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LA «
LETTRE D'INSTRUCTIONS »
DE BHAGAVAN SHRI SWAMI-NARAYAN
(1781-1830)
Shrî Swami-Narayan Mahârâj ouvre le Shikshapatri sur une invocation de Shrî Shrî Râdhâ-
Krishna, situés à Goloka Vrindavan, telles que débutent traditionnellement les Ecritures
sacrées Vishnouïstes.
Suite à cela sont cités les noms des disciples de Sa Divine Grâce Shrî Swami-Narayan à qui
est adressée cette « Lettre d'Instructions » spirituelle et divine, qui est une bénédiction de la
part du Seigneur, et écrite pour le bien de tous les êtres vivants.
Les premières des règles ou interdictions du Shikshapatri, sont à propos de ce que l'on dit
« ahimsâ », la non-violence. Selon ce principe spirituel, le plus haut de tous les devoirs, il
ne faut jamais:
ni tuer le moindre insecte,
ni tuer d'animal,
ni tuer d'être humain,
ni se suicider,
ni manger de chaire animale,
ni s'auto-mutiler ni mutiler en guise de punition.
Code de conduite. Suite à cela, le Seigneur prescrit d'autres interdictions, il ne faut donc
non plus:
ni voler même la chose la plus insignifiante,
ni adultérer,
ni s'alcooliser,
ni se droguer, même si c'est une drogue douce,
ni même fumer du tabac,
ni calomnier,
ni injurier ou parler grossièrement,
ni blasphémer ou scandaliser,
ni accepter de nourriture de la part d'une personne de caste inférieure, excepté dans la ville
de Jagannath Puri,
ni accepter de nourriture carnée ou d'alcool offert en sacrifice,
ni abandonner ses propres devoirs religieux,
ni faire les devoirs de pratiquants d'autres religions,
ni suivre une religion imaginée,
ni écouter de sermons qui nous détournent de notre dévotion,
ni révéler une vérité pouvant s'avérer destructrice,
ni accepter de pot-de-vin,
ni avoir de mauvaises fréquentations, mais les éviter totalement,
ni s'accompagner de gens qui utilisent la religion à des fins matérialistes,
ni écouter ou lire de discours qui controversent la religion,
ni boire d'eau non-filtrée,
ni se laver dans une eau infestée,
ni prendre de médicaments contenant de la viande ou de l'alcool,
ni accepter de médicaments de la part d'un inconnu,
ni salir les lieux publics (en crachant, urinant, déféquant, jetant des détritus etc.),
ni passer par des portes autres que celles utilisées pour entrer et sortir normalement,
ni dormir dans un lieu privé sans la permission du propriétaire,
ni écouter ou discuter de propos religieux donnés par le sexe opposé,
ni s'entretenir avec les rois ou leurs ministres,
ni insulter de personnes qui sont supérieures à soi,
ni insulter de personnes armées et donc susceptibles de nous tuer,
ni agir subitement par impulsion, (mais promptement quant aux devoirs religieux,)
ni commettre ce qui peut rompre la confiance qui nous est portée,
ni se faire d'éloge personnelle,
ni s'habiller trop légèrement ou indécemment,
ni rejeter les pratiques religieuses, par peur d'être calomnié ou pour d'autres idéaux.
Telles sont les règles de conduite données par Swami-Narayan dans le Shiksha-patri.
D'autres règles cette fois-ci se rapportent au culte et pratiques religieuses hindoues:
saluer respectueusement les temples de Shiva ou d'autres divinités, si l'on passe à proximité,
enseigner selon ce qu'on a appris personnellement,
s'accompagner de personnes saintes,
ne pas venir les mains vides auprès de personnes supérieures hiérarchiquement,
dans le temple, ne pas toucher les personnes du sexe opposé,
pour les initiés, porter un collier de perles en bois de tulasi,
pour les autres pratiquants, un collier de perles en bois de santal,
s'appliquer le signe distinctif des Vishnouïstes, le « tilaka »
pour les pratiquants d'autres traditions, garder le signe ou le collier requis dans leurs
traditions,
savoir que le Dieu Suprême est unique, qu'il soit appelé Vishnou, ou Shiva, ou Brahman.
Voici les devoirs matinaux de tout fidèle Vishnouïste, et même des fidèles qui ont qualité
semblable au roi Ambarisha, hautement dévoué:
se lever chaque jour avant que le soleil se lève,
chanter alors le nom de Shri Krishna ou une prière,
aller faire les besoins naturels,
se laver les dents,
prendre un bain (ou une douche) avec de l'eau propre,
revêtir des vêtements de dessous et de dessus,
s'asseoir en un lieu propre pour se gargariser,
appliquer le double trait vertical en « U » (tilaka) sur le front, ou pour les femmes le point
rouge, excepté les femmes veuves,
méditer sur l'adoration et le service rendu à Shri Krishna,
se prosterner devant l'image alors adorée de Radha-Krishna,
répéter le mantra du saint nom de Shri Krishna,
puis aller aux occupations et travaux de la journée.
