou MBENGUE, dernièrement désigné mandataire. Il a affirmé ne devoir aucun
reliquat aux héritiers.

Revenant sur le point relatif à l’homologation des signatures par le Tribunal compétent, le
sieur Seydou SARR a déclaré que celle-ci n’était plus nécessaire dès l’instant qu’il avait fait
« enregistrer » l’acte de cession de créances, avec une formule exécutoire, à l’étude notariale
de MeNdèye Lika BA. Il a martelé avoir respecté toutes les règles de procédures requises
dans cette transaction pour éviter toute contestation ultérieure.

Etayant ses propos, il a déposé, sur procès-verbaldaté du 07 novembre 2018, tous les
documents qu’il a jugés nécessaires à la manifestation de la vérité.

II.1.7. Audition du sieur Mamadou Mamour DIALLO :

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Le sieur Mamadou Mamour DIALLO, désigné par ses devanciers comme étant le représentant
de l’Etat du Sénégal dans la procédure d’indemnisation au profit des sociétés SOFICO et
CFU, a été entendu sur procès-verbal régulier.

Dans son rappel des tâches dévolues au Directeur des Domaines qu’il était, il a indiqué la
gestion du domaine privé de l’Etat ; la surveillance des opérations ; la gestion de la
curatelle et des successions vacantes ; la gestion des procédures d’expropriations et le suivi
du contentieux domanial.

Sur la procédure d’indemnisation, il a expliqué qu’elle trouve son fondement dans la loi 76-77
(en fait 76-67 après vérification effectuée par nos soins) portant expropriation pour cause
d’utilités publiques. A ses dires, dès la prise du décret déclarant d’utilités publiques de projet,
le Gouverneur, présidant la Commission de Conciliation, convoque les parties, notamment
l’exproprié et l’expropriant pour fixer le prix « juste et préalable », en tenant compte des
réalités du marché courant. Quant au reste de la procédure, il a réitéré les propos de Meïssa
NDIAYE en ces sens.

Toutefois, il a précisé que le contrôle sur les documents présentés par les deux parties devait
se faire au cours de cette réunion. Il a limité son rôle à la signature des actes d’acquiescement
dont le projet a été initié par le Chef du Bureau des Domaines présent à cette réunion.

Interpellé sur la retenue des 605.853.850 frs CFA énoncée sur l’acte d’acquiescement de la
SOFICO, il l’a trouvée juste, prétendant que ce montant déjà libéré, en guise d’indemnisation
pour SAIM INDEPENDANCE dont la propriété a été annulée sur le TF 1451/R par arrêt de la
Cour d’Appel de Kaolack, doit revenir à qui de droit.

Quant au terrain remis par l’Etat du Sénégal à SAIM INDEPENDANCE et sis à Mermoz, il a
indiqué qu’en principe, la valeur vénale y afférente, devait être déduite également du montant
dû par l’Etat vis-à-vis de l’acheteur des créances portant sur le TF 1451/R.

Synthèse/analyse 1 :

Au terme de ces différentes déclarations, il est constant que sur la base de l’Arrêt de la Cour
d’Appel de Kaolack les héritiers de « feu Ousmane MBENGUE » ont vendu la totalité de
l’assiette du TF1451/R d’une superficie de 258 ha à la SOFICO du sieur Seydou SARR, alors
que leurs droits de propriété n’avaient été inscrits,dans les livres fonciers, que sur une partie
dudit Titre foncier, à savoir 125ha 99a 47ca devenus plus tard 121ha 17a 17ca par décret.

Cette transaction désignée comme étant une cession de droits, actions et créances a été faite
sous-seing privé. Mais elle a été contestée par un représentant d’une des familles héritières, à
savoir Djibril DIAL. Ce qui a entraîné le rejet de l’acte de cession par le Tribunal compétent
quand il y a été présenté pour une homologation. Pour contourner cet obstacle, Seydou SARR
a eu l’idée de le déposer auprès du Notaire Me Ndèye Lika BA pour l’établissement d’un acte
notarié devant lui permettre de poursuivre ses démarches administratives.

S’étant considérés comme substituants de la famille héritière, les établissements SOFICO et


CFU se sont lancés dans la procédure de demande d’indemnisation, par le canal du sieur
Seydou SARR. Cette fois-ci, la Commission de Contrôle des Opérations Domaniales qui avait
suspendu, pour des vérifications techniques, la demande d’indemnisation introduite
antérieurement par la famille héritière, a été évitée pour des raisons inavouées. C’est ainsi que

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le dossier de Seydou SARR, après avoir sauté cette étape obligatoire, a atterri à la réunion de
la Commission de Conciliation au terme de laquelle le montant global de 94 783 159 000
FCFAa été arrêté àla charge de l’Etat du Sénégal pour indemniser SOFICO et CFU. Il est à
signaler que c’est SOFICO, représentée par Seydou SARR, qui a passé l’acte de cession avec
la famille héritière et non CFU.

Malgré toutes ces anomalies, deux actes d’acquiescement partiel ont été respectivement
établis pour SOFICO et bizarrement pour CFU. Le Directeur des Domaines d’alors,
Mamadou Mamour DIALLO, qui a signé et validé les deux actes d’acquiescement concernés,
a imputé l’obligation de vérificationpréalable des éléments du dossier à la Commission de
Conciliation et non à son niveau.

Dans l’acte d’acquiescement de la SOFICO, il est mentionné la retenue des 605.853.850 frs
CFA jadis déboursés par la SN HLM (occupante des 125ha 99a 47 ca du TF 1451/R) pour
dédommager SAIM INDEPENDANCE qui a été finalement dépossédée du TF 1451/R sur
arrêt judiciaire. Cependant le terrain sis à Mermoz et remis par l’Etat du Sénégal au profit de
SAIM INDEPENDANCE contre les 132ha 96a 89ca du TF 1451/R devenus TF 2887/R, n’a
pas été évoqué lors de cette réunion de la Commission de Conciliation.

Cela semble une omission volontaire de la part des représentants de l’Etat qui avaient
l’obligation de s’entourer de toutes les garanties nécessaires avant d’engager sa responsabilité
dans cette négociation au caractère interlope.

II.1.8. Audition de la Notaire, Me Ndèye Lika BA

Désignée par le sieur Seydou SARR, comme étant le dépositaire de l’acte de cession de droits,
actions et créances passé entre SOFICO et la famille héritière, Me Ndèye Lika BA a été
entendue sur procès-verbal régulier.

Rappelant ses tâches fonctionnelles, elle a déclaré que son principal rôle est de parfaire la
volonté des parties par la rédaction d’actes authentiques pour leur enregistrement en vue de
conserver leurs dépôts pour ensuite en délivrer des expéditions. A ses dires, il n’est pas
obligatoire que les parties concrétisent leur volonté par devant un notaire. Celui-ci peut se
contenter de l’acte sous-seing privédéposé par l’une des parties.
Sur le sieur Seydou SARR, elle a indiqué le connaître depuis 2013, en tant que client qui a eu
à déclarer à son étude des sociétés telles que SOFICO et MUNIF GROUP.
Sur l’acte de cession de droits, actions et créances tantôt évoqué assorti d’un acte notarié
comportant l’enseigne de son cabinet, Me BA l’a reconnu après vérification y faite. Elle a
expliqué avoir été sollicitée par Seydou SARR pour le dépôt dudit acte de cession établi sous
seing privé, hors de son cabinet, entre Seydou SARR, directeur de SOFICO S.A et les
héritiers NDOYE et MBENGUE représentés par les consorts DIAKHATE, MBENGUE,
NDIAYE, SAMB…etc. Suite à cela, dira-t-elle, un acte notarié en date du 17 novembre 2016
a été établi par son cabinet.
Par ce geste, elle a précisé n’avoir pas légalisé, encore moins authentifié l’acte de cession sous
seing privé. A ses dires, l’acte de cession a déjà été vérifié aux Impôts et Domaines après que
Seydou SARR l’y ait présenté.
Interpellée sur les vérifications qu’elle devait faire par rapport à l’existence de l’objet cédé et
de son appartenance aux vendeurs, Me BA a déclaré ne s’y être pas préoccupée car n’étant
sollicitée que pour un simple dépôt d’acte. A ses dires, les vérifications évoquées étaient
obligatoires s’il s’agissait d’un transfert de propriété de bien immobilier.
Sur le montant de ses honoraires à l’issue des prestations relatives au dépôt de l’acte de
cession, Me BA a déclaré ne pas s’en rappeler.

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II.1.9. Audition de la dame Gnilane NDIAYE DIOUF

En sa qualité de cheffedu Bureau de la Conservation et des Droits Fonciers de Rufisque de


2011 à 2015, elle a déclaré avoir été saisie par les héritiers du TF 1451/R, muni de l’arrêt
n°1/12/ du 09 févier 2012 de la Cour d’Appel de Kaolack pour l’inscription de leurs droits sur
ce titre foncier après avoir radié ceux de SAIM INDEPENDANCE des livres fonciers, et ce
conformément aux indications se trouvant dans l’acte judiciaire présenté.
Interpellée sur l’inscription unique des droits des héritiers sur les 125 ha 99a 47 ca et non sur
la surface totale initiale à savoir 258 ha, l’ancienne Cheffe du Bureau de la Conservation a
indiqué en ignorer les raisons. D’initiative, elle a révélé que la SN HLM, à cette époque, l’a
saisie également pour une demande de mutation de ses droits sur le TF 1451/R. Ce qu’elle n’a
pas fait selon elle, au regard de l’arrêt judiciaire tantôt énoncé. Par contre, elle a déclaré
qu’une pré-notation du 26 juin 2013 a été effectuée sur le TF 1451/R réduit à la surface de
125ha 99a 47ca, au profit de la SN HLM suivant ordonnance du Juge n°1036/13 du 12 juin
2013.
Jusqu’à son départ en 2015, le TF 1451/R n’a subi aucune évolution, d’après elle.

II.1.10.Audition du sieur Amadou Makhtar MBAYE

En sa qualité de Directeur général de la société SAIM INDEPENDANCE, le sieur Amadou


Makhtar MBAYE a été entendu sur procès-verbal régulier.
Il a déclaré que la SAIM INDEPENDANCE, société immobilière, a été créée en 1976 par son
défunt père El Hadji Djily MBAYE. Il a indiqué que cette société a acquis auprès des
propriétaires terriens « Ousmane MBENGUE et consorts » le TF 1451/R pour le prix de
trente-cinq millions (35.000.000) frs CFA. D’une contenance initiale de de 275ha 83a 22ca,
l’assiette foncière s’est retrouvée avec une surface de 258ha 96a 33ca, suite aux diverses
amputations y effectuées par l’Etat du Sénégal, comme le confirme l’acte de titre foncier daté
du 08 octobre 1974 dont une copie est déposée pour les besoins de l’enquête (identifiée
suivant lettre A1).

Faisant l’historique du TF 1451/R, il a expliqué qu’il y a eu un échange, en 1988, entre son


père et l’Etat du Sénégal qui, contre 132ha environ dudit titre foncier, a remis au défunt Djily
MBAYE un terrain de 15.000 m sis à Mermoz à distraire du TF 5725/DG. A ses dires, ce
terrain donné gracieusement au défunt Roi Fahd d’Arabie Saoudite par son défunt père, a été
immatriculé TF 23.504/DG. Depuis lors, ajoute-t-il, le terrain est sous la responsabilité de
l’Ambassade d’Arabie Saoudite accréditée à Dakar.

Plus tard, indique-t-il, l’Etat du Sénégal, revenu à la charge, a exproprié la SAIM


INDEPENDANCE du TF 1451/R pour cause d’utilité publique, suivant décret 97-1119 du
12/11/1997, pour la réalisation des parcelles assainies de Keur Massar Rufisque. Pour
l’indemnisation, poursuit-il, l’Etat a proposé le prix de 500frs CFA par m2, soit le montant
total de 605.853.500 frs CFA sur une superficie de 121ha environ d’après l’acte
d’acquiescement du 15 avril 2008, enregistré au Bureau des Domaines de Rufisque,le 29
juillet 2009. A ses dires, la SN HLM, ayant établi le chèque concerné l’a déposé au Trésor.
Depuis lors, révèle-t-il, la SAIM INDEPENDANCE n’a pas reçu ces 605.853.850 frs CFA
malgré ses multiples relances. Etayant ses dires, il a déposé les documents y relatifs (identifiés
de A2 à A19).

Interpellé sur l’arrêt n°01/12/ du 09 février 2012 qui a d’abord annulé la transaction effectuée
entre SAIM INDEPENDANCE et les propriétaires terriens et a ensuite ordonné la radiation
de la propriété foncière de cette société sur le TF 1451/R, Monsieur Amadou Makhtar

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MBAYE a indiqué en avoir été informé. Il a expliqué la perte du procès à cause de leurs
avocats qui ne déféraient pas aux convocations du Juge de Kaolack. Toutefois, il a indiqué
que SAIM INDEPENDANCE a remporté auparavant tous les procès à Dakar face aux
héritiers qui contestaient la vente notariée des années 1978 et 1979.

