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WikiLeaks dynamite la Loppsi

An Insight into Child Porn


Wikileaks dynamite la Loppsi
Pédopornographie sur internet :
le mensonge qui cache la censure 2.0

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Wikileaks dynamite la Loppsi

La première partie de ce document est une étude rédigée par Fabrice Epelboin en 2009, à
laquelle s’est ajouté une introduction rédigée en décembre 2010. La seconde partie est la
traduction intégrale en français qu’il a réalisé à partir d’un document anonyme mis à dis-
position par Wikileaks fin 2008.

Ce document est protégé par une licence Creative


Commons. Vous êtes libre de le reproduire, de le
distribuer et de communiquer ce texte au public ainsi
que de le modifier à la condition dʼen citer lʼauteur et
de faire un lien vers http://bit.ly/wikileaks-loppsi

Licence juridique disponible sur


http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/fr/

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WikiLeaks dynamite la Loppsi

Introduction à la seconde édition 5

Première partie - Analyse critique du texte issu de Wikileaks 9


Le business de la pédopornographie 9
Naissance d’une cybermafia 12
Les acteurs du business de la pédopornographie 16
Les nouveaux maîtres de la pédopornographie : les distributeurs 18
Le marketing de la pédopornographie 21
Les circuits de l’argent 23
Une R&D qui pourrait mener tout le monde en prison 25
L’avenir de la distribution des contenus pédopornographiques 27
Conséquences du filtrage sur le business de la pédopornographie 29

Seconde partie - traduction française du texte original 32


Note du traducteur 33
Introduction 36
Les débuts du business pédophile, de 68 à l’internet 37
Une législation mondiale disparate 38
Des éditeurs à l'ère du web 1.0 (1996-2004) 38
Les débuts d’une industrie 39
Un mannequinat enfantin particulier 40
Follow the money 41
Le chiffre d’affaire de la pédophilie 41
La distribution, avant le filtrage (2000-2004) 43
Naissance d’une CyberMafia de la pédopornographie 44
Une économie numérique très innovante 45
Un réseau (clandestin) dans le réseau 47
Business model de la pédophilie 48
Une R&D qui pourrait mener tout le monde en prison 49
Dégâts collatéraux 50
Les producteurs, pros et amateurs. 51
Des enfants pas si innocents 52
Des enfants irresponsables... ou pas. 53
Les talibans Chrétiens 53
Petites arnaques 55
La justice au far-west, un bon business 55
Protéger ou contrôler les enfants ? 56
Des filtres à Pédophilie variable 57
Un PedoMarketing à l’épreuve du filtrage 58
La distribution des contenus à l’ère du filtrage 59
Ouvrez les yeux 60
Chassez le naturel... 61
Les pédophiles dans la société 61
Stigmatisation 62
Qui sont les pédophiles ? 63
Pourquoi tout criminaliser ? 64
L’arme ultime 64
Décriminaliser la possession 65
Qui sont les victimes ? 66
Morale et sexualité 66

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Wikileaks dynamite la Loppsi

Avertissement
Les propos contenus dans le texte «An Insight into Child Porn», issu de Wikileaks, publié
en seconde partie de cet ouvrage, sont susceptibles de heurter les personnes sensibles.

Remerciements
Ce travail n’aurait jamais pu avoir lieu sans l’aide initiale d’un hacker qui, en commen-
taire à un précédent travail sur le fonctionnement des milieux pédophiles sur internet, por-
ta à ma connaissance l’original de «An Isight into Child Porn», publié par Wikileaks.
Qu’il en soit remercié.

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Introduction à la seconde édition


“An Insight into Child Porn” est le témoignage - forcément anonyme - d’un informaticien
ayant travaillé, durant une large partie de sa vie, au service de réseaux pédophiles.

Publié sur Wikileaks1, ce document a été traduit en 20092 dans son intégralité afin de ser-
vir de base de travail pour l’étude qui constitue la première partie de ce document, publié
au sein d’un ouvrage collectif il y a un an3. Les textes en italique qui parcourent cette
étude en sont des extraits. La traduction du texte original, elle, est publiée en intégralité
dans la seconde partie de cet ouvrage.

Ce témoignage a été validé auprès de spécialistes, chaque point a fait l’objet de multiples
vérifications. Il a par ailleurs été largement discuté au sein de communautés comme celle
de la sécurité informatique4 et de la lutte contre la pédopornographie en ligne5 . Tout laisse
à croire que les éléments qu’il comporte sont véridiques. Vous trouverez, sous forme de
notes de bas de page parsemant le texte original tout comme l’étude qui l’accompagne,
une multitude de liens amenant vers divers documents permettant de vérifier telle ou telle
affirmation ou d’approfondir un point particulier.

La seule objection faite lors de la première publication de cette étude a été formulée par un
responsable français de la lutte contre la cyber-criminalité, et a consisté à y opposer des
estimations de chiffre d’affaire faramineux supposément réalisés par les pédopornogra-
phes6. Ces chiffres, dont des spécialistes sont remontés aux sources7, se sont avérés de pu-
res inventions, lancés par des marchands de sécurité et repris par divers politiques peu
soucieux de vérifier leurs sources, ou trop content de trouver des données venues appuyer
leurs discours.

L’histoire des réseaux de distribution de la pédopornographie est pourtant riche d’ensei-


gnements, qu’il est urgent de porter à la connaissance du public. C’est ce que nous avons

1 http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikileaks
2 Traduction Fabrice Epelboin, avec ajout dʼun chapitrage inexistant dans lʼoriginal, depuis la
traduction anglaise de lʼoriginal publié en allemand à la fin 2008.
3

http://www.ilv-bibliotheca.net/librairie/confession_dun_pedophile_limpossible_filtrage_du_web.h
tml
4 http://www.schneier.com/blog/archives/2009/03/the_techniques.html
5 http://news.ycombinator.com/item?id=520341
6

http://fr.readwriteweb.com/2010/02/09/divers/gendarmerie-nationale-confond-dja-filtrage-censur
e/
7 http://libertus.net/censor/resources/statistics-laundering.html

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Wikileaks dynamite la Loppsi

tenté de faire à la fin 2009 avec quelques amis, en publiant aux éditions In Libro Veritas
un ouvrage destiné à dénoncer les dangers de la loi Loppsi8 , dans lequelle cette étude ap-
paraissait pour la première fois.

La traduction française du texte original, en allemand, n’avait à l’époque pas été publié.
Particulièrement choquant, il avait exclusivement été distribué aux seuls spécialistes qui
en avait expressément fait la demande, ainsi qu’à quelques parlementaires qui avaient jugé
utile d’en prendre connaissance avant le premier passage de la Loppsi au parlement, début
2010.

Depuis, en à peine une année, le monde de l’information a vécu une disruption majeure du
fait de ce même Wikileaks dont est issu le texte qui constitue la seconde partie de cet ou-
vrage.

En publiant de façon massive des quantités impressionnantes de notes militaires confiden-


tielles puis, dernièrement, diplomatiques, Wikileaks a fait apparaître aux yeux de tous la
possibilité d’un nouveau «droit numérique», peut être appelé un jour à siéger aux cotés
d’autres libertés aujourd’hui considérées comme fondamentales, celui du droit d’accéder à
l’information.

Wikileaks a aussi cassé le rythme habituel de l’information, habitué à voir de telles révéla-
tions s'égrener avec le temps, brisé par la publication brutale d’une quantité faramineuse
de documents, où se mêlent révélations fracassantes sur des affaires de corruption entre
chef d’Etats 9 et propos qui auraient leur place dans les colonnes de journaux people10.

Wikileaks a changé la donne du jeu de l’information, bouleversant l’ecosystème du pou-


voir et celui de ses intermédiaires avec le peuple, à commencer par les journalistes. Pour
ces derniers, c’est une ère passionnante de renouvellement qui s’annonce. Pour les pre-
miers, c’est un météorite qui vient de s'abattre au beau milieu de leurs terres, et pour cer-
tains, une épée de Damoclès dont le fil vient de rompre.

Wikileaks a rendu obsolète la volonté initiale de ne pas publier le texte original, joint dé-
sormais à cette édition. Wikileaks joui aujourd’hui d’une renommé internationale, là où il
n’était connu que par les initiés il y a quelques années, quand ce texte y est apparu. Il est
maintenant pris au sérieux par tout le monde.

http://www.ilv-bibliotheca.net/librairie/confession_dun_pedophile_limpossible_filtrage_du_web.h
tml
9 http://www.guardian.co.uk/world/2010/dec/02/wikileaks-cables-berlusconi-putin
10

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20101129.OBS3800/les-revelations-de-wikilea
ks-embarrassent-aussi-sarkozy.html

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Sa renommé de fraîche date donne au texte «An Insight into Child Porn» une force nou-
velle, apte à alerter de façon solennelle les parlementaires qui s'apprêtent, pour la dernière
fois, à valider l’article 4 de la loi Loppsi11 qui orientera de façon radicale notre société
vers un monde qui promet de faire de la démocratie, telle qu’on l’envisage aujourd’hui, un
vague souvenir.

L’alternative proposée par Julian Assange n’est pas pour autant la promesse de lendemains
qui chantent, mais le choix de l’instauration d’une censure d’Etat et de la mise en place
d’une société de la surveillance est probablement l’un des plus importants que nos démo-
craties aient à faire en ce début de siècle. Pourtant, le débat de société, tout comme le dé-
bat parlementaire qui devraient lui être associé ont été escamotés, profitant de l'illettrisme
en matière de numérique qui frappe l’essentiel des élites dirigeantes françaises.

Plutôt que de voter en catimini, maladroitement caché dans un pavé parlementaire, un ar-
ticle donnant à une autorité administrative pouvoir de vie ou de mort sur une information
sans l’intervention d’une autorité judiciaire, il est plus que jamais nécessaire de prendre le
temps d’un véritable débat de société, ou même mieux, d’un réel projet de société, à
l’heure où elle entre de plein pied dans la civilisation numérique.

L’article 4 de la loi Loppsi donnera, au nom du peuple français, une orientation radicale à
notre société au sein de cette future civilisation du numérique. Une orientation dont peu de
Français sont conscients, et tout aussi peu de parlementaires.

Les Français pourront demain plaider l’ignorance, tout comme leur parents peuvent le
faire en guise d’excuse face aux désastres écologiques initiés tout au long du XXe siècle.
Les politiques, eux, n’en auront pas la possibilité, pas plus qu’ils ne pourront avancer une
responsabilité sans culpabilité.

Distribué de façon massive à l’Assemblée Nationale à la veille du premier passage de la


loi Loppsi, et republié aujourd’hui accompagné de la traduction intégrale de «An Insight
into Child Porn», cette étude détaillée du commerce de la pédopornographie montre de
façon claire pourquoi le projet de filtrage de l’internet contenu dans la loi Loppsi ne fera
strictement rien pour prévenir le trafic de matériel pédopornographique sur internet. Il ne
portera pas non plus atteinte aux intérêts de ceux qui en profitent financièrement, bien au
contraire.

Cette preuve flagrante du mensonge que constitue l’argument de la lutte contre la maltrai-
tance enfantine, venue justifier la mise en place d’une censure d’Etat, vient ajouter une
goutte d’eau à la rivière de mensonges mis à nus récemment par Wikileaks, et à l’océan
qui s’annonce.

Aucune association de protection de l’enfance, contactées à l’occasion de la sortie initiale


de cette étude, n’a eu le courage depuis de dénoncer les dispositions de l’article 4 de la loi

11 http://fr.readwriteweb.com/2010/02/11/analyse/loppsi-resume/

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Loppsi. Il faut dire que depuis un an, les légions d’honneur, qui n’ont jamais aussi mal
porté leur nom, ont été distribués généreusement dans le milieu associatif en charge de la
maltraitance enfantine. Seul l’Ange Bleu, une association de prévention de la pédophilie,
avec laquelle j’avais également eu l’occasion d’avoir de multiples échanges suite à la pu-
blication de l’étude fin 2009, s’est exprimé publiquement pour rejeter la loi12.

Pour ces protecteurs de l’enfance, comme pour les parlementaires sur le point de voter la
loi Loppsi, il n’existe dans le ‘monde d’après’ prophétisé et mis en place par Julian As-
sange, aucune excuse. Un seul mot s’impose, qui n’a pas encore de traduction Française,
mais qui fera sans nul doute parti du monde d’après : accountability13.

Fabrice Epelboin, 8 décembre 2010

12 http://www.ange-bleu.com/pj/LOPPSI-101115.pdf
13 http://en.wikipedia.org/wiki/Accountability

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Première partie - Analyse critique


du texte issu de Wikileaks
Le business de la pédopornographie
L’un des points essentiels pour lutter contre un adversaire, les pédopornographes dans le
cas qui nous intéresse, est de juger correctement de la taille de l'ennemi. L’un des éléments
déterminants pour prendre la mesure du problème reste le chiffre d’affaire du business
qu’ils peuvent espérer réaliser, et la taille du marché qu’ils adressent.

Même s’il peut paraître monstrueux de résumer la pornographie enfantine à un flux finan-
cier, celui-ci est un indicateur précieux des moyens dont dispose l’adversaire, et il est im-
portant d’en avoir une idée. Il est également essentiel de tout faire pour porter atteinte à
ces flux financiers, car tout succès sur ce front est sûr de porter atteinte à sa capacité de
nuisance. Inversement, tout ce qui pourrait contribuer à augmenter ses revenus le rendra
plus puissant.

Or aucune étude sérieuse n’a été faite à ce sujet, seuls des chiffres sortis de nulle part et
étayés par de simples affirmations ont été publiés ça et là. Le témoignage apporté par “An
Insight into Child Porn”, sur lequel s’articule la partie du livre que vous entamez, est à ce
titre une première.

Les données apportés dans ce témoignage pour soutenir les calculs menant à une estima-
tion du chiffre d’affaire de la pornographie enfantine sont cohérents, le modèle économi-
que exposé est d’une banalité déconcertante, et la somme obtenue est à la fois effrayante
et rassurante : en 2004, le ‘leader’ du marché totalisait un chiffre d’affaire de plus de 20
millions de dollars, une somme à peine supérieure au chiffre d’affaire de la société Marc
Dorcel, le leader Français de la pornographie classique, qui n’est qu’un tout petit acteur
face aux géants américains du secteur, et qui face aux 3 à 4 milliards de dollars annuels
que rapportent la pornographie sur le seul territoire américain14, permet tout de même de
relativiser l’importance du phénomène.

La pédopornographie reste une toute petite niche dans un marché gigantesque, mais il ne
faut pas perdre de vue que 20 millions de dollars restent malgré tout une somme largement
suffisante pour mettre en œuvre un dispositif innovant. Peu de startups disposent aujour-
d’hui de tels moyens pour fonctionner, que ce soit sous forme de chiffre d’affaire ou de
sommes levées auprès de fonds de capital risque.

Cette somme, si elle permet de relativiser l’importance de la pédopornographie par rapport


à la pornographie classique, reste amplement suffisante pour innover de façon frénétique.

14 http://www.forbes.com/2001/05/25/0524porn.html

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L'ennemi, nous le verront plus loin, étant particulièrement porté sur l’innovation, on peut
d’ors et déjà le qualifier de redoutable.

[le leader du marché] opérait un nombre incalculable de sites web, tel LS Land,
Fantasy LS, LS Magazine, etc. et vendait approximativement 1500 accès à leur
catalogue par jour, pour environ 40$. Un chiffre d’affaire de 60.000$ par jour,
soit 1,8 million par mois, ou encore 21,6 millions de dollars par an.

Après avoir payé les modèles, du personnel, le fonctionnement des sites web, leurs
propres studios [où étaient réalisés les photos et les vidéos, ndt], une banque
gourmande et des coûts en bande passante exorbitants atteignant 1,3 million de
dollars par mois, cela laissait à LS un bénéfice de l’ordre d’un demi million de
dollar par mois15.

6 millions de bénéfices pour un peu plus de 20 millions de chiffre d’affaire, une marge
confortable mais somme toute comparable à bien d’autres business. La cohérence des
chiffres, avancés dans le témoignage que constitue “An Insight into Child Porn”, laisse a
penser que l’auteur sait parfaitement de quoi il parle.

Sur les premiers modèles économiques mis en place pour tirer profit de la pédopornogra-
phie, le texte apporte là encore un éclairage intéressant :

J’ai en ma possession les statistiques de consultation de l’année 2001 d’un site


web qui contenait des photos d’enfants et d’adolescents nus. Durant le mois de
juin, ce site a reçu 6,5 millions de visiteurs uniques par jour. L’outil utilisé à
l’époque ne permet pas de le calculer avec précision, mais selon mes estimations,
et compte tenu du très grand nombre de visiteurs récurrents, ce site a accueilli
plus de 15 millions de visiteurs par mois durant l’année 2001.

Le ratio entre visiteurs et acheteurs de contenus pédophiles n’est cependant pas


bien élevé. Ce même site a réalisé en juin 2001 un chiffre d’affaire de 60.000$,
avec un panier moyen de 30$, ce qui correspond à environ 2000 clients par mois
et un taux de transformation de 0,01%.

Deux constats frapperont ceux qui ont eu l’occasion de faire de l’eCommerce : un taux de
transformation extrêmement faible, 1% est un chiffre plus courant, or ici, on est cent fois
moins efficace que sur Amazon. Le nombre de prospects potentiels, 15 millions de visi-
teurs, dont on peut imaginer facilement que peu d’entre eux sont arrivés ‘par hasard’ sur le
site, vu l’énorme proportion de visiteurs récurrents, donne froid dans le dos.

Le dispositif décrit ici, qui n’est pas celui du leader du marché évoqué plus haut mais dont
le modèle d’affaire est similaire, repose sur un mode de distribution classique de contenus
payants, nullement innovant du point de vue technologique ou marketing. Les sites en

15 http://en.wikipedia.org/wiki/2004_Ukrainian_child_pornography_raids

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question datent de 2001 et de 2004, époque à laquelle la pédopornographie n’avait pas


encore entamé la mutation de ses modes de distribution, et où elle reposait sur le modèle
traditionnel de l’eCommerce.

A l’époque, il était relativement facile de trouver de tels contenus - 15 millions de visi-


teurs, ce n’est pas rien -, et c’est à comparer aux quelques milliers de signalements de con-
tenus pédopornographiques qui remontent chaque année aujourd’hui aux services de po-
lice en France.

Mais ce mode de distribution a aujourd’hui disparu, s’il subsiste encore, ça et là, quelques
contenus pédopornographiques sur la toile, ceux-ci sont soigneusement cachés des mo-
teurs de recherche, leurs adresses s’échangent entre initiés, ou se retrouvent dans des zo-
nes où se mêlent déjà des contenus particulièrement ‘extrêmes’. Tomber ‘par hasard’ sur
des contenus pédophiles de nos jours en surfant sur le web est une vaste plaisanterie, à
moins que la nécrophilie ou la zoophilie ne fassent partie de vos recherches quotidiennes
sur internet, cela n’a aucune chance de vous arriver ‘par hasard’.

