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REPUBLIQUE DU CAMEROUN

MINISTERE DU PLAN ET DE
L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

CONSOMMATION ET CONDITIONS DE VIE


DES MENAGES A YAOUNDE

Premiers résultats
Enquête 1-2-3
Phase 3
. ., ,.;‘. ’
-
AVANT PROPOS
Les résultats d’enquête présentés ici s’inscrivent dans un schéma d’étydes et de collaborations originales qui mérite
d’être précisé.
1. L’objectif principal :une approche macro-économiquedu secteur informel
DIAL mène, pour le compte du ministère de Plan et de l’Aménagement du territoire camerounais, une étude
sur l’évolution macro-économique, tant passée que prospective, du Cameroun. II est vite apparu que l’appréciation des
conditions d’ajustement du secteur productifà la crise passait par la mobilisation d’informations statistiques adéquates,
notammeht sur le secteur informel. L’approche de ce secteur est conçue non seulement sous l’angle traditionnel de
l’analyse d’une composante du secteur productif, mais aussi àtravers son rôle dans la! satisfaction de la demande des-
différents agents économiques. L’objectif ultime est d’intégrer ce secteur dans la réflexion macro-économique en se
fondant sur les résultats de données d’enquêtes ;cette démarche doit permettre de valider une représentation formalisée
rôle macro-économique de ce secteur, afin de dégager des propositions de politique économique le concernant.
2. Une méthodologie originale : une enquête en plusieurs phases (1-2-3)qui s’appuie sur l’élaboration d’un plan
de sondage 1 partir de photos satellites et aériennes.
Menée dans un premier temps et pour des raisons pratiques sur la seule ville de Yaoundé, cette enquête a pour
objectif de donner une vision statistiquement représentative des conditions d’emploi de la population et du secteur
informel à Yaoundé. Ainsi, la phase 1 vise à donner une vue exhaustive des conditions d’emploi de la main-d’œuvre.
L’ensemble des patrons d’unités informelles, identifiés lors de la phase I, sont enquêtés sur leur mode de production
dans la phase 2. Enfin, les modalités d’appel à la production du secteur informel par différents agents économiques sont
analysées dans la troisième phase. Les premiers résultats de cette troisième phase, qui sont l’objet de cette publication,
traitent aussi de la consommation et des conditions de vie des ménages. Elle vient compléter la série des premiers
résultats de,s deux premières phases de l’enquête 1-2-3, déjà parus dans cette collection.
3. Une collaboration scientifique réussie et multiforme
Signes évidents de la réussite de cette opération : la cohérence interne des résultats, les délais de réalisation
des différentes étapes et le respect du calendrier par plusieurs équipes. Ainsi, décidées à l’été 1992, les opérations de
collecte et de saisie des données sont terminées à l’été 1993. , . , *
DIAL a assuré la conception d’ensemble de l’opération.
Le plan de sondage, mis au point par des chercheurs de DIAL et de l’ORSTOM, découle de l’utilisation d’une
méthode élaborée par I’ORSTOM, appliquée pour la première fois en Afrique et qui utilise les résultats de la
tC1édétection.parsatellite. Les questionnaires proposés par DIAL, en fonction de ses objectifs, ont été finalisés à la suite
d’échanges de vues avec les statisticiens-économistes de DSCN, en fonction de leur expérience de terrain et des résultats
d’enquêtes pilotes.
La DSCN a mené les opérations suivantes : repérage des ilôts, dénombrement des ménages, enquêtes phases
I , 2 , 3 , saisie et apurement des fichiers de données correspondants, sous la direction d’Apollinaire Kingne pour les
opérations de terrain, d’André Ngassam (enquête sur la consommation des ménages) et de Prosper Backiny pour la
mise en forme informatique. François Roubaud, pour DIAL, a pris en charge l’analyse statistique conduisant aux
premiers résultats, qui ont été arrêtés après discussions avec la DSCN.
4. Un financement multiple
Lancées grâce àl’appui financier du ministère français de la Coopération et du Développement, ces différentes
enquêtes ont également bénéficié du soutien de l’Office statistique des Communautés européennes (EUROSTAT) pour
la mise au point de la méthodologie d’enquête et bien sûr de l’administration camerounaise par le biais du coût salarial
des personnels affectés 2 cette enquête.

J.TEDOU G. de MONCHY
Directeur de la DSCN Directeur de DIAL
L’objectif de la phase 3 de l’enquête 123 est d’identifier des comportements spécifiques des mé-
nâges en matière de consommation.En particulier, on cherche à apprécier le poids du secteur informel
.dans la satisfaction de la demande des différents groupes de ménages. Ceci nous conduit 5 proposer
une typologie de ménages en quatre classes, suivant le secteur institutionnel d’emploi du chef de mé-
nage : les “ménagespublics” (dont le chef travaille dans le secteur public), les “ménagesprivés for-
mels”, les “ménages informels” et les “ménages chômeurslinactifs”. Cette typologie permet de dis-
&criminer le revenu total des ménages, à la fois suivant son niveau et suivant sa source. Or ces deux
dimensions constituent les facteurs déterminants des modes de consommation.

Ainsi, et malgré l’origine composite du revenu des ménages, du fait de la pluri-activité et de l’in-
sertion des membres du ménages dans différents secteurs, plus de 90% du revenu total des “ménages
publics ” (resp. “informels”) provient directement du secteur public (resp. informel).

Sur l’échelle des revenus par tête, les “ménagesformels” (publics et privés) sont les mieux pla-
cés, avec 30 O00 Fcfa par mois, tandis que les “nté~~ages
informels” doivent se contenter de 12 O00 Fcfa
par personne. Les “ménagesinactifslclzômeurs” apparaissent comme les plus vulnérables ,dans la me-
sure où leur chef est dépourvu d’emploi. Leurs maigres revenus proviennent des membres secondaires
du ménage qui travaillent et de transferts.

I1 faut noter que 56% des revenus du travail ont été distribués par le secteur public, marquant l’im-
portance de ce dernier dans la dynamique de la demande finale des ménages.

Malgré la crise, les conditions d’habitation des ménages ont continué de s’améliorer depuis 10
ans, plaGant Yaoundé dans une situation favorable au regard des standards africains. Ainsi en 1993,
87% des ménages s’éclairent à l’électricité alors que deux tiers étaient raccordés en 1983. Le gros ef-
fort de construction entrepris dans les années 80 a permis de limiter la croissance des zones d’habitat
insalubre, malgré la pression démographique.Le principal point faible des politiques d’aménagement
urbain reste l’adduction d’eau, engendrant un sérieux problème d’hygiène publique. A peine 15% des
ménages possèdent un robinet intérieur, tandis que le mode dominant d’accès aux aisances reste les la-
trines communes. Cependant, si jusqu’en 1987, l’amélioration des conditions d’habitation touchaient
toutes les catégories de ménages, sa diffusion a été particulièrement inégalitaire depuis, les “ménages
informels” voyant leur situation précaire inchangée. Enfin, l’accès à la propriété avec titre foncier
constitue un privilège dont seuls jouissent 15% des ménages de la capitale.

La consommation annuelle moyenne par ménage est de 1,465 millions de Fcfa, dont un tiers
est consacré aux dépenses d’alimentation. Le montant de consommation annuelle par tête atteint
*
320 O00 Fcfa chez les “ménagesformels”, et seulement 120 O00 Fcfa pour les ménages “inactifslchô-
meurs”, les “nzénagesinfornzels” occupant une position intermédiaire.

Les coefficients budgétaires alimentaires varient de 27% pour les “ménagesformels” à près de
40% pour les autres catégories de ménages. Ces écarts sont du même ordre de grandeur que ceux ob-
tenus en classant les ménages par quartiles de consommationpar tête, partition qui pourtant maximise
les différences de consommation. Ce résultat montre l’importance d’autres facteurs que le niveau des
revenus sur la structure de consommation, et dont tient compte notre typologie de inénages.

Le secteur informel satisfait plus de 70 % de la demande totale des ménages. I1 contrôle lar-
gement le circuit de distribution des principaux biens de consommation courante ainsi que les services
aux ménages. Cette part dépasse même 90% pour l’alimentation et 80% dans l’habillement. Le secteur

1
formel ne joue un rôle significatif que pour les biens d’équipement et pour certains services où le sec-
teur public bénéficie d’un monopole ou d’une position dominante (télécommunication, éducation,
santé). La propension à s’adresser au secteur informel varie sensiblement en fonction du type de mé-
nages. Elle est maximum chez les “ménages informels” (78% de la consommation), et la plus faible
chez les “ménages publics” (62%).

La faiblesse des prix constitue la raison principale qui pousse les ménages à s’adresser au secteur
informel, tandis que le secteur formel est choisi pour la qualité des produits qu’il propose. Le secteur -
des transports constitue la seule exception à cette règle, les taxis informels assurant une qualité du ser-
vice supérieure aux bus de la SOTUC, pour un prix plus élevé. L’arbitrage prixlqualité est le détermi-
nant fondamental du choïx du secteur d’achat, les autres motivations potentielIes (qualité de l’accueil, ~

relations familiales, possibilités de crédit) apparaissant comme marginales.

Le contenu en importation directe de la consommation est de 20%, avec une situation contrastée
par type de produits. L‘autosuffisance alimentaire est bien une réalité dans la capitale camerounaise,
puisque 96% de la consommation est d’origine locale. Les principaux produits oh le taux de pénétra-
tion des importations est le plus élevé sont, par ordre d’importance décroissant : les “appareils élec-
tro-acoustiques” (94%)’les “appareilsnzénagers” (87%)’les “chazisszires” (85%), les “produitsphar-
inacezitiques” (SO%) et les “vêtements”(71%).70% des biens de consommations importés (légalement
ou en fraude) proviennent de pays développés, alors que seulement 10%ont été identifiés comme pro-
duits au Nigeria.