II.1.11.Nouvelle audition de la Notaire Ndèye Lika BA

Convoquée, à nouveau, pour apporter des éclaircissements par rapport à certaines


informations recoupées au cours de l’enquête, Me Ndèye Lika Ba sise à Sacré Cœur VDN,
villa n°9436, titulaire de la charge de Dakar XIX, a été réentendue sur procès-verbal régulier.

A la question de savoir si elle était compétente pour traiter l’affaire portant sur le dépôt de
l’acte de cession relativement à l’article 02 de l’arrêté ministériel n°5300 du 07avril 2015, elle
a déclaré qu’à l’instar de ses collègues notaires basés à Dakar, elle est compétente sur toute
l’étendue de cette région.

Interpellée sur l’obligation de contrôle des actes et des affaires qu’elle est amenée à traiter et
par conséquent à authentifier, conformément à l’article 02 du même arrêté ministériel, Me BA
a laissé entendre que ce contrôle n’est pas nécessaire pour le cas du dépôt de l’acte de cession
sous-seing privé concerné.

Lui ayant rappelé que l’homologation de l’acte de cession en question a été rejetée en
première instance et en appel suivant l’arrêt n°04 du 11/01/2018 de la Cour d’Appel de Dakar
du fait du caractère lésionnaire de la transaction, objet de la contestation d’une partie des
propriétaires cédants, Me BA a déclaré n’avoir jamais été informée de cet arrêt judiciaire qui,
selon elle, n’a entraîné aucun incident sur l’acte de dépôt enregistré dans son cabinet.

Appelée à se prononcer sur la lettre de notification de redressement fiscal du 01 mars 2017


adressée au Directeur général de la SOFICO lui rappelant que l’acte de cession porte sur des
droits réels d’immeuble correspondant au taux d’enregistrement de 05% du prix d’achat et
non 1% comme antérieurement appliqué, Me BA a déclaré n’avoir jamais été informée de
cette notification de redressement.

Sur le montant de ses honoraires, Me Ndèye Lika BA a déclaré avoir reçu cinq millions
quarante mille (05.040.000) frs CFA de Seydou SARR, après services rendus. Etayant ses
dires, elle nous dépose un exemplaire de la « provision sur frais honoraires » qui sera
identifiée suivant la lettre N.

Il est joint au présent, l’arrêté ministériel n°5300 en date du 07 avril 2015 portant approbation
du règlement intérieur de la Chambre des notaires du Sénégal.(Document identifié suivant la
lettre N2)

II.1.12. Nouvelle audition de la dame Gnilane NDIAYE DIOUF

Entendue, à nouveau, la dame Gnilane Ndiaye DIOUF, après investigations faites au niveau
de son ancien service, notamment la Conservation foncière de Rufisque, a déclaréque quand
elle a reçu l’arrêt de la Cour d’appel de Kaolack pour exécution, elle ne pouvait inscrire les
droits de la famille héritière que sur les 125ha 99a 47ca qui restaient du TF 1451/R et sur
lesquels les ayants-droits avaient préalablement fait une pré-notation, en d’autre terme une
opposition. La partie antérieurement amputée du TF 1451/R par acte administratif du 23

20
septembre 1988, à savoir 132ha 96a 33ca,immatriculée TF 2887/R, ne pouvait être rétrocédée
à la famille héritière pour deux raisons d’après elle :
-le TF 2887/R n’est pas concerné par la pré-notation tantôt évoquée ;
-une clause d’indisponibilité pour cause d’utilité publique a été inscrite sur ce titre foncier
suivant décret 2000-874 du 31 octobre 2000.
Estimant avoir agi de la meilleure façon, elle a orientée la famille héritière auprès de l’agent
judiciaire de l’Etat pour faire valoir leurs droits sur le TF 2887/R.

Lui ayant rappelé que l’arrêt judiciaire avait exigé qu’après radiation de SAIM
INDEPENDANCE des livres fonciers, les parties devaient être renvoyées à la situation
d’avant 1978 où la superficie du TF 1451/R était de 258 ha 96a 33ca, la dame Gnilane
NDIAYE DIOUF, a maintenu ses propos défensifs en précisant avoir agi conformément aux
dispositions qui régissent sa fonction.

II.1.13.Audition du sieur Mamadou KASSE

Directeur de la SN HLM, le sieur Mamadou KASSE a été entendu sur procès-verbal régulier.
Il a précisé d’emblée que les faits liant la SN HLM et le TF 1451/R sont antérieures à son
arrivée au poste de Directeur général. Toutefois, il a relaté que suite au décret 97-1119 du 12
novembre 1997, modifié et complété par celui du 2000-874 du 31 octobre 2000 déclarant
d’utilité publique le projet de réalisation de parcelles assainies à Rufisque, l’Etat du Sénégal a
exproprié la SAIM INDENPENDANCE du TF 1451/R sur une superficie de 121ha 17a 07ca.
A cet effet, un compromis pour le dédommagement a été trouvé entre SAIM
INDEPENDANCE et SN HLM qui a abouti à la fixation du prix au mètre carré à 500frs CFA,
soit le montant total de 605.853.850frs CFA. Ce montant tiré du compte de la SN HLM
domicilié au crédit Lyonnais n°0830122, est versé à celui du Trésor intitulé 53-42-94.

Sur la finalité des 605.853.850 frs CFA, le sieur Mamadou KASSE a déclaré ignorer l’identité
du débiteur.

Interpellé sur la tenue de la réunion de la Commission de Conciliation du 21 août 2017, il a


déclaré qu’il n’en était pas informé et que la SN HLM n’y a pas été conviée.
Ayant confirmé la pré-notation demandée par la SN HLM sur les droits réels du TF 1451/R
depuis 2013, il a révélé que cette société immobilière, depuis le 20 juin 2018, est devenue la
propriétaire dudit titre foncier d’une contenance de 121ha 17a 07ca comme en atteste la copie
de l’état de droits réels déposé pour les besoins de l’enquête(et identifié suivant lettre S6).

II.1.14. Audition du sieur Dame FALL

Cité par le sieur Meïssa NDIAYE dans ses déclarations à propos de sa présence à la réunion
de la Commission de Conciliation, le sieur Dame FALL, anciendirecteur régional de Dakar au
niveau de la Direction Générale des Impôts et Domaines, a été entendu sur procès-verbal
régulier.

Il a déclaré avoir occupé les fonctions de Directeur régional de 2015 à 2017, poste qu’il a
quitté suite à sa suppression, pour être nommé ensuite Coordonnateur au niveau de la DGID.
A ce titre, poursuit-il, il supplée le Directeur général de la DGID en cas d’absence.

Sur l’affaire relative au TF 1451/R, il a indiqué en être informé lorsqu’il a reçu du Ministre de
tutelle, une correspondance n°0010143/MEF/MDB du 20 septembre 2015 relative à une
demande d’indemnisation sur ce titre foncier, formulée par la société SCI AFRIMO, agissant
d’ordre et pour le compte de la famille MBENGUE. C’est ainsi que, dira-t-il, il a saisi le Chef

21
du Bureau des Domaines de Rufisque pour information sur le titre foncier. En retour, il lui a
été informé, d’après lui, que le TF 1451/R fait l’objet d’une large occupation et qu’il y avait
lieu de procéder à une expropriation.A ses dires, il a, par la suite, saisi la Commission de
Contrôle des Opérations Domaniales (CCOD) pour avis. A sa séance du 19 janvier 2016,
déclare-t-il, la CCOD a suspendu l’affaire portant sur la demande d’indemnisation sur le TF
1451/R, tout en émettant les observations suivantes : « recueillir l’avis de la SN HLM sur les
circonstances de son occupation du site foncier et ré-instruire le dossier par rapport à la
première expropriation. » Il a indiqué avoir saisi la SN HLM à cet effet qui n’a pas répondu
jusqu’à la date de son départ de son poste précédent (de Directeur régional).
Par ailleurs, il a déclaré ignorer les suites réservées à cette procédure d’indemnisation.

Sur les propos du sieur Meïssa NDIAYE, chef du Bureau des Domaines de Ngor-Almadies-
Grand-Dakar,qui l’a désigné comme étant son mandant dans cette réunion de la Commission
de Conciliation tenue le 21 août 2017, le sieur Dame FALL a catégoriquement nié le fait,
prétendant n’avoir commis aucun individu à ladite rencontre dont il n’était pas informé.

Réfutant avoir saisi le Gouverneur de Dakar pour cette réunion, toutefois il a précisé être
encore au poste de Directeur régional bien qu’il ait été supprimé depuis le 03 avril 2017. Il a
rappelé qu’avant cette suppression, la saisine du Gouverneur de Dakar était faite par le
Directeur régional. Suite à cette suppression, révèle-t-il, toutes les prérogatives fonctionnelles
de ce poste revenaient au Directeur des Domaines, poste qu’occupait le sieur Mamadou
Mamour DIALLO. C’est la raison pour laquelle, indique-t-il,que les deux actes
d’acquiescement de SOFICO et CFU soient signés et validés par Mamadou Mamour
DIALLO à la date du 22 août 2017.

A ses dires il a été nommé Coordonnateur le 25 septembre 2017 et a rejoint ce nouveau poste
le 25 octobre 2017.

Plus tard, le sieur Dame FALL a déposé pour les besoins de l’enquête : le procès-verbal de
transfert de dossiers entre le sieur Mamadou Mamour DIALLO et lui, effectué le 25 octobre
2017 ; le décret 2017-480 (ainsi que son projet de décret) modifiant celui au n°2014-1171 du
16 septembre 2014 portant organisation du Ministère de l’Economie et des Finances
(identifiés suivant D1 ; D2 et D3)

II.1.15. Audition du sieur Mohamet FALL

Ancien Gouverneur de la région de Dakar de 2015 à mai 2019, le sieur Mohamet FALL,
président de la Commission de Conciliation, a été entendu sur procès-verbal régulier.

D’emblée, il a précisé que la procédure d’expropriation relève exclusivement de


l’Administration des Domaines qui, une fois le décret d’expropriation signé, instruit le
Gouverneur pour la convocation de la Commission de Conciliation. Le dossier, selon lui, doit
comprendre le ou les décret(s) d’expropriation ; le ou les plan(s) du ou des titre(s) foncier(s)
ou baux expropriés pour cause d’utilités publiques ; le plan cadastral pour chaque titre
concerné et les adresses des propriétaires de titres fonciers ou de baux ou leurs représentants.

Pour le cas de l’affaire du TF 1451/R, tous les documents nécessaires lui ont été transmis,
d’après lui, y compris l’acte notarié de cession de droits, actions et créances établi en faveur
de SOFICO et CFU représentées par Seydou SARR, de la part des héritiers DIAKHATE,
NDIAYE et consorts titulaires des droits réels sur le TF 1451/R.

22
Doivent prendre part à la réunion, en dehors de sa personne, le représentant de
l’Administration des Domaines ; les propriétaires ou leurs représentants et le Maire de la
localité. Pour le présent cas, déclare-t-il, il lui était difficile d’identifier le Maire concerné car
le TF 1451/R était à cheval sur plusieurs localités.

Au cours de cette rencontre, note-t-il, le prix du mètre carré est défini au terme d’un
marchandage entre les parties. A l’issue de la réunion un procès-verbal est dressé pour être
transmis à l’Administration des Domaines pour l’établissement de ou des actes
d’acquiescement.

N’étant pas exécutoire, le PV peut être attaqué en justice par la partie contestataire, d’après
lui.

Confronté à l’article 8 de la loi 76-67 du 02 juillet 1976 portant expropriation pour cause
d’utilité publique,qui rappelle l’obligation pour l’expropriant de requérir la Conservation
foncière pour la délivrance de l’état des inscriptions ; charges ou droits réels grevant les
immeubles et les droits immobiliers désignés dans l’acte de cessibilité, le Gouverneur a
indiqué que cette tâche incombe à son requérant. Poursuivant, il a déclaré ne pas se souvenir
s’il y avait l’état des droits réels de l’assiette des 258 ha se rapportant au TF 1451/R.

Lui ayant présenté l’arrêt de la Cour d’Appel de Kaolack sus-indiqué qui a ordonné
l’inscription des droits des héritiers sur le TF 1451/R avant 1978 et donc sur les 258 ha et que
ces droits ne sont inscrits sur les 125 ha 99a 47ca qui sont grevés de charges dont la pré-
notation de la SN HLM, il a révélé n’avoir jamais été informé de ces faits.
Sur le prix de 37.000 frs CFA/m arrêté, le Gouverneur a indiqué que le TF 1451/R se trouve
dans le département de Pikine, à Keur Massar où le barème est de 48.000 frs CFA/m pour les
impactés du TER.

