Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Alexandre Simoni - Jean Ferrat Les Mots de La Vie
Alexandre Simoni - Jean Ferrat Les Mots de La Vie
Ferrat
Les mots de la vie
ALEXANDRE SIMONI
City
Biographie
© City Editions 2020
Photo de couverture : © Jerome Chatin/Gamma-Rapho/GettyImages
ISBN : 9782824633534
Code Hachette : 29 4746 4
Catalogues et manuscrits : city-editions.com
Conformément au Code de la Propriété Intellectuelle, il est interdit
de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, et ce,
par quelque moyen que ce soit, sans l’autorisation préalable de l’éditeur.
Dépôt légal : Février 2020
Introduction
Le XXe siècle est celui des catastrophes, des génocides, de la barbarie pratiquée
à l’échelle des États. Le XXe siècle est celui des espoirs déçus, des rêves écrasés
sous les bottes, de la fin des idéologies. Le XXe siècle est un condensé de tous les
autres siècles, une accélération de l’histoire qui a vu les humains croire avec
ferveur au Grand Soir, ne plus y croire, y croire de nouveau. Ce siècle a eu ses
poètes, ses bardes qui ont tour à tour chanté la joie et la tristesse, l’espoir et
l’abyssal désespoir. Jean Ferrat était de ceux-là. Une guitare à la main,
moustache bien calée au-dessus d’une bouche à bouffer le monde, Jean
Tenenbaum, dit Jean Ferrat, a traversé ce XXe siècle, en a chanté les misères, en a
hurlé les colères, mais il en a aussi dit les beautés parfois fragiles, parfois ténues.
Entre puissance et délicatesse, l’homme a su dire le siècle comme peu d’autres
l’ont fait, dans une langue populaire, accessible à tous, sur des airs que l’on
fredonne. C’est Jean Ferrat qui nous a mis la révolte au bord des lèvres, comme
une fleur dépassant du canon d’un fusil. Jean Ferrat est un nom qui ne s’éteindra
pas, une lueur, une vibration qui, 10 ans après sa mort, retentit encore.
Partie 1
DÉBUT DE CARRIÈRE
5
Le 5 mars 1953, Joseph Staline décède. Un drame pour
certains (dont une grande partie de partisans qui n’ont pas
encore conscience de la réalité de ce qu’il fut, et changeront
d’avis dans les décennies qui suivront), une délivrance
immédiate pour d’autres. C’est L’Humanité qui annonce en
France son décès ; Deuil pour tous les peuples, titrera le
quotidien sans se rendre compte que c’était en réalité l’un des
plus grands dictateurs du XXe siècle. Dans tous les cas, la
disparition du petit père des peuples plonge les communistes
dans le désarroi et l’émotion. En effet, à l’époque, une grande
partie du milieu intellectuel et artistique français se réfère au
communisme et se considère proche du PCF ; fort du rôle clé
qu’il a joué dans la résistance contre le nazisme durant la
Seconde Guerre mondiale. Jean est de ceux-là ; compagnon du
PC jusqu’à la dernière heure, bien qu’ayant toujours gardé son
droit aux désaccords, sa liberté de pensée.
Peut-être plus encore que la mort de ce dirigeant despotique,
c’est l’exécution d’Ethel et Julius Rosenberg à l’été 1953 qui
réveille la révolte de beaucoup, dont celle d’un jeune Jean
Tenenbaum, âgé alors de presque 23 ans. Arrêté en 1950 dans
le cadre du rouleau compresseur qu’est le maccarthysme, ce
couple de Juifs new-yorkais est accusé d’espionnage pour
l’ennemie jurée : l’URSS. Quelque temps plus tôt, un comité
de défense a été mis en place en France, regroupant de très
nombreux artistes et intellectuels français, dont un certain
Louis Aragon, mais aussi Yves Montand et Simone Signoret,
Hervé Bazin, Maurice Druon… Si Jean n’en fait pas partie
(jeune inconnu qu’il est pour l’instant), il écrira cependant un
poème/chanson consacré à l’injustice qu’il voit dans cette
exécution. Puissance du capitalisme, écrasement de la liberté
de penser… On ne sait pas exactement ce qu’il contient, car,
du poème, il ne restera aucune trace. On voit ici cependant à
quel point l’oppression et les injustices sont depuis le début à
la source de sa création.
Il est essentiel de comprendre alors d’où viennent les
sympathies communistes chez Jean Ferrat. On pourrait les
situer à son entrée dans le monde du travail, sa prise de
conscience du milieu ouvrier, des forces de pouvoir en jeu.
Mais ce serait oublier son histoire, ce qu’il a traversé à
l’enfance, à savoir : la Deuxième Guerre mondiale, les périples
sur le territoire français afin de se mettre à l’abri, et plus
encore, la perte de son père, que le IIIe Reich a tué au prétexte
de purification. Or, le parti communiste est très vite devenu un
symbole durant les ténèbres que fut cette guerre (et dans la
réalité de l’Occupation). Le « parti des fusillés », celui qui a
tenu tête à l’occupant, aux nazis, les bastions des résistants,
dont certains membres ont effectivement recueilli Jean et sa
famille. Jean a donc une expérience personnelle et intense du
courage de certains communistes. Lui-même fera remarquer la
vision particulière que la jeunesse pouvait avoir du
communisme de l’époque, et la réalité de leur rôle dans le
combat contre le nazisme sur les terres françaises comme sur
le front russe :
— J’étais un adolescent. Staline, c’était comme de Gaulle ou
Roosevelt.
Il ajoute :
— Au sortir de la guerre, il y avait pour nous d’un côté les
nazis qui incarnaient le mal, et de l’autre le communisme qui
symbolisait le bien1.
Malgré son jeune âge, comment (après l’extermination des
Juifs d’Europe) ne pas se poser de vraies questions sur
l’humain, la civilisation, les peuples, la domination ? Et Jean
fait alors partie de ceux-là, ceux qui n’ont pas fermé les yeux
ou les écoutilles, qui ont toujours regardé en face l’histoire et
ses conséquences. À cela s’ajoute une seconde réalité : Jean
Tenenbaum ne rentre pas dans le moule. Artiste saltimbanque,
poète-chanteur en devenir, il a troqué une carrière stable dans
la chimie pour vivre de son art, pour être la voix des opprimés.
C’est donc à l’été 1953 que le garçon sort de La Rose rouge,
sa première véritable audition. Si Nico Papatakis, découvreur
de talents et juge impitoyable, ne lui a pas proposé de place
chez lui (et est resté relativement dubitatif devant ce corps
dégingandé et ce jeune homme excessivement discret), il a
aussi noté un je-ne-sais-quoi chez le jeune artiste, ce quelque
chose de sensuel et de profond dans la voix. Un talent, certes
encore embryonnaire, mais qui mérite encouragements. De
quoi donner à Jean le courage de persévérer. Ce qu’il fait en
reprenant sa guitare et en partant à la recherche d’un
engagement ailleurs…
Les années qui suivent sont aussi chaotiques que
mystérieuses. Jean Ferrat ne reviendra quasiment pas dessus,
très probablement dû au souvenir mitigé qu’il en garde. Il
passe alors une quantité d’auditions, exercice qui s’avère
franchement douloureux pour lui qui n’aime pas se mettre en
avant et doit jongler avec une certaine timidité.
— C’était tout à fait humiliant […]. Le fait d’avoir à prouver
quelque chose diminuait mes moyens, de telle façon que
j’étais nettement en dessous de ce que je pensais devoir faire.
Si bien que c’est la peur que j’avais qui m’humiliait.
Le cabaret est à l’époque un monde à part, le haut lieu de la
vie musicale parisienne, en particulier la rive gauche, dont le
centre névralgique et symbolique est Saint-Germain-des-Prés.
Juliette Gréco, Boris Vian, mais aussi Jean-Paul Sartre s’y
croisent. On peut imaginer l’effervescence de la pensée et de
la création, la pulsion de liberté quelques années seulement
après une guerre ayant laissé tout le monde sous le choc. On se
retrouve en sous-sol, on se serre les coudes, on rit, on boit ; le
tout entre jeunes avides de musique, avides de se créer une
famille choisie. Une famille dont Ferrat ne fait pas encore
partie, mais cela ne saurait tarder. D’ailleurs, la chanson
française elle-même évolue. Le texte tend à prendre le pas sur
la mélodie, se mêle de poésie, se moque bien d’être
« accrocheur », préfère clamer, faire rire jaune. En un sens, un
mi-chemin entre les écrivains et les chanteurs du moment qui
partagent alors leurs nuits parisiennes. Dans tous les cas, cette
évolution marquera la culture française dans son ensemble et
affûtera l’oreille de Jean qui finira par entrer dans le « club »
comme tout le monde, c’est-à-dire par la petite porte. À terme,
l’ébullition musicale s’étendra au-delà de Saint-Germain (vers
le Quartier latin jusqu’à atteindre la Butte Montmartre). Mais
le principe est le même : donner le micro à ceux qui ont
quelque chose à dire, dont certains façonneront à eux seuls la
chanson française ; Brel et Ferré à L’Échelle de Jacob ; Claude
Nougaro au Lapin agile ; Barbara à L’Écluse ; Guy Béart,
Pierre Perret, toujours Ferré à La Colombe ; Mouloudji,
Brassens, encore Brel aux Trois Baudets… Des années plus
tard (le 6 janvier 1969), nous obtiendrons ainsi l’une des plus
mythiques photographies de l’histoire de la chanson : celle de
la rencontre de Brel, Brassens et Ferré pour une interview de
Rock & Folk : les « trois grands » comme certains aiment les
appeler…
Pour l’instant, Jean Tenenbaum n’est pas encore de ceux-là,
il se perd dans la galère des recherches, il passe des auditions
un peu partout, finit par décrocher quelques engagements. Il se
produit à droite, à gauche, au Riverside, au MetroJazz, Chez
Moineau. Pour subsister, il faut se produire dans plusieurs
boîtes chaque soir, tant le cachet est maigre. Une façon de
roder ses chansons et de se roder lui-même. D’autant plus qu’il
n’est toujours pas très à l’aise sur scène, et cela se voit. Il entre
dans le panthéon du paradoxe de certains artistes : une volonté
absolue de se produire en public, d’être sous les projecteurs,
malgré une personnalité on ne peut plus réservée. Il est loin
d’être le seul à souffrir de chanter devant un auditoire. (On
pense à Jacques Brel qui avouait vomir avant d’entrer en scène
tant le trac le submergeait ; à Brassens qui aimait bien plus son
chat et sa guitare que la scène…) Un mystère qui ne sera
jamais résolu, mais qui montre chez Jean une volonté d’acier.
Car quoi qu’il en soit, Jean ne se décourage pas, démarre en
bas de l’échelle, bénéficie parfois d’un petit succès, d’autres
fois d’une indifférence polie. Il a déjà le courage nécessaire
pour vivre dans l’incertitude du lendemain, affronter le
jugement du public et des professionnels. Un courage déjà
remarqué (ou façonné) plus jeune : quand la vie l’obligea à
traverser la France et à changer d’école et de maison tous les
quatre matins.
Mais cette persévérance finira par payer. En 1954, Jean
décroche un contrat d’un mois à L’Échelle de Jacob, lieu déjà
bien installé, tenu par Suzy Lebrun, une découvreuse de talents
comme son homologue Papatakis. Chaque soir, Jean passe en
« lever de rideau », où il interprète du Mouloudji et du
Montand. Il fera d’ailleurs pour l’occasion la première partie
de Charles Aznavour à plusieurs reprises. Ce dernier n’est pas
encore en haut de l’affiche, lui non plus, et souffre comme
Jean de sa position inconfortable : montante mais raillée… On
voit ici à quel point les choses ne sont toujours pas simples,
pour les musiciens en général, pour Jean en particulier.
— Moi, je chantais quatre chansons, sur un tabouret, et
j’étais terrorisé, avouera-t-il dans Chorus des années plus tard.
À cette période, Jean a enfin pris un pseudonyme.
Tenenbaum, en plus d’être trop long, n’est pas franchement
commercial, tout le monde en convient. Il se fait appeler
désormais Jean Laroche. Analyser les noms est toujours
délicat, mais on remarque à quel point celui-ci convient à sa
stature à la fois solide et fragile : un rocher avec une touche de
féminin qui ne lui va que trop bien. Un beau nom pour ce
chanteur à la présence qui n’a d’égal que sa fragilité évidente.
