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Collection Parlons

dirigée par Michel Malherbe

Déjà parus:

Parlons coréen, 1986, M. MALHERBE, O. TELLIER, CHOE


JUNG WHA.
Parlons hongrois, 1988, CAVALIEROS, M. MALHERBE.
Parlons wolof, 1989, M. MALHERBE, CHEIKH SALL.
Parlons rou111llin, 1991, G. FABRE.
Parlons swahili, 1992, A. CROZON, A. POLOMACK.
Parlons kinyarwanda-kirundi, 1992, E. GASARABWE.
Parlons ourdou, 1993, M. ASLAM YOUSUF, M. MALHERBE.
Parlons estonien, 1993, F. DE SIVERS.
Parlons birman. 1993, M. H. CARDINAUD,YIN XIN MYINT.
Parlons lao, 1994, C. NORINDR.
Parlons tsigane, 1994, M. KOCHANOWSKI
Parlons bengali, 1994, J. CLÉMENT.
Parlons pashto, 1994, L. DESSART.
Parlons telougou, 1994, O. et D. BossÉ.
Parlons ukrainien, 1995, V. KOPTILOV
Parlons euskara, 1995, T. PEILLEN
Parlons bulgare, 1995, M. V ASSILEVA.

À paraître:

Parlons soninké, mongol, lapon, letton, malgache,


ingouche,géorgien, indonésien, albanais, kurde etc.
PARLONS NÉP ALI
La transcription du népali suit les conventions en usage.
Ex.: «u »pour «ou ». Pour rendre plus fluide la lecture des
termes courants, les noms de régions ou de villes, les noms
des ethnies, les noms des personnages historiques..., les
signes diacritiques n'ont pas été utilisés (sauf en cas de
nécessité) dans les parties qui traitent des généralités. Les
mots d'origine népali n'ont pas été accordés en genre et en
nombre. Ex.: les Gurung, la langue népali.

Remerciements:

Nous remercions Dilli Ra) Uprety pour la relecture du texte


en népali, Dilip Mehta pour son aide informatique et
Minakshi Mani pour la calligraphie.

Calligraphie de couverture réalisée par An)u Musafir.


Extrait du poème de Lakshmi Devkota : fatri

(Ç)L'HARMATTAN, 1996
ISBN: 2-7384-3991-8
Pascal et Evelyne CHAZOT

PARLONS NEP ALI

Editions L'Harmattan
5-7, rue de l'Ecole Polytechnique
75005 Paris
.

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i:
L'IiI
U
EN GUISE
D'INTRODUCTION
Par monts et par villes,
des noms qui parlent...

Himalaya signifie la demeure des neiges ».


((

Everest: appelé localement Chomolungma fut


baptisé en 1865 par les Anglais du nom de Sir George
Everest, qui en avait déterminé l'altitude et la
situation. Le gouvernement népalais plus récemment
lui donna le nom de Sagarmatha, (( mère du ciel ».
Annapurna ((
(8091 m) : déesse nourricière» fut le
premier 8000 vaincu en 1950 par Maurice Herzog.
Machapuchare (6993 m) : queue de poisson )', nom
((

donné à l'un des sommets du massif de l'Annapurna


en raison de sa forme.
Pokhara (880 m) : au pied de ce dernier, signifie
(( lac» justifié par sa situation au bord du lac de Phewa
tal.
Katmandou: anciennement Kantipur, (( Ville de
splendeur ».
Patan : anciennement Lalitpattana, (( Ville jolie»
devenu tout simplement Patan ou Lalitpur.
Bhaktapur ((
Ville de foi, de dévotion »,
anciennement Bhadgaon.
Kirtipur : Ville de renommée, de gloire ».
((

Bagmati : rivière qui traverse Katmandou et la


vallée porte le nom évocateur de la Parlante ». ((

Swayambhunath : le célèbre stupa bouddhiste est


((
le Seigneur (nath) issu de lui-même ».
Bodnath : l'autre stupa de la vallée se dénomme le
((
Seigneur Bouddha ».
Pashupatinath : un des hauts lieux de l'hindouisme
du Népal porte un des noms de Shiva, le Seigneur des
Animaux.

8
LE NÉPAL AUJOURD'HUI

GÉOGRAPHIE

ncadré au nord par le Tibet et au sud, à l'est

E et à l'ouest par l'Inde, le Népal a une


superficie d'environ 150 000 km2. Il s'étend
le long de l'Himalaya sur 885 km d'est en ouest et
une largeur variable d'environ 200 km du nord au
sud. Il est constitué de trois régions bien
distinctes: le TéraÏ, les collines et les vallées du
moyen Himalaya et le haut Himalaya.
Le Téraï au sud, extension de la plaine
gangétique indienne, regroupe la plus grande
partie des terres fertiles et des forêts denses du
pays. 40% de sa surface est cultivée. On y trouve
une grande diversité de cultures: riz, maïs, blé,
canne à sucre, légumes, tabac... 46,7% de la
population totale du Népal vit dans cette région et
a le taux démographique le plus élevé du pays
(recensement de 1991).
Le moyen Himalaya, la plus vaste région, est
situé entre le Téraï et le haut Himalaya. Il est
constitué de collines allant de 600 à 4800 m
d'altitude, entrecoupées de vallées ou de bassins:
Katmandou, Pokhara, Hetauda... Seule 10% de sa
surface est cultivée, principalement des céréales.
Sa population représente 46% du total.
Le haut Himalaya enfin, dont dix sommets
culminent à plus de 8000 m. L'Everest, appelé
Sagarmatha au Népal, atteint 8848 m. Bien que
représentant un tiers de la superficie du pays, 2%
seulement en est cultivable pour des raisons aisées
à comprendre. 7% de la population totale du
Népal vit malgré tout dans ces régions de très

9
haute altitude, à plus de 4500 m, en compagnie de
leurs yaks.

ADMINISTRATION DU PAYS

Le Népal était récemment encore une


monarchie absolue de droit divin. Les réformes
démocratiques introduites par le roi actuel, Sa
Majesté Birendra Bir Bikram Shah Dev, à la suite
de violentes manifestations durant la seconde
moitié des années 80, ont gardé au souverain de
nombreux pouvoirs.
Le pays est divisé administrativement en 5
zones, subdivisées en 75 districts. Chaque district
est supervisé par un "Chief District Officer" (COO)
qui s'assure du respect des lois et a la
.responsabilité de l'application des directives
ministérielles. L'unité la plus petite est le comité
de village appelé Gaon Panchayat. Pour les
communes plus grandes, se sont les Municipalités.
Il y avait 3995 comités de village et 36
Municipalités en 1993.

Au niveau politique international, le Népal


adhère à la charte des Nations Unies et est
membre fondateur du Mouvement des Non
Alignés. Le roi actuel a annoncé la volonté, au
moment de son couronnement en 1975, de
donner au pays le statut de Zone de Paix qui est
reconnu en 1988 par 86 pays (dont la France et les
États-Unis) à l'exception de l'U.R.S.s. et l'Inde. Il
devient membre du groupement des pays d'Asie
du sud (Inde, Népal, Pakistan, Bangladesh,
Bhoutan, Maldives et Sri Lanka) appelé "South
Asia Association for Regional Coopération"

10
(SAARC), créé en 1985 et dont le Secrétariat siège à
Katmandou depuis 1986.

DÉMOGRAPHIE

Avec 19,3 millions d'habitants en 1993, la


démographie est, comme dans beaucoup de pays
comparables, le problème majeur. Il y avait 13
millions d'habitants en 1975 et 8 millions
seulement en 1952. La population est à 90% rurale.

Évolution de la population de 1952 à 1991


(en millions d'habitants)

20

15

10

o
1952 1961 1971 1981 1991

11
RELIGIONS

Les statistiquesl concernant les religions


doivent être analysées prudemment pour
différentes raisons: modalités de définition et de
classification lors du recensement, volonté
politique de diminuer l'importance des minorités,
etc... Les chiffres donnent cependant une
indication générale.
La religion largement dominante, 86,5% de la
population, est l'hindouisme (si toutefois celui-ci
peut être considéré comme une seule religion).
C'est la religion officielle du pays, le seul au
monde à être dans ce cas. La popula tion
bouddhiste, bien que quantitativement moindre
avec 8%, soit 1,5 million d'âmes, est extrêmement
présente et active.
Les musulmans représentent 3,5% de la
population et sont surtout présents dans le sud. Il
y aurait 31 280 chrétiens sur tout le pays, soit
O,17°!c.,.Pour le reste, une communauté assez
importante de kirati (2%) et environ 7500 jaïn.

o HindouIsb!s
Il B ou.d.dhkb!s

Il Musulnans
(;] Autns

ID'après "National Planning Commission Secrétariat", 1993.

12
18000 personnes seulement (0,1%) n'ont pas
indiqué de religion, lorsqu'elles ont été
interrogées à l'occasion du recensement de 1991.
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'au Népal
l'athéisme n'est pas roi.

AcrIVITÉS ET RESSOURCES

Le PNB par habitant était de 180 US $ en 1993, à


comparer avec celui de la France: 20.600 $. Le taux
d'inflation est de l'ordre de 15 à 20% par an. La
monnaie, qui s'échangeait à moins de 2 roupies
népalaises pour 1 franc dans le début des années 80
s'échange depuis le milieu des années 90 à 10
roupies environ pour 1 franc.

L'occupation principale reste, très largement,


l'agriculture: plus de 6 millions de fermiers,
éleveurs, pêcheurs ou journaliers sur une
population active estimée à 7,5 millions de
personnes. Le rendement agricole s'est intensifié
au fil des années, avec certaines productions
presque doublées entre 1982 et 1992 (riz, maïs,
millet...) ou en forte progression (canne à sucre
avec + 50%, pommes de terre + 40%, blé + 20%...),
alors que les surfaces cultivées n'ont que peu
augmenté (de 10 à 20% en moyenne). La quantité
d'engrais chimiques importés a également doublé
sur cette période. Durant ces années, la production
a en général été supérieure à la consommation, à
l'exception de 1982, 1986 et, dans une moindre
mesure, 1989 2.

2 Source: "Marketing Services Division, Dept. of Agriculture".

13
Le tourisme constitue également une activité
importante. Le nombre d'étrangers qui visitent le
Népal chaque année est passé de 175.000 en 1982 à
près de 300.000 en 1991, malgré une petite
stagnation entre 1988 et 1990. Les Français y sont
parmi les plus nombreux (15 à 20.000), avec les
Américains, les Anglais, les Allemands et les
Japonais. Les Indiens restent bien entendu
largement majoritaires (plus de 90.000 en 1991)3,
Les arrivées sont bien réparties sur l'année, avec
toutefois un pic en octobre et une partie de
novembre. Le mois de mars est aussi spécialement
prisé. Le "trekking" reste évidemment une
attraction très pratiquée parmi les touristes. Plus
de 40.000 "trekkers" se déversent chaque année sur
les pentes himalayennes, principalement autour
de l'Annapurna.

Parmi les ressources naturelles, l'eau est sans


doute la plus importante, avec environ 6000
rivières s'écoulant sur 45000 km. Elles sont
alimentées par les nombreux glaciers et la fonte
des neiges. De plus, chaque année, en juillet et
août, la mousson déverse des quantités colossales
d'eau. Par contre, si plusieurs variétés de
minéraux existent bien dans le sous-sol népalais
(cuivre, fer...), ils ne sont pas ou très peu exploités,
par manque de moyens. Les forêts fournissent
quant à elles 90% du combustible domestique, ce
qui ne manque pas de créer de nombreux
problèmes de déforestation, en dépit des tentatives
de reboisement réalisées par les autorités.

3 Source: "Department of Tourism",

14
ÉDUCATION

Le taux d'alphabétisation reste faible malgré les


efforts de scolarisation. Les chiffres les plus
optimistes donnent deux tiers d'analphabètes. La
population féminine est la plus touchée par ce
problème: moins de 2 millions de femmes savent
lire et écrire pour 4 millions d'hommes environ.
Le nombre d'écoles primaires est passé de
11.000 en 1981, scolarisant moins de 1,5 million
d'enfants, à 19.000 en 1991, avec près de 3 millions
d'écoliers. Le nombre de ses enseignants a
parallèlement doublé. Pendant la même période,
le nombre d'écoles secondaires passait de 4.000 à
plus de 6.000, avec un accroissement concomitant
de ses effectifs d'enseignants et plus du
doublement des étudiants inscrits (de 370.000 à
775.000).
Les chiffres pour l'enseignement supérieur
montrent que les effectifs d'étudiants, là aussi, se
sont multipliés par deux sur dix ans (de 52.000
étudiants en 1981 à 110.000 en 1991, tous niveaux
et types d'études confondus).

SANTÉ

L'espérance de vie est de 56 ans (alors qu'en


France elle est de 77 ans). Les enfants sont vaccinés
automatiquement et systématiquement dans les
maternités depuis plusieurs années.
Parmi les raisons d'hospitalisation les plus
répandues, les cas de gastro-entérites viennent en
tête: de un tiers à trois quarts (!) selon les années.
Notons d'autres causes d'hospitalisation
fréquentes mais nettement moins endémiques:

15
hépatites (première raison de mortalité dans les
hôpitaux), fièvres, dysenteries, plusieurs cas de
tétanos. Des épidémies de méningites mortelles
ont frappé entre 1983 et 1986.
Les chiffres concernant les structures médicales
sont éloquents. Le nombre de médecins
"allopathes" est passé d'un peu moins de 700 en
1982 à près de 1500 en 1992. Le nombre
d'infirmières par contre est resté stationnaire aux
environs de 500 à 700. Les docteurs ayurvédiques
(pratiquant le système de médecine traditionnelle
indien), après avoir diminué à 200 praticiens
environ durant les années 80, ont vu leur nombre
progresser lentement à partir de 1988 pour
atteindre 350 actuellement.

16
Népal, Népal...

Le mot Népal désignait jusqu'au XVIIIème siècle


exclusivement la vallée de Katmandou. Prithvi Narayan
Shah, roi de Gorkha, en 1769 s'empare de la vallée,
devient "roi du Népal" et attribue l'appellation
prestigieuse aux autres territoires conquis.
Les premières traces du mot "Népal" pourraient
remonter au Hème siècle de notre ère, dans l'un des
"Contes du Vampire" et dans le traité de théâtre
"Bharata". Toutefois, il faut attendre la fin du IVème
siècle pour trouver la plus ancienne mention écrite de ce
nom sur un document daté, dans le panégyrique
posthume de l'empereur Samundra Gupta (335-376)
gravé sur un pilier d'Allahabad.
Selon le Pashupati Purana, un ermite nommé Ne
Muni ou Nemi, de l'époque protohistorique, serait
l'éponyme de Népal. D'après d'autres hypothèses, le
mot viendrait du tibétain "ne" (-gnas-), "lieu de séjour",
par extension" lieu sacré" ; "pal" (en tibétain -bal-)
signifierait la laine, le pays de la laine. Pour Dharma
Guruji, éminent prêtre tantrique néwar (1896-1990),
Népal serait: "le gardien de la Règle" (ou de la Loi) de
"niyam" = règle et "pal" = gardien.
A la suite de la découverte récente par le Dr Kamal
Prakash MalIa, dans la localité de Tistung, d'une
inscription ancienne contenant la mention "swasti
naipalebhya", une bénédiction en sanscrit que l'on peut
traduire par "Salut aux Naipala", K.P. MalIa en déduit
que Népal viendrait du nom d'un sous-groupe des
Abhira. Le manuel d'histoire des écoles népalaises
signale les travaux d'un autre chercheur, Gyan Mani
Nepal, qui situe l'origine du mot dans le nom d'une
peuplade de l'ouest appelée Nipa, venue de l'Inde par
les montagnes et ayant traversé la rivière Gandaki. Cette
hypothèse n'est confirmée par aucun document
épigraphique et l'étymologie du mot Népal reste encore
une énigme.

17
UN PEU D'HISTOIRE

oute l'histoire ancienne, de par la conception

T très népalaise
préfère
évènements, des
du déroulement
au répertoire
légendes
du temps,
chronologique
et des contes
des

merveilleux nombreux et colorés.

Au COMMENCEMENT ÉTAIT UN LAC

La vallée du Népal, dont la géographie et la


croyance populaire et religieuse laissent à penser
qu'elle fut aux origines un lac, vit ses terres fertiles
et ses pentes forestières parcourues par des
peuplades de bergers. A 1300 mètres d'altitude en
pays tropical, au cœur du pays, protégée des
rigueurs de l'hiver himalayen et baignée des
pluies estivales de mousson, la belle vallée qui
donna son nom au pays tout entier fut convoitée
et connut des vagues successives d'immigration.
Les plus anciennes, colonisant les bergers
aborigènes, furent des populations mongoloïdes
descendues du Nord, vraisemblablement ancêtres
des Néwar.
A l'est du pays, les tribus redoutées des Kirat
(ou Kirant) sont les premiers à laisser leur nom à
l'histoire politique, mentionnés dans les épopées
indiennes du Mahabharata et du Ramayana,
connus très tôt des Chinois et des Grecs. Sur des
territoires habités par des populations aborigènes,
ayant des affinités raciales et linguistiques avec les
tribus anciennes de l'Assam et de l'est de l'Inde, ces
migrants mongoloïdes fondent du début de notre
ère jusqu'au Hème siècle, un royaume allant

18
jusqu'au delta du Gange et s'emparent de la vallée
de Katmandou. Aujourd'hui, les ethnies du Népal
oriental: les Raï et les Limbu sont encore appelées
collectivement Kirant.
Au sud du pays, dans la plaine du Téraï
tournée vers l'Inde, deux royaumes sont le lieu de
naissance d'êtres d'exception. A une époque
mythique, Janakpur, la capitale de Videha voit
naître Sita, l'héroïne du Ramayana, une des deux
grandes épopées de l'Inde.
En 560 avo J.-c., à Lumbini la reine Mayadevi
donne naissance au prince Gautama, qui
deviendra Bouddha, l'Éveillé. Le bouddhisme se
répand en Inde et l'empereur Maurya Ashoka
(269-232 avo J.-C.) s'y convertit et se rend à
Lurn bini.

-
LES LICCHA VI (VÈME MILIEU DU VIIIÈME
SIÈCLE)

Le processus de pénétration (ethnique,


culturelle et religieuse) de l'Inde se précise avec la
dynastie des Licchavi. A l'époque du Bouddha, les
Licchavi auraient régné sur Vaisali (près de
Muzzafarpur), dans la plaine du Gange. Plus tard,
ils auraient aidé les Gupta à s'établir dans le nord
de l'Inde, avant de s'installer eux-mêmes dans la
vallée du Népal au premier ou au deuxième
siècle.
A partir du Vème siècle, l'apparition de
sources écrites sous forme d'inscriptions, toutes en
sanscrit gravées dans la pierre (140 retrouvées),
permet de mieux connaître l'histoire de la dynastie
régnante jusqu'au VIIIème siècle. On ignore la
langue de la population indigène mais les trois

19
quarts des noms de lieux de la vallée cités ne sont
pas d'origine sanscrite et s'apparentent à la famille
des langues tibéto-birmanes. Les anciens nomades
venus du Nord, mongoloïdes de la première
vague d'immigration, semblent cohabiter
pacifiquement avec les nouveaux venus de l'Inde,
et intégrer les valeurs culturelles et artistiques
nouvelles. Les Licchavi implantent les cultes
hindous de Vishnou et de Shiva, l'hindouisme
devient la religion dominante. Le roi est une
incarnation terrestre du dieu Vishnou.
Aujourd'hui encore il est considéré comme tel. Le
bouddhisme aussi a trouvé une terre d'accueil. Les
monastères bouddhistes sont nombreux comme le
mentionne l'inscription d'Harigaon (en 608) qui
signale l'existence de deux mille moines dans les
monastères de la vallée. Patan, probable capitale
des Licchavi, construit au centre et aux quatre
portes de la ville les stupa (dits d'Ashoka)
préservés jusqu'à ce jour dans leur forme
primitive, de même qu'à Swayambhunath s'élève
le célèbre stupa, dont la forme première dut être
vraisemblablement du même type archaïque.
Les sculptures licchavi sur pierre et en bronze
(plus rares) témoignent d'une influence très
présente de l'art Gupta, compris et développé avec
un remarquable sens esthétique par les artistes
népalais. La colline de Changu Narayan, la plus
ancienne fondation de la vallée de Katmandou,
entre Shankhu et Bhaktapur offre au regard
d'admirables stèles de Vishnou Narayan,
exécutées dans le plus pur style Gupta. Avec les
Licchavi, l'art de la statuaire pénètre au Népal
pour ne plus le quitter.

20
De l'Inde encore, ils s'inspirent structurant la
société en quatre classes (varna) : Brahmanes
(prêtres), Ksatriya (gouvernants, famille royale,
guerriers), Vaishya (marchands et paysans),
Shudra (artisans) divisées elles-mêmes en castes
(ja ti).
Au VIIème siècle, Amsuvarman, prince
Rajput, maire du palais du roi Licchavi Shiva
Deva, fonde à la mort de celui-ci une nouvelle
dynastie, celle des Thakuri. Il fut un grand
administrateur et accorda sa protection et son
patronage aux différents cultes religieux hindous
et bouddhistes. Il entrera dans la mémoire
tibétaine, donnant en mariage sa fille Brikuti au
roi tibétain Song Tsen Gampo. C'est elle, divinisée
sous le nom de Tara verte, qui avec la deuxième
épouse chinoise, Tara Blanche, contribuera à
favoriser l'expansion du bouddhisme au Tibet.
La succession d'Amsuvarman est troublée,
mais grâce à l'intervention des Tibétains dont il
reconnaît la suzeraineté, Narendra Deva (641-680)
maintient la splendeur passée. Dévot, il aurait
introduit le culte de Matsyendranath, "le Seigneur
des Poissons", venu d'Assam, qui jusqu'à nos
jours est encore chez les Néwar de Patan honoré
d'une grande fête annuelle. Il fut également le
premier à recevoir des ambassades chinoises
comme celle conduite par Wang Hiuen-ts'e, qui
transita par son pays pour rendre visite au grand
roi Harsha de l'Inde. Mais un usurpateur avait
détrôné Harsha et l'escorte de Wang Hiuen-ts'e
avait été massacrée, Narendra Deva fournit 7000
cavaliers qui, avec les soldats de Song tsen Gampo
accomplirent avec succès une expédition punitive
et capturèrent l'usurpateur, emmené en Chine. De

21
ce roi raffiné, les témoignages chinois louent
unanimement les qualités.
Ainsi entre l'Inde, l'Assam, le Tibet et au delà
la Chine, la vallée du Népal tisse un réseau de
relations économiques et s'enrichit d'échanges
humains, religieux et culturels.

Du MILIEU DU VIIIÈME AU XIIIÈME SIÈCLE

La dynastie Licchavi laisse le pouvoir à celle


des Thakuri mais faute de traces écrites -la
dernière inscription Licchavi est de 756- jusqu'à la
fin du Xème siècle, il est très difficile de suivre
l'évolution politique. Cependant la tradition
populaire et des chroniques plus tardives nous
rapportent la légende de l'avènement d'une
nouvelle ère népalaise en l'an 879 (20 octobre). On
raconte que grâce aux dieux et à l'astrologue
Siddhivanta qui permit d'en connaître les
desseins, le sable se transforma en or, les trésors
royaux de la vallée se renflouèrent et on décida de
commémorer la prospérité retrouvée en
inaugurant l'ère dite de Népal Sambat, qui date la
plupart des sources écrites jusqu'à l'arrivée des
Gorkha en 1769. Calendrier que les Néwar ont
conservé à ce jour.
Un autre indice de prospérité se manifeste
avec la fondation de Katmandou au Xème siècle
par un des rois Thakuri Gunakamadeva.
Cette période, malgré les querelles dynastiques,
semble avoir connu une ère de paix et de
rayonnement religieux avec le développement du
Mahayana et du Vajrayana ou tantrisme
bouddhiste ainsi que du tantrisme shivaïte, avec la

22
secte des Nath dont le fondateur, Gorakhnath
aurait donné son nom à la ville de Gorkha.
A la fin du Xème siècle, réapparaissent les
sources épigraphiques sanscrites avec une
inscription en 987 et des colophons datés.
La sculpture de la pierre et l'art du bronze
autant hindous que bouddhistes s'imprègnent du
rayonnement artistique des Pal a (milieu VIIIème -
milieu XIIème siècle) et des Sena (XIème - XIIème
siècle) du Bengale ainsi que celui du royaume de
Mithila dont la capitale est Simraongarh dans le
Téraï voisin.

LES MAttA (1200 - 1769)

À partir de 1200, les rois de la vallée du Népal


se font appeler Malla, prétendant eux aussi à une
origine indienne, descendants des Rajput et
hindous. Gouvernés par les Malla, les Néwar qui
peuplent en majorité la vallée imposent une
culture originale et leur langue d'origine tibéto-
birmane: le néwari, remplace le sanscrit dans les
manuscrits et les inscriptions.
Les artisans néwar, commandités par les rois,
les monastères, les temples, les riches dévots de la
foi hindouiste ou bouddhiste développent une
maîtrise parfaite dans la sculpture de la pierre, du
bronze, du bois, l'architecture des pagodes ou la
peintures des thankas ou des manuscrits. Ils
jouissent d'une réputation telle que le grand
Koubilaï Khan, demande à une équipe de dix-huit
artistes népalais, conduite par Arniko (1245-1306),
de venir participer à la construction d'un stupa au
Tibet, puis à Arniko lui-même d'entrer en 1262 à
son service à Pékin, où il deviendra chef des

23
bronziers et contrôleur des manufactures
impériales.
En raison de son rayonnement artistique et
culturel, de sa prospérité, la vallée du Népal fait
l'objet d'incursions étrangères qui mettent en péril
la stabilité politique. Les Khas Malla de l'ouest
pendant les XIIIème et XIVème siècles pillent la
vallée à plusieurs reprises. Le dernier des rois du
Mithila, au sud, Hari Singha Deva chassé par
l'invasion musulmane amène avec lui ses prêtres,
sa culture et sa langue, le maithili, le culte de la
déesse Taleju en 1326. Et enfin les musulmans
eux-mêmes en 1349 avec à leur tête le sultan du
Bengale dévastent la vallée. Toutefois, le Népal
servira toujours de refuge aux artisans et aux
intellectuels fuyant le danger musulman, et
bénéficiera du même coup des courants culturels
et artistiques du Mithila ou du Bengale voisins.
En 1382, le roi Malla Jayastithi MaHa,
descendant d'Hari Singha Deva, en épousant la
princesse héritière de Bhadgaon, où il établit sa
capitale, apporte un renouveau politique et
réorganise la société en la divisant selon la pure
orthodoxie hindoue en 64 castes.
En partageant le royaume entre ses trois fils, à
sa mort en 1482, le grand roi Jaya Yaksa MalIa
fragilise le pouvoir. Si les rivalités entre les rois de
Kantipur (Katmandou), Pa tan et Bhadgaon
affaiblissent politiquement les MalIa, en revanche
elles sont sur un plan artistique une source de
création et d'émulation. Les villes s'embellissent
de pagodes, de temples, de palais.

Pratap Malla (1641-1674), roi de Katmandou,


laisse au XVIIème siècle une image de grandeur

24
- parfois donnant dans l'exubérance- qui fait
penser à notre Roi-Soleil.
Il s'attribue le titre de Kavindra, le dieu des
poètes, écrit des pièces de théâtre en maithili et en
bengali qu'il fait jouer à la cour, imité d'ailleurs
par ses royaux voisins de Patan et de Bhadgaon.
Tous se revendiquent hommes de culture, esprits
ouverts, les inscriptions dans des langues
différentes se multiplient.
L'amateur de rébus peut encore à ce jour tenter
de déchiffrer l'énigmatique et longue "inscription
encore encastrée dans la façade du palais de
Katmandou, qui porte une prière à la déesse
Kalika, montre des spécimens de quinze écritures
que Pratap Malla se flattait de connaître, entre
autre l'écriture phiringi qui vient la dernière
aussitôt après la kaspiri (cachemirienne). Le
spécimen de l'écriture phiringi consiste en ces trois
mots: Automne, WinterLhivert "4.
Au-delà de l'histoire anecdotique de ces deux
mots français gravés au XVIIème siècle, une autre
inscription, celle de Rani Pokhari (Rani Pokhari
Silalekha) datant de 1670 est rédigée en partie en
un népali proche de la langue moderne. Elle
explique comment le roi Pratap Malla fit creuser
cet étang (pokhari) de la reine (rani), encore
aujourd'hui au coeur de la cité de Katmandou,
puis le fit remplir des eaux sacrées du Gange et de
différentes rivières. Ce qui laisse à penser que cent
ans avant la conquête Gorkha, les Néwar de la
vallée étaient à même de comprendre le parler des
Khas.

4 Sylvain Lévi, "Le Népal".

25
LES KHAS

Les Khas, venus probablement du nord-ouest


de l'Inde, peut-être dès le VIIème siècle,
s'établirent dans l'ouest himalayen. Au XIIème
siècle, ils fondent un vaste empire, conquis d'une
part sur l'ouest du Tibet, et d'autre part le
Kumaon et le Garhwal (Inde actuelle) et le bassin
de la Karnali dans l'ouest du Népal. Unique par
son étendue géographique, il l'est aussi par sa
diversité culturelle. Les monarques fixent leurs
capitales d'été et d'hiver près de Jumla efprennent
le nom de MalIa comme ceux de la vallée de
Katmandou. En dépit de leur origine indienne et
de l'influence de l'hindouisme, les premiers
souverains Khas Malla s'intéressent au
bouddhisme lamaïque tibétain. Ils font venir à
leur cour des artistes tibétains ou néwar, peintres
ou fondeurs de bronzes qui dirigent sans doute les
ateliers locaux, et à la demande royale ou privée
produisent des statues. L'empire des Khas MalIa
laissera sur le terrain peu de vestiges, quelques
temples de pierre que l'on peut encore voir dans la
région de Jumla, de style nord-indien (shikara),
quelques sculptures sur pierre, des bronzes
méconnus en tant que tels et longtemps attribués
par erreur soit aux Néwar soit aux Tibétains, et des
inscri ptions.
La plus ancienne inscription Khas MaHa,
trouvée au temple de Baleshvar au Kumaon date
de 1223, époque du roi Krachalla.
Ces épigraphes sont rédigées
traditionnellement en sanscrit ou -fait nouveau-

26
dans la langue des Khas. Cette langue venue de
l'Inde, appartient à la famille des langues indo-
aryennes. Elle apparaît pour la première fois à
l'histoire népalaise et elle est considérée comme
l'ancêtre du népali. Elle possède un alphabet qui
lui est propre: la devanagari. La plus ancienne
inscription en népali-devanagari archaïque serait
celle gravée sur un ex-voto en cuivre (tamrapatra)
daté d'Ashoka Challa (1245) 5. On peut également
noter que l'art des Khas Malla porte les plus
anciennes inscriptions sanscrites en devanagari de
la tradition bouddhiste du sous-continent indien6.
La fascination qu'exercent les royaumes de la
vallée de Katmandou sur les souverains Khas
Malla est telle qu'elle ne se limite pas aux
échanges pacifiques. Par sept fois de 1287 à 1336, les
Khas MalIa mettront à sac les palais et les temples
de la vallée. A la fin du XIVème siècle, l'arrivée
des hautes castes brahmaniques et Rajput venues
de l'Inde, fuyant l'invasion musulmane, revivifie
l'hindouisme et accélère la chute du vieil empire
Khas. En s'effritant, l'empire des Khas MalIa, dans
sa partie népalaise éclate en "Vingt-deux"
royaumes unis en une confédération, tandis que
les territoires tibétains retournent sous tutelle
tibétaine. La population déjà trop nombreuse se
déverse alors vers l'est. Les émigrants Khas
pénètrent et colonisent le Népal central et ses
populations Magar, Tamang et Gurung. Avec eux,
la technique agricole de culture du riz basée sur
l'irrigation et du blé sur les terres non irriguées

5 D'après Michael Hutt, elle fut découverte par M. P. Khanal en


1977 et publiée partiellement dans un journal, le Gorkha Patra, de la
même année.
6 Ian Alsop, "Orientations" juin 1994.

27
gagne les collines. Leur religion hindouiste
-toujours côtoyée par le bouddhisme- cohabite
avec le chamanisme local quand elle ne s'y
substitue pas.
Le parler des Khas s'impose en raison du
nombre majoritaire de ses locuteurs et sert de
langue véhiculaire entre des populations
autochtones voisines, aux dialectes pourtant
d'origine commune tibéto-birmane, mais qui ne se
comprennent pas entre elles.
Peuplés des vagues successives d'immigrants,
les royaumes du moyen pays central forment une
autre confédération, celle de "Vingt-quatre" dont
le dernier-né est l'état de Gorlilla fondé au milieu
du XVlème siècle. Leurs chefs se prétendent des
Rajput ayant fui l'invasion musulmane en Inde et
paient un tribut annuel au roi de Jumla. Les
Parbatya (ou peuple des collines), mixés aux
descendants des Khas et aux populations chassées
par les musulmans, vivent pauvrement des
cultures de riz, blé ou éleusine, de l'élevage, d'un
mode de vie qu'on peut imaginer en traversant le
pays encore aujourd'hui, loin des fastes de la
vallée.
On a peu de traces de ce que furent ces petites
principautés.

LA FONDATION DE L'ÉTAT NÉPALAIS. PRITHVI


NARAYAN SHAH

L'une de ces principautés, à 70 km de la vallée


de Katmandou, perchée sur une éminence
rocheuse, Gorkha, se sent à l'étroit, dépourvue de
terres dans la plaine. Un de ses princes, Prithvi
Narayan Shah, par son remarquable sens politique

28
des alliances, une stratégie guerrière qui n'hésite
pas à s'équiper d'armes modernes -à feu- et une
volonté tenace, mènera un combat impitoyable de
près de vingt ans pour repousser les frontières
bien au-delà de ce dont ses prédécesseurs ont pu
rêver. Il fera tomber les forteresses protégeant les
routes commerciales vers le Tibet ou l'Inde, la
dernière étant celle de Kirtipur en 1766, tristement
célèbre puisqu'à sa reddition, tous ses habitants
mâles eurent le nez coupé. Encerclant la vallée de
Katmandou, mettant en déroute l'armée anglaise
du capitaine Kinloch appelée par les rois Malla en
1767, il s'empare de Katmandou le jour d'Indra
Jatra le 25 septembre 1768, Patan peu après et
Bhaktapur en novembre 1769.

C'est de 1782 à 1790, durant le règne de son


petit-fils que tout l'ouest est conquis et que sont
vaincus les chefs des royaumes des confédérations
des "Vingt-deux" et des "Vingt-quatre". Seuls ceux
qui se rendirent sans se battre gardèrent leur titre
de roi jusqu'en 1960. La conquête de l'ouest
continue jusqu'à l'annexion de royaumes
aujourd'hui situés en territoire indien, tels le
Kumaon (1790), le Garhwal jusqu'à Kangra en
1809. Les armées Gorkha à l'est conquièrent le
Sikkim en 1793.
Si les successeurs de Prithvi Narayan n'ont pas
su mener une politique intérieure stable, ils ont
cependant, cond ui ts par la même ambition,
pratiqué une politique de conquête et ont
poursuivi le projet ambitieux de constituer un État
fort face à leurs voisins indiens et anglais ainsi
qu'à leurs voisins chinois et tibétains. Les

29
frontières du grand Népal se dessinent peu à peu,
non sans avancées et reculs.
En territoire tibétain, les Népalais après avoir
mené des offensives victorieuses se voient
refoulés jusqu'aux portes de Katmandou par les
Chinois qui, en 1792, les destituent de tous leurs
acquis et délimitent définitivement la frontière du
nord. Jusqu'en 1908, ils enverront tous les cinq ans
un tribu à Pékin.
En 1814, la guerre contre les Anglais, plus
précisément la Compagnie orientale des Indes,
porte sur la question du Téraï. Le ministre
népalais Bhimsen Thapa refuse de payer l'impôt
sur le Téraï dû à la Compagnie, qui continuait à
l'exiger en tant qu'héritière de l'ancien empire
moghol. Malgré les remarquables qualités
militaires des armées gorkhali, force fut faite aux
Népalais de signer le traité de Segauli qui impose
un Résident anglais à Katmandou, la perte des
territoires conquis depuis 1790 à l'ouest de la
Mahakali, au sud dans le Téraï et à l'est le Sikkim,
seuls quatre districts du Téraï seront rendus en
1858 par la Compagnie des Indes.
Malgré tout, la présence d'un Résident anglais
-très surveillé- sera la seule entaille faite à la sacro-
sainte indépendance du Népal qui depuis Prithvi
Narayan prévalait, interdisant toute intrusion
étrangère dans le pays; ni comptoirs, ni
détachements militaires britanniques sur le sol
népalais.

Le népali, privilégié par la dynastie Gorkha est


devenu langue officielle et administrative du
Népal dès la fin du XVlIIème siècle. Au rêve
visionnaire de Prithvi Narayan Shah, de créer sur

30
fond d'hindouisme, un état himalayen unique, le
grand Népal, Maha Népal, en place de la mosaïque
de principautés, s'ajouta avec les progrès de la
conquête, la volonté de cimenter la conscience
nationale des divers groupes ethniques, par le biais
d'une langue, celle des Gorkha, le gorkhali qui
prendra plus tard le nom de népali.
Son assimilation rapide par les divers groupes
ethniques s'expli-.}ue par le rôle important qu'elle
jouait déjà dans les échanges entre les multiples
principautés.