Le business évoqué ici, qui fut sérieusement mis à mal après une longue enquête du FBI,
et avec la collaboration - relative - des autorités Ukrainienne16 en 2004, est un business
intégré : à l’époque, producteurs et distributeurs d’images pédophiles ne faisaient qu’un.

La vulnérabilité, face aux forces de police, de ce type de distribution basé sur l'eCom-
merce fit éclater l’intégration verticale de cette industrie nauséabonde. Désormais, les
producteurs de contenus et les distributeurs allaient vivre des parcours séparés. Comme
dans bien d’autres industries du contenu, c’est la maitrise de la distribution qui allait per-
mettre de dominer le marché.

16 http://en.wikipedia.org/wiki/2004_Ukrainian_child_pornography_raids

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Naissance d’une cybermafia


S’imaginer que le business de la pédopornographie se laisserait éliminer sans réagir est
d’une naïveté incroyable. Ne pas s’intéresser à la façon dont ce business s’est adapté à la
technologie est ahurissant, cela revient à se battre contre un ennemi que l’on ne connait
pas, avec des armes qui ont toutes les chances de s’avérer inappropriées. Chasser le san-
glier au lance-pierre ou la perdrix au bazooka. A moins que les armes en question ne
soient pas en réalité destinées à lutter contre les pédophiles, en ce cas ce serait complète-
ment stupide.

Le filtrage d’internet pour en éliminer la pédopornographie n’est pas une idée neuve. Il est
déjà en vigueur dans de nombreux pays, et certains, comme l’Australie, on d’ors et déjà
étendu ce filtrage à de nombreux autres contenus (Pasolini, Larry Clark et Catherine
Breillat sont filtrés en Australie). D’autres comme l’Espagne on annoncé le filtrage des
contenus portant atteinte aux droits d’auteur, annonce également faite en France récem-
ment par le président Nicolas Sarkozy17.

L’idée de censurer la pédopornographie date en réalité du début du XXIe siècle, sa mise


en œuvre, elle, remonte, pour les pays précurseurs, à quelques années. Mais cela fait main-
tenant dix ans que les distributeurs de pédopornographie sont conscients que cette menace
planait sur leur portefeuille.

Ne pouvant pas compter, comme l’industrie de la musique, sur la protection de l’état pour
protéger un modèle économique promis à la disparition, ils ont été contraints de faire ce
que le monde de l’entertainment à refusé : innover, pour s’adapter aux contraintes posées
par un environnement technologique et législatif en perpétuelle mutation.

Les débuts de la distribution de la pédopornographie sur internet sont d’un ordinaire qui
fait froid dans le dos. Ils sont étrangement similaires aux modes de distribution adoptés
par l’ensemble de l’industrie de l’entertainment lors de l’arrivée d’internet : systèmes de
gestion de contenus, portails, eMarketing, rien qui ne mérite que l’on ne s’y attarde plus
que cela.

C’est au tournant du siècle, quand la possibilité technique du filtrage s’annonçait comme


une inévitable fatalité, que l’histoire de la distribution des contenus pédopornographique
devient extraordinaire. Il aura fallu des rencontres - virtuelles -, des assemblages de com-
pétences - extraordinaires -, ainsi qu’une ingéniosité tant technique que marketing, mais
surtout, il aura fallu un creuset, des circonstances, un cadre qui a rendu tout cela possible.

17

http://hightech.nouvelobs.com/actualites/20100112.OBS3392/filtrage_internet_a_qui_s_est_adr
essa_sarkozy.html

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Ce cadre, c’est la Russie. L’ancien empire soviétique a gardé de son héritage communiste
bien des choses, mais l’une en particulier a permit à la pédopornographie de devenir l’in-
dustrie des contenus la plus innovante de la planète : l’interdiction de la pornographie.

La pornographie classique, dont le porte-drapeau Français, Marc Dorcel, est un exemple


parfait. Celle qui, en France a fait le succès - avec le foot - de Canal+, et qui est tolérée et
parfaitement légale chez nous. Cette pornographie là, en Russie, est illégale.

La pornographie, tous les experts du marketing en ligne vous le diront, est l’une des indus-
tries les plus innovantes qui soit sur internet. Elle a inventé l’affiliation, le curatoring de
contenus fait par ses utilisateurs, redéployé sa production de contenu pour s’adapter au
concept de ‘long tail’18, été parmi les pionniers des contenus payants, du partage de reve-
nus, du marketing viral, et même de l’utilisation des réseaux P2P pour faire la promotion
de ses sites commerciaux, rabattant les ‘pirates’ vers une offre plus claire, plus rapide, plus
complète, mais payante.

Un peu partout, dans toutes les zones linguistiques de la planète, on trouve de gigantes-
ques forums dédiés à son marketing, où tous les spécialistes échangent leur savoir faire,
leurs innovations, et proposent leurs services. C’est là que se mettent au point une bonne
partie de ce qui sera, demain, le marketing utilisé par de nombreuses grandes marques, qui
ignoreront pour la plupart l’origine des idées proposées par leurs agences (ces dernières
l’ignorant elles aussi la plupart du temps).

Les plus gros forums sont anglophones, mais la Russie, avec ses dizaines de millions d’in-
ternautes, n’est pas en reste. Sauf que là bas, c’est illégal. Ce n’est pas un problème ma-
jeur, on ne trouve pas sur ces forums de pornographie à proprement parler, on y discute
marketing et technologie, rien de véritablement illégal, tout du moins rien qui ne soit bien
visible. Qui plus est, il suffira d’héberger le forum en Ukraine pour être parfaitement à
l’abri.

En 2000, un forum Russe du nom de Darkmaster (darkmaster.com puis


darkmaster.info) regroupait toute la communauté du business de la pornographie
en ligne Russe. Une véritable place de marché ou chacun pouvait offrir ses servi-
ces.

Au fil du temps, le forum attira également tous les talents impliqués dans le busi-
ness sur internet au sens large – la pornographie étant connue pour développer
les stratégies marketing les plus pointues. Peu importe le type de business dans
lequel vous étiez impliqué, tout le monde était le bienvenue.

La pornographie étant illégale en Russie et dans beaucoup de pays de l’Est, la


distinction au sein du groupe entre ce qui est légèrement illégal et ce qui l’est plus
n’avait pas d’importance.

18 http://fr.wikipedia.org/wiki/Longue_tra%C3%AEne

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De la pornographie classique à la zoophilie en passant par la pédophilie, tout


était vendu et markété sur cette plateforme. Tout le monde proposait ses services :
photographes, webmasters, développeurs, designers, et bien sûr, les sociétés qui
embauchaient.

Ce bouillon de culture, du fait de l’illégalité de la pornographie en Russie, avait fini par


accueillir tout et n’importe quoi, ou plutôt n’importe qui, ses participants étant, quoi qu’il
en soit, dans l’illégalité. Cet assemblage à l’éthique élastique n’allait pas tarder à exploser
: les pornographes, eux aussi, ont des problèmes de conscience avec la maltraitance enfan-
tine, et les pédophiles ont fini par se faire expulser.

Un groupe connu sous le nom de Lolita webmaster fut exclu par la communauté
de la pornographie adulte, suite à de nombreux conflits, et pris son autonomie.

Mais l’assemblage de talents, nombreux sur le forum d’origine, était fait, les réseaux cons-
titués, et les autonomistes pédophiles se retrouvèrent avec tout ce qui leur était nécessaire
pour repenser en profondeur leur modèle de distribution, et faire face à leur plus grand
défit : le filtrage d’internet.

Au fur et à mesure des années, une combinaison unique de talents se constituât.


Du fait de problèmes croissants causés par la censure, les difficultés d’héberge-
ment des contenus, de facturation, et de marketing, différents groupes issus de
Darkmaster se spécialisèrent et commencèrent à se constituer en communautés
autonomes.

Des connections avec les producteurs de contenus pédophiles, des collections gigantes-
ques constituées depuis les années 70, des moyens financiers conséquents et des relations
avec la mafia Russe - la vraie -, il ne manquait à cette association de malfaiteurs que les
meilleurs consultants en matières d’innovation, tant en matière de technologies que de
‘gestion’ de flux financiers. Ces derniers furent rencontrés, eux aussi, sur les forums où les
premiers contacts entre le milieu de la pédopornographie, celui de la haute technologie, et
celui de la cyber délinquance avaient eu lieu.

Les meilleurs développeurs et administrateurs réseau d’Europe de l’Est se mirent


à travailler ensemble, au sein de communautés dans lesquels ont retrouvait éga-
lement les meilleurs faussaires, des spécialistes de la falsification de carte de cré-
dit, des spammeurs 19 de grand talent, et des hackers qui écrivaient des program-

19 http://fr.wikipedia.org/wiki/Spam

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mes d’intrusion informatiques (rootkit20), des virus 21 ou des trojans22 spécialement


conçus pour les besoins du business de la pédophilie.

20 http://fr.wikipedia.org/wiki/Rootkit
21 http://fr.wikipedia.org/wiki/Virus_informatique
22 http://www.commentcamarche.net/contents/virus/trojan.php3

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Les acteurs du business de la pédopornographie


Il convient de distinguer de façon claire les acteurs qui prennent part à ce commerce lugu-
bre, comme nous le verront plus loin, si les consommateurs restent indispensables à la
bonne marche des affaires, les alliances entre les différents acteurs varient en fonction de
l’évolution de leur environnement juridique, technologique, mais également de la répres-
sion qui s’exerce sur chacun d’entre eux.

Le consommateur, tout d’abord, constitue le groupe dans lequel se compte l’essentiel de


ceux qui tombent dans les filets des forces de l’ordre. Sans eux, pas de marché, et s’il est
indispensable de continuer à les pourchasser, on peut légitimement se demander si c’est là
l’action la plus efficace, si le but recherché est de mettre un frein aux mauvais traitements
infligés aux enfants. Les consommateurs, nous l’avons vu, se comptent en millions, les
arrestations en centaines, ce n’est pas comme cela que l’on peut espérer mettre un coup
d’arrêt à la maltraitance enfantine liée aux besoins de ce commerce.

Les distributeurs, longtemps intégrés aux producteurs, ont dans un premier temps été de
simples prestataires, mais l’arrivée progressive et inévitable de la censure leur a donné,
ces six dernières années, une importance stratégique majeure. Tant que la distribution con-
sistait à mettre en ligne un site eCommerce, la valeur ajoutée qu’ils apportaient était fai-
ble, mais une fois la censure arrivée, c’est sur eux que reposait l’avenir du business, et ce
sont eux qui ont transformé cette petite industrie. Tout au long de ‘An Insight into Child
Porn’, ceux-ci sont nommés ‘opérateurs’, ce qui n’est guère que le reflet du regard de spé-
cialiste des technologies que porte l’auteur du récit sur ces acteurs.

Les ‘producteurs’ sont ceux qui réalisent les images et les vidéos pédopornographiques. A
l’époque où la distribution ne nécessitait pas de compétences particulièrement évoluées.
Avant 2004, date charnière à laquelle a eu lieu un raid organisé par le FBI sur le plus gros
producteur situé en Ukraine23 , ce sont eux qui dominaient le marché.

Enfin, il est important de comprendre la nature du ‘catalogue’ dans ce business, car con-
trairement aux autres industries du contenu, pas question ici de faire valoir un quelconque
copyright. Le seul contenu que puisse monétiser un producteur est nécessairement nou-
veau. Passé un temps, une fois celui-ci diffusé, il pourra tout aussi bien être monétisé par
un autre qui n’en possède pas les droits, ce qui met les producteurs dans une situation dé-
licate car ils ne peuvent, pour des raisons évidentes, pas intenter de procès pour violation
du droit d’auteur.

Ajoutez à cela que les ‘collections’ remontent aux années 70, date à laquelle la production
- tout comme la distribution et la consommation - de bon nombre de contenus aujourd’hui
considérés comme pédopornographique n’étaient pas illégales, et vous comprendrez la
position peu enviable du producteur de contenu dans cette économie.

23 http://en.wikipedia.org/wiki/2004_Ukrainian_child_pornography_raids

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WikiLeaks dynamite la Loppsi

Comme si cela ne suffisait pas, le sexting24, qui consiste, pour les adolescents, à se photo-
graphier nus, et dont une partie de la production, initialement destinée à un cercle privé, se
retrouve dans la nature, a fait apparaître dans le courant des années 2000, la concurrence
redoutable des amateurs.

Tant que la distribution était facile, les producteurs, en approvisionnant le marché en nou-
veautés, dominaient le marché. Avec l’arrivée d’une concurrence de la part d’amateurs,
l’accumulation de collections de plus en plus importantes, et l’arrivée du filtrage qui don-
na à la distribution une importance stratégique, l’équilibre entre ces acteurs a été boulever-
sé. Ce serait désormais ceux qui pouvaient distribuer les contenus qui se retrouvaient en
position de réaliser des profits. Ceux là, contrairement aux producteurs, ne sont nullement
intéressés par la pédopornographie, c’est un commerce comme un autre, ils maîtrisent la
distribution de contenus illégaux, et sont prêts à distribuer n’importe quoi, pourvu que cela
leur rapporte de l’argent. Ce point est, nous le verront plus tard, d’une importance ma-
jeure.

C’est donc dans la distribution que se situe le cœur du problème de la pédopornographie


sur internet aujourd’hui, et nous le verrons en détail plus loin dans cette étude, celle-ci a
résolu depuis longtemps le problème du filtrage, entraînant dans de nouveaux modes de
distribution, et de nouveaux usages des technologies, l’essentiel des consommateurs de
pédopornographie.

Les producteurs, qui ne disposaient pas de moyens de distribution évolués, ont été déci-
més par les différents services de police un peu partout sur la planète. Les uns après les
autres, leurs sites ont été fermés, permettant au passage de récolter de précieuses données
sur les consommateurs, qui y laissaient des traces, menant à de spectaculaires coups de
filet.

Il en reste bien peu aujourd’hui.

Il existe deux types de business dans la pédopornographie : ceux qui sont en Eu-
rope de l’Ouest et aux Etats Unis, et qui se font arrêter assez rapidement par les
autorités car ils sont incompétents et n’ont pas la moindre compréhension techni-
que de ce qu’ils font. Ce sont ceux qui abordent le business comme des produc-
teurs de contenus utilisant la technologie.

Leur espérance de vie est très courte, leurs sites sont très vite repérés par les au-
torités et leurs organisations rapidement démantelées. Il ne représentent qu’une
très petite partie du business, mais permettent néanmoins aux autorités de réali-
ser de nombreuses saisies et d’arrêter, parfois, des organisations pédophiles. Ce
sont eux qui font les gros titres des journaux.

24 http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2009/08/25/le-sexting-cest-normal/

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Wikileaks dynamite la Loppsi

Les nouveaux maîtres de la pédopornographie : les


distributeurs
Les distributeurs, nous l’avons vu au chapitre précédent, sont issus de l’Europe de l’Est et
plus particulièrement de Russie. Eux ont compris que le salut de leur industrie, comme
toute industrie du contenu, viendrait de l’innovation technologique, et ils ont su l’utiliser
pour devenir les nouveaux maitres de ces lugubres forges.

il existe une autre variété de cyberpédophiles. Ceux qui abordent le business


comme une technologie utilisant des contenus. Des organisations qui assemblent
les meilleurs administrateurs réseaux, les développeurs les plus talentueux et des
hackers de génie.

Il existe une collaboration directe entre certains développeurs qui programment


des Trojan ou des logiciels d’intrusion spécifiques, des hackers qui sont aux com-
mande de réseaux d’ordinateurs infectés (des « ordinateurs zombies »25), et des
spammers qui utilisent ces ordinateurs infectés pour envoyer du spam dans le seul
but de mettre au point et d'exécuter des programmes marketing d’acquisition de
trafic.

Un mot d’explications techniques s’impose à ce stade, car la partie la plus intéressante en


ce qui nous concerne de ‘An Insight into Child Porn’, est particulièrement technique.

Pour faire simple, les hackers sont des individus particulièrement doués techniquement,
qui perçoivent tout système technologique comme une opportunité de détournement, de
dissection et d’analyse. Ce sont eux qui sont à l’origine même de l’internet, qui l’ont mis
au point, et ce sont de puissants moteurs de l’innovation. Ils constituent une bonne partie
des informaticiens les plus doués, et se divisent en deux camps : les ‘whitehats’, les ‘gen-
tils’, qui n’utilisent pas leurs talents à des fins criminelles, et les ‘blackhatsʼ, les ‘mé-
chants’, qui versent dans la petite ou la grande cyberdélinquance. Bien évidement, les
‘hackers’ dont on parle ici appartiennent à la deuxième catégorie.

Les ordinateurs zombies sont des ordinateurs de particuliers ou d’entreprises. Infectés par
un virus, un trojan pour être exact (une sous catégorie de virus), qui ‘parasite’, au sens
biologique du terme, l’ordinateur, en lui faisant effectuer une tâche à l’insu de son proprié-
taire, est de fait sous le contrôle invisible du hacker. On peut dès lors coordonner ces tâ-
ches ‘parasites’ afin que tout ou partie des ordinateurs infectés par un même virus effec-
tuent une tâche précise. On parle alors de ‘botnetʼ, un réseau d’ordinateurs infectés par un
même trojan.

Au cas où vous vous poseriez la question, aucune forme de filtrage ne peut venir à bout de
cela (contrairement à ce que prétendent certains constructeurs informatiques, qui voient là

25 http://fr.wikipedia.org/wiki/Machine_zombie

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WikiLeaks dynamite la Loppsi

une occasion de faire des affaires qui ne s’était pas présentée depuis le bug imaginaire de
l’an 2000), c’est une question de responsabilité individuelle, et cela relève plus de l’usage
régulier d’antivirus sur son PC ainsi que de l’apprentissage par tous des rudiments de la
sécurité informatique, au même titre que la sécurité routière.

Les plus grands spécialistes de l’internet comme Vincent Cerf estiment à plusieurs centai-
nes de millions le nombre d’ordinateurs infectés de la sorte dans le monde. Statistique-
ment, si vous utilisez un PC sous Windows, vous avez une chance sur quatre que votre
ordinateur soit infecté26 , c’est dire l’étendue du problème.

La conclusion est effrayante, et le texte de notre cyberpédophile sonne comme un avertis-


sement :

Comparez cela avec la stratégie habituelle en emarketing qui consiste a acheter


de l’espace publicitaire et des mots clés Google, et vous aurez une idée du degré
de sophistication des stratégies internet des cyberpédophiles.

Nous reviendrons en détails sur les technologies mises en œuvre pour la distribution des
contenus. Attardons nous pour l’instant sur l’un des aspects qui renforce la difficulté à at-
traper ces criminels : l’usurpation d’identité et l’anonymat offert par certains modes de
paiement, quand ce n’est pas tout simplement le vol de numéros de cartes de crédit.

