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Les forces spéciales (FS) sont, selon la définition de l'OTAN, les unités militaires
spécifiquement formées, instruites et entraînées pour mener un éventail de missions
particulières, allant des « opérations spéciales (en) » dans le cadre d’un conflit classique
à celles relevant de la guerre non conventionnelle. Leurs missions, lorsque conduites à
proximité de forces conventionnelles alliées, peuvent ressembler à celles des
commandos de type GCP, mais ces derniers ne pratiquent pas ou peu de guerre non-
conventionnelle.
Historique
Les spetsnaz sont une force
spéciale des forces armées russes
L'historique des forces spéciales est une chose difficile à définir. En effet, de tout temps
des unités spécialement formées ont été utilisées ; on peut remonter jusqu'à la Bible en
passant par la guerre de Cent Ans avec Du Guesclin.
L'emploi actuel du terme « force spéciale » commence réellement à partir de la Seconde Guerre mondiale, car c'est à partir de
ce conflit que toutes les dimensions aérienne, terrestre et aquatique sont maîtrisées.
Les premières unités « modernes », telles que les définit le concept d'emploi FS, furent créées en 1918 au sein de la 15e armée
soviétique sous forme de « OO » (ossobyï otdel), de petits groupes chargés « d'espionner et d'effectuer des actes de
malfaisance ».
On considère souvent que les forces spéciales sont les héritières des corps francs qui, dans les conflits anciens comme la
Première Guerre mondiale, se composaient uniquement de militaires formés au combat au corps à corps, à l'arme blanche
(qu'on appelait guerriers plutôt que soldats). Ils avaient notamment pour spécialité d'attaquer les tranchées ennemies. Mais cela
est faux, car ils s'apparentaient davantage aux ancêtres des commandos (ayant pour parent en partie les commandos boers). De
plus, les corps francs remontent aux guerres napoléoniennes en Allemagne.
Néanmoins, les premières forces spéciales, ressemblant à celles qui existeront plus tard
à la fin du xxe siècle, descendent largement de celles créées pendant la Seconde Guerre
mondiale. L'Allemagne nazie disposait dès 1939 des Brandebourgeois qui, vêtus
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d'uniformes adverses, captureront divers objectifs en avant des forces d'invasion . De
leur côté, les Italiens développèrent notamment les premiers nageurs de combat.
Les Britanniques, restant en 1940 seuls en guerre et sur la défensive, créèrent les
Commandos pour mener des raids ponctuels dans les territoires occupés par le
IIIe Reich, par exemple l'opération Chariot sur Saint-Nazaire. Ils seront imités par leurs
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alliés . Plus tard, avec le retour des Alliés à l'offensive, ces unités devinrent moins utiles
Des troupes britanniques du SAS en et finirent spécialisées dans les opérations amphibies. Leurs opérations, mêmes
Afrique du nord (1943). modestes, nécessitaient de lourds moyens de transport et d'appui, qui étaient peu
discrets et faisaient perdre l'effet de surprise.
D'autres forces spéciales, opérant en groupes réduits pour rester discrètes, apparurent pendant la guerre, tels le Long Range
Desert Group (LRDG) de reconnaissance, et le Special Air Service (SAS) créé par David Stirling en 1941. Ces unités
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nécessitaient des combattants très autonomes et des techniques d'infiltration et d'exfiltration variées .
Enfin, un troisième type d'unité spéciale fut créé un peu plus tard pendant la guerre, destiné à organiser, former et aider des
forces irrégulières de maquis ou partisans de la résistance française, néerlandaise, des Balkans ou de pays asiatiques. Ces
missions, dirigées par les services secrets alliés qui étaient le Special Operations Executive (SOE) britannique, l'Office of
Strategic Services (OSS) américain ou le Bureau central de renseignements et d'action (BCRA) de la France libre, comprirent
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notamment les Jedburgh et les Operational Groups (OG, « groupes opérationnels ») de l'OSS .