LES RANA (1846 -1951)


Malgré le pouvoir absolu attribué au roi, les
successeurs de Prithvi Narayan, rois ou régents
(seuls le fils et le petit-fils de Prithvi Narayan
accèdent au trône à leur majorité), plus préoccupés
par la politique extérieure, se montrent incapables
de gérer les affaires du royaume. En 1800, est créé
un poste de Premier ministre: Bhimsen Thapa en
assurera la fonction avec brio de 1806 à 1837,
achevant l'unification du Népal.
A son emprisonnement par ses rivaux et son
"suicide" en prison, les intrigues se multiplient,
les luttes de pouvoir entre les grandes familles
s'intensifient.
En 1846, Jang Bahadur Rana frappe un grand
coup: le 15 septembre, il convoque tous les
notables de l'opposition, dans la cour de "Kot"
près du Palais royal et les fait massacrer. Il établit
l'hérédité du poste de Premier Ministre qui sera
transmis du frère aîné aux cadets avant de passer
aux enfants de ceux-ci. Le roi reste en place, à titre
honorifique.

31
Le Népal se ferme définitivement aux
influences étrangères bien que les Rana soient
fascinés par les cours d'Europe. Jang Bahadur se
rend à Londres sur l'invitation de l'impératrice
des Indes, la Reine Victoria et est l'hôte du Prince
Napoléon à Paris d'août à octobre 1850. Les palais
sont construits selon le goût victorien, les Rana
font venir des statues équestres grandeur nature
d'Angleterre.
Jang Bahadur et Chandra Shamsher (1901-
1929) sont des législateurs qui font du Népal
l'Hindousthan, un royaume hindou renforçant la
séparation entre les castes et les châtiments
(danda) en cas de sacrilège. Toutefois sous
l'influence anglaise, dès 1920 et officiellement en
1935, il sera interdit aux veuves de subir le sacrifice
de sati, c'est-à-dire dire d'être brûlées vives à la
mort de leur mari. L'esclavage est aboli. En 1931
est accordé un jour férié par semaine.
Les cent années de gouvernement Rana sont
pour le pays une période de stabilité, sans conflit
avec les états voisins. Leur politique habile permet
de sauvegarder l'indépendance nationale, à la
différence de certains états indiens.
Malheureusement l'autoritarisme et les
répressions sanglantes sont des facteurs
déterminants qui mènent à la chute de leur
régime, par ailleurs précipitée par l'indépendance
de l'Inde en 1948.
En 1950, le roi Tribhuvan se réfugie à
l'ambassade indienne de Katmandou, s'exile à
Delhi et de là soutient six mois de rébellion
populaire qui aura raison des Rana. Certains Rana
fuient en exil, d'autres acceptent de se soumettre.

32
La dynastie des Shah, mise en veilleuse
pendant cent ans, reprend les rênes du pouvoir.

LES SHAH

Le Roi Tribhuvan Bir Bikhram rentre à


Katmandou soutenu par la quasi-totalité. des
partis, qu'ils soient d'opposition ou non, de
l'extrême droite au communisme en passant par
le parti du Congrès autour de B.P. Koirala. Sa
politique se veut démocratique mais est encore
très hésitante quand la mort l'enlève à l'âge de 48
ans en 1955.

Son fils Mahendra Bir Bikram Shah (1920-


1972) lui succède et dans la voie tracée par son père
instaure une monarchie constitutionnelle en 1959
avec élections au suffrage universel, pour la
première fois dans l'histoire du pays, d'un
Parlement.
Pour la première fois aussi, le statut légal de la
langue népali est abordé. La controverse éclate
entre partisans du népali et ceux de l'hindi
-comme B.P. Koirala- au moins pour le TéraÏ. Le
roi Mahendra tranche: une clause de la
Constitution, datée de Bikram Sambat 2015 (1958),
stipule que le népali est désormais la langue
nationale.
Le parti du Congrès est le grand vainqueur des
élections et en tant que Premier Ministre,
B.P.Koirala, celui qu'on appellera le Nehru du
Népal, tente de mettre en place un certain nombre
de réformes qui inquiètent la classe possédante. A
la suite de révoltes populaires violentes, le roi
décide de fermer la parenthèse démocratique,

33
reprenant le pouvoir, interdisant les partis
politiques et emprisonnant les chefs des partis
dont B.P .Koirala et tous les opposants.
En 1962, il promulgue une nouvelle
constitution qui met sur pied le système des
Panchayat. "Panch", le conseil des Cinq, est une
institution déjà mentionnée dans les lois de
Manou et sous les Licchavi. Renouant ainsi avec
la tradition hindoue, le roi instaure un Parlement
où sont élus au suffrage indirect des représentants
du peuple. Les panchayat des villages, les seuls
élus au suffrage universel, choisissent les
Panchayat de district, votant à leur tour pour les
Panchayat de zone, lesquels élisent les 90 membres
du Panchayat National. L'absolutisme royal est
rétabli, le Parlement n'a qu'un rôle consultatif. Le
roi nomme le gouvernement, a le pouvoir
législatif et commande les armées.
En 1963, un nouveau code du droit abolit le
système des castes, établit l'égalité de tout citoyen
devant la loi et une réforme agraire qui prévoit
entre autres la redistribution des terres en surplus
aux paysans sans terre. Politique de modernisation
qui reste très théorique et a peu d'effet au niveau
pratique dans un pays où les privilégiés sont les
maîtres absolus. Toutefois l'ouverture aux pays
étrangers permet la création et le financement
d'un réseau routier et l'installation de barrages.

En 1973, Birendra Bir Bikram à l'âge de 28 ans


succède à son père. La reine Aiswarya Rajya
Lakshmi est d'origine Rana. Il est couronné en
1975.
Le progrès (bikas) est un des grands thèmes de
son action. Par une intelligente politique étrangère

34
de neutralité, il s'efforce d'ouvrir ce pays enclavé,
sans accès à la mer, dont le développement
économique dépend beaucoup du bon vouloir de
ses deux voisins géants et de l'aide internationale.
Pour favoriser la scolarisation et
l'alphabétisation, des écoles ont été ouvertes dans
tout le pays.
Mais l'éducation des masses entraîne une
aspiration à la liberté d'expression, notamment la
liberté de presse, le droit à la manifestation, le
droit à la grève. Les Népalais et les intellectuels en
particulier, avec l'ouverture des frontières, le
contact avec l'étranger par la voie des touristes et
des média -la télévision fait son apparition en
1984- affirment peu à peu leur exigence d'un
régime démocratique.

LA DÉMOCRATIE PARLEMENTAIRE (1990..,)

En 1980, à la suite d'agitations politiques et de


manifestations étudiantes, le roi propose un
référendum: multipartisme ou maintien du
système des Panchayat. 54% des voix soutiennent
le système des Panchayat. L'économie népalaise,
malgré l'aide internationale, se porte de plus en
plus mal en raison de la dépendance monétaire
avec la roupie indienne et de difficultés de gestion.
Le 23 mai 1988 à la suite de manifestations: 1000
arrestations. Le 20 juin, à Katmandou, 5 bombes
font 7 morts.
La crise avec l'Inde sert de détonateur au
réveil des revendications. Le gouvernement a
acheté en effet en 1988 à la Chine, de l'armement
que l'Inde refusait de lui fournir depuis des
années. En représailles et prétextant la violation

35
du traité commercial entre les deux pays, l'Inde,
dirigée par Rajiv Gandhi, décide le blocus
économique le 23 mars 1989 et ferme ses frontières
au Népal. Pénurie d'essence, de médicaments,
montée des prix du riz, du sucre, files d'attente où
on a tout loisir de communiquer et de commenter
son mécontentement, marché noir. Le printemps
1990 connaît à nouveau des émeutes, des
arrestations, des morts. Les partis politiques, le
Congrès népalais avec à sa tête Ganesh Man Singh,
compagnon de prison de B.P. Koirala, et les divers
partis communistes, malgré leur illégalité,
appellent à une grande manifestation en faveur de
la démocratie (prajatantra).

Le 6 avril 1990, 200.000 personnes se pressent


en face du Palais royal. C'est la première fois qu'il y
a au Népal une telle concentration populaire pour
raison politique. Que se passe-t-il alors derrière les
murs du palais? Colère, panique, confusion?
L'armée reçoit l'ordre de tirer sur la foule. On dira
du côté officiel 22 à 50 morts dont 3 étrangers.
La révolution a ses martyrs, le roi cède aux
revendications et annonce l'instauration du
multipartisme. Le leader Krishna Prasad Bhattarai
qui a passé 14 années en prison devient Premier
ministre, à la tête d'un gouvernement provisoire.
Malgré la levée du blocus indien, les
affrontements font à plusieurs reprises encore des
morts, on craint la police, l'armée, les vengeances
personnelles.

En novembre 1990, le Roi accepte la nouvelle


Constitution qui établit une monarchie
constitutionnelle où le pouvoir législatif

36
appartient désormais au Parlement. 205 députés
sont élus pour cinq ans au suffrage universel, les
murs des villages et des villes se couvrent de
soleils, montres, arbres, vaches, autant de
symboles permettant à la population analphabète
de distinguer les différents candidats d'une
campagne électorale.

En mai 1991, le grand gagnant des élections est


le parti du Congrès avec 110 députés. Les 14 partis
communistes, dont le plus important est le U.M.L,
(Union marxiste-léniniste) obtiennent 69
représentants. Le nouveau gouvernement a à sa
tête un autre opposant célèbre en la personne de
Girija Prasad Koirala (frère de B.P. Koirala mort en
1983), secrétaire général du parti du Congrès
népalais. La presse devient plus libre. Le grand
quotidien gouvernemental presque centenaire, le
Gorkha Patra, fondé en 1901 et sa version en
anglais, le Rising Nepal, se voient concurrencés
désormais par la parution d'un nombre
grandissant de nouveaux journaux. Les
publications se multiplient d'une façon
spectaculaire, laissant entrevoir les richesses en
ressources humaines et intellectuelles du pays

Lors des élections anticipées du 15 novembre


1994, deux ans avant la date prévue, dues à la mise
en minorité du Premier Ministre Koirala,
contraint de dissoudre le Parlement, les électeurs
népalais retirent leur confiance au Parti du
Congrès, en proie ces dernières années à des
rivalités grandissantes. Par l'exercice trop
personnel du pouvoir - pour ne pas dire détourné
en leur faveur- les grandes personnalités du parti

37
ont perdu le charisme que leur avaient donné les
années de prison et de lutte dans l'opposition et
une politique pro-indienne a fait le jeu des
adversaires.
Les communistes sortent vainqueurs obtenant
à la chambre des Représentants 88 élus (C.P.N.
Communist Party Nepal) devançant d'une courte
majorité le Parti du Congrès (N.C.) 83 élus, le
Rastriya Prajatantra royaliste 20 membres, le Nepal
Workers and Peasants Party de gauche 4 membres
et le Nepal Sabhavana Party 3 membres. Man
Mohan Adhikari devient Premier Ministre et bien
que ce gouvernement soit pour la première fois
dans l'histoire du pays et communiste et
minoritaire, il obtient à l'unanimité le vote de
confiance du Parlement fin décembre 1994.
Support conditionnel qui exige le maintien d'une
politique démocratique par le renforcement des
droits de l'homme et la poursuite d'une économie
libérale avec une décentralisation du pouvoir.
Toutefois cette position minoritaire le conduit dès
95 à démissionner et prévoir de nouvelles
élections anticipées. Ces difficultés ressemblent à
s'y méprendre à celles de notre IVème République.

La nation népalaise fait aujourd'hui


l'expérience du jeu démocratique qui, il faut le
souhaiter, répondra à ses aspirations et ses besoins.

38
MAIS D'OÙ VIENT CETTE LANGUE?

LA LANGUE OUI VENAIT DE LA MONTAGNE

Le népali est la dénomination récente d'une


langue connue depuis plus de 700 ans sous des
appellations diverses. Le khas-kura, le parler des
Khas, témoigne d'une forme archaïque de népali
et partage beaucoup de traits communs avec le
népali moderne. Les Khas, qui furent à l'origine de
la diffusion de l'orthodoxie brahmanique
(sans cri tisa tion) au Népal, constituent
aujourd'hui le groupe ethnique dominant (51% de
la population). Ils se répartissent surtout dans les
collines moyennes, et le Téraï depuis l'éradication
du paludisme. Leurs voisins aux langues de
famille tibéto-birmane prirent l'habitude de
désigner leur langue sous nom de khas-kura.
Le terme de parbatya -langue de la montagne-
fut aussi couramment employé au XIXème siècle,
par opposition à celle de la vallée de Katmandou:
népal-bhasa ou néwari7.
L'appellation de pahari (montagnard) semblait
plus usitée par les gens des plaines du sud pour
désigner leurs voisins des collines. Les linguistes
ont aussi attribué le nom de pahari oriental au
népali en raison de sa parenté évidente avec une
série de parlers himalayens allant du Cachemire
au Népal, comme le souligne très justement
Renou.

7 L'appellation de "nepal bhasa" (bhasa = langage) s'applique à la


langue des Néwar. Le mot "népal" lui-même est une variante du mot
"néwar", il est difficile de déterminer avec certitude lequel des deux
procède de l'autre. Des glissements entre le "w" et le "p" et entre le "r" et
le ''l'' sont des phénomènes fréquents.

39
Mais l'utilisation la plus fréquente dans les
milieux officiels et éduqués jusqu'en 1920 fut celle
de gorkhali. C'est à partir de 1930 que le terme de
népali lui est donné, vraisemblablement par les
voisins anglais en Inde, adopté par le
gouvernement népalais Rana, qui rebaptise le
Gorkha Bhasa Prakasini Samiti en Népali Bhasa
Prakasini Samiti. Il faut toutefois préciser que dans
le langage populaire et particulièrement de ceux
qui ont une autre langue maternelle, le terme
parbatya ou gorkhali ou même khas-kura est
encore d'usage pour désigner le népali.
L'Académie Royale du Népal fut créée en 1957,
destinée à promouvoir et uniformiser l'emploi du
népali. Elle publia en 1973 un dictionnaire de
synonymes entre le népali et 14 langues
vernaculaires du Népal.

LES RACINES INDO-IRANIENNES

ndo-aryenne, la langue népali appartient à la

I branche
représentée
orientale du groupe indo-iranien,
dans sa forme ancienne par le
sanscrit, védique puis classique. L'indo-iranien
(ou aryen) est un sous-ensemble de la grande
famille des langues indo-européennes qui englobe
également les langues romanes. Il existe donc un
cousinage entre le français et le népali.
Un survol du népali montre un nombre élevé
de concordances avec le français: au niveau des
chiffres (sat = sept, ath = huit, nau = neuf, das =
dix), des verbes (dinu = donner), du vocabulaire
usuel (ama = mère, sarpa = serpent), religieux
(deuta = déité, deva = divinité, dieu) ou de notions

40
fondamen tales (m:tityu = mort, juwan =
jouvence).

INFLUENCES

Comme dans l'histoire de toute langue, de


multiples apports ont contribué à son
enrichissement, sans modifier sa structure.
Le premier est sans doute celui du tibéto-
birman. Renou n'hésite pas à dire, en évoquant
les similitudes existant entre les différents parlers
pahari, que celles-ci proviennent aussi, pour une
part, d'un commun substrat tibéto-birman.
Dans le cas du népali, cette influence a été
renforcée par la présence des Néwar. Si Turner, et
à sa suite Hutt, estiment que celle-ci a pu être
exagérée par certains, il est impossible de nier
l'importance des Néwar sur le plan culturel qui ne
peut rester sans conséquences linguistiques. Par
exemple, un mot aussi courant que fenêtre est
d'origine néwar (jhyal).
Par les divers mouvements de populations, les
langues qui existaient en Inde avant l'invasion
aryenne -dravidiennes et munda (austro-
asiatiques)- ont également pénétré le népali.
De nombreux mots persans et arabes, venus de
l'ourdou (kitab = livre, kalam = stylo, malik =
maître, muluk = pays, khabar = les nouvelles) sont
employés couramment en népali, spécialement
dans le vocabulaire juridique.
L'hindi a accentué son empreinte ces dernières
décennies à cause de l'influence grandissante des
média (particulièrement du cinéma).
Enfin tout un vocabulaire anglais se glisse dans
la conversation népalaise ainsi que dans la langue

41
écrite. Les mots y apparaissent parfois en alphabet
latin ou y sont orthographiés dans une
phonétique approximative en devanagari: myujik
(music), myujiyam (muséum), aphis (office). Pour
tenter de lutter contre ce phénomène, ressenti par
certains comme un envahissement de mots
étrangers, un mouvement tend à introduire en
guise d'antidote des mots sanscrits n'appartenant
pas au langage usuel, dans la presse par exemple,
qui en regorge.
Ce phénomène de régénérescence à partir de sa
propre source sanscrite a existé à toutes les
époques. Le sanscrit est donc non seulement à la
racine du népali, mais il a aussi accompagné la
langue tout au long de son évolution.
Une langue est un organisme vivant, constitué
"d'une myriade d'éléments qui naissent, évoluent
puis meurent à leur propre rythme.

EXTENSION.

Parlée aujourd'hui par plus de 53% de la


population, (9 302 000 personnes en 1991), dont
elle est la langue maternelle et comprise par la
quasi totalité des Népalais, elle est la langue
nationale qui permet une certaine cohésion au
pays qui compte par ailleurs onze autres langues et
plus de trente dialectes.
Elle est aussi la langue d'environ trois
millions d'Indiens. Népalais d'origine, ils ont
émigré au cours du siècle dernier vers le nord-est
de l'Inde. Ils se sont établis dans la région de
Darjeeling, au Nord de l'état du Bengale, qui
partage avec le Sikkim le parler népali et la culture
népalaise. Ils se sont installés également dans

42
l'Uttar Pradesh, l'Himachal Pradesh et le Punjab.
A ce titre, le gouvernement indien reconnaît
officiellement en 1993 le népali comme langue
nationale (rastriya bhasa) au même titre que
l'hindi, le bengali, l'ourdou... Par contre dans le
sud du Bhoutan, où les Népalais s'installèrent il y
a plus de 150 ans pour cultiver le thé, une
politique ethnique xénophobe du gouvernement
bhoutanais a chassé plus de 100.000 personnes en
1992, réfugiées encore à ce jour dans des camps de
misère à Jhapa, à l'Est du Népal.

LANGUE OFFICIELLE D'UNE NATION

Le népali est, avec l'hindouisme et la


monarchie, l'un des piliers de l'État et de la nation
népalaise.
La géographie du Népal ne prédisposait guère
à la formation d'un État, un réseau
hydrographique nord-sud entaillant les collines du
centre, isolant les communautés et entravant la
circulation est-ouest. De fait les échanges latéraux à
l'intérieur du Népal ont toujours été très réduits.
Dans un pays pluri-ethnique comme le Népal,
le nationalisme n'a jamais été présent. L'unité
nationale a été le résultat d'une série de
composantes:
- la force de l'expansion gorkhali
- la centralisation du pouvoir royal installé à
Katmandou
- le sentiment d'appartenance à un milieu
géographique différent de la plaine indienne
- et surtout l'extension du népali.

43
L'emploi du népali s'est accru
progressivement aux dépens des langues qui
n'avaient pas de tradition écrite (magar, gurung...)
ou qui ont été mises en veilleuse délibérément par
les gouvernements malgré l'existence d'une
littérature riche (néwari).
Ces populations aux langues maternelles
diverses parlent souvent un népali simplifié. Ce
phénomène reste vrai même s'il tend à être
moins marqué ces dernières années pour
différentes raisons:
- l'utilisation systématique de cette langue dans
le système d'éducation, de l'école primaire à
l'Université (si le nombre d'analphabètes reste
élevé, il diminue toutefois fortement)
- l'exode rural et la concentration de
population dans les grandes villes, où le népali
devient la langue de communication principale
- la large audience de la station de radio
nationale "radio Népal"
- et surtout, récemment, l'implantation et la
large diffusion des programmes télévisés (les
premiers postes de télévision ont fait leur
apparition à Katmandou durant la deuxième
moitié des années 80).
La politique, la scolarisation et les média ont
donné un rôle grandissant au népali.
De plus, des écrivains et des poètes de génie et
de talent, dès la fin du XIXème siècle, ont
contribué à lui forger des racines et une âme.
C'est une langue pleine de vitalité qui a acquis
aujourd'hui son statut moderne de langue
nationale, adéquate pour répondre aux besoins
d'un peuple.

44
LA LANGUE
Dans l'apprentissage de toute langue vivante,
il est indispensable que l'apprenant entende et
écoute le plus possible la langue qu'il souhaite
apprendre. En effet, une langue est avant tout un
assemblage de sons, ce qui est trop souvent oublié
dans les processus d'apprentissage. Nous avons
appris notre langue maternelle en l'entendant
tout d'abord sans la comprendre. C'est au fil des
situations diverses et renouvelées que petit à petit
ces sons ont pris un sens, aidé dans notre
compréhension par tous les éléments non
verbaux: geste tendre ou menaçant, bisou ou
froncement de sourcil réprobateur, etc... C'est
pourquoi nous ne pouvons que recommander ici
avec la plus grande insistance d'entendre du
népali, d'écouter du népali et d'écouter encore du
népali si l'on a décidé d'apprendre cette langue.
Peu importe si l'incompréhension semble totale
au début. Il est essentiel de se baigner dans la
langue, de se familiariser avec les sons nouveaux
qui se chargeront de sens petit à petit sans même
que l'on n'y prenne garde.
Les chapitres qui suivent n'ont pas la
prétention de constituer une méthode
d'apprentissage de la langue népalaise. Une
méthode doit être constituée d'éléments visuels
(écrits, dessinés, coloriés), auditifs, complétés
idéalement par des éléments odorants, gustatifs et
palpables. Ceux-ci doivent former un ensemble
utilisable par un animateur avec un groupe et lui
permettre de mettre en place une dynamique à
l'intérieur de ce groupe qui impliquera les
apprenants dans des situations de la vie
reconstruites à l'échelle du laboratoire que
constitue la classe.

47
Compte tenu du support choisi et des
limitations inhérentes à ce support, notre seule
ambition ici est de donner un aperçu des
structures de la langue et de ses mécanismes, en
illustrant les explications d'un maximum
d'exemples.

POUR COMMENCER AVEC LA LANGUE

Un élément doit conforter tout nouvel


apprenant de cette langue: nombre de natifs du
Népal qui l'utilisent emploient des formes
grammaticales simplifiées et un vocabulaire assez
réduit. En effet, dans les familles, la langue
maternelle, c'est-à-dire celle de l'ethnie, reste
prédominante. Ainsi le népali, bien que largement
utilisé dans les échanges et bien accepté par tous,
est pour près de la moitié de la population, la
deuxième langue. Ceci permet au débutant de
trouver facilement des interlocuteurs employant
naturellement une syntaxe et une grammaire
simplifiée et à même de bien accepter un langage
approximatif.
Enfin, il ne faudrait pas terminer cette
introduction sans mentionner les 4 mots ou
expressions incontournables:
namasté (bonjour, au revoir, salut)
ramro cha (c'est bien, c'est beau)
kahâ jane ( signifie littéralement: où allez-
vous? A rapprocher du "comment allez-vous")
et, à ne pas oublier:
bistarai... (lentement)

48
2At Jin <l ~
jj jil'~1
f~
~
t JTr ~
JT3):

49
~3 --+3
-->~t ->3~

~ ~ ~ frlj ~
-+~13
1 ' J. '
2. ..J,
"',; 3 1 2 ~
1.:01 t

~4 t~ 5f.~ dtf

~@~lYt ,'l.

~~«(~ ~
~3 -., 3 -+-+ 3 ~3

iji ~1 if[.)f,lff
~3 3 ~ 3

~ '&II GIf
JJi
~~ ~+ ~4 ~3

-IDf~~f
1 ~3 ~.3 ---,4-

~1~~
50
LES LETTRES DE LA CITE DES DIEUX

Le népali utilise la graphie dite devanagari


(de deva=dieu et nagarT=ville). Cette écriture
dérivée du brahml, repose sur un système
alphabétique extrêmement perfectionné.
- .,. commence par le groupe de
La devanagan
voyelles. Celles-ci sont de deux types: courtes et
longues. Les voyelles longues sont surlignées.

3f 3fT ~ \j ~ ~
a -
a
.,.
1 u -u e ai o au

3f a, la première lettre de l'alphabet, est la


voyelle qui apparaît le plus fréquemment.
Cette graphie n'est utilisée que si la voyelle est
isolée ou en début de mot.
Signalons, pour référence, une voyelle très peu
usitée : ~ r

A la suite des voyelles viennent les consonnes.


Le classement de celles-ci dans une symétrie
quasi parfaite est peut-être ce qu'il y a de plus
remarquable dans le système devanagari.
Elles sont ordonnées en fonction de leur lieu
d'articulation dans la bouche en cinq groupes et
appelées traditionnellement: gutturales (en réalité
ce sont des vélaires), palatales, rétroflexes,
dentales, labiales. A l'intérieur de chaque groupe,
toujours dans le même ordre: la sourde simple, la
sourde aspirée, la sonore simple, la sonore aspirée
et la nasale.

51
Sourdes Sonores Nasales
simple aspirée simple aspirée
gutturales ëf) ~Tf ~.
ka kha ga
"Q
gha .
na
pal a tales 'tT t9 \If ~:s:r
ca ch a ja jha na
rétroflexes c 0 \S ÇJ; uT
ta th a <ta <th a l}a
dentales TI ~ë( tf .,
ta tha da dha na
labiales q "Cf) 6T ~+1
pa pha ba bha ma

Viennent ensuite les semi-voyelles:

<:r
ya
x
ra l Ci)

la
q
wa

Puis les trois sifflantes et l'aspirée:

~ ~ X1 -g
sa !2a sa ha

Trois composées sont ajoutées:

~ ?r X1
ksa tra gya

Chaque son (phonème) est représenté par un


signe. Ce signe, lorsqu'il représente une consonne,
inclut dans sa forme de base la voyelle a court:

ëf) ka inclut la consonne k et le a court (k+a)


Tf ga inclut la consonne g et le a court (g+a)

52
Dans le cas où c'est une autre voyelle qui
vocalise la consonne, un élément est ajouté à cette
forme de base:

ëp ëpT ~ëtt ~~ci>ët; ëp) ëp1


ka ka ki kt ku kÜ ke kai ka kau

Tf TfT fil -.fi 1] ~it -tr Tf1 <TT


ga ga- gi
...
gl -
~gu ge gai w> gau

U ne syllabe est ainsi représentée par un seul


groupe graphique. Un trait supérieur relie les
différentes lettres d'un même mot.

Combinaisons de lettres.

En l'absence de voyelle, deux consonnes


juxtaposées se combinent en un seul signe. La
plupart sont facilement reconnaissables.
Lorsque la première consonne possède une
barre verticale, celle-ci est généralement
supprimée et collée à la consonne suivante8 :

T( g + Tf ga = TT[ gga :q c + t9 cha =W ccha

Quand la première consonne ne possède pas de


barre verticale, la lettre est écrite telle quelle et la
consonne suivante est souscrite:

~ t + 0 tha =~ ttha ~d + <:T ya = £1 dya

8 Quand on écrit la consonne seule, sans le a court, on souscrit un


trait incJiné vers la droite: 11

53
Le x ra se modifie en fonction de sa place dans
la combinaison. S'il précède, il est suscrit (petite
courbe), s'il suit, il est signalé par un trait incliné
sur la gauche:

~r + Xf sa = x:f rsa ~ bh + ~ r a = 'U bhra

~
=L
~~
a1tr ~

PRONONCIA nON

Une cassette, où sont enregistrés tous les sons


et toutes les phrases, accompagne ce livre.

VOYELLES

3T a : se différencie parfaitement a
du 3TT long.

En népali parlé, le i court ne se distingue pas


du 1 long, de même le u (prononcer ou) court ne
se différencie pas du ü long.

Enfin, alors que le népali s'écrit globalement


comme il se parle, une irrégularité notable est à
remarquer. Il s'agit du a court qui, souvent en
finale et parfois entre consonnes ne se prononce
pas. Ce phénomène est à rapprocher du e muet
français. Dans la translittération utilisée dans ce
livre, ce "a muet" n'est pas retranscrit:

54
tI\(c(JI\((gouvernement), transcrit littéralement
sarakara, sera retranscrit ici sarkar.
Les voyelles peuvent être nasalisées. Cette
nasalisation est représentée de deux manières
équivalentes: le candra bindu (point sur la lune) '"

.
et le bindu Ces deux signes sont transcrits par le
tilde ~ placé sur la voyelle.
Le visarga : transcrit par l} marque un arrêt
brusque, avec léger souffle, après l'émission de la
voyelle qui précède (Renou).

3T c'est un a court très assourdi, qu'il faut


a prononcer presque comme un o.
3fT along
-
a correspond au a ouvert français.
~icourt.
i correspond au i français.
{ 1long : i français
...
1
\j u court: il se prononce toujours "ou"
u
\3J
-u ü long: se prononce "ou"

~court. se prononce r roulé + i : "ri".


r Pour faciliter la lecture, il a été transcrit
par ri.
~court.
e se prononce comme le é français.
~long.
ai se prononce comme le ei de vieille.
3TT court. Se prononce comme le 0
0 français de forêt.
3fT long. A rapprocher du "a-o" de "Santa
au Claus" en anglais.

55
CONSONNES

Parmi les consonnes, l'aspirée correspond à


la consonne simple, avec une aspiration très
légèrement postérieure à celle-ci.

q) ka comme en français k.
~kha k avec aspiration.
Tf ga g dur comme dans "garçon".
c:r gha g dur avec aspiration.
-;g. n n vélaire de "encore" ou de "parking".
"iT ca entre "tch" et "ts".
U cha " " " avec aspiration.
\Yf ja entre "dj" et "dz".
~jha " " " avec aspiration.
5f -n n mouillé (français gn).
C ta t rétroflexe. t anglais de "take"
Les rétroflexes s'articulent toutes avec
la langue recourbée vers le haut. C'est
la seule chose qui les différencie de la
série de dentales qui suivent.
0 tha " avec aspiration
~qa d rétroflexe. Se prononce souvent
ta comme un r rétroflexe.
"?; qha " " " avec aspiration
tha
ur l}a n rétroflexe.
ël ta t dental, comme le t français.
~tha " " " avec aspiration.
G da comme le d français.
tT dha " " " avec aspiration.
na comme le n français.
'1
Li pa comme le p français.

56
lf) pha p avec aspiration.
Er ba comme le b français.
~bha b avec aspiration.
11 ma comme le m français.
zr ya comme le y de yeux.
x ra légèrement roulé.
c;5 la comme le 1 français.
q wa soit comme le w anglais (wagon), soit
va comme le v français (vu), soit
ba confondu avec le b (bu).
Dans les pages suivantes, la
transcription utilisée respectera la
prononciation courante.
~sa son "s" avec la pointe de la langue sur
le palais (palatale).
~~a rétroflexe. Comme le français ch, sans
arrondissement des lèvres.
Quelques cas de prononciation en k
ex. : bi~ (poison) se dit bik
~sa dental, le s français de "sage".
5" ha aspiré comme en anglais.
~k~a prononcé kcha
?r tra prononcé tra avec le r roulé
~gya se prononce toujours "guia"9.

En ce qui concerne l'orthographe, chaque fois


que cela a été possible, c'est celle du dictionnaire
de l'Académie Royale népalaise qui a été retenue.

9 Ce signe est composé à l'origine des lettres \11ja et 3i iia . C'est


pourquoi certains auteurs le transcrivent jii. Mais cette transcription
ne représente pas la prononciation.

57
GRAMMAIRE

Quelques remarques préliminaires d'ordre


général s'imposent:
Ce qui surprend généralement les Français est
la position du verbe. Celui-ci se trouve presque
toujours à la fin de la phrase. Les circonstances de
l'action sont définies avant l'action elle-même.

w:r~~
ram bhat khancha
Ram mange du riz (littéralement: Ram riz mange)

Hormis cette différence, la grammaire du


népali ne présente pas de difficulté particulière
pour un Français. On peut noter tout de même,
avant d'entrer dans le détail :
- l'usage fréquent de suffixes hérités des
déclinaisons du sanscrit, pour marquer les cas
(accusatif, locatif, datif...) là où le français emploie
des prépositions ( à, dans, pour...).
- l'absence de verbe" avoir" et la récurrence de
l'auxiliaire g cha, qui correspond à nos auxiliaires
"être" ou "avoir", selon les cas.
- l'absence d'article, défini ou indéfini, devant
les noms.
- l'affirmation et la néga tion, là où nous la
marquons par "oui" ou par "non", sera, chez un
Népalais, exprimée par une reprise du verbe de la
question mis à la forme affirmative ou négative.
Par exemple, il répondra à la question

"Ram est chez lui?" > "il Y est"


w:r éRlTI g ? g
Ram gharma cha ? cha

58
LES COMPAGNONS DU VERBE ET LEURS
DÉTERMINANTS

La chronologie de la langue voudrait que l'on


commence par le verbe. En effet, presque tous les
mots dérivent de racines verbales. Mais il est plus
aisé de présenter d'abord les noms, les pronoms et
les adjectifs afin de pouvoir donner des
illustrations de phrases élémentaires rapidement.

Il peut sembler surprenant de mélanger dans


un même chapitre tous ces éléments
grammaticaux, généralement bien délimités dans
nos manuels français. Mais en népali ceux-ci
agissent comme compléments du verbe, dont ils
sont directement ou indirectement dérivés. Ces
mots présentent souvent des traits communs dans
leur fonctionnement et dans leurs déclinaisons.
Pour ne citer qu'un exemple, le pronom possessif,
semblable à l'adjectif ou déterminant possessif, est
une déclinaison du pronom personnel.
De plus, ceci évite la difficulté inhérente au
fait, commun au népali et au français, qu'il "n'est
pas toujours facile de distinguer, quand la forme
est la même, le pronom et le déterminant employé
avec un nom implicite"10.

Déclinaison: les cas grammaticaux.

Pour expliquer le fonctionnement du nom et


du pronom dans la phrase, le plus simple est
d'utiliser la notion de cas et de déclinaison. Cette
notion, si elle n'est pas familière à tous, ne doit

10 Grévisse, "Le Bon usage", 12° édition, p.997.

59
pas effrayer. D'abord parce que la notion elle-
même est simple à comprendre, ensuite et surtout
parce qu'en népali elle ne revêt aucune forme
compliquée.

Morphologie

Le mot est décliné par l'ajout d'un suffixe,


intégré à celui-ci. Il s'agit donc d'une désinence.

Cas Suffixe
Nominatif -Verbes intransitifs:
pas de suffixe
-Verbes transi tifs
parfois - ~le
Accusatif -~ laI
Ins trumen tal -~ le
Génitif masculin singulier - en) ka
féminin - ctT kT
pluriel - ëpf ka
Datif - ~laI
- en) "ffifTr ka lagi
- en) ~kanimti
Ablatif - Ë/TC bata
- ~dekhi
Locatif - 1fT ma
Ainsi le prénom wr ram (Ram), s'écrira de
différentes manières selon sa fonction
grammaticale:

60
De même pour un nom commun, par
exemple "ERghar (maison) :

Au pluriel, le suffixe ~ haru est inséré entre le


radical et la désinence. Ce qui donne le tableau
complet suivant:

Sin ulier Pl uriel


Nominatif CR ~
har harharu
Accusatif ~'<!5 () (') I~
harharulaT
~'<Q() ~
harharule
,
Génitif ~'<Q() ct>1
harharuko
,~
Datif ~'<Q()ct>1 (')11"1
harharnko la i
Ablatif ~'<!5(>6/lc
harharubata
Loca tif ~'<Q()~I
harharuma

Tous les noms propres ainsi que tous les noms


communs sont déclinés selon leur fonction
grammaticale.

61
Les déclinaisons s'appliquent également aux
pronoms personnels, donnant selon le cas: un
pronom personnel complément d'objet, un
pronom possessif, un adjectif possessif...

Définitions et usages.

Le nominatif:

C'est le cas où le nom est sujet d'un verbe à la


forme active.
Deux possibilités se présentent:
- Si le verbe est intransitif, c'est alors la forme
de base du nom, c'est-à-dire sans suffixe, qui est
utilisée, que ce soit au masculin, au féminin ou au
pluriel:

Xf11~ t9 ~ ~ \TI"Fff?
ram aeko cha ~ kaha jancha ?
Ram est venu Où est-ce qu'il/ elle va ?

~ 1l~ U01
dherai mancheharu chan
Il y a beaucoup de gf.ns.

- Si le verbe est transitif, le sujet est parfois


traité, notamment avec certains temps du passé,
avec adjonction du suffixe de l'instrumental ~ le :
Xf11~ xrnT ~ T!tëp) t9
ramIe ramro kam gareko cha
Ram a fait du bon travail

62
L'accusatif et le datif :

L'accusatif, élément qui subit l'action,


correspond en général au cas où le nom est un
complément d'objet.
Le datif correspond au cas du nom ou du nom
verbal marquant ce que l'on appelle, dans la
tradition grammaticale de France, le complément
d'attribution. Il sera traduit en français par les
prépositions "à", "pour"...
Ces deux cas présentent parfois des
caractéristiques communes, notamment au
niveau morphologique. C'est la raison pour
laquelle ils sont regroupés ici.
Ils peuvent tous deux être formés à l'aide du
suffixe ~ l;r . Celui-ci est généralement suffixé:

a) au complément d'objet direct, lorsqu'il s'agit


d'un objet animé (être humain principalement) :

~~I~(,)I~ 6I1(,)I\:3jTfu
,
- -
syamlal bolaunu parcha
Il faut appeler Shyam.

m 1iI~
- ~
.....
yo manchelal cinchu
Je connais cette personne.

