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candide,

d’après voltaire
Jeudi 18 avril 2013
une adapta
tio n d’éric he
rbette
3 L’auteur

- Voltaire
- Ses principales œuvres

7 L’argument

- L’argument
- Les personnages

11 à Lire avant Le SpectacLe

- La morale de Voltaire
- Le siècle des Lumières
- Les grandes dates de la Révolution française de 1789

23 La proDuction

- L’adaptation
- La mise en scène
- La distribution

28 en Savoir pLuS Sur Le théâtre

- Les métiers du théâtre


- Une petite histoire du théâtre illustrée par André Degaine
- Coupe longitudinale du Théâtre de Longjumeau

33 L’action cuLtureLLe

33 contactS
Jeudi 18 avril 2013 à 14h / spécial lycées
Durée 1h30

farce phiLoSophique pour Deux coméDienS

Texte et Mise en scène éric herbette


Assistante marie-Josée Wrobel
Scénographie olivier ramon
Costumes marie-thérèse Bussy

avec
paule onteniente dans les rôles de Cunégonde, Pangloss,
le Soldat… et autres évocations.
Wahid Lamamra dans les rôles de Candide, Pangloss,
La Vieille… et autres évocations.

tarifS

écoles : 7€
écoles de Longjumeau : 5€
adultes : 20€
Adultes longjumellois : 15€
voLtaire

Ses dates : 21 novembre 1694, Paris - 30 mai 1778, Paris


Sa vie d’écrivain : Né à Paris dans une famille de commerçants jansé-
nistes enrichis par la récente acquisition d’une charge de receveur à la
Cour des comptes, François Marie Arouet, dit Voltaire, est élevé chez
les jésuites du collège Louis-le-Grand. L’influence exercée par les
membres de la Compagnie de Jésus sur l’esprit de Voltaire se vérifie à
sa prodigieuse maîtrise de la rhétorique, à son goût de la discussion,
du théâtre et de l’histoire. Parallèlement, il est introduit dans les mi-
lieux mondains par son parrain, l’abbé de Châteauneuf, qui le présente
même à la célèbre courtisane Ninon de Lenclos. Ainsi, dès l’âge de
vingt ans, Voltaire fréquente les salons parisiens et s’adonne à une lit-
térature mondaine, sinon légère. Son insolence et son indépendance
d’esprit, que l’on pourrait imputer à une certaine forme d’inconscience,
lui valent d’être emprisonné onze mois à la Bastille pour avoir osé écrire des libelles (écrits satiriques) contre
le Régent. Dès sa sortie de prison, le jeune Arouet adopte le pseudonyme de Voltaire. Sous cette nouvelle
identité, il fait représenter sa première tragédie, Œdipe (1718), qui connaît un honorable succès et est suivie
de plusieurs autres pièces entre 1720 et 1725. Dans le même temps, il se consacre à la composition d’une épo-
pée, la Ligue, qu’il publie en 1723 et qu’il remanie pour en faire la Henriade. L’image que le jeune écrivain impose
à ses contemporains est donc extrêmement traditionnelle, puisque la tragédie et l’épopée sont les deux
grands genres de l’esthétique classique. Ce n’est pourtant pas pour cela que la postérité élèvera Voltaire au
rang des plus grands écrivains français.
À la suite d’une altercation avec le chevalier de Rohan, Voltaire est embastillé une nouvelle fois et doit s’exiler
à sa libération. Il passe ainsi deux ans et demi en Angleterre. La découverte de la monarchie parlementaire
et libérale anglaise, qu’il considère comme exemplaire, influence considérablement ses idées politiques. Vol-
taire y découvre en effet la tolérance, vertu qu’il ne cessera de défendre sa vie durant. En procédant dans Let-
ters Concerning the English Nation (1733), rédigées en anglais à l’éloge des mœurs politiques anglaises, il fustige
les abus du despotisme monarchique français et dénonce l’esprit intolérant et coercitif qui règne dans la so-
ciété française. De retour en France, Voltaire publie plusieurs pièces, telles que Brutus (1730) et Zaïre (1732) ;
cette dernière tragédie, écrite en trois semaines, obtient un immense succès. En 1734, il traduit et remanie
les Lettres anglaises pour les augmenter : elles sont publiées de nouveau, sous le titre de Lettres philosophiques.
Parce qu’il traite de la liberté politique et religieuse, parce qu’il célèbre la prospérité et le progrès comme les
avancées de la science, parce qu’il expose la doctrine du matérialisme de Locke, tout en affirmant (à propos
d’une lecture des Pensées de Pascal) une foi optimiste en la nature humaine, l’ouvrage devient un véritable
manifeste des Lumières. Le livre est interdit pour ses idées réputées dangereuses. Voltaire décide de braver
l’interdiction et, menacé d’arrestation, est contraint de se réfugier en Lorraine, à Cirey, chez son amie Mme
du Châtelet. Cet esprit pugnace et vindicatif, révélé par les Lettres philosophiques, qui tend à imposer un tour-
piquant aux moindres idées fonde les opinions les plus diverses et les jugements les plus partagés sur l’œuvre
de Voltaire.

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Retiré à Cirey, Voltaire s’adonne à l’étude et à l’écriture. Il y compose plusieurs pièces de théâtre, la Mort de
Jules César (1735), Alzire ou les Américains (1736), Mahomet (1741) ou encore Mérope (1743), ainsi qu’un poème
léger, épicurien et burlesque, à la gloire du bonheur terrestre : le Mondain (1736). Il se passionne également
pour des domaines de connaissances les plus divers : les sciences, l’histoire, la philosophie, et écrit ses Élé-
ments de la philosophie de Newton (1738), ouvrage de vulgarisation qui contribue largement à la diffusion des
idées nouvelles. Le Siècle de Louis XIV (1751), dont la rédaction commence ces années-là, est fondé sur une mé-
thode originale, où domine le souci de rapporter des faits objectifs ; l’ensemble de cet ouvrage est néanmoins
une célébration du monarque et de la civilisation sous son règne. Avec l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations
(1756), Voltaire joue un rôle essentiel dans le renouveau des études historiques. En 1749, le philosophe subit
une épreuve douloureuse : Mme du Châtelet, qui entretenait une liaison avec le jeune poète Saint-Lamert,
meurt en couches. Voltaire décide alors de répondre à l’invitation de Frédéric II et part pour la Prusse.
Dans ces deux ouvrages, sa curiosité, jointe à sa passion de la vérité, l’entraînent en effet à un examen critique
et raisonné de ses sources, dont il confronte les témoignages contradictoires. D’autre part, Voltaire est le
premier, avec Montesquieu, à s’intéresser à l’histoire du peuple ou de la nation, et non plus exclusivement à
l’histoire monarchique ou militaire. Pendant son séjour à Cirey, Voltaire entretient également une correspon-
dance avec Frédéric II de Prusse, dit « le roi philosophe », qui veut l’attirer à Potsdam. Mais une certaine li-
béralisation à la cour de France, sous le « règne » de la favorite Mme de Montespan, engage Voltaire à revenir
à Versailles, où il est nommé historiographe du roi (1745). L’année suivante, Voltaire est élu à l’Académie fran-
çaise. Il mène dès lors une carrière de courtisan, avec ses erreurs, ses échecs et ses déceptions : son insolence
lui vaut d’être disgracié et de devoir se cacher pendant deux mois chez la duchesse du Maine, à Sceaux. C’est
à cette époque qu’il écrit la tragédie Sémiramis (1748). Mais, philosophe soucieux avant tout d’être entendu
par un large public, il se met à explorer la forme narrative du conte pour illustrer ses idées. Zadig ou la Destinée
(1748), qui pose le problème du bonheur et du destin, puis Micromégas (1752), qui traite de la relativité des
connaissances, sont deux de ses contes philosophiques. C’est par ces récits merveilleux que le public du XXe
siècle connaît et admire Voltaire ; lui-même pourtant ne les considérait que comme une partie mineure de
son œuvre.
En 1749, le philosophe subit une épreuve douloureuse : Mme du Châtelet, qui entretenait une liaison avec le
jeune poète Saint-Lambert, meurt en couches. Voltaire décide alors de répondre à l'invitation de Frédéric II,
et part pour la Prusse.
Voltaire demeure cinq ans au château de Sans-Souci. Idyllique de prime abord, cette coopération quelque
peu inopinée entre un homme de pouvoir et un homme de lettres, qui laissait présager de grandes réalisations,
tourne court rapidement. Finalement les deux hommes se brouillent, et Voltaire doit quitter l’Allemagne ; la
France lui refusant l’asile, il s’installe à Ferney, près de Genève. Là encore, Voltaire ne peut jouir longtemps
de son séjour en paix : en effet, les autorités genevoises n’apprécient pas l’article « Genève » de l’Encyclo-
pédie, qu’il est censé avoir inspiré et qui contient des critiques sévères contre la République et la religion cal-
viniste. À ce propos, puis au sujet de la Providence, Voltaire est pris à parti par un autre philosophe,
Jean-Jacques Rousseau, avec lequel il entretient une correspondance assez virulente (dont les Confessions de
Rousseau rendent compte de la manière la plus partisane).
Ainsi, les années 1750 sont pour Voltaire des années de combat, de polémique, de questionnement et d’en-
gagement. Il décide de traiter de la question de l’optimisme après avoir lu les thèses des Essais de théodicée
du philosophe allemand Leibniz : selon ce dernier, le postulat de la perfection divine implique nécessairement
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que tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles. Or, la tragique nouvelle d’un tremblement de
terre à Lisbonne (1755), qui a fait vingt-cinq mille morts, émeut profondément Voltaire ; elle le pousse à atta-
quer les tenants de l’optimisme dans son Poème sur le désastre de Lisbonne (1756). Dans la même lignée, l’Essai
sur les mœurs et l’esprit des nations (1756) puis, dans un registre narratif, Candide ou l'Optimisme (1759) sont portés
par son indignation devant l’intolérance, les crimes, les guerres et l’oppression qui accablent l’humanité.
Retiré sur sa terre de Ferney, Voltaire y poursuit son œuvre de réflexion avec le Dictionnaire philosophique portatif
(1764). Le choix de la forme du dictionnaire illustre bien l’ambition des Lumières d’embrasser la totalité des
connaissances humaines. Le projet rationaliste de réfuter la « fable » de l’Ancien et du Nouveau Testament,
qui est à l’origine de celui du Dictionnaire philosophique, s’enrichit rapidement d’articles défendant les idées
de progrès, de justice et de tolérance. Défenseur de la justice dans ses textes, Voltaire l’est aussi dans ses
actes, puisqu’il intervient publiquement dans toutes les affaires où sévissent la force de l’injustice et la vio-
lence des préjugés. En 1756, il prend fait et cause pour l’amiral anglais Byng, exécuté pour avoir perdu une
bataille. De 1762 à 1764, il défend Calas, un huguenot condamné sans preuves pour avoir tué son fils. Le Traité
sur la tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas (1763) est une protestation contre l’injustice faite à l’accusé
et contre le fanatisme d’une accusation née de la rumeur et de la haine. Ce texte de Voltaire a eu d’ailleurs
une influence décisive sur la révision du procès et sur la réhabilitation de Calas. La réputation du philosophe
est alors immense et internationale. Des écrivains, des philosophes, des savants viennent lui rendre visite à
Ferney, ou entretiennent une importante correspondance avec lui. Pourtant, son retour à Paris en 1778, l’année
de sa mort, ne lui permet pas d’être reçu à Versailles.
Il est enterré presque clandestinement, l’église lui ayant refusé des obsèques. Treize ans plus tard, sa dé-
pouille est transférée au Panthéon.
La diversité de son œuvre - théâtre, poésie, conte, ouvrages philosophiques - et son étendue dans le temps
(plus de cinquante ans) font de lui le symbole même de son siècle. De la variété des sujets et des genres qu’il
a abordés se dégage pourtant une solide unité ; l’œuvre de Voltaire est tout entière la manifestation d’une
pensée de philosophe, celle d’un homme qui s’interroge sur la destinée et sur la société, et d’un homme qui
se bat pour ses idées. Car, pour Voltaire, il ne doit pas y avoir de différence fondamentale entre la pensée et
l’action : l’écriture est en effet une arme mise au service des causes qu’il défend et, chez lui, le plaisir du
conteur est toujours subordonné au désir de diffuser ses idées et de convaincre.