Les stratégies de distribution déployées aujourd’hui sont d’un très haut niveau en
terme de technologie et sont particulièrement complexes. Cela commence par la
location d’une multitude de serveurs dans plusieurs pays. Pour cela, les spécialis-
tes, au sein du groupe des cartes de crédit, obtiennent des numéros et des identités
volées, ces données sont transmises à des faussaires qui réalisent de faux docu-
ments officiels, destinés à prouver une identité, le tout est ensuite revendu sous
forme de kits aux opérateurs de sites pédophiles.

Le vol de numéros de cartes de crédit n’est ceci dit pas indispensable, là aussi, le système
mis au point par les distributeurs a prévu d’utiliser toutes les failles du système financier
qui le nourrit.

Il existe des alternatives où détenir une carte de crédit n’est pas nécessaire : aux
Etats Unis, vous pouvez acheter une « carte cadeau » Visa ou Mastercard, pré
remplie avec une certaine somme d’argent, en temps normal, celle-ci ne peut être
utilisée que sur le territoire américain. Cet achat pouvant se faire de façon ano-
nyme avec de l’argent liquide, ces cartes peuvent ensuite être utilisées avec de
faux papiers d’identité pour louer des serveurs sur internet.

26

http://www.securityvibes.com/vinton-cerf-un-quart-internet-est-un-botnet-jsaiz-news-200860.htm
l

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Wikileaks dynamite la Loppsi

En utilisant une fausse identité et une carte de crédit qui fonctionne, on loue donc
des serveurs et on achète des noms de domaines.

Certains systèmes de paiement comme WebMoney (webmoney.ru), aussi populai-


res en Europe de l’Est que Paypal aux Etats Unis, permettent également d’ouvrir
un compte avec une fausse identité à l’aide de papiers falsifiés. Plus besoin alors
de carte de crédit, c’est WebMoney qui sert à acheter les noms de domaines et à
louer les serveurs.

Les distributeurs de contenus pédopornographiques disposent donc de milliers de machi-


nes, louées sous de fausses identités, réparties un peu partout sur la planète.

Ces machines constituent entre elles un ‘réseau dans le réseau’, isolé de l’internet que
nous connaissons, et particulièrement discret, dans la mesure où, justement, il n’existe
presque pas d’interaction avec internet.

Ce réseau dans le réseau sert à acheminer le client vers des serveurs qui, eux, hébergent
les contenus pédopornographiques.

Les solutions d’hébergement Allemandes étant considérées comme les plus fia-
bles, les plus rapides, et les plus abordables, elles sont généralement utilisées
comme serveurs de contenus invisibles. En d’autres termes, tous les contenus illé-
gaux sont placés sur ces serveurs, en passant bien sûr par différents proxy27 afin
de rester cachés.

L’ensemble de ce réseau parallèle est isolé du reste de l’internet, d’où son extrême discré-
tion. Il est par exemple impossible de se connecter sur le serveur hébergeant les contenus
sans passer par le complexe maillage de serveurs ‘proxy’ intermédiaires.

Les technologies utilisées par les différents maillons de ce réseau sont spécifiques, il s’agit
de technologies web existantes, mais détournées de leur usage et réecrites pour assurer à
l’ensemble une discrétion absolue, une résistance en cas de défaillance d’un des nœuds du
réseau, un effacement au fur et à mesure des traces laissés par les administrateurs et les
clients utilisant ce réseau parallèle, et une destruction de tout ce qui pourrait constituer une
preuve en cas de saisie - physique - d’une des machines, ces technologies assurent même
une répartition de la charge du trafic dans le maillage du réseau d’acheminement vers les
serveurs de contenus, afin d’assurer à l’ensemble une qualité de service optimale.

Ce réseau étant de par sa conception parallèle à internet, toute technologie de filtrage sera
évidement parfaitement inefficace. Cela revient à vouloir arrêter un avion en positionnant
une voiture en travers de la route.

Reste à faire la connexion entre ce réseau internet parallèle et le client final, consomma-
teur de pédopornographie.

27 http://fr.wikipedia.org/wiki/Proxy

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WikiLeaks dynamite la Loppsi

Le marketing de la pédopornographie
Disposer d’un ‘réseau dans le réseau’, insensible au filtrage, aux défaillances, à la sur-
veillance et aux saisies est une chose, mais il faut aux distributeurs de contenus pédopor-
nographique un moyen de faire connaitre leur offre, et d’attirer de nouveaux clients.

Car le client, lui, navigue sur l’internet que nous connaissons tous. Il faut lui offrir des
passerelles vers ce réseau parallèle, qui, après un chemin tortueux au travers d’un enche-
vêtrement de serveurs destinés à masquer toutes traces, arrivera aux contenus pédoporno-
graphiques recherchés.

Ces passerelles sont, elles, sensibles à un éventuel filtrage, car elles se présentent sous
forme de sites web, sur lesquels le client sera amené à donner un mot de passe ou procéder
à un paiement avant de passer ‘de l’autre coté du miroir’.

La première contrainte est donc de faire en sorte que ces passerelles ne soient pas sensi-
bles au filtrage, et la solution est d’une simplicité déconcertante : elles ont une vie on ne
peut plus éphémère : quelques heures, une journée tout au plus. Bien trop rapide pour
qu’un quelconque mécanisme de filtrage, qu’il passe ou non par une autorité judiciaire,
puisse réagir.

La solution ne fait que reporter le problème ailleurs : si votre offre est disponible sur un
site pendant quelques heures avant que celui-ci ne disparaisse dans la nature, comment,
dès lors, avertir le client de la disponibilité du service ?

Les opérateurs de pédopornographie ne pouvant pas commercialiser leur offre


par les voies classique du marketing sur internet, ils ont du trouver d’autres
moyens.

Aujourd’hui, la solution, c’est le spam28 !

Cette stratégie publicitaire rend d’autant plus ridicule l’argument du filtrage pour
éviter qu’un honnête citoyen ou même un enfant tombe « par inadvertance » sur
des contenus pédophiles. Cela n’arrive jamais. Les contenus, en réalité, viennent
à eux.

Dès lors, stopper les distributeurs revient à vouloir stopper le spam. Une noble mission à
laquelle s'attelle depuis des lustres les plus puissantes entreprises du secteur internet, sans
grand succès.

Les spammeurs utilisent des millions d’adresses emails de personnes potentielle-


ment intéressées, des listes issues des systèmes de paiements mis en place dans le
passé.

28 http://www.commentcamarche.net/contents/attaques/spam.php3

21
Wikileaks dynamite la Loppsi

Mais les hackers du réseau pédophile obtiennent également d’énormes listes


d’emails en provenance de grosses sociétés, et vendent les adresses aux spam-
meurs. Pour envoyer le spam, ces derniers utilisent des réseaux d’ordinateurs
zombies infectés par des trojans.

A coté de la commercialisation des offres de pédopornographie, se trouvent d’autres offres


destinées à assurer aux consommateurs la plus grande discrétion. Certaines de ces techno-
logies, comme les VPN cryptés 29, sont aujourd’hui très largement utilisées par le grand
public qui, suite à la surveillance instituée par Hadopi, a lui aussi été poussé à monter en
compétences pour protéger sa vie privée.

Ceux qui achètent des contenus pédophiles trouveront dans les spams des publici-
tés les menant la plupart du temps vers des portails dont l’adresse change sans
cesse afin d’éviter le filtrage. Sur ces portails, mais également dans des forums et
dans certains newsgroups, ils trouveront des publicités pour des solutions de sé-
curisation leur permettant de contourner toute surveillance et tout filtrage.

Certaines offres commerciales proposent des serveurs DNS non censurés, mais
également des solutions de réseau privé virtuel (tels que strongvpn.com). Ces so-
lutions permettent d’établir un tunnel de transmission de données cryptées entre
le client et le serveur, sans laisser la moindre trace dans un fichier log [qui con-
tient en temps normal l’historique de l’activité de la machine, ndt], et sous une
fausse identité empruntée quelque part dans le monde. Au besoin, la transmission
passera à travers plusieurs pays pour mieux brouiller les pistes.

Nous reviendrons dans le chapitre suivant sur les effets de bords indésirables des techno-
logies contenues dans ces virus/trojans, mais avant cela, et pour conclure cette partie con-
sacrée au marketing de la pédopornographie, attardons nous un court instant sur les com-
plices, trop souvent négligés, des distributeurs, sans qui rien ne serait possible, et qui ti-
rent, eux aussi, profit de ce commerce ignoble.

Les revenus du business de la pédophilie sont répartis à 40-60% pour le système


de paiement et la banque (le pourcentage varie en fonction du caractère plus ou
moins hardcore du contenu), 20% va à l’opérateur, et 20% va aux marketeurs
(dans ce cas, des spammeurs).

On pourra remarquer ironiquement que les producteurs de contenus sont désormais absent
de l’équation économique qui sous-tend le commerce des images pédophiles, mais on ne
peut s'empêcher de souligner que l’essentiel des revenus va dans les poches du monde de
la finance. La variabilité de la part des profits qui leur revient, directement dépendante de
l’ignominie des contenus, laisse peu de doutes quant au fait qu’ils soient parfaitement au
courant de l’usage qui est fait de leurs compétences.

29 http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_priv%C3%A9_virtuel

22
WikiLeaks dynamite la Loppsi

Les circuits de l’argent


Al Capone est tombé pour fraude fiscale. Après plus de dix années de prohibition, c’est
finalement avec des moyens bien plus classiques que les forces de l’ordre sont venues à
bout du plus emblématique des gangsters américains.

Mais l’état américain n’est pas venu à bout pour autant de la mafia italo-américaine, qui
durant ces années fastes de prohibition, est devenue l’une des plus puissantes de la pla-
nète.

Ce tragique épisode de l’histoire des Etats-Unis pourrait nous faire économiser non seu-
lement du temps et beaucoup d’argent dans la lutte contre le trafic d’images pédophiles,
mais il pourrait aussi nous éviter de faire prospérer inutilement de dangereux criminels.

Le court chapitre consacré aux systèmes de paiement utilisés par les pédopornographes
dans ‘An Insight into Child Porn’, laisse penser qu’une attention insuffisante est portée à
cette dimension du problème.

Quand internet est devenu un business [pour la pédopornographie] à la fin des


années 90, il était très facile d’y entrer. Je me souviens de responsables de sites
comme Site-Key.com à Saint Petersbourg qui ont fait de très bonnes affaires en
2000. Avec une entreprise dans le Delaware, un compte eCommerce Visa et Mas-
terCard ouvert avec Card Service International en Californie, ils faisaient passer
tous les paiements via les USA à travers une passerelle Linkpoint.

Mais Site-Key n’était pas le seul système de paiement en ligne à offrir ses services
aux pédophiles. L’un de ces services était même tout particulièrement destiné aux
distributeurs de contenus pédophiles hardcore.

Une autre de ces solutions de paiement, IWest, avait son quartier général en Is-
raël et facturait à travers des banques Israéliennes, parfaitement au courant de ce
qu’il se passait. Visa a fini par leur retirer sa licence, ce qui ne les a pas découra-
gé pour autant et les a fait passer à des solutions de paiement alternatives, comme
CCBill, qui ne se souciait guère de ce qui était acheté, pour peu que l’argent con-
tinue à circuler.

A cette époque [avant 2001, ndt], facturer les clients n’était pas un problème, et
héberger des images pédophiles non plus. La quasi totalité de sites étaient alors
hébergés aux Etats Unis car on y pratiquait des tarifs imbattables.

Les sites web généraient des trafics phénoménaux, ce qui laisse à penser que l’in-
térêt pour ces contenus est bien plus répandu qu’on ne le croit habituellement.

23
Wikileaks dynamite la Loppsi

Certains groupes Bielorusses, spécialisés dans les solutions de paiement en ligne,


ont construit des technologies dédiées qui peuvent être utilisées pour facturer tou-
tes ces transactions et blanchir l’argent par la même occasion.

Par la suite, certains producteurs de contenus comme LS Studios [fermé en 2004,


ndt] sont même allés jusqu’à développer leurs propres solutions de paiement.

Même si l’auteur se contente de ne décrire que sommairement une période désormais ré-
volue de l’histoire de la pédopornographie, et reste muet sur les procédures en cours ac-
tuellement, il est difficile de croire qu’une enquête sérieuse ne donnerait pas, aujourd’hui,
de nouvelles pistes pour poursuivre ces criminels.

24
WikiLeaks dynamite la Loppsi

Une R&D qui pourrait mener tout le monde


en prison
On ne construit pas de tels dispositifs technologiques sans une R&D particulièrement
pointue. Celle-ci a pour caractéristique, entre autre, de ne pas prêter la moindre impor-
tance aux dégâts qu’elle pourrait occasionner chez ceux qui auraient le malheur d’héber-
ger, à leur insu, un virus conçu par les opérateurs de réseau pédopornographiques. Un
quart des ordinateurs connectés à internet étant infectés par un virus/trojan30, personne
n’est à l'abri (tous ces trojans ne sont pas utilisés que par ces opérateurs, il en existe une
multitude d’autres usages).

A l’heure où une loi comme Hadopi sanctionne le ‘défaut de sécurisation’, il est utile de
rappeler que l’essentiel des utilisateurs d’internet sera bien incapable de sécuriser réelle-
ment quoi que ce soit. D’autant que les trojans conçus par les opérateurs de réseaux pédo-
pornographiques n’ont nullement pour but de détruire ou de ralentir votre ordinateur, ce
qui risquerait de signaler leur présence, ce ne sont que des parasites qui utilisent, dans la
plus grande discrétion, une partie des ressources de la machine qui les héberge.

Ces trojans sont variés, et ont différents usages qui permettent aux opérateurs de mettre en
place les multiples aspects de leur circuit de distribution.

Ils servent parfois à voler des identités, ces mêmes identités sont alors utilisées
pour acheter des nom de domaines, louer des serveurs, etc.

Mais ce n’est pas tout : d’autres trojans 31 sont utilisés comme ‘proxy SOCKS’ [in-
termédiaires, ndt] pour mettre en ligne des images et des vidéos pédophiles sur les
serveurs de contenus, en utilisant les ordinateurs zombies comme couverture.

Les Russes ont également mis au point une technologie permettant d’utiliser les
ordinateurs infectés par un nouveau type de Trojan comme un cluster de serveurs
[les ordinateurs infectés servant alors de serveurs hébergeant les contenus pédo-
philes ndt]. Une sorte de gigantesque réseau distribué de serveurs (à la façon du
projet Freenet, mais en utilisant des ordinateurs infectés comme nœuds de ré-
seau).

Avec ces technologies de pointe, plus besoin même d’héberger des contenus pédophiles,
ce sont les ordinateurs infectés par les virus qui s’en chargent. L’avertissement est cin-
glant, et devrait être porté à la connaissance de tout juge appelé à se prononcer dans une
affaire de possession de contenus pédopornographiques :

30 http://arstechnica.com/old/content/2007/01/8707.ars
31 http://www.commentcamarche.net/contents/virus/trojan.php3

25
Wikileaks dynamite la Loppsi

Il faut être très clair à ce sujet : si vous possédez une adresse email, il y a une
chance que des contenus pédophiles se trouvent en ce moment même sur votre or-
dinateur, pour peu que vous ayez reçu du spam pédophile, ou même pornographi-
que, même si celui-ci a été filtré par votre filtre à spam.

Si votre ordinateur n’est pas sécurisé à 100% contre les trojans, les virus et les
logiciels d’intrusion, il se peut que votre ordinateur fasse parti d’un vaste réseau
de distribution de contenus pédophiles 32.

32 http://news.zdnet.co.uk/security/0,1000000189,39115422,00.htm

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WikiLeaks dynamite la Loppsi

L’avenir de la distribution des contenus


pédopornographiques
Soyons réalistes, avec une telle capacité à innover, et au vu de la sophistication des tech-
nologies déjà en place aujourd’hui pour se jouer du filtrage, il n’y a aucune raison pour
que les distributeurs cessent d’innover.

Deux raisons à cela : il serait risqué de faire reposer leur commerce sur cette seule techno-
logie de réseaux parallèles, et il est prudent pour eux de continuer à avoir un, si ce n’est
deux métros d’avance sur le législateur qui, aujourd’hui, s’attaque - en légalisant le fil-
trage - à un circuit de distribution abandonné depuis des années. Ce mode de distribution
n’est en effet utilisé de nos jours que par de rares survivants du monde de la production
d’images pédophiles, qui font la joie des forces de polices, car ce sont eux qui peuvent
mener à des arrestations en série.

Quand ces amateurs auront disparu, le marché sera entièrement dans les mains de profes-
sionnels. Les stopper ou mettre la main sur les consommateurs, désormais cachés à travers
de multiples outils dans la masse des adolescents téléchargeant du mp3, sera virtuellement
impossible.

Mais il existe dès aujourd’hui d’autres technologies pour distribuer des contenus illicites,
déjà en œuvre chez les opérateurs de réseaux pédopornographiques, comme par exemple
celle décrite plus loin dans ‘An Insight into Child Porn’, encore plus insensible au filtrage,
car ne nécessitant même pas de passerelles sous forme de sites éphémères.

Depuis l’arrivée de Server 2008 de Microsoft, la virtualisation est accessible à


tous. Cette technologie permet de se connecter à un ordinateur distant et d’en
prendre le contrôle à partir de votre ordinateur, l’écran de l’ordinateur distant
étant alors affiché sur votre PC.

Il existe des offres commerciales pour pédophiles qui se vendent sous la forme
d’une station de travail virtuelle, proposée à la location [une solution technologi-
que couramment utilisée dans de nombreuses entreprises, ndt]. Sur le disque dur
de la station de travail virtuelle, un petit cadeau est destiné aux pédophiles sous
la forme d’une collection de fichiers.

La connexion peut s’établir discrètement avec Windows Remote Desktop ou VNC


[des technologies livrées en standard avec Microsoft Windows et d’usage courant,
elles aussi, en entreprise, ndt]. Aucun fichier n’est transmis entre l’ordinateur du
client et le serveur, seulement le contenu de l’écran de la station de travail et l’ac-
cès à son clavier, généralement de façon cryptée, et ne laissant pas la moindre
trace de ce qui a été visualisé.

L’écran de la station de travail louée se trouvant en Russie, par exemple, et pou-


vant être visualisé sur un PC en Allemagne, le client passera au travers de tous

27
Wikileaks dynamite la Loppsi

les filtres, la censure, et la surveillance mise en place par le gouvernement Alle-


mand.

Les producteurs de pédopornographie peuvent désormais tranquillement vendre


des solutions d’accès à des machines virtuelles, là encore, il y a beaucoup à pa-
rier que Visa et Mastercard n’y trouvent rien à redire. Une fois connecté à sa ma-
chine virtuelle, le pédophile y découvrira une partition TrueCrypt, une sorte de
disque dur crypté, pour lequel il aura reçu un mot de passe.

La partition peut tout à fait être conservée en local sur le PC du pédophile une
fois téléchargée, personne ne saura ce que c’est, et il ne sera qu’un utilisateur de
solution de virtualisation parmi des millions d’autres.

