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synagogue
beth hillel
bruxelles
MÉTAMORPHOSE
Le Shofar est édité par la
COMMUNAUTÉ ISRAÉLITE LIBÉRALE
N°364 DÉCEMBRE 2015 DE BELGIQUE A.S.B.L.
KISLEV - TEVET 5776 N° d’entreprise : 408.710.191
N° d’agréation P401058
Synagogue Beth Hillel
re v ue trimestrielle de 80, rue des Primeurs
l a communauté isr aélite
1190 Bruxelles
libér ale de belgique
Tél 02 332 25 28
Fax 02 376 72 19
EDITEUR RESPONSABLE :
www.beth-hillel.org
Gilbert Lederman
info@beth-hillel.org
CBC 192-5133742-59
REDACTEUR EN CHEF :
IBAN : BE84 1925 1337 4259
Luc Bourgeois
BIC : CREGBEBB
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION :
RABBIN : Rabbi Marc Neiger
Yardenah Presler
RABBIN HONORAIRE :
COMITÉ DE RÉDACTION :
Rabbi Abraham Dahan
Rabbi Marc Neiger, Anne De Potter,
Gilbert Lederman, Alexandre Ezra DIRECTEUR : Michel Yossef Degreef
Piraux, Gaëlle Szyffer, Isabelle
Telerman, Luc Bourgeois SECRÉTAIRE : Yardenah Presler
LE MOT DU PRÉSIDENT
9 Ledor Vador
(Gilbert Lederman, Président du Conseil
d’Administration )
11
L es petits papiers
(Rabbin Marc Neiger)
9
MÉTAMORPHOSE
19 Métamorphoses
(Alexandre Ezra Piraux)
11
26 AGENDA
ACTUALITÉ
38 Une musulmane parle des
attentats de Paris
(Interview par Anne De Potter)
19 ENVIE DE LI(V)RE
47 istoire des grands-parents
H
que je n'ai pas eus
(Isabelle Telerman)
50 CARNET
38
Chaussures Hommes - Femmes - Enfants
La métamorphose
par Luc Bourgeois
« Le seule chose qui ne change pas, c’est le Deux articles reflètent cette actualité dif-
changement. » ficile et douloureuse : le mot de notre pré-
sident, Gilbert Lederman, qui reprend son
Les événements douloureux et sanglants discours du chabbat du samedi 14 novembre,
des dernières semaines nous ont obligés à le lendemain des attentats de Paris, et une
regarder la réalité en face : ce monde violent interview réalisée par Anne De Potter d’une
et absurde où le fanatisme ou l’intérêt du pou- jeune femme musulmane molenbeekoise de
voir ou de l’argent tuent chaque jour des êtres ses connaissances. Deux voix parallèles,
humains en Israël, en Somalie, au Burundi, deux voix qui disent la nécessité impérieuse
en Syrie, au Mexique et dans bien d’autres d’aller de l’avant et de s’ouvrir pour pouvoir
pays encore, ce monde violent et absurde vivre ensemble.
que nous voyons à la télévision chaque jour
entre une publicité pour les huîtres de la Oui, notre monde change.
Saint Sylevestre et l’interview de sportifs, 5
ce monde s’est rapproché dangereusement « Dans le progrès de l’accumulation il n’y a
de nous, ce monde violent a débarqué sur le donc pas seulement accroissement quanti-
continent européen, dans nos pays, dans nos tatif et simultané des divers éléments réels
villes, il a touché et fauché des personnes du capital : le développement des puis-
qui habitaient pas loin de chez nous, voire sances productives du travail social que ce
des personnes que nous connaissions. Et progrès amène se manifeste encore par des
le réveil est douloureux, le monde politique changements qualitatifs (...) » Karl Marx,
est en émoi : personne n’était prêt à ce que Le Capital.
la violence s’installe parmi nous, personne
ne sait ce qu’il faut faire dans une troisième Cette phrase de Marx a souvent été généra-
guerre mondiale qui a débuté le 11 septembre lisée dans d’autres domaines que le domaine
2001, mais ça c’était bien loin, et puis les économique. Notre société accumule chaque
américains étaient quand même un peu res- jour des petites modifications (quantitatives)
ponsables, comme les israéliens, comme les et en fin de compte tout bascule : pour le bien
syriens, comme les burundais, comme les comme pour le mal. C’est alors la goutte d’eau
somaliens, comme les mexicains, comme qui fait déborder le vase : pour le meilleur
n’importe quel innocent qui tombe quelque – comme le droit de vote des femmes ou les
part parce qu’il est de la mauvaise couleur, lois à propos de l’interruption volontaire
de la mauvaise religion, parce qu’il a été de grossesse pour lesquelles les femmes se
bien stupide d’aller au restaurant ce soir-là sont battues, – comme pour le pire, avec la
ou d’aller écouter de la musique considérée ghettoïsation de nos villes et la création de
comme dégénérée par certains prêts à tuer fait de zones de non-droit. Dans le même
ceux qui l’écoutent. ordre d’idées, parlant il y a quelques années
du niqab (le voile qui couvre pratiquement
ÉD I TO R I A L
entièrement le visage de certaines femmes Dans une édition précédente du Shofar, nous
musulmanes), Elie Barnavi disait (citation avions abordé les thèmes des étapes de la
approximative et de mémoire) : « un niqab, vie comme la naissance, la circoncision, la
c’est folklorique, cent niqab’s ça devient bar/bat mitzvah, le mariage, l’arrivée des
gênant, mille niqab’s ça ne va plus ». enfants, la conversion. A chaque fois nous
avons insisté sur ces métamorphoses et ces
Abraham Cruzvillegas1 est un artiste mexi- événements durant lesquels nous constatons
cain. Ses parents sont venus habiter Mexico le résultat d’une lente évolution qui a donné
et se sont installés dans des quartiers qui à une personne la possibilité de se retrou-
n’étaient pas prévus comme résidentiels au ver face à la communauté ou au bet din pour
départ. Chacun y construisait sa maison avec attester des résultats engrangés durant des
ce qu’il trouvait sur place et un tissu social années : l’enfant est progressivement devenu
se créait avec ses qualités et ses défauts. En adulte, les membres du couple veulent affir-
fin de compte, les autorités ont été obligées mer leur volonté de vie commune, le/la nou-
d’accepter ces constructions et la population veau/nouvelle venu/venue dans le peuple
s’y est sédentarisée. Abraham Cruzvillegas d’Israël se voit confirmé(e) dans ses années
parle à la fois des métamorphoses apportées d’étude et de pratique. Autant de métamor-
par l’homme à l’environnement, mais égale- phoses joyeuses.
ment des métamorphoses que cet environ-
nement en permanente évolution exerce sur Aujourd’hui, nous abordons le thème de la
ses habitants. Dans ses œuvres, Abraham métamorphose sous plusieurs angles. Le
Cruzvillegas utilise ce qu’il trouve, des objets thème ayant particulièrement inspiré nos
de toutes sortes, et leur donne une nouvelle écrivains, le nombre d’articles est limité,
6 vie en les intégrant dans ses installations, en mais leur volume est plus important qu’ha-
les déviant souvent de leur utilité première, bituellement, démontrant par là un travail
en les métamorphosant. de recherche et d’analyse que nous saluons.
Alors que nous pansons nos blessures et que Dans son discours de Yom Kippour et dans
nous cherchons à savoir comment vivre dans son discours d’ouverture des Troisièmes
un monde chamboulé, cette édition du Shofar Rencontres du Judaïsme Francophone
aborde le thème de la métamorphose. Libéral, notre rabbin Marc Neiger aborde ce
thème du changement, de la métamorphose.