Source : Encyclopédie Encarta 2001

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SeS principaLeS œuvreS

Œdipe, 1718 (pièce de théâtre)


Zaïre, 1732 (pièce de théâtre)
Lettres philosophiques, 1734 (écrit philosophique)
Alzire, 1736 (pièce de théâtre)
Éléments de la philosophie de Newton, 1738 (œuvre scientifique)
Mahomet, 1741 (pièce de théâtre)
Mérope, 1743 (pièce de théâtre)
Le Monde comme il va, 1748 (conte)
Zadig, 1748 (conte)
Sémiramis, 1748 (pièce de théâtre)
Micromégas, 1752 (conte)
L'Orphelin de la Chine, 1755 (pièce de théâtre)
Songe de Platon, 1756 (conte)
Les Deux Consolés, 1756 (conte)
Candide, 1759 (conte)
Tancrède, 1760 (pièce de théâtre)
Histoire d'un bon bramin, 1761 (conte) Gravure de Dambrun d’après Charles Monnet.
Traité sur la tolérance, 1763 (écrit philosophique)
Dictionnaire philosophique portatif, 1764 (écrit philosophique)
Jeannot et Colin, 1764 (conte)
L'Ingénu, 1767 (conte)
L'Homme aux quarante écus, 1768 (conte)

Gravure de Charles Monnet : Le Géant Micromégas


soulevant délicatement le vaisseau des philosophes
sous l’oeil du nain de Saturne
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L’argument

Candide est un jeune garçon vivant au château du baron de Thunder-ten-tronckh qui se trouve en Westphalie.
Il a pour maître Pangloss, philosophe qui enseigne la « métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie », et qui
professait, à l'instar de Leibniz, que l'on vit dans le meilleur des mondes possibles. Cependant Candide est
chassé de ce meilleur des mondes possibles à la suite d'une « Leçon de physique expérimentale » entreprise
avec Cunégonde, la fille du Baron. Candide découvre alors le monde et passe de déconvenues en déconve-
nues.
Enrôlé de force dans les troupes bulgares, il assiste à la boucherie de la guerre. Il s'enfuit, est recueilli par
Jacques l'anabaptiste. Il retrouve Pangloss réduit à l'état de vieillard, atteint de la vérole qui lui apprend la
mort de Cunégonde, violée par des soldats bulgares. Ils embarquent avec Jacques pour Lisbonne. Après une
tempête dans laquelle meurt noyé Jacques, ils arrivent à Lisbonne le jour du tremblement de terre et sont
victimes d'un autodafé durant lequel Pangloss est pendu. Candide retrouve Cunégonde, maîtresse d'un grand
inquisiteur et d'un riche juif : don Issachar. Il est amené à tuer les deux hommes et s'enfuit avec Cunégonde
et sa vieille servante vers Cadix en Espagne.
Il embarque avec son valet Cacambo, Cunégonde et sa vieille servante pour le Paraguay. Contraint d'aban-
donner Cunégonde à Buenos-Aires, il s'enfuit avec Cacambo au Paraguay. Ils y retrouvent le frère de Cuné-
gonde que Candide transperce d'un coup d'épée, s'échappent, évitent de peu d'être mangés par les sauvages
Oreillons et découvrent le pays d'Eldorado. Ils y sont heureux mais préfèrent le quitter avec toutes leurs ri-
chesses pour retrouver Cunégonde.
Envoyant Cacambo racheter Cunégonde, Candide se fait voler par un marchand et un juge, fait la connais-
sance de Martin, dégoûté de la vie et rejoint l'Europe avec lui. Ils passent par Paris où Candide manque de
mourir des soins prodigués par la médecine, se fait voler par un abbé et échappe de peu à la prison, puis re-
joignent Venise où ils y cherchent en vain Cacambo et Cunégonde. Ils y rencontrent Paquette, la servante du
Baron de Thunder-ten-tronckh, et son amant le moine Giroflée, découvrent un riche désabusé et font la
connaissance de six rois détrônés.
Ils partent ensuite pour Constantinople délivrer Cunégonde, devenue laide, esclave du roi déchu Ragotski et
racheter le valet Cacambo. Sur la galère, parmi les forçats, ils retrouvent Pangloss, ayant échappé à la pen-
daison, et le frère de Cunégonde, ayant échappé au coup d'épée, que Candide délivre contre rançon. À
Constantinople, il rachète Cunégonde enlaidie et acariâtre, l'épouse contre l'avis de son frère qu'il est
contraint de chasser, s'installe dans une métairie, se fait voler par des marchands, recueille Paquette et Gi-
roflée et finit en cultivant son jardin sans plus se préoccuper du monde.
Le refrain résolument optimiste de Pangloss sur « le meilleur des mondes possibles », ainsi que le mot de la
fin de Candide :
« Pangloss disait quelquefois à Candide : “Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des
mondes possibles ; car enfin si vous n’aviez pas été chassé d’un beau château à grands coups de pied dans
le derrière pour l’amour de mademoiselle Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis à l’Inquisition, si vous
n’aviez pas couru l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au baron, si vous n’aviez
pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des
pistaches. – Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.” »
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Candide ou l’Optimisme, Le nègre du Sirinam (Chapitre 19).
Gravure de Pierre Charles Baquoy d’après un dessin de
Jean-Michel Moreau le Jeune (1785).

