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FRA Supp - Cours Lambeaux, Charles Juliet
FRA Supp - Cours Lambeaux, Charles Juliet
1. Définition :
1. Nous ne racontons que notre songe de la vie humaine, et, en un certain sens,
tout ouvrage d'imagination est une autobiographie, sinon strictement matérielle,
du moins intimement exacte et profondément significative des arrière-fonds de
notre nature.
P. BOURGET, Essais de psychol. contemp., 1883, p. 98.
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Il existe d’autres formes littéraires proches de l’autobiographie telles que les
mémoires, la biographie, le roman personnel, le poème autobiographique, le
journal intime, l’essai ou encore l’autoportrait.
Sur le papier, la définition semble simple voire évidente mais à la lecture d’une œuvre,
certains problèmes apparaissent.
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L’autobiographie se définit comme un récit rétrospectif en prose qu’une personne
réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, et
en particulier sur l’histoire de sa personnalité. Ainsi, dans …
1. Remarques préliminaires :
Un avant texte qui est placé juste avant la 1 ère partie du roman + police de caractère
différente de celle du roman mais ce passage appartient totalement à l’histoire (on ne
peut pas vraiment en faire l’impasse). => une sorte de préface de laquelle très
curieusement le lecteur semble exclu.
Un texte en 2 paragraphes totalement inégaux => instabilité
Un des seuls avantages à travailler seule est que j’ai la possibilité de choisir mes
mouvements pour structurer l’extrait : j’opte donc pour une explication en 2
mouvements qui respecte le découpage du texte.
-l’œuvre s’ouvre sur un lien entre deux personnes qui semblent proches comme le
confirme l’usage des adjectifs possessifs « tes », « ton ». L’auteur s’adresse à un
personnage féminin comme l’indiquent l’accord « appuyée » néanmoins le lien entre les
deux personnes n’est pas explicite (des amants ?)
- Le texte prend la forme d’une description du destinataire mais une description
fragmentée qui part un peu dans tous les sens : les yeux, le regard, l’épaule, les pieds…
Cet éparpillement est soutenu par la brièveté des phrases : les 2 premières surprennent
le lecteur 2 phrases nominales qui séparent un nom et un adjectif « Tes yeux.
Immenses » => insiste sur l’importance du regard qu’on considère souvent comme le
miroir de l’âme.
- effectivement, c’est le caractère de ce personnage féminin qui est ensuite travaillé
par l’auteur et l’on découvre une femme pétrie de douleurs et de contractions ; ainsi son
regard est qualifié de « doux et patient » deux adjectifs qui donnent une image
maternelle de cette femme mais qui s’opposent au champ lexical du feu soutenu par la
métaphore « ton regard (…) où brûle ce feu qui te consume »
- cette dichotomie (DIDACTIQUE Division, opposition (entre deux éléments, deux idées))
est ensuite reprise tout au long du texte. Ainsi, nous repérons une opposition symbolique
entre l’obscurité (le mal) et sa lumière « ta lumière »(le bien). Le verbe « meurtrir »
accentue la violence de combat => cette femme semble psychologiquement fragile et
sujette aux angoisses.
- Puis, en cinq phrases, le cadre est planté : à nouveau nous relevons un système
d’oppositions entre un intérieur chaud (champ lexical du feu) et chaleureux (champ
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lexical du feu + lien avec l’animal) qui s’oppose à un extérieur froid (phrase nominale
brève + noms connotés péjorativement) et obscur. => Le tout se résorbe dans
l’expression lapidaire « Le cauchemar des hivers » Le nom « hivers » est complété par un
complément du nom placé dans une dernière phrase « de leur nuit interminable ». Toutes
ces oppositions décrivent une réalité concrète mais également un état psychologique.
- le système d’opposition se poursuit avec le champ lexical de l’évasion ou de la liberté
qui s’oppose à celui de l’emprisonnement et de la solitude.
- puis l’auteur insiste sur l’extrême solitude du personnage féminin (juxtaposition de
phrases nominales + champ lexical de la solitude + incapacité à communiquer)
- cette solitude va se transformer en véritable torture (métaphore de l’asservissement
avec l’évocation des « chaînes » + champ lexical de la torture)
- l’auteur insiste ensuite sur le courage de cette femme qui ne se laisse pas submerger
pas l’adversité (champ lexical du combat + métaphore symbole du voyage i.e. de la
liberté) ; la tonalité devient tragique, on sent que le combat semble vain.
- Subitement réapparait le pronom « je » qui confirme le projet de l’auteur (temps
conditionnel) : revivre ensemble les émotions décrites précédemment, recréer un lien qui
semble n’avoir jamais existé.