Confronté au décret 2010-439 du 6 avril 2010 fixant le prix à Keur Massar entre 15.000frs
CFA et 25.000 frs CFA, il a déclaré, après avoir pris acte du rappel, que ce décret devait être
révisé tous les deux ans, d’après le préambule. Ce qui n’a pas été fait, selon lui, depuis 07 ans.

Lui ayant rappelé le cas du terrain sis à Mermoz à distraire du TF 5725/DG échangé contre
une partie de l’assiette foncière du TF 1451/R, le Gouverneur a déclaré ignorer cette
information car n’ayant pas été mentionnée dans le dossier reçu.

Sur la non-homologation de l’acte de cession concerné par le TGIHCD, le Gouverneur a


encore indiqué ne pas en être informé car n’ayant jamais reçu de notification en ce sens.

Au terme de son audition, le sieur Mohamet FALLa promis de nous transmettre le fond de
dossier de saisine émanant de l’Administration des Domaines pour étayer ses dires ; chose
qu’il n’a pas faite jusqu’à son départ du poste de Gouverneur de Dakar.

II.1.16. Nouvelle audition du sieur Meïssa NDIAYE

Sur les éléments constitutifs du dossier traité à la réunion de la Commission de Conciliation


du 21 août 2017, le sieur Meïssa NDIAYE, chef du Bureau des Domaines de Ngor-Almadies-
Grand-Dakar, a énuméré treize (13) pièces listées dans son procès-verbal dont l’acte de
cession avec son acte de dépôt notarié ; l’arrêt de la Cour d’appel de Kaolack ; le décret n°97-
1119 du 12 novembre 1997 ; le décret 2010-874 portant tous deux expropriations pour cause
d’utilité publique sur le TF 1451/R et l’état des droits réels dudit titre foncier.

23
Confronté aux propos du sieur Dame FALL, il a réitéré la désignation de sa personne par ce
dernier pour le représenter à la réunion du 21 août 2017. Même si le décret de suppression de
la Direction régionale est intervenu bien avant la date de cette réunion, persiste-t-il, Dame
FALL continuait à gérer les dossiers qui lui avaient été imputés. Il a précisé que la désignation
était téléphonique, par contre, il a rendu compte au sieur Mamadou Mamour DIALLO au
terme de cette réunion de Conciliation.

Lui ayant rappelé les dispositions de l’article 08 de la loi 76-67 du 02 juillet 1976 portant
expropriation pour cause d’utilité publique tantôt annoncée, il a indiqué que l’état de droits
réels du TF 1451/R qu’il a produit mentionne une superficie de 125ha 99a 47ca inscrite au
nom des héritiers. Toutefois, il a souligné que l’assiette foncière concernée est grevée de
charges dont la pré-notation de la SN HLM. Eu égard aux faits relatés, par ses soins, il a
déclaré que SOFICO et CFU ne sont pas titulaires de droits réels sur le TF 1451/R.

Confronté à l’article 30 de la loi 76-67 qui exige que l’indemnité, suite à une expropriation, ne
doive être versée qu’aux propriétaires, titulaires de droits réels, il a déclaré que cette
disposition, dans son entendement, vise les intermédiaires qu’elle exclut en matière
d’expropriation, alors que SOFICO et CFU sont des acquéreurs de créances.

Appelé à expliquer l’existencede créances reconnues aux héritiers qu’ils ont, par la suite,
cédées aux sociétés SOFICO et CFU, il a indiqué que le décret 97-1119 du 12 novembre 1997
qui, en déclarant d’utilité publique le projet d’aménagement des parcelles assainies de Keur
Massar Rufisque, a donné naissance à la dette de l’Etat au profit des propriétaires du TF
1451/R pouvant prétendre à une juste et préalable indemnisation dont la procédure obéit à une
démarche bien définie.

Lui ayant présenté la lettre de notification de redressement du Centre des grandes entreprises
à l’endroit du Directeur général de SOFICO; notification qui redéfinit l’objet de la transaction
en une mutation d’immeuble et non en de simples cessions créances, le sieur Meïssa NDIAYE
a déclaré ne pas en être informé.

Sur la demande d’indemnisation introduite par les héritiers, le sieur Meïssa NDIAYE a
déclaré en être informé mais a précisé ignorer la suite qui lui a été réservée. Pour cela, il nous
dépose une copie de cette demande établie par la SCI THIANDOUM au profit de la famille
héritière (identifiée suivant la lettre N1).

Sur la base référentielle utilisée pour définir le prix unitaire de 37.000frs CFA/m , le sieur
Meïssa NDIAYE a indiqué que le décret 2010-439 fixe le prix au mètre carré à Keur Massar à
25.000 frs CFA pour les terrains viabilisés. Il est ajouté à cela, selon lui, le taux d’inflation
estimé à 10% tous les deux ans. Cependant, il s’est désolé dene pouvoir mettre à notre
disposition un texte législatif ou réglementaire y relatif pour étayer ses dires. Sans résignation,
il s’est engagé à nous faire parvenir plus tard des références documentaires pour établir sa
thèse sur l’inflation de 10%.

Lui ayant rappelé l’arrêt n°04 du 11 janvier 2018 de la Cour d’Appel de Dakar qui a confirmé
le refus d’homologation de l’acte de cession concerné, le sieur Meïssa NDIAYE a déclaré
que, suite à l’arrêt judiciaire prononcé, les paiements d’indemnisation ont été suspendus.
Etayant ses dires, il a exhibé une correspondance n°2469/DGID/DD/CSF/NGA (identifié
suivant la lettre N2) du 30 avril 2018 de sa part qu’il a adressée au Directeur des Domaines
pour la prise des mesures conservatoires suivantes :
-suspendre tout acquiescement sur le TF 1451/R ;
-surseoir à tout paiement sur le TF 1451/R ;

24
-transférer les paiements déjà effectués sur les dossiers en instance d’indemnisation de la
SOFICO et CFU ;
-informer l’intéressé des mesures prises.
A ses dires, l’intéressé a été informé de ces mesures.

Sur le montant total jusque-là versé par l’Etat du Sénégal à Seydou SARR, représentant des
sociétés SOFICO et CFU, il a indiqué avoir émis des ordres de paiements numérotés 4810 du
06/11/2017 ; 4015 du 31/08/2017 ; 3408 du 11/06/2018 pourla somme d’argent de trois
milliards deux quatre-vingt-quinze millions huit cent soixante-quinze mille (3.295.875.000)
frs CFA. Ces ordres de paiements sont déposés au Trésor public chargé de libérer les fonds. Il
a indiqué avoir agi sur instruction du Ministre de l’Economie et du Plan d’alors,
Monsieur Amadou BA, suivant note n°634 du 01 juin 2017 lui ordonnant de régler pour
le compte de SOFICO le paiement d’un montant de onze milliards vingt-quatre millions
six cent quinze mille (11.024.615.000) frs CFA.
(Les ordres de paiements ainsi que la copie de la note du Ministre Amadou BA sont identifiés
suivant les lettresN3 à N6).

Il nous a déposé en outre :


la lettre de contestation de l’avocat de Seydou SARR à l’endroit des mesures conservatoires
sus indiquées. (Document identifié suivant la lettre N7) ;
une correspondance datée du 29 mai 2019 relatant des actesadministratifs posés par Dame
FALL bien après la suppression de son poste de Directeur Régional ((N8) ;
un guide de la PAP relatant les indemnisations des impactés du BRT (Bus-Rapid-Transit)(N9)

II.1.17.Audition du sieur Mouhamadou Moustapha DIA

Président de la Commission de Contrôle des Opérations Domaniales, le sieur Mouhamadou


Moustapha DIA, a été entendu sur procès-verbal régulier.
La CCOD, d’après lui, se compose, en dehors de sa personne ;du Directeur des Domaines ; du
Directeur du Cadastre ; du Directeur de l’Urbanisme ; du Directeur des Affaires Civiles et du
Sceau ; du Directeur de l’Aménagement du Territoire ; du Directeur de l’Investissement
d’alors et du Directeur du Matériel et du Transit.

La CCOD, selon lui, travaille sur saisine du Directeur des Domaines qui prépare le projet
d’ordre du jour, arrêté par le Ministre chargé du Budget. Au cours de cette rencontre, trois
avis peuvent être dégagés :
-avis favorable par consensus si le dossier est conforme ;
-avis défavorable si le dossier n’est pas conforme ;
-avis suspendu en attendant la communication d’éléments complémentaires au dossier.

Sur le cas du dossier du TF 1451/R, le sieur DIA a déclaré que la CCOD en avait été saisi en
l’an 2016, par un rapport rédigé par le Directeur régional d’alors Dame FALL mais présenté
par le Directeur des Domaines Mamadou Mamour DIALLO. Il s’agissait de l’affaire 114 qui
portait sur une demande d’indemnisation d’une partie dudit titre foncier, d’une contenance de
125ha 99a 47ca, par la SCI AFRIMO, pour le compte de Sakou MBENGUE et consorts. A
ses dires, le dossier ne comprenait que ce rapport signé par le Directeur régional dont il nous
dépose la copie pour étayer ses dires (le document est identifié suivant la lettreC1).

Au terme de la discussion, la séance a jugé nécessaire de suspendre l’affaire et de surcroît son


avis en émettant les observations suivantes : Ré-instruire le dossier par rapport à la première
expropriation-Avis de la SN HLM sur les circonstances de son occupation. Etayant ses dires il
25
nous dépose le procès-verbal signé portant référence CCOD n°1 du 19 janvier 2016, approuvé
le 22 suivant, par le Ministre chargé du Budget. (Document identifié suivant la lettre C2)
Depuis lors, déclare-t-il, la CCOD n’a plus été ressaisie de ce dossier relatif à l’affaire n°114.

Sur demande, il a indiqué n’avoir jamais été informé de la tenue de la réunion de Commission
de conciliation du 21 août 2017. Selon lui, en matière d’expropriation pour d’utilité
publique,l’avis favorable de la CCOD doit précéder le décret d’expropriation ainsi que la
saisine du Gouverneur. Il a ajouté ignorer les conditions et circonstances dans lesquelles le
Gouverneur (Mohamet FALL)a été saisi pour le cas du TF 1451/R. Rappelant la condition
obligatoire pour prétendre à une indemnisation suite à une expropriation, il a cité cette
maxime courante dans les affaires domaniales : « pas de droit sans inscription, ni
d’extinction sans radiation ».
Plus tard, le sieur DIA nous a déposé le décret 81-557, portant application du Code du
Domaine de l’Etat et la loi n°76-67 relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique.
(Ces documents sont identifiés suivants les lettres C3 et C4)

Synthèse / analyse 2 :

Au regard des déclarations sus-indiquées, il ressort que :

-la dame Gnilane NDIAYE DIOUF, ancienne Cheffe du Bureau de la Conservation de


Rufisque, consciente du contenu de l’arrêt judiciaire de Kaolack qui ordonnait l’inscription
des droits de la famille héritière sur le TF 1451/R dans son état d’avant 1978, n’a exécuté que
partiellement ledit arrêt prétextant être empêchée par des dispositions réglementaires. Cette
inscription partielle n’a puretenir la famille héritière à céder leurs droits sur toute l’étendue du
TF 1451/R (258 ha) ;

-la notaire Me Ndèye Lika, réfute vaille que vaille la notion de transfert de propriété
immobilière dans l’acte de cession liant SOFICO de Seydou SARR et la famille héritière en
persistant sur la notion de cession de créances dont la nature de l’acte (sous seing privé), selon
elle, ne l’obligeait pas au contrôle préalableavant de procéder à l’enregistrement. Confrontée à
la notification de redressement du Bureau Fiscal qui a soutenu que l’acte de cession en
question, porte sur un bien immobilier et non sur de simples créances, Me BA a indiqué ne
pas être informée de ce redressement. Il en est de même lorsque le rejet d’homologation du
même acte de cession lui a été informé. Pour le simple acte de dépôt effectué par Seydou, Me
BA a indiqué en être payé jusqu’à hauteur de 05.040.000 frs CFA HTVA.

-le sieur Mamadou KASSE, DG de la SN HLM, a confirmé les 605.853.500 frs CFA destinés
à l’indemnisation suite à l’occupation des 121ha 17a 07ca. Ces fonds tirés du compte de la SN
HLM ont été versés dans le compte du Trésor Public.