Les Russes ont construit depuis quatre ans [cinq and désormais, ce texte ayant été
écrit en janvier 2009, ndt] des solutions complètes en prévision d’une arrivée
massive du filtrage et afin de pérenniser leurs affaires.

28
WikiLeaks dynamite la Loppsi

Conséquences du filtrage sur le business


de la pédopornographie
Le business de la pédopornographie est parfaitement à l’abri du filtrage, et ses consomma-
teurs avertis le sont déjà en grande partie. Les rares consommateurs ‘novices’ d’un point
de vue technologique ne tarderont pas, faute de pouvoir satisfaire leurs besoins à des sour-
ces largement taries, à monter en compétences pour utiliser les nouveaux modes de distri-
bution de ces cybercriminels.

Une large part des adolescents Français savent dès aujourd’hui contourner Hadopi. A
l’heure où des millions de chinois contournent sans soucis le système de filtrage le plus
sophistiqué au monde33 , s’imaginer que les amateurs de pédopornographie ne feront pas
de même avec le filtrage est une hérésie.

Au final, des sommes astronomiques vont être dépensées sans apporter l’ombre d’une so-
lution au problème de la pédophilie. Pire encore, les rares consommateurs et distributeurs
amateurs qui tombent aujourd’hui dans les filets de la police et de la gendarmerie seront,
demain, parfaitement à l’abri.

Ce constat d’échec qui est sur le point d’être voté sous le nom de loi Loppsi à l’heure où
j’écris ces lignes, ne se contente pas de masquer (ou censurer) un problème qu’il se refu-
ser de traiter, il fait également l’impasse sur la façon dont celui-ci s’est développé.

Toutes les technologies décrites dans ce livre ne servent, pour le moment, qu’à distribuer
des contenus pédopornographiques. A notre connaissance, ce sont les seuls contenus à
avoir atteint un tel degré de sophistication dans leur mode de distribution, tout simplement
parce que ces contenus ont été les premiers à être pourchassés à travers des outils de fil-
trage.

Mais il est utile, maintenant que vous avez pris connaissance de la réalité du fonctionne-
ment de ce business sur internet, de le replacer dans une perspective plus globale.

Le business de la pédopornographie est une petite niche. Il représente, d’après les données
que nous avons pu récolter, quelques dizaines de millions de dollars au niveau mondial.

Le marché de la distribution clandestine de contenus va malheureusement s’élargir consi-


dérablement. En promulguant des lois comme Hadopi, et en mettant rapidement en place
des solutions de filtrage sur les sites distribuant illégalement des contenus protégés par le
droit d’auteur, comme c’est le cas bientôt en Espagne34 et comme le président Nicolas

33 http://www.nytimes.com/2010/01/16/technology/internet/16evade.html
34

http://fr.readwriteweb.com/2010/01/14/nouveautes/bye-bye-dmocratie-lespagne-sapprte-censur
er-les-sites-pirates/

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Wikileaks dynamite la Loppsi

Sarkozy l’a annoncé lors de ses vœux à la Culture en début d’année35, le chiffre d’affaire
que de tels circuits de distribution peut espérer réaliser est sur le point de se compter en
milliards de dollars.

La véritable mafia qui réalise des profits avec la distribution de contenus pédopornogra-
phiques a tout a gagner d’une généralisation du filtrage, au même titre que les lobbys qui
eux s’imaginent protéger des modèles économiques révolus.

Les réseaux pédopornographique, du fait de leur avancée considérable du point de vue


technologique, sont les mieux placés pour proposer demain, sur ces mêmes bases techno-
logiques, une distribution clandestine de contenus autrefois dominée par des technologies
sans but lucratif particulier, comme le P2P, et n’alimentant pas les caisses de criminels en-
durcis.

Les solutions destinées à contourner Hadopi sont légions, mais beaucoup peuvent être
stoppées par le filtrage, pas celles mise en place par les distributeurs de pédopornographie.
Ils ont sur ce point une avance de plusieurs années.

Les conséquences du filtrage des réseaux étendu aux contenus copyrightés ‘piratés’ seront
de trois ordres.

Premièrement, nous allons voir apparaitre des offres en tous points similaires aux offres
proposant des contenus pédophiles, utilisant les même stratégies technologiques et marke-
ting, mais proposant les derniers blockbusters d’Hollywood et de la musique, à des prix,
évidemment, bien inférieurs à toute offre légale.

Ensuite, et c’est probablement là que pèsera une lourde responsabilité sur le législateur,
nous allons voir, au sein de ces réseaux parallèles, se mêler tous types de contenus, et
s’opérer des rencontres et des interactions, car une dimension ‘sociale’ ne manquera pas
d’apparaitre, entre des populations autrefois séparées, adolescents et pédocriminels ou en-
core mafieux de toute sorte, qui feraient trembler d'effroi tout parent responsable.

Pour finir, et cela aura un impact majeur sur le monde de demain, de la même façon que la
prohibition a fait la fortune de la mafia et l’a installé dans le paysage américain au point,
quelques décennies plus tard, d’être en mesure de peser sur des élections nationales
comme celle de JFK, nous allons faire la fortune d’une cybermafia qui pour l’instant se
contente de rouler en Porsche. D’ici quelques années, leur patrimoine leur permettra de
prendre le contrôle de multinationales parfaitement légitimes et de voyager en jet privé.

C’est une responsabilité considérable qui pèse sur les législateurs du monde entier, dont
beaucoup sont persuadés d’œuvrer, à travers le filtrage des réseaux, pour le bien des en-

35

http://hightech.nouvelobs.com/actualites/20100112.OBS3392/filtrage_internet_a_qui_s_est_adr
essa_sarkozy.html

30
WikiLeaks dynamite la Loppsi

fants et de la société dans son ensemble. C’est malheureusement tout le contraire qui est
sur le point d’arriver.

Ce document n’a pour seul but que de les avertir, et de marquer, par sa mise à disposition
au plus grand nombre, la date à partir de laquelle ces mêmes législateurs ne pourront plus
invoquer l’argument consistant à plaider l’ignorance des conséquences de leurs actes.

La technologie est une chose compliquée, internet, de par sa dimension sociale, l’est en-
core plus. Ce qui est en train de se passer à travers l’instauration dans de nombreuses dé-
mocraties comme la France, à travers des lois comme Hadopi et Loppsi, aura des consé-
quences dramatiques.

En introduisant des lapins en Australie, les colons, à l’époque parfaitement ignorants des
règles élémentaires qui régissent un écosystème, pensaient régler le problème de l’appro-
visionnement en nourriture de la population. Ils ont provoqué un désastre écologique36
que le pays n’arrive pas, encore aujourd’hui, à juguler. Nous sommes en train de faire la
même chose avec le cyberespace, et il est encore temps de marquer une pause, de réfléchir
aux conséquences de ce que nous sommes en train de faire, et d’œuvrer ensemble pour un
avenir meilleur.

________________________

36

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1960_num_69_373_14
613

31
Wikileaks dynamite la Loppsi

Seconde partie - traduction


française du texte original

32
WikiLeaks dynamite la Loppsi

Note du traducteur
Les pédophiles sont une figure contemporaine du mal absolu, et le témoignage apporté par
l’un d’entre eux dans cet ouvrage ne vient en rien contredire cette tendance.

Ce récit cependant met à terre l’utilisation qui est faite de nos jours des pédophiles pour
justifier de la mise en place du filtrage du réseau internet.

Ce n’est pas le premier témoignage d’un pédophile porté à la connaissance du public, cer-
tains se sont même risqués à en faire des œuvres littéraires, ce qui est loin d’être le cas de
ce texte, mais c’est la première fois qu’un récit écrit par un pédophile spécialiste de l’in-
ternet est publié.

Ce que vous vous apprêtez à lire est la traduction française d’un récit apparu sur Wikileaks
en allemand fin 2008. Outre sa traduction, faite à partir de sa version anglaise, un chapi-
trage a été ajouté au texte original pour en faciliter la lecture, ainsi que quelques notes au
début de certains chapitres, destinées à faciliter la compréhension des aspects les plus
techniques. De très nombreuses notes de bas de pages ont également été ajoutées, afin de
renvoyer le lecteur souhaitant vérifier une information ou en savoir plus sur un élément
précis du récit vers des ressources complémentaire sur le web. En dehors de cela, aucune
modification n’a été apporté au texte original, seuls certains “mots-clé” qui auraient pu
servir à des individus mal intentionnés pour pister des contenus pédopornographiques sur
internet, ont explicitement été censurés.

L’auteur, anonyme, bien évidement, retrace l’histoire du business de la pédophile des an-
nées 70 à nos jours, et son incroyable adoption des nouvelles technologies. Il illustre, au
passage, le rôle essentiel de l’anonymat dans les démocraties numériques de demain.

Au delà du dégoût ressenti à la lecture de nombreux passages, les spécialistes des réseaux
et du web-marketing ne pourront s'empêcher d’être fascinés par l’ingéniosité d’un busi-
ness qui a parfaitement su s’adapter aux contraintes et aux opportunités apportées par l’in-
ternet, et qui a bien sûr anticipé les évolutions prévisibles de son environnement, à com-
mencer par le filtrage des contenus et la surveillance généralisée de la population.

La première question qui se pose, une fois la lecture de ce récit achevé, est celle de son
authenticité. Un long travail de vérification a été effectué, c’est ce travail qui a donné lieu
aux multiples notes de bas de page qui accompagnent le texte. Les aspects technologiques,
tout d’abord, ont été jugés parfaitement crédibles par des spécialistes de renommée inter-
nationale comme Bruce Schneier37, ainsi que par plusieurs “hackers” 38, dont certains,
comme ErrantX, sont des experts reconnus auprès de tribunaux anglais pour leur expertise
dans la lutte contre la cyber-pédopornographie.

37 http://www.schneier.com/blog/archives/2009/03/the_techniques.html

38 http://fr.wikipedia.org/wiki/Hacker

33
Wikileaks dynamite la Loppsi

Les différentes affaires, individus, sociétés, et jugements évoqués dans le récit sont réels,
la chronologie des événements l’est tout autant, seuls certains chiffres n’ont pas pu être
vérifiés, comme le chiffre d’affaire du business de la pédopornographie. Sur ce dernier
point, les seuls chiffres en circulation aujourd’hui sont issus de lobbies ayant des métho-
des de calcul fantaisistes 39, et aucune étude sérieuse n’a encore été rendue publique.

Cependant, les statistiques de fréquentation de sites pédophiles, ainsi que les hypothèses
de revenus qui en sont extrapolés par l’auteur du récit sont crédibles, eux aussi, et amènent
à penser que le chiffre d’affaire lié au trafic de contenus pédopornographiques est de l’or-
dre de quelques dizaines de millions de dollars annuels. Un chiffre à mettre en perspec-
tive avec celui, par exemple, de la pornographie légale, près d’une dizaine de milliards de
dollars par an sur le seul territoire américain40, probablement entre 50 et 100 milliards au
niveau mondial, ou de sociétés connues de tous comme Marc Dorcel, qui réalise 17 mil-
lions de dollars de chiffre d’affaire annuel. Somme toutes, la pédopornographie, rapportée
au marché global de la pornographie, ne représente quasiment rien.

Reste que les faits cités dans ce récit sont réels, que les stratégies technologiques et marke-
ting qui y sont décrites sont parfaitement crédibles, et qu’en dehors des opinions de l’au-
teur, qui sont clairement mentionnées comme telles, la cohérence absolue de l’ensemble
laisse peu de doutes quand à la véracité de l’histoire de la cyber-pédophilie qui nous est
chroniquée ici.

Ce document est la démonstration ultime que le filtrage des contenus ne nuira en rien au
trafic d’images pédopornographiques, bien au contraire, il ne fera que renforcer les plus
dangereux trafiquants et mettra fin à l’opportunité d’arrêter les moins habiles d’entre eux
et les amateurs.

Ce document est également un signal d’alarme lancé à ceux qui pensent protéger nos en-
fants en faisant des compromis avec la liberté d’expression, et en mettant en péril l’un des
fondements d’une démocratie, bien plus fragile qu’on ne le croit, à l’heure de son arrivée
dans l’ère du numérique.

Ceux-là, en charge au quotidien de cet acquis tenu de haute lutte qu’est la Démocratie, ne
pourront prétendre à l’avenir avoir agit pour la protection de l’enfance, et devront néces-
sairement rendre des comptes.

A la veille du débat parlementaire sur la loi Loppsi, instaurant, entre autre, la possibilité
pour l’Etat de censurer sans autre forme de procès, et de façon secrète, les sites web que
lui seul jugera indésirables, la publication de ce livre n’a pour seul but que de faire voler
en éclat l’argument pédophile afin de poser clairement la question : que cherche-t-on réel-
lement à censurer ?

39 http://libertus.net/censor/resources/statistics-laundering.html

40 http://www.forbes.com/2001/05/25/0524porn.html

34
WikiLeaks dynamite la Loppsi

En Australie, où la censure des réseaux est en vigueur depuis des années, seul un tiers des
sites censurés sont en rapport avec la pédophilie41. Aujourd’hui, ce sont tous les contenus
tombant dans la classification “RC” 42 (Refused Classification) qui sont sur le point d’être
censurés sur l’internet Australien. Parmi ceux-ci, des sites islamistes, des sites anti avor-
tement, ou des sites pornographiques jugés trop fétichistes, mais également des jeux vi-
déos comme “Getting Up” 43, d’Atari, qui ferait l’apologie du graffiti, des films comme
“Ken Park” 44 de Larry Clark, “Baise-moi” 45 de Virginie Despentes, ou encore “Salo ou les
120 jours de Sodome” 46 de Pier Paolo Pasolini.

Winston Smith, le héros de 198447 d’Orwell, avait pour tâche quotidienne de réécrire
l’histoire en censurant les connaissances accessibles au public. Ce mode de gouvernance
d’une société de l’information est désormais une possibilité qui s’offre aux dirigeants de la
planète, certains d’entre eux n’ont pas hésité à prendre cette voie.

Aujourd’hui, en France et en Europe, il nous appartient de décider, pour le siècle à venir,


si l’on se doit de classer le roman d’Orwell au rayon de la science fiction ou à celui de
l’anticipation.

Fabrice Epelboin
le 1 décembre 2009

41 http://fr.readwriteweb.com/2009/06/03/analyse/sites-web-censures-australie-sans-rapport-avec-pedophilie/

42 http://libertus.net/censor/ispfiltering-au-govplan.html#RC

43 http://www.atari.com/gettingup/

44 http://www.imdb.com/title/tt0209077/

45 http://www.imdb.com/title/tt0249380/

46 http://www.imdb.com/title/tt0073650/

47 http://fr.wikipedia.org/wiki/1984_(roman)

35
Wikileaks dynamite la Loppsi

An Insight into Child Porn


version française

Introduction

Mesdames et messieurs,

ce n’est pas très correct d’écrire de façon anonyme, mais à la lecture de ce livre, vous
comprendrez vite pourquoi j’ai tenu à préserver mon anonymat.

J’ai une formation d’ingénieur en informatique, profession que j’ai exercé pendant dix
ans, avant de me reconvertir dans l’éducation. J’ai longtemps vécu dans mon pays natal,
l’Allemagne, avant de m’installer à l’étranger où je vis depuis vingt ans.

J’ai par le passé été impliqué dans le monde du « mannequinat enfantin », celui qui pro-
duit des photos que beaucoup qualifient aujourd’hui hâtivement de pédophiles, malgré
leur caractère innocent, et le fait que les modèles soient presque toujours habillés lors des
séances photos.

Cela m’a donné l’occasion de nouer de nombreuses relations dans les réseaux pédophiles,
que ce soit avec des consommateurs d’images ou d’enfants, ou avec ceux qui réalisent des
profits avec la pédopornographie. J’ai ainsi pu suivre de très près l’évolution du business
des contenus pédophiles, de ses premiers pas sur internet à la façon dont cette petite indus-
trie a été radicalement transformée par les technologies.

Ces dix dernières années, j’ai rencontré des centaines de pédophiles, et j’ai eu des contacts
réguliers avec des graphistes, des developpeurs, des hackers, des faussaires ou des produc-
teurs impliqués dans le trafic de contenus pédophiles. J’ai même eu l’occasion de rencon-
trer certaines des filles les plus célèbres de la pédopornographie.

Ces derniers mois, j’ai suivi de près les débats sur le filtrage et la surveillance de l’inter-
net, vu par certains comme un moyen efficace d’éliminer les contenus pédopornographi-
ques de la toile.

De multiples suggestions et expérimentations ont été faites sur les diverses façons de fil-
trer et censurer internet, et ce partout dans le monde, que ce soit dans les pires dictatures
ou dans des pays aujourd’hui considérés comme de respectables démocraties.

36
WikiLeaks dynamite la Loppsi

Des conversations et des polémiques sont en cours dans de nombreux forums et sur une
multitude de blogs. Partout sur internet de nombreux experts ont donné leur point de vue,
mais ce que je vais vous révéler est unique.

Je vais vous expliquer les dessous de la pédophilie sur internet, vu du coté de ceux qui gè-
rent et organisent ce business, raconté par quelqu’un qui a pleinement accès à ces informa-
tions et aux réseaux de la cyberpédophilie.

Les débuts du business pédophile,


de 68 à l’internet
A la fin des années 60, un magazine Hollandais appelé « Lolita », publié par la société Co-
lor Climax, montrait explicitement des relations sexuelles entre adolescents ou même en-
tre adultes et adolescents.

Ce magazine était vendu partout jusqu’aux années 80, date à laquelle la loi hollandaise l’a
interdit.

Dans les années 70 et 80, des magazines naturistes tels que « Young and Free » ou
« Sunshine Friends » étaient encore disponibles. Ils ne montraient pas de relations sexuel-
les entre adolescents mais publiaient de nombreuses photographies d’enfants nus.

Durant la même période, des artistes tes que David Hamilton, Jock Struges et Sally Mann
réalisaient des photos d’enfants et d’adolescents nus, tout le monde, à l’époque, considé-
rait que c’était là des activités artistiques. Le photographe Jacques Bourboulon48 connu
son heure de gloire grâce aux clichés érotiques49 qu’il réalisa avec Eva Ionescu50.

En tout, ce sont des centaines de magazines à petit tirage qui constituaient, de façon par-
faitement légale jusqu’au début des années 80, l’essentiel du business de la pédopornogra-
phie51. Essentiellement constitué de contenus photographiques, le business fonctionnait
sur un modèle économique proche de celui de l’édition et de la presse.

C’est réellement à partir des années 90 que la notion de pédopornographie a évolué bruta-
lement, et que le secteur tout entier s’est retrouvé, petit à petit, dans une situation de clan-
destinité.

