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CROIX DE GUERRE ET VALEUR MILITAIRE

Les Forces aériennes franç


Le 25 juin 1940, trois jours après la signature de l’armistice, le grand quartier général aérien était dissous et l’armée
de l’Air française était menacée de disparition. Pourtant, refusant la défaite, des aviateurs rejoignirent le général De
Gaulle qui avait lancé son appel le 18 juin. Le 7 août, ce dernier conclut avec les Britanniques un accord, qui jetait les
bases légales de la France Libre et de la constitution d’une force française destinée à continuer le combat contre les
forces de l’Axe aux côtés des Britanniques. Ces derniers s’engageaient à fournir des moyens militaires et financiers.

Les Français Libres, composés de mili- ter aux méthodes et à la tactique de


H taires des trois armées, s’étaient re- la RAF, ce qui ne se fit pas sans heurts.
groupés autour du général De Gaulle Mais, au début du mois de juillet
I en Grande-Bretagne. Parmi eux, plus 1940, la situation des Britanniques
de 3.500 hommes servirent dans les était trop préoccupante pour qu’ils
Forces aériennes françaises libres pussent refuser l’aide de toutes les
S (FAFL) entre 1940 et 1943. que furent formées, le 1er juillet bonnes volontés. Ils proposèrent au
Les premiers avaient quitté la France 1940, les FAFL. L’amiral Muselier, chef de la France Libre d’incorporer les
T avant l’armistice, comme le sergent seul officier général ayant rallié De pilotes français les plus expérimentés
Demozay qui avait rejoint la Grande- Gaulle à cette époque, en prit le com- dans la RAF. Dix-sept d’entre eux pri-
Bretagne dès le 15 juin à bord d’un mandement en plus de celui des rent donc une part active à la bataille
O bombardier britannique. Le 17 juin, Forces navales françaises libres. Ce fut d’Angleterre. Le général De Gaulle,
jour du discours du maréchal Pétain, lui qui fit apposer la croix de Lorraine qui avait accepté cette solution face à
I 10 officiers et sous-officiers avaient sur les cocardes des appareils des la gravité de la situation, souhaitait
quitté la base de Mérignac à bord d’un FAFL. que les FAFL fussent placées sous son
R Harley-Page de la Royal Air Force Les aviateurs français durent s’adap- commandement.
(RAF). Le 19 juin, 108 élèves-pilotes
de Morlaix quittèrent le port de Douar-
E nenez pour rejoindre les Iles Britan-
niques. D’autres arrivèrent à Gibraltar
depuis l’Afrique du Nord avec 6 appa-
reils, d’autres encore suivirent malgré
le drame de Mers-El-Kébir, d’autres
enfin rallièrent depuis différents points
de l’empire colonial.
La moyenne d’âge des aviateurs des
FAFL était de 23 ans.
En décembre 1940, à Fort-Lamy, le sergent Le Calvez, pilote à la 1ère Escadrille du
Naissance GRB-1, peint une croix de Lorraine sur le fuselage du Blenheim à bord duquel il
C’est avec ces éléments hétéroclites disparaîtra en février 1941 (photo Icare-Coll. F. Broche).

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aises libres (1940 -1943)


Les premières unités Free French lution majeure. Martial Valin, en mis-
Flight 1, 2 et 3 (FFF) furent créées en sion au Brésil au moment de l’armis-
Égypte le 8 juillet avec des éléments tice, ne put rejoindre la Grande-Bre-
venus du Levant. Au commencement, tagne qu’en avril 1941. Il succéda à
les unités furent équipées de maté-
l’amiral Muselier à la tête des FAFL en
riels français, remplacés en 1941 par
des avions britanniques. La FFF2 par- juillet, alors que s’achevait la cam-
ticipa à la bataille de Crète, où elle su- pagne de Syrie.
bit de très fortes pertes. La FFF1 fut Valin s’était rendu lui-même sur place H
engagée en Afrique orientale avec pour obtenir le ralliement des avia-
deux appareils qui furent abattus au
DR
teurs français de Syrie, mais à peine I
cours de combats. 10 % d’entre eux choisirent la France
En Grande-Bretagne, le 1er Fighter Libre. Cependant, la Syrie offrait des
Le général Martial Valin.
Group a été créé le 1er août 1940 par
infrastructures importantes pour
S
le commandant de Marmier. Il comp-
tait une vingtaine d’appareils répartis contre l’oasis de Koufra. Par la suite, l’aviation qui permirent la constitution
en 4 escadrilles : 1 de chasse, 1 de la moitié de ses effectifs fut envoyée des premiers groupes autonomes. T
bombardement et 2 de reconnais- en Abyssinie pour lutter contre les Ita- Le général Valin pensait en effet que
sance. En même temps, une escadrille liens puis rejoignit Damas en août « plutôt que de laisser nos équipages
indépendante de 6 appareils fut for- 1941 pour devenir l’escadrille dispersés dans la RAF, (…) il était
O
mée sous les ordres du commandant « Metz » du groupe « Lorraine ». préférable de réunir tous les efforts
Astier de Vilatte. Les 2 unités furent En janvier 1941, l’escadrille de pour former une belle unité qui porte- I
envoyées en Afrique pour participer à
chasse N°1 avait vu le jour au Caire. rait brillamment les cocardes fran-
l’opération contre Dakar puis rejoigni-
rent l’Afrique équatoriale française Elle opéra en Grèce et en Cyrénaïque. çaises. » Ce fut la raison qui le poussa R
(AEF). Elles participèrent à la cam- Par la suite, elle forma le noyau du à créer des groupes d’aviation qui por-
pagne du Gabon, où elles affrontèrent groupe de chasse « Alsace ». teraient le nom de provinces fran-
d’autres avions français. Enfin, une dernière unité vit le jour à çaises. E
L’AEF, une fois ralliée à la France Libre, Brazzaville en mars 1941 sous le En septembre, furent créés les
constitua un apport important aux nom d’escadrille de bombardement groupes « Alsace » (chasse), fusion
FAFL grâce à ses infrastructures et aux N° 2. Destinée à l’appui au sol des de la FFF2 et de l’escadrille de chasse
appareils qui y étaient basés, aux-
unités engagées en Libye, elle rejoi- N° 1, et « Lorraine » (bombarde-
quels s’ajoutèrent des avions fournis
par les Britanniques. Pendant l’hiver gnit l’Égypte en mai. Elle devint l’es- ment), issu de la fusion de l’escadrille
1940-1941, le groupe réservé de cadrille « Nancy » du groupe « Lor- de bombardement N° 2 et du GRB 1.
bombardement N°1 (GRB 1) fut créé raine » en septembre. Grâce aux 186 pilotes que comptaient
au Tchad. Sous les ordres du comman- Autonomie alors les FAFL, elles purent être enga-
dant Astier de Vilatte, il comprenait 2 En juillet, sous l’impulsion de leur nou- gées sur trois théâtres : Grande-Bre-
escadrilles de 6 Blenheim. Il fournit un veau chef, le colonel puis général Mar- tagne, Moyen-Orient et Afrique. Ce-
appui aérien à la colonne Leclerc tial Valin, les FAFL connurent une évo- pendant l’emploi des unités relevait