Lorsqu'il s'agit d'un objet inanimé, et souvent


même d'un objet animé autre qu'un être humain,
il n'y a généralement pas de suffixe11 :

Il C'est le cas notamment lorsqu'il y a un accusatif et un datif, un


complément d'objet direct et un complément d'objet indirect dans la même
phrase. Ceci reste valable même si le second terme est sous-entendu.

63
ëf)fTl\Jf ~
kagaj lincha
Il prend du papier (un papier).

b) ~ lai est suffixé au complément d'objet


indirect, qu'il s'agisse d'un objet animé ou
inanimé:

~XI(')I(,)I~ ~ ~
biralolar khana dinchu
Je donne à manger au chat.

XI4i(,)I~ ~'{SjI\jjQhi.
ramlar dekhaunuhos
Montrez (le/la/ ceci) à Ram.

c) Le suffixe ~ lai est également employé dans


certaines expressions très courantes:

dLfI~(,)I~ ëJffi'fTu ? ~ 3TRlTf U


tapaIIaI kasto cha ? malar aram cha
Comment allez vous? Je vais bien

~~l1'1~ ? ~ l1'1 ~
tapaIlaI man lagcha ? malaI man lagcha
ça vous plaît? ça me plaît (j'aime) .

~~U ~~~
malaI ananda cha malaI thahi' chaina
J'ai l'esprit heureux. Je ne sais pas.

d) Enfin, le suffixe ëi5Ttlai est utilisé pour


désigner le bénéficiaire d'une action. Dans ce cas, il
est également possible d'utiliser èPlm ko lagi ou

64
'CPT~ ko nimti ou 'CPTf.1fln:r ko nimitta, toutes ces
formes ayant le même sens12.

4Yk1l<-'1~ CPI~~ ~ )
g'ItaliI koselI kinyo )
ou )
4f)dICPÎ"ffifTr CPI~~~ )
g'Itako lagi koselI kinyo ) Il a acheté un cadeau
ou ) à Gita
4f)d1CPI ~ CP'I~~ ~ )
gTtakonimti koselI kinyo )
ou )
4f)d1CPI f.1fln:rënM~ ~ )
g'Itako nimitta koselI kinyo)

L'instrumental ou agentif :

Ce cas note principalement le moyen, la cause,


l'instrument ou l'agent par lequel ou à cause
duquel une action est accomplie. il sera souvent
traduit en français par les prépositions "par",
"avec", "de"...
Il est marqué par le suffixe ~ le.

a) Outil ou instrument;

'ttP'T.II~ GlëPJ~
sai\cole cIhoka kholyo
Elle/il a ouvert la porte avec une (la) clé.

12 ëJ>1"ffifl'r ko lagi est plus couramment utilisé mais est moins


correct, certains auteurs le considérant même comme incorrect. ëJ>1~
ko nimti, appartient à un registre de langue plus soutenu.

65
~41 (~'h5 '() ~ tsIIo-U'1
nepaliharÜ hatle khanchan
Les Népalais mangent avec leurs doigts (lit. : avec
la main)

~ m 3TfTFf) ~ ~ "f!
maile yo aphno â'khale dekheko chu
J'ai vu ça de mes propres yeux (lit. avec mes
propres yeux).

b) Noms, participes ou noms verbaux dénotant


la cause:

~~~
SIta dukhale maryo
Sita est morte de chagrin.

~ ~I~ICPI~w:r ~ oM
thakai lagekole ram sutna gayo
Ram est allé se coucher parce qu'il était fatigué.

tfFtT~~~tP
pam parnale sabai bhijeko cha
Tout est mouillé à cause de la pluie

Le génitif (possessiO:

Il s'agit du cas indiquant l'appartenance,


marqué en français par la préposition "de". Pour
les pronoms et les adjectifs, il correspond aux
possessifs. Il indique également la matière dans
laquelle est fabriqué un objet (marqué en français
par la préposition "en" : en or, en bois...).
En népali, le génitif est caractérisé par le suffixe
ëp) ko. Théoriquement, au féminin, le suffixe

66
devient ~ kT et au pluriel ëpTka. Toutefois, il n'est
pas rare d'entendre (ou de lire) ëp) ko quelque soit
le genre ou le nombre.

~tR .ffIdl c61 ~


hariko ghar sI takI chorI
La maison de Hari. La fille de Sita

CPlo~h~NëpT~1~~'(1
kapnaclauka mancheharii
Les habitants de Katmandou13

~ "Jfrffi
phülko mala
~~
sunko sikri
Un collier de fleurs Une chaîne en or

L'ablatif:

Il indique qu'un nom sert de point de départ,


d'origine à l'action. Il peut s'agir d'un lieu ou
d'un moment.
Ce cas est généralement marqué par l'un des
suffixes, au choix, iITC bata ou ~ dekhi quand le
point d'origine est spatial et uniquement ~ dekhi
lorsqu'il est temporel.

13Noter comment s'écrit et se prononce Katmandou: q)To1TI\S"1'


ka!hmaqâu avec deux rétroflexes et la diphtongue finale nasalisée. Un Q
rétroflexe est parfois inséré avant la dernière syllabe: q)To+nU\S"1'
kathmaI}qâu. L'orthographe francisée, reprise des Anglais, est assez
éloignée du nom original. Etymologiquement, le nom de la capitale du
Népal vient du sanscrit q)ffi ka'tha (bois) ~ maq4apa (temple), le
temple de bois. Une très belle légende raconte comment l'arbre de
paradis, venu assister à une fête, a été emprisonné par un habitant de la
ville qui l'avait reconnu. Celui-ci souhaitait construire un temple entier
en utIlisant le bois d'un seul arbre. Il n'a été libéré ,\ue contre la
promesse de procurer cet arbre merveilleux. Ce temple, qw a donné son
nom à la ville, est situé au sud de la place de l'ancien palais royal.

67
a) L'origine est un lieu:

!.pixi Ellè 3fl(:I) )


phransbata ayo )
OU ) Elle/il arrive de France.
M>ixi ~ f{g 3fl(:I) )
phransdekhi ayo )

b) L'origine est temporelle:

~~~I,<~Rg <:rnTt9
sombardekhi yah~ cha
Elle/il est ici depuis lundi.

c) 6fTCbata peut également indiquer l'origine


d'une action de manière générale, c'est à dire sa
cause. Dans ce cas, il est souvent une forme
alternative de l'instrumental en ~ le.

41~ÎEllè ~ ~
pambata .-"
buaml bhayo
Il est tombé malade à cause de la pluie (lit. : de
l'eau)

d) Enfin, 6fTCbata peut indiquer un moyen de


transport ou de communication:

~-\J"j61\J"jEllè 3fl(:I)
hawaT-jahajbata ayo
Elle/il est venu(e) en avion.

~~4>'i~Ellè ëfR1 <n:IT


teliphonbata '"kura garyo
Elle/il a parlé au téléphone.

68
Le locatif :

C'est, comme son nom l'indique, le cas qui


marque le lieu. Il correspond aux prépositions
locatives françaises "dans", 'en", "à".

Il est indiqué en népali par le suffixe ~ ma.

6j41~"l:f1~1 ~
bagaicama hÏqchu
Je marche dans le jardin.

~ xr:r xr:r 6j41~~1 tm


mukhma ram ram, bagaitma chura
A la bouche "Ram! Ram !" (invocation religieuse
de Rama), dans la poche un couteau. (Proverbe)

Le pronom personnel

Contrairement au français, le pronom .


personnel est assez fréquemment omis.
Ceci ne nuit pas à la compréhension car le
verbe se décline en se conjuguant (comme en
français). La forme conjuguée permet en général
de déterminer la personne, le genre et le nombre
du sujet (voir le chapitre sur le verbe).

Les pronoms personnels utilisés varient selon


le degré de politesse qui se reflète à la deuxième et
à la troisième personne mais, bien entendu,
jamais à la première personne.

69
Degré de
~~~~politesse Singulier Pluriel
~~11
~1èrepers. - ma ham'Iharo
forme tf / fà4T
~1WTI1 ~~simple ta I timT tim'Iharo
2ème pers. forme ~(l"fI~oÇ
de tapaI -.. -
tapalharu
politesse
<it ~..fII:.i~
yo yiruharÜ
forme ~\j..fll:.i
~>r~~ simple tyo unTharÜ
3ème pers. \j
~u rd.-th;
tinIharu
forme ~~6i6~
de yaha - \j6i6~
politesse \36T yahaharu
uha uhaharU

11ma, je ou moi, ne présente aucune difficulté:

11~ ëp)m?11
ma aüchu ko ho ? ma
Je viens Qui est-ce? Moi.

Çfta est une forme peu utilisée. Elle s'adresse


aux personnes de rang social très bas et comporte
souvent une connotation péjorative ou vulgaire,
lorsque le locuteur est en colère par exemple.
Mais ce pronom est utilisé également pour
s'adresser aux très jeunes enfants et parfois aussi
entre deux personnes très intimes.

70
~\1JT ~ toëP ~ .IR~~~ ?
ta ja ta baithak sapha garidiis ?
Va-t-en (file d'ici) ! T'as nettoyé la chambre?

~ timT correspond à peu près au "tu" français.


Il est utilisé entre amis ou à l'intérieur d'une
famille quand une personne s'adresse à quelqu'un
de plus jeune, mais pas à un parent plus âgé. C'est
également le mode d'adresse courant d'un mari à
sa femme (mais pas l'inverse).

fITJfi ëm?i ~ ?
timT kaht gayau ?
. ~ - -
fITJfi ~I'~~ ,of) ~
tinu bhagyamam hau
...

Où étais tu allé? Tu as de la chance.

ëf-qT~tapIT est le pronom le plus proche du


"vous" (singulier) français. Il est aussi utilisé pour
s'adresser à un parent, même proche, plus âgé.
Également par l'épouse à son mari...
C'est la forme de politesse que vous utiliserez
de préférence à toute autre.

~ëm?i~WU?
tapaT kahf basnu huncha ?
Où est-ce que vous habitez?

\l41~{,)1~ ~ t9 ? ~t9
tapaTlaTsancai cha ? sancai cha
Vous allez bien? Oui, ça va.

<IT / ç"lf)yo / tyo ne sont pas réellement des


pronoms personnels mais plutôt des pronoms
indéfinis qui servent de pronoms personnels faute
de mieux. Il signifient "ceci", "cela" et par
extension "celui-ci", "celui-là" :

71
<itëf>Tm? <itwrm
yo ko ho ? Yoram ho
Qui est-ce? C'est Ram.

<it ~ 3ffiRJ x ('lI)~ UfPëJ


yo yaha- -.
aucha ra tyo tyaha-.-
Jai\cha
11/elle vient ici et lui! elle va là.

('lI) ~ 1--<1
~ I ifID ('lI) ~ m
tyo phransma bascha tyo biralo ho
11/elle habite en France. C'est un chat.

\3" u est plus particulièrement réservé pour les


êtres humains et donc plus respectueux.

-
\3"~1~-<fI... ~ --~
u phransisl bhalia bo1cha
\3"~~g
u gharma cha
Il / elle parle français. 11/elle est à la maison

Les formes polies sont : \3"~Tuha parfois


orthographié Cf6Twah; et ~ yahâ'.
Au pluriel, le suffixe 6(f har~ est ajouté à ces
mots:
Gr
\j5i5~ ~ ~~
uhaharÜ wahâ'harÜ - -
yahaharu.
~T1fi/ ~~ hamT / hamTharu l'un comme
l'autre signifient nous et peuvent s'employer
indifféremment.
En revanche, hamT peut parfois signifier "moi",
dans un sens général collectif, comme appartenant
à un groupe (famille, communauté...).

72
Les formes déclinées du pronom
personnel

Les pronoms se déclinent de la même manière


que les noms. Dans plusieurs cas, la forme de base
du pronom subit une légère altération lorsque l'on
y ajoute un suffixe (c'est ce que l'on appelle le cas
oblique).

a) Première personne

Déclinaisons de 11ma ( je / moi)

Nom. Je / moi 11 ma
Ace. à moi ~malar
Inst. par mOl ~maile
Gén. mon 1fxl mero
Oat. pour mOl 1fxl "ffifTr mero lagi
Ab!. venant de moi 116rTC mabata
Loc. en mOl 11111 mama-

Déclinaisons de 5f1fihamT ( nous)

Nom. nous 5f1fi hamT


Ace. à nous 514)(,)1~ hamTlar
Inst. par nous ~hamTIe
Gén. notre / nos NID hamro
Oat. pour nous 5rnTm hamro lagi
Ab!. venant de nous 514)6/IC hamIbata
Loc. en nous 5f1fi11T hamIma

La forme ~ hamIharü est régulière:

73
611-1f1 6'(') (')1 ~ hamlharula!- ~ hamlharule
(à nous, ) 611-116'(')
" -
(par nous), 614iÎ6,(,)cf>1
hamTharuko (notre, nos), etc...

b) Deuxième personne

Déclinaisons de fff4) timT (tu) et de ftp:fhr~


timTharu(pluriel : vous à un groupe de familiers)

Sin ulier Pluriel


Nominatif fff4) ~"1-116'(')
timT timTharii
Accusa tif ~4'l6,(,)(,)
timTIaI timThariilaI
Instrumental
timTharule
Géni tif ~4)6,(,)cf>1
timThariiko
Datif "ffifTr
timThariiko la i
Ablatif ~ 6ITC
timTbata timTharuba ta
Loca tif ~T fçpfT6~')ln
timTma timTharuma

Déclinaisons de ~ tapai (vous singulier)

Nom. vous ~tapai


Acc. à vous d~I~(,)I~ tapa!-"'1-'"
a!
Inst. par vous ~tapaIle
Gén. votre / vos ~'
d~ 1 cf>1 tapaIko
Dat. pour vous d~1 ~'
cf>1 tapaIko lagi
~TfTr
Ab!. venant de vous d~I~ElI<:
-...
tapa!bata -
Loc. en vous d~I~1-I1
......
tapa!ma -

74
(f1:fl~5X1tapaTharü (vous poli au pluriel) est
régulier comme toutes les formes en 5X1haro.
c) Troisième personne

Déclinaisons de m yo ( elle / il, sans forme de


politesse)

Singulier Pl uriel
Nominatif m ~4)5~
il / lui yo yirnharii
Accusatif ~- "'<
à lui yaslaI yirnhariilaT
Instrumental ~~..f)5~
(")

par lui yasle yirnhariile


Géni tif ~~..f)
5~ ëp)

son yasko yirnhariiko


Datif ~~fîj"
'i15~cpl'~
pour lui yasko lagi yirnhariiko lagi
Ablatif
venant de lui yobata
...,.
yimharubata
--
~~..j')5~6IlC

Locatif <Tf+fT ~'i15~>n


en lui yasma - yirnhariima

ç:di tyo se décline de manière similaire à m yo,


avec une forme oblique en ~ tyas et un pluriel
en ~TX1 tinTharu:

Nominatif fd'i151~
tinTharii
Accusatif
tinTharulaT
etc... etc... etc...

75
De même \j u ( elle/il,forme de politesse
moyenne) une forme oblique en \j~ us et un
plUne
1'1 en \:AT uni: ..

Singulier Pl uriel
Nominatif \j \j..fl ~'(1

il / lui u uiùharÜ

Accusa tif ~\j..fl ~'(1(') I


~à uiiI'harÜlar
lui usla1'
Instrumental
~parlui usle uiùharÜle
Géni tif ~\j ..fi ~'(1cf>

~son usko uiùharÜko


Datif
~~~~pour
lui usko lagi uiUharÜko lagi
Ablatif \JijTC \j..fl~'(16ITC
venant de lui ubata uiUharÜbata
Locatif ~\j..fl ~'(14-11

en lui usma- uruharÜma

ën~T wahâ (elle/il,forme polie) se décline de


manière régulière, sans forme oblique, en ajoutant
simplement les suffixes:

Singulier Pluriel
Nominatif ë16T
~waha wahaharu
Accusatif q~i{,)l~ q~i~'(1 {,)I~

wahalaT wahaharulaT
etc... etc... etc...

Quelques exemples d'utilisation:


1r(i5& ~ -sRT"iWIT 51
malar deu mero cas ma ho
Donne-moi. Ce sont mes lunettes.

76
~~tGff~fq~
taparle malar das rupiya dinubhayo
VOUS m'avez donné dix roupies.

~ !51~-tÎ<n!~ ~1d!5!'{1 4<D1\i2s~


wahale hamTlar itihas parhaunuhuncha
Elle/il nous enseigne l'histoire.

~~.w ~ Id .-i'1t5,()
Ji! RI:t~l'{1U
usle kam garcha mero tinTharuma biswas cha
Elle/il travaille J'ai confiance en eux

L'adjectif qualificatif

L'adjectif, lorsqu'il est épithète, c'est à dire


lorsqu'il est adjoint directement au nom sans
l'intermédiaire d'un verbe, est placé avant le
nom:

dlëTI "CTAf ~t:R


tato panT thülo ghar
De l'eau chaude Une grande maison

"fII.n "êPTorm ~t:Rm


sano kotha ho thülo ghar ho
C'est une petite pièce. C'est une grande maison.

Lorsqu'il est attribut, c'est à dire lié au nom par


l'intermédiaire d'un verbe, il est placé après le
nom:

77
~ t914
<TI"d"T tR" ~
- -
...
pam tato cha
t9
ghar thulo cha
'"

L'eau est chaude. La maison est grande.

L'adjectif qualificatif s'accorde théoriquement


en genre et en nombre avec le nom qu'il qualifie.
En pratique, la déclinaison du féminin est peu
employée et celle du pluriel presque jamais.

Et quelques autres...

Dans toute cette partie, les pronoms,


déterminants, adjectifs et adverbes seront étudiés
ensemble. La raison en est qu'en népali ils
forment un système original et lié, tant au point
de vue morphologique - les uns dérivant des
autres - qu'au point de vue syntaxique.

Les démonstratifs

Les pronoms démonstratifs m yo ( ceci / celui-


ci) et ëm tyo ( cela / celui-là) servent aussi, comme
on l'a vu, de pronoms personnels. Le déterminant
démonstratif (ce / cette) a également la même
forme. \j u est un équivalent de ëm tyo utilisé
uniquement pour désigner des êtres humains.

Désignant Désignant Déterminant


un humain un objet du nom
m yo celui-ci ceCI ce / cette
~tyo celui-là cela ce / cette
\j u celui-là - -

14A bien distinguer de la forme épithète citée avant: tato panl cha
"Il y a de l'eau chaude" (dans la salle de bain par exemple).

78
Démonstratif roximi té éloi nement
personne, objet myo ~tyo ~u
ou déterminant cel cecil celui-ci ce Icelal celui-là
marquant un ~~cnff
lieu15 yahi' tyahi wahl'
ici là
donnant une ~~\3"ffi
direction yata tyati' uta
ar ici ar là
indiquant une ~mà
quantité yati uti
cette uantité-ci uantité-Ià
indiquant une <Bit \3?IT
taille yatro tyatro utro
cette taille-ci cette taille-là
indiquant une
~~~manière ... ...
yasan tyasarT us an
de cette fa on-ci de cette fa on-là
" ~~\fflT
yaso
comme ceci
indiquant un
~genre yasto tyasto
de ce enre-ci de ce
indiquant un
~~~moment ahile ta hile uhile
maintenant à ce moment-là
indiquant une 3fij aba ë'I'Erta b a
durée à partir de jusqu'à ce moment-là
maintenant

15 Ces démonstratifs sont à rapprocher de ]'ori~ine des formes


renforcées des déterminants démonstratifs en français: ci et là, pour
cette maison-ci par exemple. "L'usage a hésité entre ci et ici (...). Cet
emploi d'ici subsiste (...) : cette maison-ici". Le Bon usage - Grévisse,
p.958, op. cit.

79
<iT-qffii5 m;:fr t9 ÇR ~ ~ t9
yo pasal sano cha tara tyo thülo cha
Ce magasin-ci est petit, mais celui-là est grand.

~-~~~~~
tyaha janu bhanda yaha basnu bes
Plutôt que d'aller là-bas, il est préférable de rester
ici.

l.Idl5lc.1 \JfÀ 6ITCT~ t9 ÇR \jdI5lc.1 uTe)


yatabata jane bato lamo cha tara utabata choto
En allant par ce chemin-ci c'est long mais par ce
chemin-là c'est court.

~~l@r11~~ .;)
tyaso bhae pani ma tyaha janchu
Même si c'est comme ça, je vais malgré tout là-bas.

\ffi'5 ~ ëgXTTf1 ~
usle tyasan kura garou hundaina
Elle/il ne doit pas parler de cette façon-là.

<Rill ~I~Q~ "t11f5.-u


yasto mancheharü cahincha
Il faut des gens comme ça (de ce genre, aussi
bien...)

~ <r11ITi ~ ~ 1fIU1
tyaso garou parcha tyatro thülo macha
Il faut faire comme ça Un poisson aussi gros
que ça !
~ ~3t1
aba khau
Bien, commençons à manger (mangeons à partir
de maintenant).

80
Les interrogatifs et exclamatifs

Extrêmement utiles et courants dans les


communications quotidiennes, les interrogatifs et
exclamatifs sont d'un emploi aisé en népali. De
plus ils présentent des traits morphologiques qui
permettent un classement facile.

Commençant tous par ~ k, ils forment une


série homogène calquée sur la série de
démonstratifs. Voici une liste des principaux:

Interrog'ltifrelatif à: liste œs Significa tion


in terrOFPtifs générale
un oget "et ke Quoi?
une p:TSOnne ë1)T ko Qui?
un mot (déterminant) ~., kun Quel?
un lieu ënif kaha 0' u.?
une direction ëmfT kata Par où?
une q.1antité <Wr kati Combien?
une taille ëf)?f) katro Quelle taille?
une manière ~kasarT Comment?
un ~re ~kasto Quel genre?
un moment ~kahile Quand?

m"etm? mcTQTm
yo ke ho ? yo top. ho
Qu'est-ce que c'est? C'est un chapeau.

mëf>Tm? m~m
yo ko ho ? yo gopaI ho
Qui est-ce? C'est Gopal.

81
~sumanle"'!fI ~ \if]";:g ?
kun skùlma jancha ?
"lit~_
yo skulma
Dans quelle école va Suman? Cette école-là.

cmn E/tjS~ ? qre;=f 1TI


kah~ basnuhuncha ? patanma
Où est-ce que vous habitez? A Patan

.)41(,)~'êPf(;'ffi ~ -g ?
Nepalma kati basne bicar cha ?
Combien de temps pensez-vous rester au Népal?

~~"ER
katro thulo ghar
Quelle grande maison!

Les pronoms interrogatifs sont déclinés


conformément à leur fonction grammaticale. Les
déclinaisons sont presque toutes régulières, c'est à
dire que l'on ajoute simplement le suffixe voulu:
...
~"Wfm? ~IG ~<PI' ~~I
keko cùra ho ? c~arko ho
C'est un bracelet en quoi? En argent.

"lit cppJ\Jf ~ Xffiôj -qtf ?


yo kagaj kema rakhnu parcha ?
Ce papier, dans quoi faut-HIe mettre (ranger) ?

"lit~~m? <Plà~IU.5)'CP)
yo manche kah~ko ho ? kathmat)4auko
Cette personne est d'où? De Katmandou.

82
Le pronom ëp) ko (qui ?) possède une forme
oblique ~ kas, ce qui veut dire que ses
déclinaisons sont16 :

~
'
cn'«'? ~e.I("'!.I1 ?
kasle yo phufalyo ?
Qui a cassé ça ?

~ ~ ~ CP,{-(,)I~
~ ?
tapaTIe tyo citthT kaslaT lekhyo ?
A qui avez-vous écrit cette lettre?

Les relatifs

Les relatifs apparaissent dans des phrases


complexes. La construction, de par son originalité,
intéressera le Français curieux.

Au point de vue morphologique, les relatifs


commencent tous par \1\ j. De plus, ils sont
construits sur le modèle des interrogatifs
(correspondant eux-mêmes à la série des
démonstratifs) :

16 Toutefois, il n'est pas rare d'entendre ëPl~ kolai, ~ kale,


ëPliff kama il la place de ~ kaslill, ~ kasle, ~ kasma.

83
IRmonst. Interrog Relatif
un objet ~~-GT
tyo ke je
une personne ~ëp) \}f)
tyo ko j)
un nom ~ëgrr ~rr
(déterminan t) tyo kun ;at
un lieu
~~~tyaha ka ha jaha
une direction ~ëmfT Vfd1
tyata kata jata
une quantité ~~\}ffçf
tya ti kati jati
une taille ~cp?iJ \Jf?IT
tyatro katro jatro
une manière ~cmR1
~tyasarI kasarI jasan
un genre ~~\JffiTI
tyasto kasto jasto
un moment
~~~ahile kahile jahile
une durée Çf6f - \Jf6r
taba jaba

Les liens ne sont pas que morphologiques. En


effet, dans un type de construction, le relatif, qui
est dans la subordonnée, fait écho au démonstratif
correspondant, présent dans la principale. La
subordonnée peut être avant la principale ou
inversement:

\Jf6r ~ \JfPi{Çf6f ~ ~
jaba ghumna janchu taba manche auncha
Dès que je pars me promener, quelqu'un arrive.

84
c=m~ 6ffi9 \Jf11ffl m~ 51
tyo mecma bascha jo mero sathI ho
Celui qui est assis sur une chaise est mon ami.

~'~5i~~~~~_ _
ma tyaha khanchu Jaha mlfho khana pauncha
Je mange là où on peut trouver de la bonne
nourriture.

Les constructions suivantes sont également


très courantes:

fd4)cryl~~ ~ -ffiJ
timllaI jun manparcha leu
Prends ce qu'il te plaît.

~ uffi1 ~ t1f.1 t9
faim jati bhane pani cha
On a tout notre temps.

~ëffi TITtT~ \Jffifr t9


tapaIko gaiI ramko jasto cha
Vous avez la même voiture que Ram. (litt. : votre
voiture de Ram est semblable},

\) ~ tR11T~ ? ~ t1f.1~
u kahile gharma huncha? jahile pani huncha
Quand est-il chez lui? Il y est toujours.

\Jf1 jo a une forme oblique en \iff(. jas, ce qui


donne comme déclinaisons ~ jasle, \Jj,«,)I~ jaslai...

~Tt~? ~~
kaslaI dinchu ? jaslaI deu
A qui est-ce que je le donne? A n'importe qui.

85
Les indéfinis

Les indéfinis sont nombreux. En donner une


liste relève de la lexicographie et serait fastidieux.
Toutefois, on peut noter les usages originaux de
certains.
- m kohT (quelqu'un, quelque) a une forme
oblique ~ kasai qui donne:

cpldl~1 ~ ? u ~~
kothama kohl cha ? kohl chaina
Il Y a quelqu'un dans la pièce? Il n'y a personne.

Au négatif, Gf.1 pani (même) est souvent ajouté


(avec le sens de : pas même une personne) :

,~~i ~ lTf.1 ~
tyaha koh'I pani chaina
Il n'y a absolument personne là.

?:IT CW1 ~~ lTf.1oR ~


yo kam kasaile pani garna saktaina
Absolument personne ne peut faire ce travail.

-~ kehT (quelque chose, quelque)17 :

17 cf;-gtkeh"l se décline régulièrement comme la plupart des pronoms


indéfinis. Ce chapitre étant le dernier où des pronoms sont étudiés, les
tableaux de déclinaisons nominales et pronominales ne sont donc plus
indispensables à partir de ce point.

86
tWIT ~ ~ "ff ?
gharma kehT kehT cha ?
Il Y a des choses à la maison18 ?

~tW1~
kehT pani chaina
Il n'y a absolument rien.

- 3TëP1 arko et 3R) arü ont le même sens:


autre, l'autre. Toutefois, le premier est
généralement utilisé pour le singulier et le second
pour le plurieI19 ou les choses non dénombrables:

31ëPT ~ "ff 3R) ~ tW1 "ff


arka thaIT cha arÜkhana pani cha
Il ya une autre assiette. Il y a encore à manger
aussi.

- ~ sabai (tout, tous) utilisé comme adjectif


n'accompagne généralement pas un nom pluriel:

~CWT~~
sabai kura kahana sakinna
On ne peut pas tout dire.

Soi-même

Il existe un réfléchi en népali : ~ aph~. On le


trouve également fréquemment sous sa forme
accentuée ~ aphai.

18 Noter la réduplication de ëtfr kehl pour marquer le pluriel.


1911 est possible que le suffixe du pluriel soit en fait un dérivé de cet
indéfini.

87
Il peut être décliné selon les différents cas.
Cette déclinaison est régulière à l'exception du
génitif qui donne 3WFit aphno.
Il est généralement utilisé lorsque dans la
même phrase il y a une deuxième référence au
sujet:

fçp:fi 3WFit ~ 7R 1f~ 7ff.t


timT aphno kam gara ma aphaile garchu
Fais ton (propre) travail. Je le fais moi-même.

88
LE VERBE

Pour commencer ce chapitre, le plus important


de l'étude de la langue, il est nécessaire de
présenter la formation du verbe. Comme en
sanscrit, celui-ci se construit sur une racine. Ainsi
la forme première du verbe n'est pas, comme en
français, l'infinitif, mais la racine verbale. Elle est
généralement constituée de trois lettres, parfois
deux seulement et dans quelques cas, quatre, cinq
ou six lettres. Toutes les autres formes du verbe
(infinitif, participe, forme conjuguée...) sont
dérivées de la racine. On peut classer les verbes en
trois groupes selon la terminaison de la racine:

- Verbes du 1er groupe: la racine se termine


par une consonne.

ll\ ~
gar - her -
(du verbe faire) (du verbe regarder)

~ iR(
dekh - bas-
(d u verbe voir) (du verbe rester)...

Tous les verbes du 1er groupe sont réguliers.

- Verbes du 2ème groupe: la racine se termine


- -
par ~ i - ou par - an a- (à l'exception de \iJTji - du
verbe aller, qui est du troisième groupe) :

œ ~
khi- di -
(du verbe manger) (du verbe donner)

89
~ ~
Ii- la -
(du verbe prendre) (du verbe emmener)...

- Verbes du 3ème groupe: tous les autres. Ex. :

3fI\j
-au- -
-q]\j
pau-
(du verbe venir) (du verbe obtenir)

S ~
hu- dhu-
(du verbe être) (du verbe laver)....

Les verbes du troisième groupe possèdent deux


radicaux (trois dans le cas de S hu ), contrairement
à ceux des autres groupes qui n'en possèdent
qu'un. La même chose existe en français ou
certains verbes possèdent plusieurs radicaux. Par
exemple le verbe être au présent de l'indicatif
utilise un certain radical à la première personne
du singulier (je suis). et un radical différent aux
deuxième et troisième personnes (tu es, il est).
En népali, les choses sont plus simples. Les
verbes du troisième groupe, les seuls à posséder
deux radicaux, sont peu nombreux et les
modifications assez régulières. De plus, pour un
temps donné, ce sera toujours le même radical qui
sera utilisé. Le premier, appelé radical primaire,
est utilisé notamment dans la formation de
l'infinitif et dans la conjugaison au présent. Le
deuxième, radical secondaire, est utilisé dans
quelques conjugaisons, dont le parfait. Le tableau
ci-dessous donne les radicaux des sept principaux

90
verbes du troisième groupe et couvre l'essentiel
des cas rencontrés.

Sens Verbe à Radical Radical


énéral l'infinitif rimaire secondaire
Aller \JfI:! Tf-
.-am a-
Venir ~3Tl\3"
- 311-
aW1U - -
au a-
Etre s:! S- ~-/m-
hunu hu - bha -I ho -
Obtenir ~tffiJ- tJT-

Envoyer

Oublier
birsanu birsa - birs -
Laver (Ie ~:! ~- m-
lin e) dhunu dhu- dho-

D'autres légères irrégularités, comprises


intuitivement dès que l'on a une petite pratique
de la langue, sont rencontrées dans le système de
conjugaison. Il peut être simple de considérer,
dans un premier temps, que la plupart des verbes
sont réguliers et de traiter séparément, comme
verbes irréguliers, ceux qui se déclinent
légèrement différemment.
Les verbes irréguliers les plus importants sont:

\JfI:!
jam
s:!
hunu
fq
dinu
~
linu
aller être donner prendre

91
Contrairement au français, il existe plusieurs
formes d'infinitifs. Chaque forme est utilisée de
manière spécifique et sera étudiée comme une
conjugaison particulière.
L'infinitif le plus courant, celui sous lequel les
verbes sont classés dans les dictionnaires et
lexiques, est celui formé par adjonction du suffixe
"j nu à la racine : ~ khanu manger ; ~
gamu faire;
~ hunu être, 3IT\3""jaunu venir, ~ basnu habiter,
rester, s'asseoir) ...
Il a une valeur proche de l'infinitif en français:

'{g1~4J \J1lj4J
kha nuparcha20 januparcha
Il faut manger Il faut partir

Les tableaux de conjugaisons illustrant ce


chapitre présentent toutes les déclinaisons bien
qu'en pratique, surtout à l'oral, deux (parfois trois)
seulement de ces formes soient utilisées: la
troisième personne du singulier est parfois
utilisée pour toutes les personnes. La première
personne du singulier est souvent respectée et la
troisième personne du pluriel est généralement
respectée lorsqu'il s'agit d'êtres humains mais
rarement dans les autres cas.21
20 L'obligation ou la nécessité est exprimée par le verbe à l'infinitif
suivi du verbe/auxiliaire "f.'arnu" conJu~ué à la 3ème personne du
singulier au présent, soit 'parcha" (vOIr le chapitre: "infinitifs").
L'infinitif et "parcha" sont normalement reliés pour former un seul mot.
Toutefois, certains auteurs écrivent ces deux mots séparément.
21 En grammaire sanscrite, ce qui est appelé la première personne et
est présenté en tête des tableaux de conjugaison, correspond à notre
troisième personne (il, elle, ils, elles) et vice-versa. Les grammairiens
népalais reprennent généralement cet usage. Afin de ne yas désorienter
le lecteur français, les tableaux de conjugaison présentes ici utiliseront
l'usage français (première personne =je et nous), mais les dénominations
en népali respecteront l'usage local ( ~2{Jf ~ pratham puru!j en

92
Etre ou ne pas être: des auxiliaires
incontournables

Contrairement au français, à l'anglais..., le


népali n'a pas d'auxiliaire avoir, mais il existe un
verbe auxiliaire être. Toutefois le verbe être
( infinitif: s:! hunu) présente un certain nombre
de particularités. Il peut être d'une part conjugué à
tous les temps comme n'importe quel autre verbe
et ses déclinaisons sont régulières, comme le
montrent ces tableaux de conjugaison. D'autre
part, il possède deux formes particulières,
conjuguées uniquement au présent et que nous
appellerons respectivement: l'auxiliaire ~ cha et
l'auxiliaire m ho. Généralement, le choix de l'une
ou l'autre de ces formes est dicté par le contexte,
chaque forme portant un sens différent. Mais
parfois l'une ou l'autre peuvent s'employer
indifféremment.

abréviation ~o ~o, prao pu. lift. 'premier homme', correspondra à la


3èmepersonne,~..o~ madhyam puru~ abbrévié J{o ~o ma. pu.
lift. 'homme médian', à la 2ème personne).

93
L'auxiliaire fi" cha22

~ërtR ~ërtR
Sin ulier Pluriel
~~t!,
1ère ers. chu chaü
~~~2èmeers. chas chau
~~~tJ tJ~
3ème ers. cha cha n
- Forme
G .olitesse d~ ~"1iJ,~
hunuhuncha I

La forme de politesse, invariable, correspond


aux pronoms personnels ëPnt tapaI ~'l"Tt6~
~
tapalharu
- <:!6Tyaha-
'" -
~515,{> yahaharu
'" - \361 uha- \j515,{>
'" '"
- -
uhaharu.
\351 s:!srU t
uh~ hunuhuncha?
Il est là ? (En référence à une personne vouvoyée)

La forme la plus employée est celle de la


troisième personne du singulier: tJ chao La
première personne du singulier ~ chu est assez
souvent utilisée, la troisième personne du pluriel
"EJô'f,chan plus rarement (et uniquement s'il s'agit
d'êtres vivants) et les autres formes presque
jamais.

22 La conjugaison de l'auxiliaire ~ cha est basée sur une racine qui


lui est propre et que l'on ne retrouve dans aucune autre conjugaison.

94
A - La notion de possession s'exprime avec le
verbe / auxiliaire U cha, de deux manières
différentes:

a) De manière générale, c'est le génitif qui sera


employé, dans une forme qui donne, en
traduction littérale: De moi cette chose est (pour
dire: je possède cette chose).

~tRt9 .~IdlCf>1
' ~ t9
mero ghar cha gl...-
tako pasal cha
J'ai une maison. Gita a un magasin.

~ ~Cf>\1j-11 uWt t9
mero ekjana chort cha
J'ai une fille.

~ Ejuq15'<1 t9
usko baccaharÜ cha
Il a des enfants (en bas âge).

ff)dlCf>!ëpf<1~ t923 ?
sltako kati kitab cha ?
Combien de livres a Sita ?

d41~Cf>'1~ t9 ? \WPT~ t9 ?
tapaIko biralo cha ? usko sabai cha !
Vous avez un chat? Il a tout (ce qu'il faut, ce
dont il a besoin...) !

23 L'adjectif interrogatif Cf)fçrkati (combien) peut également être


complété par la postposition dite "de classification" (voir la chapitre
sur les marqueurs) la phrase devenant alors : ~ ~ ~ -g ?
sltako katiwata kitc1b cha ?

95
b) Toutefois, si la chose possédée est portée par
le possesseur, la phrase peut-être du type: cet objet
est avec moi (pour dire: j'ai cet objet). Cette
forme, assez courante, est notamment très utilisée
à Darjeeling. "Avec" est indiqué par le suffixe ~T[
saga. Le suffixe ftrft sita a la même valeur et est
parfois utilisé:

~ fcmmru
masanga kitab cha
J'ai un livre (dans ma poche ou ma main).

