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introduction

L'être suprême est la figure la plus importante de toute une série d'êtres spirituels qui agissent
en tant que médiateurs entre lui et les humains. Dans les religions traditionnelles, l'homme se
tourne vers les esprits sans oublier l'existence de l'être suprême. Et c'est vers ces esprits que le
peuple baatonu se tourne pour formuler ses demandes. Le but de l'homme est de vivre et d'en
trouver les moyens. Chacun fait l'expérience du mal : c'est tout ce qui entrave le désir de vivre
en plénitude. Il faut donc conjurer, réduire le mal, acquérir une force pour obtenir le salut, qui
n'est autre chose que la vie même, et ceci à l'aide de conceptions et d'actions religieuses.
Les croyances  traditionnelles s'articulent autour du culte rendu à des divinités ou esprits
incarnant des forces supranaturelles. Ceux-ci président aux destinées des hommes et servent
d'intermédiaires entre le dieu suprême et l'humanité. Pouvant parfois être des ancêtres ayant
accédé au rang de divinité, ils sont désignés sous le terme de Sambaani

Depuis toujours, les religions traditionnelles jouent un rôle capital dans le développement de
tous les pays et au sein des Africains en particulier. Ainsi, chaque groupe socio -culturel
possède un corpus de représentations collectives, de mythes et des rites. C'est pourquoi le
phénomène religieux se lit à travers les comportements, les façons de faire et d'agir de chaque
groupe socio-culturel. Tout ceci constitue la sève qui, en la nourrissant, permet à la religion de
se perpétuer. C'est dire donc que la religion, étant le ciment social, permet de définir l'identité
de chaque société. A travers la perpétuation des rites religieux, on développe chez chaque
membre la foi qui elle aussi, se reconnaît par ses actes. Mais, il peut arriver que, pour diverses
raisons, il y ait rupture entre les actes religieux et la conviction personnelle. Malgré ces cas
isolés, les pays africains continuent de promouvoir leurs cultures à travers différentes
manifestations rituelles et cérémonies. C'est dire que toute vie en société obéit à des
comportements ritualisés pour l'institutionnalisation de certaines moeurs et
normes.Les Baatombu, donnant l'exemple d'une société dominée par l'animisme, sont
présentés comme des peuples très religieux mais aussi attachés à leur tradition. De ce fait, ils
ont toujours manifesté un vif intérêt et une ardente défense de leur rituel qu'est le Sambaani.
Mais de nos jours, Sambaani, rituel de base des Baatombu, cohabite avec d'autres religions
révélées telles que l'Islam et le Christianisme. Mais cette cohabitation a été favorable parce
que les Baatombu ont certainement en eux quelque chose qui s'y présente et est probablement
absent chez les autres. Cette chose, c'est leur rite de base ; le Sambaani. En parlant des
pratiques religieuses en Afrique, on voit une mosaïque de faits religieux. C'est pourquoi on
parle « d'une pluralité des religions traditionnelles en Afrique » (MBITI, John, 1972)
Bien que s'appuyant sur la croyance originale en l'existence d'un dieu suprême et de
nombreux esprits, le Sambaani a subi de nombreuses mutations. Les esprits notamment, que
l'on nomme bûn (fétiche), ont acquis de nouvelles caractéristiques. Se comptant par milliers,
ils se distinguent par leurs attributions différentes, mais également par leur caractère
bienveillant ou maléfique. Parmi la multitude d'esprits vénérés dans le Sambaani figurent
notamment les wérékunu.

La présente étude permet de mieux comprendre le contenu du rituel Sambaani dans son


déroulement, son évolution, ses fonctions et les acteurs qu'il met en scène.

1- Problématique

-1- Problème

L'homme a sa vision du monde dans laquelle s'inscrivent aussi bien ses problèmes qu'en
résolution. La vie apparait parfois mystérieuse et il faut chercher le sens de chaque
évènement. De la réflexion sur le mystère de la vie, de la mort et de la nécessité de survivre et
de rechercher le bonheur naît l'idée des rites. Ainsi, la société dans laquelle l'individu se
trouve, est soumise à des lois ou règles. Et cela fait appel à des institutions comme la
religion ; régies par des normes qui créent et entretiennent l'harmonie et la cohésion entre les
membres de la société (DURKHEIM, 1912). La religion est importante dans la culture noire ;
c'est pourquoi le sacré n'est pas tout, il peut être tout. A ce sujet, la civilisation est la
conscience que prend de son identité commune un ensemble de peuples. C'est la force de par
leur volonté d'appréhender l'univers à travers la même grille intellectuelle et morale. C'est la
religion qui est la base de la civilisation africaine, qui la fortifie, qui l'anime. Là où il y a un
Africain, il y a une pratique religieuse. Il l'amène partout où il s'y rend. Elle est à ses côtés
lorsqu'il assiste à une fête ou qu'il participe à une cérémonie funèbre. Les pratiques religieuses
sont une affirmation de la vie et font une faible part à l'ascétisme. Elles possèdent des valeurs
essentielles comme l'harmonie et l'union au sein de la famille et de la société mais aussi avec
les morts-vivants et les esprits. Ces pratiques sont collectives avant d'être individuelles et les
Africains qui se convertissent au christianisme ou à l'islam reportent ces valeurs dans leur
nouvelle foi.
Parfois, certaines croyances d'un groupe influencent celles de l'autre mais ne les modifient
pas. Puisque les hommes ne sont pas capables de se donner à eux-mêmes le salut qu'ils
désirent, ils admettent qu'une force supérieure (surnaturelle) pourrait maîtriser le mal et
établie l'ordre du monde. C'est à travers les manifestations que les hommes trouvent ce salut.

Les manifestations de Sambaani passent nécessairement par les rites relevant parfois des
interdits ou des tabous des dieux et des esprits. Toute religion suppose donc un minimum
d'organisation et de hiérarchie. Le rite est un langage efficace en ce sens qu'il agit sur la réalité
sociale. L'homme doit s'appuyer sur des symboles reconnus par la collectivité pour faire le
rite. C'est dire que l'efficacité du Sambaani dépend de la validité globale du cérémonial ; c'est-
à-dire pour qu'il ait rituel de Sambaani, il faut qu'il y ait un certain nombre d'opérations, de
gestes, de mots et d'objets convenus, qu'il y ait croyance à une de transcendance
(ISAMBERT, 1982 :109). La fonction du rite est donc de rattacher le présent au passé, de
l'individu à la communauté. Le rite joue également la fonction d'intégration ; ce qui pousse
LABURTHE-TOLRA et WARNIER (1993) à écrire que « ce qui fait la force du rite, ce n'est
sans doute son effet ni son sens intrinsèque, ni son efficacité pratique, ni la sécurité subjective
qu'il procure, mais le fait qu'il transforme la situation en renforçant la solidarité du groupe qui
l'exécute ». La vie religieuse et la vie profane ne peuvent coexister dans les mêmes unités de
temps. Il est donc nécessaire d'assigner à la vie religieuse des jours ou des périodes
déterminées ;  ce qui permet la célébration des réjouissances et le rituel Sambaani s'inscrit
dans cette perspective.

Au nombre des constats que tout observateur de la réalité sociale et religieuse fait au Bénin,
figure en bonne place la coexistence plus ou moins pacifique entre différentes pratiques
religieuses. Cependant cette coexistence pacifique pourrait cacher un conflit sur le monopole
de la "vérité divine". C'est le cas à Savalou en 1973 entre célestes et vodunon ; entre adeptes
de Zangbéto et fidèles musulmans à Porto-Novo en 1973. Ce conflit ne s'observe pas
tellement à N'Dali. Parfois les musulmans lancent des propos comme "le Sambaani est une
oeuvre diabolique et que celui qui le pratique n'ira pas au paradis ". Ces propos peuvent
parfois entrainer des tensions ; mais ce qui n'est pas le cas à N' Dali. La communauté de
N'Dali arrive toujours à trouver un terrain d'entente.Cette tension demeure perceptible
lorsqu'il s'agit des communautés religieuses de types traditionnels. Face aux religions
traditionnelles, l'attitude et le discours sont plutôt au rejet. Malgré cette situation le Sambaani
continue d'exister et ses fidèles pratiquent leurs rituels. Il y a donc un premier écart qui
interpelle le questionnement du sociologue à savoir pourquoi une institution, qui subit autant
de rejet, se maintient.

Les religions étrangères donnent aux hommes une connaissance qui ne répond pas aux
exigences socio-culturelles de leur environnement. Il faut donc rechercher comment les
adeptes de Sambaani vivent-ils leur foi et quelle est leur participation au processus de
développement local. Le baatonu semble assimiler tout ce qui vient d'ailleurs. Ce
comportement peut parfois plonger la commune de N'Dali dans les mutations socio-
culturelles de notre temps. Certaines normes et valeurs sont délaissées au profit des religions
importées telles que l'islam et le christianisme. Les faits religieux, le mariage traditionnel, le
baptême coutumier, les sacrifices, les hommages rendus aux ancêtres, les initiations et
d'autres pratiques culturelles sont négligés. Il n'existe plus à proprement parler d'Afrique
traditionnelle, tant il est vrai que les valeurs islamiques ou chrétiennes et les idées-forces de la
civilisation occidentale ont apporté de perturbations profondes dans les lieux les plus reculés,
affectant plus ou moins selon les comportements, les mentalités. (THOMAS et LUNEAU,
1975 :266).

Ainsi, quelles sont les modifications que le rituel Sambaani a subie dans son déroulement,
dans sa fonction suite à l'avènement des religions étrangères dans la commune de N'Dali ?
Voilà l'interrogation qui fonde la présente étude dont les hypothèses sont énoncées ci après.

1-2- Hypothèses

1- Le rituel Sambaaniassure la communication avec les dieux et l'intégration sociale de ses


fidèles.

2- La présence des religions étrangères influence le rituel Sambaani à N'Dali.

1-3- Objectifs

Pour parvenir aux réponses à nos diverses questions, nous avons défini des objectifs précis.

1-3-1- Objectif global


Contribuer à une meilleure connaissance du Sambaanidu point de vue mutations intervenues
du fait de sa coexistence avec le christianisme et l'islam.

1-3-2- Objectifs spécifiques

· Recenser les fonctions sociales du rituel Sambaani.

· Présenter les changements intervenus dans le rituel du fait des autres religions.

1-4- Clarification Conceptuelle

Dans l'optique d'une meilleure compréhension du sujet de recherche, la clarification de


certains concepts s'avère indispensable. Il est nécessaire pour le sociologue ou l'anthropologue
de "définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est
question. Cela relève de la rigueur méthodologique selon laquelle une théorie n'est valable
que si l'on identifie la réalité qu'elle représente" (DURKHEIM, 1957 : 149).

Le rituel désigne l'ensemble du déploiement cérémoniel dans lequel s'insèrent différents rites.
Ainsi le rite est d'abord un acte symbolique verbal et/ou gestuel par lequel l'homme tente de
communiquer avec des êtres ou des puissances ; le propre du rite est d'être prescrit, codifié,
répété et réalisé en vue d'obtenir un effet déterminé. Pour CAZENEUVE, (1971, 334) « le rite
est un ensemble codifié d'actes, de gestes, de paroles, d'objets manipulés et de représentation
associées qui se répète chaque fois que surviennent d'une manière périodique ou aléatoire les
événements et les circonstances auxquels il est lié ». L'ensemble des manifestations, des
comportements, des pratiques se rapporte au rite qui est un fait. Dans la société baatonu,
Sambaani ou koro est un rituel dans lequel sont honorés les génies tels que les wèrèkunu qui
peuvent avoir pour nom Bio (génie du singe. Chez le Baatonu, on appelle le singe Bio parce
qu'on le considère comme l'ancêtre de l'homme), Maré (génie du Pullo ou Peulh. On croit
que le Peulh pourrait venir d'une région que l'on ignore), Kpireru (génie d'hippopotame. Un
animal qui incarne la force), Gariboko (génie du niais. L'enfant niais est considéré comme un
esprit) et Kpanro(génie de lépreux).