Pour nous Juifs, la métamorphose est un A l’occasion de Yom Kippour il s’agit d’illus-
phénomène permanent. L’étude continue, qui trer d’abord la métamorphose de Hannah
est au cœur de notre tradition, nous oblige qui, par sa prière à l’Eternel, devient mère,
constamment à remettre en question nos cer- mais sa prière a-t-elle été la seule à agir ? On
titudes et à nous adapter. Notre histoire nous peut en douter en lisant la suite de ce dis-
a également forcés à vivre, bon gré mal gré, cours où il s’agit de la techouvah, le retour
le changement, le déménagement, l’installa- que nous faisons sur nous-mêmes à Kippour,
tion dans un ailleurs toujours temporaire et pour devenir meilleurs et (essayer d’éviter
incertain : seule notre référence au temps de retomber dans nos erreurs par la suite).
était stable, mais le temps lui-même est si
fugitif.
« Ledor vador, pour un judaïsme en phase Une métamorphose pour Beth Hillel et pour
avec son temps », était le thème des ren- le Judaïsme Libéral Francophone. Beth Hillel
contres du mois de novembre. A nouveau, a grandi et s’est adaptée à son environne-
le discours de notre rabbin et les différentes ment au cours de ces cinquante dernières
conférences et ateliers qui ont eu lieu à cette années : d’un petit groupe de familles qui tra-
occasion montrent comment notre Torah et vaillait à la bonne franquette - et les anciens
notre tradition sont à la fois une constante évoquent souvent ces temps avec nostalgie -,
pour nous et comment nous sommes obligés jusqu’à une institution qui fonctionne avec
de les relire à la lumière du monde où nous des bénévoles et un staff professionnel tout
vivons : nous n’osons pas parler de la lumière en conservant un très fort lien avec chaque
du siècle ou de la génération, notre monde est membre et en étant capable de réagir très
en telle permanente métamorphose qu’au- vite aux demandes qui lui sont formulées.
jourd’hui est différent de hier et de demain, Le Judaïsme Libéral Francophone a égale-
situation qui nous oblige à une adaptation ment grandi à partir des communautés prin-
continue si nous voulons continuer à vivre et, cipalement localisées à Paris et Bruxelles,
surtout, à influencer et façonner notre monde il a essaimé à travers la France (Lyon, Lille,
et notre environnement. Montpellier, Strasbourg, Toulouse) ainsi
qu’en Suisse et au Luxembourg. Pour chaque
Alexandre Ezra Piraux aborde le thème communauté il est impératif de s’adapter au
des métamorphoses dans la Torah et dans contexte local, à la situation géographique,
le Talmud. Il progresse dans le texte pour aux habitudes et à la mentalité de chaque
nous montrer comment chaque personnage ville ou région, mais également de faire face
biblique subit une métamorphose qui lui aux événements locaux comme dernièrement
permet de s’inscrire dans notre histoire et les attentats commis à Toulouse, Bruxelles et 7
de devenir par sa pensée et par ses actes un Paris. C’est ce qui fait la richesse de nos com-
chaînon dans la transmission du message munautés et de ces rencontres. Nous vous
de la Torah. donnons un bref résumé des points forts des
rencontres ainsi que quelques illustrations
Anne De Potter part également de la Torah, photographiques de ces moments précieux.
mais s’intéresse plus particulièrement à
l’apparition de la femme - apparition relati- Continuons donc de nous transformer et
vement diverse en soi puisqu’elle est racon- surtout de transformer le monde dans lequel
tée deux fois dans la Genèse et dans deux nous vivons pour qu’il puisse découvrir enfin
versions très différentes -, et à son rôle de la paix, la quiétude et la liberté pour chacun.
transformatrice de l’homme dans la mesure
où elle lui enseigne la « différence » (et éven- Œuvrons ensemble pour que nous puissions
tuellement la « différance » comme l’écrivait assister à la métamorphose du prophète Isaïe
Derrida). (2,4) : « ceux-ci alors de leurs glaives forge-
ront des socs de charrue et de leurs lances
Isabelle Telerman a analysé un ouvrage : des serpettes ; un peuple ne tirera plus l’épée
« Histoire des grands-parents que je n’ai contre un autre peuple, et on n’apprendra
pas eus » par Ivan Jablonka, ou la quête de plus l’art des combats. »
son histoire et des métamorphoses des ses
ancêtres, qui ont fait de l’enfant l’écrivain Bonne lecture,
qu’il est aujourd’hui, malgré l’absence de
transmission de ses grands-parents dispa- Luc Yehoshua Bourgeois
rus dans la Shoah.
L E M OT D U PR ÉS I D EN T le shofar
Ledor vador
Gilbert Lederman, Président du Conseil d’Administration
A l’occasion de ces Troisièmes Rencontres Au nom de Beth Hillel, merci à vous tous pour
du Judaïsme Libéral Francophone, Beth votre présence. Merci à Stéphane Beder, l’ins-
Hillel est heureux de vous accueillir. Et ce, tigateur de ces Rencontres, qui m’a accompa-
après les éditions de Lyon et de Toulouse. gné dans cette édition. Pour leur travail tita-
Nous sommes d’autant plus honorés par votre nesque, merci à Yardenah Presler, à Myriam
présence, que ces Rencontres sont le point Abraham et à Michel Degreef. Merci égale-
d’orgue de notre jubilé. En 1965, une poignée ment aux sponsors et à tous les bénévoles.
de familles anglo-saxonnes se réunissent
dans un appartement et créent la première Le thème de ces Rencontres est celui du fil
communauté libérale en Belgique. Bientôt conducteur de notre jubilé, la transmission :
les rejoindra un jeune rabbin, Albert Dahan, ledor vador, de génération en génération,
né au Maroc et fraîchement diplômé de Paris, pour un judaïsme en phase avec son temps.
qui guidera la communauté pendant 40 ans. Ce fil rouge résonne comme l’écorce de notre
L E M OT D U PR ÉS I D EN T
destin. Au fond de notre âme, il y a comme moins que ce qui nous accompagne depuis
une immense espérance vers un horizon qui des siècles, à savoir les valeurs du judaïsme.
donne du sens à nos vies. Il est heureux que nos communautés libé-
rales soient porteuses d’un grand projet, celui
Notre raison d’être est de mener une vie res- de s’épanouir dans un judaïsme éclairé, inclu-
ponsable, de développer l’amour de l’autre sif et d’ouverture.
et d’apercevoir que c’est peut-être, dans l’in-
tervalle de la relation entre les humains que La racine qui dit la langue hébraïque,
s’éclaire le rayon divin. « ivrit », ou l’homme hébreu, « ivri », a donné
le verbe « laavor » (passer). Nous sommes
Dans un monde que l’on nomme aujourd’hui donc passeurs, nomades, voyageurs. Nous
V UCA (un acronyme pour Volatilité, déambulons dans un monde qui ne cesse de
Incertitude, Complexité et Ambiguïté), se réinventer. Pour le juif, la vie est un pro-
l’esprit du judaïsme est celui d’un esprit cessus dynamique dans lequel il est à - venir.
incessamment réexaminé, en permanente Être juif, c’est prendre conscience qu’on est
résilience, en constant renouvellement. un maillon de la chaîne de transmission.
C’est grâce à des évolutions en phase avec la Être juif, c’est prendre conscience de sa res-
conscience de son temps que le judaïsme sub- ponsabilité pour un monde meilleur.
siste depuis des millénaires. Ainsi, l’obser- LeDor VaDor. De génération en génération.
vance réactualisée de notre tradition est non
seulement une condition pour la survie du Chabbat chalom
peuple juif, mais traduit notre propre vision
du judaïsme. En fait, nous ne portons rien de Gilbert Lederman
10
Création
d’identités visuelles,
de sites internet
et de brochures.