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LeS perSonnageS

candide : « Sa physionomie annonçait son âme ». Voltaire nous décrit Candide comme un personnage peu
crédible et très crédule. Il croit aveuglément à la philosophie de Pangloss, le précepteur du château. Il ne
pense jamais par lui-même, cherche toujours conseil auprès de quelqu’un d’autre que lui et est très dépendant
de Pangloss. C’est vers la fin du conte que Candide pourra pour la première fois, faire taire Pangloss et lui ex-
poser sa pensée sans redouter quelque moquerie de sa part.
Naïf et insouciant, le jeune Candide aime éperdument la belle Cunégonde mais seulement pour ses attraits,
je cite, « fraîche, grasse et appétissante ».
C’est d’ailleurs à cause d’elle que Candide se fait renvoyer du beau château de Thunder-ten-tronckh comme
Adam se fit renvoyer du Jardin d’Eden lorsqu’il goûta au fruit défendu, Cunégonde étant ici le fruit défendu.

cunégonde : C’est la fille du baron de Thunder-ten-tronckh.


En intégrant le personnage de Cunégonde à ce conte quelque peu épique, Voltaire cherche à démontrer que
les femmes ne sont que des sources d’ennuis. Le renvoi de Candide du château en est un très bel exemple.
Rappelons que Voltaire se sert beaucoup de sources Antiques et qu’une femme d’une très grande beauté
nommée Hélène était la cause de la Guerre de Troie et de sa décadence. C’est une fois encore, un argument
assez dépréciatif contre les femmes.

pangloss : « Le précepteur Pangloss était l’oracle de la maison ». Rien qu’avec ces quelques mots, Voltaire
nous présente le personnage le plus amusant et le plus ridicule de tout le conte. Pangloss est un disserte en
tout point, il avance des théories sur l’Optimisme inspirées de Leibniz qui finissent par devenir de plus en
plus pathétiques vers la fin du récit..
Voltaire, qui n’aime pas ce genre de personnage, nous met en garde contre de pareilles gens.

martin : C’est l’opposé de Pangloss. Très terre-à-terre à cause de ses expériences malheureuses, il donne de
très bons conseils à Candide quand celui-ci en demande. Il rencontrera Candide au chapitre 19 quand Candide
s’apprête à retourner en Europe.

cacambo : Il est un des rares personnages à donner des conseils utiles à Candide, avec la vieille et Martin. Il
a apparemment beaucoup d’expérience car il sait quoi faire en toute circonstance.

Voltaire veut que le lecteur tire une leçon de Candide : il vaut mieux cultiver son jardin et trouver sa propre
harmonie plutôt que de s’occuper de celle du monde et de philosopher sur celle-ci.

Source : http://www.bacdefrancais.net/candide-voltaire.php

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GOTTFRIED WILHELM LEIBNIz
(1646-1716) est un philo-
sophe et savant allemand,
esprit encyclopédique, qui
s'attacha dans les di-
verses branches du savoir
à renouveler la question de l'infini et donna aux
mathématiciens les bases du calcul « différen-
tiel et intégral », aux logiciens les notions de «
fonction » et de « caractéristique universelle »,
aux philosophes le « principe de raison suffi-
sante » et l'un des plus célèbres systèmes mé-
taphysiques, la monadologie.
Leibniz affirma que Dieu avait opté pour qu'il y
eut « quelque chose plutôt que rien », et qu'il
créa un monde dans lequel se réalisait le «
maximum de possible » - idée qui fut caricatu-
rée par Voltaire dans Candide, où il attribue à
Leibniz une vision métaphysique d'un opti-
misme béat. L'imperfection des parties du
monde est, selon Leibniz, au service de la per-
fection de la totalité du monde.
Candide retrouve Cunégonde. Gravure de Dambrun (1759).

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La moraLe De voLtaire

Le LiBéraLiSme
Dans la pensée du philosophe anglais John Locke, Voltaire trouve une doctrine qui s’adapte parfaitement à
son idéal positif et utilitaire. John Locke apparaît comme le défenseur du libéralisme en affirmant que le pacte
social ne supprime pas les droits naturels des individus. En outre, c’est l’expérience seule qui nous instruit ;
tout ce qui la dépasse n’est qu’hypothèse ; le champ du certain coïncide avec celui de l’utile et du vérifiable.
Voltaire tire de cette doctrine la ligne directrice de sa morale : la tâche de l’homme est de prendre en main sa
destinée, d’améliorer sa condition, d’assurer, d’embellir sa vie par la science, l’industrie, les arts et par une
bonne « police » des sociétés. Ainsi, la vie en commun ne serait pas possible sans une convention où chacun
trouve son compte. Bien que s’exprimant par des lois particulières à chaque pays, la justice, qui assure cette
convention, est universelle. Tous les hommes sont capables d’en concevoir l’idée, d’abord parce que tous
sont des êtres plus ou moins raisonnables, ensuite parce qu’ils sont tous capables de comprendre que ce qui
est utile à la société est utile à chacun. La vertu, « commerce de bienfaits », leur est dictée à la fois par le sen-
timent et par l’intérêt. Le rôle de la morale, selon Voltaire,est denous enseigner les principes de cette «police » et
de nous accoutumer à les respecter.

Le DéiSme
étranger à tout esprit religieux, Voltaire se refuse cependant à l’athéisme d’un Diderot ou d’un d’Holbach. Il
ne cessa de répéter son fameux distique :
L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger.
Ainsi, selon Voltaire, l’ordre de l’univers peut-il nous faire croire à un « éternel géomètre ». C'est pour lui une
évidence rationnelle. Mais au-delà il ne voit qu'incertitudes. « J'ai contemplé le divin ouvrage, et je n'ai point
vu l'ouvrier ; j'ai interrogé la nature, elle est demeurée muette. » Il conclut: « Il m'est impossible de nier l'exis-
tence de ce Dieu », ajoutant qu'il est « impossible de le connaître ». Il rejette toute incarnation, « tous ces
prétendus fils de Dieu ». Ce sont « des contes de sorciers ». « Un Dieu se joindre à la nature humaine ! J'ai-
merais autant dire que les éléphants ont fait l'amour à des puces, et en ont eu de la race : ce serait bien moins
impertinent. »
S’il reste attaché au déisme, il dénonce comme dérisoire le providentialisme (dans Candide par exemple) et
repose cette question formulée dès Saint Augustin et qu’il laisse sans réponse : « Pourquoi existe-t-il tant de
mal, tout étant formé par un Dieu que tous les théistes se sont accordés à nommer bon ? »
Enfin, pour Voltaire, la croyance en un Dieu est utile sur le plan moral et social. Il est l'auteur du célèbre
alexandrin :
Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer.
On lui attribue aussi cette phrase : « Nous pouvons, si vous le désirez, parler de l’existence de Dieu, mais
comme je n’ai pas envie d’être volé ni égorgé dans mon sommeil, souffrez que je donne au préalable congé à
mes domestiques. »

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L’humaniSme
Dès La Henriade en 1723, toute l’œuvre de Voltaire est un combat contre le fanatisme et l’intolérance : « On
entend aujourd’hui par fanatisme une folie religieuse, sombre et cruelle. C’est une maladie qui se gagne
comme la petite vérole. » Dictionnaire philosophique, 1764, article « Fanatisme ».
Il a en tout cas lutté contre le fanatisme, celui de l’église catholique romaine comme celui du protestantisme,
symboles à ses yeux d’intolérance et d’injustice. Tracts, pamphlets, tout fut bon pour mobiliser l’opinion pu-
blique européenne. Il a aussi misé sur le rire pour susciter l’indignation : l’humour, l’ironie deviennent des
armes contre la folie meurtrière qui rend les hommes malheureux. Les ennemis de Voltaire avaient d’ailleurs
tout à craindre de son persiflage, mais parfois les idées nouvelles aussi. Quand en 1755, il reçoit le Discours sur
l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, qui désapprouve
l’ouvrage, répond en une lettre aussi habile qu’ironique :
« J’ai reçu, monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain, je vous en remercie. […] On n’a jamais employé
tant d’esprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage. Ce-
pendant, comme il y a plus de soixante ans que j’en ai perdu l’habitude, je sens malheureusement qu’il m’est impossi-
ble de la reprendre et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes que vous et moi. […] »
(Lettre à Rousseau, 30 août 1755)
Le « patriarche de Ferney » représente éminemment l’humanisme militant du XVIIIe siècle. Selon Sainte-
Beuve, « […] tant qu’un souffle de vie l’anima, il eut en lui ce que j’appelle le bon démon : l’indignation et
l’ardeur. Apôtre de la raison jusqu’au bout, on peut dire que Voltaire est mort en combattant ».
Sa correspondance compte plus de 23 000 lettres connues ainsi qu'un gigantesque Dictionnaire philosophique
qui reprend les axes principaux de son œuvre, une trentaine de contes philosophiques et des articles publiés
dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Cependant, son théâtre, qui l’avait propulsé au premier rang
de la scène littéraire (Mérope, Zaïre et d’autres), ainsi que sa poésie (La Henriade, considérée comme la seule
épopée française au XVIIIe siècle) sont oubliés.
C’est à Voltaire, avant tout autre, que s’applique ce que Condorcet disait des philosophes du XVIIIe siècle,
qu’ils avaient « pour cri de guerre : raison, tolérance, humanité ».