-la SAIM INDEPENDANCE, n’a pas reçu les fonds d’un montant de 605.853.500 frs CFA,
suite à l’expropriation des 121ha 17a 07ca que la SN HLM a déjà libérés. Le terrain échangé,
distrait du TF 5725/DG et sis à Mermoz, est devenu TF 23.504/DG et est sous la
responsabilité de l’Ambassade d’Arabie Saoudite à Dakar.
-le sieur Mohamet FALL, ancien Gouverneur de Dakar, président de la Commission de
Conciliation ignorant tout de la Loi 76-67,relative à l’expropriation pour cause d’utilité
publique, a révélé que la négociation portait sur les 258 ha du TF 1451/R dont l’état des droits
réels n’était pas disponible dans le dossier de saisine qui lui a été transmis ;

26
-le sieur Meïssa NDIAYE, Chef du Bureau des Domaines Ngor-Almadies, soutenant
mordicus la notion de transfert de créances et non de transfert de propriété d’immeuble dans
l’acte de cession sus-indiqué, ignore l’existence de la notification de redressement adressée au
Directeur de SOFICO par le Bureau du Service Fiscal des Impôts et Domaines. La publication
de l’arrêt portant sur le rejet d’homologation de l’acte de cession l’a poussé à préconiser des
mesures conservatoires tendant à surseoir les paiements d’indemnité au profit de SOFICO ;

-le sieur Mouhamadou Moustapha, président de la C.C.O.D n’a plus été ressaisi du dossier
relatif à la demande d’indemnisation sur une partie du TF 1451/R introduite par AFRIMO au
profit de la famille héritière, après sa suspension pour des vérifications techniques. Il a été
surpris d’apprendre que le dossier, cette fois-ci diligenté pour des sociétés de Seydou SARR,
a sauté la CCOD pour être déposé à la Commission de Conciliation. Ce qui est un vice de
forme, d’autant plus qu’en matière d’expropriation l’avis favorable de la CCOD est
obligatoire avant l’établissement du décret d’expropriation et de la tenue de la réunion de la
Commission de Conciliation ;

- le sieur Meïssa NDIAYE, chef du Bureau des Domaines de Ngor-Almadies-Grand-


Dakar,avoue avoir effectué les paiements sur instruction du Ministre de l’Economie et
des Finances d’alors, Monsieur Amadou Ba, alors que celui-ci n’est pas habilité à
ordonner ces paiements sauf s’il s’agit d’une réquisition faite à son endroit (Meïssa
NDIAYE). Ayant ordonné ces paiements relatifs à une procédure d’indemnisation irrégulière,
le Ministre engage sa responsabilité au même titre que l’auteur des paiements.

II.1.18. Audition du sieur Cheikh Mouhamed Hady DIEYE

Le sieur Cheikh Mouhamed Hady DIEYE, ancien Chef du Centre des Grandes Entreprises de
2015 à 2017 de la DGID, a été entendu sur procès-verbal régulier.
Lui ayant présenté la lettre de notification de redressements n°00705/DGIDDSFS/CGE/BCF
du 01 mars 2017, il a reconnu avoir établi cette correspondance à l’endroit du Directeur de
SOFICO pour avoir soulevé quelques anomalies dans l’acte de cession de droits, actions et
créances portant sur le TF 1451/R dont le taux d’enregistrement était de 1%.

A la lecture dudit document, il leur était apparu que la cession de droits, actions et créances
portait sur un bien immeuble, au taux d’enregistrement de 5%. Ce qui obligeait le
contribuable à s’acquitter du montant de 125.000.000 frs CFA après déduction faite des
25.000.000 frs CFA déjà payés pour le taux de 1%.
Dans les délais requis, dira-t-il, le contribuable a répondu tout en maintenant sa position
initiale de 1% quant au taux d’enregistrement.
La réponse dudit contribuable nous a été déposée par l’auditionné. (Document identifié
suivant la lettre P1)
Entretemps, révèle-t-il, le sieur Cheikh Mouhamed Hady DIEYE a été muté vers son poste
actuel et remplacé par le sieur Assane DIOUF. Il a déclaré n’avoir plus de nouvelle des suites
réservées à cette affaire de redressement.

II.1.19.Assane DIOUF

Actuel Chef du centre des Grandes Entreprises de la DGID, le sieur Assane DIOUF a été
entendu sur procès-verbal régulier.

Il a déclaré avoir substitué le sieur Cheikh Mouhamed Hady DIEYE à ce poste mais n’a
jamais été informé du cas de redressement concernant la société SOFICO. D’ailleurs, précise-
t-il, le dossier y afférent ne lui a jamais été transmis au cours de la passation de service.

27
A ses dires, au terme de deux mois sans réaction de la part de l’Administration à compter de
la date de réception de la réponse écrite du contribuable, l’affaire est classée sans suite de
façon tacite. Etayant ses dires, il a rappelé les dispositions de l’article 612 du Code général
des Impôts.
Au terme de son audition, il nous a déposé la copie de sa prise de service datée du 24 août
2017. (Document identifié suivant la lettre P2)

II.1. 20. Nouvelle audition du sieur Seydou SARR

Entendu, à nouveau, sur procès-verbal régulier, le sieur Seydou SARR, sur demande, a
expliqué avoir reçu, en tout, dans le cadre de l’indemnisation relative au TF 1451/R un
acompte d’un montant de 02.800.000.000 (deux milliards huit cent millions) frs CFA environ
de l’Etat du Sénégal. Il a ajouté que les chèques y afférents, une fois établis par le Chef du
Bureau des Domaines de Ngor-Almadies, sont déposés au Trésor public pour visa. Ces
chèques remis et reçus par ses soins, sont déposés auprès de ses banques pour virements des
fonds correspondants.

Confronté au montant avancé par le Chef du Bureau des Domaines de Ngor-Almadies, à


savoir 03.295.875.000 frs CFA, le sieur Seydou SARR, revenant sur ses propos, a alors
confirméavoir reçu cette somme d’argent.

Interpellé sur le montant des frais de notaires payés à Me Ndèye Lika BA, il a avancé, sauf
erreur de sa part, le montant de quinze millions (15.000.000) frs CFA.

Appelé à justifier le montant de 180.000.000 frs CFA déboursés pour les « frais
d’enregistrements » évoqués dans sa première déclaration, Seydou SARR a expliqué que cette
somme d’argent comprenait, hormis les frais de notaire tantôt évoqués et les frais fiscaux de
25 millions de frs CFA, le montant de 125 millions de frs CFA relatif au redressement signalé
par le service fiscal des Impôts et Domaines. Toutefois, précise-t-il, le redressement n’ayant
pas été confirmé, ces 125 millions déjà déposés auprès de son avocat, lui avaient été
retournés. A ses dires la notification de redressement a précédé sa première audition et la
réaction de son avocat est postérieure à celle-ci.

Lui ayant demandé ce qu’il avait fait de spécial pour voir sa demande d’indemnisation
accordée et exécutée avec célérité, le sieur Seydou SARR s’est contenté de dire avoir
simplement saisi le Directeur régional des Domaines, après avoir acquis les droits, actions et
créances du TF 1451/R, pour ensuite être convoqué à la Commission de Conciliation afin de
discuter sur le prix au mètre avec les représentants de l’Etat.

Interpellé sur la suspension de la demande d’indemnisation sur le TF 1451/R ordonnée par la


C.C.O.D et des observationsémises par celle-ci, le sieur Seydou SARR a indiqué n’avoir
jamais été au courant de tout cela.

Interpellé encore sur les charges grevées aux 121ha 17a 07 ca restants du TF 1451/R et sur
lesquels sont dernièrement inscrits les droits de propriété de ses vendeurs, le sieur Seydou
SARR en a fait fi, prétendant avoir acheté les droits des familles héritières traduits dans l’arrêt
de la Cour d’Appel de Kaolack sus-indiqués. C’est ce qui lui a donné raison pournégocier sur
l’assiette foncière initiale du TF 1451/R, à savoir 258ha, au cours de la réunion de la
Commission de Conciliation, d’après lui.

28
Sur demande, il a déclaré qu’il n’y a pas eu de décret d’expropriation établi pour le compte de
ses sociétés SOFICO et CFUqui prétendaient à une indemnisation suite à une expropriation
pour cause d’utilité.

Interpellé sur la correspondance du Chef de Bureau des Domaines de Ngor-Almadies qui,suite


au rejet d’homologation de l’acte de cession de droits, actions et créances en première
Instance et en Appel à Dakar, a préconisé des mesures conservatoires à l’endroit de
l’indemnisation relative au TF 1451/R, notamment la suspension de tout acquiescement ; le
sursoit à tout paiement sur le même titre foncier entre autres, le sieur Seydou SARR a indiqué
en avoir été informé. D’ailleurs, son avocat, ayant contesté ces mesures conservatoires a
adressé, en retour, une lettre en ce sens audit Chef de Bureau des Domaines qui, selon lui, a
continué le paiement bien après la date d’émission de sa correspondance.

Sur la situation actuelle des deux actes d’acquiescement établis pour ces deux sociétés,
Seydou SARR a indiqués les avoir confiés à son avocat en attendant leur règlement intégral.

Interpellé sur le dénommé Dame DIEYE, identifié comme étant l’usager qui effectuait des
retraits récurrents sur le compte bancaire de SOFICO, domicilié à la Banque Islamique du
Sénégal, pour des montants variant entre 100 millions et 400 millions en espèces, le sieur
Seydou SARR a déclaré qu’il s’agit de son coursier qui est à son service.

II.1.21. Nouvelle audition du sieur Mamadou Mamour DIALLO

Entendu, à nouveau, le sieur Mamadou Mamour DIALLO, a confirmé avoir été membre de la
Commission de Contrôle des Opérations Domaniales, en tant que rapporteur chargé de
préparer les ordres du jour et d’aviser les usagers et les Chefs des Bureaux de Domaine des
observations soulevées par cette instance. Confirmant les dires du Président de la CCOD, il a
indiqué que cette instance a pour compétence d’émettre son avis sur toutes les opérations à
caractère foncier et domanial du territoire national.

Interpellé sur le dossier relatif au rapport signé par l’ancien Directeur des Domaines et portant
sur une demande d’indemnisation d’« une partie du TF 1451/R », notamment les 125ha 99a
47ca occupés par la SNHLM, pour étude et avis de la CCOD lors de sa séance du 19 janvier
2016, le sieur Mamadou Mamour DIALLO, à la lecture dudit rapport, a déclaré ne pas s’en
souvenir.

Confronté au procès-verbal établi lors de la séance du 19 janvier 2016 et approuvé le 22


suivant, par la C.C.O.D qui a suspendu l’affaire en attendant l’accomplissement de ces
observations : « Ré-instruire le dossier par rapport à la première expropriation-Avis de la SN
HLM sur les conditions d’occupation du TF 1451/R », le sieur Mamadou Mamour DIALLO,
à la lecture dudit procès-verbal comportant sa signature, a confirmé lesdites observations tout
en ajoutant que la CCOD, suite audites remarques, n’a plus été ressaisie de cette affaire. Se
dérobant encore, il a chargé l’ancien Directeur régional des Domaines Dame FALL et le Chef
du Bureau des Domaines de Ngor-Almadies comme étant les responsables de l’affaire relative
à l’indemnisation portant sur le TF 1451/R.

Interpellé sur le fait que la Commission de Conciliation soit saisie sans avis favorable de la
CCOD, ce qui est un vice de forme de la part de son président, le sieur Mamadou Mamour
DIALLO, se dérobant encore, a indiqué n’avoir pas saisi le Gouverneur de Dakar d’alors pour
la tenue de la réunion concernée. Toutefois, tentant de se substituer aux initiateurs de cette
rencontre, il a indiqué que du moment qu’il existait des décrets d’expropriation concernant le
TF 1451/R pour cause d’utilité publique, la procédure pouvait valablement être poursuivie.

29
Ayant reconnu avoir reçu le compte-rendu du Chef de Bureau des Domaines de Ngor-
Almadies, à la suite de la réunion de la Commission de Conciliation du 21 août 2017, le sieur
Mamadou Mamour DIALLO, a précisé, sans convaincre, que son rôle s’était limité à la
signature des deux actes d’acquiescement concernés et qu’il n’avait aucune observation à
faire sur le procès-verbal de cette réunion préalable à laquelle il n’avait pas participé.

Confronté à l’article 3 du décret 81-557 du 21 mai 1981 portant application du Code des
Domaines de l’Etat, qui stipule que la CCOD, en dehors des cas d’urgence : « ….émet un avis
sur le montant des indemnités à proposer» et donc du prix de 37.000frs CFA/m retenu lors la
réunion de conciliation, le sieur Mamadou Mamour DIALLO, rapporteur de cette CCOD, a
déclaré n’avoir pas eu connaissance de cet avis jusqu’au moment où il signait et validait les
deux actes d’acquiescement concernés, en tant Directeur des Domaines d’alors.

A propos des décrets d’expropriation pour cause d’utilité publique concernant SOFICO et
CFU qui prétendaient à une indemnisation, il a indiqué qu’il n’en a pas eu connaissance. De
même, il ignorait, selon lui, la lettre de notification de redressement fiscal adressée au
Directeur général de SOFICO concernant l’acte de cession sus-indiqué.