Depuis 1991, plus de neuf ménages sur dix ont dû réviser leur consommation à la baisse suite à la
réduction de leur revenu. IIs estiment que l’un et l’autre ont chuté de plus de 50% en deux ans. Cette
appréciation qualitative est compatible avec la baisse enregistrée par les salaires publics. Ce sont les
catégories les plus vulnérables ( “chôYrzeurs/inact~s’”“informels”) qui ont été les plus touchées. La
“sur-réaction”~desrevenus tirés des activités informelles à la contraction des salaires du secteur formel
conforte l’hypothèse de l’existence d’une forte liaison entre les deux secteurs, à travers la demande.

Pour tous, la consommation alimentaire a constitué le premier poste d’ajustement, conduisant à


une dégradation sensible de la ration alimentaire par tête. Mais les ménages les plus pauvres se plai-
gnent aussi d’avoir eu à restreindre fortement leurs dépenses de transport, d’éducation et de santé.

Pourtant les ménages ne sont pas restés passifs face à la contraction de leurs revenus. En particu-
lier, ils, ont fait joué la concurrence par les prix. Cette stratégie a eu pour effet de déplacer une partie
de la consommation des ménages vers le secteur informel, au détriment du secteur formel.

L’importance des transferts monétaires entre ménages montre que ces derniers, dans leur immense
majorité, sont insérés dans un véritable réseau de solidarités, mettant en oeuvre des mécanismes propres
de redistribution du revenu primaire. Les “ménagesformels” sont les principaux donateurs, les deux
autres catégories de ménages étant les principaux récipiendaires. L‘essentiel des transferts monétaires
circulent à l’intérieur de la ville. Si les transferts nets sont globalement équilibrés avec les villes de l’in-
térieur, un solde d’environ 2 milliards de Fcfa a été transféré aux campagnes.

Cependant, I1 ne faut pas exagérer le rôle de ce système de redistribution. D’une part, il ne suffit
pas à gommer les inégalités de revenus entre catégories de ménages. D’autre part, les “ménages inac-
tifslchômeurs” se montrent particulièrement vulnérables, dans la mesure oh 30% d’entre eux sont ex-
clus de ce filet de sécurité.

, c

2
I.- ELABORATION D’UNE a été tiré parmi les 2000 ménages de l’enquête
TYPOLOGIE DE MENAGES emploi. 300 ont répondu à l’ELA et 100 à
I’ECM.
L’objectif principal de la phase 3 de l’en- Au vu des objectifs de l’enquête, nous
quête 123 est d’identifier d’éventuels compor- avons élaboré une typologie de ménages, qui
tements spécifiques des ménages en matière de constitue l’entrée principale de notre analyse de
consommation.En particulier, on cherche à ap- la phase 3. Nous distinguerons ainsi quatre
. précier l’importance et le rôle du secteur infor- classes de ménages, suivant le secteur institu-
mel dans la satisfaction des besoins des mé- tionnel d’activité du chef de ménage:
nages. Dans une perspective plus large, la - les ménages dont le chef exerce son emploi
. seconde et la troisième phase de l’enquête 123 principal dans le secteur public;
permettent de quantifier l’origine de la demande - les ménages dont le chef exerce son emploi
adressée au secteur informel, et d’établir l’équi- principal dans le secteur privé formel;
libre comptable ressources-emplois suivant une - les ménages dont le chef exerce son emploi
nomenclature détaillée des destinataires de la principal dans le secteur informel;
production informelle. - les ménages dont le chef est soit inactif soit
La phase 3 consiste donc en une articula- chômeur.
tion de deux enquêtes auprès des ménages, l’une On trouvera dans le tableau 1 la répartition
sur les lieux d’achat (ELA) du panier de des ménages par catégorie dans les différents
consommation et l’autre sur la consommation échantillons de l’enquête 123. La qualité de la
proprement dite (ECM; voir méthodologie). stratification de la phase 3 assure une bonne dis-
Etant donné l’aspect expérimental de cette tribution par catégorie dans tous les échan-
phase, un échantillon restreint de 400 ménages tillons.

TABLEAU 1

Source: Enquête 123, phase 1, ELA, ECM. Les chiffres entre parenthèses correspondent au nombre de ménages.

Les deux classes de ménages les plus nom- des individus, cette propriété se vérifie sur la
. breuses, celle dont le chef est employé dans le sous-population des chefs de ménages. En par-
secteur public (que nous qualifierons de “mé- ticulier, on retrouve la hiérarchie de qualité des
m g e s puBZics”) et celle dont le chef est em- emplois suivant le secteur institutionnel, orga-
ployé dans le secteur informel (que nous quali- nisée autour de deux pôles qui s’opposent for-
fierons de “m6nuges informels ”) réunissent tement: les emplois publics et les emplois in-
près des deux tiers des ménages. formels.
Si cette typologie présente l’avantage ma- C’est dans le secteur public que se concen-
jeur de la simplicité,reste à en démontrer la per- trent les emplois les plus qualifiés, les mieux
tinence. protégés (stabilité, contrat, prestations sociales)
Les résultats de l’enquête emploi ont mon- et les mieux rémunérés (salaires directs et indi-
tré que le secteur institutionnel était un bon in- rects). A l’autre extrémité, les emplois infor-
dicateur synthétique de la structure du marché mels apparaissent comme l’image en négatif du
du travail. Constatée à l’échelle de l’ensemble cliché précédent. Le secteur privé formel pro-

3
cure à ses membres des emplois proches de portion de femmes, et un niveau scolaire beau-
ceux du secteur public. Quant aux chefs de mé- coup plus faible.
nage chômeurs ou inactifs, leur premier point Si l’âge moyen des chefs de ménage est re-
commun, c’est d’être dépourvu d’emploi. lativement constant par classe (autour de 37 ans,
Ces différents modes d’insertion sur le mar- les chefs informels étant dans l’ensemble plus
ché du travail se traduisent par des différences jeunes), cette moyenne cache une forte hétéro-
sensibles des caractéristiques socio-démogra- généité de la catégorie inactifskhômeurs. Les
phiques des chefs de ménages. Ainsi, les chefs premiers sont beaucoilp plus âgés et les seconds
informels, chômeurs ou inactifs montrent une beaucoup plus jeunes que les autres. Ces diffé-
plus grande “fragilité”, avec une très forte pro- rences d’âge entre chefs inactifs et chômeurs

Source: Enquête 123,phase 1.Les revenus sont calculés pour les chefs de ménage percevant un revenu; c’est ce qui ex-
plique que le revenu total n’est pas égal à la somme des revenus tirés de l’emploi principal et de l’emploi secondaire.

sont le révélateur de l’existence de deux sous- En premier lieu, en ce qui concerne le chef
ensembles de ménages que nous avons dû agré- de ménage, le fait d’exercer son emploi princi-
ger pour des raisons de taille d’échantillon. pal dans un secteur donné est fortement corrélé
Finalement, cette dernière classe de ménages avec le type d’emploi secondaire que l’on peut
doit plutôt être considérée comme un résidu, qui obtenir. Ainsi, ceux qui travaillent dans le sec-
tire son unité de l’absence de revenu du chef de teur formel (public ou privé) jouissent de
ménage. meilleurs emplois secondaires, quand ils en oc-
La forte polarisation des chefs de ménages cupent un (voir tableau 2). Finalement, la hié- ”

en fonction du secteur institutionnel de l’emploi rarchie des revenus n’est pas remise en question
ne suffit pas à valider une typologie portant non par la prise en compte des activités secondaires.
pas sur les individus mais sur les ménages. L‘ex- En second lieu, les membres secondaires
trême diversité des sources d’emplois et de re- des ménages réussissent d’autant mieux à
venus pourrait venir brouiller la carte,des types s’insérer sur le marché du travail que le chef
de ménages dans leur mode d’insertion sur le de ménage est dans une position favorable.
marché du travail. Nous allons montrer qu’en Bénéficiant globalement d’un niveau d’éduca-
fait, le secteur institutionnel de l’emploi princi- tion plus élevé, la main-d’oeuvre familiale des
pal du chef de ménage est un bon indicateur des “ménagespublics” est proportionnellement 8
types d’emplois occupés par les autres membres fois plus nombreuse dans le secteur public, et
du ménages, et marque d’une certaine forme de gagne en moyenne 2,5 fois plus que celle issue
“reproduction” sociale. des “ménages informels ” . Sans chercher 9 dé-

4
TABLEAU 3
PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DES MEMBRES SECONDAIRES DU
MENAGE SUIVANT LA CATEGORIE

Nombre d’années d’études des enfants (+15ans)


Taux d’activité des membres secondaires (%)
Taux de chômage des membres secondaires (70)

i
c

Source: Enquête 123, phase 1, Les membres secondaires du ménages sont tous ceux qui ne sont pas chef de ménage.

velopper ici une interprétation détaillée des mé- de discriminer le revenu total des ménages,
canismes à l’oeuvre, on peut mentionner c o m e aussi bien en ce qui concerne son niveau-que
facteurs explicatifs, l’importance du contexte son origine. Or ces deux dimensions constituent
familial dans l’acquisition des connaissances, de des facteurs déterminants des modes de
longue date mise en évidence par les socio- consommation.
logues, ainsi que le poids des relations person- Une fois additionnées toutes les sources de
nelles dans l’obtention d’un emploi sur le mar- revenus d’activité (emplois principaux et se-
ché du travail à Yaoundé. condaires, chefs de ménages et membres secon-
I1 faut cependant se garder d’une vision daires), la hiérarchie des montants de revenus
trop mécaniste de la réussite professionnelle, mensuels moyens s’égrène logiquement de 198
comme l’atteste par exemple la constance des O00 Fcfa pour les “inéizagespublics” à 25 O00
taux de chômage des membres secondaires par Fcfa pour les “ménages inactifslchôineurs”.
type de ménages. Tous sont touchés par la dé- Bien que légèrement atténuée, cette hiérarchie
gradation du marché du travail, et l’informali- est conservée lorsqu’on tient compte de la taille
sation de l’économie n’épargne pas les “iné- différentielle des ménages, plus élevée dans les
nages publics”, dont près d’un actif secondaire “ménagesformels”, qu’on la mesure en nombre
occupé sur deux exerce dans le secteur informel. total d’individus ou en nombre d’unités de
Finalement, la typologie proposée permet consommation. Une échelle de 1 à 8 sépare les