~ tRrru
usanga paisa cha
Il a de l'argent (sur lui).

~RRkl~~U
harisita ek mohar cha
Hari a une pièce de 1 mohar (cinquante paisas)24.

B - L'auxiliaire U cha est également employé


dans des phrases contenant une notion de lieu,
d'une chose ou d'un être se trouvant quelque
part:

~~U
rI ta gharma - cha
Rita est à la maison (est chez elle).

~'1~~ <mT~
dindinai yaha chu
Je suis ici tous les jours.
24Le mohar est une ancienne unité de monnaie valant 50 paisas (la
moitié d'une roupie). Elle est encore utilisée couramment pour indiquer
50 paisas (ek mohar), 1 roupie 50 ps (tin mohar) et parfois 2 roupies 50
ps (pac mohar).

96
3i-5,-511i1 -êPl ~ t~ t@r~
aqqama ko cha ? koh"fpani chaina
Qui est au bureau? Il n'y a personne.

C - On trouve assez souvent l'auxiliaire ~ cha


après un adjectif :

1Nr ifitqr ~.- ~ -


mero bagalca tItulo cha
Mon jardin est grand G'ai un grand jardin)

~~Ict>'1 W1T
..:>
~ ~
baccako luga mailo cha
Le vêtement de l'enfant est sale.

1Nr ~~ct>I'< ~
-.,. - .,.~
mero sUClkar ganb cha
Mon tailleur est pauvre
(il ne peut pas être riche partout ...)

Certaines expressions utilisent ~ cha:

ëftq)~
th"fk cha
Ça va.

A ne pas oublier, l'expression utilisée


plusieurs fois par jour et sans laquelle le népali ne
serait pas le népali :

xm't~
ramro cha
C'est bien (c'est beau, etc.)

97
Négatif de '9" :

Le négatif de l'auxiliaire g cha se conjugue


théoriquement à toutes les personnes.
Toutefois, les deux seules formes
véritablement utilisées sont \tif chaina dans le
cas général et la forme de politesse '11,..;:r
"
hunuhunna.

~~tfffit@r~
masariga ek paisa pani chaina
Je n'ai pas un seul centime sur moi (je n'ai pas
d'argent du tout).

~ ëf)(i511 ~
usariga kalam chaina
Il n'a pas de stylo.

m 4'{1~~13fl\jf qtf ~
yo pasalma aja dhüp chaina
Il n'y a pas d'encens dans ce magasin aujourd'hui.

~~
uha hunuhunna
11/elle n'est pas là (forme polie).

Et, à ne surtout pas oublier:

mir~
ramro chaina
Ce n'est pas bien (ce n'est pas beau, etc.)

98
A titre informatif, pour les rares fois où elles se
présentent, voici le tableau de toutes les formes du
négatif de U cha:

-qëPëfiA ~ëfiR
Sin ulier Pluriel
\nïl1
~1ère ers. chaina chaina U
~~2ème ers. chainas chaina u
)l~~
3ème ers. chaina chainan

Forme de polltesse 9."1~"'


I I
hunuhunna I

99
L'auxiliaire gt ho25

~CRR ~CRR
Sin ulier Pluriel
\TIf1f
~1ère ers. hü haü
~~~W W
2ème ers. hos hau
~~~W I~
3ème ers. ho hun

La seule forme vraiment employée est celle de


la troisième personne du singulier m ho. Elle sert à
toutes les personnes du singulier et du pluriel
dans le langage commun. La troisième personne
du pluriel est parfois, mais rarement, employée.
Cet auxiliaire m est essentiellement utilisé
pour définir les choses ou les personnes:

mrJ>m? m~m
yo ke ho? yo cakku ho
Qu'est ce que c'est? C'est un couteau.

mënTm? m~m
yo ko ho? yo ram ho
Qui est-ce? C'est Ram.

25 Contrairement à l'auxiliaire -g cha dont la racine ne peut être


confondue avec aucune autre, l'auxiliaire 6) ho est construit sur la
même racine que l'infinitif du verbe être SJ hunu mais possède des
formes conjuguées qui lui sont particulières. Certaines de ces formes
sont très proches de celles du subjonctif du verbe SJ hunu mais ont un
sens totalement différent.

100
- -
dLjI~CP'1 'Wf ëf> m
tapalko nam ke ho ?
? -,wr "Wf ~ m ?
mero mm syam ho
Quel est votre nom? Mon nom est Shyam

'dprr~ ~ m
yo manche chetri ho
Cette personne est Chetri (qui appartient à la caste
des Kshatriya).

Il existe de nombreux emplois de l'auxiliaire


~) ho qui se confondent avec ceux de l'auxiliaire
U chao Dans les exemples qui suivent, l'utilisation
de l'un ou l'autre des deux auxiliaires est courante
et le sens est le même dans les deux cas. (L'emploi
de U cha est peut-être un peu plus répandu).

~ "410)U ou ~~m
khana mlJl10cha I khana mltho ho
La nourriture est bonne.

m~mITU" ou m~mITm
yo manche ramro cha I yo manche ramro ho
Cette personne est très bien (gentille, bonne...)

dLjI~CP'1
~ ~ U"
tapa1'ko khet thulo cha
ou
dLjI~CPÎ~ ~ m
tapa1'ko khet thulo ho
Votre champ (rizière) est vaste.

Négatif de en ho:

De même que pour U" ch a, le négatif de


l'auxiliaire m ho se conjugue théoriquement à

101
toutes les personnes, mais la seule forme
couramment utilisée est ~ hoina (prononcer
en séparant le i du 0, hoïna, ou en écrivant
phonétiquement lIoyena")

m ~ ~, 31cPT~jQh1. ~
yo kitab hoina, arko dinuhos na26
Pas ce livre-là, donnez-moi l'autre.

Un sens courant de ~ hoina est: non! En


effet, le népali ne possède pas d'adverbe de
négation et cette fonction est remplie
généralement en reprenant dans la réponse la
forme négative du verbe de la question:

lfiffi XCRtT
~ ? ft)fu
g'Ita raks'I piücha? piüdaina
Gita boit de l'alcool (de riz) ? Elle n'en boit pas.

Mais il est également courant de répondre


simplement par ~ hoina :

lfiffi XCRtT ~ ? ~
g'Ita raks'I piücha? hoina
Gita boit de l'alcool? Non

Ou encore, ~ hoina est inséré de manière


emphatique:

lfiffi ~ ~ ? ~,~
g'Ita raksl piücha? hoina, piüdaina
Gita boit de l'alcool? Non, elle n'en boit pas.

26 La particule ';f na est un phatème.

102
A titre informatif voici le tableau de toutes les
formes du négatif de m ho:

~~~~Sin
ulier Pluriel
~~~1èreers. hoina hoinâ U
lfèZIl1
~~~2ème rs. hoinas hoinau
1;l~
~~~3èmeers. hoina hoinan

Le présent-futur

L'un des temps les plus couramment utilisés


est le présent qui est formé par suffixation à la
racine verbale de la forme conjuguée de
l'auxiliaire U" chao Les verbes se conjugueront
légèrement différemment selon que leur racine se
termine par une consonne ou une voyelle.

Formation

- La racine se termine par une consonne:

C'est le cas le plus simple. La formation est la


suivante:

Racine verbale + auxiliaire ITcha

Exemple: le verbe 1f1 garnu (faire)

103
~~EI1l
~Sin ulier Pluriel
\TIfI1
~-=t
~1ère ers. garehu garehaü
l=J~ ~~~~1J
2ème ers. garehas garehau
~11.1l=J ~~~if.
3ème pers. gareha garchan

- La racine se termine par une voyelle:

La formation est semblable au cas précédent,


mais de plus une nasale est insérée entre la racine
et l'a uxiliaire :

Racine verbale + nasale + auxiliaire FI cha

Exemple: le verbe UT"! khanu (manger)

~q=q;:r EI1l q=q;:r


Singulier Pluriel
\TIfI1 ~U'T~ U'Y-;'
1ère ers. khanchu khanehaü
~~U'J';-tRt.. U'T-;'
2ème ers. khanehas khanehau
>f~p:f ~U'T-;'1J U'Y-;'~
3ème ers. khaneha khanehan

La nasale est généralement écrite de manière


distincte, comme dans l'exemple cité:
kha-n-cha ~ / ja-n-cha \JfFff...

104
Toutefois, dans le cas où la racine se termine
par 3ffij au, c'est la dernière voyelle, c'est à dire \3"u,
qui est nasalisée:
aücha 3ffiTI9, paücha ~ ...
c) Forme de politesse:

Elle est invariable et est formée par


l'adjonction de s~g huncha au verbe à l'infinitif :

Infinitif + ~;:u huncha

Exemple: le verbe"\1lT1 janu (aller) :

Forme depoiitesse VTT"1~rg


I I januhuncha

Emploi

a) Le présent marque en général des actions


habituelles.

~~
ma khanchu
Je mange (selon le contexte: je mange - tous les
jours à midi par exemple - ou, de manière
générale, j'en mange...).

cm VTR9
tyo jancha
Il part (ou: il y va...)

m~~~~
yo aphis das baje khulcha
Ce bureau ouvre à dix heures (tous les jours).

105
~ 1ffij ~
syam masu khancha
Shyam mange de la viande ( dans le sens de : il
n'est pas végétarien).

61~Î6,() ~41(,)~1 ~
haDÙharU nepalma baschaü
Nous habitons au Népal.

~ ~ Eltjs~ ?
tapaI kaha basnuhuncha ?
Où est-ce que vous habitez?

b) De plus, en népali comme en français, ce


temps peut également avoir une valeur de futur.

.~ ct>lo~li1 ~
bholi kathmac!aü janchu
Je vais à Katmandou demain.

Négatif

Formation

Les verbes se conjuguent théoriquement à


toutes les personnes du singulier et du pluriel.
Toutefois, ici encore, et peut-être plus encore, la
seule forme couramment employée par le
locuteur moyen est celle de la troisième personne
du singulier.
a) La forme la plus commune de négatif est
constituée de la racine verbale à laquelle est ajouté
le suffixe ~ daina :

Racine + t dai + rr na

106
~ '~ '1
I{Sjl
gardaina kholdaina
III elle ne fait pas III elle n'ouvre pas

\Jfr~-;::r ~
jandaina pardaina
III elle ne part pas Ce n'est pas la peine.
(n'y va pas...)

Les désinences varient normalement avec le


genre et le nombre. Ces variations ne sont pas
respectées par tous les locuteurs, mais voici
malgré tout le tableau de conjugaison donnant
toutes les formes (noter ~ di au lieu de ~ dai à la
première personne du singulier) :

~CffR ~CffR
Singulier Pluriel
~~Tffcf-;::r ~'
1ère pers. gardina gardainaü
,......- . ...... m....._
.,~~
~~~f--'~
2è.~e pe!~~ gardai~.~~ gardainau
~~..............
>f~ ~~-;::r
3ème pers. gardaina gardainan

De même que pour l'affirmatif, les racines


verbales se terminant par une voyelle ont une
formation légèrement différente: la voyelle finale
est nasalisée:

~-;::r ~
hûdaina
khâ' daina
il! elle ne (n'en) mange pas. On ne peut pas, ne
doit pas...

107
Toutefois, si la racine se termine par une
consonne sourde (voir tableau de l'alphabet
devanagari), ~ dai doit être remplacé par (f tai :
~ ~
bastaina uthtaina
11/elle ne reste pas. Il/elle ne se lève pas.

b) Il existe une autre forme ayant exactement la


même valeur mais employée plus rarement et
seulement pour des verbes d'usage commun dont
la racine se termine par une voyelle. Elle est
formée par ajout à la racine de la nasale n et du "'l
suffixe de négation Tl na :

Racine + nasale + rr na
Exemples:

"&Fr \rlT..., s~
khanna janna hunna
Je ne mange pas. Je ne vais pas. Je ne suis pas

Seules les formes (identiques) de la première et


de la troisième personne du singulier sont
couramment utilisées:

~êfiFf ~êfiFf
Sin ulier Pluriel
\TIf1=[ ~\JfT~ \jffn:ft
1ère ers. .-anna .-annau-
11~ 1J~ "GTFTf( \jffn:ft
ja~
.-annau
....1.~!!'~!.!~.:..~....
~2P1 ~\jff~ \11T4
3ème ers. .-anna .-annan

108
c) Forme de politesse:

Elle est invariable et est formée par


l'adjonction de ~ hunna au verbe à l'infinitif :

Infinitif + s"f hunna

Exemple: le verbe \1ffj janu (aller) :

Forme de politesse \iJT~


i"'"
januhunna
I I

Emploi

31T\Jf3j flb'<i~ I \JjI:!S 0Tj ? \JfFf


~
- --
tapaI aja aphisma januhunna? janna -
VOUS n'allez pas au bureau aujourd'hui? (Non),
je n'y vais pas.

ïm:ITtm1 3j1~dql'< ~(,)~I ~


hamro chon aitabar skülma jandaina
Notre fille ne va pas à l'école le dimanche.

Vous avez dit infinitifs?

Contrairement au français, il existe plusieurs


infinitifs en népali. Celui sous lequel les verbes
sont entrés dans les dictionnaires est la forme en i
nu déjà signalée:

Racine + J nu

Trois autres formes d'infinitifs existent


également. Tous sont formés de la racine

109
augmentée de l'un des suffixes suivants: ;:yna, ;:yy
na, ~ nai :
Racine + ;:rna
Racine + rrrna
Racine + ;f nai

Exemples: la racine verbale W kha (du verbe


manger) possède quatre infinitifs qui sont ~T:r,
khanu, ~ khana, ~ khana, ~ khanai.
De même pour la racine ~ di (du verbe
donner) : ~ dinu, ~ dina, ~ dina, ~ dinai.

Par contre, comme en français, il n'y a pas de


forme particulière pour le négatif et tous les
infinitifs sont invariables.
Dans la majorité des cas où nous utilisons un
infinitif en français, on trouvera également l'un
des infinitifs en népali. Seuls quelques cas
correspondent à un usage idiomatique.
Parfois, l'infinitif en ;:y na ou l'infinitif en nu
"1
peuvent être employés indifféremment, la phrase
ayant le même sens dans les deux cas. Parfois, c'est
l'un ou l'autre des infinitifs qui doit être utilisé, à
l'exclusion de tout autre. Les exemples ci-dessous
donnent un aperçu de l'utilisation des infinitifs
en népali.

Infinitif en 3 nu
Il s'agit de la forme sous laquelle le verbe est
généralement désigné: entrée de dictionnaire, de
lexique, de glossaire...

110
a) Cet infinitif, rencontré dans les chapitres
précédents, est employé dans les conjugaisons
lorsqu'il s'agit des formes de politesse:

~~?
tapaI khanuhuncha?
Est-ce que vous voulez (en) manger?

b) Un emploi très courant est celui de l'infinitif


en:! nu suivi d'une forme conjuguée du verbe ~
parnu à la troisième personne du singulier (à
l'affirmatif ou au négatif), le tout normalement
réuni en un seul mot. Généralement, le sujet de la
phrase est omis27. Cette formulation indique une
action à faire, une recommandation, une nécessité
ou une obligation:

t:RfTI ~
X"j '-nt
gharma basnuparcha
Il faut rester à la maison.

Selon le contexte, cette phrase pourra également


signifier: il faut que vous restiez à la maison; il
faut que tu restes à la maison; il faut qu'il/elle
reste à la maison; il faut que nous restions à la
maison.. .

La même idée peut également, bien que plus


rarement, être formulée en précisant le sujet de la
phrase, en étant donc personnalisée. Ce sujet peut

27 Lorsque le sujet de la hrase est exprimé, il peut l'être soit au


nominatif, soit à l'instrumenta, f. sans changement de sens. L'accusatif est
plutôt employé exclusivement lorsqu'il s'agit d'un verbe intransitif.
Lorsque le verbe est transitif, l'accusatif s'applique plus naturellement
au complément d'objet.

111
prendre indifféremment l'une des trois formes
suivantes (nominatif, accusatif ou instrumental) :

fd+f) tffI1T ~
...
tinu gharma
-'<"jbasnuparcha
4J

ou
Id ~I (') I~ tffI1T ~ tj 4 J
tim'IlaTgharma basnuparcha
ou
~ ...
tffI1T ~'(-j 4 J
-
timtle gharma basnuparcha
Tu dois rester à la maison

Ces remarques s'appliquent à tous les exemples


suivants.

. ë&\:1 f4 'd 'j, 4 J \I11'j,4J


düdh piunuparcha januparcha
Il faut boire du lait. Il faut partir.

~ ëf)l11 ~
3@r q) TI~ ~
pahila kam garnuparcha, ani po ta paisa paincha.
Il faut tout d'abord travailler et seulement alors
on gagne de l'argent.

~ <iT<rn1 ? Tf'j-crm
kina yo garyo? gamuparyo
Pourquoi avoir fait cela? Parce qu'il fallait le faire.

c) L'infinitif en 'j nu est employé devant 31TfT"tT


agat'I et ~ ~ bhanda agatT, deux formulations
qui signifient: avant, avant de.

3IT\J'j~
- ~- -...~ ~ Tf1qu
aunubhanda agap dailo banda gamuparcha.
Il faut fermer la porte avant de venir.

112
Infinitifs en rr na

C'est un infinitif employé couramment. On le


rencontre notamment dans les fonctions du nom
ou de complément de nom. Il peut être utilisé
dans de nombreux actes de parole. Étant invariable
comme tous les infinitifs, il est d'un emploi facile
et son utilisation est recommandée au débutant
chaque fois qu'elle est possible.

a) Il apparaît dans des phrases du type: c'est


bien de ..., il est agréable de..., c'est notre devoir
de... Dans ces phrases, l'infinitif en ., sera traduit
en français également par l'infinitif.

~ wrr X~I~M'IWU
sang!t sunna ramailo huncha
Il est agréable d'écouter de la musique.

3R>~ 1fGëf .,--;:fxniT t9


arÜlaI madat garna ramro cha
C'est bien d'aider son prochain.

\iWf 1-FGf~ ïh1


jana bhanda basna bes.
Il est préférable de rester plutôt que de partir.

~~ ~ql\j'1 31f11TëPT
~ m
baccalaI khuwauna amako kartabya ho.
Nourrir son enfant est le devoir d'une mère.

Dans les exemples ci dessus, l'infinitif en j nu


peut être utilisé à la place de l'infinitif en ., na sans

113
altérer le sens28. Ainsi, il est aussi correct, bien que
moins fréquent, de dire:

x=Mm ~ '<111~(')ÎWU
sang1t sunnu ramailo huncha

3Rï~ 11Ga 7T1 xmT U"


arÜlaT madat gamu ramro cha

~1-R1~~
janu bhanda basnu bes.

~~I~~ ~ql'd'
baccalal khuwaunu
~ amako~ kartabya
51
ho.

b) L'infinitif en ., na est utilisé afin d'indiquer


un objectif, une raison à l'action, là où en français
nous utilisons la préposition pour ou l'expression
afin de suivie de l'infinitif.

Dans ce type de phrases, le népali peut utiliser


le sujet à la forme nominale (sans désinence) ou
éventuellement l'accusatif (suffixe ~ lai) ou
encore le datif (suffixe ëp) <'ITfTr
ko lagi). Il ne s'agit
que de formes alternatives et le sens est le même
dans les trois cas.

28En fait, l'infinitif en ";f na vient d'une déformation dans la


prononciation de celui en J nu. Au début du siècle encore, la forme en ";f
na n'était qu'une forme dérivée à peine acceptée. Maintenant elle
s'impose comme forme autonome et tend même à supplanter la forme en J
nu en J'excluant.

114
1fKrT~ fcpn:r ~ TJ<ir
gTta phariya kinna bajar gayo.
ou
1fKrT~ ~'"'"1<11~ ~ TJ<ir
gTta phariya kinnalaI bajar gayo.
ou
1fKrT~ ~'"'"1CP'1
~ ~ TJ<ir
gTta phariya kinnako lagi bajar gayo.

Les trois phrases signifiant:


Gita est allée au bazar pour acheter un sari.

c) Un certain nombre d'expressions utilisent


l'infinitif en ;:r na, à l'exclusion de toute autre
forme d'infinitif.

- Les plus souvent employées sont des


expressions où l'infinitif est suivi du
verbe/ auxiliaire S1 hunu (être), conjugué à la
troisième personne du singulier, affirmatif ou
négatif: WU huncha (négatif : ~ hundaina). Ce type
d'expressions est utilisé pour demander s'il est
possible ou souhaitable d'accomplir telle action
(est-ce qu'on peut faire ceci?..) ou au contraire
pour indiquer qu'il faut l'éviter (au négatif).

Exemples:

~~WU?
4hoka kholna huncha ?
Peut-on ouvrir la porte?

-m~~
yo bhanna hundaina
Il ne faut pas dire cela.

115
tRlTI \JiR ~ ?
gharma jana huncha ?
On peut aller à la maison?

- L'infinitif en ";'fna apparaît


aussi dans des
phrases contenant le verbe/ auxiliaire ~ lagnu
(affirmatif présent ~ lagcha, négatif présent
~ lagdaina, affirmatif parfait ~ lagyo) ou des
expressions contenant ce verbe. Ce verbe aux
significations multiples est intraduisible en
français. De nombreuses expressions l'utilisent:

~616flè ~
...
yahabata
- QJfçr~. ~ - ?
- gau-.\J'j1'1C"iI~-r
janalal kati ber lagcha ?
Combien de temps faut-il pour aller d'ici au
village?

461~j.j1
~ ~ ,<j.jI~C"il
~ _. _
paharma ghumna dheral ramallo lagcha
Quel plaisir de se promener dans les montagnes.

~ -r... -
lfuf TJT\R -- ~,<j.jI~C"i1
malal glt gauna ramailo lagcha
J'aime bien chanter.

~~iR~?
tapai-r parhna man lagcha ? -
Vous aimez lire? (ou: vous aimez étudier ?)

"lITëgXT~ mr) ~
yo kura sunna ramro lagdaina
Ce n'est pas bien d'entendre cela (dans le sens de :
ce n'est pas bien de dire cela, que quelqu'un dise
cela).

116
~ 1=f-1 ~ ?
khana man lagyo?
Vous voulez manger?

- L'infinitif en rf na est utilisé avec les verbes


~ saknu (pouvoir, être capable de) et "CffiJj paunu
(obtenir). Ces deux verbes, employés dans des
expressions utilisant l'infinitif en rf na, expriment
des idées proches: pouvoir faire quelque chose (ou
être dans l'incapacité de faire cette chose si le verbe
~ saknu ou ~ paunu est au négatif)29.
De manière complémentaire, le verbe ~ dinu
(donner), employé avec l'infinitif en rf na, a le sens
de laisser faire quelque chose, permettre à une
action de s'accomplir, ou au contraire l'empêcher
si le verbe ~
dinu est au négatif.

Le sujet est à l'instrumental (suffixe ~ le) dans


le cas d'un verbe transitif si, et seulement si, le
verbe ~~ saknu, qr\j"j paunu ou ~
dinu est au
parfait.

~~<R~?
ramie ke garna sakyo ?
Qu'est-ce que Ram a pu faire? (pour se sortir de
cette situation)

29La différence résidera parfois dans le fait que le sujet de l'action


peut ou ne peut pas faire l'action de lui-même dans le cas de ~ saknu
(il en a les capacités physiques ou l'envie) alors qu'il s'agira plutôt d'un
facteur extérieur (permission) dans le cas de ~T~ paunu. Ces
distinctions ne sont toutefois pas systématiques, surtout dans les formes
affirmatives.

117
~~~~
usle jawaph dina sakena
Il n'a pas pu répondre.

Dans les autres cas le sujet est au nominatif


(cas général).

ëplSUf (,[f\jff El\J111j.-J ~


"
krilll}abaja bajauna sakcha
Krishna sait jouer de la musique.

<TI~ cb~ 4Pt -rR Xlët-çA-


yo bekamma kehTpani garna saktaina
Ce bon à rien ne sait rien faire.

~ ... --kam -rRgarna,{i~.-J1.


q)fl1
umharu saktainan
Ils ne savent pas travailler.

~~~?
kahile khan a pauncha ?
Quand est-ce que l'on peut manger? (que l'on
obtiendra à manger)

3TI\Jf<:f5TXj~ x~ \JfA ~
aja yaha sutnuparcha ra bholi jana pauncha
Il faut dormir ici aujourd'hui et demain il sera
possible (permis) de partir.

~~ ~ ~IXI<1I~
mx \JfA ~
syamle uskl chorrIar sahar jana diyo
Shyam a permis à sa fille d'aller en ville.

118
m ~ lTIi x ~ ëJ>T11
Tf4 ~
- -
~
....-
yo bacca hall a garcha ra mala! kam garna dindaina
Cet enfant fait du bruit et m'empêche de
travailler.

Des phrases construites de la même façon sont


rencontrées, mais moins fréquemment, avec les
verbes ~ thalnu (commencer) et chotn u ~:x
(arrêter, ne pas insister) :

~dlCPI 001 ~lIf~~f{g ~ ~ ~


sTtakochora bholidekhi curot piuna chorcm
Le fils de Sita arrête de fumer dès demain.

- Parmi les verbes les plus employés


pouvant conduire à l'utilisation de l'infinitif en "f,
il est possible de citer encore ~ cahanu (désirer) :

if c:rGJ \ifR~
matarhajanacahanchu
Je veux partir loin.

d) De manière plus générale, l'infinitif en "f na


est utilisé comme objet d'une proposition:

if~M~
-'"
ma uslal herna janchu
Je vais le voir.

Infinitifs en ryrna

L'infinitif en "fT na est utilisé uniquement avec


certains suffixes. Il s'agit en réalité d'une forme
dérivée de l'infinitif en :! nu, un radical sur lequel
la suffixation s'opère. Par exemple, sur le verbe

119
~ janu (aller), on obtient les dérivés suivants:
\I11'iI,{il~janasath (tout en partant, ou aussitôt parti),
~ janale (en allant, par le fait d'aller), \1fFHq)T
m janako lagi ou \I11'ilcnl~ janako nimti (dans le
but d'aller)...

~ ~~'iI~I~ ~
khat pugnasath sutyo
Il s'est endormi juste en arrivant au lit.

~~ëWf<mTx ~~ / ~~3TRfJf~
usle dherai kam garyo ra thakai lagyot tyaso hunale aram
gamuparyo
Il a beaucoup travaillé et est fatigué. C'est
pourquoi il a dû (ou il doit) se reposer.

Infinitifs en 4'nai
Cette forme est essentiellement utilisée pour
mettre l'accent, insister, sur une action à faire, à
éviter absolument ou que l'on ne réussit
vraiment pas à accomplir:

<it ~ ,
Cf 4G~4J
yo kitab ta pathnai parcha
Il faut absolument lire ce livre.

~ m ~ ~ <fuf~ ~
3TTëfT\1f
thuprai awaj garera usle malar glt sunnai diena
Avec tout le bruit qu'il a fait, il m'a vraiment
empêché d'entendre le chant.

120
Le parfait ou l'action accomplie

Formation

a) La troisième personne singulier de ce temps


du passé est formée, à l'affirmatif, par l'adjonction
du suffixe m yo à la racine verbale:

Racine + l/! yo

Exemples : ~ khayo (du verbe ~ manger),


~ basyo (du verbe iR1jbasnu, habiter ou rester)...

Cette troisième personne du singulier est très


souvent employée, fréquemment à la place des
autres personnes, bien que des déclinaisons
différentes existent selon la personne et le
nombre. Le féminin possède une forme spéciale
optionnelle à la troisième personne du singulier
uniquement. Cette forme est elle aussi peu
utilisée.

b) Le négatif est formé avec le suffixe ~ ena :

Racine + vrr ena

Exemples: (du verbe


Tf~';f garena or1 garnu :
faire) ; ~ khaena (du verbe œ:! khanu : manger)...

Voici le tableau complet de la conjugaison du


verbe œ:! khanu au parfait, forme affirmative:

121
~qypf ~qypf

Singulier Pluriel
\3'ffI'! ~Masc.
~~1èrepers. +Fém. khaé khayaü
~~Masc.
~~2ème pers.
+Fém. khais khayau
~~œm
~3ème pers. Masc. khayo khae

Fém.
~khaT

Conjugaison du verbe 111 garnu (faire) au


parfait, forme négative:

Genre ~ëfiFf
~~Sinulier Pluriel

1ère ers.
~~Masc.
+Fém. garina
. ~~'
garenau
.
~~Masc. 1TfRf(
~2ème ers. +Fém. garinas garenau

~~~3ème
pers. Masc.

Fém.

Le féminin du négatif (troisième personne)


comme celui de l'affirmatif, est optionnel.

c) Verbes irréguliers:

Ces désinences sont valables pour tous les


verbes sans exception, mais les quelques verbes du
troisième groupe (terminaison de la racine en 3H\3"

122
au; 31a ; \3 u et le verbe "GITj janu) utilisent un radical
différent de celui utilisé pour le présent (voir le
paragraphe d'introduction sur les verbes). Ce
radical, que nous rencontrerons dans d'autres
conjugaisons, est appelé radical secondaire par
opposition au radical utilisé pour le présent,
appelé radical primaire (celui sur lequel l'infinitif
est construit). Les principaux verbes irréguliers,
avec leurs formes affirmatives à la troisième
personne du singulier du parfait, sont donnés
dans le tableau ci-dessous:

Verbe à Sens Radical


l'infinitif énéral secondaire
~Aller 7"[-
am a- a 0
31Nj Venir 31T-
aunu a- a 0
~Etre 1-1-
~hunu bha - bha 0
~Obtenir ~-

~Envoyer

Laver (le
linge)
Oublier
birsanu birs - birs 0

Comme on peut le constater, les différences


sont légères et ne nuisent pas à la compréhension.

d) Forme de politesse:
Elle est invariable et est formée par
l'adjonction du verbe être, troisième personne du

123
singulier du parfait (~ bhayo à l'affirmatif, ~~.,
bhaena au négatif), au verbe à l'infinitif :

Affirmatif: Infinitif + '11fl bhayo


Négatif: Infinitif + ~ bhaena

Exemple: le verbe ~ janu (aller).

Affirmatif - vous êtes allé(e) ou il/elle est


allé(e) au sujet d'une personne que l'on vouvoie:

Forme de politesse \ifT~


"1J~
I I
Fnubhayo

Négatif - vous n'êtes pas allé(e) ou il/elle n'est


pas allé(e) pour une personne que l'on vouvoie:

Forme de politesse \ifT~"V~


janubhaena

e) Cas du sujet: lorsque le verbe est transitif, le


sujet est à l'instrumental.

L 'auxiliaire ~ thiyo
Le verbe être possède une autre forme très
utilisée dans plusieurs autres temps du passé (à
comparer avec nos auxiliaires dans le plus-que-
parfait français par exemple). Le radical ~ thi
utilisé n'est rencontré que dans cette forme. C'est
pourquoi il est judicieux de le considérer comme
un auxiliaire isolé30.

30 CfT. W. Clark "Introduction to Nepali", p. 100.

124
"![<I>~ 'Il~
Singulier Pluriel
\'ffi+f ~Masc. ~~~"ll'
1ère pers. +Fém. thié thiyaü
~~Masc.
~~~~2èmepers.
+Fém. thiis thiyau
~~~"ll)
~~3ème pers.
Masc. thiyo thie
Fém.
~thiT

Le négatif est régulier : ~ thiena (3è pers.


sing.), etc...
Emploi

Le parfait est un temps très utilisé en népali. Il


marque une action passée mais pas
nécessairement terminée. On le rencontre
souvent là où en français nous utilisons le passé
composé.

~~~lf<iqID? ~lf<iqID
usle tyo natak man paryo? dherai man paryo
Il a aimé cette pièce Il a beaucoup aimé.
de théâtre?

~ -ci> 1Fj~ ? tf<;5~ -~


tapaIIe ke bhannubhayo ? maile nepal hü bhané
Qu'est ce que vous J'ai dit que j'étais
avez dit ? népalais.

Mais il arrive aussi qu'il corresponde à un


emploi du présent en français, surtout dans des
usages idiomatiques. En effet, lorsqu'une action a

125
débuté, même si elle est en train de se dérouler, le
népali utilisera souvent le parfait. Par exemple:

\Jj1'j4~Î
januparyo
Il faut partir (le moment de partir est déjà
arrivé)31.

qr;ft -ern)
-
pam
...
paryo
Il pleut (litt. l'eau est tombée). Le début de la
pluie est un moment du passé, bien que la pluie
continue à tomber...

1ffil ~ ? l:fTcA
bhat pakyo? pakena
Le riz est cuit? Il n'est pas cuit.

1ffil~ ? ~
bhat pugyo ? pugyo
Il Y a assez de riz? C'est suffisant (indique que
l'on a assez de quelque
chose).

Enfin, il faut signaler certains emplois très


courants du verbe être au parfait:

~~? ~~4~ ~
ke bhayo ? kehTpani bhaena
Qu'est-ce qu'il y a ? Il n'y a rien.

31 Cette expression peut également être formulée au présent : ~


januparcha. Le sens est très proche. Toutefois, au parfait, l'idée qu'il
faut vraiment partir maintenant est plus forte que dans le cas du
présent, où un petit répit peut éventuellement être accordé avant le
âépart. Le présent peut aussI simplement marquer une idée plus générale
non nécessairement suivie d'effet.

126
(qu'est-ce qu'il se passe ?)

~! mqm~
bhayo !
~
-
yo kura bhayo
assez! (ça suffit !) ce sujet est clos.

~~ à différencier de ~~
jaro bhayo jaro thiyo
Il fait froid (c'est devenu froid) Il faisait froid.

~~ mr)~
abela bhayo ramro bhayo
Il est tard. C'est bien (c'est devenu bien)

Des formes impersonnelles très utiles

Les formes impersonnelles jouissent d'une


grande faveur en népali parlé. On peut rappeler le
fait d'employer la forme de la 3ème personne du
singulier pour une autre personne du singulier ou
du pluriel, comme cela s'entend couramment,
fût-ce incorrect. Ceci relève de ce que l'on pourrait
nommer "un réflexe d'impersonnalisation".
A côté de ces glissements, nous avons vu les
emplois nombreux, et tout à fait corrects cette fois,
des différentes formes d'infinitifs, tant dans la vie
courante qu'en langue soutenue. Il existe d'autres
conjugaisons très employées où le verbe est hors
de toute catégorie de personne ou de nombre. Ces
formations permettent de s'exprimer facilement.
Elles sont donc particulièrement intéressantes
pour un nouvel apprenant de népali.

127
Un nom verbal de bonne compagnie

Parmi ces constructions, le nom verbal en -q ne


est particulièrement utilisé. Il s'agit d'un infinitif
formé par ajout du suffixe -q ne à la racine verbale:

Racine + rtne
Exemples:

oR ~ \JJÀ
game khane jane
(racine: faire) (rac. : manger) (rae. : aller)

Le négatif est formé en préfixant ~ na :


m ~ "'fGfR
nagame nakhane najane

Ce nom verbal a une valeur proche de celle du


présent-futur et est utilisé très couramment:

\JfÀ ffTir ënif ID ? ~ ~


~- -
balaJu Jane bato kaha.. ho? - \JfÀ-
tyaha.. bata jane
Quelle est la route pour aller à Balaju ? Par là.

~~~
khane bela bhayo
C'est le moment de manger.

mëWf~oR? ~oR
yo kam kahile game? bholi game
Quand allez-vous faire ce travail ? On va le
faire demain.

128
Cette forme est également très fréquemment
utilisée dans la langue populaire, pour une vérité
d'ordre général.
Dans les proverbes suivants par exemple:

'1\ifÀ ~ iJTit rf~


najane gaÜko bafona sodhnu .
Du village où l'on ne se rend pas, il ne faut pas
demander la route.

ëW1'À~~~~
kam game kale makai khine bhale
Celui qui fait le travail c'est Kalé, celui qui mange
le maïs c'est Bhalé.

Sans oublier l'expression entendue mille fois:

~'À?
ke game?
Que faire?

Un dérivé en i bien commode

Certains verbes possèdent une forme dérivée,


spécifique, qui ne se conjugue qu'à la troisième
personne du singulier. Cette forme coexiste
parallèlement à la forme de base qui est elle, par
contre, conjugable à toutes les personnes de tous
les temps et modes.

Le radical de cette forme dérivée est construite


par suffixation de ~ i à la racine:

Radical en i =Racine + f i

129
Les verbes du troisième groupe suffixent le ~ i
au radical secondaire.
Le nombre de verbes possédant un radical en i
est limité mais leur emploi est très répandu. Voici
la liste des principaux:

Sens général Verbe Radical en


à l'infinitif ~i
Obtenir ~~-

Vouloir

Oublier
birsanu birsi-
Etre ~m-
ca able de saknu saki -
Voir ~~-
dekhnu dekhi-
Laver (le ~1 ~-
linge) dhunu dhoi -
Faire 7fft -
ad -
Ecou ter
Entendre sunru suni -~~-
Ces radicaux en i, dont la conjugaison est
régulière, sont principalement utilisés au présent
et au parfait et ont surtout une valeur passive:

~ -q1r5~ ?
ke cahincha ?
Qu'est-ce que vous voulez? (ou selon le contexte,
qu'est-ce qu'il veut, tu veux, ils veulent ?...).

130
<T5T
..ffi\JIT ~
-.- Gift "'-.
yaha taJa dahl pamcha
Du yaourt frais est disponible ici.

m cnft1 wit ~ r&--tP


yo kati ramro dekhincha
Que c'est joli! ( ou : qu'il est beau. Zitt. : cela,
combien beau est vu )

3IT\Jf~, ~~
aja cahinna, hijo cahiyo
On n'en veut pas aujourd'hui, on en voulait hier.