Interpellé enfin sur la correspondance que le Chef de Bureau des Domaines de Ngor-
Almadies lui avait adressée pour, suite au refus d’homologation de l’acte de cession sus-
indiqué par la Justice, préconiser des mesures conservatoires sur l’indemnisation relatif au TF
1451/R, le sieur Mamadou Mamour DIALLO a déclaré avoir informé la hiérarchie supérieure
dès sa saisine. A ses dires, les autorités supérieures compétentes avaient donné l’ordre de
sursoir les paiements d’indemnisation sur le TF 1451/R, sans pouvoir donner les références
par rapport à ces instructions.

II.1.22. Audition du sieur Dame DIEYE

Entendu sur procès-verbal régulier, le sieur Dame DIEYE, a déclaré être le coursier de
Seydou SARR mais employé au niveau de la SOFICO pour cette tâche. D’après lui, il est
chargé d’acheminer les courriers de cette société et d’effectuer des opérations bancaires pour
son employeur.

Interpellé sur la masse financière globale de 03.497.000.000 frs CFA, qu’il a retirée entre
17/03/2016 et 19/07/2017 et en plusieurs phases suivant des montants pouvant atteindre 400
millions frs CFA, à partir du compte bancaire de SOFICO, domicilié à la Banque islamique
du Sénégal, le sieur Dame DIEYE, l’a confirmée sans détours, pour dire avoir agi sur
demandes de son patron. A chaque retour d’opération bancaire, il remettait les fonds, selon
lui, à son envoyeur Seydou SARR, dans son bureau.

Sur interpellation, il a indiqué n’avoir remis aucune somme d’argent à qui ce soit, en dehors
de son employeur.

Exploitation et analyse des réquisitions et documents bancaires

Une réquisition a été adressée au Payeur général du Trésor Public, aux fins de communication
d’informations sur le montant total jusque-là remis par l’Etat du Sénégal au profit de SOFICO
et CFU dans le cadre du paiement en guise d’indemnisation suite à une expropriation pour
cause d’utilité publique portant sur le TF 1451/R. En retour le Payeur général, dans sa
correspondance n° 0005 du 18 juin 2019, a indiqué avoir exécuté « au cours de l’année 2018,

30
vingt-un (21) chèques du Trésor au profit de SOFICO pour le montant de 02.045.875.000 frs
CFA et quatorze (14) chèques au profit de CFU pour un montant de 800.000.000 frs CFA,
soit en tout 02.845.875.000 frs CFA. » désigné comme acompte cumulé sur le montant total
dû dans le cadre de l’indemnisation sus-indiquée.

Une réquisition a été adressée à la SN HLM pour la communication d’informations relatives


au chèque émis en guise d’indemnisation au profit de SAIM INDEPENDANCE, avant l’arrêt
de la Cour d’Appel de Kaolack. En retour le Directeur général intérimaire, dans sa
correspondance n° 003246/HLM du 15 novembre 2018, a déclaré que le montant de
605.853.850 frs CFA, au moyen du chèque Crédit Lyonnais n°0830122 du 25 février 2000, a
été « émis à l’ordre du Receveur des Domaines de Dakar, pour le règlement relatif à
l’expropriation du titre foncier 1451/R »

Une réquisition a été respectivement adressée aux Chefs de Bureaux de la Conservation de


Rufisque et de Dakar-Gorée pour nous retracer l’historique individuel des titres fonciers
1451/R ; 2887/R et 5725/DG. En retour le Chef du Bureau de la Conservation de Rufisque,
contrairement à son collègue de Dakar-Gorée, nous a transmis 12 copies des bordereaux
analytiques du TF 1451/R et 05 bordereaux analytiques du TF 2887/R, par correspondance
n°00295/MEFP/DGID du 13 mai 2019.

Il a été indiqué que le TF 2887/R au nom de l’Etat du Sénégal, a été créé à partir du TF
1451/R, suite à une amputation d’une surface de 132ha 96a 86ca sur l’assiette foncière initiale
totale dudit titre foncier (258ha 96a 33ca). Cette surface amputée a été échangée contre un
terrain sis à Mermoz au profit de SAIM INDEPENDANCE d’une contenance de 1ha 49a
59ca à détacher du TF 5725/DG. D’après l’état des droits réels, les charges grevées au
TF2887/R découlent de celles du TF 1451/R.

Le TF 1451/R d’une contenance reliquataire de 125ha 99a 47ca inscrits au nom de SAIM
INDEPENDANCEa été rétrocédé aux héritiers de feux Ousmane MBENGUE ; Djibril
NDIAYE et Marième MBENGUE suite à la décision judiciaire rendu par la Cour d’Appel de
Kaolack. En l’an 2013, la SN HLM, à l’effet de conserver ses droits, y a fait inscrire une pré-
notation suivant ordonnance de justice.

Aux dires du Chef du Bureau de Rufisque, le TF 1451/R est en cours de morcellement pour le
compte de la SN HLM.

Une réquisition a été adressée au Gouverneur de Dakar, aux fins de nous transmettre la copie
du fond de dossier de saisine relative à la réunion du 21 août 2017, notamment les deux
procès-verbaux de conciliation et le décret de désignation des membres. En retour, ledit
Gouverneur nous a fait parvenir deux procès-verbaux datés 21 août 2017 portant comme titre
commun « projet HLM » ; « projet déclaré d’utilité publique par le décret n°200-
874/MEF/DGID/DEDT »et « Titre foncier : 1451/R ».

Rappelant aussi la loi n°76-67 du 02 juillet 1976 relative à l’expropriation, ces deux PV ont
désignéle nommé Seydou SARR « propriétaire du TF 1451/R » ou « cessionnaire de Ndiaga
NDOYE et consorts en vertu d’une procuration notarié ou seing privé légalisé en date du…. »
(sans autre précision).

31
Sur l’un des deux PV, il est indiqué le montant partiel de 49.950.000.000 frs CFA destiné à
être indemnisé pour le compte de « Seydou SARR/CFU », soit 37 000 frs CFA/mètre carré
sur 135 ha.

Sur le second PV, il est indiqué le montant reliquataire de 44 833 159 000 frs CFA destiné à
être indemnisé pour le compte de « Seydou SARR », soit 37 000 frs CFA/mètre carré sur 1
211 707 mètres carrés.

D’après ces deux PV, le nommé Seydou SARR, qui a signé en sa qualité d’ « exproprié », doit
recevoir de l’Etat le montant cumulé de 94 783 159 000 (quatre-vingt-quatorze milliards sept
cent quatre-vingt-trois millions cent cinquante-neuf mille) frs CFA, alors qu’il n’a jamais été
titulaire de droits réels sur le TF 1451/R. Car ces droits réels n’ont été, jusque-là, qu’aux noms
de SAIM INDEPENDANCE ; des familles héritières ; de la SN HLM et de l’Etat du Sénégal
(concernant le TF 2887/R issu du TF 1451/R).

Aucune mutation de droits réels, voire de propriété des familles héritières sur le TF 14151/R
au profit de Seydou SARR ou de ses deux sociétés (SOFICO et CFU) n’a été évoquée par le
Bureau de la Conservation foncière de Rufisque suite à nos diverses réquisitions.

Trente-quatre (34) réquisitions ont été adressées à dix-sept (17) banques sises à Dakar aux
fins de disposer des informations sur les comptes bancaires des entités et personnes
principalementimpliquées dans l’affaire d’indemnisation sus-indiquée et relative au TF
1451/R à savoir :

1. La SOFICO ;
2. La CFU ;
3. Seydou SARR
4. Meissa NDIAYE ;
5. et Mamadou Mamour DIALLO

Les informations concernent :

1. Les relevés de comptes bancaires ;


2. les pièces justificatives des opérations de virements et/ou d’encaissements d’argent ;
3. l’état des indemnités versées aux sociétés du sieur Seydou SARR relativement au titre
foncier 1451/R.
Sept (07) banques sur dix-sept (17) ont répondu à ces réquisitions. Parmi les sept, les
documents bancaires transmis par la Banque Islamique du Sénégal (B.I.S) et la Banque
Nationale pour le Développement Economique (B.N.D.E) ont révélé les plus importantes
informations nécessaires à l’enquête. Leurs exploitation et analyse ont ressortis les résultats
suivants(extraits du Rapport d’analyse des réquisitions bancaires du 26 juin 2019 identifié
par la lettre R) :

a/ Au niveau de la B.I.S : La SOFICO, y disposant un compte bancaire a bénéficié, entre


le 24/03/2015 et le 09/10/2017, des virements du Trésor aux comptes domiciliés dans la
même banque, aux montants cumulés de quinze milliards cinq-cent-quinze millions cinq-
cent-six mille cent-quarante-quatre (15 515 506 144) francs CFA, le montant 04.500.
000.000 frs CFA concerne la rubrique« 1er Décaissement/Opération/SOFICO

32
Indemnisation » et autre 04.500.000.000 concerne la rubrique « 2ème
Décaissement/Opération/SOFICO/Indemnisation »
Le mobile du virement de ces sommes d’argent n’a pas été spécifié sur le document bancaire
remis.

Quant à la CFU, titulaire d’un compte bancaire à la B.I.S, il est noté qu’elle a reçu des
virements du même expéditeur de fonds un montant cumulé de dix-neuf milliards trois-cent-
soixante-sept mille trente-cinq mille neuf-cent-cinquante-deux (19.367.035.952) francs CFA,
dont 14 825 833 333frs CFA concerne la rubrique « pour opération d'expropriation ».
Le mobile des virements concernant le reste de cette manne financière n’a pas été
spécifié.

b/ Au niveau de la B.N.D.E : le relevé du compte bancaire à la BNDE du sieur Seydou


SARR révèle vingt-six opérations de versements par chèque de la part du Receveur des
Domaines en faveur de ce dernier sans en préciser la nature, ni l’objet. Au total deux milliards
quatre-cent-trente-huit millions (02.438.000.000) de FCFA, ont été versés dans le compte
personnel de Seydou SARR, entre le 04/03/2015 et le 22/12/2016.

Toutefois, il est à préciser que ces versements de chèques dont le mobile n’est pas indiqué
devraient être justifiés par une ou des prestations offertes par ce dernier, en son nom propre,
au profit du payeur. Seydou SARR, ne peut en aucun cas, encaisser en son nom personnel des
sommes d’argent dues par l’Etat, à la suite d’une prestation exécutée par ses sociétés.

c/Au niveau de UBA : le relevé du compte de la SOFICO a révéléque le « rachat de créances


sur le Gouvernement du Sénégal » a entrainé à la date du 10/12/2015 un crédit de dix milliard
cinquante-trois millions cinq-cents mille (10 053 500 000) et un autre de cent-vingt millions
(120 000 000) soit en tout 10 173 500 000 de francs CFA.

A la lecture des documents bancaires sus-indiqués, il a été noté que le montant total des fonds
reçus par Seydou SARR et ses deux sociétés (SOFICO et CFU), provenant du Trésor public et
du Receveur des Domaines est cumulé à quarante-sept milliards quatre cent quatre-vingt-
quatorze millions quarante-deux mille quatre-vingt-seize (47 494 042 096) FCFA.

Exploitation des réquisitions adressées au Payeur général, au Directeur général du


Budget et au Chef du Bureau des Domaines de Ngor-Almadies :

Des réquisitions ont été respectivement adressées au Payeur Général, au Directeur Général
du Budget et au Chef du Bureau des Domaines de Ngor-Almadies aux fins de
communiquer des informations portants sur les montants reçus de l’Etat du Sénégal, par le
sieur Seydou SARR et ses deux sociétés SOFICO et CFU SUARL, au terme des procédures
d’expropriation pour cause d’utilités publiques décidées sur le TF 1451/R et autre titre
foncier.