48 http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Bourboulon

49 http://sexe.photos.fluctuat.net/Portfolios-erotiques/Jacques-Bourboulon-alb176-1.html

50 http://fr.wikipedia.org/wiki/Eva_Ionesco

51 http://www.xyclopedia.net/Child_Pornography

37
Wikileaks dynamite la Loppsi

Une législation mondiale disparate


La pédopornographie. Ce mot est utilisé partout sans que l’on sache vraiment de quoi il
est question. C’est là que le problème, selon moi, commence : les situations juridiques va-
rient énormément d’un pays à l’autre.

Ce qui est considéré comme de la pédopornographie à un endroit ne l’est pas à un autre,


même la définition légale de ce qu’est un enfant n’est pas uniforme.

Dans un pays, vous êtes un enfant jusqu’à 18 ans, dans d’autres 16, dans d’autres encore,
comme en Allemagne, 14, âge à partir duquel les enfants sont considérés comme de jeunes
mineurs avant de devenir officiellement des adultes, à 18 ans.

Cette disparité provoque des conflits permanents.

A la fin des années 90, ce problème a touché le magazine « Seventeen » en Hollande. Son
éditeur, qui produisait de la pornographie légale avec des modèles âgés de 16 ans, ne po-
sait pas de problèmes tant que cela restait destiné au marché Hollandais.

Mais avec l’arrivée d’internet, « Seventeen » décida de commercialiser ses contenus sur la
toile, provoquant rapidement un déferlement de gros titres les accusant de pédopornogra-
phie, en particulier aux Etats-Unis.

La pression du gouvernement Américain sur le gouvernement Hollandais fut énorme.

Un conflit similaire eu lieu avec la Suisse, où la protection des mineurs s’arrête à 16 ans,
ainsi qu’avec le Japon, ou la limite est de 13 ans, et où le conflit est toujours vif aujour-
d’hui, le pays étant très consommateur de pédopornographie, et ce de façon parfaitement
légale.

Même des sites encore en ligne aujourd’hui, tel que Met-Art.com, achetaient encore en
2000 des séries de photos faites avec des modèles de 11 à 14 ans (ces photos ont aujour-
d’hui été retirés du site).

Alors, qu’est-ce que la pédopornographie ?

La réponse peut varier d’une culture à l’autre.

Des éditeurs à l'ère du web 1.0


(1996-2004)
Avec l’arrivée d’internet dans les années 90, les images furent d’abord échangées dans les
newsgroups.

Certains pères particulièrement vicieux abusaient leurs propres enfants et se photogra-


phiaient afin de partager leurs exploits avec les autres. Il n’y avait là aucune démarche

38
WikiLeaks dynamite la Loppsi

commerciale. Ces pédophiles cherchaient l’approbation de leur pairs, et ont reçu les en-
couragements de ceux qui ne cherchaient qu’à consommer des images.

A ce lot d’images se sont rapidement ajouté des scans faits par des amateurs des revues
désormais interdites, mais que les collectionneurs avaient soigneusement gardé, toujours
sans intention d’en tirer profit.

Entre 1996 et 1999, les premières offres commerciales de pédopornographie sont appa-
rues. Certains des sites qui vendaient ces contenus avaient une approche artistique, d’au-
tres en étaient totalement dépourvus.

Du coté des internautes consommateurs de contenus pédophiles, apparu des systèmes


communautaires autogérés, en plus des newsgroups qui existaient avant le web, des fo-
rums firent leur apparition et furent des lieux actifs de rencontre et d’échange de photos et
de liens.

L’approche business, en termes technologiques, était très similaire à celles de l’édition et


de la presse qui elle même se mettait à internet à la même époque. Marketing, promotion
et diffusion adoptaient de stratégies très proches dans leur conception et leur mise en œu-
vre.

Les débuts d’une industrie


En 2002, LS Studios fut fondé par un groupe d’homme d’affaires et de photographes
Ukrainiens. Les modèles étaient recrutés à travers des petites annonces et des publicités
télévisées. La qualité des photos étaient bien supérieure à tout ce qui avait été produit au-
paravant.

En deux ans, LS Studios avait photographié plus de 1500 enfants et adolescents nus, avec
l’accord de leurs parents. En tout, LS Studios a publié plus d’un demi million de photos,
ainsi que des centaines de vidéos, sur des douzaines de sites web différents.

En 2004, sous la pression et avec l’aide du FBI, LS Studios fut fermé. Deux personnes
furent arrêtées, mais il n’y eu aucune inculpation52.

Un an plus tôt, en 2003, apparu un homme vivant à Saint Petersbourg, connu sous le nom
de Fly, Hook ou Scorp. Ses productions étaient de bien moins bonne qualité que celles de
LS Studio et les scènes bien plus crues.

Il utilisait une large sélection de modèles, agés de 11 à 14 ans, qui, dans un premier temps,
se masturbaient devant l’objectif à l’aide de godemichés. Parfois, les filles se livraient à
des actes sexuels devant une caméra vidéo.

52 http://en.wikipedia.org/wiki/LS_Studio

39
Wikileaks dynamite la Loppsi

Ces images furent publiées dans des sites aujourd’hui fermés comme ••lola, ••lols ou
••••••lols.

Fly a commencé très jeune dans le business de la pédophilie. Fils d’un officier Russe, il ne
manquait pourtant de rien à la maison. Encore mineur, il a falsifié des papiers afin de se
faire passer pour un adulte, et avec des amis comme modèles, il a commencé à produire
des contenus pédophiles.

Après avoir commencé avec des images sexy de piètre qualité, qu’il réalisait pour le
compte d’opérateurs tels que ••••lola, il est allé jusqu’à filmer des déflorations.

Fly mis fin à ses activités en 2008, non pas parce que la police l’avait arrêté, mais parce
que son argent lui avait été dérobé et que tout le groupe, lui, le photographe, comme les
modèles, n’y voyaient plus guère d'intérêt. Pour tous, ce n’était qu’une question d’argent.

Ce pédopornographe de Saint Petersbourg est celui qui a inondé l’internet l’an dernier de
photos et de vidéos d’enfants en train de se masturber.

Je suis entré en contact avec plusieurs de ses modèles, et j’ai pu faire facilement le rappro-
chement avec un club naturiste près de Saint Petersbourg appelé Holynature. Ses modèles
que l’on aperçoit dans des scènes particulièrement crues sont également visibles sur le site
web du club.

Si avec mes moyens limités, je suis en mesure de faire de tels rapprochements, vous ima-
ginez bien que les autorités étaient également capables de le faire à l’époque où il était en
activité, non ?

Un mannequinat enfantin particulier


Peut être est-il utile que je vous révèle, à ce point de mon récit, l'existence, depuis les an-
nées 90, de sites consacrés aux enfants et aux adolescents « habillés » (« non nude », en
anglais). Secteur dans lequel j’ai fait une partie de ma carrière.

Ces sites, qui vendent des photos et des vidéos d’enfants et d’adolescents, proposent des
contenus dont la qualité varie entre le cliché pris avec une webcam et la prise de vue pro-
fessionnelle.

Au départ, ces sites étaient opérés par des parents, mais par la suite, des professionnels
prirent la direction des affaires. Les photos montrent des enfants habillés, selon les sites,
d’habits classiques ou de lingerie érotique, prenant parfois des poses suggestives.

Dans l’univers des photos « habillées », tout se passe à l'abri des regards. Beaucoup de
clients achètent des séances photos sur mesure. Les clients en écrivent le scénario, les po-
ses, et envoient même parfois un vêtement qu’ils veulent voir apparaître dans la scène.

40
WikiLeaks dynamite la Loppsi

Le prix peut être élevé, et inclus souvent des images dénudées, ceci dit, les abus sexuels et
les viols sont très rares.

Mais à partir de 2004, plusieurs pays ont fait passer des lois interdisant les sites d’enfants
« habillés », et la plupart d’entre eux sont passés dans la clandestinité.

Follow the money


Quand internet est devenu un business à la fin des années 90, il était très facile d’y entrer.
Je me souviens de responsables de sites comme Site-Key.com à Saint Petersbourg qui ont
fait de très bonnes affaires en 2000. Avec une entreprise dans le Delaware, un compte
eCommerce Visa et MasterCard ouvert avec Card Service International en Californie, ils
faisaient passer tous les paiements via les USA à travers une passerelle Linkpoint.

Mais Site-Key n’était pas le seul système de paiement en ligne à offrir ses services aux
pédophiles. L’un de ces services était même tout particulièrement destiné aux distributeurs
de contenus pédophiles hardcore.

Une autre de ces solutions de paiement, IWest, avait son quartier général en Israël et factu-
rait à travers des banques Israéliennes, parfaitement au courant de ce qu’il se passait. Visa
a fini par leur retirer sa licence, ce qui ne les a pas découragé pour autant et les a fait pas-
ser a des solutions de paiement alternatives, comme CCBill, qui ne se souciait guère de ce
qui était acheté, pour peu que l’argent continuait à circuler.

A cette époque, facturer les clients n’était pas un problème, et héberger des images pédo-
philes non plus. La quasi totalité de sites étaient alors hébergés aux Etats Unis car on y
pratiquait des tarifs imbattables.

Les sites web généraient des trafics phénoménaux, ce qui laisse à penser que l’intérêt pour
ces contenus est bien plus répandu qu’on ne le croit habituellement.

Certains groupes Bielorusses, spécialisé dans les solutions de paiements en ligne, ont
construit des technologies dédiées qui peuvent être utilisées pour facturer toutes ces trans-
actions et blanchir l’argent par la même occasion.

Par la suite, certains producteurs de contenus comme LS Studios sont même allés jusqu’à
développer leurs propres solutions de paiement.

Le chiffre d’affaire de la pédophilie


Les autorités et les média publient souvent des chiffres incroyables sur l’argent de la pé-
dopornographie. Je me propose de vous livrer aujourd’hui, pour la première fois, des chif-
fres précis concernant les ventes et les statistiques de sites web pédophiles. Ils m’ont été
communiqués par les responsables des systèmes de paiements et de facturation, et ils sont
fiables.

41
Wikileaks dynamite la Loppsi

J’ai également en ma possession les statistiques de consultation de l’année 2001 d’un site
web qui contenait des photos d’enfants et d’adolescents nus. Durant le mois de juin, ce
site a reçu 6,5 millions de visiteurs uniques par jour. L’outil utilisé à l’époque ne permet
pas de le calculer avec précision, mais selon mes estimations, et compte tenu du très grand
nombre de visiteurs récurrents, ce site a accueilli plus de 15 millions de visiteurs par mois
durant l’année 2001.

Le ratio entre visiteurs et acheteurs de contenus pédophiles n’est cependant pas bien élevé.
Ce même site a réalisé en juin 2001 un chiffre d’affaire de 60.000$, avec un panier moyen
de 30$, ce qui correspond à environ 2000 clients par mois et un taux de transformation de
0,01%.

Après les attentats du 11 septembre 2001, les contrôles et la bureaucratie américaine ont
rendu le pays beaucoup moins attractif pour les entreprises étrangères. Les sociétés spécia-
lisées dans les paiements en ligne se sont rapidement orientées vers l’Europe de l’Est et
ont y ont trouvé de nouveaux partenaires comme Alfabank pour prendre en charge la ges-
tion des comptes d’eCommerçants indispensables à la poursuite des affaires.

LS Studios était, en 2003-2004, le plus gros producteur d’images et de vidéos pédophiles


dans le monde. Les modèles y étaient montrés dévêtus, dans des poses suggestives, et les
photographes n’étaient pas avares de plan serrés exposant le détail de leurs parties génita-
les, mais aucun acte sexuel n’avait lieu. Typique de la pédophilie « softcore ».

Les filles qui posaient venaient de tous les milieux sociaux, elles participaient aux séances
photographiques de façon totalement volontaire, avec, la plupart du temps, l’accord de
leur parents.

Les modèles les plus populaires ont réalisé des séries de photos durant des années, certai-
nes même jusqu’en 2007, bien après la chute de LS Studios53. Toutes affichaient un large
sourire sur les clichés, et il est évident qu’elle s’amusaient durant les poses – il est temps
que quelqu’un affirme cela, même si cela doit en déranger plus d’un.

LS Studios opérait un nombre incalculable de sites web, tel LS Land, Fantasy LS, LS Ma-
gazine, etc. et vendait approximativement 1500 accès à leur catalogue par jour, pour envi-
ron 40$. Un chiffre d’affaire de 60.000$ par jour, soit 1,8 million par mois, ou encore 21,6
millions de dollars par an.

Après avoir payé les modèles, du personnel, le fonctionnement des sites web, leurs pro-
pres studios, une banque gourmande et des coûts en bande passante exorbitants atteignant

53
http://web.archive.org/web/20040810103032/http://www.reuters.com/newsArticle.jhtml?type=internetNews&storyID=580
1731 et http://www.crime-research.org/news/2004.08.13/561/

42
WikiLeaks dynamite la Loppsi

1,3 million de dollars par mois, cela laissait à LS un bénéfice de l’ordre d’un demi million
de dollar par mois54.

L’argent pouvait être blanchi facilement à Riga ou Vilnius. De nos jours, ce sont des socié-
tés offshores Anglaises avec des comptes en banque dans des banques offshores comme la
banque Griffon qui sont utilisées. Jusqu’à aujourd’hui, beaucoup d’opérateurs de sites pé-
dophiles ont leurs comptes en banque dans des banques telles que Parex sous une fausse
identité. Ils peuvent y recevoir des transferts d’argent et y retirer des liquidités avec une
simple carte de crédit dans n’importe quel distributeur de billet.

La distribution, avant le filtrage (2000-2004) 


L’offre commerciale en matière de contenus pédophiles est en réalité très limitée. Il existe
des dizaines de milliers de sites web, mais la plupart ne sont que des systèmes d’affiliation
qui renvoient aux mêmes sites commerciaux. Un montage marketing classique dans l’in-
dustrie de la pornographie.

Il existe également une pléthore de sites web gratuits qui publient systématiquement les
mêmes photos, souvent issues des magazines légaux des années 70, plus rarement celles
prises par des pères incestueux qui ont partagé leurs exploits et diffusé leurs photos.

Aucun signe d’un gigantesque business avec des centaines de millions de dollars de chif-
fre d’affaire.

Dans le secteur des photos d’enfants « habillés », il a aussi été fait mention de chiffre d’af-
faire se comptant par millions de dollars. Là aussi, j’ai été directement impliqué dans ce
business et la réalité est plus modeste.

L’un des plus grands acteurs du secteur en 2004 était AModelShop (AMS). Ce site web
était géré depuis Salt Lake City par une célébrité du monde de la télévision Américaine
appelé Matthew Duhamel, à l’aide de son webmaster Charles Graner. Ce dernier possédait
une société d’hébergement de site web et gérait les opérations ainsi que les systèmes de
facturation du site.

Duhamel a produit lui même certaines des photos qu’il vendait, mais il achetait la plupart
de son stock un peu partout sur la planète. La plupart des modèles avaient entre 9 et 13
ans, étaient habillées dans des vêtements sexys, portaient des talons aiguilles, des bas ré-
silles, de la lingerie…

Dans l’affaire du site de Sierra Model, qui provoqua la chute de Duhamel55 , des photos
particulièrement osées d’une fille prépubère proposées par sa mère ont fait couler beau-
coup d’encre à l’époque.

54 http://en.wikipedia.org/wiki/2004_Ukrainian_child_pornography_raids

55 http://findarticles.com/p/articles/mi_qn4188/is_20070623/ai_n19326221/

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Wikileaks dynamite la Loppsi

Certains clients ont commandé des séries de photos exclusives à la mère de l’enfant, où
l’enfant était pratiquement dénudée et prenait des poses particulièrement provocantes. La
mère a gagné beaucoup d’argent grâce à ces clichés, et sa fille était si enthousiaste qu’elle
a commencé à sécher ses cours, pensant se consacrer à sa carrière naissante.

Mais la roue a tourné : l’école a alerté les autorités, et les choses se sont vite gâtés.

A cette époque, AMS était l’un des plus gros acteurs du marché des photos d’enfants
« habillés », celui avec le plus de clients. Son chiffre d’affaire était d’environ 35 à 40.000$
par mois, et sa marge d’environ 50%.

Mais à partir de 2003, et plus particulièrement en 2004, le business de la pédophilie devint


plus difficile. En Allemagne, jugendschutz.net fut créé et la loi Telemedia votée pour pro-
téger les enfants et les adolescents. Certains pays comme le Danemark ont commencé à
censurer les sites pédophiles, et les hébergeurs, immédiatement alertés, ont fermé les sites
incriminés.

Les sociétés qui commercialisent et gèrent les noms de domaines (Domain Registrar) on
commencé a couper l’accès à ces sites, ce qui, au passage, est parfaitement illégal, ces
derniers le faisant de leur propre initiative et sans la moindre preuve ou procédure juridi-
que. Le pire à ce jeu fut sans conteste GoDaddy.com.

Naissance d’une CyberMafia de la pédopornographie


En 2000, un forum Russe du nom de Darkmaster (darkmaster.com puis darkmaster.info)
regroupait toute la communauté du business de la pornographie en ligne Russe. Une véri-
table place de marché ou chacun pouvait offrir ses services.

Au fil du temps, le forum attira également tous les talents impliqués dans le business sur
internet au sens large – la pornographie étant connue pour développer les stratégies mar-
keting les plus pointues. Peu importe le type de business dans lequel vous étiez impliqué,
tout le monde était le bienvenue.

La pornographie étant illégale en Russie et dans beaucoup de pays de l’Est, la distinction


au sein du groupe entre ce qui est légèrement illégal et ce qui l’est plus n’avait pas d’im-
portance.

De la pornographie classique à la zoophilie and passant par la pédophilie, tout était vendu
et markété sur cette plateforme. Tout le monde proposait ses services : photographes,
webmasters, développeurs, designers, et bien sûr, les sociétés qui embauchaient.

Un groupe connu sous le nom de Lolita webmaster fut exclu par la communauté de la
pornographie adulte suite à de nombreux conflits et pris son autonomie.

Au fur et à mesure des années, une combinaison unique de talents se constituât. Du fait de
problèmes croissants causés par la censure, les difficultés d’hébergement des contenus, de

44
WikiLeaks dynamite la Loppsi

facturation, et de marketing, différents groupes issus de Darkmaster se spécialisèrent et


commencèrent à se constituer en communautés autonomes.

Les meilleurs développeurs et administrateurs réseau d’Europe de l’Est se mirent à tra-


vailler ensemble, au sein de communautés dans lesquels ont retrouvait également les
meilleurs faussaires, des spécialistes de la falsification de carte de crédit, des spammeurs
de grand talent, et des hackers qui écrivaient des programmes d’intrusion informatiques
(rootkit), des virus ou des trojans 56 spécialement conçus pour les besoins du business de la
pédophilie.

Pour le montage de certaines opérations, la mafia Russe était appelée en renfort pour aider
à se débarrasser d’un concurrent en faisant intervenir les autorités, parfois même pour
éliminer un idiot qui ne savait par garder un secret.