La JuStice
Voltaire s’est passionné pour plusieurs affaires et s’est démené afin que justice soit rendue.
L’affaire calas (1762)
La famille Calas habitait à Toulouse. Le 13 octobre 1761, le fils aîné, Marc-Antoine, est retrouvé pendu dans sa
maison à la poignée d'une porte. Le corps est découvert à 22h, après le souper qui réunissait le père et la mère
Calas, les deux fils Marc-Antoine et Pierre et un invité M. Gaubert. Meurtre ou suicide ? Toujours est-il que
les Calas, l'invité Gaubert et la servante Jeanne Viguière (bonne catholique) sont accusés du meurtre. L'atti-
tude de la famille est en effet suspecte car celle-ci reconnaît, après trois jours d'interrogatoire à l'Hôtel de
ville, avoir détaché Marc-Antoine pour camoufler le suicide et éviter ainsi à ce dernier qu'il ne subisse le trai-
tement alors infligé aux suicidés, « être traîné sur la claie » (cadavre traîné face contre terre puis jeté aux or-
dures).
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Mais les Calas, de confession protestante, sauf l'un des fils, Louis, converti au catholicisme et affilié à la
Confrérie de pénitents blancs, continuent à pratiquer leur foi, et cela suffit pour que le capitoul (officier mu-
nicipal de Toulouse) David de Beaudrigue, convaincu par des rumeurs de voisinage alléguant la volonté de
Marc-Antoine de choisir réellement la religion catholique, exige un complément d'enquête et fasse soumettre
Jean Calas à la Torture.
L'étranglement est infligé à Jean Calas après le verdict du procès par le parlement de Toulouse. Ce dernier le
condamne à mort le 10 mars 1762, sans que le jugement ne soit motivé. Calas est condamné au supplice de la
roue. Il subit la question, une longue séance de torture, mais n'avoue rien. Il clame son innocence. Roué Place
Saint-Georges, Jean Calas est étranglé puis brûlé deux heures plus tard.
Exilé, un autre fils de Jean Calas, Pierre, se rend dans la ville calviniste de Genève, où il rencontre Voltaire qui
a déjà été informé de l'affaire par le marchand marseillais Dominique Audibert. Le philosophe croit d'abord
l'accusation fondée et rédige dans un premier temps une lettre incendiaire sur Jean Calas. Mais, convaincu
par Pierre de son innocence, il forme par la suite un groupe de pression avec ses amis et utilise son ironie cor-
rosive pour que justice soit faite.
Afin d'obtenir la révision du procès, Voltaire publie, en 1763, l'ouvrage Traité sur la tolérance à l'occasion de
la mort de Jean Calas tandis que la famille obtient un entretien à Versailles auprès de Louis XV. Le capitoul,
qui avait largement contribué à monter les fausses accusations contre Calas, est destitué. Le Conseil du roi
casse l'arrêt de condamnation par le Parlement de Toulouse le 4 juin 1764. En 1765, Voltaire réussit à faire ré-
viser le procès et à obtenir un arrêt qui déclare Calas innocent et réhabilite sa mémoire, même si le Parlement
de Toulouse refusera toujours de revenir sur son jugement et tiendra cet arrêt de réhabilitation pour nul et
non avenu.

L’affaire Sirven (1764)


A Castres, Pierre-Paul Sirven et son épouse, tous deux protestants, avaient trois filles. La seconde, élisabeth,
était handicapée mentale. En 1760, élisabeth disparaît. Pierre-Paul Sirven apprend qu'elle aurait été recueillie
par les sœurs du couvent des Dames-Noires. D'autres prétendent que les religieuses de ce couvent l'auraient
enlevée et auraient tenté de la convaincre qu'elle était appelée par le Seigneur. Ne comprenant pas sa situa-
tion, élisabeth se révolte. Finalement l'évêque décide de la rendre à ses parents. Après quelques mois, élisa-
beth disparaît de nouveau et c'est au fond d'un puits asséché que son cadavre est retrouvé. C'est alors que
les religieuses accusent ses parents d'avoir maltraité élisabeth pour l'empêcher de se convertir au catholi-
cisme.
En fuite, Pierre-Paul Sirven et son épouse furent jugés et condamnés à mort par contumace. C'est en 1771 que
Voltaire plaidera leur cause et démontrera leur innocence.
La famille Sirven ayant trouvé refuge à Lausanne se mit en contact avec Voltaire, lequel tout absorbé par l'af-
faire Calas, réagit néanmoins avec vigueur. Le 30 mars 1765, il écrit à Damilaville :
« J'attends tous les jours à Toulouse la copie authentique de l'arrêt qui condamne toute la famille Sirven;
arrêt confirmatif de la sentence rendue par un juge de village; arrêt donné sans connaissance de cause ; arrêt
contre lequel tout le public se souléverait avec indignation si les Calas ne s'étaient pas emparés de toute sa
pitié ».
En juin 1766, il publie son « avis au public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven ». Il fallut néan-
moins attendre le 23 janvier 1768 pour que le conseil du Roi soit saisi. Ce dernier débouta cependant Sirven
car il ne souhaitait pas émettre un avis contraire à une décision d'une cour provinciale.
13
L’affaire du chevalier de La Barre (1766)
En 1762, le chevalier de La Barre et son frère Jean-Baptiste sont envoyés à Abbeville chez leur tante, Anne
Marguerite Feydeau, abbesse de Willancourt, après la ruine de leur père, lieutenant général des armées.
L’affaire commence suite à la dégradation, découverte le 9 août 1765, de la statue du Christ s’élevant sur le
pont neuf d’Abbeville. Cette statue avait été tailladée à plusieurs endroits par « un instrument tranchant »
qui, comme l’écrivit l’huissier du roi, provoqua ainsi à la jambe droite « trois coupures de plus d’un pouce de
long chacune et profonde de quatre lignes » et « deux coupures à côté de l’estomac ». Selon l’église catho-
lique, par ce geste c’est Dieu, et non pas seulement son symbole, qui est frappé. L’enquête est menée par
Duval de Soicour et le lieutenant du tribunal d’élection Belleval, qui est un ennemi personnel du chevalier de
La Barre, depuis que sa tante, l’abbesse de Willancourt, a repoussé ses avances.
Intimidées, les personnes interrogées accusent le chevalier de La Barre et deux « complices », Gaillard d’Etal-
londe et Moisnel, d’avoir chanté deux chansons libertines irrespectueuses à l’égard de la religion et d’être
passés devant une procession en juillet 1765 sans enlever leur couvre-chef. Après dénonciation, une perqui-
sition menée au domicile de La Barre amène à la découverte de trois livres interdits (dont le Dictionnaire phi-
losophique de Voltaire et des livres érotiques) qui achève de le discréditer en dépit d’un solide alibi. Par
malheur pour de La Barre, l’évêque d’Amiens et les notables locaux souhaitaient faire de ce cas un véritable
exemple.
Le chevalier de La Barre est arrêté le 1er octobre 1765 à l’abbaye de Longvillers1 et, devant le Parlement de
Paris, la condamnation aux galères obtenue en première instance est commuée en condamnation à mort. Le
roi de France lui-même est sollicité, mais peu convaincu des arguments des défenseurs du chevalier, il lui re-
fuse la grâce malgré l’intervention de l’évêque d’Amiens.

L’affaire Lally-tollendal (1776)