A/…Dans sa réponse écrite au n°243/MFB/DGB du 23 septembre 2019, le Directeur


Général du Budget a axé sa réplique sur trois points :

-d’abord il a soutenu qu’ « aucun paiement n’a été effectué au titre de


l’indemnisation relative à l’expropriation portant sur le TF 1451/R sur la base d’une solution
financière avec les banques de la place » ;

33
-ensuite il a précisé que « les paiements effectués au profit des personnes listées ci-
dessus ( à savoir Seydou et ses deux sociétés), à partir d’une solution financière avec la
banque Islamique du Sénégal (BIS) ont porté sur les montants et titres » suivants :

1/ TF 6507/DG pour un montant 792.000.000 frs CFA ;

2/ TF 9509/DG pour un montant de 705.000.000 frs CFA ;

3/ TF 13.502/NGA pour un montant de 7.282.500.000 frs CFA ;

4/ TF 1789/NGA pour un montant de 1.144.200.000 frs CFA ;

5/ TF 9572/ NGA pour un montant de 796.200.000 frs CFA ;

6/ TF 1761/ NGA pour un montant de 1.241.689.000 frs CFA ;

7/ TF 11.957/GR pour un montant de 695.750.000 frs CFA ;

8/ TF 5.547/NGA pour un montant de 5.094.400.000 frs CFA ;

9/ TF 15.108/NGA pour un montant de 4.305.000.000 frs CFA ;

10/ TF 13.598/NGA pour un montant de 2.634.000.000 frs CFA ;

11/ TF 13.103/NGA et TF 13.722/NGA pour un montant de 2.791.000.000 frs CFA ;

12/ TF 13.823/NGA + TF 1736/NGA + TF 5061/NGA pour un montant de 4.979.500.000 frs CFA ;

13/ TF 405/GR pour un montant de 3.378.100.000 frs CFA ;

14/ TF 10.151/GR pour un montant de 3.337.800.000 frs CFA ;

15/ TF 17.924/GR pour un montant de 1.093.800.000 frs CFA ;

16/ TF 13.721/NGA pour un montant de 105.000.000 frs CFA ;

17/ TF 17.865/DG pour un montant de 5.615.225.000 frs CFA ;

18/ TF 5.348/NGA pour un montant de 4.808.000.000 frs CFA ;

19/ TF 1623/NGA-TF 9959/NGA- TF 5058/NGA- TF 1838/NGA- TF 2170/NGA-


TF 2126/NGA et TF 8797/NGA pour un montant de 17. 466.500.000 frs CFA ;

20/ TF 341/DP pour un montant de 2.658.600.000 frs CFA ;

21/ TF 13.722/NGA pour un montant de 2.811.875.000 frs CFA ;

22/ TF 13.627/NGA pour un montant de 732.325.000 frs CFA ;

23/ TF 6.546/GR pour un montant de 1.784.475.000 frs CFA ;

24/ TF 13.822/ NGA pour un montant de 839.850.000 frs CFA ;

25/ TF 11.781/ GR pour un montant de 3.818.375.000 frs CFA ;

34
26/ TF 17.914/GR pour un montant de 1.207.500.000 frs CFA ;

27/ TF 1789/NGA+TF 9.582/NGA+TF 12.726/NGA pour un montant de


2.477.038.000 frs CFA ;

28/ TF 4875+ TF 5037+TF 5439/DG pour un montant de 5.648.550.000 frs CFA,

Soit en tout 90.244.252.000(quatre-vingt-dix milliards deux cent quarante-


quatre millions deux cent cinquante-deux mille) frs CFA reçus par Seydou SARR et ses
deux sociétés de la part de l’Etat du Sénégal, par le canal de la B.I.S.

Il a été noté que l’indemnisation financière portant sur le TF 1451/R n’est pas prise en
compte par le requis sur la liste sus-indiquée.

-enfin, le Directeur Général du Budget a conclu dans sa correspondance que « les


titres fonciers expropriés concernés par ces paiements sont en cours de mutation au nom de
l’Etat. »

Il a été également noté que vingt-huit (28) actes d’acquiescement issus de ces
procédures d’expropriations ont été annexés à la correspondance dudit Directeur Général. Ces
titres de créances sont passés entre les représentants de l’Etat concernés et le nommé Seydou
SARR, directeur des sociétés SOFICO et CFU SUARL, tantôt désigné mandataire des
familles propriétaires, tantôt cessionnaire de créances. Ce qui est en porte-à-faux avec l’article
30 de la loi 76-67 du 02 juillet 1976, portant expropriation pour cause d’utilités publiques, qui
interdit l’intermédiation lors d’une procédure d’expropriation.

Sur ces 28 actes d’acquiescement, dix (10) parmi eux ont été signés et validés par
le nommé Mamadou Mamour DIALLO, en tant que Directeur des Domaines.

Il serait intéressant de requérir la Commission de Contrôle des Opérations


Domaniales (CCOD) aux fins de lui demander si elle avait été antérieurement saisie pour ces
28 cas d’expropriations. Sa saisine est une obligation, d’après la loi 76-67 portant
expropriation pour cause d’utilité publique sur un bien immobilier.

B/…Dans sa réponse écrite au numéro 0003539/DGID/DD/CSF/NGA du 24 septembre 2019,


le Chef du Bureau des Domaines de Ngor-Almadies, précisant avoir tardivement reçu la
réquisition du fait de son absence pour des raisons de congés, n’a fourni que les éléments
disponibles concernant les titres fonciers 1451/R ; 13.502/NGA et 9509/DG, tout en
promettant de poursuivre ses recherches en ce sens.

Hormis le TF 1451/R, les titres fonciers 13.502/NGA et 9509/DG ont été pris en compte
dans la liste, sus-indiquée, fournie par le Directeur Général du Budget (références :
citations 3/… et 2/…).

1/…Indemnisation relative au TF 1451/R :

35
Par ordres de paiement aux numéros 0003408 du 11 juin 2018 ; 0002324 du 24
avril 2018 et 0002063 du 06 avril 2018, le sieur Meïssa NDIAYE, Chef du Bureau des
Domaines de NGA a sollicité du Payeur Général le règlement du montant de 1.000.000.000
frs CFA au profit de la CFU SUARL de Seydou SARR.

De même, il a ordonné le paiement du montant de 2.045.875.000 frs CFA par ordre


de paiement n°0004810 du 06 novembre 2017 au profit de la même CFU SUARL, par le
canal de la Banque islamique du Sénégal.

Par ordre de paiement n°00004015 du 31 août 2017, il a été ordonné par le même
Chef de Bureau des Domaines, le règlement du montant de 250.000.000 frs CFA au profit de
la CFU SUARL de Seydou SARR.

D’après ce Chef du Bureau des Domaines de NGA, le montant total de


03.295.875.000(trois milliards deux cent quatre-vingt-quinze millions huit cent
soixante-quinze mille) frs CFA ont été libellé sous forme de chèques pour le compte de la
CFU SARL, entrant dans le cadre du règlement de l’indemnité suite à l’expropriation décidée
sur le TF 1451/R.

2/…Indemnisation relative au TF 13.502/NGA :

Par ordre de paiement aux numéros 0005665 du 31/12/2015 ; 0005512 du


17/12/2015 ; 0003788 du 14/08/2017 ; 01655 du 28/04/2014 ; 0000909 du 13/03/2015 ;
0000829 du 09/03/2015 ; 0000802 du 06/03/2015 ; 000658 du 23/02/2015 et 0000682 du
24/02/2015, le Chef du Bureau des Domaines de NGA a sollicité du Payeur Général les
règlements des montants ci-après listés, au profit de Seydou SARR et de sa société SOFICO,
désignés comme étant les mandataires de la famille propriétaire : 1.800.000.000 frs
CFA+238.000.000frs CFA+744.500.000 frs CFA+500.000.000frs CFA+500.000.000 frs
CFA+500.000.000 frs CFA+500.000.000 frs CFA+1.500.000.000 frs CFA+1.500.000.000 frs
CFA, soit le montant total de 07.782.500.000(sept milliards sept cent quatre-vingt-deux
millions cinq cent mille) frs CFA.

Nota Bene : Cependant, le Directeur Général du Budget a indiqué avoir comptabilisé, à


son niveau, 7.282.500.000 frs CFA (réf. : 3/…de la liste sus-indiquée) à propos du TF
13.502/NGA, soit une différence d’un montant de 500.000.000 (cinq cent millions) frs
CFA.

3/…Indemnisation relative au TF 9509/DG :

Par ordre de paiement au numéro 00689 du 19 février 2014, le Chef du Bureau des
Domaines de NGA a sollicité du Payeur Général le règlement du montant de
705.000.000(sept cent cinq millions) frs CFA au profit de Seydou SARR, désigné
mandataire de la famille propriétaire.

Justifiant ses actes, le sieur Meïssa NDIAYE, a produit en pièces jointes, les
instructions écrites de ses supérieurs hiérarchiques, notamment le Directeur Régional des
Domaines, le Directeur Général des Impôts et Domaines, le Ministre Délégué auprès du
Ministre de l’Economie et des Finances et le Ministre de l’Economie et des Finances, qui

36
ordonnaient des paiements à Seydou SARR et à ses deux sociétés suites aux expropriations de
terre sus-indiquées.

C/…Dans sa réponse écrite numérotée 0011/MEFP/DGCPT du 01 octobre 2019, le Payeur


Général a précisé ne disposer, pour le moment, que des éléments relatifs aux paiements
effectués durant l’année 2018 aux profits des deux sociétés SOFICO et CFU SUARL de
Seydou SARR. Toutefois, il a promis de poursuivre les recherches sur les périodes d’avant
2018.

Selon lui, vingt-sept (27) chèques ont été émis aux profits de SOFICO et CFU
SUARL durant l’année 2018, pour payer les indemnisations portant sur les expropriations des
titres fonciers 1451/R ; 17.924/GR et 13.721/NGA.

Hormis le TF 1451/R, les titres fonciers 17.924/GR et 13.721/NGA ont été pris en compte
dans la liste, sus-indiquée, fournie par le Directeur Général du Budget (références :
citations 15/… et 16/…).

1/…Pour SOFICO :

Le montant d’indemnisation s’élève à 01.445.875.000 frs CFA dont 645.875.000


frs CFA concernant le TF 1451/R.

2/…Pour CFU SUARL :

Le montant d’indemnisation s’élève à 01.040.000.000 frs CFA dont 950.000.000


frs CFA concernant le TF 1451/R.

En tout, il a déclaré n’avoir payé à SOFICO et CFU SUARL que 02.485.875.000


frs CFA dont 01.695.875.000 frs CFA concernant le TF 1451/R.

Nota Bene :Toutefois, dans sa réponse écrite antérieure au numéro 0005 du 18 juin 2019,
le Payeur Général avait indiqué avoir exécuté « au cours de l’année 2018, vingt-un (21)
chèques du Trésor au profit de SOFICO pour le montant de 02.045.875.000 frs CFA et
quatorze (14) chèques au profit de CFU SUARL pour un montant de 800.000.000 frs CFA,
soit en tout 02.845.875.000 frs CFA. »

La différence entre 02.845.875.000 frs CFA et 01.695.875.000 frs CFA dont le montant
est de 01.150.000.000 frs CFA.

Dans toutes les procédures d’indemnisation, suite à des expropriations foncières pour cause
d’utilités publiques, jusqu’ici exécutées, le nommé Seydou et ses deux sociétés (SOFICO et
CFU), respectivement désignés mandataires dans les actes d’acquiescement concernés, ont
reçu de l’Etat du Sénégal 02.845.875.000 frs CFA sur le TF 1451/R
et90.244.252.000 sur les autres titres fonciers soit en tout 93.050.127.000
(quatre-vingt-treize milliards cinquante millions cent vingt-sept mille frs
CFA), d’après le Directeur Général du Budget et le Payeur Général.

37
Les statuts d’intermédiaires de Seydou SARR et de ses sociétés SOFICO et CFU
dans ces actes d’acquiescement, interdits par la loi 76-67 du 02 juillet 1976, ont été
maladroitement substitués avec la qualité de cessionnaires de créances auprès des
propriétaires alors que l’existence légale desdites créances n’est jamais matérialisée au
préalable par écrit, au moment des supposées transactions.

III/ CONCLUSION :

Les investigations menées ont permis de confirmer la quasi-totalité des griefs soulevés par le
sieur Ousmane SONKO dans sa lettre de dénonciation.

Dans sa première conclusion, le dénonciateur a relaté les anomalies ci-après énoncées :


1-« sur les actes d’acquiescement, Seydou SARR apparaît comme un exproprié qui n’a
jamais été propriétaire ».
2-« Ce ‘’droit à être exproprié’’ découlerait non pas d’une mutation de propriété du TF
1451/R mais plutôt d’une ‘’créance’’ qu’il aurait acquise de Ndiaga NDOYE et consorts ».
A la lecture des deux actes d’acquiescement respectivement établis pour SOFICO et CFU,
représentées par Seydou SARR, il est indiqué que ce dernier est bénéficiaire d’une cession de
créances en date du 17 novembre 2016 par devant Me Ndèye Lika BA de Ndiaga NDOYE et
consorts.
Aux dires dudit Notaire, l’acte de cession sous seing privé a été établi hors du cabinet de Me
Ndèye Lika BA, donc à l’absence de ladite notaire. Celle-ci ne s’est contentée, d’après elle,
que de recevoir l’acte de cession, une fois établi, en guise d’un simple dépôt.
L’achat de créances portant sur un titre foncier ne donne pas droit à la propriété dudit
immeuble, laquelle requiert une inscription du nom du propriétaire dans les livres fonciers.
« Pas de droit sans inscription, ni d’extinction sans radiation », maxime rappelée par le
Président de la C.C.O.D.

A l’absence de propriété, l’on ne peut prétendre à une expropriation d’après la loi 76-67,
portant expropriation pour cause d’utilité publique.
L’anomalie sus-indiquée et soulevée par le dénonciateur pourrait être confirmée.