~ 11f.1~r&~'1
kehT pani dekhindaina
On ne voit rien.

Le participe et ses secrets

Le participe passé 1ère forme

Le participe passé 1ère forme est d'un emploi


extrêmement courant. Il est formé par suffixation
de la désinence ~ eko à la racine:

Racine + vëtfl eko

~ -.Rëbl ~ ~ëbl
khaeko gareko dieko bhaneko
mangé fait donné dit

Les verbes du troisième groupe utilisent le


radical secondaire:

131
~ëp) ~ ~ 4(jI~en!
gaeko aeko bhaeko pathaeko
allé venu été envoyé

Le négatif est formé par le préfixe "'T


na :

rj ~.sll~en! .,-.Rëp) rj41~en! "'T~


nakhaeko nagareko nagaeko naaeko

La forme de politesse consiste à suffixer le


participe passé de être, 'q~cp) bhaeko, au verbe à
l'infinitif :

Wj~
khanubhaeko
\ifT1~
janubhaeko
~aunubhaeko
A l'écrit, les déclinaisons du féminin et du
pluriel sont différentes de celle du masculin
singulier: le féminin se décline en ~ ekT et le
pluriel en ~ eka . Ces distinctions ne sont jamais
respectées à l'oral.

~ ~ ~
aeko aekT aeka
venu venue venus
Le sujet est à l'instrumental lorsque le verbe
est transitif.

Emploi: Ce participe marque généralement -


de manière impersonnelle - une action révolue. Il
a de nombreux emplois: verbe principal, verbe
d'une subordonnée, usages idiomatiques:

132
~ tWIT ëp) ~ ? Xf11 ~
hijo gharma ko aeko ? ram aeko
Qui est venu à la maison hier? Ram est venu.

<TI CWf ~ "Wbl ? XI4~1~ "Wbl


yo kam kosle gareko ? ramesle gareko
Qui a fait ce travail ? Ramesh l'a fait.

Le participe de conjonction

Ce participe, moins fréquent que les formes


impersonnelles étudiées auparavant, est malgré
tout assez couramment utilisé. Il est formé par
suffixation de ~ era à la racine.

Racine + VVera

m ~~ ~ ~
garera kinera liera dekhera

Les verbes du 3ème groupe utilisent le radical


secondaire:

~ ~ ~ ~
aera gaera paera pathaera

Ce participe se rencontre sous deux autres


formes alternatives moins fréquentes ayant le
même sens. Les suffixes de ces deux formes sont t
Tet ~ lkana :

Forme en -.RI
tT
~
gan
Forme en ~ IX"ICP-i

tëp;f ikana garikana iiIkana

133
Le négatif est exprimé par le préfixe" na :

.,.m .,-rRI... '1


j
1-<) CP'1
nagarera nagan nagarikana

Emploi: Le participe de conjonction marque


une action achevée, mais la référence peut être
passée, présente ou future. Le sens général est:
"une fois terminée (l'action marquée par le
verbe)". On le rencontre généralement dans des
phrases à deux membres où il se trouve soit dans
la principale soit dans la subordonnée.
Le sujet, commun aux deux membres de
phrases, est à l'instrumental lorsque le verbe est
transitif.

~~~~I;;~ ...:>
sahar gaera aUfjadhi lyaüchu
Je vais en ville pour en amener des médicaments.
j
ëpTl1 tRn -
cP~ 1\:i ~ ?-
- '1 1-<)CP'1
kam nagankana
...
ënOO
...
kasan paisa kamaune?
Comment gagner de l'argent sans travailler?

tRn ~ 3ffm ~
paisa dekhera akha kholyo
Voir de l'argent l'a rendu envieux (litt. : ayant vu
de l'argent, ses yeux se sont ouverts)

Du participe présent

Ce participe possède deux formes couramment


utilisées. Le suffixe "GTda ou le suffixe ~ dai est
ajouté à la racine:

134
Racine + lfT da
Racine + t dai
Ainsi, les deux formes courantes de ~ garnu
(faire) seront: Tfëfr garda - ~ gardai (faisant ).
Lorsque la racine se termine par une voyelle
(2ème et 3ème groupes), une nasale est insérée
avant le suffixe: \1!TGT
jada -~ jadai (allant).
.
Au contact d'une sourde, un Cft remplace le
G d en langue soutenue :~ basta - ffi bastai.

Le négatif est formé en préfixant Of na.


Exemples : ~ nagarda ; ~ najadai .
On peut enfin citer deux autres formes du
participe présent, utilisées en littérature, parfois en
style journalistique. Elles sont formées en
suffixant G1 do et G da : \fITG1jado - \JJiGjada (allant ).

Le participe présent est invariable.

Emploi: Certains usages des deux participes en


G1 da et ~ dai sont communs, l'un pouvant être
employé à la place de l'autre au choix du locuteur:

~ \1!TGT xrf m:m ou ~


Xfi{ m:m ~
aphis jada ram khasyo I aphis jadai ram khasyo
En allant au bureau, Ram est tombé.

A l'oral, le suffixe ~ kheÏ-i peut être ajouter


au participe en G1 da sans en changer le sens :

~ vjiGI~R Xfi{ m:m


aphis jadakheri ram khasyo
En allant au bureau, Ram est tombé.

135
La désinence du locatif, 1ff ma, peut être
suffixée au participe en ~ dai. Dans ce cas, la phrase
dans laquelle il se trouve sera interrogative ou
négative et signifiera "est-ce que c'est une raison
su ffIsan
'
."
t e ?" ou "ce n ' es t pas une raIson... :

~ ~ 1fRj WΠ~ ~ ~1:!4J ~ 7
usle malar masu khaii bhandaima maile khanuparcha ra?
Simplement parce qu'il me dit de manger de la
viande, est-ce une raison suffisante pour en
manger?

~ ~ 3i~~~{')~~ ~~TJ.f ~ _
mantri hundaima aruharulal hela gama painna
Ce n'est pas parce que l'on est (devient) ministre
que l'on doit mépriser les autres.

Il existe enfin un emploi particulier du


participe passé 7fëfTgarda précédé d'un mot à
l'instrumental. Il indique une cause, une raison:

~ 7fëfT-m fc1~ I(')~ VfR ~


rogle garda hari bidyalaya jana sakena
A cause de sa maladie, Hari n'a pas pu aller à
l'école.

Le participe passé 2ème forme

Ce participe est moins employé. Il est formé


par suffixation de ~ e à la racine:

Racine + f e

Ex. : <R gare -~ khae -~ here -~ pare...

136
Les verbes du 3ème groupe utilisent le radical
-
secondaire : ~ ae ~ gae - ~ bhae -qrqpae... -
Le préfixe <=f
na indique le négatif: ~ nagae...
Ce participe est invariable. Le sujet est à
l'instrumental lorsque le verbe est transitif.

Emploi: Le participe passé 2ème forme marque


généralement une condition.
Ce temps est employé seul ou suivi de mots
tels que qf.1 pani - qfù pachi - ctfuI dekhi. Ceux-ci
jouent un rôle de suffixe et sont écrits en un seul
mot ou séparément selon l'auteur ( ~ garepachi
-<R qfù gare pa chi ) :

tWf (i5T1)l=f~ ~
gham lage ma ghumna janchu
S'il fait soleil, j'irai me promener.

t:R~~~~~
ghar pugepachi matrai lqhlQale bhat khayo
C'est seulement une fois rentré à la maison que
Krishna a mangé du riz.

~~~
tyaso bhaepani huncha
Même comme cela, ça va.

Les participes et la conjugaison

Comme en français, en népali les participes (à


l'exception du participe de conjonction) servent de
base pour plusieurs conjugaisons. La forme
conjuguée de l'auxiliaire u cha ou de l'auxiliaire
~ thiyo suit alors le participe.

137
Dans ce chapitre, seul les trois temps les plus
courants sont présentés, les autres étant signalés
brièvement plus bas (chapitre "Des autres passés").

Le présent inaccompli

Il est formé du participe présent suivi de


l'auxiliaire g cha conjugué, le tout écrit en un seul
mot ou deux mots séparés selon les auteurs:

Participe présent + auxiliaire U cha

Ex. : ~ g gardai cha -ou- ~ gardaicha.


La forme de politesse est constituée du
participe présent suivi de s1s--t9 hunuhuncha.
Ex. : ~ S:!S--t9 gardai hunuhuncha
Ce temps marque une action qui est en train de
se dérouler:

1f 6I\JfR ~ g
ma bajar jadai~hu
Je vais au marché (je suis en train d'y aller).

5R~g
hari khadai cha
Hari est en train de manger.

Le parfait 1ère forme

Il est formé du participe passé 1ère forme suivi


de l'auxiliaire g cha conjugué:

Participe passé 1ère tonne + auxiliaire U cha

Ex. : TJtëp)g gareko cha (elle/il a fait)

138
La forme de politesse est construite à partir de
l'infinitif en :! nu auquel est suffixé ~ t9 bhaeko
cha (parfait le forme de être). Ex. : T[1~~ëpT t9
garnubhaeko chao
Le sujet est à l'instrumental lorsque le verbe
est transitif.

Ce temps marque une action révolue, mais aux


conséquences souvent encore présentes:

~~~~t9 ~~~
düdh kinne gaeko cha gopal aeko chaina
Il est parti acheter du lait. Gopal n'est pas
arrivé.

~ 31'rurrxmT ~ t9
usko akha rato bhaeko cha
Ses yeux sont devenus rouges.

~ 1Fj~ itcn t9
tapaIle bhannubhaeko thTk cha
Ce que vous dites est correct (forme de politesse).

Le parfait 2ème forme

Il est formé du participe passé 2ème forme


suivi de l'auxiliaire t9 cha conjugué, le tout écrit
en un seul mot:

Participe passé 2ème forme + auxiliaire U cha

Ex. : ~ garecha.
La forme de politesse est construite à partir de
l'infinitif en :! nu auquel est suffixé ~ t9 bhae cha
(parfait 2e forme de être).

139
Ex. : ~ gamubhaecha.
Le négatif est construit de manière originale.
La particule de négation ~ na est insérée entre le
participe et l'auxiliaire : ~ garenacha.
Le sujet est à l'instrumental lorsque le verbe
est transitif.

Ce temps est presque exclusivement employé à


l'écrit, dans les narrations. Il indique un fait
inattendu ou découvert récemment:

1ffi ~ ~ ~~ I ~ GX1 ~ -qr:;r xro-


mero paisako thail! birsechu I masanga das rupaiya matra
rahecha
J'ai oublié mon porte-monnaie. Il me reste
seulement dix roupies.

A propos du subjonctif et de l'impératif

Il existe en népali une conjugaison qui partage


certains traits de notre subjonctif où les trois
personnes du singulier et du pluriel existent.
Toutefois la deuxième personne du singulier et les
première et deuxième personnes du pluriel
correspondent plutôt à notre impératif. Ces deux
aspects de cette conjugaison sont étudiés ici.

De ['impératif

La forme la plus courante à l'impératif est la


forme de politesse, correspondant à peu près à
notre impératif deuxième personne du pluriel.
Elle est construite en ajoutant le suffixe ~ hos au
verbe à l'infinitif en :! nu, le tout écrit en un seul
mot.

140
~'rf(
dinuhos
~
gamuhos
Donnez (s'il vous plaît). Faites (je vous en prie)

Le u de nu n'est pas prononcé: Rj5h"l dinuhos


est prononcé [dinos], 7f1~ gamuhos [garnos]... On
trouve dans beaucoup de publications l'écriture
phonétique ~m di nos, l'Alfl garnos. Certains
écrivent parfois
La forme
~ dinus,
familière * gamus.
de l'impératif,
correspondant au tutoiement français (donne,
mange...), c'est à dire à l'emploi de ~ timT en
népali, est construite par adjonction de la
désinence 3i a à la racine des verbes du premier
groupe (ceux dont la racine se termine par une
consonne)

~ lN 6R1 ftp;:r
hera gara basa kina
regarde! fais! assieds-toi! achète!

Les autres verbes (terminaison en voyelle) ont


deux formes équivalentes possibles. Ils ajoutent,
au choix du locuteur, ~ 0 (plutôt à l'oral) ou Œ ü
(plutôt à l'écrit) à la racine:

\1IT~ ou "GfTŒ œ~ ou~


-
jao --
jau I.<hao khaii
Va ! (vas-y; va-t-en...) Mange!

On utilise aussi parfois une forme semblable à


l'infinitif, différencié de celui-ci par un Œ ~ long
final. Cette forme a exactement la même valeur:

141
\JfT}. ~
janu khanü
Va ! Mange!

Enfin, à la première personne du pluriel, la


désinence est 3ilau :

\JfT3il
oM
~
Jau khau
Allons! (partons) Mangeons!

Les verbes ~ di nu (donner) et ~ linu


(prendre) sont irréguliers à la 2ème pers. :

~3TI ou ~\j) ~3TI ou ~\j)


deo deü leo leü
donne! prends!

Et du subjonctif

Voici le tableau complet de conjugaison du


verbe ~ dekhnu (voir) au subjonctif :

~q;:r;{ ~q;:r;{
Singulier Pluriel

~~~~1ère
pers.
dekhû dekhaü
11UfI1
2ème pers.
~~I~
dekh dekha
1;f~~
~~3èmepers.
dekhos dekhün

Forme de politesse ~'<-'151' tt


dekhnuhos
I I

142
La 1ère personne du pluriel, les 2ème
personnes du singulier et du pluriel et la forme de
politesse correspondent, comme on l'a vu,
également à l'impératif et ~ dekha11 par exemple
signifie: voyons! aussi bien que: il faut que nous
vOYlOns .
Les autres personnes correspondent assez bien
à notre subjonctif présent:

~ w3ffi\ ~
garos kha os ja\in
Qu'il le fasse! Qu'il mange! Qu'ils y (s'en) aillent!

Le négatif est formé régulièrement, c'est-à-dire


en préfixant la particule rr na.
Ex. : <=fTRnagara, ne fais pas (ça) .

Les futurs

Il existe deux temps indiquant le futur, le


second insistant plus sur le caractère incertain de
toute action future...

Le futur simple

Il est formé par adjonction de l'auxiliaire t9 cha


conjugué au nom verbal en oi ne, le tout écrit en
un seul mot:

Nom verbal + E1cha

143
~ëiT.R
Pluriel
\31'fI1 ~
1ère pers.
1'JUI11
~
2èrne pers.
~~
3èrne pers.

Le sujet est toujours au nominatif.

11LRff dLjI~CP'1
~ 4>CPI\j-1~
ma parsI tapaIko pustak pharkaunechu
Je vous rendrai votre livre après-demain.

~ tjUèl~1 ~
.ek ghal1tama aunecha
Il arrivera dans une heure.

~ ftœA 11 99 ~ ~
bholi bihana ma 11 baje janechu
Je partirai demain matin à 11 heures.

L'aoriste futur

Il s'agit d'un futur beaucoup plus incertain


que le précédent. C'est une sorte de subjonctif,
conditionnel, qui renvoie à quelque chose de
général, habituel, non nécessairement lié à celui
qui parle.

a) Formation courante:
elle suit le modèle de
la conjugaison du verbe <r1 garnu (faire) :

144
~ ëTWI ~ ëTWI
Sin ulier Pluriel
~~
1ère pers.
~~
2ème pers.
~11'~
3ème pers.

Forme de politesse '


51(')1 _
11
~ amuhola

Plusieurs verbes des deuxième et troisième


groupes présentent des irrégularités dans la
formation: utilisation des deux radicaux, insertion
de la voyelle ~ e avant la désinence, fusion de
voyelles... Mais les formes restent parfaitement
identifiables et ne nécessitent pas d'alourdir cet
exposé en les explicitant toutes.

b) Le négatif. Il a deux formes possibles:


- La première consiste à préfixer ;:rna à la forme
affirmative ~(ryf nagarüla ; ~
: nagarl:;...
- La deuxième, plus complexe et donc réservée
à la langue soutenue, consiste à suffixer à la racine
une forme déclinée de -~ -oïna :
Négatif ~ ëTWI ~q<R
Sin ulier Pluriel
~~
1ère pers.
~
aroina
~2eme~ pers. ~1'<1~'1'<1.
,8.aroinas
--
:\f~~m

3ème pers.
~ ~
~
aroina

145
c) Forme simplifiée. L'aoriste futur présente de
nombreuses complexités morphologiques, surtout
au négatif, c'est pourquoi le locuteur moyen
préfère souvent employer une forme
sémantiquement équivalente mais de
manipulation plus aisée. Il s'agit du présent suivi
de 5Tffi hola, aoriste futur 3ème pers. du sing. du
verbe être:

1{
~ ~
ma garchu hola
\3" 7J1f Nffi
u garcha hola
Je vais probablement faire. Il va probablement
faire

d) Emploi. Il marque un futur probable:

~ \1fI:!Nffi? 90 ~ ~
kahile janu hola ? 10 baje jaÜla
Quand pensez-vous partir? Je devrais partir à 10h

1{~~
ma paisa diüla
Je donnerai sans doute de l'argent.

D'autres passés

Les temps décrits dans ce chapitre sont peu


employés (à l'exception de l'imparfait). C'est
pourquoi ils seront présentés assez
sommairement. Seule la forme de la troisième
personne du singulier, la plus rencontrée, est
indiquée systématiquement. Les formes des autres
personnes peuvent être reconstituées facilement à

146
partir de la conjugaison de l'auxiliaire ~) thiyo
(cf. le parfait).

L'imparfait ou l'action inaccomplie

Les désinences de l'imparfait sont très proches


de l'auxiliaire ~<Ù thiyo. Seul le ~ i est supprimé:
un thyo ...
Conjugaison de ~ dinu (donner):

~ëIYR ~ëIYR
Singulier Pluriel
\J'ffI'f
~~~~~1ère
pers.
dinthé dinthyaü
~~~~~2ème
pers.
dinthis dinthyau
~~~~~~3ème
pers.
dinthvo dinthe

Le négatif est formé en insérant daina avant ~


la désinence : ~~~~ dindainathyo (il ne donnait
pas ). A la première personne du singulier, c'est
~ dina qui est inséré : ~ ~~ dindinathe ( je ne
donnais pas ). G d peut se transformer en Cf t au
contact d'une sourde : 6T~~~ bastainathyo ( il ne
restait pas).

Ce temps est surtout utilisé dans les récits. On


le rencontre très souvent dans les contes. Il
marque une action passée habituelle ou d'une
durée assez longue:

147
~ ~ ~ ~ ~ ~II~~~
~gauma~ ~ ~~ -
dherai kal pahile ek paha(l euta gartb suclkar
rahanthyo
Il y a très longtemps, dans un village de
montagne, vivait un pauvre tailleur.

11 ~ >lfd~.-J~ \JIT~ffi 3I1\J1epl{')


~
ma pahile pratidin ghumna janthë tara ajkal jâdina
Avant j'allais me promener tous les jours, mais
maintenant je n'y vais plus.

Un autre passé inaccompli

Ce temps est formé du participe présent suivi


de l'auxiliaire ~ thiyo conjugué, le tout écrit en
deux mots séparés ou en un seul selon les
auteurs:

Participe présent + auxiliaire ftl11't thiyo

Ex. : ~ ~ gardai thiyo -~ gardaithiyo


La forme de politesse est constituée du
participe présent suivi de S1S~ hunununthyo. Ex. :
~ S1S~ gardai hunununthyo

Cette conjugaison marque une action passée


marquée de continuité ou de régularité:

~~\j~~M~
pohor sal u roj akas herdai thiyo
L'an dernier, il était tous les Jours en train de
regarder le ciel.

148
Le prétérit 1ère forme

Ce temps est un composé de deux mots écrits


séparément. Il est formé à partir du participe passé
1ère forme et de l'auxiliaire ~ thiyo.
Ex. : -rRcn1 fu<:IT gareko thiyo.
Le sujet, lorsque le verbe est transitif, est à
I' ins trumental.

On trouve ce temps dans les récits, souvent


traduit en français par un plus-que-parfait:

XT1f~~(R~~~~
ram hijo gayo tara pahile prakas gaeko thiyo
Ram est parti hier mais Prakash était parti avant.

~3IT\Jf~~~~~<@r~~
usle aja matra khursanT khayo pahile kahile pani khaeko
thiena
C'est aujourd'hui seulement qu'il a mangé des
piments, avant il n'en avait jamais mangé.

Le prétérit 2ème forme

Ce temps, très rarement rencontré, est formé


du participe passé deuxième forme auquel sont
suffixés les désinences de l'imparfait.
Ex. : <R:u:n garethyo.
Le sujet, lorsque le verbe est transitif, est à
l'instrumental.

La valeur est très proche du prétérit 1ère


forme, avec peut-être une touche d'imprévu en
plus.

149
Un conditionnel passé

Le nom verbal est suivi de l'auxiliaire f~niT


thiyo conjugué pour former ce temps.
Ex. : TÀ fum game thiyo (elle/il aurait fait)
Le sujet est toujours au nominatif.
Il marque une action non réalisée:

\3 ~ ~~ ~ -.=nccn
~ fum
u abela naaeko bhae natak dekhne thiyo
S'il n'était pas arrivé en retard, il aurait vu la
pièce de théâtre.

\3 ~ VfR fum
u phrans jane thiyo
Il devait aller en France.

150
QUELOUES OUTILS POUR FORMER DES MOTS

Le nom

Comme en français, il y a deux genres et deux


nombres: masculin/féminin et singulier/pluriel.
Le pluriel est formé par l'ajout du suffixe 5~
harü.
Le féminin correspond aux êtres vivants du
sexe dit faible, mais jamais à d'autres cas. En
népali ancien, certains noms abstraits d'origine
sanscrite avaient conservé leur genre féminin. Cet
usage a disparu de la langue courante mais se
réintroduit parfois en poésie ou en littérature.

Le nom n'est jamais précédé d'un article32.

Composition nominale

Deux noms peuvent fusionner pour former


un nouveau mot:

m.q x ~ > C1'I~~~I~


logne ra swasrn logneswasrU
Mari et femme

~ jl j Il vj C1
\Jf(ry >
gagako jal gagajal
L'eau du Gange

32Dans quelques cas, le cardinal ~q> ek (un) peut jouer le rôle de


l'article:
~CP~:!I~Ieka desma (dans un pays), l'équivalent de notre "il était une
fois" des contes de fée.

151
cj').-{jI(,,)I~ Gl'l > ~<:rTGR
kanyalaI dan kanyadan
La dot (don) à la jeune fille.

Formation du féminin

Féminin des noms

Il n'existe pas de règle pour la formation des


mots féminins. Toute tentative de systématisation
est vouée à l'échec. Toutefois, on note que
beaucoup de noms féminins se terminent par t1 :

~ ~ ~lt cf>it33
swasm- or
bahinI -.
almal
......
ketI
épouse sœur femme fille

Mais il Y a de nombreuses exceptions: cTcft topI


(chapeau), 11~ mantrT (ministre), les noms de
nationalités qui se terminent par t1... par exemple
ne sont pas féminins, alors que ~ sasu (belle-
mère) et 3Tfl1T ama (mère) le sont.
De plus, le t r long final du féminin, comme
t
de fait le I long en général, n'est pas toujours
respecté et peut être remplacé par un : ~ i court.

La formation des noms féminins par rapport


aux noms masculins, bien qu'irrégulière, respecte
assez souvent l'une des deux possibilités de
déclinaisons:

a) substitution de la voyelle finale par un t T:


33Tumer écrit ~ keli, comme de nombreux autres noms féminins,
avec un i court.

152
urn > ~
chora chorT
fils fille

ëpfëpf > ëpTqft


kaka kaki
oncle paternel tante paternelle

cgBR
kumar
> ~
kumart
jeune garçon je une fille

~ > ~
bürha bürlÙ
vieux vieille

b) Dans de nombreux cas, on ajoute simplement le


suffixe ;fi nT au nom masculin. C'est notamment
le cas pour la plupart des noms de castes et
d'ethnies ou de professions:

~ > -iqlx.fI
newar newanu - ,.
un Néwar une Néwar

~
jyapu
>
. -
~;fi ,.
Jyapurn
caste de fermier Néwar femme de cette caste

~ > ~
nokar nokanù
serviteur servante

153
Les mots masculins se terminant en t r
transforment cette voyelle en ~ i court avant
d'adjoindre le suffixe rft ni :

~ > ~
dhob'I dhobin'I
blanchisseur blanchisseuse

Parfois la syllabe qui précède le suffixe rft ni est


altérée:

~ . :!~34.0...
gunm gunmnu
un Gurung femme de cette ethnie

~ ~
bhoJe bhopn'I
un Tibétain35 une Tibétaine

Certains mots, contrairement à ces forma tions


"régulières", forment leur féminin totalement
indépendamment du masculin:

TIR<; TTTt
.....
gam gal
taureau vache

Il existe des formes spécifiques pour le féminin


dans la conjugaison ainsi que dans le système de
déclinaison des noms, des pronoms et des

34Le dictionnaire de l'Académie royale donne gururisenl alors que


Tum~r..écrit gururiini avec un i court. J'ai pour ma part souvent entendu
gurunnI.
35bhote désigne en fait non seulement les Tibétains, mais souvent
aussi toutes les ethnies proches des Tibétains vivant dans la haute
montagne, au nord du Népal: serpa...

154
adjectifs. Toutefois, ces formes sont très rarement
employées, surtout à l'oral. Etre simplement à
même de les reconnaître lorsqu'elles se présentent
dans un texte écrit est donc amplement suffisant
dans un premier temps. Ces formes sont
répertoriées dans les différents chapitres concernés
(tableaux de conjugaison...).

Féminin des adjectifs

La formation du féminin suit de manière


générale les indications données pour les noms. La
plupart se termine donc en ti.

~------->
~th
ul0 thuIT
grand grande

xrnT -------> XTIft


-
ramro -
ramn
...

beau belle

~-
l:fNt ------->
papl... - . ...
papInI
pêcheur pécheresse

Certains adjectifs forment leur féminin en


transformant leur voyelle finale en 3TI ;. Ceci
s'applique notamment aux adjectifs dont le
masculin singulier se termine par un 31 a accentué
(en opposition à ceux, nombreux, qui sont muets).

~ > ~
pa bitra pabitra
sacré sacrée

155
D'autres pluriels

a) Cas général. Comme de nombreux exemples


l'ont montré, le pluriel des noms et des pronoms
est généralement formé par suffixation de ~ haro.
Ce suffixe est souvent omis lorsqu'il n'y a pas
d'ambiguïté sur le fait qu'il s'agit d'un pluriel.
Par contre, ce suffixe peut également indiquer
un groupe, un ensemble. Ainsi, ~X'ï ramharü
signifie généralement non pas plusieurs
personnes du nom de Ram, mais la famille de
Ram, ou le groupe associé à Ram. De même,
TIxëJ)TtI"5X'ïtarkarrharü signifiera souvent non
seulement les différentes sortes de légumes, mais
aussi les différentes variétés de nourriture.

b) Adjectifs. Le pluriel des adjectifs se


différencie du masculin singulier, uniquement
pour ceux se terminant par 31"T 0 ou par ï3"u. La
finale est alors remplacée par 3TI'it.

~ > ~
thülo thüla
grand grands
Un moyen courant de marquer le pluriel est
de répéter l'adjectif deux fois:

41è'1l1lxrnTxrnT~ tFl
patanma ramra ramra gharharo chan
A Pa tan, il y a plein de belles maisons.

c) Autres cas. Les interrogatifs et les relatifs


forment également leur pluriel par répétition,

156
avec intonation montante sur la première
énonciation et descendante sur la répétition. Ici
aussi, le pluriel, facultatif, insiste sur la quantité:

m~mm~t9
yo gharma kati kati c'Ijcha
Combien de choses y a-t-il dans cette maison!

~ ën1 ën1 t9 ?
tyahâ ko ko cha ?
Quelles sont toutes les personnes présentes là-bas?

L'adverbe

L'adverbe n'est pas décliné. Il est en général


avant le mot qu'il modifie, le plus près possible:

-141~~1 ftR) 3j1'dj5Îtt


nepalma chito aunuhos
Venez vite au Népal.

Plusieurs ont déjà été rencontrés dans les


pages précédentes (adverbes pronominaux par
exemple). Nombre d'adverbes sont des mots
indépendants et à ce titre une question lexicale.
Toutefois, il est également possible d'utiliser la
plupart des mots et expressions de manière
adverbiale en utilisant certains suffixes.
- Les suffixes ~ sanga et ftRf sita, parfaitement
équivalents, sont les plus utilisés:
,
3j1'1~'<i~ 6Itj51'<i. 3j1'1~ ~ d 6Itj51'<i.
'
anandasanga basnuhos anandasita basnuhos
Restez paisiblement (vœu formulé à un visiteur).

157
- Le suffixe ~ le est également très courant:

~ ~ "WI 41151tl
thulo swarle kura gamuhos
Parlez plus fort.

Souvent il est possible d'utiliser l'un ou


l'autre suffixe au choix sans modifier le sens. Une
liste exhaustive des suffixes serait trop longue tant
sont nombreuses les possibilités d'utiliser
adverbialement les noms, les adjectifs, etc... Citons
seulement parmi ces multiples suffixes le participe
de conjonction ~ gari (ainsi l}11~ premgari
signifiera: amoureusement) et d'une manière
plus générale l'emploi adverbial de tous les
participes de conjonction.

Modifications verbales: le verbe en voyage

Une description du verbe serait incomplète


sans ces deux outils de transformation très
courants que sont la dérivation et la composition.
Les développements sont extrêmement
nombreux, dans la composition notamment où ils
font appels à la combinatoire. Il est impossible
d'en donner ici un exposé exhaustif. Les grandes
lignes présentées ci-dessous devraient toutefois en
donner les clés.

Le causatif

En français, la valeur causative est en général


marquée par le verbe "faire" suivi d'un infinitif
(faire parler...). Quelques rares verbes synthétisent
cette valeur (ex. : faire manger = nourrir).

158
En népali, presque tous les verbes peuvent
modifier leur racine pour donner un nouveau
verbe, causatif. Le procédé le plus courant consiste
à suffixer 3ffij au à la racine primitive pour former
la racine du causatif, ou même simplement à
allonger la voyelle courte. Voici une liste des
verbes les plus courants (peu sont irréguliers) :

Verbe Causatif
primitif
7T1 Faire ~Faire faire
gamu gara unu
~Comprendre $~I'd:! Expliquer
bujlmu bujlÜunu
~Se lever 'dOI'd:! (faire) lever
uJhnu uJhaunu
~Voir ~~I'd:! Montrer
dekhnu deklÜunu
~Porter ~ÙCPI'd:! Faire porter
bokiunu
~Boire Donner à
plunu .-~I'd:!
f(1

plyaunu boire
œ:! Manger ~C/I'd:! Nourrir
khanu khuwaunu
1f:{ Mourir 1f1j Tuer
mamu mamu
~Apprendre ~Enseigner
parhnu parhaunu
~Brûler ~Enflammer
balnu balnu

Les verbes à valeur causale se conjuguent


exactement de la même manière que les autres.

159
~
amale
~vT.l~(,)~
1fl ~ql\j~
baccalat dudh khuwauncha
La mère donne du lait à l'enfant.

Composition verbale

Le népali réunit souvent deux verbes pour en


former un nouveau.
Le procédé le plus courant consiste à utiliser
comme premier membre du composé une forme
réduite du participe de conjonction, où le T long t
final est transformé en ~ i court. Les deux
membres sont écrits en un seul mot.
Par exemple .,R~:! garidinu est composé de <r1
gamu (faire) et de ~ dinu (donner).

Le premier membre est invariable et le


deuxième membre, suffixé au premier, est
conjugué régulièrement.

- ~q":! saknu en deuxième membre insiste sur


l'aspect fini d'une action:
~ 4 ct>M<it q)[lf .1 R'{1q-~I
dIpakle yo kam garisakyo
Dipak a fini ce travail

- Les autres verbes en deuxième membre vont


généralement ne modifier que légèrement le sens
du verbe en 1er membre (insistance...) :

~ <it -cwr ~~~~'-:ct>1 t9


usle yo kura malaI bhanidieko cha
Il m'a dit cette chose.

160
~
sures
~I~x~~
khairahancha
Suresh est (toujours) en train de manger.

~ f%I ~ ~RsI~I~l
usle citthT turunta lekhihalyo
Il a écrit la lettre tout de suite.

Il arrive que le premier membre soit réduit à


la racine. L'emploi et le sens sont exactement les
mêmes car il s'agit en fait d'une contraction
employée dans le langage courant plutôt que
d'une forme grammaticale distincte.

161
CONSTRUCTION DES PHRASES - SYNTAXE
Qui est le plus grand? comparaison des
adjectifs

Pour comparer deux choses ou deux êtres, ~.-GT


bhanda est suffixé au deuxième terme. Le premier
terme de la comparaison peut être, au choix, avant
ou après le deuxième. Ainsi si l'on veut comparer
l'âge de deux frères, on pourra dire:

~~W1~t9
syambhanda ram jetho cha
Ram est plus âgé que Shyam.

~+1 W1~ ~ t9
syam rambhanda kancho cha
Shyam est plus jeune que Ram.

Tout peut bien entendu être comparé:

~~~)~-&;:r?
yobhanda aH ramro dhüp chaina ?
Il n'y a pas d'encens un peu meilleur que celui-ci ?

Le superlatif est exprimé par l'expression


w,r~ sabbhanda (Htt. : le plus de tous) positionné
avant l'adjectif. La forme accentuée x:pt'B";-'Gl
sabaibhanda peut être utilisée sans changer le sens:

6~~~t9 ou ~~~~t9
hari sabbhanda agIo chalhari sabaibhanda agIo cha
Hari est le plus grand de tous.

162
Je vous assure mon cher, vous avez dit...

Le népali dispose de nombreux moyens pour


mettre l'accent sur un mot, une expression ou une
phrase. Certains ont déjà été rencontrés. Voici
d'autres procédés.

De nombreux mots sont légèrement


modifiés. Ils se terminent alors par -q ai, suffixe
remplaçant la voyelle finale (lorsqu'elle existe) ou
ajouté directement (lorsque le mot se termine par
une consonne) :

Significa tion Forme simple Forme accentuée


seulement 1fT?r 1fT?f
matra matrai
tou t ; tous X1Ef
~sab sabai
comme ceci, <RIT
~ainsi yaso yasai
bonne santé
~~safico sancai
bien, beau... wit xrtt
-
ramro ramrai

- Unprocédé -la réduplication- consiste, à la


manière du célèbre "bizarre bizarre" de Louis
Jouvet, à répéter le mot deux fois, avec intonation
forte et montante la 1ère et descendante la 2è fois:

\j -.mI Tf<TI 3TIënrn;fury);fury)~


u gayo gayo akas nIlo nIlo bhayo
Il est vraiment parti. Le ciel est devenu tout bleu

Il Y a parfois une valeur distributive:

163
mfrmfr~~~
rati rati thuprai kavita lekhcha
Chaque nuit il écrit de nombreux poèmes.

La réduplication est très utilisée avec le


participe présent. Pour insister sur la durée, deux
formes de ce participe sont mises côte à côte:

- ~
q)]Tf ll"tr ~ ~
- "ffiTdr
kam garda gardai usia!-r thakai lagyo --
A force de travailler, il s'est fatigué.

Le premier membre peut être à l'affirmatif et


le second au négatif pour renforcer la négation:

~~~~
sures masu khadai khadaina
Suresh ne mange absolument pas de viande.

- Il existe également plusieurs phatèmes : qÎ po,


ëf ta, ., na, 4 nai, f.1 ni, x ra, ~ cahÏ, cf>~ ke re... Ces
petits mots, sans sens précis, sont très employés à
l'oral et sont souvent accompagnés de petits gestes
de tête. Ils donnent une "couleur" très népalaise:

Q
ë'<ffi1 vj Ij 'IXi .,
tyaha januhos na
Allez là-bas s'il vous plaît (atténuation d'un
ordre)

<iT 'lëft+n 1ffi9TtP x ? tPf.1


yo nad1ma macha cha ra? cha ni
Il Y a des poissons dans ce Bien sûr!
fleuve, vraiment? (surprise)

164
~-4~ ou ~(f~
tyaso nai gamuparcha / tyasai ta garnuparcha
C'est comme cela (précisément) qu'il faut faire.

- Enfin, terminons en citant simplement


l'outil syntaxique. En effet, comme le faisait
Monsieur Jourdain avec les yeux de la belle
Marquise, le népali, en modifiant l'ordre des mots,
mettra l'accent sur telle ou telle partie de son
discours.
Ce procédé est sans limite.

<M~ tR+1T t9 tR+1T~ t9


gaqes gharma cha gharma gaqes cha
Ganesh est à la maison. A la maison il y a
Ganesh.

L'action sous condition

L'hypothétique peut être indiqué de plusieurs


manières nuancées. Mais, création oblige, le génie
poétique de l'auteur sera souvent seul maître.

- Pour une condition possible, on utilise 'I-T~


bhane, toujours placé après la condition.
Une légère pause (avec intonation
descendante) est marquée après ~ bhane :

~ \JXTIGT +ftoTt ~ ~ ftm4I ~


usle jyada m1'thaIkhayo bhane biram1'huncha
S'il mange trop de gâteaux, il tombera malade.

- Un autre procédé consiste à mettre le verbe


de la subordonnée au participe passé 2ème forme:

165
~~~~~wftwu
usle jyada m'IthaTkhae biram'I huncha
S'il mange trop de gâteaux, il tombera malade.