La violence était courante entre les webmasters de la pédophilie, mais je n’ai jamais en-
tendu parler de violences à l’encontre des enfants et des adolescents impliqués dans ce
business.

Au fil des années, cette combinaison de talents a donné naissance aux systèmes et aux
stratégies les plus ingénieuses qui m’ait été donné de voir dans le business de l’internet.
Ces stratégies vont bien au delà de ce que le FBI ou interpol peut appréhender, et dépas-
sent de loin ce que les politiques peuvent imaginer, ou même comprendre.

La naïveté avec laquelle les politiques parlent de choses qu’ils ne comprennent absolu-
ment pas est outrageante. Mais l’utilisation qu’ils font de la pédopornographie à des fins
populistes et publicitaire, et afin de justifier une surveillance sans cesse accrue des popula-
tions fait peur. Il est évident que les systèmes qu’ils se proposent de mettre en place servi-
ront un tout autre but que de tenter – sans la moindre chance de réussite – de bloquer l’ac-
cès à des contenus pédophiles.

Une économie numérique très innovante


Il existe deux type de business dans la pédopornographie : ceux qui sont en Europe de
l’Ouest et aux Etats Unis, et qui se font arrêter assez rapidement par les autorités car ils
sont incompétents et n’ont pas la moindre compréhension technique de ce qu’ils font. Ce
sont ceux qui abordent le business comme des producteurs de contenus utilisant la techno-
logie.

Leur espérance de vie est très courte, leurs sites sont très vite repérés par les autorités et
leurs organisations rapidement démantelées. Il ne représentent qu’une très petite partie du
business, mais permettent néanmoins aux autorités de réaliser de nombreuses saisies et
d’arrêter, parfois, des organisation pédophiles. Ce sont eux qui font les gros titres des
journaux.

56 http://www.commentcamarche.net/contents/virus/trojan.php3

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Wikileaks dynamite la Loppsi

Mais il existe une autre variété de cyberpédophiles. Ceux qui abordent le business comme
une technologie utilisant des contenus. Des organisations qui assemblent les meilleurs
administrateurs réseaux, les développeurs les plus talentueux et des hackers de génie. Il
existe une collaboration directe entre certains développeurs qui programment des Trojan
ou des logiciels d’intrusion spécifiques, des hackers qui sont aux commande de réseaux
d’ordinateurs infectés (des « ordinateurs zombies »57), et des spammers qui utilisent ces
ordinateurs infectés pour envoyer du spam dans le seul but de mettre au point et d'exécuter
des programmes marketing d’acquisition de trafic. Comparez cela avec la stratégie habi-
tuelle en emarketing qui consiste a acheter de l’espace publicitaire et des mots clés Goo-
gle, et vous aurez une idée du degré de sophistication des stratégies internet des cyberpé-
dophiles.

La majorité des contenus pédophiles commercialisés aujourd’hui sont hébergés en Alle-


magne et distribués à partir de l’Allemagne. Si cela vous choque, laissez moi d’abord vous
expliquer comment cela fonctionne, et pourquoi les autorités ne peuvent absolument rien
y faire.

Les stratégies de distribution déployées aujourd’hui sont d’un très haut niveau en terme de
technologie et sont particulièrement complexes. Cela commence par la location d’une
multitude de serveurs dans plusieurs pays. Pour cela, les spécialistes, au sein du groupe,
des cartes de crédit, obtiennent des numéros et des identités volées, ces données sont
transmises à des faussaires qui réalisent de faux documents officiels, destinés à prouver
une identité, le tout est ensuite revendu sous forme de kits aux opérateurs de sites pédophi-
les.

Il existe des alternatives où détenir une carte de crédit n’est pas nécessaire : aux Etats
Unis, vous pouvez acheter une « carte cadeau » Visa ou Mastercard, pré remplie avec une
certaine somme d’argent, en temps normal, celle-ci ne peut être utilisée que sur le terri-
toire américain. Cet achat pouvant se faire de façon anonyme avec de l’argent liquide, ces
cartes peuvent ensuite être utilisées avec de faux papiers d’identité pour louer des serveurs
sur internet.

En utilisant une fausse identité et une carte de crédit qui fonctionne, on loue donc des ser-
veurs et on achète des noms de domaines.

Certains systèmes de paiement comme WebMoney (webmoney.ru), aussi populaire en Eu-


rope de l’Est que Paypal aux Etats Unis, permettent également d’ouvrir un compte avec
une fausse identité à l’aide de papiers falsifiés. Plus besoin alors de carte de crédit, c’est
WebMoney qui sert à acheter les nom de domaines et à louer les serveurs.

57 http://en.wikipedia.org/wiki/Zombie_computer

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WikiLeaks dynamite la Loppsi

Un réseau (clandestin) dans le réseau


NdE : Les stratégies technologiques décrites ici ont fait l’objet d’analyses de la
part de sommités dans le domaine de la sécurité comme Bruce Schneier qui les
qualifient de « fascinantes ».
Les discussions de la communauté d’experts qui commentent son billet58 sont
unanimes pour affirmer que la seule solution pour arrêter de tels criminels est de
suivre la piste de l’argent, tout autre voie est considérée comme n’ayant aucune
chance de succès.

Dès que le serveur loué est disponible, un administrateur réseau s’y connecte à travers une
chaîne de serveurs situés dans différents pays, et avec une connexion sécurisée SSH. Les
partitions sont encryptées avec TrueCrypt et tous les log des serveurs sont désactivées.

Les solutions d’hébergement Allemandes étant considérées comme les plus fiables, les
plus rapides, et les plus abordables, elles sont généralement utilisées comme serveurs de
contenus invisibles. En d’autres termes, tous les contenus illégaux sont placés sur ces ser-
veurs, en passant bien sûr par différents proxy afin de rester caché.

Ces serveurs utilisent des firewalls particuliers, configurés pour fermer hermétiquement
les accès et ne laisser passer que les connections en provenance d’autres serveurs bien
identifiés, également répartis à travers le monde. Ces derniers sont des serveurs proxy ou
des serveurs relais (forward servers). Si quelqu’un se connecte à partir de la console ou
que le serveur est éteint, la partition TrueCrypt est démontée, le système devient invisible.
Tout comme sur les serveurs de contenus, les logs sont désactivés, et TrueCrypt est installé
sur les serveurs proxy et les serveurs relais.

Les Russes ont développé des logiciels particulièrement sophistiqués qui peuvent être uti-
lisés comme proxy, en plus des possibilités offertes par le tunneling SSL et le forwarding
d’IP. Ces serveurs proxy acceptent les connections des clients pédophiles et les achemi-
nent vers les serveurs de contenus en Allemagne, de façon complètement anonyme, et
sans la moindre possibilité de les identifier.

Le transfert de données avec le client final peut même être crypté à la demande.

Les serveurs en Allemagne, eux, n’attirent pas l’attention et restent parfaitement anony-
mes car leur IP n’est utilisée par personne, en dehors des serveurs proxy utilisés pour
acheminer le trafic à travers un véritable réseau dans le réseau. Une technologie similaire
à celle utilisée par les VPNs de grosses entreprises.

Ces serveurs proxy sont répartis partout sur la planète, et ne font que consommer de la
bande passante, sans autre besoin particulier, qui plus est, ils sont vides de tout contenu.

58 http://www.schneier.com/blog/archives/2009/03/the_techniques.html

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Wikileaks dynamite la Loppsi

Des réseaux de serveurs répartis dans une multitude de pays sont également utilisés
comme des DNS. Ces DNS ont une multitude de fonctionnalités spécifiques, comme par
exemple un TTL (Time To Live, un délai de mise à jour) d’environ 10 minutes. Les en-
trées ont habituellement de multiples entrées IP et dans la procédure du tourniquet (round
robin), à chaque requête, font une rotation dans le trafic des visiteurs vers l’un des ser-
veurs proxy du réseau (NdT traduction approximative). Autre fonctionnalité spécifique,
les différentes zones du DNS sont liées avec une gigantesque base de données permettant
de rapprocher une IP d’une zone géographique...

Bien sûr, il y a des pédophiles au sein des autorités et chez les hébergeurs, qui permettent
aux administrateurs de réseaux pédophiles d’accéder à de précieuses informations concer-
nant les IPs bloquées, ainsi qu’à bien d’autre choses encore, utiles pour paramétrer au
mieux ces DNS.

Quiconque avec un minimum de compréhension de ces aspects techniques comprend les


conséquences et les implications de tout cela. Filtrer internet pour bloquer les contenus
pédophiles ? Quelle idiotie.

Business model de la pédophilie


NdE : En dehors d’un modèle de répartition des revenus, somme toute assez ordi-
naire dans la mise en place d’un business, légal ou pas, la stratégie mise en place
pour générer du trafic sur les offres de pédopornographie est pour ainsi dire
brillante.
En utilisant le spam pour avertir le client potentiel d’une nouvelle offre, on con-
tourne radicalement les contraintes que pourraient poser le filtrage et la censure
de l’internet. On fait la promotion dans des emails de spam de sites ephémères qui
jouent un rôle d’intermédiaires, ceux-ci peuvent changer d’adresse très fréquem-
ment, rendant l’idée d’une liste noire parfaitement inefficace.
Tant que le problème du spam n’est pas réglé, cette stratégie est tout simplement à
l’épreuve de tout filtrage.
Quant à vouloir empêcher le citoyen ordinaire de tomber par inadvertance sur de
la pédopornographie, cela revient à ambitionner de supprimer le spam, de très
nombreuses sociétés s’y emploient depuis longtemps, sans grand succès jusqu’ici.

Mais ce que j’ai à vous dire est bien plus important que cela, et peut être cela vous permet-
tra-t-il de comprendre à quel point l’opinion publique est manipulée par des politiques, qui
ne peuvent absolument rien faire contre la pédopornographie, si ce n’est l’utiliser pour
justifier la mise en place de systèmes destinés à surveiller la population.

Pour cela, il me faut vous expliquer la façon dont les contenus pédophiles sont vendus de
nos jours.

48
WikiLeaks dynamite la Loppsi

Les opérateurs de pédopornographie ne pouvant pas commercialiser leur offre par les
voies classique du marketing sur internet, ils ont du trouver d’autres moyens.

Aujourd’hui, la solution, c’est le spam59  !

Cette stratégie publicitaire rend d’autant plus ridicule l’argument du filtrage pour éviter
qu’un honnête citoyen ou même un enfant tombe « par inadvertance » sur des contenus
pédophiles. Cela n’arrive jamais. Les contenus, en réalité, viennent à eux.

Les revenus du business de la pédophilie sont répartis à 40-60% pour le système de paie-
ment et la banque (le pourcentage varie en fonction du caractère plus ou moins hardcore
du contenu), 20% va à l’opérateur, et 20% va aux marketeurs (dans ce cas, des spam-
meurs). Les spammeurs utilisent des millions d’adresses emails de personnes potentielle-
ment intéressées, des listes issues des systèmes de paiements mis en place dans le passé.

Mais les hackers du réseau pédophile obtiennent également d’énormes listes d’emails en
provenance de grosses sociétés, et vendent les adresses aux spammeurs. Pour envoyer le
spam, ces derniers utilisent des réseaux d’ordinateurs zombies infectés par des trojans.

Une R&D qui pourrait mener tout le monde


en prison
NdE : L’utilisation des techniques les plus avancées de hacking par la cybermafia
de la pédopornographie pourrait à l’avenir rendre passible de prison des millions
d’internautes pour détention de contenus pédophiles.
A l’heure où le gouvernement Français n’hésite pas à sanctionner les internautes
pour défaut de sécurisation de leur réseau WiFi domestique, il y a de quoi réflé-
chir. Vincent Cerf, le père de l’internet moderne, estime que près d’un quart des
ordinateurs connectés à internet sont des ordinateurs « zombies »60

Les ordinateurs zombies61 ont également un autre usage. Ils servent parfois à voler des
identités, ces mêmes identités sont alors utilisées pour acheter des nom de domaines, louer
des serveurs, etc.

Mais ce n’est pas tout : d’autres trojans62 sont utilisés comme proxy SOCKS pour mettre
en ligne des images et des vidéos pédophiles sur les serveur de contenus en utilisant les
ordinateurs zombie comme couverture.

59 http://www.commentcamarche.net/contents/attaques/spam.php3

60 http://micro.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-un-quart-des-pc-en-ligne-seraient-des-zombies-370.html

61 http://fr.wikipedia.org/wiki/Machine_zombie

62 http://www.commentcamarche.net/contents/virus/trojan.php3

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Wikileaks dynamite la Loppsi

Les Russes ont également mis au point une technologie permettant d’utiliser les ordina-
teurs infectés par un nouveau type de Trojan comme un cluster de serveurs. Une sorte de
gigantesque réseau distribué de serveurs (à la façon du projet Freenet, mais en utilisant des
ordinateurs infectés comme nœuds de réseau).

Il faut être très clair à ce sujet : si vous possédez une adresse email, il y a une chance que
des contenus pédophiles se trouvent en ce moment même sur votre ordinateur, pour peu
que vous ayez reçu du spam pédophile, ou même pornographique, même si celui ci a été
filtré par votre filtre à spam.

Si votre ordinateur n’est pas sécurisé à 100% contre les trojans, les virus et les logiciels
d’intrusion, il se peut que votre ordinateur fasse parti d’un vaste réseau de distribution de
contenus pédophiles63.

Dégâts collatéraux
Mais les dégâts occasionnés par la pédopornographie sur des victimes innocentes sont
bien plus graves encore quand les autorités s’en mêlent.

Dans les années qui viennent de s’écouler, j’ai observé la façon dont la justice et la police,
par paresse ou par ignorance, ont suspecté à tord et bien souvent emprisonné des milliers
de personnes. Des pères ont été détruits, des familles dévastées, et certains ont même été
poussés au suicide. Beaucoup ont même plaidé coupable alors qu’ils se savaient innocent
dans le seul but de s’épargner l'humiliation publique d’un procès qu’ils savaient joué
d’avance.

La première grosse affaire de ce type est connue sous le nom de Landslide Operation
Ore64 . 70.000 personnes ont été suspectés d’avoir acheté des contenus pédophiles à
Landslide. Les Russes rigolaient, mais ils étaient les seuls. Landslide n’avait absolument
rien à voir avec la pédopornographie.

Landslide avait développé un portail qui permettait des transferts d’argent, et les opéra-
teurs Russes ouvraient régulièrement des comptes afin de les utiliser pour vendre des con-
tenus pédophiles. Le directeur de Landslide était particulièrement naïf, et ne contrôlait pas
suffisamment ses utilisateurs, les paiements, et les fraudes. Il n’avait pas remarqué que les
mêmes cartes de crédit avaient été utilisées pour ouvrir plusieurs comptes, que les IPs des
clients ne correspondaient pas à celles que lui communiquait sa banque, il s’était aventuré
dans le business de l’internet sans réelles compétences, et cela lui a été fatal. En réalité,
Landslide a été victime d’une fraude de grande ampleur.

63 http://news.zdnet.co.uk/security/0,1000000189,39115422,00.htm

64 http://www.pcpro.co.uk/features/74690/operation-ore-exposed.html

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WikiLeaks dynamite la Loppsi

Les opérateurs de pédopornographie avaient passé un deal avec les falsificateurs de cartes
de crédits Russes, qui avaient obtenu des cartes de crédit volés65 grâce à la mafia Améri-
caine.

Grâce aux comptes ouverts avec des identités volées et des cartes de crédits falsifiées, les
revenus de Landslide ont explosé, faisant croire à ses fondateurs qu’ils avaient décroché le
jackpot avec leur startup.

Quand la police débarqua chez Landslide, il était trop tard, tant pour Landslide que pour
des milliers de victimes innocentes, dont les vies furent irrémédiablement détruites. Le
pire dans l’histoire est la façon dont la police américaine a falsifié les contenus du site de
Landslide après avoir saisi le matériel, afin de rendre leur histoire plus crédible66 .

Les producteurs, pros et amateurs.


J’ai vu à peu près tout ce qui existe sur internet en matière de pédophilie et de contenus
pédoporno-graphiques, et je peux vous affirmer que les images d’enfants en pleurs, violés
et même parfois torturés, ne viennent pas des production commerciales.

Ces contenus là viennent des parents incestueux qui abusent de leurs enfants. La plupart
des pères avec des tendances pédophiles se rencontrent dans des forums ou des message-
ries en ligne. L’un d’entre eux commence alors à partager ses propres photos, montrant un
enfant dévêtu, puis c’est l’escalade, et arrivent des images de l’enfant se masturbant, se
faisant violer ou même mis en scène dans des jeux sado maso.

Chaque père va un peu plus loin que l’autre dans un cycle infernal de provocation, de riva-
lité et d’émulation entre pédophiles.

Soyons clair : les abus violent ont presque toujours lieu dans un cadre familial. En parta-
geant ces images sur internet, elles finissent par arriver dans les gigantesques collections
des Russes, qui amassent tout ce qu’ils trouvent et le revendent.

Je fais clairement la distinction entre des contenus faits contre la volonté des enfants et
ceux fait avec leur accord, même si cela peut choquer. Quiconque a déjà vu de tels conte-
nus sait immédiatement faire la différence.

Depuis que des photos pédopornographiques ont été échangées sur internet, les plus cruel-
les étaient celles faites dans le cercle familial. Les parents les diffusent gratuitement, pour
témoigner et se glorifier des atrocités qu’ils font subir à leurs propres enfants.

Les Russes, eux, récupèrent tout ce qui traine et commercialisent ces contenus, au même
titre que ceux issus des magazines des années 70, dans des sites commerciaux. J’insiste

65 http://cyberlaw.org.uk/2009/07/03/the-guardian-legal-challenge-to-web-child-abuse-inquiry/

66 http://cyberlaw.org.uk/2009/07/03/the-guardian-police-chief-escapes-jail-for-refusing-to-hand-over-seized-material/
http://cyberlaw.org.uk/2009/07/03/has-operation-ore-left-a-scar-on-british-justice-telegraph/

51
Wikileaks dynamite la Loppsi

sur le fait que les contenus produits à des fins commerciales, comme ceux de LS Studios
par exemple, l’ont toujours été avec l’accord des enfants.

Des enfants pas si innocents


Dans les productions commerciales de contenus pédophiles, les enfants affichent de larges
sourires. Je suis resté en contact avec certains d’entre eux, qui sont aujourd’hui des ado-
lescents ou de jeunes adultes : beaucoup regrettent le temps où ils étaient mannequins et
ne comprennent pas pourquoi ils ne sont plus photographiés.

Même dans les productions commerciales les plus crues, comme celles en provenance de
Saint Petersbourg montrant des jeunes filles lors de leurs premiers actes sexuels, vous
pouvez voir que pour elles, ce n’était qu’un jeu et qu’elles se sont amusées. Je sais avec
certitude que leur mère était informée de ce qui allait se passer, et qu’elles avaient autorisé
leurs filles à participer. Personne n’a souffert, personne n’a été forcé de faire quoi que ce
soit, toutes leurs décisions ont été faites de façon volontaire.