Le mythe quant à lui, selon le dictionnaire est un récit qui se veut explicatif et fondateur d'une
pratique sociale. C'est aussi une parole choisie par l'histoire. Il est porté à l'origine par une
tradition orale, qui propose une explication pour certains aspects fondamentaux du monde et
de la société qui a forgé ou qui véhicule ces mythes. Les groupes et les individus fondent leur
identité sur un mythe personnel au sens du récit approprié et mis en représentation afin
d'obtenir l'approbation et la reconnaissance d'autrui. Il traite toujours les questions qui se
posent dans les sociétés qui les véhiculent. Le mythe a un lien direct avec la structure
religieuse et sociale du peuple et avec la cosmogonie. Réciter le mythe produit une recréation
du monde par la force du rite. L'exigence du sacrifice est l'un des plus puissants et le mythe
n'est pas récité n'importe quand mais à l'occasion des cérémonies comme le mariage, les
initiations et les funérailles. Cela veut dire à l'occasion d'un commencement d'une
transformation ou terminaison dont il rend compte. Le mythe se distingue de la légende (qui
suppose quelques faits historiques identifiables), du conte (qui se veut inventif sans
expliquer), et du roman (qui explique avec peu de fondements).

Le mythe et le rite concourent donc à l'identité de l'individu. Ces deux mots ont en commun
une charge de sacralité très prégnante. Le lien entre mythes, rites et identités peut donc être
perçu comme un élément de l'histoire des représentations.

Dans une perspective anthropologique, la culture se définit comme ce qui dans le milieu est
dû à l'homme. Effectivement, l'homme seul est capable de culture et c'est ce qui le distingue
des autres animaux bien que tous les deux soient à la fois des êtres biologiques et sociaux.
« Une culture est le mode de vie d'un peuple ; alors qu'une société est l'ensemble organisé
d'individus qui suivent un mode de vie donné. Plus simplement, une société se compose
d'individus, la manière dont ils se composent constitue une société » (Herskovits, 1967).
Ainsi, la culture pourrait être simplement considérée comme la vie d'une société. L'auteur
reconnaît toute fois que la définition de Tylor apparaît comme l'une des plus élaborées. Ce
dernier définit la culture comme « un tout complexe qui inclut les connaissances, les
croyances, l'art, la morale, les lois, les coutumes et autres dispositions et habitudes acquise par
l'homme en tant que membre d'une société ». Cette définition, qui insiste sur le rôle
primordial de l'apprentissage, induit également une étude comparative « des » cultures
humaines. Tylor est le premier à aborder les faits culturels dans leur ensemble et leur
systématisme ; il prend ainsi ses distances avec la théorie « radicale » de l'évolution linéaire,
incarnée par Lewis Morgan. Considérant que l'intellect humain est universel, il défend l'idée
de stades d'évolution plutôt que d'une nature différente entre sociétés « primitives » et sociétés
« civilisées ».Nous pourrons dire que la culture, c'est le mode de vie de l'homme collectif, un
mode de vie découlant de la conception de la vie et des expériences. Elle est traversable à tous
les domaines de la réalité sociale. Ainsi, l'homme ne se comprend que par sa culture à laquelle
il donne un sens en usant de symbole.

La cérémonie est une forme extérieure et régulière d'un culte, d'un événement de la vie
sociale.

"Cohésion sociale" constitue un processus à la fois de construction et de consolidation des


liens sociaux entre les différents segments d'une société. Et c'est bien évidemment ce
processus qui permet et assure les productions matérielles et immatérielles. Les immatérielles
(pratiques religieuses, etc.) qui prolifèrent et multiplient les besoins à tel point que le
vocabulaire vient parfois à manquer de les nommer, ne constituent qu'un pan de la réalité
culturelle. En tant que produit immatériel qui ne s'offre pas à la vue et affecte le sens, le rituel
n'est compris et assimilé véritablement que dans son rapport avec un milieu ou des
circonstances de pratique ; d'où s'en dégagent des lois, un ordre, un système d'obligations, des
privilèges etc. Il s'offre à la consommation qui s'entend comme un mode actif de relations,
d'activités systématiques et de réponse globale sur lequel se fonde le système culturel. C'est
dire donc que le Sambaani doit être mis en rapport avec son milieu de production afin de
saisir les fonctions manifestes ou latentes qu'induit son pratique.

1- 5- Etat de la question

« La recension des écrits constitue la pierre angulaire de l'organisation systématique d'une
recherche. Aucun chercheur sérieux n'oserait entreprendre une recherche sans avoir au
préalable vérifié l'état de la question sur le sujet à investiguer » (Assaba, 1985 : 12). Cette
exigence d'ordre méthodologique en matière de recherche scientifique a beaucoup influencé
nos démarches orientées essentiellement vers l'appréciation des acquis antérieurs aussi bien
sur le plan des supports écrits que de ceux relevant de l'oralité.

En Afrique en général et au Bénin en particulier, il existe une pluralité de religions.


Dans Religions et philosophie africaine, « parler des religions traditionnelles en Afrique, c'est
reconnaître la diversité des peuples et des tribus ». (MBITI, 1972). Chaque groupe social
possède son propre système religieux qui constitue une réalité suffisamment importante. Il
pense que l' ontologie donne en général un caractère particulier et une couleur locale à leurs
croyances et leurs pratiques religieuses, à leur langue, à leurs institutions et à leurs coutumes,
à leur réaction psychologique et, de façon plus générale à tous les comportements. Pour
connaitre la société baatonu, il faut passer par son comportement religieux. En voulant
observer ce comportement religieux, il faut passer par les rites.

C'est dans ce cadre que MAUSS (1985) dans son ouvrage intitulé

Sociologie et Anthropologie, aborde les rites dans leur forme communicationnelle tout en
révélant leur rôle pour l'intégration des peuples baatombu dans leur communauté. Ainsi, selon
lui, les rites permettent une communication horizontale c'est-à-dire entre les hommes et une
communication verticale c'est-à-dire entre les Hommes et les dieux. L'explication de certains
faits de l'univers par les hommes est due aux rites. Selon lui, le rite transmet une inspiration et
témoigne d'un élément, d'un évènement mythique. Si MAUSS a pu donner les fonctions du
rite, CAZENEUVE (1971) quant à lui fait la typologie des rites dans son oeuvre Sociologie
du rite. Il distingue les rites de protection magique, négative et religieuse. Le rite de
protection magique est tout rite institué par l'homme pour être à l'abri des mauvais sorts.
Ensuite le rite négatif est l'ensemble des rites que l'homme peut utiliser pour jeter des mauvais
sorts sur d'autres acteurs. Quant au dernier rite, celui du religieux, il permet d'être en
communication avec Dieu et les divinités.

Le rite n'est pas seulement vu sous la forme communicationnelle et il ne s'agit pas de faire la
typologie du rite. Il faut aussi aborder d'autres aspects. C'est dans cette optique que
BALANDIER (1962) dans L'Afrique ambiguë, parle de l'aspect coercitif des rites sans oublier
comment ils peuvent influencer les pactes sociaux et les économies. Les « pratiques rituelles
introduisaient aussi une réglementation sévère, une sorte de dirigisme indispensable dans le
cas d'une activité capable d'ébranler des économies primitives et vulnérables. Les accords
établis par la tradition, révèlent cette fine pratique sociologique des Africains opérant toujours
en terme d'équilibre » (Balandier, 1969). A l'instar de MAUSS et de CAZENEUVE,
BALANDIER et MALINOWSKI ont aussi mis l'accent sur les fonctions du rite, son
implication ou ses influences sur la cohésion sociale et l'intégration de l'individu dans sa
société. Malinowski souligne dans son livre Dictionnaire des religions que : « même si le rite
est une réponse aux besoins psychologiques du pratiquant (monde incompris entraînant
angoisse, condition d'existence mystérieuse...), il est le ciment de la solidarité du groupe du
fait même de son expérience pratique » (Malinowski, 1984 : 1120).

Dans les Formes élémentaires de la vie religieuse, DURKHEIM (1912) de son côté s'efforce


de montrer que les représentations religieuses sont, en fait, des représentations collectives :
l'essence du religieux ne peut être que le sacré, tout autre phénomène (comme le transcendant)
ne caractérisant pas toutes les religions. Le sacré, être collectif et impersonnel, représente
ainsi la société elle-même. Il rapproche rite et religion en prenant les faits tel que la croyance
et les magies aux sérieux et les attribue au religieux. Le rite intègre dans la démonstration
pour montrer que la religion n'est pas une sorte de fantaisie : « les rites les plus barbares ou les
plus bizarres, les mythes les plus étranges traduisent quelque besoin humain, quelque aspect
de la vie soit individuelle, soit sociale » (Durkheim, 1912 :3). En associant religion et rite, il
inclut deux éléments à savoir la croyance et les rites. Selon lui, les croyances religieuses sont
des représentations qui expriment la nature des choses sacrées et les rapports qu'elles
soutiennent, soit les unes avec les autres, soit avec les choses profanes. Quant aux rites, ils
sont des règles de conduite qui prescrivent comment l'homme doit se comporter face aux
choses sacrées. Les rites sont avant tout des moments d'effervescence collective : « les
représentations religieuses sont des représentations collectives qui expriment des réalités
collectives ; les rites sont des manières d'agir qui ne prennent naissance qu'au sein des groupes
assemblés et qui sont destinés à susciter, entretenir ou à faire renaître certains états mentaux
de ces groupes » (Durkheim, 1912 : 13).

Il ne s'agit pas de parler uniquement de la fonction du rite, il faut aussi parler de sa


morphologie. C'est dans cette perspective que VAN GENNEP (1909) aborde la morphologie
du rite. Selon lui, il existe des étapes du cycle de vie sur le plan formel. Il en existe trois (03)
étapes : phase de séparation  où l'individu sort de son état antérieur, phase de marge où
l'individu vit une expérience liminale et une phase d'agrégation où l'individu est réintégré dans
la vie normale avec un statut nouveau. C'est ce statut nouveau qui perme l'intégration de
l'adepte du Sambaanidans la société baatonu. Le rite favorise la fabrication d'une nouvelle
personne et cherche à recomposer l'ordre social. Il faut souligner que le propre du rite est
d'exprimer la continuité des générations en mêlant temps individuel et temps collectif. Mais
ISAMBERT (1975, 224) quant à lui, pense qu'il ne faudrait pas prendre en compte le côté
morphologique du rite, mais aborder aussi la dimension symbolique du rite. Le rite est un
langage efficace en ce sens qu'il agit sur la réalité sociale. On ne peut pas faire du rite avec
n'importe quoi, il faut s'appuyer sur des symboles reconnus par la collectivité. Selon lui,
l'efficacité du rite dépend de la validité globale du cérémonial, inséparable d'une licéité
reconnue par tous c'est-à-dire pour qu'il y ait rite, il faut qu'il y ait un certain nombre
d'opération de gestes, de mots et d'objets convenus, qu'il y ait croyance à une sorte de
transcendance.
Tout en s'investissant dans l'étude du rituel, MESLIN (1988) quant à lui, ne manquera pas de
relever dans L'expérience humaine du divin, le côté sacré de l'homme. On ne peut pas saisir le
sacré là où on le rencontre ; donc qu'il n'est jamais à l'état pur. C'est pourquoi il faut partir de
l'homme concret pour en venir à l'homme ; c'est-à-dire, c'est à partir du fait religieux, donc de
l'expérience religieuse que ressort l'identité de l'homme. Dans la même logique, BIO BIGOU
pense que l'être humain a le droit de comprendre et de connaître son identité ; chose
fondamentale pour l'évolution de la société. Les valeurs socio-culturelles permettent
l'intégration du jeune baatonu dans la société.