3-« Il est constant que Ndiaga NDOYE et consorts ne détenaient aucune créance sur
l’Etat »
Les droits patrimoniaux des familles héritières n’ont été inscrits dans les livres que sur les
121ha 17a 07ca du TF 1451/R déjà grevés de charges, notamment la pré-notation, ou
opposition en d’autre terme, effectuée au profit de la SN HLM. La demande d’indemnisation
introduite par les familles héritières, suite à une expropriation sur le TF 1451/R, pour cause
d’utilité publique, a été suspendue par la C.C.O.D depuis le 19 janvier 2016, laquelle n’a
jamais émis d’avis favorable sur ladite demande. Aucun acte pouvant attester la
reconnaissance de créance de la part de l’Etat vis-à-vis des familles héritièresn’a été présenté
durant l’enquête.
La supposée créance des familles héritièresn’existant pas, elle ne pouvait être cédée. D’après
l’article 266 du Code des Obligations Civiles et Commerciales, « la chose vendue doit exister
au moment du contrat. Néanmoins, la vente de choses qui n’existent pas encore est conclue
sous la condition résolutoire qu’elles existeront et seront livrées. »
Le grief ici soulevé par le dénonciateur pourrait être confirmé.

4-« A ce jour, Ndiaga NDOYE et consorts restent les propriétaires exclusifs du titre foncier
1451/R »
38
Les familles héritières, titulaires des droits réels sur le TF 1451/R d’une contenance 121ha
17a 07ca jusqu’à la date du 07 mai 2018, date de rédaction de la lettre de dénonciation, ne le
sont plus d’après l’état de droits réels du 20 juin 2018, déposé par le Directeur général de la
SN HLM. Cette société immobilière est désormais devenue la récente propriétaire dudit titre
foncier.

Dans sa deuxième conclusion, le sieur Ousmane SONKO a soulevé les anomalies suivantes :

1 -*« Une commission de conciliation dont on ignore les membres et la composition dit
s’être réunie le 21 août 2017pour décider sur un même titre et par deux actes au profit de la
même personne utilisant deux sociétés lui appartenant »
Pour la Commission de Conciliation, il est établi qu’elle est dirigée par le Gouverneur de
Dakar qui convoque, suite à sa saisine par l’’’administration des Domaines’’ d’après les
termes utilisés par le sieur Mohamet FALL, les membres composés principalement du Chef
du Bureau des Domaines de Ngor-Almadies représentant le Directeur des Domaines et ou
l’ancien Directeur Régional des Domaines ; les expropriés ou leurs représentants ; les chefs
d’autres services techniques publics et le Maire. Toutefois, les deux derniers cités n’ont pas
été convoqués par l’ancien Gouverneur FALL lors de la réunion du 21 août 2017 bien
qu’indiqués dans le décret concerné.
Cette réunion a été réduite entre la Gouvernance de Dakar, les Impôts et Domaines et les deux
soi-disant expropriés SOFICO et CFU. Si SOFICO est concernée par l’acte de cession de
droits, actions et créances contestés, tel n’est pas le cas pour CFU qui est subitement
apparuelors de cette réunion de conciliation, puis sur l’un des actes d’acquiescement.On peut
croire que c’est dans le souci de vouloir fractionner l’important montant d’indemnisation
arrêté lors de cette réunion qu’une partie de cette manne financière a été inopinément allouée
à CFU.
La CFU a donc bénéficié de façon indued’un titre de paiement au préjudice de l’Etat.

*« De retenir un prix au mètre carré supérieur au barème d’indemnisation des victimes du


Train Express régional (TER) dans la même zone et au barème prévu par le décret n°2010-
439 du 06 avril 2010 pour le calcul de l’indemnité d’expropriation pour cause d’utilité
publique »
Les membres de la restreinte réunion de la Commission de Conciliation du 21 août 2017 n’ont
pas eu du mal à s’entendre sur le prix au m de 37.000frs CFA alors que le site foncier négocié
n’est pas impacté par les grands travaux de l’Etat (autoroute à péage, BRT et TER). S’étant
basé sur ce décret de tarification, le Gouverneur FALL et le Chef du Bureau des Domaines de
Ngor-Almadies ont évoqué le principe d’un supposé taux d’inflation de 10% qui doit être
adopté tous les 02 ans à compter de la date dudit décret. Toutefois, aucun texte législatif,
encore moins réglementaire indiquant clairement ce « taux d’inflation de 10% » n’a été fourni
par ces représentants de l’Etat au cours de l’enquête.
Le barème stipulé par le décret en question est de 27.000 frs CFA maximum par mètre carré
en cas d’harmonisation pour le titre foncier, d’où une différence nette de 10.000 frs CFA par
m indûment accordée aux soi-disant expropriées, au préjudice de l’Etat.

*« D’octroyer ainsi un montant cumulé de de quatre-vingt-quatorze milliards sept cent


quatre-vingt-trois millions cent cinquante mille à Seydou SARR qui, n’a jamais détenu un
droit de propriété sur le titre en question »

2-« Le titre foncier en question demeure encore la propriété exclusive de Ndiaga NDOYE et
consorts tel qu’il ressort de l’état de droit réel en date du 04 novembre 2017, comme si rien
de tout cela ne s’était passé »

39
3-« La SN HLM, au profit de laquelle l’expropriation de la SAIM INDEPENDANCE a été
prononcée, n’a pas été associée, à aucune étape de cette procédure, à ces actes
d’acquiescement »

4-« La SN HLM, à l’effet de préserver ses droits sur le titre foncier 1451/R y a inscrit une
prénotation, suivant ordonnance n°1036/013 du 12 juin 2013 délivrée par le juge du
Tribunal Hors Classe de Dakar, signifiée au Conservateur de Rufisque, le 26 juin 2013, par
exploit de Maître Mintou BOYE, huissier de Justice à Dakar »

Le montant global d’indemnisation, d’après les deux actes d’acquiescement, est octroyé à
SOFICO, acquéreuse de ‘’créances’’, et CFU, société prête-nom, toutes deux représentées par
le sieur Seydou SARR.Il est établi qu’aucune de ces sociétés encore moins Seydou SARR n’a
jamais été propriétaire du TF 1451/Rcar aucun état de droit réel sur ce titre foncier les
concernant, ne nous a été présenté au cours de l’enquête.

L’état de droit réel du TF 1451/R est présentement au nom de la SN HLM depuis le 20 juin
2018 qui a déjà libéré le montant de 605.853.850 frs CFA, en guise d’indemnisation sur les
121ha 17a 07 ca occupés par les besoins de la réalisation du projet des parcelles assainies de
Keur Mssar- Rufisque.

Il convient de retenir qu’il y a eu donc deux procédures d’indemnisation suite à une


expropriation pour cause d’utilité publique sur les 121ha 17a 07ca du TF 1451/R :

- la première concernait l’Etat du Sénégal, expropriant au profit de la SNHLM, et la SAIM


INDEPENDANCEexpropriée. L’acte d’acquiescement du 15 avril 2008 présenté par le sieur
Ahmadou Makhtar MBAYE, DG de SAIM INDEPENDANCE indiquait le montant de
605.853.850 frs CFA déjà déboursé et déposé au Trésor public par la SN HLM mais non
encore reçu par SAIM INDEPENDANCEdont les droits sur le TF 1451/R ont été finalement
radiés suivant arrêt n°01/12 du 09 février 2012.

- et la deuxième, truffée de vices de forme, concernait l’Etat du Sénégal, la société SOFICO de


Seydou SARR concessionnaire de « créances » auprès des héritiers Ndiaga NDOYE et
consorts cédants. L’un des 02 actes d’acquiescement, daté du 22 août 2017 et relatif aux 121ha
17a 07 ca indiquait le montant de 44.227.305.500frs CFA déduit du montant de 605.853.850
frs CFA sus-indiqués à cause de la radiation tantôt évoquée au préjudice de SAIM
INDEPENDANCE.

Pour rappel, avant l’achat de « créances » par la SOFICO, unedemande d’indemnisation de la


part des héritiers a été reçue par la CCOD pour avis en 2016. Celle-ci, après avoir suspendu
l’affaire, arecommandé de « ré instruire le dossier par rapport à la première expropriation et
de recueillir l’avis de la SN HLM sur les conditions de son occupation des 121ha 17a
07ca ».Ces recommandations n’ont pas été suivies. Le dossier afférent à la deuxième
procédure d’indemnisation a été parachuté à la table de négociation du 21 août 2017, sans avis
préalable de la CCOD, où la SN HLM occupante du site foncier concerné et initiatrice de la
pré-notation tantôt évoquée n’a pas été conviée.

Ceci ne révèle-t-il pas le dessein inavoué des représentants de l’Etat qui voulaient faire fi du
premier cas d’expropriation, voire d’indemnisation au montant juste de 605.853.850 frs CFA
déjà arrêté et décaissé pour ensuite tirer le maximum de profit pour SOFICO et autres dans
une seconde procédure d’indemnisation ?

40
Au regard de ce qui précède, il conviendrait de retenir les délits ci-après identifiés :

1-association de malfaiteurs, fait prévu et réprimé par les articles 238 à 240 du Code
Pénal,susceptible d’être poursuivi contre les nommés Seydou dit Tahirou SARR, Ndèye Lika
BA, Mohamet FALL, Meïssa NDIAYE et Mamadou Mamour DIALLO du fait de la
coordination de leurs actes ayant abouti au préjudice causé à l’endroit de l’Etat du Sénégal.

En effet, à cause de la contestation d’une partie des propriétaires du TF 1451/R,l’acte de


cession de droits, actions et créances introduit par Seydou SARR aux fins d’homologation, a
été rejetée par la Cour d’Appel du TGICHD. Ce qui n’a pas empêché l’homme d’affaires de
poursuivre son dessein. L’acte de cession sera enfin accepté par la notaire Ndèye Lika BA,
qui a connu Seydou SARR depuis 2013, afin de le rendre « authentique » et de parer au refus
d’homologation sus-indiqué.
L’acte de cession, considéré par le Service fiscal des Impôts et Domaines comme étant une
transaction portant sur un bien immeuble, et donc assujetti à des formalités préalable,a été
réduit en un simple transfert de créances par ladite notaire en vue de contourner les
vérifications requises en matière de transaction immobilière. Ces vérifications, requérant l’état
de droit réel du TF 1451/R, auraient révélé l’indisponibilité intégrale des 258 ha, objet de la
transaction et les charges grevés sur les 121ha 17a 07 ca disponibles et déjà occupés par la SN
HLM. Ces résultats seraient un obstacle à la réalisation de la transaction immobilière car
l’objet immobilier ne pourrait être cessible.

La trouvaille, consistant à faire passer le contrat de cession, en mode sous seing privé, est en
porte-à-faux avec les conditions nécessaires pour la réalisation d’une transaction immobilière,
lesquelles sont définiespar l’article 383 et autres du COCC « le contrat doit, à peine de nullité
absolue, être passé par devant un notaire territorialement compétent sauf dispositions
législatives ou réglementaires contraires ».

Quant à la cession de créances soutenue par la même notaire, il est établi que les « créances »
dont serait titulaire la partie cédante sont inexistantes car aucun acte écrit ne les a attestés. Il
est de même pour la notaire qui a déclaré, lors de sa deuxième audition, ne pas pouvoir les
prouver.
Ayant agien connaissance de cause, elle a en outre déclaré ses honoraires, avec document à
l’appui, à 05.040.400 frs CFA HTVA alors que son client a indiqué lui avoir payé 15.000.000
frs CFA.

Le Gouverneur de Dakar d’alors Mouhamet FALL, chargé de diriger la Commission de


Conciliation, a clairement indiqué n’être pas informé du contenu dela loi 76-67 portant
expropriation pour cause d’utilité publique et des droits réels portant sur les 258 ha supposés
être distraits du TF 1451/Ret sur lesquels devait être déterminé le montant global
d’indemnisation.Aucun état de droit réel concernant SOFICO, encore CFU qui venait de faire
sa première apparition dans cette vicieuse procédure d’indemnisation, ne lui a été présenté
selon ses dires. Et pourtant la réunion a été effectuée sous sa direction.

Son dessein à vouloir tenir en cercle restreint, cette réunion, en dehors des autres membres
désignés par le décret concerné, démontre à suffisance son manque de transparence dans cette
étape de la procédure d’indemnisation.
Ignorant le fait que l’acte de cession ne soit pas homologué par la juridiction compétente, il
s’est cantonné sur l’acte de dépôt émanant de la notaire sus-indiquée, pour justifier son
intervention.
Ayant promis de nous faire parvenir la copie du fond de dossier à partir duquel il a été saisi
par l’ «Administration domaniale»qu’il n’a pas voulu nommément identifier, il a été constaté

41
que les documents espérés ne nous sont pas parvenus et ce, malgré la réquisition qui lui a été
adressée en ce sens.