+32 2 663 85 85
www.inextremis.be
le shofar
Nous publions ici le discours de notre papiers, s’entassent sur les tombes de cer-
rabbin, Marc Neiger, à l’occasion de Yom tains rebbe. Cet appel à un intermédiaire
Kippour. humain, voire à un défunt, n’est pas éloigné
du culte des saints, pourtant proscrit. Est-ce
Chers amis, pour éviter ce travers ou par souci d’effica-
cité que certains choisirent d’adresser leur
Vous êtes probablement tous familiers avec la requête directement à Dieu plutôt qu’à leur
tradition qui consiste à glisser des prières sur rebbe ? Selon l’avis de Rabbi Aha dans Exode
des petits bouts de papier dans les fentes et Rabba 2.2, si Dieu a accompagné son peuple
les craquelures du mur au Kotel à Jérusalem. en exil, sa présence, la Chékhinah, n’a pas
abandonné l’emplacement du Temple après
Au premier abord je dois bien avouer que je sa destruction, et le kotel serait donc l’endroit
ne me retrouve pas vraiment dans ce rite. idéal pour y déposer sa requête.
A plus d’un point de vue, il s’oppose à ma 11
compréhension de la prière. En particulier, Ces prières sur papier sont le plus souvent
il présuppose que la Chékhinah, la présence des prières d’intercession, des prières où l’on
divine, serait plus réelle ou plus attentive sur fait une demande explicite. La prière d’inter-
le mont du Temple qu’ailleurs, comme si l’on cession fait partie de toutes les traditions
pouvait l’enfermer dans une boîte. religieuses, y compris la nôtre, c’est celle que
Moïse adresse en faveur de sa sœur Myriam
Après la destruction du Temple en 70, les juifs quand elle est frappée de lèpre :
furent chassés de Jérusalem par Hadrien à la
suite de la révolte de Bar Kokhba en 135 de
notre ère. A partir du 4ème siècle, ils purent à « Dieu, s’il Te plaît, guéris-la, de grâce. »
nouveau accéder à Jérusalem, et rapidement (Nombres 12.13).
le mur du mont du Temple prit une impor-
tance symbolique. C’est aussi la prière de Hannah que nous
avons lue dans la Haftarah à l’occasion de
Pourtant l’usage des petits papiers au Kotel Roch Hachanah :
n’est apparu qu’au 18ème siècle. C’est à cette
même époque qu’on prit l’habitude dans les
cercles Hassidiques d’envoyer sa requête à
son rebbe, écrite sur un petit papier appelé
kvitel en Yiddish. Par sa force et son pouvoir
spirituel, le rebbe aurait la capacité d’obte- Puis elle prononça ce vœu : « Eternel-
nir la réalisation de la prière en lisant le kvi- Tzébaot ! Si tu daignes considérer l’afflic-
tel. Aujourd’hui les kvitelakh, ces mêmes tion de ta servante, te souvenir d’elle et ne
point l’oublier ; si tu donnes à ta servante de Hannah que dans le petit papier inséré
un enfant mâle, je le vouerai à l’Eternel dans les craquelures du mur.
pour toute sa vie, et le rasoir ne touchera
point sa tête. » (1 Samuel 1.11). Hannah parle en son cœur, mais il ne s’agit
pas d’une méditation, ses lèvres bougent. Le
La prière de Hannah n’est pas seulement une prêtre à côté d’elle n’entend pas sa voix, et la
prière d’intercession, c’est aussi croit ivre, alors qu’elle s’interroge en fait sur
un vœu, « Elle voua un vœu », Néder c’est sa capacité à entendre la réponse de Dieu, ou
la même racine que Nidré, Kol Nidré, en sur la possibilité même d’une réponse.
Araméen « tous les vœux ».
Celui qui dépose un kvitel dans le mur pose la
Les vœux sont aussi une forme universelle même question avec une intensité sans com-
de la prière, pourtant la déclamation du Kol mune mesure, quel besoin pourrait-il être
Nidré affirme justement que assez impérieux pour pous-
les vœux posent un problème ser quelqu’un en toute sincé-
de principe et ne peuvent être rité à « parler à un mur ».
traités comme les autres la déclamation du
prières, ils peuvent être Kol Nidré affirme La nature humaine fait que
annulés. L’intercession, c’est nous avons besoin de pouvoir
la demande que l’on fait à justement que exprimer nos espérances et
Dieu d’agir en ce monde, c’est les vœux posent nos craintes les plus intimes
donc aussi une demande de même si nous n’avons pas
pouvoir constater l’action de un problème de l’assurance d’obtenir une
12 l’Eternel, la demande d’une principe et ne réponse, réponse que nous
preuve explicite de son inter- attendons pourtant. La spéci-
vention. A cette exigence d’un
peuvent être traités ficité de la prière, par opposi-
miracle, le vœu ajoute une comme les autres tion à d’autres soins de l’âme,
dimension de marchandage prières et plus particulièrement en
et de chantage ; de manière cette période des asséret
infantile, il est la tentation de yemé techouvah, des dix
mettre Dieu à l’épreuve : si Tu jours de repentir, entre Roch
ne me réponds pas, alors c’est que Tu n’en es Hachanah et Yom Kippour, est que la prière
pas capable, voire que Tu n’es qu’une illusion. apporte cette possibilité d’une réponse. La
techouvah, le retour vers le divin, c’est avant
Notre tradition rejette formellement l’idée tout la possibilité du rapprochement et d’un
que nous pourrions mettre Dieu à l’épreuve, et échange ; en hébreu moderne, techouvah
pourtant ne semble pas condamner la prière désigne aussi la réponse à un courrier ou à
de Hannah qui nous est présentée comme le une question.
paradigme même de la prière. Contrairement
aux louanges ou aux remerciements, les Ce soir, et pendant encore plus de vingt quatre
prières sous forme de vœu ou d’intercession heures, nous allons lire des centaines, des
ouvrent également une opportunité, celle du milliers de mots. Pendant que nos lèvres les
dialogue avec le Divin. Dans le Judaïsme, la articuleront à haute voix ou silencieusement,
prière oscille de manière quantique entre le les sentiments et les pensées se bouscule-
monologue et le dialogue : lehitpallel, prier, ront en nous. Comment entendre quand nous
est à la fois réflexif et transitif. C’est un serons plongés dans ce brouhaha intérieur ?
aspect que l’on retrouve tant dans la prière Comment entendre ce que le prophète Elie
le shofar
13
L ED O R VA D O R
Isaac revisité
par Rabbin Marc Neiger
Nous publions ici le discours prononcé par la transmission de la bénédiction. S’il est
notre rabbin Marc Neiger à l’occasion des vrai qu’il y a une quasi-unanimité à noircir
Troisièmes Rencontres du Judaïsme Libéral le caractère d’Esaü afin d’expliquer qu’il ne
peut hériter de la bénédiction et de l’alliance,
Chers amis, cela n’est pas suffisant à justifier l’action de
Jacob.