Et ce Laroche ne gagnera pas le succès immédiatement. Mais
les mois passés à L’Échelle de Jacob seront un tournant non
négligeable pour lui ; ils permettront à la patronne, Suzy
Lebrun, de repérer le potentiel du jeune homme. Il n’a que
24 ans, il a du chemin à faire avant d’exploser réellement,
mais ce sont les coups de pouce qui font la différence. Aussi,
Suzy Lebrun lui dégotte-t-elle des dates en province, et même
en Belgique dans le cabaret d’un ami à Anvers. Nous sommes
à l’été 1954, ce plan est en or (en comparaison des cinq francs
qu’il gagne par soir à L’Échelle…), car il s’étale sur toute la
période estivale. Jean saute sur l’occasion pour faire ses
valises et pour quitter de manière définitive les bancs de
l’école et la carrière « raisonnable » de chimiste…
L’endroit, vendu comme sélect par Suzy, est plus trivial
qu’annoncé. Il se souvient :
— J’ai passé deux ou trois mois difficiles, parce qu’il fallait
chanter pour des gens qui avaient abusé du Maaspils, comme
ils disaient. […] Enfin, le patron était bonhomme, il faisait
respecter le silence quand je chantais…
Oui, Jean sait s’adapter et prendre ce qu’on lui offre. Il faut
bien faire ses armes quelque part si l’on souhaite parvenir à la
notoriété, ou au moins vivre de son art (un challenge, quelle
que soit l’époque…). L’épisode anversois ne le décourage pas,
bien au contraire. Sa présence commence à s’affermir. Il se lie
d’amitié avec une Odile Ezdra, débutante elle aussi, et ressort
de l’été avec une expérience en poche.
D’ailleurs, il retourne à Paris à la rentrée et recommence…
On court après les cachets, on se débrouille, on écume les bars,
on se frotte au public. Jean joue où il peut : dans les cinémas,
les cabarets, les restaurants, et même dans la rue. Lui-même
s’en rappelle avec humour :
— Des « cachets » d’aspirine qui ne calmaient pas la faim.
On en a sué ! Ce n’était pas de la galère, c’était un grand point
d’interrogation2. Il fait de la figuration à la radio (où il joue de
faux candidats dans des émissions truquées), mais aussi dans
de petites productions d’opéra ou de cinéma ; une silhouette
dans Si Versailles m’était conté et dans Notre-Dame de Paris
dans lequel jouait Gina Lollobrigida. Le souvenir qu’il en a
montre à quel point l’expérience fut douloureuse, voire
humiliante pour lui. Gina Lollobrigida était son idole (comme
pour tant d’autres…) et lui jouait un gueux dans la cour des
Miracles.
— Je voyais passer la belle Gina, ma Gina, au loin le rêve, et
moi, j’étais un ver de terre… L’étoile et le ver de terre !…
raconte-t-il avec beaucoup d’humour à France Bleu en 2008.
On peut penser ici que Ferrat connaît ses classiques et qu’il
fait référence à la pièce Ruy Blas, de Victor Hugo :
Madame, sous vos pieds, dans l’ombre, un homme est là.
Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile
Qui souffre, ver de terre amoureux d’une étoile
Qui pour vous donnera son âme, s’il le faut
Et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut
Toujours sensible à la poésie empreinte de romantisme et de
lyrisme, Jean est de ceux qui savent regarder l’homme dans sa
grandeur comme dans sa petitesse. Poésie qui, à terme,
participera à faire connaître non pas Jean Laroche, mais la
future vedette Jean Ferrat…
Comme toute histoire, il y a des points qui resteront à jamais
nébuleux. C’est le cas ici concernant le pseudonyme de Jean
Ferrat. Flou qui reflète bien la période du jeune artiste :
pérégrination semée d’embauches, chemin cahotant, bribes de
témoignage, souvenirs contradictoires et manque de traces.
Les chanteurs de l’époque, payés au noir, n’intéressent pas la
presse, et ses passages sur scène furent aussi nombreux
qu’anecdotiques (en comparaison de la célébrité future).
Aussi, c’est donc en 1955 ou en 1957 qu’enfin Jean
Tenenbaum/Laroche devient Jean Ferrat. Le 6 janvier 1955, un
patron de maison de production signe un contrat avec un
certain « Jean Ferra » (sans « t »), puis en juin de la même
année, la revue Music-hall publie le texte d’une chanson « Je
n’t’ai jamais dit », écrite par Guy Dauvilliez (ami de toujours
de Jean), mise en musique par un « Jean Ferrat ». Sauf que
Jean Ferrat lui-même se souvient d’avoir abandonné le
pseudonyme Laroche lorsqu’en s’inscrivant à la SACEM
(Société des auteurs compositeurs), il découvre qu’il en existe
déjà un autre.
— À ce moment-là, dans le métier, on me disait qu’il fallait
un nom court, que le mien serait trop long sur les affiches ;
d’abord, je tenais à mon prénom, que j’aimais bien, et j’aurais
peut-être gardé Jean Laroche si on ne m’avait pas dit à la
SACEM que ce n’était pas possible parce qu’il y en avait déjà
un.
Selon ses propres dires, c’est en regardant une carte de
France que le nom lui saute aux yeux : Saint-Jean-Cap-Ferrat.
« Ferrat » : ça sonne fort, ça sonne court, ça fonctionne. Sauf
que tout cela aurait alors eu lieu en 1957…
Peut-être faut-il regarder l’histoire autrement : peu importe
les dates, peu importe la chronologie ; tout est dans le
symbole, celui d’un cap justement. Car c’est à cette période-là,
alors que Ferrat trouve son « nom », trouve son personnage
d’artiste, que les choses commencent à se déplier pour lui,
qu’il passe un cap dans sa trajectoire de musicien. Peu importe
sa date de naissance : Jean Ferrat est là et va progressivement
faire parler de lui jusqu’à atteindre la position d’étoile de la
chanson française qu’on lui connaîtra.
1. Témoignage chrétien, 1997.
2. Libération, 1991.
6
Pour être chanteur-compositeur, il faut des textes. Or si Jean
a déjà la fibre du poète, il a jusqu’alors interprété les chansons
des autres. De plus, s’il compose depuis quelques années, les
textes qu’il écrit lui prennent un temps fou à « sortir ». C’est
un travailleur acharné, perfectionniste, ce qui peut faire frein,
mais s’avère souvent gage de qualité. Aussi, afin de trouver
des partenaires d’écriture, il a commencé depuis un certain
temps à fréquenter les maisons d’édition musicales. À
l’époque, ce sont un peu des laboratoires d’expérimentation,
des lieux de rencontres entre auteurs et compositeurs, mais
aussi producteurs. Et c’est effectivement là qu’il rencontre
l’éditeur Maurice Vandair, qui va jouer un rôle déterminant
dans sa carrière.
C’est donc en 1956 qu’une étincelle jaillit. Jean, poète dans
l’âme, raconte cet instant de vie, en lui-même déjà poétique.
Un jour, alors que Jean fredonne l’une de ses propres
compositions, l’éclair frappe : un poème lu quelques années
auparavant lui revient à l’esprit ; un poème de Louis Aragon…
L’intuition est moteur de la création. S’il ne se souvient sur le
moment que de quelques strophes, il sait que cet air joliment
mélancolique se marierait à merveille avec les mots d’Aragon.
— Je me suis précipité vers ma bibliothèque, j’ai ouvert la
page, et la mélodie cadrait parfaitement. Voilà la première
rencontre miraculeuse entre Aragon et moi.
Un miracle, oui. Hormis pour deux, trois notes, il n’y a rien à
changer dans la composition de Ferrat, tout colle avec ce
poème qui ouvre le recueil Les Yeux d’Elsa et donne ainsi son
nom à la chanson. Mettre un poème d’amour en chanson est
particulièrement risqué, mais Jean relève le pari haut la main :
Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire
J’ai vu tous les soleils y venir se mirer
S’y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire
Les vents chassent en vain les chagrins de l’azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu’une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d’après la pluie
Le verre n’est jamais si bleu qu’à sa brisure…
Tout le poético-romantique de Jean se trouve dans ces vers.
L’amour, la femme, la misère. Aborder le sublime et le triste
par un autre prisme, en prenant de la hauteur. Au fond, le style
Ferrat est déjà là.
Aussi, Jean, anxieux mais intimement persuadé de ce qu’il
tient en main, décide de présenter son adaptation à Maurice
Vandair qui est immédiatement séduit. Lui-même compositeur
de musique plutôt musette (il a travaillé avec Maurice
Chevalier), Vandair a l’étrange idée de proposer le morceau à
André Claveau, chanteur de charme qui jouit d’un grand
succès et interprète des bluettes plutôt doucereuses tels
« Cerisiers roses et pommiers blancs », « Seul ce soir »,
« Domino ». À la surprise de tout le monde, Claveau accepte
la chanson. Peut-être veut-il changer son image, élargir son
répertoire ; c’est du moins ce que suppose Jean.
— Je crois que c’est justement ça qui l’a attiré. Parce que
c’était inhabituel, dira-t-il plus tard dans Je chante.
Et très vite, en février 1956, la chanson est enregistrée, puis
passe à la radio. Sans être un succès phénoménal, elle permet à
Jean d’exister dans le milieu. À l’époque, lui ne s’en rend pas
compte :
— Ça n’a rien permis du tout ! Cela faisait plaisir à ma mère
et à moi quand on l’écoutait parce que c’est un peu passé à la
radio, c’est vrai, mais moi, je continuais à peiner. Ce n’était
pas facile3.
Pourtant, il arrive alors une chose inattendue pour un artiste
relativement anonyme : il passe à la télévision et y interprète
lui-même la chanson. Même si peu de gens possèdent un poste
de télévision à cette époque, ce n’est pas rien. Le 3 décembre
1956, Jean arrive sur le plateau de l’émission Le Bouquet de
joie, présenté par André Hugues. Vêtu d’un costume gris et
accompagné de sa guitare, il chante pour la première fois sa
propre création. Jeune et incertain, il réussit cependant à poser
sa voix et à offrir à un public large le poème d’Aragon
(tronqué de sept quatrains par rapport à l’original). Le
morceau existera d’ailleurs sous plusieurs formes plus ou
moins longues. Celle de Claveau, bien sûr, une première
tentative de Ferrat dont il ne sera jamais satisfait, puis,
finalement, une version plus longue enregistrée en 2002 à
l’occasion de l’album Ferrat chante Aragon.
Que le morceau, sa genèse ou sa portée sur le moment, ait
été ou non le début de quelque chose, cela n’importe guère.
Car c’est avant tout le début d’une histoire d’amour, une
rencontre : celle d’un auteur-compositeur-interprète et celle
d’un poète. Pas n’importe quel poète, et ayant vécu pas
n’importe quelle vie…
Louis Aragon voit le jour le 3 octobre 1897 à Paris. Il sera
tout à la fois écrivain, poète, romancier, journaliste, essayiste,
surréaliste, militant… Enfant illégitime que son père Louis
Andrieux, préfet de police, puis député, issu de la haute
bourgeoisie protestante, n’a jamais voulu reconnaître, il est
élevé par sa mère Marguerite Toucas, jeune fille de la
moyenne bourgeoisie catholique, qui tient avec l’aide de sa
mère et ses deux sœurs une pension de famille à Paris.
L’enfant grandit donc principalement entouré de femmes et
portera toujours en lui la grande souffrance de ne pas être
reconnu par son propre père. Prodigieusement doué pour
l’écriture, le très jeune Louis compose ses premiers écrits, des
romans et de la poésie, avant même d’atteindre l’âge de 10
ans. Lecteur avide et élève brillant, probablement même
surdoué selon certains, Aragon est bachelier en 1915 et
commence alors des études de médecine. L’année suivante, le
jeune étudiant fait une rencontre décisive, celle d’André
Breton, le futur poète et écrivain français, chef de file du
mouvement littéraire surréaliste. Les deux hommes se lient
d’amitié, une amitié vouée à durer.
En 1918, Aragon publie ses premiers poèmes avant d’être
mobilisé sur le front des Ardennes, durant la Première Guerre
mondiale, en tant que médecin auxiliaire et brancardier. On le
décore de la croix de guerre pour son courage, mais il reste
mobilisé deux ans supplémentaires, pendant l’occupation de la
Rhénanie. C’est là qu’Aragon entame son roman Anicet ou le
panorama (1921), marqué par les horreurs de la guerre.
Enfin démobilisé, il entre et fonde avec ses deux amis André
Breton et Philippe Soupault (également poète et journaliste) la
première revue surréaliste, Littérature. Aragon devient alors
un des piliers des mouvements littéraires surréaliste et
dadaïste. Hautement empreints de désir de libération, ces
mouvements cherchent une rupture avec les formes
d’expressions littéraires, intellectuelles et artistiques
traditionnelles. La notion de liberté est fortement ancrée en
Louis Aragon, notamment de par son expérience active de la
guerre, qui a été déterminante pour son état d’esprit et ses
créations. Elle est effectivement omniprésente dans son œuvre,
dans le fond comme dans la forme, et on peut supposer qu’elle
a résonné à l’oreille du jeune Jean Tenenbaum quand il sera en
âge de les lire… C’est d’ailleurs la base même de l’écriture
automatique, technique qu’il utilise pour une grande partie de
ses poèmes et romans au cours des années 1920, censée
permettre une libération de la raison, la création dans un état
de pureté et de lâcher-prise total.
À cette période, la vie personnelle d’Aragon prend
également un tournant, puisqu’il devient l’amant d’une riche
héritière, la femme écrivain Nancy Cunard. Cette Anglaise,
qui est également poétesse et surtout militante politique,
passera une grande partie de sa vie dans une lutte perpétuelle
contre le racisme, puis le fascisme. Durant les deux années de
leur relation, elle fait voyager Aragon avec elle dans toute
l’Europe, lui offre le monde… Sur le plan politique, Aragon
baigne alors dans un jus qui lui correspond tout à fait : un
entourage engagé. En janvier 1927, il ne manque finalement
pas d’entrer au parti communiste français avec son ami André
Breton.