TABLEAU 4
EVENU D’ACTHVITE DES ME GES PAR UNITE DE CONSOMMATION

Source: Enquête 123,phase 1.Echelle de consommation: 0,5 pour les individus de moins de 15 ans, 1 pour les autres. --

5
TABLEAU 5
ORIGINE DU REVENU D’ACTIVITE DES MENAGES PAR TYPE DE &NAGES

Source: Enquête 123, phase 1. Mode de lecture: 92% du revenu des ménages dont le chef travaille dans le secteur pu- ,
blic provient du secteur public.

premiers aux derniers sur le revenu total, alors II.- PRINCIPALES


que le rapport n’est plus que de 1 à 7 quand on I CARACTERISTIQUES DE L’HABITAT
considère le revenu par unité de consommation.
De plus, le classement par secteur institu-
tionnel révèle une très fortte homogénéité des Une amélioration notable des conditions
sources de revenu des ménages. Plus de 90% du d’habitation.
revenu total des “ménuges publics” (resp. “in- Les principales caractéristiques de l’habitat
formels”) provient du secteur public (resp. in- à Yaoundé présentent un bilan plutôt favorable
formel). Seuls les “ménuges iiiuctifslchômeurs” au regard des standards africains. De plus, et
montrent une plus grande diversité dans l’ori- malgré la crise, la situation a continué à s’amé-
gine de leurs revenus, une moitié étant tirée du liorer depuis dix ans. Ainsi, le taux d’électrifi-
secteur informel, et l’autre moitié, à parité, des cation des logements déjà relativement élevé en
~

secteurs public et formel privé. 1983 puisque deux ménages sur trois étaient
Au niveau agrégé, il est intéressant de no- raccordés, atteint 87% en 1993.
ter que 56% du revenu total des ménages de Des progrès sont enregistrés dans tous les
Yaoundé a été distribué par le secteur public, domaines. La structure des habitations devient
alors qu’il ne compte que pour 28% des em- moins précaire. Les murs sont plus souvent faits
plois. Ce chiffre souligne l’importance probable de briques cuites, de parpaings ou de béton, au
de l’impact des mesures affectant la masse sala- détriment du pisé. Chez 9 ménages sur 10,le sol
riale du secteur public sur la demande finale. est revêtu de ciment ou de carreaux, alors que la

TABLEAU 6
TYPE DE REVETEMENT DU SOL 1983-1993

Source : EBC83/84, RGPH87, ECM-ELA93

TABLEAU 7
TYPE DE REVEMENT DES MURS 1983-1993

Source: EBCS3/84, RGPH87, ECM-ELA93

6
% PRINCIPAL MODE D’ECLAIRAGE
E1ectricité Pétrole Gaz Autre TOTAL
1983 66,7 323 02 04 100
1987 74,l 24,6 02 1s 100
1993 86,8 12s O 1J 100

TABLEAU 9
SOURCES D’ÉNERGIE POUR LA CUISI

Source: RGPH87, ECM-ELA93

proportion de ceux qui vivent à même la terre L’accès à l’eau: une difficulté majeure.
passe de 16% à 8%. Le gaz s’introduit progres- En fait, le principal point faible reste l’ad-
sivement dans les cuisines, tandis que le pétrole duction d’eau et les problèmes récurrents
régresse. Ces changements traduisent le gros ef- comme les sanitaires, malgré des progrès no-
fort de construction entrepris au cours de la dé- tables au cours de la décennie. “Seulement” un
cennie 80, et qui a permis de limiter la crois- ménage sur deux dispose de l’eau courante, et à
sance des zones d’habitat insalubre, malgré la peine 15% jouissent d’un robinet intérieur.
croissance rapide de la population. Quant aux type d’aisance, les latrines sont en-
core largement majoritaires, même si on observe

% MODE D’APPROVISIONNEMENTEN EAU


Eau Courante Borne fontaine Autre TOTAL
1983 46.2 18,6 35,5 1O0
1987 51,s 10,9 37,3 100
1993 55,8 10,5 33,7 100
Source: EBC83/84, RGPH87, ECM-ELA93

TABLEAU 11
TYPE D’AISANCE 31987-1983
% TYPE D’AISANCE
Avec chasse Latrine Latrine Autre TOTAL
d‘eau PrivEe commune
1987 22,5 19,4 55,8 2,3 1O0
1993 30,O 33,4 36.2 0,7 1O0
Source: RGPH87, ECM-ELA93

7
une substitution de latrines publiques à des la- étant les mieux pourvus en Cléments de confort
trines privatives. Seulement 15% des ménages du logement. Plus précisément, l’opposition
bénéficient de toilettes privées avec chasse entre “ménages publics” et “ménages infor-
d’eau. mels” est très marquée.
Cette dynamique positive des conditions A titre illustratif, alors que 70% des “mé-
d’habitation au cours du temps contraste singu- nages publics” utilisent le gaz comme princi-
lièrement avec l’évolution régressive du revenu pale source d’énergie pour la cuisine, cette pro-
ou de la consommation (voir chapitre V). Cette portion tombe à 24% chez les “ménages
divergence s’explique par la différence de na- informels”. En ce qui concerne l’adduction
ture entre ces deux dimensions constitutives des d’eau, et des équipements dérivés (chasse d’eau
conditions de vie des ménages. Les Cléments de privative), les premiers sont proportionnelle-
confort du logement sont avant tout liés au pa- ment quatre fois plus nombreux que les seconds
trimoine, et comme toutes les variables de à en bénéficier; même si en termes absolus, la
“stock”, moins sensibles aux fluctuations part de bénéficiaires restent faibles puisque
conjoncturelles. Mais il est clair que si les moins de 40% des ménages ‘?publics” sont rac-
conditions adverses perduraient, elles ne pour- cordés.
raient pas ne pas affecter l’amélioration récente. Ces résultats tendent à prouver l’existence
Et ce, d’autant plus qu’une majorité de ménages d’une véritable différenciation sociale des mé-
sont locataires, et donc susceptibles d’être reje- nages, qui dépasse la simple hktérogénéité des
tés vers des logements moins bien équipés et niveaux de rémunération individuelle, telle
plus insalubres. I1 est d’ailleurs possible qu’une qu’on a pu la constater lors de l’exploitation de
certaine dégradation soit déjà à l’oeuvre, mais la phase 1 de l’enquête. En effet, l’existence de
que les données de 1987 soient déjà trop an- différences significatives de revenus du travail
ciennes pour pouvoir 1’apprécier. àun moment donné n’est pas a priori incompa-
tible avec de faibles écarts des niveaux de “re-
Les conditions d’habitation venu permanent”. D’une part, si les salaires en-
discriminent les catégories de ménages. registrés dans le secteur moderne sont régis par
La comparaison des conditions d’habitation la législation du travail, tel n’est le cas dans le
suivant la typologie de ménages présentée au secteur informel, où les revenus du travail sont
chapitre précédent est une occasion d’en tester excessivement variables. D’autre part, la mobi-
la validité. Le test est positif, dans la mesure où lité professionnelle au cours du cycle de vie, no-
des différences significatives apparaissent. Les tamment entre secteurs formel et informel,
quatre classes de ménages se regroupent autour pourrait venir brouiller le profil du revenu indi-
de deux pôles, les “ménagespublics” et ‘privés viduel inter-temporel. Enfin, le ménage pouvant
formels” d’une part, et les “ménages informels” présenter plusieurs personnes sur le marché du
et “i~nctifsc~6ineiirs” de l’autre, les premiers travail, dont le revenu est d’origine composite,

TABLEAU 62
PRINCIPAUX ELEMENTS DE CONFORT DE L’HABITAT DISCRIMINANT
LES CATEGORIES DE MENAGES

Aisance avec chasse privative


Eau avec robinet intérieur

Source: ECM-ELA93

8
est une autre source de compensation des in- de la crise. Si jusqu’en 1987 toutes les catégo-
égalités individuelles. ries de ménages en profitent, à partir de cette
En fait, tous ces facteurs ne suffisent pas à date l’amélioration a été particulièrement in-
égaliser les “revenus permanents”,et sans doute égalitaire puisqu’elle est entièrement impu-
pas plus les patrimoines, entre les 4 classes de table aux ménages du secteur formel, les
ménages. “iriéiiages ii2forniels” voyant leur situation
Par contre, l’accès à un certain nombre précaire inchangée.
, de services publics de base ne semble pas
différencier les catégories de ménages. C’est Un accès à la propriété limité.
en particulier le cas de l’électrification, large- Si près de 40% des ménages sont proprié-
. ment diffusée, et dont bénéficient 90% des taires de leur logement, moins de 15% détien-
ménages publics” et 88% des “ménages illfor- nent un titre foncier. Cette proportion tombe
rnels”. Plus surprenant, le nombre moyen même à 9% dans les trois classes de ménages
de personnes par pièce d’habitation ne varie pas dont le chef travaille. Pour ces derniers, la loca-
sensiblement d’une catégorie l’autre, et se tion est le mode dominant d’occupation de l’ha-
situe entre 1,4 (pour les “ménages informels”) bitation (7 ménages sur 10). La spécificité des
et 1,7 pour les ménages de chômeurs et d’inac- “nzénages inactifslchômeurs” s’explique par la
tifs. forte proportion de chefs de ménages âgés,
L‘indéniable progrès des conditions d’habi- puisque 31% ont plus de 50 ans, alors que chez
tation enregistré depuis 1983 s’est accompagné les “ménages actifs occupés”, cette proportion
d’un changement notable avec le déclenchement est toujours inférieure à 6%.