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toujours du commandement britan-


nique.
« Alsace » participa d’avril à août
1942 aux combats d’Égypte et de Li-
bye puis fut affecté à la défense
d’Alexandrie. En avril 1943, après
avoir été équipé de Spitfire, il parti-
cipa ensuite à des opérations au-des-
sus de la France. Le groupe de bom- DR
bardement « Lorraine », créé à
H Damas, participa également aux com- Hurricane Mk 1 FAFL du groupe GC1 en 1942.
bats de Libye puis rejoignit la Grande-
Bretagne en janvier 1943.
I Le groupe « Ile-de-France » (chasse) En Afrique, le groupe « Bretagne » riennes et d’un secrétariat d’État à
fut créé à son tour malgré les rivalités (bombardement) vit le jour au Tchad l’aviation.
S qui existaient entre les aviateurs et les en janvier 1942. Il appuya la colonne Le 1er juillet, après accord du général
marins. Il fallut l’arbitrage du général Leclerc puis fut engagé en Libye. En Giraud au projet, le général Bouscat
De Gaulle pour que ce groupe fût placé 1943, il fut équipé de B-26 par les devint chef d’état-major général des
T sous le commandement des FAFL et Américains. Forces aériennes d’Afrique. Ce fut
non des FNFL. Mais en janvier 1942, Enfin, « Picardie » (défense côtière) sous son autorité, avec le plein accord
O ce fut un marin qui en prit le comman- prit à son compte en juin 1943 la sur- du général Valin, que les FAFL et les
dement. « Ile-de-France » accomplit veillance du Levant. « Artois » (dé- forces aériennes de l’armée d’armis-
sa première mission en avril 1942 fense côtière également) fut créé en tice fusionnèrent en juillet 1943. Les
I dans le secteur du cap Gris-Nez puis AEF le 3 août 1943, alors que les ar- FAFL alignaient 3 groupes de chasse,
participa ensute au débarquement de mées françaises remontaient en puis- 2 de bombardement, 2 de défense cô-
R Dieppe. sance sous l’impulsion du général Gi- tière et 1 réseau de lignes aériennes
Une unité des FAFL eut un destin très raud en Afrique française du Nord. militaires (LAM).
particulier. Selon le souhait du général Les contacts établis entre lui et le gé- Par leur action, elles avaient permis à
É
De Gaulle, elle fut envoyée en URSS. néral De Gaulle avaient été le fait, en l’armée de l’Air française d’être tou-
Le projet, qui fut lancé au début de grande partie, du général (Air) Bous- jours présente aux côtés des Britan-
l’année 1942, se heurta aux réti- cat. Le 3 juin 1943, après l’institution niques pour lutter contre les forces de
cences des Britanniques et à une cer- du Comité de libération nationale à Al- l’Axe.
taine hésitation de la part des Sovié- ger, ce dernier prit le commandement Colonel Thierry Noulens,
tiques. Finalement, en septembre en chef des Forces aériennes docteur en Histoire
1942, le groupe « Normandie-Nie- d’Afrique, alors que s’achevait la cam- professeur à l‘École de guerre
men » (chasse) fut créé à Damas et pagne de Tunisie. Il s’attacha, malgré
envoyé en URSS en passant par l’Iran. les réticences de l’armée de Terre et
Equipés de Yak, il fut engagé à partir de la Marine, à recréer le poste de
d’avril 1943 sur le front de l’Est. commandant en chef des forces aé-

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