- les 3 dernières phrases concluent crûment la destinée tragique de cette femme
puisque nous assistons à une véritable mise à mort qui anéantit le personnage. (Adverbe
« puis » + champ lexical de la mise à mort + brièveté des 2 dernières phrases qui
traduisent l’anéantissement du personnage.
2ème mouvement : un cri improbable : la volonté de redonner vie à cette femme à travers
les mots. La faire revivre en parlant d’elle. « Te ressusciter. Te recréer. Te dire » =>
l’auteur s’octroie un pourvoir quasi divin.
Evocation d’un lien commun : la destinée tragique est commune aux deux.
Exercice : repérez sur le texte tous les exemples évoqués dans cette explication
(nettoyez le texte)
NB : j’ai bien évidemment omis de nombreux aspects du texte comme par exemple
l’abondance des conjonctions « mais » qui soutiennent les opposions omniprésentes.
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A. − Morceau d'étoffe, de papier, de matière souple, déchiré ou arraché, détaché du
tout ou y attenant en partie. Lambeau de toile ; rapiécer des lambeaux; arracher par
lambeaux; mettre en lambeaux.
− P. anal.
1. Morceau de chair ou de peau arrachée volontairement ou accidentellement. Lambeau
sanglant; lambeaux de chair et de sang.
Une structure en deux parties quasi égales (pas de chapitres) précédées du prologue
déjà étudié. L’originalité du roman tient à l’énonciation :
- Dans la 1ère partie le texte ressemble à un long monologue dans lequel l’auteur
s’adresse tout d’abord à sa mère qu’il cherche à « ressusciter », mère qu’il a
finalement fort peu connue.
- Dans la seconde partie, le lecteur assiste à une sorte de dédoublement de
l’auteur puisque ce dernier va raconter sa jeunesse en utilisant encore une fois le
pronom « tu ». L’auteur adulte s’adresse à l’enfant qu’il a été et reconstruit son
cheminement.
- Le roman se clôt sur l’évocation d’une période « 1983-1995 », l’écriture de roman
pourtant court a donc nécessité plus de 10 années de travail. Le roman semble
fonctionner comme une longue et douloureuse quête identitaire. Pour se
construire l’auteur a éprouvé la nécessité de réinventer sa mère et le lien qui les
unissait. L’écriture semble donc avoir une fonction thérapeutique.
2. Présentation de l’auteur
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IV/ Pourquoi parler de soi ?
1. Exercice : à partir des trois documents diachroniques déposés dans « Les
lectures », surlignez directement sur les documents les motivations de
chacun de ces auteurs. Puis, sous les documents faites une rapide synthèse
des motivations. (sous forme de tirets, ce sera parfait)
- L’extrait que j’ai intitulé « le pique-nique » se situe dans la 1ère partie du roman.
- L’auteur retrace la jeunesse de sa mère qui mène une vie austère dans la ferme
familiale ; un père sévère, une mère absente car elle travaille souvent à l’usine et
notre protagoniste qui se retrouve dans une situation ambivalente : elle est une
mère de substitution pour ses 3 sœurs plus jeunes mais elle est également une
jeune fille curieuse, avide de connaissances et qui rêve à son avenir loin de la
ferme familiale.
- L’extrait décrit une journée exceptionnelle durant laquelle les quatre sœurs ont
obtenu l’autorisation de s’échapper de la ferme pour faire un pique-nique. La
description en mouvement prend alors la forme d’un tableau champêtre.
3. Proposition de plan :
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J’ai rempli le 1 et le début du 2 ; essayez de placer au moins 2 tirets par
sous-partie. Il est possible de reprendre un même repérage 2 fois.
A/ Une échappée qui prend la forme d’une communion harmonieuse entre les quatre
sœurs
1. Un moment de bonheur
- Champ lexical de la joie
- Champ lexical de la liberté vs champ lexical de l’enfermement
- Verbes d’action (mouvement, dynamisme, entrain)
2. Un moment de partage
- Pronom « vous » => champ lexical de la fraternité
3. Un moment de contemplation
Une sœur aînée qui se sacrifie pour ses jeunes sœurs (rôle maternel + idée d’un
sacrifice)
B/ Une description symbolique du paysage qui traduit le désir profond de vivre une
autre réalité
1. Une parenthèse au goût de liberté
- Champ lexical de l’impatience
- Description d’un paysage bucolique + mouvement ascendant du regard
2. L’expression d’un besoin d’évasion (physique et intellectuel)
- Champ lexical de la liberté (verbes d’action relatifs au départ)
3. L’expression d’un mal-être
- Champ lexical de l’étouffement / enfermement
- Métaphore du feu
Une personne écartelée entre son cadre de vie et ses désirs
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L’écriture de Juliet réussit la prouesse de dire l’essentiel dans une langue très
simple et très épurée qui offre de très belles images (métaphores et
comparaison). (Nombreuses phrases nominales, anaphores qui rythment
l’enchaînement des idées, phrases simples et phrases complexes mais par
juxtaposition ou coordination mais la simplicité n’est jamais au service de la
facilité ou de la superficialité).