TABLEAU 13
MODE D’OCCUPATI DES LOGE,E1IE
ES DE MENAGES

Source: ECM-ELA93

en nombre de personnes ou en nombre d’unités


de consommation. Ainsi, la consommation par
unité de consommation des deux classes de
“ménagesformels” (privés et publics) atteint
Le montant de la consommation. 400 O00 Fcfa, alors qu’elle n’est que de 143 O00
La consommation annuelle moyenne par chez les “ménages inactifslchômeurs ” ,soit un
ménage (hors auto-consommationet loyers im- rapport de 1 à 3.
putés) est de 1,465 millions de Fcfa. Elle varie Notre typologie de ménages met clairement
du simple au double suivant le type de ménage, en évidence la hiérarchie des niveaux de
de 2 millions pour les “ménagespublics” à 1 consommation par U.C.(ou par tête), avec en
million chez les “ménages inactifslchômeurs” . haut de l’échelle les “ménagesformels”, pu-
Les écarts entre classes de ménages sont encore blics et privés à égalité, et à l’autre extrémité les
plus marqués lorsqu’on rapporte la consomma- “ménagesinactifs/chômeurs”,les “ménagesin-
tion à la taille du ménage, qu’elle soit exprimée formels ” occupant une position intermédiaire.

9
TABLEAU 14
MMATIQN ANNUELLE MOYENNE PAR TYPE DE MENAGES

2.- Habillement

Source: ECM93. I1 s’agit de la consommation à l’exclusion de l’auto-consommation et des loyers imputés. Pour la dé-
finition des unités de consommation, voir tableau 4.

Si ce résultat est qualitativement conforme nages. Alors qu’au niveau agrégé, environ un
à notre attente, on peut être surpris de I’égalité tiers des dépenses sont consacrées B I’alimen-
des niveaux entre “ménagespublics” et “privés tation, elles ne pèsent que 27% dans le bud-
formels”, alors que les revenus d6clarCs des se- get des “ménages formels” et près de 40%
conds sont sensiblement inférieurs (voir cha- pour les deux autres catégories de ménages.
pitre l). I1 faut donc en inférer que les niveaux En contrepartie, les “ménagesformels” se
d’épargne diffèrent fortement, même si ceux-ci caractérisent par des propensions à consommer
devraient tendre à s’égaliser suite à la dégrada- des postes comme “santé, soins personnels’2et
tion brutale des revenus au cours de l’année, “transport,commzcnication” beaucoup plus éle-
tout particulièrement dans le secteur public. vés. De plus, des différences notables apparais-
sent entre “ménagesformels”, privés et publics,
Les coefficilents bugétaires. ces derniers privilégiant relativement plus la
L‘analyse des coefficients budgétaires “santé, soins personnels et “l’éducation, loi-
montre l’importance des niveau de revenus par sirs” , au détriment de “l’entretien, équipement
tête sur la structure de consommation des mé- de la maison” et de “l’habillement”.

TABLEAU 15
COEFFICIENTS BUDGETAIRES PAR TYPE DE MENAGES

5.- Santé, soins personnels

Source: ECM93. I1 s’agit de la consommation à l’exclusion de l’auto-consommation et des loyers imputés.

10
TABLEAU 16
COEFFICIENTS BUDGETAIRES PAR QUARTILE DE CONSOMMATION PAR TETE

2.-Habillement
3.- Logement
4.-Equipement et entretien de maison
5.- Santé, soins personnels

Source: ECM93. I1 s’agit de la consommation à l’exclusion de l’auto-consommationet des loyers imputés.

I1 est intéressant de comparer notre typolo- Pourtant, notre typologie présente des
gie de ménages avec une typologie plus clas- écarts de coefficients budgétaires alimentaires
sique qui ne prendrait en compte que “l’effet re- comparables à celle fondée sur les quartiles,
venu”. La structure des coefficients budgétaires alors que les niveaux moyens de consommation
par quartile de consommation par tête semble a par tête varient de 1 à 3 dans le premier cas, et
priori plus “lisible” que celle qui résulte de notre de 1 à 9 dans le second. Ce résultat met en lu-
typologie. Ainsi, les coefficients budgétaires ali- mière l’importance d’autres facteurs que le ni-
mentaires s’ordonnent de 42% à 25% du pre- veau de consommation sur sa structure (facteurs
mier au quatrième quartile, tandis que ceux de culturels notamment), et qui sont bien “incor-

1,equipeinent
,
et entretien de maison”, des porés” dans notre typologie.
“transport, coninzuiizicatiout et de l”éducation,

loisir” évoluent en sens inverse; le poids des dé- La consommation alimentaire.


penses de “logement”, d’ ”habillement”,et de La dépense alimentaire annuelle par mé-
“santé,soins personnels” sont peu sensibles au nage est de 475 O00 Fcfa, soit 69 O00 Fcfa par
niveau de consommation par tête. tête et 87 O00 Fcfa par unité de consommation.

TABLEAU 17
TS I)UDGETAIRES ALIMENTAIRE PAR TYPE
DE MENAGES

Source: ECM93. I1 s’agit de la consommation à l’exclusion de l’auto-consommation .

11
On retrouve la même hiérarchie entre catégories venu sur la structure de consommation. Seule,
de ménages que celle qui a été observée pour la la classe des “inactifs/chômeurs” est plus tour-
consommation totale. Mais l’échelle des écarts née vers les produits d’origine végétale (cé-
entre les catégories extrêmes, les “ménagesfor- réales, féculents, légumes) au détriment des pro-
mels” et les “ménages iiiactifslchô~zei~rs” ,est duits d’origine animale (poissons, produits
d u s réduite aue Dour l’ensemble de la consom-
I I
laitiers) et des boissons.
mation, la structure des coefficients budgétaires Contrairement à ce que nous observions
alimentaires venant compenser partiellement les pour l’ensemble de la consommation, la typolo- .
différences de consommation par tête. gie de mCnages fondée sur les quartiles
Près d’un tiers de la dépense alimentaire est
consacrée à l’achat de “viaizdeou de poisson”,
- de consommation alimentaire par tête est bien
plus discriminante que la nôtre, pour expliquer
un autre tiers pour “les céréales et les fécu- Pes variations des coefficients budgétaires
lents”, les produits frais tels que les “fruits” et alimentaires. Ainsi, alors que nous ne consta- N
les “produits laitiers,œzlfs” ne comptant que tions que de faibles différences suivant le
pour 6% du budget alimentaire. Para- type de ménages, la part du poste “viande,pois- I
I
doxalement, les coefficients budgétaires ali- son” dans la dépense alimentaire totale passe de i

mentaires ne varient pas sensiblement d’une 20% à 36% du premier au dernier quartile, tan-
catégorie de ménage à l’autre, confirmant dis que celle des “céréales” décroît de 30% à
l’importance de facteurs autres que l’effet re- 13%.

Source: ECM93. I1 s’agit de la consommation à l’exclusion de l’auto-consommation,

IV.- LIEUX D’ACHAT ET RAISON DU vant les emplois de la production informelle:


CHOIX DES MENAGES consommation intermédiaire, investissement,
exportations et consommation finale des mé-
Ce chapitre traite spécifiquement de l’ob- nages ou des administrations. Cependant,la dé-
jectif principal pour lequel la phase 3 de l’en- composition de la demande finale satisfaite par
quête 123 a été réalisée. II s’agit d’apprécier l’offre informelle par catégorie de ménages est
l’importance du secteur informel dans la d’une importance capitale pour comprendre le
consommation des ménages, et plus particuliè- rôle du secteur informel dans bouclage macro-
rement, suivant le type de ménages. En effet, la économique d’ensemble. On cherche en parti-
phase 2 de l’enquête 123, qui portait sur les pro- culier à savoir dans quelle mesure les revenus
ducteurs informels, permet d’identifier l’origine .distribués aux ménages par le secteur formel
de la demande adressée au secteur informel, sui- sont dépensés dans le secteur informel, avec

12
leurs effets multiplicateurs. l’on exclut de la consommation les 5% occupés
Si la méthode la plus appropriée pour trai- par les principaux services publics. Cet accapa-
ter ce problème consiste à réaliser une enquête rement de la distribution par le secteur informel
auprès des ménages et à les interroger sur leurs limite les possibilités de substitution éventuelle
lieux d’achat (plutôt que d’enquêter directement entre secteurs formel et informel, au moins au
les clients des unités de production informelles), niveau des commerces.
cette solution présente un inconvénient. Les Pour affiner le diagnostic, il convient de
.consommateurs peuvent nous informer sur le mener une analyse plus détaillée par type de
type d’établissements qui leur a vendu les pro- produits.
duits qu’ils achètent, mais ils ne connaissent pas Ahentation.
.le véritable producteur de ces produits. Or les Dans “Z’alimentation”,le secteur informel
biens vendus par des commergants informels ne ne souffre d’aucune concurrence sérieuse. 92%
sont pas nécessairement des biens produits par des produits alimentaires sont achetés dans le
I
ce secteur. Seuls les services aux ménages secteur informel, les marchés en fournissant
’ échappent à ce travers, les ménages s’adressant près des deux tiers. Nombre d’aliments pro-
directement aux prestataires de services. viennent exclusivement du secteur informel. La
I1 faut donc voir dans les résultats ci-après, part des supermarchés est totalement marginale
une étude sur le système de commercialisation (2,5%), à l’instar de celle occupée par les bou-
plus que sur le système de production, cette der- tiques “formelles” (2,7%).Les seuls produits où
nière analyse ne pouvant être menée qu’en mo- le secteur formel enregistre un score honorable
bilisant les informations collectées dans la phase sont des biens particuliers dont la consomma-
2 de l’enquête 123. tion est très restreinte comme les “alimentspré-
parés pour bébés” (84%) , les “fruits secs”
Une domination écrasante du secteur (44%), ou la “charcuterie et conserve de
informel dans la satisfaction de la viande” (44%).
demande finale des ménages. Habillement.
La consommation des ménages est massi- La situation dans “1’habillernentlchaus-
vement achetée dans le secteur informel. Celui- sure” est proche de celle qui prévaut dans “l’ali-
ci contrôle le circuit de distribution. I1 est le der- mentation”, avec une prépondérance massive du
nier intermédiaire avant le consommateur. Plus secteur informel. I1 faut noter le poids des am-
de SO % des biens et services consommés par bulants et autres fournisseurs sur la voie pu-
les ménages ont été fournis par le secteur in- blique qui dépasse 20%, proportion sans doute
formel. Cette part est encore plus importante si sous-estimée dans la mesure où un certain

TABLEAU 19
NCIPAUX LIEUX D’ACHAT BA TYPE DE PRODUITS

Source: ELA93.