Toledot : « L’histoire », c’est le nom de la para-
chah que nous lisons cette semaine ; ou plus Comme lors de l’épisode de la ligature, les
précisément, Toledot Yitzhak, les enfante- manquements à l’éthique d’Abraham, comme
ments d’Isaac. En nous racontant l’histoire ceux de Jacob, ne peuvent s’expliquer que
de la rivalité entre les enfants d’Isaac, entre par une participation active d’Isaac, c’est-à-
14 Jacob et Esaü, la Torah s’interroge et nous dire seulement si Isaac comprend et accepte
interroge sur le sens de la filiation et de la la nature de la scène pour jouer la comédie
transmission. qui lui est impartie. Lors de la Akédah, Isaac
nous indique sa participation en question-
Très souvent Isaac apparaît comme un per- nant son père (Gn. 22.7) :
sonnage fade et pâle, ne parvenant pas à
sortir des pas de son père, et la plupart du Voici le feu et le bois, mais où est l’agneau
temps il ne fait que répéter les péripéties de l’holocauste ?
d’Abraham. Cette absence de caractère et
de spécificité nous amène à questionner le
rôle d’Isaac dans certains événements. Ainsi Isaac semble se contenter de la réponse
la majorité des commentateurs insistent sur évasive de son père, nous laissant dans
le rôle d’Abraham dans la Akédah, la ligature l’ignorance de sa véritable compréhension.
d’Isaac, alors que d’autres tiennent à affirmer Lorsque Jacob apparaît avec le ragoût pré-
la participation active d’Isaac. paré par sa mère et revêtu des peaux des
agneaux, Isaac indique immédiatement ses
Aujourd’hui, Isaac, vieux et aveugle, est soupçons (Gn. 27.18) :
trompé par son fils Jacob : Jacob mani-
pulé par sa mère, Rebecca, se fait passer Me voici, [mais] qui es-tu mon fils ?
pour Esaü afin d’obtenir la bénédiction de
son père. Si, comme le laisse entendre le
texte, Isaac était abusé par le stratagème de Ce ne sont pas moins de sept versets qui
Rebecca et Jacob, alors non seulement Isaac suivent pour faire durer la tension drama-
n’est qu’un personnage faible et insignifiant, tique, alors que la Torah est habituellement
mais la tromperie serait récompensée par laconique, se bornant à décrire les faits et en
le shofar
nous laissant le soin d’imaginer la mise en Rabbi Yohanan explique : [Jacob parle]
scène.1 Un midrach (Gn. Rabba 69.15) ne s’en comme un corbeau qui brûle son propre nid.
prive pas, et fait basculer la scène dans le Quand il eut dit : C’est l’Eternel, ton Dieu, qui
burlesque, nous décrivant un Jacob dans une le fit advenir devant moi, Isaac pensa : Esaü
position peu enviable au point de défaillir de ne mentionne jamais le nom du Saint, béni
frayeur. soit-Il, mais celui-là l’a fait. Ce n’est pas Esaü,
mais Jacob. Alors Isaac lui dit : « Approche,
que je te tâte, mon fils ».
1 Pour une évocation plus complète du style de la Bible et en particulier de la Genèse, voir « La cicatrice d’Ulysse » dans
Auerbach, Erich. Mimésis : La Représentation de la réalité dans la littérature occidentale. Paris : Gallimard, 1977.
L ED O R VA D O R
CONVOCATION
Chers Membres,
1. Intervention du rabbin
2. Rapport du président du conseil d’administration
3. Rapport du trésorier et présentation du budget
4. Approbation des comptes pour l’année écoulée
5. Changement de date du début de l’exercice fiscal
6. Décharge des administrateurs
7. Présentation et élection éventuelle de nouveaux candidats au Conseil d’Admi-
nistration. Démission – nomination d’administrateurs.
Gilbert Lederman
Président
du conseil d’administration
Stephan Goldrajch
Après la fermeture de ses portes au public, le Musée Juif de Belgique a souhaité donner un sens à tout le
processus de transformation qu’il subira avant l’ouverture du nouveau bâtiment. Il a dès lors fait appel à
un jeune artiste plasticien vivant à Bruxelles, Stephan Goldrajch, qui manie plusieurs disciplines artistiques
(dessin, crochet, tissage, broderie, couture … ) et dont la démarche repose sur l’impératif du lien.
Un chantier poétique
L’artiste est dans un processus d’élaboration d’un « chantier poétique » qui entre en résonance avec des
histoires fondatrices de la Bible et avec la transformation du musée. Un concept original qui consiste
à suivre la démolition et la reconstruction du musée à travers un langage multidisciplinaire, poétique et
artistique. Goldrajch invite tous les 3 mois des artistes de la scène à réfléchir avec lui d’un point de vue
philosophique et contemporain à une histoire biblique qui est mise en scène sur le chantier du musée.
Cette performance crée, par le biais de visuels (photographie, vidéo), un lien entre l’intérieur et le monde
extérieur, entre la Destruction et la Construction.
Première installation
Une première installation (Adam et Eve) a été réalisée parallèlement aux préparatifs du déménagement
par l’équipe muséale. L’artiste a peint le palier de l’étage ultime du musée d’un décor évoquant le paradis
et sa sortie, décor dans lequel des acteurs ont joué cette scène cruciale et dramatique. La performance
a été photographiée et filmée, fixée sur un support qui permettra à postériori au public d’en prendre
connaissance. La photo va au-delà du simple témoignage documentaire pour nous donner à voir une
œuvre qui appartiendra à une série en devenir.
Suite du projet
Soutenez le projet !
La première photo « Adam & Eve » de la série « Chantier poétique » par l’artiste plasticien Stephan
Goldrajch est en vente au Wiels - Centre d’art contemporain à Bruxelles www.wiels.org/
Prix 70 euros.
Tirage 100 exemplaires numérotés et signés.
Jet d’encre sur papier baryte 29,7 x 42 cm.
Nous vous invitons à suivre le projet sur notre site et sur nos réseaux sociaux.
http ://www.new.mjb-jmb.org/
Métamorphoses
par Alexandre Ezra Piraux
Je vais dans un premier temps essayer de Les voyages étapes (massé qui signifie aussi
relayer ma lecture personnelle de certains les « actes ») sont repris par commodité dans
passages relatant les cheminements de un ordre d’apparition dans le récit alors que
quelques personnages bibliques, ou des la Torah n’est pas un récit chronologique.
évènements parmi tant d’autres1, et exami- Soulignons également que la Torah n’est
ner dans quelles mesures et comment ces pas un traité de psychologie clinique et si
personnages se sont transformés. Nous ver- la dimension psychologique est très impor-
rons que les notions d’actions réalisées, la tante, elle n’est pas exprimée comme telle.
nécessité de la séparation, et de la rencontre
avec l’autre jouent des rôles décisifs dans ces Une fois de plus, vu la densité du texte, il nous
transformations. faut lire entre les lignes, ou plutôt entre les
mots, les lettres, « Feu noir sur Feu blanc ».
Les transformations chez certains person- Un verset ne se réduit jamais à son sens
nages bibliques et leurs conséquences explicite.
Dans le domaine profane, et bien que le
matériel et le spirituel ne soient pas séparés
dans le judaïsme, les facteurs provoquant le
changement sont des évènements tels que les
guerres, les catastrophes, les ruptures affec-
tives, les réconciliations, les maladies, les
évènements heureux, etc... Dans le domaine
plus spirituel c’est la rencontre avec l’évène-
ment symbolique : une parole, un rêve, un
20 buisson ardent, mais aussi des épreuves de
vie bien réelles.