Dans la Civilisation  primitive Tylor(1871) définit l'animisme comme la croyance en des


entités spirituelles supérieures, autonomes, immortelles et dotées d'une grande puissance.
Celles-ci sont rattachées à chaque enveloppe corporelle et ont le pouvoir de mener une vie
propre. Tylor tente d'établir les raisons qui mènent les hommes à cette croyance ; il affirme
qu'à travers diverses expériences comme le rêve ou la transe, les peuples dits primitifs sont
confrontés à des images ou visions qui leur prouvent que, à la faveur de certains événements,
leur âme peut quitter leur corps et voyager selon son gré. De même, au moment de la mort,
l'âme quitterait définitivement le corps mais continuerait à vivre ailleurs, la preuve de ce
phénomène se trouvant dans le fait que les personnes mortes peuvent continuer d'apparaître en
rêve aux vivants. Selon les descriptions de l'anthropologue, l'âme est assimilée par les
peuplades observées à une sorte de fantôme, prenant l'apparence de vapeurs ou d'ombres. On
lui attribue la possibilité de migrer d'une personne à une autre, mais aussi d'un être mort vers
un vivant. Par extension, il est entendu que le principe de l'âme n'est pas seulement propre à
l'humain mais se retrouve dans toutes les composantes de la nature, végétaux, animaux et
même objets inanimés, et qu'une âme peut par conséquent migrer et se transmettre
indifféremment vers chacune de ces entités, quel que soit son type. Mais les théories de Tylor
sont progressivement remises en cause par divers scientifiques, notamment MARETT, pour
être finalement abandonnées. La question de l'origine de la religion est le point central de ces
querelles. On reproche également à Tylor d'avoir établi une pensée prenant appui sur une
réalité fausse, puisque sa théorie implique que l'animisme ait été présent au sein de toutes les
cultures de la Terre, ce qui n'est pas le cas. Aujourd'hui, la majorité des anthropologues rejette
la théorie de l'animisme de Tylor, même si l'on utilise encore ce terme pour désigner les
religions traditionnelles et la croyance en des esprits invisibles.
Dans son essai Anthropologie Structurale, Claude Lévi-Strauss (1958) pense que le mythe se
rapporte toujours à des événements passés avant la création du monde ou pendant les premiers
âges. Mais la valeur intrinsèque attribuée au mythe provient de ce que les événements, censés
se dérouler à un moment du temps, forment aussi une structure permanente. Celle-ci se
rapporte simultanément au passé, au présent et au futur.

En effet, le rite, outre sa fonction psychologique chez l'individu, permet également le


renforcement des liens sociaux, la cohésion sociale.

1-6- Justification du choix du sujet et du cadre d'étude

1-6-1- Choix du sujet

« Les éléments de la civilisation qui dans le milieu résistent au modernisme forment un objet
d'étude précieuse pour l'ethnologue et le sociologue, ainsi que pour l'historien des religions »
(Adoukonou, 1979 : 25). Deux raisons justifient le choix porté sur le rituel Sambaani chez les
Baatombu de N'Dali.

Il a été constaté dans la commune de N'Dali, peuplée en majorité des Baatombu reconnus
pour leur pratique religieuse traditionnelle notamment le Sambaani, la présence des paroisses
et diocèses et des mosquées qui font état de l'expansion des religions étrangères de la
commune. La manifestation du Sambaani s'observe durant la période de l'année ; et surtout
pendant la sécheresse. Cette période de non abondance des travaux champêtres est également
le moment par excellence de vente des récoltes et de la prospérité. C'est aussi pendant cette
période qu'on observe l'organisation des cérémonies qui nécessite beaucoup d'argent. Mais le
religieux, origine même de la vie sociale de ce peuple est observable durant toute la période
de l'année.

Le présent travail constitue l'approfondissement des interrogations et suppositions des


différentes recherches faite sur le rituel Sambaani ceci chez la communauté baatonu de
N'Dali. Ce travail est encore lié à la nécessité d'aller à la rencontre de la culture baatonu pour
tenter de mieux connaître ses structures et hiérarchies sociales.

1-6-2- Description et justification du cadre d'étude


L'étude sur la localité de N'Dali et notamment sur les communautés Baatombu de la région
dans le cadre de pratique prend appui sur un ensemble d'éléments dont la description
démographique, géographique, historique et socioculturelle de la région.

1-6-2-1-Description

a) Description géographique

Situé au nord de la République du Bénin, la commune de N'Dali a une superficie de 3748


km2 soit 03,33% du territoire national, et avoisine 67379 habitants (RGPH 2002). Elle est
composé de cinq (05) arrondissements que sont N'Dali, Bori, Gbégourou, Ouénou et Sirarou.
Il compte vingt quatre (24) villages. Limitée au sud par les communes de Parakou et de
Tchaourou, à l'Ouest par la commune de Djougou, au nord par les communes de Bembèrèkè
et de Sinendé et à l'est par celles de Nikki et de Pèrèrè,la commune de N'Dali est située à 60
km de Parakou (chef lieu du département) et à 498 km de Cotonou.

b) Description socioculturelle et historique

N'Dali est une commune où se côtoient plusieurs peuples tels que les Baatombu, les Yom, les
Lokpa, les peulh, les Fon, les Yoruba, etc. Cette mosaïque assure à la localité de permettre la
vie harmonieuse et tolérante de plusieurs croyances à savoir le Sambaani, le christianisme et
l'islam. La principale activité qui assure la base économique de la commune est l'agriculture.

1-6-2-2- Justification du cadre d'étude

Les villages choisis pour mener l'étude sur le rituel Sambaani sont ceux du village
Gbégourou, Sirarou et N'Dali, toutes reconnues pour leur pratique de Sambaani.

La région de N'Dali reste aujourd'hui l'un des points de rassemblement des biokourobu. La


cohabitation entre les différentes croyances au sein de la communauté baatonunous amène à
s'interroger sur l'importance accordée aux pratiques religieuses au sein de chaque groupe
religieux. En effet, les Baatombu étant majoritaire en tant que peuple à N'Dali, auraient
influencé les autres populations. L'intérêt de la présente étude réside dans l'évolution
du Sambaani dans la commune. Cette région est un point de rencontre et de commerce.
Comment alors, une commune majoritairement peuplée de Baatombu n'accorde plus
d'importance au rituel Sambaani?
2- APPROCHE METHODOLOGIQUE

Pour mener à bien la présente recherche, deux étapes essentielles ont été suivies. Il s'agit de
l'exploration et de l'enquête proprement dite.

2.1. Exploration

Phase essentielle de la recherche, l'exploration a consisté à formuler le thème de recherche, à


opérer la revue de la littérature (tant sur le rituel Sambaanique sur N'Dali). Elle a aussi permis
de faire des observations sur le champ d'étude, de prendre des contacts avec les personnes
ressources du milieu, d'affiner les outils pour la collecte.

2.1.1. Recherche documentaire

La recension des écrits constitue une des bases inévitables de toute recherche. La recherche
documentaire consiste à se rapprocher de différentes structures et centres de documentation
pour rechercher des documents aidant à mieux comprendre les concepts de religion, religion
traditionnelle et leur importance sociale.Pour avoir une idée précise sur l'état de la question, il
était indispensable d'interroger les acquis scientifiques antérieurs (articles, ouvrages collectifs,
mémoires) sur la religion. Mais au-delà des écrits, c'est sur les sources orales et les
discussions que l'accent a été mis afin d'affiner la problématique.

Cette double démarche a permis d'avoir des informations sur le rituel, de reformuler le thème
de l'étude, de retenir l'approche d'investigation. En effet, il faut reconnaître que la
documentation sur les pratiques religieuses qui a été explorée provient pour la plupart des
recherches sur l'Internet. Le parcours des différents centres d'informations a permis de
disposer des ouvrages généraux sur la méthodologie. Le tableau I offre une vue synoptique
des lectures faites et des axes ou idées obtenues.

Tableau I : Centres de documentations

N° Centre de documentation Nature de Informations obtenues


d'ordre documents

1 Centre numérisé Ouvrages et Informations générales et élaboration


articles de la problématique.

2 Centre des Hautes Etudes Ouvrages et Informations générales et


de Porto-Novo mémoires méthodologiques et constitution de la
bibliographie.

3 Direction Nationale des Articles, livres Informations générales et amélioration


Archives de Porto-Novo et ouvrages de la problématique

4 Centre de documentation Ouvrages Informations générales sur le sujet.


du CCF Cotonou

Source  : moi-même

2-1-2- Premières observations de terrain

Pour appuyer la problématique et l'orienter conséquemment, il a été effectué en mai 2007 une
observation de terrain. Cette descente sur le terrain a permis de voir le vécu in-situ des adeptes
pendant le rituel Sambaani. Elle a permis également la prise de contact avec des personnes
ressources aux fins de l'enquête proprement dite.

Cette situation d'exploration a contribué à élargir le cadre d'observation et d'enquête à


plusieurs catégories sociales (non prévues au départ de la réflexion).

2-1-3- Groupes cibles et échantillonnage

Les populations baatombu constituent dans le Borgou une majorité ethnique par rapport à la
population totale du Benin. Elles représentent environ 59,1% de la population de N'Dali, Dans
le souci de bien mener les recherches sur un espace restreint et à forte concentration des
activités socioculturelles des Baatombu, la localité de N'Dali et quelques anciennes localités à
savoir Gbégourou et Sirarou ont été retenues.

Les critères de choix du milieu d'enquête sont entre autres, la concentration des établissements
humains et l'ancienneté d'installation.

Par rapport à l'échantillon de collecte, l'accent a été d'abord mis sur les prêtres et prêtresses du
rituel Sambaani. Ensuite, les responsables et fidèles des églises chrétiennes et des mosquées,
les jeunes de la localité et quelques acteurs de la vie administrative du milieu ont été
approchés.
· la nécessité d'interroger les responsables des cultes traditionnels

tient du fait que la phase exploratoire a révélé qu'ils sont censés veiller sur la vie religieuse de
la communauté. Leur choix se justifie par le souci de comprendre et d'analyser la manière
qu'ils utilisent pour l'intégration des nouvelles générations dans la société.

· les responsables et les fidèles des religions chrétiennes et musulmanes ont

été approchés pour comprendre l'organisation de la vie religieuse de la population.

· les échanges avec les jeunes visaient essentiellement à vérifier les modes

de transmission de valeurs et les réinterprétations qu'ils opèrent vis-à-vis de Sambaani ;

· les avis des autorités locales étaient sollicités sur les différents conflits

qu'il y aurait eu entre les différents groupements humains et leurs causes immédiates ou
lointaines ;

Le tableau II présente les différents groupes-cibles et les catégories sociales à l'intérieur de


chaque groupe-cible.

TableauII : Présentation des groupes-cibles et catégories sociales

N° Groupes cibles Catégories sociales

- biokouro ;

1 - Acteurs des religions traditionnelles - koroku;

- bounkonso.

- Prêtres  et pasteurs

- Acteurs des religions à livres (Catholicisme, Islam, - imams ;


2
Protestantisme...)
- Fidèles. (chrétiens ou
musulman)

3 - Autorités locales et administratives - Chefs de quartier ou village


- Agent administratif de
l'Arrondissement

4 - Autres - Jeunes (garçons et filles)

Le nombre d'enquêtés a varié suivant les groupes cibles et même à l'intérieur de ceux-ci en
tenant compte des catégories sociales en leur sein. L'échantillon s'est constitué par le principe
de la saturation de l'information. Autrement dit, la taille de l'échantillon s'est imposée après
l'atteinte du seuil de saturation de l'information par les entretiens dans chaque catégorie
sociale.