13
nombre de postes situés aux abords des marchés 90% au secteur formel, les “articlesde toilette”
ont été classés dans les marchés. Le secteur in- et les “soinspersonnels” (coiffeurs, etc.) sont
formel détient la quasi-exclusivité des services massivement fournis par le secteur informel.
de couture et de réparation de chaussures. La Dans le domaine de la santé, il convient de rela-
part du secteur moderne ne dépasse jamais 30%. tiviser l’importance jouée par le secteur infor-
On y trouve par ordre décroissant, les postes mel, et des risques sanitaires induits. Les mé-
“autres vêtements” (de travail, sport, scolaire, nages s’adressent dans 7% des cas à des
pagne; 27%), “vêtement de dessus pour en- “informels” pour les “consultationsmédicales ” ,.
fants” (21%), ainsi que les articles pour femmes 14%pour les “hospitalìsatio~zs”et 11% pour les
( “vêtements”, “lingerie” et “chaussures”; en- “produitspharmaceutiques et de pharmacopée
viron 17% chacun). traditionnelle”, dont 6% à des ambulants. On.
Logement. peut noter que les secteurs public et privé for-
Ce poste de la nomenclature de produits est mel se partagent le marché, le premier étant mo-
lié au logement et comprend les “loyers”, bilisé en priorité pour les “consultations” (55%)
“l’eau ,,, “1 > electricité”,
,
le “téléphone” et les et les “hospitalisations” (48%).
“combustibles”. Cet aspect composite rend la Transports, communications.
nomenclature agrégée assez peu explicite. Si les Encore une fois, le poste “transports et
deux tiers dei achats ont été effectués dans le communications se montre très hétérogène

secteur informel, c’est que tous les loyers, payés quant au secteur d’origine de commercialisation
à des particuliers, ont été imputés à ce secteur. des biens ou des prestataires de services.
Pourtant, sur certains postes, le secteur informel Naturellement, le secteur public s’adjuge les “té-
joue un rôle fondamental. Dans 84% des cas, les lécommunications ”, tandis que le secteur infor-
achats de combustibles (hors électricité) ont été mel domine largement (à plus de 90%) les ser-
fournis par le secteur informel. Même pour le vices de transports en commun, les taxis ayant
téléphone, l’électricité et l’eau, dont le secteur supplanté les bus de la SOTUC. Comme pour
public a le monopole de droit, le secteur infor- tous les biens durables, les ménages ont souvent
mel intervient de manière conséquente (resp. recours au secteur formel pour 72% des achats
33,8%, 38,1% et 45,5% ), illustrant l’impor- de “moyensde transport”, la moitié des ‘pièces
tance du phénomène de sous-location officielle détachées” et un tiers des “services d’entretien
ou pirate. et de réparation des moyens de transport2‘.
Equipement et entretien de la maison. Education loisirs.
“L‘équipement et l’entretien de la maison” Dans “12.4ducation”,les “frais scolaires”
est lui aussi assuré àprès de 80% par le secteur sont encaissés par le secteur formel, à raison des
informel. Les services liés, comme la réparation deux tiers pour le secteur public et d’un tiers
du mobilier, des articles d’ameublement, d’ap- pour le secteur privé formel, tandis que les
pareils ménagers ou d’ustensiles de cuisine sont “éducateurs à domicile ”,les “livres non sco-
à plus de 99% informels. En ce qui concerne les laires”, “journaux et revues” sont fournis par
biens, le secteur informel monopolise (plus de l’informel; les “matériels et fournitures sco- .
90% des cas) la fabrication ou la vente de cer- Zaires” se répartissant à 60% pour le secteur for-
tains produits, comme les “produits d’entretien, mel et 40% pour l’informel. Dans le domaine du
savons et détergents” (97%),les “objets d’art et loisir, le secteur informel monopolise la vente .
de décoration” (100%) ou encore le “mobilier de “disques et cassettes”, les “lunettes d’agré-
pour salle de séjour, salle à manger ou bureau” ment”, les dépenses de “boissons et de colla-
(91%). Quant au secteur formel, il occupe tions” prises à Iyextérieur.Le secteur formel, lui,
une place non négligeable dans le secteur des détient ses plus grosses part de marché dans la
biens durables: “appareils ménagers” (70%), vente “d’instrument de musique ” , les “spec-
certaines ‘$idces de mobilier”, la “lingerie de tacles”, et la “réparation de matériel photogra-
maison” (43%) et les “articles de jardinage et phique”, soit un des rares services aux ménages
bricolage” (46%). où le secteur informel n’occupe pas une place
Santé, soins personnels. écrasante.
Comme pour le poste “logement”,le poste Investissement des ménages.
“santé,soins personnels” est composite et for- La prépondérance du secteur informel
tement polarisé. Si la “santé” revient’à plus de comme principal fournisseur des ménages, n’est

14
TABLEAU 20
RÉPARTITION DE LA CONSOMMATIONPAR TYPE DE MÉNAGES SUIVANT LE
LIEU D’ACHAT : % du montant d’achat dans le secteur informel

2.- Habillement
3.- Logement
4.- Equipement et entretien de maison

Source: ELA93ECM93

pas l’apanage de la consommation,puisqu’on la diagnostic précédent, la part occupée par le sec-


retrouve au niveau de l’investissement-loge- teur infoimel par type de produits n’enregistrant
ment des ménages. Dans ce domaine, le secteur que des variations de faible amplitude. Au ni-
informel fournit plus de 70% des produits, veau agrégé, 71% de la consommation totale
100% des “fiaisde rnain-d’oeusre’’ et la moitié des ménages est commercialisée par le sec-
des “matériaux de construction et de répara- teur informel. Par type de ménages, on enre-
tion”. La part du secteur public s’explique par gistre bien une gradation décroissante de la pro-
les frais lié à la construction comme les permis pension à se fournir dans le secteur informel,
de bâtir et autres frais d’enregistrement. des “mériagespublics” aux %énages irfor-
Pour aller plus loin dans l’analyse, on doit mels”, les ménages “privésformels” et “inac-
chercher à estimer la part de chacun des secteur tifslchbnzeurs” occupant une position intermé-
formel et informel dans la consommation des diaire. Cest résultats montrent l’importance des
ménages. En effet, l’interprétation du tableau revenus distribués par le secteur “formel” de
précédent souffre de deux limites: l’économie dans la dynamique du secteur infor-
- en premier lieu, il ne prend en compte que le mel. En effet, 37% de la demande finale des
lieu d’achat principal de chacun des produits ménages adressée au secteur informel pro-
considéré, alors que les ménages ne s’adressent vient des ”ménages publics”, soit plus que
pas nécessairement à un seul secteur; celle qui provient directement des “nzérzagesin-
- en second lieu, on donne le même poids à for-inels” (32%). Si l’on y ajoute les “ménages
chaque produit, sans tenir compte du montant privés formels”, on atteint 50% de la consom-
réel qu’il représente dans la consommation de mation satisfaite par le secteur informel.
chaque ménage.
L‘enquête 123 permet de palier ces deux Le choix du secteur informel pour les
défauts. D’une part, I’ECM donne les montants prix et du secteur formel pour la qualité
moyens de consommation au niveau le plus fin Interrogés sur les raisons qui les ont ame-
de la nomenclature de produits. D’autre part, nés à choisir tel ou tel fournisseur, les ménages
l’ELA fournit, pour chaque produit, une estima- brossent un panorama particulièrement explicite
tion de la répartition des achats entre secteurs des avantages respectifs des secteurs formel et
formel et informel. On peut donc estimer le informel. Chez le premier on va chercher des
poids de chaque secteur dans la consommation. produits de qualité. Quant au second, il four-
On peut même aller plus loin, en faisant le cal- nit les biens et les services aux prix les plus
cul par type de ménages, en prenant en compte faibles. Ce résultat est d’autant plus robuste
les différences de coefficients budgétaires par qu’on le retrouve au niveau de chaque poste de
catégorie, ainsi que les différences de lieu la.nomenclature, aussi bien pour la consomma-
d ’achat. tion que pour l’investissement-logement.
Globalement, la pondération des biens et Parmi les sept modalités de choix propo-
services suivant leur montant ne change pas le sées, trois regroupent 92% des réponses:

15
“meilleurprix”, “meilleure qualité”, “proxi- respondant à des monopoles publics.
mité du fournisseur”. Dans la mesure où l’argu- Cependant, il ne faut pas interpréter le faible
ment de proximité peut être associé à celui de poids de cette modalité par la généralisation de
prix (voir ci-dessous) l’arbitrage pridqualité
y la concurrence formelhnformel, mais plutôt
constitue le déterminant fondamental du comme l’existence d’une forte concurrence
choix du secteur d’achat. Ni la qualité de l’ac- entre producteurs en général, notamment à l’in-
cueil, ni la prise en compte des relations fami- térieur même du secteur informel.
liales (qu’on aurait pu juger importante dans le Les deux tiers de ceux qui ont choisi le sec-
I

secteur informel), ni les modalités éventuelles teur formel mettent en avant, tous produits
de crédit à la consommation, ni d’autres moti- confondus, la qualité supérieure des produits
vations extra-économiques ne jouent un rôle qu’il propose. Les seuls postes où cette propor- ,
conséquent dans le choix du fournisseur. La mo- tion est plus faible, “le logement”, et “trans-
dalité “n’en trouve pas ailleurs”, à travers la- port, comrnunieation”,sont ceux où il existe un
quelle on espérait saisir les effets de complé- monopole de l’Etat, (“e‘lectricité”,“eau”, “té-
mentarité entre secteurs formel et informel, n’a ldcommunication”, etc.), ce qui explique l’im-
été retenue que pour les achats de produits cor- portance de la modalité “n’en. trouve pas