Mais l’année suivante, sa vie se complique sur tous les
plans : aussi bien personnel, avec la fin de sa relation avec
Nancy Cunard, que professionnel, avec de très importants
problèmes financiers qui l’accablent. Louis Aragon tente alors
de se donner la mort en septembre 1928 dans un hôtel à
Venise. Épisode bouleversant, cet événement est d’ailleurs
évoqué dans son célèbre poème Il n’aurait fallu, chanté
quelques décennies plus tard par Léo Ferré. Deux mois à peine
après sa tentative de suicide, sa vie passe du drame à une
rencontre d’exception. Aragon fait la connaissance d’Elsa
Triolet à Paris, dans le café La Coupole où se côtoient les
artistes de l’époque. Elsa est la belle-sœur du grand poète et
dramaturge russe Vladimir Maïakovski. Elle-même femme de
lettres, elle est d’origine russe, née de parents juifs dans une
famille d’intellectuels. Triolet offre alors une brutale
résurrection à l’écrivain, devenant le grand amour de sa vie et
incontestablement la plus grande muse de son existence, en
inspirant à Aragon un nombre considérable de poèmes, dont,
bien évidemment, Les Yeux d’Elsa…
Après un voyage en URSS à l’automne 1930, où il assiste à
un congrès d’écrivains révolutionnaires, Aragon prend
conscience qu’il doit choisir son camp entre les communistes
et les surréalistes. En effet, les premiers rejettent clairement les
derniers, et le poète s’engage alors aux côtés des communistes,
s’éloignant par là même de Breton et du surréalisme. Ce
« divorce » est prononcé suite à la publication du poème Front
rouge. Ce texte, nettement tranchant, est une ode d’Aragon à
l’URSS qui lui vaut une inculpation pour appel au meurtre
avec le vers « Feu sur Léon Blum ». Après cet événement,
l’écrivain s’installe en Union soviétique avec Elsa Triolet, qui
fait soutien au poète en deuil d’une famille.
L’année suivante, le couple revient en France, et Aragon est
nommé successivement journaliste à L’Humanité et secrétaire
de rédaction de la revue Commune, créée par l’Association des
écrivains et artistes révolutionnaires. En parallèle à ses
activités de militant, Aragon continue d’écrire, cette fois-ci
dans un style plus classique et en orientant ses écrits vers une
importante critique sociale. La lutte des classes est alors son
cheval de bataille, une forme de « liberté », une de celles qui
happeront Jean dès son entrée dans la vie active.
En 1939, Louis Aragon épouse Elsa Triolet, puis il est
mobilisé, partant ainsi pour le front lors de la Seconde Guerre
mondiale. Il sera de ceux qui auront participé non pas à une
guerre mondiale, mais à deux… Cela va sans dire, il prend
parti et participe activement à la résistance contre le nazisme.
Il fonde notamment le Comité national des écrivains avec son
épouse et retourne également à la poésie avec le recueil Les
Yeux d’Elsa (1942), dédié à celle-ci. Pendant ce temps, il faut
imaginer le jeune Jean parcourant la France en guerre,
accueilli généreusement par des résistants communistes
justement, découvrant que la solidarité et le combat pour les
libertés se trouvent (en partie) du côté des communistes…
D’ailleurs, l’écrivain multiplie les écrits sous pseudonyme
pendant ces années de Résistance et s’illustre, sans appel,
comme étant pour la Seconde Guerre la mémoire poétique de
ses résistants.
Après la guerre, Aragon passe alors son temps entre ses
écrits et le parti communiste. Au fil des années, prenant peu à
peu conscience de la répression stalinienne (entre autres grâce
à sa femme), ses positions évoluent… Il garde cependant le
silence, ne voulant pas entacher le parti dont il est activement
membre. D’ailleurs, en 1956, il ne prend pas officiellement
position sur le « rapport Khrouchtchev » ni sur la répression
des insurgés de Budapest. Ce n’est que dans sa littérature, son
autobiographie poétique, Le Roman inachevé, qu’il avouera la
souffrance intime suscitée par la révélation des crimes des
régimes en URSS. Mille neuf cent cinquante-six comme un
poignard sur mes paupières. Si Aragon finit par exprimer une
très vive condamnation des pratiques totalitaires du
communisme soviétique, il est clair que le « deuil » fut plus
long pour lui que pour d’autres. Plus long que celui de Ferrat
qui a su très vite regarder en face les horreurs du stalinisme.
Bien évidemment, les deux situations ne sont pas
comparables : l’un n’était qu’un jeunot durant la guerre et
l’après-guerre, l’autre un vétéran, activement engagé dans la
Résistance et dans le parti.
Concernant les années 1950, une jolie anecdote relie nos
deux artistes : dans un entretien avec Jean Ristat en 2003, Jean
se souvient d’avoir été à la rencontre de son idole alors qu’il
n’était encore qu’un jeune chimiste. Il se rend à la vente du
Comité national des écrivains, où Aragon dédicaçait des livres,
Jean étant venu se faire signer le recueil Les Yeux d’Elsa…
Hormis le poète lui demandant son nom, aucun échange n’aura
lieu. Bien plus tard, alors qu’Aragon sera déjà un « vieux
monsieur », Ferrat, commençant à connaître la gloire,
rencontrera à plusieurs occasions le grand homme à Paris dans
sa demeure.
La fin de la vie d’Aragon est d’ailleurs plus paisible. Sa
femme décède en 1970, après quoi, il affiche enfin ses
penchants homosexuels (ou probablement bisexuels). Louis
Aragon meurt chez lui le 24 décembre 1982, à Saint-Arnoult-
en-Yvelines, après une immense contribution littéraire et
militante, après avoir marqué à jamais l’esprit de beaucoup
d’artistes de tout genre, dont celui de Jean Ferrat qui sera son
plus grand porte-parole.
Certains jours, j’ai rêvé d’une gomme à effacer l’immondice
humaine, clamera le jeune Aragon dans Le Journal du
surréalisme ; on peut dire qu’un lien presque tellurique aura
toujours réuni les deux âmes : une sensibilité à l’horreur, une
expression poétique de la colère et de la révolte, un refus de
l’« immondice humaine ».
3. Paroles et Musique, 1980.
7
Tandis que Jean s’apprête à rencontrer le grand amour, qu’il
vient d’assumer sa passion pour le poète communiste qu’est
Aragon, la situation politique à l’est s’envenime, et l’évolution
du communisme prend un virage à 90 degrés.
En effet, en février 1956, le fameux rapport Khrouchtchev
ébranle l’univers communiste, d’abord en Russie, puis à
travers le monde. Cette dénonciation des crimes du camarade
Staline par le XXe congrès du parti communiste soviétique met
au jour sa férocité, la face cachée du dictateur. S’ensuit la
révolte de Budapest, écrasée dans le sang par l’armée
soviétique. L’Union soviétique montre qu’aucune dissidence
ne sera tolérée, montre son vrai visage. L’écrasement de
l’insurrection hongroise, ajoutée à la dénonciation des crimes
commis par Staline, secoue de nombreux partisans du
communisme français, tandis que le parti, lui, suit
aveuglément les consignes de Moscou. S’ouvre une période de
déchirement pour tous ceux qui ont cru à l’idéal communiste.
Certains tombent dans une amère désillusion, d’autres dans un
déni coupable. Une partie des intellectuels français,
compagnons du parti, les « communistes de Saint-Germain-
des-Prés » pour ainsi dire (Picasso, Henri Wallon, Sartre et
Beauvoir, pour n’en citer que quatre), s’insurge, lance une
pétition contre l’intervention en Hongrie. On le comprendra
plus tard, lorsque les points de vue politiques de Ferrat se
feront plus clairs : lui-même fera partie de ceux qui ont
accepté de regarder la réalité en face sans pour autant renier
l’idéologie communiste dans ses composantes moins
dictatoriales…
L’année 1956 est donc chargée d’émotion : avancée
professionnelle pour Jean Ferrat dont la première chanson
« Les Yeux d’Elsa » est offerte au grand public, mais plus
encore, tournant personnel pour Jean Tenenbaum. Parmi les
personnes qu’il croise et recroise dans les cabarets, une
certaine Christine a attiré son attention. Jeune comédienne,
elle a décidé depuis peu de s’essayer à la chanson. Sa fougue,
son expérience, son tempérament font de cette jeune femme
(du même âge que Jean à quelques mois près) une personnalité
que l’on remarque ; Jean le premier. On l’imagine l’admirer de
loin, lui le timide, elle l’extravertie. C’est le hasard, ou l’entre-
soi généré par ce petit milieu qui permet à Jean et à Christine
de faire réellement connaissance lors d’un dîner chez des amis
communs. À ce qu’en raconte Ferrat sur France culture en
1989, la rencontre est à la hauteur de la personnalité de
Christine, de l’envie de vivre du jeune homme, de
l’effervescence du milieu artistique nocturne :
— Elle était tellement contente de me voir qu’elle m’a filé
un grand coup de poing dans le plexus, et moi, je lui ai
retourné une paire de baffes ! Alors, on s’est empoignés, il y
avait un aquarium sur une table qui a volé… Bref, il a fallu
que les copains s’interposent parce qu’on se bagarrait.
Comment cette incartade quasi comique s’est transformée en
histoire d’amour durable, on n’en connaîtra jamais les détails.
Un mythe raconte que Christine est tombée sous le charme de
Ferrat en l’entendant interpréter « Les Yeux d’Elsa » ; un autre
raconte que c’est elle qui l’a charmé en interprétant
« L’Homme-sandwich » (répertoire de Jean lui-même)… Dans
tous les cas, il est évident que Christine subjugue Jean. La
jeune femme a déjà beaucoup vécu, a une très jeune fille née
d’une amourette. Elle vient de se lancer dans le cabaret en
cette année 1956, où elle démarre en interprétant du Brassens
au Cheval d’or. Son expérience de comédienne lui offre une
présence scénique indéniable. Tout le monde s’accorde à dire
qu’elle possède un talent incroyable, interprétant ses chansons
avec la plus grande sobriété tout en parvenant à faire passer
des émotions d’une simple expression de visage. C’est aussi
dans son côté engagé qu’elle se démarque. Elle est sensible
aux textes qui clament une colère ; ils sont plus âpres même
que ceux interprétés par Jean. Et si c’est cette personnalité
hors du commun qui séduira le jeune homme de 25 ans, il est
aussi évident qu’elle aura une influence notable sur sa
personne comme sur sa carrière. Mais ce qui les réunit au
départ, c’est peut-être ce mélange entre une grande sensibilité
et la vie d’artiste ; l’exaltation et les galères qui vont avec…
— Je grattais ma guitare où je pouvais ; elle, elle était
comédienne et essayait de se débrouiller comme elle pouvait.
Alors, on a uni nos deux errances… dira Jean avec tendresse
dans un numéro de Je chante en décembre 1994.
Mais on ne devient pas une « écorchée vive », comme
aiment la décrire ses proches, sans un parcours quelque peu
chaotique. Comme Jean, Christine est née sous un autre nom.
C’est une Jacqueline Amélie Estelle Boissonnet qui voit le
jour le 25 mars 1931 à Paris. Si Jean a trouvé son patronyme
sur une carte de France, Jacqueline/Christine l’a déniché sur
un plan de métro (la station Sèvres-Babylone, où elle réside).
Dès ses huit ans, sa vie prend un tournant assez sombre : ses
parents divorcent (événement délicat en 1939…). La petite va
habiter avec son père, Jacques Boissonnet, mais vit dans
l’aigreur d’une belle-mère qui, selon elle, lui a « volé » son
père. Cette situation et une personnalité déjà instable, voire
explosive, la poussent à fuguer à plusieurs reprises, et ce, dès
ses 14 ans, jusqu’à quitter le foyer définitivement à 16 ans.
Vivre de petits boulots, dormir dans la rue n’est pas une vie
pour une si jeune adolescente. En revanche, cela fait écho à
l’attirance avide de Christine pour les arts. Lorsqu’elle était
enfant déjà, ses parents l’imaginaient devenir écrivain ou
chanteuse. Elle étudie le piano, le chant, écrit à ses heures
perdues, se passionne pour la poésie. Très vite, elle s’inscrit à
des cours de théâtre chez Roger Clairval, et c’est à cette
occasion qu’elle change de nom. Parallèlement, elle prend tous
les boulots qui se proposent à elle : mannequin, chauffeur de
taxi, employée de bureau, vendeuse, serveuse. Elle va jusqu’à
crayonner des portraits pour les clients des terrasses de cafés
au nom mythique, tels que Les Deux Magots ou le Flore. Car
oui, en plus d’écrire, de jouer et de chanter, Christine sait aussi
dessiner… Et Saint-Germain-des-Prés est déjà le centre
géographique de sa vie de bohème avant même qu’elle ne se
lance dans la chanson. On voit ici une cohérence aussi joyeuse
que douloureuse dans la vie de cette jeune fille aux mille
talents, brûlée par l’envie de vivre de « ses » arts, au point
d’exister dans une relative misère et une réelle instabilité. Bien
sûr, c’est probablement ici que Christine s’est forgé un
caractère singulier, résilient ; une battante à l’âme de poète.