Pourquoi la société ne peut elle admettre cela ?

L’argent n’était pas toujours le moteur de tout cela. Parmi ces filles se trouvaient des en-
fants de bonne famille sans la moindre difficulté financière, mais avec une passion pré-
coce pour l'exhibitionnisme.

On retrouve d’ailleurs ce comportement dans le phénomène du Sexting67, où les enfants et


les adolescents échangent des photos suggestives qu’ils font d’eux mêmes. Selon certains
rapports 68, près de 20% des adolescents pratiquent ce jeu).

C’est avant tout les média qui font leurs gros titres avec la pornographie infantile. Les
psychothérapeutes les plus qualifiés savent que la révélation au public d’une telle affaire
est souvent plus traumatisante que l’expérience pédophile elle même.

Entre 15% et 20% des mes connaissances féminines ont eu leur premiers rapports sexuels
entre 11 et 13 ans, beaucoup d’entre elles avec un partenaire bien plus âgé. Selon les ter-
mes de la loi, c’est absolument illégal, mais pour elles, cela a été fait d’une façon parfai-
tement correcte, et elles en gardent un bon souvenir.

Mais si une telle histoire était rendue publique, on leur imposerait le rôle de la victime,
tant il est indispensable pour espérer s’intégrer dans la société après la révélation publique
d’un tel événement.

Un psychanalyste Belge aujourd’hui décédé avait analysé les « marches blanches » et la


réaction du public face aux pédophiles, il était arrivé à une surprenante conclusion : se

67 http://en.wikipedia.org/wiki/Sexting

68 http://www.thenationalcampaign.org/sextech/PDF/SexTech_Summary.pdf

52
WikiLeaks dynamite la Loppsi

pourrait-il que dans les recoins sombres de leurs esprits, un désir réprimé pour les enfants
puisse s’exprimer à travers la projection de haine à l’égard du monstre pédophile ?

Pourquoi le public est-il si avide de détails dans les affaires d’abus sexuels sur mineur ?
Les média ne profitent-ils pas de cette curiosité malsaine pour vendre du papier ?

Il est inacceptable de discuter d’un tel sujet en Allemagne sans être inculpé immédiate-
ment.

C’est l’accusation ultime pour laquelle aucune défense n’est possible. Cela peut être utili-
sé pour tout et n’importe quoi.

Des enfants irresponsables... ou pas.


Depuis des années, je lis partout à quel point les enfants et les adolescents sont censés être
immatures et manipulables. J’ai travaillé de façon étroite avec des enfants pendant de
nombreuses années, et mon sentiment est qu’ils savent bien mieux ce qu’ils veulent (et ce
qu’ils ne veulent pas) que ce que l’on veut bien admettre.

La responsabilité, par rapport à la loi, est un témoignage de cette hypocrisie. En Allema-


gne, c’est 14 ans. Quand l’on veut condamner un enfant, il n’est jamais trop jeune. Quand
on en arrive à sa capacité à prendre des décisions sur sa sexualité, il n’est jamais trop
vieux. Cette dichotomie du discours politique est d’une hypocrisie totale.

Quand un adolescent est suffisamment âgé pour être condamné par la loi, il devrait l’être
pour prendre ses responsabilités quand à ses sentiments et son corps. Ce dont ont besoin
les enfants, c’est d’être protégé contre la violence, et celle-ci ne vient pas des étrangers, la
plupart du temps, mais du cercle des intimes.

Les talibans Chrétiens


La protection de l’enfance est devenu un véritable business. Il existe une multitude d’or-
ganisations qui se consacrent à cela, leur administration, leurs programmes, et leur per-
sonnel doivent être financés, créant au passage beaucoup d’emplois.

Je m’inquiète particulièrement des relations qui existent entre des lobbys influents, pré-
sents dans de nombreux pays, comme le National Center for Missing & Exploited Kids
(NCMEK) et des groupes religieux fondamentalistes.

Si vous visitez leur site web, missingkids.com, il existe un formulaire de délation, et dans
ce formulaire, vous pouvez choisir de dénoncer un fait qualifié de « réception d’un conte-
nu obscène par un enfant ». Vous y trouverez un lien vers obscenitycrimes.org.

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Cette organisation est gérée par Morality in Media, Inc69 , et occupe une place centrale
dans le NCMEK. Voici ci dessous quelques positions politiques et morales que ce lobby
souhaite imposer70.

‐ La police doit faire le travail de Dieu

‐ La pornographie conduit à la violence et doit être interdite

‐ La pornographie conduit à l’homosexualité et à la pédophilie

‐ La sexualité dans le cadre du mariage doit être régulée (la sexualité orale, anale,
ainsi que la masturbation sont contre nature et doivent être punies)

‐ L’homosexualité doit être criminalisée

‐ L’adultère doit être puni

‐ Ceux qui commettent l’adultère sont enclins à devenir pédophiles

J’arrête la liste ici car il est inutile d’aller plus loin pour comprendre les intentions de ce
lobby, ce sont les mêmes groupes religieux derrière ces lobbies qui sont en faveur des pu-
nitions corporelles dans l’éducation des enfants, se basant pour justifier leurs propos sur la
bible (Hebra 12 :6-7 ou le Livre des Rois 12 :13-14 et 12 :18).

Le monde occidental devrait bien moins se soucier des talibans et plus des Chrétiens fon-
damentalistes qui se cachent derrière de nombreuses organisations de protection de l’en-
fance.

Le NCMEC a une présence partout sur la planète, et mène une activité de lobbying inten-
sive, avec succès, auprès de nombreux gouvernements Européens, auprès du parlement
Européen, et plus particulièrement auprès du gouvernement Britannique.

Cette organisation devient de plus en plus importante, et son agenda politique vise désor-
mais l’Europe, même si elle reste une organisation Américaine.

Si vous vous renseignez, vous découvrirez l’étendue du pouvoir qu’a cette organisation,
aux Etats Unis mais également en dehors du territoire américain. Je n’ai pas peur des ter-
roristes et du monde qu’ils cherchent à nous imposer, mais je redoute celui que tentent de
mettre en place les lobbies de la protection de l’enfance.

C’est bien plus menaçant et insidieux, et c’est en connexion directe avec les intérêts des
groupes Chrétiens fondamentalistes. Ce sont eux qui cherchent à instaurer une censure des
contenus sur internet.

69 http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/07/13/AR2007071301728.html

70 http://www.moralityinmedia.org/reviewOfTheNews/vfrd04-09.htm

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Le NCMEC s’est qui plus est allié à la chaîne de télévision NBC pour réaliser la série
« attraper un prédateur71 », une émission diffusée en prime time qui montre des présumés
pédophiles filmés alors qu’ils se rendent à un rendez vous organisé par des officiers de
police se faisant passer pour des enfants sur internet.

Petites arnaques
Il y a bien d’autres façons de tirer profit des pédophiles, comme ce site web que j’ai dé-
couvert il y a quelques mois, hébergé par Dreamhost Web Hosting California. Il montre
des images provocantes de Masha Allen72, une fillette Russe adoptée par un pédophile
américain. Des années durant, elle fut non seulement sa fille mais également sa maîtresse.

Les photos ont fait le tour du monde, et le père fut finalement identifié et emprisonné. Ma-
sha Allen a cependant des avocats particulièrement ingénieux. Ils ont laissé tourner le site
web avec des images de Masha, en offrant la possibilité d’acheter un abonnement pour
obtenir plus de photos.

Quiconque s’est fait avoir par ce piège a non seulement reçu la visite de la police, mais
également une menace de procès au civil « à l’Américaine », c’est à dire avec des millions
de dollars de condamnation à la clé. Pas mal, comme business model, non ?

La justice au far-west, un bon business


Le procureur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo, a commencé à négocier avec la so-
ciété Media Defender, qui fourni des solutions de lutte contre le piratage en peer to peer,
pour surveiller ceux qui partageraient des contenus pédophiles sur les réseaux P2P73.

Le but est de laisser à des sociétés privées le soin de récolter des preuves et de dénoncer
les internautes à la justice. Selon les loi Américaines, une société elle même n’a pas le
droit de rechercher des contenus pédophiles, mais cela ne semble pas embrasser outre me-
sure le procureur de New York. C’est pour la bonne cause, alors qu’importe la constitu-
tion.

Media Defender est en étroite relation avec l’industrie du disque et du cinéma, c’est la
même société qui aux Etats Unis a mené à l’inculpation d’enfants pour avoir téléchargé de
la musique sur internet.

Les Etats Unis sont une démocratie respectée de par le monde, qui en est venue à autoriser
la torture, au nom de la protection de la société.

71 http://en.wikipedia.org/wiki/To_Catch_a_Predator

72 http://fait-en-coree.blogspot.com/2008/09/lhistoire-de-masha-allen.html

73 http://www.wired.com/politics/onlinerights/news/2007/09/mediadefender_police

55
Wikileaks dynamite la Loppsi

Une société carcérale est en train d’y prospérer, et grandi à une vitesse inquiétante, opérée
par le secteur privé.

Environ 2% des américains sont sous le coup d’une condamnation74, la plupart sont en
prison. Les prisons privées sont même parfois cotées en bourse et sont reconnues pour être
des entreprises particulièrement profitables et prospères.

C’est un secteur en pleine croissance, et plus de nouvelles prisons sont construites, plus il
faut mettre de gens en prison : la proportion de personnes emprisonnées augmente de 4%
par an aux Etats Unis.

« produire » des criminels bons à incarcérer est devenu une absolue nécessité pour cette
industrie afin de lui assurer une croissance régulière.

Il existe des rumeurs crédibles, faisant état de pots de vin en provenance du secteur des
prisons privés, à destination de juges et de procureurs : ils payent des primes pour chaque
nouveau prisonnier, y compris pour des enfants75.

Inutile dès lors d’être pointilleux lors d’une enquête, ni même d’employer des officiers de
police qualifiés, le but est avant tout de produire des prisonniers, ce qui est d’autant plus
facile que de plus en plus de choses sont criminalisées.

A ce stade, peut être devriez vous faire une pause et y réfléchir. Si mon point de vue, du
fait des mes activités dans la pédopornographie, vous semble exagéré, n’hésitez pas à lire
le point de vue d’autres personnes bien plus respectables76.

Protéger ou contrôler les enfants ?


Avec tous ces moyens pour protéger les enfants, on pourrait s’attendre à ce que leurs vies
soient meilleures. Ou pas.

Le problème c’est que ces mêmes lois de protection de l’enfance se retournent désormais
contre les enfants.

Dans les pays anglo saxons comme les USA ou la Grande Bretagne, les enfants et les ado-
lescents qui découvrent leur sexualité sont arrêtés et condamnés pour pédophilie.

Les jeunes amants s’envoient des images qu’ils prennent d’eux même nus ou habillés lé-
gèrement, on appelle cela le Sexting77, c’est un phénomène particulièrement répandu dans

74 http://en.wikipedia.org/wiki/Incarceration_in_the_United_States

75 http://www.boingboing.net/2009/02/02/judges-jailed-for-ta.html

76 http://www.reuters.com/article/bondsNews/idUSN0727506220071007

77 http://www.cbsnews.com/stories/2009/01/15/national/main4723161.shtml

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WikiLeaks dynamite la Loppsi

la génération digitale. Si ces images finissent par être diffusées publiquement, cela peut
tourner au désastre pour ces jeunes qui peuvent même terminer en prison.

Il existe un nombre incalculable de cas où les deux adolescents arrêtés dans une affaire de
Sexting sont tous deux condamnés pour pédopornographie78. Il existe également des cas
où la relation entre adulte et enfant est plus que discutable, quand par exemple le garçon a
18 ans et la fille 17.

Dans l’une de ces affaires qui s’est déroulé dans l’Ohio, une jeune fille de 15 ans, dénon-
cée par ses propres parents, a été emprisonnée parce qu’elle refusait de dénoncer son petit
ami de 18 ans afin qu’il soit incarcéré pour pédophilie.

Les lois supposées protéger les enfants et les adolescents sont de plus en plus utilisées
contre eux, afin de criminaliser et de contrôler leur sexualité, allant même jusqu’à les in-
carcérer. Les enfants sont donc assez jeunes pour faire de la prison mais restent sexuelle-
ment immatures.

En Grande Bretagne, la situation n’est pas plus reluisante. En se basant sur la théorie qui
veut que les victimes d’abus sexuels deviennent eux même des prédateurs, le gouverne-
ment Britannique a développé une base de données pour identifier toutes les victimes dans
le seul but de surveiller de potentiels agresseurs. Les victimes d’hier étant censés devenir
les bourreaux d’aujourd’hui.

Les victimes sont transformées en suspects, et sont surveillées comme des criminels. De-
puis la fin de l’année 2008, une nouvelle base de données collecte des informations sur
tous les enfants en Angleterre dans le seul but de surveiller leur développement afin de
détecter tout signe d’abus.

Des filtres à Pédophilie variable


NdE : A ce jour, toutes les listes de sites filtrés par les pays qui ont mis en place
des mesures de filtrage ont fini par être rendues publiques. Toutes ont montré que
les filtres était appliqués à bien plus que des contenus pédophiles, le record à cette
date étant détenu par l’Australie, dont les sites à contenus pédophiles ne repré-
sentent que 32%79 des sites filtrés, et ce avant même que l’Australie étende ses
mesures de filtrages à d’autres types de contenus.

Sur la base de la description que je vous ai donné de la façon dont fonctionne le business
de la pédophilie, il devrait être clair à vos yeux que filtrer les contenus d’internet pour en
empêcher l’accès ne fait aucun sens. Les Russes sont parfaitement informés des listes de
sites bloqués dans des pays comme le Danemark, la Suède ou l’Australie, et connaissent la

78 http://www.msnbc.msn.com/id/28679588/

79 http://fr.readwriteweb.com/2009/06/03/a-la-une/sites-web-censures-australie-sans-rapport-avec-pedophilie/

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Wikileaks dynamite la Loppsi

façon dont les systèmes de filtrages fonctionnent. Toutes les blacklists ont jusqu’ici fini
par être disponibles publiquement, comme celle établie par le gouvernement Danois, pu-
bliée récemment.

Cette liste, qui date du 15 janvier 2009 n’est pas, ou plutôt n’est plus vraiment confiden-
tielle. Si vous êtes à la recherche de contenus pédophiles, vous pouvez remercier le gou-
vernement Danois de l’avoir compilée, mais à y regarder de plus près, on s’aperçoit vite
qu’elle ne contient pas que des sites pédophiles.

Je n’ai pas vérifié la totalité des sites listés, bien sûr, mais la plupart d’entre eux sont fer-
més depuis très longtemps, mais sont toujours listés.

Beaucoup de ces sites sont des sites pornographiques où les modèles ont une poitrine plu-
tôt plate mais sont clairement majeures, certains sites sont des sites porno gay parfaite-
ment ordinaires, d’autres montrent des filles jeunes certes, mais majeures, certains de ces
sites participent même à des labels destinés à garantir aux visiteurs la légalité de leurs con-
tenus, et opèrent en Europe.

On peut se demander sur quelles bases légales ces sites adultes ont été bloqués, particuliè-
rement ceux qui permettent la vérification de la légalité des contenus. Sur quels critères
ces sites ont il été considérés comme pédophiles ? Mystère.

Un PedoMarketing à l’épreuve du filtrage


Comme je vous l’ai expliqué, la promotion des contenus pédophiles est faite à travers le
spam. Les emails de spam destinés à faire la promotion de contenus pédophiles sont
parfois accompagnés d’images, et même si vous ne lisez pas ces emails et que tout ar-
rive dans votre filtre à spam, il reste une possibilité pour que votre ordinateur contienne
malgré tout des images pédophiles.

Si votre ordinateur a été infecté par un trojan créé par la mafia de la pédopornographie,
la situation est pire encore. Votre PC une fois transformé en zombie80 ouvre pour ainsi
dire tous ses accès, il peut ainsi être utilisé pour distribuer des contenus pédophiles ou
en faire la promotion, en travaillant lui même pour les spammeurs.

Ceux qui achètent des contenus pédophiles trouveront dans les spams des publicités les
menant la plupart du temps vers des portails dont l’adresse change sans cesse afin d’évi-
ter le filtrage. Sur ces portails, mais également dans des forum et dans certains news-
groups, ils trouveront des publicités pour des solutions de sécurisation leur permettant
de contourner toute surveillance et tout filtrage.

Certaines offres commerciales proposent des serveurs DNS non censurés, mais égale-
ment des solutions de réseau privé virtuel (tels que strongvpn.com). Ces solutions per-

80 http://en.wikipedia.org/wiki/Zombie_computer

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WikiLeaks dynamite la Loppsi

mettent d’établir un tunnel de transmission de données cryptées entre le client et le ser-


veur, sans laisser la poindre trace dans un fichier log, et sous une fausse identité em-
prunté quelque part dans le monde. Au besoin, la transmission passera à travers plu-
sieurs pays pour mieux brouiller les pistes.

La distribution des contenus à l’ère du filtrage


En Allemagne, certains politiques envisagent d’imposer aux internautes l’installa-
tion de solutions logicielles censées bloquer l’accès aux contenus pédophiles. En
dehors du fait qu’une telle solution technologique relève de la science fiction et
souligne l’ignorance des politiques outre Rhin, la cybermafia a de toutes façons
anticipé une arrivée massive du filtrage et de la surveillance généralisée des po-
pulations.

Même si la solution81 – absurde techniquement - de Mr Schünemann était implémentée, il


existe des méthodes d’une simplicité désarmante pour les contourner.

Depuis l’arrivée de Server 2008 de Microsoft, la virtualisation est accessible à tous. Cette
technologie permet de se connecter à un ordinateur distant et d’en prendre le contrôle à
partir de votre ordinateur, l’écran de l’ordinateur distant étant alors affichée sur votre PC.

Il existe des offres commerciales pour pédophiles qui se vendent sous la forme d’une sta-
tion de travail virtuelle, proposée à la location. Sur le disque dur de la station de travail
virtuelle, un petit cadeau est destiné aux pédophiles sous la forme d’une collection de fi-
chiers.

La connexion peut s’établir discrètement avec Windows Remote Destop ou VNC. Aucun
fichier n’est transmis entre l’ordinateur du client et le serveur, seulement le contenu de
l’écran de la station de travail et l’accès à son clavier, généralement de façon encryptée, et
ne laissant pas la moindre trace de ce qui a été visualisé.

L’écran de la station de travail louée se trouvant en Russie, par exemple, et pouvant être
visualisé sur un PC en Allemagne, le client passera au travers de tous les filtres, la cen-
sure, et la surveillance mise en place par le gouvernement Allemand.

Les producteurs de pédopornographie peuvent désormais tranquillement vendre des solu-


tions d’accès à des machines virtuelles, là encore, il y a beaucoup à parier que Visa et
Mastercard n’y trouvent rien à redire. Une fois connecté à sa machine virtuelle, le pédo-
phile y découvrira une partition TrueCrypt, une sorte de disque dur crypté, pour lequel il
aura reçu un mot de passe.