TABLEAU 21
RAISON PRINCIPALE DU CHOIX DU LIEU D’ACHAT PAR TYPE DE PRODUITS

Source: ELA93.
ailleurs”. L‘effet qualité est d’autant plus invo- dérer les motifs invoqués par le montant de la
qué que les produits sont élaborés, comme le consommation.
“niobilier”,les “appareils ntéiiagers” ou les
‘)rodi& alintentaires transforinés ’’ ( “aliinerits Pays d’origine des produits entrant
pour bébés”, etc.). Cependant, un certain dans la consommation des ménages.
nombre de produits achetés dans le secteur for- S’il est peu probable que les ménages
mel se montrent compétitifs, même face à soient capables de déterminer l’origine du sec-
l’offre informelle. On trouve dans cette catégo-
fi teur de production (informel/formel) des biens
rie les “céréales”, les “vêtenzeizts pour en- qu’ils consomment, on peut retrouver, avec une
fants”, les “chaussures”en général, la “linge- marge d’erreur raisonnable, le pays de produc-
,rie de maison”, les “ustensiles de cuisine”, les tion de ces mêmes biens à l’aide des marques et
“savons et détergents ” ,les “lunettes d’agré- des étiquettes qu’ils portent. Naturellement,
ment”. Pour ces produits, il existe une véritable pour certains produits, il est très difficile de re-
concurrence entre les deux secteurs. tracer le chemin parcouru du producteur au
Les motifs de ceux qui s’adressent au sec- consommateur, compte tenu de la mondialisa-
teur informel sont eux aussi on ne peut plus tion des échanges, entre les délocalisations, les
clairs. Près de la moitié des consommateurs réexportations et les contrefaçons. Les résultats
qui sollicitent le secteur informel invoquent ont cependant été jugés suffisamment cohérents
l’aspect compétitif des prix proposés. Ici en- pour être présentés ici. De plus, la mesure des
core, cette proportion est sous-estimée. En effet, importations au niveau du consommateur pré-
dans un tiers des cas la proximité du fournisseur sente l’avantage de prendre en compte les im-
informel a motivé le choix du fournisseur portations frauduleuses qui échappent aux
(jusqu’à 40% dans “l’alimentation”).La très sources douanières.
grande concurrence que se font entre eux les La consommation des ménages de Yaoundé
producteurs ou les commerçants informels uni- est massivement réalisée sur des produits d’ori-
formise les prix à la baisse (par rapport aux gine locale. Le contenu en importation directe
éventuels concurrents du secteur formel), et de la consommation, tous biens et services
amène les consommateurs à s’approvisionner au confondus, est de 20%. Bien sûr, la situation
plus près. est très contrastée suivant le type de biens.
Pourtant, on peut trouver dans le secteur in- L’autosuffisance alimentaire est bien une
formel quelques produits de qualité supérieure. réalité dans la capitale camerounaise puisque
I1 s’agit notamment du “mobilier”,de “l’arti- 96% de la consommation est d’origine locale.
sanat d’art”. Mais même pour ces postes, les Les postes les plus affectés par les importations
produits de faible qualité à prix réduit dominent, touchent les “biens d’équipenzent” des mé-
ce qui montre l’aspect très marginal du secteur nages, la “santé” et surtout “1 ’habillernerzt”.
informel” haut de gamme”. En fait, le seul poste Dans ce secteur, 70% de la consommation est
oh la qualité du service est revendiquée pour le d’origine étrangère. Encore convient-il d’en ex-
. secteur informel et les prix pour le secteur for- clure les services aux ménages qui par nature
mel est celui des transports en commun, les sont d’origine locale. Ainsi, la part des produits
taxis collectifs apportant un confort supérieur au ‘camerounais est de 29% dans les “vêtements” ,
. bus, même si le prix de la course y est plus et d’àpeine 15%dans la “chaussure”.
élevé. A un niveau plus fin de la nomenclature de
Au sein du secteur informel, les différents produits, et outre “l’habillement” mentionné ci-
lieux d’achat sont choisis pour des motifs va- dessus, la présence étrangère est notable, par
riables, les “arnbulants”et les “marchés” pour ordre d’importance décroissant, dans les “ap-
leurs prix attractifs, et le secteur informel loca- pareils électro-acoustiques ” (94% d’importa-
lisé ( “boutique”, “atelier”, ‘‘à domicile ”) aussi tions), les “appareils inénagers” (87%), les
bien pour ses prix que pour sa proximité. ‘)roduits phannaceutiques’’ (SO%), les “ustert-
siles de cuisine et de niénage” (65%), les “ar-
I1 est à noter les résultats sur les raisons du ticles de toilette, de soins et de beauté” (62%),
choix du lieu d’achat obtenus avec l’ELA, sont les “pièces détachées, carburant, huile”
confirmés par l’ECM, sur un échantillon de mé- (47’4%) les “articles d’ameubleinent et linge
nages certes plus réduit mais qui permet de pon- de maison” (43%).

17
TABLEAU 22
SOMMATION PAR TYPE DE NIÉNAGESSUIVANT LE
PAYS DE PRODUCTION DES PRODUITS

Source: ECM93. Les produits en provenance d’Asie ont été classés dans les PED.

70% des importations entrant dans la “articles de toilette et de beauté” (21%).


consommation des ménages, y compris les Si globalement le secteur informel com-
marchandises entrées en fraude, proviennent mercialise proportionnellement plus de produits
des pays développés, et sont à 64% euro- locaux à destination des ménages que le secteur
péennes. Ce résultat tend à relativiser les dis- formel, cette relation est inversée dans le cas de
cours alarmistes sur la concurrence du Nigeria, produits nigérians. 88% de la consommation des
inondant le marché camerounais de ses produits, ménages achetée dans le secteur informel est
tout au moins en tant que pays producteur. Les d’origine locale contre 66% dans le secteur for-
produits nigérians ne comptent que pour 2% mel. Par contre, 87% des produits nigérians
dans la consommation totale des ménages. sont commercialisés par le secteur informel,
Cependant, ce pourcentage sous-estime le qui apparaît comme le principal vecteur de
rôle joué par ce pays sur l’économie camerou- diffusion des produits de ce pays. Plus que
naise dans son ensemble, d’une part parce que pour tout autre type de produits, c’est l’avantage
le taux de pénétration de ces produits est sans de prix qui est invoqué par les ménages
doute beaucoup plus élevé dans les régions plus consommant des produits nigérians.
frontalières (à Douala par exemple), et d’autre Pour clore ce chapitre, on peut s’interroger
part parce que le Nigeria sert aussi de plate- sur la propension des diffkrentes catégories de
forme de réexportation de produits étrangers, ménages à consommer des biens importés. Si
notamment en provenance d’Asie, et probable- notre enquête ne permet pas de saisir “l’élite”, à
ment d’Europe (friperie, etc.). Parmi les biens laquelle on a souvent fait grief de marquer forte- I

où le Nigeria occupe une place conséquente on ment sa préférence pour les produits étrangers,
trouve les “accessoires de musique (disques,’ on retrouve globalement ce trait, la c o n s o v a -
.,

cassettes, etc.; 40% de la consommation) et les tion de produits camerounais variant de 76%

TABLEAU 23
~ ~ ~ IMPORTEE
A O LE LIEU
T SUIVANT
~ ~ D’ACHAT

Source : ECM93.

18
pour les “niénagesprivés forunels” à 84% pour tive précise, il faut voir dans ces déclarations
les “ménages informels et inactifslchômeurs”. Si une appréciation qualitative donnant un ordre de
sur ce plan, les “ménagespublics” occupent une grandeur des évolutions en cours.
situation intermédiaire @O%), ils sont plus atti- En premier lieu, la baisse des revenus et
rés par les produits en provenance des pays dé- de la consommation des ménages est un phé-
veloppés qui atteignent 18% de leur consomma- nomène général. Plus de 9 ménages sur dix ont
tion, tandis que cette part ne dépasse pas 10% dû réviser leur consommation à la baisse suite à
y chez les “inactifs/chômeurs” et les “informels”. une baisse de leurs revenus. Moins de 5% des
ménages ont vu l’un ou l’autre de ces deux
postes s’accroître au cours de la période. En se-
cond lieu, l’amplitude de cette baisse est par-
’ V.- EVOLUTIONS DE LA ticulièrement forte. Parmi les ménages ayant
CONSOMMATION DEPUIS 1991 enregistré une chute de leur revenu ou de leur
consommation, la baisse atteint respectivement
Dans l’enquête sur la consommation des 58% et 55%. Le taux d’épargne a lui aussi été
ménages, un certain nombre d’Cléments d’in- touché (chez les mnénages encore susceptibles
formations ont été collectés sur la dynamique d’épargner), et il est probable que les ménages
des revenus et de la consommation depuis 1991. disposant d’un patrimoine y ont opéré des ponc-
En particulier, nous avons interrogé les ménages tions pour tenter d’enrayer la chute des revenus.
pour savoir à combien ils estimaient les varia- Ce sont les catégories de ménages les plus
tions de leurs revenus au cours des deux der- vulnérables (chômeurs, inactifs, informels) qui
nières années, et comment ils se sont adaptés à semblent avoir été les plus touchées. Ainsi, chez
ces changements. Plus qu’une mesure quantita- les ménages informels, la réduction des revenus

TABLEAU 24
DU REVENU, DE LA CONSOMMATION ET DE L ~ ~ P A R G NPAR
E
TYPE DE MÉNAGES DEUIS 1991
TYPES DE REVENU CONSOMMATION EPARGNE
MENAGES % de ménages % moyen % de ménages dont % moyen de % de ménages ’70 moyen de
dont le revenu de baisse du la consommation a baisse de la dont l’épargne baisse de
a baissé revenu baissé consommation a baissé l’bpargne
Public 83 41 84 48 82 64
Privé formel 84 49 84 45 55 68
Privé informel 100 63 . 95 65 86 78
Chômeur, Inactif 100 66 1O0 50 55 79
TOTAL 93 58 92 55 74 13

n’épargne personne, et est estimée aux deux œuvre de stratégies de pluri-activité, notamment
tiers des revenus de 1991. Les chifEres avancés chez les fonctionnaires, n’a pas réussi à com-
par les ménages ne sont pas irréalistes dans penser la contraction des revenus salariaux.
la mesure où, pour les ménages du secteur Dans le cas contraire, on aurait dû observer une
public, la baisse est évaluée à environ 40%, ce stabilité, voke une plus faible diminution du re-
qui est compatible avec la réduction des salaires venu global des ménages publics, que celle des
intervenue dans ce secteur depuis deux ans salaires par tête;
(compression des Cléments indirects de rému- - les revenus tirés des activités informelles sem-
nération en 1992, baisse de salaires en janvier blent avoir “sur-réagi“ à la chute des salaires du
1993, arriérés de paiement accumulés en juillet secteur moderne, ce qui induit à conforter l’hy-
1993). pothèse de l’existence d’une forte liaison entre
I1 convient de souligner deux résultats par- les deux secteurs passant par l’intermédiaire de
ticulièrement intéressants: la demande.
- contrairement à une idée resue, la mise en La baisse globale de la consommation s’est