Lally-Tollendal est un militaire et haut fonctionnaire français d’origine irlandaise accusé de lâcheté, de tra-
hison et de corruption durant la guerre de Sept Ans. Bouc émissaire des défaites infligées par les Anglais, il
est enfermé à la Bastille par lettre de cachet (1762), sans avoir le droit de se choisir un avocat. Il défend son
honneur, publie des Mémoires justificatifs, mais l’autoritarisme dont il avait fait preuve envers ses troupes,
son échec à Madras et sa reddition à Pondichéry rendent sa défense très difficile. Le conseiller Pasquier, dans
son rapport, arrive à la conclusion que Lally est coupable d’avoir usurpé une autorité « despotique et tyran-
nique7 ». Le 3 mai 1766, il est condamné à la décapitation pour « avoir trahi les intérêts du roi ». Après quatre
ans de prison, il est conduit au supplice en place de Grève dans un carrosse drapé de noir. Sa décapitation,
œuvre des bourreaux Sanson père et fils, tourne presque au Grand Guignol : Sanson manque son coup, casse
la mâchoire avec son épée ainsi que plusieurs dents et doit recommencer. Cette exécution produit une grande
indignation en France et en Europe. Voltaire, qui oublie ses bons mots sur Lally prend sa défense, et avec lui,
l’opinion publique. Il dénonce et flétrit le jugement puis se mobilise en 1773, avec son fils légitimé, Gérard de
Lally-Tollendal, pour obtenir sa réhabilitation. Ce dernier publie, grâce à la plume de Voltaire, des Fragments
sur l’Inde, puis d’autres défenses de la mémoire de son père. Il engage toute une série de procès en révision
et obtient par un arrêt du roi la cassation du jugement inique du parlement qui avait condamné son père à
mort sans l’avoir entendu, car on l’avait même bâillonné en le conduisant à l’échafaud. Cependant l’affaire,
renvoyée devant les parlements de Rouen et de Dijon, ne se termine que sur un jugement partiellement fa-
vorable : le crime de haute trahison est écarté, mais les autres chefs d’accusation sont maintenus et Lally ne
sera jamais réhabilité.
14
La LiBerté D’expreSSion
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites,
mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »
Cette citation, attribuée à Voltaire, illustrerait son attachement à la liberté d’expression.
Certains commentateurs (Norbert Guterman, A Book of French Quotations, 1963), prétendent que cette citation
est extraite d’une lettre du 6 février 1770 à un abbé Le Riche où Voltaire écrirait : « Monsieur l’abbé, je déteste
ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire. » En fait, cette lettre
existe, mais la phrase n’y figure pas, ni même l’idée. Le Traité de la tolérance auquel est parfois rattachée la
citation ne la contient pas non plus.
De fait, la citation est absolument apocryphe (elle n’apparaît nulle part dans son œuvre publiée) et trouve sa
source en 1906, non dans une citation erronée, mais dans un commentaire de l’auteure britannique Evelyn
Hall, dans son ouvrage The Friends of Voltaire, où, pensant résumer la posture de Voltaire à propos de l’auteur
d’un ouvrage publié en 1758 condamné par les autorités religieuses et civiles, elle écrivait « “I disapprove of
what you say, but I will defend to the death your right to say it” was his attitude now » (« “Je ne suis pas
d’accord avec ce que vous dites, mais je défendrai jusqu’à la mort votre droit de le dire” était désormais son
attitude »). Les guillemets maladroitement utilisé par Evelyn Hall ont été interprétés comme permettant
d’attribuer la déclaration à Voltaire. En 1935, elle déclara « I did not intend to imply that Voltaire used these
words verbatim, and should be much surprised if they are found in any of his works » (« Je n’ai pas eu l’inten-
tion de suggérer que Voltaire avait utilisé exactement ces mots, et serais extrêmement surprise qu’ils se trou-
vassent dans ses œuvres »).
L’affaire à propos de laquelle Evelyn Hall écrivait concernait la publication par Helvétius en 1758 de De l’Esprit,
livre condamné par les autorités civiles et religieuses et brulé. Voici ce que Voltaire écrivait dans l’article
« Homme » des Questions sur l’Encyclopédie :
« J’aimais l’auteur du livre De l’Esprit. Cet homme valait mieux que tous ses ennemis ensemble ; mais je n’ai
jamais approuvé ni les erreurs de son livre, ni les vérités triviales qu’il débite avec emphase. J’ai pris son parti
hautement, quand des hommes absurdes l’ont condamné pour ces vérités mêmes. »
Autre passage pertinent : « En général, il est de droit naturel de se servir de sa plume comme de sa langue, à
ses périls, risques et fortune. Je connais beaucoup de livres qui ont ennuyé, je n’en connais point qui aient
fait de mal réel. […] Mais paraît-il parmi vous quelque livre nouveau dont les idées choquent un peu les vôtres
(supposé que vous ayez des idées), ou dont l’auteur soit d’un parti contraire à votre faction, ou, qui pis est,
dont l’auteur ne soit d’aucun parti : alors vous criez au feu ; c’est un bruit, un scandale, un vacarme universel
dans votre petit coin de terre. Voilà un homme abominable, qui a imprimé que si nous n’avions point de mains,
nous ne pourrions faire des bas ni des souliers [Helvétius, De l’Esprit, I, 1] : quel blasphème ! Les dévotes crient,
les docteurs fourrés s’assemblent, les alarmes se multiplient de collège en collège, de maison en maison ;
des corps entiers sont en mouvement et pourquoi ? Pour cinq ou six pages dont il n’est plus question au bout
de trois mois. Un livre vous déplaît-il, réfutez-le ; vous ennuie-t-il, ne le lisez pas. » Voltaire, Questions sur l’En-
cyclopédie, article « Liberté d’imprimer ».

Source : Wikipédia
15
Le SiècLe DeS LumièreS

Le terme « siècle des Lumières » désigne le XVIIIe siècle en tant que période de l'histoire de la culture euro-
péenne, marquée par le rationalisme philosophique et l'exaltation des sciences, ainsi que par la critique de
l'ordre social et de la hiérarchie religieuse, principaux éléments de l'idéologie politique qui fut au fondement
de la Révolution française. L'expression était déjà fréquemment employée par les écrivains de l'époque,
convaincus qu'ils venaient d'émerger de siècles d'obscurité et d'ignorance et d'entrer dans un nouvel âge il-
luminé par la raison, la science et le respect de l'humanité.

LES PRéCURSEURS
Les philosophes rationalistes du XVIIe siècle, tels que René Descartes (ci-contre)
et Baruch Spinoza, les philosophes politiques Thomas Hobbes et John Locke, et
certains penseurs sceptiques en France comme Pierre Bayle peuvent être consi-
dérés comme les précurseurs des Lumières, bien que certains éléments de leurs
doctrines qui allaient à l'encontre des conceptions empiristes et antiautoritaires
des penseurs du XVIIIe siècle eussent été rejetés par ces derniers. Les découvertes
scientifiques et le relativisme culturel lié à l'étude des civilisations non euro-
péennes contribuèrent également à la naissance de l'esprit des Lumières.

LA RAISON ET LE PROGRèS Descartes


La plus importante des hypothèses et espérances communes aux philosophes et
intellectuels de cette époque fut incontestablement la foi inébranlable dans le
pouvoir de la raison humaine. La découverte de la gravitation universelle par Isaac
Newton (ci-contre) fit une impression considérable sur le siècle. Si l'humanité
était en mesure de révéler les lois de l'Univers, elle pouvait espérer découvrir les
lois propres à la nature et à la société humaine. On en vint à croire que, grâce à
l'usage judicieux de la raison, s'ouvrait la perspective d'un progrès perpétuel dans
le domaine de la connaissance, des réalisations techniques et des valeurs mo-
rales. Dans le sillage de la philosophie de Locke (ci-contre), les penseurs du XVIIIe Newton
siècle considéraient, à la différence de Descartes, que la connaissance, loin d'être
innée, procédait uniquement de l'expérience et de l'observation guidées par la
raison. Ils affirmaient que l'éducation avait le pouvoir de rendre les hommes meil-
leurs et même d'améliorer la nature humaine. La recherche de la vérité devait se
poursuivre dorénavant par l'observation de la nature plutôt que par l'étude de
sources autorisées telles qu'Aristote et la Bible.
S'ils voyaient dans l'église, et en particulier dans l'église catholique romaine, la
principale force qui avait tenu l'esprit humain dans l'esclavage par le passé, la
plupart des penseurs des Lumières ne renoncèrent pas complètement à la reli- Locke
gion. Ils adoptèrent plutôt une forme de déisme, acceptant l'existence de Dieu et
d'un au-delà, mais rejetèrent les arcanes de la théologie chrétienne. Les aspirations humaines, pensaient-
ils, ne devraient pas porter sur un avenir lointain, mais sur les moyens d'améliorer la vie présente. Aussi le
bonheur sur terre était-il placé au-dessus du salut religieux. Ils n'attaquèrent rien avec autant de violence et
16
de férocité que l'église, sa richesse, son pouvoir politique et sa volonté d'entraver le libre exercice de la rai-
son.

UNE MéTHODE DE PENSéE


Plus qu'un ensemble d'idées déterminées, les Lumières impliquaient une attitude, une méthode de pensée.
Selon Emmanuel Kant, le mot d'ordre du siècle devait être « ose savoir » : il apparut le désir de réexaminer
et de remettre en question toutes les idées et valeurs reçues, d'explorer de nouvelles idées dans des directions
différentes.Dès lors, les incohérences et les contradictions nombreuses dans les écrits des penseurs du XVIIIe-
siècle. Ceux-ci n'étaient pas tous philosophes à proprement parler ; ils étaient des vulgarisateurs qui s'enga-
geaient à diffuser des idées nouvelles. Ils aimaient à se qualifier de « parti de l'humanité » et, pour s'attirer
la faveur de l'opinion publique, ils écrivaient des pamphlets, des tracts anonymes et rédigeaient des articles
pour des revues et des journaux fraîchement créés.