D’ailleurs, elle commence par constituer un récital de poèmes
qu’elle présente au Plein Vent, au sous-sol d’une librairie. Elle
y déclame du Michaux, du Prévert, de l’Apollinaire. On
imagine Jean, à la même période, se régaler d’Aragon et autres
poètes dans son salon et on voit alors à quel point leur
rencontre était presque de l’ordre de la destinée… La carrière
de comédienne de Christine peine cependant à se lancer, en
grande partie du fait de son intransigeance sur la qualité et son
dégoût à se « présenter » aux producteurs. Le machisme
ambiant de l’époque devait être tout particulièrement de
rigueur dans les milieux du théâtre et du cinéma, et on
comprend bien en quoi une jeune femme si droite se refuse à
se « prostituer » pour obtenir des rôles. C’est en janvier 1953
que survient l’un des plus grands événements de sa vie (de la
vie de toute personne) : Christine met au monde une petite
Véronique. Le père, au départ simple liaison, promettra le
mariage à Christine pour finalement se défiler, puis, dans la
foulée, disparaître complètement. Véronique sera donc plus ou
moins orpheline de père ; du moins, jusqu’à l’arrivée de Jean
Ferrat dans leur vie. La petite grandira cependant en partie
chez des « parents nourriciers », sorte de famille d’accueil qui
s’avérera très chaleureuse. C’est sa grand-mère qui insistera
pour que Véronique bénéficie d’un environnement stable,
contrairement à la vie d’artiste de sa mère absolument
inappropriée à un jeune enfant.
Ainsi libre de mener à bien ses projets, Christine se tourne
vers la chanson. Elle-même expliquera dans Nous deux en
1965 qu’il s’agissait surtout de trouver de quoi manger :
— J’avais choisi d’être comédienne, et très classiquement,
j’ai crevé de faim. Mais, bah, il y avait les copains… Tout de
même un jour j’en ai eu assez. Le Théâtre me boudait. « Bon,
je vais monter un tour de chant. Plus exactement je vais
interpréter des poèmes mis en musique. » Vous voyez bien que
pour mes débuts, je n’ai demandé à la chanson que de
m’assurer ma pitance quotidienne.
Mais il est évident que la musique fait déjà partie intégrante
de sa vie. Sans compter qu’il n’y a qu’un pas entre les lettres
et la chanson à cette époque, surtout lorsque l’on interprète des
poèmes mis en musique… On voit ici comme les deux futurs
tourtereaux partageaient a priori les mêmes sensibilités : celle
pour les mots, pour l’expression des émotions en musique,
pour les arts en général.
Christine rencontre d’abord Francis Claude qui la fait passer
au Milord l’Arsouille. Puis en 1956, Jean-Pierre Suc l’engage
au Cheval d’or. Plus tard, Claude Vinci louera son talent en ces
mots élogieux :
— Ce qui frappait chez elle, c’était l’interprète ; la présence,
dans une très grande sobriété. Dès qu’elle levait le petit doigt,
ça prenait une importance extraordinaire, tout comme ses
expressions du visage. Avec une voix jamais lisse, où tout y
est sans rien faire, sans aucun effet factice. Pour moi, elle reste
l’une des plus grandes interprètes qu’on ait connues.
C’est alors deux talents différents dans la forme, mais
semblables dans le cœur qui tombent amoureux.
À l’époque, Jean a quitté Versailles pour Paris. Sa vie
devenue nocturne, sa tante Léontine maintenant décédée et la
santé fragile de sa mère obligent Jean et Antoinette à revenir à
la capitale. Si cela a été possible, c’est grâce à la générosité de
Raymonde, qui propose de les accueillir dans l’immense
appartement qu’elle occupe avec son mari Camille Chaleix et
leur fille Sylvie. C’est donc rue des Pyrènes que loge Jean ; et
c’est dans ce même appartement qu’il emménage avec
Christine ! Il faut dire que les fins de mois sont rudes, que la
vie d’artiste débutant n’offre pas les finances nécessaires au
couple pour posséder son propre appartement. Loin d’être une
situation temporaire, ils y resteront quatre ans, vivant ainsi à
six sous le même toit.
Il faut ce qu’il faut pour percer. Pendant ce temps-là,
Christine et Ferrat grimpent quelques marches, en duo comme
chacun de leur côté. Au départ, c’est plutôt Christine qui
trouve ses entrées dans de plus en plus de cabarets, son
expérience et son tempérament de feu ne laissant personne de
marbre. Au Cheval d’or, elle interprète « La Rue » de Ferré,
« Le Lézard » de Bruant, « Les Croquantes » de Brassens,
devant un public sympathique (dont certains habitués s’avèrent
être François Truffaut, Robert Doisneau, Jean-Claude Carrière
et Georges Brassens lui-même !). En 1957, elle entre Chez
Moineau, puis au Club du Vieux Colombier, puis enfin à
L’Échelle de Jacob. Elle finit par traverser la Seine pour
atterrir Chez Gilles, un cabaret légendaire de l’avenue de
l’Opéra. Que de grands noms, pour une jeune femme qui est
déjà une « grande dame ». Un article de 1958 paru dans Le
Monde loue son interprétation de Bruant : Le choix est
excellent et colle à la silhouette frêle, souffreteuse, au teint
pâle, de cette enfant de Paname. C’est une vraie « misère »,
une Piaf sur le mode mineur.
Généreuse, elle partage sa lancée avec son compagnon. C’est
par elle, du moins, que Jean obtient une audition au Milord
l’Arsouille, cabaret tenu par Francis Claude, dont Ferré, Béart,
Brel ou encore Mouloudji fouleront les planches. Au piano, un
certain Lucien Ginsburg accompagne les chanteurs… Un
inconnu qui prendra un jour le nom de Serge Gainsbourg ! À
l’audition, organisée sur un coup de tête, Ferrat interprète
« Mon pote le gitan », « Les Yeux d’Elsa » et des poèmes de
Prévert mis en musique par Kosma. Il séduit immédiatement et
se voit proposer de passer quelques mois plus tard, après la fin
du contrat de Claude Vinci, dont le style est trop semblable.
(Claude Vinci qui deviendra l’un de leurs plus proches amis.)
En attendant, Ferrat continue de se perfectionner Chez
Moineau, cabaret tenu par un couple chaleureux du même
nom. Chez les Moineau, la femme est aux fourneaux et sert du
couscous entre deux chanteurs. La salle est petite, toute en
longueur. Il n’y a pas de loge, mais une ambiance bohème où
tout le monde se côtoie ; ce « tout le monde » incluant alors
des artistes comme Barbara, Anne Sylvestre, Christine Sèvres
et une amie chère à cette dernière, Francesca Solleville, qui
n’hésitera pas à dire de Christine qu’elle « était la meilleure »,
« la grande classe », « l’émotion pure ». Les femmes
semblaient alors à l’honneur dans ce petit cabaret où Jean
passe le plus clair de son temps : soit il y joue lui-même, soit il
vient chercher sa Christine…
Nous sommes en 1957, Jean commence enfin à cumuler les
lieux de représentation ; le Milord l’Arsouille, Le Port du
Salut, Chez Moineau… pour finir par pousser les portes du
restaurant-cabaret La Colombe, sur l’île de la Cité, où il se
produira pendant pas moins de quatre ans ! Dirigé par Michel
Valette, un énième chasseur de talents de cet âge d’or du
cabaret, La Colombe fait aussi partie de ces salles ayant
accueilli les débuts d’artistes qui feront plus tard parler d’eux,
comme Pierre Perret, Guy Béart ou encore Anne Sylvestre. Ce
que préfère Valette, ce sont les chanteurs qui s’accompagnent
de leur seule guitare. Il a lancé son cabaret sur l’essentiel : une
passion pour la chanson. On raconte qu’à ses débuts, c’est lui-
même qui chantonnait sur scène, puis il a invité le public à
participer contre un verre ou deux. Il embauche finalement des
artistes, commençant par Guy Béart qui participe grandement
à lancer son business. Le succès est au rendez-vous, au point
qu’il se voit obligé de faire passer des auditions. C’est alors
Jean Ferrat qui débarque un jour devant lui. Tout de suite attiré
par son timbre de voix, sa présence en demi-teinte (discrète,
mais éminemment sincère), Valette lui reproche cependant des
attitudes quelque peu « superficielles », empruntées
probablement aux artistes qu’il interprète. Il veut Ferrat dans
toute son individualité, il veut qu’il trouve son style
personnel ; après cela, il sera le bienvenu dans sa salle… Ce
refus provisoire est finalement l’un des meilleurs conseils que
l’on pouvait donner à ce jeune artiste qui cherche sa voix. Et
même si l’on imagine Ferrat déçu, voire vexé, il y a un
compliment caché derrière. Jean lui-même s’accordera sur
l’influence énorme des « géants » qui l’ont précédé, influence
à double tranchant :
— Je commençais à écrire et j’étais influencé par les succès
de cette époque, en particulier par ceux d’Yves Montand et de
Francis Lemarque, parce qu’ils avaient, à mon avis, la grande
qualité d’être à la fois de qualité [sic] et populaires. Et c’est
toujours ce que j’ai essayé de faire par la suite. En fait, c’est
l’idéal.
En revanche, c’est sa façon à lui d’être « à la fois de qualité
et populaire » que doit trouver Ferrat. Pour cela, Jean travaille,
modifie, pour revenir finalement quatre mois plus tard devant
Valette, dont l’avis reste mitigé :
— Il avait évolué, avait gommé tout ce qui faisait trop penser
à Montand. Scéniquement, je le trouvais trop discret. On avait
l’impression qu’il ne cherchait pas à accrocher. On ne
ressentait pas en lui ce que l’on trouve chez beaucoup de
chanteurs : le goût d’aimer chanter en public, racontera-t-il.
Effectivement, Ferrat est bien loin de posséder la gouaille de
nombreux artistes habitués du lieu. Jean ne cherche jamais le
m’as-tu-vu, voire le fuit. Une qualité autant qu’un frein dans
un milieu si compétitif. Il est cependant engagé et passera
durant quatre ans par tranches de trois, quatre semaines,
plusieurs fois par an. Jean et Christine ont alors trouvé une
famille, un foyer où grandir, un foyer qui leur ressemble. Car
ce lieu ne manque pas d’originalité. Tout y est unique en son
genre, de la structure (plusieurs petites pièces séparées où une
petite trentaine de clients écoutent des artistes différents) à la
gestion des tours de chant. En effet, l’organisation y est à la
fois extrêmement structurée, mais absolument égalitaire.
L’ordre de passage du chanteur dépend de son ancienneté
(d’abord premier, puis deuxième, etc.), avec des sets de plus
en plus longs. Il y a ainsi des échelons à gravir, que Jean
affrontera patiemment. En un sens, pas de tête d’affiche, pas
de star mise en avant, mais un travail récompensé ; voilà bien
une mentalité qui sied à Jean Ferrat. Si pour le public cette
sorte d’égalitarisme où tous les artistes sont logés à la même
enseigne (ils sont d’ailleurs payés le même cachet) et où on ne
connaît pas le programme à l’avance peut dérouter, la recette
marche et l’ambiance y gagne. Ferrat ne passera pas quatre
années de sa vie dans ce cabaret pour rien : cette façon de voir
les choses lui parle. Il y a même quelque chose de
symboliquement proche de la condition ouvrière : la vie
d’artiste est dure et demande de l’abnégation (la liberté de
vivre de son art en bonus !). Si Jean est une cigale, il a la
conscience des fourmis. Il raconte :
— Là, il faut assurer […] Et c’est très dur
psychologiquement. Il faut arriver à résister, surtout quand ça
dure des années.
Jean l’a prouvé depuis longtemps : il possède une résistance
et un moral de fer appropriés à ce combat. Et si La Colombe
ne lui apporte pas la notoriété qu’il espère ni les revenus
nécessaires pour vivre correctement, il lui procurera autre
chose : une formation, des rencontres, une période de stabilité.
Et cette expérience lui offre d’ailleurs sa première critique
journalistique, car le 7 décembre 1957, Paris-Presse,
L’Intransigeant le cite dans l’un de ses papiers : À La
Colombe, Guy Béart chante un soir sur deux en compagnie de
jeunes débutants sur lesquels nos découvreurs de talents
feraient bien d’aller jeter un œil. Par exemple Jean Ferrat et
Anne Sylvestre, deux auteurs-compositeurs-chanteurs à qui le
dixième de la publicité qu’on a faite sur les chansons
médiocres de Françoise Sagan ferait un bien mérité.
D’ailleurs, ce n’est pas étonnant que, durant cette période,
Jean continue d’écrire, mais surtout compose de plus en plus.
En obtenant l’examen d’entrée à la SACEM en 1958, il
devient, et ce n’est pas rien, un véritable auteur-compositeur !