19
traduite par des réductions différenciées des peut apporter quelques éléments de réponses, en
postes budgétaires. Pour l’ensemble des mé- ne prenant en compte plus seulement le princi-
nages, c’est la consommation alimentaire qui pal poste de baisse, mais les trois principaux
a constitué la première source d’ajustement. produits (biens ou services).
Ce résultat est d’autant plus négatif, que cette L‘alimentation et l’habillement restent les
contraction a été plus marquée chez les plus plus cités, près des deux tiers des ménage,s ayant
pauvres. Ainsi, plus de la moitié des ménages réduit leurs achats de l’un et de l’autre. Mais
informels ont prioritairement limité leurs achats une situation plus contrastée se fait jour, en+
alimentaires, contre “seulement” un tiers chez le fonction du type de ménage. Les ménages for-
ménages publics. La ration alimentaire par mels, et plus particulièrement publics, ont limité
tête s’est donc sensiblement dégradée. Les leurs dépenses liées au logement (différents ser-?
“articles d’habillement et ChaussuYes” forment vices publics, équipement et entretien de la mai-
le second poste sur lequel les ménages se sont son). Par contre, les ménages plus pauvres, sur-
restreints. tout informels, qui ont peu accès aux services
Si la réduction de la consommation margi- publics (eau, électricité, téléphone), ont été
nale a touché d’abord ces deux postes, c’est contraint de diminuer des dépenses comme les
aussi parce qu’ils pèsent le plus lourd dans le transports, la santé et l’éducation. Un tiers
budget des ménages. Les résultats précédants ne d’entre eux se plaignent d’avoir dû res-
nous renseignent pas sur les postes qui ont subi treindre leurs dépenses de santé et d’éduca-
la plus forte baisse. Cette information n’a mal- tion, alors que ce phénomène touche moins
heureusement pas été collectée. Cependant, on de 4 % des ménages publics.

TABLEAU 25

Source: ECM, 1993.


* Les 5 premières colonnes correspondent au % de ménages ayant déclaré qu’un des trois premiers produits dont la
consommation a baissé appartient au poste correspondant. La dernière colonne (TOTAL 1) correspond à l a distribu-
tion du poste qui a le plus baissé depuis 1991.
.
Contraints drastiquement sur leurs revenus, stitution dans la consommation des ménages au .
les ménages ont tenté de réagir en modifiant profit du secteur informel. Ce transfert du sec-
leurs modes traditionnels d’achats pour atténuer teur formel vers le secteur informel a nécessai-
la baisse de consommation, sans toutefois y par- rement été limité, compte tenu de l’écrasante
venir comme on l’a noté précédemment. Si - -
prépondérance du secteur informel dans la
l’ajustement quantitatif de laconsommation est consommation totale des ménages. De plus, les
bien réel, un certain nombre de changements ménages choisissent avec plus de soin les pro-
importants ont eu lieu. duits qu’ils achètent, en faisant jouer la concur-
D’abord, les ménages se sont montrés rence entre unités de production informelles,
particulièrement sensibles aux niveaux des soit une nouvelle pression à la baisse des prix.
prix. Ainsi, la consommation de 4 ménages sur Ensuite, certains ménages ont ajusté leur
10 a eu tendance à se déplacer vers les lieux train de vie en se repliant sur la famille. C’est
d’achat les moins chers. 11y a donc eu une sub- notamment le cas des ménages formels qui ac-

20
TABLEAU 26
MODES D’AJUSTEME T DE LA BAISSE DE LA CONSOMMATION
PAR TYPE DE MENAGES : en 96 des menages dont la consommation a baissC

3.- On choisit avecplus de soins les produits qu’on

4.- On a moins d’invitésàla maison


5.- On reçoit plus de dons de la famille du village

cueillent moins d’invités chez eux. Enfin, seuls qu’ils feraient en cas de nouvelle baisse de leur
les ménages informels sont de véritables réci- revenu, ou au contraire en cas de retournement
piendaires de transferts internes à la ville. I1 faut conjoncturel et de croissance retrouvée.
y voir le fait qu’ils sont en moyenne plus En cas de nouvelle baisse du revenu, les
pauvres, donc plus dépendants des ménages for- principaux produits touchés seraient à nouveau
mels, et qu’ils sont plus aptes à mobiliser les “1 ’alimentation” et “I ’lzabilleiizeizt” . La struc-
liens solidarités traditionnels. ture des compressions de consommation par
Par contre, les transferts en provenance du produit serait similaire à celle qui a été enregis-
“village” n’ont pas été une variable de compen- trée au cours des années écoulées (voir tableau
sation particulièrement mobilisée, puisqu’aucun 25, colonne TOTAL 1). La hausse des revenus
ménage ne déclare compter principalement sur s’accompagnerait d’abord d’une amélioration
ces dons pour pallier la baisse de consomma- de la ration alimentaire, puis profiterait suivant
tion. Ceci s’explique sans doute par des diffi- des ordres de grandeur sensiblement voisins à
cultés à la campagne encore plus sévères que tous les autres postes budgétaires.
celles enregistrées en ville. Mais une hausse ou une baisse de revenu
Pour se donner quelques Cléments prospec- n’auraient pas des effets symétriques sur la
tifs et tenter d’apprécier les arbitrages de consommation. Certains biens sont jugés suffi-
consommation entre produits suivant le type de samment secondaires pour que l’on puisse en-
ménages, nous avons-demandé aux ménages ce core baisser le niveau des dépenses. D’autres, en
Y
TABLEAU 27
INCIPAUX POSTES D’AJUSTEMENT DE LA CONSOMMATIONEN CAS DE
NOUVELLES BAISSES OU D’AUGMENTATIONS DU REVENU PAR TYPE DE
MENAGES *

Source: ECM, 1993.


* mode de lecture: 56% des ménages du secteur public ont déclaré parmi les trois premiers produits dont ils réduiraient
la consommation, au cas oÙ leur revenu venait à baisser, au moins un bien alimentaire. Mais seulement 46% en accroî-
traient la consommation si leur revenu augmentait.

21
~-
revanche, sont faiblement compressibles, vu le avancer que c’est grâce à ce système généralisé
niveau de consommation actuelle, et jouissent de redistribution des revenus et des rentes que le
d’un caractère prioritaire. Ce sont eux que l’on continent a réussi à éviter nombre d’explosions
achèterait en premier si l’on disposait d’un sup- sociales qu’auraient dû engendrer plus d’une dé-
plément de revenu. On trouve dans la première cennie de crise et des politiques contractionistes
catégorie les dépenses “d’habillement”et dans dites de “stabilisation”. Pourtant, très peu de tra-
une moindre mesure, de “transport”. Dans la vaux statistiques sérieux ont tenté de quantifier
seconde, les dépenses de “santé”, de “loge- ce phénomène. 1

ment” et “d’éducation”. Les transferts entre ménages peuvent


Pour avoir une mesure de cette dissymétrie, prendre deux formes: ce sont soit des dons en
il faut s’intéresser dans le tableau 27 aux écarts nature (sous forme d’échanges de biens ou d a
entre baisse et hausse de consommation pour prestations de services), soit des transferts mo-
chaque type de ménages et chaque poste de dé- nétaires. L‘ECM ne permet d’appréhender que
penses. On voit ainsi, que: les premiers, et donc conduit à un bilan partiel.
- les “niétiages chônieurslinactifs” sont ceux
dont la situation alimentaires est la plus pré- La forte densité des réseaux de
caire; solidarité.
- les “minages informels” sont en plus grande Les ménages de Yaoundé sont dans leur im-
détresse en matière de logement, d’éducation mense majorité intégrés dans un véritable réseau
et de santé. Une mention particulière mérite de solidarité mettant en oeuvre des mécanismes
d’être portée aux dépenses de santé. propres de redistribution du revenu primaire.
Les “ménages informels” ne sont que 13% à ac- Plus de la moitié des ménages de la capitale ont
cepter de les réduire suite à une baisse de re- réalisé des transferts vers d’autres ménages (de
venu, mais 50% à désirer les augmenter dans le Yaoundé ou d’ailleurs). Plus de la moitié des
cas contraire. De plus, un tiers des “ménages ménages de la capitale ont perçus des transferts
iilformels” déclarent comme priorité absolue en provenance de Yaoundé ou d’ailleurs. Au to-
vouloir augmenter leurs dépenses de santé si tal, 9 ménages sur 10 sont pris dans cette maille
leur revenu le leur permettait. serrée de flux croisés, qu’ils aient donné, reçu,
ou les deux à la fois.
Le type de ménages dessine les contours de
cette solidarité entre ménages. En premier lieu,
VI.- LES TRANSFERTS M tous ceux qui se trouvent totalement exclus de
ENTRE MENAGES ce filet de sécurité appartiennent aux “ménages
innctifslchômetirs”, soit 30% de cette classe. Ce
De nombreux auteurs ont souligné I’impor- résultat donne un indicateur supplémentaire de
tance des transferts entre ménages, comme la grande vulnérabilité de cette catégorie, qui en
mode de régulation socio-économique (voire plus de gagner les revenus les plus faibles ne
politique) en Afrique. En particulier, on a pu dispose que de “ressources sociales” limitées.

TABLEAU 28
TYPES DE TRANFERTS MONBTAIRES SUIVANT LE TYPE DE MÉNAGES

Source: ECM, 1993.