UN MOUVEMENT COSMOPOLITE
La France constituait le centre de ce mouvement philosophique, dont un des premiers représentants fut le
philosophe politique et juriste Charles de Montesquieu. Après des œuvres satiriques sur les revers de la civi-
lisation occidentale, il publia son étude monumentale, De l'esprit des lois (1748). Denis Diderot, qui était l'auteur
de quantité de pamphlets philosophiques, entama la publication de l'Encyclopédie (1751-1766). Cette œuvre, à
laquelle collaborèrent de nombreux philosophes, était conçue à la fois comme une somme de toutes les
connaissances et comme une arme polémique. Le plus influent et le plus repré-
sentatif des écrivains français fut Voltaire. Auteur dramatique et poète à ses dé-
buts, il devint célèbre pour ses nombreux pamphlets, ses essais, ses satires, ses
contes philosophiques et pour son immense correspondance avec des écrivains
et des monarques de toute l'Europe. Les œuvres de Jean-Jacques Rousseau (ci-
contre), notamment Du contrat social (1762), Émile ou De l’éducation (1762), et les
Confessions (1782-1789) exercèrent une profonde influence sur la pensée politique
et sur la théorie de l'éducation, et donnèrent une impulsion au romantisme du
XIXe siècle.
Le mouvement intellectuel des Lumières se distingua par son caractère profon- Rousseau
dément cosmopolite et antinationaliste. Kant (ci-contre) en Allemagne, David
Hume en écosse, Cesare Beccaria en Italie et Benjamin Franklin et Thomas Jef-
ferson dans les colonies britanniques d'Amérique entretenaient tous d'étroits
contacts avec les philosophes français, tout en collaborant eux-mêmes active-
ment au mouvement.
Durant la première moitié du XVIIIe siècle, plusieurs chefs de file des Lumières
furent emprisonnés pour leurs écrits, et la plupart d'entre eux durent approuver
la censure gouvernementale et les attaques de l'église. Les dernières décennies
Kant
du siècle furent cependant marquées par le triomphe du mouvement en Europe
et en Amérique. Dans les années 1770, les philosophes de la seconde génération
recevaient des pensions gouvernementales et prenaient le contrôle d'institutions culturelles prestigieuses.
L'augmentation spectaculaire du nombre de journaux et de livres publiés garantissait leurs idées à une large

17
diffusion. Les expériences scientifiques et les écrits philosophiques étaient à la mode dans de nombreuses
couches sociales, même auprès de la noblesse et du clergé. Un certain nombre de monarques européens
adoptèrent aussi quelques-unes des idées ou, du moins, du vocabulaire des Lumières. Voltaire et d'autres
philosophes, qui affectionnaient l'idée du roi philosophe éclairant le peuple d'en haut, accueillirent avec en-
thousiasme l'apparition des soi-disant despotes éclairés, dont Frédéric II de Prusse, Catherine II la Grande
de Russie, et Joseph II d'Autriche.

LES SOURCES DE LA RéVOLUTION


Vers la fin du XVIIIe siècle, des changements importants se produisirent dans la pensée des Lumières. Sous
l'influence de Rousseau, le sentiment et l'émotion devinrent aussi respectables que la raison. Dans les années
1770, les écrivains étendirent le champ de leurs critiques aux questions politiques et économiques. La guerre
de l'Indépendance américaine ne manqua pas de frapper les esprits. Aux yeux des Européens, la déclaration
d'Indépendance et la guerre révolutionnaire représentaient, pour la première fois, la mise en œuvre des idées
éclairées et encouragèrent les mouvements politiques dirigés contre les régimes établis en Europe.

De l'avis général, le siècle des Lumières aboutit à la Révolution française de 1789. Comme elle incarnait de
nombreux idéaux des philosophes, la Révolution, dans ses phases de violence entre 1792 et 1794, discrédita
provisoirement ces idéaux aux yeux de nombre de contemporains européens. Pourtant, les Lumières léguèrent
un héritage durable aux XIXe et XXe siècles. Le XVIIIe siècle marqua le déclin de l'église, ouvrit la voie au li-
béralisme politique et économique, et suscita des changements démocratiques dans le monde occidental du
XIXe siècle. Le siècle des Lumières apparaît ainsi à la fois comme un mouvement intellectuel et une période
historique marquée par des événements décisifs.

Source : Encyclopédie Encarta 2001

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LeS granDeS DateS De La révoLution françaiSe De 1789

La fin de l’ancien régime (1789)

5 mai 1789 Ouverture de la réunion des états-Généraux au château de Versailles. Les


députés des états-Généraux représentent les trois ordres (clergé, noblesse,
tiers-état) et amènent avec eux les cahiers de doléance.

17 juin 1789 Très déçus par les discours du roi et de son ministre Nécker, les députés du
Tiers-état se proclament Assemblée nationale.

20 juin 1789 Les députés de l’Assemblée nationale prêtent le serment du Jeu de Paume,
ils jurent de ne pas se séparer avant d’avoir donner une constitution à la
France.

9 juillet 1789 L’Assemblée nationale se déclare Assemblée nationale constituante.

14 juillet 1789 Prise de la Bastille, prison parisienne symbole de l’arbitraire royal.

4 août 1789 L’Assemblée constituante déclare l’abolition des privilèges. Tous les ci-
toyens sont désormais égaux en droits et en devoirs.

26 août 1789 Vote de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, proclamant


les droits naturels de l’homme et la souveraineté de la Nation. L’article 1
indique : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».
L’article 4 définit la liberté : « La liberté consiste à faire ce qui ne nuit pas à
autrui ».

L’échec de la monarchie constitutionnelle (1789-1792)

5-6 octobre 1789 Marche des femmes sur Versailles, le peuple parisien ramène le roi et sa
famille à Paris, au palais des Tuileries.

26 février 1790 L’Assemblée divise la France en 83 départements à la place des anciennes


provinces.

12 juillet 1790 Vote de la Constitution civile du clergé, les prêtres doivent prêter serment
à la Constitution. Ceux qui ne le font pas sont appelés prêtres refractaires.

14 juillet 1790 Fête de la Fédération, consolidant l’unité de la Nation. Le roi y participe.

19
20-21 juin 1791 Fuite de la famille royale, arrêtée à Varennes. Louis XVI perd la confiance
du peuple.

13 septembre 1791 Promulgation de la Constitution de la monarchie constitutionnelle, accep-


tée par le roi Louis XVI.

1er octobre 1791 Fin du mandat de l’Assemblée constituante et première réunion de l’As-
semblée législative.

11 juillet 1792 Devant les menaces intérieures et extérieurs, l’Assemblée législative dé-
clare « la Patrie en danger ».

25 juillet 1792 Manifeste de Brunswick qui menace Paris de représailles exemplaires s’il
est fait le moindre mal au roi et à sa famille. Ceci exaspère les Parisiens.

10 août 1792 Prise des Tuileries et chute de la monarchie. La famille royale est enfermée
à la prison du Temple.

2-5 septembre 1792 Massacres dans les prisons à Paris et en province.

20 septembre 1792 Victoire de Valmy qui redonne confiance au peuple et aux révolutionnaires.

20 septembre 1792 L’Assemblée législative se sépare. Première réunion de la Convention, nou-


velle assemblée nationale élue au suffrage universelle. Elle se compose de
trois groupes politiques : les Girondins, la Plaine et les Montagnards.

21 septembre 1792 La Convention abolit la monarchie et proclame la République.

La république et la terreur (1792-1794)

22 septembre 1792 Début de l’an I de la République dans le nouveau calendrier révolution-


naire.

11 décembre 1792 Ouverture du procès du roi Louis XVI devant la Convention.

21 janvier 1793 Louis XVI est guillotiné à Paris.

2 juin 1793 Sous la pression des Sans-Culottes, arrestation des députés Girondins à
la Convention. Début de la Terreur instituée par les députés Montagnards.

13 juillet 1793 Assassinat à Paris de Marat par Charlotte Corday, venue de Caen.

20
16 octobre 1793 Exécution de la reine Marie-Antoinette.

31 octobre 1793 Exécution des dirigeants Girondins

5 avril 1794 Danton, Camille Desmoulins et leurs amis sont arrêtés et guillotinés.

8 juin 1794 Fête de l’Être Suprême à Paris. Robespierre échoue dans sa tentative de
créer une nouvelle religion en France.

10 juin 1794 Début de la Grande Terreur

27-28 juillet 1794 « Complot du 9 thermidor » : Robespierre, Saint-Just et leurs partisans sont
arrêtés et guillotinés.

La révolution bourgeoise (1794-1799)

7 avril 1795 Loi du 18 germinal an III établissant le système métrique en France.

22 août 1795 La Convention proclame la Constitution de l’an III qui institue le Directoire.

26 mai 1797 Exécutionde Gracchus Babeuf, aprèsl’échec de la « Conjuration des égaux ».

9 novembre 1799 Coup d’état « du 18 Brumaire an VIII » par le général Napoléon Bonaparte.
Fin de la Révolution et début du Consulat.

