Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Abdelaziz Bouteflika a voté jeudi en milieu de matinée dans le quartier chic d'el-Biar,
sur les hauteurs d'Alger. Plus de vingt millions d'Algériens étaient appelés aux urnes.
Crédits photo : AFP
Sa famille et ses proches lui servent de carapace. L'homme à la vie privée aussi
hermétique qu'un coffre-fort d'une banque suisse vénère sa mère toujours vivante.
Son frère Mustapha est son médecin traitant. Saïd, le cadet de la fratrie, est son chef
d'orchestre politique : il pilote sa communication, sert de relais lorsque la fatigue se
fait sentir. Ses proches s'occupent de l'intendance : Noureddine Yazid Zerhouni tient la
police, Chakib Khelil veille sur le pétrole et le gaz, son chef de protocole, son directeur
de cabinet et son secrétaire particulier complètent l'équipe restreinte.
L'argent ensuite. Le retour à la stabilité après la guerre civile a ouvert l'Algérie et les
pétrodollars de la manne des hydrocarbures à la mondialisation, sur fond de
corruption. Une aubaine pour les milieux d'affaires algériens. Les hommes d'affaires
se sont engouffrés dans le sillage de Moumen Khalifa, ce milliardaire sulfureux dont la
faillite a viré au scandale au début des années 2000. Souvent associé à des membres
de familles de militaires, le cercle des grands patrons prospère. Le Forum des chefs
d'entreprise (FCE), le Medef local dirigé par Réda Hamiani, a ainsi largement contribué
à la campagne électorale du président sortant. Une façon de lui rendre la monnaie de
sa pièce.
Autocrate, Abdelaziz Bouteflika tient les rênes du pays selon son bon vouloir. Ses
relations complexes avec les militaires l'obligent certes à quelques compromis. Mais,
pour le reste, le chef de l'État a les mains libres. Les courtisans du sérail se chargent
de flatter son ego.
Abdelaziz Bouteflika est l'inverse d'un réformateur. Son objectif est de conserver en
l'adaptant le système mis en place au lendemain de la guerre d'indépendance. Le
modèle est usé à la corde ? Peu importe. L'essentiel est de durer.
Issu des rangs de l'Armée nationale de libération (ANL), il est le dernier acteur de l'ère
de la décolonisation algérienne encore aux affaires. Sa carrière ministérielle
commence à la Jeunesse et aux Sports en 1962. Passé aux Affaires étrangères, il fait
d'Alger la capitale des révolutionnaires tiers-mondistes. Homme lige du président
Houari Boumediene, il prononce son oraison funèbre en 1978. C'est son dernier
discours. La disgrâce l'oblige à l'exil. En 1994, en pleine guerre civile à l'issue
incertaine, les militaires lui proposent de revenir. Il refuse la présidence. L'offre est
renouvelée en 1999. Il accepte. «C'est le moins mauvais des candidats», estime
Khaled Nezzar, l'ex-chef des armées. Ses rivaux se retirent de la course présidentielle
en dénonçant une mascarade. Petit à petit, il grignote les prérogatives des vieux
généraux. Il est confortablement réélu en 2004, sans leur appui, sur base d'un pacte
de non-agression passé avec le général Tewfik Mediene, le patron des services
spéciaux. Pour ce drogué du pouvoir, un nouveau quinquennat est une nécessité.
Accroche (5w) :
Why ? : Sa présidence est une affaire de famille et un réseau d'intérêt, donc aucun
intérêt a arrêter tant qu'il peut continuer.
Where ? : En Algérie.
L'Humanité :
Rue Didouche, en centre-ville, à l’arrêt des bus en direction d’El Biar, Madania,
Mouradia, sur les hauteurs d’Alger. La tension est vive. Soudain une dame, excédée
par l’attente de son autobus, s’en prend aux pouvoirs publics : « Avec tout l’argent du
pétrole, ils ne sont pas capables de nous mettre plus de bus. » La discussion
s’enflamme. Oublié les problèmes de transport. La « batata » s’invite dans le débat.
« Ils nous demandent de voter alors que le kilogramme de pommes de terre a atteint
des niveaux astronomiques », lance la dame.
La veille et le jour même, les cheminots ont décrété une grève illimitée contraignant
des milliers de voyageurs à se ruer vers les bus et les taxis. Le mois dernier, ils
avaient observé un arrêt de travail de onze jours. Sans résultat. Se désolidarisant
d’avec leur syndicat affilié à l’UGTA (la centrale syndicale), ils ont décidé de créer une
confédération nationale des conducteurs de train et exigent, en plus de la
revalorisation de leurs salaires, l’arrêt des poursuites judiciaires contre les
conducteurs à chaque fois que se produit un accident de train !
Louisa Ighil Ahriz, l’ancienne combattante du FLN qui avait accusé le général Massu
de l’avoir torturée durant la guerre d’Algérie, a fait le déplacement. Elle n’est pas
d’accord avec le geste du RCD d’avoir remplacé l’emblème national algérien par un
emblème noir. « Le drapeau algérien, c’est sacré », me dit-elle. « Qu’on le mette en
berne, qu’ils chantent, qu’ils scandent des mots d’ordre contre ce scrutin, qu’ils
fassent du bruit pour se faire entendre, je suis d’accord, mais pas touche à notre
emblème national. Là, ils ont fait une erreur. »
Quoi qu’il en soit, Alger a vécu, en ce bel après-midi, un petit événement. Pour le RCD,
c’est une réussite. « Le boycott est en marche », affirme une militante. La veille,
Moussa Touati, candidat du FNA (Front national algérien), a défrayé la chronique. « Le
taux de participation ne dépassera pas 40 % », a déclaré celui qui, à travers les
meetings animés dans le pays, appelle au vote… massif. Hassane Zerrouky
Titre : Dernier jour de campagne pour Bouteflika : aux prises avec "la
batata",
Accroche (5w) :
On peut voir que Le Figaro parle plus du président et du fait qu’il a 72 ans, ce qui
montre que c’est un âge relativement élevé pour diriger un pays. Cependant, le
journal affirme que pour qu’il puisse garder son système monétaire familial qui est
abordé dans une grande partie de l’article, il doit impérativement faire un nouveau
mandat. C’est tout le contraire de l’Humanité qui lui, parle essentiellement de la perte
du pouvoir d’achat, des luttes des cheminots et des tensions présentes dans le pays à
cause de cet homme. Pour faire simple, l’Humanité, et le journal le dit clairement dans
sa dernière phrase « Le taux de participation ne dépassera pas 40 % », et contre
l’élection au pouvoir de Bouteflika alors que Le Figaro, lui, laisse paraitre qu’il serait
plutôt pour un nouveau mandat de l’homme qui en a déjà fait deux.