22
Pourtant, les “ménages irractifslchômeurs sont
I’ est d’autant plus préjudiciable que la structure
aussi ceux qui sont les plus dépendants des des transferts, suivant qu’ils sont versés ou per-
transferts, dont ils sont les principaux récipien- çus, est asymétrique. Si on peut penser obtenir
daires avec un solde net très positif (9% ont un bon estimateur des transferts reçus, les trans-
donné mais 62% ont reçus). ferts versés risquent d’être sous-estimés dans la
En second lieu, les “ménagesformels ” (pu- mesure où ceux-ci sont plus dépendants de très
blics et privés) constituent les principaux dona- riches donateurs dont la probabilité d’entrer
‘teurs. Alors que tous ont donné, une moitié seu- dans l’échantillon est infime. Nous avons tenu
lement a reçu. Bien que très sollicités, leurs compte de ce biais en redressant les résultats de
transferts ne se font pas qu’à sens unique, façon à assurer l’égalité comptable entre trans-
,puisque plus de 40% d’entre eux ont à la fois ferts versés et transferts perçus à l’échelle de la
donné et reçu. Enfin, les “ménages informels” ville de Yaoundé.
se caractérisent à la fois par un “taux d’intégra- Le montant annuel moyen des transferts est
tion” élevé au système de dons (à l’instar des d’environ 80 O00 Fcfa, soit l’équivalent d’un
“ménagesformels”) et par u11 solde net en fa- peu moins d’un mois de revenu du travail. Si le
veur des ménages receveurs (comme les “mé- solde montre l’existence d’un transfert net vers
nages ìrzactifslchônreurs”). l’extérieur de la ville, le bilan par type de mé-
nages est très contrasté. Les “ménagespublics”
Les transferts nets ne bouleversent pas sont fortement déficitaires (ils versent plus
la distribution primaire des revenus. qu’ils ne perçoivent), les Ïnénages privés for-
Pour apprécier l’importance des transferts mels et inforntels” sont proches de l’équilibre,
monétaires entre ménages, les résultats précé- tandis que les “m&nagesiizactijslchôi~ieurs”
dents demandent à être pondérés par les mon- sont les principaux bénéficiaises de ce système
tants en jeu. Cependant, il convient de garder à de redistribution.
l’esprit la “fragilité statistique” des tableaux ci- Rapporté aux revenus, le montant moyen
dessous. En effet, la petite taille de l’échantillon des transferts monétaires bruts (versés ou per-

TABLEAU 2,9
MONTANT MOYEN DES TWAWE S PAW TYPE DE MÉNAGES

Source: ECM, 1993.

çus) est loin d’être négligeable. Ainsi, les trans- L’essentiel des transferts monétaires
ferts versés sont proches. Mais en termes nets, circule iì l’intérieur de la ville.
les transferts monétaires ne semblent pas affec- Annuellement, plus de 13 milliards de Fcfa
ter sensiblement la distribution des revenus, sont versés par les ménages de Yaoundé à
au moins pour les trois classes de ménages ac- d’autres ménages (qu’ils vivent dans la capitale
tifs. ou à l’extérieur) et inversement 11 milliards ont
Ils sont négligeables pour les “nzénagesdu été perçus par ces mêmes ménages. Le solde
secteur privés ” et représentent une ponction an- d’environ 2 milliards a été transféré à l’extérieur
nuelle de 15jours de salaire pour les “inénages de la capitale, plus précisément vers la cam-
publics”. Seuls les “ménages inactijslclzô- pagne.
ineurs peuvent compter sur ces transferts pour
” En masse, les transferts monétaires sont
subvenir à leur besoins, pour un montant que avant tout internes à la ville, puisqu’ils repré-
l’on peut estimer à environ deux mois de revenu sentent plus des trois quarts des transferts per-
annuel. çus. En conséquence, les transferts v e d e n pro-

23
venance du reste du pays sont limités, globale- semblent pas avoir les moyens de donner à qui
ment équilibrés avec les villes de l’intérieur, tan- que ce soit. Les “ménngespziblics” sont des do-
dis que les ménages de la capitale accordent une nateurs nets tous azimuts, et sont les principaux
subvention monétaire aux campagnes. pourvoyeurs des campagnes.Les “ménages pri-
Ces flux monétaires s’apparentent claire- vés formels” entretiennent leurs obligés en de-
ment à un système d’entraide des plus riches hors de Yaoundé mais sont des récipiendaires
vers les plus pauvres faiblement lié à des dans la capitale. Enfin, les ‘‘m&mgesinformels”
contraintes cérémonielles, qui ne sont à l’origine se caractérisent par des échanges partic~lière-~
que de 10%des transferts. ment importants et équilibrés avec les villes de
Les “ménages innctifslchômeurs” perçoi- l’intérieur, suivant en cela les lignes de migra-
vent l’essentiel des transferts de la ville, et ne tion qui leur sont propres. Y

TABLEAU 30
MONTANT AYNUEL DES TRANFERTS MONETA ES TAR DESTINATION
T LE TYPE DE MENAGES

Source: ECM, 1993.

DIAL est un groupement d’intérêt scientifique fondé par I’ORSTOM, EUROSTAT et !


le CESD-Paris pour développer une capacite européenne de réflexion, d’analyse et
d’dvaluations macro-économiques sur les politiques d’ajustement stucturel dans les
pays ACP. Dans la réalisation de son programme de travail, DIAL reçoit des appuis
financiers de ses membres fondateurs ainsi que du ministère français de la
Coopération et du Développement et de la direction du Développement (DG8) de la
commission des Communautés européennes.

ORSTOM : Institut français de recherche scientifique pour le développement en


coopération.
EUROSTAT :Office statistique des Communautés européennes
CESD-Paris : Centre européen de formation des statisticiens economistes des
pays en voie de développement.

24
METHODOLOGIE
Les enquêtes sur les lieux d’achat (ELA) et sur la consommation des ménages (ECM)
s’inscrivent dans le cadre plus large de l’enquête 1-2-3. Elle procède par la méthode des enquêtes dites
en plusieurs phases. Dans la première phase, un échantillon de 2000 ménages a été constitué suivant un
plan de sondage à deux degrés : le premier degré consistant à tirer un échantillon stratifié de 333 îlots
dans la conurbation de Yaoundé, tandis qu’un échantillon de ménages est tiré au second degré (tirage
aléatoire systématique). Le tirage des îlots utilise la télédétection spatiale (image satellite, mosaïque de
photos aériennes), suivant une méthode mise au point à 1’ORSTOM.

La première phase est une enquête sur les conditions d’activité de la population de Yaoundé
(phase 1: enquête emploi). La seconde phase a consisté à réaliser une enquête spécifique auprès des
chefs d’unités informelles sur les conditions de production et les résultats économiques de leur
établissement (phase 2: enquête secteur informel).
Enfin, la troisième phase est composée de deux enquêtes articulées dont l’objectif principal est
de mesurer le poids du secteur informel dans la consommation des différentes catégories de ménages
(phase 3: enquêtes lieu d’achat et consommation). Dans ce cadre, l’ELA recense et quantifie
l’importance des lieux d’achat de l’ensemble des biens et services consommés par les ménages, à un
niveau très fin de la nomenclature de produits (132 produits), ainsi que les raisons qui ont motivé le
choix de ces lieux . L’ECM, qui s’apparente à une “mini-enquêtebudget-consommation” sert à pondérer
les postes élémentaires de consommation des ménages.
Pour les besoins de la phase 3, on a constitué un échantillon représentatif de 400 ménages,
tirés parmi les 2000 de la phase 1. On a d’abord construit 20 strates, croisant deux critères : le revenu
par tête (5 tranches) et le statut du chef de ménage (en distinguant 4 catégories: chef inactif, chef
chômeur, chef exerçant un seul emploi, chef exerçant plusieurs emplois). Puis on a procédé à un tirage
systématique au 1Kème. au sein de chaque strate.
Dans un second temps, l’échantillon de 400 ménages a été subdivisé en deux : un premier,
dimensionné à 300 ménages pour l’ELA, et un second de 100 mtnages pour 1’ECM. Compte tenu du
fait que I’ECM vise principalement à estimer les structures moyennes de consommation permettant de
pondérer l’ELA, et vu la petite taille de l’échantillon, une procédure à deux étapes a été retenue pour
sélectionner l’échantillon de I’ECM:
- tirage d’un ménage sur deux parmi les 400 ménages de la phase 3;
- sélection d’un ménage sur deux au sein de ce sous échantillon, correspondant à ceux dont le revenu
par tête est compris entre le second et le troisième quartile pour chaque strate.
Le solde non tiré a fourni l’échantillon de l’ELA.
Cette procédure a conduit a retenir 94 ménages pour 1’ECM et 305 ménages pour l’ELA.
Les opérations de collecte de l’ELA ont eu lieu sur le terrain entre mars et mai 1993. Les mois
de juin-juillet ont été consacrés à la saisie et à l’apurement des fichiers. Les opérations de collecte de
1’ECM se sont déroulées au cours des mois de juin et juillet 1993, les fichiers ont été apurés en août et
septembre.
Finalement, les fichiers ont été analysés au cours des mois de décembre 1993, pour une
publication des premiers résultats en janvier 1994.
En définitive, le fichier exploitable de l’ELA comprend 303 ménages et celui de 1’ECM 92.

CONCEPTS ET INDICATEURS
Main d’œuvre familiale ou main d’œuvre secondaire : membres du ménage exerçant un emploi en
dehors du chef.
Unité de consommation (u. c.) : permet de pondérer la consommation des ménages suivant le nombre
et les caractéristiques de ses membres. Ici, tous les individus de 15 ans et plus sont considérés comme
des consommateurs à part entière tandis que les moins de 15 ans sont affectés d’un coefficient de 0,5.
POUR DIAL : POUR LA DSCN :

BERTHELIER PIERRE BACKINY YETNA Prosper


ROUBAUD FRANçOIS KEMGO Pierre
KINGNE Apollinaire
MESSINA ABANDA Célestine
NGASSAM André
NGUENEVIT
TCHAMDA Claude
TCHUINOU David
TJOMB NGUE
YAMGAM Emmanuel

DIAL DSCNLMINPAT
14, Bd. Saint-Martin YAOUNDE
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