1 La traduction des versets choisie est celle de la version plus littérale d’André Chouraqui.
2 Haddad, le péché originel de la psychanalyse
le shofar
Plus loin dans le texte (Gn 2, 23) Adam à son Mais en quoi consiste le manquement, la
réveil, après un profond sommeil et le prélè- « faute ». Mais qui donc a commis ce ratage ?
vement de sa côte, dit « Celle-ci, cette fois, Est-ce une faute ou une « culpabilité inno-
c’est l’os de mes os, la chair de ma chair ». cente » ? En quoi le fait d’avoir les yeux des-
Adam la perçoit comme une partie de lui- sillés, qui révèle le corps « dépouillé » dans
même. Avec une telle per- sa nudité et témoigne d’une
ception, il lui est à mon avis grande curiosité, est-il si
difficile de voir en elle une problématique ? Toujours
altérité. est-il qu’Adam se cache, il
En « choisissant » a peur puisqu’il lui a été dit
Mais il y a quand même que s’il mangeait de l’arbre,
conscience que la prise
de manger du fruit il mourrait « tu mourras, tu
d’une partie de son corps de l’arbre de la mourras ». Or s’il ne meurt
androgyne n’est plus tout connaissance, Adam pas biologiquement, peut-
à fait son corps. L’Adam être est-ce quand même
originel pour devenir Ich, va passer de l’état l’Adam d’avant la désobéis-
l’homme capable d’être en de nature à l’état de sance qui va « mourir » pour 21
face de la femme, doit la devenir un autre Adam. Le
reconnaître séparée, dif- culture... premier JE sujet, qui est dit
férente de lui, pour faire par un humain, est donc un
couple. Il va donc la nommer « je » malheureux et hon-
Ichah. Pourtant « il colle à teux, craignant la voix de
sa femme » après avoir abandonné son père l’Autre3.
et sa mère « et ils sont une seule chair »
(Gn, 2, 24). C’est donc un passage du Texte qui donne
particulièrement à penser depuis 2.500 ans.
Le premier interdit : Adam et Eve Dans son Guide des égarés, Maïmonide sou-
« Mais de l’arbre de la pénétration du bien tient que l’Adam d’avant la faute avait l’in-
et du mal, tu ne mangeras pas » (Gn 2, 17). telligence la plus parfaite, étincelle divine,
et vivait « au-delà du bien et du mal ». Sa
Manger est l’obsession première de l’huma- transgression va l’affecter d’un imaginaire
nité. C’est aussi la première rencontre avec trompeur c’est-à-dire qu’il ne pourra que
l’extérieur, dans la lutte pour la vie, une projeter l’image de son corps sur sa com-
entrée dans la matérialité (manger de l’arbre) préhension du monde et raisonner qu’en des
qu’on incorpore et dévore. termes limités à sa nature humaine4. Mais la
connaissance du bien et du mal va les rendre
« comme Elohim » et, dans ma lecture, leur
faire prendre conscience de leur propre
finitude, de leur mortalité, dans la mesure offrande et impute ce refus à son rival et
où le mal c’est la mort, et ils vont connaître double négatif. Il ajoute au crime, un des
le mal. premiers mensonges « Je ne sais pas où il
est. » et de l’indifférence ou de l’irresponsa-
Une phrase d’Arthur Miller, dite je ne sais bilité « Suis-je le gardien de mon frère ? ».
dans quelle circonstance, me parle aussi
beaucoup et pourrait s’appliquer au récit du Caïn reconnaît finalement la gravité de son
premier interdit : « Où le choix commence, acte et s’afflige « Mon tort est trop grand
finissent le paradis et l’innocence. » En pour être porté ». Il entre de la sorte dans un
« choisissant » malgré tout, de manger du processus de prise de conscience de ce qu’il
fruit de l’arbre de la connaissance, Adam va a fait et entame une sorte de retour sur lui-
acquérir la subjectivité et passer de l’état de même (la première techouvah). Caïn prend
nature à l’état de culture, ce qui est une véri- aussi peur et s’inquiète de ne trouver la paix
table révolution cognitive. Il ignore que sa vie nulle part. Adonaï le marque d’un signe pour
sera désormais une suite de choix, de sépa- le protéger. Après cela il fuit, quitte le travail
rations, et de dilemmes difficiles ou cruels, de la terre, devenu infructueux pour lui, et
pour le meilleur et pour le pire. va fonder la première civilisation ou société
fonctionnelle. Il bâtit en effet une ville, et
ses descendants seront les premiers artistes
musiciens (Youval joue de la flûte et de la
harpe), ou premier travailleur, artisan du fer
et de l’airain (Touval-Caïn). On pourrait donc
dire en langage contemporain qu’il lui est per-
22 mis jusqu’à un certain point, en se séparant
du reste de la communauté, de faire preuve
de résilience, de changer et de rebondir, en
se mariant, fondant une famille, etc ...
A l’annonce d’une descendance aussi nom- d’un manque, ce qui est très certainement
breuse que les étoiles et d’une protection ressenti comme tel par un converti. C’est une
« Je suis ton protecteur, je multiplierai inscription réelle, dans la peau, d’un symbole
ta récompense », Avram exprime son adhé- en sorte que la circoncision est un rite créa-
sion en Genèse 15. Et il adhéra à Adonaï, teur de pensée symbolique.
« une torpeur tomba sur Avram, et voici
l’effroi, une grande ténèbre tombe sur lui ». Selon Hillel l’Ancien, elle a pour vocation
L’adhésion ne donne donc pas directement la de transformer l’homme dès sa naissance
Lumière mais l’angoisse et l’obscurité ... La en modifiant sa nature, telle une plante jar-
transformation ne se fait pas sur-le-champ dinée7, c’est un parachèvement de l’homme
mais le processus entamé est poursuivi. C’est au-delà de l’être de nature. Elle est aussi, sur
la continuation du chemin initié par l’injonc- un plan plus sociologique, un marqueur iden-
tion « Va pour toi, … vers la terre que je te titaire très fort qui a pour effet de marquer
ferai voir » (Gn, 12, 1)5. une séparation, une distinction.
5 Lekh lekha est une exhortation qu’on retrouve aussi dans l’épreuve de la ligature d’Isaac (Gn 22, 2).
6 Askénazi, L., Leçons sur la Torah p. 302 Albin Michel
7 Adler, A., Le peuple-Monde Albin Michel, 2011, p.50.
8 Lectures bibliques, Odile Jacob, 2006, p.136.
M É TA M O R PH O S E
Le judaïsme (ou les judaïsmes ?) n’est pas un les langues furent confondues, ou du non-
système de pensée mais une construction sacrifice d’Isaac est une projection de la per-
permanente, en métamorphoses continues, sonne que je suis et pourra d’ailleurs évoluer
tel un organisme vivant. Il est traversé de et se renouveler. Comme l’a écrit Catherine
courants très opposés mais unifiés par les Chalier, « les paroles étudiées servent de
Ecrits communs et la pratique des mêmes miroir. » Et Abraham peut autant révéler à
rites. Pour moi, le judaïsme est plutôt une la psyché des femmes certains des aspects
manière de penser, d’être, et de construire humains qui l’habitent que Sarah peut le faire
le futur. à la psyché des hommes11. Cela demande des
efforts, un travail sur soi, de préférence une
Il y a perpétuellement dans la pensée juive étude en commun. Le terme « Hébreu » pro-
un va-et-vient, une oscillation, entre le renou- vient du verbe avor, passer et Ivri peut signi-
veau, le changement parfois radical, et la fier « ma traversée » mon par-delà12.
référence constante à l’histoire, aux généra-
tions précédentes et à la continuité. Ce que j’aime dans ces récits, est le fait qu’on
n’est pas dans du semblant. Les personnages
Ces métamorphoses sont collectives dans apparaissent dans leur vérité personnelle,
la mesure où on ne peut être juif en restant toujours très complexe, sans artifices ou
seul. Il n’y a pas de métamorphose vraiment mise en scène. Rien n’est embelli mais tout
solitaire, affranchie des autres. est grand.