Après avoir écrit pour l’occasion deux couplets et un refrain,
le voilà auteur. (Ce n’est qu’en 1960 qu’il deviendra
compositeur enregistré à la SACEM.) Pour l’instant, la
majorité de ses chansons sont le fruit de collaborations et
forment un joyeux bordel éclectique (« L’Homme-sandwich »,
« Le Lézard », « Fredo la nature », « Les Yeux d’Elsa »,
« Betty de Manchester » et quelques autres). Ce début de
répertoire concorde avec l’arrivée du premier
« enregistrement » de Ferrat. Pas le sien à proprement parler,
mais un premier pas vers la présence de sa musique en dehors
des cabarets. Aussi, en août 1958 sort un 45 tours intitulé
« Betty de Manchester » : musique de Jean Ferrat, paroles de
Roger Rabiniaux, interprété par une chanteuse talentueuse
nommée Georgie Viennet. Cette jeune femme amie de Léo
Ferré montrait une carrière prometteuse qui est finalement
tombée à l’eau.
Notre Jean entrouvre ici une porte : l’univers merveilleux de
la distribution de sa musique et donc de l’hypothétique
renommée.
8
Au moment où Ferrat s’apprête à sortir son véritable premier
disque, la France est en ébullition. Face à la crise algérienne,
Charles de Gaulle accepte en mai 1958 de former un
gouvernement et est nommé président du Conseil. Son rôle :
gouverner par ordonnance pour une durée de six mois, mais
surtout rédiger une nouvelle constitution qui sera adoptée par
référendum avec 80 % des voix. Et tandis que la France entre
dans la Ve République, il en devient son premier président avec
une très large majorité. Victoire pour de Gaulle, année
constituée de hauts et de bas pour Jean Ferrat qui se voit
enregistrer lui-même ses chansons pour la première fois.
Et ce n’est pas chez un inconnu que le chanteur enregistre
son premier album, mais chez la firme déjà hautement
renommée qu’est Vogue. Le petit 45 tours de quatre titres,
accompagnés chacun d’un orchestre, sort en septembre 1958.
Le tout est plutôt bien mené, bien enregistré, bien que
balbutiant. Quoi de plus normal pour un début (un embryon)
de carrière. Jean, toujours aussi frêle, pose chemise ouverte sur
la couverture et dégage déjà ce qui fera sa marque de
fabrique : une présence discrète mais chaleureuse. Le disque
s’ouvre sur « Mercenaires », qui donnera plus tard le nom à
l’album. C’est une jolie chanson coécrite par Ferrat et son ami
Guy Dauvilliez, rythmée par des roulements de tambour,
rappelant certains chants populaires traditionnels et dénonçant
les miséreux obligés de devenir mercenaires :
Sans argent et sans métier que pouvions-nous faire
Pas besoin d’être bachelier pour partir en guerre.
Car on ne possédait rien que des souliers fatigués
Que les herbes des chemins la nuit pour se reposer
La chanson d’amour « Ma vie qu’est-ce que c’est » qui suit
est, elle, écrite et composée exclusivement par Ferrat. Valse
musette où Ferrat déclare son amour à une môme des
faubourgs, des années avant son emblématique « Ma môme ».
Le morceau suivant, « Frédo la nature », est signé Favre pour
le texte et Ferrat pour la musique. Étrange chanson qui nous
narre l’histoire d’un amoureux de la nature qui assassine son
rival après que celui-ci a osé marcher sur ses plantations :
De l’amour, ton seul domaine, tu devins l’expert
Mais tu n’avais qu’une rengaine, « Je veux m’mettre au vert »
Jardinier pendant que ces dames en toute saison
Arpentaient le macadam, tu coupais l’gazon
Mais il a fallu qu’un pote, sans ta permission
Vienne un jour fourrer ses bottes dans tes plantations
D’un coup d’sécateur rapide, tu lui as coupé
Un p’tit morceau d’carotide, c’était régulier
Certains argueront qu’il y a une histoire secondaire cachée
derrière, plus symbolique, celle d’un proxénète. Cette chanson,
déjà curieuse, deviendrait alors un hommage aux chansons
dites « réalistes » qui fleurissaient à l’époque.
« L’Homme-sandwich », déjà chanté à maintes reprises par
Ferrat dans les cabarets, écrit et composé par lui seul, ferme
l’album. On ne peut que noter la ressemblance avec le chef-
d’œuvre de Gainsbourg, « Le Poinçonneur des Lilas » :
l’homme lambda qui traîne sa mélancolie et rêve à d’autres
horizons… Si tout le monde s’accorde à dire que la chanson ne
vaut pas celle du Grand Serge et que l’influence d’Yves
Montand y est peut-être un peu trop présente, les paroles ne
sont cependant pas dénuées de charme :
L’homme-sandwich a de la peine.
Il voudrait bien aller flâner
Avec les gens qui se promènent
Sous le soleil des beaux quartiers […]
Des feuilles et des papiers multicolores
Qu’il remet à tous les passants
S’envolent pour le suivre longtemps encore
En tourbillonnant dans le vent
Et les mains dans les poches
Il s’éloigne en rêvant
Tandis que deux gavroches
Les ramassent en riant
Ce disque, imparfait mais plutôt réussi, dont un si jeune
artiste peut être fier, est d’ailleurs accompagné en son verso
d’une présentation du chanteur aussi farfelue qu’élogieuse,
signée Francis Claude. « Tendre et viril, un regard alerte,
curieux et narquois dans un visage sec au nez robuste, la
bouche sinueuse dont l’éternel sourire ironique dissimule mal
une extrême sensibilité : voilà mon ami Ferrat »…
En revanche, pas de réel succès à l’horizon. Sans passer
complètement inaperçu, le disque est quand même un échec
commercial et ne permet donc pas à la carrière de Jean de
décoller. Lui-même dira plutôt que :
— Ce n’étaient pas de mauvaises chansons, mais ça a été le
fiasco total, alors, on ne m’a pas fait faire d’autre disque, et
j’ai vogué comme ça pendant deux ans dans la nature…
Deux ans, certes, mais deux années qui ne seront pas inutiles
au parcours du musicien, loin de là. Car la suite lui réserve une
rencontre décisive.
À cette période, même si Jean lui-même est maintenant l’un
des piliers de La Colombe, c’est la carrière de Christine qui est
en pleine ascension. Les critiques élogieuses se multiplient, on
lui prédit déjà un avenir radieux. En un sens, Christine
commence à jouir d’une réelle notoriété. Et comme pour
beaucoup de tournants dans la vie professionnelle de Jean,
c’est la générosité de sa compagne qui en sera l’étincelle. Au
détour de ses pérégrinations artistiques, Christine se retrouve
un beau matin devant le responsable des auditions
préliminaires des éditions Phillips dans la salle Pleyel : un
jeune Gerard Meys d’à peine 23 ans. Il est immédiatement
séduit par l’interprétation de la jeune femme, son charisme et
le choix de ses chansons, dont « Paris gavroche » et « La
Ballade du mari trompé ». Il veut alors savoir qui en est
l’auteur et c’est là que Christine saute sur l’occasion pour faire
l’éloge de son compagnon qui les a toutes les deux écrites.
Elle en profite même pour proposer au jeune homme de venir
l’écouter à La Colombe ; ce qu’il fait.
C’est alors un coup de foudre artistique qui se produit.
Gerard Meys est aussitôt happé par le drôle de bonhomme. Il
perçoit la future star, ou du moins le potentiel. Son influence
chez Phillips est cependant assez maigre. Qu’à cela ne tienne,
il lui fait enregistrer une maquette de quelques-unes de ses
chansons (un disque souple, comme c’était la coutume à
l’époque) et les présente à son supérieur, sans succès. Celui-ci
allant jusqu’à rédiger une note aussi succincte que lapidaire :
Ne réussira pas.
Cependant, Meys est très loin de lâcher son poulain, et
l’histoire prouvera qu’il a eu effectivement du flair. Aussi, il
persévère, fait appel au peu de relations qu’il a dans le milieu.
Car à défaut d’avoir beaucoup d’expérience ou même de
contacts, Meys fait preuve d’un enthousiasme sans fin et d’une
bonne dose de culot. Il devient par là même le manageur/
éditeur/ami de Jean. Il frappe à toutes les portes (entre autres
Pathé, Europe no 1, qui refusent eux aussi) jusqu’à décrocher
un contrat chez Decca ! C’est par le biais de toutes ces
tentatives infructueuses que Meys obtient finalement
l’attention de Daniel Filipacchi, directeur artistique de Decca.
Pourtant, l’homme est un ancien amateur de jazz, maintenant
fan de yé-yé, à mille lieues de la chanson à texte que propose
Ferrat. Loin d’être convaincu par le chanteur, il propose
cependant un contrat de trois ans au couple Meys/Ferrat. Meys
sera le producteur, aura même carte blanche, mais ne sera
rémunéré qu’aux royalties (une façon de ne pas prendre de
risque). Paradoxalement, c’est peut-être ce drôle
d’arrangement qui permettra l’ascension, voire la naissance de
Ferrat : une liberté d’action pour les deux hommes qui, partant
de pas grand-chose, façonneront un des plus importants
chanteurs de sa génération. Gérard Meys raconte :
— […] Jean a obtenu un contrat de trois ans chez Decca. Je
m’occupais de lui avec un contrat de deux lignes, spécifiant
mon pourcentage, j’étais devenu producteur indépendant sans
le savoir […], je faisais tout, et on n’a jamais revu Filipacchi.
Sauf que ce que personne ne sait encore, c’est que ce
« couple artistique » durera près d’un demi-siècle…
Mais le chemin sera semé d’embûches et le premier est de
taille ; non seulement il faut s’imposer dans un milieu difficile,
mais aussi avancer à contre-courant « musical ». Car, si
lorsque Jean débutait et s’essayait dans les cabarets parisiens,
c’est à Saint-Germain-des-Prés que tout se passait, que l’on
réinventait justement la chanson française en penchant du côté
du texte, de la poésie et du message fort, ce n’est plus
vraiment le cas à la fin des années 1950. Du moins, le paysage
musical français se voit frappé d’un quasi-fléau : le yé-yé.
Celui-ci sature alors les ondes de musiques guillerettes,
mélodies simplistes, paroles nunuches, menées par des artistes
tels que Richard Anthony. La problématique n’étant pas dans
l’arrivée fulgurante de cette musique « marketée » pour la
jeune génération, mais dans le fait qu’elle prend toute la place
et efface au passage certains grands, dont Charles Trenet, par
exemple (première idole de Jean), qui disparaît alors
complètement de la scène. Ironie du sort, Jean Ferrat ne sera
pas parvenu à percer alors que le contexte lui était favorable, il
y a quelques années à peine, et finira par faire entendre sa voix
alors même que les directions artistiques et l’oreille du public
se mettent à aller dans un sens bien opposé à ce qu’il a à
proposer.
Car à force de persévérer, avec une forme d’insouciance
presque, Meys réussit son coup. En décembre 1960, Jean
Ferrat sort son deuxième disque, son premier petit succès :
« Ma môme ». Ce titre qui donne son nom au disque est de
loin la chanson phare de l’album, mais les autres morceaux
sont chacun à leur manière de petites performances.
La chanson « L’Éloge du célibat » est d’ailleurs assez
amusante. Ce n’est pas la plus remarquable, mais elle porte le
charme d’être à la fois légère et cynique. D’autres artistes s’y
sont essayés : louer le célibat et l’amour à la fois :
La fille que j’aurai un jour
Dans la peau
Je crois bien qu’elle est toujours
Au berceau
Je n’brûle jamais à ma flamme
Le même bois
Je suis d’ceux qui n’aiment qu’une femme
À la fois
Intéressante, car prenant à contre-pied de nombreuses
chansons à la gloire de Paris, « Regarde-toi Paname » est une
jolie réussite écrite par Pierre Frachet. Le rythme jazzy et
l’esprit noir nous font penser un peu au « Diable, ça va » de
Jacques Brel, mais aussi bien sûr au « Paname » de Léo Ferré.
Ferrat a le culot d’y critiquer Paris, ville bourgeoise, parfois
prétentieuse, parfois ingrate :
Paname si tu te crois belle
C’est que tu n’t’es pas regardée
Du côté du quai de Grenelle
Ou de Maubert
Mutualité
Mais pas seulement. En bon « Ferrat », défenseur des
opprimés, il y dénonce également la misère des bas quartiers
(existant encore à l’époque) :
Y a des revers à tes médailles
Des rimes pauvres à tes poèmes
Pour cent palais pour cent ripailles
Combien de taudis de carêmes
Et comme tout poète, Ferrat y dissimule un chant d’amour en
terminant son morceau sur une forme de réconciliation. Paris,
on l’aime aussi pour les mauvaises raisons, on l’aime « malgré
tout » :
Et pourtant je n’ai pas l’envie
De traîner ailleurs mes souliers
C’est là qu’j’ai commencé ma vie
C’est là que je la finirai
La chanson « Federico Garcia Lorca » a cela d’essentiel
qu’elle est à la gloire de l’immense poète de Grenade, fusillé
par les fidèles du général Franco en 1936. Elle renvoie à
l’amour que Ferrat porte à la poésie. Mais elle s’inscrit aussi
dans la tradition de la chanson anarchiste qui met à l’honneur
les artistes assassinés : symboles de la folie meurtrière des
dictateurs et des fascistes. D’ailleurs, les paroles sont de Jean
Ferrat lui-même, qui nous offre ici un texte ciselé, profond,
tragique… poétique justement.