Au total, 65 enquêtés ont été approchés comme le montre le tableau III

Tableau III : Répartition des enquêtés par catégorie sociale

Groupes cibles Catégories sociales Effectif

- biokouro ; 30

- Acteurs des religions traditionnelles -Koroku 03

- bounkonso. 07

- Prêtres ; 02
- Responsables des religions à livres
- Pasteurs ou hauts responsables ; 02
(Catholicisme, Islam, Protestantisme...)
- Fidèles. (chrétiens ou musulmans) 12

- Chefs d'arrondissement ou délégués,


- Autorités locales et administratives 03
conseillers communaux

- Autres catégories - Jeunes (garçons et filles) 06

Total 65

Pour mener la collecte des données sur le terrain, recours a été fait à plusieurs techniques de
collecte ont été utilisées, l'entretien semi-directif personnalisé, les entretiens collectifs en
tenant compte des spécificités et de l'intérêt porté sur chaque groupe.
2.2. Enquête de terrain

La collecte de données a été effectivement faite durant la période du 18 septembre au 20


décembre 2008. Elle a été précédée d'une pré-enquête qui a permis de faire le pré-test des
outils de collecte, ceci pendant un mois. La raison qui a sous-tendu ce choix, est que pendant
cette période, les principaux acteurs (chefs des cultes traditionnels) reviennent des champs
après les récoltes. Donc l'organisation des festivités qui durent trois (03) mois peut
commencer. Aussi, la mémoire collective des populations garde-t-elle encore des impressions
plus vives sur le Sambaani.

2.2.1. Techniques et les outils utilisés

Le travail s'inscrit dans la droite ligne d'une recherche qualitative à orientation rétrospective.
Pour ce faire, la collecte a été réalisée à l'aide des techniques de focus group, d'entretien semi-
directif et d'observation et des outils appropriés pour chacune. Ainsi, les chefs de culte
(bounkonso ou responsables d'églises), les cadres administratifs ont été approchés par la
technique d'entretien semi-directif. Ce qui a permis d'obtenir des éléments d'appréciation des
logiques sous-tendant les usages au sein de chaque groupe. Les adeptes, les fidèles des églises
et les jeunes quant à eux ont eu à subir des entretiens collectifs. Surtout chez les adeptes, cette
technique a permis leur mise en confiance et a assuré la collecte d'information sur le rituel.

Les différentes données recueillies ont fait l'objet de traitement et d'analyse minutieuse selon
l'approche fonctionnaliste. En effet, sur la base des données de dépouillement (qui se faisait
au fur et à mesure), la suite de la collecte était enrichie et réorientée. Cette procédure nous a
permis de contourner le non-dit des couvents mais, elle ne nous a pas épargné de l'exigence de
l'initiation au secret.

2-2-2- Durée du travail

Elle est repartie comme suit :

Pré-enquête 1 mois

Documentation 3 mois

Enquête sur le terrain 4 mois

Dépouillement et analyse 2 mois 2 semaines


Rédaction, correction, finalisation 4 Mois

2-2-3-Les difficultés rencontrées

La conduite de l'étude ne s'est pas faite sans obstacle. Plusieurs difficultés ont jalonné le cours
de l'enquête, depuis l'élaboration, jusqu'à la collecte des données en passant par les entretiens
exploratoires. Ces différents obstacles se répartissent en deux catégories à savoir celle
méthodologique et celle de terrain.

Les difficultés méthodologiques se ramènent à la rareté de la documentation sur l'objet étudié.


Quant aux obstacles de terrain, ils se résument en l'influence des conflits internes entre
catégories sociales en présence, conflits qui ont influencé la tenue régulière des entretiens. Il a
été également noté, comme un obstacle déterminant, les barrières du secret dans l'accès à
l'information. Aussi, faudrait-il noter la méfiance ou la réticence de certains chefs de cultes
traditionnels à aborder la transe dans le rituel. Ces différents obstacles ont pu être levés ou
contournés, ce qui a permis de mener la recherche comme en attestent les résultats.

PREMIERE PARTIE : Aspects généraux sur le Sambaani

Chapitre 1  : Genèse du rituel Sambaani

1- Origine du rituel Sambaani

L'origine du rituel Sambaani n'est pas connue des peuples baatombu. Ce rituel aurait


commencé avec l'histoire de la culture baatonu. Ainsi, il regroupe tous les autres rituels
traditionnels. Le Sambaani est entré dans la pratique des Baatombu par SOUNONTOTOGUI,
KIGABA, leur soeur KIDAGUI.

En effet, SOUNON TOTOGUI était un grand chasseur. Un jour, il tua un gros gibier et son


frère KIGABA, très content, arracha une petite branche d'un arbre et commença à chanter en
louant son grand frère SOUNON TOTOGUI (roi Totogui). Il chantait notamment : « Sa
gberudua sa ya dii ; sansiankpaaro, kurubu bukagomnabekurudewe » : "Nous sommes
allés en brousse et nous avons tué du gibier ; si nous rentrons à la maison, les femmes
porteront leur pagne en se servant de leurs coudes car leurs mains seraient chargées de
viandes". C'est donc une chanson de joie, de fierté, tendant à louer le courage, la puissance et
la dextérité du chasseur.

Comme KIGABA chantait les louanges de son frère en rentrant, ils rencontrèrent sur la voie
les génies appelés "WEREKUNU" (génies en langue baatonu) qui cherchaient du bois. Au
passage des chasseurs, ces génies se disaient entre eux : "Ah ! Il faudrait qu'on suivent ces
gens". Ainsi ces génies abandonnèrent leur bois et suivirent les chasseurs jusqu'à leur
domicile. KIGABAdevient alors le premier SASAGU (griot) et en même temps le griot des
génies qui s'incarnent dans certains sujets du sexe masculin ou féminin.

La première incarnation du génie s'opéra avec un peulh nommé WONKORU(le noir) qui avait
été saisi au moment où il trayait sa vache. Les wèrèkunuavaient donc suivi les Baatombu
chasseurs pour arriver dans le village, mais ils s'étaient incarnés dans un Peulh avant de se
généraliser au niveau des Baatombu. Mais on constate que les cérémonies du Sambaani se
déroulent toujours avec les adeptes Fulbé ou Peulh.

Après le PeulhWONKORU, il y a eu l'incarnation du génie wèrèkudans une femme baatonu


du nom de BANA ou BONA. C'est par elle que wèrèkuentra dans la vie religieuse des
Baatombu.

Le phénomène devenu décisif, il y eut établissement d'une hiérarchie au niveau des génies
incarnés. Cette hiérarchie se manifeste à travers les adeptes des différentes catégories de
génies. Au sommet on a BONAet non WONKORU. En principe, ce dernier devait être le
premier ; mais en fait, le Baatonu reléguant le Peulh au second plan, on a privilégié la
première femme.

Ainsi, lors des cérémonies, BANAest la première. Ensuite vient le MARE ou Peulh en


souvenir de WONKORU. Dans les chansons, on parle du Maré biigobigii(un petit peulh
bourgeois). Après Maré viennent KOTIO, a " yaana bu waa" (montre le derrière ou baisse
qu'on voit), gariboko (génie niais) ; SIINI BUGO (génie d'un démon de la
brousse) ; TANTAN MON (génie serveur de boisson) ; KARA KARA (génie
pressé) ; BIO (génie singe) ; KPIRERU (génie hippopotame), s'incarnent et se manifestent
par des transes. Alors, il serait normal de chercher à savoir ce qu'est le Sambaani.

2- Rituel Sambaani
Le Sambaani n'est pas un rituel diabolique comme le pense certains notamment les
musulmans. Le Sambaani est un rituel exécuté par les hommes ou les femmes ; mais les
femmes sont majoritaires, et fait du bien à ceux qui ont recours au rituel. L'esprit qu'incarne
le Sambaani ne demande pas à l'individu d'apporter le sang humain ou une partie du corps
humain pour se faire guérir en cas de maladie, comme le font d'autres religions. Le
Sambaanivient en aide à celui qui est dans le besoin. Même le bûnkosso (le prêtre du
Sambaani) s'il ne demande pas d'aide, l'esprit ne s'aura pas. LeSambaani n'aime le pécheur
tout comme Dieu ; ce qui veut dire qu'il existe une entente entre Dieu et leSambaani. Partout
où on entend parler de Sambaani, c'est qu'il y a un adepte qui est entré en transe, ou on donne
à manger au Bûn(fétiche).

Le Sambaani ne se pratique pas par hasard. On le pratique lorsqu'il y a dans le village des
difficultés comme une épidémie, la rareté des pluies ou pour éradiquer un mauvais sort. C'est
le sorokoro qui est un rite expiatoire. Pour cela, des cérémonies sont organisées. Souvent cela
se passe au bord d'un fleuve. Au cours de ces cérémonies rituelles sont effectués des
incantations, des offrandes et des sacrifices, notamment de volailles et de l'igname pilé. Les
participants invoquent les génies en jouant les bwanu (gourde pleine de grains de sable jouée
par les bwanku ; joueur des gourdes), en dansant et en chantant. Les adeptes cherchent ainsi à
provoquer la manifestation des esprits. Ceux-ci prennent ensuite possession des danseurs, qui
atteignent la transe. On dit alors qu'ils sont « chevauchés par les esprits ». Plongés dans cet
état second, les participants adoptent les attitudes caractéristiques des esprits qui les
possèdent.Une fois invoqués au cours des rituels, les esprits ont la capacité de guérir les
malades, de faire tomber la pluie. Ils transmettent également conseils et recommandations de
toute sorte aux adeptes et leur donnent des informations sur leur avenir. Le Sambaaniest aussi
le théâtre de nombreuses pratiques mystérieuses et magiques réservées aux seuls initiés.

3- Acteurs du rituel Sambaani

3-1- Prêtres ou « bûnkosso »

Les bûnkosso(gardien des bûnu ou fétiches) ou prêtres sont des intermédiaires socialement
reconnus entre la communauté et le monde invisible. Ces prêtres, de façon plus pratique,
vouent au bûn un culte déterminé. Les bûnkosso reçoivent un appel, une consécration qui les
distinguent et les amènent souvent à rejoindre des associations, à fonder ou à diriger des
couvents, dont les adeptes s'adonnent entièrement à la vie religieuse. Ils se reconnaissent entre
eux à travers leurs accoutrements et ils peuvent parfois s'opposer durement aux décisions
prises par les adeptes sans leurs consentements. Il faut donc souligner que leur caractère
sacerdotal leur permet aussi d'établir entre eux des dialogues d'une grande profondeur. Les
bûnkosso remplissent les fonctions telles que rendre la justice, l'éducation ou initiation des
jeunes, la surveillance de l'équilibre politique ou le maintien de l'égalité au sein de la société.
La communauté attend du bûnkosso qu'il soit en même temps un dé-sorceleur ou médecin, un
devin, un gardien des éléments, de la fécondité humaine et animale, de la fertilité agricole. Le
prêtre est donc par excellence manipulateur du sacré. Maître de la liturgie, il connaît et
prononce les paroles rituelles secrètes ou non qui alertent les puissances numineuses ; il
transforme de la sorte la victime profane en médiat privilégié pour inciter génies, ancêtres ou
dieux, à écouter les supplications humaines ou à recevoir les actions de grâce ; il devient ainsi
l'intermédiaire nécessaire entre le fidèle et les divinités, voire l'Etre suprême. (THOMAS et
LUNEAU, 1975). Aussi, importe t-il de souligner que n'est pas prêtre qui veut. Il est désigné
par les ancêtres et est intronisé.

3-2- Korokuru ou Griot du Sambaani

La société Baatonu a besoin de nombreuses castes de griots l'histoire.