La passion textuelle, à savoir celle d’inter- Bien entendu il n’en reste pas moins vrai que
préter le Texte notamment grâce à la Torah notre environnement économique et tech-
orale, a donné une flexibilité adaptative et nologique décide en grande partie à notre 25
par conséquent favorisé une série de méta- place de la qualité des échanges qu’il nous
morphoses. Tout comme la dynamique active fait vivre et des représentations mentales ou
entre le présent et l’origine permet d’avancer culturelles qu’il met à notre disposition. Nous
sur le chemin. Le peuple juif est par excel- ne vivons pas sur une île déserte.
lence celui de l’entre-deux, voyageant entre
le singulier et l’universel, entre le passé et le Mais nous avons quand même le privilège
présent, le corps et la parole, le conscient et dans nos pays, de pouvoir choisir de mener
l’inconscient. ce travail spirituel sans contrainte physique
ou menace.
Etre à l’écoute de la Torah écrite et orale
est un chemin qui ne finit pas et qui exige la Alexandre Ezra Piraux
transformation constante de soi-même avec
soi-même, ce qui ne va pas de soi.
JANVIER 2016
Vendredi 01/01/2016 19h00 Kabbalat Chabbat
Pas de Ledor Vador. Reporté à la semaine suivante
Samedi 02/01/2016 10h30 21 Tévet – Chemot
Vendredi 08/01/2016 18h30 Kabbalat Chabbat Ledor Vador
Samedi 09/01/2016 10h30 28 Tévet - Vaéra
Lundi 11/01/2016 - Roch Hodèch Chevat
Vendredi 15/01/2016 19h00 Kabbalat Chabbat
Samedi 16/01/2016 10h00 6 Chevat – Bo
11h00 Etude de la parachah – Kenéh Lekha Haver
14h30 Tehima
Mardi 19/01/2016 15h00 Café Klatsch
Jeudi 21/01/2016 19h00 Conférence : Les Grands Thèmes du Judaïsme
« Procréation et contraception dans le judaïsme »
Vendredi 22/01/2016 19h00 Kabbalat Chabbat
Samedi 23/01/2016 10h30 13 Chevat – Bechalah
Dimanche 24/01/2016 19h00 Seder communautaire de Tou BiChevat (voir page 27)
Lundi 25/01/2016 - 15 Chevat -Tou BiChevat
Vendredi 29/01/2016 19h00 Kabbalat Chabbat
Samedi 30/01/2016 10h30 20 Chevat – Yitro
26
FÉVRIER 2016
Vendredi 05/02/2016 18h30 Kabbalat Chabbat Ledor Vador
Samedi 06/02/2016 10h30 27 Chevat – Michpatim
Bat Mitzvah d’Alice Laugier
Mercredi 10/02/2016 - Roch Hodech Adar I
Vendredi 12/02/2016 19h00 Kabbalat Chabbat
Samedi 13/02/2016 10h30 4 Adar I - Teroumah
Mardi 16/02/2016 15h00 Café Klatsch
Jeudi 19/02/2016 19h00 Conférence : Les Grands Thèmes du Judaïsme
« Halakhah et Haggadah »
Vendredi 20/02/2016 19h00 Kabbalat Chabbat
Samedi 21/02/2016 10h00 11 Adar I – Tetzaveh
11h00 Etude de la parachah – Kenéh Lekha Haver
Mardi 23/02/2016 18h00 Assemblée générale de la CILB – Synagogue Beth Hillel
(voir votre convocation page 17)
Vendredi 26/02/2016 19h00 Kabbalat Chabbat
Samedi 27/02/2016 10h30 18 Adar I – Ki Tissa
14h30 Stage Tehima avec Frank Lalou et Tina Bosi
Voir brochure jointe a ce shofar
Dimanche 28/02/2016 09h00 Stage Tehima avec Frank Lalou et Tina Bosi
18h00 Voir brochure jointe a ce shofar
C H E VAT-A DA R I -A DA R I I - N I S S A N 5776
MARS 2016
Vendredi 04/03/2016 18h30 Kabbalat Chabbat Ledor Vador
Samedi 05/03/2016 10h30 25 Adar I – Vayak'hel – Chabbat Chekalim
Vendredi 11/03/2016 - Roch Hodech Adar II
19h00 Kabbalat Chabbat
Samedi 12/03/2016 10h30 2 Adar II – Pekoudé
Mardi 15/03/2016 15h00 Café Klatsch
Jeudi 17/03/2016 19h00 Conférence : Les Grands Thèmes du Judaïsme
« Le livre d'Esther »
Vendredi 18/03/2016 19h00 Kabbalat Chabbat
Samedi 19/03/2016 10h00 9 Adar II – Vayikra – Chabbat Zakhor
11h00 Etude de la parachah – Kenéh Lekha Haver
Mercredi 23/03/2016 19h00 Erev Pourim – Office et lecture de la Meguilat Esther
(Pour jeunes et adultes)
Jeudi 24/03/2016 - 14 Adar II - Pourim
Vendredi 25/03/2016 19h00 Kabbalat Chabbat
Samedi 26/03/2016 10h30 16 Adar II – Tzav
Dimanche 27/03/2016 15h00 Célébration de Pourim pour toute la famille
27
AVRIL 2016
Vendredi 01/04/2016 18h30 Kabbalat Chabbat Ledor Vador
Samedi 02/04/2016 10h30 23 Adar II - Chemini
Vendredi 08/04/2016 19h00 Kabbalat Chabbat
Samedi 09/04/2016 - Roch Hodech Nissan
10h30 1 Nissan – Tazri'a – Chabbat haHodech
Vendredi 15/04/2016 19h00 Kabbalat Chabbat
Samedi 16/04/2016 10h00 8 Nissan – Metzora – Chabbat haGadol
11h00 Etude de la parachah – Kenéh Lekha Haver
Mardi 19/04/2016 15h00 Café Klatsch
Jeudi 21/03/2016 19h00 Conférence: Les Grands Thèmes du Judaïsme
« Libre ou Libéral ? »
Vendredi 22/04/2016 - Erev Pessah
18h30 Kabbalat Chabbat suivi du Seder communautaire de Pessah
Samedi 23/04/2016 - Premier jour de Pessah
10h30 15 Nissan - Pessah
Vendredi 29/04/2016 - Dernier jour de Pessah
19h00 Kabbalat Chabbat
Samedi 30/04/2016 10h30 22 Nissan – Aharé - Mot
AG EN DA
Notez dès à présent dans vos agendas les dates des célébrations communautaires des
fêtes à Beth Hillel !