Dans ta voix
Galopaient des cavaliers
Et les gitans étonnés
Levaient leurs yeux de bronze et d’or
Si ta voix se brisa
Voilà plus de vingt ans qu’elle résonne encore
Federico García
Il est clair que Ferrat connaissait véritablement l’œuvre de
Lorca qu’il admirait depuis l’adolescence. Par exemple, la
figure emblématique du gitan chez Lorca revient deux fois au
cours du morceau (on pense aussi au magnifique « Mon pote
le gitan » d’Yves Montand…) et offre une métaphore de la
liberté, thème cher aux « deux » poètes. La musique, faux air
de flamenco, est une mélodie que lui a offerte Claude-Henri
Vic quelques années auparavant. En un sens, un peu comme
« Les Yeux d’Elsa », la création de ce morceau devait advenir.
— Quand je l’ai lu, à l’âge de mon adolescence, Lorca a été
le premier poète, avant Aragon, à me provoquer un tel choc…
Et un jour, dans une maison d’édition, j’ai fait la rencontre
d’un compositeur qui s’appelait Claude-Henri Vic… […]
Claude-Henri Vic m’a fait écouter la musique de ce qui allait
devenir « Federico Garcia Lorca ». Il l’avait montrée à tout le
monde et personne n’avait jamais rien fait dessus. Je l’ai
trouvée chouette, et tout de suite j’ai eu envie d’écrire sur
Lorca avec cette musique. […] C’était un sujet qui me tenait à
cœur à cause de l’admiration que j’avais pour Lorca.
Ferrat en fait d’ailleurs une interprétation parfaite, sans
excès, sans fioriture : sobre et puissante.
Mais de toutes les chansons de ces 45 tours, c’est bien
entendu « Ma môme » qui restera le plus dans la mémoire
collective et serait pour certains la plus belle réussite du lot,
peut-être même l’une des plus belles de l’artiste. Elle
déclenchera cependant une légère polémique, car comme c’est
le cas de « Regarde-toi Paname » et « L’Éloge du célibat »,
c’est Pierre Frachet qui en a écrit les paroles. Sans devenir un
succès incontestable, elle passe à la radio et façonnera
grandement l’image de Ferrat. Cette histoire populaire, à
l’effigie de la classe ouvrière, participera à faire de Ferrat le
porte-parole d’une banlieue pauvre ; lui qui a grandi pourtant à
Versailles. Cette chanson est loin d’être née d’une hypocrisie
(la sincérité de Ferrat dans ses combats n’est pas à remettre en
question) ; pourtant, Frachet ne sera que très rarement cité
comme le cocréateur de ce petit bijou et gardera une amertume
devant cet effacement. D’ailleurs, la résonance entre la
chanson, écrite ou non par Ferrat, et la vie personnelle du
chanteur est flagrante. Depuis octobre, Jean et Christine ont
quitté la maison de Raymonde pour s’installer en couple à
Ivry, en pleine banlieue ; sans le sou, mais pleins d’amour.
Ainsi, à l’heure de sa sortie, la chanson « Ma môme » est
parfaitement adaptée au chanteur, sa personnalité, sa vie, sa
vision des choses ; et prend aussi le contre-pied de la
« chansonnette » insouciante ambiante. Lui-même le dira :
— C’était une réaction contre le conformisme ambiant, le
moule, le modèle qu’on veut nous imposer. J’étais hostile à ce
genre de mise en condition, et je le suis toujours.
Cette jolie ode à l’amour est portée par des mots simples,
une mélodie tendance ritournelle et valse musette qui lui sied
parfaitement :
Ma môme
Elle joue pas les starlettes
Elle met pas de lunettes
De soleil
Elle pose pas
Pour les magazines
Elle travaille à l’usine
À Créteil
Les amoureux vivent « Dans une banlieue surpeuplée » et
passent toutes leurs vacances à Saint-Ouen. En cela, l’amour
s’ancre dans une réalité sociale : amour banal de deux jeunes
qui vivent dans la pauvreté. Un amour qui surgit où bon lui
semble (même dans un meublé qui donne sur l’entrepôt) et ne
nécessite pas le glamour pour éclore.
Autre fait marquant de l’histoire de cette chanson : Jean-Luc
Godard la mettra à l’honneur dans une scène simplement
sublime de Vivre sa vie. Un grand moment de cinéma de la
nouvelle vague… Dans un café, Anna Karina, beauté aussi
flamboyante que triste, regarde la caméra, cigarette à la main.
En arrière-fond, l’accordéon démarre, la voix tendre entame la
chanson. Assis à une table, un couple de tourtereaux se lance
en silence des regards amoureux. Puis l’on voit un homme,
grand, excessivement beau, debout devant le juke-box : Jean
Ferrat lui-même ! La scène est troublante, portée à merveille
par la chanson de Ferrat. Bref, si « Ma môme » n’est pas le hit
espéré à l’heure de sa sortie (il offrira quand même un début
d’estime, quelques articles dans la presse et un passage en
télévision dans l’émission Discorama de Denise Glaser), il
marque les esprits et les marque encore presque 60 ans plus
tard…
This page contains the following errors:
error on line 2 at column 92: xmlns:epub: 'http://http://www.idpf.org/2007/ops' is not a valid URI
1960
MA MÔME
SUPER 45 TOURS/Decca 451.012
Avec Milton Lewis (pseudonyme d’Alain Goraguer) et son orchestre
Sortie : décembre 1960
Ma môme (Pierre Frachet-Jean Ferrat) – 2’30/Regarde-toi Paname (Pierre Frachet-
Jean Ferrat) – 2’30/Federico Garcia Lorca (Jean Ferrat-Claude-Henri Vic) –
3’00/L’Éloge du célibat (Pierre Frachet-Jean Ferrat) – 2’35
1961
PARIS GAVROCHE
SUPER 45 TOURS/Decca 451.047
Avec Milton Lewis (pseudonyme d’Alain Goraguer) et son orchestre
Sortie : juin 1961
Paris gavroche (Jean Ferrat-G. Bérard-C. Rinieri) – 2’25/Ta chanson (Jean Ferrat) –
2’18/Ma fille (Jamblan-Jean Ferrat) – 1’55/J’entends, j’entends (Louis Aragon-Jean
Ferrat) – 2’25
EH L’AMOUR !
SUPER 45 TOURS/Decca 451.087/Avec Milton Lewis (pseudonyme d’Alain
Goraguer) et son orchestre
Sortie : décembre 1961
Deux Enfants au soleil (Claude Delécluse-Jean Ferrat) – 2’35/Napoléon IV (Jean
Ferrat) – 2’55/Eh ! l’amour (Jean Ferrat) – 2’53/La cervelle (Bernard Dimey-Jean
Ferrat) – 2’25
1962
LA FÊTE AUX COPAINS
SUPER 45 TOURS/Decca : 451.159
Arrangements : Alain Goraguer/Sortie : décembre 1962
La Fête aux copains (Georges Coulonges – Jean Ferrat) – 2’25/Le P’tit Jardin
(Michelle Senlis-Jean Ferrat) – 2’37/Les Noctambules (Michelle Senlis-Claude
Delécluse-Jean Ferrat) – 2’03/L’Homme à l’oreille coupée (M. Senlis-Cl.
Delécluse-Jean Ferrat) – 2’50
1963
LES NOMADES
SUPER 45 TOURS/Decca 451.160
Mes amours (Michelle Senlis-Jean Ferrat) – 2’38/Les Petits Bistrots (Michelle
Senlis-Claude Delécluse-Jean Ferrat) – 1’40/Les Nomades (Michelle Senlis-Jean
Ferrat) – 2’55/Les Polonais (Claude Delécluse-Jean Ferrat) – 2’40
Arrangements : Alain Goraguer/Sortie : janvier 1963
NUIT ET BROUILLARD
25 CM/Barclay 80.213
Accompagné par Alain Goraguer et son orchestre
Prise de son : Claude Achallé et Charles Rochko
Sortie : décembre 1963
Nuit et Brouillard (Jean Ferrat) – 3’07/À Brassens (Jean Ferrat) – ٢٥’٢/Les Enfants
terribles (Jean Ferrat) – 2’29/Toujours la même g… (Jean Ferrat) – 2’55/C’est beau
la vie (Claude Delécluse-Michelle Senlis-Jean Ferrat) – 2’41/Quatre Cents Enfants
noirs (Michelle Senlis-Jean Ferrat) – 2’52/Nous dormirons ensemble (Louis
Aragon-Jean Ferrat) – 2’19/Horizontalement (Roland Valade-Jean Ferrat) –
2’37/Ces huit titres sont repris sur un 30 cm sous la référence 80.337 ; sortie :
novembre 1966, avec les deux chansons suivantes en plus (suite à l’arrêt du 25
cm)./Sainte Canaille (Pierre Cour-Jean Ferrat) – 2’10/De Nogent jusqu’à la mer
(André Gardy-Jean Ferrat) – 2’29
1964
C’EST BEAU LA VIE
SUPER 45 TOURS/Barclay 70.613
Accompagné par Alain Goraguer et son orchestre
Sortie : janvier 1964
C’est beau la vie (Claude Delécluse-Michelle Senlis-Jean Ferrat) – 2’41/À Brassens
(Jean Ferrat) – ٢٥’٢/Nuit et Brouillard (Jean Ferrat) – 3’17/Nous dormirons
ensemble (Louis Aragon-Jean Ferrat) – 2’19
LA MONTAGNE
SUPER 45 TOURS/Barclay 70.729
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Sortie : novembre 1964
La Montagne (Jean Ferrat) – 3’04/Autant d’amours autant de fleurs (Henri Bassis-
Jean Ferrat) – 2’11/Hourrah ! (Jean Ferrat) – 2’16/Que serais-je sans toi (Louis
Aragon-Jean Ferrat) – 3’05
LA MONTAGNE
25 CM/Barclay 80.253
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Sortie : janvier 1965
Berceuse (Jean Ferrat) – 3’20/Hourrah ! (Jean Ferrat) – 2’16/Que serais-je sans toi
(Louis Aragon-Jean Ferrat) – 3’05/Le Jour où je deviendrai gros (Jean Ferrat) –
2’24/La Jeunesse (Georges Coulonges-Jean Ferrat) – 2’24/La Montagne (Jean
Ferrat) – 3’05/Autant d’amours autant de fleurs (Henri Bassis-Jean Ferrat) –
2’10/Au bout de mon âge (Louis Aragon-Jean Ferrat) – 2’18
LA MONTAGNE
30 CM / RÉÉDITION DE 25 CM + TITRES/Barclay 80.320
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Sortie : septembre 1966
La Montagne (Jean-Ferrat) – 3’05/Autant d’amours autant de fleurs (Henri Bassis-
Jean Ferrat) – 2’10/Tu ne m’as jamais quitté (Jean-Ferrat) – 2’42/Les Beaux Jours
(Jean Ferrat) – 2’42/Le Jour où je deviendrai gros (Jean Ferrat) – 2’24/Que serais-je
sans toi (Louis Aragon-Jean Ferrat) – 3’05/La Jeunesse (Georges Coulonges-Jean
Ferrat) – 2’08/Berceuse (Jean Ferrat) – 3’20/Loin (Jean Ferrat) – 1’57/Au bout de
mon âge (Louis Aragon-Jean Ferrat) – 2’18
1965
LA JEUNESSE
SUPER 45 TOURS/Barclay 70.748/Arrangements et direction musicale : Alain
Goraguer/Sortie : février 1965
La Jeunesse (Georges Coulonges-Jean Ferrat) – 2’08/Au bout de mon âge (Louis
Aragon-Jean Ferrat) – 2’19/Berceuse (Jean Ferrat) – 3’20/Le Jour où je deviendrai
gros (Jean Ferrat) – 2’24
LE COUP DE GRÂCE
SUPER 45 TOURS/Barclay 70.763
Bande originale du film de Jean Cayrol et Claude Durand
Musique de Jean Ferrat/Arrangements de François Rauber/Orchestre sous la
direction de François Rauber/Sortie : mai 1965
Les Beaux Jours (version chantée par Jean Ferrat) – (Jean Ferrat) – 2’18/Thème de
Miguel (Jean Ferrat) – 3’08/Désaccord-danse (Jean Ferrat) – 2’37/Les Beaux Jours
(Jean Ferrat) – 2’02
LA VIEILLE DAME INDIGÈNE
SUPER 45 TOURS/Barclay 70.764
Bande originale du film de René Allio
Orchestre sous la direction d’Alain Goraguer
Sortie : mars 1965
On ne voit pas le temps passer (Jean Ferrat) – 2’16/Loin (Jean Ferrat) – 1’57/Tu
m’as jamais quitté (Jean Ferrat) – 2’42/On ne voit pas le temps passer (version
orchestrale) – 2’16
POTEMKINE
SUPER 45 TOURS/Barclay 70.904
Direction musicale : Alain Goraguer/Sortie : décembre 1965
Potemkine (Georges Coulonges-Jean Ferrat) – 2’48/Le Sabre et le Goupillon (Jean