81 http://www.theinquirer.net/inquirer/news/1050064/german-isps-to-impose-anti-child-porn-software

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Wikileaks dynamite la Loppsi

La partition peut tout à fait être conservée en local sur le PC du pédophile une fois télé-
chargée, personne ne saura ce que c’est, et il ne sera qu’un utilisateur de solution de vir-
tualisation parmi des millions d’autres.

Les Russes ont construit depuis quatre ans des solutions complètes en prévision d’une ar-
rivée massive du filtrage et afin de pérenniser leurs affaires. Cela n'empêchera pas les
gouvernements Européens de dépenser des sommes indécentes dans des systèmes, au
mieux irrationnels, au pire destinés à surveiller les populations, pour éventuellement pou-
voir les contrôler un jour.

Au cas où ce ne soit toujours pas clair : la technologie n’est pas la solution pour lutter con-
tre les contenus pédophiles. Aucun filtre, aucune censure et aucun système de surveillance
ne peut y faire quoi que ce soit.

Avant de vous lancer tête baissée dans une escalade des moyens de surveillance et de fil-
trage, demandez vous contre qui ces armes sont destinées à êtres utilisées.

Reveillez-vous. Demain, il sera trop tard.

Ouvrez les yeux


Pour trouver des mesures de prévention efficace, vous devez commencer par vous débar-
rasser de vos considérations morales et vous demander pourquoi la pédopornographie est
consommée.

J’ai dix années d’expérience sur le sujet, j’ai parlé avec un nombre considérable de per-
sonnes de ce sujet. Ce que j’en retiens, c’est que 1% des hommes ont une forte tendance à
la pédophilie (une attirance pour des enfants pré pubères) ou à l’ephebophilie (une atti-
rance pour les enfants prépubère et les adolescents), ils nourrissent des fantasmes qui ne
leur permettent pas de mener une vie normale du fait de leurs préférences sexuelles.

Beaucoup m’ont confié être dégoutés à l’idée d’avoir une relation sexuelle avec un adulte,
même s’ils sont par ailleurs parfaitement intégrés à la société.

Qui plus est, jusqu’à 29% des hommes (cela varie selon les cultures) ont occasionnelle-
ment des fantasmes impliquant des jeunes. Ces fantasmes ne sont toutefois jamais expri-
més, et ces personnes vivent habituellement une vie normale et sans problème. Ce n’est
pas un hasard si des films comme « L’écolière82 » remportent autant de succès.

82 http://www.imdb.com/title/tt0066341/

60
WikiLeaks dynamite la Loppsi

Chassez le naturel...
Selon Maslow, la sexualité est un besoin primaire. Je ne considère pas la pédophilie, et
plus particulièrement l’ephebophilie, comme une maladie, mais simplement comme une
préférence sexuelle. Ceci est très controversé, et mon opinion n’est partagée que par un
petit nombre de scientifiques (mais c’était le cas, il y a quelques décennies, de l’homo-
sexualité, dont la répression n’a pas donné le moindre résultat, au passage).

Quoi qu’il en soit, j’ai l’avantage de connaître la vie intime de nombreux pédophiles,
beaucoup ont commis des actes illégaux (ce qui est presque inévitable étant donné les lois
actuelles) et ont été condamnés à un traitement psychiatrique.

Je n’ai jamais eu connaissance d’un cas où un pédophile a été guéri suite à une thérapie, et
je peux vous assurer que j’ai rencontré de très nombreux cas. La seule chose qu’une thé-
rapie ai jamais réussie à faire est de reculer l’âge des enfant qui suscitaient une attirance.

Les pédophiles rapportent souvent que leur attirance est stimulée par des situations stres-
santes, et un apprentissage de la gestion du stress peut également aider.

Comme auparavant avec les homosexuels, beaucoup sont intégrés à la société, se sont ma-
riés, et ont parfois des enfants qu’ils aiment et qu’ils n’ont jamais abusé.

La plupart vivent une double vie décevante, souffrant de façon permanente à l’idée que
leurs préférences sexuelles ne soit découvertes. Car si c’était le cas, ils perdraient tout en
un instant. Ils souffrent de dépressions plus ou moins sévères car ils doivent se cacher de
la société pour survivre.

Mais l’instinct gagne toujours, et tôt ou tard, tout fini par se savoir, que ce soit lors d’un
voyage au Cambodge, parce qu’ils possèdent une collection d’images pédopornographi-
ques, ou parce qu’ils ont une liaison avec la fille du voisin : leur vie est un jeu de roulette
Russe à laquelle ils ne peuvent échapper.

Les pédophiles dans la société


La question que l’on doit se poser est la suivante : quelle vie la société peut elle offrir aux
pédophiles ? C’est une erreur de penser que les pédophiles sont des monstres. Si quel-
qu’un est hétérosexuel, il ne couche pas pour autant avec toutes les femmes qu’il côtoie,
pas plus qu’il n’en tombe amoureux. Un homosexuel ne viole pas tous les hommes qu’il
croise dans la rue non plus. C’est la même chose pour les pédophiles, ils ne sont pas attirés
par tous les enfants, et en trouvent même certains antipathiques.

Les média sont les champions pour jouer la confusion sur ce sujet.

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Wikileaks dynamite la Loppsi

Des individus comme Marc Dutroux sont considérés comme des pédophiles, je le vois
comme un dangereux psychopathe qui s’attaque non seulement aux enfants, mais égale-
ment aux jeunes femmes.

Les organisations de protection de l’enfance veulent vous faire croire que les pédophiles
on un problème de pouvoir avec les femmes adultes. Bien que ce soit possible, je me suis
rendu compte qu’un grand nombre de pédophiles n’ont aucune répulsion vis à vis des
femmes adultes.

Ils ont souvent, par contre, de nombreuses obsessions relatives au contrôle, même si celles
ci sont la plupart du temps maitrisées.

Enfin, ils y a des pédophiles qui souffrent du syndrome de la lolita : une forte attirance de
la virginité et de l’innocence, cela arrive souvent chez ceux qui ont été élevés dans le ca-
dre d’une éducation religieuse stricte, très répressive vis à vis de la sexualité. Ils idéalisent
la chasteté et ont généralement une mère violente et autoritaire.

Quelle vie la société offre donc aux pédophiles ? L’ostracisme, la stigmatisation, la castra-
tion chimique ou une existence avec une balise GPS comme menottes   ? Un nouvel
Auschwitz doit-il être ouvert pour y gazer les pédophiles afin de s’en débarrasser ? C’est
trop brutal ? Une injection létale vous semblerait elle plus douce ?

Peut être qu’un emprisonnement à vie, ou bien l’euthanasie, afin de diminuer les coûts
pour la société ?

Aujourd’hui, il n’y a pas de perspective de vie décente pour un pédophile. Pour vivre heu-
reux, les pédophiles doivent devenir des criminels.

Stigmatisation
Si vous voulez réduire la pédocriminalité et la pédopornographie, vous devez commencer
au bon endroit. Des ressources importantes doivent être investies dans la mise au point de
solutions permettant aux pédophiles de vivre une vie décente, en faisant la promotion de la
tolérance en matière de préférence sexuelle notamment. Un travail de fond doit être fait
pour lutter contre la stigmatisation des pédophiles : personne n’assumera ses préférences
sexuelles si elles peuvent les mener à perdre tout ce qu’ils aiment et tout ce qu’ils possè-
dent.

Dans de telles circonstances, c’est plutôt une double vie pénible qui s’offre aux pédophi-
les, jusqu’au jour où ils commettent une erreur, et que tout devient public.

J’ai rencontré des pédophiles qui avaient demandé conseil à leur médecin. Certains ont été
tout simplement mis à la porte, et n’ont jamais pu revoir le médecin de famille à qui ils
s’étaient confiés. Je ne sais pas comment ces médecins et ces psychothérapeutes com-

62
WikiLeaks dynamite la Loppsi

prennent le serment d’Hippocrate, mais c’est particulièrement révélateur de la stigmatisa-


tion des pédophiles dans notre société.

Les média et les autorités font tout pour entretenir cette stigmatisation et pour utiliser ce
thème à des fins populistes. Dans les pays anglo saxons, les criminels sexuels ne peuvent
vivre que dans des zones délimitées qui rétrécissent d’année en année. Beaucoup ne peu-
vent même pas vivre dans un appartement à cause de la loi, et grâce aux bases de données
publiques, leur quartier tout entier est au courant de leur présence. Rapidement, les affi-
ches et les graffitis fleurissent tout autour de leur habitat afin de mieux les stigmatiser et
les empêcher de s’intégrer au reste de la population.

Souvent, ils sont victimes de violences, quand ce ne sont pas tout simplement des lyncha-
ges.

Qui sont les pédophiles ?


Les pédophiles sont issus de tous les milieux sociaux, ce sont des ouvriers, des chômeurs,
des clercs de notaires, des ingénieurs, des enseignants, des avocats, des médecins, des ar-
tistes, des juges… On les trouve souvent dans les environnements où se trouvent des en-
fants, où ils exercent leur profession et font généralement de l’excellent travail.

C’est une erreur de penser que la pédophilie et l’ephebophilie ne concerne que les hom-
mes. Quiconque a déjà vu de la pédopornographie sait à quel point on aperçoit souvent
des femmes adultes dans les mises en scène.

Les mères sont parfois incestueuses, elles peuvent avoir des penchants pédophiles. Sou-
vent, les mères développent des pulsions sadiques envers leurs filles, particulièrement
quand celles-ci arrivent à la puberté, ce qui n’est pas sans rapport avec l’émergence d’une
forme de rivalité et de jalousie.

Il y a des nombreuses années, j’ai rencontré un cas d’une surveillante qui a quitté son mari
car elle avait une liaison avec une fille de l’institution dans laquelle elle travaillait. Par la
suite, la fille a emménagé dans la maison de la surveillante et elles ont vécu ensemble.

Personne ne peut contrôler les préférences sexuelles qu’il développe, et la sexualité est la
base de la conduite humaine.

Posez-vous la question : combien de temps tiendriez vous sans sexualité ? Comment gére-
riez vous votre sexualité si aucun partenaire sexuel ne se laissait approcher par vous ?
Vous devez vous poser les mêmes questions concernant les pédophiles, et vous demander
comment un pédophile peut vivre une vie décente et heureuse.

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Wikileaks dynamite la Loppsi

Pourquoi tout criminaliser ?


Criminaliser la possession de pédopornographie est une décision stupide, pour bien des
raisons. Les coûts juridiques liés aux poursuites pénales sont prohibitifs pour la société, et
cela ne résout en rien le problème de l’abus fait à un enfant.

Je me souviens d’un ami dont la maison a été perquisitionnée, le contenu de ses ordina-
teurs ainsi que 4500 cassettes vidéo ont été confisquées. Cela a pris à la justice plus de
deux ans pour visionner l’ensemble du matériel saisi, sans le moindre résultat. Ses casset-
tes ne contenaient que des films enregistrés à la télévision.

L’Allemagne est un pays riche, qui lance des procédures couteuses lors d’enquêtes sur des
cas de possession de pédopornographie. Il ne reste plus qu’à écrire des histoires ne présen-
tant qu’une seule version des faits, et mettre le détenteur de pédopornographie en prison
pour que le tout devienne véritablement dispendieux pour les contribuables Allemands.
L’Allemagne a suffisamment d’argent, pourquoi hésiter ?

Par ailleurs, il faut justifier que le visionnage de matériel pédopornographique porte at-
teinte à l’enfant. Comment ? L’abus fait à l’enfant a déjà eu lieu, non ?

L’arme ultime
A ce stade de mon récit, il devrait être clair pour tous que la pédopornographie est l’arme
ultime pour ruiner la vie de quelqu’un, y compris ceux qui ne sont pas pédophiles. Beau-
coup d’innocents ont vu leur vie dévastée, comme dans le cas de l’affaire Landslide.

J’espère que tôt ou tard ces cas seront portés à la Cour de Justice Européenne, et que les
gouvernements seront tenus responsables et auront à payer de lourds dédommagements
pour le tord qu’ils ont causé.

Beaucoup de gens détiennent par ailleurs du matériel pédopornographique sans le savoir, à


cause du spam, ou des Trojans utilisés pour transformer les ordinateurs des particuliers en
proxy et distribuer de la pédo-pornographie.

La pédopornographie est le parfait moyen pour causer des problèmes considérables et ex-
clure de la société une personne indésirable. Le gouvernement (et les lobbys de protection
de l’enfance) l’utiliseront sans vergogne car c’est l’argument ultime pour convaincre une
population qui n’y connaît rien.

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WikiLeaks dynamite la Loppsi

Vous avez été témoin de la façon dont l’argument du terrorisme a été utilisé à tord, mais si
vous êtes accusé de terrorisme, vous pouvez au moins réunir des preuves et avancer des
contre arguments pour vous défendre.

La pédopornographie est l’arme ultime car aucune contre argumentation n’est possible, vu
qu’il est parfaitement illégal de faire des recherches pour se faire une opinion.

Cela peut mener à des abus de toutes sortes, repoussant les limites des droits civiques, et
poussant la population à accepter une surveillance généralisée.

Je suspecte fortement les décideurs politiques d’être parfaitement conscient de tout cela.

La pédopornographie ne peut pas être stoppée, les producteurs et les diffuseurs qui savent
se cacher ne peuvent pas être identifiés, le filtrage n’est qu’une solution destinée à faire
croire aux populations que l’on fait quelque chose pour lutter contre la pédocriminalité.
Les technologies de surveillance sont ainsi mises en place et rapidement, elles sont utili-
sées pour tout autre chose.

Il ne faut pas beaucoup de temps avant qu’elles soient utilisées pour protéger les droits
d’auteur ou pour surveiller les opposants politiques. L’Allemagne rejoint ainsi la Chine, en
tout cas dans le cyberespace.

Décriminaliser la possession
La possession de pédopornographie devrait être décriminalisée, et seule leur production et
leur diffusion devraient être des crimes.

La violence physique envers une personne, quel que soit son âge, devrait être sévèrement
punie. De la puberté à l’âge adulte, une personne devrait être en mesure de prendre des
décisions concernant son corps et déterminer de façon libre avec qui elle désire avoir des
relations sexuelles.

Les dessins, les histoires, et les productions artistiques n’auraient elles jamais due être
criminalisées, car l’esprit est libre, et ces œuvres n’ont jamais porté atteinte à quiconque.

J’ai connaissance d’un cas en Nouvelle Zélande où lors d’une perquisition, un journal in-
time retraçant des fantasmes pédophiles a été trouvé et son auteur condamné sur ces seuls
faits.

La prohibition des images d’enfants habillés sur internet est surréaliste. Beaucoup de
monde, essentiellement des familles pauvres, se constituait des revenus d’appoint grâce à
ces sites web.

Où est la différence, je vous le demande, entre un pédophile qui se masturbe devant un


ordinateur et un autre devant un catalogue de la Redoute ?

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Wikileaks dynamite la Loppsi

Cela peut sembler bien immoral à beaucoup d’entre vous, mais si vous voulez comprendre
l’essence du problème, vous devez prendre conscience de la réalité. Tout le reste n’est que
du bavardage et des histoires qui ne mènent à rien, si ce n’est à être à coté de la plaque.

Qui sont les victimes ?


Pourquoi les enfants d’aujourd’hui prennent-ils des photos sexy, parfois complètement
nus, même sans penser à mal ? Personne ne les y oblige ! Ils ne gagnent pas d’argent grâce
à cela.

C’est précisément ce que j’ai appris en discutant avec des filles d’Europe de l’Est impli-
quées dans des productions pédopornographiques : certaines y voyaient un intérêt finan-
cier, mais beaucoup le faisait parce que c’était amusant, l’argent n’était pas une motivation
pour elles.

Beaucoup de producteur se contentent d’offrir un appareil photo aux filles, qui réalisaient
les prises de vue sans la présence d’adultes. Ces photos étaient ensuite publiées par les
producteurs de pédopornographie et l’argent est partagé. Pas de victimes, mais un vérita-
ble partenariat, même si l’un des partenaires est mineur.

Plutôt que de dépenser de plus en plus d’argent dans des politiques de censure irrationnel-
les, de filtrage et de chasse aux sorcières, pourquoi ne pas l’investir dans des programmes
destinés à offrir un meilleur avenir, une meilleure qualité de vie et par dessus tout une
meilleure éducation à des enfant pauvres ? Cela aurait déjà comme effet d’éliminer les
candidats à la pédopornographie dont les motivations sont financières.

Il restera toujours, ceci dit, les modèles qui posent par provocation, et des familles qui to-
lèrerons cela. Autrement dit, des enfants et des adolescents volontaires qui s’amusent. A
mon sens, ce ne sont pas des victimes. Ceux que l’on force violemment à faire des choses
dont ils n’ont pas envie sont les véritables victimes. De la puberté à l’âge adulte, les jeunes
devraient être autorisés à décider de leurs sentiments et de l’usage de leur corps.

Morale et sexualité
Toute cette discussion sur la moralité et la sexualité est incroyablement stupide, et la reli-
gion y a largement contribué. On peut entendre différentes théories, mais qu’est ce qui fait
du tord aux enfants et aux adolescents ?

Aux Etats-Unis, la vue d’un corps nu est censée causer du tord aux malheureux enfants.
Pourtant, en Allemagne, le magazine Bravo a, durant des décennies, imprimé des photos
de filles et de garçons nus au seul prétexte de l’épanouissement sexuel. Il devrait donc y
avoir une quantité impressionnante d’enfant meurtris en Allemagne.

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WikiLeaks dynamite la Loppsi

Quand j’étais enfant, avec mon école, nous ramassions des papiers usagés pour les recy-
cler. J’ai trouvé, à cette époque, des magazines des plus excitants dans les poubelles. Je
sais parfaitement à quel point cela a éveillé mon intérêt pour la sexualité.

Par contre, je me souviens avoir été particulièrement choqué quand j’ai découvert, chez le
boucher, le sort réservé aux animaux, cette expérience là fut véritablement traumatisante.

Aujourd’hui, la violence est de plus en plus présente et elle est montrée partout. Parallè-
lement, des lobbys prônent le contrôle de la sexualité. Chacun peu se faire une opinion sur
cette situation, mais il est difficile de rester objectif car l’accès à l’information nécessaire
pour se forger une opinion est interdit par le gouvernement.

J’espère que ce récit fait sens. Bien qu’il soit parsemé de propos immoraux, il présente
une autre version de faits restés jusqu’ici parfaitement confidentiels. J’espère vous avoir
fourni suffisamment d’éléments de réflexion. Sans pensées radicales, rien ne changera.

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Wikileaks dynamite la Loppsi

traduit et adapté de la traduction anglaise


disponible sur Wikileaks.org
« An insight into child porn83 »
datée du 26 février 2009.

83 http://wikileaks.org/wiki/An_insight_into_child_porn

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