Pré-inscriptions et réservations :
- info@beth-hillel.org
- 02 33 25 28
Plus de détails pratiques dans vos prochains Shofar, et sur www.beth-hillel.org
Pour ne rater aucun rendez-vous :
inscrivez-vous à la newsletter hebdomadaire : www.beth-hillel.org
28
1 Pauline BEBE, Isha, Dictionnaire des femmes et du judaïsme, éd. Calmann-Lévy 2001, p. 194
le shofar
En effet, ce terme « côtes » est traduit de Cette métamorphose nous rend aussi
l’hébreu « Tzal’otav », pluriel du mot Tzel’a : uniques, puisqu’issus d’un mélange de deux
êtres qui se sont unis, mais qui sont bien dis-
« Lorsque le Saint Béni Soit-Il a créé le pre- tincts, porteurs de patrimoines génétiques
mier Adam, Il l’a fait « double face ». Il l’a différenciés, mais dans le second récit, il
scié après pour en faire deux corps. » est question de sexualité et non plus de pro-
création comme dans le premier (Gen. 1.28 :
On lui objecta :« Il est pourtant écrit : Il prit « Croissez et multipliez »). Ichah est aimée
une de ses côtes ? » pour elle-même : « C’est pourquoi l’homme
abandonne son père et sa mère ; il s’unit à
Il répondit : « Il faut lire : un de ses côtés sa femme et ils deviennent une seule chair »
ainsi qu’il est écrit : « et le côté (Tzel’a) du (Gen. 2 : 24). Par exemple, Jacob est amou-
Tabernacle « (Ex. 26.20 : « De même, pour reux de Rachel bien avant la naissance de
le second côté du tabernacle, à la face nord, Joseph (Gen. 29.18 et 30.1). Il l’aime indépen-
vingt solives (...) »). Berechit Rabba 8.12 damment d’une maternité éventuelle.
Dans le second récit, « Le premier homme La femme est l’aide de l’homme, sa compagne,
est né seul : la femme n’a pas assisté à l’ori- son remède contre la solitude. Cette aide
gine de l’homme. Et quand la femme est née, n’est pas dégradante. Le mot utilisé, « ‘ézer »
l’homme était présent, mais endormi, pour (Gen. 2.18), apparaît une dizaine de fois dans
qu’il ne puisse assister à cette naissance. Il la Bible, pour signifier une assistance exté-
ne sait donc rien non plus de l’origine de la rieure, même pour désigner Dieu (exemple :
femme. »3. La torpeur d’Adam exprime bien le Psaume 30.11 « sois mon Sauveur ! »), « Que
mystère de la différence sexuée, mais Ichah Dieu me vienne en aide ! ». Ce mot ne peut 33
est le nom donné par Ich lorsqu’il sort de donc pas être traduit par « servante », dans
cette torpeur pour insister sur leurs ressem- un sens péjoratif ou inférieur.
blances, sur leur origine commune. Il s’agit
en effet de son propre nom, féminisé, pour D’ailleurs, dès lors que Ich et Ichah sont
bien marquer le lien entre eux (Gen. 2.23). issus d’une division d’une même entité, rien
n’indique que l’aide soit à sens unique, la divi-
Cette division, métamorphose fondamen- sion permet une aide mutuelle, réciproque,
tale, met fin à la solitude de l’être humain sans hiérarchie inévitable entre l’homme et
« mâle femelle à la fois ». Homme et femme la femme.
sont désormais côte à côte, aux côtés l’un de
l’autre, ou plutôt dans un face-à-face, poten- Comme nous le savons, Ich et Ichah seront
tiellement conflictuel. Voilà donc le couple chassés du jardin d’Eden après avoir mangé le
Ich et Ichah, deux êtres complices, du moins fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du
quand tout va bien, mais cependant séparés mal et ils recevront des punitions distinctes.
pour permettre le dialogue. En effet, pour
dialoguer, il ne faut être ni trop proches, ni
trop éloignés, « ni tout à fait la même ni tout
à fait une autre »4.
2 Josy EISENBERG et Armand ABECASSIS, A bible ouverte, La Genèse, éd. Albin Michel 2004, p. 373, Delphine HORVILLEUR,
En tenue d’Ève, Féminin pudeur et judaïsme, éd. Grasset 2013, p. 63
3 Marc-Alain OUAKNIN, Les Dix commandements, éd. Seuil 1999, Points Sa 242, pp. 56 et 57
4 Mon rêve familier de Paul Verlaine
M É TA M O R PH O S E
Lilith, Ichah ou Ève ? Devons-nous absolu- Dans un couple harmonieux, Ichah vit certai-
ment choisir ? Les récits de Lilith ont été nement de doux moments avec Ich, auxquels
rédigés par des hommes, dans un monde il serait vraiment dommage de renoncer. Ève,
bien différent du nôtre. D’autres lectures, quant à elle, est l’assurance de la transmis-
d’aujourd’hui, réhabilitent Lilith5. Face à un sion. Elle connaît les joies de la maternité.
compagnon imbu de lui-même, dominateur,
elle a pris sa vie en mains et, sans doute, son Ne sommes-nous pas toutes des Lilith, des
énergie et sa volonté lui permettent de mener Ichah et des Ève, selon les moments de
à bien de nombreux projets passionnants. notre vie ? L’essentiel n’est-il pas de ne pas
se laisser enfermer dans des rôles, si beaux
soient-ils ?
Anne De Potter
35
Pistes de lecture
Renée DAVID, Les femmes juives, éd. Librairie Académique Perrin 1988
Sous la direction de Janine ELKOUBY et de Sonia Sarah LIPSYC, Quand les femmes lisent
la Bible, éd. In Press 2007
Sous la direction de Sonia Sarah LIPSYC, Femmes et judaïsme aujourd’hui, éd. In Press 2008
Catherine Chalier, Les Matriarches : Sarah, Rebecca, Rachel et Léa, préface d’Emmanuel
Lévinas, éd. du Cerf 2010
Victor MALKA, Le Dieu auquel je crois, éd. du Cerf 2012, en particulier l’entretien avec
Janine ELKOUBY,)« Un Dieu qui veut parler aux hommes », pp. 55 à 78
Sous la direction de Nelly LAS, Le féminisme face aux dilemmes juifs contemporains, éd.
des Rosiers 2013
Delphine HORVILLEUR, Comment les rabbins font les enfants : sexe, transmission et
36 identité dans le judaïsme, éd. Grasset 2015
Le site Akadem permet d’assister à des conférences intéressantes, comme, par exemple,
sous les onglets Vie juive, Place de la femme : La société juive et la modernité, en novembre
2010 « La femme dans la tradition juive » avec Delphine HORVILLEUR, Ariane BENDAVID
et Rivon KRYGIER et « La femme dans le judaïsme de la Bible à nos jours », avec Ariane
BENDAVID, Pauline BEBE et Mireille HADAS-LEBEL.
Enfin, des femmes comme Liliane VANA, Pauline BEBE, Delphine HORVILLEUR et Janine
ELKOUBY apparaissent de plus en plus régulièrement dans les émissions du dimanche matin
de Josy Eisenberg, sur France 2.
ACT UA L I T É
Depuis plusieurs mois déjà, Beth Hillel est impliqué dans un dialogue inter-convictionnel
à Molenbeek (Coexister). Les attentats de Paris du 13 novembre ont à nouveau tourné les
projecteurs vers cette commune. Anne De Potter a interrogé pour le Shofar Karima, une
jeune musulmane habitant Molenbeek qui a souhaité rester anonyme pour des raisons
de sécurité.
Nous publions ici ses réponses telles quelles, formulées avec ses mots, nous les laissons
à votre appréciation. En effet, il nous paraît intéressant de refléter ici le point de vue de
« l’autre » dans un environnement en constante mutation et où les médias ont tendance
à caricaturer, stigmatiser et amplifier à outrance.
38
Nous ne partageons pas toujours le point de vue de Karima, ou son approche de certains
aspects et faits religieux ou sociaux, et nous sommes bien conscients de l’interprétation
que certains pourraient donner à certaines de ses phrases, de ses expressions, de ses
silences.
Merci à Karima pour son ouverture d’esprit et sa volonté de dialogue. Nous espérons
organiser prochainement une rencontre avec elle pour prolonger l’échange.