21
Peinture de Jacques-Louis David illustrant le serment du Jeu de Paume le 20 juin 1789

David souhaite fonder une nouvelle peinture à Le destin du Serment du Jeu de paume est à l’image
l’image de la nouvelle France révolutionnaire : toile de la mouvance révolutionnaire : la souscription lan-
symbole s’il en est, Le Serment du Jeu de paume aurait cée par les jacobins pour financer sa réalisation
dû rivaliser avec L’école d’Athènes d’un Raphaël tant n’aboutit point. La Constituante décida de financer
par l’ampleur de la composition que par le souffle qui l’œuvre de David aux frais du « Trésor Public », mais
l’anime, par son théâtral dépouillement, sa pureté l’engagement progressif de l’artiste dans la Révolu-
inspirée de l’antique, que par l’ordre et la clarté qui tion et le fossé qui se creusa entre les modérés et les
président à la distribution des personnages et à la ri- extrémistes rendirent caduque cette divinisation de
gueur de l’action. La notion même de serment, sym- l’unité nationale, et la toile ne fut jamais achevée. Elle
bole de l’engagement de la nation dans son unité reçut même, selon le témoignage de Vivant Denon,
indestructible, sera au cœur de tous les grands enga- de nombreux coups de baïonnette lors de l’insurrec-
gements de la Révolution. C’est l’idée de la fête uni- tion du 10 août 1792, alors qu’elle était entreposée
ficatrice qui préside donc à l’exécution de ce dans la Grande Galerie du Louvre.
chef-d’œuvre dont la destination, voulue par la
Constituante, était la salle des séances de l’Assemblée. Robert FOHR et Pascal TORRèS
22
texte et miSe en Scène : éric herBette

Auteur et metteur en scène, éric Herbette est un touche-à-touche. Il a écrit plu-


sieurs livrets d'opéra dont la musique a été composée par François Bou et jouée par
l'Ensemble 2E2M, à L'Opéra de Tours, de Rennes, à la Péniche Opéra mais aussi
d'autres textes sur des partitions de Grieg, Saint-Saëns et Ravel pour l'Opéra de
Massy et le Théâtre Montansier. Auteur d'une quinzaine de pièces de théâtre, bour-
sier de La fondation Beaumarchais pour le théâtre et le lyrique, il a aussi écrit pour
la radio et le cinéma : Un moment de bonheur, sélection officielle du Festival de Ve-
nise. Il est également l’auteur d’un court-métrage : L'annonce faite aux mariolles. Il
a cosigné des adaptations de grands textes enregistrés sur CD par Jean Rochefort,
(Coup de cœur de l'Académie Charles Cros), Jean-Pierre Cassel, Barbara Schultz,
Elie Semoun, Pierre Richard, Jacques Gambelin et Charles Aznavour.
Ses mots sur candide :
J’aime Candide parce qu’il me fait rire !
Pourquoi rire à tant d’horreur ?
Esclavage, viols répétés, tortures, pilages, autodafés, prostitution, guerres…
Parce qu’au fond tout est absurde.
Le Conte philosophique de Voltaire est libération.
Une vraie liberté, qui conduite par l’ironie, nous amène à une grande lucité sur
ce que l’homme a de plus inhumain.
Oui, tout est fait d’horreur, mais ici la comédie se montre aussi capable que la tragédie
de dénoncer la violence faite aux hommes par les hommes.
Tout cela est rendu possible parce qu’il n’y a aucune trace de romantisme, d’apitoiement sur soi,
de sentimentalisme imbécile et bêtifiant.
Quand je lis Candide, je respire et tranquille je peux voir la fragilité de chaque destin et
l’inanité de vouloir trouver un sens à ce qui ne peut certainement en avoir…

Scénographie : oLivier ramon

« Mes premiers pas, je les ai fait avec Jacques Simonpour la photographie,


avec Kris Marker pour le cinéma et pour la télévision avec les grands shows
de Guy Job ou Agnes Delarive (Yves Montant, Barbara, Johnny Hallyday,
Alice Cooper, etc...) et les débuts de Canal+ avec Mathias Ledoux. Le spec-
tacle vivant me rattrape, éclairage et scénographie pour la danse contem-
poraine avec le « Four Solaire », Anne Yoren, Odile Azaguri, Yannick
Kergreis et la lumière avec Yves Cassagne. Depuis le début je construis mes
maisons, recherche permanente pour la performance énergétique et la
qualité des volumes et les lumières, quatre ont vu le jour. Je collabore pour

23
le cinéma avec Merzack Allouach : « Un Amour à Paris », Raymond Rajaonarivello : « TabaTaba », Cyril Collard : «
Les Nuits Fauves » ou encore Martin Provost : « Tortilla Y Cinma », comme premier assistant réalisateur ou
directeur de production. Je produis mes films de court-métrage ; « L'Annonce Faite Aux Mariolles », « Alerte
A Ninjamoul » et autres. Pendant 18 ans je réalise pour Canal+ de nombreuses heures de programme avec
Coluche, Philippe Gildas, Jean- Pierre Dionet et autres. Le journal et le direct n'ont plus de secret pour moi. Je
continue à collaborer avec Eric Herbette, avec qui je peaufine mon mariage du cinéma et du théâtre.»

Ses mots sur candide :


Un jardin, des légumes et aussi des guerres, des catastrophes,
des soutes et des caves, de quoi exciter mes
neurones sans compter ce road-movie en Eldorado,
aux confins du monde.
Avec Eric et Paule nous avions déjà expérimenté avec
bonheur les images vivantes pour soutenir un texte. Celui-ci est
une aubaine, taillé sur mesure. L'occasion rêvée pour créer par
projection des décors vivants, mouvants, réactifs au texte et au
jeu avec des images mélangées, multiples, provenant d'archives
ou produites et utiliser une caméra en direct pour ajouter à la
scène les gros plans et les axes différents; un dispositif mis en
place pour éclairer le texte et magnifier les personnages.
Avec les flash-backs et les ellipses nous allons jouer avec le
temps, le contracter, l'étirer.
Avec le ciel et le jardin nous allons installer et bousculer les saisons,
le rythme des jours et des nuits.
Avec les images nous allons voyager aux basques de Candide,
Cunégonde, Pangloss et des autres héros de cette aventure.
C'est une nouvelle façon de raconter une histoire. Spectacle vivant
avant tout, c'est une pièce de théâtre qui empreinte pour sa
forme au cinéma et aux arts numériques.
Et cela donne au texte une liberté nouvelle, au jeu un champ
plus large, un rythme différent.

La DiStriBution

paule onteniente
Paule Onteniente est une comédienne généreuse qui aime jouer et c’est parce qu’elle aime la scène profon-
dément qu’elle peut aborder tous les publics et tous les genres qu’offre le théâtre. Formée au Conservatoire
d'art dramatique de Montpellier, elle obtient une maîtrise de lettres modernes avec un mémoire sur le travail
du théâtre du Soleil auquel elle participe durant une année. Par la suite elle intègre l'école Jacques Lecoq où
elle aborde le masque, le mime, la comedia dell'arte, la tragédie et l'écriture. En parallèle elle étudie le chant

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avec Irène Jarsky, Julia Pelaes, la danse avec Rosella Hightower, Barbara Pearce, le
mouvement avec Feldenkrais.
Depuis 1976, elle travaille à la création de nombreux spectacles de la compagnie du
Pain d’orge-théâtre de Champigny, de la compagnie des Vilains en Alsace et du
théâtre Darius Milhaud à Paris : « Jacques le fataliste et son maître » d’après Denis
Diderot, « Les pensées de Pascal ou les géométries de l’âme » d’après les Pensées
de Pascal, adaptations d’Eric Herbette mises en scènes de Vincent Auvet. « Saint
Julien l’hospitalier » d’après Flaubert, « La femme sur le banc », « Pierrot et Co-
lombine », « Le petit Poucet » d’Eric Herbette, créations de la Compagnie du Pain
d’Orge, « La Véritable Histoire de Jean-Baptiste Poquelin dit Molière » de Frédéric
Duff Barbé, « Une vie de La Fontaine » de Jean Claude Chauve, mises en scène de
Vincent Auvet. « Le Carnaval des animaux » d’Eric Herbette, musique de Camille
Saint-Saëns avec l’Orchestre de l’opéra Massy.

Ses mots sur candide :


Pourquoi Candide ? Pour Eric Herbette l'auteur dramatique, bien sûr !
Après avoir navigué avec lui dans son écriture et son travail autour de Flaubert, Diderot, Pascal,
quand il m'a proposé d'embarquer avec Voltaire j’ai dit une nouvelle fois : "Banco !"
Et puis j’aime l’idée de Cunégonde pin-up blette, mais pin-up quand même et très au fait
des ses intérêts. J’aime l'aventure, la liberté et l'amour, l'amour fou de Candide.
J’aime ce héros naïf qui cherche une chose : Cunégonde, j’aime ce personnage qui veut
se prouver qu’on vit comme Pangloss, son maître, le dit dans « le meilleur des mondes
possibles » et qui finit au bout de son périple (drôle et tragique) par trouver autre chose.
Est-ce que ça ne ressemblerait pas à ce qu’on appelle en philosophie la sérenpidité ?
Là, à l’ instant où j’écris cela, j’ai peur d’être trop intelligente, alors, j’ajoute pour contrebalancer
(vous l’aurez compris) que j'adore éplucher les légumes, jouer du couteau, croquer dans
les pommes, mais cela vous le découvrirez dans le spectacle.