Suite à cela, quelques règles de société, notamment de conduite envers les gens haut-
placés:
assigner quelqu'un au travail qu'il sait faire au mieux de ses possibilités,
procurer nourriture et vêtements à nos employés, ouvriers ou serviteurs, selon nos moyens,
saluer quelqu'un selon son statut, et selon le moment et le lieu,
toujours montrer un grand soin envers autrui et de l'humilité,
à la venue d'une personne de rang supérieur, se lever, lui offrir une place et l'accueillir
convenablement,
se tenir correctement devant une personne de rang supérieur ou une assemblée,
ne pas faire de discussion controverse avec un Acharya (maître spirituel),
le servir en lui offrant le nécessaire selon nos moyens,
à la venue d'un maître spirituel, aller à sa rencontre pour l'accueillir,
lors de son départ, l'accompagner jusqu'aux limites de la ville pour lui dire au-revoir,
si ce n'est pas en accord avec la religion (le dharma), ne pas agir pour profiter de plus (de
mérite ou de richesses),
ne pas suivre le mauvais exemple montré par les gens haut-placés
mais leur bon exemple s'ils adhérèrent à la morale religieuse,
ne pas dévoiler les secrets de quiconque,
traiter chacun comme il se doit selon son mérite, et non avec une impartialité aveugle.
Maintenant, concernant les évènements comme les jeûnes, festivités, pèlerinages etc.:
les huit pratiques des quatre mois de la mousson (réduits à un seul mois, Shravana, pour
ceux qui sont dans l'incapacité):
lire et
écouter les récits concernant le Seigneur,
chanter les gloires du Seigneur,
faire la « grande cérémonie » ou maha-pouja,
chanter le nom de Shri Vishnou, Krishna,
réciter des hymnes ou des versets sacrés,
circambuler autour de la forme divine (de Shri Vishnou),
se prosterner de tout son long (dandavat) devant la forme de Vishnou.
(L'on devrait accomplir au moins une de ces huit pratiques durant cette période).
Observer les jeûnes d'une journée (ékadashi) du calendrier Vaishnava,
et les vœux et cérémonies des festivités de Janma-sthami et de Shiva-ratri,
éviter le sommeil et les relations sexuelles lors de ces jours de jeûne
les recommandations de Shri Vitthala-Natha fils de Shri Vallabha Acharya sont à observer,
est enjoint de pérégriner en des lieux saints comme Dwaraka,
faire bon accueil et charité aux pauvres selon nos moyens,
Vishnou, Shiva, Ganesh, Parvati et le Soleil sont à respecter et à vénérer, comme
représentant un seul et unique Seigneur Dieu.
Quand une calamité est produite par les forces du mal, réciter le mantra de Narayan-
kavacha ou de Hanouman,
lors des éclipses de Soleil ou de Lune (néfastes):
laisser ses occupations, se purifier,
et répéter le nom de Krishna,
puis quand l'éclipse est passée,
prendre un bain avec ses habits,
donner en charité selon nos moyens,
ou simplement adorer le Seigneur,
une période d'impureté (soutaka) est à observer lors des naissance et décès de nos proches.
Le texte se poursuit avec des enseignements sur des notions de théologie et concernant
l'adoration:
le dharma est la bonne conduite prescrite par les Ecritures,
la bhakti est amour et connaissance de Dieu, Shri Krishna,
le vaïragya consiste à se ne désirer et n'aimer que Krishna,
le jñana est la juste compréhension de ce que sont:
JIVA, l'âme omni-pénétrante et conscience atomique de l'être vivant, c'est éternel,
MAYA, la nature, le monde, apparences de vérité, et énergie externe de Shri Krishna,
qui est composée des trois modalités naturelles (gounas) et de l'ego (ahamkara),
ISHWAR, le maître suprême, Dieu, omniprésent, âme des âmes, cause des causes,
Ishwar est aussi Krishna, la Personnalité divine, source des incarnations divines, qui est le
plus cher à ses fidèles et est digne d'être adoré.
Quand Dieu est représenté avec un fidèle dévot, le nom de ce dernier se place avant le nom
de Dieu,
exemples: Radha-Krishna, Laxmi-Narayan, Nara-Narayan, etc.,
même si une notion de multiplicité est dans l'image ou la forme empruntée par Dieu, il n'en
reste pas moins unique, un seul et le même,
il est digne de l'adoration exclusive et du dévouement de tous les êtres vivants.
La sat-sanga, compagnie ou communion des saints, est très précieuse
car cela nous sauve de la dégénérescence et de la transmigration,
la méditation doit être portée exclusivement sur Shri Krishna, le Suprême, sur ses divines
incarnations (avataras), et non pas sur des êtres humains ordinaires,
la compréhension et l'identification au Soi (Atman-Brahman) et l'adoration ou l'aimable
service rendu à Krishna doivent aller de paire,
le dixième Chant du Bhagavatam est à lire et écouter quotidiennement, ou au moins une fois
par an,
la récitation du Bhagavatam, du Vishnou-sahasra-nama ou de toute autre Ecriture, doit
s'effectuer dans un lieu saint,
notre école philosophique et tradition est celle de Shri Ramanouja Acharya,
la demeure paradisiaque désirée est Goloka,
servir éternellement Shri Krishna en demeurant conscient du Soi Suprême, est la véritable
libération (moukti).
Que les fidèles, hommes et femmes, respectent scrupuleusement ces préceptes, et ils
atteindront tout succès désiré. Mais qu'ils ne respectent pas ces préceptes, et ils seront exclus
de la communauté. Ce Livre sacré doit être remis à ceux et celles qui possèdent des qualités
divines, mais jamais à ceux et celles qui possèdent une nature malsaine.
Ces versets ont été écrits en 1882 du calendrier Vikrama, soit le 12 Février 1826 après
Jésus-Christ.