L’écriture explicite la faille (la douleur) de l’auteur avant de réussir peu à peu à la
combler. Il s’agit bien d’une écriture thérapeutique voire parfois d’une sorte de
prière.
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l’écrivain lui-même : « Dire ce que tu leur dois. », « Montrer tout ce qui d’elles est passé
en toi. »
Mais pourquoi leur consacrer une biographie ? C’est d’abord une façon de leur
rendre ce qu’elles ont donné, réponse posée en parallèle aux actes des mères, exprimés
par trois infinitifs : « t’entourer, te protéger, te tenir dans l’orbe de leur douce
lumière ». Cette dernière formule crée une image quasi religieuse, peut-être
précisément parce que la mère naturelle n’était, en fait, présente que dans un au-delà
céleste. En écho, nous trouvons les trois phrases à l’infinitif dans le paragraphe suivant :
« Dire ce que tu leur dois », « Entretenir leur mémoire », « Leur exprimer ton amour ».
Ainsi l’écriture se donne pour but l’expression d’une forme de gratitude.
Mais il affirme aussi sa volonté de réparer ce qui est perçu comme une injustice,
les réunissant à nouveau : « Ni l’une ni l’autre de tes deux mère n’a eu accès à la parole ».
Cela se traduit comme un projet d’écriture, dans trois phrases au futur de certitude
sans même de reprise du pronom-sujet : « tu les tireras de la tombe. Leur donneras la
parole. Formuleras ce qu’elles ont toujours tu. ». L’écriture est donc bien une re-création
fictive : l’écrivain redonne une vie autre à la personne réelle, en lui prêtant ses
propres mots.
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En revanche, plusieurs difficultés sont mentionnées dans la rédaction : « Mais
après en avoir rédigé une vingtaine de pages, tu dois l’abandonner. » Elle s’est arrêtée à
peine commencée, mais toujours comme sous l’emprise d’une force extérieure. Cela vient
de la souffrance que l’écriture ravive, les peurs de l’enfance, les traumatismes : « Il
remue en toi trop de choses ». L’écrivain se montre comme emprisonné dans une prison,
d’où les verbes « t’affranchir de ton histoire », « gagner ton autonomie », c’est-à-dire
cesser d’être celui qui a été créé par une mère disparue pour « se créer » soi-même par
l’écriture. L’autobiographie fait naître un nouveau « moi », le personnage qui ne dépend
que de l’écriture : ce sera donc elle qui lui donnera sa forme, en le libérant de toute
attache extérieure.
D’où, comme dans un récit d’initiation, l’image d’un combat : il lui faut
« longuement lutter pour conquérir le langage ». La restriction « du moins » oppose, en
effet, deux types de « parole ». Face à la parole banale, celle de la vie quotidienne, une
parole toute faite, construite autour d’automatismes, il recherche la parole personnelle,
authentique, à laquelle il accorde trois fonctions quasi thérapeutiques, en gradation :
« se dire, se délivrer, se faire exister dans les mots ».
À la façon du mécanisme en œuvre dans la psychanalyse, l’écriture est montrée comme
une véritable catharsis qui permet de passer du néant à l’être, de se conquérir soi-
même à travers les mots choisis pour se représenter.
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Ce traumatisme se prolonge en négation par autrui : ils « n’ont jamais été écoutés »,
« ont été gravement humiliés ». Quand autrui me refuse la parole, il me renvoie, en
effet, à un néant, là encore violemment exprimé : « ceux qui étouffent de ces mots
rentrés pourrissant dans leur gorge ». Nous en arrivons à une image à connotation
religieuse, celle du martyre du Christ : ils « portent au flanc une plaie ouverte », comme
celle causée par le coup de lance qui avait blessé le Christ sur la croix.
En parlant à la place de celles - et ceux - qui n’ont pas parlé, et en disant ce que lui-
même avait ressenti en silence, l’écrivain peut alors consoler ceux qui se reconnaîtront
dans cette parole : c’est là une autre fonction du tutoiement choisi dans l’œuvre,
chaque lecteur pouvant se reconnaître dans cette énumération.
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