- Enfin, on peut utiliser ~ bhae de manière


similaire à ~ bhane. Ce type de construction
marque toutefois une condition moins probable
ou non réalisée. Avant ~ bhae on trouve un nom
verbal ou un participe passé 1ère forme:

xitvr ~ 3TKÀ ~ 11 ~
rames ghar aune bhae ma janchu
Si Ramesh venait à la maison, je partirais.

~~~~~~~m
usle jyada m'IthaTkhaeko bhae biram! hune thiyo
S'il avait mangé trop de gâteaux, il serait tombé
malade.

La forme ~ 1:ff.1 bhae pani, signifiant "même


si", est souvent rencontrée:

~ ~ 1:ff.111 \JfFf
tyasto bhae pani ma janna
Même si c'est comme cela, je n'y vais pas.

Qu'est ce qu'il a dit ?

Pour rapporter un discours, trois expressions


existent au choix. Dans tous les cas, le discours est
cité tel quel avant d'ajouter en fin de phrase l'une
de ces expressions:

- ~ re (surtout utilisé à l'oral) :

166
cf>~? ~u~
ke re ? mahago cha re
Que dit-il? Il dit que c'est cher.

-~ ~ bhanera bhanyo et ~ ~ bhanT bhanyo,


deux formes exactement équivalentes:

~ ~ <,,>~"\j~ ~ ~
usle rang lagaunchu bhanera bhanyo
Il a dit qu'il peignait (litt. : lui, je peins a dit)

Articulez!

Les conjonctions, de coordination et de


subordination, avec les introducteurs, permettent
d'introduire et de lier, d'une manière générale
d'articuler, les différentes parties du langage.
Les plus courants de ces acteurs essentiels de la
langue sont présentés ici.

- x ra correspond à notre conjonction "et" :

TT1wr
~ ~ ~ ~ x ~~~Irf ~..e)
gautam buddha sanai dekhi dayalu ra buddhiman dekhinthe
Le Bouddha Gautama dès son jeune âge apparut
compatissant et intelligent.

- 31f.1 ani signifie également "et". Il est plutôt


utilisé lorsqu'il s'agit de coordonner des éléments
de natures différentes.
On le trouve souvent en début de phrase où il
peut être traduit par "puis" :

167
~ ~ - 3Tf.1.œ;n- ~- -
- - ~-alu rax khursam
6I\J1lx6lIè
bajarbata lyayo am khana pakayo
Il a amené des pommes de terre et du piment du
marché puis a préparé le repas (cuit la nourriture).

- (R tara correspond à notre "mais" :

~~~(R~trm~
uslaT bhok lagyo tara usita paisa thiena
Il avait faim mais il n'avait pas d'argent.

- f$ ki signifie "ou" :

~-\J161 \J11iI 3TmT f$ iTfIlTI 3TmT ?


- --ayo ki basma--ayo ?
hawal-jahajma
Il est venu en avion ou en bus?

f$ ki peut également marquer une question:

~~6Tf$?
jhuto boleko ho ki ?
Est-ce qu'il a menti ?

- ~x bhanera, ou sa forme réduite ~ bhanT,


utilisée à l'écrit, est d'un emploi très répandu. Il
s'agit en fait du participe de conjonction de ~r:!,
bhannu (dire) et signifie donc littéralement ayant
dit. En plus de son emploi pour rapporter un
discours, il a deux sens principaux qu'il importe de
bien connaître: "parce que" ; "que".

~~t9~mmn
khana ciso cha bhanera tatayo
Parce que la nourriture était froide, il l'a chauffée.

168
Xi-jI~~Î -rr-=f'+Àx 11 ~
ramailo garna bhanera ma gaé
Je suis parti (parce que je voulais) prendre du bon
temps.

ëpTl1~ ~ ~ fct"ifR<niT
kam saphal huncha bhanera bicar garyo
Il a pensé qu'il réussirait dans son entreprise.

- fu>;:r~ kinabhane signifie "parce que" :


fu>;:r~~?~~~~~
kina khaeko chaina ? kinabhane malar bhok lageko chaina
Pourquoi ne pas avoir mangé? Parce que je n'ai
pas faim.

- Enfin, il existe toute une série de variantes


qui permettent d'introduire une phrase par
"ainsi", "alors", "pour cette raison"... Elles sont
interchangeables.
Les plus courantes sont ~ tyasaile, <R1T~r~m
yasobhaekole, ë'lfr CPlxUIc1 tyokaraI}le :

3TT\rf ~ t9 I~ ënlc ~ ~
aja jaco cha I tyasaile kof laeko chu
Aujourd'hui il fait froid. Alors j'ai mis un
manteau.

Des phrases finalement pas si complexes


que ça

L'ordre des mots dans la phrase simple est


donc le suivant: sujet - complément d'objet
indirect - complément d'objet direct - verbe.

169
WT xp~ 31R~ ~
ram sureslii'Iades dincha
Ram donne un ordre à Suresh.

Les déterminants, les adjectifs et les adverbes


précèdent les mots qu'ils qualifient.

~~~ëp)oN~~ëfT~~~g
gautam buddha janmeko thaü ek pabitra tlrtha sthan bhaeko
cha
Le lieu de naissance de Gautam Bouddha est
devenu un lieu de pèlerinage sacré. (Litt. : Gautam
Bouddha né lieu un sacré pèlerinage lieu devenu
est ).

Plusieurs types de phrases dites complexes,


.avec principale et subordonnée(s), ont été
rencontrées plus haut. De manière générale, la
subordonnée précède la principale. Voici un
résumé des principaux moyens par lesquels ces
phrases sont formées.

- Par juxtaposition sans mot de liaison:

«Î4C1?M
~ cTtfr~ g
dlpakle kineko top'I ramro cha
Le topi (chapeau) que Dipak a acheté est beau.

- En utilisant un mot de liaison. Il s'agit en


général d'une conjonction de subordination:

~ g ~ ~ 4,~I\j~rj
tyastai cha bhanera usle patyaundaina
Il ne veut pas croire que c'est comme ça.

170
Mais on trouve aussi des conjonctions de
coordination détournées de leur sens original:

~ t9 fct ~ 4\<.I1\j~.-j
tyastai cha ki usle patyaundaina
Il ne veut pas croire que c'est comme ça.

- Les participes ~ bhaneko et ~ bhanne sont


souvent rencontrés dans la phrase complexe:

~xn=rT~m~~~
nepal ramro des ho bhaneko sabaile jancha
Tout le monde sait que le Népal est un beau pays.

~4lc0chÎ ~~ ~1--<i~1\JfT1~ ~ ~ 31"nTI


-
nepalko -
pradhanmantri
... - --janubhayo
phransma bhanne khabar
ayo
On a appris que le Premier Ministre du Népal était
allé en France.

- D'une manière générale, comme on a pu le


constater dans le chapitre précédent, nombre
d'articulateurs permettent de construire des
phrases complexes.

- Enfin, rappelons les formes où l'on a un


démonstratif dans la principale et le relatif qui lui
correspond dans la subordonnée (cette syntaxe est
décrite dans le chapitre sur les relatifs) :

~ ~ ~f&~ ~ 3Tf1l1
qq~ ~
dhüwa jaha dekhincha tyaha ago pakkai huncha
Là où l'on voit de la fumée, assurément là se
trouve du feu.

171
LES NOMBRES

0 0 17 919 X1?r
~~sunya sa tra
1 9 -qëfj 18 9( 3TOR
ek athara
2 19 9~
~~~dui ....,.
unnalS
3 ~ëtr.1 20 :?o #Rf
tin bls
4 '15 21 :?9 "Cfëf
-
"'ë:fR
car ekkaTs
5 ~t/'f=q 22 :?:?
pac baTs
6 f, "IT 23 :?~
cha tels
7 f, X'fl\f 24 ~'15
sat ~caubls
8 ( 3TfO 25 :?~ ~,.
ath aCClS
9 ~-;::r'1 26 ~f,
nau ~chabbls
10 90 Gff 27 ~l9
das sattaTs
11 99 ~tTR 28 ~(
e~hara atthaTs
12 9~ 29 ~~\)~
~bahra unantis
13 9~ 30 ~o ëfm
~tehra tIs
14 9b' 31 ~9 -qëpëfm
~caudha ektTs
15 9~ -q~ 32 ~:?
pâ'dhra ~battis
16 9f, 33 ~~<f~
~sohra tettTs

172
34 52 ~":?
~~~caut!s ~baunna
35 ~~~cfRr 53
p ait! s ~~~tripanna

36 54 ~'rS
~~~cha
uT s ~cauwanna
37 ~l9 "f'tcfRr 55 ~~l:JT.JlFf
saitTs pacpanna
38 ~G 56 ~~U1Ff
~athtIs chapanna
39 ~~\j
'i.-q ,01 ti 57 ~l9 ti(1I\j....-j
unancaÎls sataunna
40 ~o 58 ~G 3Iol\j....-j
~caÎls athaunna
41 ~9 ~cp(1I01ti 59 'i ti g)
~~\j
ektaITs unsaththT
42 ~":? 60 ~o weft
~bayalTs sathT
43 ~~8I<-II<1)xi 61 ~9
tricaITs ~~eksaththT
44 ~~<-I~
<-II <1) ti 62 ~":?
caucaÎls ~baysaththT
45 ~~tt~ 63
paitalTs ~~~trisaththT

46 ~~~~I~Îti 64
chayalTs ~~~causaththT

47 ~l9 ti (1<-1I<1)ti 65 ~~tt"ff8T


satcalTs paisaththT
48 'rSG 31 ci <-II<1) ti 66 ~~~~tig)
athcalTs chaysaththT
49 ~~\j'i1.<-Ilti 67 ~l9 "{JmT8T
unancas satsaththT
50 ~o qifffi 68 ~G
pacas ~athsaththT
51 ~9 ~cpl\j....-j 69 ~~\j'i5\1x
ekaunna unhaUar

173
70 190 88 «
~sattarT ~a
tha sI
71 199 ~C/JQ\1~ 89 (~ 1j'i1'""'1~
ekhattar unannabbe
72 19~ 90 ~o
~bahattar ~nabbe
73 19~ 91 ~9 ~C/JI'""'1E6/
~trihattar ekannabbe
74 19b' 92 ~~EI~I'""'1~
~cauhattar bayannabbe
75 19'-1 4-qQ\1~ 93 ~~'....'-11 1""1
pachattar triyannabbe
76 19~ ~~Q\1~ 94 ~b' -J1~I'""'1~
chayhattar caurannabbe
w
77 19l9 x=rc=rgw 95 ~'-1 '1'-11" 1""1
sathattar pacannabbe
78 19( 96 ~~~~I'""'1~
~athhattar chayannabbe
79 19~ 97 ~l9 '{i'\1I'""'1~
~-.,.
unaSl santannabbe
80 (0 3ffft 98 ~( 3JrQl'""'1~
.,.
aSl anthannabbe
81 (9 -q-ëpf"ffi 99 ~~1j'i1'i'{N

ekasl unansay
82 (~ 100 ~oo ~x:m
~bayasl ek say
83 c~ ~~I'{iî A partir de 100, la
triyasI numération est simple
84 ('11 et régulière, avec des
~-.,.
cauraSl unités spéciales pour
85 ('-1 100.000 et 10.000.000.
~pacasl 101 ~"WJ" ~ ek say ek
86 (~ mnm 200 ~ x:m dui say
chayasI 1.000 ~ ~ ek hajar
87 (l9 X'mmr 100.000 ~ ë'5"RSr ek lakh
satasl 10.000.000~ ~ ek korot

174
Les marqueurs

Les nombres présentent la particularité de


suffixer une particule de classification lorsqu'ils
qualifient un objet, un animal ou un être humain.

Pour les êtres humains, la déclinaison est


régulière; \1ATjan:; est suffixé au nombre:

~ ~cp\Jj"'1ItMT x ~~\Jj'11 urn t9


ramko ekjana chon ra duijana chora cha
Ram a une fille et deux fils.

Pour les animaux et les objets, le suffixe ereT


wata (toujours prononcé auta) est utilisé. Seuls les
nombres un et deux sont légèrement irréguliers:

~ ëfml1 ~ ifuIT ctI'1cjél~


euta kalam duita pâ'kha tTnwata citra
Un stylo. Deux ventilateurs. Trois
images.

Les ordinaux

Seuls les quatre premiers ordinaux - les plus


courants, il est vrai - sont irréguliers:

premIer
~pahilo
deuxième GffiT
dosro
troisième ffi;r)
tesro
quatrième TtTm
cautho

175
On trouve, à l'écrit surtout, un féminin et un
pluriel pour ces quatre premiers ordinaux:

première: ~ premiers: ~
pahilT pahila
(la) deuxième: GTItt deuxièmes: ëiRiT
dosrl dosra
etc...

Les ordinaux suivants sont réguliers. lis sont


invariables et formés par adjonction du suffixe 3ft
aü au cardinal correspondant:

cinquième; ~
pâcaü
sixième: ttc"t
chaitaü
septième: m
sataü
etc. ..

176
LE NEPALI PAR LA PRATIQUE

Dans toute cette partie, chaque fois que cela est


cohérent, une ou plusieurs réponses possibles
seront proposées après chaque question. Ceci ne
peut bien entendu pas être limitatif: en népali,
comme en français, chaque acte de parole possède
une multitude de variations. Tenter un
inventaire, même sommaire, de ces variations ne
pourrait que confondre le lecteur sans l'aider.

SALUER

;p:fm ;p:f~
namaste namaskar
Bonjour (ou: au revoir) Bonjour (ou: au revoir)

~tJ?
kasto cha ?
Comment ça va ?

3WFG tJ xnÙ tJ -aTcPtJ


ananda cha ramro cha thIk cha
Je suis en paix. ça va bien. ça va.

~ s'js~ ? ~tJ
saftcai hunuhuncha ? saftco cha
Vous allez bien? ça va bien.

~~ s'js~? ~36
tapaI nepaÎl hunuhuncha ? hajur
VOUS êtes Népalais? Oui.

36 Ce mot d'origine persane apparut au temps de Prithvi Narayan. Il


correspond à la 3ème personne du singulier pour parler avec déférence
(du Roi en particulier). Ce terme respectueux a de multiples
significations: oui, plaît-il? pardon? Monsieur...

177
11 \JfT~ ~ Cf ? ~
ma jaü hai ta ? hawas
Je prends congé, entendu? (= au revoir) D'accord.

A côté de ces formules communes pour un


Français, certains s'étonneront sans doute au
début d'entendre en guise d'introduction ou de
salutation, les phrases suivantes, très courantes.
Ces phrases, bien qu'elles soient sous forme de
questions, n'attendent en réalité pas de réponse
précises, à la manière de notre "comment allez-
vous ?" qui est rarement un souci réel du locuteur
pour la santé de son interlocuteur.

cpif \;lÀ ? ~
kahâ jane ? tyaha
Où est-ce que vous allez? Là-bas.

dLjI~~1 m cpif 61 ? lpi '"ii ~ I


tapaIko ghar kahâ ho? phransma
Où est-ce que vous habitez? En France.
,
~ 51 ~ Ic:. 31T"\311-fliî ? LjI{5jxl~lc:.
kahâbata aunubhayo? pokharabata
D'où est-ce que vous venez? De Pokhara.

Et enfin une salutation extrêmement courante


juste après l'heure du repas:

~37
~ ~1-fliî ?
bha t khanubhayo ? khayo
Vous avez mangé du riz? J'en ai mangé.
37La forme grammaticalement correcte devrait être, à la première
personne du singulier : ~ khiié. Mais j'ai plus souvent entendu cette
forme de la troisième personne du singulier qui, comme cela a déjà été
expliqué, a souvent une valeur impersonnelle dans le langage courant.

178
SE PRÉSENTER ET PRÉSENTER QUELQU'UN.

c1YI~CPÎ 'lT11 cf> -gr ?


tapaIko nam ke ho ?
Comment vous appelez-vous?

-sWr 'lT11 YI ~ I(') -gr


mero nam paskal ho
Je m'appelle Pascal.

~ (ü:;i(,)l~ RJ'"isrtP ?
tapaIle wahâlaI cinnuhuncha ?
Est-ce que vous le connaissez? (vous connaIssez
cette personne ?).

ëflT~ ~ ~r+i~(,)I~~'"isrtP ?
tapaIle snman ghimirelaI cinnuhuncha ?
Vous connaissez Monsieur Ghimiré ?

-gr 5f1tT ~<1t


ho, hamT bhetisakyau
Oui, nous nous sommes déjà rencontrés.

~cinchu RJK-1
cindina
Je le connais. Je ne le connais pas.

c1YI~(,)I~ ftffi ~ ~
tapaIlaI cinera khuSl chu
Je suis heureux de faire votre connaissance.

179
EXPRIMER UN SENTIMENT. UN SOUHAIT. UNE
DEMANDE. UNE OPINION

Sentiment positif

ëftq)l9 11~
thIk cha ma manchu
D'accord. Je suis d'accord.

firm 19 ? 19 ~
ciya cha ? cha chaina
Il Y a du thé? Il y en a. Il n'yen a pas.

firm -q1f6~ ? -q1f6~ -q1f6~'1


ciya cahincha ? cahincha cahindaina
Vous voulez du thé? J'en veux. Je n'en veux pas.

fum lA 11U
ciya man parcha
On aime le thé.

~ firm ~'j~ÎXi f<»'j~ Î Xi Cf


duita ciya dinuhos linuhos ta
Donnez-moi deux thés Prenez (je vous en prie).

~m
guliyo ho
-4lo1l9
mTtho cha
C'est sucré. C'est bon.

11~~~ lAtruT
ma dherai khuSI chu man paryo
Je suis très content. ça (m') a plu.

d41~~I~ 31cP1-q1f6~ ?
tapaTlaT arko cahincha ?
Vous en voulez un autre?

180
31cPl~~~? ~
arko ciya piunu huncha ? huncha
Vous voulez boire un autre thé? D'accord.

dYI~~I~ ~ ~- ? ~
-r-r
tapallal bhok lagyo ? lagyo
Vous avez faim? Oui.

~ffit~~? ~~~
taparlar bhok lagena? malar bhok lagyo
Vous n'avez pas faim? J'ai faim.

<IT~ ~ fiR1 t9
yo khana dherai piro cha
Cette nourriture est très pimentée.

~ fiR1 ~~ ~ :qrfg-.u
malar piro nabhaeko khana cahincha
Il me faut de la nourriture qui n'est pas pimentée.

~t9 1fIff 1f<Tr


STtal cha garml bhayo
Il fait frais Il fait chaud (il a commencé
à faire chaud).

Xl-jl~~) t9
ramailo cha
C'est agréable.

~ G11Xffir t9
ek dam ramro cha
C'est vraiment très bien (beau...).

181
Ll61-51i1
pahapna
~ghumna
XIiI~MI t9
ramailo eha
C'est agréable de se promener dans la montagne.

1=f ~ \Jff~(ryT
ma pheri jaüla
J'irai encore

~ ~ ~ <it 1=f'1 ~
mala! tyo bhanda yo man pareha
Je préfère ceci à cela.

<TI fur:r ~
yo kinna eahanehu
Je veux acheter ceci.

<TI~T x=rX'ffi~ ~
yo bhanda sasto elj cahiyo
Je veux quelque chose de moins cher que ça.

<TI~ ~
~}~1\i161,{i
yo bhanda ramro elj dekhaunuhos
Montrez-moi quelque chose de mieux que ça.

lpl,",{ilil ~ <r1~
phransma phon gamuparcha
Il (me) faut téléphoner en France.

~ ~',~~ ~ ~ ~ <.I1!5.-<cP
tyaksl khojdaiehu mala! ek tikat cahincha
Je cherche un taxi. Je voudrais un billet.

~ \Jj1'iMI~ ~ ~-\Jj61\Jj<P1 ~ <.I,!5.-<cP


phrans janala! ek hawa!-jahajko pkat eahincha
Je voudrais un billet d'avion pour la France.

182
Sentiment négatif

mIT ttrr lfioT ttrr


ramro chaina ml tho chaina
Ce n'est pas bien. Ce n'est pas bon (au goût).

~~~ 11~
yo saccai hoina ma mandina
Ce n'est pas vrai. Je ne suis pas d'accord.

~ ~I~~'i ~~ëWTxrnT~
-- -
malar cahindaina malai-r yo kura ramro lagdaina
Je n'en veux pas. Je ne trouve pas ça bien.

~ 1WÙ xrnT ttrr


yo manche ramro chaina
Cette personne n'est pas bien.

\iftm f+1fk;:r
usita mildina
Je ne m'entends pas avec elle (lui).

ÉCHANGE DE RENSEIGNEMENTS

~ëiJ6T?
yo ke ho ?
Qu'est ce que c'est?

~~51 ~1ffif6T
yo kukur ho yo bhat ho
C'est un chien C'est du riz cuit

~ l1ffii5T 51 ~~51
yo masala ho yojyabalho
C'est une épice. C'est un outil.

183
Dans ce type de phrase, le démonstratif -m yo
peut être omis sans altérer le sens:

~61 ~cg4~ 61
phariya ho sukumel ho
C'est un sari. C'est de la cardamome
(épice très utilisée).

Pour une personne, on utilisera généralement


un démonstratif si l'on voit la personne et pas si
l'on ne la voit pas:

-m ë15T61 ? ë15T61 ?
yo ko ho? ko ho ?
Qui est-ce ?

11-g) ~61
ma ho chimekl ho
C'est moi. C'est un voisin.

~W~61 ~61
mero sa tlÙ ho gharpati ho
C'est mon ami. C'est le propriétaire.

~61?
kahâ ho ?
Où est-ce ?

<nTI61 ~61
yahâ ho tyahâ ho
C'est ici. C'est là-bas.

~U?
kahâ cha ?
Où est-ce qu'il y en a ?

184
~T~ ~~
nepalma cha tyaha - cha
Il y en a au Népal. Il y en a là-bas.

c=m ëpgT ~ ?
tyo kaha paincha ?
Où trouve-t-on cela?

~~ ~~
saharma paincha gaüma paincha
On en trouve en ville. On en trouve dans les
villages.

~f$~ ? ~
cha ki chaina ? chaina
Il Y en a ou non? Il n'yen a pas.

~ ~
thuprai cha
3jf0cpfd ~
alikati cha
~
cha
Il yen a beaucoup. Il y en a un peu. Il yen a.

?
ëf)ffi \JfFl (i5T1~~ ~ \JfFl~
kata jana lagnubhayo ? dilll jana lagé
Où allez-vous? Je vais à Delhi.

CT(bT~ ? CT(bTt'trr
tatha cha ? tatha chaina
Est-ce que c'est loin? Ce n'est pas loin

~~ 3j f0 cp fd CT(bT ~
najik cha alikati tatha cha
C'est près. C'est un peu loin.

\~!5i :;T.W5Tt ~ ~ ~
tyaha pugnalaI du! din lagcha
Il faut deux jours pour arriver là-bas.

185
~ \1JFf Wtr;g ? ~-\1151\11f.j1 \1JFf Wtg
kas an jana sakchu ? hawiiI-jahajma jana sakcha
Comment puis-je y aller? On peut y aller en
avion.

frn- ~ ~~
hil}cJera janchu basma janchu
J'y vais à pied. J'y vais en bus.
cnfÇr~ ? ~~
kati bajyo ? pac bajyo
Quelle heure est-il ? Cinq heures.

cnfÇr +ffiry ? ou cnfÇrtroT ~ ?


kati mol? kati paisa lagcha ?
Combien ça coûte?

~~ ~g
das rupiya mahago cha
Dix roupies C'est cher.

11-g.TI~ ~g
mahago chain a sasto cha
Ce n'est pas cher. C'est bon marché.
, ~
cnldl5'(1 '<SIII<'?g ? g
kothaharü khali cha ? cha
Est-ce qu'il y a des chambres libres? Il yen.

~ ~g
chaina dherai cha
Il n'yen a pas. Il y en a beaucoup.

cnfÇr'<-tf.j~cnÎ~ ? ~XRf
kati samayako lagi ? du! rat
Pour combien de temps? Deux nuits.

186
~~T ~ 1fWn
ek hapta ek mahina
Une semaine. Un mois.

OTB t9 ? t9
fhaü cha ? cha
Il Y a de la place? Il y en a.

~
ahile
tt;:r
chaina
~s-W
bholi hunecha
Il n'yen a pas maintenant. Il y en aura demain.

~
d 41 cf>'I fctcrr6~ ? ID, -qx) ~ 6fiiqJ t9
tapaIko biwaha bhayo? ho, mero ek bacca cha
Est-ce que vous êtes marié? Oui et j'ai un enfant.

-qx)~ uRr t9 -qx)~~g


mero ek chora cha mero ek chon che
J'ai un garçon. J'ai une fille.

~ -et q)p1 <T1 ~


- ?
tapai ke kam gamu huncha ?
Qu'est-ce que vous faites (dans la vie) ?

~~~ ~~~
ma kisan hü ma sikarmi hü
Je suis fermier. Je suis menuisier.

~ ~-- -~ ~ ~1~"'IIcf>]q)p1 "lÀ ~


ma byapan hu.. ma gahanako kam game hü
Je suis commerçant. Je suis bijoutier (lift. :
fabricant de bijoux).

\3 cf>4-r.11-<1 ID \3~ID
u karmacan ho u 4akarml ho
Il est fonctionnaire. Il est maçon.

187
mëRTé9? ..:;)
. ~,~~
kha ne kura cha ? chaina, kehI chaina
Il Y a à manger? Non, il n'y a rien.

~é9
thorai cha
Il y en a un peu.

Gf(i5~ é9
dal bhat cha
Il ya du riz et du dal (lentilles).

~é9 '~ I U-
41\1'<1
- ,.,.
tarkarI cha paurop cha
Il y a des légumes. Il y a du pain.

et m crffi
c-.
é9 ? m~u-
c-.
ke yo thulo cha ? ho, thulo cha
Est-ce que c'est grand? Oui, c'est grand.

~,~é9
chaina, sano cha
Non, c'est petit.

~ ~ \JJFU ? ~
bas kahile jancha ? bholi
Quand part le bus? Demain.

~ fSi~cl-jl 3IT\Jf"ffrn
bIS minetma aja sajh
Dans vingt minutes. Ce soir.

~ft:5ftffiA ~
bholi bihana saberai
Demain ma tin. De bonne heure.

188
,4 Qi :rrr ë:nft1~ ~ ?
tyahâ pugna kati samaya lagcha ?
Combien de temps faut-il pour y arriver?

~~'l ~ t1UCT
dm din ek ghaI}ta
Deux jours. Une heure.

c141~(,)1~~ ~ mID ~ ? mR)


-r-r
tapallat -.--
tyo thau thaha cha ? -
ramran
...

Vous connaissez cet endroit? Très bien.

31ft:5 31ft:5 ~~~mID~


aIi aIi malar tyo thaü thaha chaîna
Un peu. Je ne connais pas cet endroit.

~lTRt~~~?
malar pani dîna saknu huncha ?
Pouvez-vous me donner de l'eau?

Ce qui est souvent demandé d'une manière


plus directe:

l1<i5& lTRt ~'1 ~


maI'ar panl dinus na linus
Donnez-moi de l'eau (s.v.p.). Tenez.

lTRt ~ ? ~ ~
pani cha? cha chaîna
Il Y a de l'eau? Oui. Non.

m fiKR lTRt m ? m ~
yo piune pam ho ? ho hoina
Cette eau est potable? Oui. Non.

189
- m ?
-
<TI "CJFfi \1 1-110cpI <TI \11-1101-11 ~
yo pam.. umaIeko ho ? yo umaIeko hoina
Cette eau est bouillie? Elle n'est pas bouillie.

DONNER UN RENSEIGNEMENT

<TI ~ ftR) t9
yo khana piro cha
Cette nourriture est pimentée.

<TI~ 31fà ~) t9 CR mir t9


yo hotaI ali mahago cha tara ramro cha
Cet hôtel est un peu cher mais il est très bien.

<:rfg,{i~cpl-1l<tTcT~~ t9, ~ ~ ~
yahi sac1akma yauta hotaI cha, dherai mahago chaina
Il y a un hôtel pas trop cher dans cette rue.

~~w
.. - -
bis rupiya parcha
Ça coûte vingt roupies.

SE SITUER DANS L'ESPACE

Dans la montagne, les distances se mesurent


rarement en kilomètres, mais plutôt en heures ou
jours de marche. Souvent, à une demande de
distance, l'interlocuteur indique "simplement" si
la destination peut être atteinte dans la journée.

CRI[t9 ~t9
tatha cha najik cha
C'est loin. C'est près.

190
~~ ~ CNT U
tatha chaina dherai fatha cha
Ce n'est pas loin. C'est très loin.

(~ ) UfR ~ ~ "ffi7t9
( paidal ) jana ek din lagcha
C'est à une journée (de marche).

<:/if ~
yahâ tyaha -
Ici. Là-bas.

~ ou ~ GT<if ou ~
baya debre daya dahine
Gauche. Droite.

- ~-
~1<if
baya- janos
~~
dahine janos
Tournez à gauche. Tournez à droite.

fum \J1lj61-<i.
sidha januhos
Allez tout droit.

ACCUEILLIR ET SE FAIRE ACCUEILLIR

~ 3J I\j ,.1'1 Xi. !;jtt ri'! Xi.


bhitra aunos basnos
Entrez, je vous en prie. Asseyez-vous.

~U? -&$u
kasto cha ? thIkai cha
Comment allez-vous? Ça va

191
3IT~ t9 ?
ananda cha ?
Votre cœur est paisible?

~~t9?
bhok lageko cha ?
~qAT~?
- -op
tapa! pam khane ?
Vous avez faim? VOUS voulez de l'eau?

REMERCIER

tF<rëITG ir~~
dhanyabad dherai dhanyabad
Merci. Merci beaucoup (infiniment).

S'EXCUSER

+TIQ) 41161'<1-, 1f ~
maph garnuhos, ma sakdina
Excusez-moi, je ne peux pas.

~,~~T~
-- chaina
aphsoc, mala! thaha
Désolé, je ne sais pas.