Ferrat) – 2’42/Je ne chante pas pour passer le temps (Jean Ferrat) – 2’34/Les Belles
Étrangères (Michelle Senlis-Jean Ferrat) – 2’45
POTEMKINE
30 CM/Barclay 80.291
Direction musicale : Alain Goraguer
Prise de son : Claude Achallé/Sortie : décembre 1965
Potemkine (Georges Coulonges-Jean Ferrat) – 2’48/C’est si peu dire que je t’aime
(Louis Aragon-Jean Ferrat) – 2’50/Les Belles Étrangères (Michelle Senlis-Jean
Ferrat) – 2’45/Je ne chante pas pour passer le temps (Jean Ferrat) – 2’34/La Voix
lactée (SGDG) (Jean Ferrat) – 3’02/C’est toujours la première fois (Jean Ferrat) –
2’53/Le Sabre et le Goupillon (Jean Ferrat) – 2’42/Raconte-moi la mer (Claude
Delécluse-Jean Ferrat) – 4’15/À l’été de la Saint-Martin (Jean Ferrat) – ٣٠’٢/On ne
voit pas le temps passer (Jean Ferrat) – 2’16
1966
C’EST TOUJOURS LA PREMIÈRE FOIS
SUPER 45 TOURS/Barclay 70.909
Direction musicale : Alain Goraguer/Sortie : janvier 1966
C’est toujours la première fois (Jean Ferrat) – 2’53/La Voix lactée (SGDG) (Jean
Ferrat) – 3’02/Raconte-moi la mer (Clause Delécluse-Jean Ferrat) – 4’15/À l’été de
la Saint-Martin (Jean Ferrat) – ٣٠’٢
MARIA
30 CM/80.338
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Prise de son : Claude Achallé
Direction artistique : Gérard Meys/Sortie : janvier 1967
Maria (Jean-Claude Massoulier-Jean Ferrat) – 3’06/Heureux celui qui meurt
d’aimer (Louis Aragon-Jean Ferrat) – 2’55/En groupe, en ligue, en procession (Jean
Ferrat) – 2’50/Si je mourais là-bas (Guillaume Apollinaire-Jean Ferrat) – 2’53/La
liberté est en voyage (Jean Ferrat) – 3’04/Un enfant quitte Paris (Georges
Coulonges-Jean Ferrat) – 3’25/Un jour, un jour (Louis Aragon-Jean Ferrat) –
4’55/Alléluia (Jean Ferrat) – 3’26/Chanson pour toi (Michelle Senlis-Jean Ferrat) –
2’46/Pauvre Boris (Jean Ferrat) – 3’25
NUIT ET BROUILLARD
30 CM RÉÉDITION DE 25 CM + TITRES/80.337
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Direction artistique : Gérard Meys/Sortie : novembre 1966
Nuit et Brouillard (Jean Ferrat) – 3’07/À Brassens (Jean Ferrat) – ٢٥’٢/Les Enfants
terribles (Jean Ferrat) – 2’29/Toujours la même g… (Jean Ferrat) – 2’55/Sainte
Canaille (Pierre Cour-Jean Ferrat) – 2’10/C’est beau la vie (Michelle Senlis-Claude
Delécluse-Jean Ferrat) – 2’41/Quatre Cents Enfants noirs (Michelle Senlis-Jean
Ferrat) – 2’52/De Nogent jusqu’à la mer (André Gardy-Jean Ferrat) –
2’29/Horizontalement (Roland Valade-Jean Ferrat) – 2’37/Nous dormirons
ensemble (Louis Aragon-Jean Ferrat) – 2’19
1967
ALLÉLUIA
SUPER 45 TOURS/Barclay 71.122
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Sortie : février 1967
Alléluia (Jean Ferrat) – 3’26/Si je mourais là-bas (Guillaume Apollinaire-Jean
Ferrat) – 3’00/Pauvre Boris (Jean Ferrat) – 3’25/Un enfant quitte Paris (Georges
Coulonges-Jean Ferrat) – 3’25
MARIA
SUPER 45 TOURS/Barclay 71.123
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Sortie : février 1967
Maria (Jean-Claude Massoulier-Jean Ferrat) – 3’06/La liberté est en voyage (Jean
Ferrat) – 3’04/Heureux celui qui meurt d’aimer (Louis Aragon-Jean Ferrat) –
2’55/En groupe, en ligue, en procession (Jean Ferrat) – 2’50
À SANTIAGO
30 CM/Barclay 80.360
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Direction artistique : Gérard Meys/Sortie : décembre 1967
Cuba si (Henri Gougaud-Jean Ferrat) – 2’48/Mourir au soleil (Jean Ferrat) –
2’56/Excusez-moi (Jean Ferrat) – 2’36/Prisunic (Henri Gougaud-Jean Ferrat) –
2’54/À Santiago (Jean Ferrat) – ٤٧’٢/Ce qu’on est bien mon amour (Jean Ferrat) –
2’45/Les Guérilleros (Jean Ferrat) – 2’55/Au point du jour (Henri Gougaud-Jean
Ferrat) – 2’36/Pauvres Petits C… (Jean Ferrat) – 3’06/Indien (Jean Ferrat) – 3’29
1968
LES GUÉRILLEROS
SUPER 45 TOURS/Barclay 71.233
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Direction artistique : Gérard Meys/Sortie : janvier 1968
Les Guérilleros (Jean Ferrat) – 2’55/Mourir au soleil (Jean Ferrat) – 2’56/Au point
du jour (Henri Gougaud-Jean Ferrat) – 2’36/Pauvres Petits C… (Jean Ferrat) – 3’06
À SANTIAGO
SUPER 45 TOURS/Barclay 71.238
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Direction artistique : Gérard Meys/Sortie : février 1968
À Santiago (Jean Ferrat) – ٤٣’٢/Ce qu’on est bien mon amour (Jean Ferrat) –
2’46/Cuba si (Henri Gougaud-Jean Ferrat) – 2’48/Indien (Jean Ferrat) – 3’34
1969
MA FRANCE
SUPER 45 TOURS/Barclay 71.345
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Direction artistique : Gérard Meys/Sortie : avril 1969
Ma France (Jean Ferrat) – 3’40/Ariane (Maurice Bourdet-Jean Ferrat) –
2’24/L’Idole à papa (Jean Ferrat) – 3’18/Un jour futur (Henri Gougaud-Jean Ferrat)
– 1’58
MA FRANCE
30 CM/Barclay 80.384
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Direction artistique : Gérard Meys/Sortie : mars 1969
Au printemps de quoi rêvais-tu ? (Jean Ferrat) – 3’10/La Matinée (Henri Gougaud-
Jean Ferrat) – 2’53/L’Idole à papa (Jean Ferrat) – 3’18/Les Poètes (Louis Aragon-
Jean Ferrat) – 4’04/Ariane (Maurice Boudet-Jean Ferrat) – 2’24/La Petite Fleur qui
tombe (Henri Gougaud-Jean Ferrat) – 2’55/Ma France (Jean Ferrat) – 3’40/Rien à
voir (Henri Gougaud-Jean Ferrat) – 2’10/Les Filles longues (Jean Ferrat) –
4’24/Hop là ! Nous vivons (Henri Gougaud-Jean Ferrat) – 2’32/Le Bureau (Jean
Ferrat) – 3’16/Un jour futur (Henri Gougaud-Jean Ferrat) – 1’58
La matinée : avec Christine Sèvres (avec l’aimable autorisation des disques CBS)
CAMARADE
30 CM/Barclay 80.413
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Direction artistique : Gérard Meys/Sortie : janvier 1970
Camarade (Jean Ferrat) – 2’35/Tout ce que j’aime (Philippe Pauletta-Jean Ferrat) –
2’58/Les Demoiselles de magasin (Jean Ferrat) – 2’38/Mon bel amour (Jean Ferrat)
– 2’59/Dix-sept Ans (Jean Ferrat) – 2’07/Sacré Félicien (Jean Ferrat) – 2’28/La
Cavale (Jean Ferrat) – 2’34/Y aurait-il… (Pierre Louki-Jean-Ferrat) – 2’46/Intox
(Jean Ferrat) – 3’44/Les Lilas (Louis Aragon-Jean Ferrat) – 2’48
1970
CAMARADE
SUPER 45 TOURS/Barclay 71.406
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Direction artistique : Gérard Meys/Sortie : janvier 1970
Camarade (Jean Ferrat) – 2’35/Les Lilas (Louis Aragon-Jean Ferrat) – 2’48/Tout ce
que j’aime (Philippe Pauletta-Jean Ferrat) – 2’58/Dix-sept Ans (Jean Ferrat) – 2’07
SACRÉ FÉLICIEN
SUPER 45 TOURS/Barclay 71.424
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Direction artistique : Gérard Meys/Sortie : février 1970
Sacré Félicien (Jean Ferrat) – 2’28/Intox (Jean Ferrat) – 3’44/La Cavale (Jean
Ferrat) – 2’34/Les Demoiselles de magasin (Jean Ferrat) – 2’38
1971
LA COMMUNE
SUPER 45 TOURS/Barclay 71.464
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Direction artistique : Gérard Meys/Sortie : mars 1971
La Commune (Georges Coulonges-Jean Ferrat) – 2’34/État d’âme (Jean Ferrat) –
٠٠’٣/Je vous aime (Jean Ferrat) – 3’27/Les Touristes partis (Jean Ferrat) – 2’15
1972
MON PALAIS
SUPER 45 TOURS/Barclay 71.474
Arrangements et direction musicale : Alain Goraguer
Direction artistique : Gérard Meys/Sortie : septembre 1972
Mon palais (Jean Ferrat) – 3’05/Caserne (Guy Thomas-Jean Ferrat) – 2’30/La
boldochévique (Jean Ferrat) – 2’22/Le Petit Trou pas cher (Guy Thomas-Jean
Ferrat) – 2’18
À MOI L’AFRIQUE
30 CM/Barclay 80.453
Direction musicale : Alain Goraguer
Direction artistique : Gérard Meys/Sortie : mars 1972
À moi l’Afrique (Michelle Senlis-Jean Ferrat) – ٣٢’٤/Picasso colombe (Henri
Gougaud-Jean Ferrat) – 2’56/Une femme honnête n’a pas de plaisir (Jean Ferrat) –
3’04/À l’ombre bleue du figuier (Michelle Senlis-Jean Ferrat) – ٣٠’٢/Si j’étais
peintre ou maçon (Jean Ferrat) – 2’26/Les Saisons (Jean Ferrat) – 3’43/La Leçon
buissonnière (Guy Thomas-Jean Ferrat) – 2’58/Paris an 2000 (Henri Gougaud-Jean
Ferrat) – 2’53/Hou hou méfions-nous… (Jean Ferrat) – 3’31/Ils volent, volent,
volent (Jean Ferrat) – 3’04
1975
LA FEMME EST L’AVENIR DE L’HOMME
Temey/Arrangements : Alain Goraguer
La femme est l’avenir de l’homme (Jean Ferrat) – 3’51/Le Bruit des bottes (Guy
Thomas-Jean Ferrat) – 4’26/Berceuse pour un petit loupiot (Guy Thomas-Jean
Ferrat) – 3’51/Un jeune (Jean Ferrat) – 3’13/Dans le silence de la ville (Louis
Aragon-Jean Ferrat) – 3’06/Le Singe (Guy Thomas-Jean Ferrat) – 2’57/Je meurs
(Pierre Grosz-Jean Ferrat) – 2’35/Le Fantôme (Jean Ferrat) – 3’51/Un air de liberté
(Jean Ferrat) – 3’19/Mon chant est un ruisseau (Vitezslav Nezval-Henri Gougaud-
Jean Ferrat) – 2’45
1979
LES INSTANTS VOLÉS
Temey/Arrangements : Alain Goraguer
Mon palais (Jean Ferrat) – 3’10/Le Tiers Chant (Louis Aragon-Jean Ferrat) –
3’03/Le chef de gare est amoureux (Guy Thomas-Jean-Ferrat) – 2’44/Le Petit Trou
pas cher (Guy Thomas-Jean Ferrat) – 2’21/Les Instants volés (Pierre Grosz-Jean-
Ferrat) – 3’20/Un cheval fou dans un grand magasin (Henri Gougaud-Jean Ferrat) –
1’59/Caserne (Guy Thomas-Jean Ferrat) – 2’38/La boldochévique (Jean Ferrat) –
2’36 /Le Diable au cœur (Cécile Laggiard-Jean Ferrat) – 3’39/Si nous mourons
(Ethel Rosenberg-Jean Ferrat) – 2’18
1980
FERRAT 80
Temey/Paroles et musiques : Jean Ferrat
Arrangements : Alain Goraguer
Le Bilan – 4’15/Oural ouralou – 3’53/L’Amour est cerise – 3’06/J’ai froid –
2’44/Pour être encore en haut d’l’affiche – 4’01 /Mon pays était beau – 3’01/Tu
verras tu seras bien – 3’40 /Quand on n’interdira plus mes chansons – 4’02/J’aurais
seulement voulu – 2’51/La Bourrée des trois célibataires – 3’22/Chanter –
4’11/L’Embellie – 3’51
1985
JE NE SUIS QU’UN CRI
Temey
Paroles : Guy Thomas/Musiques : Jean Ferrat
Arrangements : Alain Goraguer
Je ne suis qu’un cri – 3’02 /Hospitalité – 3’22/L’Âne – 2’15/Viens mon frelot –
3’06/Concessions – 2’26/Comptine pour Clémentine – 3’08/La Porte à droite –
3’49/Le Cœur fragile – 4’02 /Le Châtaignier – 2’50 /Petit – 3’16/Vipères lubriques
– 3’35/Pardonnez-moi mademoiselle – 3’07/Le Kilimandjaro – 2’45/Les Cerisiers –
3’13
1991
DANS LA JUNGLE OU DANS LE ZOO
Temey
Paroles et musiques : Jean Ferrat
Arrangements : Alain Goraguer
Dans la jungle ou dans le zoo – 4’53/Les Petites Filles modèles – 3’46/Parle-moi de
nous – 4’06/Dingue – 4’48/Les Tournesols – 4’25/Chante l’amour – 4’23/À la une
– ١٠’٤/Le Grillon – 3’29/Bicentenaire (1989) – 3’35/Les Jeunes Imbéciles –
3’42/Tu aurais pu vivre – 4’13/Mon amour sauvage – 3’48/Nul ne guérit de son