Du côté allemand, les Brandebourgeois finirent comme unité classique. Des unités de la
Waffen-SS deviennent les principales forces spéciales allemandes, notamment celles
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d'Otto Skorzeny mises en avant par la propagande nazie . L'Union soviétique va
également mettre en œuvre diverses unités de reconnaissance/action derrière les lignes
adverses et d'action avec les partisans. Enfin, sur les fronts d'Asie et du Pacifique, les
Alliés utiliseront également des unités particulières, spécialistes du harcèlement en
jungle (Chindits et Merrill's Marauders), d'encadrement de maquis (Détachement 101,
Force 136), ou les Underwater Demolition Team (UDT) d'aide aux débarquements
amphibies.
Otto Skorzeny (à g.) et l'ancien
Brandenburger Adrian von
Ces unités ont défini le rôle et les différents types d'emplois que les forces spéciales
Fölkersam (en) (milieu) (1944).
peuvent effectuer. Certaines opérations des forces spéciales alliées sont devenues
célèbres, telles que l'opération Frankton. Cette opération a permis de couler des bateaux
allemands dans le port de Bordeaux. Une autre opération importante sont les opérations
SAS en Bretagne qui ont permis d'isoler le débarquement de Normandie des autres unités allemandes. Les SAS ont joué un
rôle crucial pendant la guerre avec un bon nombre d'opérations pour harceler l'ennemi.
Après la Seconde Guerre mondiale, la plupart des forces spéciales furent dissoutes,
mais les conflits de décolonisation et la montée des tensions de la guerre froide firent
que rapidement, plusieurs seront recréées ou se réclameront de leur héritage. En
France, ce sont les services secrets qui conservèrent cette compétence avec le « 11e
choc » qui participera aux conflits d'Indochine et d'Algérie, tandis que le Special Air
Service (SAS) britannique est reformé dès 1947 et combattra également dans de
nombreux conflits de « basse intensité ». Les États-Unis, quant à eux, créèrent les
« bérets verts » des Special Forces en 1952 puis les SEAL en 1962, qui participèrent
Spetsnaz du GRU de l'Armée soviétique
largement à la guerre du Viêt Nam.
en opération en Afghanistan (1988).
Dans les années 1970, en réaction à la montée des attentats terroristes dans les pays
occidentaux, et notamment à la tragique prise d'otages des Jeux olympiques de
Munich, la libération d'otages de vive force devient une nouvelle mission des forces
spéciales. Celles-ci vont réussir quelques libérations d'otages spectaculaires, comme
l'opération des FS israéliennes à Entebbe en 1976 et celle du SAS à l'ambassade
iranienne de Londres en 1980.
Aux États-Unis, l'unité Delta Force est dédiée au contre-terrorisme. Mais en avril 1980,
sa première opération, la tentative de libérer les otages américains en Iran (opération
Eagle Claw) se termine par un échec retentissant à cause de défaillances des
hélicoptères utilisés. En conséquence, un commandement interarmées permanent pour Le détachement opérationnel alpha
les opérations contre-terroristes, le Joint Special Operations Command, est créé, placé 525 des Special Forces américaines.
directement sous les ordres de l'état-major interarmées américain et ayant autorité sur les Photo prise juste avant une
unités antiterroristes et les unités qui les soutiennent (hélicoptères et Rangers infiltration en Irak, en février 1991.
notamment).
Après la fin de la guerre froide, seulement trois pays peuvent se targuer d'avoir des forces spéciales autonomes dans leurs
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spectres militaires : le Royaume-Uni, la France et les États-Unis .
France
Les forces spéciales françaises ont participé à l'ensemble des conflits français contemporains, allant de la guerre d'Indochine en
passant par la crise du canal de Suez ou la guerre d'Algérie, jusqu’à récemment la guerre du Mali.
Plusieurs unités actuelles des forces spéciales sont héritières de deux unités de forces spéciales de la Seconde Guerre mondiale :
le SAS comprenait à la fin de la guerre deux régiments français : le 3e SAS (3e régiment de chasseurs
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parachutistes) et le 4e SAS (2e régiment de chasseurs parachutistes). Ils sont dissous en 1945 mais sont
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une des origines du 1 RPIMa créé en 1960 .
les commandos Kieffer ont donné naissance aux sept commandos de marine actuels [réf. nécessaire].
Toutes ces unités sont regroupées sous le Commandement des opérations spéciales (COS), créé en 1992 afin de les coordonner.