Parmi ses griots on a les Korokuba (griots). Quel que soit le type de génie incarné par l'adepte
Sambaani, ce sont les mêmes griots qui sont concernés, les Korokuba. Le korokuru (c'est la
musique que les griots chantent lors des manifestations du rituel Sambaani. Et celui qui
l'exécute est appelé koroku ou korokuba) est d'origine baatonu et a pour fonction première de
manifester la joie d'une chasse fructueuse.Avec le temps, le korokuruest destiné à louer la
puissance et la bravoure des chasseurs. Il est devenu un culte pour rendre hommage aux
ancêtres qui ont fait leur preuve dans les activités cynégétiques.
Par le biais de la chasse, le korokuruprit autre forme avec le phénomène d'incarnation des
génies wèrèkunu (génie); ce qui a donné naissance à une danse religieuse, une musique sacrée
réservée aux adeptes du Sambaani. Cette autre forme de korokuruest l'un des aspects
fondamentaux de la vie religieuse des Baatombu. C'est le koroku qui joue cette musique aux
adeptes et joue le rôle de Muézin du bûn à l'aide des bwanu (gourdes pleines de grains de
sable) qui sont des instruments de musique. Les adeptes de Sambaani lui doivent de respect et
doivent se prosternant dés qu'on le voit.

Le korokuru existe encore aujourd'hui sous les deux formes et solidement ancré même si les
jeunes ont de plus en plus tendance à le négliger. Il contribue au maintien de l'équilibre social.

3-3- Adeptes du Sambaani (Biokurobu)

Devenir adepte deSambaanine se fait pas au hasard. L'individu tombe malade pendant
plusieurs jours et ne mange pas. C'est après consultation que les parents se rendent compte
qu'il s'agit du bûn. Si c'est le Sambaani, la personne entre en transe au son des bwanu(gourde).
Ils sont des femmes et des hommes qui sont désignés par le rituel pour le couvent pendant un
certain nombre de jours, voire des mois, et qui sont initiés aux pratiques du Sambaani. Ils sont
fortement impliqués dans l'exécution du rituel Sambaani qui est pour eux une occasion de
confession et de demande de pardon au bûn pour les différentes fautes commises.

Chaque biokuro est en relation avec l'animal qu'il incarne ou la race peulh et en imite les
gestes et les cris. On parle d'animal parce que les génies incarnés par les adeptes sont pour la
plus part des animaux et vivent dans la brousse. C'est pour cela lors du rituel, les adeptes vont
en brousse où vivent les animaux et les Peulh. Peut être ces animaux ont rendu services aux
ancêtres autrefois.

Les adeptes du Sambaanise distinguent des autres individus par leur habillement. Rarement ils
portent des habits. Ils nouent le pagne à la poitrine avec une banderole garni de cauris appelé
"centari", et ne se tressent jamais. Mais de nos jours, les adeptes se tressent et s'habillent. Ils
ne doivent pas mangent la perdrix, salamandre, cabri, viande de l'animal totem ; tout cela
participe à l'initiation de l'adepte. Lorsque nous prenons le cabri par exemple, il permet de
faire de déposséder un adepte défunt du bûn. Le biokuro a deux esprits. Son mari ou
quiconque ne doit pas le battre ni le gifler, surtout sur la tête. Car si cela se passe il disparait
pendant des jours, des mois ou des années. Il peut se retrouver dans la brousse ou au fond du
fleuve. Il faut des cérémonies avant qu'il ne sorte de là et celui qui commit la faute, devrait
s'excuser. Les autres lui doivent un grand respect par ceux de l'autre sexe. Certains n'aiment
pas qu'on les touche (diminution de leur puissance spirituelle). Les biokurobu ont un don
exceptionnels : prévoir l'avenir, même annoncer la guérison ou la mort d'un individu;
retrouver un objet perdu, au son des bwanu ; prévoir la cause, les remèdes et les moyens
d'éradiquer une maladie ou une épidémie; mort subite : il dira si elle est naturelle ou non et
dénoncera l'auteur ; en cas de querelle, il interviendra pour régler le différend. Lors de leur
initiation ils ont un langage différent des non initiés. Et pour comprendre leur langage, il
faudrait prendre le sens contraire des mots ou expressions qu'ils utilisent. Par exemple,
lorsqu'un adepte vous dit "blanc", entendez par là "noir" ; "je m'en vais" signifie pour lui
"j'arrive", etc. mais dès qu'il revient à son état normal, il se comporte comme tout individu
ordinaire, en respectant cependant leurs interdits.

La pratique du rituel de Sambaanimet souvent en oeuvre des objets auxquels est accordée une
dimension sacrée tels des totems. Parmi les formes adoptées par le Sambaani, on peut citer le
gama, le centari, le koro, les bwanu qui participent à la pratique du Sambaani.

Chapitre 2 : Les objets religieux du Sambaani

Au cours de l'exécution du rituel Sambaani à N'Dali, les biokuro utilisent de nombreux objets
tels que

1- Gama

Le Gaman'est pas un gris- gris mais un pouvoir qui donne à son possesseur une force. Souvent
il est en forme de bâton ou en forme de canari orné de cauris. Le gama en forme de canari
n'est pas déplaçable à cause de sa forme. Par contre, le gamaen forme de bâton est mouvant. Il
est considéré comme l'éclaireur de tout adepte et lui sert de guide. Il est une propriété
individuelle et il faut atteindre un niveau supérieur dans le rituel Sambaani pour l'avoir. Avant
de l'obtenir un rite est organisé. Il s'agit de se rendre dans la nuit profonde (2h du matin) en
brousse dans un marigot réservé pour cela. Il faut être adepte et pur pour s'y rendre. L'adepte
disparait dans le marigot pour la recherche du gamaet peut passer des heures ou des jours et
en ressort avec un bâton ou canari. Ensuite le bûnkosso (prêtre) prend le bâton ou le canari
qu'il dépose auprès du bûn (fétiche). C'est là qu'on le décor avec les cauris suivi des prières.
Après ce rituel, le gamarevient à l'adepte qui devient sa propriété. Il le garde chez lui et ne le
sort que lorsqu'il y a un événement .C'est pour cela qu'on ne gifle pas un adepte de
Sambaaniou l'insulté. Si cela se passait, il disparaît. Et c'est le gamaqui indique là où on peut
le trouver ; même s'il est au fond de l'eau.

Le gama joue aussi le rôle de protecteur lorsqu'on l'implore. C'est le cas d'une dame X qui a
fait des offrandes aux gamis de sa tante. Un jour, elle a été attaquée par les bandits du retour
du marché. Mais elle n'a rien eu. Pour elle, c'est les gamis de sa tante qui l'ont sauvé. Il guérit
les maladies et donne satisfaction aux femmes stériles.

2- Bwanu(gourdes)

Les bwanusont des gourdes qui servent d'instrument de musique au bwanku lors des
cérémonies du rituel du Sambaani. Contrairement au gama, les bwanu ne sont pas une
propriété individuelle. Il faut être de la lignée des koroku pour jouer les bwanu (gourdes).
Ceux qui jouent ces gourdes, sont appelés les bwanku. Ils se mettent en cercle, assis par terre
le pied légèrement tendu pour jouer au bwanu. Cette position leur permet de jouer les gourdes
au talon de leurs pieds. C'est pendant les cérémonies telles que le mariage d'un adepte ou
lorsque le Sambaani saisit quelqu'un. Le son deces gourdes est accompagné de chansons
incomprises par le monde profane. Ces gourdes restent chez le koroku qui en prend soin.

3- Centari

Le centari n'est pas un gris-gris. C'est une banderole garnie de cauris que porte le biokuro lors
des cérémonies. Il fait partie des objets que l'adepte reçoit dès qu'il est possédé par le
Sambaani. Chaque adepte du Sambaani doit l'avoir parce qu'il protège contre le mal celui qui
le possède. C'est donc une propriété individuelle et il est gardé dans un lieu où personne ne le
verra. Lorsque l'adepte meurt, c'est le centari qu'il faut amener auprès du bûn(fétiche) pour
que ce dernier sache que son fidèle ne vit plus. Sans cela, le biokuroest toujours vivant aux
yeux du bûn et de bûnkosso. Pour déposséder un adepte défunt du bûn, on lui porte le centari.
Il représente le pouvoir des adeptes du Sambaani.

4- Koro

Le koroest une guitare qui se joue lors du rituel Sambaani. C'est un instrument sacré qui ne se
joue que par une famille spécifique appelée "koroboseru" (famille koro). On l'utilise pour
implorer les esprits ou lors des offrandes ou encore au cours d'une prière. C'est une calebasse
couverte d'une peau d'animaux muni d'une tige avec deux cordes qui donnent le son. Ce n'est
une propriété privée mais reste chez le korosounon (chef du koro) qui est désigné dans la
lignée des koro. Le koro joue également le rôle de protection.

Chapitre 3 : Processus de manifestation du Sambaani

1- Manifestation du rituel Sambaani

a- Enterrement d'un adepte de Sambaani

Pour comprendre comment le rituel se passe, il faudrait partir du décès d'un adepte de
Sambaani.

Il existe toute une cérémonie autour de la mort d'un adepte de Sambaani. Plusieurs pratiques
lui sont réservées. Mais comment annonce-t-on le décès d'un bionkuro (adepte) ? Il existe un
mystère autour de la mort d'un adepte. On ne dit pas aux autres qu'il est mort, mais qu'il est
allé au champ ou à la "Mecque" ou encore au marché pour faire des emplettes (surtout la
viande). Viande ; parce que les biokuroaiment la viande. Ils aiment la viande à cause des
génies qu'ils incarnent. C'est pourquoi on ne dispute jamais la viande avec un adepte de
Sambaani surtout les os. En ce moment, il y a toujours un autre adepte qui est toujours assit
devant la porte du défunt en attendant son retour. Le retour ici c'est celui qui va incarner
l'esprit du défunt. Il faut retourner tous les objets (il s'agit du gama, des centaris, le pagne
blanc et la calebasse qui a servi à laver le corps, l'éponge) qu'il utilisait au près du bûn qu'il
incarne. Si cela n'est pas fait, pour la famille leur parent est mort mais pour le bûn,il vit
encore. C'est surtout le centari qui montre réellement que le biokuroest mort avant que les
adeptes ne se mettent à pleurer le mort. Après cela on peut procéder au rite qui leur est réservé
avant l'enterrement. Donc c'est l'homme qui meurt mais le bûn lui ne meurt jamais.

Ø Comment déposséder le défunt du bûn ?

En premier lieu, il faut libérer le bûn du défunt en jouant des bwanu (gourdes) et par des
danses en utilisant le coq et le cabri. Le cadavre assis sur un tabouret, le Koroku prend le coq
et le passe de la tête à la plante des pieds ; de la tête à la hanche. Avant la fin de ce rituel, le
coq meurt. Après ce rite on étale le cadavre sur une natte en lui passant de noix de palme sur
tout le corps.

Lorsque les kosikobu (fossoyeur, dans la société baatonu, il existe un clan qui est destiné à
l'enterrement) finissent de creuser la tombe, on habille le cadavre et on le fait asseoir en
chantant. Dès que le Koroku (griot) récite les panégyriques du défunt, le cadavre bouge et on
le rase. Lors du rasage, les parents du défunt doivent dépenser énormément. Après le rasage,
le défunt n'incarne plus le génie et devient un simple individu qui peut être enterré. La
calebasse qui a servi à laver le cadavre et le pagne qui lui est noué lors du bain sont envoyé au
bûnkosso. Les autres adeptes quittent les lieux pour ne pas pleurer car pour eux, il n'est pas
mort.

Ø Les cérémonies après l'enterrement d'un adepte

Trois semaines après l'enterrement, une grande cérémonie est organisée. Au cours de cette
cérémonie, les adeptes vont au "taxo" (chasse). C'est un rite qui consiste à aller dans la
brousse pour chasser. Ils reviennent avec les branchages à la main (symbole de leur victoire).
Après la chasse, un autre rituel consiste à laver les effets du défunt à la rivière. Tout ceci se
passe dans le silence.
Pour clore les cérémonies, on prépare de la pâte ou de l'igname pilée ; cela dépend de la
période. La marmite au feu, une ou trois adeptes, en silence, se servent de leur main pour
servir le mangé dans des assiettes qui sont déposées sur la tombe du défunt. C'est là que tout
le monde va manger. Ainsi se termine les cérémonies d'enterrement.