~ \JTÀx-wm ~
maile janera gareko hoina
Je ne l'ai pas fait exprès (Je ne l'ai pas fait en le
sachant}.

~~~ ~ +TIQ) ~
malar thaha thiena malar maph garnuhos
Je ne savais pas. Pardonnez-moi.

192
AIDER

~~ 1KÇf Tfrt ~ ?
taparlar madat gama sakchu ?
Est-ce que je peux vous aider?

~ 1KÇf Tfrt ~ s;:u ?


malar madat garna saknu huncha ?
Est-ce que vous pouvez m'aider?

s;:u, ~ X1T:?1
huncha, khuSl sath
Oui, avec plaisir.

193
LA SAGESSE POPULAIRE

Les proverbes prennent souvent, comme en


français, beaucoup de liberté avec la syntaxe et la
grammaire. Ceci n'ôte rien à leur intérêt
linguistique. Toutefois, l'éclairage sur les aspects
de civilisation a été le critère principal de choix des
exemples cités dans ce chapitre.
Parmi les proverbes népalais, certains sont très
proches des nôtres, qu'il s'agisse de notre fonds
commun indo-européen ou d'influences inter-
culturelles ultérieures. Citons ici pour l'exemple
l'équivalent de notre "quand le chat n'est pas là,
les souris dansent", formulé comme suit en
népali :

~ TJ<ir,~ ~
biralo gayo,musako raj
Le chat parti, règnent les souris.

Parfois, si le message, aisément identifiable, est


semblable, les ingrédients peuvent différer. Ainsi
l'œuf et le bœuf de notre voleur deviennent un
radis et un cheval chez les Népalais:

~ ~ 1W1~, ~ ~ 1W1~
ghora cor pani cor,müla corpani cor
Celui qui vole un cheval est un voleur, celui qui
vole un radis aussi est un voleur.

Notons enfin, dans ce patrimoine commun,


les préceptes hérités des contes, dont ceux du
pacatantra, connus en France grâce aux fables de la
Fontaine:

194
6i'm ~ ~ f.1s~.u
bâs agIo bhae nihurincha
Le bambou, devenu grand, fléchit.

Mais de nombreux autres proverbes font


preuve d'originalité par rapport à ceux que nous
connaissons et sont chargés de tout autant de cette
sagesse immémoriale colportée à travers les
siècles. En voici quelques uns:

~lj-iT~
..
bath". mum". adhyaro
-
Sous la lumière, les ténèbres.

tRCPlfu-g ~ ~
gharko sih banko syal
Lion à la maison, chacal dans la forêt.

61\1ICPÎ~ GTTIW ~~I\:3~ G1TIW


hattlko capaune dât beglai, dekhaune dât beglai
Les dents avec lesquelles mange l'éléphant ne sont
pas celles que l'on voit (qu'il montre).

~q)f ënXT -q~ ëfi:?-IT


ketauhka
". - kura- pachilal
..:>
...".
katha -
Ce que l'on vit dans l'enfance écrit l'histoire des
jours futurs (d'après).

-gffl1~ ~fu<=r ~ +wtT~


-". dIula
hatti ." - bhannesita boka- magI
-". hemu
A celui qui promet de donner un éléphant, tu te
verras mendier une chèvre.

195
~ ~ 1WÙ fu1'f~~ ~
lkh nabhaeko manche bik nabhaeko sarpa
L'homme sans rancœur (est comme) un serpent
sans vemn.

cgcg'<CVI
~ ~ ~ ~ 00 ~
qf.1 6I1'ijICVI
kukurko pucchar bahra bar'la qhügroma rakhe pani bat}goko
bat}gai
Si le chien a la queue tordue, même douze ans
dans un carquois elle restera tordue.

~ ftm(Y5)1JXfT~Rt
dherai biralo musa namart
Trop de chats ne tuent plus les souris.

~
m 1Jffi'5rt -&êtt;:r
khane mukhlaI jügale chekdaina
Pour la bouche qui veut manger ce ne sont pas les
moustaches qui vont l'en empêcher.

~ "bTèl-0
~ ~
ek hatIe tall bajdaina
On ne peut pas applaudir d'une seule main.

1J8Tëi!'tFf
.,. x ~ ~ 3WAT
- .,.-~
muttlko dhan ra dri'ltiko swasm aphno huncha
Seuls l'argent que l'on tient en main et la femme
que l'on garde à portée de vue sont vôtres.

fuqrg <À b~ ëBtî +JlT.1fWTI


biwaha game hatpatle ketl magna birsyo
Dans la hâte de se marier, il a oublié de demander
la fille en mariage.

196
~ ~ 31ftr1FTrrncÀ ~ ~ ~ ~
jiüdo baghko aghi pama nasakne, mareko baghko jüga tanne
Celui qui ne peut pas faire front à un tigre vivant
peut, par contre, tirer les moustaches d'un tigre
mort.

T[~
gadhalar
~ <nt
nuhaera
~
gar hüdaina
Il ne suffit pas de laver l'âne pour le
métamorphoser en vache.

197
UNE GRANDE CULTURE
POUR UN PETIT PA YS
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1) ..
c
(I)
.
l?
Les noms ont une transcription en caractères
latins utilisée dans les documents administratifs
par exemple. Cette transcription n'intègre pas les
signes diacritiques pour des raisons de facilité
d'utilisation. C'est cette transcription usuelle qui a
été retenue ici.

QUI EST QUI?

e voyageur étranger se rendra compte

L rapidement de la diversité ethnique,


arrive par avion à Katmandou
qu'il
ou par la
route de l'Inde ou du Tibet, qu'il soit "trekker" ou
qu'il préfère les flâneries citadines. Les types
physiques comme les langues puisent à des
origines lointaines différentes, Tibet ou Inde. Les
types mongoloïdes de race jaune côtoient les types
indo-aryens de race blanche.
Les relations entre ces groupes si variés sont
parfaitement pacifiques, ce qui n'empêche pas les
sarcasmes de bon voisinage:

+ffcn)~~fftMmG1 ~ ~
mareko madesile jiudo pahiiQIthogcha
Un Madesi (habitant de la plaine du Teraï) mort
est capable d'escroquer un montagnard vivant.

Sur une carte et d'après les chiffres, du sud au


nord on trouve:

Dans la plaine du Téraï :


- les Tharu (994.000), les Rajbansi, les Dhimal,
les Sa tar...

201
Dans les collines:
- à l'ouest, les Magar (430.000), les Gurung
(227.000), les Thakali (7.200),
- au centre, les Tamang (904.000)
- dans la vallée de Katmandou, les Néwar
(690.000)
- à l'est, les Raï (440.000), les Limbu (254.000)...
- cohabitent sur ces terres dans une proportion
plus ou moins élevée des Népalais que les
ethnologues ont pris l'habitude d'appeler lndo-
Népalais ou gens de caste qui constituent plus de
la moitié de la population du Népal.

Dans les hautes vallées himalayennes:


- les Bhotya, dont les Sherpa (122.000) , les Lo-
pa, les Niyng-ba ...

Sous ces dénominations, déjà nombreuses, se


cache une diversité encore plus grande. Par
commodité, qu'on soit occidental ou même
Népalais, on utilisera ces labels ethniques fondés
en général de l'extérieur et à priori sur des
données linguistiques, mais sur le terrain on se
rendra compte que les langues parlées d'une
région à l'autre par des populations qui se rangent
sous la même appellation sont différentes: par
exemple, les Tharu de Dang parlent le bhojpuri,
ceux de Janakpur le maithili, les Raï pourtant
groupés à l'est ne se comprennent pas entre eux. Il
est un proverbe népalais qui dit:

VlFct~VlFct~
jati raI jati bhalja
Il y a autant de langues que de Raï

202
Au Népal, définir une population ne peut pas
se faire sur des critères linguistiques puisque
chaque région a sa langue ou son dialecte local et
chaque ethnie n'a pas forcément une langue
unique.
On comprend alors le rôle clé joué par le
népali, langue d'une majorité et outil de
communication entre les minorités aux parlers
tibéto-birmans (sherpa, néwari, tamang, gurung,
magar, raï, limbu...) et les parlers indo-européens
(bhojpuri, maithili, awadhi...)
Chaque groupe ethnique, petit ou grand, a
cependant conscience de son identité propre et
revendique son appartenance à une culture. Parce
qu'elle est encore présente dans sa différence, il
veut la défendre quand elle est menacée de
disparition par des processus d'uniformisation.
Dans le passé, l'hindouisation a transformé
considérablement les concepts religieux, politiques
et sociaux. Avec et depuis Prithvi Narayan, la
centralisation du pouvoir et la népalisation, qui se
poursuit aujourd'hui par l'école, l'administration,
les média, nivellent progressivement, au rythme
du développement économique, les spécificités des
minorités.

Mais le Népal reste un kaléidoscope, monde


fascinant de traditions et de coutumes.

203
Comment vous appelez-vous?
Les prénoms les plus courants sont d'origine hindoue. Il
ne s'agit pas ici d'en faire une liste exhaustive mais de
donner quelques exemples.
Beaucoup de prénoms se terminent en "esh". Il s'agit en
fait de composés avec le mot ish ou ishwar qui signifie Dieu.
La première lettre de ish, i, fait une fusion avec la dernière
lettre du mot précédent, généralement a. a + i = é. Ce qui
explique cette terminaison en esh:
Ramesh ; Ganesh ; Rajesh ; Paresh ; Bhavesh ; Rakesh...

Prénoms usuels
Masculi~
Ram Shyam Bahadur
Shankar Kumar Bhim
Dibya Suresh Rajendra
Babu Kishor Gopal
Maila Prakash Lakshman
Krishna Raj Ishwor
Féminins:
Mira Si ta Suka Maya
Gita Ganga Sangita
Jamuna Shan ti Lakshmi
Rita Bina Sushila
Durga Santa Maya Mina
Bhagavati Kumari Pushpa
Maya Sunita Dipa

Citons quelques prénoms d'autres origines, notamment


tibétaine:
Pasang, Dorje, Mingma, Dawa, Lobsang, Kenrab, Tashi,
Perna
Les noms de famille correspondent généralement au
groupe ethnique (Gurung, Sherpa, Raï...), à la caste
(Sharma, Pant... pour les Brahmanes par exemple), à la
profession (Tamrakar...) ou au clan (Lama Tamang...). Les
principaux noms patronymiques sont cités au fur et à mesure
de la description de chacun de ces groupes.

204
HARUN. CRETRÏ ...

Ils ont pour langue maternelle le népali. Ce


sont des descendants des colonisateurs Khas et des
Brahmanes et Rajput qui ont fui l'invasion
musulmane. Répartis dans toute la partie centrale,
plus à l'ouest qu'à l'est, ils constituent la classe
dominante. Dans le Téraï où leur installation date
du début du siècle, ils sont devenus de grands
propriétaires terriens. Hindous, leur organisation
sociale est basée sur le respect millénaire du
système des castes: pas de mariage en dehors de la
caste, ni d'échange d'eau ou de nourriture avec les
castes inférieures.
Au sommet de la hiérarchie est la caste des
Brahmanes, appelés Bahun au Népal, à vocation
religieuse puisqu'on y recrutait les prêtres. Ceux-ci
vivaient des offrandes et donations en échange de
leurs services spirituels. Le proverbe suivant laisse
à penser que la transmission était parfois plus
pragmatique:

\Jf6'TGtt Btt f,j' s'1 cp', @


j ahâ dahI uhi bahunko sahI
Là où du yaourt est donné, la signature du
Brahmane est accordée.

Au-dessous, la caste des Kshatriya compte les


Thakuri, dont la dynastie royale des Shah, les
Chetri auxquels appartiennent les Rana, à
vocation politique ou guerrière. Les membres de
ces deux castes portent le cordon sacré (janai) des
castes pures, aujourd'hui exerçant les métiers de

205
fonctionnaires, officiers dans l'armée, politiciens,
mais aussi d'agriculteurs.
Les artisans (Kami), les tanneurs-cordonniers
(Sarki), les tailleurs-musiciens (Damaï) et les
gainé, mendiants-musiciens indispensables dans
les cérémonies, appartiennent à des castes
considérées comme impures et intouchables. Il
faut noter qu'entre les deux extrêmes, les autres
groupes ethniques, avec lesquels ils cohabitent
dans les villages: Magar, Tharu... ont reçu le statut
respectable de Vaishya (caste des paysans et
commerçants).
L'hindouisme est la vivante religion qui règle
les devoirs quotidiens et accompagne les grandes
étapes de la vie par des rituels et des fêtes.
Les règles les plus strictes s'appliquent aux
Brahmanes qui ne doivent ni boire d'alcool, ni
manger de viande.

NÉWAR

On a beaucoup parlé des Néwar dans l'histoire


du pays, de leurs qualités artistiques indéniables.
Leur originalité aussi se situe dans le fait qu'ils ont
adopté le système de castes hindou avec une
rigueur égale à celui de l'Inde, tout en étant
rattachés de par leur origine et langue à la famille
tibéto-birmane.
L'hindouisme majoritaire coexiste avec le
bouddhisme mahayana et le bouddhisme
tantrique tout à fait original, dernier témoin du
bouddhisme indien disparu, et indépendant de la
tradition tibétaine. Les deux hautes castes
hindoues sont les Brahmanes (Raj Upadhaya,
Bhatta, Jha...) et les Shrestha (Shrestha, MaHa,

206
Joshi, Pradhan, Raj Bhandari, Amatya...). Les
hautes castes bouddhistes sont les Gubaju ou
Vajracarya et les Bare (Sakya) ainsi que les Uday.
Ces castes forment la bourgeoisie de la société
néwar. Certains artisans appartenant à ces hautes
castes comme les orfèvres, bronziers (Kansakar),
fondeurs (Tamrakar), fabriquent toujours les
statues de cuivre ou de bronze, destinées autrefois
aux sanctuaires du Népal, du Tibet ou même de la
Chine. Aujourd'hui ces œuvres s'adressent plus à
la demande des touristes. Le commerce en ville a
remplacé le commerce avec le Tibet.
Parmi les castes dites pures mais de statut
inférieur, les paysans ou Jyapu. Ils sculptent les
rizières (khet) à la houe au début de la mousson,
puis c'est aux femmes Jyapuni de repiquer le riz
récolté et vanné en octobre. Les Jyapuni portent
encore le sari traditionnel de coton noir bordé de
rouge. Pour les citadines, si le sari de style indien
est à la mode, la blouse croisée à longues manches
et le châle recouvert d'un voile de coton blanc
restent une coquetterie néwar.
Artisans de talent, les Néwar n'ont pas
seulement excellé dans la construction des pagodes
ou des monastères, ils ont aussi donné à leurs
maisons de briques une touche originale avec
leurs toits pentus de petites tuiles plates, les
terrasses couvertes du dernier étage, les admirables
fenêtres et piliers de bois sculpté qui font le
ravissement de l'oeil.

THARU

Grande ethnie de la plaine du TéraÏ au sud du


Népal, les Tharu sont des paysans vivant des

207
terres gagnées sur la jungle et les marécages, qui
dans le passé, étaient itinérants. Épargnés par le
paludisme qui a sévi jusqu'au début de ce siècle
dans tout le Téraï, au point qu'on les croyait
immunisés, ils pratiquent dans ces terres chaudes
et humides essentiellement la culture du riz et du
maïs. Ils utilisent l'araire à la différence des Néwar
qui l'ignorent. Ils sont aujourd'hui près d'un
million répartis sur 900 kilomètres. Leur religion
est l'hindouisme dont ils célèbrent les grandes
fêtes mais ils honorent aussi par des traditions
ancestrales les divinités locales du sol.
L'hindouisme a moulé forcément leur société
mais le système de castes n'a pas été reproduit dans
une société aux migrations fréquentes.
Ils sont loin de constituer un groupe
homogène, les coutumes sont variées et les
dialectes tharu indo-aryens, nombreux, sont
apparentés aux parlers du nord de l'Inde, bhojpuri,
hindi à l'ouest, maithili, bengali à l'est. Selon les
régions, la maison, faite d'une armature de
bambou recouverte de terre, porte un toit de
chaume ou un toit de tuile, ailleurs les murs sont
décorés de dessins peints par les femmes. Les
costumes aussi changent d'une région à l'autre, les
femmes Rana Tharu parées de bijoux en argent
portent élégamment une jupe courte et une blouse
brodée, les cheveux tressés et un chignon coiffé
d'un châle noir, tandis que les autres femmes
Tharu portent plus communément un tissu de
coton en guise de jupe et une blouse qui se ferme
dans le dos.
Les Tharu, à cause d'une immigration massive
des gens des collines due à l'éradication du

208
paludisme, partagent aujourd'hui avec eux ces
terres défrichées.

MAGAR

Leur installation entre la Bhéri Khola et la


Kali Gandaki semble être une des plus anciennes
dans les collines de l'ouest. Population
mongoloïde, organisée en clans et non en castes,
elle se divise linguistiquement: au nord, on parle
le kham magar, au sud le magar, deux langages qui
ne se comprennent pas mutuellement.
Les Magar sont des paysans solides, fiables,
courageux, l'armée des Gorkha ne s'y trompe pas
et recrute parmi eux nombre de soldats depuis
deux siècles, pour cette raison on retrouve des
communautés disséminées dans tout le pays
jusqu'à l'extrême est.
C'est chez les Magar du nord (au parler kham)
que la vieille religion chamanique a résisté le plus
à l'hindouisation, le chamane est ici au centre de
la communauté. Il est la réincarnation de l'ancêtre
chamane défunt et au delà du premier chamane
fondateur. C'est lui qui est demandé pour
combattre les forces mauvaises de la maladie, de la
folie ou de la mort. Pour cela, il lui faut participer
à une initiation longue, éprouvante qui se
terminera après plusieurs mois face aux gens de
son village. Guidé par les autres chamanes, la
montée à l'arbre, symbole de la montée dans le
royaume de l'au-delà, est la dernière étape du
parcours initiatique. Après le sacrifice d'un bélier
qu'il aura rencontré dans un combat singulier,
possédé par l'esprit de l'ancêtre mythique, le futur
chamane, "le coeur du bélier entre les dents et les

209
yeux recouverts d'un bandeau de tissu blanc qui
l'aveugle, grimpe au tronc glissant jusqu'à la plate-
forme sur laquelle il parvient à se hisser. De
nouveau, il se met à trembler violemment.
Saisissant le tronc à deux mains, il se balance
genoux pliés dans un mouvement rapide de va-et-
vient. Les chamanes poursuivent la danse autour
de l'arbre, en changeant à plusieurs reprises le sens
de leur ronde. L'initié, les yeux toujours bandés,
doit témoigner de sa lucidité surnaturelle en
devinant le sens des rondes, qu'il exécute
simultanément sur la plate-forme Entouré de
vide, il fait alors l'expérience la plus proche
possible d'un voyage entre les mondes38.11
Le chamane a pour mission de soigner, de
guérir le corps et ne pourra le faire que s'il
'poursuit l'âme qui s'échappe de l'homme malade;
la maladie est considérée comme la fuite d'une des
trois âmes qui habitent le corps. Ainsi il devra
accomplir ce voyage au parcours difficile et
dangereux dans les mondes souterrains, le monde
des esprits. Les incantations au son obsédant,
rapide ou lent du tambour, le sacrifice d'un
animal, les offrandes font partie d'un rituel
magique au cours duquel, agité par la transe, il
tentera de ramener l'âme perdue.
Dans les villages Magar plus au sud, fortement
hindouisés, le "jhankri" (chamane) cède au
brahmane de son pouvoir, sollicité
particulièrement dans les cérémonies de
purification à la naissance ou à la mort.
Contrairement à la plupart des Népalais, les Magar
du nord enterrent leurs morts dans une natte

38 Anne de Sales, "Je suis né de vos jeux de tambours".

210
contenant des provisions de blé pour l'autre
monde. L'âme du mort est invoquée
annuellement avec les dieux du lignage par un
sacrifice commémoratif. Les Magar du sud
enterrent ou déposent les cadavres directement
dans l'eau de la rivière.
Le mariage chez les Magar obéit à certaines
règles et préférences. Généralement, les épouses
potentielles sont choisies du côté de la famille de
la mère, on choisira de préférence la fille du frère
de la mère ou une fille appartenant au lignage de
l'oncle maternel mais jamais la fille de la soeur du
père.

GURUNG

De type mongoloïde comme leurs voisins


Magar, Tamang et Thakali, ils vivent au pied de
l'Annapurna, dans le Népal central. Comme les
Magar, ils ont émigré du plateau tibétain, peut-être
plus tardivement entre le VIIème et Xème siècle.
Outre une origine commune, ils partagent avec
eux des mythes, des coutumes et des activités
agricoles ou artisanales proches.
Traditionnellement éleveurs de moutons, de
chèvres et de bovins avec transhumance, les
Gurung comme les Magar tissaient des
couvertures, tapis et vêtements en laine.
Sédentarisés, ils ont réduit l'élevage au profit des
cultures de riz, millet, maïs, orge et blé sur les
terrasses taillées sur les pentes abruptes. Beaucoup
d'entre eux, soldats de la dynastie des Shah dès le
XVlIIème, se sont engagés, depuis plusieurs
décennies, dans les bataillons Gorkha de l'armée
britannique et indienne et jouissent à ce titre de

211
postes dans l'administration militaire, policière et
civile.
La société se divise en deux groupes de clans:
les Char Jat (quatre clans) qui se considèrent
supérieurs aux Sohra Jat (seize clans). On se marie
à l'extérieur de son propre clan. Chaque village a
sa maison de jeunes (rodi ghar) où les jeunes filles
et garçons se retrouvent pour bavarder, chanter et
se rencontrer en toute liberté, une institution
sociale communautaire où les uns et les autres
apprennent à se connaître et à entrer dans le
monde adulte. Bouddhistes ou hindouistes, ils ont
aussi gardé leurs traditions chamaniques et, à côté
des lamas et des prêtres brahmanes, les chamanes
participent et mènent de nombreux rituels
d'exorcisme, de divination, de guérison.
La maison traditionnelle gurung ou magar de
forme ronde ou ovale en torchis et au toit de
chaume -que le "trekker" a pu remarquer dans ses
randonnées autour de Pokhara- disparaît peu à
peu remplacée par la maison de pierre
rectangulaire au toit d'ardoise ou de tôle.
Les femmes gurung vêtues d'une jupe, d'un
boléro de velours, se couvrent la tête d'un foulard
coloré. Elles portent souvent de lourds colliers de
grosses perles couleur corail, et à la mode des
femmes hindoues, le nez est aussi objet de
coquetterie l'anneau de nez (bulaki)
s'accompagne à la narine gauche d'un bijou doré
en forme de fleur (phuli). Les oreilles sont
agrémentées de plateaux en cuivre doré ou percées
dans le cartilage d'ornements en forme de fleur.

Leur langue d'origine tibéto-birmane est


proche du Tamang et du Thakali.

212
TAMANG

Ils constituent dans les montagnes du Népal


central une des minorités les plus nombreuses
avec un million d'individus. Plus de la moitié de
la population de la vallée de Katmandou est
Tamang. Toutes les collines, à la périphérie, sont
habitées de petites maisons pauvres en torchis et
au toit de paille abritant des familles Tamang qui
cultivent des champs de maïs. Avec la spéculation
immobilière et foncière qu'a connue la vallée,
beaucoup de Tamang ont vendu, souvent pour
peu, leur masure et lopin de terre. Ils n'ont plus
désormais comme ressource que le travail de
porteurs (bharya) pour les Népalais ou les
touristes, trekking ou expéditions de haute
montagne, labeur auquel ils étaient coutumiers
depuis déjà des générations. Producteurs d'une
grande part de l'artisanat pour touristes, thankas,
masques, avec une main d' œuvre essentiellement
de femmes et d'enfants pour les tapis
commandités par les marchands tibétains et
néwar, ils sont restés pauvres, au service des
communautés dominantes de la vallée. Malgré
leur nombre, ils n'ont guère de poids politique au
sein du pouvoir central. Jusqu'en 1932, ils étaient
assimilés aux Tibétains du Népal, les Bhote ; c'est
seulement à cette date qu'ils se sont démarqués
d'une population marginale aux yeux du code des
castes népalais (Muluki Ain) et ont été reconnus
comme Tamang.
Ils parlent une langue tibéto-birmane de
tradition orale. N'ayant pas d'écriture propre, ils

213
ont adopté l'alphabet tibétain pour transcrire les
textes religieux du bouddhisme lamaïque auquel
ils se sont convertis très tôt mais utilisent aussi le
devanagari pour la transcription de leur langue.
Comme chez les Magar, les pratiques ancestrales
chamaniques ont subsisté mais la conversion au
bouddhisme a conduit, dans les villages, à la
cohabitation des lamas en charge des monastères
(gompa) et des chamanes. Les lamas sont appelés
pour les rituels importants (à la naissance ou pour
les cérémonies funéraires et la crémation), les
chamanes (appelés du nom tibétain Bonpo) pour
tous les maux qui entravent la bonne marche de la
vie quotidienne.
Le chamane Tamang, vêtu d'une longue robe
blanche, coiffé d'un bandeau piqué de plumes de
paon et d'aiguilles de porc-épie, ceint de colliers de
cloches, danse et affronte les esprits malfaisants, au
son de son tambour à deux peaux monté sur un
manche et armé du phurbu, couteau d'exorcisme
en bois à lame triangulaire, qu'il a lui-même
fabriqué et sculpté.

RAÏ. LIMBU

Habitants des collines du Népal oriental, les


Raï occupent les terres entre la rivière Likhu et la
vallée de l'Arun, les Limbu s'étendant plus à l'est,
jusqu'à la frontière du Sikkim. Ils se désignent
aussi eux-mêmes Kirant ou Kirati, nom qui
évoquait dans l'épopée du Mahabharata, les
féroces tribus de l'est himalayen. Ils apparaissent
dans l'histoire légendaire de la vallée de
Katmandou comme y ayant régné plusieurs
siècles. Leurs traits mongoloïdes et leurs langues

214
tibéto-birmanes39, les légendes des multiples
groupes indiquent qu'ils s'installèrent sur ces
territoires après de longues errances en Inde ou au
Tibet. Ce sont eux, parmi tous les groupes cités, qui
ont peut-être résisté le plus longtemps à
l'hindouisation et qui ont lutté le plus pour
préserver leur particularisme ethnique après
l'unification du Népal par Prithvi Narayan et ses
successeurs.
Le caractère tribal et chamanique de la religion
ancienne a été relativement épargné jusqu'à un
passé récent. Les prêtres-chamanes étaient les seuls
guides du rituel et guérisseurs des communautés
villageoises. Les Raï divisés en tribus et clans
partageaient et géraient leur territoire selon un
système (kipat) de tenures qu'ils allouaient aux
membres de leur communauté et de terres en
friches communes à tous. Ce privilège aboli chez
les Raï depuis 1946 par le gouvernement Rana, a
subsisté chez les Limbu, bien qu'ils aient perdu
une partie de leurs terres appropriées par des
Népalais de haute caste et fortunés.
Appauvris, comme les Magar et les Gurung,
beaucoup de Raï et de Limbu se sont engagés dans
l'armée des Gorkha depuis 1815. Ces dernières
décennies, ils ont migré également vers le sud,
défrichant les terres du Téraï.

BHOTYA

Parmi les groupes d'origine tibétaine, que les


Népalais appellent les Bhotya (ou Bhote), on
trouve de l'ouest à l'est les Nyingba dans la région

39 En 1880 Hodgson dénombrait 14 parlers Raï

215
de Dolpo, les populations Lopa de l'ancien
royaume du Mustang, les Sherpa (122000) ou "gens
de l'est". Ils vivent de l'élevage du yack, de la
culture de l'orge, du blé et de la pomme de terre
dans les hautes vallées de l'Himalaya, tout au long
des 800 km de frontière avec le Tibet. Les Sherpa
sont les plus connus grâce à leur connaissance
expérimentée de la montagne et leur travail de
guide dans toutes les expéditions qui ont eu lieu
jusqu'alors dans l'Himalaya. Le Sherpa Tensing fut
le premier à conquérir le sommet du Sagarmatha
(Everest), dans l'expédition Hillary, le 29 mai 1953.
Du Tibet d'où ils sont venus entre le XVlème
et le XVIIIème siècle et avec lequel ils sont restés
en contact pour le commerce, les Bhotya ont gardé
de par la similitude du climat, le même mode de
.vie. Bouddhistes lamaïques. Ils ont aussi perpétué
et enrichi au cours des siècles l'héritage culturel et
religieux tibétain, autour des monastères et des
lamas.

Les hommes portent à la manière tibétaine la


tsuba (grande robe en laine de yack) et les femmes
le bakou (robe tibétaine). Ces dernières sont parées
de lourds colliers de turquoises, de coraux et de
pierres de zi.

216
QU'EST CE QU'ON MANGE?

our la plupart des Népalais la base de

P l'alimentation
plusieurs
est d'abord le riz, qui porte
noms selon les étapes de son
évolution: dhan quand il est sur tige, carnal quand
il est en grains, et bhat quand il est cuit. Il est aussi
courant de demander à une connaissance qu'on
croise: "Bhat khayo?" que notre sempiternel "Ça
va ?". Le travailleur népalais moyen, compte par
repas qu'il lui faut un mana de riz, soit près d'un
demi-kilo. Jamais une caste supérieure ne
touchera à du riz cuit par une caste inférieure,
frappé de "pollution". Une spécialité néwar, les
flocons de riz, a l'avantage de pouvoir être
consommée par tous, contrairement au riz cuit.
Cette variante du riz est, chez les Néwar, la base de
tous les repas aux nombreux convives (bhoj).
Le riz se mange arrosé d'une soupe de
lentilles, et accompagné de légumes frits à l'huile
de moutarde ou au beurre clarifié et colorés de
curcuma relevés par le goût des épices pilées et
une pincée de piment. Des condiments frais ou
conservés, très variés, relèvent le tout d'une note
de saison.
Selon les régions et leurs climats, loin des
rizières, il est remplacé au quotidien par d'autres
céréales. Les Tamang se nourrissent
essentiellement de farine de maïs bouillie (4hi{o)
agrémentée de légumes cultivés ou d'herbes
sauvages, n'hésitant pas à affirmer que "si l'on ne
mange que du riz dans la journée, l'estomac n'est
pas rempli et l'on a toujours faim, seul le 4hi{o

217
rassasie40". Chez les Sherpa des hautes vallées
comme chez les Bhote, la farine d'orge grillée
(tsampa) se consomme avec du thé salé au beurre
de yack, les pâtes faites maison, cuites avec des
morceaux de viande, donnent une excellente
soupe ou thupa. Les momo, genre de raviolis cuits
à la vapeur ou frits sont aussi une autre spécialité
du pays sherpa.
Les Népalais ne cultivent pas de jardin à
proprement parler mais ont souvent un petit carré
de légumes verts (sag) ou quelques courges et
quelques concombres qui grimpent sur le toit ou le
mur de la maison. L'ortie constitue, l'hiver, un
palliatif au manque de légumes dans la montagne.
Certains aliments sont soumis à des
restrictions ou à des interdits: l'ail, l'oignon sont
considérés comme impurs de manière
permanente par les brahmanes et par d'autres
castes lors de certains rituels; la viande de porc
exclue de l'alimentation des hautes castes et des
musulmans, est consommée par les Tamang,
Magar, Raï mais n'entre pas dans les habitudes
alimentaires des Gurung. La viande de vache ou
de boeuf est bien sûr tabou pour tous les
hindouistes. Tuer une vache était sacrilège et puni
de mort. Le buffle par contre ne bénéficie pas de la
même protection et sa viande est consommée par
la plupart des Népalais sauf par les hautes castes et
les Magar. D'une manière générale, les Népalais
consomment peu de viande, un luxe qu'on
s'autorise lors des fêtes qui s'accompagnent d'un
sacrifice animal. La caste des bouchers tue et vend
de la viande de buffle ou de chèvre, de mouton.

40 B. Steinmann, "Les Tamang du Népal".

218
On trouve aujourd'hui aussi la vente de volailles
dans le commerce mais généralement, on les élève
soi-même ou on les achète au paysan sur pied. Les
Sherpa et les Tibétains en raison des conditions
clima tiques conservent la viande de yack pour les
longs hivers en la coupant en lamelles et en la
faisant sécher (sukuti). Ce sont les seuls à faire
traditionnellement du fromage à partir du lait de
yack, cuit à la manière de notre gruyère, ils le
mangent en petits cubes séchés ou plutôt le sucent
pendant des heures tant il est dur.
Le lait de vache est souvent le privilège des
Brahmanes qui ont les moyens et le devoir
d'élever une vache, le lait de bufflonne est plus
répandu, plus gras, il sert à fabriquer de l'excellent
yaourt. Le thé est devenu boisson nationale, au lait
et sucré comme en Inde, mais dans certaines
régions déshéritées on le boit nature (phika), un
peu de piment remplacera le sucre.
Les boissons alcoolisées: bière fermentée
(chang) ou alcool distillé très fort (raksi) sont
fabriquées à partir de céréales comme le riz, le
millet ou l'orge et ne se consomment que les jours
de fête ou de réunion.
Des conventions précises règlent le repas, c'est
la maîtresse de maison qui sert la nourriture et
pour cette raison mange après la famille ou les
convives. On offre toujours un peu de nourriture
aux dieux et aux ancêtres avant de commencer à
manger. Après chaque repas, on se lave les mains
et la bouche. Toute nourriture touchée est souillée
(jutho) et les restes sont jetés ou donnés à celui
dont la caste est inférieure. Il n'est pas d'usage de
faire la conversation en mangeant, on s'absorbe
dans ce qu'on fait, on mange vite, de la main

219
droite en s'abstenant de la gauche considérée
comme impropre à toucher les aliments, celle-ci
ne servant qu'à porter l'eau de l'aiguière à la
bouche. On prend deux repas par jour, le premier
vers dix heures du matin, ce qui paraît justifié
dans un pays où on se lève avant l'aube, le dîner
après le coucher du soleil. Thé, fruits, graines
grillées de pois chiche, de soja, biscuits ou
pâtisseries, cacahuètes permettent de couper la
faim. Une collation vers deux heures de l'après-
midi est habituelle comme notre goûter.

Comme le Français, si l'on en croit le


proverbe, le Népalais aime festoyer et s'amuser:

~~~~~~
newar bigryo bhojle, k~etif bigryo mojle
Le Néwar se ruine dans les festins, le Chetri dans
les divertissements.

220
riz thé ~ dya
sur pied tTfo1 dhan
eau qRI panT
en grain ~ eamal
cuit 'BTffbhat épices11X1(i5T
masala
flocons ~ dura poivre ~ marie
au lait "clR khTr cumin ftm jira

lentilles GW5dal
curcuma ~ besar
piment ~ khursanT
huile ëf<ry tel cannelle G1(i5~
dal dnT
clou de girofle ~ lwari
beurre ~ makhan
gingembre ~ aduwa
clarifié m ghiu
.coriandre ~ dhaniya
condiment 3TT:f"Raear cardamome 'tl~4~ sukhumel
fenugrec 1)~ methT
farine ~ pTtho
de blé ~ maida légumes çjJCPI.[1tarkarT
courges ~ pharsT
maïs ~ makai
pomme de terre 3m3 alu
blé ~ gahu concombre ~ kakro
oignon 1"ZffGf pyaj
œuf ~ phul
ail ~ lasun
~ éU)Qa
épinards ~ palunga
lait ~ dudh haricot fWfi simT
carotte 7fT\JRgajar
sucre ~ dn'I
ortie ~ sisnu
viande 1ffiJ masu fruits ~ ~ phal phul

221
DES DIEUX ET DES FÊTES

ikram Sambat, l'ère népalaise débute en 57

B avant Jésus Christ,


Bikramaditya.
au temps du roi
L'année népalaise commence
à la mi-avril et compte douze mois:

baisakh avril / mai


jeth mai/juin
-a~ar
- juin/juillet
-
sa un juillet/ août
bhadra août/ septembre
-~
aswin septembre / octobre
kartik octobre / novembre
- ......
manSlr novembre / décembre
pau~ décembre/janvier
magh janvier / février
phalgun février / mars
cait mars / avril

Les calendriers hindou et bouddhiste sont


jalonnés de fêtes tout au long de l'année au
rythme des différentes phases lunaires.
Fête signifie rituels en l'honneur des divinités,
offrandes, prières, chants, processions et danses. Le
regard indiscret de l'étranger est fasciné au
quotidien par les gestes généreux de l'offrande:
fleurs (phül), riz (camal), encens (dhup), eau et
poudre de vermillon (sindur) sont déposés,
appliqués ou projetés d'une main sûre et délicate
sur l'idole de pierre ou de bronze, les gestes

222
d'humilité profonde des prosternations, la ferveur
du recueillement ou de la prière:

11Àm~~
mane dewata namane qhUl}ga
Dieu pour le croyant, pierre pour le non-croyant.

Vient la fête qui rassemble, convie, distrait,


exorcise. Destinée à rappeler à la communauté
toute entière ses devoirs envers les dieux, envers
ses morts et ses ancêtres et entre ses membres, elle
est aussi libératoire des comportements sociaux
conventionnels et permet le rire, la facétie ou la
dérision. Par le spectacle qui l'accompagne, elle
invite le profane à s'instruire des enseignements
de la religion au travers des danses, masquées ou
non, des chants et des histoires qu'ils racontent.

L'hiver est le temps du repos pour la terre et


pour les paysans qui la travaillent: on propitie les
dieux.

LOSAR

Les Tibétains et les Bhotya fêtent leur Nouvel


An, Losar, en février. La foule colorée et
bonhomme des pèlerins qui circulent autour des
deux grands stupa de la Vallée de Katmandou, à
Swayambhu et à Bodhnath, les cérémonies et les
spectacles de danses masquées, donnent un aperçu
de la diversité des populations du haut Himalaya,
de la richesse et de la force des traditions du
bouddhisme lamaïque si fortement menacé
aujourd'hui au Tibet.

223
SRI P ANCHAMI (MAGH)

C'est le début du printemps (basanta) annoncé


officiellement au Roi par une cérémonie à
Hanuman Dhoka. C'est une date privilégiée pour
les mariages. Jour dédié aux divinités de la
connaissance (hindoue: Sarasvati ; bouddhiste:
Manjusri) qui habitent la même colline, accolée à
celle de Swayambhu. Les pèlerins, dont beaucoup
d'écoliers, montent nombreux au sanctuaire
commun.

SHIV ARA TRI - LA NUIT DE SHIVA ( PHALGUN).

Les hindouistes et particulièrement les


shivaïtes honorent par un grand rassemblement
(me1éï) au sanctuaire de Pashupatinath, sur les
bords de la Bagmati, le Seigneur Shiva. Le culte au
Maître des animaux, Pashupati, est un culte très
ancien. Les pèlerins sont venus souvent de loin,
de l'Inde même. Les sadhu sont les acteurs les plus
impressionnants de cette nuit sacrée en l'honneur
de Shiva, ascète et yogi divin, que l'on représente
nu et couvert des cendres des bûchers funéraires.
Hommes saints, ascètes, renonçants, les sadhu ont
abandonné toute attache familiale. On les
reconnaît à leur robe, à la marque shivaïte
horizontale ou vishnouïte verticale sur le front
(tilak), à leur bâton, à leurs longs cheveux ou à
leur tête rasée, à l'anneau qui perce l'oreille des
disciples de l'ordre Gorakhnath et à leurs
accessoires: trident (trisul), bol dans lequel ils
mendient leur nourriture, parfois un crâne
humain. Les sadhu Aghori et Naga sont les seuls à
vivre nus, couverts de cendres à l'image de leur

224
Maître. Les Népalais voient parfois d'un oeil très
victorien et critique l'arrivée de ces babas indiens,
fumeurs de ganja, dont ils craignent les
redoutables pouvoirs magiques.

Hall (PHALGUN).

Pendant huit jours, Krishna, l'un des avatars


de Vishnou, est célébré joyeusement à travers tout
le pays. A l'exemple des espiègleries de Krishna,
dont on se souvient qu'il déroba les saris des jolies
bergères parties à la baignade, les facétieux de tous
âges s'affrontent dans les lancers de poudres de
couleur et d'eau colorée -même à l'encre- et se
feront un devoir d'asperger tout passant
aventureux. Les chants d'amour annoncent aussi
le retour du printemps.

CHAIT DA SAIN OU LE PETIT DASAIN. (CAIT).

C'est l'une des deux fois dans l'année ou la


déesse Durga est invoquée et propitiée par des
sacrifices animaux. Il est fêté principalement dans
les collines qui résonnent des chants et danses
entre jeunes gens.

RAM NAWAMI (CAIT)

A Janakpur, une foule de cent mille fidèles


hindouistes venus du Népal et de l'Inde voisine,
se presse au temple de Janaki Mandir pour célébrer
l'anniversaire de Ram et de Sita.

225
JANAK! NAWAM! (BAISAKH)

On fête la naissance de Sita à Janakpur et en


novembre-décembre est célébré le mariage de Ram
et Sita.

RATO MATSYENDRANATH (LE SEIGNEUR DES


POISSONS)

C'est une divinité très populaire chez les


paysans Néwar de Patan et du sud de la vallée. Le
dieu appelé aussi Bungadéo est transporté sur un
chariot (rath), étape par étape pendant deux à trois
mois, d'avril à juillet, entre le village de Bunga, et
Tahbahal à Patan, ses deux résidences. C'est la plus
vieille fête de la vallée, dont on a trace déjà au
neuvième siècle. Matsyendranath le Rouge (rato)
qui habitait en Assam fut amené, par un habile
subterfuge, dans la vallée de Katmandou. Le yogi
Gorakhnath, pressé de recevoir l'initiation du
dieu, emprisonna les naga, divinités des eaux, la
sécheresse s'abattit sur la vallée, Matsyendranath,
dieu de la compassion aurait été transformé en
bourdon pour s'y rendre au plus vite et apporter
les pluies réparatrices.

BUDDHA JA YANTI (BAISAKH)

C'est la fête de la naissance, de l'Illumination


et de la mort du Bouddha, durant la pleine lune
(pürI1ima) de baisakh. Au stupa de Swayambhu,
les lamas exposent les images du Bouddha,
peintures (thankas) et statues. Cinq prêtres
bouddhistes néwar Vajracarya, incarnant les Cinq
Bouddhas, exécutent une danse rituelle devant

226
leurs statues qui jalonnent la base du stupa.
Derniers détenteurs de la connaissance en langue
sanscrite des Tantras (livres) bouddhistes, disparue
aujourd'hui en Inde, les prêtres néwar se sont
transmis avec l'enseignement des textes sacrés, la
tradition unique de danses rituelles (carya nritya),
le plus souvent ésotériques, accompagnées d'un
chant qui permet à l'initié de visualiser la divinité.
A Pa tan, chaque bahal ou monastère néwar
organise des danses et expose de magnifiques
visages de Bouddha en cuivre repoussé et doré.

JANAI PURNIMA (SAUN)

Les hommes des hautes castes hindoues


renouvellent le cordon sacré (janai), pour les
autres des deux sexes, un cordon protecteur est
attaché à leur poignet que trois mois plus tard on
liera à la queue d'une vache, le jour de la puja à
l'animal sacré. La fête se déroule à la grande
pagode à cinq étages de Kumbeswar à Patan dédié à
Shiva. Sont venus des collines les chamanes ou
jhankri qui dansent au son de leurs tambours et
purifient les lieux. En même temps, dans un autre
lieu qui fut aussi visité par Shiva, le lac de
Gosaikund (4000 m d'altitude), dont les eaux sont
supposées être reliées à celle de Kumbeswar, se
déroule un grand rassemblement de jhankri.

GAI JA TRA (SA UN OU BHADRA)

Dans la Vallée de Katmandou, les familles qui


ont perdu un des leurs processionnent en petits
groupes, conduits par deux garçons de la famille
du défunt. Figurant une paire de vaches, ils sont

227
coiffés d'un heaume aux cornes de paille où sont
fixés devant et derrière deux masques de papier
sur lesquels sont dessinées des têtes de vache. C'est
alors que les vaches, de leurs cornes, pousseront
les portes du royaume de Yama, le dieu de la mort,
et permettront aux âmes d'y pénétrer. Cette fête a
un caractère spectaculaire à Bhaktapur où, à la
procession, s'ajoute le défilé de joyeux drilles
barbouillés, déguisés, masqués, qui d'une manière
satirique s'amusent de leurs concitoyens. Cette
tradition date du XVIIIème siècle, un roi Malla
aurait demandé au peuple de consoler la reine qui
venait de perdre son fils.

Tn (BHADRA)

Le rouge des saris des femmes inonde durant


trois jours les rues et la Bagmati à Pashupatinath.
Les femmes hindoues jeûnent (brat), prient Shiva
et vont à la rivière sacrée le dernier jour pour les
ablutions et le bain rituel en mémoire de Parvati.
Amoureuse de Shiva, elle pratiqua jeûne et
dévotions au lingam du dieu et dansa jusqu'à ce
que celui-ci remarqua sa beauté et voulut
l'épouser. Ainsi, à l'image de Parvati, les femmes
dansent et forment des voeux pour le bien de leurs
maris.