J’ai rencontré Karima dans le cadre de Anne De Potter. Karima, je voulais t’en-
Coexister, une association interconviction- tendre sur les conséquences des attentats
nelle et internationale de jeunes. Karima vit du 13 novembre, te permettre de t’expri-
à Molenbeek, est de confession musulmane mer. Comprends-tu que des gens ont peur
et porte le foulard. A chaque fête juive ou de l’Islam ? Que des phrases comme « Ce
chrétienne, elle publie sur son mur Face n’est pas l’Islam, ce ne sont pas des (vrais)
Book un résumé du sens de cette fête et de musulmans » ou « l’Islam est une religion de
ses pratiques essentielles. Elle rend hom- paix et d’amour » passent très mal auprès de
mage aux victimes de la Shoah les jours de nombreux non-musulmans ?
commémoration.
le shofar
Karima. Merci Anne. Tout d’abord, je tiens Quand on ouvre le Coran, on l’ouvre avec son
à dire que je ne m’exprime qu’en mon nom et identité unique. On le lit à travers sa grille de
que je ne suis pas porte-parole des musul- lecture personnelle ; c’est-à-dire son vécu,
mans. Je te réponds en tant que Karima, son éducation, son intelligence ... Donc pour
jeune femme née en Belgique, d’origine moi, l’islam est une religion de paix pour
marocaine, de culture belgo-marocaine et les gens de paix et qui lisent le corpus isla-
de spiritualité islamique. mique (Coran, hadiths, etc.) avec une grille
de lecture saine, positive, constructive. Et
Oui, je comprends que les gens ont peur de l’islam est une religion qui peut engendrer
l’islam, car les terroristes se revendiquent la violence pour les gens qui ont une grille
musulmans. Moi-même qui suis musulmane, de lecture de la vie malsaine, destructive
j’ai peur d’eux ! Je qualifie comme on peut le voir avec
ces terroristes (DAESH) d’ le profil des terroristes
« islamo-terroristes », non (délinquants, drogués, avec
pas que j’estime qu’ils pra- casiers judiciaires …).
tiquent l’islam tel que je le Quand on ouvre le
conçois, mais simplement La plupart des savants
parce qu’ils se revendiquent Coran, on l’ouvre avec s’accordent sur le sens
de l’islam. Par conséquent son identité unique. des versets, et en général
je peux émettre une critique les musulmans consultent
sur leur compréhension et
On le lit à travers l’avis des savants reconnus
usage des textes, mais je sa grille de lecture sur l’exégèse des versets.
n’ai pas la prétention de me personnelle... Mais encore une fois, le
prendre pour Dieu et de les choix de tel ou tel « savant » 39
sortir de l’islam. Ce n’est dépend de la grille de lec-
pas de mon ressort. Mais je ture que l’on a de la vie.
les sors de mon islam, oui.
Et même si la majorité des musulmans a une
Je comprends donc la peur de l’islam (l’isla- grille de lecture constructive, saine, on ne
mophobie en tant que sentiment) par contre, peut nier qu’une minorité de personnes se
si cette peur se transforme en haine de tout revendiquant musulmanes selon leur grille
un groupe (les musulmans) par un procédé de lecture nocive peut être dangereuse pour
d’essentialisation, là je dis non. Car la haine l’humanité.
d’un groupe, sans distinction, peut pousser à
commettre des délits, des crimes à l’encontre
d’innocents.
1 Les attentats de Casablanca sont une série de cinq attentats suicides terroristes qui se sont déroulés le 16 mai 2003 dans
la ville de Casablanca. Ils furent perpétrés par une dizaine de terroristes originaires du bidonville Sidi Moumen, faisant
un total de 41 victimes et d’une centaine de blessés. Ces attentats visaient un hôtel et un restaurant accueillant des clients
étrangers, le bâtiment de l’alliance israélite et le cimetière juif de la ville ainsi que le consulat de Belgique.
R EN C O N T R ES
Il y a quatre ans nous étions à Lyon, il y a deux Trois sessions étaient ensuite proposées
ans nous étions à Toulouse, cette année, aux participants sur des thèmes d’actua-
c’était au tour de Bruxelles d’accueillir les lité et d’intérêt pour nos communautés :
Troisièmes Rencontres du Judaïsme Libéral Antisémitisme, antisionisme et sécurité,
Francophone. Un moment d’exception pour Talmud Torah, les Défis des communautés
les communautés juives libérales franco- en régions et des communautés naissantes.
phones de se retrouver et de débattre des Des sessions auxquelles a participé un public
thèmes qui les intéressent. nombreux et d’où chacun est ressorti plus
riche de savoir et avec une opinion enrichie.
Nous avons débuté le vendredi par une confé-
42 rence du Dr Laliv Clenman sur le thème de Le soir nous nous sommes retrouvés pour
l’Identité Juive dans le Droit Hébraïque. La l’office de kabbalat chabbat et un repas
préparation approfondie et la présentation convivial.
très claire du Pr. Clenman ont impressionné
l’assistance. Au delà de la partie conférence,
le Pr. Clenman a également répondu avec pré-
cision et une pointe d’humour bienvenue aux
questions posées.
Havdalah en musique. Merci aux jeunes de Netzer (le Mouvement international de la jeunesse juive libérale).
44
Les sessions du dimanche matin étaient Nous avons enfin clôturé les Rencontres par
consacrées à plusieurs thèmes abordés la session classique « Tout ce que vous avez
chaque fois par un spécialiste de la question toujours voulu savoir sur le Judaïsme Libéral
et un modérateur. La formule d’une période et que vous n’avez jamais osé demander ».
fixe de présentation et d’une session de ques-
tions/réponses, nous a permis d’aborder plu- Un panel de sept rabbins a eu l’occasion de
sieurs thèmes dan un laps de temps somme répondre aux questions et remarques de l’as-
toute limité. Le thèmes abordés étaient : la semblée. L’un des thèmes longuement abordé
prière juive, l’essence du Judaïsme Libéral était celui des mariages mixtes et de la pro-
et l’avenir du Judaïsme Libéral francophone. tection de l’éducation juive dans un couple où
seul l’un des deux conjoints est Juif.
L’après-midi le Rabbin Leo Michel Abrami
nous a entretenus de la situation du Judaïsme Trois jours riches en informations, en ren-
Libéral aux Etats-Unis. Se basant sur de nom- contres, en échanges et en réflexion.
breuses statistiques, le Rabbin Abrami nous
a dépeint une situation similaire à celle que En 2016, les Rencontres du Judaïsme
nous connaissons en Belgique et en Europe : Libéral Européen, organisées par l’EUPJ
laïcisation forte des Juifs, désintérêt et désaf- (European Union for Progressive Judaism)
fectation du judaïsme hors son côté tradition se tiendront à Londres. La quatrième édi-
et folklore, diminution de l’appartenance et tion des Rencontres du Judaïsme Libéral
de la fréquentation des synagogues. Francophone doit encore trouver sa com-
munauté d’accueil, mais gageons que Beth
Hillel en sera.
45
Merci encore à celles et ceux qui ont permis
à ces Rencontres d’être un véritable succès :
notre rabbin, ses collègues rabbins ainsi que
les responsables et cadres des autres com-
munautés, le Pr. Laliv Clenman, le Rabbin
Leo Michel Abrami, Sofia Falkovitch et Lidia
Kalendareva, le staff, les bénévoles, les
orateurs, les membres de Beth Hillel et les
membres des communautés amies.
Luc Bourgeois
46 Le panel de Rabbins
Escallittéraire présente
le mercredi 20 janvier 2016 à 18h.30
une lecture scénique de la pièce d’Anna Stelkowicz :
Conte des nuits Blanches et Bleues.
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VIE COMMUNAUTAIRE
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SOCIÉTÉ D’INHUMATION