Après l'enterrement, il faut chercher l'individu qui va incarner le bûn du défunt. Ainsi
s'observe les différentes phases du rituel Sambaani.

b- Les différentes phases de la manifestation du rituel Sambaani

Ø La phase d'incorporation

Une semaine après l'enterrement, il est organisé tous les soirs des danses aux bwanu autour du
feu. Les profanes dansent autour des bwanku assis en cercle. Au cours de ces danses si un
individu tombe, on le transporte sur la tombe du défunt. Tous les adeptes présents sont
contents et le prennent pour le mettre dans une chambre qui devient le couvent. Ils disent
"bèsèméromaka dihouma" (notre mère est de retour de la Mecque ou du marché) et tous les
adeptes sont joyeux de ce retour. Le novice peut être une femme ou un homme.

Au cas où après la semaine, personne ne tombe, on choisit une personne sur qui on met une
petite canari. Cette personne tourne autour du cercle. Si elle tombe, on le prend. Au cas
contraire, on change de personne. Parfois, l'individu n'incarne pas le bûn d'un défunt. Cela
peut être son destin et généralement c'est pendant la récolte des nouvelles ignames ou au
cours d'une offrande.

Saisie en dehors des funérailles, elle restera chez la mère supérieure.si l'individu est saisie en
brousse, elle roule à terre au son des bwanu agitées par les bwankuet ce sont les bûgibu ou
biokourobuqui vont la relever. Ils lui passent les mains sur la figure et la poitrine. Après ce
geste, elle reprend ses esprits et revienten elle-même et une cérémonie initiale est organisée.
Si les parents du novice sont des musulmans, ils refusent parce que c'est diabolique et va
contre les prescriptions d'Allah et bloquent parfois l'initiation de l'individu. Lorsque ces cas se
présentent, soit l'individu tombe malade, soit présent des comportements bizarres qui ne sont
pas compris par la société. Tant que les cérémonies ne sont pas faites, rien ne marchera pour
lui.

Ainsi commence la phase initiatique pour le novice.

Ø La phase initiatique

Dès que l'individu tombe sur la tombe du défunt, les adeptes le prennent pour l'amener dans
une chambre. Il sera entouré des adeptes qui sont avancés dans le Sambaani. Il ou elle se roule
à terre. On le prend et le porte au sud du village, au croissement de sentiers pour le laver, puis
on le met dans une case d'où il ne sortira que sept (07) jours plus tard. Le novice ne reconnait
plus personne et ne parle pas. Il devient un bébé qui ne connait rien du monde dans lequel il
est venu. On le met au dos lorsqu'il veut faire ses besoins et on lui donne à manger. Le novice
doit rester au couvent pendant sept (07) jours. Le sixième jours, c'est-à-dire la veille, les
adeptes réclament un boeuf entier à la famille et une petite cérémonie est organisée. Cette
cérémonie consiste à voir si le défunt à accepter le choix du novice. Devant le boeuf, les
adeptes se mettent à genoux et font des prières en présence du novice. Ensuite on demande au
novice de toucher le boeuf ; s'il se met en transe c'est que le défunt à accepter l'offrande. Si
c'est le contraire, il faut chercher la cause du refus.

Le lendemain, c'est-à-dire le septième jour, une petite cérémonie est organisée qui consiste à
voler. Très tôt le matin ; à cinq heure du matin, les adeptes, possédés des esprits, rentrent dans
les maisons pour voler tout ce qu'ils trouvent à la portée des mains. Vers dix heures, ils
s'apprêtent à aller dans la brousse à la rencontre des génies ou esprits. Le koroku met de
l'huile de noix de palme sur le front et les pieds des adeptes qui sont possédés. L'un parmi eux
va chercher le novice. Ils vont en brousse où les génies ou les esprits leurs donnent des
instructions sur la conduite du novice et ne reviennent deux (02) ou trois (03) heures après.
Dès que les adeptes sont dépossédés, ils ne se souviennent de rien. Donc ils ne sont pas en
mesure de nous dire exactement ce qui se passe en brousse. A seize (16) heures, tous les
biokuro (adeptes), pagnes noués à la poitrine viennent sur la place et se mettent en cercle, (ce
sont les pagnes tissés traditionnellement par les tisserands). C'est en ce moment qu'on amène
le novice au milieu du cercle pour lui apprendre à danser le rythme du Sambaani. La phase de
l'intégration du novice commence.

Ø La phase d'intégration

Cette phase commence souvent après le lendemain de la phase initiatique. Généralement, c'est
le dimanche que cette cérémonie est organisée. Vers quatorze (14) heures, tout le monde
s'installe et se met en cercle. Le novice est assis parmi les autres adeptes. Avant la cérémonie
initiale, le novice est placé au centre des bwanku (joueurs des bwanu ou gourdes) tam-tams et
autres participants. Assis au milieu des biokurobu, on lui rase la tête et les parents viennent
donner des offrandes (pièces de monnaie). Ensuite, on le retourne dans la chambre pour une
toilette et on l'habille (le pagne noué à la poitrine, un tissu rouge attaché à la hanche et des
colliers). Encore, On lui apprend à danser le rythme Sambaani et c'est à ce moment là que ses
parents dépensent de l'argent. Si le novice est marié une cérémonie est faite là. Elle consiste à
donner la dot qui est constitué d'un coq, une natte et de l'argent (le coq parce qu'elle doit
préparer la suce à son mari si c'est une femme. S'il s'agit d'un homme, lui doit l'apporter à la
maison à sa femme. La natte, parce qu'il ou elle doit dormir sur la natte et l'argent c'est selon
la capacité du mari ou de la femme). Si non il ou elle ne reconnaitra pas son compagnon. On
lui remet le coq qu'il doit remettre au koroku. S'il entre en transe cela veut dire que le bûna
accepté la dot.

Lors de cette phase, on partage des pagnes aux participants. C'est aussi le moment de manger
le dernier plat de l'igname pilée appelé « sokourougbinrou » (bol d'igname pilée). Mais il faut
être pur ou propre avant de s'approcher du plat.

Le bûnkossoporte le candidat au dos jusqu'à une fourmilière sur laquelle on le fait assoir, avec
deux coussins posés sur le bord de la fourmilière. Ainsi accroupi, on le lave avec un poulet
noir qu'on jette ensuite dans la brousse, vers l'ouest. Ensuite le novice doit chercher une
clochette cachée, on l'enveloppe d'un pagne blanc, puis sa famille prépare des nourritures
variées. Il doit gouter du miel à quatre reprises. Alors, il est initié aux fonctions réservées aux
adeptes du Sambaani. Ainsi prend fin les cérémonies.

Dès le lendemain, les adeptes venus d'ailleurs, rentrent chez eux. L'adepte sur qui le novice
tombe lors de sa possession, devient son maitre spirituel. Il reste chez lui pendant des mois :
trois (03) mois pour les hommes et quatre (04) mois pour les femmes. Il appelle tout le monde
"baba" (père) lorsqu'il s'agit d'un homme et "nana" si c'est une femme. Le novice parle un
langage qui n'est pas compris par les profanes.

Il arrive des fois où les parents n'ont pas les moyens pour organiser les cérémonies. Il faut
comprendre que les cérémonies du rituel de Sambaani sont couteuses. C'est pourquoi on
rejette parfois les cérémonies à une date non connue. L'attente peut durer un (01) à deux (02)
ans. Si la date est connue, le même scenario commence.

2- Fonctions du Sambaani

Le rituel Sambaani joue le rôle d'intégration dans la société baatonu. Ce rituel transforme la
situation de la société tout en renforçant la solidarité dans la communauté de N'Dali. Le
Sambaani a pour fonction première de rassembler et de consolider l'union et la fraternité sur la
base de l'appartenance à une même culture, aux mêmes cultes et aux mêmes ancêtres. Il
favorise le maintien de la cohésion sociale et l'entente entre les membres de la société baatonu
de N'Dali.

DURKHEIM(1930, 149-159) dans Le suicide, avance que le suicide anomique se lit dans la
société où la cohésion est faible. Il explique l'anomie comme la situation angoissante née du
non respect des normes et valeurs sociales. Cela laisse à comprendre que l'observance des
normes et valeurs sociales suscite la cohésion des membres d'un groupe. Dans la même
logique, nous dirons que, au plan collectif, la cohésion sociale, c'est la mentalité, l'esprit d'une
société qui n'individualise l'acteur qu'au plan biologique. Sambaani régularise la société à
travers le respect, l'entente et la peur de l'autre.

Aussi dans le Sambaani, la parole prime sur tout. Elle est une convoyeuse d'énergie. En effet,
que ce soit sous forme d'incarnation, de prière, d'ordre ou de serment, cette parole possède le
pouvoir à la fois créateur et destructeur qui opère dans le corps de l'individu. Au delàde
l'aspect mécanique de la parole, il y a l'aspect hermétique. En effet, à un degré moins que
l'incarnation, la prière joue un grand rôle et pourrait être désignée comme parole de puissance.

3- Avantages et inconvénients duSambaani

Ø Avantages du Sambaani

A croire les enquêtés, le Sambaani est un rituel que l'être suprême à créer pour porter secours
aux individus qui sont en danger ou les protéger. Le Sambaani ne fait pas du mal et n'a rien de
diabolique comme le pense les religions importées surtout l'islam. Il est la clairvoyance.

Ainsi, le Sambaani protège l'individu, lui donne une longue vie, donne des enfants aux
femmes qui sont dans le besoin ; et si la femme est stérile, elle aura d'enfants par la
supplication : « Tonunbarukawatonu ra di » (c'est par l'autre qu'on peut avoir ce que l'on
veut). Le Sambaani ne finit par les vielles habitudes de l'homme mais protège son âme jusqu'à
la fin de sa vie. Il protège aussi le commerçant qui rencontre de difficulté dans son commerce.

Ø Inconvénients du Sambaani

Mi piiwàmiàyàmàawà (là où il y a le bonheur, il y aussi le malheur). Selon les enquêtés, tout


comme Dieu, le Sambaani n'aime pas le pécheur. Il faut aimer ce que le bûn aime. L'adepte du
Sambaanidoit chercher le Tim (médicament ou gris-gris) ; ce qui pose parfois de difficultés.
Même le bûnkosso(prêtre) s'il est malade et ne dit rien à son bûn, il ne sera pas guérit. Le bûn
ne le protège pas et peut le laisser mourir. Mais lorsqu'il le dit, il sera protégé.

Deuxième partie : Sambaani dans l'arène socio-religieuse à N'Dali

Chapitre 4: Sambaani à la croisée des chemins

1- Evolution du rituel Sambaani

L'exécution du Sambaani à Gbégourou, Sirarou et N'Dali a connu une évolution dans le temps
et dans l'espace. Avant l'avènement des religions révélées, le peuple baatonu de N'Dali était
animiste et pratiquait le rituel Sambaani. C'est pendant la saison sèche que les cérémonies
s'organisent, parce que c'est en ce moment que tout le monde revient des champs après les
récoltes et il y a de l'argent et cela se passe au village sur une place publique. L'adepte devait
du respect à ses supérieurs et à son tour la communauté dans laquelle il se trouve lui doit ce
même respect. Surtout quand il incarne le bûn d'un défunt, les enfants de ce dernier le
considèrent comme le défunt. En voyant venir le koroku, le biokuro doit se coucher pour le
saluer et pour lui parler. Il n'était pas permis aux biokurobu de se tresser, ni de porter des
habits. Ils doivent toujours avoir le centari sur la tête. N'importe qui ne devenait adepte s'il
n'est pas choisi par le bûn. La durée des cérémonies dépendait de la famille ; si la récolte a été
bonne chez certain, les cérémonies peuvent durer une semaine voir un mois. Le rituel était fait
dans le respect des règles. Les enfants qui allaient à l'école ne sont pas pris en compte. Pour
eux (génies ou esprits), l'élève ne peut pas respecter correctement les règles du rituel. C'était
une joie pour la famille dont l'enfant est choisit par le bûn, car il n'était pas donné à tout le
monde cette occasion. Le rituel Sambaani a pour fonction d'intégration et de cohésion sociale
et protège celui qui a recours à lui. En somme, le Baatonu attache un intérêt particulier au
rituel Sambaani.