INDRA J A TRA (ASWIN)

Indra, dieu de la pluie et dieu des dieux fut par


méprise, capturé et mis en cage dans la bonne ville
de Katmandou. Descendu du ciel, déguisé en
simple mortel, il cueillait des fleurs rares destinées
à sa mère, la déesse, pour la fête de Tij, quand les

228
habitants de Maru Hiti, le prenant pour un voleur,
l'attrapèrent. En échange de sa libération, la déesse
promit de répandre désormais dans la vallée la
rosée bienfaisante. Des masques du dieu
commémorent l'événement, au carrefour des rues
de la ville, enfermés dans une cage!
La déesse vivante, Ku mar i est aussi à
l'honneur pendant Indra Jatra. L'histoire remonte
au roi Jayaprakash MalIa. Il avait l'habitude de
jouer aux dés avec la déeese Taléju quand un jour,
il eut à son égard des désirs bien humains, elle s'en
offensa et disparut. Il eut un rêve où elle lui
annonça qu'elle se réincarnerait en une fillette
impubère dans une famille de bouddhistes Néwar,
à laquelle il devrait rendre annuellement
hommage. Le culte à Kumari était né et Prithvi
Narayan Shah, quelques années plus tard, marcha
sur le palais royal le jour de la fête de Kumari,
Jayaprakash Malla s'enfuit à Patan et le conquérant
reçut de la déesse la tTk a sur le front et sa
bénédiction.
Des masques de Bhairava, une forme
courroucée du dieu Shiva, sont aussi exposés
devant les temples ou les maisons et le grand
masque de Seto (blanc) Bhairava est dévoilé une
fois l'an, à Hanuman Dhoka.
En cette fin de mousson, il s'agit de remercier
les dieux protecteurs et de se rendre favorables les
démons. Indra Jatra dure huit jours, riche en
rituels et dans son évocation des divinités:
masques icônes ou danses masquées (de Bhairava,
du démon rouge Lakhé, de l'éléphant blanc
d'Indra), et spectacles nocturnes sur les marches du
temple de Vishnou, près de la maison de Kumari,

229
qui content les aventures du même dieu et de ses
avatars et des épisodes du Ramayana.

OURGA OASAIN (A~WIN)

C'est la grande fête nationale, célébrée dans


tout le pays, en l'honneur de la déesse Durga - la
déesse protectrice, à l'allure guerrière, de ce dernier
royaume hindou. Multiples sont les
manifestations de dévotion à celle qui tua le
démon-buffle Maheshasura, qui apporta la victoire
du bien sur les forces mauvaises. Des sacrifices
animaux lui sont dédiés et les bouddhistes ou les
personnes sensibles ne sortiront pas au matin du
neuvième jour, quand coule le sang sacrificiel sur
le parvis des temples ou le capot des taxis ou des
camions. Les Néwar évoquent la déesse et ses
différentes émanations: les Ashtamatrika ou les
Navadurga par des danses masquées qu'on peut
voir en de nombreux points de la vallée. C'est une
foule respectueuse et fervente qui assiste au
spectacle de ces danseurs. Possédés par l'esprit de la
divinité, ils sont considérés comme des dieux
vivants.

TIHAR (KARTIK)

Joyeuse fête des Lumières, après les récoltes,


pour remercier Lakshmi, déesse des richesses, de la
prospérité que l'on sollicite pour l'an à venir. Le
premier matin, des offrandes de nourriture posées
sur des feuilles sont emportées bruyamment par
les corbeaux et les corneilles, auxiliaires du dieu de
la mort, Yama, qui s'éloignent ainsi satisfaits. Le
deuxième jour honore le chien, serviteur de

230
Yama, on lui donne spécialement à manger et on
le pare de colliers. Le soir du troisième jour, pour
Lakshmi Puj a, on a tracé sur le sol de la maison les
pas qui inviteront Lakshmi à pénétrer le foyer
jusqu'à l'autel qui lui est destiné, éclairé par la
flamme des lam pes à huile et des bougies.
Tihar est une fête heureuse.

Dans les collines du moyen pays, de Tij à


Tihar, les Gurung, les Magar, les Raï racontent,
par des chants et des danses, des histoires tirées du
Ramayana et du Mahabharata à un public patient
et conquis. La danse de la Maruni (qui signifie
danseur habillé en femme), est une des plus
populaires.
Chez les Gurung et les Magar, au printemps, à
la pleine lune de Jeth (mai-juin), la danse de
Ghanto jouée par des jeunes filles, dure quatre
jours. Elle raconte entre autre une légende du
Ramayana : un roi, sa vie et sa mort, le sacrifice
(sati) de ses veuves qui s'immolèrent par le feu et
qui furent ramenées à la vie par les chanteurs de
Ghanto.

LA MUSIQUE

ans la vie quotidienne, la musique occupe

D une place importante. Elle accompagne tous


les actes religieux de la naissance à la mort,
les processions, les fêtes religieuses qu'elles soient
hindoues, bouddhistes ou chamaniques.
La musique classique, celle des ragas, plonge
ses racines dans la musique indienne et hindoue.
Les sitars, sarods ou tablas viennent aussi le plus
souvent de Bénarès tout proche.

231
Les Bhotya, bouddhistes de tradition lamaïque,
s'inspirent de la musique tibétaine.
Les bouddhistes néwar chantent et
psalmodient les textes sacrés sanscrits ou leur
traduction en néwari. Dans la vallée de
Katmandou, les orchestres sont composés du
ma dal, tambour à deux peaux, dont jouent
quasiment tous les Népalais, ou du qholak, une
autre forme de tambour, du tabla, de flûtes
(basurl), de hautbois, de cymbales GhaIT) petites ou
grandes, de trompettes, de l'harmonium, introduit
en Asie du sud par des missionnaires. Il est
fréquent de rencontrer des groupes de musiciens,
jouant et chantant des hymnes religieux sous les
patT (abris) près des temples hindouistes ou
bouddhistes. Pendant le mois néwar de Gunia
(juillet-août), madal, flûtes et petites cymbales
accompagnent avant le lever du jour le chant des
fidèles bouddhistes néwar qui montent en
procession au stupa de Swayambhu.

Outre leur vocation religieuse, la musique et


le chant sont porteurs des grands mythes de
l'épopée. Chez les Indo-Népalais, du Népal central
jusqu'à Darjeeling et au Sikkim, les Gaïné
(musiciens) sont les bardes comparables à nos
ménestrels du Moyen-Age. Ils content les épisodes
du Ramayana, du Mahabharata, les chronologies
des rois, des histoires criminelles ou font des
satires politiques. Caste de musiciens-mendiants,
ils vont de maison en maison, jouant de leur vièle
ou sarangi, devenu comme le madal un
instrument typiquement népalais. Au Népal
occidental, les Damaï, caste de tailleurs musiciens,

232
sont sollicités pour les fêtes religieuses ainsi que
les bacj.i qui dansent et prostituent leurs femmes.

La musique populaire (lok sangit) est aussi


riche et variée que les traditions locales qu'elle
accompagne; chaque ethnie a son héritage de
chants d'amour, de chants saisonniers, de chants
narratifs et de danses, de joutes musicales entre
garçons et filles.
De l'apparition de Radio Népal en 1951 à celle
de la télévision en 1984, la politique du
gouvernement J toutefois longtemps montré dans
le domaine musj:al la même peur de reconnaître
la diversité de ses cultures et traditions,
n'autorisant sur ses ondes que les chants
populaires de son folklore en népali.

POÈTES ET ROMANCIERS

partir du XVIIème siècle apparaissent dans

A
moderne:
nombre d'états, dont celui de Gorkha, des
textes en népali proche de la langue
les manuscrits les plus anciens varient
des livres médicaux sur le traitement de la fièvre,
les maladies des faucons de chasse, au traité de
morale. Ce sont souvent des traductions du
sanscrit. Avec les biographies (jiwanl) royales, celle
de Ram Shah (1605-1532), ou celle de Prithvi
Narayan Shah rédigée en 1774, un mois avant sa
mort, on passe à des textes directement écrits en
népali.

La littérature proprement dite commence par


la poésie. Le genre poétique, d'abord capté et
soumis à la volonté politique et royale s'oriente à

233
l'arrêt de la conquête Gorkha vers la religion
(bhakti) avec celui que les Népalais considèrent
comme le poète fondateur Adi Kavi :

BHANUBHAKTA ACARYA (1814-1868)

Avec maîtrise et sensibilité, il donne à la


poésie religieuse ses plus belles pages. Sa grande
oeuvre est la traduction de l'épopée indienne du
Ramayana. Écrite dans une langue simple,
compréhensible par tous, belle et rythmée,
secouant le classicisme sanscrit et le joug
intellectuel indien pour se rendre accessible à tous
ses lecteurs ou auditeurs, le Ramayana de
Bhanubhakta Acarya fait partie aujourd'hui de la
culture de tous les Népalais.

MOTTIRAM BHATT A (1866-1897)

Il reçoit à Bénarès une éducation en sanscrit et


en persan comme c'était l'usage pour les fils de
brahmanes aisés, mais il est certainement un des
premiers à recevoir une éducation en anglais.
Pionnier, il s'ouvre à la recherche sur la prose,
la poésie et se lance dans la critique littéraire. Il fit
découvrir l'oeuvre de Bhanubhakta Acarya et
écrivit sa biographie, créa un cercle de poètes à
Ka tmandou.
La langue écrite évolue, se cherche une
identité et trouve, malgré un climat politique peu
favorable à la liberté d'expression, nombre de
poètes et de dramaturges pour la faire vivre.

234
LEKHNATH PAUDYAL (1884-1965)

C'est le poète classique par excellence.


Originaire d'une famille brahmane de l'ouest du
Népal, versé dès son plus jeune âge dans la
littérature sanscrite, il ne commence à écrire dans
sa langue maternelle qu'à l'âge de 20 ans. Il
travaille alors sa langue poétique avec un
raffinement digne des grands poètes de la
littérature sanscrite allié à la simplicité et à un
style allégorique qui lui est propre. Il se verra en
1950 décerner le titre officiel de Kavi Siromani
(poète-lauréat).

BALAKRISHNA SAMA (1902-1981),

De famille Rana, il jouit au départ des


privilèges de sa caste, mais se retournera contre
l'oppression qu'elle exerce sur les intellectuels.
Période de censure et de répression, il y a sous la
"Ranarchie" de plus en plus d'écrivains en exil en
Inde. Bénarès et Darjeeling deviennent deux
pôles très importants et dynamiques de
l'intelligentsia népalaise. B. Sarna, surtout grand
auteur dramatique, est aussi un des plus beaux
poètes.
Il contribue à l'enrichissement de la langue
encore en pleine anarchie grammaticale.
Témoignage de l'unité d'une nation, la langue
se doit d'être conforme pour tous. La poésie, genre
dominant la littérature népalaise, permet
d'ailleurs une plus grande liberté que la prose qui
amènera progressivement la normalisation du
népali écrit.

235
LAKSHMIPRASAD DEVKOTA (1909-1959)

Brahmane et fils d'un père poète, il est dès son


plus jeune âge en contact avec la littérature et la
poésie, influencé par les Romantiques et les
Néoc1assiques anglais. Il sera le grand poète
romantique et lyrique de la littérature népalaise.
D'une grande créativité, il est aussi nouvelliste,
essayiste et romancier. Deux de ses œuvres
poétiques les plus célèbres: Muna Madan (1935) et
Shakuntala (1945) témoignent des couleurs
contrastées de son style et de sa palette poétique.
Muna Madan évoque l'éternel thème de la
séparation de deux êtres qui s'aiment, dans une
langue simple et touchant directement l'âme
népalaise puisqu'écrite en jhyaure (c'est-à-dire le
style des chansons populaires). A l'opposé, le
drame lyrique de Shakuntala en 1754 vers, tiré de
l'épopée du Mahabharata, s'exprime dans un
langage plus élaboré au vocabulaire sanscritisé.
Malgré une vie difficile au quotidien, entravé
par des problèmes d'argent, par la mort de deux de
ses enfants, par la censure des Rana qui le
mèneront à un exil volontaire en 1947 à Bénarès,
il ne cessera d'écrire. Après 1950 et la chute des
Rana, il se voit reconnu par le nouveau régime
comme une des grandes personnalités littéraires
de son temps et à la fin de sa vie attribuer le titre
de Mahakavi, "le grand poète".

LA LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Peu à peu avec la normalisation de la


grammaire, de la syntaxe et de l'orthographe, le
genre du roman, influencé par la littérature

236
étrangère, se développe au milieu du XXème
siècle:
- peinture d'une société et de ses traditions qui
se heurtent aux aspirations d'émancipation des
jeunes générations dans Rupamati de Rudraraja
Pande
- vie des Népalais en exil, paysans ou soldats
comme dans Muluk Bahira de Lainsingh Bangdel
(1947)
- vie dans les campagnes, par exemple
Khairini Ghat de Shankar Koirala (1961)
- relations amoureuses et sexuelles dans une
société rigide et structurée par un régime de castes
encore très présent dans les mentalités.

Plus atypiques, certains romans ont connu un


grand succès comme Sirisko Phul de Parijat,
femme-écrivain Tamang de Darjeeling, décédée au
début des années 90.

Le genre du roman historique existe peu dans


la littérature népalaise, par contre la nouvelle
connaît un certain succès. Elle se développe en
même temps que la presse écrite et s'y publie.
Viveswara Koirala, qui se fera appeler B.P. Koirala
quand il sera Premier Ministre, dès 1940 lui donne
un ton politique.

La poésie, si elle reste un genre très apprécié


des Népalais, rompt elle aussi avec le lyrisme, elle
est plus révolutionnaire, comme celle de Siddhi
Charan Shrestha, satyrique comme celle de Bhupi
Sherchan, elle exprime ses espoirs déçus par la
voix de Mohan Koirala dans un célèbre poème
intitulé Sarangi. Elle sera une des voix des

237
soulèvements populaires de 1990. La poésie qui se
meurt en Europe, a par contre au Népal une
audience d'autant plus grande qu'elle n'est plus
l'apanage des Brahmanes mais qu'à travers elle
s'expriment d'autres groupes de la société.

Le népali, langue jeune a certains égards, mais


mature à d'autres, comme on a pu le constater, est
dans une phase importante de son évolution. Le
dynamisme de ses locuteurs, des porteurs de sa
tradition orale et des ses poètes lui promet un
brillant avenir.

238
LEXIQUES
FRANÇAIS - NEPALI

à cause de cela tyokara1}le


à pied paidal
abandonner choqnu
abri
-~
pap
acheter kinnu
actuellement ajkal
agréable ramailo
aide madat
ail lasun
aimer manparnu
aîné jetho
ainsi tyasai I tyastai
alcool raksi
aller janu
.. .
aller bien sacal
ami sathl
amour prem
âne gadha
année sal
apparaître dekha parnu
appeler bolaunu
applaudissement taIT
apporter lyaunu
après pachi
après-demain parsI'''l'
arbre rukh
argent cadi
assez pu~o
assiette thaIT
au moment où Laba
au jourd th ui aja
aussI pani

241
autobus bas
autre arko
autres aru
avant a~hi I pahile
avec sath
avec saga I sita
avion hawai-jahaj
bambou bas
banquet bh~
bazar bajar
béa titude ananda
beaucoup dherai I thuprai
belle-mère sa su
beurre makhan
beurre clarifié ghiu
bien bes
bien, beau -
ramro
bijou gahana
.IT ....
biographie JIwam
blanchisseur dhobl
blanchisseuse dhobinl
blé gahü
bleu nTlo
....
boire plunu
bois khat
bol kacaura
bon mitho
bon à rien bekamma
bon marché sasto
bonjour namaskar I namaste
bonne santé saftcai
bouche mukh
bouillie de maïs qhiro
bracelet cura
brahmane bahun

242
bruit awaj / halla
braler balnu
bureau ac)c)a
bureau (office) aphis
ça va fhik eha
cadeau koseû
cadet kaneho
cardamome sukhumel
carotte gajar
casser bigamu
ceCI yo
cela tyo
celle-là, celui-là
.
lnl ''l'
cent say
cent mille lakh
certain pakkai
chacal syal
chaîne sikri
chaise mee
champ khet
chanceux bhagyamanl
chant grt
chanter gaunu
chapeau tOpl''l'

chaque jour dindinai / pratidin


chariot rath
chat biralo
chaud garml/ tato
cha uffer tata un u
cher ma ha go
chercher khojnu
cheval ghora
chèvre boka
chien kukur
chose "l'.
CI)

243
ciel akas
cigarette curot
clef sa nco
clou de girofle lwan
collège bidyalaya
collier mala
combien kati
comme jasto
commencer thalnu
commen t kasto
commerçant - -""
byapan
compassionné dayalu
com prendre bujhnu
concombre kakro
condiment acar
confiance biswas
conna1tre cinnu
conseil ades
content khuSl
convenir mil nu
coriandre dhaniya
.
couleur rang
court choto
couteau cakku I chura
cra yon kalam
croire mannu I patyaunu
cuillère camca
cuire pakaunu
cumin jira
curcuma besar
danse natak
danse nri tya
de ko
de (origine) bala I dekhi
de quelle manière kasart

244
demain bholi
demander sodhnu
démocratie prajatantra
dent dat
désolé aphsoc
.,.
dessous muni
détruire phutalnu
devant agaQI
devoir (nom) kartabya
devoir (verbe) parnu
dévotion bhakti
dictionnaire sabda kos
dieu deva
différent beglai
dimanche aitabar
dire bhannu
divertissement moj
divinité dewata
dix das
dix millions korocJ
don dan
donner dinu
dormir su tn u
dot kanladan
doucement bistarai
douleur dukha:
droi te dahine
-
daya-
droi te
eau --
pam...
-
eau bouillie umaleko pam....
eau du Gange ga~ajal
école skul
écrire lekhnu
éléphant ha UI
en bas tala

245
T
en dessous mUnI
en haut mathi
encens dhup
encore pheri
endroit thaü
enfant balak I bacca
enseigner paqhaunu
entendre sunnu
environ jati
envoyer pathaunu
épice masala
épinards paluD
époque
épouse
kal
-
swasm...
escroquer thognu
être hunu
étudier pachnu
eux tinlharu I uruharu
excuse maph
expliquer bujhaunu
faim bhok
faire garnu
faire faire gara un u
famille pariwar
farine pltho
farine de blé mai da
fatigue thakai
femme -. --r
aImaI
fenêtre jhyal
fenugrec methI
fermier
feu -
kisan
ago
fille (de) chorl
fille kanya- Iketll kuman
-....
fils chora

246
fleur phul
flocon de riz dura
flûte basurl
fonctionnaire karmacarl
forêt ban
frais (aliments) taja
frais (temps) Sital
français(e) phransisl
France phrans
frère aîné dai
frère cadet bhaI
froid dso I jaro
frui t phal
fumée dhuwa
gagner de l'argent kamaunu
garçon
gauche -
keta I kumar
baya- I debre
gens jana
gingembre ad uwa
gouvernement sarkar
grand thulo
grand-père baje
haricot
.
Slml '\"

hâte hatpat
haut agIo
heure ghar)ta
hier hijo
histoire itihas
histoire (récit) kahana
huile tel
ICI yaha
il (politesse) uha
ils (politesse) uhaharu
Image dtra
Impur jhuto

247
intelligent buddhiman
intérieur b hitra
jardin
..
bagalca
-
jaune pahélo
je ma
jeudi bihibar
jeûne brat
jouer de la musique bajaunu
journée din
jus jal
Ka tmandou kathmacjaü
l'an dernier pohor
là tyaha
là-bas uta
lait dudh
langage bha~a
laver dhunu
se laver nuhaunu
légende katha
lé gume tarkarl
lentille dal
lettre cinht
leur(s) uruharuko
lever uthaunu
se lever uthnu
lieu sthan
lion sih
li vre kitab / pustak
loin tarha
long lamo
lumière batu
lundi som bar
lune
lunettes
-
candra
...
cas ma
mâcher capa une

248
maçon qakarml
magasin pasal
main hat
maintenant aba / ahile
maïs makai
maison ghar
maître malik
malade biram!
maladie rog
manger khanu
manteau kot
marcher hiclnu
mardi magalbar
mari logne
mariage biwaha
ma tin bihana
médicament au~adhi
mendier magn u
mentir jhuto garnu
menuisier sikarmi
mépris hela
merCI dhanyabad
mercredi budhabar
mère ama
mettre lagaunu / rakhnu
mille hajar
ministre mantrl
mois mahina
moment bela
mon ritero
monastère bahal
monsieur '...
snman-
montagne pahar
montrer dekhaunu
mort mareko / maryo

249
mort (la) mtityu
mot sabda
mouillé bhijeko
mourir marnu
moustache ." -
Juga
musique sang!t I baja

nom -
janmeko
nam
notre hamTharüko/hamro
nourrir khuwaunu
nourriture khana
nous ham! I ham!haru
nouvelle khabar
nuit rati
obscurité adhyaro
obstruer cheknu
obtenir paunu
s'obtenir painu
œil akha
œuf aq4a I phul
oignon pxaL
oncle
or -
kaka
sun
ortie sisnu
ou kt
où jaha
où ? ka ha ? I kata ?
oublier birsanu
OUI hawas
outil jyabal
ouvrir kholnu
s'ouvrir khulnu
pain
-
pauroJl~

papier kigaj
paraître dekhinu

250
parce que kinabhane
parler bal nu I kura garnu
parole kura
parvenir pugnu
pâtisserie mithaI
pauvre ganb
pays des I muluk
péché --
pap
pélerinage tTrtha
penser bicar garnu
personne kohT pani
personne (une) manche
peti t sano
peu ali I thorai
peut-être hola
pierre qhul)ga
piment khursanT
pimenté piro
pleine lune pürl)ima
pluie, mousson ba~a
plus bhanda
poche bagafi
poème kavita
poète kavi
...
poignée muttl
point bindu
poison bik
poisson macha
poi vre maric
pomme de terre alu
porte dailo
porte qhoka
porter boknu
porteur bharya
potiron pharsT

251
pour ko lagi / ko nimti
pourquoi kina
pouvoir sakn u
premier minis tre -
pradhanmantn '7
premier pahila
prendre linu
près najik
printemps basanta
propre sapha
propriétaire gharpati
publication prakas
puis ani
quand jahil e
quand? kahile ?
quel? kun?
queue pucchar
qui? ko?
quoi? ke?
quotidiennement roj
radis müla
rancœur 'Ikh
regarder hernu
règne
reine -
raj
ranI'7
rencontrer bhetnu
rendre pharkaunu
réponse jawaph
ressentir lagnu
rester basnu
rester rahan u
revenir pharkanu
richesse dhan
nen kehi pani
rivière nadl
riz (en grain) carnal

252
riz (sur tige) dhan
riz au lait khlr
riz cuit bhat
rizière khet
rOI raja
rouge rato
rou pIe rupiya
route bato I sacJak
s'abîmer bigrinu
sac thaiû
sacré pabitra
sale maHo
salle kotha
salon baithak
samedi sanibar
sari ph!r~a
savoir thahaunu
sel nun
se pencher nihuranu
semaIne hapta
serpent sarpa
servante nokarnl
servi teur nokar
sésame tll
seulement matrai
SIen aphno
signature sahT
sœur (cadette) bahinT
sœur aînée didi
SOI aphai I aphu
soif tlrkha
sOIr sajh
soleil gham
son usko
souris musa-
253
sucre Clm
. ...
sucré guliyo
tailleur siic1'kar
tambour qholak
tambour madal
tan te kaki
tard abela
taureau goru
téléphone teliphon
temple mandir
tern ps samaya
temps taim
thé c~a
tigre bagh
tirer tannu
tomber khasnu
tomber (pluie) parnu
ton timro
tord u bal}go
toujours jahile pani
tous sabai
tout droit sidha
tranquille aram
travail kam
très tôt le ma tin saberai
trident tri sul
tu (très familier) Hi
tu timT
tube qhügro
tuer marnu
un ek
un petit peu alikati
.....
vache gal
vendredi sukrabar
venir -
aunu

254
ventilateur pakha
vêtement IU8a
viande ma su
vide khali
vieille burl
vièle sarangi
vieux bura
village
-.
gau
ville sahar
vite chito I turunta
vivant jiüdo
VOIr dekhnu
voisin chimeki
voi ture -~
gap
voix swar
voler (dans les airs) utnu
voler (dérober) cornu
votre tapaiko
vouloir cahanu
vous (pluriel) tapaI haru
......
-
vous (politesse) tapaI
vous (tu pluriel) timTharu
voyager, ghumnu
se promener
vraI sanco I saccai
vue dri~fi
yaourt dahT

255
NEPALI - FRANÇAIS

a court
adhyaro obscurité
aba maintenant
abeIa tard
-
acar condiment
aduwa gingembre
aqqa bureau
agaQi devant
aghi avant
agIo haut
ahile maintenant
ali peu
alikati un petit peu
anI pUIS
al}qa œuf
aphis bureau (office)
aphsoc désolé
arko autre
aru- autres
au~adhi médicamen t

along
âkha œil
ades conseil
ago feu
-.
aImaI"""T femme
aitabar dimanche
aja aujourd'hui
ajkaI actuellement

257
aka; ciel
alu pomme de terre
ama mère
ananda béatitude
aphai SOI
aphno SIen
aphü SOI
aram tranquille
aunu venu
awaj bruit

basurl fIû te
bagh tigre
bahun brahmane
baja musIque
balak enfant
balnu brûler
bal)go tord u
bata de (origine)
bato route
-
baya
oM
gauche
bacca enfant
bacca enfant
.. -
bagéUca jardin
baga1I poche
bahal monastère
bahinl sœur (cadette)
baithak salon
bajar bazar
bajaunu jouer de la musique
baje grand-père
balnu parler
ban forêt
b~a pluie, mousson
bas autobus

258
basanta printemps
basnu rester
battt lumière
bas bambou
beglai différent
bekamma bon à rien
bela moment
bes bien
besar curcuma
-
bhagyamam -
....
chanceux
bhaI frère cadet
bha~a langage
bhat riz cuit
bhakti dévotion
bhanda plus
bhannu dire
bharya porteur
bhetnu rencontrer
bhijeko mouillé
bhitra intérieur
bhoj banquet
bhok faim
bholi demain
bicar gamu penser
bidyalaya collège
bigamu casser
bigrinu s'abîmer
bihana matin
bihibar jeudi
bik poison
bindu point
biralo chat
biram! malade
birsanu oublier
biswas confiance

259
bistarai doucement
biwaha manage
boka chèvre
boknu porter
bolaunu appeler
brat jeûne
buddhiman intelligent
budhabar mercredi
bujhaunu expliquer
bujhnu comprendre
bura VIeux
burl vieille
- -....
byapan commerçant
cahanu vouloir
carnal nz
candra lune
cakku couteau
capaune mâcher
...
casma
- lunettes
câcû argent
cheknu obstruer
chimeki VOISIn
chifo vite
cho4n u abandonner
chora fils
chort fille
choto court
ch ura couteau
.....
CI) chose
. ....
CInI sucre
cinnu connaître
dso froid
dtra Image
dUh'l lettre
dura flocon de riz

260
ciya thé
cornu voler (dérober)
cura bracelet
curot cigarette
dahine droite
dai frère aîné
dal lentille
dan don
- .-
daya droite
dah! yaourt
dailo porte
das dix
dayalu compassionné
dât dent
debre gauche
dekhapamu apparaître
dekhaunu montrer
dekhi de (origine)
dekhinu paraître
dekhnu VOIr
des pays
deva dieu
dewata divinité
dhan rIZ
dhaniya coriandre
dhan richesse
dhanyabad merCI
dherai beaucoup
dhob! blanchisseur
dhobin! blanchisseuse
dhup encens
dhuwâ fumée
dhunu laver
didi sœur aînée
din journée

261
dindinai chaque jour
dinu donner
dl'i~ti vue
diidh lait
dukha: douleur
qakarmi maçon
qhi{o bouillie de maïs
qhoka porte
qholak tambour
qhügro tube
qhul}ga pIerre
ek un
gagajal eau du Gange
......
gal vache
gajar carotte
-....
gap voiture
- ..
gau village
gaunu chan ter
gadha âne
gahana bijou
gahü blé
garaunu faire faire
gaiib pauvre
....
garml chaud
garnu faire
gham soleil
ghaQta heure
ghar maison
gharpati propriétaire
ghiu beurre clarifié
gho{a cheval
ghumnu voyager,
se promener
g1t chant
goru taureau

262
guliyo sucré
hami nous
hamiharu nous
hamiharuko notre
hamro notre
hat main
hatti éléphant
hajar mille
halla bruit
hapta semame
hatpat hâte
hawaI-jahaj aVIOn
hawas oui
hela mépris
hern u regarder
hiqnu marcher
hijo hier
ho la peut-être
hunu être
ikh rancœur
. ...
Inl celle-là, celui-là
itihas histoire
jana gens
janu aller
jaro froid
jaba au moment où
jahâ où
jahile quand
jahile pani toujours
jal JUs
janmeko né
jasto comme
jati environ
jawaph réponse
jefho aîné

263
jhuto 1mpur
jhuto garnu mentir
jhyal
,.,. ....
fenêtre
Jlwam biographie
jira cumIn
jiüdo vivant
jüga moustache
jyabal ou til
kagaj papier
kaka oncle
kaki tan te
kal époque
kam travail
kancho cadet
kathma<}aü Katmandou
kahana histoire (récit)
kaha ? où ?
kahile? quand?
kalam crayon
kama un u gagner de l'argent
kanya fille
kanyadan dot
karma carl fonctionnaire
kartabya devoir
kasari de quelle manière
kasto comment
kata ? où ?
katha légende
kati combien
kavi poète
kavita poème
kakro concombre
ke? quoi?
kehipani rien
keJa garçon

264
kep fille
khali vide
khan a nourriture
khanu manger
khaf bois
khabar nouvelle
khasnu tomber
khet rizière
khlr riz au lait
khojnu chercher
kholnu ouvnr
kh uln u s'ouvrir
khursanl piment
khuSl content
khuwaunu nournr
1<1 ou
kina pourquOI
kinabhane parce que
kinnu acheter
kisan fermier
kitib livre
ko de
ko? qui?
ko lagi pour
ko nimitta pour
ko nimti pour
kohl pani personne
korocJ dix millions
kosefi cadeau
kof manteau
kOfha salle
kukur chien
kumar garçon
kumarl fille
kun? quel?

265
kura parole
kura garnu parler
lagnu ressentir
lakh cent mille
lamo long
laga unu mettre
lasun ail
lekhnu écrire
linu prendre
logne man
luga vêtement
lwan clou de girofle
lyaunu apporter
magalbar mardi
ma je
macha pOIsson
madal tambour
magnu mendier
mala collier
malik maître
manche personne (une)
mann u crOIre
maph excuse
marnu tuer
masu viande
ma thi en haut
matrai seule men t
madat aide
mahago cher
mahina mOIs
maida farine de blé
mailo sale
makai maïs
makhan beurre
mandir temple

266
manparnu aImer
mantrT ministre
mareko mort
maric poivre
marn u mour1r
maryo mort
masala épice
mec chaise
mero mon
methT fenugrec
mil nu con venIr
mifhaI pâtisserie
mitho bon
moj divertissement
mtityu mort (la)
müla radis
mukh bouche
muluk pays
mUnI OW' dessous
munI OW' en dessous
musa SOUrIS
muffIOW' poignée
nam nom
nafak danse
nadI rivière
najik près
namaskar bonjour
namas te bonjour
nTlo bleu
nihuranu se pencher
nokar serviteur
nokarnT servante
nritya danse
nuhaunu se laver
nun sel

267
pakha ventilateur
painu s'obtenir
palun épinards
-
pam
....
eau
pap péché
-....
patI abri
paunu obtenir
-
paurotI .... pam
pabitra sacré
pachi après
paqhaunu enseIgner
pahar montagne
pahélo Jaune
pahila premIer
pahile avant
paidal à pied
pakaunu cuire
pakkai certain
pani aUSSI
pariwar famille
parnu devoir
parnu tomber
....
parsI après-demain
parhn u étudier
pasal magasm
patyaunu crOIre
pathaunu envoyer
phal fruit
phariya san
pharkaunu rendre
pharkanu revenir
pharsl potiron
pheri encore
phrans France
phransisl français( e)

268
phul fleur
phul œuf
phutalnu détruire
pltho farine
....
pIunu boire
piro pimenté
pohor l'an dernier
-
pradhanmantn
....
Premier ministre
prajatantra démocratie
prakas publication
pratidin chaque jour
prem amour
purqima pleine lune
pucchar queue
pugnu parvenu
pugyo assez
pustak livre
pyaj OIgnon
raj règne
raja rOI
rakhnu mettre
-
ramro bien, beau
- ....
ranI reIne
rati nuit
rato rouge
rahanu rester
raksi alcool
ramailo agréable
rang
. couleur
rath chariot
lOg maladie
roj quotidiennement
rupiya roupIe
sabda mot
sabda kos dictionnaire

269
sahar ville
sanibar samedi
Sital frais (temps)
snman- monsieur
sat année
saftco clef
saftco vraI
sano petit
sasu belle-mère
sath avec
sathi amI
sabai tous
saberai très tôt le matin
saccai vraI
sa4ak route
sahi signature
saknu pouvOIr
samaya temps
saftcai bonne santé
....
sangl t musIque
sap ha propre
sarangi vièle
sarkar gou vernemen t
sarpa serpen t
sasto bon marché
say cent
...
saCaI
. aller bien
...
saga avec
sajh soir
sih lion
sidha tout droit
sikarmi men UlSler
sikri chaîne
.
Slml
....
haricot
sisnu ortie

270
sita avec
skul école
sodhnu demander
sombar lundi
sthan lieu
sucikar tailleur
sun or
sukhumel cardamome
sukrabar vendredi
sunnu entendre
sutnu dormir
-
swasnI
....
épouse
swar VOIX
syal chacal
thulo grand
....
tapI chapeau
hi tu
taja frais (aliments)
taIT applaudissement
tannu tirer
tarha loin
tata chaud
tala en bas
.......
tapaI vous (politesse)
tapaIharu - vous (pluriel)
tapaiko votre
tarkari légume
tataunu chauffer
thahaunu saVOIr
thaû assiette
thaln u commencer
thaiû sac
thakai fa tigue
thorai peu
thuprai beaucoup

271
61 sésame
6rkha soif
t"Irtha pélerinage
tim"I tu
tim"Iharü vous (tu pluriel)
timro ton
tinlharü eux
trisul trident
turunta vite
..
tyaha là
tyasai aInsI
tyastai aInSI
tyo cela
tyokara1)le à cause de cela
taim temps
teliphon téléphone
thaü endroit
th"Ikcha ça va
thognu escroquer
uhâ il (politesse)
uhâharü ils (politesse)
-
umaleko pam -
....
eau bouillie
umharü eux
umharoko leur(s)
u{nu voler (dans les airs)
usko son
uta là-bas
uthaunu lever
uthnu se lever
..
yaha ICI
yo ceCI

272
BIBLIOGRAPHIE

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275
TABLE DES MATIERES
EN GUISE D'INTRODUCTION 7
Le Népal au jourd 'h ui 9
Un peu d'histoire 18
"
Au commencement était un lac 18
Les Licchavi (Vème - milieu VlIIème) 19
Milieu du VIIlème au XIIlème siècle 22
Les Malla (1200 - 1769) 23
Les Khas .. 26
La fondation de l'État népalais. Prithvi
Narayan Shah 28
Les Rana (1846 - 1951) 31
Les Shah ... 33
La démocratie parlementaire (1990...) 35
Mais d'où vient cette langue ? 39
LA LANGUE 45
Pour commencer avec la langue 48
Pronon cia ti on 54
Grammaire 58
Les compagnons du verbe et leurs
déterminants.. 59
Déclinaison: les cas grammaticaux. 59
Le pronom personnel.. 69
L'adjectif qualificatif. 77
Et quelques autres 78
Le verbe 89
Etre ou ne pas être: des auxiliaires
in co nt 0u rna bles... 93
Le présent1utur 103
Vous avez dit infinitifs? 109
Le parfait ou l'action accomplie 121
Des formes impersonnelles très
uti les 127
Le participe et ses secrets 131

277
A propos du subjonctif et de
l' impérotif. 140
Lesfuturs 143
D'autres passés 146
Quelques outils pour former des mots 151
Le nom 151
Formation du féminin 152
D'autres pluriels 156
L'adverbe 157
Modifications verbales: le verbe en
voyage 158
Construction des phrases - Syntaxe 162
Qui est le plus grand? comparaison
des adjectifs 162
Je vous assure mon cher, vous avez
dit... 163
L'action sous condition 165
Qu'est ce qu'il a dit ? 166
Articulez! 167
Des phrases finalement pas si
complexes que ça 169
Les nombres 172
Le nepali par la pratique 177
Saluer 177
Se présenter et présenter quelqu'un. 179
Exprimer un sentiment, un souhait,
une demande, une opinion 180
Échange de renseignements 183
Donner un renseignement.. 190
Se situer dans l'espace 190
Accueillir et se faire accueillir 191
Remercier 192
I
S excuser 192
Aider 193
La sagesse populaire 194

278
UNE GRANDE CULTURE POUR UN PETIT
PAYS 199
Qui est qui? 201
Bah un, Chetri 205
N éw ar 206
Tharu ... 207
Magar 209
G urung.. 211
Tamang 213
Raï, Limbu 214
Bhotya ... 215
Qu'est ce qu'on mange? 217
Des dieux et des fêtes 222
Losar ... 223
Sri Panchami. 224
Shivaratri - la nuit de Shiva 224
Ho Ii. 225
Chait Dasain ou le petit Dasain 225
Ram Nawami 225
Janaki Nawami 226
Rato Matsyendranath (le seigneur des
poissons) 226
Buddha Jayanti ... 226
Janai Purnima 227
Gai Jatra 227
Ti j 228
Indra Jatra .. 228
Durga Dasain 230
Tihar 230
La musi que.. 231
Poètes et romanciers 233
LEX!Q UES ... 239
français - nepali 241
nepali - français 256
BIBLI OG RAPHIE ... 272

279
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W d'Imprimeur: 37259 - Dépôt légal: janvier 2007 - Imprimé en France

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