Les sieurs Meïssa NDIAYE et Mamadou Mamour DIALLO, tous Inspecteurs des Impôts et
Domaines, partagent la même idée selon le fait qu’il s’agissait d’un acte de cession de
créances et non de cession de bien immobilier portant sur le TF 1451/R. Aucun d’entre eux
n’a été capable de prouver, par acte écrit, l’existence de ces créancesau profit de la partie
cédante.

Ils se sont basés respectivement sur les droits patrimoniaux des familles héritières et sur le
décret 97-1119 portant sur la première expropriationconcernant les 121ha 17a 07a du TF
1451/R, pour cause d’utilité, en vue tenter de justifier le droit à l’indemnisation de ces ayant-
droits alors qu’aucun texte émanant de l’expropriant ne l’a expressément établi. D’ailleurs la
CCOD, ayant suspendu la procédure d’indemnisation des familles héritières en 2016, a
demandé de ré-instruire ce dossier par rapport à la première expropriation au terme de
laquelle la SN HLM avait fini de débourser le montant d’indemnisation de 605.853.850 frs
CFA.

Les deux Inspecteurs des Impôts, informésde la recommandation sus-indiquée de la CCOD,


dont Mamadou Mamour DIALLO était le rapporteur au moment des faits, ont passé outre
cette instruction pour poursuivre et valider la procédure d’indemnisation introduite par
Seydou SARR, en lui délivrant les deux actes d’acquiescement sur lesquels le montant
cumulé de 94.783.750.000 frs CFA a été imputé à l’Etat du Sénégal comme dette due à
SOFICO et CFU.

2. escroquerie portant sur de denier publics, fait prévu et réprimé par les articles 152 à
154 du Code Pénal, susceptible d’être poursuivi contre le nommé Seydou SARR qui, muni
d’un acte de cession contesté par une partie des cédants et sur lequel l’homologation judiciaire
a été refusée, s’est fait établir en lieu et place de ladite homologation, un acte de dépôt notarié.
Il a actionné la procédure d’indemnisation sur la base de cet acte de dépôt notarié, après s’être
prévalu d’un supposé droit d’indemnisation non matérialisé. Ayant contourné la CCOD où
siégeait Mamadou Mamour DIALLO, son dossier a été directement déposé à la réunion de
conciliation. Avec l’aide des représentants de l’Etat concernés,qui ont fermé les yeux sur
toutes les anomalies soulevées, les actes d’acquiescement lui ont été délivrés par Mamadou
Mamour DIALLO et son assistant Meïssa NDIAYE.

Sur la base de ces deux titres de paiement Seydou SARR s’est fait remettre durant
l’année 2018, à titre d’acompte, par le Payeur Général du Trésor Public, 02.845.875.000
frs CFA, sur les 94.783.750.000 frs CFA attendus sur le TF 1451/R.

3.tentative d’escroquerie portant sur le montant reliquataire de 91 937 284 000 frs CFA,
susceptible d’être poursuivie contre le nommé Seydou SARR.

4. complicité de ces faits, susceptible d’être poursuivie contre les nommés Ndèye Lika BA,
Mohamet FALL, Meïssa NDIAYE et Mamadou Mamour DIALLO.

En effet, la notaire a apporté son assistance à Seydou SARR, d’autant plus que l’acte de
cession rejeté par le TGIHCD, a été admis et enregistré dans son cabinet sans se soucier de la
signature matérielle et valide de tous les membres de la partie cédante. De même, elle ne s’est
pas souciée de la nature de l’objet sur lequel porte l’acte de cession qui devait être un acte de

42
cession de propriété sur le TF 1451/R (d’après le redressement fiscal sus-indiqué) en lieu et
place d’un acte de cession de créances.

Sur la base de l’acte de dépôt notarié délivré, la réunion de la Commission de conciliation a


été tenue en présence de Mohamet FALL et de Meïssa NDIAYE. Foulant au pied le contenu
de la loi 76-67, portant expropriation pour cause d’utilité qui requiert des droits réels sur le
titre foncier concerné et non des créances, les deux représentants de l’Etat ont arrêté sur
procès-verbaux le montant total d’indemnisation qui est réparti entre SOFICO,
concessionnaire de supposées créances et CFU, un prête-nom.

Sur la base de ces procès-verbaux, les actes d’acquiescement ont été établis, signés et validés
par Mamadou Mamour DIALLO, assisté de Meïssa NDIAYE, sans se soucier de la
suspension et des observations émisespar la CCOD sur la procédure d’indemnisation
antérieure portant sur le TF 1451/R, introduite par les familles héritières.

Il est établi que Seydou SARR, qui n’a posé aucun acte d’expertise dans sa procédure de
demande d’indemnisation, a passé outre, avec l’aide des fonctionnaires sus-indiqués,
l’étapeobligatoire (la CCOD)où le dossier de demande d’indemnisation, antérieurement
introduit par les familles héritières, avaitété bloqué.

Bien que des vices de forme aient été notés dans cette dernière procédure
d’indemnisationconcernant le TF 1451/R, les mobilesdes actes des fonctionnaires indexés,
ayant tous agi en connaissance de cause, demeurent encore voilés même si des soupçons de
corruption sont perçus. Dès lors, il s’avère donc nécessaire d’ouvrir une information judiciaire
aux fins :
-de mener des investigations sur les liens existant entre les deniers publicsdétournés par
Seydou SARR et les individus indexés, voire toute autre personne;
-et de mener des enquêtes de patrimoines à l’endroit de Seydou SARR ; de Meïssa
NDIAYE et de Mamadou Mamour DIALLO.

Parallèlement aux poursuites pénales sus-indiquées, il serait souhaitable de prendre en compte


les recommandations ci-après décrites, en guise de mesures conservatoires :

-suspendre sans délai, de façon effective, les paiements en faveur de SOFICO et CFU dans le
cadre de l’indemnisation suite à l’expropriation concernant le TF 1451/R jusqu’à ce que la
justice en décide autrement ;

-mettre en application les observations émises par la CCOD en sa séance du 19 janvier 2016
suite à la demande d’indemnisation concernant le TF 1451/R, introduite par les familles
héritières ;

-et suspendre également tous les autres paiements en faveur des sociétés de Seydou SARR,
par l’Etat du Sénégal, dans le cadre des autres procédures d’indemnisation suite à des
expropriations, en vue d’auditer les dossiers y relatifs.
Thierno Aboubékrim Sadikh TOURE
Lieutenant de Police, Chef de mission

43
LES ANNEXES

44
LES PROCES
VERVAUX
D’AUDITION

45
LISTE DES PROCES VERBAUX
D’AUDITION
Numéros annexes DESIGNATION DE LA PIECE

1 Procès-verbal d’audition du sieur Ousmane SONKO

Procès-verbal d’auditiondu sieur Mamadou Mamour


2
DIALLO

3 Procès-verbal d’audition du sieur Djibril DIAL

4 Procès-verbal d’audition du sieur Seydou SARR

5 Procès-verbal d’audition du sieur Yéri DIAKHATE

6 Procès-verbal d’audition du sieur Meïssa NDIAYE

7 Procès-verbal de la nouvelle audition de Seydou SARR

Procès-verbal de confrontation entre Seydou SARR et


8
Yéri DIAKHATE

9 Procès-verbal d’audition de la notaire Me Ndèye Lika BA

Procès-verbal d’audition de la dame Gnilane NDIAYE


10
DIOUF
Procès-verbal de la nouvelle audition de la notaire Me
11
Ndèye Lika BA
Procès-verbal d’audition du sieur Amadou Makhtar
12
MBAYE
Procès-verbal de la nouvelle audition de la dame Gnilane
13
NDIAYE DIOUF

14 Procès-verbal d’audition du sieur Mamadou KASSE

46
15 Procès-verbal d’audition du sieur Dame FALL

16 Procès-verbal d’audition du sieur Mohamet FALL

Procès-verbal de la nouvelle audition du sieur Meïssa


17
NDIAYE
Procès-verbal d’audition du sieur Mouhamadou
18
Moustapha DIA
Procès-verbal d’audition du sieur Cheikh Mouhamed
19
Hady DIEYE

20 Procès-verbal d’audition du sieur Assane DIOUF

Procès-verbal de la troisième audition du sieur Seydou


21
SARR
Procès-verbal d’audition du sieur Mamadou Mamour
22
DIALLO

23 Procès-verbal d’audition du sieur Dame DIEYE.

47
LES AUTRES PIECES
ANNEXES

48
LISTE DES AUTRES PIECES
ANNEXES
Numéros annexes DESIGNATION DE LA PIECES

La lettre de dénonciation du sieur Ousmane SONKO du 10


1
avril 2018 ;
L’ordre d’ouverture d’enquête n°33/OFNAC/DI du 29 avril
2
2019 ;
Communication d’informations du Directeur général de la
3
SN HLM du 15 novembre 2018 ;
Informations sur les TF 1451/R et TF 2887/R du
4
Conservateur de Rufisque en date du 13 mai 2019 ;
Communication d’information du Payeur général en date du
5
18 juin 2019 ;
Décret n°2010-439 du 06 avril 2010 fixant le barème des
6
prix des terrains nus et des terrains bâtis ;

7 Etat de droits du TF 1451/R en date du10 mai 2017 ;

8 Copie acte d’acquiescement partiel pour SOFICO ;

9 Copie acte d’acquiescement partiel pour CFU ;

Copie jugement première instance relatif au rejet de l’acte de


10
cession ;

11 Copie arrêt confirmant le rejet de l’acte de cession ;

12 Copie bordereau analytique du TF 1451/R

Copie correspondance du 20 mai 2015 de la famille héritière


13
pour une demande d’inscription dans les livres fonciers ;
Copie correspondance du 02 décembre 2014 adressée au
14
Président de la République par la famille héritière ;

15 Copie de l’acte de cession ;

49
Copie de la notification de prorogation du délai de l’offre du
16
06 avril 2017 ;

17 Procuration notariée pour Djibril DIAL ;

Copie de l’arrêt de la Cour d’Appel de Kaolack du 09 février


18
2012 ;
Copie de l’expédition notariale de l’acte de dépôt de l’acte
19
de cession en date du 17 novembre 2017 ;

20 Copie du décret 97-1119 d’expropriation ;

21 Copie de la demande d’indemnisation pour SOFICO ;

22 Copie de la demande d’indemnisation pour CFU ;

23 Copie liste des présents à la transaction ;

Copie avis de vente de terrains sis à Keur-Massar et


24
environs ;

25 Copie du TF 1451/R ;

Copie de l’acte d’acquiescement pour SAIM


26
INDEPENDANCE ;
Copie de demande de paiement pour SAIM
27 INDEPENDANCE formulée par le Chef du Bureau des
Domaines en date du 26 octobre 2009 ;
Copies de demande de paiement en faveur de SAIM
28 INDEPENDANCE formulée par le Dg de la SNHLM en
date du 28 février 2000 ;

29 Copie de relevé de compte de la SN HLM ;

Copie de la demande de paiement formulée par SAIM


30
INDEPENDANCE du 14 février 2007 ;

31 Copie provision sur frais honoraires de Me Ndèye Lika BA

32 Copie de l’arrêt ministériel n°5300 du 07 avril 2015 ;

50
Copie PV de transfert de dossiers entre Dame FALL et
33
Mamadou Mamour DIALLO ;

34 Copie décret 2017-480 réorganisation la DGID ;

Guide de la PAP relatif au barème du prix pour les impactés


35
du BRT ;
Copie de demande d’indemnisation introduite par SCI
36
THIANDOUM pour les familles héritières ;
Copie correspondance de demande de suspension de
37
paiement sur le TF 1451/R ;

38 Copie ordre de paiement n°4015 ;

39 Copie ordre de paiement n°3408 ;

40 Copie ordre de paiement 2063 ;

41 Copie ordre de paiement 4810 ;

Copie lettre d’ordre de paiement du Ministre de l’Economie


42
et des Finances Amadou BA ;
Copie lettre de contestation des mesures conservatoires en
43
date du 7 mai 2018 ;
Copie rapport portant affaire 114 à propos de la demande
44
d’indemnisation introduite par AFRIMO ;

45 Le PV de la CCOD du 19 janvier 2016 ;

46 Copie décret 81-557 du 21 mai 1981 ;

47 Copie loi n°76-67 du 02 juillet 1976 ;

48 Copie réponse à la notification de redressement ;

Copie attestation de prise de service pour Assane DIOUF du


49
24 mai 2017 ;

51
50 Rapport d’analyse des réquisitions bancaires

Procès-verbal de dépôt de documents par Seydou SARR en


51
date du 7 novembre 2018
Réponse écrite du Directeur général du Budget en date du
52
23/09/2019

53 Réponse écrite du Payeur général en date du 01/10/2019

Réponse écrite du Chef du bureau des Domaines de Ngor


54
Almadies en date du 24/09/2019

52

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