En effet, en dépit de l'attachement et de l'intérêt particulier accordé au Sambaani par les


populations de ces localités, son exécution n'a pas échappé aux influences de la
modernisation. Aujourd'hui, tout a changé dans les comportements des adeptes, des bûnkosso
et des koroku. Les règles du rituel ne sont plus respectées comme avant. L'argent a pris le
dessus de toute chose. Quand on va demander de l'aide de nos jours chez un bûnkosso, la
première chose qu'il vous demande c'est l'argent. Le korokune joue plus son rôle de muézin et
n'est plus respecté par ses adeptes. Les adeptes se tressent et portent des habits aujourd'hui. Ils
ne sont plus propres. Les différentes modifications intervenues dans l'exécution de rituel
affaiblissent la pratique du rituel Sambaani. Le non respect de ces règles entraine parfois la
folie lorsque l'esprit n'est plus en lui ou la mort subite de l'individu.

2- Impacts des religions révélées sur le Sambaani à N'Dali

Malgré la relative stabilité dans les institutions du Borgou, des changements rapides ont eu
lieu avec l'arrivée de l'islam et du christianisme dans la commune de N'Dali. Néanmoins, il
existe encore des poches de résistance à ces changements.

En effet, dans toute société, il se retrouve dans la population des conservateurs tels que des
vieux qui demeurent encore dans la pratique du rituel pendant que d'autres s'adaptent aux
changements qui s'opèrent.

L'avènement et l'acceptation de l'islam et du christianisme à N'Dali ont eu des impacts sur la


population. Ces impacts se situent aux plans religieux, éducationnel, et socio-culturel.

2-1-Impact religieux

Le premier effet de l'expansion de l'islam et du christianisme à N'Dali fut la conversion


graduelle des peuples à ces nouvelles religions. Ces religions ont remplacé le Sambaani dans
plusieurs endroits.

L'islam fut la première à parvenir à N'Dali avant le christianisme. Elle aurait été apportée par
les Wassangari mais elle a été réellement développée par les Mandé et les commerçants
Haoussa. L'acceptation de cette religion signifiait l'introduction de nouvelles pratiques
religieuses telles que le jeûne, les cinq prières journalières, l'aumône aux nécessiteux, etc.
Mais, le christianisme venu plus tard n'a pas eu trop d'impact sur les peuples. Leur installation
a été possible parce que les chrétiens ont accepté les autres tels qu'ils sont.

Le développement de ces religions a eu plutôt de conséquences positives sur les peuples de


N'Dali. En prenant l'islam, il a ébranlé leur foi dans la pratique du rituel. La pertinence des
pratiques religieuses comme le Sambaanifut réduite de façon dramatique et fut remplacée
avec la culture islamique. Ces changements étaient pacifiques et il n'y avait pas trop
d'opposition à l'ordre nouveau. Le christianisme par contre, était perçu par les peuples comme
une distraction, parce que considéré comme ayant été introduit pour remplacer de façon
révolutionnaire les pratiques existantes.

2-2-Impact sur le plan éducatif

L'introduction de l'islam a conduit à l'établissement des écoles coraniques à travers toute la


région. Dans ce système éducatif, l'accent est mis sur l'écriture, la lecture et la mémorisation
des versets coraniques. Un autre impact provoqué par l'enseignement islamique fut
l'introduction d'une nouvelle langue ; la langue arabe. Cette langue fut introduite dans la vie
des Baatombudès qu'elle est devenue obligatoire d'apprendre et de connaître le coran par
coeur.

Quant à l'éducation chrétienne, elle est devenue le type d'éducation la plus répandue. Le but
initial des missionnaires qui ont apporté ce type d'enseignement fut d'éduquer les peuples
suivant la théologie chrétienne. Leur rôle est d'inculquer l'éducation occidentale aux peuples
afin de parvenir à leur reconversion. L'objectif principal de toutes les tentatives entreprises
pour éduquer les Baatombu fut d'accroître le nombre de personnes éduquées qui pourraient
être utilisées dans leurs activités religieuses. Plus tard, avec l'arrivée des maîtres coloniaux,
l'éducation occidentale est devenue importante pour tous, mais l'objectif initial a échoué.

Le développement de l'islam et du christianisme ainsi que l'éducation engendrée par ces deux
religions ont entraîné une transformation graduelle dans la pensée, la connaissance et l'attitude
des Baatombu. Il existe donc un conflit entre le modernisme, les habitudes et les institutions
anciennes. La modernisation a pris le pas sur les anciennes habitudes et croyances.
2-3-Impact socio-culturel

Ces religions ont eu d'autres impacts sur la vie et le comportement social des Baatombu.
Aujourd'hui, l'ivresse et la méchanceté sont considérées comme des vices dans la société
baatonu. Certaines pratiques comme les cérémonies de baptême, de mariage et d'enterrement
sont basées sur les lois religieuses. Les institutions sociales furent profondément affectées
avec l'introduction du christianisme et de l'islam. La famille large fut la première à être
affectée ; famille qui est jadis caractérisée par l'origine commune des traditions, des
professions de la résidence et de la propriété terrienne. Les gens préfèrent vivre désormais
dans leurs domiciles séparés au lieu du système traditionnel d'enclos.

Les cérémonies d'enterrement chez les musulmans et les chrétiens heurtent les coutumes du
Baatonu. Selon M. K, la dernière demeure idéale pour un Baatonu, c'est sa maison familiale.
C'est pour cela qu'il préfère enterrer ses morts à la maison ou près de l'enclos au lieu de
l'extérieur parce qu'il croit en une communion entre les morts et les vivants. Ce que les
chrétiens et les musulmans ne supportent pas qu'on enterre les morts à l'intérieur ou à
proximité du domicile. Aussi le christianisme a remplacé la polygamie par la monogamie.

Chapitre 5 : Relation entre les hommes et les bûnu

1- Place des bûnu dans la vie des Baatombu

Les bûnu sont des esprits (simples ou non), créés par Dieu, soumis à Dieu, en parfait accord
avec Dieu, ne faisant rien ici-bas sans en avoir demandé l'autorisation à Dieu. Ils sont les
ambassadeurs de Dieu dans le monde. Ils protègent l'homme contre la maladie et l'adversité
de la nature, et contre les créatures ennemies de l'homme. Ils sont chargés de faire respecter la
justice de Dieu auprès des hommes. Ils prennent la cause des innocents, ils protègent les
hommes contre leurs semblables malfaiteurs ou méchant. Un bûn peut tuer, mais il ne le fait
pas par plaisir comme le ferait un gbeeru. Un bûn ne tuera jamais un innocent, même si on le
lui demande. Si on insiste, on risque d'être soi-même frappé. Il est rare qu'un bûn prenne
l'initiative de tuer un malfaiteur. Il le fait si la victime d'un malfaiteur vient le lui demander,
d'habitude par mort violente. Certains le font par la foudre. On dit qu'avant de tuer un homme,
les bûnu vont d'abord dans les cieux demander à Dieu son autorisation, car Dieu est le maître
suprême de la vie, et le grand justicier de toutes les causes.

Certains bûnu n'acceptent pas de tuer. On ne dit pas que ceux qui acceptent de tuer sont
mauvais, mais plutôt qu'ils sont durs, difficiles, sévères, impitoyables. Quand ils sont en
déplacement dans des villages, c'est pour purifier le village et les sorciers prennent la fuite.
Ceux qui restent, les bûnu les dénoncent publiquement et les obligent à s'exiler, ou bien ils les
suppriment. Le chef peut explicitement inviter les bûnu.

Toute personne qui va en pèlerinage à l'autel d'un bûn, et qui boit l'eau sacrée est immunisée,
contre les empoisonnements. Celui qui tente de lui faire du mal risque de mourir. La personne
qui a bu à l'eau sacrée doit s'abstenir de tuer pour tout le reste de sa vie, sinon elle-même
mourra. Les actes de méchanceté doivent être éliminés de sa vie.

Tout sorcier qui boit à l'eau sacrée est frappé de mort. Le bûnkosso, de par sa fonction de
desservant du bûn est immunisé contre les actions des malfaiteurs. Sa vie est protégée par son
maître, mais elle devra être saints, comme ceux et celles qui sont voués aux bûnu (sainteté :
éviter de nuire au prochain et faire du bien).

La hiérarchie est difficile à établir parmi les bûnu. Dieu seul sait celui qui est le plus grand, et
le plus petit. Certains hommes qui, avaient autrefois occupé des places spéciales dans la
société sont aujourd'hui honorés comme des bûnu (fondateurs de villages ou de villes).

On peut dire que certaines cérémonies du bûn coïncident avec le culte des morts, mais un
culte des morts spécial, dépassant les simples cérémonies de funérailles. Cela rejoint l'idée du
culte des saints chez les chrétiens. Mais il n'est pas donné à tout chrétien d'être canonisé. De
même, il n'est donné à tout défunt d'être élevé au stade de bûn.
2- Place des bûnu par rapport à Dieu et aux hommes

Chez les Baatombu, Dieu n'a pas d'égal. Dire "les dieux" (comme chez les grecs ou les
romains), cela n'a pas de sens chez les Baatombu. Dieu est le seul être incréé. Tout en dehors
de lui, est son oeuvre.

Les bûnu sont des créatures de Dieu. Ce sont des esprits, ils n'ont pas de corps. Ils ne jouissent
pas de l'omniprésence, mais possèdent le privilège de la présence instantanée. On ne peut pas
dire la forme qu'ils ont. On affirme tout de même qu'ils sont mâles et femelles. Les bûnu sont
soumis à Dieu et ne sont pas de créatures révoltés comme on l'affirme du Satan de la bible.

Le Baatonune confond pas les bûnu et seetam (diable ou fauteur de troubles). On peut se
demander si la notion de seetam (fauteur de troubles) ne viendrait pas de l'islam. Le Baatonu a
la notion d'autres esprits qui, s'ils ne sont pas ennemis de l'homme peuvent pourtant être un
obstacle à sa sécurité ici-bas. Ils ne sont pas dits explicitement ennemis de Dieu. Le bûn, lui,
est non seulement créature de Dieu, mais aussi son ami. Il n'a pas à proprement parler un
message à porter de la part de Dieu, il n'est pas chargé d'organiser la vie des hommes. Il est à
la fois, pourrait-on dire procureur général de Dieu, et juge délégué de Dieu dans la société des
humains. Il n'est pas l'avocat des hommes auprès de Dieu.