enfance – 4’21/La Paix sur Terre – 4’03
1994
FERRAT 95 : 16 NOUVEAUX POÈMES D’ARAGON
Temey
Paroles : Louis Aragon
Musiques : Jean Ferrat
Arrangements : Alain Goraguer
Complainte de Pablo Neruda – 4’10/Elle – 4’29/J’arrive où je suis étranger –
3’04/Devine – 2’55/Chagall – 3’05/Les Feux de Paris – 4’21/Chambres d’un
moment – 3’58/Lorsque s’en vient le soir – 3’12/Qui vivra verra – 3’35/Odeur des
myrtilles – 2’50/Carco – 3’11/Musique de ma vie – 4’08/Pablo mon ami –
4’09/Pourtant la vie – 3’54/Les Oiseaux déguisés – 3’31/Épilogue – ٣٤’٧
Jean Ferrat chante les autres
Liste des poètes et paroliers mis en
musique et chantés par Jean Ferrat
Guillaume Apollinaire
Si je mourais là-bas ; 1966 ; album Maria
Louis Aragon
J’entends, j’entends ; 1961 ; albums Deux Enfants au soleil et Ferrat
chante Aragon
Nous dormirons ensemble ; 1963 ; albums Nuit et Brouillard et Ferrat
chante Aragon
Que serais-je sans toi ; 1964 ; albums La Montagne et Ferrat chante
Aragon
Au bout de mon âge ; 1964 ; albums La Montagne et Ferrat chante Aragon
C’est si peu dire que je t’aime ; 1965 ; albums Potemkine et Ferrat chante
Aragon
Heureux celui qui meurt d’aimer ; 1967 ; albums Maria et Ferrat chante
Aragon
Un jour, un jour ; 1967 ; albums Maria et Ferrat chante Aragon
Les Poètes ; 1969 ; albums Ma France et Ferrat chante Aragon
Les Lilas ; 1970 ; album Camarade
Aimer à perdre la raison ; 1971 ; album Aimer à perdre la raison
Robert le diable ; 1971 ; album Ferrat chante Aragon
Le Malheur d’aimer ; 1971 ; album Ferrat chante Aragon
Dans le silence des villes ; 1975 ; album La femme est l’avenir de
l’homme
Complainte de Pablo Neruda ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux
Poèmes d’Aragon
Elle ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux Poèmes d’Aragon
J’arrive où je suis étranger ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux Poèmes
d’Aragon
Devine ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux Poèmes d’Aragon
Chagall ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux Poèmes d’Aragon
Les Feux de Paris ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux Poèmes
d’Aragon
Chambre d’un moment ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux Poèmes
d’Aragon
Lorsque s’en vient le soir ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux Poèmes
d’Aragon
Qui vivra verra ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux Poèmes d’Aragon
Odeurs des myrtilles ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux Poèmes
d’Aragon
Cargo ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux Poèmes d’Aragon
Musique de ma vie ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux Poèmes
d’Aragon
Pablo mon ami ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux Poèmes d’Aragon
Pourtant la vie ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux Poèmes d’Aragon
Les Oiseaux déguisés ; 1995 ; album Ferrat 95 : 16 Nouveaux Poèmes
d’Aragon
Épilogue ; ١٩٩٥ ; album Ferrat ١٦ : ٩٥ Nouveaux Poèmes d’Aragon
Les Yeux d’Elsa ; 2003 ; enregistré en 2002 – CD Temey Ferrat Aragon :
volume 1- CD TEM 74 462-9 (2003)
Georges Bérard
Paris Gavroche (participation de J. Ferrat et musique de Charles Riniéri) ;
1961 ; album Deux Enfants au soleil
H. Bessis
Autant d’amours autant de fleurs ; 1964 ; album La Montagne
Maurice Bourdet
Ariane ; 1969 ; album Ma France
Georges Coulonges
La Fête aux copains ; 1962 ; album La Fête aux copains
La Jeunesse ; 1964 ; album La Montagne
Potemkine ; 1965 ; album Potemkine
Un enfant quitte Paris ; 1966 ; album Maria
La Commune ; 1971 ; album Aimer à perdre la raison
Pierre Cour
Sainte Canaille ; 1963 ; EP
Guy Dauvilliez
Les Mercenaires ; 1958 ; EP
Claude Delécluse
Deux Enfants au soleil ; 1961 ; album Deux Enfants au soleil
Le Polonais ; 1962 ; album La Fête aux copains
L’Homme à l’oreille coupée (avec la collaboration de Michelle Senlis) ;
1962 ; album La Fête aux copains
Les Petits Bistrots (avec la collaboration de Michelle Senlis) ; 1962 ;
album La Fête aux copains
Les Noctambules (avec la collaboration de Michelle Senlis) ; 1962 ; album
La Fête aux copains
C’est beau la vie (avec la collaboration de Michelle Senlis) ; 1963 ; album
Nuit et Brouillard
Raconte-moi la mer ; 1965 ; album Potemkine
Bernard Dimey
La Cervelle ; 1961 ; EP
Émile Favre
Fredo la nature ; 1958 ; EP
Pierre Frachet
Ma môme ; 1961 ; album Deux Enfants au soleil
L’Éloge du célibat ; 1961 ; album Deux Enfants au soleil
Regarde-toi Paname ; 1961 ; album Deux Enfants au soleil
Albert Gardy
De Nogent jusqu’à la mer, enregistré en 1963, paraît en 1966 sur le 33
tours 30 cm Barclay 80337
Henri Gougaud
Cuba si ; 1967 ; album À Santiago
Au point du jour ; 1967 ; album À Santiago
Prisunic ; 1967 ; album À Santiago
La Matinée (en duo avec Christine Sèvres) ; 1969 ; album Ma France
La Petite Fleur qui tombe ; 1969 ; album Ma France
Hop là ! Nous vivons ; 1969 ; album Ma France
Un jour futur ; 1969 ; album Ma France
Rien à voir ; 1969 ; album Ma France
L’Adresse du bonheur ; 1971 ; album Aimer à perdre la raison
J’imagine ; 1971 ; album Aimer à perdre la raison
Picasso Colombe ; 1972 ; album À moi l’Afrique
Prière du vieux Paris (musique d’Alain Goraguer) ; 1972 ; album Jean
Ferrat au Palais des Sports 1972, 1,2
Mon chant est un ruisseau (d’après un poème de Vitezslav Nezval) ; 1975 ;
album La femme est l’avenir de l’homme
Pierre Grosz
Je meurs ; 1975 ; album La femme est l’avenir de l’homme
Jamblan
Ma fille ; 1961 ; album Deux Enfants au soleil
Pierre Louki
Y aurait-il… ; 1970 ; album Camarade
Jean-Claude Massoulier
Maria ; 1967 ; album Maria
Philippe Pauletto
Tout ce que j’aime ; 1970 ; album Camarade
Et pour l’exemple ; 1971 ; album Aimer à perdre la raison
Michelle Senlis
Le Petit Jardin ; 1962 ; album La Fête aux copains
Mes amours ; 1962 ; album La Fête aux copains
Les Nomades ; 1962 ; album La Fête aux copains
L’Homme à l’oreille coupée (avec la collaboration de Claude Delécluse) ;
1962 ; album La Fête aux copains
Les Petits Bistrots (avec la collaboration de Claude Delécluse) ; 1962 ;
album La Fête aux copains
Les Noctambules (avec la collaboration de Claude Delécluse) ; 1962 ;
album La Fête aux copains
C’est beau la vie (avec la collaboration de Claude Delécluse) ; 1963 ;
album Nuit et Brouillard
Quatre Cents Enfants noirs ; 1963 ; album Nuit et Brouillard
Les Belles Étrangères ; 1965 ; album Potemkine
Chanson pour toi ; 1967 ; album Maria
Les Derniers Tziganes ; 1971 ; album Aimer à perdre la raison
À moi l’Afrique ; 1972 ; album À moi l’Afrique
Guy Thomas
La Leçon buissonnière ; 1972 ; album À moi l’Afrique
Caserne ; 1972 ; super 45 tours
Le Petit Trou pas cher ; 1972 ; super 45 tours
Le Bruit des bottes ; 1975 ; album La femme est l’avenir de l’homme
Berceuse pour un petit loupiot ; 1975 ; album La femme est l’avenir de
l’homme
Le Singe ; 1975 ; album La femme est l’avenir de l’homme
Le chef de gare est amoureux ; 1979 ; album Les Instants volés
Je ne suis qu’un cri ; 1986 ; album Je ne suis qu’un cri
Hospitalité ; 1986 ; album Je ne suis qu’un cri
L’Âne ; 1986 ; album Je ne suis qu’un cri
Viens mon frelot ; 1986 ; album Je ne suis qu’un cri
Concessions ; 1986 ; album Je ne suis qu’un cri
Comptine pour Clémentine ; 1986 ; album Je ne suis qu’un cri
La Porte à droite ; 1986 ; album Je ne suis qu’un cri
Le Cœur fragile ; 1986 ; album Je ne suis qu’un cri
Le Châtaignier ; 1986 ; album Je ne suis qu’un cri
Petit ; 1986 ; album Je ne suis qu’un cri
Vipères lubriques ; 1986 ; album Je ne suis qu’un cri
Pardonnez-moi mademoiselle ; 1986 ; album Je ne suis qu’un cri
Le Kilimandjaro ; 1986 ; album Je ne suis qu’un cri
Les Cerisiers ; 1986 ; album Je ne suis qu’un cri
R. Valade
Horizontalement ; 1963 ; album Nuit et Brouillard
Jean Ferrat compose pour les autres
Liste des chansons composées par Ferrat
pour d’autres interprètes
Titres écrits pour Christine Sèvres
La Marche prénuptiale
Salut
Che
Tu es venu
La Délaissée
La Matinée
Autres titres
Les Artistes, interprété par Denis Albert
Sur le verbe aimer et La Gifle, interprétés par Aurélia
Mon vieux, interprété par Jacques Boyer et Daniel Guichard, Francis
Lemarque
Les Lavandes, interprété par Laurette Broussin
Les Yeux d’Elsa, interprété par André Claveau
Laura Laura, interprété par André Claveau, puis Danielle Rey
La Chanson d’amour, interprété par Danielle Darrieux
Paris par cœur, interprété par Dominique Dimey
La Chanson d’amour, interprété par Rosalie Dubois
J’ai peur, interprété par Christophe Duplan
Le Petit Jardin, interprété par Odile Ezra
La Champagne, interprété par Suzanne Gabriello
Sur le verbe aimer, Maréchal, Le Pull-over, interprétés par Juliette Gréco
Les Petits Bistrots et Chanter la paix, interprétés par Alain Hivert
Mon bonhomme et À nous deux mon ange, interprétés par Zizi Jeanmaire
Il nous faut des chansons, interprété par Zizi Jeanmaire, puis Bernard
Pisani
J’ai peur, interprété par Allain Leprest
On n’était pas riche, interprété par Allain Leprest, puis Linda de Suza
La jeunesse ne t’oublie pas et Les Jardins italiens, interprétés par Line &
Willy
Les Poètes, interprété par Hélène Martin
Toi qui reviens de Vienne, interprété par Junia Montès
Les Amants de Vérone, interprété par Roger Morris
La Chanson des pipeaux, interprété par Les Trois Ménestrels
Ton bonhomme, interprété par Jean-Claude Pascal
Tu es venu, interprété par Cora Vaucaire
Betty de Manchester, interprété par Georgie Viennet
La Crème au chocolat et Pour toujours, interprétés par Claude Vinci
Musique de films
1965 : La Vieille Dame indigne
Réalisation : René Allio
Scénario et dialogues : René Allio, avec la collaboration de Gérard
Pollicand, d’après la nouvelle de Bertolt Brecht, La Vieille Dame indigne
BO éditée en 1965 sur super 45 tours Disques Barclay 70 764 M :
On ne voit pas le temps passer (prologue et épilogue), paroles,
musique et interprétation par Jean Ferrat
Loin (générique), paroles, musique et interprétation par Jean
Ferrat
Tu ne m’as jamais quitté, paroles et musique de Jean Ferrat,
interprété par Victor Lanoux dans le film
1976 : L’Enfant prisonnier
Court métrage de Jean-Michel Carré
Réalisation : Jean-Michel Carré ; assistants : Gabriel Auer et Alain
Guesnier
Scénario : Jean-Michel Carré et Rodolphe Jacquette