Définition
La définition des « forces spéciales » s’applique aux unités militaires en mesure de
mener, de façon autonome, des opérations d’une durée pouvant aller de quelques
heures à plusieurs semaines, dans un contexte hautement hostile. Agissant avec un
effectif réduit contre des adversaires nettement plus nombreux, elles font appel à
toutes sortes de techniques et tactiques particulières dans le but d’exploiter les points
faibles de l’ennemi et d’en tirer un avantage décisif.
Ces missions peuvent être réalisées en liaison avec une force nationale ou alliée, ou bien encore de façon autonome sur les
arrières de l’adversaire.
Avant toute chose, les forces spéciales sont des unités destinées à opérer dans un contexte stratégique pour mener des
opérations à haute signification politique, ou contre des objectifs d’intérêt majeur. Par leur nature même, il n’est pas concevable
qu’elles soient utilisées pour des actions défensives.
Leur contrôle opérationnel est en principe confié aux plus hautes autorités militaires, compte tenu de la nature de leur mission.
Une autorité d’emploi de haut niveau et une chaîne de commandement très courte sont nécessaires, pour assurer la rapidité de
leur mise en action. Sur le plan opérationnel, elles doivent être en mesure d’agir de façon autonome en milieu hostile, même
pour une longue période. Cette autonomie s’applique non seulement à tous les domaines de l’exécution de la mission, mais
également à ceux de sa planification et de la préparation.
La particularité de ces unités de combat est aussi d’intervenir en très petit nombre, notamment grâce à leur haut niveau de
formation et d’entraînement, à la qualité des équipements utilisés et à la diversité des moyens et techniques d’infiltration et
d’exfiltration employés. C’est ce petit nombre qui assure leur très bon rapport coût-efficacité et qui les différencie des forces
dites conventionnelles, qu’il s’agisse d’unités d’élite ou de troupes spécialisées (c’est ce que certains appellent « coefficient de
forces » ou « démultiplicateur de forces »).
Les missions des forces spéciales excluent, en principe, les opérations clandestines qui revêtent souvent un caractère illégal. Ces
dernières sont menées pour l’essentiel par la branche « action » des services secrets, qui ne sont pas à proprement parler des
forces spéciales même si certaines caractéristiques (sélections très difficiles, formation pointue, etc.) créent des points communs
entre ces deux types d'unités.
Dans certains pays, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni, les forces spéciales
peuvent être engagées pour des opérations clandestines.
Dans le reste de l'Europe continentale, en revanche, les forces spéciales ne sont pas
engagées de cette manière car pour la plupart des pays leurs moyens sont trop faibles et
opèrent toujours en uniforme et sont protégées par les conventions de Genève. En ce
qui concerne la France, le commandement des opérations spéciales (COS) effectue des
opérations spéciales qui « sont des opérations militaires ouvertes ou couvertes
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commandées par le CEMA. Ce ne sont pas des opérations clandestines » , au contraire
des missions du service Action de la Direction générale de la Sécurité extérieure
Navy SEAL (États-Unis) en
(DGSE).
Afghanistan (2002).
À mi-chemin entre ces deux possibilités, il est possible d'envisager des opérations
combinées.
Les forces de maintien de l'ordre ont également des unités spécialisées dont les
caractéristiques générales présentent des similitudes avec les forces spéciales militaires,
et peuvent être considérées comme des forces spéciales de police ou de gendarmerie.
De plus, certaines ont un statut militaire (gendarmerie, carabiniers, guardia civil), et la Exercice du GSG 9 allemand (2005).
possibilité d'être envoyées à l'étranger (protection de diplomates, libération d'otages
comme à Djibouti et à Djeddah) et même parfois sont intégrées aux commandements
d'opérations spéciales nationaux.
Parmi ces unités, on compte les groupes antiterroristes GSG 9 allemands, le GIGN et le
RAID français, la Direction des Unités Spéciales belge, la BAT tunisienne, Bureau
central d'investigation judiciaire marocain, le HRT du FBI et autres unités SWAT.
Dans de nombreuses armées, ce sont bien souvent, à défaut d'unités spécialement dédiées, les parachutistes et les fusiliers
marins qui sont chargés de ces missions. Leur entraînement poussé à l'extrême leur donne une prérogative dans la conduite
d'opérations spéciales.