Auprès de l'homme, il est le serviteur de la justice de Dieu. Il le fait régner, le fait respecter.
Grâce au bûn, l'innocent peut être épargné, le vrai coupable peut être découvert et puni.
Inférieur à Dieu, le bûn est supérieur à l'homme. Le culte aux bûnu n'est jamais en
concurrence avec celui qu'on pourrait rendre à Dieu. Tout le monde croit aux bûnu. Pourtant
les bûnu n'exigent pas de tous les hommes un culte. Il n'y a que les bûnkosso qui soient tenus
à l'adoration. Ce culte est facultatif pour les profanes. Si on ne le fait pas, on n'est pas pour
autant plus exposer à la colère des bûnuque ceux qui le font. Pour être en bon terme avec les
bûnu, il suffit à l'homme de craindre Dieu, d'éviter le mal et de pratiquer la justice. Les actes
de charité positifs ne laissent donc pas indifférents les bûnu. Ceux-ci vont même jusqu'à les
exiger de ceux qui leur sont consacrés de façon spéciale, comme pour dire : "pour vous, soyez
parfaits".
Chapitre 6 :Héritage culturel et le devenir du Sambaani

L'étude effectuée sur le sujet « le rituel Sambaani chez les Baatombu» dans la commune de
N'Dali a permis de déceler un ensemble de connaissances relatives au fondement, au
déroulement, à l'évolution et à la fonction du Sambaani.La pratique endogène suppose des
groupes peu étendus, clos, d'une cohésion parfaite. Malgré quelques tentatives de restauration,
son bouleversement parait irréversible dès que l'unité de groupe se détend. Ailleurs l'aspect
des chefferies ou des royaumes décline. Les enfants vont à l'école, donc la durée des
initiations doit être réduite ; la connaissance des symboles et des mythes du Sambaani se perd,
les hommes circulent, vont travailler au loin, abandonnent le contact avec les dieux et les
ancêtres, restent dans les villes pour échapper à la tutelle du groupe, ou la secouent lorsqu'ils
reviennent. Les jeunes désertent les fêtes et ne respectent plus les interdits à cause de l'école.

Retenons que l'école apporte un savoir différent de celui des anciens, une autre explication
des phénomènes, une culture ouverte où rien n'est caché, où tout en principe devrait
récompenser le mérite et l'intelligence ; alors que la société ancienne reposait souvent sur le
secret et sur l'hérédité. L'individu préfère se dégager ainsi de la contrainte sociale, quitte à
perdre réconfort et sécurité. Le Sambaani, aux degrés supérieurs de connaissance ésotériques
très complexes, ne peut pas faire face au désir des masses d'accéder à l'autonomie
individuelle. Il ne répond ni aux exigences d'une morale personnelle, ni à celle du
rationalisme moderne, condition de l'essor technique, ni à celle d'un idéal de progrès, puisque
c'est une pratique axée sur la répétition et l'exaltation du passé. Le Sambaani subsiste et résiste
là où il est le plus structuré, mais il se désagrège tout autour des villes que dans les régions de
passage, ou encore parmi les populations que l'appel de la main d'oeuvre tire de chez
Sambaani.Du coup, de peur d'être offensés par les élèves profanes, ces jeunes adeptes ne
s'intéressent pas trop à l'école. Nous ne comprenons pas pourquoi la religion traditionnelle qui
devrait contribuer au développement du milieu, constitue un handicap pour la scolarisation de
certains enfants surtout les filles de la commune de N'Dali. Or, nul n'ignore le rôle capital que
joue l'instruction dans le développement de tout pays. Donc, il faut à ces jeunes adeptes une
éducation pour concilier religion et école.Les conservateurs essaient de répondre aux
nouveaux besoins, mais leur conception du Sambaaniest souvent répétitive et close. Ils
servent la plupart de temps d'alternative aux familles et autres organisations traditionnelles
dissoutes. La perte des anciennes croyances dans l'individualisme rappelle la situation du
paganisme. Cette perte a préparé sans doute le terrain aux religions révélées, islam et
christianisme.

En effet, le Sambaanirevêt une importance capitale dans la vie des populations de N'Dali qui,
demeure la commune dans laquelle on exécute ce rituel pour implorer le bûn en lui offrant des
sacrifices. Ce rituel se pratique presque tous les ans à la fin des récoltes ; moment où les
paysans vendent les récoltes. Cependant, l'exécution de ce rituel souffre d'insuffisances
aujourd'hui, car ces différentes phases ne sont plus rigoureusement respectées comme
auparavant. Par exemple, l'étape de se mirer avant d'aller en brousse a presque disparu. Aussi,
au lieu d'aller à la rivière pour le lavage du novice, on préfère le faire au village derrière la
maison. Nous constatons que les règles établies par les ancêtres ne sont plus respectées par la
nouvelle génération. Le moment choisi pour faire le rituel qui est la saison sèche par les
anciens n'est plus valable à cause du changement climatique. Tout moment est valable
aujourd'hui, il suffit d'être riche. Il n'est plus un secret pour personne que les réalités
climatiques du temps de nos aïeuls qui ont institué ce rituel ne sont plus les mêmes. Ce
changement climatique est dû aux caprices de l'homme qui explique les modifications
intervenues dans l'exécution du rituel aujourd'hui. Il est donc aisé de comprendre que,
contrairement à ce que pensent les prêtres et les adeptes, la force du bûn est aussi limitée. Le
bûn est un canal vibratoire servant de liaison entre les hommes et Dieu. Il est puissant, mais il
doit parfois cette puissance au « Tim » (gris-gris). Car, les adeptes, les prêtres et les prêtresses
du Sambaani affirment que le bûnet le Tim sont indissociables. En effet, ce sont les prêtres
qui officient des sacrifices, des offrandes et des cérémonies de leur ressort.N'importe qui ne
devient pas adepte par volonté. Mais aujourd'hui c'est le constat. Dès qu'on est tourmenté par
des mauvais esprits, on dit que c'est le bûn. Les bûnkosso sont devenus des corrompus et
exigent plus de chose qu'avant où tout était symbolique. L'argent a remplacé l'honneur qu'ont
les prêtres et prêtresses du Sambaani.

Les coutumes sont aujourd'hui en grande évolution : scolarisation, influence de la ville, de


l'islam, du christianisme, changements économiques, politiques. Les couvents sontdes lieux
où on fait l'apprentissage du langage du bûn, des danses et des chants. On fait subir aussi aux
adeptes du Sambaani les épreuves de la vie spirituelle. Aujourd'hui, les couvents ont perdu
leur crédibilité. Au lieu d'être un lieu d'apprentissage, les couvents sont devenus des lieux de
commerce.Après des mois d'internement au couvent, les jeunes initiés sont contraints de
s'attacher au bûn compte tenu des enseignements qu'on leur a inculqués.

L'islam et le christianisme ont apporté leurs façons de prier les morts. On permet volontiers
aux chrétiens et aux musulmans de venir prier pour les morts. On dit que ces prières
obtiennent la faveur de Dieu pour que le mort ne soit pas jeté dans le feu. Mais ces prières ne
dispensent pas des funérailles traditionnelles qui sont obligatoires.

Le Béninois, mieux encore le Baatonu de N'Dali, bien que détourné par les religions
étrangères, reconnait l'existence des religions traditionnelles et n'hésite pas à des moments
donnés d'oublier sa configuration et faire un sacrifice ou poser un acte religieux. C'est ce que
remarque BEART en affirmant que l'animisme demeure souvent au fond de la mentalité
paysanne : « converti à l'islam, au catholicisme, l'Africain ne se sépare guère de ses croyances
animiste ». La religion est la vie du Baatonu, comme l'a dit Durkheim c'est le ciment qui unit
les différents membres du groupe. Les manifestations de culte, les rites de mariage, de
naissance ou les cérémonies d'initiation font appel à tous les membres de la famille et il y a
échange.

Tout ne doit donc pas être renié de l'héritage ancestral : bien des formes en seraient à
reprendre pour éviter le vide culturel et la vulgarité contemporaine. C'est ainsi qu'en Afrique
certains peuples christianisés ont conservé leur pratique.

CONCLUSION

Au terme de cette étude sur le rituel Sambaani dans la commune de N'Dali, la tradition
continue de marquer profondément la vie quotidienne des populations de N'Dali malgré la
présence des religions étrangères. La manière dont la pratique religieuse s'exprime varie selon
les territoires, et chaque peuple à ses croyances propres. Selon les lieux, l'âme ne réside pas
dans les mêmes sortes de personnes ou d'objets, et la croyance dans les âmes ou les esprits
peuvent s'accompagner d'autres croyances, comme la vénération d'un Être suprême. Chez
certains peuples, on considère même qu'il existe plus d'une âme à l'intérieur de chaque être
humain. Néanmoins, le culte des ancêtres demeure un point commun essentiel à un grand
nombre de ces variantes des religions endogènes. Pour s'attirer les faveurs ou calmer la colère
des esprits des défunts, qui sont particulièrement craints, il convient de pratiquer un certain
nombre de rites, de sacrifices, d'incantations ou d'offrandes. Les croyants tentent également
d'entrer en contact avec les esprits afin d'obtenir toutes sortes de bénéfices (guérison, pluie,
fertilité) mais aussi des conseils ou des présages. Le dialogue avec les esprits s'établit par
l'intermédiaire d'un prêtre, qui saisissent (le plus souvent par la divination ou la transe) les
messages envoyés depuis ce monde parallèle qui, pour les croyants, a la même matérialité que
le monde terrestre. La pratique du rituel Sambaani met souvent en oeuvre des objets auxquels
est accordée une dimension sacrée.

Les églises et les mosquées s'efforcent tant bien que mal d'enraciner leur message dans des
cultures qui leur restent étrangère. L'avènement de ces religions a changé le comportement de
la population de N'Dali dans la pratique du rituel de Sambaani. Ces traditions subissent des
modifications du fait de la modernité, les rites institués par les ancêtres continuent toujours
d'être exécutés dans nos sociétés. Au Bénin, dans certaines localités comme Gbégourou,
Sirarou et N'Dali, les populations restent intimement attachées à la religion traditionnelle. Des
cadres aussi s'adonnent à ces pratiques. Les uns sur l'injonction de l'oracle, offrent de
sacrifices aux divinités afin de les implorer et de jouir de leurs bénédictions ; les autres, en
leur qualité de chefs traditionnels sont contraints à des manifestations rituelles. Au quotidien,
l'homme doit agir dans le respect de la mémoire de ses ancêtres, il a le souci d'être digne de la
droiture et de la valeur qu'ils incarnent. Un comportement mauvais aurait en effet pour
conséquence de venir ternir l'image de la famille entière, et donc celle des générations
passées. En ce sens, le culte des ancêtres, pour ne pas provoquer la colère par des actions
néfastes, joue un rôle de régulation sociale. Les ancêtres représentent en effet les gardiens
d'une certaine morale et des règles qui structurent une société donnée. Aussi,le Sambaani s'est
également enrichi au fil du temps d'un certain nombre d'emprunts à la religion catholique tel
le baptême. L'utilisation de chandelles ou cierges, de cloches est également directement
empruntée au catholicisme romain, tandis que les danses, les tambours et le culte des ancêtres
proviennent de la tradition africaine.
En effet, le rituel Sambaani apaise les petites querelles qui conduisent souvent aux
envoûtements entre les populations. C'est aussi l'occasion des pardons et des règlements des
conflits en vue d'une consolidation. Mais aujourd'hui, il est noté une rupture entre le geste
religieux et la conviction personnelle du croyant du fait de la modernité et des autres
religions. Les moeurs et les interdits instaurés par les ancêtres ne sont plus rigoureusement
respectés. Le rituel Sambaani a connu une modification. Or, pour un développement
harmonieux d'un pays, il faut que la religion traditionnelle et celle moderne cohabitent. Pour y
parvenir, il serait donc souhaitable qu'il y ait un juste équilibre entre les valeurs modernes et
les valeurs traditionnelles de manière à préparer les jeunes à devenir des adultes équilibrés,
responsables socialement intégré et capable de s'adapter à notre société en profonde mutation
et de la transformer pour l'améliorer. Certes, le bûn et le Tim sont indissociables pour la
protection et la conservation de nos valeurs traditionnelles. Mais il faut que ces valeurs
contribuent réellement au développement de notre pays. Pour cela, il faut que chaque acteur
joue sa partition afin de favoriser la conservation de nos identités culturelles et bannir les
mauvaises pratiques.

https://www.memoireonline.com/03/15/8989/Le-rituel-sambaani-chez-les-Baatombu-de-NDali.html

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