Wahid Lamamra
Wahid Lamamra est un passeur de nuit. On ne l’entend pas marcher et pourtant il arrive. Il pourrait être aussi
une girafe intelligente et lettrée que la découverte d’un coucou lumineux amuserait… Bref, un grand gars à
la voix de basse… Acteur et chanteur, il participe à la création de pièces du
répertoire classique et contemporain. Son élégance naturelle, son écoute
attentive l’ont amené à travailler sous la direction de Richard Foreman, Jé-
rôme Savary, Jacques Lassalle, Robert Cantarella, Philippe Minyana,
J.Louis Martinoty, Mehdi Charef, Jean-Luc Paliès, François Joxe, Marie-
Noël Rio, Stéphane Braunschweig, Matthew Jocelyn, Hans Peter Cloos…
et au cinéma dans les réalisations de Sally Potter « The man who cried »,
de Hervé Pernot, « Robespierre », de Francis Huster « On a volé Charlie
Spencer »…. Mais là ne sont pas les seuls talents de cet homme généreux

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plein de fantaisie. Parallèlement à ses activités scéniques où il déploie une heureuse présence, il est ponc-
tuellement chargé de la direction artistique de diverses manifestations culturelles. Metteur en scène, notam-
ment au Théâtre de la Colombe à Amiens, il y réalisera plusieurs spectacles musicaux dont l’adaptation des
« Jeux de l’amour et du hasard » de Marivaux, de « La beauté du diable » de René Clair d’après la légende de
Faust. Le trio vocal à capella « les Mouettes », lui confiera sa direction artistique et sa mise en scène et plus
récemment encore, il met en scène l’opéra « Cache-cache » composé par Julien Joubert sur un livret de éric
Herbette. Wahid Lamamra mérite la rencontre, le détour comme on pourrait le dire d’un monument ou d’un
rêve…

Ses mots sur candide :


Embarquement immédiat pour un récit de voyages
dans les mondes de la tyrannie, de la cruauté, du
fanatisme, de l’ignorance des hommes.
Tout est providence ? « Tout est pour le mieux dans
le meilleur des mondes possibles » ? Est-ce le hasard
qui guide les affaires du monde ? Consentirais-je à embarquer
pour un songe initiatique, à bord d’un fol esquif, dans
une course bouffonne et satirique ? … Eh ! Que diable, vogue
la galère !… « Le monde va comme il va ! » …Alors je serai Candide.
Et déjà je le vois ! zadig naïf, borné, amoureux, fuyant la Westphalie
par la Hollande, entamer malgré lui à une cadence infernale,
un périple qui l’amène à découvrir tous les maux de
l’Europe au nouveau monde. Jetant l’ancre dans les réalités
historiques de son temps, le voici à Lisbonne un 1er novembre,
à Cadix puis…l’inquisition aux trousses…Candide, j’embarque
pour Buenos-Aires, découvre le fanatisme, la barbarie
des jésuites, l’oppression des indiens au Paraguay, l’esclavage
au Surinam… Retour sur Venise, carnaval grotesque de monarques
détrônés et enfin, je me retrouve dans Constantinople
accablée sous le poids d’un empire despotique. Voyage tristement
réel en somme, exceptée l’échappée paradisiaque du
mythique Eldorado d’où me paraît jaillir l’utopie libératrice.
Mon Candide !… mûr du fond de son jardin, affranchi de l’optimisme
idéologique de Pangloss, près de moi la jeune, fraîche,
grasse, appétissante Cunégonde que je chérissais, a bien mûri aussi !
D’une truculence jubilatoire, parfois méchants mais pas ridicules,
drôles et rieurs aussi, émancipés, nos deux héros vous
content l’histoire absurde, la vie, les moeurs de ce monde cosmopolite,
l’universalité de l’Infâme, de l’intolérance, du fanatisme
qui encore nous paraissent cruellement familiers. Comme
il existe des médications qui font que les maladies régressent,

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Candide est un remède contre la sottise.
Ce courant libérateur de l’esprit des lumières, éric Herbette
nous le souffle et en s’amusant nous invite à nos réflexions
contemporaines sur l’homme et son rapport au monde. Aspiration
à la légèreté, à la drôlerie, à la truculence, à l’insolence
tantôt élégante, parfois burlesque, gracieuse exhortation à
l’enrichissement de nos destinées.
Du rayonnement de la pensée philosophique Voltairienne,
éric, quel plaisir que nous nous éblouissions ensemble avec
Paule, Olivier et Marie-Josée de ses réverbérations.
Mon Candide !… mûr du fond de son jardin, affranchi de l’optimisme
idéologique de Pangloss, près de moi la jeune, fraîche,
grasse, appétissante Cunégonde que je chérissais, a bien mûri aussi !
D’une truculence jubilatoire, parfois méchants mais pas ridicules,
drôles et rieurs aussi, émancipés, nos deux héros vous
content l’histoire absurde, la vie, les moeurs de ce monde cosmopolite,
l’universalité de l’Infâme, de l’intolérance, du fanatisme
qui encore nous paraissent cruellement familiers. Comme
il existe des médications qui font que les maladies régressent,
Candide est un remède contre la sottise.
Ce courant libérateur de l’esprit des lumières, éric Herbette
nous le souffle et en s’amusant nous invite à nos réflexions
contemporaines sur l’homme et son rapport au monde. Aspiration
à la légèreté, à la drôlerie, à la truculence, à l’insolence
tantôt élégante, parfois burlesque, gracieuse exhortation à
l’enrichissement de nos destinées.
Du rayonnement de la pensée philosophique Voltairienne,
éric, quel plaisir que nous nous éblouissions ensemble avec
Paule, Olivier et Marie-Josée de ses réverbérations.

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LeS métierS Du théâtre

producteur
Il est le responsable financier du spectacle et en as- encadrant l’évolution des acteurs sur le plateau. Il
sure la réalisation. Le producteur signe les contrats conçoit l’espace du spectacle en étroite collaboration
avec les auteurs, engage les personnels artistiques et avec le metteur en scène et suit la réalisation des élé-
techniques, supervise la promotion du spectacle et ments constitutifs du décor par les constructeurs ou
assure la gestion de tous les aspects de la production. les accessoiristes.
Souvent, il planifie également, en collaboration avec
l’administrateur, les tournées, les reprises et la vente costumier
des droits pour le cinéma et la télévision. Il dessine et conçoit les costumes, puis supervise leur
réalisation à l’atelier de costumes.
metteur en scène
Il est responsable de l’harmonie du spectacle et eclairagiste
prend toutes les décisions artistiques. C’est lui qui dé- Il planifie et crée les couleurs, l’intensité et la fré-
finit la conception associée à l’interprétation de la quence des lumières sur scène, en accord avec le met-
pièce écrite, choisit la distribution et dirige les répé- teur en scène, le décorateur et le costumier.
titions. Le choix des décors, des costumes, des éclai-
rages et de l’accompagnement musical ou sonore se régisseur
fait également sous son autorité. Il règle les gestes Le régisseur assure la liaison entre les techniciens et
et les déplacements, oriente et dirige l’interprétation les artistes. Il suit les répétitions, coordonne tous les
des acteurs. Il propose ainsi au public sa propre vision aspects techniques de la production et orchestre le
de la pièce. Il faut attendre les années 50 pour que la déroulement de la représentation. Il supervise les ré-
fonction de metteur en scène affirme son autonomie. pétitions techniques, qui servent à régler la lumière
et le son, à arranger le décor, à répéter les change-
Dramaturge ments de décor et d’éclairage (tout d’abord avec la
Le rôle du dramaturge est d’assister le metteur en régie seule, puis avec les acteurs).
scène dans l’analyse littéraire du texte et dans sa
transposition à la scène. Ingénieur du son
Il est responsable de toute la sonorisation lors d’une
comédien représentation. Il effectue par exemple les enregis-
Les comédiens sont généralement choisis par le met- trements sonores, les bruitages, etc.
teur en scène à l’issue d’une audition pour interpré-
ter un rôle précis. Lors des répétitions, le texte est
appris et travaillé, les déplacements sont fixés, les
personnages sont définis et les interprétations peau-
finées.

Décorateur
Le décorateur est chargé de l’aménagement de l’es-
pace scénique et de l’environnement visuel. Il choisit
les éléments du décor, les accessoires et le mobilier
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une petite hiStoire Du théâtre iLLuStrée par anDré Degaine

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30
coupe LongituDinaLe Du théâtre De LongJumeau

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Dimensions

OUVERTURE DU CADRE DE SCENE : 16 m maximum


HAUTEUR DU CADRE DE SCENE : 8 m maximum
PROFONDEUR bord scène / fond noir : 10,20 m
LARGEUR PLATEAU MUR A MUR : 24 m
NATURE DU PLATEAU : bois peint noir mat
HAUTEUR SOUS GRILL: 17 m

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Le service action culturelle peut organiser des rencontres avec les artistes et le metteur en scène.
N’hésitez pas à nous communique vos projets.

SERVICE ACTION CULTURELLE


20, avenue du Général de Gaulle
91160 Longjumeau
www.theatre-longjumeau.com

MARJORIE PIQUETTE [responsable] – 01 69 53 62 16 – marjorie@theatre-longjumeau.com


ELSA CUNCI – 01 69 09 05 06 – cunci@theatre-longjumeau.com

RETROUVEZ TOUTE L’ACTUALITE DE L’ACTION CULTURELLE SUR NOTRE BLOG :


http://actionculturelle-theatrelongju.blogspot.com/

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