Cinéma
Télévision
Notes et références
1. (en) Gordon Williamson (ill. Mike Chappell), German Special Forces of World War II, Oxford/New York, Osprey
Publishing, coll. « Elite » (no 177), 2009 (ISBN 978-1-84603-920-1), p. 62-63
2. Commandos Kieffer français libres, Rangers américains, 1er détachement du service spécial américano-
canadien, etc.
3. Tony Balasevicius, « Coup d’œil dans les coulisses : aperçu des missions fondamentales des Forces
d’opérations spéciales », Revue militaire canadienne,printemps 2006, p. 21-30 (lire en ligne (http://www.journ
al.forces.gc.ca/vo7/no1/doc/special-fra.pdf), consulté le 4 juillet 2018)
4. Colonel Paul Gaujac, « Les Forces Spéciales - La IIe Guerre Mondiale et l'héritage (http://www.aassdn.org/PG
1.pdf) », extraits de la Conférence pour l'Amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale
(AASSDN), 9 décembre 2009 (consulté le 4 juillet 2018)
5. Eric Denécé, Histoire secrète des forces spéciales : De 1939 à nos jours, Nouveau monde, coll. « Poche »,
2010, 572 p., p. 267
6. (en) « Commando-air.com (http://www.commando-air.com/page30.php) », sur commando-air.com (consulté le
14 juillet 2023).
7. https://www.defense.gouv.fr/terre/actu-terre/le-1er-rpima-heritier-des-sas-francais-du-debarquement
8. Ministère de la Défense, « Le COS : présentation (https://www.defense.gouv.fr/ema/interarmees/le-commande
ment-des-operations-speciales/le-cos-presentation) », sur Délégation à l’information et à la communication du
ministère de la Défense (DICoD) (consulté le 2 septembre 2013).
Voir aussi
Bibliographie
Jean-Pierre Husson (t. 1. De A à L (d'Afghanistan à Luxembourg) -- t. 2. De M à Z (de Malaysia à
Zimbabwe).), Encyclopédie des forces spéciales du monde, Paris, Histoire et collections, coll. « Actions
spéciales », 2000, 2 volumes (ISBN 2-908-18291-2)
Thomas Hernault, L'évolution de la doctrine d'utilisation des forces spéciales françaises, L'Harmattan, 2015,
(ISBN 9782336369709)
Les Forces spéciales : concept et histoire, actes du colloque du 11 et 12 juin 2001 (https://theatrum-belli.co
m/forces-speciales-concept-et-histoire-actes-du-colloque-de-juin-2001/), Paris ([PDF])
Éric Denécé, Forces spéciales, l'avenir de la guerre? : de la guérilla aux opérations clandestines, Monaco
Paris, Éd. du Rocher, coll. « L' art de la guerre », 2002, 302 p. (ISBN 978-2-268-04388-3)
Pascal Pautremat (dir.), Paul Gaujac, Jean-Pierre Husson et Philippe Wodka-Gallien, Forces spéciales :
nouveaux conflits, nouveaux guerriers, Paris, Autrement, coll. « frontières », 2003, 134 p.
(ISBN 978-2-746-70308-7)
Éric Denécé, Histoire secrète des forces spéciales de 1939 à nos jours, Paris, Nouveau monde, 2007,
450 p. (ISBN 978-2-847-36219-0)
Bernd Horn (éditeur), Tony Balasevicius (éditeur) et David Barr (avant-propos) (trad. de l'anglais), Lumières
sur les forces de l'ombre : une perspective canadienne sur les forces d'opérations spéciales [« Casting light
on the shadows »], Kingston, Ont, Presse de l'Académie canadienne de la défense, 2007, 339 p.
(ISBN 978-1-550-02696-2, lire en ligne (https://publications.gc.ca/collections/collection_2020/mdn-dnd/D2-193-2007-fra.pdf))
Yaacov Falkov, « Partisans, guerre de », dans Encyclopédie de la Seconde Guerre mondiale, Paris, eds.
J.F. Muracciole et G. Piketty (Robert Laffont), 2015, p. 943-950.
Collectif (préface de Grégoire de Saint Quentin). Les Forces spéciales dans l'objectif de Bernard Sidler, Ivry-
sur-Seine, ECPAD, 2022, 168 p.
Article connexe
Liste des unités de forces spéciales
Liens externes